2 Plancher Mixtes
2 Plancher Mixtes
2 Plancher Mixtes
Construction Mixte
Planchers Mixtes
Acier-béton
A. BOUCHAIR
Octobre 2002
En Europe, par contre, les types de tôles profilées continuent d’augmenter; de nouveaux
bosselages et géométries sont encore développés actuellement. Les fournisseurs de tôles
profilées manifestent un très grand intérêt pour l’emploi de ces éléments en longue portée,
efficaces pour des charges importantes et concentrées statiquement et dynamiquement (par
exemple, les surcharges provoquées par les chariots élévateurs dans des bâtiments
industriels). Cela a d’ailleurs largement contribué à mettre ce type de construction au premier
rang pour la réalisation de bâtiment en Grande-Bretagne ces dernières années. De plus, le
développement actuel des immeubles de grande hauteur à ossature métallique et l’utilisation
des tôles profilées en coffrage perdu ont donné un nouvel essor à ce type de plancher.
La toute première étude de dalles mixtes a été entreprise en 1964 par BRYL. Dans ses
conclusions, il propose une méthode de dimensionnement basée sur la contrainte admissible
au niveau de la liaison tôle profilée-béton et sur la résistance ultime des ancrages. Il n’avait
alors considéré qu’un comportement élastique non fissuré. Cette méthode est décrite dans les
recommandations du Centre suisse de la construction métallique. En 1968, à l’Université de
l’Iowa, PORTER, SCHUSTER et EKBERG ont entamé un grand programme de recherche.
Pour commencer, seules des tôles profilées lisses (sans bosselage) ont été testées, suivies, plus
tard, des tôles profilées bosselées. Dans leur programme de recherche, la rupture due à l’effort
rasant a été examinée en détail. D'abord, ce travail a abouti à la standardisation des
éprouvettes à travée simple, portant dans un seul sens. Depuis lors, cet essai standard est le
fondement servant à déterminer la performance des dalles mixtes. L’analyse des résultats de
cet essai (appelée méthode " m et k " ou méthode de Porter et Schuster) a beaucoup attiré
l’attention partout dans le monde. Elle est maintenant acceptée, au moins comme base de
plusieurs normes. Les raisons de ce succès sont multiples, mais en particulier :
- les essais standards sont faciles à réaliser ;
- très peu de mesures sont nécessaires ;
- les essais peuvent être faits sur n’importe quelle tôle profilée ;
- l’analyse théorique des résultats est très simple ;
- jusqu’à aujourd’hui (1990), aucun accident immuable à cette méthode n’a été signalé.
Malgré tout, il y a des inconvénients liés à cette méthode. En voici les plus importants :
- les essais de base ne représentent guère la façon de construire les dalles mixtes dans le
monde ;
- il n’existe aucun modèle théorique expliquant les phénomènes observés dans les essais ;
- l'adhésion chimique entre tôle profilée et béton, ainsi que la résistance en traction du
béton, sont présents dans les essais standard mais sont exclues dans les normes établies
pour le calcul de la résistance ultime des éléments en béton armé ;
- la méthode nécessite beaucoup d’essais pour tester toutes les combinaisons de
variables liées à chaque type et épaisseur de tôle profilée.
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D’autres programmes de recherche ont été mis sur pied. Schuster, à l’Université de Waterloo,
a proposé une extraction de la méthode " m et k " pour tenir compte de l’épaisseur de la tôle
profilée, ce qui a l’avantage de diminuer le nombre d’essais standards. L’analyse, par contre,
est plus compliquée que celle de la méthode " m et k ". Luttrell, à l’Université de West
Virginia, a proposé une méthode entièrement différente. Plusieurs facteurs, liés aux
géométries des nervures et des bosselages, ont été établis au cours d’un nombre très important
d’essais, et leur emploi est restreint aux dalles mixtes qui ressemblent à un cas déjà étudié. Il
y a peu de temps, la rédaction imminente de la nouvelle norme européenne pour le
dimensionnement des structures mixtes acier-béton (EUROCODE 4) a accéléré la formation
d’un groupe de travail pour les dalles mixtes (ECCS TWG 7.6.). Ce groupe a réexaminé la
méthode " m et k ", et lui a cherché une alternative pour le dimensionnement. A l’Université
de Kaiserslautern, Bode a proposé d’analyser les essais standards à l’aide d’un diagramme de
connexion partielle. Cette méthode est presque identique à celle employée pour les poutres
mixtes dans l’EUROCODE 4.
Une dalle mixte est constituée d’une tôle d’acier nervurée, profilée à froid, galvanisée,
recouverte d’une dalle de béton comportant un treillis d’armature. Des armatures
supplémentaires peuvent être ajoutées ainsi que des connecteurs. Une telle dalle repose en
général sur une structure porteuse de plancher composée de poutrelles métalliques. Elle peut
également être utilisée en liaison avec des structures porteuses constituées d’autres matériaux,
comme le béton armé ou le bois.
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L’épaisseur hors-tout de la dalle mixte h et l’épaisseur de béton hc au-dessus de la surface
plane principale du sommet des nervures de la tôle doivent vérifier les conditions suivantes
(EC4) :
h ≥ 80 mm et hc ≥ 40 mm
Si la dalle a une action collaborante avec la poutre, ces conditions deviennent :
h ≥ 90 mm et hc ≥ 50 mm
- la section d’acier mise en œuvre est généralement supérieure au minimum donné par le
calcul, mais on a ainsi une plus grande raideur des planchers et donc une flèche réduite ;
- les bacs collaborants sont sensibles au feu, leur partie inférieure étant non protégée par le
béton. Il est difficile d’assurer un degré coupe-feu au-delà de 30 minutes sans l’ajout
d’une protection avec un matériau adéquat ;
- la corrosion du bac collaborant est un problème essentiel mais peut être facilement résolu
par galvanisation ;
- les vents de forte intensité durant la construction peuvent endommager les bacs
collaborants déjà mis en place.
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II- Les matériaux mis en oeuvre
II.1- Le bac en acier
Il existe un très grand nombre de types de tôles profilées utilisées dans la construction des
dalles mixtes. Ces types varient par la forme, la hauteur, et l’entraxe des nervures, par la
largeur des plaques, par leur mode de recouvrement latéral, par les moyens de raidissage des
éléments plans constituant le profil et enfin par les moyens de connexion mécanique assurant
la liaison avec le béton. L’épaisseur des tôles varie de 0,75 à 1,50 mm et leur hauteur varie de
38 à 80 mm. Les tôles sont en acier doux laminé à froid et sont galvanisées avec un
revêtement de zinc sur les deux 2 faces. L’acier utilisé pour la fabrication des tôles profilées
présente une limite d’élasticité minimale garantie de 220 N/mm². En général, les dalles mixtes
sont construites avec des tôles profilées en acier galvanisé de nuance 280 à 350 N/mm² selon
la norme européenne provisoire pr EN 10 147.
Par la forme, on peut distinguer deux principaux types de profilés : les profilés à nervures
rentrantes et les profilés à nervures ouvertes ou trapézoïdales. Le profilé à nervures rentrantes
permet une bonne résistance à la séparation verticale du béton et du profilé.
Liaison acier-béton :
Pour assurer la liaison acier-béton, la tôle profilée doit être capable de transmettre le
cisaillement longitudinal (l’effort rasant) à l’interface entre la tôle et le béton. La simple
adhérence entre ces deux éléments n’est pas considérée comme offrant une efficacité
suffisante pour une action collaborante. Pour assurer le comportement mixte entre tôle
profilée et béton, on réalise une connexion par frottement, bosselures et indentations, barres
soudées sur la partie supérieure du profilé et les connecteurs de différents types qui se
traduisent par un obstacle mécanique (ancrage d’extrémité) lié au profilé support du bac d’un
coté et noyé dans le béton de la dalle de l’autre côté (voir le document .. pour plus de détail).
La géométrie des bosselures, et en particulier leur hauteur, est un facteur qui a une grande
influence sur le comportement des planchers mixtes à bacs collaborants en tôles constitués de
tôles profilées en acier.
- Pour les profils sans bosselures, seul un comportement fragile est observé.
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Figure 3- Les deux principaux types de profilés
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II.2- Le béton
Le béton utilisé dans les dalles mixtes peut être à granulats normaux ou légers avec une masse
volumique du béton non armé qui ne doit pas être inférieure à 1750 kg/m3. Les classes de
résistance du béton utilisé doivent être conforme à l’Eurocode 2. Les classes les plus souvent
utilisées varient du C20 au C35 où le chiffre représente la résistance caractéristique du béton
à la compression mesurée sur cylindre à 28 jours. Par contre, l’utilisation des classes de
résistance supérieures à C50/60 n’est pas permise à moins qu’elle soit dûment justifiée.
Classes de béton C20/25 C25/30 C30/37 C35/45
fck (MPa) 20 25 30 35
fctm (MPa) 2,2 2,6 2,9 3,2
τRd (MPa) 0,26 0,30 0,34 0,37
Ecm (GPa) 29 30,5 32 33,5
Tableau 1 - Classes et résistances des bétons utilisés dans les dalles mixtes
II.3- L’acier d’armatures
Toutes les armatures mises en œuvre dans les dalles mixtes (barres lisses ou à haute
adhérence et treillis soudés) doivent correspondre aux prescriptions de l’Eurocode 2. Les
aciers les plus couramment utilisés sont les S500 ou les S550, aciers dont les limites
élastiques caractéristiques sont respectivement 500 et 550 MPa. Les aciers supplémentaires
sont des aciers ronds à haute adhérence assemblés sous forme de treillis par soudure.
Il est nécessaire de prévoir un faible treillis soudé sur toute la surface de la dalle pour
reprendre les efforts éventuels dus au retrait du béton. Le treillis soudé est dit ‘anti-retrait’. Il
est disposé à mi-hauteur de section de la dalle, 1 à 2 cm² (par mètre de largeur de dalle).
D’autre part, des armatures en chapeau sur appuis sont nécessaires comme pour les dalles en
béton armé traditionnelles. Ces armatures réalisées le plus souvent en treillis soudé doivent
couvrir au minimum une zone égale à 0,3 fois la portée de part et d’autre de l’appui.
Le treillis soudé dans la dalle doit satisfaire aux conditions minimales suivantes (EC4) :
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Notons que des armatures H.A. peuvent être prévues en complément dans le lit inférieur pour
améliorer le comportement du plancher en cas d’incendie.
• Liaison chimique : elle résulte de l’adhérence de la pâte de ciment sur la tôle profilée.
Cette liaison peut être forte, mais elle est toujours fragile et peut être facilement rompue
sous l’effet d’un impact ou d’un chargement répété.
• Liaison par frottement : c’est la résistance aux efforts rasants, proportionnelle à l’effort
normal agissant à l’interface entre le bac collaborant et le béton.
• Liaison mécanique : cette interaction survient près des changements importants de
géométrie tels que les bosselures ou les indentations. C’est le lien le plus résistant entre le
béton et l’acier.
La liaison mécanique et la liaison par frottement sont l’expression du même phénomène mais
à des amplitudes et à des échelles différentes. En effet, la liaison par frottement est due à des
variations microscopiques de la surface d’acier, tandis que la liaison mécanique est due aux
variations macroscopiques présentes à la surface du bac collaborant.
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Liaison par frottement
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en connexion totale. On n’a donc pas besoin pour cette deuxième méthode de calculer le
moment plastique réduit d’une section a connexion partielle. Cependant, cette méthode est
conservatrice car elle donne des résistances inférieures à celles que l’on peut avoir avec une
méthode exacte. Elle convient donc comme méthode de dimensionnement rapide. Quels que
soient les connecteurs, le moment résistant plastique de calcul Mpl.Rd assurant une interaction
complète implique les hypothèses suivantes :
- interaction complète entre la structure acier, les armatures et le béton ;
- l'aire efficace de la structure en acier subit une contrainte égale à sa résistance
fy
élastique en traction et en compression ;
γa
- l'aire efficace des armatures longitudinale subit une contrainte égale à sa résistance
fsk
élastique en traction et en compression. En outre, les armatures en compression dans
γs
le béton peuvent être négligées ;
- la partie de la tôle profilée en compression doit être négligée ;
fck
- l'aire efficace du béton en compression résiste à une contrainte égale à 0,85 ;
γc
- l'aire de la tôle profilée en traction incluse dans l'aire efficace subit une contrainte
fy
égale à la résistance élastique .
γap
Ceci correspond à la connexion totale en cisaillement, mais la théorie plastique peut aussi
s'appliquer dans le cas de la connexion partielle. Avec des connecteurs ductiles, les
hypothèses et le mode de calcul sont les mêmes que ceux de la connexion totale, mais en
utilisant une valeur réduite de l'effort de compression Fc égale à l'effort rasant maximum que
la connexion est capable de transmettre.
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Il est nécessaire de procéder à une vérification des tôles d’acier profilées pendant qu’elles
agissent en tant que coffrage pour le béton frais. On doit tenir compte des effets des étais
éventuels.
IV.1.1- Actions
Lors du calcul de la tôle profilée au stade de coffrage, on considère les charges suivantes:
- poids propre des plaques nervurées;
- poids propre du béton frais ;
- charges de chantier y compris l’amoncellement local du béton en cours du montage ;
- charge de stockage éventuel ;
- effet de « mare » (surplus du béton dû à la flèche des tôles).
Les charges de chantier représentent les poids des ouvriers et de l’installation de bétonnage,
ainsi que la prise en compte d'éventuels chocs ou vibrations susceptibles de se produire durant
la construction. On peut admettre comme valeur représentative des charges de construction (y
compris tout surplus de béton) une charge de 1,5 kN/m2, répartie sur une surface de 3m*3m,
et de 0,75 kN/m2 sur le reste de la surface de coffrage. Ces charges doivent être positionnées
de sorte à occasionner le moment fléchissant et/ou l’effort tranchant maximal.
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IV.1.2- Analyse et vérification des dalles (étape non mixte)
Les vérifications des tôles profilées en acier doivent être effectuées conformément à la Partie
1.3 de l'Eurocode 3. On doit tenir compte des effets des bossages ou des indentations sur les
résistances admises de la tôle seule soumise à la flexion.
- L'analyse globale de la structure permet de déterminer les sollicitations dans les portées de
la tôle ;
- L'analyse locale des sections ou plans de ruine détermine les caractéristiques mécaniques
(E.L.S.) et leurs résistances (E.L.U.).
On sait que pour les éléments minces, le problème de l'instabilité des parties comprimées de
la section est important. Pour les éléments sujets au voilement, on utilise la notion de largeur
efficace qui est une partie de la largeur physique. Soit un profil de tôle décomposé en
plusieurs éléments de largeur bi :
La largeur efficace de chaque élément est beff=ρ.bp pour chaque paroi en compression. Les
parois en traction sont complètement efficaces.
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Figure 6 - Largeur efficace
On doit tenir compte convenablement des effets de bosselures ou des indentations sur les
résistances ultimes. Ainsi, il convient de négliger les largeurs des bossages et des indentations
de la tôle, sauf s’il est démontré par des essais qu'une section plus grande est efficace (EC4-
7.6.1.2)
13
tendues dans le béton, due au profilage spécial de ces barres. Contrôlée par des essais, cette
capacité est telle que la résistance ultime des armatures correspond à leur résistance à la
traction et que les dalles peuvent toujours développer leur pleine résistance à la flexion.
Dans les poutres mixtes, la liaison est réalisée par les connecteurs fixés à l'aile supérieure du
profilé métallique. Cette connexion peut être dimensionnée de telle sorte que la poutre
atteigne sa résistance ultime à la flexion (connexion totale). La connexion est partielle si le
nombre de connecteurs est inférieur. Dans ce cas, la résistance ultime à la flexion dépend
essentiellement du nombre de connecteurs, de la forme du diagramme charge-glissement des
connecteurs, de la portée de la poutre et du procédé de construction.
La dalle mixte avec tôle profilée se situe donc à mi-chemin entre ces deux systèmes. D'une
part, les tôles comportent des bossages ou des ancrages permettant de les assimiler à des
barres d'armature, d'autre part la tôle est un élément à rigidité flexionnelle, similaire aux
poutres métalliques. La différence provient du fait que la tôle profilée, de même que ses
bossages, sont déformables. Ainsi, l'effet d'enrobage est moindre que pour une barre
d'armature indéformable. Ces phénomènes de déformation de la tôle sont fonction de
nombreux paramètres, ce qui rend l'analyse du comportement réel des dalles mixtes très
compliquée.
Les études théoriques et expérimentales effectuées récemment ont permis de détecter les
différents paramètres entrant en jeu et de mettre en évidence deux modes de comportement.
Ces modes sont basés sur l'analyse des courbes charge-flèche que l'on peut relever par
exemple lors d'un essai de flexion d'une dalle mixte sur deux appuis soumise à deux charges
concentrées.
Mode 1 ( fragile )
Ce mode est caractérisé par une courbe linéaire dans sa phase initiale, correspondant au
comportement d'un matériau homogène solidarisé par effet de surface (adhérence chimique et
frottement) et par effet mécanique (bossages et ancrages). Aucun glissement relatif important
entre l'acier et le béton n'a eu lieu ; au fur et à mesure que la charge augmente, la rigidité
diminue à cause de la formation de fissures dans le béton tendu. Les contraintes de
cisaillement acier-béton augmentent dans la zone située entre l'appui et la charge concentrée.
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A un moment donné, le glissement relatif est tel que la liaison est rompue et la charge décroît
soudainement. Tout l'effort rasant doit être alors repris par frottement et par les bossages
éventuels. L'ampleur de la chute dépend donc de la qualité de cette liaison mécanique. En
continuant de déformer la dalle, la charge augmente un peu à nouveau, sans jamais atteindre
le niveau de la phase initiale. Cela signifie que tous les moyens mécaniques de connexion de
cette dalle ne sont pas capables d'assurer un effet mixte supérieur à celui de la simple
adhérence de surface. Il faut remarquer également que la chute de la charge n'est pas due à
l'ouverture brusque des fissures du béton tendu, car elle est empêchée par la tôle, mais bien au
glissement relatif du béton sur la tôle.
Mode 2 ( ductile )
Ce mode est caractérisé par une phase initiale similaire à celle du mode 1. La deuxième phase
est par contre différente : après la chute de la charge qui correspond à la rupture de
l'adhérence et au glissement acier-béton dans la zone cisaillée, la charge augmente à nouveau
jusqu'à un niveau supérieur, signifiant que la connexion mécanique est alors tout à fait
capable de transférer l'effort rasant jusqu'à des niveaux de flexion élevés. La rupture se
produit soit par flexion, ce qui correspond à une connexion totale, soit par cisaillement
longitudinal, ce qui correspond à une connexion partielle.
IV.2.2- Actions
Les charges à considérer agissant sur la dalle mixte sont les suivantes :
- poids propre de la dalle (tôle profilée et béton) ;
- poids du revêtement et des finitions ;
- charges utiles.
à l’E.L.U. :
Dans la plupart des cas, l’analyse d’une dalle mixte continue sur plusieurs travées est
effectuée selon un calcul élastique des efforts, en considérant une dalle de largeur unitaire (1
m) assimilée a une poutre d’inertie constante c.
On considère alors l’inertie de la section non fissurée ou homogène. Ensuite, il est possible de
tenir compte de la fissuration du béton de plusieurs façons :
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Figure 8 - Analyse d'une dalle mixte continue
L’analyse consiste à appliquer à l’un des systèmes statiques ci-dessus les sollicitations dues
aux charges et actions données dans le paragraphe précédent. La valeur de dimensionnement
de la sollicitation s’obtient en multipliant les différentes charges par des coefficients partiels
de sécurité pour les actions appropriées.
à l’E.L.S. :
Pour l’analyse de la dalle mixte, il est possible de calculer les flèches en admettant les
approximations suivantes :
- la dalle est assimilée à une poutre continue d’inertie constante égale à la moyenne des
inerties positives des sections fissurées et non fissurées ;
- il faut tenir compte des effets à long terme du chargement du béton en admettant un
coefficient d'équivalence n = E a E b , différant selon la durée d’application des charges.
On peut admettre : n = 7 pour les charges utiles de courte durée ;
n = 21 pour les charges permanentes.
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IV.3- Largeur utile pour les charges concentrées
Le plus souvent les charges sont réparties de manière uniforme. Dans ce cas, la largeur utile
est la largeur de la dalle. Lorsque des charges concentrées ponctuelles ou linaires, parallèles à
la portée de la dalle, doivent être supportées par celle-ci, elles peuvent être considérées
comme des charges réparties sur une largeur bm, mesurée juste au-dessus des nervures des
tôles et obtenue par la formule :
bm = bp + 2 ( hc + hf )
où bp représente la largeur de la charge concentrée;
hc représente l'épaisseur de la dalle au-dessus des nervures de la tôle profilée;
hf représente l'épaisseur des finitions éventuelles.
Pour les charges concentrées linaires, perpendiculaires à la portée de la dalle, on peut utiliser
la formule précédente pour le calcul de bm en prenant la valeur bp égale à la longueur de la
charge concentrée linéaire.
La largeur de la dalle, considérée comme utile pour l'analyse globale et pour le calcul de la
résistance est la suivante :
Afin d'assurer la répartition des charges ponctuelles ou linéaires sur la largeur considérée
comme utile, une armature transversale doit être placée sur ou au-dessus de la tôle. Cette
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armature transversale est calculée à partir des moments fléchissants transversaux, par les
règles du Béton Armé de l'Eurocode 2.
On peut utiliser une armature transversale nominale sans calcul si les charges d'exploitation
caractéristiques n'excèdent pas les valeurs ci-après :
- charge concentrée : 7,5 kN
- charge répartie : 5,0 kN/m2
Cette armature transversale nominale doit présenter une aire de section transversale d'au
moins 0.2 % de l'aire de béton situé au-dessus des nervures, et doit avoir une largeur d'au
moins bem calculée précédemment. A défaut d'une telle armature, les largeurs utiles pour les
calculs de cisaillement et de moment sont limitées à bm.
SECTION I :
La rupture est donnée par la résistance en flexion positive : M+p.Rd.
Deux types de rupture peuvent avoir lieu :
1. La dalle est sous-armée : le profilé métallique atteint alors sa limite d'élasticité sur toute
sa hauteur avant que le béton atteigne sa résistance à la compression. Dans la partie
inférieure de la dalle, des fissures dans le béton peuvent alors être observées.
2. Si les armatures sont en nombre suffisant, la rupture a lieu dans la zone en compression
par écrasement du béton.
Cette section peut être critique s'il y a une interaction complète à l'interface entre la tôle et le
béton.
SECTION II :
La rupture est donnée par la résistance en flexion négative sur appui : M-p.Rd.
SECTION III :
La rupture est donnée par la résistance au cisaillement vertical : Vv.Rd.
SECTION IV :
La rupture est donnée par la résistance de la connexion (cisaillement longitudinal). C'est le
premier mode de rupture existant dans une dalle mixte. Il débute par une perte de l'action
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mixte en raison d'un transfert insuffisant de l’effort de cisaillement à l'interface béton/tôle
profilée. Ceci provoque une réduction de la résistance de la dalle mixte, qui dépend de la
réserve de résistance des connecteurs qui reste disponible. Ainsi, la capacité portante de la
dalle est déterminée par la résistance de la connexion. La résistance plastique totale à la
flexion Mpl.Rd dans la section I ne peut être atteinte. On se retrouve donc dans le cas de la
connexion partielle.
SECTION V :
La rupture est donnée par la résistance au poinçonnement sur l ’effet d’une charge concentrée
appliquée sur une surface réduite.
Pour la section efficace de la tôle en acier, il convient de négliger la largeur des bossages et
des indentations de cette tôle.
fck
Une section est sous-armée si : Ncf ≤ b . 0,85 . .hc
γc
Deux cas peuvent se présenter :
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Figure 11 - Répartition des contraintes pour la flexion positive si l'axe neutre est situé au-
dessus de la tôle
L'axe neutre plastique peut se trouver dans la hauteur de profil de la tôle. Dans ce cas, la
résistance à la flexion positive peut être calculée comme ci-après, en négligeant le béton situé
dans les nervures :
Figure 11- Répartition des contraintes pour la flexion positive si l'axe neutre est situé dans la
tôle
hc Ncf
avec z+ = h - - ep + ( ep - e )
2 fyp
Ap .
γap
fck
Ncf = hc. b . 0,85 .
γc
Ncf
Mpr = 1,25 Mpa ( 1 - )
fyp
Ap .
γap
où : Mpr est la résistance ultime à la flexion de la section efficace de la tôle ;
e est la distance de l'axe passant par le centre de gravité du profil à la fibre inférieure ;
ep est la distance de l'axe neutre plastique de la section efficace du profil à la fibre
inférieure.
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La section sur appui des dalles mixtes continues peut être assimilée à une section de béton
armé. Par simplification, la contribution de la tôle profilée est négligée.
La résistance en flexion négative, M-p.Rd , est donnée par la plastification de l'armature sur
appui (section sous-armée) :
M-p.Rd = As . fsk . z-
où z- est le bras de levier des forces internes équivalentes aux contraintes Ncf et Ns.
La condition d'équilibre entre ces forces (absence d’effort normal sur la section) permet de
déterminer z- :
fck fsk
Ncf = bc . x . 0,85 . et Ns = As .
γc γs
fsk
As .
γs
→ x=
fck
bc . 0,85 .
γc
x
→ z - = ds -
2
avec As : aire de la section d'armature ;
fsk : limite d'élasticité caractéristique de l’armature ;
γs : coefficient partiel de sécurité pour la résistance applicable à l'armature ;
ds : hauteur utile ;
bc : largeur du béton en compression, admis, par simplification, comme
étant la largeur moyenne des nervures sur 1 m de dalle ( bc = ∑ b0 ).
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Figure 13- Dimensions de la dalle mixte à considérer lors des calculs
La valeur de calcul de la résistance en cisaillement vertical pour une largeur égale à l'entraxe
des nervures de la tôle vaut donc :
Vv.Rd = bc . dp . τc
où τc est la contrainte limite de calcul en cisaillement propre aux dalles mixtes (γc déjà inclus):
τc = τRd . k1 . k2
avec k1 =1,6 - dp ≥ 1,0 ( dp en m )
k2 = 1,2 + 40 . ρp
Ap
ρp = < 0,02
bc.dp
où : τRd est la résistance de base au cisaillement du béton ( voir tabeau 1) ;
et Ap l'aire de la section efficace de la tôle en traction. Dans les régions de moment négatif, on
remplace Ap par As , aire de l'armature en traction chargée de répartir la fissuration.
Les principales différences entre une dalle mixte et une dalle pleine en béton vis à vis des
charges concentrées sont :
- la géométrie complexe de la dalle mixte. Dans beaucoup de cas, l'aire de béton résistant
effectivement à l'effort tranchant n'est pas évidente à déterminer ;
- la participation à la résistance aux efforts tranchants de la dalle de béton et de la tôle
profilée Cette dernière peut reprendre les efforts tranchants dus au poids propre du béton,
ceci parce que la tôle profilée soutient le poids du béton avant son durcissement. Pour les
charges variables, il semble très douteux que la tôle profilée soit solidaire du béton, car elle
reste à l'extérieur de la dalle ;
- on doit se poser la question de savoir si la tôle profilée peut être indirectement employée
pour augmenter la résistance à l'effort tranchant du béton. On devra alors déterminer le
pourcentage effectif d'armature.
22
Etant donné l'état actuel des recherches concernant les charges concentrées statiques, il n'est
pas surprenant que la question des charges concentrées non-statiques ou dynamiques n'ait pas
encore été abordée. Cette lacune est d'ailleurs préjudiciable aux fournisseurs de tôles
profilées, car une grande part du marché ne leur est pas accessible. En guise de réflexion, il
faut mentionner que les seuls problèmes de dalles mixtes enregistrés à ce jour ont été
occasionnés par des porte-charges (chariots élévateurs) dans les bâtiments industriels.
La résistance au poinçonnement Vp.Rd d'une dalle mixte sollicitée par une charge ponctuelle
est donnée par : Vp.Rd = Cp . hc . τc
où Cp est le périmètre déterminant.
Section fissurée
Le moment d'inertie Ib,f d'une section mixte fissurée est donné par la relation :
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b . xf 3
Ib,f = + Ap . ( dp - xf )2 + Ip
3n
où xf est la position de l'axe neutre élastique en section fissurée (distance mesurée à partir de
la fibre supérieure de la dalle mixte):
n . Ap 2b . dp
xf = . 1 + − 1
b nAp
avec b : la largeur de la dalle ( b = 1 m );
Ea
n= ;
Ec
et Ip : le moment d'inertie non réduit de l'aire de la section nette d'acier de la tôle
profilée.
Cette vérification sur appui se fait avec le moment négatif (considéré dans l'analyse). La
condition est : M-Sd ≤ M-p.Rd
où M-Sd est la valeur de calcul du moment négatif;
et M-p.Rd est la résistance de calcul à la flexion négative.
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Cisaillement vertical ( section III ) :
Cette vérification est rarement déterminante. Elle peut l'être en cas de dalle très compacte et
très sollicitée. Elle intervient dans la section d'appui d'extrémité (le moment de flexion est
alors nul) ou sur un appui intermédiaire. Dans ce dernier cas, on admet qu'il n'y pas
d'interaction entre M et V.
La condition est la suivante : VSd ≤ Vp.Rd
où VSd est la valeur de calcul de l'effort tranchant;
et Vp.Rd est la résistance de calcul au cisaillement de la section mixte.
Poinçonnement ( section IV ) :
Si une charge concentrée P est appliquée sur une dalle mixte, la vérification de l'état limite
ultime correspondant est : PSd ≤ Vp.Rd
où PSd est la valeur de calcul de la charge concentrée;
et Vp.Rd est la résistance de calcul au poinçonnement de la section mixte.
Pour la méthode de la connexion partielle, elle est basée sur la connaissance de la contrainte
de cisaillement ultime τu.Rd , et du diagramme d'interaction partielle limite de la dalle liant
MRd au diagramme moment sollicitant dans la dalle MSd , fonction de la portée de la dalle.
Cette méthode n'est applicable que pour les dalles se comportant de manière ductile.On
détermine le diagramme de calcul en connexion partielle.
Dans ce diagramme, la résistance à la flexion MRd d'une section transversale située à une
distance Lx de l'appui le plus porche est tracée en fonction de Lx . La longueur Lsf minimum
nécessaire pour obtenir une connexion complète est donnée par la formule suivante :
N cf
Lsf =
b . τu . Rd
où τu.Rd est la force de résistance ultime
b la largeur de la dalle de béton
et Ncf l'effort dans le béton ou l'acier en considérant une connexion complète.
La valeur de Ncf vaut suivant le cas :
0,85fck
Ncf = . b . hc pour une rupture par insuffisance du béton
γc
fyp
où Ncf = . Ap pour une rupture par insuffisance de l'acier.
γap
Si la dalle contient des ancrages d'extrémité, ils peuvent être pris en compte dans ce
diagramme en modifiant Ncf de la façon suivante :
Nc = b . Lx . τu.Rd + Vld
25
Pour Lx ≥ Lsf , la connexion est totale, donc la grandeur déterminante est la résistance à la
flexion (ruine suivant le mode 1).
Pour Lx < Lsf , la connexion est partielle, donc la grandeur démettante est la résistance au
cisaillement longitudinal (ruine suivant le mode 2).
Les aciers supplémentaires reposant dans les nervures de la tôles peuvent être pris en compte
en modifiant le diagramme d'interaction partielle en remplaçant MRd par :
MRd = Np . z1 + Mpr + Nas . z2
où Np = b . Lx . τu.Rd
fsk
Nas = As .
γs
et Mpr est le moment plastique réduit de la résistance de la tôle.
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δmax la flèche totale du plancher, incluant:
δ0 une contre flèche éventuelle,
δ1 la flèche instantanée due au poids propre,
et δ2 la variation de la flèche due à la charge variable agissant sur la
dalle, y compris les effets de longue durée éventuels.
Si la dalle mixte supporte des éléments fragiles (revêtements de sol, parois, etc.), δ2 doit être
L
limitée à : δ2 ≤
350
On tiendra compte des exigences relatives au fonctionnement, à la construction et à l'aspect
architectural.
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V- Bibliographie
(1) DURAIN Valérie, « Comportement et étude des planchers mixtes soumis à une charge
ponctuelle », Mémoire d’ingénieur CUST, juin 1996.
(2) Eurocode 4 : Conception et dimensionnement des structures mixtes acier-béton - Partie
1.1 : Règles générales et règles pour le bâtiment. Document d’application nationale.
Editions Eyrolles 1997.
(3) ESDEP Leçon n0. 7 du groupe de travail 10
(4) Eurocode 2 : Conception et dimensionnement des structures en béton - Partie 1.1 : Règles
générales et règles pour le bâtiment. ENV 1992-1-1 : 1991. Comité Européen de
Normalisation (CEN), Bruxelles, 1991.
(5) Eurocode 3 : Conception et dimensionnement des structures en acier - Partie 1.1 : Règles
générales et règles pour le bâtiment. ENV 1993-1-1 : 1992. Comité Européen de
Normalisation (CEN), Bruxelles, 1992.
(6) Johnson R. P. and D. Anderson. « Designer’s handbook to Eurocode 4. Part 1.1. Design
of composite steel and concrete structures. Thomas Telford House. 1993.
(7) Crisinel M., « Planchers mixtes à dalles collaborantes – Etat de l’art – réglementation
européenne EC4 ». Cours CUST 1994.
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