Proba-Variables Aléatoires Réelles À Densité
Proba-Variables Aléatoires Réelles À Densité
Proba-Variables Aléatoires Réelles À Densité
Introduction
Nous avons vu dans la leçon « Variables aléatoires discrètes » que des variables aléatoires peuvent
prendre leur valeur dans un sous-ensemble des nombres entiers. On va essayer de généraliser en
élargissant l’ensemble des valeurs de départ d’une variable aléatoire à un intervalle de R.
Exemple 4.1 On tire au hasard un point a sur le segment [0 , 1] et on note X = a. On a alors
X(Ω) = [0 , 1].
1. Calculer P ({X = 0,5}).
2. Calculer la probabilité que X appartienne au segment [0 , 12 ].
Exemple 4.4 Soit f une fonction constante sur l’intervalle [0 , 1]. On cherche la valeur de cette
constante pour que f soit une densité. On note γ cette constante :
Z 1
γ dt = 1 ⇔ γ = 1.
0
Plus généralement, si f est une fonction continue sur l’intervalle [a , b], on montre que f (t) = γ =
1
b−a .
10 Leçon no 6 • Variables aléatoires réelles à densité
Définition 4.5 — Loi de probabilité.Soit I un intervalle et f une densité de probabilité sur I. L’appli-
cation P qui, à tout sous-intervalle [a , b] de I associe la quantité :
Z b
P ([a , b]) = f (t) dt
a
Exemples 4.7 1. Si f est constante sur [a , b], on dit que P est la loi uniforme.
2. Si f est de la forme f (t) = λe−λt sur R avec λ > 0, on dit que P est la loi exponentielle de
paramètre λ. On a tout de même besoin d’une justification. Soit λ > 0 un réel. On montre que
f (t) = λe−λt définie sur R est une densité de probabilité sur R+ . On calcule :
Z x Z x " #x
e−λt
f (t) dt = −λt
λe dt = λ − = 1 − e−λx .
0 0 λ 0
Or, on a :
lim (1 − e−λx ) = 1.
x→+∞
Rx
La limite en +∞ de 0 f (t) dt existe bien et on a :
Z
f (t) dt = 1.
R+
Exemples 4.9 1. On peut maintenant répondre aux questions de l’exemple introductif. X suit
une loi uniforme sur l’intervalle [0 , 1]. Donc :
(a) Z 0,5
P (X = 0,5) = 1 dt = 0.
0,5
(b) Z 0,5
P (X ∈ [0 , 0,5]) = P (0 ≤ X ≤ 0,5) = 1 dt = 0,5.
0
Dans le cas général, supposons que X suivent la loi uniforme sur [a , b]. Alors :
Z β
1 β−α
P (α ≤ X ≤ β) = dt = .
α b−a b−a
On note L([a , b]) la longueur de l’intervalle de [a , b]. Si X suit une loi uniforme sur un
intervalle I, alors la probabilité d’un sous-intervalle J est donné par la formule :
L(J)
P (X ∈ J) = .
L(I)
2. Si X suit la loi exponentielle de paramètre λ > 0, alors
Z x
P (0 ≤ X ≤ x) = λe−λt dt = 1 − e−λt
0
et par complémentarité :
P (X ≥ x) = 1 − P (0 ≤ X ≤ x) = e−λx .
Définition 4.10 — Fonction de répartition. Soit X une variable aléatoire, à valeurs dans un intervalle
I de la forme [a , b] (ou de la forme [a , +∞[) qui suit une loi de probabilité P . On appelle fonction
de répartition de X, la fonction F définie pour tout réel x de I par :
F (x) = P (X ≤ x).
4. P (X > x) = 1 − F (x)
5. P (α < X ≤ β) = F (β) − F (α).
Exemple 4.12 Si X suit la loi exponentielle de paramètre λ, on a :
F (x) = 1 − e−λt .
12 Leçon no 6 • Variables aléatoires réelles à densité
2. Soit X suit une loi exponentielle de paramètre λ > 0 sur R+ . On calcule l’intégrale suivante :
Z x Z x
tλe−λt dt = λ te−λt dt.
0 0
On pose :
u(t) = t et v 0 (t) = e−λt ,
ainsi
e−λt
u0 (t) = 1 et v(t) = − .
λ
Une intégration par parties donne :
Z x Z x
h ix 1 h −λt ix −λxe−λx − e−λx + 1
λ te−λt dt = −te−λt + e−λt dt = −xe−λx − e = .
0 0 0 λ 0 λ
Puis, on étudie la limite lorsque x tend vers +∞. On sait que :
lim −xe−λx = 0
x→+∞
lim e−λx = 0
x→+∞
donc E(X) = λ1 .
Conséquence 4.16
Z b
1 2
P (a ≤ X ≤ b) = √ e−1/2[(x−m)/σ] dx.
σ 2π a
O 1
Dv
• Preuve En effet :
Z −x Z −x
Π(−x) = P (X ≤ −x) = f (t) dt = f (−t) dt
−∞ − inf
Z +∞
= f (t) dt
x
Exemples 4.19 1. Π(1) = P (X ≤ 1) correspond donc à l’aire sous la courbe délimité à droite
par la droite d’équation x = 1.
2. Π(−1) = P (X ≤ −1) = 1 − Π( 1) correspond à l’aire sous la courbe délimité à gauche par
la droite d’équation x = 1.
O 1
Dv
• Preuve
X −m
P (a ≤ Y ≤ b) = P a≤ ≤b
σ
Z bσ+m
1 2
= P (Aσ + m ≤ X ≤ bσ + m) = √ e−1/2[(x−m)/σ] dx
aσ+m σ 2π
Exemple 4.21La variable aléatoire X suit une loi normale de paramètres m = 2, 09 et σ = 0, 13,
autrement dit X ∼ N(2.09, 0.13).
On va se ramener à une loi normale centrée réduit en posant : T = X−mσ et donc T ∼ N(0, 1).
On demande de calculer P (X ≤ 2, 35) et P (1, 895 ≤ X ≤ 2, 285).
—
X − 2, 09
P (X ≤ 2, 35) = P ≤ 2 = P (T ≤ 2) = 0, 9772.
0, 13
6.5 Exemples de variables aléatoires à densité 15
Espérance et variance
Propriété 4.22 Si X ∼ N(m, σ) alors E(X) = m et Var(X) = σ 2 .
Dv
• Preuve — Z +∞
1 2
E(X) = x √ e−1/2[(x−m)/σ] dx.
−∞ σ 2π
On considère la variable aléatoire Y = X−m
σ alors Y ∼ N(0, 1). On a : X = σY + m donc :
(
E(X) = σE(Y ) + m
Var(X) = σ 2 Var(Y )
( (
E(Y ) = 0 E(X) = m
donc si alors .
Var(Y ) = 1 Var(X) = σ 2
— Z +∞
y 2
E(Y ) = √ e−y /2 dy = 0 car f est une fonction paire.
−∞ 2π
—
Var(Y ) = E(Y 2 ) − (E(Y ))2 = E(Y 2 ).
Il faut donc calculer : Z +∞
2 y2 2
E(Y ) = √ e−y 2 dy.
−∞ σ 2π
Pour cela, on va faire une IPP en considérant l’intégrale suivante :
Z a
1 2
soit a > 0, I(a) = √ e−y /2 dy
−a 2π
avec : ( 2 2
u(y) = e−y 2, u0 (x) = −ye−y /2
a Z a
y 2 1 2
I(a) = √ e−y /2 +√ y 2 e−y 2 dy
2π −a 2π −a
Z a
2a −a2 /2 y 2 −y2 /2
=√ e + √ e dy.
2π −a 2π
16 Leçon no 6 • Variables aléatoires réelles à densité
a+b (b − a)2
E(X) = et Var(X) = .
2 12
4.6 Applications
4.6.1 Loi de durée de vie sans vieillissement
18 Leçon no 6 • Variables aléatoires réelles à densité
Définition 4.26 Soit T une variable aléatoire correspondant à la durée de vie d’un individu ou d’un
objet. On dit que T suit la loi de durée de vie sans vieillissement lorsque la probabilité que l’individu
(ou l’objet) soit vivant (ou fonctionne) à l’instant t + h sachant qu’il est vivant (ou qu’il fonctionne)
à l’instant t ne dépend pas de son âge :
Proposition 4.27 Une variable aléatoire T suit la loi de durée sans vieillissement si et seulement si
elle suit une loi exponentielle.
Dv
• Preuve — Démonstration de la proposition 4.27. (⇐) On suppose que T suive une loi ex-
ponentielle de paramètre λ ∈ R+ . Par définition d’une probabilité conditionnelle, on a :
P ((T ≥ t + h) ∩ (T ≥ t))
P(T ≥t) (T ≥ t + h) = .
P (T ≥ t)
Par ailleurs :
P (T ≥ t) = e−λt ,
d’où :
e−λ(t+h)
P(T ≥t) (T ≥ t + h) = = e−λh = P (T ≥ h).
e−λt
(⇒) Réciproquement, soit T une variable aléatoire suivant une loi de durée de vie sans vieillissement.
Alors, pour tout réel t de R+ et tout réel h de R+ :
autrement dit, ϕ vaut 1 en 0 et transforme les sommes en produits. Il existe donc un réel a (voir la
leçon « Équations différentielles ») tel que
ϕ(t) = eat .
ϕ(t) ≤ 1 ⇔ eat ≤ 1 ⇔ at ≤ 0 ⇔ a ≤ 0.
ϕ(t) = 1 ⇔ P (T ≥ t) = 1
Ce qui signifierait que notre individu est éternel, hypothèse que l’on peut rejeter. Donc, on a bien
λ ∈ R∗+ . D’où, pour tout t ∈ R+ :
et en dérivant, on obtient :
.
.
.
22 BIBLIOGRAPHIE