Artur Marion
Artur Marion
Artur Marion
Année 2015 N°
THESE
pour le DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE
Président du jury :
Pr Rémi VARIN, Pharmacien, PU-PH, CHU Charles Nicolle, Rouen
Directeur de thèse :
Pr Jean DOUCET, Médecin, PU-PH, CHU Charles Nicolle, Rouen
Membres du jury :
Dr Pierrick BEDOUCH, Pharmacien, MCU-PH, CHU de Grenoble
Dr Jean-Marie KINOWSKI, Pharmacien, PH, CHU de Nîmes
Dr Alice PROUX, Médecin, PH, CHU Charles Nicolle, Rouen
Dr Marie DUFOUR, Pharmacien assistant, CHU Charles Nicolle, Rouen
1
REMERCIEMENTS
2
A Madame le Docteur Marie Dufour, Membre du jury
Pour avoir acceptée de faire partie de mon jury,
Pour ta présence et tes conseils dans l’élaboration de cette thèse,
Pour ton expertise de la conciliation médicamenteuse,
Je voudrais que tu trouves ici mes sincères remerciements.
3
A mes parents,
Pour m’avoir permis de faire des études,
Pour votre patience face à mon caractère changeant lors des révisions d’examens,
Pour votre soutien inconditionnel, ça y est au bout de 9 ans, j’ai presque terminé !!
Tout simplement Merci pour tout ce que vous faites pour nous.
A mes beaux-parents,
Merci pour votre soutien et vos encouragements.
A mes amis,
A Camille (la biche), Rebecca (Berocca), Tiphaine (Tiophaine), Sylvie (Sylvaye),
sans lesquelles ces années de fac n’auraient pas eu la même saveur,
A Julia et Marie, les inconditionnelles depuis toujours,
A toutes les Sardines qui rendent notre quotidien idoine,
A mes co-internes : Elise, Clélia, Céline, Pauline, Marie, Marion, Anaïs, Audrey,
pour tous les bons moments passés durant mon internat et ceux à venir,
Merci à tous.
A Matthieu,
Pour ton amour,
Pour toute la joie que me procure chaque jour ta présence à mes côtés,
pour ton soutien sans faille depuis 10 ans,
pour ta patience (qui semble-t-il n’a pas de limites),
pour notre engagement du 23 mai 2015,
Un grand merci à toi !
4
L’Université de Rouen et l’UFR de Médecine et de
Pharmacie de Rouen n’entendent donner aucune
approbation ni improbation aux opinions émises dans
cette thèse. Ces opinions sont propres à leurs auteurs.
5
ANNEE UNIVERSITAIRE 2014 - 2015
U.F.R. DE MEDECINE ET DE-PHARMACIE DE ROUEN
-------------------------
I – MEDECINE
(surnombre)
6
Mme Danièle DEHESDIN (surnombre) HCN Oto-rhino-laryngologie
Mr Frédéric DI FIORE CB Cancérologie
Mr Fabien DOGUET HCN Chirurgie Cardio Vasculaire
Mr Jean DOUCET SJ Thérapeutique - Médecine interne et gériatrie
Mr Bernard DUBRAY CB Radiothérapie
Mr Philippe DUCROTTE HCN Hépato-gastro-entérologie
Mr Frank DUJARDIN HCN Chirurgie orthopédique - Traumatologique
Mr Fabrice DUPARC HCN Anatomie - Chirurgie orthopédique et traumatologique
Mr Eric DURAND HCN Cardiologie
Mr Bertrand DUREUIL HCN Anesthésiologie et réanimation chirurgicale
Mme Hélène ELTCHANINOFF HCN Cardiologie
Mr Thierry FREBOURG UFR Génétique
Mr Pierre FREGER HCN Anatomie - Neurochirurgie
Mr Jean François GEHANNO HCN Médecine et santé au travail
Mr Emmanuel GERARDIN HCN Imagerie médicale
Mme Priscille GERARDIN HCN Pédopsychiatrie
Mr Michel GODIN (surnombre) HB Néphrologie
M. Guillaume GOURCEROL HCN Physiologie
Mr Philippe GRISE (surnombre) HCN Urologie
Mr Olivier GUILLIN HCN Psychiatrie Adultes
Mr Didier HANNEQUIN HCN Neurologie
Mr Fabrice JARDIN CB Hématologie
Mr Luc-Marie JOLY HCN Médecine d’urgence
Mr Pascal JOLY HCN Dermato - Vénéréologie
Mme Annie LAQUERRIERE HCN Anatomie et cytologie pathologiques
Mr Vincent LAUDENBACH HCN Anesthésie et réanimation chirurgicale
Mr Xavier LE LOET HCN Rhumatologie
Mr Joël LECHEVALLIER HCN Chirurgie infantile
Mr Hervé LEFEBVRE HB Endocrinologie et maladies métaboliques
Mr Thierry LEQUERRE HB Rhumatologie
Mr Eric LEREBOURS HCN Nutrition
Mme Anne-Marie LEROI HCN Physiologie
Mr Hervé LEVESQUE HB Médecine interne
Mme Agnès LIARD-ZMUDA HCN Chirurgie Infantile
Mr Pierre Yves LITZLER HCN Chirurgie cardiaque
Mr Bertrand MACE HCN Histologie, embryologie, cytogénétique
M. David MALTETE HCN Neurologie
Mr Christophe MARGUET HCN Pédiatrie
7
Mme Isabelle MARIE HB Médecine interne
Mr Jean-Paul MARIE HCN Oto-rhino-laryngologie
Mr Loïc MARPEAU HCN Gynécologie - Obstétrique
Mr Stéphane MARRET HCN Pédiatrie
Mme Véronique MERLE HCN Epidémiologie
Mr Pierre MICHEL HCN Hépato-gastro-entérologie
Mr Bruno MIHOUT (surnombre) HCN Neurologie
Mr Jean-François MUIR HB Pneumologie
Mr Marc MURAINE HCN Ophtalmologie
Mr Philippe MUSETTE HCN Dermatologie - Vénéréologie
Mr Christophe PEILLON HCN Chirurgie générale
Mr Jean-Marc PERON (surnombre) HCN Stomatologie et chirurgie maxillo-faciale
Mr Christian PFISTER HCN Urologie
Mr Jean-Christophe PLANTIER HCN Bactériologie - Virologie
Mr Didier PLISSONNIER HCN Chirurgie vasculaire
Mr Bernard PROUST HCN Médecine légale
Mr François PROUST HCN Neurochirurgie
Mme Nathalie RIVES HCN Biologie du développement et de la reproduction
Mr Jean-Christophe RICHARD (détachement) HCN Réanimation médicale - Médecine d’urgence
Mr Horace ROMAN HCN Gynécologie - Obstétrique
Mr Jean-Christophe SABOURIN HCN Anatomie - Pathologie
Mr Guillaume SAVOYE HCN Hépato-gastrologie
Mme Céline SAVOYE–COLLET HCN Imagerie médicale
Mme Pascale SCHNEIDER HCN Pédiatrie
Mr Michel SCOTTE HCN Chirurgie digestive
Mme Fabienne TAMION HCN Thérapeutique
Mr Luc THIBERVILLE HCN Pneumologie
Mr Christian THUILLEZ HB Pharmacologie
Mr Hervé TILLY CB Hématologie et transfusion
Mr Jean-Jacques TUECH HCN Chirurgie digestive
Mr Jean-Pierre VANNIER HCN Pédiatrie génétique
Mr Benoît VEBER HCN Anesthésiologie - Réanimation chirurgicale
Mr Pierre VERA CB Biophysique et traitement de l’image
Mr Eric VERIN CRMPR Médecine physique et de réadaptation
Mr Eric VERSPYCK HCN Gynécologie obstétrique
Mr Olivier VITTECOQ HB Rhumatologie
Mr Jacques WEBER HCN Physiologie
8
MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES – PRATICIENS HOSPITALIERS
9
II - PHARMACIE
PROFESSEURS
MAITRES DE CONFERENCES
10
Mr François ESTOUR Chimie Organique
Mr Gilles GARGALA (MCU-PH) Parasitologie
Mme Najla GHARBI Chimie analytique
Mme Marie-Laure GROULT Botanique
Mr Hervé HUE Biophysique et mathématiques
Mme Laetitia LE GOFF Parasitologie - Immunologie
Mme Hong LU Biologie
Mme Sabine MENAGER Chimie organique
Mr Mohamed SKIBA Pharmacie galénique
Mme Malika SKIBA Pharmacie galénique
Mme Christine THARASSE Chimie thérapeutique
Mr Frédéric ZIEGLER Biochimie
PROFESSEURS ASSOCIES
PROFESSEUR CERTIFIE
ASSISTANT HOSPITALO-UNIVERSITAIRE
11
LISTE DES RESPONSABLES DES DISCIPLINES PHARMACEUTIQUES
12
III – MEDECINE GENERALE
PROFESSEUR
13
ENSEIGNANTS MONO-APPARTENANTS
PROFESSEURS
MAITRES DE CONFERENCES
14
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION .................................................................................................. 23
1 Contexte...............................................................................................................49
2 Objectifs...............................................................................................................50
3 Matériel et Méthode .............................................................................................50
3.1 Design de l’étude ...........................................................................................50
3.1.1 Durée de l’étude ....................................................................................................... 50
3.1.2 Service et patients concernés .................................................................................. 50
3.1.3 Equipe pharmaceutique............................................................................................ 51
3.1.4 Activités de pharmacie clinique ................................................................................ 51
15
3.1.5 Analyse de l’impact clinique ..................................................................................... 59
3.1.6 Analyse de l’impact économique .............................................................................. 61
3.1.7 Analyses statistiques ................................................................................................ 63
3.2 Recueil de données générales d’hospitalisation et de prise en charge
médicamenteuse ......................................................................................................63
3.2.1 Recueil du nombre de journées d’hospitalisation et de la durée moyenne de séjour ..
.................................................................................................................................. 63
3.2.2 Recueil des données de consommations et de dépenses médicamenteuses ........ 63
4 Résultats ..............................................................................................................64
4.1 Données générales d’hospitalisation et de prise en charge médicamenteuse 64
4.1.1 Durée moyenne de séjour et nombre de journées d’hospitalisation ........................ 64
4.1.2 Consommations et dépenses médicamenteuses .................................................... 64
4.2 Caractéristiques des patients .........................................................................65
4.3 Caractéristiques générales des activités de pharmacie clinique .....................65
4.4 Conciliation médicamenteuse à l’admission ...................................................66
4.4.1 Caractéristiques des conciliations médicamenteuses .............................................. 66
4.4.2 Caractéristiques des divergences ............................................................................ 67
4.4.3 Facteurs influençant la présence des divergences non intentionnelles ................... 70
4.5 Évaluation de l’impact clinique des divergences non intentionnelles ..............72
4.5.1 Evaluation de l’impact clinique potentiel ................................................................... 72
4.5.2 Evaluation de l’impact clinique observé ................................................................... 73
4.6 Analyse pharmaceutique ................................................................................74
4.6.1 Caractéristiques des analyses pharmaceutiques ..................................................... 74
4.6.2 Caractéristiques des interventions pharmaceutiques .............................................. 75
4.6.3 Facteurs influençant la présence de problèmes thérapeutiques donnant lieu à des
interventions pharmaceutiques ............................................................................................ 82
4.6.4 Facteurs influençant l’acceptation de l’intervention par le prescripteur ................... 83
4.7 Evaluation de l’impact clinique des interventions pharmaceutiques ................85
4.7.1 Evaluation de l’impact clinique potentiel ................................................................... 85
4.7.2 Evaluation de l’impact clinique observé ................................................................... 87
4.8 Evaluation de l’impact économique des activités de pharmacie clinique ........88
4.8.1 Analyse des coûts investis dans les activités de pharmacie clinique ...................... 88
4.8.2 Analyse des coûts directs médicamenteux évités ou induits par les interventions
pharmaceutiques .................................................................................................................. 89
4.8.3 Analyse du ratio bénéfices/coûts .............................................................................. 94
4.8.4 Extrapolation de ces coûts évités sur l’ensemble du CHU ....................................... 94
5 Discussion ...........................................................................................................96
5.1 Discussion des résultats.................................................................................96
5.2 Limites de l’étude .........................................................................................101
16
5.3 Réflexions pour une généralisation de ces activités sur l’ensemble du CHU de
Rouen 104
17
TABLEAUX
18
Tableau 25 Durées moyennes de séjours selon le service et la présence d’intervention
pharmaceutique ...............................................................................................................88
Tableau 26 Coûts médicamenteux évités par les interventions pharmaceutiques ...........89
Tableau 27 Economies générées selon le type de proposition d’intervention ...................90
Tableau 28 Principaux coûts évités par les IP selon la classification ATC de niveau 2 ....92
Tableau 29 Impact des IP rapporté aux données d’activité hospitalière ...........................93
Tableau 30 Extrapolation des économies réalisées sur les dépenses médicamenteuses
totales ..............................................................................................................................94
Tableau 31 Extrapolation des économies réalisées par les activités de pharmacie clinique
sur l’ensemble du CHU de Rouen ....................................................................................95
FIGURES
19
ANNEXES
20
ABREVIATIONS
CM Conciliation médicamenteuse
DI Divergence intentionnelle
DU Diplôme universitaire
21
EIM Evénement indésirable médicamenteux
EM Erreur médicamenteuse
ENEIS Enquête nationale sur les évènements indésirables liés aux soins
ES Etablissement de soins
IC Intervalle de confiance
IP Intervention pharmaceutique
UF Unité fonctionnelle
22
INTRODUCTION
23
La première partie de ce travail consistera à faire un bilan des bénéfices attendus des
activités de pharmacie clinique. La seconde partie présentera l’étude de l’impact clinique
et économique des activités de pharmacie clinique menée dans le service de médecine
interne gériatrie thérapeutique du CHU de Rouen. La méthodologie, la collecte des
données, les résultats et leur analyse y seront détaillés et une réflexion sur l’extrapolation
de ces résultats à l’échelle du CHU sera faite.
24
Partie I: De la conciliation médicamenteuse à l’analyse
pharmaceutique : bénéfices attendus des activités de pharmacie
clinique
Née aux Etats Unis dans les années 60, suite à des procès intentés aux médecins par
des patients ayant subi une erreur médicamenteuse, la pharmacie clinique a connu un
développement rapide en Amérique du Nord et notamment au Québec. En 1961, Charles
Walton définit, pour la première fois, la pharmacie clinique comme « l’utilisation optimale
de jugement et des connaissances pharmaceutiques et biomédicales du pharmacien dans
le but d’améliorer l’efficacité, la sécurité, l’économie et la précision selon lesquelles les
médicaments doivent être utilisés dans le traitement des patients. ».
Dans un contexte de changement profond des systèmes de santé tant au niveau social
qu’économique, ces pays nord-américains ont choisi de mettre au service des patients
l’expertise des pharmaciens dans le domaine de la pharmacocinétique et du monitoring
thérapeutique de manière à optimiser leur thérapeutique pour réduire la iatrogénie
médicamenteuse (7). Par ce processus, les pharmaciens se sont progressivement
intégrés dans les équipes médicales lors des visites et font désormais partie intégrante du
service clinique.
Dès 1990, Hepler et Strand ont reconnu au pharmacien le rôle de soignant, au même titre
que les médecins et le infirmières, en signant le concept de soins pharmaceutiques
(pharmaceutical care) (8,9). Pratique de la pharmacie centrée sur le patient, impliquant
une collaboration de tous les acteurs du parcours patient (patient, professionnels de
santé, aidant). L’Ordre des Pharmaciens du Québec définit les « soins pharmaceutiques »
comme étant « l’ensemble des actes et services que le pharmacien doit procurer à un
patient, afin d’améliorer sa qualité de vie par l’atteinte d’objectifs pharmaco
thérapeutiques de nature préventive, curative ou palliative ». Les années 90 ont été
marquées par la décentralisation des pharmaciens dans les services cliniques avec une
participation aux visites médicales, la réalisation d’historique médicamenteux, l’émission
de recommandations pharmaceutiques visant à surveiller et ajuster la thérapie
25
médicamenteuse, la prévention et la prise en charge d’effets indésirables, la prestation de
conseils. Quelques enquêtes nord-américaines témoignent de l’évolution de la pratique
pharmaceutique, tant aux Etats Unis qu’au Canada (10–12).
Si de nos jours on compte environ 1 pharmacien pour 15 lits pour les soins
critiques et 30 lits pour les soins de courte durée dans les pays d’Amérique du nord la
prise de conscience des bénéfices économiques supposés que la pratique de la
Pharmacie clinique pouvait engendrer a fortement favorisé cette expansion (13,14).
Bien que les activités de Pharmacie clinique soient bien développées et bien intégrées
dans le système de soins sur le continent nord-américain, l’arrivée de la pharmacie
clinique en Europe fut plus tardive, au cours des années 1990.
Au Royaume Uni, la finalité est restée identique à celle des américains et des canadiens
mais l’approche fut différente (15). Des études avaient mis en évidence un besoin urgent
d’amélioration de la qualité de la prise en charge médicamenteuse des patients en terme
de prescriptions et d’administration notamment par la prévention des effets secondaires et
des interactions médicamenteuses. Ces démarches ont conduit au développement d’un
nouveau système de prescription et de dispensation ainsi que la présence de
pharmaciens dans le service de soins et lors de visites médicales. Depuis 2004, les
pharmaciens, ayant validé une formation complémentaire, ont acquis le droit de prescrire
des protocoles définis et adaptés à chaque patient (16,17).
En Belgique, le rôle clinique du pharmacien a été décrit dans les arrêtés royaux du 4 Mars
1991 et du 20 Août 2000. La mise en place de cette politique de sécurisation du circuit du
médicament a permis le développement de projets-pilotes en pharmacie clinique au sein
d’une cinquantaine d’hôpitaux belges. Basé sur le modèle québécois, la pharmacie
clinique a été mieux connue grâce à ces études conduisant aujourd’hui à un financement
de la mise en œuvre de la pharmacie clinique dans les hôpitaux aigus belges par l’arrêté
royal du 8 janvier 2015.
26
Unis et aucune augmentation significative n’a été observée en 20 ans, depuis la première
enquête en 1995. Il persiste donc une grande hétérogénéité des pratiques en Europe.
1.1.3 Et en France ?
Depuis 1962, les études de pharmacie ont été successivement remaniées par différentes
réformes dont la réforme Laustriat-Puisieux de 1984 qui mis en place la 5ème année
hospitalo-universitaire (AHU) (22). L’intégration des étudiants en pharmacie dans les
services cliniques a été le point de départ des activités de pharmacie clinique dans de
nombreuses structures. La mise en place de l’internat et du diplôme d’études spécialisées
par l’arrêté du 31 octobre 2008 avaient également pour objectif d’améliorer la qualité de la
formation et des actes professionnels. En effet, l’interne doit valider différentes unités
d’enseignements et des stages agréés pour la pharmacie hospitalière dont l’un des
domaines porte sur la « Pharmacie clinique et dispensation » (pharmacie clinique
générale, pharmacie clinique spécialisée, etc…). Il peut également compléter sa formation
par de nombreux diplômes universitaires (DU) +/- spécialisées sur cette discipline
(« Gérontologie et pharmacie clinique », « Pharmacie clinique oncologique », « Pratiques
avancées en pharmacie clinique »).
27
1.1.3.3 Evolution réglementaire
La loi du 8 décembre 1992 définit pour la première fois la Pharmacie à Usage Intérieur
(PUI) ainsi que les activités dont elle a la charge. Le décret n° 2000-1316 du 26 décembre
2000 prévoit que celle-ci fonctionne conformément aux bonnes pratiques de pharmacie
hospitalière. Par l’article L5126-5 du Code de la Santé Publique, la Pharmacie à Usage
Intérieur est chargée de répondre aux besoins pharmaceutiques de l’établissement où elle
est créée et notamment :
Ainsi, le contexte réglementaire exige depuis plusieurs années que les structures de soins
se munissent d’un système d’assurance qualité de la prise en charge thérapeutique visant
à assurer la sécurisation de la prise en charge médicamenteuse du patient par le
28
développement de l’analyse pharmaceutique des prescriptions et autres activités de
pharmacie clinique dont l’un des acteurs clés est le pharmacien.
Cependant, actuellement on décompte environ 1 pharmacien sénior pour 150 à 200 lits
d’hospitalisation alors que l’analyse pharmaceutique nécessiterait 0,9 ETP pour 100 lits
uniquement dédié à cette activité (6)
Certains établissements sont plus avancés que d’autres dans cette démarche au niveau
national. Le CHU de Nîmes a récemment procédé au redéploiement des effectifs
pharmaceutiques. Désormais 17 pharmaciens sont, comme les équipes médicales,
directement en relation avec les patients afin notamment de réaliser les bilans
médicamenteux et les analyses pharmaceutiques.
1.2.1.1 Définition
La conciliation est dite proactive lorsque la liste des médicaments pris à domicile par le
patient est établie avant la rédaction de la première ordonnance à son admission en
hospitalisation. Elle est dite rétroactive lorsque cette liste est établie après rédaction de
cette première ordonnance.
29
1.2.1.2 Objectifs
30
1.2.1.3 Cadre réglementaire et recommandations
Ø Cadre réglementaire
L’article 8 de l’arrêté du 6 avril 2011 (arrêté RETEX) (5) stipule que la direction des
établissements de soins doit veiller à l’élaboration de procédures intégrant les différentes
responsabilités des professionnels de santé (médecin, pharmacien, infirmier,..) afin
notamment de « s’assurer que la prescription est conforme aux données de référence et
qu’elle permet de garantir la continuité et la qualité de la prise en charge médicamenteuse
de l’admission jusqu’à la sortie du patient ».
Ø Recommandations nationales
De la même façon, l’IGAS (Inspection Générale des Affaires sociales) dans son rapport
édité en mai 2011 (6) rappelle que l’une de ses missions sur le thème de la qualité est de
« renforcer la continuité du parcours de soins aux points de transition en créant du lien
entre professionnels de ville et hospitaliers».
31
D’après les recommandations de la SFPC, l’analyse pharmaceutique de niveau 3
nécessite l’existence d’un lien avec les activités de conciliation médicamenteuse, de
conseil, et d’éducation thérapeutique afin d’assurer un continuum dans la prise en charge
du patient.
Ø Recommandations internationales
La Haute Autorité de Santé pilote deux projets internationaux axés sur la sécurité des
soins, comportant parmi les processus étudiés, la conciliation médicamenteuse afin
d’assurer la continuité des soins aux points de transition :
- « High’5S », projet initié par l’OMS en 2006 ayant pour objectif notamment la
sécurité de la prescription médicamenteuse aux points de transitions du parcours de
soins. Il découle de la volonté de réduire de manière significative la fréquence de cinq
problèmes de sécurité pour le patient, prioritaires pour l’OMS dans cinq pays sur une
période de 5 ans (2010-2015).
1.2.1.4 Processus
32
A noter que tout professionnel de santé (médecin, pharmacien, étudiant en pharmacie ou
en médecine, infirmier, préparateur en pharmacie) peut réaliser le BMO à condition qu’il
soit formalisé.
· Les divergences intentionnelles (DI) non documentées qui ne sont pas de réelles
erreurs. Le prescripteur a pris la décision d’ajouter, de modifier ou d’arrêter un
médicament mais cette décision n’est pas renseignée dans le dossier patient.
Cependant, ce défaut d’information peut être à l’origine de confusions et d’erreurs
médicamenteuses durant l’hospitalisation.
· Les divergences non intentionnelles (DNI) qui sont identifiées lorsqu’un
prescripteur ajoute, arrête ou modifie un traitement de façon involontaire car il n’a
pas connaissance ou omet de prendre en compte l’ensemble de la prescription du
patient. Ce type de divergence représente une erreur qui peut conduire à un
événement indésirable médicamenteux.
Enfin, lorsque les divergences sont identifiées, il est nécessaire de les analyser :
33
1.2.2 L’analyse pharmaceutique des prescriptions
1.2.2.1 Définition
34
Le pharmacien doit relever le statut réglementaire du ou des médicament(s) prescrit(s) et
doit adapter sa démarche en fonction de ce statut (médicament non inscrit au « livret
thérapeutique », médicament de prescription restreinte, médicament sans A.M.M. faisant
l’objet d’une A.T.U., préparation, stupéfiant…).
35
Ainsi, l’analyse pharmaceutique peut être suivie de 3 actions :
· La délivrance de l’ensemble du traitement ;
· La formulation d’un avis pharmaceutique aussi appelé « intervention
pharmaceutique » visant à corriger et/ou optimiser la prescription médicale suite à
la détection d’un problème thérapeutique. Libre au prescripteur d’accepter ou de
refuser cette intervention ;
· Le refus de la délivrance, argumenté auprès du prescripteur.
1.2.2.2 Objectifs
Ainsi, optimiser la thérapeutique d’un patient à un moment donné, c’est : appréhender les
problématiques du patient, confronter ces problèmes aux objectifs thérapeutiques, valider
les choix thérapeutiques et planifier la thérapeutique à la fois sur le plan de l’efficacité, de
la sécurité et de l’économie.
Il doit, par des conseils appropriés et dans le domaine de ses compétences, participer au
soutien apporté au patient. L'établissement s'organise pour garantir une validation
pharmaceutique pour les médicaments à risque.
Le nouveau Contrat de Bon Usage 2014-2018, signé entre les ARS régionales,
l’assurance maladie et les établissements de santé renforce les démarches de qualité de
36
la prise en charge médicamenteuse. Ainsi, les objectifs régionaux portent à 50% en 2015
et 95% en 2018 le nombre de lits d’hospitalisation bénéficiant d’une analyse
pharmaceutique de la prescription complète du patient.
1.2.2.4 Processus
1.2.2.4.1 Méthodologie
La méthode utilisée lors de l’analyse pharmaceutique est une approche par problème
c'est-à-dire la détection des problèmes liés à la thérapeutique du patient : SOAP
(Subjective, Objective, Assessment, Plan), ANEPC,…
Différents niveaux d’analyse des prescriptions (selon la profondeur du processus) ont été
définis par la SFPC (Tableau 1) :
Elle se déroule au sein de la PUI et repose sur la mise à disposition d’une prescription
médicamenteuse complète comportant des informations minimales sur le patient (âge,
poids, sexe).
Elle consiste en une analyse réglementaire de la prescription, complétée d’une analyse
pharmacologique minimale. La plus-value escomptée est la sécurité du patient.
C’est le niveau minimal requis par la réglementation (art. R. 4235-48 du CSP).
37
· 2ème niveau : Analyse documentée
Elle se déroule selon les cas au sein de la PUI ainsi que dans l’unité de soins et
nécessite, outre la prescription, de disposer d’une documentation complémentaire
(dossier patient au minimum, complétée de résultats d’analyses biologiques, dosage de
médicaments, etc.).
Elle permet en outre de faire une analyse pharmacologique mieux adaptée à la
physiopathologie du patient et dans le respect des recommandations définis par les
commissions spécialisées de l’établissement. Les plus-values escomptées sont
l’optimisation thérapeutique par un partenariat actif avec les prescripteurs, les
pharmaciens, les biologistes et les autres intervenants.
C’est le niveau préconisé par les normes de référence (HAS, DHOS) et celui défini par les
engagements du contrat de bon usage.
· 3ème niveau : Analyse avec présence dans l’unité de soins et suivi clinique
Cette analyse se déroule nécessairement au sein des unités de soins ; elle s’exerce dans
un contexte pluridisciplinaire. Elle prend pour point de départ la situation clinique du
patient (prescription + documentation complémentaire + entretien avec le patient). Elle
permet de faire une véritable observation pharmaceutique en réalisant la synthèse des
données objectives et subjectives concernant les pathologies et les médicaments du
patient. Cette intervention est tracée dans le dossier du patient.
Au final, est réalisée une analyse pharmacologique vraiment centrée sur le patient et ses
besoins propres.
Les plus-values escomptées sont une optimisation plus pertinente des thérapeutiques et
un partenariat actif avec les équipes soignantes et le patient.
38
Tableau 1 Différents niveaux d’analyse des prescriptions selon la SFPC
· Oralement, de vive-voix ;
· Oralement, par téléphone ;
· Par écrit, directement dans le dossier médical du patient ;
· Par le biais d’un module sur le logiciel informatique du circuit du médicament.
A noter que dans tous les cas, la traçabilité des interventions doit être assurée par le
pharmacien, dans le dossier patient aussi bien pour des raisons juridiques que pour des
bilans d’activités.
39
1.2.3 Apport de l’informatisation de la prescription
Déjà présent dans l’arrêté RETEX de 2011, l’obligation d’informatisation est un point
important du critère 20a « Management de la prise en charge médicamenteuse » de la
certification V2014 des ES, elle est même placée en Pratique exigible prioritaire (PEP). La
HAS exige qu’un projet d’informatisation de la PECM complète, intégré au système
d’information hospitalière, soit défini et que l’informatisation de la PECM soit engagée.
Cette démarche se rapproche du programme Hôpital numérique avec l’objectif du dossier
patient informatisé et interopérable. Le CBU signé entre l’ES et l’ARS oblige lui aussi l’ES
à réaliser une montée en charge de l’informatisation de la prescription dans le but de
sécuriser le circuit et de permettre une homogénéité dans la tenue du dossier patient.
La sécurité de la prescription passe souvent par l’émission d’une alerte ou d’un signal
pour attirer l’attention du prescripteur. Cependant, une fréquence trop importante de ces
signaux ou alertes peut gêner le prescripteur dans sa pratique et l’amener à les
désactiver, produisant ainsi l’effet inverse de celui attendu. C’est pourquoi, dans le
référentiel, l’exigence d’alertes et de signaux ne concerne que les analyses automatisées
qui ont été jugées les plus critiques.
40
Bien que la prescription informatisée soit un outil important d’amélioration et de
sécurisation du circuit du médicament par une meilleure lisibilité des prescriptions, une
accessibilité immédiate aux médicaments disponibles au livret thérapeutique de
l’établissement et une possibilité de visualiser les interactions médicamenteuses, elle
génère de nouveaux types d’erreurs médicamenteuses qui n’auraient pas eu lieu avec
une prescription traditionnelle manuscrite (33).
De plus, la codification des IP selon la SFPC peut être intégrée dans le module
d’intervention pharmaceutique de certains logiciels de prescription médicamenteuse
permettant ainsi une standardisation des IP, un recueil et une extraction de données
facilités pouvant servir d’indicateurs d’activités.
41
1.3 Acteurs de la Pharmacie clinique
42
1.3.1.3 Les Etudiants en Pharmacie de 5 année hospitalo-
universitaire
L’arrêté du 17 juillet 1987 relatif au régime des études en vue du diplôme d’Etat de
docteur en Pharmacie reprend l’organisation et les objectifs pédagogiques du stage
hospitalier de 5ème année. Les diverses fonctions des étudiants dans les services
cliniques sont en relation avec les objectifs pédagogiques du stage hospitalier. Elles
doivent être plus ou moins développées en fonction des conditions locales et des options
professionnelles choisies par les étudiants. Parmi les fonctions de l’étudiant au sein d’un
service clinique, on retrouve des fonctions visant à l’optimisation thérapeutique et à la
prévention de la pathologie iatrogène tels que :
- Notification de pharmacovigilance.
- Validation de l'ordonnance.
43
1.3.1.4 Les Préparateurs en Pharmacie
1.3.2 Et en pratique ?
44
2 Bénéfices attendus des activités de Pharmacie clinique
2.1.1 Définitions
D’après l’enquête ENEIS 2009 (34), près de la moitié des événements indésirables
graves ayant motivé une hospitalisation (48% dont 37% liés au médicament) étaient
associés à des produits de santé, soit environ 1,9% des séjours hospitaliers. Concernant
les EIG identifiés au cours d’hospitalisation, la densité d’incidence était évaluée à 6,6 pour
1000 journées d’hospitalisation. Parmi ces EIG, plus du quart étaient associés à des
produits de santé (28%) et majoritairement au médicament (20%). Ainsi, près de 50 000 à
100 000 séjours hospitaliers sont concernés par un EIM grave en France chaque année.
45
2.1.2 Bénéfices observés d’après la littérature
46
significative des EIM dans 7 études sur 12, et une diminution de la durée de séjour dans 9
études sur 17.
En 2003, l’American College of Clinical Pharmacy (ACCP) a conduit une importante revue
de littérature (39) sur le sujet des conséquences économiques des services de pharmacie
clinique dans leur ensemble. 85% des articles inclus rapportaient un impact économique
positif du service évalué, et dans 27% des cas, un ratio bénéfice : coût a été calculé,
positif dans tous les cas, avec une médiane à 4,68 : 1.
McMullin et al ont classé plus de 1200 interventions selon qu’elles amélioraient la qualité
des soins (79% d’entre elles) ou qu’elles permettaient de réduire les coûts à qualité de
soins égale (21%) (41). Pour ces derniers, il s’agissait typiquement de relai IV/PO, de
substitution vers des spécialités aussi efficaces mais moins onéreuse et d’arrêt de
traitement inutile. Ces interventions (participation aux visites et suivi des traitements
prescrits) ont permis d’obtenir des coûts médicamenteux inférieurs de 41% à ceux du
groupe témoin, correspondant à 27,60 euros évités par intervention, avec une hypothèse
d’un impact sur 2 jours d’hospitalisation. L’investissement en temps pharmacien dans
cette étude était de 1,6h/jour à 30$ de l’heure.
En France, Kausch et al (42) ont étudié les interventions faites par un pharmacien intégré
dans un service de chirurgie digestive, et concluent que 80% d’entre elles ont un impact
économique positif, permettant au total d’économiser entre 1,19 euros et 2.31 euros par
47
euro investi. Coursier et al. (43) ont étudié l’impact économique direct des interventions
pharmaceutiques faites dans le cadre de l’analyse des prescriptions informatisées dans
un service de rhumatologie pendant 16 mois. En prenant en compte les coûts
d’acquisition des traitements et d’administration pour les voies intraveineuses, ils
concluent à une économie de 5940 euros sur 16 mois, ce qui représente 8% des
dépenses pharmaceutiques (hors liste en sus) du service concerné.
48
Partie II : Evaluation de l’impact clinique et économique des
activités de pharmacie clinique au sein d’un service de Médecine
Interne Gériatrie thérapeutique
1 Contexte
Dans notre établissement d’une capacité de 2445 lits, un pharmacien senior, deux
assistants, quatre internes et un externe sont affectés sur des activités de pharmacie
clinique. Ainsi, au CHU de Rouen, on peut estimer qu’un ETP pharmacien (sénior et
assistant) est consacré à l’analyse pharmaceutique de prescriptions pour 815 lits. Nous
sommes bien loin de la moyenne nationale de 1 pharmacien pour 150 à 200 lits (44) avec
un retard important par rapport aux Canada (1 pharmacien pour 10 à 30 lits). Plusieurs
facteurs peuvent expliquer ce retard : le temps pharmacien est souvent consacré à
d’autres activités pharmaceutiques (achat et approvisionnement en produits de santé,
pharmacotechnie, essais cliniques), une possible méconnaissance de la communauté
médicale sur les enjeux des activités de pharmacie clinique telles que la conciliation
médicamenteuse et l’analyse pharmaceutique mais aussi un contexte économique actuel
peu favorable au recrutement de ressources pharmaceutiques.
Le service de Médecine interne gériatrie thérapeutique est un site pilote au sein du CHU
de Rouen dans le développement de ces activités de pharmacie clinique avec la mise en
place successive de la conciliation des traitements médicamenteux en Décembre 2011 et
de l’analyse pharmaceutique des prescriptions en Mai 2013 grâce notamment à la
présence d’un interne en pharmacie à temps plein. Un an après cette mise en place, nous
avons souhaité réaliser un bilan de l’impact clinique et économique de ces activités.
49
2 Objectifs
L’hypothèse initiale est que la présence d’un pharmacien au sein d’un service de soins
contribue à améliorer la prise en charge d’un patient par ses actions sur les prescriptions
médicamenteuses et sur le circuit des produits de santé au sein de l’unité de soins.
L’objectif global de cette étude est d’évaluer l’impact des activités de pharmacie clinique
que sont la conciliation médicamenteuse à l’admission et l’analyse pharmaceutique des
prescriptions durant l’hospitalisation au sein d’un service de soins.
3 Matériel et Méthode
Cette étude observationnelle descriptive prospective a porté sur une période d’un an, du
1er mai 2013 au 30 Avril 2014 au sein du service de Médecine Interne Gériatrie
Thérapeutique du CHU de Rouen.
50
Le service de Médecine Interne Gériatrie Thérapeutique, situé sur le site de Saint-Julien,
est un service d’hospitalisation conventionnelle de type MCO pour adultes. Composé de
deux unités fonctionnelles (UF) de Médecine interne et Gériatrie aigue, il représente 63
lits d’hospitalisation. Au moment de l’étude, l’équipe médicale se composait de sept
médecins seniors et de huit internes en médecine.
L’ensemble de l’équipe suit la visite médicale le matin et participe aux différents staffs
médicaux et paramédicaux du service durant la semaine.
Cette activité de conciliation médicamenteuse est réalisée par les externes en pharmacie
du lundi au vendredi le matin en parallèle de leurs autres activités cliniques durant leur
stage. Tous les patients éligibles ont été inclus sauf en cas d’impossibilité d’effectuer la
conciliation (autres activités cliniques au sein du service, congés, formations, sortie du
patient avant que la conciliation n’ait pu être finalisée).
51
· Patient ne possédant pas de traitement chronique à l’entrée ;
· Patient sorti avant que la conciliation médicamenteuse n’ait pu être finalisée ;
· Patient dont la pharmacie référente n’a pu être contactée.
· Les données démographiques du patient : initiales, sexe, âge, mode de vie, les
coordonnées de la pharmacie référente, le score d’évaluation du risque
d’événement iatrogène médicamenteuse selon l’échelle de Blanchet (47) ;
· Un tableau comparatif dans lequel sont renseignés le BMO (traitement chronique
pris avant l’hospitalisation) et l’OMA (traitement prescrit lors de la 1ere visite après
l’admission). Le nom de la spécialité, le dosage, la voie d’administration, la forme
galénique et la posologie de chaque médicament sont précisés. Le statut de
chaque médicament (arrêté, suspendu, poursuivi, modifié, ajouté) et son niveau
de documentation (documenté/non documenté) ;
· La CM permettant l’identification et la caractérisation des divergences ;
· Des données plus « techniques » : sources d’informations consultées, nombre de
lignes de chaque partie, durées des différentes étapes.
Une FCM est complétée par l’externe en pharmacie pour chaque patient concilié, elle est
ensuite retranscrite dans un fichier Excel® et revu par l’interne en pharmacie.
3.1.4.1.3 Méthodologie/Processus
Les traitements pris par le patient avant l’hospitalisation sont recueillis pour constituer la
liste exhaustive des médicaments pris par le patient en ville appelée Bilan
Médicamenteux Optimisé (BMO).
Tous les matins les externes en pharmacie récupèrent la liste des patients admis depuis
la veille. Les patients admis en hospitalisation durant le week-end ne sont pas conciliés,
52
leurs prescriptions médicamenteuses sont susceptibles d’avoir fait l’objet de plusieurs
changements depuis leur entrée (> 24h).
Le BMO et l’OMA sont reportés sur la fiche de conciliation des traitements puis ils sont
comparés.
Tout écart entre le BMO et l’OMA a été considéré comme une divergence. Les écarts
observés dans le traitement ont été qualifiés par leur état et leur niveau de documentation
dans le dossier médical du patient.
Le terme « Documenté » signifie qu'il existe une trace de la prescription dans le dossier
médical (différent de argumenté ou justifié). Les divergences documentées sont donc
correctes et n’ont pas été considérées comme des divergences.
53
Les différents statuts possibles sont :
- Arrêté documenté / non documenté ;
- Suspendu (toujours documenté) ;
- Poursuivi (toujours documenté) ;
- Modifié documenté / non documenté ;
- Ajouté documenté / non documenté.
Ainsi, les divergences non intentionnelles, en lien avec une modification involontaire des
traitements chroniques des patients par le prescripteur, sont considérées comme des
erreurs médicamenteuses susceptibles de générer un événement indésirable
médicamenteux.
54
- « A corriger » : pour les DNI/DMI, la correction de la prescription est réalisée dans le
dossier médical par le médecin.
Afin de concilier l’analyse pharmaceutique des prescriptions avec ses autres activités de
pharmacie clinique (conciliation, sujet de recherche interne au service) et la montée en
charge de l’activité sur d’autres UF du site, le rythme d’une analyse alternative un jour sur
2 sur chaque UF a été choisi.
55
3.1.4.2.3 Méthodologie/ Processus
L’analyse pharmaceutique réalisée au sein du service est une analyse de niveau 2 voire 3
d’après les niveaux définis par la SFPC précédemment cités.
Ø Communication des IP
56
- Durant notre étude, l’interfaçage des logiciels ne permettait qu’une retombée des
informations dans le plan de soins infirmiers et non directement au prescripteur dans
le module de prescription HEO®.
- Dans la mesure du possible, la communication des IP de vive voix au prescripteur a
été privilégiée au sein du service. L’un des buts de la présence pharmaceutique au
sein du service étant de faciliter les échanges pluridisciplinaires, la discussion directe
entre médecin et pharmacien nous a semblé plus pertinent et enrichissant.
57
Les données enregistrées pour chaque IP pour chaque patient sont résumées dans le
Tableau 2.
58
3.1.5 Analyse de l’impact clinique
L’impact clinique potentiel des DNI/DMI identifiées a été évalué d’après l’échelle adaptée
de Pippins (48), méthode utilisée lors de la précédente étude au sein du service (45). Il
s’agit de déterminer la gravité des divergences non intentionnelles rencontrées et les
conséquences cliniques qu'elles auraient pu engendrer si elles n'avaient pas été
détectées et avaient perduré pendant l'hospitalisation.
59
comparer les attributions d’impacts cliniques de chaque professionnel et de déterminer si
les résultats sont comparables.
60
3.1.6 Analyse de l’impact économique
Ø Conciliation médicamenteuse
Ø Analyse pharmaceutique
Simoens et al. (75) ont émi 3 hypothèses sur la durée de l’impact de l’IP sur le séjour du
patient pour estimer les coûts directs évités par l’analyse pharmaceutique :
- Hypothèse 1 : l’intervention pharmaceutique n’a eu un impact que sur une
seule journée d’hospitalisation.
- Hypothèse 2 : l’intervention pharmaceutique a porté sur la moitié de la durée
restante de séjour du patient.
- Hypothèse 3 : l’intervention pharmaceutique a porté sur l’intégralité de la durée
restante de séjour du patient.
Concernant notre étude, nous avons retenu l’hypothèse 3 que l’IP impacte le reste du
séjour du patient après son acceptation. La valeur du nombre de jours impactés par l’IP a
61
été obtenue par le calcul du nombre de jours entre la date de l’IP et la date de sortie du
patient.
Toutes les propositions ont été considérées comme ayant un impact direct sur les coûts
médicamenteux sauf les propositions « optimisation des modalités d’administration » et
« suivi thérapeutique » pour lesquelles l’impact a été compté comme nul. Seules les IP
acceptées par le prescripteur ont été retenues.
· Cas particuliers
Afin de ne pas surestimer les coûts directs évités, certains choix ont été pris. Concernant
les formes multi doses réutilisables (sirops, solutions buvables, poudre, collyres,…) la
posologie journalière arrêtée ou prescrite a été comptée à zéro. Certaines posologies
particulières (hebdomadaire, bi hebdomadaires,…) ont été ramenées à la posologie
journalière (exemple : la posologie d’un comprimé un jour sur trois a été ramenée à 0,333
comprimé par jour).
L’économie sur le coût médicamenteux direct a été calculée à partir des différences de
coût journalier entre le traitement initial prescrit par le médecin et celui recommandé par le
pharmacien. C’est coûts n’incluaient ni la dispensation, ni la préparation des
médicaments. Les coûts totaux directs évités ont été calculés à partir du nombre de jours
de traitements évités ou modifiés selon l’hypothèse précédemment citée c'est-à-dire selon
le nombre de jours d’hospitalisation restants après l’IP. Ce calcul a été fait à partir de la
liste de référence des médicaments du CHU de Rouen disponible dans le logiciel
PHARMA® de la pharmacie (2014).
L’incidence des EIMG évitables liés aux médicaments est connue grâce à de précédentes
études dont l’enquête ENEIS. Les coûts indirects engendrés par ces EIM évitables sont
composés des consommations de soins supplémentaires générés : examens
complémentaires, prolongation d’hospitalisation, ré hospitalisation, traitements correcteurs
supplémentaires administrés au patient. Dans une étude, devenue référence sur la
thématique, Bates et al.(2) ont estimé le surcoût moyen engendré pour un établissement
de santé par la survenue d’EIM. L’évaluation des coûts indirects évités de notre étude se
base sur une extrapolation de ces études.
62
3.1.7 Analyses statistiques
Les analyses statistiques des résultats ont été réalisées à l’aide du site Open Epi® (Open
Source Epidemiologic Statistics for Public Health)
Des statistiques descriptives ont été réalisées (moyenne, écart-type, médiane, intervalle
de confiance à 95%). Des tests t de Student ont permis de comparer les moyennes. Les
comparaisons de proportions ont été réalisées par des tests du Chi2 ou de Fisher.
Le seuil de significativité pour toutes les analyses a été fixé à p < 0,05.
63
4 Résultats
La durée moyenne de séjour pour les deux unités de médecine interne gériatrie
thérapeutique (1430 patients hospitalisés) sur la période considérée est de 16,9 jours
(18,1 jours pour l’unité de gériatrie aigue et 16,6 jours pour l’unité de médecine interne)
(Tableau 5).
Nombre de lits 29 34 63
Nombre de patients hospitalisés 589 841 1430
DMS des services en jour 18,1 16,6 16,9
Nombre de journées d’hospitalisation 5089 9116 14205
64
Tableau 6 Dépenses Médicamenteuses (selon les sorties du stock de la PUI)
Cette étude réalisée sur une période d’un an a inclus 888 patients : 299 hommes (33,5%)
et 589 femmes (66,5%) (sexe ratio : 0,50).
L’âge moyen de la population était de 83,7 ans (minimum : 35 ans, maximum : 104 ans)
avec une médiane à 86 ans.
Le nombre moyen de lignes de traitement des prescriptions était de 9,3 ± 3,6 lignes
(minimum : 1, maximum : 22) avec une médiane à 9 lignes.
Moyenne (Médiane)
Caractéristiques
Extrêmes
35 - 104
1 – 22
65
4.4 Conciliation médicamenteuse à l’admission
Le temps de recueil moyen de l’OMA était de 13,3 min (valeurs extrêmes : 2 à 60 min) (IC
95% : [11,6 – 14,4 ]), avec une médiane à 10 min.
La durée moyenne d’une CM était de 14,1 min (valeurs extrêmes : 6 à 120 min) (IC 95% :
[11,6- 16,4], avec une médiane à 10 min.
Le nombre moyen de médicaments pris à domicile par les patients ayant bénéficié d’une
CM était de 8,4 (min : 1, max : 19) et le nombre moyen de médicaments prescrit à
l’admission était de 7,1 (min : 1, max : 18). Le recueil exhaustif des médicaments pris par
le patient avant hospitalisation a été réalisé sur la base de différentes sources
d’informations. Les pharmacies de ville étaient contactées systématiquement. En
moyenne, 3,4 sources d’informations ont été consultées (min 2 : max 6) avec une
médiane de 3 sources.
66
· Indicateurs de performance
La majorité des conciliations avait lieu dans les 24h suivant l’admission dans le service
(Tableau 9). Une conciliation médicamenteuse était réalisée environ toutes les 7
admissions soit une conciliation toutes les 1 à 2 demi-journées de présence des externes
en pharmacie sur l’année de l’étude.
24-48h 55 (28,1%)
48-72h 11 (5,6%)
>72h 2 (1,0%)
Cette étude d’une période d’un an a permis de détecter 982 divergences non
documentées sur 1649 lignes de traitements, représentant alors une moyenne de 5,0
divergences par patient (tous types de divergences confondus).
Parmi ces 982 divergences, 888 divergences étaient des divergences intentionnelles mais
non documentées dans le dossier patient (91%). Sur les 94 divergences non
intentionnelles détectées, 52 étaient des DNI par oubli du prescripteur (5%) et 42 des DNI
par manque d’information du prescripteur (4%).
Les divergences détectées ont été classées selon leurs types (Figure 1).
67
Figure 1 Types de divergences identifiées
Ainsi, pour les patients conciliés présentant au moins une divergence, le nombre moyen
de divergences intentionnelles était de 5,4 par patient (IC95% [4,9-5,9]) (Min-Max : 1-15) et
le nombre moyen de divergences non intentionnelles était de 1,8 par patient (IC95% [1,6-
2,0]) (Min-Max : 1-6).
68
Tableau 10 Motifs de divergences intentionnelles
Au total, 94 divergences non intentionnelles ont été décelées au cours de cette étude soit
une moyenne de 0,5 divergences non intentionnelles par patient concilié. 51 patients
avaient au moins une divergence non intentionnelle.
Les divergences non intentionnelles ont été classées selon leurs origines : 52 DNI par
oubli du prescripteur et 42 DNI par manque d’information du prescripteur.
Le Tableau 11 présente l’origine et les types de divergences non intentionnelles ayant été
répertoriées sur notre période d’étude.
69
· Classes thérapeutiques des divergences non intentionnelles
Parmi les principes actifs les plus concernés par des DNI, les dix premiers étaient :
chlorure de potassium (4,3%), phloroglucinol (3,2%), macrogol (3,2%), bisoprolol (3,2%) ,
paracétamol (2,2%), rosuvastatine (2,2%), atorvastatine (2,2%), calcium et cholecalciferol
(2,2%), leupreroline (2,2%), amlodipine (2,2%), fluindione (2,2%) et
losartan/hydroclorothiazide (2,2%).
70
Tableau 12 Facteurs susceptibles d’influencer la présence des divergences non
intentionnelles (Variables quantitatives)
Les résultats (Tableau 12) des tests de Student n’ont démontré aucune influence
statistiquement significative de l’âge, du score de risque de Blanchet et du nombre de
lignes de prescription en ville sur la présence de DNI à l’admission.
ou Institution
Les résultats (Tableau 13) des tests de Chi2 n’ont démontré aucune influence
statistiquement significative du sexe, du service d’hospitalisation et du lieu de résidence
sur la présence de DNI à l’admission.
71
4.5 Évaluation de l’impact clinique des divergences non
intentionnelles
L’impact clinique potentiel des DNI a été évalué par un binôme médecin/pharmacien avec
quatre gravités possibles : non significatif, significatif, sérieux et vital (Figure 2).
72
4.5.1.2 Taux de DNI détectées par conciliation
médicamenteuse
Le taux de DNI détectées par les externes en pharmacie sur notre période d’étude d’un
an était de 48,0% par conciliation médicamenteuse avec environ 1 divergence non
intentionnelle toutes les 17 lignes de traitement recueillies.
La durée moyenne de séjour des 51 patients ayant eu au moins une divergence non
intentionnelle détectée à l’admission est de 12,4 jours (± 15,4) (16,2 jours pour l’unité de
gériatrie aigue et de 9,6 jours pour l’unité de médecine interne) (Tableau 14). La
comparaison statistique des DMS par un test de Student n’a pas montré de différence
significative entre la DMS des patients ayant été concernés par une DNI versus la DMS
des patients sans DNI (DMS : 15,6 jours ± 30,8) (p=0,48).
Tableau 14 Durées moyennes de séjour des patients conciliés selon la présence de DNI
(n=51)
Nombre de patients
96 100 196
conciliés
Nombre de patients
15 36 51
avec DNI
73
4.6 Analyse pharmaceutique
Au cours de cette étude, 831 patients ont bénéficié d’au moins une analyse
pharmaceutique au cours de leur hospitalisation avec en moyenne (± écart-type) 2,1 ± 1,9
analyses par patient (Médiane : 1, Min : 1, Max : 23) avec un total de 1779 prescriptions
analysées.
L’interne en pharmacie a effectué 184 interventions, soit une intervention pour 9,7
prescriptions en moyenne. Il est intervenu sur les prescriptions de 17,1 % des patients.
74
4.6.2 Caractéristiques des interventions pharmaceutiques
75
4.6.2.1 Types de problèmes détectés
76
4.6.2.2 Types de propositions pharmaceutiques
Les médicaments concernés par une intervention pharmaceutique ont été classés suivant
la classification ATC via le code ATC de niveau 2 c’est-à-dire anatomique et
thérapeutique. Ainsi, les classes médicamenteuses les plus souvent retrouvées
concernaient (Tableau 19) :
77
Tableau 19 Classes médicamenteuses les plus concernées par des interventions
pharmaceutiques selon la classification ATC de niveau 2
Les dix principes actifs les plus concernées par des IP (seul ou par interaction
médicamenteuse) étaient : Acide acétylsalicylique (8,7%), Amoxicilline/Acide clavulanique
(6,0%), Chlorure de potassium (5,4%), Fluindione (4,9%), Tiapridal (4,9%), Calciparine
(4,3%), Perindopril (4,3%), Allopurinol (4,3%), Coumadine (3,8%) et Clopidogrel (3,3%).
78
4.6.2.4 Rangs des interventions pharmaceutiques
ère
1 analyse 128 69,6%
ème
2 analyse 23 12,5%
ème
3 analyse 12 6,5%
ème
4 analyse 10 5,4%
ème
5 analyse 4 2,2%
ème
>5 analyse 7 3.8%
Les interventions étaient communiquées oralement dans plus de trois quarts des cas (126
soit 78,8% des IP). Le taux d’acceptation était significativement plus élevé (87,3%) par
voie orale contre 62,1% par communication écrite (p <0,001). Au total, seuls deux avis
pharmaceutiques transmis directement dans le dossier médical du patient ont été refusés
sans justification de la part du clinicien. En effet, en cas de refus du prescripteur, sa
décision était étayée d’une justification clinique ou thérapeutique dans 94,7% des cas
(Figure 3).
79
Communication écrite de l'IP
2
3%
20
35%
36
62%
Les principales propositions refusées par les prescripteurs étaient des ajustements de
doses (29,0%), des arrêts de traitement (23,7%), des substitutions/échange (21,1%) et
des optimisations de modalités d’administration (18,4%).
80
4.6.2.6 Bénéfices attendus des interventions
pharmaceutiques
Economie 3 1,6%
81
4.6.3 Facteurs influençant la présence de problèmes
thérapeutiques donnant lieu à des interventions
pharmaceutiques
Nb de lignes de traitement
10,6 ± 3,3 9,1 ± 3,6
Les résultats du test de Student ont montré que le nombre de lignes de traitement
influençait statistiquement la détection de problème thérapeutique donnant lieu à des IP
lors de l’analyse pharmaceutique (p <0,001). En effet, les prescriptions ayant fait l’objet
d’une intervention pharmaceutique avaient en moyenne 1,5 lignes de traitement de plus
(10,6 ± 3,3 lignes versus 9,1 ± 3,6 lignes) (Tableau 22). L’âge était statistiquement
comparable dans les 2 groupes de patients.
82
Les résultats (Tableau 23) ont montré que le sexe n’influençait pas la détection d’un
problème thérapeutique. Les patients hospitalisés en Médecine Interne étaient plus
souvent concernés par l’émission d’une IP (n= 148 ; 80,4% versus n= 36 ; 19,6%) que
ceux du service de Gériatrie aigue (p <0,001).
83
Tableau 24 Devenir de l’IP selon ses caractéristiques
84
4.7 Evaluation de l’impact clinique des interventions
pharmaceutiques
Ainsi, 48 situations (29%) ont été jugées de gravité non significative pour le patient, 48
(29%) de gravité significative, 52 situations (31%) ont été classées comme étant
sérieuses c’est-à-dire pouvant entrainer des symptômes associés à un risque élevé
d’altération des activités journalières et 19 événements (11%) de gravité vitale
susceptibles d’entrainer des signes et des symptômes pouvant causer la mort s’ils ne sont
pas traités. 17 situations n’ont pas pu être jugées par manque d’informations (indications
précises du traitement, contexte de prise en charge du patient,…) (Figure 4).
19
11%
48
29%
Non significative
Significative
52
Sérieuse
31%
Vitale
48
29%
Figure 4 Evaluation de la gravité des situations thérapeutiques ayant fait l’objet d’IP
85
4.7.1.2 Evaluation de l’impact clinique potentiel pour le
patient
Si l’on compare les évaluations des deux professionnels de santé, elles étaient
équivalentes pour 64 IP, le médecin « sur estimait » l’impact clinique de 65 IP et « sous
estimait » l’impact de 38 IP par rapport à l’opinion du pharmacien. (Figure 5). L’opinion du
médecin et du pharmacien sont significativement différentes (p<0.001)
Parmi les 32 IP jugées d’impact nul par le médecin et d’impact significatif par le
pharmacien sont retrouvées, par exemple, des IP concernant la prise en charge
d’hyperkaliémies (31,3%), des optimisations de modalités d’administration (12,5%), des
demandes d’adaptations posologiques à la fonction rénale pour des valeurs de clairance
à la créatinine proche des valeurs seuils indiquées dans les résumés des caractéristiques
du produit (15,6%).
86
Figure 5 Evaluation de l’impact clinique potentiel des interventions pharmaceutiques
La durée moyenne de séjour des 142 patients pour lesquels l’interne en pharmacie a émis
une IP est de 23,6 jours (28,8 jours pour l’unité de gériatrie aigue et 19,1 jours pour l’unité
de médecine interne). La comparaison statistique des DMS par un test de Student a
montré que les patients ayant été concernés par une IP (acceptées ou non) avaient une
DMS significativement plus longue (23,6 jours) que celle des patients sans IP (17,0 jours)
(p < 0,001) (Tableau 25).
87
Tableau 25 Durées moyennes de séjours selon le service et la présence d’intervention
pharmaceutique
Les activités des externes en pharmacie étant partagées entre la conciliation, les staffs
médicaux, les visites et d’autres travaux d’études, le temps consacré à la réalisation des
conciliations médicamenteuses pour estimer les coûts investis dans cette activité a été
calculé sur la base des données recueillies sur cette période d’étude. Ainsi, le temps
nécessaire à la réalisation d’une conciliation était en moyenne de 42 min (BMO : 15min,
OMA : 13min et CM : 14min). Environ 137,20 heures ont donc été nécessaires pour les
196 conciliations médicamenteuses de l’étude. Le salaire horaire moyen d’un externe en
pharmacie étant de 3,39 €, le coût de la main d’œuvre sur l’activité de conciliation
médicamenteuse était d’environ 465,11€.
88
4.8.1.2 Coûts investis dans l’analyse pharmaceutique
Au total, 107 interventions pharmaceutiques sur les 146 acceptées (73,3%) ont eu un
impact économique sur les coûts médicamenteux directs. 12 IP entrainaient une
augmentation de 53,14 € et 95 IP entrainaient une diminution de 910,54 €. Au total, une
économie de 857,40€ en coûts médicamenteux directs a été réalisée durant cette période
d’étude soit environ 5,87 € / IP acceptée (Tableau 26).
Les coûts ont ensuite été analysés selon le type de proposition pharmaceutique réalisée.
Ainsi, les propositions d’adaptation posologique sont celles ayant engendrées le plus
d’économie (669,21 € soit 11,74 € en moyenne par adaptation posologique acceptée)
avant les arrêts de traitement (113,10€ soit 4,52€ par arrêt accepté). Naturellement, ce
89
sont les ajouts c’est-à-dire des initiations de prescriptions qui ont induit des dépenses
même si elles restent faibles (19,97€ soit 3,33€ en moyenne par ajout accepté) (Tableau
27) (Figure 6) (Figure 7).
90
Figure 6 Somme des économies générées selon le type de proposition d’intervention
acceptée
Figure 7 Moyenne des économies générées par type de proposition d’intervention acceptée
Les coûts directs évités ont ensuite été analysés selon la classe ATC de niveau 2 des
médicaments concernés par une IP. La classe thérapeutique des « antibactériens à
usage systémique » représente une économie de 364,13 € pour 21 IP acceptées soit
17,34 € par IP avec une part importante portant sur les macrolides (85,32 € pour 2 IP). La
classe des substituts du sang et solution de perfusion représente une économie de
359,65 € pour seulement 3 IP acceptées (soit 119,88 € par IP) en lien avec un prix
unitaire élevé de certains additifs pour solution intraveineuse. (Tableau 28). Les
économies générées selon les différentes classes ATC de niveau 1, 2 et 3 sont
disponibles en Annexe 9, Annexe 10 et Annexe 11.
91
Tableau 28 Principaux coûts évités par les IP selon la classification ATC de niveau 2
Ces coûts directs évités ont ensuite été rapportés aux données d’activité hospitalière
précédemment citées (nombre de journées d’hospitalisation, dépenses et consommations
médicamenteuses). Ainsi on a pu déterminer que l’économie engendrée était de 60,36 €
pour 1000 journées d’hospitalisation en service de Médecine Interne Gériatrie
Thérapeutique, que ces mêmes économies ne représentaient que 0,83% des dépenses
médicamenteuses totales du service (Tableau 29).
92
Tableau 29 Impact des IP rapporté aux données d’activité hospitalière
L’évaluation des coûts indirects évités se base sur une extrapolation des résultats de
l’enquête ENEIS. Cette enquête nationale a trouvé que le taux d’incidence des EIMG
évitables liés aux médicaments était de 0,7 pour 1000 journées d’hospitalisation. Les
deux unités de Médecine interne gériatrie thérapeutique représentent 14 205 journées
d’hospitalisation, on peut en conclure qu’environ 10 EIMG auraient eu lieu lors de l’année
étudiée. Des données de la littérature ont montré que la présence d’un pharmacien au
sein de l’équipe soignante d’un service réduisait de 66 à 78% le nombre des EIM
évitables (40,50–52). On peut donc émettre l’hypothèse que 6,6 à 7,8 EIMG ont été évités
par la présence de l’analyse pharmaceutique des prescriptions médicamenteuses au sein
de ces deux unités sur notre période d’étude. L’impact économique de ces EIM évitables
est réel et a lui aussi été étudié, il représente un surcoût de prise en charge par des
examens complémentaires, des prolongations d’hospitalisation ou des traitements
correcteurs supplémentaires administrés au patient. Bates estime dans une étude qui fait
référence qu’un EIM grave évitable implique un surcoût de 4400 euros pour une structure
hospitalière (2). On peut donc estimer que les activités de pharmacie clinique ont
potentiellement contribué à réduire les coûts indirects d’hospitalisation liés aux EIMG de
29 040 à 34 320€.
93
4.8.3 Analyse du ratio bénéfices/coûts
Une extrapolation de ces résultats a été réalisée à l’échelle du CHU grâce aux données
d’activités hospitalières recueillies.
Les dépenses médicamenteuses totales du CHU sur notre période d’étude étaient
estimées à 53 271 783,25 €. Ainsi par extrapolation, les activités de pharmacie clinique
sont susceptibles de faire économiser environ 440 000 € à l’établissement sur une
période d’un an. (Tableau 30).
94
Entre le 1er mai 2013 et le 30 avril 2014, 777 296 journées d’hospitalisation ont été
comptabilisées au CHU de Rouen. En prenant en compte l’ensemble des résultats de
coûts évités (directs et indirects) par les activités de pharmacie clinique, l’économie était
estimée entre 2 104,71 € et 2 476,41€ pour 1000 journées d’hospitalisation. Si l’on
rapporte ces chiffres aux activités hospitalières, l’économie potentiellement engendrée par
la conciliation médicamenteuse et l’analyse pharmaceutique à l’échelle du CHU pourrait
être de d’environ 1,5 à 2 millions d’euros par an (Tableau 31).
Tableau 31 Extrapolation des économies réalisées par les activités de pharmacie clinique
sur l’ensemble du CHU de Rouen
95
5 Discussion
Ainsi, nous avons voulu évaluer l’impact clinique mais aussi les économies
potentiellement engendrées par des activités de pharmacie clinique telles que la
conciliation médicamenteuse à l’admission et l’analyse pharmaceutique des prescriptions
durant l’hospitalisation au sein du service de Médecine Interne Gériatrie thérapeutique,
site pilote du CHU de Rouen pour le développement de ces activités. L’analyse de
l’ensemble des divergences détectées et des interventions pharmaceutiques émises ainsi
que leurs cotations clinique et économique ont été réalisées.
Dans cette étude, 982 divergences (intentionnelles ou non) ont été détectées sur 1649
lignes de traitement soit 1 divergence toutes les 1,6 lignes, avec une moyenne de 5,0
divergences par patient.
Au total, 94 divergences avaient un caractère non intentionnel soit 9,6% des divergences.
Le pourcentage de patients ayant présenté, lors de la conciliation médicamenteuse à
l’admission, au moins une DNI à l’admission était de 27%. Ce résultat est proche de ceux
relevés dans la littérature avec une variation selon les auteurs allant de 20,1 à 34,2%.
(53–56)
Les DNI les plus souvent rencontrées à l’admission étaient des omissions de
médicaments (72,3%) suivi des modifications de posologie (17,0%). Ces résultats sont
comparables à ceux publiés dans d’autres études sur le même thème pour lesquelles on
retrouve des proportions variant entre 55,1 et 87,9% pour les DNI d’omission et 16 à
30,4% pour les DNI de posologies modifiées. Ces résultats confirment l’intérêt de la
conciliation médicamenteuse pour obtenir la liste complète des médicaments du patient
avant l’hospitalisation et pour corriger les erreurs de posologie.
96
Si l’on s’intéresse aux classes thérapeutiques concernées par des DNI, elles concernaient
principalement les médicaments du système cardiovasculaire (23,7%), des voies
digestives et métabolisme (20,4%) et du système nerveux (12,9%). Ces résultats,
semblables à ceux de la littérature (55,56), sont cohérents. En effet, ce sont les classes
médicamenteuses les plus prescrites chez le patient âgé (57).
§ Analyse pharmaceutique
Avec 184 IP émises sur les 1779 prescriptions analysées, le taux d’IP de notre étude était
de 10,3% ce qui équivaut à 102 IP pour 1000 patients, 2 IP par lit d’hospitalisation par an
et 1 intervention toutes les 92 lignes de traitement. Ces résultats sont inférieurs aux taux
retrouvés dans certaines études (Hamblin et al (58): 275 IP pour 1000 patients, Patel et al
(59) : 336 IP pour 1000 patients, Kausch (42) : 4IP / lit/an) mais équivalents à ceux
d’autres études (60) (9,9% d’IP). Lors de l’informatisation de la prescription au sein du
CHU, un système d’alertes de niveau 1 et 2 sur les contre-indications absolues et les
associations déconseillées lors de la saisie de la prescription a été mis en place. Ce
système constitue une première barrière à la survenue d’éventuels problèmes
thérapeutiques, incitant le prescripteur à réévaluer le traitement à réception de
l’information. En prévenant des IP de CI absolues et d’AD qui auraient pu être émises par
le pharmacien, ce système peut expliquer notre taux plus faible d’IP par rapport à d’autres
études réalisées possiblement dans des services non informatisés ou n’ayant pas ce
système d’alertes.
97
l’analyse des prescriptions, le taux d’acceptation obtenu dans l’étude de Benoit et al (37)
est de 76%. Dans ces études, les transmissions des avis pharmaceutiques sont faites
oralement. Ainsi, la présence régulière dans le service permet au pharmacien clinicien
d’avoir une meilleure connaissance du contexte clinique, de l’évolution de la pathologie du
patient et de pouvoir discuter directement avec le prescripteur, et ainsi d’avoir
l’opportunité de faire des interventions certainement plus pertinentes avec un impact
potentiel dans la prise en charge du patient. Un lien professionnel se créé entre le
pharmacien et médecin à la base d’une collaboration efficiente.
Si l’on compare les proportions des différents problèmes médicamenteux détectés par
l’analyse pharmaceutique (selon la typologie de la SFPC), les surdosages constituent la
principale cause d’intervention du pharmacien avec 20,6% des IP concernées dans
l’étude de Bedouch et al. et un taux un peu plus élevé dans notre étude (29,9%). La
seconde typologie de problèmes médicamenteux la plus retrouvée diffère avec les
résultats de l’étude issue d’Act IP®. Nous retrouvons respectivement 28,8% d’IP
concernant des interactions médicamenteuses dans notre étude versus 11,7% dans la
leur, en lien avec des différences de proportions plus importantes sur d’autres typologies.
En effet, d’après la base de données de 3 ans 20,1% des IP concernent la
typologie « Voie et/ou administration inappropriée » versus 10,3% dans notre étude.
Plusieurs raisons peuvent expliquer la minimisation de cette typologie au sein du service
d’étude. Depuis quelques années, le service de Médecine interne gériatrie thérapeutique
est le siège d’études concernant l’écrasement des comprimés et voie d’administration
inappropriée (62) avec l’édition de recommandations d’abord institutionnelles devenues
nationales. Les équipes sont ainsi sensibilisées aux problématiques de modalités
d’administration. De plus, le paramétrage des spécialités médicamenteuses au sein du
LAP propose à la saisie aux prescripteurs les plans de prises et voies d’administration
recommandés dans les RCP des produits.
98
Presque toutes les classes thérapeutiques sont concernées par des interventions
pharmaceutiques dans notre travail. Cependant, les médicaments concernant le sang et
les organes hématopoïétiques (23,8%), le système cardiovasculaire (20,2%), le système
nerveux (18,6%), les voies digestives et métabolisme (12,9%) et les anti-infectieux
(12,50%) sont les plus sujettes à des IP dans notre étude. Ces proportions varient
légèrement par rapport à d’autres études publiées (37,42,63). Comme dit précédemment,
il s’agit de médicaments destinés à traiter les principales pathologies rencontrées chez le
patient âgé. Or ces mêmes classes thérapeutiques sont fréquemment retrouvées dans les
causes d’admission du sujet âgé (Antivitamines K,…).
Presque 70% des IP avaient lieu lors de la première analyse pharmaceutique suite à
l’entrée du patient. Brudieu et al. (64) ont montré qu’effectivement la majorité des IP sont
émises à l’admission dans du patient. La réticence potentielle de certains médecins à
modifier des prescriptions extérieures conduit à une vigilance accrue.
Nos résultats montrent que les DNI auraient pu causer des dommages sérieux pour
10,6% des patients selon le pharmacien et 26,4% selon le médecin dont 2% d’impact
potentiellement vital. Certaines DNI seraient susceptibles d’entrainer une intervention
et/ou monitoring particulier pour éviter un dommage dans environ 33% des cas. 53,3%
des DNI ont été jugés comme sans impact clinique pour le patient par le pharmacien
contre 26,6% par le médecin. L’ensemble de ces résultats correspondant aux proportions
retrouvées dans la littérature (55,56,65–68). Cependant, Gleason et al (69) souligne la
variabilité des méthodes d’évaluation de l’impact clinique d’une étude à une autre et la
nécessité de standardiser ce processus comme l'ont fait Quelennec et al (55).
L’impact clinique potentiel des IP a également été évalué. Pour 21% des avis
pharmaceutiques, l’impact clinique a été jugé comme nul pour le patient par le médecin
(contre 4% par le pharmacien). Ce résultat est comparable à ceux d’autres études qui
retrouvaient des taux de 13 à 33% (36,70). Selon le professionnel évaluateur, 36 à 73%
des IP avaient un impact significatif, 21 à 32% un impact très significatif et 2 à 11% un
impact vital. Ces résultats sont comparables à ceux de Guignon et al.(36) qui retrouvaient
65% d’IP d’impact significatif et 22% d’impact très significatif.
Ainsi, si l’on prend en compte les IP jugées d’impact clinique non nul, le médecin a estimé
que l’intervention du pharmacien au cours de la conciliation médicamenteuse et de
l’analyse pharmaceutique était pertinente dans 73 à 79% des cas, respectivement.
99
Nous avons fait le choix de faire évaluer les divergences à la fois par un pharmacien et
par un médecin. Nous pouvons constater que ces 2 professionnels n’ont pas la même
vision de l’impact clinique potentiel des événements. Chacun a évalué ces 94 DNI et 146
IP avec son expérience de terrain. Ces résultats confirment l’intérêt et la richesse du
travail en équipe pluridisciplinaire afin d’avoir une prise en charge commune et plus
pertinente du patient.
100
peu onéreuses (17,34 € par IP) sont responsables d’une économie de 364,13 € soit 43%
des coûts médicamenteux directs évités totaux. Cette analyse par classe pourrait
permettre de dégager des actions de bon usage et de pertinence médicamenteuse dans
l’avenir.
Les propositions permettant de réaliser le plus d’économies dans notre étude étaient les
adaptations posologiques (669,21 €) avec une moyenne de 11,74 € par IP.
Notre évaluation des coûts indirects évités par les activités de conciliation
médicamenteuse et d’analyse pharmaceutique est une extrapolation de l’enquête ENEIS
et de données de la littérature. Aucune cotation économique réelle n’a été réalisée. La
plupart des études retrouvées dans la littérature utilise une méthode dite « Delphi ». Un
groupe d’experts quantifie pour chaque IP : la gravité potentielle, les examens biologiques
et cliniques supplémentaires, la prolongation d’hospitalisation potentielle, les traitements
correcteurs complémentaires évités. Ce type de méthodologie est lourde à mettre en
place tant au niveau technique qu’humain car très complexe et chronophage. Bates et al.
(2) ont considéré l’ensemble de ces critères pour évaluer le surcoût moyen d’une EM, ce
qui à justifier notre choix de baser nos calculs sur cette étude.
- Effectif patient
Nous avons souhaité tester des associations afin de déterminer quels étaient les facteurs
susceptibles d’influencer la survenue de divergences non intentionnelles à l’admission et
de problèmes thérapeutiques au cours de l’hospitalisation. Un manque de significativité
ressort de nos résultats probablement en lien avec un effectif patient réduit.
Pour évaluer l’impact clinique et économique des activités de pharmacie clinique nous
avons dû faire des choix méthodologiques malgré des nombreux obstacles connus
évoqués par Tilleul et al. (74) tels que :
101
· L’existence d’une forte incertitude sur le lien entre l’intervention pharmaceutique et
l’impact mesuré. En effet, l’insuffisance rénale potentiellement évitée par une
analyse pharmaceutique et l’intervention du pharmacien sur un médicament
néphrologique n’aurait-elle pas été évitée par la lecture ultérieure du bilan
biologique par le prescripteur ?
Nous avons fait le choix de baser nos calculs sur l’hypothèse que l’IP avait une influence
sur le reste du séjour du patient, ce qui équivaut à sous-entendre que sans l’intervention
du pharmacien, le médecin n’aurait ni réévalué ni modifié sa prescription jusqu’à la sortie
d’hospitalisation du patient. Cette hypothèse, discutable, est connue pour son risque de
surestimation des économies potentiellement réalisées. Différentes méthodes
d’estimation du nombre de jours impactés coexistent dans la littérature. Certaines études
ont estimé le nombre de jours de traitement évités par une moyenne des avis exprimés
par les différents membres d’un comité d’experts (42), d’autres ont testé les trois
hypothèses avancées par Simoens et al (75) ou pris en compte le nombre de jours de
traitement prévu initialement (71).
De la même façon, si, comme les anglo-saxons, nous nous étions limités dans nos
mesures d’impact économique, à la réduction des coûts médicamenteux directs générée
par les interventions pharmaceutiques, nous nous serions retrouvés pénalisés dans notre
évaluation par le faible coût unitaire de la plupart des médicaments hospitaliers en France
(74).
D’après des revues de littérature récentes (76–78), les études économiques relatives aux
interventions pharmaceutiques s’accordent à prouver un impact positif sur le budget des
hôpitaux mais des limites persistent concernant la qualité de ces études (design,
comparateur de référence, prise en compte partielle des coûts…). Ainsi, Gallagher et al
(76) ont jugé que seules 3 études sur les 20 répondant aux critères de leur revue
systématique étaient de « bonne qualité » (groupe contrôle, design solide,…). Ces revues
soulignent la nécessité de critères et de guidelines pour l’élaboration d’études robustes
sur cette thématique pour convaincre les décideurs (79).
102
- Autres activités pharmaceutiques réalisées au sein du service
En effet, le rôle de l’interne en pharmacie consiste aussi à faire le lien entre la pharmacie
et le service de soins afin de faciliter la logistique, la communication, trouver les bons
interlocuteurs et ainsi régler plus facilement les divers problèmes rencontrés, dont ceux
relatifs à l’organisation du circuit du médicament qui pourraient être sources d’erreurs
médicamenteuse. Au cours de son semestre, l’interne est également sollicité sur divers
travaux visant à améliorer le bon usage des médicaments et la sécurisation de la prise en
charge médicamenteuse (étude sur les médicaments écrasables, pertinence des
prescriptions d’inhibiteurs de pompe à protons, etc…). De même, très régulièrement
l’interne répond aux questions des prescripteurs sur des indications de traitement, des
thérapeutiques, des interactions médicamenteuses, etc.., sans pour autant que cela fasse
l’objet d’un enregistrement de l’intervention pharmaceutique.
De même, les externes en pharmacie réalisent pour chaque patient sortant à domicile une
« fiche de sortie » récapitulant l’ensemble des traitements du patient, leurs indications,
posologies, précautions d’emploi ainsi que les traitements arrêtés au cours de
l’hospitalisation. Cet aide-mémo, validé par le médecin en charge du patient, permet
d’éviter la reprise « spontanée » par le patient ou le renouvellement d’un traitement, ayant
été arrêté en hospitalisation, au retour à domicile en justifiant l’arrêt volontaire et non
l’omission de prescription. Cette activité pourrait évoluer vers la conciliation
médicamenteuse à la sortie d’hospitalisation et être enregistrée pour un suivi d’indicateurs
d’activités. Deux jours par semaine, les externes en pharmacie sont également en charge
de la réalisation des piluliers des patients, étape supplémentaire de sécurisation de la
dispensation et de l’administration des médicaments.
Ces différents types de collaboration pluri professionnelles sont facilités par la présence
pharmaceutique au sein du service.
103
dont l’objectif est de donner aux patients les outils et les compétences afin de gérer sa
maladie et ses traitements, améliore l’observance thérapeutique des patients et leur
qualité de vie. Cette amélioration de l’adhérence va de pair avec une meilleure efficacité
des traitements et une diminution des dépenses de soins (médicaments non pris, recours
aux soins, etc…) (80–83) .
Les résultats de notre étude prouvent que les activités de pharmacie clinique mises en
place au sein du service de médecine interne gériatrie thérapeutique depuis quelques
années ont à la fois un impact clinique positif sur la sécurisation de la prise en charge
médicamenteuse des patients tout en permettant de réaliser des économies non
négligeables.
Cependant pour des raisons de logistique et de moyens humains, cet objectif semble
difficile à atteindre et soulève des questions sur les choix à adopter pour y parvenir même
si idéalement l’ensemble des patients hospitalisés devraient pouvoir bénéficier de ces
offres pharmaceutiques.
Contrairement à notre étude dans laquelle la population était homogène en âge donc pas
un critère sélectif pour une priorisation des patients au sein du service, des études ont
montré qu’un âge plus élevé était un facteur prédictif de divergences (67,69,84).
De la même façon, les patients âgés sont plus susceptibles d’être polypathologiques et
donc polymédicamentés. On retrouve le même raisonnement que précédemment
concernant le risque plus important d’IP chez une population plus âgée.
104
o Selon le nombre de lignes de traitement ?
Dans notre étude, nous avons montré une influence du nombre de lignes de traitement
sur l’émission d’IP. Ce constat est cohérent : plus le nombre de médicaments est
important plus le risque d’interactions médicamenteuses est grand. De la même façon, un
patient polymédicamenté est un patient polypathologique avec des comorbidités multiples
le rendant plus fragile au risque d’EIM.
Les mêmes classes thérapeutiques sont souvent retrouvées dans les divergences non
intentionnelles et les problèmes thérapeutiques détectés par l’analyse pharmaceutique.
Ainsi, les médicaments du système cardiovasculaire, des voies digestives et
métabolisme, du système nerveux central peuvent être considérés comme des
médicaments à risque. Cependant, en raison de la fréquence importante de prescription
et de l’éventail de molécules concernées, ce critère risque de ne pas être très sélectif.
105
· Peut-on réaliser un ciblage ou une priorisation des services ?
Au sein de notre population, notre étude a montré que le nombre d’avis pharmaceutiques
était service dépendant et associé à une durée de séjour plus longue. De la même façon,
les interventions pharmaceutiques sont connues pour être plus nombreuses dans les
services de chirurgie qu’en médecine (42,85). Il serait donc intéressant de déterminer la
pertinence d’une priorisation de l’analyse pharmaceutique selon ces différents critères :
type d’activités, durée moyenne de séjour, etc…Des audits de courte durée et/ou un
groupe de travail pluri professionnel pourraient permettre de déterminer les services à
prioriser pour être le plus pertinent et efficient possible en termes d’interventions, de
rythme d’analyses etc…
Dans l’idéal, la complémentarité de ces 2 activités devrait pouvoir bénéficier à tous les
services. Compte tenu des moyens humains, une répartition des activités est cependant
nécessaire mais difficile à arbitrer.
106
Ces décisions de priorisation d’activités nécessitent une réflexion pluri professionnelle
service-dépendante. En connaissant les attentes des équipes médicales sur les activités
de pharmacie clinique, le pharmacien clinicien sera plus pertinent dans ses interventions
et leur collaboration sera plus efficiente. De la même façon, des choix institutionnels
devront être fait pour permettre in fine de couvrir l’ensemble des services cliniques.
· Quels sont les moyens humains pouvant être mis à contribution pour le
déploiement de ces activités ?
Les acteurs les plus impliqués à l’heure actuelle en France dans la conciliation
médicamenteuse sont les pharmaciens hospitaliers et les internes en pharmacie. Au
niveau de notre service, nous avons fait le choix d’intégrer les externes en pharmacie
dans la démarche. D’après le Guide pédagogique des fonctions hospitalières de
pharmacie clinique (22), cette activité de recueil de l’historique médicamenteux fait partie
des missions des 5AHU. Cependant, l’ensemble de ces ressources pharmaceutiques sont
inégalement disponibles dans notre établissement mais aussi plus globalement dans
l’ensemble des établissements de santé.
107
Actuellement, la participation des PPH à l’activité d’analyse pharmaceutique ne peut se
limiter qu’aux vérifications techniques et réglementaires de la prescription (90) : Contrôle
de la durée de traitement au regard des durées possibles imposées selon le type de
médicament, vérification de l’adéquation de la prescription avec les exigences de l’AMM
et des recommandations scientifiques, vérification des caractéristiques
physiopathologiques du patient et son historique médicamenteux. Cependant,
l’interprétation de ces textes n’est pas si simple. En effet, si la dispensation
médicamenteuse fait partie des activités principales du PPH, cette délégation n’est pas en
adéquation avec l’article L. 4211-1 qui réserve aux pharmaciens l’activité de dispensation
et l’article R4235-48 qui définit cet acte de dispensation en incluant l’analyse
pharmaceutique des prescriptions (sans pour autant définir la profondeur de cette
analyse).
L’une des exigences de la HAS concernant la certification des LAP est de favoriser la
conciliation des traitements à l’entrée et à la sortie d’hospitalisation grâce à la mise en
place d’un module de gestion de l’historique médicamenteux. Ainsi, des modules de
conciliation médicamenteuse seront bientôt disponibles au sein des LAP. Dans le cas de
notre logiciel HEO®, ce module sera disponible dans une prochaine version du logiciel
métier. Le traitement courant du patient c'est-à-dire le BMO pourra être renseigné
directement dans le module sans pour autant être une prescription. Une étape de
conciliation dans HEO permettra au prescripteur d’avoir accès à cet historique
médicamenteux complet, d’évaluer les informations fournies et de réévaluer la
prescription à l’entrée. Les équivalences disponibles au livret thérapeutique seront
directement proposées au prescripteur. Une traçabilité de cette conciliation sera ainsi
réalisée au sein du dossier patient. La même fonctionnalité sera également disponible
pour la conciliation de sortie.
108
CONCLUSION
Ainsi, notre étude avait pour objectif d’évaluer à la fois l’impact clinique mais également
économique des activités de conciliation médicamenteuse à l’admission et d’analyse
pharmaceutique mises en place depuis quelques années au sein du service de Médecine
Interne Gériatrie Thérapeutique.
Concernant la conciliation médicamenteuse, 196 patients ont été inclus sur un an. Nous
avons détecté 94 divergences non intentionnelles soit 0,48 divergences par patient. Les
types de DNI les plus fréquents étaient des omissions ou des modifications de posologie.
Selon l’avis du pharmacien ou du médecin, l’impact clinique potentiel des DNI était
susceptible d’entrainer des dommages patients, temporaires ou définitifs, dans 43 à 72%
des cas.
Sur cette même période d’étude, 831 patients ont bénéficié d’au moins une analyse
pharmaceutique, avec environ 2,1 analyses par patient, au cours de leur séjour. Nous
avons réalisé 184 interventions pharmaceutiques soit une intervention toutes les 9,7
prescriptions analysées. Les types de problèmes thérapeutiques les plus détectés étaient
des surdosages ou des interactions médicamenteuses. Les interventions
pharmaceutiques étaient principalement des adaptations posologiques, des arrêts de
traitement et des suivis thérapeutiques. L’intervention du pharmacien a été jugée
pertinente et acceptée dans 79% des cas. Les évaluations indépendantes du médecin et
du pharmacien montraient un impact clinique potentiel très significatif, voir vital, des
problèmes détectés dans 23 à 43% des cas.
D’un point de vue économique, si les coûts directs médicamenteux évités semblent
faibles au sein de notre étude, l’impact des activités de pharmacie clinique sur les coûts
109
indirects économisés en termes de prolongation d’hospitalisation, d’examens
complémentaires et traitements supplémentaires est non négligeable. Bien que cette
analyse ne soit qu’une extrapolation, les économies potentiellement générées par ces
activités pharmaceutiques seraient estimées entre 0,5 et 2 millions d’euros par an à
l’échelle de l’établissement.
Ainsi, depuis quelques années, le rôle du pharmacien clinicien a fortement évolué. Fin
jongleur entre une démarche pharmaceutique centrée sur le patient et un contexte
économique incitant à la réalisation d’économies sur les produits de santé, il doit
réévaluer régulièrement ses pratiques et leurs impacts cliniques et économiques, dans un
but d’efficience. Ce travail s’inscrit dans cette démarche. Nos résultats corroborent les
données de la littérature préexistantes sur l’utilité des activités de pharmacie clinique et
d’une présence pharmaceutique tant d’un point de vue clinique qu’économique.
110
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117
ANNEXES
118
Annexe 2 Tableau d’aide à la codification des problèmes détectés par l’analyse
pharmaceutique, élaboré par la SFPC
119
Annexe 3 Tableau d’aide à la codification des propositions d’interventions
pharmaceutiques, élaboré par la SFPC
120
Annexe 4 Fiche de conciliation médicamenteuse
121
Annexe 5 Liste des motifs de divergences intentionnelles
122
Classe ATC Niveau 1 Nombre de DNI %
Antinéoplasiques et 2 2,2%
immunomodulateurs
Analgésiques 1 1,1%
Antiparkinsoniens 1 1,1%
Psycholeptiques 1 1,1%
Médicaments 1 1,1%
dermatologiques
123
Classes ATC de Niveau 2 Nombre de d’IP acceptées (%)
Anti infectieux généraux à usage systémique 31 12,5%
Antibactériens à usage systémique 29 11,7%
Antimycobactériens 1 0,4%
Antimycosique à usage systémique 1 0,4%
Divers 4 1,6%
Allergènes 2 0,8%
Tous autres médicaments 2 0,8%
Hormones systémiques, hormones sexuelles exclues 4 1,6%
Corticoïdes à usage systémique 3 1,2%
Médicaments de la thyroïde 1 0,4%
Médicaments dermatologiques 3 1,2%
Antifongiques à usage dermatologique 3 1,2%
Muscle et squelette 11 4,4%
Antigoutteux 10 4,0%
Myorelaxants 1 0,4%
Organes sensoriels 2 0,8%
Médicaments ophtalmologiques 2 0,8%
Sang et Organes hématopoïétiques 59 23,8%
Antihémorragiques 1 0,4%
Antithrombotiques 52 21,0%
Préparations antianémiques 2 0,8%
Substituts du sang et solutions de perfusion 4 1,6%
Système cardiovasculaire 50 20,2%
Bétabloquants 6 2,4%
Diurétiques 5 2,0%
Hypolipidémiants 5 2,0%
Inhibiteurs calciques 6 2,4%
Médicaments agissant sur le système rénine angiotensine 18 7,3%
Médicaments en cardiologie 10 4,0%
Système génito urinaire et hormones sexuelles 3 1,2%
Anti infectieux et antiseptiques à usage gynécologique 1 0,4%
Médicaments urologiques 2 0,8%
Système nerveux 46 18,6%
Analgésiques 8 3,2%
Antiépileptiques 9 3,6%
Antiparkinsoniens 1 0,4%
Psychoanaleptiques 10 4,0%
Psycholeptiques 18 7,3%
124
Classes ATC de Niveau 2 Nombre d’IP acceptées (%)
Système respiratoire 3 1,2%
Antihistaminiques à usage systémique 2 0,8%
Médicaments pour le syndrome obstructif des voies aériennes 1 0,4%
Voies digestives et métabolisme 32 12,9%
Antidiarréhique, Anti inflammatoire et anti infectieux à usage
systémique 1 0,4%
Médicaments contre les désordres fonctionnels gastro- intestinaux 2 0,8%
Médicaments de la constipation 2 0,8%
Médicaments du diabète 9 3,6%
Préparations stomatologiques 1 0,4%
Suppléments minéraux 16 6,5%
Vitamines 1 0,4%
Annexe 8 Interventions pharmaceutiques selon les classes ATC niveau 1 et 2 (2/2)
125
Moyenne de
l’économie
Economies générée par IP
générées sur acceptée sur
Nombre les coûts les coûts
d’IP médicamenteux médicamenteux
Classes ATC de Niveau 1 et 2 acceptées (%) directs directs
Anti infectieux généraux à usage
systémique 23 15,75% 364,13 € 15,83 €
Antibactériens à usage
systémique 21 14,38% 364,13 € 17,34 €
Antimycosique à usage
systémique 1 0,68% - € - €
Antimycobactériens 1 0,68% - € - €
Divers 4 2,74% 9,78 € 2,45 €
Tous autres médicaments 2 1,37% 8,58 € 4,29 €
Allergènes 2 1,37% 1,20 € 0,60 €
Hormones systémiques,
hormones sexuelles exclues 1 0,68% 0,16 € 0,16 €
Médicaments de la thyroïde 1 0,68% 0,16 € 0,16 €
Muscle et squelette 11 7,53% 11,91 € 1,08 €
Antigoutteux 10 6,85% 11,91 € 1,19 €
Myorelaxants 1 0,68% - € - €
Organes sensoriels 1 0,68% 4,41 € 4,41 €
Médicaments ophtalmologiques 1 0,68% 4,41 € 4,41 €
Sang et Organes
hématopoïétiques 25 17,12% 403,49 € 16,14 €
Antithrombotiques 20
13,70% 41,81 € 2,09 €
Substituts du sang et solutions de
perfusion 3
2,05% 359,65 € 119,88 €
Antihémorragiques 1 0,68% 0,85 € 0,85 €
Préparations antianémiques 1 0,68% 2,88 € 2,88 €
Système cardiovasculaire 31 21,23% 39,03 € 1,26 €
Médicaments agissant sur le
système rénine angiotensine 11 7,53% 16,94 € 1,54 €
Médicaments en cardiologie 8 5,48% 9,50 € 1,19 €
Diurétiques 4 2,74% 1,45 € 0,36 €
Hypolipidémiants 4 2,74% 2,92 € 0,73 €
Inhibiteurs calciques 3 2,05% 8,22 € 2,74 €
Bétabloquants 1 0,68% - € - €
Annexe 9 Economies générées sur les coûts médicamenteux directs selon la classification
ATC de niveau 1 et 2 (1/2)
126
Moyenne de
l’économie
Economies générée par IP
générées sur acceptée sur
les coûts les coûts
Nombre d’IP médicamenteux médicamenteux
Classes ATC de Niveau 1 et 2 acceptées (%) directs directs
Système génito urinaire et
hormones sexuelles 3 2,05% 5,60 € 1,87 €
Médicaments urologiques 2 1,37% 0,04 € 0,02 €
Antiinfectieux et antiseptiques
à usage gynécologique 1 0,68% 5,57 € 5,57 €
Système nerveux 25 17,12% 4,95 € 0,20 €
Psycholeptiques 8 5,48% 0,74 € 0,09 €
Psychoanaleptiques 6 4,11% 0,84 € 0,14 €
Analgésiques 6 4,11% 1,75 € 0,29 €
Antiépileptiques 5 3,42% 1,62 € 0,32 €
Système respiratoire 1 0,68% 1,02 € 1,02 €
Antihistaminiques à usage
systémique 1 0,68% 1,02 € 1,02 €
Voies digestives et
métabolisme 21 14,38% 12,91 € 0,61 €
Suppléments minéraux 11 7,53% 11,60 € 1,05 €
Médicaments du diabète 4 2,74% 0,48 € 0,12 €
Médicaments de la
constipation 2 1,37% 1,83 € 0,92 €
Médicaments contre les
désordres fonctionnels gastro
intestinaux 2 1,37% - € - €
Vitamines 1 0,68% 22,20 € 22,20 €
Préparations stomatologiques 1 0,68% - € - €
Annexe 10 Economies générées sur les coûts médicamenteux directs selon la classification
ATC de niveau 1 et 2 (2/2)
127
Moyenne de
l’économie générée
par IP acceptée sur
Economies générées les coûts
Nombre d’IP sur les coûts médicamenteux
Classes ATC Niveau 3 acceptées médicaments directs directs
Additifs pour 3 359,65€ 119,88€
solution
intraveineuse
Antiarythmiques 2 13,19€ 6,60€
classe I et III
Antithrombotiques 20 41,81€ 2,09€
Autres 4 241,98€ 60,50€
antibactériens
Autres préparations 1 22,20€ 22,20€
vitaminiques non
associées
Autres 1 8,64€ 8,64€
médicaments
agissant sur le
système rénine
angiotensine
Macrolides, 2 85,32€ 42,66€
lincosamides,
streptogramines
Médicaments 10 11,91€ 1,91€
antigoutteux
Quinolones 6 64,82€ 10,80€
antibactériennes
Tous autres 2 8,58€ 4,29€
médicaments
Annexe 11 Classes thérapeutiques les plus concernées par les économies générées sur les
coûts médicamenteux directs selon la classification ATC de niveau 3
128
SERMENT DE GALIEN
Je jure d’honorer ceux qui m’ont instruit dans les préceptes de mon art et de leur
témoigner ma reconnaissance en restant fidèle à leur enseignement.
D’exercer dans l’intérêt de la Santé publique ma profession avec conscience et de
respecter non seulement la législation en vigueur mais aussi les règles de l’Honneur, de
la Probité et du Désintéressement.
De ne jamais oublier ma responsabilité et mes devoirs envers le malade et sa
dignité humaine.
De ne dévoiler à personne les secrets qui m’auraient été confiés ou dont j’aurais
eu connaissance dans l’exercice de ma Profession.
En aucun cas, je ne consentirai à utiliser mes connaissances et mon état pour
corrompre les mœurs et favoriser les actes criminels.
Que les hommes m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses.
Que je sois méprisé de mes Confrères si je manque à mes engagements.
129
Nom – Prénom de l’étudiant : ..........................................................................
Mention : .............................................................................................................
130