Faut Il Chercher A Faire Le Bonheur Des Autres Intro
Faut Il Chercher A Faire Le Bonheur Des Autres Intro
Faut Il Chercher A Faire Le Bonheur Des Autres Intro
[Approche du sujet] L’évolution des sociétés occidentales, à partir du XIX° siècle, a été
marquée par la montée de « l’individualisme », qui tend à privilégier les intérêts et la
valeur de l’individu sur ceux du groupe. Être individualiste, ce n’est pas être « égoïste » :
Plan du développement
c’est penser qu’il est mieux pour tout le monde que chacun soit libre de rechercher le
bonheur comme lui-même l’entend, sans être soumis aux pressions d’une communauté.
Dans ce contexte, il semble que le fait de chercher à « faire le bonheur des autres » soit un I) Il est moral et légitime de se soucier du bonheur des autres
projet « anachronique », appartenant à une époque où l’on pensait encore que les A) Définition des termes du sujet
individus (ou les gouvernants) devaient se mêler du bonheur des autres, au lieu de laisser
chacun le chercher par lui-même. On peut donc dire que la montée de l’individualisme B) La morale exige que l’on ne se soucie pas uniquement de notre
nous conduit à poser la question du sujet : faut-il chercher à faire le bonheur des autres ? bonheur personnel
[Première réponse justifiée] A cette question, il semble d’abord que l’on doive répondre
par l’affirmative, dans la mesure où le fait de vouloir rendre les autres heureux semble à C) La morale exige que l’on s’abstienne de rendre autrui
la fois louable et légitime. Notre devoir est d’œuvrer, non uniquement dans notre intérêt malheureux.
personnel (ce qui serait égoïste), mais aussi dans l’intérêt de tous. Or comment ne serait-il II) Il est illusoire et dangereux de vouloir faire le bonheur des autres
pas dans l’intérêt des autres d’être heureux ? Chercher à faire le bonheur des autres
semble donc une activité morale et généreuse. A) Chercher à faire le bonheur des autres est une entreprise vaine,
[Contre-réponse justifiée] Cependant, ce projet semble comporter des risques évidents : car il n’est pas en mon pouvoir de rendre les autres heureux.
dans la mesure où le fait de rendre autrui heureux supposerait que je réalise tous leurs
désirs, cela suppose que je connaisse tous leurs désirs, et que je sois capable de tous les B) Chercher à faire le bonheur des autres est une entreprise
réaliser. Or les désirs diffèrent selon les individus : chacun possède sa propre conception dangereuse, qui peut porter atteinte aux droits (et au bonheur)
du bonheur, fondée sur des désirs qui lui sont propres et que lui seul peut déterminer. Par des autres.
conséquent, on peut se demander si le fait de chercher à faire le bonheur des autres ne
supposerait pas que l’on impose aux autres une conception du bonheur qui n’est pas la
III) La morale exige que l’on s’efforce de permettre à tout individu
leur… ce qui, d’une part, semble assez contradictoire et, d’autre part, semble porter de satisfaire ses besoins et de jouir de ses droits
atteinte à leur liberté. Voici donc deux raisons de penser qu’il faudrait sans doute A) C’est un devoir moral pour les individus de chercher à garantir à
s’abstenir de chercher à faire le bonheur des autres. chacun la satisfaction de ses besoins (et non de réaliser tous leurs
[Formulation du problème] La question du sujet nous conduit donc à un problème :
désirs)
d’un côté, chercher à faire le bonheur des autres semble une entreprise légitime et morale,
mais d’autre part elle semble aboutir à une contradiction et à une atteinte aux libertés de B) C’est un devoir politique pour l’Etat de chercher à garantir à
ceux que l’on prétend rendre heureux. Est-ce réellement le bonheur des autres que je dois chacun la jouissance de ses droits fondamentaux (et non de
chercher à faire, ou est-ce en réalité… autre chose ? veiller au bonheur des citoyens).
[Annonce du plan] Pour résoudre ce problème, nous commencerons par éclaircir les
raisons pour lesquelles il est juste et moral de se préoccuper du bonheur des autres. Nous
montrerons ensuite que cette préoccupation ne doit pas nous conduire à vouloir faire le
bonheur des autres, tentative qui contredit l’idée même de bonheur et qui ne peut que
nous conduire à porter atteinte à leur liberté ou à leur vie privée. Nous essaierons alors de
montrer que ce que la morale nous impose, ce n’est pas de chercher à faire le bonheur des
autres en réalisant tous (ce que l’on suppose être) leurs désirs, mais de les aider à
satisfaire leurs besoins et à jouir de leurs droits.