Miroir S Magique S
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Sédir
Les miroirs
magiques
Papus : Traité de Magie pratique, Paris, Chamuel, 1894, in-8, Science des Mages, Paris, Cha-
2
4
Introduction
il créera toutes les parties de la physionomie ; qu’il interroge les esprits, ils lui
répondront autour du cercle magique.
L’homme animique trouvera les réponses de la nature dans les images du rêve ;
il pourra lire dans l’âme des autres hommes en développant ses sens spirituels ;
et il entendra les génies lui parler, dans le sommeil sacré de l’extase. Si enfin,
c’est l’esprit qui s’angoisse et s’inquiète, le ciel lui répondra par les déductions,
de l’astrologie, la chaîne magique de l’initiation humaine fera parler les tarots,
les teraphims anciens, ou encore la Lumière même du Verbe lui inspirera des
prophéties conscientes.
Le tableau suivant fera mieux saisir ces classifications.
ADAM
LE NOM-MOI
{ Homme
physique
Homme
astral
Homme
intellectuel
{
3.
Nature 1. 2.
Astrologie
naturée Présages naturels Songes
judiciaire
5.
LE COSMOS
4. Sensibilité
6.
Humanité Physionomie astrale
Tarots
générale (clairvoyance,
etc.)
7.
Magie, 9.
Nature 8.
manifestations Prophétie
naturante Extase
physiques de consciente
l’invisible
Nous voyons, dès le premier coup d’œil, qu’en vertu du principe même de
la Yoga, celui qui veut posséder la maîtrise de la divination devra s’assurer tout
d’abord de son développement astral (case 5 du tableau) centre de tout le sys-
tème, point solaire de toute culture.
– Le miroir magique n’est autre que l’instrument de la culture ésotérique des
sens astraux : on peut juger par là de son importance. – J’ajouterai cependant
qu’un tel sujet est au-dessus de mes forces, et que je n’ai pas l’intention, de l’épui-
5
Introduction
ser dans les pages suivantes. Une simple élucidation préliminaire de l’hyperphy-
sique dans l’homme et en dehors de l’homme, avec le moyen d’en pénétrer les
régions les plus grossières : tel est le plan de cette étude.
Quelques qu’en soient les imperfections, je m’estimerai heureux si les tra-
vailleurs sincères peuvent retirer de cette lecture quelques utiles indications.
l’auteur
6
Chapitre premier
—
Théorie
I. – L’Invisible
Plus qu’à aucune autre époque de l’histoire occidentale, les esprits façonnés
par la science actuelle se lassent dans le labyrinthe sans fin au monde phéno-
ménique. Des savants à l’érudition encyclopédique se sont succédés en grand
nombre pour édifier de simples classifications de sciences mêmes particulières :
peines perdues ; les faits d’observation viennent chaque jour détruire les théories
les mieux édifiées, faute d’un insaisissable lien dont bien peu ont connu l’exis-
tence, et dont un plus petit nombre encore parmi ceux qui l’ont connu ont pu
servir efficacement.
Ce lien, terme équilibrant et canal entre deux contraires, le lecteur l’a deviné
déjà, c’est le troisième terme de la Trinité. A l’étudiant apparaît comme la loi ca-
pitale de la création ; en effet, tous les dogmes la proclament en première place.
Cette loi générale doit donc être également vraie dans ses applications particu-
lières.
Nous renvoyons ici le lecteur au lumineux exposé qu’a fait Papus des trois
mondes de l’univers.
« Chaque forme organique ou inorganique qui se manifeste à nos sens est une
statuette d’un grand artiste qui s’appelle le créateur, ou plutôt qui vient d’un
plan supérieur que nous appelons le plan de création.
« Entre ce plan supérieur et notre monde physique visible, il existe un plan in-
termédiaire chargé de recevoir les impressions du plan supérieur et de les réaliser
en agissant sur la matière3. »
C’est ce plan intermédiaire que la tradition occulte appelle plan astral.
Puisqu’un phénomène quelconque appartient ipso facto au monde physique,
puisque sa cause première appartient au monde idéal, métaphysique, – le moyen
par lequel celle-ci se manifeste appartient au monde des lois, au monde astral.
Protée aux formes infinies, l’astral est ce milieu, ce médiateur universel qui
reçoit passivement les influences positives des principes du Monde ; il les nourrit
3
La science des Mages et ses applications, Paris, Chamuel, broch. In-18 ; § II.
7
les miroirs magiques
dans son sein, les élabore, les organise et les ayant vitalisées, il les fait servir, – de-
venues partie intégrante de lui-même, et ses facultés fécondatrices propres, – au
modelage de l’élément ultime de la matière, de ce protyle récemment entrevu.
Par l’effet des forces physiques que nous connaissons, de cette seconde féconda-
tion vont se développer les phénomènes visibles, à la fois gloire et désespoir de
la science positive.
Tel est l’avis de la Tradition : entre une cause et un effet agit toujours la fa-
culté spécialement et spontanément adaptée à la double nature du principe et
du but à atteindre4. Ce que je viens d’esquisser si grossièrement n’est autre que
la révolution la plus générale du quaternaire, dont on peut voir le mouvement
magistralement décrit dans les admirables travaux de F. Ch. Barlet5.
Voilà donc la vraie nature de ce mystère invisible qui nous effraie par sa pro-
fondeur et qui se dérobe avec tant de souplesse à nos recherches dès que nous le
voulons interroger.
Or, cette faculté protéenne d’adaptation, qui est l’essence même de l’astral,
puisqu’elle se manifeste par du mouvement, est-elle de la vie ? L’astral est-il donc
un être vivant, ou une immense collectivité d’individus vivants ? L’analogie obli-
ge à répondre par l’affirmative. D’ailleurs, les plus hauts initiés comme les plus
célèbres philosophes exotériques ont reconnu l’univers comme un tout en perpé-
tuelle transformation d’où la mort – prise au sens strict d’équilibre, de néant – est
exclue.6
Nous voici en conséquence amenés à conclure, d’accord avec les sages des
temps les plus reculés : de même que tout ce qui se meut, que tout ce qui vit, l’in-
visible est à la fois un être et une immense assemblée d’êtres : l’homme physique
est l’agrégat d’innombrables cellules, il est lui-même cellule du corps cosmique
d’Adam-Kadmon. Que les proportions gigantesques de ces individualités occul-
tes passent nos ordinaires conceptions, que ce qui nous apparaît comme un mi-
lieu inconscient soit en réalité un individu doué de corps, d’âme et d’esprit, c’est
ce dont une méditation plus profonde nous convaincra, c’est d’un tel sublime
spectacle que le miroir magique peut nous rendre témoin.
Récapitulons ces données quelques peu obscures. Des principes extrêmement
simples, des phénomènes infiniment multiples, – entre eux, des canaux, des or-
4
La faculté d’adaptation considérée d’une manière générale, et sous toutes ses formes, est le
Fo-Hat des initiés du nord de l’Inde, c’est la Sakti, la femme des grands dieux, pour le brah-
mane initié, c’est pour Adam, Eve, etc. Voyez la Genèse. Il y a six de ces facultés universelles,
synthétisées dans une septième.
5
La sociologie synthétique. Paris, Chamuel, 1895, in-18.
6
Voyez entre autres la Monadologie de Leibnitz.
8
les miroirs magiques
ganes ; ainsi apparaît l’univers à qui le pénètre du dehors au dedans. Prouver cet
invisible, ou mieux, mettre tout étudiant sincère et convenablement disposé sur
le chemin qui pourra le mener – s’il le désire – au seuil de l’océan de lumière et
de vie dans le sein duquel flottent les mondes : tel est le but de cet essai.
II. – La Clairvoyance
7
Voyez-en de nombreux exemples dans les Annales des sciences psychiques dirigées par le Dr
Dariex, et en général dans tous les organes spiritualistes.
8
Voyez ses derniers articles dans la Revue Sphinx de Berlin, et sa Philosophie des Mystik.
9
Saukhya Yoga, I, 89. Voy. L’excellent résumé qu’en a fait en 1884 Rama Prasad dans le Théoso-
phist. Nous avons fait beaucoup d’emprunts à la philosophie orientale parce que ses maîtres ont
toujours été unanimes à reconnaître l’irréalité du monde phénoménique, conclusion à laquelle
les occidentaux ne font que d’arriver.
9
les miroirs magiques
{
1° L’idée qui forme l’objet de la connaissance : Grihitri
(le subjectif ).
il comprend :
2° Le connu : Grahana (l’instrumental).
3° L’acte de la connaissance : Grahya.
Si les choses se passent ainsi pour les perceptions sensorielles, il doit en être de
même pour les perceptions hyperphysiques au premier rang desquelles se range
la clairvoyance.
Reportons-nous pour cela aux nombreux témoignages d’expériences que
contiennent les œuvres des magnétiseurs modernes.
En examinant les cas de claire-vue nous remarquerons avec M. Mohini12
qu’un sujet somnambulique qui perçoit fort bien les personnes avec lesquelles
son magnétiseur le met en rapport et les lieux où il l’envoie est absolument inca-
pable d’entendre ce que disent ces personnes ; et vice-versa, si ledit sujet est dé-
10
R. Dubois et J. Renaut ont établi que le phénomène de la vision se réduit, en dernière ana-
lyse, à un véritable phénomène tactile. Chez les mollusques étudiés par R. Dubois comme chez
les vers (Darwin), le passage de l’obscurité à la lumière, l’intensité lumineuse et la longueur
d’onde, la durée de l’excitation lumineuse provoquent des contractions d’une certaine espèce,
encore qu’aucun rudiment d’œil n’existe. Les fonctions photodermatiques nous apparaissent
ainsi comme les plus anciennes du sens de la vision. Sous l’influence des rayons lumineux, la
peau de ces invertébrés agit déjà comme une rétine élémentaire et, en se propageant à travers
les téguments superficiels, la lumière détermine des contractions réflexes analogues à celles de
l’iris. » J. Soury La vision mentale, Revue philos., janvier 95. R. Dubois, Le mécanisme des fonc-
tions photodermatiques et photogéniques dans le siphon du Phola Dactylus).
11
Nous nous appuyons de préférence sur la philosophie Sankhya à cause de son caractère pro-
fondément naturaliste qui la met plus à la portée de notre intellect moderne.
12
Transactions of the London Lodge of the Théos. Soc
10
les miroirs magiques
11
les miroirs magiques
Il est à son tour animé par le corps causal, premier reflet de l’Atma, du soi
divin, du Logos.
Le corps subtil comprend les cinq sens physiques, les cinq forces psychiques
qui meuvent les cinq organes externes, et les cinq médiums par lesquels opèrent
ces cinq forces motrices.
D’autre part, le corps physique est animé par certains organes que la science
moderne appelle le plexus et que les Indous appellent Chakrams ou roues ; ils
comptent sept de ces foyers d’énergie dans le corps humain :
15
In Chandilly Upanishad., publié en Anglais par Tookaram Tatya, Bombay, 1893.
16
Cet organe est appelé par les livres indous lumière de la tête, œil de sagesse, œil céleste, œil de
Siva ; c’est le réservoir de la lumière (Tejas) du feu qui anime tous les hommes (Vais wanara).
17
Remarquons d’ailleurs que le sens de la vue résume et contient tous les autres. Cf. Man,
Fragments of forgotten hist., London, 1885, in-8.
18
Yoga Sastra, liv III, 34 et sqq. Voir aussi pour les détails complémentaires le Nyaya Siddhanta,
les Sanbagya-Lakhmi, Dhyana-Bindou, Amrita-Bindu, et Tripura Upanishads.
12
les miroirs magiques
III. – Le Miroir
On peut trouver également des preuves de cette antiquité dans les documents écrits, au
19
13
les miroirs magiques
qu’en montrant la simplicité des moyens employés par l’occulte pour des résul-
tats « surnaturels » selon le vulgaire.
Quant aux trois autres sens, on peut les annuler en s’enfermant, comme les
Yogis, dans le silence et l’obscurité d’une retraite souterraine.
Mais alors qu’arrive-t-il ? C’est que la volonté en est réduite à tirer exclusi-
vement toute sa force de l’invisible, de l’astral, au moyen d’une concentration
intellectuelle dont la puissance est bien au-dessus du pouvoir de la majorité des
étudiants, même avancés.
L’idéal serait donc de fournir au cerveau, par le moyen des trois sens précités,
un adjuvant dont l’uniformité et la persistance n’apporteraient point de distrac-
tions à l’intelligence : ainsi le sens physique sera endormi, et la volonté trouvera
de nouvelles forces pour s’exercer.
L’emploi de ces adjuvants est connu dès la plus haute antiquité : ce sont les
parfums, la musique et la lumière. Les initiés égyptiens et indous les maniaient
avec une science consommée pour le développement de leurs néophytes, et la
tradition de ces pratiques se retrouve chez tous les peuples. Donner plus de dé-
tails serait sortir de mon sujet ; on trouvera d’excellents vues, adaptées à l’intel-
lect moderne, dans le Traité de Magie pratique de Papus20.
Remarquons simplement ceci. Selon le tempérament du sujet21, les anciens
sages se servaient pour l’amener au sommeil magique de l’un de ses sens : il était
préparé alors, par l’ébranlement monotone des autres sens que j’ai indiqué plus
haut, à une impression plus vive sur le sens voulu, déterminant l’hypnose.
C’est ainsi que celui qui voudra se développer en clairvoyance assoupira tout
d’abord son odorat par une fumigation appropriée, son oreille, par une musique
d’un caractère spécial, tandis qu’à la demi obscurité d’une petite lampe, il fixera
ses regards sur le miroir magique.
Ces longues explications amènent en somme à regarder le miroir magique
comme un instrument destiné à absorber, à soutirer des yeux du sujet tout la
lumière physique.
Mais ce n’est là que la première moitié de son action.
Nous avons vu combien était difficile et long le développement de la clair-
voyance lorsqu’on ne peut mettre en rapport la sensibilité latente de l’« œil de
Siva » qu’avec le milieu astral situé dans l’espace. Il semble que si l’on pouvait
concentrer cette lumière astrale en un foyer, tout comme les miroirs concaves le
font pour la lumière physique, la clairvoyance serait bien plus rapide. Une pa-
Voir §5.
21
14
les miroirs magiques
reille condition se trouve réalisée par les miroirs magiques : en effet, partout où
il y a concentration de lumière physique, il y a par cela même un foyer éthéré,
un nœud de vibration du milieu générateur ; pour les miroirs sphériques le pro-
blème est donc résolu : placer l’œil du sujet en rapport avec le foyer astral et, au
bout d’un temps plus ou moins considérable, selon le degré de concentration
mentale ou de désir : (c’est-à-dire selon la perfection avec laquelle la septième
force astrale de notre corps aura pénétré la Roue Ignée), d’après ces conditions,
dis-je, – qui dépendent directement, je le répète, de la puissance de la volonté – la
clairvoyance se produira ; elle ne sera tout d’abord pas parfaite, ni même précise
peut-être, mais un exercice continu et soigneux donnera progressivement aux
organe astraux toute la sensibilité qu’ils sont capables d’acquérir.
Ainsi les miroirs sphériques, c’est-à-dire formés d’une portion de sphère, sont
les plus puissants. Les disques plats ne possèdent que la propriété d’absorption :
c’est pourquoi les disques magiques sont toujours de couleur saturnienne22.
Telle est la plus simple explication que l’on puisse donner des effets du mi-
roir magique. Résumons-la en quelques mots. Etant donné une faculté latente
de discerner la lumière astrale, pour arriver à ce résultat deux actions opposées
constitueront le ternaire de cette opération :
1 2
Concentration en un
Absorption de la point de l’espace d’une
lumière physique parcelle de lumière
hyperphysique
(-) (+)
{
J’espère que la suite de ces pages éclaircira sans doute l’obscurité de ces expli-
cations, et le désir du lecteur fera le reste.
22
Voyez §6.
15
Chapitre II
—
Réalisation
Essayons de pénétrer plus avant dans les mystères de cette Ame organisa-
trice universelle que nous avons reconnue précédemment ; essayons, guidés par
l’analogie et par le récit des voyants, de décrire les cellules innombrables qui la
composent, ses sphères, ses puissances, ses hiérarchies : tâche énorme, ce que je
n’aborde qu’en m’excusant.
Analogiquement, on peut écrire tout d’abord que l’invisible est formé, com-
me le visible, de milieux et d’individualités. Les uns comme les autres peuvent
être divisés en trois grands plans : le terrestre, le lunaire et le solaire23.
En tant que milieux, on trouve dans chacun de ces trois plans les forces ana-
logues à celles qui agissent en l’homme : attractives, répulsives, de projection,
génératrices, réceptrices, d’adap-tation et de synthèse.
Se rendre compte de visu de ce qu’ils contiennent demande un triple entraîne-
ment pour lequel bien peu d’hommes possèdent une mentalité assez puissante.
Pour se plonger dans les formidables courants de ces canaux cosmiques, il faut
de toute nécessité une connaissance parfaite de leurs cycles, de leurs lois et de
leurs qualités. Ce n’est d’ailleurs pas ici le lieu de faire cet exposé.
Considérés au point de vue des individus24, les trois plans de l’invisible peu-
vent être attribués, d’une façon générale, aux élémentaux, aux élémentaires et
aux anges. De ces trois catégories d’êtres, ceux avec lesquels nos contemporains
croient entrer le plus facilement en relations ce sont les élémentaires, les âmes des
morts : cela n’est vrai cependant que pour une fort petite part des phénomènes
spirites. Les âmes des morts sont parfois liées à la terre par un désir non satisfait ;
23
Voyez Alex, St-Yves, Les Clefs de l’Orient, la Naissance et Papus : l’Etat de trouble, Paris, 1894,
br. in-18.
24
Une analyse plus profonde fait voir le milieu à son tour formé par la réunion d’individus
immensément nombreux : tels les atomes. Mais cette division déroute moins les habitudes
de l’esprit occidental : j’ai donc cru bon devoir la maintenir. Cette classification ternaire a été
connue et développée de temps immémorial par les Indous : leurs 7 Lokas (lieux) sont décrits
par les adeptes aryens : mais, ne voulant donner que de brèves indications, je me suis borné aux
notions courantes de la tradition occidentale.
16
les miroirs magiques
c’est à leurs fils pieu d’abréger ces tourments. Les ancêtres viennent volontiers
dans le cercle saint du foyer familial lorsque leurs descendants les invoquent avec
amour ; il se rendent visibles aussi dans la coupe magique : mais qu’une vaine
curiosité ne s’avise jamais de troubler leur repos.
Parmi les élémentaires, quelques-uns dont les énergies furent, au cours de leur
vie terrestre, exclusivement consacrées à des buts égoïstes tombent dans les orbes
maudits du satellite sombre : là se pressent les vampires, les magiciens noirs, les
Frères Inversifs voués aux souffrances sans nom de la désintégration totale : là est
réalisée la loi de mort dans son sens le plus absolu.
Détournons les regards du voyant de ces lieux d’horreur et faisons-les pénétrer
dans les royaumes de la vitalité terrestre, chez les élémentaux. Nous voici avec
les esprits des éléments, les Saganes de Paracelse. Leur nombre défie le calcul ;
tout être, dit la Kabbale, chaque herbe, chaque pierre a son esprit. Ce sont les
manifestations, les puissances plastiques, les armées innombrables de la Nature :
les Shadaim.
En voici de tristes, de grisâtres aux yeux glauques couchés dans le sein morne
des étangs et des marais ; voici, se jouant sur la crête irisée des vagues, les tritons,
les mermaids, les ondines capricieuses : amies de l’homme parfois, plus souvent
dangereuses fascinatrices : formes merveilleuses de passions dont l’attrait jette
l’homme sur les écueils du crime et de la folie.
Entendez-vous dans les cavernes souterraines les marteaux cristallins des gno-
mes et des kobols malicieux ? Au profond des forges invisibles, les pygmées en-
ferment de pures âmes dans le tombeau brillant des gemmes ; tandis qu’au-des-
sus d’eux, moitié aériens, moitié terrestres, les Trolles, les Nixies, les Brownies,
familiers du Gallois superstitieux, se jouent au seuil de la chaumière.
Mais, le voyant admire descendre dans ce rayon de lune les formes aériennes
des fées ; les plus suaves figures de l’art peuvent seuls se comparer aux gracieuses
sylphides qui convient les humains au doux régal de leurs lèvres ; le moyen âge
tout entier, excédé des terreurs de la sombre mystique chrétienne, leva vers elles
son cœur avide de sourires ; tandis que les rêveurs habitants de la Forêt-Noire –
effrayés de leurs caprices et de leurs féminines perfidies – vénèrent avec un peu
d’anxiété les elfes aériens.
Les plus élevés des élémentals cosmiques, les sujets ignés du roi Jehuel et de
ses sept ministres, vivent dans les sphères subtiles du feu. Les salamandres sont
terribles et proches des anges ; leur vie est très longue et leurs mœurs pures.
Ces quatre classes d’êtres correspondent aux trois règnes de la nature visi-
ble ; ils en sont les facteurs invisibles ; une hiérarchie aux degrés infinis les relie
les uns aux autres ; d’après Paracelse, les saganes naissent, vivent, se marient et
17
les miroirs magiques
meurent25 ; mais après le temps de leur existence terrestre, ils n’en conservent
point conscience ; c’est pourquoi la tradition les considère comme mortels26. –
La conscience, et par suite l’immortalité, ne devient possible que lorsque l’étin-
celle divine animatrice est arrivée au règne humain.
En général, nous sommes invisibles aux élémentals, comme ils le sont eux-
mêmes pour nous ; ils répondent toujours à notre appel, mais l’œil de chair ne
peut les percevoir que s’ils trouvent dans le milieu extérieur une plasticité suffi-
sante pour s’en revêtir.
Ils deviennent alors pour celui qui les a évoqués, soit des protecteurs, soit des
obsesseurs27.
Mais pendant cette nuit de lune montante, envoyons le clairvoyant au-delà
des sphères de vie infrahominales ; plaçons-le en observation dans les vagues de
l’éther subterrestre, dans cet océan de force qui vitalise notre planète. Ses yeux
éblouis s’extasieront devant la gloire de ces régions inconnues ; il verra, parmi les
âmes des justes, flottant sur les ondes harmonieuses de la symphonie cosmique,
les Ælohims, les soleils secondaires se mouvoir ; il percevra, au sein des vagues
gigantesques de la spirale terrestre, les génies planétaires bénir les génies des
peuples de leurs influences bienfaisantes, tandis que, selon les doubles courants
hermétiques, les âmes descendent et remontent sans fin, sur les vagues du Feu
céleste.
Mais pour ces sublimes spectacles, il faut des spectateurs purs ; il faut une âme
sans tache et une volonté irréductible ; nous touchons là aux mystères sacrés de
l’extase. – Aussi de telles recherches, ne conseillerons-nous pas de les entrepren-
dre avant des années et des années de travail incessant28. – Bien ample est déjà
25
Voir le Comte de Gahalis. (Réédition : Entretien sur les sciences secrètes ou le comte de Gabalis,
arbredor.com, Genève, 2002).
26
C’est pourquoi ils aspirent, surtout ceux des règnes inférieurs, à se rapprocher de l’homme.
Voyez le même livre.
27
Dans l’Inde, les sorciers de basse caste les appellent comme mères, sœurs ou épouses. Voyez
les notes de H. S. Olcott à sa traduction de l’ouvrage Posthumous Humanity par d’Assier ; on
trouve chez les Peaux-rouges beaucoup d’exemples de ceci. J’ajouterai enfin quelques mots à
cette pneu-matologie ; le lecteur studieux pourra tirer quelque profit de l’analyse hiéro-glyphi-
que des noms qui vont suivre. La Kabbale appelle Rouchin les élémentaux mâles, et Lilin, les
femelles. Les esprits du feu sont gouvernés par Jehuel et sept ministres ; ceux de l’Eau, par Mi-
chel et sept ministres ; ceux de Terre et d’Eau ont pour prince Asmodée, Ruchiel et trois ministres
gouvernent les esprits des vents ; Gabriel ceux du tonnerre ; Nariel ceux de la grèle, les gnomes
des rochers obéissent à Maktuniel ; ceux des arbres fruitiers à Alpiel, et ceux des autres arbres à
Saroel. Mesannahel est le roi des esprits des vers ; Hariel et trois ministres gouvernent ceux du
bétail. Les créatures de la terre et de l’onde vivent sous la dépendance de Samniel ; et les oiseaux
sous celle d’Anpiel.
28
Pour les réaliser, des instruments et des rites spéciaux sont nécessaires, dont il ne nous est
18
les miroirs magiques
19
les miroirs magiques
Brahma
Devas Créatures
Sattava Pradjapati
Soma (Pitris) visibles
Viradj
Gandharvas Créatures
Badjas Id.
Yakshas visibles
Rakshasas
Tamas Id. Id.
Pisachas
Voici, d’après des autorités plus modernes33, quels sont les différents ordres
d’existence autour de nous :
20
les miroirs magiques
et précieux de son libre arbitre ; au-dessus de lui s’élèvent les royaumes lumineux
des Devas, au-dessous ceux des enfants de Siva35.
Ces êtres de l’astral ont des corps, – mais non conditionnés par le Karma36,–
plus ou moins lumineux, plus ou moins beaux ou laids suivant leur spiritualité ;
ils peuvent d’ailleurs se perfectionner en contemplant Brahman (Tchandogya
Upanishad, VIII VII, 3).
Tous ces invisibles ont le pouvoir de possession ; bénéfique chez les supérieurs,
maléfique chez les autres, on peut échapper à leur emprise ou se les rendre favo-
rables en les honorant.
On honore deux de la première classe en contemplant l’Atma ; ceux de la
deuxième, par l’extinction des désirs ; ceux de la troisième par l’action ; les Gand-
harvas sont sensibles à la musique, aux parfums et aux fleurs ; les Yakschas procu-
rent les biens temporels ; les Rakschasas se repaissent de la vapeur du sang versé
par la fureur guerrière, on les écarte par des Mantrans ; enfin on se délivre des
élémentaires en leur offrant des boules de riz, en accomplissant leur désir ou par
les rites de la magie noire37.
V. – Les voyants
35
Siva est le créateur des esprits de l’ombre (Kalki Purana, XXXI, 88) ; ces esprits forment 26
cercles, féminins pour la plupart, et qui comprennent 3 grandes divisions :
1o Les Balagrahas, fauteurs des maladies infantiles ; leur chef est Subramaniah, le plus jeune
fils de Siva.
2o Les Pramathadi Ganas, qui s’opposent aux bonnes résolutions et aux entreprises bénéfi-
ques : leur chef est le fils aîné de Siva, Vinayaka.
3o Les Matrikas et les Baghinis, élémentales femelles, les plus hideux de tous, gouvernés par
Parvati l’épouse de Siva.
Il est de ces classes d’esprits qui président sur les cadavres, (Kalica Purana, ch. 49), sur les
œuvres de morts, etc. (Bhagavata, X. ch. 63 , Y, XI).
36
Vyasa. Vedanta Sutra, l. III, 26-43).
37
Sahd Karma Dipika.
21
les miroirs magiques
38
Selva. Traité d’astrologie genethliaque. Voyez aussi le traité d’Abel Haatan : Astrologie judi-
ciaire. Paris, Chamuel, 1895, in-8.
39
Guide to Astrology.
40
Voyez la brochure de ce nom, par Polti et Gary.
41
Faisons remarquer, pour ne pas dérouter les étudiants, que la nomenclature d’Eliphas Lévi
ne correspond pas aux termes de Polti et Gary : un peu d’habitude en fera vite apercevoir la
raison.
22
les miroirs magiques
nos activités génèrent dans l’Invisible des formes à notre image : belles si elles
sont nobles, hideuses si elles sont égoïstes ; les formes horribles que l’on aperçoit
généralement au début des expériences ne sont que l’image symbolique des lai-
deurs de l’âme dont il aurait fallu tout d’abord se débarrasser.
En remontant le cours des âges, le document écrit le plus ancien que nous
trouvions sur les miroirs magiques, ce sont les indications de Moïse concernant
l’Urim et le Thumim. Cette assertion peut paraître hasardée au premier abord,
quand on se rappelle le désaccord des commentateurs sur ce sujet. Philon le juif
y voyait l’image des quatre animaux symboliques42 ; d’autres les identifiaient avec
les douze pierres de l’épnod ou, comme Eliphas Lévi, avec les deux onyx placés
en guise d’agrafes sur les épaules du grand-prêtre43, On a cru y reconnaître le
Nom incommunicable, les noms des douze tribus : cependant le simple examen
du texte biblique montre qu’aucune de ces explications ne satisfait pleinement.
Voici, par contre, la révélation que nous trouvons dans l’Art Magic, présentée
dans le cristal par un génie planétaire.
42
Voyez Gaffarel (Curiosités inouyes). « Il dit donc (Philon le Juif ), parlant de l’histoire cachée
dans le chapitre susdit des Juges, que Nichas fit de fin or et argent trois figures de jeunes garçons
et trois jeunes veaux, autant d’un lion, d’un aigle, d’un dragon et d’une colombe : de façon
que si quelqu’un allait trouver pour savoir quelque secret touchant sa femme, il interrogeait la
colombe ; si, touchant ses enfants, par le jeune garçon ; si, pour des richessses, par l’aigle ; si,
pour la force et la puissance, par le lion ; si, pour la fécondité, par le cheval ou veau ; si, pour la
longueur des jours et des ans, par le dragon. » (Cité par El. Lévi).
43
Rituel, p. 336.
23
les miroirs magiques
un contact très intime avec les esprits qui peuvent volontiers converser avec des
mortels.
L’analyse hiéroglyphique des mots hébraïques confirme cette manière de voir.
Thummim a pour racine TM « le signe des signes, le symbole de toute perfec-
tion,… image accomplie de l’âme universelle. » D’autre part, le pluriel I M signi-
fie la manifestation passive universelle : l’idée générale est donc celle de réflexion,
d’image reçue et rendue fidèlement, d’eau miroitante : le cristal magique.
De son côté Aourim est la manifestation générale de la lumière : sens qui, ma-
térialisé, aboutit à celui de miroir réflecteur.
Quoi qu’il en soit, je n’insisterai pas davantage, ne voulant pas imposer d’opi-
nion.
Aux Indes, actuellement encore, les Tshelas (étudiants initiés) se servent, dans
les cryptes des temples, de miroirs en or.
L’antiquité historique a connu une grande variété de miroirs métalliques em-
ployés tant pour la magie noire que pour la blanche.
« Les Sagas de la Thessalie traçaient jadis sur des miroirs leurs formules sibyl-
lines avec du sang : aussitôt la lune – autre miroir – réfléchissait ces caractères
sanglants, puis la réponse s’imprimait d’elle-même sur son croissante argenté.
C’est ainsi qu’était rendu l’oracle »44.
Au Japon, les miroirs sont de très grandes dimensions, en jade ou en tout
autre pierre d’un poli parfait : on peut voir de très beaux spécimens au musée
Guimet.
Papus a décrit, dans une conférence faite au Groupe Indépendant d’études
ésotériques, un miroir magique rapporté de l’Inde par le peintre James Tissot. Il
se compose essentiellement d’une sphère de cristal éclairée sur laquelle le sujet
fixe ses yeux.
Les magiciens du moyen âge se servirent surtout de miroirs métalliques en
tain ou en cuivre. Le cristal de Sainte-Hélène fut aussi employé par eux, nous
donnerons plus loin sa consécration. Le célèbre Nostradamus n’était point astro-
logue mais bien voyant ; toutes ses prophéties lui furent présentées dans le mi-
roir. Un des occultistes les plus éminents de la Renaissance, le docteur John Dée
reçut des esprits une pierre magique très précieuse45 : les manuscrits conservés
dans la bibliothèque Cottonienne nous en parlent comme d’un cristal ; d’autres
auteurs le représentent comme un morceau de charbon circulaire, parfaitement
44
Stanislas de Guaïta, Temple de Satan, p. 367.
45
Voyez l’excellente Vie de Jean Dée publiée dans l’Initiation X bre 93 à Avril 94) par notre
regretté frère Albert Poisson.
24
les miroirs magiques
poli, muni d’une poignée. Il se trouvait en 1842 chez Horace Walpole à Straw-
berry Hill ; il fut vendu 336 francs à un acquéreur resté inconnu46.
Parmi les miroirs noirs, on peut citer le Mandeb arabe dont on verra plus
loin le procédé ; le miroir de du Potet : constant en un cercle tracé et noirci au
charbon sur le plancher47. Parmi ceux qu’inventèrent les élèves de ce puissant
magnétiseur, voici l’un des meilleurs : un morceau de carton ovale, d’environ
dix centimètres de long, recouvert d’un côté d’une feuille d’étain, de l’autre
d’un morceau de drap. L’opérateur magnétise fortement ce miroir et, lorsqu’il
en trouve l’occasion, « il le prend dans sa main droite ; collé contre la paume de
la main, ses doigts entourant les bords comme autant de pointes magnétiques
par lesquelles s’échappe le fluide, il présente ce miroir d’un côté ou de l’autre, à
environ un pied de distance de la racine du nez ; dix minutes de fixité environ
suffisent pour obtenir la vision, si elle doit avoir lieu48. »
Miroir de Swedenborg. – Cahagnet décrit ce miroir dans les Arcanes de la
vie future et dans la Magie magnétique : il fut révélé par un esprit qui se donnait
comme celui de l’illustre voyant suédois à la somnambule de Cahagnet. Voici
comment on peut le construire.
« On prend une quantité quelconque de mine de plomb, tamisée bien fine,
qu’on délaie (dans un vase convenable pouvant aller sur le feu) avec une suffi-
sante quantité d’huile d’olive de manière à en former une pâte assez claire ; on
met cette préparation sur un feu doux pour mieux en faciliter la mixtion ; on
prend une glace ordinaire (sans être étamée) qu’on approche doucement du feu
pour la préparer à recevoir ma mixtion sans éprouver une transition qui puisse
la faire casser ; on la place à plat sur deux morceaux de bois puis on verse la pâte
préparée sur une de ses faces, en la penchant de côté et d’autre afin de donner la
facilité au liquide d’en couvrir également toutes les parties, ce qui est préférable
à se servir d’un pinceau qui laisserait des sillons qui en dépareraient l’uniformité.
Si cette pâte se trouvait être un peu claire, on la saupoudrerait de la même mine
de plomb tamisée sur le tout, ; ce qui ferait un amalgame plus compacte.
« Cette glace étant ainsi préparée, on la pose à plat horizontalement sur un
meuble et on ne s’en sert que quelques jours après, étant placée dans un cadre
46
Art Magic.
47
M. Edmond Bourdain publie (Paix universelle du 15 janvier 95 et Progrès spirite, 1er Février)
le récit d’expériences spirites réalisées avec le miroir de du Potet : les esprits évoqués faisaient
apparaître dans le cercle noirci les réponses aux questions posées. Voyez également des récits
d’évocations des morts, faites aux Indes, dans des flacons remplis d’encre. Theosophist. Août
1882, Mars 18893, Décembre 1884.
48
Cahagnet. Magie magnétique, p. 82.
25
les miroirs magiques
approprié à cet effet. Ce miroir à l’avantage sur ceux étamés de moins fatiguer la
vue, de rendre une image parfaite des objets : on a soin de la placer dans un en-
droit de manière à ce qu’il ne reflète pas l’image de la personne qui veut le fixer. Je
me sers de ce miroir, comme de tous ceux dont je t’ai parlé, en me tenant derrière
le consultant, le fixant magnétiquement vers le cervelet (au-dessus de la fossette
du cou) avec l’intention que le fluide que je projette sur lui par mon regard aille
joindre le sien pour l’illuminer. Je prie également mentalement l’ange commis
à la garde de cette personne de lui faciliter cette vision s’il le trouve convenable.
J’ai obtenu avec ce miroir les mêmes résultats qu’avec les autres49. »
On trouvera dans l’Almanach du Magiste de 1894, le récit d’expériences faites
avec un miroir formé par un disque de bois légèrement carbonisés. Voici com-
ment l’expérimentateur rend compte de ses visions :
« Après quelques minutes de fixité, la surface du miroir se voile et se couvre
d’une légère vapeur blanchâtre. Peu à peu, cette vapeur augmente et se trans-
forme en une sorte de lumière bleuâtre et phosphorescente. Elle se répand même
sur les objets environnants auxquels elle communique un éclat particulier : à
la fin, elle roule en gros nuages qui traversent rapidement le champ du miroir.
C’est alors seulement que les formes se montrent et que je distingue parfois très
nettement ce que je désire apercevoir. »
Parmi les miroirs lumineux, on peut citer le miroir de Cagliostro, le miroir de
Sainte-Hélène, le cristal ou miroir magnétique, le miroir narcotique dont l’eau
est obtenue par la distillation des plantes magiques, etc. etc50.
« Soit carafe pleine d’une eau limpide, ou encore boule de cristal magnétisée ;
c’est dans de pareils milieux, très réfringents pour la lumière astrale, que Ca-
gliostro faisait longuement flotter le regard de ses colombes. Il nommait ainsi de
jeunes garçons encore innocents ou des fillettes qui jouaient le rôle de voyants
passifs, tandis qu’il les tenait sous l’irradiation de son vouloir magnétique. Ces
petits êtres voyaient alors se dérouler la chaîne des futurs contingents sous forme
d’une série d’images évidemment sibyllines, sortes de prophéties concrètes, qui
n’attendaient plus que leur traduction en langage démotique. Les colombes s’ex-
primaient par exclamation : « Soudain Cagliostro d’une voix inspirée et vibrante,
49
Magie magnétique, p. 83. Cahagnet a également réédité les miroirs métalliques de l’anti-
quité sous le nom de miroirs galvaniques, composés de deux calottes de cuivre et de zinc,
soigneusement passés au brunissoir. Cet appareil est très puissant ; son magnétisme est positif,
électrique.
50
On trouvera dans Ragon, Maçonnerie occulte, des détails sur les disques magnétiques qu’un
expérimentateur intelligent pourra sans peine faire servir aux expériences de lucidité.
26
les miroirs magiques
Les premiers conviennent mieux aux jeunes garçons, les seconds aux femmes ;
les derniers sont plutôt synthétiques et s’adressent aux voyants dépourvus de
directeur.
Chacune de ces grandes classes peut à son tour se diviser en quatre genres,
appropriés aux divers tempéraments de ceux qui sont appelés à s’en servir. On
peut en varier la composition, les adapter soit aux quatre tempéraments zodia-
caux, soit aux sept planètes ; ceci est facile à faire lorsqu’on est un peu versé dans
la théorie des correspondances.
Nous avons avec intention laissé de côté toute la théorie étudiant la dimension du miroir, sa
52
courbure, son mode de maniement, attendant pour cela des expériences plus complètes.
27
Chapitre III
—
Adaptation
VII. – La Pratique
La règle fondamentale de toute expérience occulte – et celles dont il est ici
question possèdent ce caractère au plus haut degré, – est de ne jamais se servir
d’aucun objet avant de l’avoir consacré, de ne jamais rien commencer sans une
invocation à l’Invisible.
Ainsi, toute tentative de clairvoyance devra être précédée d’une consécration
de l’instrument. Nous allons énumérer et décrire quelques-uns de ces rites en
commençant par le plus simple.
28
les miroirs magiques
« Prenez une plaque luisante et bien polie d’acier légèrement concave et écri-
vez dessus avec le sang d’un pigeon mâle blanc, aux quatre coins du miroir, les
noms :
Jéhovah Elohim
Mittatron Adonay
et mettez ledit acier dans un linge neuf, très propre et blanc. Lorsque vous aper-
cevez la lune nouvelle à la première heure après le soleil couché, approchez-vous
d’une fenêtre, regardez le ciel avec dévotion, et dites :
O Eternel ! ô Roi Eternel ! Dieu ineffable qui avez créé toutes choses pour
l’amour de moi, et par un jugement occulte pour la santé de l’homme, re-
gardez-moi, N…, votre serviteur très indigne, et considérez mon intention
pure. Daignez m’envoyer votre ange Anael sur ce miroir, qui mande, com-
mande et ordonne à ses compagnons, et à vos sujets que vous avez faits, ô
tout puissant qui avez été, qui êtes et qui serez éternellement ; qu’en votre
nom ils prient et agissent dans la droiture pour m’instruire et me montrer ce
que je leur demanderai.
« Ensuite jetez sur des charbons ardents le parfum convenable qui est le safran
oriental et, en le jetant, dites :
En ce, pour ce et avec ce que je verse devant votre face, ô mon Dieu qui êtes
tri-un, bon et dans la plus sublime élévation, qui voyez au-dessus des chéru-
bins et des séraphins et qui devez juger les siècles par le feu, exaucez-moi.
Venez, Anael, venez, et que ce soit votre bon plaisir d’être en moi par vo-
tre volonté, au nom du Père Tout-Puissant +, au nom du Fils très sage +,
au nom du Saint-Esprit très aimable + ; venez Anael, au nom du terrible
Jéhovah, venez Anael, par la vertu de l’immortel Elohim, venez Anael par
le bras du tout puissant Metatron, venez à moi N…, (Dites note nom sur
le miroir), et commandez à vos sujets qu’avec amour, joie et paix, ils fassent
voir à mes yeux les choses qui me sont cachées. Ainsi soit-il. Amen.
29
les miroirs magiques
« Après avoir fait cela, élevez les yeux vers le ciel et dites :
Seigneur Tout-Puissant, qui faites mouvoir tout ce qui vous plaît, exaucez
ma prière et que mon désir vous soit agréable ; regardez s’il vous plaît, Sei-
gneur, ce miroir et bénissez-le, afin qu’Anael, l’un de vos sujets s’arrête sur
lui avec ses compagnons pour satisfaire N…. votre pauvre et misérable servi-
teur, ô Dieu béni et très exalté de tous les esprits célestes, qui vivez et régnez
dans l’éternité des bons. Ainsi soit-il.
Quand vous aurez fait ces choses, faites le signe de la croix sur vous et sur le
miroir, le premier jour et les suivants, pendant quarante-cinq jours de suite, à la
fin desquels Anael apparaîtra sous la figure d’un bel enfant, vous saluera et com-
mandera à ses compagnons de vous obéir.
Remarquez qu’il ne faut pas toujours quarante-cinq jours pour parfaire le
miroir ; souvent l’esprit apparaît le quatorzième jour. Cela dépend de l’intention,
de la dévotion et de la ferveur de l’opérateur.
Lorsqu’il vous apparaîtra, demandez-lui ce que vous souhaitez et priez-le d’ap-
paraître toutes les fois que vous l’appellerez pour vous accorder vos demandes.
Par la suite, lorsque vous souhaiterez voir dans le miroir et obtenir ce que vous
voudrez, il n’est pas nécessaire de réciter toutes les oraisons susdites ; mais après
avoir parfumé le miroir, dites :
Je vous remercie Anael, de ce que vous êtes venu et que vous ayez satisfait à
ma demande ; allez vous-en en paix et venez lorsque je vous appellerai.
30
les miroirs magiques
Lorsque l’enfant verra l’ange, il pourra lui faire telle demande qu’on vou-
dra55.
55
Le petit Albert, et divers autres grimoires.
56
Art Magic, p. 420 et suiv.
31
les miroirs magiques
L’Appel. – « Au nom de Dieu tout-puissant, en qui nous vivons, nous nous
mouvons et avons notre être, je supplie humblement l’Ange Gardien de ce
miroir d’apparaître. »
Quand il est venu, vous pouvez lui poser vos questions et en obtenir des ren-
seignements, comme par exemple, le moment où il vous permettra de l’appeler
de nouveau, et pour combien de temps.
Il s’agit ici d’une sorte particulière de miroir, non encore décrite, et dont nous laissons la
57
32
les miroirs magiques
Ceci doit être prononcé d’une voix très énergique et très sévère, par trois fois
répété, le doigt sur le cristal.
Ceci doit être répété trois fois avant de lever la séance, même s’il n’est point
apparu d’esprit. L’omission de cette formalité entraîne la ruine du Miroir.
Cette incantation est répétée sur six morceaux de papier, tandis que la senten-
ce du Koran est attachée à la coiffure du sujet : le tout a été d’abord présenté à la
fumée d’un encens composé à parties égales de Takeh mabachi et de Konsombra
Diaon, (encens, graines de coriandre) auxquels on ajoute de l’ambre indienne.
La figure du miroir étant dessinée, telle que l’indique la figure de la main du
Karl Kresewetter, in Sphinx, 1890) croit que le magicien arabe nommé Abd-el-Kader-el-
58
Moghrebi dont parle de Laborde n’est autre que le fameux émir qui devint plus tard notre
ennemi.
33
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l’idéal bien-aimé ; c’était les palpitations mêmes de l’âme que l’on croyait voir se
traduire par le corps, d’une sorte indicible et si chaste ; les vagues ondulées de ses
mouvements voluptueux, se prêtaient à l’expression des mille nuances du désir
et de la pudeur que devinaient avec ravissement les spectateurs muets ; – car la
Beauté réside seulement dans le Mystère inexprimable.
Le colonel fut tout à coup tiré de sa contemplation admirative par l’hiérati-
que danseuse qui l’invitait à jeter un coup d’œil sur le contenu du grand vase
magique ; au lieu d’une masse noire et bouillante, il y aperçut avec étonnement
des écumes irisées des plus délicates couleurs se changeant à tout instant en des
formes sans cesse variées de fleurs chatoyantes ; le grand-prêtre versa une couche
de ce liquide sur une plaque de cristal bombé : tel fut le miroir magique dans les
ondes duquel notre héros revit des amis et des parents chers à son cœur, ainsi que
plusieurs autres tableaux extraordinaires.
On excusera la longueur de l’extrait que nous venons d’adapter ; nous avons
voulu mettre le lecteur mystique sur la voie d’un des plus puissants secrets du
Temple.
61
Art Magic, passim.
37
les miroirs magiques
fin
38
Bibliographie
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Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Chapitre II — Réalisation
IV. – Les Royaumes de l’Astral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
V. – Les voyants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
VI. – Classification des Miroirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Bibliographie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
40