Poly Geriatrie
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POLYCOPIE NATIONAL
Sommaire
Le vieillissement humain
1 Définitions..................................................................................................................................... 1
* Conclusion ...................................................................................................................................8
OBJECTIFS
ENC :
● Exposer les principes de la prévention des maladies et des troubles dont l'incidence
augmente avec l'âge
SPECIFIQUE :
● 1.3 Définir et expliquer les notions d'espérance de vie, d'espérance de vie sans
incapacité (cf. 2.1 et 2.5) et de longévité maximale.
● 1.9 Expliciter en les illustrant les notions de vieillissement différentiel entre organes,
entre individus, entre espèces.
● 1.11 En donnant des exemples, définir le sujet âgé "en forme" (cf. 2.11).
INTRODUCTION
Les médecins sont amenés à soigner des personnes âgées qu’ils soient généralistesou
spécialistes, au cabinet ou à l’hôpital.
Une bonne connaissance du vieillissement normal est indispensable afin de distinguer les
effets du vieillissement de ceux des maladies. En effet, attribuer à tort certains symptômes
aux effets du vieillissement conduit à méconnaître des problèmes de santé et à négliger
leur prise en charge et leur traitement.
I DÉFINITIONS
● Le vieillissement correspond à l’ensemble des processus physiologiques
et plus. Une définition sociale utilise l’âge de cessation d’activité professionnelle, ce qui
revient à entrer dans la vieillesse à 55 - 60 ans ! Pour le calcul des taux d’équipements et
de services destinés aux personnes âgées, l’âge de 75 ans est pertinent. Enfin
l’âge moyen constaté dans les institutions gériatriques est d’environ 85 ans. La
perception de sa vieillesse ou de celle des autres est très variable et personnelle.
pour cette espèce. Elle varie fortement d'une espèce à l'autre, allant d’un mois chez la
mouche drosophile, à 3,5 ans chez le rat et jusqu’à 300 ans chez les tortues. Dans
l’espèce humaine, le re c o rd de longévité est de 122 ans (Jeanne Calment).
● L'espérance de vie est le nombre moyen d'années de vie des personnes d'une
classe d'âge donnée.
âgées malades comme la pédiatrie prend en charge les enfants malades. Il ne s’agit
pas actuellement d’une spécialité d’exercice. Elle est moins définie par le fait de soigner
des personnes âgées que par la façon dont on le fait.
● L’âgisme est la discrimination négative vis à vis des vieux et/ou de la vieillesse.
Le vieillissement des organes et de leurs fonctions peut être étudié de différentes façons. La
recherche peut être conduite sur différents modèles : «vieillissement in vitro» de cellules en
culture, étude in vitro de cellules provenant d'organismes jeunes et âgés, études in vivo
d'animaux d’expérience, jeunes et âgés (vers, drosophiles, souris, rats, lapins, singes, ... ), et
études chez l'homme. L'étude du vieillissement concerne quasiment tous les domaines de
la biologie et de la physiologie. Les recherches étudiant les effets du vieillissement chez
l'homme sont construites selon certains grands types méthodologiques :
● les études transversales, qui comparent des individus de classes d’âge différentes.
Elles sont plus faciles à réaliser, mais mesurent, en plus des effets du vieillissement,
d'autres effets (différences entre générations, effets de sélection, différences
entre groupes d'âge, ... ).
Ces deux types d'enquête imposent de sélectionner avec soin les personnes étudiées en
écartant les malades. L'existence assez fréquente de maladies méconnues car pauci ou
asymptomatiques chez les personnes âgées posent en pratique un problème difficile qui
peut affecter la qualité des résultats.
Par ailleurs, certaines maladies rares (syndrome de Werner, progéria , trisomie 21...) sont
responsables d'un vieillissement prématuré et d'un raccourcissement de l’espérance de vie.
Ces maladies peuvent servir de modèle d’étude du vieillissement.
Il faut souligner que cette réduction fonctionnelle liée au vieillissement est très variable
d'un organe à l'autre (vieillissement différentiel inter-organe).
De plus, à âge égal, l'altération d'une fonction donnée varie fortement d'un individu âgé à
l'autre (vieillissement inter-individuel). La population âgée est ainsi caractérisée par une
grande hétérogénéité. En effet, les conséquences du vieillissement peuvent être très
importantes chez certains sujets âgés et être minimes voire absentes chez d'autres individus
du même âge (vieillissement réussi, vieillissement usuel, vieillissement avec maladies. cf
chapitre 2).
Les besoins alimentaires (qualitatifs et quantitatifs) des personnes âgées sont sensiblement
identiques à ceux d'adultes plus jeunes ayant le même niveau d'activité physique.
Le métabolisme des glucides est modifié au cours de l'avance en âge. La tolérance à une
charge en glucose est réduite chez les personnes âgées indemnes de diabète sucré ou
d'obésité, témoignant d'un certain degré de résistance à l'insuline.
Les fonctions motrices et sensitives centrales sont peu modifiées par le vieillissement.
En revanche, le vieillissement du système nerveux central se traduit par une
augmentation des temps de réaction et par une réduction modérée des performances
mnésiques concernant notamment l'acquisition d'informations nouvelles. Cette réduc-
tion, objectivée au moyen de certains tests, n'est pas à même d'expliquer les troubles de la
mémoire ayant un retentissement sur la vie quotidienne.
Le débit cardiaque au repos est stable et peu diminué à l’effort avec l’avance en âge.
Toutefois, le vieillissement cardiaque s’accompagne de modifications anatomiques :
augmentation de la masse cardiaque et de l’épaisseur pariétale du ventricule gauche à
l’origine du moins bon remplissage ventriculaire par défaut de la relaxation ventriculaire.
Cette altération de la fonction diastolique est habituellement compensée par la
contraction des oreillettes (contribution de la systole auriculaire) et la préservation de la
fonction systolique ventriculaire qui contribuent au maintien du débit cardiaque.
Par ailleurs, le temps de transit intestinal est ralenti chez le sujet âgé par diminution du
péristaltisme (cf. glossaire) . La fonction pancréatique exocrine n’est que modérément altérée.
Le vieillissement cutané intrinsèque est caractérisé par une altération du tissu élastique, un
épaississement fibreux du derme, un aplanissement de la jonction dermo épidermique et
une diminution du nombre de mélanocytes. Ces modifications sont plus prononcées sur les
zones découvertes exposées aux rayonnements Ultra-violet (vieillissement extrinsèque,
actinique ou héliodermie). La peau du sujet âgé prend un aspect plus pâle, marquée par des
rides et des ridules.
La vitesse de croissance des cheveux et des ongles diminue avec l’âge. La réduction du
nombre de mélanocytes contribue au grisonnement des cheveux.
La réponse immunitaire humorale est globalement préservée chez les personnes âgées.
conférée par la vaccination n’est pas altérée chez les personnes âgées en bonne santé, même
si les taux d’anticorps produits sont inférieurs à ceux observés chez des sujets plus jeunes
Certaines maladies ou syndromes dont la fréquence augmente avec l’âge ont longtemps été
confondus avec l’expression du vieillissement.
Il en est ainsi :
En fait, on sait aujourd’hui que ces troubles sont en rapport avec des processus
pathologiques, certes très fréquents chez les personnes âgées, mais non obligatoires. A ce
titre, l’étude des centenaires qui illustrent le vieillissement extrême est particulièrement
intéressante. Ainsi, le fait que certains centenaires soient indemnes de maladie d’Alzheimer
ou d’insuffisance cardiaque, indique que ces troubles ne sont pas l’expression du
vieillissement.
L'augmentation de la fréquence de certaines maladies chez les sujets âgés peut s’expliquer
de plusieurs façons.
En second lieu, les modifications induites par le vieillissement peuvent dans certains cas
faciliter la survenue de maladies. Par exemple, l’altération de la fonction diastolique et
l’augmentation de charge des oreillettes, rendent ces dernières plus vulnérables à un
facteur pathologique responsable d’hyperexcitabilité et peuvent faciliter la survenue
d’un trouble du rythme auriculaire.
En dernier lieu, les progrès de la prise en c harrge de certaines maladies chez les adultes
d’âge moyen contribuent à allonger l’espérance de vie de ces patients et à augmenter la
prévalence de certaines maladies. Par exemple, la diminution de la mortalité résultant
Dans certains cas et en l’état actuel de nos connaissances, il peut exister un continuum entre
certains effets du vieillissement et certaines pathologies. Par exemple, l’ostéopénie qui
résulte du vieillissement peut favoriser les tassements vertébraux ou les fractures par
insuffisance osseuse, même en l’absence de traumatisme.
Plusieurs travaux ont mis en évidence des relations étroites entre certains facteurs
génétiques et le vieillissement. La manipulation de certains gènes a pu allonger la longévité
chez le nématode (cf. glossaire) Caenorabditis elegans et chez Drosophilia. Chez l’homme, les
études menées chez les jumeaux ont montré que la durée de vie semble fortement liée à des
facteurs génétiques. Chez les centenaires, certains génotypes sont retrouvés en moyenne
plus fréquemment que chez des sujets plus jeunes, indiquant qu’un terrain génétique
particulier est associé à une plus grande longévité. Enfin, l’origine génétique des
syndromes de vieillissement prématuré met en relief le rôle des facteurs héréditaires dans le
contrôle du vieillissement.
• les cellules renouvelables n’ont pas un capital de renouvellement illimité. Les travaux
de Hayflick ont montré qu’il existe un capital de divisions pour plusieurs lignées cellulaires.
Il est proportionnel à la longévité de l’espèce et connaît des écarts entre les individus
d’une même espèce. A chaque cycle de division cellulaire, l’extrémité des
c h romosomes (télomère) perd un fragment de DNA. Après plusieurs divisions, la
fonction du télomère, qui contribue à maintenir la stabilité du DNA du chromosome, est
altérée, ce qui pourrait être le substratum de «l’horloge biologique».
Les radicaux libres, espèces très réactives produites au cours du métabolisme de l’oxygène,
exercent un stress oxydatif prononcé capable d’altérer le DNA et les acides gras de la
membrane cellulaire. L’ organisme se protège contre ces radicaux par plusieurs systèmes :
les superoxyde dismutases, les catalases, la glutathion peroxydase séléno-dépendante et
les vitamines anti-oxydantes (A, E, C). Au cours du vieillissement, cet équilibre est altéré
avec d’une part une production de radicaux libres augmentée au sein des mitochondries
et d’autre part des systèmes de protection moins efficaces.
L’importance de ce mécanisme dans le vieillissement a été soulignée par l’induction
expérimentale d’une surexpression du gène de la superoxyde dismutase et de la catalase
chez la drosophile qui s’est traduite par une augmentation de leur longévité.
Un autre système de protection de l’organisme, les heat shock protéines (Heat Shock
Protéines ), est altéré au cours du vieillissement. Les HSP représentent une famille de
protéines produites en réponse aux agressions, au choc thermique, aux traumatismes ou
aux glucocorticoïdes.
Ces protéines rendent les cellules plus résistantes à une nouvelle agression et stimulent les
systèmes de réparation et le catabolisme des macromolécules endommagées. Au cours du
vieillissement, la sécrétion de ces protéines est diminuée et leurs effets cellulaires sont
réduits en raison d’un défaut de transduction du signal intra-cellulaire.
end products). Les protéines de la matrice extracellulaire, dont la durée de vie dans
l’organisme est très longue, sont très touchées par la glycation. La glycation modifie les
propriétés de ces protéines, les rendant plus résistantes à la protéolyse et empêchant leur
renouvellement. De plus, les AGE induisent la formation de pontages moléculaire sentre
les fibres de collagène, le rendant plus rigide et moins soluble. Enfin, les AGE pourraient
avoir d’autres actions en se liant à des récepteurs spécifiques présents sur les macrophages,
les cellules endothéliales et mésangiales, en induisant la sécrétion de cytokines pro-
inflammatoires ou de facteurs de croissance. La glycation des protéines peut aussi se
produire à partir du pentose, conduisant à la formation de pentosidine.
L’importance de la glycation des protéines a été soulignée par l’effet de médicaments qui
inhibent la glycation, se traduisant par un ralentissement du vieillissement de certaines
fonctions chez des animaux d’expérience. Au cours du diabète sucré, il se produit aussi
une glycation exagérée des protéines, liée à l’élévation de la glycémie (l’hémoglobine
glyquée est un marqueur bien connu de l’équilibre glycémique). Aussi, le diabète est
considéré par certains aspects comme un modèle de vieillissement accéléré, et il existe de
nombreuses analogies entre les effets du diabète et ceux du vieillissement.
● La restriction diététique
Plusieurs travaux ont montré que la restriction calorique allongeait la durée de vie
d’animaux d’expérience (nématodes, insectes, rongeurs). La ration calorique restreinte
doit être inférieure à 70% de la ration ingérée spontanément et doit être débutée tôt dans la
vie, juste après la maturation sexuelle. Certaines maladies, comme les cancers et
les infections, sont moins fréquentes chez les animaux soumis à la restriction diététique, et
certains organes ou fonctions semblent avoir un vieillissement ralenti. La restriction
calorique pourrait agir en ralentissant la glycation des protéines ou en améliorant la
protection de l’organisme contre les radicaux libres, le stress ou l’infection. Chez
l’homme adulte, le respect d’un poids «idéal» est un facteur de longévité sachant que,
chez le sujet âgé, la restriction calorique est au contraire néfaste.
● L’activité physique
L’activité physique a des effets qui s’opposent à ceux du vieillissement. Une activité
physique régulière ralentit la diminution de la masse musculaire liée à l’avancée en âge.
Parallèlement, l’activité physique limite l’augmentation de la masse grasse et les problèmes
métaboliques associés comme l’intolérance au glucose par insulinorésistance. Les fonctions
cardio-vasculaire et respiratoire sont aussi mieux préservées chez les sujets âgés qui ont une
activité physique régulière. Même débutée à un âge avancé, l’activité physique peut avoir
des effets positifs sur la santé, notamment en réduisant le risque de maladie cardio-
vasculaire et en prévenant le risque de chute.
● L’inhibition de la glycation
L’inhibition de la glycation des protéines est une voie de recherche intéressante pour
s’opposer aux complications du diabète et aussi du vieillissement. Le traitement de
rats non diabétiques par l’aminoguanidine permet de retarder l’augmentation de la rigidité
artérielle et de ralentir l’hypertrophie cardiaque qui se produisent au cours du
vieillissement.
Le transfert de gènes codant pour des facteurs de croissance du système nerveux (nerve
growth factor notamment) a permis chez le rat de limiter certains déficits cognitifs liés au
vieillissement voire de les faire régresser.
Pour vieillir «en forme», il est donc important de préserver et renforcer cet équilibre d’une
part et ne pas abandonner les activités qui mettent en jeu les capacités d’adaptation de
l’organisme ...
en prenant en charge précocement les maladies ou les troubles qui sont susceptibles
d’entraîner des désordres en cascades des autres fonctions de l’organisme( t roubles
de la marche, état dépressif , altération de l’état nutritionnel, …).
CONCLUSION
Si les mécanismes à l’origine du vieillissement restent encore mal connus, il est important
que chaque médecin connaisse avec précision les principaux effets du vieillissement sur
l’organisme humain.
Cette connaissance est indispensable pour mieux soigner les sujets âgés, pour mieux
comprendre les symptômes dont ils peuvent souffrir et leurs origines, pour mieux
connaître l’expression et l’évolution parti- culières de certaines maladies sur ce terrain.
Cette connaissance aide dans de nombreux cas à choisir les approches thérapeutiques les
plus adaptées. Enfin, il est important de bien connaître le processus du vieillissement pour
donner aux sujets de tous âges des conseils de prévention et réussir à vieillir avec le
meilleur état de santé possible.
VIII ANNEXES
GLOSSAIRE
● apoptose : On nomme apoptose (ou mort cellulaire programmée, ou suicide
cellulaire) le processus par lequel des cellules déclenchent leur auto-destruction en
réponse à un signal. C'est une mort cellulaire physiologique, génétiquement
programmée, nécessaire à la survie des organismes pluricellulaires. Elle est en
équilibre constant avec la prolifération cellulaire. Contrairement à la nécrose, elle ne
provoque pas d'inflammation : les membranes plasmiques ne sont pas détruites, et
la cellule émet des signaux (en particulier, elle expose sur le feuillet externe de sa
membrane plasmique de la phosphatidylsérine, un phospholipide normalement
constitutif de son feuillet interne) qui permettront sa phagocytose par des globules
blancs, notamment des macrophages.
ABRÉVIATIONS
● AGE : Advanced glycation end
● DHEA : Déhydroépiandrostérone
● IL : Interleukines
● UV : Ultra-violet
Démographie, épidémiologie et
aspects socio-économiques
1 Démographie.................................................................................................................................1
1 . 2 Comparaisons internationales............................................................................................1
1 . 5 Espérance de vie.................................................................................................................. 1
2 Epidémiologie............................................................................................................................... 2
2 . 4 La variabilité intra-individuelle......................................................................................... 1
2 . 5 La variabilité inter-individuelle......................................................................................... 1
3 Aspects socio-économiques.......................................................................................................... 3
3 . 2 Aspects économiques........................................................................................................... 1
OBJECTIFS
ENC :
SPECIFIQUE :
● 2.1 Citer les chiffres clefs décrivant la situation démographique de la France de l'an
2000 : pourcentage de personnes âgées de plus de 65 ans, de plus de 80 ans,
● 2.2 Comparer chacun des chiffres précédents par rapport à la moyenne européenne
et/ ou d'autres régions du monde.
● 2.4 Commenter une pyramide des âges (écart entre sexe, accidents historiques,
degré de vieillissement).
● 2.7 Expliquer les frontières entre vieillissement et maladies liées au grand âge.
● 2.8 Citer les 3 principales causes de mortalité en France avec les pourcentages dans
la population générale, après 65 ans et après 80 ans.
● 2.9 Identifier les biais de cohorte et de sélection des études transversales dans la
description du vieillissement.
● 2.10 Décrire les difficultés et les biais de sélection des études longitudinales dans la
description du vieillissement : analyser des données contradictoires issues d'études
transversales et longitudinales.
● 2.12 Citer les particularités des essais thérapeutiques chez les sujets âgés.
INTRODUCTION
Pourquoi la gériatrie s’intéresse-t-elle aux notions de démographie, d’épidémiologie, de
sociologie et d’économie qui semblent éloignées des soins ?
Ces notions permettent de rectifier certaines idées fausses qui circulent à propos des
personnes âgées : «Le vieillissement explique l’essentiel de l’augmentation des dépenses
de santé», «Les vieux vivent pour la plupart en maison de retraite», «Je décide de l’utilité
d’une intervention chirurgicale chez un patient de soixante dix ans en fonction de son
espérance de vie à la naissance» (et non pas de l’espérance de vie à soixante dix ans, à
supposer que même l’âge soit pertinent), «Les vieux sont tous les mêmes» (alors que les
différences entre individus augmentent avec l’âge).
I DÉMOGRAPHIE
La démographie a pour objet l'étude des populations dans une approche principalement
quantitative. En France, des recensements sont effectués à moins de dix ans d'intervalle. Les
résultats du recensement de 1999 sont attendus. Les données concernant le XXIe siècle
sont issues de projections démographiques établies selon diverses hypothèses.
COMPARAISONS INTERNATIONALES
Dans l'Union Européenne, la France n'a pas la population la plus "vieillie" alors que c'était
le cas juste après la deuxième guerre mondiale. Pour la proportion de personnes âgées de
65 ans ou plus, groupe d'âge retenu pour les comparaisons internationales, la France arrive
en huitième position à égalité avec la Grèce, derrière la Suède, le Royaume Uni, le
Danemark, l'Allemagne, la Belgique, l'Italie et l'Autriche.
Hors Union Européenne, elle est aussi devancée par la Suisse et le Japon. Pour les sujets
âgés de 75 ans ou plus, la France arrive en cinquième position derrière la Suède,
l'Allemagne, le Royaume Uni et le Danemark. Pour les 85 ans ou plus, la France est au
premier rang. Des problèmes importants concernant le vieillissement vont intéresser
des régions du monde qui subissent actuellement une mutation démographique rapide
comme la Chine ou l'Amérique Latine. L'Afrique reste le continent qui, du fait de sa forte
fécondité et de problèmes affectant l'ensemble de sa population, ne connaît pas encore de
vieillissement significatif. Dans tous les pays, l'urbanisation, les modifications des
structures familiales et dans la plupart d'entre eux le développement de l'activité
professionnelle féminine entraînent des changements de la place et du rôle des personnes
âgées.
La forme de la pyramide des âges (cf. glossaire) est riche de significations. En fonction de
l'inertie des phénomènes démographiques, elle nous renseigne sur les équivalences et les
déséquilibres actuels mais aussi largement, s'agissant des personnes âgées en devenir, des
perspectives d'avenir. Il s'agit d'une représentation usuelle à prendre en considération avec
soin (figure 1).
Elle correspond au maximum de survie des individus dans des conditions idéales de vie.
Cette longévité pourrait atteindre 120 ans et la vieillesse ne commencer qu'à... 100 ans
(près de 150 000 centenaires prévus en 2050). "Une telle perspective qui suppose que
l'homme ait réussi à maîtriser les mécanismes fondamentaux du vieillissement cellulaire
n'est cependant pas envisageable dans les horizons temporels de nos projections" (Institut
national de la statistique et des études économiques , Economie et Statistique n° 274, 1994-
4).
(En savoir plus : Persee : Portail des revues en sciences humaines et sociales. Economie et statistique
[en ligne]. 1994, N°274. ) Economie et statistique.
ESPÉRANCE DE VIE
L'espérance de vie est un indicateur fondamental de santé publique, très souvent mis en
avant mais qui ne rend pas compte de l'état de santé d'une population.
● Le plus souvent, l'espérance de vie est présentée à la naissance mais les espérances
de vie à 60 ans (âge de la retraite), à 75 ans et à 85 ans (âge d'entrée en
établissement d'hébergement collectif) sont utiles à étudier.
(Source INSEE)
Tableau 3 : Evolution de l'espérance de vie à 60, 75 et 85 ans par sexe de 1950 à 2020
II EPIDÉMIOLOGIE
Si on veut, par exemple, préciser quelle est l'influence de l'âge sur la masse osseuse, la façon
la plus simple consiste à mesurer cette masse osseuse sur des échantillons
de population représentatifs des différentes tranches d'âge. L'étude peut être réalisée
pendant une période brève. Cette façon de procéder donne une indication sur la masse
osseuse dans la population au moment de l'enquête. La pente de la droite qui va relier la
masse osseuse moyenne respectivement de sujets de 20 et de 70 ans, ne peut pas être
interprétée comme représentative des effets du vieillissement osseux. Ce type d'enquête est
soumis à deux types de biais : l'effet de cohorte (cf. glossaire) et l'effet de sélection.
● Confusion âge/cohorte
La confusion âge-cohorte tient au fait que les générations se succèdent et qu’elles n’ont
pas été soumises aux mêmes âges aux même conditions de vie selon le lieu et l’époque où
elles vivent. Ainsi les personnes âgées de 70 à 80 ans ont connu des conditions de vie telles
que l’absence de prévention systématique du rachitisme (cf. glossaire) de l’enfant,
la guerre et ses privations dont on peut déduire qu’à 20 ans leur masse osseuse était
différente de celle de la génération actuelle et des jeunes de 20 ans. De même les scores aux
tests d’intelligence sont fortement influencés par le niveau d’étude qui a augmenté depuis
le début du siècle. Les résultats transversaux montrant une diminution importante des
scores avec l’âge sont des artéfacts dus à la confusion âge-cohorte. Une cohorte reflète les
environnements et les expériences de la vie; elle relie le cours de la vie à l’histoire. Les
différences observées dans les études transversales résultent à la fois d’un phénomène de
cohorte et d’un phénomène de vieillissement sans que l’on puisse apprécier avec précision
l’importance de l’un et de l’autre.
● Le biais de sélection
La population âgée est très diverse, constituée d'une part de personnes dont le
vieillissement est optimal qui sont en pleine forme physique et intellectuelle et indemnes de
toute maladie, d'autre part de sujets dont le vieillissement se situe dans la moyenne et,
enfin, de sujets plus ou moins malades et dépendants résidant éventuellement en
institution. Le recrutement d'un échantillon de population âgée en vue d'une étude risque
de sur-représenter soit, cas le plus fréquent, les plus performants soit, à l'opposé, les plus
accessibles, ceux qui résident en institution.
Les uns et les autres ne sont pas les plus représentatifs du vieillissement moyen.
En résumé, dans les enquêtes transversales, le biais de cohorte tend à faire croire que la
pente du vieillissement est plus importante qu'elle ne l'est en réalité. Le biais de sélection
risque de faire croire le contraire.
Elles réalisent un suivi de populations définies par des critères initiaux. Il existe deux types
d'études longitudinales : les études "exposés-non exposés" et les études de cohortes.
Les études "exposés-non exposés", consistent à sélectionner un groupe de sujets ayant été
exposés à un facteur de risque et un groupe de témoins, puis à surveiller l'apparition de la
maladie étudiée dans les deux groupes. Les études de cohortes se font sur échantillons
représentatifs pendant un temps donné. Elles permettent de mesurer la fréquence de
l'exposition et l'incidence des maladies, mais nécessitent un très grand nombre de sujets et
un suivi prolongé. Peu nombreuses, ces études sont, par contre, très informatives.
Au début des années soixante, on comptait en Europe sept études longitudinales initiées
par des cliniciens portant essentiellement sur des données biologiques et physiologiques.
Au début des années quatre vingt dix, on dénombre 70 études longitudinales relatives au
vieillissement dans les pays européens : 22 sont multidisciplinaires, 34 médicales, neuf
sociales, cinq psychologiques. Elles ne sont pas toutes d'égale valeur.
● Avantages
Le principal avantage des études longitudinales est d'apporter des renseignements sur les
changements intra-individuels propres à chaque individu au cours du vieillissement, ce
qu'une étude transversale ne peut pas faire.
Lorsqu'on s'intéresse à la survenue des maladies, les études longitudinales permettent une
mesure directe de l'exposition et de son évolution avant l'apparition de la maladie. On peut
faire un calcul du risque relatif propre au facteur d'exposition et ainsi faire plus facilement
le lien entre facteur de risque et facteur causal. Les différences entre les individus
augmentent avec le vieillissement. Les études longitudinales permettent de mieux identifier
la variabilité interindividuelle, croissante dans les changements intra individuels. Ces
études identifient des phénomènes liés au temps. Elles seules permettent de découvrir des
phénomènes intercurrents, tel que "l'effet dormeur" pour
lequel il s'écoule un long laps de temps entre l'exposition et l'apparition d'une maladie.
● Inconvénients
● Biais
Les biais de sélection sont parmi les plus graves. L'échantillon doit être représentatif de la
population sur une base géographique définie. Cette condition est indispensable pour que
les résultats puissent être rapportés à la population d'origine de l'échantillon ou à des
populations similaires. La seule méthode pour construire un échantillon, en limitant le
risque de biais sélectif, est un tirage au sort en proportion adéquate sur l'ensemble de la
population. Les difficultés sont d'autant plus grandes en gérontologie qu'il faut inclure des
personnes dont la mobilité est réduite, qu'elles vivent à leur domicile ou en institution. Ne
prendre en considération que des volontaires se rendant à une convocation, entraîne une
sélection des sujets motivés et en meilleure santé. Un taux élevé de refus est fréquent chez
les personnes âgées.
Les difficultés de mesure des différents facteurs d'exposition et de classement dans les
catégories de maladies constituent d'autres biais. Pour les éviter, il est nécessaire de recourir
à des définitions précises et des critères simples tenant compte du fait que ces études sont
D'autres causes d'erreurs sont liées à la durée du suivi. Les plus redoutables sont le nombre
de perdus de vue et de refus.
● L'étude PAQUID
Personnes âgées quid est une enquête épidémiologique longitudinale dont l'objectif est
d'étudier le vieillissement cérébral et fonctionnel après 65 ans, d'en distinguer les modalités
normales et pathologiques et d'identifier les sujets à hauts risques de détérioration physique
ou intellectuelle chez lesquels une action préventive serait possible.
L'enquête menée par DARTIGUES et coll. a débuté en 1988 et se poursuit depuis lors. Elle
porte sur une cohorte de 4134 personnes âgées vivant en Gironde et en Dordogne.
Le recueil des données s'effectue au domicile des personnes âgées par des enquêtrices
psychologues spécifiquement formées. Le suivi est annuel alternant visite à domicile,
enquête postale ou téléphonique. Les événements enregistrés sont le décès, l'entrée en
institution, l'évolution de l'état fonctionnel et la survenue d'une détérioration intellectuelle.
Parmi les 3675 sujets initialement non déments, 77 % ont été revus au moins une fois, 10,6 %
sont décédés avant d'être revus, 12 % ont refusé le suivi et seulement 0,2 % ont été perdus
de vue.
Dans le cadre de cette étude, il apparaît que la prévalence globale de la démence est de 4,3
% de la population de plus de 65 ans et celle de la maladie d'Alzheimer est de 3,1 %. Pour
cette dernière, elle est de 1,8 % pour les sujets vivant à domicile et de 26,3 % en institution.
Durant les cinq premières années de suivi, 190 déments incidents ont été repérés. Avant 65
ans, l'incidence est relativement stable à 3,5 % personnes- années. Après 75 ans, l'incidence
croît de façon linéaire pour atteindre 6 % personnes-années. Parmi les déments incidents,
53,1 % sont décédés au cours du suivi alors que le taux de décès pendant le suivi chez les
non déments n'était que de 26,3 %. La moyenne de survie des déments est de 2,85 ans.
En associant autonomie fonctionnelle et déficit cognitif il apparaît que, parmi les huit
activités instrumentales de la vie quotidienne (Instrumental activities of daily living de
Lawton), quatre sont très prédictives d'un risque de démence lorsqu'elles sont perturbées
: utiliser le téléphone, utiliser les moyens de transport, prendre ses médicaments, gérer son
budget. Un score additionnel en fonction du nombre de type de dépendance montre une
sensibilité à 0,94 et une spécificité à 0,71.
● L'étude EPIDOS
L'étude EPIDOS est une étude prospective et multicentrique des facteurs de risque de
fracture du col du fémur chez les femmes âgées de plus de 75 ans. Les principaux objectifs
de l'étude sont :
• d'évaluer la valeur prédictive des mesures de densité minérale osseuse, des mesures
ultrasonores et des dosages du marqueur du métabolisme osseux vis-à-vis du risque de
fractures du col du fémur.
• identifier parmi les facteurs liés aux chutes, ceux qui augmentent le risque de fracture
du col du fémur.
Les femmes ont été recrutées par courrier à partir des listes électorales dans cinq villes
françaises (Amiens, Lyon , Montpellier, Paris, Toulouse). Chaque femme a été conviée à se
rendre en examen initial dans l'un des centres. Le suivi est de trois ans, il comporte l'envoi
d'un questionnaire tous les quatre mois portant sur la survenue de chaque fracture et d'un
questionnaire plus long tous les ans. En cas de fracture, une enquête détaillée est faite sur
les circonstances de la chute. Un questionnaire identique a été administré à un échantillon
de chuteuses n'ayant pas souffert de fracture pour comparer les circonstances de chutes.
Au total 7198 femmes d'un âge moyen de 80,5 ans ont été recrutées entre janvier 1992 et
janvier 1994. Parmi elles, 90 % vivent à leur domicile et 10 % en hébergement collectif. Au
cours du suivi qui représente 18033 années femmes, 192 fractures du col du fémur et plus
de 1000 autres fractures ont été enregistrées. Le taux d'incidence de fractures du col du
fémur dans cette cohorte est de 10,5 pour 1000 années femmes.
Ces deux enquêtes visent à mesurer l'influence des conditions de vie, des conditions de
travail et du passé professionnel sur le vieillissement et la survenue d'incapacités. L'enquête
IPSIE a débuté en 1982 auprès d'un échantillon de 993 personnes (hommes et femmes) âgées
de plus de 60 ans de la région parisienne. L'enquête s'est déroulée à
domicile. On a reconstitué le passé professionnel avec ses facteurs de risque propres, les
conditions de vie, les antécédents médicaux, l'état de santé et les déficiences pour cinq
grandes fonctions (ostéo-articulaire, cardio-respiratoire, digestive, sensorielle et mentale).
Les sujets ont été réexaminés tous les cinq ans. Elle a été relayée et enrichie par l'enquête
ESTEV débutée en 1990 dans sept régions françaises sur un échantillon représentatif de
21378 salariés répartis en quatre années de naissance (1938 donc proches du départ en
retraite, 1943, 1948, 1953). Cette enquête a aussi mesuré la santé psychique et la santé
perceptuelle.
LA VARIABILITÉ INTRA-INDIVIDUELLE
L'ensemble de l'organisme est soumis à des variations. Certaines sont dues à des horloges
internes très peu sensibles à l'extérieur et d'autres sont soumises à des synchroniseurs
externes. La concentration de vitamine D diminue l'hiver du fait d'un moindre
ensoleillement (variation circanuelle (cf. glossaire) ). Pendant le sommeil, les ondes
électro-encéphalographiques se modifient par rapport à l'état de veille (variabilité
circadienne (cf. glossaire) ). Après un repas, la glycémie s'élève et la pression artérielle baisse.
Le coeur s'accélère à l'effort ou lors d'une émotion, etc…
L'évolution des variations des différents paramètres au cours du vieillissement n'est pas
standardisée. Ainsi, certaines variations sont moindres, comme l'accélération du rythme
cardiaque à l'effort ou la modification électro-encéphalographique entre état de veille et
état de sommeil au cours d'enregistrements de longue durée.
D'autres variations sont plus accusées comme la baisse tensionnelle et l'hyperglycémie
postprandiale.
D'une façon plus générale, il y a une plus grande sensibilité de l'organisme aux agressions
extérieures, telles que la chaleur ou les infections avec des réactions plus intenses
(déshydratation à la chaleur, syndrome inflammatoire lors d'une infection). Les réponses
homéostasiques hormonales peuvent être retardées ou exagérées dépassant leur but et un
retour à l'équilibre plus lent.
Certains auteurs en déduisent la nécessité d'un abandon chez les personnes âgées de la
notion de normalité définie comme le fait d'être à l'intérieur des valeurs de références. Ils
soutiennent que la seule "vraie normalité" est celle de la stabilité de l'individu par rapport à
son propre état antérieur.
LA VARIABILITÉ INTER-INDIVIDUELLE
La variabilité entre les individus s'accroît avec l'avance en âge. Ce n'est pas spécifique de
l'espèce humaine. Si on considère des semis de plantes, ils se ressemblent tous, et quelques
années ou décennies plus tard les arbres auxquels ils donnent naissance ont une variété
infinie de taille, de forme et de coloris. Traduit en terme statistique, cela signifie que la
variance entre les individus (ou sa racine carrée, c'est-à-dire son écart type (cf. glossaire) )
augmente avec l'âge et que retenir une valeur moyenne à 60 ans par exemple n'a pas grand
sens si on n'y ajoute pas les valeurs d'un intervalle de confiance à un seuil statistique
donné, habituellement 95 %.
Les explications de cet accroissement avec l'âge de la variabilité entre les individus sont
multiples. Une des grandes découvertes de ces 20 dernières années est l'existence de
différences génétiques entre les individus qui ne s'expriment qu'à un âge avancé,
notamment dans le domaine des maladies dégénératives.
Une autre cause de variabilité est la multiplicité des phénomènes acquis depuis la naissance
: l'éducation, la pratique d'exercices physiques, les traumatismes, les antécédents
La manière de sélectionner la population d'une étude peut entraîner des artefacts. Ceux-ci
proviennent habituellement du fait que sans s'en rendre compte on est passé à la
description d'un phénomène de vieillissement optimal. Supposons par exemple que 95 %
des individus de 20 ans puissent courir 100 mètres entre 13 et 25 secondes. Supposons qu'en
considérant 95 % d'une population de gens de 70 ans, incluant ceux qui ont une canne ou
un fauteuil roulant et ceux qui ont continué à faire du sport toute leur vie, la performance se
situe entre 17 secondes et 10 minutes. La réalité biologique va bien dans le sens d'une
augmentation de la variabilité entre individus. Supposons maintenant que l'on veuille
étudier un sous-groupe réputé en bonne santé et qui, de fait, a en permanence continué une
activité sportive, personne n'aura ni canne, ni fauteuil
roulant et les performances dans ce groupe, risquent bien de se situer entre 17 et 28
secondes, c'est-à-dire avec une variabilité entre les individus égale, voire inférieure à celle
qu'elle était à 20 ans.
Les essais thérapeutiques sont régis par la loi du 20 décembre 1988 dite Loi HURIET-
SERUSCLAT. La première caractéristique des essais thérapeutiques chez les personnes
âgées est leur insuffisance numérique.
(En savoir plus : Legifrance.gouv.fr. Loi n°88-1138 du 20 décembre 1988 relative à la protection des
personnes qui se prêtent à des recherches biomédicales [en ligne].) Loi n°88-1138 du 20 décembre
1988 relative à la protection des personnes qui se prêtent à des recherches biomédicales.
Tous les médicaments (en dehors des produits à visée obstétricale et pédiatrique) sont
susceptibles potentiellement d'être prescrits à des malades âgés. Or ils sont très peu
étudiés dans ce groupe. Selon une analyse internationale récente des essais thérapeutiques
publiés, l'échantillon des plus de 65 ans représente 5 % des patients inclus dans les essais,
alors que cette même classe d'âge représente 15 % de la population générale et 40 % de la
Spontanément, l'industrie pharmaceutique tend à considérer les sujets âgés dans les essais
de phase I et IV, mais pas assez dans les phases II et III.
La recherche des doses maximales tolérées est aussi parfois réalisée en phase I chez des
malades âgés hospitalisés pré- sentant la maladie cible du médicament.
Même encadrés par la limitation aux services agréés pour la recherche SBID et par l'accord
des Comités de protection des personnes se prêtant à des recherches biologiques (Comités
de protection des personnes se prêtant à des recherches biologiques), ce type d'essai pose
des problèmes éthiques difficiles et ne devrait pas utiliser des gammes de dose aussi
élevées que chez l'adulte jeune. En tout cas, ces études ne devraient pas être entreprises tant
que les résultats complets d'essais identiques chez l'adulte jeune n'ont pas été recueillis et
analysés.
En phase IV, c'est-à-dire après commercialisation, les gériatres sont sollicités assez
souvent pour réaliser des essais ouverts non comparatifs visant à préciser d'éventuels
effets secondaires particuliers aux personnes âgées. Ces essais non comparatifs sont
particulièrement inadaptés, car :
• ils placent la gériatrie à part dans les disciplines médicales, hors du champ des essais
randomisés, les seuls aboutissant à des conclusions fiables.
• ils ne vérifient pas l'efficacité chez le malade âgé, ce qui supposerait une méthodologie
comparative
• en envisageant d'apprécier la tolérance sans apprécier simultanément l'efficacité, ils
peuvent déboucher sur des appréciations erronées dans la mesure où, par exemple, un
médicament administré à une dose inefficace peut être mieux toléré qu'à dose efficace.
Ce sont donc les essais thérapeutiques de phase II et III (choix de la dose efficace,
vérification de l'efficacité et de la tolérance) qui doivent être développés en gériatrie pour
tout nouveau produit.
● Les critères de sélection doivent être tels que les malades sont dans une situation
stable avec une faible variabilité intra-individuelle permettant donc d'imputer les
variations du paramètre mesuré à la prise du médicament. Pour autant, il ne faut
pas sous prétexte de réduire la variabilité interindividuelle que les critères,
aboutissent à sélectionner une minorité des malades présentant la maladie, en
excluant notamment tous les cas de co-morbidité et de co-médication.
● Le consentement des malades âgés à participer à l'essai doit être donné par écrit ou
en cas d'impossibilité (cécité par exemple) oralement devant un témoin
totalement indépendant de l'industriel et de l'investigateur gériatre. Ce
consentement vaut pour les malades présentant une démence légère à modérée
(sans mesure de protection juridique) pour autant qu'ils comprennent les grandes
lignes des contraintes de l'essai et que d'éventuelles modifications
comportementales pendant l'essai puissent en permanence être interprétées par les
investigateurs comme un possible refus non verbalisé de pour- suivre l'essai. Ce
consentement ne vaut pas pour les démences sévères où toute recherche se trouve
de fait interdite (alors qu'elle serait particulièrement nécessaire), ni pour les
malades faisant l'objet d'une mesure de protection juridique pour lesquels le
consentement du juge des tutelles est requis. Le consentement de la famille doit être
recherché, car il est un gage de bonne observance du protocole mais il n'a pas de
valeur juridique.
● Le protocole doit prévoir dans les essais au long cours (plusieurs mois), pour
des affections chroniques, des possibilités d'arrêt temporaire lors de survenues
d'événements indésirables intercurrents compromettant temporairement la prise
des médicaments (par exemple pneumopathie infectieuse intercurrente avec
difficulté à déglutir) et doit prévoir l'éventualité fréquente d'arrêts définitifs lors de
la survenue d'événements indésirables intercurrents sévères ou définitifs. Ces
contraintes obligent à augmenter d'autant le nombre de sujets nécessaires à inclure
pour démontrer l'efficacité.
En France, les principales causes de mortalité sont, dans l'ordre, les maladies de l'appareil
circulatoire, les tumeurs et les maladies de l'appareil respiratoire. Dans la
population générale, l'ensemble traumatismes-intoxications-suicides, qui ne constitue pas
une véritable entité pathologique, s'intercale en troisième position de ce classement. Dans
les tranches d'âge les plus élevées, la pathologie de l'appareil respiratoire devance ce
dernier groupe en raison, essentiellement de la mortalité consécutive aux pathologies
infectieuses. Entre 65 et 79 ans, la pathologie tumorale est au premier rang des causes de
mortalité (tableau 4).
Le veuvage est un événement de vie considéré comme l'un des plus difficiles à surmonter.
Ses conséquences néfastes ont été démontrées en terme de mortalité et de morbidité (en
particulier sur le plan thymique). L'épreuve psychologique met en oeuvre des
mécanismes d'adaptation dans le travail de deuil. Une défaillance de ces
mécanismesconduit au deuil pathologique. Toutes les personnes âgées ne réagissent pas
négativement à la perte de leur conjoint. Certaines retrouvent un compagnon ou
envisagent cette possibilité. La recomposition des couples s'effectue également au grand
âge : 2,4 % des mariages concernent des sujets de plus de 60 ans. Enfin, le nombre de
divorces impliquant des personnes de plus de 60 ans est en augmentation depuis 20 ans.
En 1990, environ 3 millions de personnes de plus de 60 ans vivent dans les communes
rurales où ils représentent 23 % des habitants. Les autres résident dans des communes
urbaines composant 19 % de la population citadine. Lorsque les personnes âgées vivent en
ville, elles résident surtout dans le centre. Ceci est d'autant plus vrai que l'agglomération
est importante. A l'opposé, dans les zones rurales, la population est dispersée et éloignée
des services, des réseaux de soutien professionnels et des centres de soins bien équipés.
L'organisation de la vie des personnes âgées en milieu rural est précaire contrairement aux
stéréotypes, dès qu'il y a absence d'entourage propre et/ou survenue d'une dépendance,
même réduite.
L'importance de la famille est considérable. C'est le cadre naturel des relations inter-
génération, de la solidarité sociale, de l'échange de services et d'affectivité. Avec l'avance en
âge, les relations inter-génération occupent une place importante, notamment lors-
qu'une famille est proche géographiquement. Toute modification de la structure familiale
influence automatiquement les conditions de vie des sujets âgés.
La famille comporte souvent quatre générations. Ses membres ne résident plus sous le
même toit comme au début du siècle : les personnes âgées revendiquent le fait d'habiter
seules et d'être autonomes. Malgré la séparation du lieu de vie, les relations entre les
différentes générations restent très fortes. Le téléphone, outre la convivialité à distance, aide
à la sécurité.
Environ la moitié des personnes âgées reçoit une aide régulière de la part de leurs enfants.
Inversement le même pourcentage des personnes âgées assure la garde de leurs petits
enfants pendant les vacances ou en période scolaire (20 % au moins un jour par semaine).
Les grands parents répondent aux aléas et aux difficultés de la vie professionnelle de leurs
enfants, notamment en période de crise économique et de chômage. Cependant, les
personnes âgées fournissent moins de services qu'elles n'en reçoivent, notamment lors de
l'apparition de la dépendance. Les "aidants naturels informels" sont dans plus de 80 %
des cas des femmes (épouse ou fille). Le nombre d'heures passées à l'aide varie de deux
heures à plus de cent heures par semaine. Ceci illustre la diversité des situations d'aide.
L'aide apportée est dans un premier temps psychologique, orientée vers l'organisation
du réseau de soutien. Puis elle est plus concrète et concerne les activités sociales et
domestiques : gestion administrative, lessive, courses, repas. Enfin, si besoin, elles
concernent les soins personnels : préparation des médicaments, toilette, habillage, aide au
déplacement. Plusieurs enquêtes constatent qu'en moyenne 80 % des gestes d'assistance
envers les personnes âgées dépendantes sont fournis par l'entourage et 20 % par les aides
professionnelles.
Le rôle d'aidant naturel est source de valorisation, d'amélioration de la relation avec un être
cher. Mais les conséquences psychologiques pour l'aidant ne sont pas nulles. Le médecin
doit pouvoir apprécier ces relations d'aide afin d'éviter des situations d'épuisement qui sont
source d'altération de la qualité de vie et parfois de rejet de la personne âgée aidée.
ASPECTS ÉCONOMIQUES
En matière de retraite, les systèmes actuels de financement par répartition (les actifs du
moment paient les retraites des retraités du moment), connaissent des problèmes du fait
de la démographie des régimes de retraite (plus que de la démographie générale), obligeant
à des compensations qui mettent en œuvre la solidarité entre les groupes sociaux. On
cherche de plus en plus à lui associer en complément des systèmes de financement par
capitalisation (épargne individuelle dans des fonds de pension). Le poids des retraites
dépend aussi des stratégies de mise en retraite anticipée et du chômage des travailleurs
âgés.
En matière de dépendance, la variable première est celle du nombre de dépendants.
Plusieurs théories s’affrontent, celle de Fries qui prédit une "compression de la morbidité"
semble se vérifier dans les faits, induisant un accroissement du nombre de dépendants
inférieur à l’accroissement démographique.
En France, comme dans beaucoup de pays européens, sont mis en place des financements
des aides et des soins à domicile et en hébergement fondés sur une mesure standardisée de
la dépendance (grille Autonomie Gérontologie Groupes Iso-Ressources en France par
exemple). Cette approche, centrée sur une conception de la dépendance comme attribut
de l’état de santé individuel de la personne ne doit pas faire oublier les aspects
environnementaux de la dépendance et l’organisation du cadre de vie, pour en développer
une approche non seulement médicale ou médico-sociale mais plus largement de santé
publique.
Il faut mentionner le rôle fondamental que jouent les familles dans la prise en charge de la
dépendance. Ils sont souvent les premiers aidants à domicile.
Les flux financiers entre générations sont importants. Sur 150 Milliards de Francs qui
s’échangent par an, 135 vont des aînés vers les plus jeunes et 15 sont une aide apportée des
jeunes vers les aînés. Un tiers des personnes âgées de plus de 65 ans déclare donner ou
prêter de l’argent à ses descendants.
IV ANNEXES
GLOSSAIRE
● allèle : On appelle allèles les différentes versions d'un même gène. Chaque allèle se
différencie par une ou plusieurs différences de la séquence de nucléotides. Ces
différences apparaissent par mutation au cours de l'histoire de l'espèce, ou par
recombinaison génétique. Tous les allèles d'un gène occupent le même locus
(emplacement) sur un même chromosome.
● circadienne : se dit d'un rythme biologique dont la période est d'environ 24 heures.
● pyramide des âges : La pyramide des âges est un mode de représentation graphique
de la structure (sexe, âge) d'une population qui constitue une image synthétique
puissante du passé, du présent et du futur de celle-ci. [1La pyramide des âges
représente la répartition par sexe et âge de la population à un instant donné. Elle est
constituée de deux histogrammes juxtaposés, un pour chaque sexe (par convention,
les hommes à gauche et les femmes à droite), où les effectifs sont portés
horizontalement et les âges verticalement. Les effectifs par sexe et âge dépendent
des interactions passées de la fécondité, de la mortalité et des migrations. Mais la
forme de la pyramide et les variations de celles-ci avec les années sont avant tout
tributaires des variations de la fécondité.
EN SAVOIR PLUS
● Legifrance.gouv.fr. Loi n°88-1138 du 20 décembre 1988 relative à la protection des
personnes qui se prêtent à des recherches biomédicales [en ligne]. :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?
cidTexte=LEGITEXT000006069027&dateTexte=20091012
ABRÉVIATIONS
● AGGIR : Autonomie Gérontologie Groupes Iso-Ressources
● E . V : Espérance de vie
Les chutes
2 Rappels physiologiques................................................................................................................2
2 . 2 Description de la marche.................................................................................................... 1
5 . 2 Psychothérapie de soutien...................................................................................................1
5 . 3 Evaluation médico-sociale...................................................................................................1
OBJECTIFS
ENC :
SPECIFIQUE :
● 4.1 Identifier la signification d'une chute : chute symptôme, chute syndrome, chute
symbole, chute fortuite.
● 4.4 Décrire les différents temps de l'examen clinique d'une personne ayant des
troubles de la statique et de la marche.
● 4.8 Évaluer la fonction d'équilibration et ses troubles (dont les tests permettant
d'évaluer la fonction d'équilibration).
● 4.10 Énoncer les principales mesures préventives des chutes chez la personne âgée.
● 4.11 Citer les facteurs de risque prédictifs des récidives de chutes de la personne
âgée.
● 4.13 Décrire le bilan étiologique à mettre en uvre chez un patient âgé qui vient de
faire une chute.
● 4.14 Décrire les principales étapes de la réadaptation d'un sujet âgé victime d'une
chute.
I INTRODUCTION
On estime qu'un tiers des sujets de plus de 65 ans et la moitié de ceux de plus de 85 ans font
une ou plusieurs chutes par an.
En France, les chutes seraient responsables à court terme de 12 000 décès par an. Elles
représentent également un facteur d'entrée dans la dépendance : 40 % des sujets âgés
hospitalisés pour chute sont orientés ensuite vers une institution.
La chute peut avoir des significations diverses chez le sujet âgé : signe essentiel d'une
étiologie unique (chute symptôme), élément sémiologique d'un syndrome (syndrome de
régression psychomotrice), évènement dont la signification est sociale ou psychique (chute
symbole), enfin événement brutal lié à un facteur intercurrent (chute fortuite).
Il existe encore trop souvent une différence de comportement médical face à la chute selon
qu'elle est ou non précédée de malaise ou perte de connaissance. La première, teintée de
gravité, fait l'objet d'une exploration active. La seconde, "mécanique", est souvent
négligée. Les chutes sont rarement fortuites chez le sujet âgé. Qu'elle soit la conséquence
d'une perte progressive des mécanismes d'adaptation à l'équilibre, d'une affection aiguë,
d'un effet indésirable d'un médicament ou la manifestation d'un appel à l'aide, chaque
chute est susceptible de provoquer la hantise d'une nouvelle chute, le corollaire étant la
crainte et la limitation spontanée de la marche et la spirale de la dépendance.
Toute chute chez un sujet âgé, quelles qu'en soient les circonstances, doit ainsi être prise
en charge non comme un simple accident, mais comme une affection potentiellement grave
II RAPPELS PHYSIOLOGIQUES
La marche est une modalité particulière du mouvement nécessitant l'intégrité des voies
motrices, cérébelleuses, vestibulaires et des afférences proprioceptives (cf. glossaire) .
● Les voies cérébelleuses sont impliquées dans les réactions d'équilibre statique et
dynamique.
DESCRIPTION DE LA MARCHE
La marche est une activité alternée des membres inférieurs qui permet le déplacement du
corps tout en assurant le maintien de son équilibre en orthostatisme (cf. glossaire) . C'est une
activité motrice automatique qui demande un apprentissage dès l'enfance (automatisme
acquis). On décrit 3 systèmes impliqués dans la marche.
● Le système anti-gravitaire
La marche pourrait être décrite comme une suite de ruptures d'équilibre conduisant à
une chute suivie d'une réaction "parachute" d'un des membres inférieurs en alternance.
La production du pas est donc une activité rythmique au cours de laquelle le poids du corps
alterne d'un membre inférieur à l'autre, par l'intermédiaire d'un appui unipodal. Chez le
nouveau né, il existe une marche automatique provoquée par le maintien en orthostatisme
et par la stimulation podale. Cette marche automatique disparaît en quelques semaines,
puis un apprentissage produit les séquences d'activités musculaires nécessaires au
déplacement : c'est un automatisme acquis.
Les modifications apportées par le vieillissement n'ont pas été étudiées de façon
systématique.
De manière didactique, nous n'envisagerons que les chutes dans le contexte des troubles de
la marche, mais, en pratique, les difficultés d'interrogatoire imposent d'envisager les
étiologies de "malaises et syncopes (cf. glossaire) " dans le même temps.
Dans la démarche diagnostique après une chute, il convient de distinguer les facteurs
prédisposants souvent multiples (facteurs de risque conséquences des maladies chroniques
et du vieillissement) et les éléments précipitants (intrinsèques et extrinsèques) (figure 1).
Parmi les affections neurologiques, les atteintes vasculaires sont les plus fréquentes,
que ce soit à l'étage cortical ou sous-cortical, ou au niveau du tronc cérébral. Les maladies
dégénératives corticales (maladie d'Alzheimer) ou sous-corticales représentent le deuxième
grand groupe d'affections neurologiques. La majorité des atteintes neurologiques
périphériques est associée à des modifications de la statique rachidienne, conséquences de
l'arthrose et de l'ostéopénie (cf. glossaire) .
Les atteintes musculaires chez le sujet âgé doivent évoquer en priorité une étiologie
endocrinienne, en particulier les hyperthyroïdies, de diagnostic rentable. Les présentations
atypiques de myasthénie chez le sujet âgé imposent que cette maladie soit recherchée même
Les atteintes ostéoarticulaires sont dominées par la limitation d'amplitude des articulations
coxofémorales qui ne peuvent assurer leur fonction d'adaptation de l'équilibre en
situation extrême. L'efficacité des traitements chirurgicaux (prothèse totale de hanche)
réalisés avant l'apparition d'une amyotrophie (cf. glossaire) en font un diagnostic prioritaire.
Des travaux récents ont insisté sur l'importance de la limitation de la dorsiflexion de la
cheville comme facteur prédictif de chute. Les pieds doivent faire l'objet d'une attention
particulière et peuvent justifier un examen podologique spécialisé.
Sont considérés comme tels tous les agents qui déclenchent la chute. Ces facteurs sont
souvent multiples et associés entre eux. Ils peuvent être mineurs lorsque les facteurs de
risque chroniques prédominent.
L'ensemble des étiologies des malaises et pertes de connaissance doit être re c h e rché.
Les causes cardiaques dominent, notamment les troubles du rythme supraventriculaires et
toutes les affections pouvant occasionner un bas débit cérébral telles les troubles de
conduction, l'infarctus du myocarde, l'embolie pulmonaire ou la sténose aortique serrée.
Parmi les causes vasculaires, l'hypotension orthostatique, impliquée dans 10 à 15 % des
chutes, est de loin la plus fréquente. Elle est habituellement multifactorielle (hypovolémie,
insuffisance veineuse des membres inférieurs, dysfonctionnement du système nerveux
autonome, désadaptation à l'effort et hypotension post-prandiale), mais les causes
iatrogènes dominent.
Les causes neurologiques sont dominées par les accidents vasculaires cérébraux. Les
épisodes confusionnels exposent à un risque de chute par l'altération de la vigilance. Si la
crise comitiale (cf. glossaire) est souvent rapportée par l'entourage, les états de mal
épileptiques peuvent être pauci-symptomatiques chez le sujet âgé. L'hématome sous-
dural justifie une tomodensitométrie cérébrale lorsque la chute est précédée de troubles
du comportement d'apparition récente.
Enfin, les causes métaboliques sont représentées par les hypo et les hyperkaliémies
responsables de troubles paroxystiques du rythme cardiaque. Les hypoglycémies surtout
iatrogènes peuvent aussi s'observer lors de cachexie. L'hypercalcémie s'exprime souvent
au grand âge par ses manifestations neuro-psychiques, et doit faire rechercher une
hyperparathyroïdie.
Le plus fréquemment mis en cause est le port de chaussures inadaptées, trop lâches,
maintenant mal le pied, à semelle usée ou glissante. Les chaises bancales, les tapis mal
fixés, les objets mal rangés ou traînant au sol, les animaux domestiques, le sol mouillé ou
glissant ne sont que des exemples parmi les plus fréquents des facteurs
environnementaux précipitant la chute de la personne âgée.
Les facteurs étiologiques non curables représentent des facteurs évidents de risque de
récidive de chute. Plus ils sont nombreux et associés, plus le risque est élevé. Mais souvent
l'enquête reste négative et c'est l'analyse des capacités posturales qui aidera le clinicien à
évaluer le risque de récidive.
chronométrée (timed up and go) sont des tests validés du risque de chute. Ce test
comporte les séquences suivantes : se lever d'une chaise à accoudoirs, marcher en avant
sur 3 mètres, faire demi-tour, retourner s'asseoir après avoir fait le tour de la chaise. Un
temps de réalisation de plus de 20 secondes témoigne d'une fragilité posturale de l'individu
et d'un risque de chute ultérieure.
• L'épreuve de Tinetti (tableaux 6 et 7) permet une évaluation clinique de l'équilibre et de la
marche de l'individu. L'équilibre est analysé par 9 épreuves (cotées sur 16) et la marche par
7 épreuves (cotées sur 12), chaque item étant noté de 0 (franchement anormal) à 1 ou 2
selon les items (normal). Un risque de chute élevé apparaît pour un score total inférieur à
20/28.
Bien que non validée par des études prospectives, la difficulté au demi-tour est un
indicateur largement reconnu, témoin d'une difficulté à la coordination et à l'adaptation
posturale.
D'autres manoeuvres cliniques sont largement utilisées telles que les poussées de faible
intensité lors de la position debout.
(Recommandation : Haute Autorité de Santé. Évaluation et prise en charge des personnes âgées
faisant des chutes répétées [en ligne]. Avril 2009.) Évaluation et prise en charge des personnes
âgées faisant des chutes répétées.
Elles représentent les conséquences les plus fréquentes et les plus graves des chutes,
conduisant, en l'absence de prise en charge rapide et adaptée à la dépendance lourde et à
l'installation d'un état grabataire.
En effet, la chute peut être à l'origine d'une sidération des automatismes acquis, entraînant
une perte des réactions d'adaptation posturale, avec difficulté à se maintenir en
orthostatisme. Ce tableau est appelé "syndrome post-chute". C'est une urgence gériatrique
car, en l'absence de prise en charge adaptée (cf infra), il évolue vers un syndrome de
régression psychomotrice (cf chapitre 8).
● une position debout non fonctionnelle, se caractérisant par une projection du tronc
en arrière (rétropulsion), un appui podal postérieur et un soulèvement des orteils
● la marche, lorsqu'elle est possible, se fait à petits pas, avec appui talonnier
antiphysiologique, élargissement du polygone de sustentation, flexion des genoux,
sans temps unipodal, ni déroulement du pied au sol.
(En savoir plus : TAVERNIER - VIDAL B. Le syndrome post-chute du sujet âgé [vidéo]. Canal
U/TICE Médecine et Santé. 14/01/2007. ) Le syndrome post-chute du sujet âgé (vidéo).
La composante psychologique, losqu'elle existe, se traduit par une anxiété majeure avec
peur du vide antérieur qui gêne la marche et peut conduire à un refus de toute tentative de
verticalisation.
La perte d'autonomie qui en résulte est volontiers aggravée par l'entourage qui, inquiet
d'une nouvelle chute, a tendance à surprotéger la personne et refuse souvent le retour au
domicile. Une négociation entre l'équipe médicale, la personne âgée et sa famille est
indispensable afin de trouver un compromis entre la sécurité du patient et son désir de
rester à domicile.
En effet, de manière simultanée, devront être traités les facteurs précipitants intrinsèques, ce
qui permettra une verticalisation précoce, le soutien psychothérapique étant débuté dans le
même temps. L'hospitalisation sera l'occasion d'initier le traitement des facteurs de risque.
Le risque de récidive de chute sera précisé parallèlement à l'évaluation médico-sociale de la
dépendance. Les conséquences sociales prendront en compte le traitement des facteurs
précipitants extrinsèques.
Il convient de tenter une verticalisation quelles que soient les possibilités de participation
du patient. Parfois, 2 à 3 personnes sont nécessaires dans la phase initiale de cette prise
en charge. Il est indispensable d'effectuer ce geste thérapeutique dans un climat de
confiance et de bienveillance. Cette réadaptation quotidienne permet des progrès chez la
majorité des patients. L'initiation d'une marche (avec aide technique) ne sera possible le
plus souvent qu'après 8 à 10 jours.
Les douleurs articulaires, la désadaptation à l'effort, l'anxiété ne doivent pas constituer des
obstacles, mais doivent être prises en compte dans l'élaboration du programme de
rééducation.
Toute l'équipe soignante participe à cette réadaptation lors des activités de la vie
quotidienne, en aidant la personne âgée par des explications précises et un soutien adapté.
Cela nécessite une évaluation préalable de ses capacités et une formation pratique de tous
les soignants aux "bons gestes".
Les aides techniques à la marche doivent être proposées : port de chaussures à semelle large
avec talon surélevé, canne anglaise, canne tripode ou déambulateur.
Dans certaines équipes formées à ces techniques, les stimulations visuelles, labyrinthiques,
cutanées et proprioceptives facilitent la réadaptation de l'équilibre et de la marche
Enfin, il est essentiel d'enseigner au patient comment se relever du sol pour limiter les
conséquences d'une récidive de chute : ne pas essayer de s'asseoir depuis la position
couchée sur le dos mais apprendre à effectuer une bascule sur le coté puis sur le
ventre, apprendre à regrouper les genoux sous l'abdomen pour relever le tronc, au
besoin après mouvements de reptation afin de s'approcher et pouvoir s'accrocher à un point
d'appui stable.
Pour préserver les acquis, la participation de la famille est indispensable, notamment pour
stimuler les patients à sortir et participer à des groupes d'animation physique orientés vers
ce type de prévention.
(Recommandation : Haute Autorité de Santé. Prévention des chutes accidentelles chez la personne
âgée [en ligne]. Novembre 2005.) Prévention des chutes accidentelles chez la personne âgée.
PSYCHOTHÉRAPIE DE SOUTIEN
La station prolongée au sol est un évènement de stress aigu qui réveille des peurs
existentielles. La psychothérapie rejoint celle entreprise dans le cadre de la médecine de
catastrophe. C'est-à-dire que les soignants chercheront à faire narrer cette aventure par le
patient de nombreuses fois afin que l'expression verbale facilite l'inscription de ce
traumatisme dans l'histoire psychique du patient. Ces entretiens peuvent être menés aussi
bien par des infirmières que par tout soignant qui accepte de prendre un temps d'écoute.
Mais, comme nous l'avons signalé la persistance d'une inhibition psychomotrice peut
s'intégrer dans un authentique syndrome dépressif, aussi, l'avis spécialisé d'un
psychiatre impliqué dans une démarche gérontologique est d'un apport irremplaçable.
EVALUATION MÉDICO-SOCIALE
Bien que l'utilité d'une évaluation médico-sociale globale soit reconnue, ses possibilités et
modalités varient d'un centre à l'autre. Quelle que soit la démarche d'évaluation, il est
prouvé que son efficacité dépend de la communication entre les évaluateurs et les réseaux
de soutien sanitaire et sociaux de proximité.
(En savoir plus : TAVERNIER - VIDAL B. Le maintien de l'autonomie du sujet âgé [vidéo]. Canal
U/TICE Médecine et Santé. 14/01/2007. ) Le maintien de l’autonomie du sujet âgé [vidéo].
VI ANNEXES
GLOSSAIRE
● amyotrophie : Une amyotrophie ou myatrophie est une maladie provoquant une
atrophie musculaire, notamment en rapport avec les muscles contrôlés par la
volonté. Ainsi, les problèmes cardiaques sont plus rares que dans d'autres
pathologies. Une névropathie amyotrophique (ou amyotrophie névralgique) est une
douleur et une faiblesse musculaire dans l'épaule.
● comitiale : Terme issu de l'expression comice. Les comices se séparaient quand une
attaque d'épilepsie se produisait.
● ostéopénie : L'ostéopénie n'est pas une maladie, elle représente une baisse de la
densité de l'os. Il s'agit d'un état physiologique. C'est un précurseur de
l'ostéoporose. On estime que jusqu'à 11% de baisse de la densité osseuse, il s'agit
d'ostéopénie, raréfaction osseuse, fragilisation du tissu osseux. Au delà, il s'agit
d'ostéoporose. L'ostéopénie est donc un état intermédiaire entre l'os normal et
l'ostéoporose. On mesure la densité minérale osseuse au moyen de
l'absorptiométrie. C'est ce que l'on appelle l'ostéodensitométrie. Les carences en
calcium et en vitamine D aggravent l'ostéopénie.
EN SAVOIR PLUS
● TAVERNIER - VIDAL B. Le maintien de l'autonomie du sujet âgé [vidéo]. Canal
U/TICE Médecine et Santé. 14/01/2007. : http://www.canal-
u.fr/producteurs/canal_u_medecine/dossier_programmes/geriatrie/film/le_main
tien_de_l_autonomie_du_sujet_age
RECOMMANDATION
● Haute Autorité de Santé. Évaluation et prise en charge des personnes âgées faisant
des chutes répétées [en ligne]. Avril 2009. : http://www.has-
sante.fr/portail/jcms/c_793371/evaluation-et-prise-en-charge-des-personnes-
agees-faisant-des-chutes-repetees
● Haute Autorité de Santé. Prévention des chutes accidentelles chez la personne âgée
[en ligne]. Novembre 2005. : http://www.has-
sante.fr/portail/jcms/c_272503/prevention-des-chutes-accidentelles-chez-la-
personne-agee
1 . 1 La décompensation fonctionnelle.......................................................................................1
1 . 2 Le vieillissement de la fonction...........................................................................................1
2 Particularités cliniques................................................................................................................ 2
3 Particularités psychologiques......................................................................................................3
4 . 2 Démarche préventive...........................................................................................................1
4 . 4 Conclusion............................................................................................................................ 1
OBJECTIFS
ENC :
INTRODUCTION
La prise en charge de la personne âgée relève d’une évaluation globale, médicale,
psychologique et sociale. Plus que la recherche d’une pathologie d’organe, le diagnostic
repose sur la notion d’une décompensation fonctionnelle comportant :
I PARTICULARITÉS PHYSIOLOGIQUES ET
PHYSIOPATHOLOGIQUES
Les concepts de décompensation et de fragilité du sujet âgé peuvent être expliqués par
un schéma (figure) prenant en considération 3 éléments qui se cumulent pour aboutir à
la décompensation d'une fonction (1 + 2 + 3 de J.P. Bouchon) :
3- Les facteurs de décompensation qui sont souvent multiples et associés chez un même
patient : affections médicales aiguës, pathologie iatrogène et stress psychologique.
Lorsqu’il existe, le déclin des capacités débute dès l'âge adulte et suit une involution
progressive. La notion de réserve fonctionnelle est capitale en physiologie. Elle désigne
pour certains organes une capacité de réserve de fonctionnement mesurable dans des
circonstances bien déterminées : réserve fonctionnelle rénale, coronaire, myocardique.
Dans le cas du cerveau, la notion de réserve fonctionnelle est plus discutable.
Le déclin de chaque fonction est sans doute programmé génétiquement. Il est accéléré
par des maladies (l'hypertension accélère le vieillissement cardio - vasculaire), et
influencé par divers facteurs : endocriniens, nutritionnels, exercice physique ... Une
fonction non utilisée peut décliner rapidement.
Ainsi, la vieillesse n'est en aucun cas une maladie, mais représente un terrain propice
pour le développement des maladies. La répercussion de ces maladies est plus
importante chez le sujet âgé car leurs effets se surajoutent aux altérations dues au
vieillissement.
Dans l'évaluation d'un sujet âgé, la frontière entre le "normal" et le "pathologique" est
beaucoup plus difficile à situer que chez le sujet jeune. Ceci peut entraîner trois écueils
dangereux :
La "surmédicalisation"
Elle est consécutive au refus d'envisager le vieillissement et ses conséquences. Si la
"norme" de référence est l'adulte plus jeune, il y a un risque de considérer comme
anormal et pathologique ce qui est simplement dû au vieillissement (troubles bénins de
mémoire) ou à ses conséquences (mal être, isolement). Cette tendance a conduit dans les
années 50 à médicaliser la vieillesse et à la faire considérer comme une "maladie
incurable" plus que comme une étape de l'existence.
La "sous-médicalisation"
Elle survient, à l'inverse, lorsque le fatalisme amène à banaliser les symptômes observés
en les mettant sur le compte de la seule vieillesse ou d'un problème social alors qu'ils
sont dus à une affection curable. Cette attitude est génératrice d'une perte de temps
préjudiciable pour le patient. La plupart des patients hospitalisés pour problème social
ou "placement" ont en fait d'authentiques problèmes médicaux mal pris en charge qui
rendent impossible le maintien à domicile.
Leur fréquence augmente avec l'âge. La polypathologie est une des caractéristiques du
sujet âgé qui présente en moyenne quatre à six maladies.
Ces maladies chroniques (insuffisance cardiaque, polyarthrose ...) sont source
d'incapacités et de dépendance.
L'un des risques est celui de la survenue du phénomène dit "de la cascade" dans lequel
une affection aiguë entraine des décompensations organiques en série. C'est, par
exemple, le cas d'une infection bronchopulmonaire favorisant une décompensation
cardiaque, qui elle-même entraîne une insuffisance rénale, elle-même favorisant un
syndrome confusionnel ...
La perte des réserves adaptatives due au vieillissement et aux maladies chroniques peut
être telle qu’elle soit responsable chez certains vieillards d'un état de fragilité
permanent qui se caractérise par une instabilité physiologique. Ces patients, qui sont
dans l’incapacité de s’adapter à un stress même minime, sont particulièrement exposés
au risque de pathologies en cascade.
Parmi les marqueurs cliniques les plus pertinents d’un état de fragilité, on retrouve la
chute, l’incontinence et le syndrome confusionnel. Quatre paramètres de l’évaluation
gérontologique permettent de dépister l’état de fragilité, à savoir :
1- la fonction musculaire,
2- la capacité aérobie,
3- l’état nutritionnel,
4- les fonctions cognitives et les aptitudes psychomotrices, notamment posturales, de
l’individu.
II PARTICULARITÉS CLINIQUES
Chez le malade âgé, les symptômes caractéristiques chez le sujet jeune sont souvent
atypiques voire absents :
● les ronchus peuvent être le seul signe auscultatoire d’un foyer pulmonaire ...
● absence d’hyperleucocytose en cas d’infection patente chez des sujets dont les
défenses immunitaires sont réduites,
● créatininémie "normale" chez des sujets très âgés et de faible poids en dépit d’une
insuffisance rénale significative.
Les signes cliniques sont le plus souvent des signes généraux aspécifiques : asthénie,
anorexie, malaise général ... communs à bon nombre de maladies, alors que les signes
fonctionnels à valeur d'orientation sont mal exprimés ou banalisés, car attribués au
vieillissement ou à une affection chronique commune.
L'examen du malade âgé est rendu difficile du fait des déficiences habituelles :
hypoacousie, diminution de l'acuité visuelle, troubles mnésiques, détérioration des
fonctions cognitives, enraidissements articulaires, etc…. Le médecin doit tenir compte
de ces difficultés et adapter sa technique d'examen aux possibilités du malade.
Certaines précautions améliorent la communication médecin-malade (tableau 1).
Souvent l’interrogatoire soigneux de l’entourage est nécessaire pour reconstituer une
Ces conseils ont pour but de réduire les problèmes de communication, sans outrance
afin de ne pas
blesser le malade qui a conscience de son déficit.
pour tout le monde et le malade se • Ils peuvent être gênés par les déficits physiques
vexe ! (enraidissements articulaires en particulier)
• Un stéthoscope peut rendre de • Déshabillage et habillage font néanmoins partie
grands services... en le mettant sur les de l'examen clinique
oreilles du malade et • La pudeur existe à tout âge…
en parlant dans le pavillon. • Ne pas "faire à la place" trop tôt : observer
d'abord
Déficit visuel : • Aider dans un second temps : c'est un acte
relationnel qui facilite la suite de l'entretien.
• Rechercher les lunettes si elles
existent
• Tenir la main du sujet âgé qu'on
interroge.
• Pendant l'entretien, se placer sous
un bon éclairage pour que le malade
puisse distinguer le
visage du médecin.
• Eviter de se placer à contre-jour car
les sujets porteurs d'une cataracte sont
invariablement éblouis.
Devant la multiplicité des diagnostics qui peuvent être posés chez un même patient,
une hiérarchisation est nécessaire. Les diagnostics «rentables» débouchant sur une
amélioration réelle de l’état de santé et de la qualité de vie du patient doivent être
privilégiés. L’intervention sur une arthrose de hanche, sur une cataracte ou la pose d’un
pace-maker permettent de limiter le risque de chute. L’ appareillage d’une hypoacousie
permet de lutter contre l’isolement social. Certaines investigations sont à l’inverse
discutables : dépistage systématique d’une hypercholestérolémie après 80
ans, Tomodensitométrie ou Imagerie par Résonance Magnétique à la recherche de
métastases chez un patient cachectique ayant une néoplasie incurable...
Une évaluation de l’état de santé de base est indispensable afin d’identifier les patients
à risque élevé de décompensation (frail elderly) : patient ayant chuté, antécédent de
décompensation cardiaque, fonction rénale limite, polymédication ...
Lors de toute situation aigue, il faut s’assurer dès les premiers jours d’une bonne
hydratation et d’apports nutritionnels suffisants, mobiliser le patient, réduire la
prescription aux médicaments indispensables, prévenir la survenue d’escarres...
La prévention de la perte d’autonomie est fondamentale, ceci dès le premier jour d’une
affection aiguë. Le développement et l'utilisation maximale des capacités restantes
doivent être assurés par l’ensemble de l’équipe soignante. Un soutien psychologique du
patient doit systématiquement être associé (prévention de la régression, aide au travail
de deuil de la fonction perdue, développement d'activités de compensation).
Le mode de vie du patient et son environnement doivent être déterminés afin d’évaluer
ses besoins et de mettre en oeuvre les aides nécessaires.
La prise en charge gériatrique repose sur l’intervention coordonnée de toute une équipe
associant médecins, infirmiers, aide-soignants, masseurs-kinésithérapeutes,
ergothérapeutes, assistants sociaux, diététiciens, psychologues.
IV.4 CONCLUSION
La prise en charge du patient âgé repose sur une démarche globale qui prend en
compte les particularités séméiologiques et les risques de décompensation
fonctionnelle.
Elle assure une prévention des complications médicales et psychologiques ainsi que de
la perte d’autonomie.
Il s’agit d’une démarche positive qui exclut tout fatalisme souvent invoqué du seul fait
du grand âge.
V ANNEXES
EN SAVOIR PLUS
● Canal-U/Médecine. Le syndrome post-chute du sujet âgé [en ligne]. :
http://www.canalu.tv/producteurs/canal_u_medecine/dossier_programmes/geri
atrie/film/le_syndrome_post_chute_du_sujet_age
RECOMMANDATION
● Haute Autorité de Santé. Évaluation et prise en charge des personnes âgées faisant
des chutes répétées [en ligne]. Avril 2009. : http://www.has-sante.fr/portail/jcms/
c_793371/evaluation-et-prise-en-charge-des-personnes-agees-faisant-des-chutes-
repetees
● Haute Autorité de Santé. Prescription médicamenteuse chez le sujet âgé (3) - Lors
d'une hospitalisation [en ligne]. 2006. : http://www.has-
sante.fr/portail/jcms/c_431472/prescription-medicamenteuse-chez-le-sujet-age-3-
lors-d-une-hospitalisation
● Haute Autorité de Santé. Prévention des chutes accidentelles chez la personne âgée
[en ligne]. Novembre 2005. : http://www.has-
sante.fr/portail/jcms/c_272503/prevention-des-chutes-accidentelles-chez-la-
personne-agee
ABRÉVIATIONS
● IRM : Imagerie par Résonance Magnétique
● TDM : Tomodensitométrie
2 . 2 Besoins en protéines............................................................................................................ 1
2 . 3 Besoins en glucides.............................................................................................................. 1
2 . 4 Besoins en lipides................................................................................................................. 1
2 . 5 Besoins en vitamines............................................................................................................1
2 . 6 Besoins en minéraux............................................................................................................1
2 . 7 Besoins en oligoéléments..................................................................................................... 1
2 . 8 Besoins en eau...................................................................................................................... 1
3 . 1 Diagnostic de la malnutrition............................................................................................. 1
3 . 2 Evaluation du pronostic...................................................................................................... 1
3 . 3 Echelles de dépistage........................................................................................................... 1
4 Prévalence de la malnutrition..................................................................................................... 4
5 . 3 Les hypercatabolismes........................................................................................................ 1
6 . 4 Conséquences économiques................................................................................................ 1
8 . 2 Les moyens........................................................................................................................... 1
10 . 1 Préalables à l'alimentation................................................................................................1
OBJECTIFS
ENC :
SPECIFIQUE :
● Décrire les causes de la malnutrition : malnutrition par carence d'apports dite "
exogène ", malnutrition par hypercatabolisme dite " endogène ".
● Dispenser des conseils d'hygiène alimentaire à des sujets âgés vivant à domicile
(achat et conservation des aliments, préparation du re p a s ,besoins alimentaires
succincts, variété alimentaire, hydratation, exercice, convivialité,...).
INTRODUCTION
La personne âgée a souvent restreint son alimentation. Ses réserves nutritionnelles sont
amoindries par la fonte musculaire (sarcopénie (cf. glossaire) ). L’hypermétabolisme est
quasiment toujours impliqué dans les polypathologies des malades âgés. Identifier les
différents troubles nutritionnels et les corriger sont une préoccupation permanente en
gériatrie.
Dans une approche prospective, la malnutrition (cf. glossaire) apparaît comme le principal
facteur de mauvais diagnostic au regard des variables mortalité, morbidité et perte
d’autonomie.
● Dans les situations d'urgence créées par une infectio, sévère ou une intervention
chirurgicale, le muscle a un rôle de « réserve » de protéines qui pourvoit aux besoins
accrus en acides aminés pour la synthèse des protéines inflammatoires et le
fonctionemment des cellules du système immunitaire. La ponction de ce pool de
protéines n'est pas intégralement restaurée après chaque agression chez le sujet âgé.
S'il y a sarcopénie, les réserves d'acides aminés deviennent trop faibles.
Les apports recommandés pour la population française sont évalués pour des sujets adultes
en bonne santé. Ils sont déterminés pour que 95% de la population consomme en
quantité suffisante le nutriment considéré. Ils ne reflètent pas les besoins spécifiques des
sujets âgés de plus de 60 ans, ni a fortiori ceux des sujets de plus de 80 ans malades
hospitalisés ou vivant en institution. Chez ceux-ci, de nombreuses enquêtes
épidémiologiques ont montré une grande fréquence de déficits nutritionnels,
principalement en énergie, protéines, vitamines et calcium.
BESOINS EN PROTÉINES
Devant les variations d'apport alimentaire des sujets âgés, il parait préférable de calculer les
apports en protéines en fonction du poids. Actuellement la ration de 1g de protéines/kg
de poids corporel / jour recommandée chez l'adulte, devrait être élargie à 1,1 à 1,2 g/kg/j
chez le sujet âgé, afin de maintenir le bilan azoté à l'équilibre, en dehors de toute situation
d'hypercatabolisme. Contrairement aux glucides et aux lipides, il n'y a pas de réserves de
protéines comme il y a du glycogène et du tissu adipeux. Tout besoin accru en une protéine
se traduit par la "consommation" d'une autre.
Les apports en protéines d'origine animale doivent être privilégiés et doivent représenter au
moins 60 % de l'apport protéique total. En effet, leur composition en acides aminés est
mieux équilibrée que celle des protéines végétales.
BESOINS EN GLUCIDES
Aucun sucre simple ou complexe n'a été répertorié comme un nutriment indispensable. La
recommandation ne porte que sur la ration globale en glucides et devrait représenter 50 %
de l'apport énergétique. Le vieillissement s'accompagne d'un retard de secrétion
d'insuline et d'une insulinorésistance musculaire au glucose, favorisant les
décompensations de type diabétique dans les états d'hypermétabolisme. On peut donc
recommander aux patients âgés d'augmenter les apports en glucides complexes et de
limiter l'apport en sucres simples, en conservant au repas l'attrait qu'il doit néanmoins
avoir. En situation d'alimentation artificielle il faut comme chez l'adulte que le rapport
glucides/protides soit compris entre 2,5 et 3.
BESOINS EN LIPIDES
jour chez la personne âgée, ce qui représente environ 1 cuillerée à soupe d’huile végétale
chaque jour.
BESOINS EN VITAMINES
Les apports recommandés en vitamines pour les sujets âgés sont les mêmes que ceux
préconisés pour les adultes. Des suppléments vitaminiques seraient vraisemblablement
utiles dans cette population pour améliorer par exemple la réponse immunitaire, mais ce
n'est pas démontré.
La vitamine D est particulière : rare dans l'alimentation habituelle, sa synthèse est réalisée
dans la peau exposée au soleil. Une carence en vitamine D est associée à une ostéomalacie
(cf. glossaire) et une ostéoporose qui entrainent un hyperparathyroïdisme secondaire. C'est
le cas chez les sujets âgés vivant confinés en institution ou à domicile.
Les déficits vitaminiques sont peu importants chez les sujets âgés vivant à domicile et bien
socialisés, car ceux-ci, sauf les personnes isolées, ont en majorité une alimentation suffisante
et variée. Par contre, le risque de carences notamment en vitamines B est particulièrement
élevé chez les sujets hospitalisés, vivant en institution, du fait d'une part d'une réduction
des apports par les aliments transportés par chaine chaude et d'autre part d'une
augmentation des besoins à cause des maladies (cf Annexe 1).
BESOINS EN MINÉRAUX
Les minéraux s'évaluent en mg dans l'organisme humain. Hormis les besoins en calcium,
les données concernant les statuts en minéraux des sujets âgés sont peu nombreuses.
● Calcium
Les apports recommandés en calcium sont officiellement de 900 mg/jour chez les sujets
âgés mais des études américaines suggèrent que 1200 voire 1500 mg de calcium par jour
sont préférables. La plupart des études montrent que 50 à 75 % de la population âgée ne
consomment pas les 900 mg recommandés. Pour atteindre 1500 mg il faut consommer au
minimum 4 produits laitiers quotidiennement et des eaux minérales à forte teneur calcique.
Cet apport paraît illusoire sans supplément médicamenteux. Une étude a montré qu'un
supplément de 1200 mg de phosphate tricalcique et de 800 UI de vitamine D3 donné à des
femmes âgées vivant en maison de retraite permet de diminuer l'incidence des fractures du
col fémoral et des autres fractures non-vertébrales dès le 18e mois de traitement.
● Phosphore
La majeure partie du phosphore de l'organisme (700 g) est contenu dans l'os et les dents.
Cet élément intervient en particulier dans les mécanismes de production d'énergie
(Adénosine triphosphate) et dans de nombreux systèmes enzymatiques. Il est contenu
dans de nombreux aliments : poissons, œufs, viandes, produits laitiers, fruits, céréales, et
même les sujets ayant de faibles apports alimentaires ingèrent 1 g de phosphore par jour. Il
n'y a donc aucune difficulté à couvrir les besoins nets qui sont de 450 mg/jour.
● Magnésium
● Fer
Il y a peu de déficits en fer chez les sujets âgés en dehors de pathologies responsables d'un
saignement. La prévalence des déficits en fer chez les sujets âgés est estimée à moins de
10% dans les études américaines et aux environs de 5% dans l'enquête du Val-de-
Marne et l'enquête EURONUT/ SENECA. Le fer le mieux absorbé est le fer héminique
apporté par les viandes. Les apports recommandés sont de 9 à 12 mg par jour, généralement
couverts par l'alimentation. Les suppléments en fer ont un effet pro-oxydant.
(En savoir plus : Congrès international francophone de Gérontologie (1994 ; Strasbourg), Age and
Nutrition. EURONUT/SENECA France et alimentation de demain [en ligne]. ISSN 1158-0259 ;
vol 7, n°2, 1996, 75-77 p. [en ligne]. ) Age and Nutrition.
BESOINS EN OLIGOÉLÉMENTS
● Zinc. Plus de 200 enzymes ont le zinc comme cofacteur. C'est le cas des Acide
désoxyribonucléiqueAcide ribonucléique
● Autres oligoéléments
BESOINS EN EAU
La plupart des sujets âgés réduisent leur consommation liquidienne par diminution de la
sensation de soif. L'âge s'accompagne d'une réduction du pouvoir de concentration des
urines, du pouvoir de réabsorption sodée, et de la masse maigre, donc de la masse
hydrique corporelle totale. L'hormone antidiurétique est moins active. Les sujets âgés
incontinents réduisent souvent leurs apports en eau pour pallier l'inconfort. Les pertes en
eau sont aggravées par des thérapeutiques diurétiques et laxatives fréquemment utilisées
par les sujets âgés.
Les sujets âgés, comme les adultes, ont un besoin hydrique de 35 à 45 ml d'eau/kg/j soit
environ 2,5 l d'eau pour une personne pesant 60 kg. Ces 2,5 l d'eau sont fournis pour moitié
par les boissons, l'autre moitié étant apportée par l'eau de constitution des aliments et l'eau
produite par les réactions d'oxydation.
Les sujets âgés concernés par l'évaluation de leur état nutritionnel sont nombreux.
En conséquence, seuls des paramètres simples et peu coûteux peuvent être utilisés.
DIAGNOSTIC DE LA MALNUTRITION
● L'état nutritionnel
- Le poids est la mesure la plus simple à réaliser : il faut avoir une balance suffisament
large, stable et fiable pour que la personne âgée puisse s'y tenir debout, ou une chaise-
balance tarée avant chaque pesée. En institution, un système de pesée couplé au lève-
malade est indispensable. Il faut répéter la mesure à chaque consultation et s'intéresser
aux variations de poids en tenant compte de la possibilité de rétention hydrosodée. Une
perte de 2 kg en un mois ou de 4 kg en 6 mois doit alerter le praticien.
- La mesure de la taille est plus discutable en pratique gériatrique. La distance talon-genou
est bien corrélée à la taille maximale atteinte au cours de la vie. La taille n'a d'intérêt que
pour calculer l'indice de masse corporelle de Quetelet (Poids/Taille2, en kg/m2) . En-
dessous de 22 (le seuil est plus élevé que chez l’adulte), il faut considérer le malade comme
malnutri.
• La biologie
Les protéines circulantes (albumine et pré-albumine) sont sensibles aux variations de l'état
nutritionnel, mais n'en sont pas spécifiques. En effet, un syndrome inflammatoire a
pour effet une baisse importante et rapide de l'albuminémie.
Une diminution du taux d’albumine peut être la conséquence d'une carence d'apports
(il s'agit alors d'une malnutrition dite "exogène") et/ou d'un syndrome inflammatoire
(malnutrition "endogène"). Dans ce dernier cas, l'élévation de la C Réactive protéine (C-
Réactive Protéine ) précise qu'un hypercatabolisme intervient dans le mécanisme de la
malnutrition.
- L'albumine a une demi-vie de 21 jours. Son taux plasmatique normal chez le sujet âgé
sain reste supérieur à 40 g/l (dosage par néphélémétrie (cf. glossaire) , technique à
exiger). Le seuil pathologique est situé à 35 g/l.
- La CRP a une demi-vie brève de 12 heures. Le seuil pathologique se situe au-dessus de 20
mg/l. Son élévation indique le caractère récent et l'intensité de l'inflammation.
Les mesures anthropométriques ayant une faible sensibilité, elles doivent être réalisées
avec une technique rigoureuse pour garder un intérêt. Elles sont effectuées sur le sujet
debout ou allongé sur une table d'examen permettant un bon support des épaules et des
jambes. On peut effectuer les mesures d'un côté ou de l'autre, mais le suivi d'un malade
doit être réalisé du même côté. Les circonférences de membres se mesurent à l'aide
d'un mètre ruban de couturière et l'épaisseur des plis cutanés à l'aide d'un compas de
Harpenden. Il faut effectuer trois mesures de chaque paramètre à chaque évaluation et
garder la moyenne des 3 mesures.
1. La distance talon-genou
Elle permet d'estimer la taille des personnes qui ne peuvent se tenir debout ou qui
présentent des déformations ostéo-musculaires rendant ces mesures non fiables. La
hauteur du genou est en effet bien corrélée à la taille atteinte à l'âge adulte. La mesure est
faite à l'aide d'une toise pédiatrique. Le patient doit être couché sur le dos, le genou levé et
faisant un angle de 90 degrés entre la jambe et la cuisse. Le pied fait également un angle
de 90° avec la jambe. La partie fixe du calibreur est placée sous le talon de la jambe, la
partie mobile est placée au dessus des condyles fémoraux, l'axe du calibreur étant
parallèle à l'axe du tibia. A partir de la hauteur du genou, les formules suivantes
permettent de calculer la taille :
- Taille (homme) = (2,02 x dTG cm) - (0,04 x âge) + 64,19
- Taille (femme) = (1,83 x dTG cm) - (0,24 x âge) + 84,88
2. La circonférence du mollet
Le sujet est dans la même position que pour la mesure précédente. Le genou, faisant un
angle de 90 degrés, le ruban est placé autour du mollet et mobilisé le long de celui-ci afin
de mesurer la circonférence la plus importante. Le ruban ne doit pas comprimer les tissus
sous-cutanés.
3. Le périmètre brachial
Le site de mesure est repéré après avoir placé le bras de sorte que le coude fasse un angle
droit de 90 degrés, la face palmaire de la main sur le tronc et le bras le long du corps. On
identifie alors à l'aide du ruban, le point situé à mi-distance entre le rebord postérieur de
l'acromion et le sommet de l'olécrane. On mesure le périmètre brachial à ce niveau là,
après avoir déplié le coude et étendu le bras le long du corps, la face palmaire de la main
tournée vers l'avant si le sujet est debout ou tournée vers le haut si le sujet est couché.
Celui-ci ne doit pas être mobilisé pendant la mesure qui doit être lue à la troisième
seconde. Le résultat est noté à 0,2 mm près. Deux mesures successives ne doivent pas
différer de plus de 2 mm.
La mesure est effectuée 1 cm sous l'angle inférieur de l'omoplate. Si le sujet est couché,
cette mesure est prise le sujet étant maintenu dans la même position que pour la mesure
du pli cutané tricipital. Il faut pincer doucement la peau entre le majeur et le pouce afin de
constituer une ligne allant de la pointe de l'omoplate vers le coude gauche, respectant en
cela le plissage physiologique de la peau. Le résultat est noté au bout de trois
secondes à 0,2 mm près. Deux mesures successives ne doivent pas différer de plus de 2
mm.
EVALUATION DU PRONOSTIC
ECHELLES DE DÉPISTAGE
faciles à utiliser et rapides. Le sujet dépisté à l'aide d'une de ces grilles doit ensuite
bénéficier d'un examen visant à préciser le type de la malnutrition, ses causes et sa sévérité.
L'hypodermoclyse
Avantages Inconvénients
(Guigoz et coll. The Mini Nutritional Assessment (MNA) : A practical assess- ment tool for grading
the nutritional state of elderly patients. Facts Res Gerontol 1994 ; (Suppl 2):15-32)
IV PRÉVALENCE DE LA MALNUTRITION
● A domicile, la prévalence de la malnutrition protéino-énergétique est voisine de 3 %
chez les sujets âgés de plus de 65 ans, sûrement plus après 80 ans.
● A l'hôpital, une malnutrition modérée à sévère est observée chez environ un malade
âgé sur deux admis en court séjour.
En court séjour la part catabolique de la malnutrition atteint 95% des cas, alors qu'en long
séjour, cette même part catabolique est d'environ 50%.
Les causes sont multiples et souvent intriquées, en particulier à l'hôpital ou en insti tution.
Habituellement c'est la présence d'un hypercatabolisme qui précipite la
survenue d'un état de malnutrition chez un sujet âgé, d'autant plus facilement qu'il avait
auparavant des apports alimentaires insuffisants.
Cependant, le vieillissement n'est pas à lui seul une cause de malnutrition. La malnutrition
ne s'installe que lorsque le vieillissement s'accompagne de pathologies dégénératives,
infectieuses ou inflammatoires multiples, intriquées ou en cascade.
● La diminution des ressources concerne essentiellement les veuves et les sujets exclus
des systèmes sociaux. L'exclusion relève le plus souvent d'une ignorance des aides.
● L'abus d'alcool…
LES HYPERCATABOLISMES
Les sujets âgés sont particulièrement menacés au cours des états d'hypercatabolisme car
leurs réserves (musculaire et calcique) ou leur régulation (métabolisme hydrique) sont
diminuées. Au cours de ces états, il faut donc augmenter les apports nutritionnels en
protéines et en eau. Les apports recommandés dans ces cas sont de 35 à 45 kcal/kg de
poids corpore l / j o u r dont 1,5 à 2 g protéines/kg/j et le même rapport
Glucides/Protides (2,5 à 3). Il faut également augmenter les apports en eau de 0,3 l/°C
au-dessus de 37°C et les apports en vitamines et oligoéléments aux environs de 2 fois les
allocations recommandées.
Les causes de l'hypercatabolisme sont les infections, les cancers et d'une façon plus
générale tous les états inflammatoires aigus ou chroniques (rhumatismes, escarres,…).
Certaines défaillances d'organe (insuffisances cardiaques ou respiratoires) augmentent les
dépenses énergétiques. L'hyperthyroïdie (fréquente chez le sujet âgé) augmente le
catabolisme (cf. glossaire) musculaire du fait de l'action spécifique hormonale.
La malnutrition est responsable d'une baisse du taux d'albumine circulante. Les risques de
toxicité sont accrus notamment pour les médicaments à marge thérapeutique étroite
(Antivitamines K et digitaliques).
Le taux circulant de T3 totale est diminué, mais la Thyrostimulin hormone étant normale il
ne s'agit pas d'une hypothyroïdie (syndrome de basse T3).
Les conséquences en sont l'épuisement des réserves de l'organisme, une perte d'autonomie
et parfois le décès du malade.
Les troubles psychiques sont constants de la simple apathie à un syndrome dépressif, mais
peuvent également simuler un syndrome démentiel.
CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES
A affection égale, la durée d'hospitalisation est multipliée par 2 à 4 chez un malade dénutri.
L'hospitalisation s'accompagne d'une augmentation de la consommation de médicaments
et d'une évolution vers la perte d'autonomie parfois à l'origine d'une institutionnalisation
et plaide pour une prévention active de la malnutrition.
A un âge avancé de la vie, l'alimentation doit encore être (ou redevenir…) un plaisir, un
moyen d'exprimer ses croyances philosophiques ou religieuses et d'entretenir des relations
d'amitié.
Les liens avec la société s'expriment aussi dans la négation : repli, enfermement et refus
alimentaire lorsqu'il y a refus du lieu de vie.
L'analyse de l'alimentation d'une personne âgée doit explorer les domaines suivants :
- Les revenus permettent-ils l'achat d'aliments variés ?
- Qui fait les courses et choisit les aliments ?
- Les aliments apportant des protéines, du calcium et des vitamines font-ils partie du
menu ?
- Que sait la personne des besoins en nutriments ?
- La conservation des aliments garantit-elle l'intégrité des vitamines ?
- Qui prépare les repas ?
- Combien la personne fait-elle de repas par jour ?
- Les repas sont-ils pris seul ou en compagnie ?
- La notion de "plaisir de manger" existe-t-elle ?
- Existe-t-il des repas pris en famille et des repas de fêtes ?
- Quelle est la quantité de liquides bus quotidiennement ?
est de garder une activité physique régulière, adaptée aux possibilités du sujet âgé.
Il n'y a pas d'âge limite au-delà duquel l'activité serait contre-indiquée. Il n'y a pas non plus
de seuil en-dessous duquel une activité serait inutile. Le plus est vraisemblablement le
mieux. La marche, les courses et la préparation des repas sont ainsi des éléments du
maintien de l'autonomie.
L'HYGIÈNE DE VIE
comprend aussi l'hygiène corporelle et l'hygiène dentaire. La chasse aux excès (alcool,
tabac,…) doit tenir compte à cet âge avancé des effets toxiques déjà observés et de la
diminution de la qualité de vie qu'elle implique.
la sévérité de la maladie et l'intensité de l'anorexie peuvent être telles que les techniques
utilisées pour renforcer l'alimentation orale ne permettent d'obtenir ni la ration protéino-
énergétique nécessaire, ni une hydratation correcte. Dans ces conditions, il faut mettre en
œuvre les moyens capables d'apporter les nutriments nécessaires pour couvrir les besoins
de base du malade et les besoins supplémentaires occasionnés par la maladie. Les besoins
énergétiques doivent atteindre 35 à 45 kcal/kg/jour en 3 à 5 jours (soit 2100 à 2700 kcal/j
pour 60 kg) et rester à ce niveau jusqu'à la normalisation du taux des protéines
inflammatoires. Après correction de la phase aiguë la période de convalescence
nécessite encore des apports d'au moins 35 kcal/kg/j, jusqu'à la récupération d'un poids
normal.
LES MOYENS
La nutrition entérale est la technique la plus adaptée et la mieux tolérée par le sujet âgé.
La nutrition parentérale expose le malade aux risques d'hypervolémie, d'infection
nosocomiale et de perturbations de l'équilibre hydro-électrolytique. Ces alimentations
artificielles ne peuvent pas être prescrites chez le malade âgé sans être accompagnées d'une
réflexion éthique prenant en compte le pronostic et la qualité de vie.
● L'hypodermoclyse
L’hypodermoclyse consiste à perfuser des liquides dans le tissu sous-cutané, à des fins essentielles
de réhydratation, en dehors des situations d’urgence. C’est une technique employée quasi-
exclusivement en gériatrie. Le liquide perfusé ne dépasse pas 1,5 l/site/jour et doit être isotonique
ou faiblement hypotonique.
ANNEXE 5 : L'hypodermoclyse
Avantages Inconvénients
3. Assurer le confort.
PRÉALABLES À L'ALIMENTATION
• Assurer l'hygiène buccale : Un défaut d'hygiène buccale entraîne une sensation de soif,
produit de mauvaises odeurs, rend l'élocution difficile et cause des difficultés de
déglutition. Les causes en sont nombreuses chez les malades âgés : déshydratation,
respiration bouche ouverte, médications anti-cholinergiques ou antimitotiques,
radiothérapie antérieure, hypovitaminose et surtout mycoses. Les soins de bouche
nécessitent l'utilisation de solutions contenant un antifongique. Les solutions antiseptiques
du commerce sont souvent irritantes.
Il n'y a plus l'exigence d'efficacité nutritionnelle. Les efforts cherchent à assurer un bien-être
physique et moral en maintenant la symbolique du repas lorsque le patient le souhaite.
● Texture des aliments proposés appro- priée aux possibilités du malade : en cas de
nausées, il est préférable d'offrir des plats froids, sans odeur. Glaces, crèmes et
yaourts sont souvent appréciés.
● Recherche de la convivialité.
Hydratation et déshydratation ont des avantages et des inconvénients qu'il faut utiliser
en fonction de la situation propre au malade, en évitant toute attitude dogmatique (cf
Tableau 2). Qu'il y aît ou non recherche d'hydratation efficace, il faut néanmoins toujours
assurer un état d'hygiène buccale parfait et soulager la sensation de soif par des
pulvérisations d'eau dans la bouche.
Tableau 2 : Les arguments pour ou contre la réhydratation du malade âgé en fin de vie
XI ANNEXES
GLOSSAIRE
● catabolisme : Le catabolisme est l'ensemble des réactions de dégradations
moléculaires de l'organisme considéré. Il est le contraire de l'anabolisme, ensemble
des réactions de synthèse. Le catabolisme et l'anabolisme sont les deux composantes
du métabolisme.Les réactions de catabolisme sont des oxydations (ou des
déshydrogénations) et elles sont thermodynamiquement favorables, c'est-à-dire
qu'elles sont exergoniques (cédant de l'énergie, produisant de l'énergie).Les
réactions du catabolisme des protides, glucides, lipides, acides nucléiques, etc., sont
toutes intimement liées. Il s'agit d'un enchaînement de réactions chimiques.
● ingesta : Ensemble des produits qui sont ingérés par un individu dans une journée.
est une méthode utilisée pour doser des particules. Elle est utilisée pour mesurer les
concentrations de protéines sériques par immuno précipitation : le sérum dilué est
mis en présence d'un anti sérum spécifique et le complexe antigéne-anticorps
antiprotéine précipite sous forme de fines particules permettant une analyse
néphélémétrique. L'instrument utilisé pour faire les mesures est le néphélomètre.
EN SAVOIR PLUS
● Congrès international francophone de Gérontologie (1994 ; Strasbourg), Age and
Nutrition. EURONUT/SENECA France et alimentation de demain [en ligne]. ISSN
1158-0259 ; vol 7, n°2, 1996, 75-77 p. [en ligne]. :
http://www.bdsp.ehesp.fr/Base/Scripts/ShowA.bs?bqRef=132425
RECOMMANDATION
● Haute Autorité de Santé. Évaluation diagnostique de la dénutrition protéino-
énergétique des adultes hospitalisés [en ligne]. Septembre 2003. : http://www.has-
sante.fr/portail/jcms/c_432199/evaluation-diagnostique-de-la-denutrition-
proteino-energetique-des-adultes-hospitalises
ABRÉVIATIONS
● 'IL1 : Interleukine 1
● AVK : Antivitamines K
Confusion et démences
1 . 1 Modifications macroscopiques........................................................................................... 1
1 . 2 Modifications histologiques................................................................................................ 1
1 . 3 Modifications neurochimiques........................................................................................... 1
1 . 4 Modifications vasculaires....................................................................................................1
2 . 1 Le mode de survenue...........................................................................................................1
3 Démences.......................................................................................................................................3
3 . 1 La Maladie d'Alzheimer..................................................................................................... 1
OBJECTIFS
ENC :
SPECIFIQUE :
● 5.2 Décrire les besoins nutritionnels du sujet âgé : - besoins quantitatifs en énergie,
protéines, glucides, eau et calcium, - besoins qualitatifs en lipides, - besoins en
● 5.4 Indiquer des paramètres utilisables en pratique quotidienne pour évaluer l'état
nutritionnel des malades âgés.
● 5.6 Utiliser et interpréter une grille de dépistage de la malnutrition (MNA) dans une
population de sujets âgés (grilles utilisables par le médecin généraliste).
● 5.7 Décrire les causes de la malnutrition : malnutrition par carence d'apports dite "
exogène ", malnutrition par hypercatabolisme dite " endogène ".
● 5.10 Dispenser des conseils d'hygiène alimentaire à des sujets âgés vivant à domicile
(achat et conservation des aliments, préparation du repas, besoins alimentaires
succincts, variété alimentaire, hydratation, exercice, convivialité,...).
● 5.12 Donner des exemples de controverse d'ordre éthique dans les indications de
nutrition d'un malade âgé en situation de refus alimentaire.
INTRODUCTION
Un bon fonctionnement cérébral est fondamental pour la qualité de vie des personnes
âgées. Le maintien des stimulations par les afférences sensorielles et sociales y
contribue.
La circulation cérébrale est préservée en priorité quel que soit l'état circulatoire général.
Le débit sanguin cérébral global n'évolue pas beaucoup avec l'âge chez le sujet normal.
Les techniques d'exploration Single Photon Computed Tomographie (Single Photon
Computed Tomographie) et Positon Emission Tomographie (Positon Emission
Tomographie) permettent d'étudier la circulation corticale locale. Elles montrent qu'il y
a concordance entre une activité intellectuelle et le débit sanguin cortical correspondant
à la zone activée. Lorsqu’elle est observée, la baisse du débit sanguin cérébral, local
ou global, serait plus la conséquence que la cause du vieillissement cérébral.
● Contexte culturel
● Contexte psychoaffectif
● Contexte sensoriel
Il est caractérisé par une installation rapide en quelques heures ou quelques jours au
plus. Plus l'installation est rapide, plus le diagnostic d'état confusionnel est
vraisemblable, à l'inverse de la démence qui s'installe progressivement sur plusieurs
mois.
Il varie d’un malade à l’autre et fluctue rapidement chez un même malade. La vigilance
est altérée et varie au cours de la journée : phases stuporeuses, hébétude, agitation
psychomotrice, périodes de lucidité. L'inversion du cycle nycthéméral (cf. glossaire) est
fréquente. L'humeur est marquée par une perplexité, une anxiété, une incompréhension
de ce qui se passe. Le langage est troublé : recherche de mots, fuite des idées.
L'onirisme (cf. glossaire) se manifeste par des hallucinations visuelles et auditives,
retentissant sur le comportement du malade.
L’ interrogatoire
• Les examens biologiques peuvent mettre en évidence une anémie, un trouble hydro
électrolytique, une hypoglycémie, une dysthyroïdie, une hypercalcémie, une hypoxie
(cf. glossaire) .
• L'Eléctroencéphalogramme montre un ralentissement diffus et symétrique des
rythmes de fond. Il permet surtout d’éliminer une épilepsie fronto-temporale et une
lésion focale intracrânienne.
• Le scanner est parfois difficile à réaliser. Il doit néanmoins être demandé pour
éliminer un hématome sous-dural ou une hémorragie cérébrale.
(Recommandation : Haute Autorité de Santé. Confusion aiguë chez la personne âgée : prise en
charge initiale de l'agitation [en ligne]. Mai 2009. ) Confusion aiguë chez la personne âgée :
prise en charge initiale de l'agitation.
III DÉMENCES
La démence est la plus grave des transformations qui atteignent l'être humain
vieillissant.
Le syndrome démentiel se définit comme étant une détérioration globale des fonctions
cognitives chez une personne ayant un état de conscience normal. La survenue et
l'évolution sont progressives. Les troubles sont irréversibles. Un syndrome démentiel
correspond à la période d'état de pathologies multiples ayant des évolutions
précliniques de durées inconnues.
Les causes des syndromes démentiels sont dominées par les maladies neurologiques
dégénératives dont la principale est la maladie d'Alzheimer. L'apparition de traitements
actifs dans cette affection justifie que l'on préconise un diagnostic précoce. Une stratégie
intelligente de prise en charge limite les risques d'évolution catastrophique du malade
mais aussi de son entourage. Les aspects sociaux, sociologiques, psychologiques et
médico-légaux font partie de la prise en charge. La démence est le problème majeur de
santé publique en gériatrie.
Elle est caractérisée par une perte neuronale prédominant dans le cortex temporal et
l'hippocampe, des dégénérescence neurofibrillaires et des plaques séniles en grand
nombre. Les unes sont principalement formées de protéines tau anormalement
phoshorylées et les autres de la protéine amyloïde insoluble.
Les mécanismes intimes de la MA sont encore inconnus. Parmi les facteurs de risque, le
plus important est l’âge. Le second facteur est l’existence d’antécédents familiaux de la
• une désorientation temporo - spatiale, le premier signe qui doit faire penser à la
maladie d’Alzheimer est la désorientation dans le temps. Elle se traduit par une
difficulté à retenir la date du jour. La désorientation dans l’espace est habituellement
plus tardive mais aussi plus spécifique. Elle se traduit au début par des difficultés à
fixer le nom des
lieux où se trouve le patient lorsqu’ils lui sont inhabituels. A un stade plus avancé,
l’interrogatoire de l’entourage peut révéler des difficultés à s’orienter dans un lieu non
familier au patient (par exemple, dans une grande surface, ou lors d’un trajet en
voiture inhabituel).
• des troubles des fonctions exécutives font appel à la capacité du patient à organiser et
réaliser une tâche cognitive plus ou moins complexe nécessitant un plan de travail.
Dans la vie quotidienne, ces troubles exécutifs se traduisent par exemple par des
difficultés à remplir correctement sa déclaration d’impôts ou bien à planifier un trajet
nécessitant plusieurs correspondances à partir d’un plan du métro.
• des troubles du langage caractérisés au début par l’oubli des mots ou aphasie (cf.
glossaire) amnésique.
• des troubles praxiques (difficultés d’utilisation d’appareils ménagers).
• des troubles gnosiques marqués initialement par des difficultés à reconnaître des
symboles abstraits tels que des logos ou des panneaux routiers, puis des personnes
ou des objets peu familiers.
L'évaluation des fonctions mentales se fait dans un premier temps en recueillant les
éléments évoqués ci-dessus. Habituellement le malade se plaint moins que son
entourage, ce qui témoigne d'une anosognosie (cf. glossaire) .
Evaluation standardisée
Une première évaluation standardisée globale des fonctions cognitives peut être faite
par le test de Folstein ou Mini Mental State Examination (MMSE) dont la passation
dure une dizaine de minutes. C'est un test de dépistage accessible à tout praticien. Le
score de 24/30 constitue le seuil devant faire suspecter une atteinte déficitaire.
L'interprétation du score au Mini Mental State Examination doit être prudente. En
effet, un haut niveau d'éducation, permet de maintenir un score supérieur au seuil
tout en ayant une atteinte pathologique évidente. A l'inverse, un faible niveau
intellectuel, désavantage certaines personnes et crée de faux positifs. Rappelons enfin
que lors d'un état confusionnel (exemple : imprégnation éthylique aiguë chez un
sujet jeune), il y a des chances que le score de Folstein soit inférieur à 24 !
dangereux sur ces seuls éléments de conclure à ce stade à ce diagnostic et encore plus
de spécifier qu'il s'agit d'un Alzheimer.
Parmi les troubles praxiques, l’apraxie constructive (cf. glossaire) est plus précoce. Une
des épreuves les plus sensibles pour la mettre en évidence est le test de l’horloge. On
demande au patient de dessiner le cadran d’une horloge d’indiquer sur ce cadran toutes
les heures, puis la petite et la grande aiguille qui marquent 16 heures 45. Les premières
perturba- tions à cette épreuve sont des erreurs de positions des chiffres de l’horloge,
une confusion entre la petite et la grande aiguille, et une erreur de position de la petite
aiguille (qui doit être plus proche de 5h que de 4h). L’apraxie constructive peut être
également mise en évidence en demandant au patient de dessiner un cube en
perspective. Cette épreuve est cependant moins sensible que ne l’est le test de
l’horloge, et sa réalisation dépend du niveau culturel du patient.
Diagnostic
Ces tests doivent être complétés par une évaluation multidimensionnelle qui permet de
faire le diagnostic de la maladie d’Alzheimer et de définir les orientations
thérapeutiques. Cette évaluation pourra avoir lieu dans un centre expert, par exemple
dans le cadre d’un hôpital de jour, et comportera :
Le diagnostic de maladie d’Alzheimer est fait selon les critères du Diagnostic and
Statistical Manual - Revision 4(tableau 5). L'utilisation des critères définis par le
National Institute of Neurological Disorders and Stro k e (National Institute of
Neurological Disorders and StrokeAssociation) et l'Alzheimer Disease and Related
Disorders Association (Alzheimer Disease and Related Disorders Association ) permet
de retenir le diagnostic de maladie d'Alzheimer possible ou probable avec une
probabilité comprise entre 90 et 95% (tableau 6).
Possible
Syndrome démentiel isolé
Troubles cognitifs progressifs
Peut être associé à une autre affection systémique ou cérébrale
Probable
Syndrome démentiel cliniquement confirmé
Aggravation progressive dans au moins deux domaines cognitifs
Perturbation des activités de la vie quotidienne et troubles du comportement
Absence d'autre affection systémique ou cérébrale
Certaine
Probable, plus preuve histologique (biopsie ou autopsie)
Les troubles mnésiques sont au second plan. Des troubles de l'humeur, du caractère
et du comportement sont prédominants et souvent révélateurs.
Le diagnostic est actuellement fait selon les critères de Lund et Manchester (tableau
7).
Troubles comportementaux :
Symptômes affectifs :
Troubles du langage :
- réduction progressive du langage (aspontanéité)
- stéréotypies verbales et palilalie
- écholalie et persévérations
Examens complémentaires :
- EEG normal
- atteinte prédominant dans les régions frontales (TDM, IRM ou SPECT)
- troubles sévères des fonctions exécutives
Les démences vasculaires ou traumatiques font suite à des accidents cérébraux dont il
existe des signes cliniques neurologiques. Elles sont souvent mixtes c'est à dire associées
à une MA sous-jacente dont elles enrichissent la symptomatologie.
Ces médicaments sont indiqués lorsque la maladie est d’intensité légère, modérée et
modérément sévère. Ils sont actifs chez un certain nombre de patients seulement.
Rien ne permet actuellement de prédire à l'avance leur efficacité. Si le traitement est
efficace, le déclin peut être stabilisé pour un temps donné ou la dégradation plus
lente
qu'elle ne serait survenue spontanément. Ceci peut permettre de maintenir une
autonomie compatible avec le maintien à domicile plus longtemps.
Ces médicaments peuvent avoir des effets secondaires d'ordre digestif (nausées,
vomissements voire diarrhée) ou psychique (insomnie, asthénie).
D'autres prises en charge à visée thérapeutique sont tentées. Leur efficacité sur les
troubles cognitifs est controversée. Par contre, il existe un indiscutable effet de bien-être
pour le patient et de sentiment de soulagement et de déculpabilisation des proches.
• Musicothérapie
• Contact avec des animaux de compagnie.
Sur le plan de la surveillance médicale et des coprescriptions, ces malades doivent être
suivis attentivement. Les symptômes fonctionnels d'autres pathologies sont mal
exprimés du fait des difficultés d'expression et de compréhension. L'entourage peut
aider à décoder les "plaintes" du malade. Il convient d'être très économe dans les
médicaments et de proscrire les molécules anticholinergiques.
Les troubles du comportement sont inévitables. Ils sont de deux origines : soit
endogènes, faisant suite à une production délirante ou hallucinatoire par exemple,
soit exogènes c'est à dire réactionnels à ce que le malade perçoit de sa situation et de
son environnement. Les deux mécanismes peuvent s'associer.
C'est à dire que l'entourage doit apprendre à connaître et à comprendre les réactions
du malade. Il peut s’agir de manifestations apparues à l’occasion d’une maladie
intercurrente dont le traitement permettra d’obtenir la régression des troubles
comportementaux. Le médecin traitant n'est pas toujours à l'aise dans la formation et le
conseil vis à vis des familles. Les Hôpitaux de Jour et autres Centres experts ainsi que
Toutes les difficultés comportementales ne se règlent cependant pas par des attitudes
intelligentes et adaptées. Il est nécessaire de traiter les symptômes gênants tels que
agressivité, anxiété, insomnie, dépression. Un délire n'ayant pas de conséquence
pénible pour le malade et tolérable par l'entourage n'est pas forcément à traiter. Les
traite- ments par psychotropes respectent les principes suivants :
• Monothérapie si possible
• Durée de vie courte
• Traitement de quelques jours ou semaines puis essai d'arrêt.
L'entourage n'est pas fait que d'une personne : il y a le conjoint, les enfants, les gendres
et belles-filles etc....Chacun réagit en fonction de l'histoire familiale.
Tout peut se voir depuis la cohésion totale au déchirement sordide.
Le médecin doit savoir quel est l’entourage du malade ou si celui-ci est seul. En cas de
cohabitation, il en évalue la disponibilité, la cohésion, la solidité psychologique.
Quoiqu'il en soit, toute famille, même la mieux disposée et la plus solide, a besoin de
conseils, de soutien psychologique et d'encouragements.
Le malade ne sait plus accomplir un certain nombre de tâches. Par contre, il fait parfois
des "bêtises : déplacer des objets, ouvrir des robinets, cacher de l'argent, jeter un
courrier important....
L'entourage doit donc compenser les manques et surveiller ou réparer les actes
aberrants.
Le besoin principal des familles est d'avoir des moments de répit : une ou deux
journées par semaine d'accueil en Hôpital de Jour ou en Centre de Jour, ou bien
hébergement temporaire de deux à trois semaines une ou plusieurs fois par an dans une
institution.
Certaines aides sont financées par la Sécurité Sociale (Hôpital de Jour, soins infirmiers à
domicile), d'autres sont à la charge du malade (changes jetables pour incontinent,
accueil de jour, hébergement temporaire). La Prestation Spécifique Dépendance peut
être obtenue, sous conditions de ressources, pour financer ces aides.
Eléments de suivi
Le suivi d'un malade dément est une histoire de plusieurs années. Cette affection
ouvre en France le droit à une prise en charge à 100 % sous le régime des affections de
longue durée. En moyenne, on admet que 80 % de la durée de la maladie se passe au
domicile et 20 % (les phases terminales) dans les hôpitaux ou les institutions.
La majorité de la durée est donc sous la surveillance des médecins généralistes.
En ce qui concerne le malade, le suivi des fonctions mentales peut se faire par le MMSE.
Si le malade est suivi par un centre expert, les éléments psychométriques contrôlés sont
plus précis.
Le malade est précocement incapable de gérer ses affaires. Si l'entourage le fait avec
bienveillance et sans contentieux entre ses membres, il n'y a pas lieu d'intervenir. Par
contre, si le malade est seul, s'il est exposé à des manipulations ou si la discorde
s'installe dans son entourage, la loi permet de le mettre sous protection juridique.
Une première mesure à effet immédiat de protection est la sauvegarde de justice. Elle
est décidée par le procureur de la République et sur signalement. Il s'agit d'une mesure
non publique qui permet de faire annuler les malversations dont la personne protégée
aurait été victime du fait de sa vulnérabilité. La sauvegarde de justice dure six mois.
C’est une mesure d'attente d'un éventuel jugement de tutelle ou curatelle.
La curatelle et la tutelle sont des mesures résultant d'un jugement (juge des tutelles)
au vu d'un certificat médical d'un médecin expert agréé par le tribunal d'Instance, d'une
audition du malade et d'une audition des membres de la famille par le juge. Celui-ci
prononce le jugement en choisissant la mesure appropriée (curatelle, tutelle) et en
désignant le curateur ou tuteur.
La curatelle est une protection qui respecte le droit de vote et permet au majeur protégé
d'effectuer les actes de gestion qui doivent être contresignés et approuvés par le
curateur.
La tutelle réduit le protégé au niveau d'incapable majeur et lui retire ses droits
civiques. En cas de MA ou d'autres démences, la tutelle est la mesure
habituellement adaptée.
Enfin, le médecin traitant doit savoir que la démence est un facteur de risque de
maltraitance, indicateur de l’épuisement familial. La charge physique et psychologique
écrase les aidants non préparés, mal soutenus, ayant des difficultés psychiques. Par
exaspération, par vengeance parfois, des malades sont battus, insultés, surcalmés par
des médicaments, laissés dans leurs déjections. Les troubles de la mémoire ou les
propos "délirants", procurent une amnistie aux auteurs. La détection des signes de
maltraitance fait partie des critères de suivi.
(En savoir plus : AGID Yves. Les démences dégénératives-Conférence introductive à l'Ecole de
l'INSERM [vidéo]. Canal U- BIOTV. 28/04/2004. ) Vidéo - Les démences dégénératives
IV ANNEXES
GLOSSAIRE
● anosognosie : En médecine, l'anosognosie est considérée comme un trouble
neuropsychologique. Elle désigne la méconnaissance par l'individu de sa maladie ;
de son état, même grave ; de la perte de capacité fonctionnelle dont il est atteint,
particulièrement, dans le cas d'affections comme la cécité, l'hémiplégie, ou le
membre fantôme.
● aphasie : L'aphasie, parfois appelé mutisme dans le langage populaire, est une
pathologie du système nerveux central, due à une lésion caractéristique d'une aire
cérébrale. Le mot aphasie vient du grec phasis (parole) et signifie « sans parole. Ce
terme a été créé en 1864 par Armand Trousseau. Depuis cette époque, le mot a pris
du sens, en désignant un trouble du langage affectant l'expression ou la
compréhension du langage parlé ou écrit survenant en dehors de tout déficit
sensoriel ou de dysfonctionnement de l'appareil phonatoire.
● onirisme : État mental dans lequel on prend ses rêves pour la réalité.
● praxies : Capacité d'exécuter sur ordre des gestes orientés vers un but déterminé
alors que les mécanismes d'exécution sont conservés. Mouvement coordonné
normalement vers un but suggéré. Autrement dit il s'agit de la coordination de
l'activité gestuelle, résultat d'une activité des centres nerveux supérieurs dépendant
de l'action qui s'exerce sur le corps ou sur le monde environnant et les objets qui lui
appartiennent.
EN SAVOIR PLUS
● AGID Yves. Les démences dégénératives-Conférence introductive à l'Ecole de
l'INSERM [vidéo]. Canal U- BIOTV. 28/04/2004. : http://www.canal-
u.tv/producteurs/biotv/dossier_programmes/ecole_de_l_inserm_seminaires_de_f
ormation_a_la_sante/les_demences_degeneratives/les_demences_degeneratives_c
onference_introductive_a_l_ecole_de_l_inserm_prof_yves_agid
RECOMMANDATION
● Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Mise au point sur la
prévention de l'iatrogénèse médicamenteuse chez le sujet âgé [en ligne].
04/07/2005. : http://www.afssaps.fr/Infos-de-securite/Mises-au-point/Prevenir-
la-iatrogenese-medicamenteuse-chez-le-sujet-age/(language)/fre-FR
● Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Sécurité d'emploi des
antipsychotiques classiques chez les patients âgés déments [en ligne]. 09/12/2008 :
http://www.afssaps.fr/Infos-de-securite/Communiques-de-presse/Securite-d-
emploi-des-antipsychotiques-classiques-chez-les-patients-ages-dements/
(language)/fre-FR
● Haute Autorité de Santé. Confusion aiguë chez la personne âgée : prise en charge
initiale de l'agitation [en ligne]. Mai 2009. : http://www.has-
sante.fr/portail/jcms/c_819557/confusion-aigue-chez-la-personne-agee-prise-en-
charge-initiale-de-l-agitation
http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_819667/maladie-d-alzheimer-et-
maladies-apparentees-prise-en-charge-des-troubles-du-comportement-
perturbateurs
ABRÉVIATIONS
● ADRDA : Alzheimer Disease and Related Disorders Association
● CAT : Choline-Acétyl-Transférase
● COMT) : Cathécol-O-Méthyl-Transférase
● EEG : Eléctroencéphalogramme
● MA : Maladie d'Alzheimer
● MAO : Monoamine-Oxydase
● TDM : Tomodensitométrie
1 Epidémiologie............................................................................................................................... 1
2 Aspects séméiologiques................................................................................................................ 2
2 . 3 Dépression et démences.......................................................................................................1
3 Les thérapeutiques....................................................................................................................... 3
3 . 2 La sismothérapie..................................................................................................................1
OBJECTIFS
ENC :
SPECIFIQUE :
INTRODUCTION
Les états dépressifs du sujet âgé (Etat dépressif du sujet âgé) sont fréquents et de diagnostic
difficile.
Les dimensions sociales, psychologiques, e n v i ronnementales et biologiques sont
intriquées. Les EDA sont méconnus, banalisés, souvent considérés comme une
conséquence du vieillissement. De ce fait ils sont insuffisamment traités et ne bénéficient
pas d'une prise en charge globale.
Ce défaut diagnostique est lié :
I EPIDÉMIOLOGIE
Elles s'accordent sur une fréquence importante des EDA, bien que variable selon les
études. On peut aussi discuter de l’usage d’instruments qui n'ont pas été construits pour
des personnes âgées et qui sont parfois, trop ou au contraire trop peu sensibles.
Dans la population générale, il est admis que des symptômes dépressifs puissent concerner
15 % des individus tandis que la prévalence d'un épisode dépressif majeur est de l'ordre
de 3 % au delà de 65 ans. Dans les institutions d'hébergement, il est rapporté des
prévalences allant de 5 à 30 %. Certains travaux mettent en évidence le fait que dans la
première année suivant l'admission en institution, un épisode dépressif majeur survient
chez 10 à 15 % des résidents.
Associées à la survenue d'une dépression, elles sont comparables à celles qui ont été
décrites chez l'adulte jeune. La dépression est plus fréquente chez les femmes notam- ment
les veuves, chez les personnes qui ne bénéficient pas d'un entourage attentif, chez les
malades souffrant d'affections somatiques graves et notamment d’affections sensorielles.
En outre les changements de mode de vie, les séparations, les deuils, le confinement à
domicile, la perte des liens sociaux et familiaux, la perte des rôles sociaux ou au contraire
un rôle nouveau comme celui qui consiste à prendre en charge son conjoint dépendant sont
autant de facteurs favorisant les EDA.
II ASPECTS SÉMÉIOLOGIQUES
Chez le malade âgé, la sémiologie dépressive s'exprime avec retard, par des symptômes
moins expressifs que chez l'adulte d'âge moyen. Les états dépressifs associent
classiquement deux signes fondamentaux : douleur morale et ralentissement.
Concernant la douleur morale, rappelons que le sujet âgé doit s’adapter au remaniement de
ses capacités et de ses aptitudes. Ceci entraîne l'expression de sentiments qui ne traduisent
que les efforts consentis pour accepter le processus du vieillissement. Ces sentiments
peuvent être alors pris, à tort, pour une véritable souffrance.
La douleur morale ne saurait donc seulement se définir par l'impression, perçue trop
rapidement, d'une souffrance psychique. Elle doit être toujours envisagée dans le contexte
plus global de son origine, de sa tonalité et de son retentissement.
La tristesse n'est pas forcément signe de dépression puisqu'elle fait partie des réactions
normales à une perte (fréquente chez le vieillard). Ce trouble ne traduit une dépression
que s’il est disproportionné par rapport aux difficultés existentielles et s’il envahit la
totalité de sa vie psychique.
Il est généralement exprimé sous la forme d'un vécu de solitude intense. Ce sentiment de
solitude est parfois purement subjectif et peut contraster avec l'existence d'un réel soutien
de l'entourage. On en rapproche les plaintes portant sur la mémoire.
● L'angoisse
Elles se présentent sous la forme d'un délire volontiers persécutif. Ce délire est dit
"congruent à l’humeur" car il a une tonalité triste. On retrouve fréquemment des idées
d'incurabilité ou de ruine. Le diagnostic de dépression est difficile car elle est masquée par
le vécu délirant. Ces formes sont parfois difficiles à différencier d’autres pathologies
délirantes tardives et imposent un recours au psychiatre.
Elles peuvent prendre le masque d’une pathologie organique et donnent lieu à des
investigations diverses et répétées.
L’absence d'amélioration durable est la règle, même avec une prescription bien conduite.
DÉPRESSION ET DÉMENCES
Dans la pathologie démentielle au début, une attention particulière doit être apportée aux
signes précurseurs de démence frontale. Les signes inauguraux sont souvent
psychiatriques, prenant le masque d’une dépression atypique, avec manque de motivation,
apathie, apragmatisme (cf. glossaire) , repli sur soi, etc.... L’examen neuropsychologique doit
aussi explorer les fonctions exécutives frontales.
Elles posent en fait le problème du défaut de leur diagnostic. S'inscrivant dans le cadre
d'une maladie grave comme le diabète, le cancer ou l’insuffisance cardio-respiratoire, elles
restent encore insuffisamment évoquées et par conséquent non traitées. Elles peuvent
aussi émailler l'évolution d’une hydrocéphalie à pression normale, d’une hypothyroïdie
et de toute affection douloureuse chronique. Toutes ces dépressions, même après
traitement de la maladie causale, évoluent dans la majorité des cas pour leur propre
compte.
On en rapproche les dépressions secondaires à certains traitements médicamenteux tels les
antihypertenseurs centraux ou les neuroleptiques.
Une authentique mélancolie peut survenir chez le sujet âgé. Elle prend l'aspect d'une
dépression intense avec prostration (cf. glossaire) et mutisme, ou au contraire agitation
et agressivité. Une perte de poids importante, une insomnie prédominante en fin de nuit
sont généralement associées et peuvent entraîner des troubles somatiques. Un épisode
mélancolique peut représenter l'évolution d'un trouble bipolaire déjà connu ou inaugurer
une maladie bipolaire alternant, par la suite, des accès maniaques et mélancoliques. La
notion d'antécédents familiaux est plus rarement retrouvée que chez l'adulte jeune. Ces
épisodes mélancoliques constituent des urgences thérapeutiques du fait de leur
retentissement somatique rapide et du risque important de conduite suicidaire.
LE RISQUE DE SUICIDE
La dépression du sujet âgé est d'évolution lente, confinant le patient dans une souffrance
parfois intense et durable, provoquant ainsi l'épuisement de la famille comme du
médecin traitant. Cette évolution est encore plus nette lorsque le patient présente aussi
une maladie somatique associée. Une dépression aggrave le niveau de dépendance ou
de recours aux soins. Cette évolution est aussi responsable d'un rejet prématuré du
traitement, donnant lieu à des prescriptions nouvelles tout aussi inefficaces car
poursuivies insuffisamment longtemps.
Le risque évolutif majeur reste le passage à l'acte suicidaire, qu'il s'inscrive dans le cadre
d'un raptus (cf. glossaire) anxieux ou qu'il constitue une évolution incontrôlable du trouble
dépressif, notamment lorsqu'un vécu délirant est associé. Il doit ainsi être porté une
attention particulière aux antécédents personnels et familiaux de conduite analogue, aux
idées suicidaires exprimées par le patient, qu'elles prennent l'aspect d'une rumination ou
d'une menace adressée à l'entourage. Il convient aussi d'évaluer l'intensité d'un
éventuel vécu délirant notamment lorsque la méfiance et le repli apparaissent au premier
plan.
Enfin, rappelons la possibilité de survenue d'un état d'opposition massive avec mutisme,
prostration et refus alimentaire absolu pouvant entraîner le décès en quelques jours.
L'évaluation de la gravité est un guide dans la mise en place d'un plan de soins. Les
instruments d'évaluation de la sévérité sont utiles pour apprécier l’efficacité d’un
médicament antidépresseur, mais la plupart ont été établis pour une population adulte et
leur usage dans la population âgée est réservé.
L’emploi des thymorégulateurs (en dehors du lithium pour sa tolérance moyenne chez le
sujet âgé), la carbamazépine ou le dépamide sont une aide dans ce type de dépressions
résistantes
LA SISMOTHÉRAPIE
● Stratégies psychosociales
Elles ont démontré leur efficacité, mais sont rarement mises en place. Les indications sont
les mêmes que chez l’adulte : elles sont à proposer en cas d'échec du traitement
chimiothérapique, en cas de contre-indication de ces traitements, ou en cas d’effets
secondaires trop importants. Les indications préférentielles sont les états dépressifs légers
à modérés. Cependant, associées aux traitement chimique elles en améliorent le résultat,
surtout en prévenant les récurrences.
Pour leur mise en place elles nécessitent l'adhésion de la personne et quelquefois de son
entourage familial. Les techniques psychothérapiques les plus utilisées sont les thérapies de
soutien, qui sont basées sur une relation de confiance à partir d’une vision réaliste des
objectifs à atteindre et des possibilités. Cette approche peut aider le
patient à accepter la diminution de ses capacités liées à l'âge. Elles sont surtout centrées sur
"l’ici et maintenant" dans un but pragmatique et pour aider la personne à faire face aux
difficultés actuelles. Elles donnent des informations sur le fonctionnement dépressif, aident
la personne à reconnaître et accepter le fait douloureux. L’objectif est la modification des
symptômes et des conduites. Il faut souligner l'intérêt des psychothérapies cognitives,
basées sur le principe des idées négatives que génèrent la dépression et qu’il est possible de
modifier : idées négatives vis à vis de soi-même, du monde environnant ou du futur. Le
thérapeute identifie avec le patient les situations responsables de sentiments négatifs et
dépressifs et l’aide à y substituer des pensées positives réalistes, tout en reconnaissant
l'authenticité de l’affect dépressif. La qualité de la relation médecin-patient est
essentielle au succès de la prise en charge. La voie est étroite pour le patient (et quelquefois
pour son médecin) entre une médicalisation excessive de la dépression et la banalisation de
la prise de psychotropes.
(Recommandation : Haute Autorité de Santé. Prise en charge des complications évolutives d'un
épisode dépressif caractérisé de l'adulte [en ligne]. Avril 2007. ) Prise en charge des complications
évolutives d'un épisode dépressif caractérisé de l'adulte.
IV ANNEXES
GLOSSAIRE
● allèle : On appelle allèles les différentes versions d'un même gène. Chaque allèle se
différencie par une ou plusieurs différences de la séquence de nucléotides. Ces
différences apparaissent par mutation au cours de l'histoire de l'espèce, ou par
recombinaison génétique. Tous les allèles d'un gène occupent le même locus
(emplacement) sur un même chromosome.
RECOMMANDATION
● Haute Autorité de Santé. Prise en charge des complications évolutives d'un épisode
dépressif caractérisé de l'adulte [en ligne]. Avril 2007. : http://www.has-
sante.fr/portail/jcms/c_607702/prise-en-charge-des-complications-evolutives-d-
un-episode-depressif-caracterise-de-l-adulte
ABRÉVIATIONS
● ECG : Electrocardiogramme
Autonomie et dépendance
1 Définitions..................................................................................................................................... 1
1 . 1 L'autonomie......................................................................................................................... 1
1 . 2 La dépendance..................................................................................................................... 1
3 Conséquences de la dépendance................................................................................................. 3
4 . 1 Définition de l'évaluation.................................................................................................... 1
OBJECTIFS
ENC :
SPECIFIQUE :
● 8.4 Décrire les répercussions de la dépendance d'un sujet âgé sur l'entourage (en
particulier familial).
INTRODUCTION
Les termes d’autonomie et de dépendance ne sont pas opposés car l’autonomie se réfère au
libre arbitre de la personne alors que la dépendance est définie par le besoin d’aide.
Mais ces deux notions se complètent et sont à prendre en compte pour répondre au mieux
au besoin de la personne âgée. Les causes de dépendance sont variées avec l’intrication de
facteurs médicaux, psychiques et sociaux. Les conséquences de la dépendance intéressent
la personne âgée, son entourage ou les acteurs médico sociaux. L’évaluation de la
dépendance exige une méthode et des outils fiables. Elle repose en France sur la
détermination des soins requis pour une personne mais aussi pour un groupe de personnes
âgées. Elle conduit à la mise en oeuvre d’un projet gérontologique ou d’un plan d’aides
sanitaires et / ou sociales pour un individu donné ou une collectivité. Il nécessite une
étroite collaboration entre tous les acteurs paramédicaux et sociaux et le médecin traitant.
Celui-ci a un rôle essentiellement d’évaluation et de conseil auprès de la personne âgée et
de sa famille.
I DÉFINITIONS
L'AUTONOMIE
Lorsque les capacités intellectuelles d'une personne âgée sont altérées, les soins qui lui sont
prodigués doivent lui être expliqués. La volonté de la personne ou ses choix doivent
primer sur ceux de ses proches. Certaines situations sont complexes : les désirs ou projets
d'une personne âgée ne sont pas toujours en adéquation avec les possibilités d’y répondre.
Dans tous les cas, le respect de l'autonomie impose une négociation centrée sur les souhaits
de la personne âgée.
L'autonomie est parfois définie comme l'absence de dépendance. Cette vision nous
semble réductrice et déracinée de ses sources philosophiques et morales qui en font une
valeur fondatrice de la démarche gérontologique.
LA DÉPENDANCE
La dépendance est l'impossibilité partielle ou totale pour une personne d'effectuer sans aide
les activités de la vie, qu'elles soient physiques, psychiques ou sociales, et de s'adapter à son
environnement.
Par exemple, une diminution de force de préhension d'une main est une déficience. Elle
peut engendrer une incapacité telle l'impossibilité de couper les aliments au cours du repas.
Si le patient peut s'aider de son autre main et/ou d'ustensiles adaptés (aides techniques),
cette incapacité n'a pas de retentissement sur son environnement.
Si au contraire cette incapacité impose la présence d'une personne à chaque repas, elle est
source de handicap.
Chez le même sujet âgé, plusieurs causes de dépendance sont souvent mises en évidence,
qu’elles soient aiguës ou chroniques. C’est l’intrication de ces causes qui fait la gravité de
la situation.
Par exemple, une fracture du col du fémur survenant chez une personne qui souffrait
auparavant d’une arthrose diffuse, d’une diminution de l'acuité visuelle et de troubles de
la marche et de l'équilibre en relation avec un syndrome extra-pyramidal, en est un
exemple. Dans un tel contexte, la reprise de la marche après mise en place d'une prothèse
prend en compte les difficultés pré-existantes. Il ne faut pas négliger, à côté de cette
intrication de pathologies, la participation de facteurs d'ordre psychique ou social.
Quand le malade âgé n’a pas bénéficié d’une évaluation médico-sociale préalable, une
hospitalisation en urgence survient à l'occasion d'une pathologie intercurrente.
La personne âgée est habituellement prise en charge par un service dont la mission est de
proposer des soins purement techniques pour une "pathologie d'organe".
Cette situation est souvent délétère pour les personnes âgées : l’hospitalisation devient
alors une cause de dépendance qui s'ajoute aux précédentes.
L’hospitalisation peut aussi se prolonger pour des problèmes sociaux négligés, ou réglés
hâtivement sans évaluation globale.
Dans certains cas, une entrée en institution non préparée, voire non voulue, est perçue par
la personne âgée comme un acte de sanction et d'abandon. C’est une nouvelle cause de
dépendance, du fait des problèmes psychiques qui en découlent inéluctablement.
Gestes de la vie quotidienne : Lorsque la dépendance est forte, intéressant des gestes de
la vie quotidienne parfois intimes, la relation avec les aidants peut osciller entre la révolte
et la servilité.
DÉFINITION DE L'ÉVALUATION
● Evaluer la personne
Lorsqu'une évaluation de la dépendance concerne une personne donnée, elle vise les
déficiences et les incapacités. Par exemple, l'évaluation de la marche cherche à repérer les
troubles de l'équilibre et de la coordination (get up and go test, test de Tinetti).
D'une manière générale l'évaluation permet à une équipe de soins :
• de repérer les déficiences et incapacités qui retentissent sur l'environnement,
• d'établir un plan de soins pour limiter le handicap,
• de communiquer avec d'autres acteurs de santé,
- et de suivre une même personne en évaluant son incapacité au cours du temps.
La dépendance engendre un coût direct en aide technique, le plus souvent aisé à évaluer.
L’évaluation des coûts indirects est plus complexe à apprécier : retentissement de la
dépendance sur les familles, évaluation des aides humaines impliquant des aidants
naturels ou des acteurs sociaux. La difficulté augmente si l’on tient compte de la multiplicité
des financeurs. Les coûts de santé sont pris en charge au titre de l’Assurance Maladie, du
ressort de l’Etat. Les coûts sociaux sont à la charge de l’intéressé ou de sa famille (obligation
légale), et à défaut des collectivités locales (Conseil Général, communes), par
l’intermédiaire de l’aide sociale.
Cette démarche vise à la répartition des moyens financiers et humains pour une
organisation sanitaire efficiente. L'analyse des causes de dépendance sur une population
utilise des outils d'évaluation centrés sur des pathologies pourvoyeuses d'un nombre
important de sujets dépendants. Les outils doivent dépister rapidement et à grande échelle
des signes associés ou prédictifs de ces pathologies. Pour l'appréciation des moyens
sociaux mis à la disposition des personnes âgées, l'évaluation de la proportion de personnes
âgées en institution (structures repérables et coûteuses) représente une autre cible des
enquêtes à l'échelle de la population.
(Recommandation : Haute Autorité de Santé. Méthode d'élaboration d'une démarche de soins type à
domicile pour une population définie de personnes en situation de dépendance [en ligne]. Mai 2004. )
Méthode d’élaboration d’une démarche de soins type à domicile pour une population
définie de personnes en situation de dépendance.
Les deux principales qualités recherchées pour un outil d'évaluation sont la validité et la
reproductibilité. Un instrument est valide lorsqu'il mesure réellement ce qu'il est prétendu
mesurer. Une grille validée ne doit pas être modifiée, ni panachée avec une autre. Il est
indispensable qu’une grille soit utilisée en respectant les règles de recueil des différentes
variables et les consignes d’interprétation des résultats. Une grille d’évaluation de la
dépendance ne peut servir qu'à évaluer la dépendance (pour laquelle elle a été conçue) et
non autre chose.
Parmi les outils validés, nous présentons en annexes (Annexes 1 à 6) les plus utilisés en
France.
S'il n'existe pas d'outil de référence - c’est le cas de la dépendance - on étudie alors la
validité de construit. Pour vérifier ce type de validation, on attend de l'instrument testé
qu'il fournisse un résultat identique dans la même situation. Ainsi, dans le cadre de
l'évaluation de la dépendance, on peut attendre de l'instrument testé qu'il distingue les
populations selon la médicalisation de leur structure d'hébergement : unité de soins de
longue durée, section de cure médicale, foyer-logement.
On peut également attendre de l'outil testé qu'il soit corrélé avec une mesure de charge de
soins infirmiers. Plusieurs études sont habituellement nécessaires pour prouver la validité
de construit d'un outil.
Un outil est reproductible lorsqu'il donne des résultats comparables dans des
situations comparables. On distingue les fidélités inter-juges et intra-juges. Pour la fidélité
inter-juge, on recherche la concordance des résultats obtenus par deux ou plusieurs
examinateurs qui évaluent le sujet avec le même outil. Pour la fidélité intra-juge, ou
fidélité test-retest, on recherche la stabilité de la mesure en comparant les résultats de
deux évaluations du même sujet, effectuées en deux ou plusieurs temps par le même
examinateur.
Lors d’une évaluation de la dépendance, les instruments d’évaluation validés seront choisis
en fonction de la qualité de leur validation et du but de l’évaluation. La détermination des
capacités d’un individu pour les gestes courants intéressant le corps utilisera l’échelle
des activités de vie quotidienne (Activities of Daily Living Activities of Daily Living, en
français Activités de la vie quotidienne) (soins corporels, habillement, toilette, transfert,
continence, alimentation) (Annexe I). Cette grille simple et rapide à renseigner est bien
validée. Elle est considérée comme une référence dans la littérature internationale. Cette
grille de plus prédit fortement le pronostic en terme de morbi-mortalité. Lors de
l’évaluation de la dépendance chez des sujets âgés vivant à leur domicile, il est nécessaire
d’évaluer les activités courantes qui nécessitent une utilisation des fonctions cognitives dites
instrumentales (calcul, élaboration de stratégies exécutives). L ’échelle des activités
instrumentales de la vie quotidienne (Instrumental ADL) (Annexe II) est la plus utilisée.
Les activités ainsi évaluées sont la capacité d’utiliser le téléphone, de faire les courses, de
préparer un repas, de faire le ménage, de laver le linge, d’effectuer un voyage ou des
transports urbains, de prendre un traitement médicamenteux et de gérer un budget
personnel. Cette échelle fait référence. Il convient de souligner que le sujet évalue lui-
même ses capacités. Une vérification auprès des proches peut être nécessaire, voire une
mise en situation (préparation des médicaments, utilisation du téléphone, manipulation de
la monnaie). La mise en oeuvre ou l’observation des activités instrumentales permettent de
dépister des troubles des fonctions exécutives, parfois premier signe d’une démence
dégénératrice de type Alzheimer.
D’autres grilles ont été proposées pour des utilisations variées, telle que l’évaluation de la
charge en soins d’un service ou le suivi d’un sujet. Dans ce cadre on peut citer celle de la
Société Française de Gérontologie (Grille de Kuntzmann) ou la grille Géronte.
Annexe I
But
Evaluer de manière objective les activités de la vie quotidienne.
Description
L’autonomie pour une activité de vie quotidienne est côté 1. Un score de 6 indique une
autonomie complète. Un sujet âgé dont le score est < 3 est considéré comme dépendant.
Remarques
- Simplicité et briéveté de passation
- Très utilisé dans la littérature internationale
- Ne tient pas compte des déplacements
- 20 % des patients restent non classés
Référence
Katz S., Dowtn T.D., Cash H.R. Progress in the development of the index of ADL.
Gerontologist 1970 ; 10 : 20-30
Annexe II
But
Evaluer le comportement et l’utilisation des outils usuels.
Description
Pour chaque item, la cotation ne peut être que 0 et 1. Le score est côté de 0 à 5 pour les
hommes et de 0 à 8 pour les femmes.
Remarques
- Le temps de passation est bref (5 minutes environ)
- Cette échelle demande un apprentissage mais peut être effectuée aussi bien par un
médecin, une infirmière, une aide-soignante, qu’un travailleur social. Les informations sont
fournies par le patient lui-même si les fonctions cognitives sont préservées, sinon par son
entourage.
- Questionnaire adapté aux personnes âgées vivant à leur domicile.
- Parfois, la personne apprécie avec difficulté ses capacités réelles.
- Les items n° 1, 2, 6, 7 permettent de dépister les troubles des fonctions exécutives qui
peuvent apparaître de manière précoce dans les démences dégénératives.
Référence
Lawton M., Brody E.M. Assessment of older people : self-maintaining and instrumental
activities of daily living. Gerontologist 1969 ; 9 : 179-186.
Annexe III
La grille AGGIR cherche à définir le profil de dépendance d’un sujet âgé donné. La
dépendance y est évaluée en terme de niveau de demande de soins requis (appelé “ G
roupe Iso-Ressource (GIR)”. La grille comporte 10 items ou “variables discriminantes”. Un
algorithme classe les combinaisons de réponses aux variables discriminantes en 6 Groupes
Iso-Ressources.
Description
3- Toilette
Elle concerne l’hygiène corporelle et est renseignée en 2 parties :
- Toilette du haut : visage, face antérieure du tronc, membres supérieurs, coiffage
- Toilette du bas : régions intimes, membres inférieurs.
4- Habillage
Cette variable comporte l’habillage, le déshabillage et est renseignée en 3 parties :
- Habillage du haut : vêtements passés par les bras ou la tête
- Habillage moyen : fermeture sur le corps (boutonnage, ceinture, bretelles, pressions,
etc…)
- Habillage du bas : vêtements passés par le bas du corps.
5- Alimentation
Cette variable comprend 2 parties :
- Se servir : couper les aliments, emplir son verre, etc…
- Manger : porter les aliments à la bouche et avaler.
6- Élimination urinaire et fécale
Assurer l’hygiène et l’élimination avec 2 parties correspondant aux éliminations urinaires et
fécales.
7-Transfert, se lever, se coucher, s’asseoir
Passer d’une des trois positions (couché, assis, debout) à une autre, dans les deux sens.
8- Déplacement à l’intérieur
À l’intérieur de la maison et en Institution au sein du lieu de vie y compris les parties
communes.
9- Déplacement à l’extérieur
À partir de la porte d’entrée sans moyen de transport
10-Communication à distance
La communication à distance est définie par ALERTER, c’est-à-dire utiliser les moyens de
communication à distance : téléphone, alarme, sonnette, téléalarme, dans un but d’alerter.
Remarque
La grille AGGIR est inscrite dans la loi française (J.O. : n°97-60 du 24 janvier 1997) comme
outil d’évaluation de la dépendance en vue de déterminer si une personne peut bénéficier
et à quel niveau de la Prestation Spécifique Dépendance. Seules les personnes dont le GIR
est côté 1, 2 ou 3 peuvent prétendre à la Prestation Spécifique Dépendance.
L’utilisation de la grille AGGIR s’est élargie en pratique et est utilisée, par exemple, pour
définir la dépendance de pensionnaires d’une institution ou pour l’appréciation de la
charge de travail d’une équipe soignante.
Références
Syndicat National de Gérontologie Clinique. AGGIR Guide pratique pour la codification
des variables. Principaux profils des groupes iso-ressources. La revue de Gériatrie.
1994;19:249-259
(En savoir plus : LOI no 97-60 du 24 janvier 1997 tendant, dans l'attente du vote de la loi
instituant une prestation d'autonomie pour les personnes âgées dépendantes, à mieux répondre aux
besoins des personnes âgées par l'institution d'une prestation spécifique dépendance (1). ) LOI no
du 24 janvier 1997.
Dans le premier cas, la famille doit prendre une part active à l'aide à la dépendance. Pour
cela, il est nécessaire que les évaluateurs prennent contact avec le réseau des soins habituels
de la personne âgée et que l'environnement familial se sente partenaire (voir chapitre 12 ;
partie soutien et maintien à domicile). Le retentissement de cette nouvelle charge de travail
sur les enfants doit être prise en compte, et l'entourage doit être soutenu en même temps
que la personne âgée dépendante. Il n'est pas rare que la fille ou le fils de la personne âgée
ait lui-même plus de 65 ans !
Dans le second cas, l’entrée en institution impose fréquemment la nécessité d’une structure
médicalisée et les contraintes financières limitent le choix du malade âgé. Il ne faut pas
pour autant négliger cette étape, que nous avons clairement identifiée plus haut comme un
des fondements du respect de l’autonomie.
Dans les deux cas, l’évaluation gériatrique doit être globale. La dépendance est au centre de
l'évaluation : d'une part elle est un témoin de la diminution des capacités fonctionnelles des
différents appareils, et, d'autre part, elle guide les interventions de réhabilitation.
L’évaluation gériatrique doit aussi intégrer d'autres domaines d'intervention tels que le
dépistage des détériorations intellectuelles, des déficiences sensorielles, des risques de
malnutrition, des difficultés psychologiques (syndrome dépressif) et des pertes de
l'équilibre avec le risque de chute.
Plusieurs études ont clairement montré le bénéfice d'une évaluation gériatrique globale. Elle
obtient une réduction du nombre d’entrées en institution, du nombre de réhospitalisations
en service de soins aigus et une amélioration de la qualité de vie.
VI ANNEXES
GLOSSAIRE
● Prestation Spécifique Dépandance : La prestation spécifique dépendance est une
aide destinée à prendre en charge les dépenses liées à la dépendance des personnes
âgées à partir de 60 ans.C'est une prestation en nature, c'est à dire directement
affectée au financement des dépenses d'aides préalablement définies et distinctes
des soins. Elle est attribuée par le département au titre de l'aide sociale.
BIBLIOGRAPHIE
● KATZ S., DOWTH T.D., CASH H.R. : Progress in the development of the index of
ADL. Gerontologist. 1970 ; 10 : 20 - 30 p.
EN SAVOIR PLUS
● LOI no 97-60 du 24 janvier 1997 tendant, dans l'attente du vote de la loi instituant
une prestation d'autonomie pour les personnes âgées dépendantes, à mieux
répondre aux besoins des personnes âgées par l'institution d'une prestation
spécifique dépendance (1). : http://admi.net/cgi-bin/affiche_page.pl?
lien=19970125/TASX9601721L.html&requete=97-60
RECOMMANDATION
● Haute Autorité de Santé. Liberté d'aller et venir dans les établissements sanitaires et
médico-sociaux, et obligation de soins et de sécurité [en ligne]. Janvier 2005. :
http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_272394/liberte-daller-et-venir-dans-les-
etablissements-sanitaires-et-medico-sociaux-et-obligation-de-soins-et-de-securite
http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_272431/masso-kinesitherapie-dans-la-
conservation-des-capacites-motrices-de-la-personne-agee-fragile-a-domicile
ABRÉVIATIONS
● ADL : Activities of Daily Living, en français Activités de la vie quotidienne
Syndrome d'immobilisation
2 Causes d ’immobilisation............................................................................................................2
2 . 2 Le syndrome de glissement................................................................................................. 1
2 . 3 Causes abusives....................................................................................................................1
3 . 1 Retentissement cardio-vasculaire.......................................................................................1
3 . 2 Retentissement bronchopulmonaire.................................................................................. 1
3 . 4 Retentissement urinaire...................................................................................................... 1
3 . 7 Retentissement psychologique............................................................................................1
* Conclusion ...................................................................................................................................5
OBJECTIFS
ENC :
SPECIFIQUE :
● 9.1 Citer les situations qui nécessitent impérativement une immobilisation du sujet
âgé.
● 9.2 Citer des causes abusives d'immobilisation aiguë ou chronique du sujet âgé.
● 9.3 Décrire les conséquences de l'immobilisation sur l'organisme du sujet âgé et les
pathologies liées à l'immobilisation.
● 9.6 Décrire les mesures de tous ordres visant au confort des personnes grabataires.
INTRODUCTION
Fractures
• fracture du bassin en période douloureuse,
• fracture du col fémoral non opérées et instables,
• montages orthopédiques ne permettant pas l'appui immédiat.
Hémiplégie (cf. glossaire) récente avec troubles du tonus du tronc et/ou de la vigilance.
Fièvre importante.
II CAUSES D'IMMOBILISATION
LE SYNDROME DE GLISSEMENT
CAUSES ABUSIVES
Certaines causes doivent être évitées et l’installation de tels syndromes peut être qualifiée
d’abusive :
A l'hôpital
A l'hôpital, les causes les plus fréquentes d’immobilisation abusives sont consécutives à
l’hospitalisation dans des structures inadaptées. Les perfusions limitent considérablement
la mobilité. Le patient est souvent maintenu au lit pour éviter les chutes ou les
déambulations. Le confinement en chambre ou au lit, l’interdiction formelle de se lever et
de marcher, les barrières installées la nuit voire le jour, les couches placées abusivement
contribuent à induire une pathologie d'immobilisation.
A domicile
RETENTISSEMENT CARDIO-VASCULAIRE
L'hypotension orthostatique apparaît dès les premiers jours de l’alitement. Elle est liée à
plusieurs mécanismes souvent associés :
• diminution du tonus musculaire des membres inférieurs qui entraîne une stase veineuse
dans la partie inférieure du corps lors du passage en orthostatisme (cf. glossaire) ,
• désadaptation des réflexes neurovasculaires,
• existence fréquente de varices,
• diminution de sensibilité des barorécepteurs (cf. glossaire) carotidiens,
• traitements hypotenseurs, neuroleptiques, diurétiques,...
RETENTISSEMENT BRONCHOPULMONAIRE
Le risque de décompensation respiratoire est accru chez les sujets aux grandes
déformations thoraciques (cypho-scoliose) et ceux ayant des antécédents de
bronchopneumopathie obstructive chronique, d'asthme ou de pneumoconioses (cf.
glossaire) .
RETENTISSEMENT DIGESTIF
L'anorexie est un symptôme préoccupant lorsqu'elle apparaît chez le sujet âgé hospitalisé et
immobilisé. Elle est liée :
Le fécalome (cf. glossaire) peut se manifester chez le sujet âgé par des tableaux cliniques
particuliers :
• fausses diarrhées,
• subocclusion ou occlusion intestinale,
• syndrome confusionnel (toujours penser à un fécalome chez un patient âgé confus ! ),
• rétention d'urines aiguë ou chronique, à rechercher systématiquement par l’examen
clinique le sondage post-mictionnel, ou l’échographie,
• incontinence urinaire dont le mécanisme est double : mictions par regorgement sur
RETENTISSEMENT URINAIRE
Les infections urinaires sont favorisées par la réduction de mobilité, la position horizontale,
le mauvais état général et les sondages urinaires. Il s'agit le plus souvent d'infections
urinaires parenchymateuses (pyélonéphrites, prostatites) dues à la stase vésicale et à la
déficience du dispositif antirereflux vésico-urétéral.
Dans tous les cas, l'extension sous-cutanée est toujours plus vaste que la plaie cutanée.
L'escarre fermée n'est pas rare avec nécrose étendue et extensive du tissu sous-cutané, la
peau n'étant le siège que d'une petite fistule, voire indemne.
Stade 1 Stade 3
Erythème ne blanchissant pas à la Lésion cutanée intéressant toutes les couches
pression, sans effraction cutanée. de la peau, entraînant une souffrance ou une
Décoloration de la peau, chaleur, nécrose du tissu sous-cutané pouvant
œdème, induration plus ou moins s’étendre au-dessous, mais ne dépassant pas le
importante peuvent également être fascia des muscles sous-jacents.
des indicateurs, en particulier chez les
individus à peau foncée.
Stade 4
Stade 2 Destruction extensive, nécrose des tissus ou
Lésion cutanée partielle intéressant souffrance tissulaire au niveau du muscle,
l’épiderme, le derme ou les deux. de l’os ou des
L’ulcération est superficielle et structures sous-jacentes, avec ou sans perte
se présente comme une abrasion ou une de substance cutanée complète
phlyctène.
Les troubles moteurs rendent la reprise de la station debout et de la marche d’autant plus
difficiles que l’immobilisation a été prolongée. Ils s’expliquent par la perte des réflexes
posturaux et la suppression des afférences sensitives vestibulaires (phénomène d’omission
vestibulaire).
RETENTISSEMENT PSYCHOLOGIQUE
Se voir immobilisé et dépendant pour la plupart des activités de la vie quotidienne entraîne
chez le sujet âgé des réactions psychologiques variées mais négatives :
sentiment de proximité de la mort, grande labilité émotionnelle, décompensation d'états
névrotiques antérieurs, modifications de la perception temporo-spatiale avec perte des
repères, anxiété, agitation, syndrome confusionnel. Ces réactions sont d’autant plus fortes
que l’état cognitif antérieur est altéré.
Une dépression réactionnelle peut s'installer en quelques heures avec mutisme, anorexie et
idées de non guérison ou de mort.
Ils consistent :
• à limiter les circonstances dans lesquelles le patient doit être maintenu au lit,
• à réduire les délais de réalisation des examens complémentaires nécessaires au
diagnostic et au traitement des malades hospitalisés,
• à encourager sans cesse toute l’équipe à la mobilisation précoce au lit des malades âgés
hospitalisés, leur mise au fauteuil puis à la marche. Une motivation générale doit être initiée
et entretenue par les médecins et les responsables du soin pour que les personnes âgées
soient levées, habillées, coiffées et marchent.
• à éduquer l’entourage social et familial de la nécessité de lutter contre le maintien au lit.
• La constipation doit être dépistée et traitée : les laxatifs doivent être émollients (cf.
glossaire) et non mucilloïdes pour réduire le volume fécal. La défécation doit être stimulée
en utilisant le réflexe gastrocolique post-prandial, des suppositoires à la glycérine ou des
petits lavements.
• En cas de fécalome, un lavement huileux suivi d’un lavement évacuateur suffit
généralement. Sinon, l'extraction au doigt doit être délicate et prudente pour ne pas léser
le sphincter anal. En cas d’échec, une extraction sous anesthésie est envisageable.
• Il ne faut pas mettre de couches systématiquement la nuit à tous les patients mais
répondre rapidement à leurs demandes d'aide à la miction ou à la défécation. Si ce n’est
pas possible, présenter régulièrement le bassin ou l’urinal. En présence d’un fécalome, il
faut s'assurer de l’absence de rétention d’urines par un sondage vésical post mictionnel.
Si l’on se base sur les recommandations européennes sur la prévention des escarres il est
possible de résumer les points suivants.
L’utilisation d’échelles de risque d’escarre est recommandée pour identifier les malades à
risque. Ces patients sont alors rapidement installés sur des supports de redistribution des
pressions (matelas, coussins). Ils doivent être changés de position régulièrement, si leur état
de santé le permet. La fréquence des changements de position est cohérente avec les
autres objectifs du traitement. Les positions correctes ou les matériaux, comme des coussins
ou des cales de mousse, doivent être utilisés pour éviter le contact direct des proéminences
osseuses entre elles (par exemple les genoux, les talons ou les chevilles). L’agression
cutanée liée aux frottements et aux forces de cisaillement est minimisée grâce à des
techniques de positionnement, de transfert et de re-positionnement correctes. L’état de la
peau est inspecté régulièrement pour dépister les escarres dès le stade 1. Il faut éviter les
massages sur les proéminences osseuses car ils ne préviennent pas les escarres et peuvent
au contraire entraîner des dégâts tissulaires supplémentaires. Il faut trouver les sources
d’humidité excessives et les éliminer, si cela est possible. Lorsque l’état de santé du patient
s’améliore, une rééducation est débutée. Dans toutes les unités de soins, les individus
considérés comme étant à risque de développer des escarres, bénéficient d’un plan de
prévention personnalisé et écrit.
(En savoir plus : DEMOUTIEZ C. Escarre : acte 1: prévenir plutôt que guérir [vidéo]. Canal U /
TICE MEDECINE & SANTE. 14/01/2007. ) Escarre : acte 1: prévenir plutôt que guérir
[vidéo].
• Elle passe par une mobilisation précoce au lit de toutes les articulations et le
positionnement correct des membres immobilisés.
• La prévention de l’amyotrophie impose des exercices actifs ou des contractions
musculaires isométriques au lit.
• La position assise au bord du lit doit être proposée tous les jours pendant des périodes de
plus en plus longues. Dès que l’état hémodynamique le permet, la mise au fauteuil s’impose
suivie de près par la mise en orthostatisme et à la marche, si besoin avec l’aide d’un plan
incliné ou d'une table de verticalisation.
• Dans les suites de chutes la reprise de la marche doit être précoce et sous le contrôle d’un
kinésithérapeute ; le patient s'aide d’un cadre de marche pour réduire la rétropulsion,
favoriser l’antépulsion et limiter la peur du vide
D'AUTRES MESURES
CONCLUSION
Une personne âgée immobilisée est en situation de risque de perte de son autonomie. Elle
peut devenir grabataire et en mourir.
La lutte contre les complications de décubitus doit faire partie du projet thérapeutique. Cela
nécessite de la part de toute l’équipe soignante une grande énergie pour prévenir les
complications, puis rassurer, encourager, stimuler le patient et son entourage.
V ANNEXES
GLOSSAIRE
● amyotrophie : Une amyotrophie ou myatrophie est une maladie provoquant une
atrophie musculaire, notamment en rapport avec les muscles contrôlés par la
volonté. Ainsi, les problèmes cardiaques sont plus rares que dans d'autres
pathologies. Une névropathie amyotrophique (ou amyotrophie névralgique) est une
douleur et une faiblesse musculaire dans l'épaule.
● clinophilie : La clinophilie est le fait de rester au lit, la journée, allongé, pendant des
heures, tout en étant éveillé. C'est un trouble d'origine psychologique parfois trouvé
dans la dépression ou certaines formes de schizophrénie. Il faut faire attention à ne
pas confondre ce trouble avec une véritable hypersomnie puisque dans cette
dernière les patients dorment réellement et très profondément alors que dans la
clinophilie on ne retrouve pas objectivement ce long temps de sommeil que les
patients peuvent décrire. Dans la clinophilie si les patients se plaignent de trop
dormir c'est surtout un choix de leur part et non pas un défaut physiologique d'un
système d'éveil/sommeil comme dans les cas de l'hypersomnie idiopathique ou de
la narcolepsie. La clinophilie peut également accompagner un syndrome post-chute
dans le cadre d'une régression psychomotrice globale chez la personne âgée.
● glissement : Le terme de glissement a été utilisé utilisé en 1967 par P. Graux pour
désigner la modification du comportement de certaines personnes très âgées. Ce
changement se caractérise par une détérioration globale des fonctions intellectuelles,
un désintérêt pour toutes choses, un refus de se mouvoir et de s'alimenter. Le plus
souvent cette pathologie est consécutive à une maladie ou un accident. Son
pronostic est très péjoratif.
● orthostatisme : Position debout d'un individu en appui sur la plante des pieds.
L'orthostatisme est également le phénomène qui résulte de cette station debout. On
parle également de position orthostatique. La position couchée est le clinostatisme.
Ce terme qualifie également les phénomènes qui en résultent.
EN SAVOIR PLUS
● DEMOUTIEZ C. Escarre : acte 1: prévenir plutôt que guérir [vidéo]. Canal U /
TICE MEDECINE & SANTE. 14/01/2007. : http://www.canal-
u.fr/producteurs/canal_u_medecine/dossier_programmes/dermatologie/arc/esca
rre_acte_1_prevenir_plutot_que_guerir
RECOMMANDATION
● Haute Autorité de Santé. Prévention et traitement des escarres de l'adulte et du sujet
âgé [en ligne]. Décembre 2001. : http://www.has-
sante.fr/portail/jcms/c_271996/prevention-et-traitement-des-escarres-de-ladulte-
et-du-sujet-age
ABRÉVIATIONS
● IL1 : Interleukine 1
1 Définitions..................................................................................................................................... 1
2 Prévalence..................................................................................................................................... 2
3 Incontinence urinaire...................................................................................................................3
3 . 1 Facteurs de risque................................................................................................................1
3 . 3 Mécanismes physiopathologiques...................................................................................... 1
3 . 4 Sémiologie.............................................................................................................................1
3 . 5 Traitements.......................................................................................................................... 1
3 . 5 . 1 Moyens thérapeutiques............................................................................................. 1
3 . 5 . 2 Indications.................................................................................................................. 1
4 Incontinence fécale....................................................................................................................... 4
4 . 2 Sémiologie.............................................................................................................................1
4 . 3 Traitements.......................................................................................................................... 1
4 . 3 . 1 Traitement médical....................................................................................................1
4 . 3 . 2 Traitement chirurgical.............................................................................................. 1
OBJECTIFS
ENC :
SPECIFIQUE :
● 10.6 Citer les causes, les facteurs de risque et les facteurs aggravants d'une
incontinence urinaire chez les sujets âgés.
● 10.7 Énoncer la nature, les modes d'action, les effets secondaires et les interactions
iatrogènes des médicaments prescrits pour l'incontinence urinaire secondaire à une
vessie instable ou à une hypertonie sphinctérienne.
● 10.9 Citer les indications et interpréter les résultats d'un bilan urodynamique chez
un malade âgé ayant une incontinence urinaire.
● 10.10 Situer sur un algorithme décisionnel les éléments stratégiques utiles pour le
diagnostic et la prise en charge d'un malade âgé ayant une incontinence urinaire.
● 10.11 Prescrire une rééducation devant une incontinence urinaire liée à une
incompétence sphinctérienne.
● 10.13 Utiliser un catalogue mictionnel ou grille de miction chez un malade âgé ayant
une incontinence urinaire.
● 10.16 Citer les causes et les facteurs aggravants de l'incontinence fécale du sujet âgé.
● 10.17 Analyser les données de l'examen périnéal statique et dynamique ainsi que les
données du toucher rectal chez un sujet âgé ayant une incontinence fécale récente.
● 10.18 Citer les deux causes curables d'incontinence fécale du sujet âgé.
INTRODUCTION
L’incontinence est fréquente et pose un problème grave pour les personnes vieillissantes
et âgées. Souvent cachée elle peut conduire à un isolement qu’il faut éviter. Aborder ce
thème de façon systématique permet une prévention et un traitement à partir d’un
diagnostic précis. La prise en charge médicamenteuse, rééducative et psychologique, voire
en dernier recours chirurgicale s’avère le plus souvent efficace.
I DÉFINITIONS
L’incontinence urinaire est définie par une perte involontaire d’urines objectivement
constatée.
L’incontinence anale est définie par l’exonération involontaire de matières fécales (gaz,
selles liquides ou solides).
II PRÉVALENCE
FACTEURS DE RISQUE
Lors du remplissage vésical, le système parasympathique (cf. glossaire) est inhibé, ce qui
empêche la contraction du détrusor (cf. glossaire) et le système sympathique (cf. glossaire) est
activé, ce qui entraîne la contraction du spincter lisse. La distension progressive du muscle
vésical entraîne la sensation de besoins arbitrairement dénommés B1 ou premier besoin
(pour 100 cc environ), B2 ou besoin normal (pour 250 cc environ) et B3 ou besoin impérieux
(au delà de 350 cc environ). La miction fait suite à une sensation de besoin. Elle nécessite
une contraction vésicale (récepteurs ß adrénergiques du détrusor) et un relachement des
sphincters lisse (récepteurs a adrénergiques) et strié (volontaire). Une miction normale
doit permettre l’évacuation complète d’urine sans résidu post-mictionnel.
● une baisse de la qualité du contrôle inhibiteur du détrusor assuré par les structures
sous-corticales du cerveau, ce qui contribue aussi aux contractions vésicales
accidentelles,
● chez la femme âgée, une carence en estrogènes entraînant des troubles trophiques
musculaires et des muqueuses,
MÉCANISMES PHYSIOPATHOLOGIQUES
Dans tous les cas la présence d’une infection urinaire est un facteur aggravant.
L’incontinence urinaire transitoire , en rapport avec une circonstance étiologique aiguë est
le plus souvent réversible. Négligée ou non traitée à temps, elle risque de devenir
chronique. L’incontinence urinaire quel que soit son stade mérite toujours une prise en
charge active. Erreur à ne pas commettre : mettre des couches aux patients âgés dès
qu’apparaît une incontinence. Cette façon d’agir est un court circuit intellectuel, nocif pour
le patient. Ce geste ne peut qu’aggraver l’incontinence et la rendre définitive. Autre erreur à
ne pas commettre : plaçer une sonde urinaire.
Médicaments Effets
SÉMIOLOGIE
Examen clinique
Les données de l’anamnèse (cf. glossaire) les plus discriminantes permettant d’évoquer les
mécanismes de l’incontinence urinaire sont résumées dans le tableau 3.
Tableau 3 : Sémiologie comparative et résultat du résidu post mictionnel chez un malade ayant
une incontinence urinaire
le service spécialisé.
On estime que le test de remplissage vésical a une bonne sensibilité et spécificité par
rapport à un bilan urodynamique classique de référence pour dépister une instabilité
vésicale.
L’examen urodynamique utilise un matériel spécialisé et repose sur des tests dont les plus
utilisés chez la personne âgée sont les suivants :
La débimétrie est l’étude du débit urinaire c’est à dire la relation volume uriné / unité de
temps. Le débit enregistré est la résultante entre les forces d’expulsion et les résistances
sphinctériennes. Un débit de pointe inférieur à 15 ml/s indique une obstruction du col
vésical ou un détrusor insuffisant (figure 2).
Figure 2 : La débimétrie
L'approche clinique d’un malade âgé incontinent urinaire comporte quatre étapes
successives :
3) Mesure du résidu post-mictionnel. Un résidu nul ou faible est en faveur d’une vessie
instable ou d’une incontinence sphinctérienne. Un résidu important est en faveur d’une
vessie atone ou d’un obstacle urétral.
4) Si besoin, réalisation d’autres explorations complémentaires: bilan urodynamique,
explorations urologiques, échographie prostatique transrectale,...
TRAITEMENTS
Moyens thérapeutiques
La gestion des boissons . Le volume quotidien de boissons ne doit pas être réduit comme
le font spontanément certaines personnes âgées incontinentes. En cas d’incontinence à
prédominance nocturne on conseille de reporter la majorité des prises sur la première
partie de la journée.
Grille ou calendrier mictionnel des 24 heures : Remplie par le malade ou son entourage,
elle précise l’espacement des mictions, la sensation du besoin, la survenue des pertes
urinaires. Elle contribue au choix et à l’adaptation thérapeutique. Elle permet d’établir des
protocoles de mictions urinaires programmées, destinés à réduire la fréquence et la
gravité de l'incontinence. Ces protocoles de soins sont motivants et efficaces, malgré les
difficultés d’utilisation liées à la mobilité des malades et aux limites liées à des effectifs
soignants insuffisants.
Les sondages itératifs sont parfois proposés en cas d’incontinence urinaire avec rétention
urinaire récidivante sans besoin mictionnel volontaire. Ils doivent être réalisés dans des
conditions rigoureuses d’asepsie et être limités dans le temps compte-tenu de l’irritation
locale et du risque infectieux qu’ils peuvent provoquer.
● Traitements médicamenteux
Leur prescription :
1) se fait à dose progressive avec une surveillance étroite particulièrement dans les premiers
jours du traitement,
2) doit être reconsidérée après 3 semaines de traitement où ils seront interrompus en
l’absence d’efficacité objectivée par la grille mictionnelle.
Les cholinergiques (prostigmine) améliorent la contraction du détrusor et sont indiqués
dans les atonies vésicales.
Les traitements hormonaux substitutifs d’application locale sont utilisés pour traiter la
trophicité urétrale et la musculature du plancher pelvien.
L’efficacité de ces techniques doit toujours être objectivement mesurée après deux mois.
Ces techniques ont une place primordiale dans la stratégie de la prévention primaire de
l’incontinence urinaire chez l’adulte jeune.
● Le traitement chirurgical
Un traitement chirurgical de l’incontinence urinaire doit être proposé aux malades ayant
des mictions par regorgement pour corriger une sténose urétrale ou une hypertrophie
prostatique obstructive. Pour les femmes âgées ayant des déficiences périnéales
majeures, on propose une cervicopexie et, en cas de contre-indication chirurgicale la pose
d’un pessaire reste une solution possible.
Chez les hommes atteints d’incontinence urinaire sans rétention, l’utilisation d’étui
pénien peut être proposée, si le malade l’accepte et le supporte.
Indications
Vessie instable
Règles hygiéno-diététiques, calendrier mictionnel, anticholinergiques s’ils ne sont pas
contre-indiqués, biofeedback.
Obstacle
Alphabloquants, adénomectomie ou résection endoscopique, dilatation urétrale.
IV INCONTINENCE FÉCALE
L’incontinence fécale, est définie par l’exonération involontaire de selles liquides ou solides.
Les étiologies de l'incontinence fécale du sujet âgé se répartissent en deux groupes selon
l'existence ou non d'une atteinte périnéale. Les étiologies de l'incontinence fécale du sujet
âgé sont résumées dans le Tableau 4.
Les étiologies les plus fréquentes de l'incontinence fécale du sujet âgé sont la diarrhée et la
constipation chronique en particulier le fécalome qui est une forme clinique de
constipation distale.
SÉMIOLOGIE
L'examen clinique d'un malade âgé atteint d'incontinence fécale recherche des éléments
anamnestiques de constipation chronique, notamment de constipation distale, la notion
de chirurgie abdomino-pelvienne, de traumatismes obstétricaux et l'existence d'une
incontinence urinaire.
L'association d'une incontinence fécale et d'une incontinence urinaire est fréquente
(observée chez 90 % des malades âgés avec incontinence fécale quotidienne) et peut relever
de mécanismes communs (ex : ptose périnéale).
TRAITEMENTS
Traitement médical
Les médicaments utilisés pour traiter l'incontinence fécale chez un sujet âgé ont pour but la
régularisation du transit.
Les diarrhées peuvent être modulées par des freinateurs du transit non atro-piniques type
lopéramide ou opioïdes, de ralentisseurs du transit associés à de l'atropine, de la
cholestyramine. L'utilisation prolongée de cholestyramine est particulièrement indiquée en
cas d'incontinence fécale secondaire à une diarrhée chez un malade ayant un antécédent
de cholécystectomie. En cas d'utilisation prolongée, la cholestyramine qui se lie avec une
grande affinité à certains médicaments (ex : warfarine, ß-bloquants) doit faire l'objet
d'une surveillance particulière.
En cas de constipation associée à une incontinence fécale le traitement est basé sur les
mesures comportementales nécessitant une coopération étroite entre les soignants ou
l'entourage du malade (ex : conduite systématique aux toilettes) et sur l'utilisation de
laxatifs non irritants. Les laxatifs osmotiques type lactulose ou à base de polyéthylène glycol
comme les macrogols sont les plus adaptés dans cette situation.
L'association d'une constipation distale et d'une incontinence fécale justifie l'emploi des
laxatifs utilisés par voie rectale (ex : suppositoire de glycérine) combinés à des lavements
évacuateurs et la mise régulière des patients sur les toilettes (et non le bassin au lit !). La
surveillance de la régularité de l’exonération et un toucher rectal périodique détectent
précocement une récidive de fécalome chez les patients à risque comme les malades
alités, et les sujets déments…
Ces traitements nécessitent une coopération active des malades. La fréquence élevée des
altérations cognitives chez les malades âgés est le principal facteur limitant leur application.
La musculation du périnée et du sphincter anal externe pourra être proposée aux sujets
valides, sans atteinte cognitive patente en cas d'hypotonie anale sans rupture
sphinctérienne ni atteinte neurogène associée. Elle vise à éduquer le malade pour améliorer
le contrôle de la sangle pubo-rectale et du sphincter anal externe.
La musculation peut être renforcée par l'électrostimulation.
Le biofeedback est une méthode instrumentale qui nécessite la coopération d'un patient
motivé dont le but est de visualiser les étapes du dysfonctionnement anorectal impliqué
dans les mécanismes de l'incontinence fécale associée à une constipation distale. Elle est
couplée à un apprentissage de la sensibilité rectale réalisée au moyen de ballonnets en
position intrarectale distendus avec des volumes croissants destinés à restaurer une
sensation du besoin d'exonération. Cette méthode reste cependant peu envisageable chez la
majorité des sujets âgés.
Traitement chirurgical
La restitution anatomique d'une intégrité périnéale ou d'un appareil sphinctérien n'est pas
le plus souvent envisageable chez le sujet âgé. La cure chirurgicale d'un prolapsus rectal ou
d’une rectocèle (rectopexie) et dans un but palliatif, la réalisation d'une colostomie de
propreté sont deux traitements chirurgicaux à discuter.
La prise en charge thérapeutique de l'incontinence fécale doit porter en premier lieu sur les
causes curables au premier rang desquelles figure la constipation distale et la régularisation
du transit en cas de diarrhée.
La durée de ce traitement est liée à sa tolérance. Son efficacité doit être évaluée sur la
fréquence de l'incontinence en utilisant des catalogues d'exonération (proches des
catalogues mictionnels utilisés en cas d'incontinence urinaire).
Dans la plupart des cas, le traitement de l'incontinence fécale reste palliatif et non curatif.
Lorsque l'incontinence fécale est quotidienne, plurifactorielle secondaire à des lésions
perinéales et/ou neurogènes évoluées Le recours aux protections est la solution adaptée.
V ANNEXES
GLOSSAIRE
● anamnèse : L'anamnèse est le récit des antécédents.L'anamnèse retrace les
antécédents médicaux et l'historique de la plainte actuelle du patient (c'est-à-dire
l'histoire de la maladie - terme qui n'est pas synonyme d'anamnèse), avec les
résultats des différentes explorations déjà faites et les traitements entrepris. Plainte
signifie ici de quoi se plaint le patient (et non pas faire une plainte). Elle est
recueillie en général suite à un interrogatoire mené par un médecin auprès du
patient ou de l'un de ses proches. Elle est le premier élément de l'examen médical
proprement dit. Elle est colligée dans le dossier médical. C'est la première étape
pour aboutir au diagnostic.Le motif de la consultation est un élément clé de
l'anamnèse et doit être mis en évidence dans le dossier.
● nycturie : Terme issu du grec nux : nuit, et ouron : urine. Excrétion urinaire ayant
lieu préférentiellement la nuit. Normalement, la quantité d'urine diminue pendant
la nuit (de 2 à 4 fois par rapport au jour). La nycturie se caractérise par une émission
d'urine plus abondante la nuit que le jour. Elle force le malade à se lever une ou
plusieurs fois pendant la nuit pour uriner, et se rencontre au cours du cancer de la
vessie et de l'insuffisance rénale (le rein est incapable de concentrer les urines
pendant la nuit). Elle est parfois due à l'absorption de boissons trop abondantes
avant de se coucher. Elle correspond à une inversion du rythme normal de la
diurèse (volume d'urine sécrétée par les reins pendant un certain temps).
● prolapsus : Le prolapsus génital (ou descente d'organes dans le langage courant) est
un déplacement anormal, soit d'un ou plusieurs organes du pelvis féminin vers le
bas. Le pelvis, ou petit bassin de la femme, contient trois organes : La vessie en
avant, l'utérus et le vagin au milieu, et le rectum en arrière. Le prolapsus génital (ou
descente d'organes dans le langage courant) est un déplacement anormal, soit d'un
seul organe, soit de deux organes, soit des trois organes du pelvis vers le bas, avec,
éventuellement, l'issue de cet organe à l'extérieur, à travers l'orifice vulvaire ou à
travers l'anus.
RECOMMANDATION
● Haute Autorité de Santé. Bilans et techniques de rééducation périnéo-sphinctérienne
pour le traitement de l'incontinence urinaire chez la femme à l'exclusion des
affections neurologiques [en ligne]. Février 2000. : http://www.has-
sante.fr/portail/jcms/c_271901/bilans-et-techniques-de-reeducation-perineo-
sphincterienne-pour-le-traitement-de-lincontinence-urinaire-chez-la-femme-a-
lexclusion-des-affections-neurologiques
ABRÉVIATIONS
● RPM : Résidu post-mictionnel
Polypathologie et médicaments,
iatropathologie
1 . 2 Polymédication.....................................................................................................................1
1 . 3 Automédication....................................................................................................................1
1 . 6 Autres facteurs.....................................................................................................................1
2 Symptomatologie.......................................................................................................................... 2
4 . 1 Avant la prescription...........................................................................................................1
4 . 2 Lors de la prescription........................................................................................................ 1
4 . 3 Après la prescription...........................................................................................................1
OBJECTIFS
ENC :
● Argumenter les facteurs qui interviennent lors dune décision thérapeutique chez
un malade donné
SPECIFIQUE :
● 11.2 Citer les situations cliniques devant faire évoquer une pathologie iatrogénique
et les principales classes médicamenteuses qui en sont responsables.
● 11.3 Lister en les explicitant les facteurs qui concourent à augmenter le risque
iatrogénique chez le sujet âgé.
● 11.6 Répertorier les critères pouvant optimiser le rapport bénéfice / risque des
prescriptions médicamenteuses chez le sujet âgé.
INTRODUCTION
La polypathologie (cf. glossaire) du patient âgé conduit à un excès de prises de médicaments
qui explique l’incidence élevée des effets indésirables à l’origine de 5 à 10 % des
hospitalisations après 65 ans et plus de 20 % après 80 ans. La polymédicamentiation (cf.
glossaire) augmente directement les dépenses phar- maceutiques et indirectement les échecs
thérapeutiques et les pathologies iatrogéniques.
La plupart de ces conséquences sont évitables si l’on identifie au préalable les patients, les
situations et les médicaments à risque. Pour optimiser les prescriptions il faut évaluer le
rapport bénéfice - risque, réévaluer et réactualiser régulièrement les prescriptions au long
cours, hiérarchiser les pathologies selon leur évolutivité et les thérapeutiques selon leur
impact symptomatique, étiologique ou préventif. L’indication d’alternatives thérapeutiques
non médicamenteuses (soutien psychologique, rééducation, réadaptation, renutrition)
doit toujours être envisagée. Une meilleure coordination thérapeutique entre
prescripteurs généralistes et spécialistes prenant en charge un même malade apparaît
indispensable.
MODIFICATIONS DE LA PHARMACOCINÉTIQUE ET DE LA
PHARMACODYNAMIE DES MÉDICAMENTS LIÉES À L'ÂGE (TABLEAU 1)
Les effets du vieillissement sur la pharmacocinétique des médicaments sont appréciés par
la comparaison, entre sujets jeunes et âgés, des courbes de concentration dans le temps et
des paramètres qui en sont dérivés (Tmax, Cmax, aire sous la courbe, demi-vie et clairance
plasmatique, volume apparent de distribution). Les modifications de ces paramètres chez
le sujet âgé traduisent les effets du vieillissement sur l'absorption, la distribution, le
métabolisme et l'excrétion des médicaments.
Absorption Métabolisme
Diminution de la vidange gastrique Diminution du métabolisme hépatique des
Augmentation du pH gastrique médica-
Diminution de la motilité gastro- ments à forte extraction hépatique
intestinale Diminution de la masse hépatique
Diminution du flux sanguin Diminution du débit sanguin hépatique
splanchnique
Diminution de l'efficacité de systèmes
de transport
actifs
Elles résultent :
- d’un allongement du temps de la vidange gastrique,
- de l'augmentation du pH gastrique,
- de la diminution de la surface digestive,
- de la diminution de la motilité gastro-intestinale,
- de la diminution du flux sanguin splanchnique,
- de la diminution de l’efficacité de certains systèmes de transport actifs.
En pratique, le vieillissement de l’appareil digestif interfère assez peu avec l’absorption des
médicaments.
Les benzodiazépines (cf. glossaire) , liposolubles, voient ainsi leur demi-vie s’allonger de 20
à 30 heures chez le sujet jeune à 85 heures chez le sujet âgé pour le flunitrazépam, de 40
heures chez le sujet jeune à 4 à 5 jours chez le sujet âgé pour le clorazépam.
- une diminution du taux d’albumine plasmatique et une réduction du nombre de ses
sites de fixation, responsables d'une augmentation de la fraction libre active avec un risque
de toxicité au pic (antivitamines K).
Modifications du métabolisme
Les biotransformations hépatiques des médicaments font intervenir des réactions de phase
1 (oxydation, réduction, déméthylation, hydrolyse) et des réactions de phase 2 (glucurono
et sulfoconjugaison, méthylation, acétylation) pour lesquelles les effets du vieillissement ont
été moins étudiés.
Ces deux derniers facteurs expliquent à eux seuls la diminution de la clairance hépatique
d'un grand nombre de médicaments chez les sujets âgés.
Les activités enzymatiques de conjugaison sont quant à elles peu affectées par l'âge chez
l'animal et probablement aussi chez l'homme.
En pratique, la notion de " vieillissement hépatique " ne justifie pas à elle seule de
modifications de la posologie des médicaments.
La diminution de la filtration glomérulaire chez le sujet âgé rend compte des principales
modifications des paramètres cinétiques (augmentation de la demi-vie, diminution de la
clairance plasmatique des médicaments à élimination rénale). Elle justifie d'utiliser, pour
les médicaments à élimination rénale ou dont le métabolite actif est éliminé par le rein
(fluoxétine, morphine), des posologies adaptées à la fonction rénale.
Chez le sujet âgé, cette fonction rénale doit être appréciée sur la clairance de la créatinine.
Le taux sérique de créatinine n’est pas un bon marqueur de la fonction rénale dans cette
population en raison d’une diminution de la production de créatinine, elle-même liée à la
diminution de la masse musculaire. En pratique quotidienne, la détermination de la
clairance de la créatinine est définie à partir de l’équation de Cock-croft :
• chez la femme
(140 - Age) x Poids (kg) /Créatininémie (µmol/l)
• chez l’homme
(140 - Age) x Poids (kg) x 1,25 / Créatininémie (µmol/l)
Pharmacodynamie
Les données sont également incomplètes et les résultats, variables selon les médicaments,
peuvent dépendre de variations du nombre de récepteurs ou de variations de l’effet au
niveau du récepteur ou de l’effecteur (réponse post-récepteur).
POLYMÉDICATION
Cette polymédication :
• majore le risque d’EIM. Leur fréquence augmente linéairement avec le nombre de
médicaments administrés : un effet secondaire survient chez 4% des patients prenant 5
médicaments par jour, chez 10% des patients prenant entre 6 et 10 médicaments par jour,
chez 28% des patients prenant 11 à 15 médicaments par jour et chez 54% de ceux prenant
plus de 16 médicaments par jour.
• majore le risque de mauvaise observance à l’origine possible d'une sélection aléatoire des
médicaments effectivement consommés par le patient et donc d'échecs thérapeutiques.
• majore le coût économique du fait des dépenses pharmaceutiques qu'elle engendre et du
coût généré par ses conséquences (défaut d'observance, complications, hospitalisation).
AUTOMÉDICATION
Elle est fréquente chez le sujet âgé et concernerait un tiers des patients selon une étude
récente.
Les médicaments les plus souvent impliqués sont l’aspirine, les anti-inflammatoires non
stéroïdiens (Anti-inflammatoires anti-stéroïdiens ) et les laxatifs.
Certaines maladies du sujet âgé peuvent avoir des interactions avec le métabolisme et /ou
l’effet de certains médicaments :
dénutrition et médicaments fortement liés aux protéines plasmatiques, hypotension
orthostatique et antihypertenseurs ou psychotropes, démence ou hypertrophie
prostatique et anticholinergiques, insuffisance cardiaque ou artériopathie et ßbloquants,
insuffisance rénale chronique et digoxine, insuffisance hépatique et anti-coagulants,
insuffisance respiratoire chronique et anxiolytiques, dysthyroïdies et amiodarone...
Les troubles de la vision et les troubles cognitifs sont sources d’accidents par erreur ou
oubli des prises médicamenteuses.
La plupart des médicaments de référence n’ont pas fait l’objet d’études spécifiques chez les
sujets âgés et très âgés, sains ou polypathologiques. Actuellement la prescription de ces
produits repose sur des données obtenues le plus souvent à partir d’études chez des
volontaires sains ou des patients âgés de moins de 65 ans.
AUTRES FACTEURS
Mauvaise observance
Les erreurs d’observance concerneraient 40 à 60% des personnes âgées selon certaines
certaines études, en raison essentiellement de leur polymédication.
II SYMPTOMATOLOGIE
La symptomatologie liée aux accidents médicamenteux est parfois évocatrice :
hémorragie digestive liée aux antivitamines K, coma et sulfamides hypoglycémiants,
éruption cutanée et ß-lactamines, constipation et opiacés...
Le plus souvent, elle est atypique : anorexie et nausées sur ulcère gastro -duodénal lié aux
AINS, incontinence urinaire sous benzodiazépines...
Les malaises, avec ou sans chute, sont souvent dus à une hypotension orthostatique qui
peut être secondaire à :
• une hypovolémie (diurétiques, laxatifs au long cours...),
• un blocage de la réponse adrénergique à l'orthostatisme (bétabloqueurs),
• une dépression de la réponse de l'arc baroréflexe (hypotenseurs centraux, L-dopa,
bromocriptine, neuroleptiques),
• une vasodilatation artérielle et veineuse (dérivés nitrés).
Elle peut être liée à un effet secondaire connu du médicament, à un surdosage (digitaliques
par exemple à la faveur d’une déshydratation) ou à un sevrage (barbituriques et surtout
benzodiazépines).
Ils peuvent être secondaires à la prise d'AINS, de digitaliques mais peuvent également
traduire l'existence d'une hyponatrémie (diurétiques) ou d'une hypercalcémie (intoxication
à la vitamine D).
Enfin, comme chez le sujet jeune, la survenue d’une modification du bilan biologique
hépatique, d’une thrombopénie ou d’un trouble de la coagulation doivent faire
rechercher une cause médicamenteuse.
En pratique :
Devant tout évènement inhabituel ou symptôme nouveau survenant chez le sujet âgé,
une origine médicamenteuse doit être systématiquement évoquée.
Les interactions les plus souvent retrouvées dans les études françaises concernent les
associations de plusieurs médicaments cardio-vasculaires, de plusieurs psychotropes et les
associations de médicaments cardio -vasculaires et psychotropes. Ces associations
résultent souvent de prescripteurs différents.
Parmi les interactions médicamenteuses souvent observées chez le sujet âgé, citons :
- l’association de plusieurs médicaments anti-hypertenseurs (risque d’hypotension
orthostatique, d’insuffisance rénale) ou d’un anti-hypertenseur et d’un dérivé nitré (risque
majeur d'hypotension orthostatique).
- l’association d'AINS et d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion ou de diurétiques
(insuffisance rénale grave chez le sujet âgé).
- l’association de diurétiques hypokaliémiants ou d’anti-arythmiques avec des laxatifs eux-
mêmes souvent pris en automédication (risque accru de déplétion potassique sévère avec
trouble du rythme cardiaque).
- l’association de plusieurs psychotropes ou de psychotropes et d’anti-hypertenseurs (risque
de chute).
- l’association d’anti-vitamine K et d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (accidents
hémorragiques).
AVANT LA PRESCRIPTION
● Ecouter, examiner
La prescription d’un médicament n’est pas toujours la réponse la plus adaptée à la plainte
du patient. Des troubles du sommeil peuvent être améliorés en agissant sur l’hygiène de
vie, et ne nécessitent pas obligatoirement des psychotropes.
L'absence de diagnostic précis conduit à ne traiter que des symptômes et à multiplier les
prescriptions médicamenteuses et les risques d'effets indésirables. A titre d’exemple, il est
indispensable de rechercher la cause d'une confusion, d'une anxiété, d'un amaigrissement,
d'une anémie microcytaire ou d'oedèmes des membres inférieurs afin d'en déterminer le
traitement étiologique approprié et efficace. Ceci est d'autant plus important en raison du
risque d’évolution en cascade (anémie par saignement aggravant une insuffisance
cardiaque). Un traitement uniquement symptomatique peut retarder le diagnostic ou
conduire à la prescription de médicaments dangereux. L’utilité d’un traitement uniquement
symptomatique doit être discutée de façon critique.
● S ’assurer que la plainte exprimée par le patient n’est pas liée à un EIM
Par exemple, face à des vomissements chez une personne âgée qui prend de la digoxine au
long cours et qui vient de faire une bronchite aiguë fébrile, rechercher un surdosage en
digoxine avant de prescrire des anti-émétiques.
même lointains (notion de tuberculose ancienne qui peut ressurgir à l’occasion d’un
traitement par corticoïdes par exemple)
Pour chaque traitement, le rapport bénéfice / risque doit être évalué : quel bénéfice
apporte-t-on au patient avec ce traitement par rapport au risque qu’il encourt s'il ne lui est
pas donné et au risque qu’il encourt s’il lui est donné ?
● Connaître le poids
● S'assurer
que le traitement que l'on envisage a fait l'objet d'une évaluation, voire d'un consensus.
● Connaître
● Choisir le médicament :
● Eviter
● Manier
avec prudence les nouveaux médicaments si leur évaluation chez le sujet âgé n’a pas été
complète, car les malades âgés doivent aussi bénéficier des progrès thérapeutiques.
● Eviter
le double emploi en repérant tous les médicaments qui appartiennent à la même classe
thérapeutique, qui contiennent le même principe actif ou qui ont des propriétés
pharmacologiques communes en relation ou non avec l'effet thérapeutique recherché
( propriétés anticholinergiques par exemple).
LORS DE LA PRESCRIPTION
Expliquer par exemple les risques liés à l’arrêt brutal de certaines thérapeutiques
(corticoïdes, benzodiazépines), expliquer qu’un médicament à libération prolongée ne doit
S’assurer que le traitement est bien compris (garantie d’une bonne adhésion), que son
utilisation est possible, et qu’il pourra être pris (paiement et récupération). Discuter de
l’opportunité d’un semainier ou de l’intervention d’une tierce personne.
Noter les prescriptions sur le carnet de santé, y compris les collyres et préparations
dermatologiques.
APRÈS LA PRESCRIPTION
V ANNEXES
GLOSSAIRE
● anticholinergiques : Un agent anticholinergique est une substance appartenant à
une classe pharmacologique de composés qui servent à réduire les effets où
l'acétylcholine joue le rôle de médiateur dans le système nerveux central et le
système nerveux périphérique. L'ipratropium est l'étalon de cette classe. Il est
particulièrement utilisé dans les broncho-pneumopathies chroniques obstructives.
Les principaux médicaments sont le bromure d'oxitropium, le bromure
d'ipratoprium. Typiquement, les anticholinergiques sont des inhibiteurs compétitifs
réversibles de l'un des deux types de récepteurs de l'acétylcholine, et sont classés en
fonction des récepteurs atteints : les agents antimuscariniques agissent sur les
récepteurs muscariniques de l'acétylcholine, et les agents antinicotiniques agents
agissent sur les récepteurs nicotiniques de l'acétylcholine.La majorité des
anticholinergiques sont des antimuscariniques.
ABRÉVIATIONS
● AFSSPS : Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé
1 La douleur.....................................................................................................................................1
1 . 1 Définition.............................................................................................................................. 1
1 . 2 Mécanismes physiopathologiques...................................................................................... 1
2 . 1 Fréquence............................................................................................................................. 1
2 . 2 Localisation.......................................................................................................................... 1
2 . 3 Particularités sémiologiques............................................................................................... 1
2 . 4 Retentissement fonctionnel................................................................................................. 1
3 Evaluation de la douleur..............................................................................................................3
4 . 1 Principes généraux.............................................................................................................. 1
4 . 2 Paliers d'antalgie................................................................................................................. 1
5 La fin de vie...................................................................................................................................5
6 Réactions psychologiques des patients âgés face aux maladies en phase terminale..............6
7 . 1 Nursing et mobilisation....................................................................................................... 1
7 . 3 La dyspnée............................................................................................................................1
8 L'accompagnement psychologique............................................................................................. 8
* Conclusion .................................................................................................................................11
OBJECTIFS
ENC :
● Aborder les problèmes éthiques posés par les situations de fin de vie
SPECIFIQUE :
● 12.2 Décrire les réactions psychologiques des patients âgés face à la mort et le
comportement médical face au travail de deuil.
● 12.9 Indiquer les bases de la prise en charge des symptômes cliniques générateurs
d'inconfort en soins palliatifs gériatriques (dyspnée, anorexie, nausées,
vomissements, confusion, constipation...).
● 12.12 Lister les voies d'administration utilisables chez les personnes âgées en fin de
vie (hydratation, alimentation, médicaments).
● 12.13 Justifier l'importance de la place des familles et des proches, ainsi que celle du
psychologue et des personnes ressource pour les besoins spirituels dans
l'accompagnement de la personne en fin de vie.
INTRODUCTION
La prévalence des douleurs augmente avec l'âge, notamment chez les patients porteurs
d'une polypathologie avec perte d'autonomie d'origine physique et / ou psychique ou chez
les sujets en fin de vie, le vieillissement modifie peu les seuils douloureux provoqués
par des stimuli nociceptifs mais la perception est influencée par les expériences
douloureuses antérieures, l'anxiété, la dépression et le vieillissement pathologique des
zones corticales impliquées dans la douleur.
L'approche de la mort provoque des réactions psychologiques qui doivent être analysées
par l'équipe soignante et l'entourage pour assurer une prise en charge adaptée.
Il importe de connaître les particularités d'utilisation des antalgiques au grand âge et les
traitements des symptômes générateurs d'inconfort en fin de vie.
I LA DOULEUR
DÉFINITION
La douleur est une expérience sensitive et émotionnelle désagréable survenant après une
lésion tissulaire aiguë ou présentée comme telle.
La durée d'évolution de la douleur doit être prise en compte car la persistance d'un
symptôme douloureux (douleur aiguë : signal d'alarme) peut se modifier et devenir un
syndrome à part entière (douleur -maladie).
La douleur est dite chronique lorsqu'elle évolue depuis plus de 3 mois. Elle s'accompagne
alors d'anxiété, d'insomnie, de perte d'autonomie et de détérioration de la qualité de vie,
souvent associées à un sentiment d'abandon et / ou d'insécurité. La douleur exprimée par
les patients n'est plus en rapport avec la lésion initiale. Elle est pérennisée ou entretenue par
des facteurs psychiques, somatiques et environnementaux : c‘est la douleur globale.
MÉCANISMES PHYSIOPATHOLOGIQUES
La douleur par excès de nociception (cf. glossaire) résulte de la stimulation des terminaisons
nerveuses cutanées, musculaires ou viscérales. Le message est véhiculé jusqu'à la corne
postérieure de la moelle par des fibres A delta myéliniques de petit calibre et des fibres C
amyéliniques plus lentes.
Les seuils et la tolérance de la douleur sont similaires chez les sujets jeunes et chez les sujets
âgés.
L'histoire individuelle joue un rôle important par l’acquis d’une mémoire de la douleur
tout au long de la vie. Les douleurs fantôme traduisent l'activation de cette mémoire
sensori-motrice lors de certaines stimulations.
En conclusion, aucun argument n'autorise à penser que les sujets âgés ont une plus grande
tolérance à la douleur. L'histoire personnelle, la chronicité du passé douloureux, l'état
psychothymique modifient les réponses à la douleur.
FRÉQUENCE
En institution, la douleur est encore plus fréquente (45 à 70 %). Elle est chronique dans un
tiers des cas. Sa prévalence augmente chez le patient en fin de vie. Dans le mois qui
précède la mort, 65 à 70 % des personnes présentent des douleurs permanentes ou très
fréquentes.
LOCALISATION
Les sujets âgés sont avant tout exposés aux douleurs musculosquelettiques dans le cadre de
l'arthrose, de l'ostéoporose et des conséquences mécaniques des chutes. Pour
les pathologies neurologiques, les douleurs sont liées à des neuropathies périphériques, à
des crampes des membres inférieurs ou à un syndrome des jambes sans repos. Les séquelles
d'accident vasculaire cérébral associent des douleurs par troubles du tonus, des
rétractions tendineuses, des algodystrophies (cf. glossaire) et plus rarement, un syndrome
thalamique (cf. glossaire) .
Certaines affections sont responsables de douleurs chroniques rebelles comme les cancers
évolués incurables avec métastases osseuses et / ou compression de voi- sinage, les
ischémies tissulaires d'origine artérielle, les immobilisations prolongées au lit ou au fauteuil
avec constitution d'escarres et de rétractions tendineuses.
PARTICULARITÉS SÉMIOLOGIQUES
Inversement, les douleurs chroniques sont plus fréquentes que chez l’adulte. Le zona
entraîne des algies post-zostériennes dans 70 % des cas après 70 ans. La névralgie faciale
par conflit anatomique vasculo-nerveux n'apparaît qu'après 60 ans. Les douleurs post-
traumatiques ou post-chirurgicales comme les douleurs des membres fantôme après
amputation sont fréquentes chez les personnes âgées, de même que les algodystrophies et
les causalgies.
RETENTISSEMENT FONCTIONNEL
Enfin, la douleur peut à tout moment précipiter la personne âgée dans un syndrome
confusionnel (cf. glossaire) .
La prise en charge correcte de la douleur chez les personnes âgées nécessite, comme chez
l'adulte jeune, le recueil de l’anamnèse (cf. glossaire) , un examen clinique et un diagnostic
précis.
Pour cette catégorie de personnes âgées, il est important d'observer certains paramètres
physiologiques tels que la fréquence cardiaque et respiratoire, la présence de sudation, le
tonus musculaire, mais surtout le comportement du patient (posture, cris, expression du
visage).
Elle a été validée en gériatrie, mais elle demande des capacités d'abstraction et de
compréhension qui en limitent l'usage chez les personnes âgées (en pratique, moins de 3
personnes âgées sur 10 comprennent le fonctionnement de l'échelle visuelle analogique).
Chez les patients ayant des troubles de la compréhension et/ou de la communication, des
échelles d'observation comportementale sont utilisées comme chez l'enfant. L'observateur
doit analyser les modifications comportementales des personnes âgées douloureuses
dans trois registres :
- le retentissement somatique en notant la position antalgique au repos, l'hypertonie et
l'opposition à la mobilisation, la protection des zones douloureuses, les plaintes, les cris et
surtout l'expression du visage (rictus, grimaces, froncement des sourcils, yeux clos...)
- le retentissement psychologique en notant le sommeil, la communication avec
l'entourage, l’angoisse, l’existence d’un état régressif ou dépressif.
- le retentissement psychosocial en notant la limitation des actes de la vie quotidienne
provoquée par la douleur au moment des transferts, de la marche, de la toilette et des
repas
Retentissement somatique
1. Plaintes somatiques
• pas de plainte 0 0 0 0
• plaintes uniquement à la sollicitation 1 1 1 1
• plaintes spontanées occasionnelles 2 2 2 2
• plaintes spontanées continues 3 3 3 3
4. Mimique 0 0 0 0
• mimique habituelle 1 1 1 1
• mimique semblant exprimer la douleur à la sollicitation 2 2 2 2
5.Sommeil 0 0 0 0
• sommeil habituel 1 1 1 1
• difficultés d’endormissement 2 2 2 2
• réveils fréquents (agitation motrice) 3 3 3 3
• insomnie avec retentissement
Retentissement psychomoteur
6. Toilette et/ou habillage
• possibilités habituelles inchangées
• possibilités habituelles peu diminuées (précautionneux mais
complet)
• possibiltés habituelles très diminuées toilette et/ou
habillage étant difficiles et partiels
• toilette et/ou habillage impossibles, le malade exprimant son
opposition à toute tentative
7. Mouvements 0 0 0 0
• possibilités habituelles inchangées 1 1 1 1
• possibilités habituelles actives limitées (le malade évite 2 2 2 2
certains mouvements, diminue son périmètre de marche) 3 3 3 3
• possibilités habituelles actives et passives limitées
(même aidé, le malade diminue ses mouvements)
• mouvement impossible, toute mobilisation entraînant une
opposition
Retentissement psychosocial
8. Communication
• inchangée
• intensifiée (la personne attire l’attention de manière
inhabituelle)
• diminuée (la personne s’isole)
• absence ou refus de toute communication
9. Vie sociale 0 0 0 0
• participation habituelle aux différentes activités 1 1 1 1
(repas, animations, ateliers thérapeutiques) 2 2 2 2
• participation aux différentes activités uniquement à la 3 3 3 3
sollicitation
SCORE
L'échelle Doloplus® : WARY-B - Collectif Doloplus, «Plaidoyer pour l'évaluation de la douleur chez
le sujet âgé», Gérontologie et Société, 1997, 78, 83, 94.
PRINCIPES GÉNÉRAUX
Les soignants doivent toujours expliquer aux sujets âgés la nature de leurs douleurs et les
moyens mis en oeuvre pour les calmer.
Il est nécessaire de se fixer des objectifs : il est prioritaire de supprimer les douleurs de
repos ; il faut obtenir un sommeil de bonne qualité ; il est nécessaire de réévaluer
régulièrement l'effet du traitement et d'adapter les doses des antalgiques.
Lors de douleurs continues, il faut, comme chez les sujets jeunes, préférer la voie orale
chaque fois que cela est possible. Il est indispensable de respecter des horaires de prises
fixes déterminés, jour et nuit, par la durée d'action du médicament. Il est fondamental de
maintenir un effet antalgique constant par une posologie régulière en évitant la prise au
coup par coup (jamais de prescription : "en cas de besoin"...).
PALIERS D'ANTALGIE
L'aspirine, très efficace pour certaines douleurs rhumatismales avec des doses quotidiennes
supérieures à 1 g, est souvent mal tolérée sur le plan gastrique chez les personnes âgées.
La morphine par voie orale est chez la personne âgée l'antalgique de référence dans les
douleurs sévères.
En raison des modifications pharmacocinétiques et dynamiques liées au vieillissement,
le traitement morphinique au long cours s’accompagne d’un risque important
d’accumulation de métabolites (cf. glossaire) actifs. Cliniquement, la sensibilité du sujet âgé
est 3 à 4 fois supérieure à celle du sujet jeune.
Pour cette raison, la période de titration impose l'utilisation de la morphine-base avec une
posologie initiale très faible de 2 à 5 mg toutes les 4 heures (posologie plancher : 12
mg /24 heures) (1 ml de solution = 1 mg de chlorhydrate de morphine). Une réévaluation
régulière de l'effet antalgique permet d'adapter la posologie. Le relais, une fois le plateau
d'efficacité atteint, peut être pris par la morphine à libération prolongée (Moscontin® ou
Skénan®) qui est active sur une période de 8 à 12 heures et qui permet d'éviter les prises
nocturnes. La dose peut être augmentée toutes les 12 ou 24 heures. Il faut prévenir le patient
et son entourage d'une somnolence possible au début du traitement. La constipation est
constante et doit être traitée systématiquement par des laxatifs. De même, la fréquence
des nausées impose la prescription systématique d’antiémétiques.
La voie intraveineuse est rarement utilisée pour le contrôle de la douleur, mais elle est
nécessaire si le patient vomit, a des troubles de la déglutition ou de la conscience. Il faut
utiliser de préférence la voie sous-cutanée en injection toutes les 4 heures ou en
continu à la seringue électrique grâce à une épicrânienne laissée en place 3 à 7 jours. Le
chlorhydrate de morphine est deux à trois fois plus actif en injection que par la bouche. Il
faut diviser la posologie par deux lorsqu'on passe de la voie orale à la voie sous-cutanée.
L’utilisation d’un agoniste morphinique comme le Fentanyl par voie percutanée sous forme
d’un patch (Durogésic®) est possible en deuxième intension à la posologie initiale de 25 mg
toutes les 72 heures.
La pratique montre, comme chez l'adulte jeune, que l'état de dépendance psychologique
et l’accoutumance ne s'observent pas chez les patients qui souffrent. De nombreux patients
prennent des posologie stables au long cours et les posologies moyennes utilisées en fin de
vie sont de l'ordre de 25 mg / 24 heures par voie sous-cutanée.
Les autres opiacés sont d'utilisation moins codifiée et ne sont pas indiqués dans les
douleurs chroniques.
Ils peuvent être utilisés pour des douleurs aiguës, de manière ponctuelle. Le sulfate de
morphine à libération immédiate (Sevredol®) a une demi-vie brève et peut être associé à la
prise simultanée de morphine au long cours. Par contre la buprénorphine (Temgésic®) et la
pentazocine (Fortal®) ont une action de type agoniste-antagoniste et ne peuvent pas être
utilisés avec un autre morphinique. Ils sont souvent mal tolérés chez le sujet âgé.
Les antidépresseurs , en cas de syndrome dépressif associé, ont une place de choix comme
traitement adjuvant. Les tricycliques sont déconseillés du fait de leurs effets
anticholinergiques majeurs. Néanmoins, dans le cas particulier des douleurs neurogènes,
l’utilisation de faibles doses de tricycliques a montré une efficacité reconnue.
Les techniques d'interruption des voies de la douleur sont rarement utilisées en dehors
de la thermocoagulation percutanée du ganglion de Gasser dans les névralgies du
trijumeau.
La neurostimulation transcutanée se discute pour les douleurs par lésion d'un plexus
nerveux ou d'une racine d'un nerf périphérique.
V LA FIN DE VIE
La mort en gériatrie ne doit pas être comprise comme un échec bien que la médecine
moderne revendique souvent le pouvoir de repousser les limites de la vie. Dans nos
sociétés, 80% des gens qui meurent ont plus de 65 ans. La médecine gériatrique doit être
capable d'établir un projet de soin et d'accompagnement incluant les proches, basé sur le
soulagement de la douleur et l'écoute des besoins exprimés par le patient.
L'Article 38 stipule : «Le médecin doit accompagner le mourant jusqu'à ses derniers
moments, assurer par des soins et mesures appropriés la qualité d'une vie qui prend fin,
sauvegarder la dignité du malade et réconforter son entourage. Il n'a pas le droit de
provoquer délibérément la mort.»
Le Code de la Santé Publique indique que les établissements de santé et les établissements
sociaux et médico-sociaux doivent mettre en oeuvre des moyens propres définis par le
Projet d'Etablissement pour prendre en charge la douleur des personnes qu'ils accueillent.
La charte du patient hospitalisé (cf. glossaire) (1995) précise que lorsque les personnes sont
parvenues au terme de leur existence, elles reçoivent des soins d'accompagnement qui
répondent à leurs besoins spécifiques. Elles sont accompagnées si elles le souhaitent par
leurs proches et les personnes de leur choix et naturellement par le personnel.
(En savoir plus : Ordre National des Médecins. Code de Déontologie Médicale [en ligne]. ) Code de
Déontologie Médicale.
Les soins palliatifs sont des soins actifs dans une approche globale de la personne en phase
évoluée d'une maladie potentiellement mortelle. Dans ce concept, il devient primordial
Une réflexion éthique est alors indispensable avec l'équipe soignante avant d'entreprendre
des interventions chirurgicales lourdes, la mise en place de sonde d'alimentation ou
d'intubation ou même des techniques de réanimation de pratique courante chez les sujets
plus jeunes.
A ce moment l’imminence du décès doit être dite par le médecin à l’ensemble des
intervenants, dont la famille, sur la base des observations recueillies . Cette annonce vise
à éviter les discordances d’une équipe où chacun percevrait à des moments différents le
passage à la phase terminale, mais tend à assurer, au contraire, la participation concertée,
chacun dans son rôle, aux soins de fin de vie. Dès lors, l’objectif essentiel est le confort du
patient évitant les examens complémentaires et les thérapeutiques inutiles, en prenant en
considération les risques (épuisement, douleur ...) et l’effet thérapeutique escompté.
L'évolution psychologique qui mène à la mort se fait lors d'étapes qui dépendent du stade
de la maladie, de la personnalité et des mécanismes de défense propres à chaque
individu. E. Kübler - Ross a décrit schématiquement 5 étapes n'ayant pas un lien
chronologique obligatoire entre elles.
Elle est le signe d'une frustration insupportable par rapport à ce que la maladie ou la
vieillesse nous oblige à accepter et ce à quoi il faut renoncer. C'est une agressivité contre
ceux qui ont encore la possibilité de vivre et de faire des projets. La colère peut se projeter
sur la famille ou les soignants.
● La culpabilité et le marchandage
Le patient ressent une culpabilité à renoncer et à accepter la fin, alors qu'il souhaite
encore s'accrocher à la vie. Certains connaissent une boulimie et une soif de vivre qui
bouleversent l'entourage.
● La tristesse et la dépression
Le malade accède à cette dernière étape s’il a eu du temps d’évoluer et a été aidé pour
franchir les étapes précédentes. Il peut , dans l’ambivalence, exprimer en même temps une
acceptation de la mort et de la vie. Malgré l'imminence de la mort, le patient sait vivre
chaque instant intensément et est encore capable de projets. Inversement, certains
patients confrontés à la fin de vie vivent cette crise sans expression, sans sursaut, avec un
glissement progressif dans l'abandon, insensibles aux sollicitations de l'entourage. Parfois,
la phase terminale déclenche des comportements régressifs pouvant se manifester par des
propos confus ou délirants, ou évoquer des attitudes de nourrisson.
Si la lutte contre la douleur est une priorité essentielle, l'accompagnement en fin de vie
nécessite une évaluation rigoureuse d'autres besoins fondamentaux.
NURSING ET MOBILISATION
La mise au fauteuil est effectuée systématiquement tant qu'elle est confortable. Les
mobilisations quotidiennes effectuées par les aides soignantes et les kinésithérapeutes
évitent les attitudes vicieuses
● L'hydratation
L'hydratation est effectuée en priorité par voie orale chez les sujets âgés les boissons
doivent être proposées à heures fixes. En fin de vie, l’hydratation artificielle n’apporte
aucun confort supplémentaire. A l’inverse, les soins de bouche réguliers sont
indispensables.
Une bouche propre et bien hydratée permet une parole et une déglutition plus faciles ;
l'haleine reste fraîche.
Avec le vieillissement, les atteintes buccales sont fréquentes en raison d'une réduction des
sécrétions salivaires, des effets secondaires de médicaments, du port de prothèses
dentaires (persistance fréquente de chicots), d'une respiration par la bouche et des mycoses.
● L'alimentation
L'alimentation par la bouche doit être conservée le plus longtemps possible. Il est nécessaire
de fractionner les repas et de proposer des collations avec des boissons enrichies en
protéines. Les aliments les mieux acceptés sont lactés et sucrés. La présentation des repas
est importante.
Les butyrophénones (Haldol®) sont des antagonistes de la dopamine et sont efficaces sur
les vomissements induits par la morphine. Les anticholinergiques (Atropine ou
Scopolamine), de même que les corticoïdes, sont aussi actifs.
La constipation est habituelle en fin de vie sous l'effet de l'immobilisation, des modifications
alimentaires et des médicaments (opiacés, anticholinergiques , neuroleptiques). La gêne
abdominale est variable ; il y a fréquemment des fausses diarrhées secondaires à
l'hypersécrétion colique provoquée par la stase fécale. Une surveillance régulière du transit
intestinal est indispensable. En cas de constipation avérée un toucher rectal doit être
systématique à la recherche d’un fécalome. Les laxatifs sucrés (Duphalac®, Lactulose®) ou
osmotiques (cf. glossaire) (Transipeg®, Movicol®) sont utilisés à titre préventif et curatif.
Les laxatifs utilisés par voie rectales déclenchent des réflexes exonérateurs (suppositoires
de glycérine, Microlax®, Normacol lavement®).
LA DYSPNÉE
La dyspnée se caractérise par une sensation subjective de gêne respiratoire. Elle n'est pas
toujours proportionnelle à une lésion causale. Elle est souvent intriquée à l'angoisse. Les
causes organiques principales sont l'encombrement bronchique avec bronchospasme,
l'insuffisance cardiaque et les cancers évolués.
L'oxygénothérapie diminue l'effort respiratoire et rassure le patient. Elle doit être utilisée
lors d'une dyspnée aiguë (oedème aigu du poumon, embolie pulmonaire...).
La morphine a un effet bénéfique sur la sensation pénible de dyspnée. Si le patient n'est pas
déjà traité par la morphine, le chlorhydrate de morphine à raison de 2,5 mg toutes les 4
heures par voie sous-cutanée, ou en injection continue à la seringue élecrique, améliore
son confort. Lorsque le patient reçoit déjà de la morphine, il convient d'augmenter la
posologie jusqu'à la sédation de la dyspnée.
La qualité du sommeil doit être maintenue. Elle est étroitement liée au contrôle de la
douleur physique. Elle dépend aussi de l'anxiété et de l'état thymique.
La personne âgée accepte plus facilement que l'adulte jeune l'idée de sa mort proche. Elle
parle généralement de sa mort en employant un langage symbolique ("Je veux partir, je
n'ai plus d'attache, j'ai fait ma vie..."). Il est important d'être à l'écoute de ses désirs et de lui
apporter un apaisement en lui signifiant qu’elle est comprise. En institution, la
connaissance des anciennes habitudes de vie, de l’histoire familiale et des liens avec
l’entourage facilitent le travail d'accompagnement.
Lorsque l'on accompagne un patient confus ou dément, la relation verbale est réduite
voire inexistante, il faut alors s'aider d'autres moyens de communications comme le
toucher ou la simple présence. Pour favoriser les échanges au dernier moment de la vie, il
faut faire prendre conscience à la famille de la proximité de la mort et accueillir les proches
nuit, et jour si nécessaire, avec un minimum de contraintes.
Il convient également d’éviter de mettre ses proches en situation de devoir prendre des
décisions concernant la poursuite ou l’interruption de traitement, qui pourraient
entraîner une culpabilisation ultérieure.
L'aide aux familles au moment d'un décès doit être associée à la prise en charge du patient
en phase terminale.
Le travail de deuil s'élabore plus facilement si les familles ont été régulièrement informées
du déroulement de la maladie, du pourquoi des soins et des choix faits par l'équipe
soignante. Il existe de l'amertume ou de la culpabilité lorsque le deuil survient de "manière
prématurée" ou en l'absence d'un membre de la famille.
Lorsque la famille s’interroge sur les derniers moments de vie, il importe de lui donner les
informations les plus exactes possibles, notamment si le patient n’a pas ressenti de
souffrances physiques. Une agressivité envers l'équipe soignante est le signe d'une
souffrance familiale : tristesse, peur de la mort de l'autre ou de soi, questionnement
existentiel, problème de succession, situation sociale précaire du survivant...
Après le décès, une entrevue avec l'évocation de la mémoire du défunt permet d'apporter
une aide et un apaisement à la famille.
CONCLUSION
Le traitement de la douleur et l'accompagnement d'une personne âgée mourante sont des
réalités pour les professionnels. Dans ce contexte il importe pour le gériatre d'élargir le
concept de soins palliatifs aux phases terminales de toutes les maladies. Le travail de
l'équipe gériatrique est de maintenir jusqu'au bout une relation entre le malade, sa famille et
les soignants.
L’écoute et l’aide pour faire face à la mort malgré la souffrance, les difficultés de
communication, les bouleversements affectifs induits par l'épuisement physique, le
polymorphisme des symptômes et les difficultés techniques requièrent de la part de
l’équipe et du médecin une formation et des qualités professionnelles et humaines.
XI ANNEXES
GLOSSAIRE
● algodystrophies : L'algoneurodystrophie ou algodystrophie est un syndrome
douloureux caractérisé par un ensemble de symptômes, dont les sensations de
cuisson, touchant des articulations après un traumatisme ou une intervention
chirurgicale même minimes. Ce syndrome pourrait être dû à des causes
neurologiques ou vasculaires et surviendrait plutôt chez des patients anxieux.Il est
également appelé Syndrome de Sudeck ou Maladie de Sudeck du nom du médecin
allemand Paul Herman Martin Sudeck (1866-1945) qui le premier l'a décrite.
● allodynie : L'allodynie est une douleur suscitée par un stimulus qui n'est
normalement pas ressenti comme douloureux, mais qui l'est en l'occurrence chez le
patient, contrairement à l'hyperalgie qui correspond à une sensation de douleur
intense provoquée par un stimulus habituellement douloureux. Le simple geste
d'effleurer doucement la peau ou encore de légers stimuli de chaleur ou de froid
peuvent alors être douloureux. La définition originale est de Merskey & Bogduk
(1994): Douleur causée par un stimulus qui normalement ne produit pas de douleur
Traduction de Malenfant 1998 [1]. Le territoire allodynique peut être cartographié
par une allodynographie: Territoire cutané où la stimulation, par une force
d'application de 15 grammes, provoque une douleur égale ou supérieure à 3 sur une
échelle visuelle analogique (EVA) de 10 cm [2] Les patients souffrant d'allodynie
caractérisent la douleur comme rayonnante, sensible, enserrante, constante,
réveillant la nuit. Ce sont souvent des patients ayant eu recours à toutes les
méthodes antalgiques connues sans résultats. Ces radiculalgies proviennent de
lésions partielles des nerfs cutanés - a beta (Devor, Exp Brain Res, 2009). Ces
douleurs neuropathiques au toucher peuvent être diminuées par la méthode de
rééducation sensitive de la douleur [3] Une nouvelle méthode chirurgicale parvient
néanmoins à soigner cette maladie pour certains patients : la neurostimulation
medullaire consistant à stimuler des zones spécifiques de la moelle afin de contrer
l'influx douloureux.
proprement dit. Elle est colligée dans le dossier médical. C'est la première étape
pour aboutir au diagnostic.
● clinophilie : La clinophilie est le fait de rester au lit, la journée, allongé, pendant des
heures, tout en étant éveillé. C'est un trouble d'origine psychologique parfois trouvé
dans la dépression ou certaines formes de schizophrénie. Il faut faire attention à ne
pas confondre ce trouble avec une véritable hypersomnie puisque dans cette
dernière les patients dorment réellement et très profondément alors que dans la
clinophilie on ne retrouve pas objectivement ce long temps de sommeil que les
patients peuvent décrire. Dans la clinophilie si les patients se plaignent de trop
dormir c'est surtout un choix de leur part et non pas un défaut physiologique d'un
système d'éveil/sommeil comme dans les cas de l'hypersomnie idiopathique ou de
● osmotiques : Les laxatifs osmotiques sont des laxatifs qui captent (ou qui retiennent)
l'eau dans l'intestin (plus spécifiquement dans le côlon).
font non seulement progresser les liquides et les aliments mais effectuent aussi un
mélange de ce bol alimentaire dans chacun des organes concernés. Ce sont ces
mouvements caractéristiques de l'sophage, de l'estomac et de l'intestin qui
constituent le péristaltisme. Le péristaltisme ressemble à l'onde d'une vague
océanique qui traverserait le muscle. Le muscle de l'organe concerné se rétrécit puis
propulse la portion de nourriture lentement vers la suite du tube digestif.
BIBLIOGRAPHIE
● WARY B et le Collectif DOLOPLUS. : Plaidoyer pour l'évaluation de la douleur chez
les sujets âgés. Gérontologie et Société [en ligne].1997, 78, 83, 94 p.
EN SAVOIR PLUS
● DE HENNEZEL M. Amiens 2005 : L'évolution de la société et l'exigence des
malades [vidéo]. Canal U/ TICE MEDECINE & SANTE. 16/09/2005. :
http://www.canal-
u.fr/producteurs/canal_u_medecine/dossier_programmes/droit_de_la_sante/coll
oque_et_evenement/amiens_2005_journees_pedagogiques_d_ethique_medicale/a
miens_2005_l_evolution_de_la_societe_et_l_exigence_des_malades
RECOMMANDATION
● Haute Autorité de Santé. Accompagnement des personnes en fin de vie et de leurs
proches [en ligne]. Février 2004. : http://www.has-
sante.fr/portail/jcms/c_272290/accompagnement-des-personnes-en-fin-de-vie-et-
de-leurs-proches
ABRÉVIATIONS
● AINS : Anti-inflammatoires non stéroïdiens
Organisation gérontologique
2 . 2 Prestations en nature...........................................................................................................1
3 Réseaux et filières......................................................................................................................... 3
4 Hébergement.................................................................................................................................4
OBJECTIFS
SPECIFIQUE :
● 13.1 Énoncer et identifier les données sociales et médicales utiles pour organiser un
soutien ou un maintien à domicile.
● 13.6 Indiquer les aides techniques et les modalités de leur prise en charge.
● 13.8 Décrire les critères de bon fonctionnement d'un réseau gérontologique entre
structures et services intra et extra hospitaliers intervenant auprès des personnes
âgées.
● 13.9 Définir les missions et objectifs des établissements sanitaires et/ou sociaux
pouvant accueillir des personnes âgées : modalités et conditions d'accès, contrôle
des organismes de tutelle.
● 13.10 Définir la mission et le rôle du médecin référent (ou coordinateur) dans une
maison de retraite et les spécificités de son exercice.
● 13.11 Énoncer les bonnes pratiques éthiques et légales pour les personnes âgées :
charte du malade, charte des droits et libertés, moyens de protection et de
sauvegarde.
● 13.12 Indiquer les modalités de la tarification des prix de journée dans les différents
types d'établissements.
● 13.13 Indiquer les imputations de paiement (sécurité sociale, résidant, aide sociale
du département, obligés alimentaires).
Il est faux d’assimiler grand âge et maladie. Beaucoup de personnes âgées souffrent de
plusieurs maladies chroniques mais s’estiment en bonne santé. Le grand âge est celui où
s’accroît la proportion d’individus atteints d’incapacités fonctionnelles créant un
désavantage, justifiant des aides de l’entourage et de la collectivité. Les enquêtes françaises
identifient parmi la population âgée de plus de 65 ans 2,4 % soit 205 000 personnes
confinées au lit et totalement dépendantes pour tous les gestes de la vie quotidienne, 3,1 %
soit 265 000 ont besoin d’aide pour la toilette et l’habillement et 12,4 % soit 1 060 000 ont
recours à un tiers pour sortir de leur domicile. La prise en compte de l’organisation
(dimension de Santé Publique) des aides et des soins à domicile est de la responsabilité du
médecin généraliste. Il doit pouvoir se situer comme référent dans un processus où la
famille et les aidants naturels tiennent une place prépondérante. Il doit savoir mettre en
oeuvre les aides professionnelles.
I INTRODUCTION
Dans la population âgée, la proportion des individus atteints d'incapacités fonctionnelles
s'accroît. Ces incapacités sont source d'un handicap social justifiant, au nom de la
solidarité, une aide de la collectivité.
C'est dans les années 70, à la suite du rapport LAROQUE, qu'une politique de maintien à
domicile a été préconisée. La principale raison invoquée était qu'elle répondait à la
meilleure intégration des personnes âgées et qu'elle répondait aux vœux des intéressés. Dès
cette époque était évoquée la question du coût. Dans les années 70 et jusqu'aux années 80,
on a affirmé que le maintien à domicile était une solution moins onéreuse que
l'hébergement en milieu social, puis à partir des années 80 on a développé l'idée que le
maintien à domicile des personnes âgées dépendantes coûtait plus cher que l'hébergement.
De cette contradiction, il reste que l'autonomie de décision de la personne âgée est souvent
malmenée par les contraintes financières, le déchirement des familles et le refus légitime
de la personne âgée d'afficher et de revendiquer sa dépendance.
(En savoir plus : Infodoc.inserm.fr. Rapport de la Commission d'étude des problèmes de la vieillesse,
présidée par Pierre Laroque [en ligne]. ) Infodoc.inserm.fr.
Une majorité de nos concitoyens souhaite vieillir et finir son existence à domicile. Si le
maintien à domicile est l'expression d'une décision de la personne âgée et/ou de sa
famille, le soutien en est le moyen concret et une donnée objective à prendre en compte. Le
cadre de vie habituel fournit en effet à la personne âgée des repères qui lui permettent de
rythmer le quotidien de sa vie. La maison et les objets qu'elle contient restent des signes et
des symboles patents de ce qu'elle a été et de ce qu'elle est. C'est un repère spatial. Au cours
du vieillissement les captations sensorielles s'effritent. Chaque espace nouveau devient
source d'angoisse et de difficulté imposant un travail que le sujet âgé n'est pas toujours
capable d'accomplir. L'habitat est aussi un repère temporel car la maison est chargée de
souvenirs à un moment où les processus de mémorisation se dégradent.
La famille, l'entourage, le voisinage, les bénévoles, peuvent apporter leur aide à condition
cependant qu’elle n'empiète pas sur les prérogatives de celui qui est civilement ou
filialement le plus proche de la personne âgée. Un certain nombre de caractéristiques
sociales et médicales doivent donc être évaluées pour organiser ou limiter le maintien à
domicile :
L'habitat est une donnée fondamentale. L'espace habité acquiert une importance
particulière d'autant qu'avec l'âge l'espace investi se rétrécit. Un lieu perçu de l'extérieur
comme inconfortable est néanmoins le quotidien de vie de la personne. Au fur et à mesure
que surviennent les handicaps dûs à l'âge et à la maladie, l'absence d'éléments de confort
devient gênante, non seulement pour elle mais aussi pour les personnes chargées de
l'aider. Les dangers de l'habitat viennent parfois des difficultés de son accès. Habiter en
étage sans ascenseur limite le déplacement et la possibilité de quitter son logement pour
faire des courses ou aller vers les autres. Lorsque des améliorations sont nécessaires pour
garantir la sécurité, des facteurs économiques entrent en jeu. De faibles revenus
contribuent à la dégradation des conditions de vie et l'angoisse liée au manque d'argent
peut avoir des répercussions sur l'état de santé physique et psychique de la personne âgée.
L'état de santé est un élément déterminant dans l'appréciation du risque et dans sa gestion
à domicile. S'il n'y a pas de maladie spécifique à la vieillesse, il y a des états pathologiques
qui accompagnent le vieillissement et perturbent les fonctionnements physique, psychique
et intellectuel. Ce ne sont pas les handicaps physiques qui sont les plus difficiles à gérer : il
existe de multiples moyens permettant de se substituer à ces handicaps pour favoriser le
maintien à domicile. La détérioration des fonctions cognitives est plus préoccupante, en
particulier les facultés de jugement, les possibilités de développer une stratégie, d'avoir
une réponse adaptée vis-à-vis d'une situation donnée. Les troubles psycho-
comportementaux constituent des situations particulièrement difficiles à résoudre. Ces
troubles peuvent survenir brutalement, obligeant parfois à envisager temporairement une
hospitalisation, surtout s'ils s'accompagnent d'une incontinence. Troubles psycho-
comportementaux et incontinence constituent, pour l'entourage, des situations
particulièrement difficiles à gérer.
Le médecin traitant doit savoir proposer aux proches d'une personne âgée le recours aux
services de soutien à domicile le plus tôt possible, afin d'éviter, si la tâche devient trop
lourde, les risques de culpabilisation ou de maltraitance.
Figure 1 : Organisation des aides autour de la personne âgée dépendante vivant à domicile.
La famille, par son histoire personnelle, peut dégager un ou des aidants naturels pour
assurer la présence, la surveillance et un lien chaleureux. Le conjoint doit être légitimement
privilégié mais l'histoire d'un couple n'est pas forcément une référence dans l'aptitude ou la
difficulté à gérer une situation de dépendance. Des aides psychologiques sont parfois
nécessaires. Déculpabilisée, la famille joue un rôle fondamental de réassurance,
d'apaisement et de dédramatisation.
● Les aides médicales sont nécessaires pour palier aux déficiences physiques et
psychiques
L'intervention peut aussi être faite auprès d'un système associatif organisant dans
l'espace communal ou urbain, un service de soins infirmiers à domicile (SSIAD), pris en
charge forfaitairement par l'assurance maladie. Les soins de kinésithérapie en sont
exclus. La personne âgée est automatiquement prise en charge à 100% par la Sécurité
Sociale. Les SSIAD interviennent pour une durée quotidienne minimale de 30 minutes de
soins au moins 4 jours sur 7. Un Service de soins infirmiers à domicile dispose d'un certain
nombre de places qu’il négocie chaque année avec sa tutelle. Il a l'avantage d'organiser et de
gérer l'ensemble du dispositif de soins et de laisser au domicile du malade un cahier de
transmissions permettant d'harmoniser le suivi avec le médecin traitant.
Celles-ci sont très nombreuses et adaptées à chaque cas en ayant comme finalité la sécurité
de la personne à domicile. On peut distinguer deux types d'aides matérielles : celles
qui sont autour de la personne et celles qui lui sont personnelles.
Quelques associations à but non lucratif offrent un service de garde à domicile. Il n'est
pas ou peu pris en charge. Il est coûteux, bien que certaines lois permettent de diminuer les
frais liés aux charges patronales.
Les moyens modernes de télécommunication sont aussi mis à la disposition des personnes
âgées et depuis 1975 existe le service de télé-alarme avec des appareils portés en
permanence sur soi. Une simple pression sur un bouton déclenche une alarme dans un
centre de surveillance fonctionnant 24 heures sur 24. Ce centre contacte les personnes
référentes (famille, voisins ou médecins). Le système prend tout son intérêt chez les sujets
handicapés à risque élevé de chutes, mais certains malades refusent de porter en
permanence ce pendentif.
Dans ce registre il faut citer les appareils téléphoniques avec des touches adaptées aux
mal-voyants et pré-enregistrement de numéros permettant plus de facilité dans
l'établissement des communications. Les télécommandes sont devenues des objets
quotidiens, non seulement pour allumer la télévision mais aussi déclencher l'ouverture
d'une porte à distance. Tous ces dispositifs de domotique (cf. glossaire) sont à la charge
de la personne âgée mais parfois les CCAS proposent des périodes d'essai avant une
installation au financement duquel ils peuvent participer. Cette liste n'est pas exhaustive et
on peut la compléter par des dispositifs facilitant l'alimentation comme les sets de table
antidérapants, des couverts adaptés, en particulier à l'hémiplégique....
Toujours dans le registre des aides matérielles autour de la personne âgée, il faut aussi
sécuriser l'habitat. Un organisme national, le Protection, Amélioration, Conservation et
Transformation de l'habitat (Protection, Amélioration, Conservation et Transformation de
l'habitat) aide à son aménagement. Cet organisme établit le devis des travaux et aide les
personnes âgées handicapées à en trouver le financement, notamment auprès des caisses
de retraite. Les propriétaires de logements peuvent bénéficier d'une subvention accordée
par l'Agence Nationale pour l'Amélioration de l'Habitat (Agence Nationale pour
l'Amélioration de l'Habitat ). La mise en œuvre de ces transformations doit se faire si
possible en collaboration avec une équipe d'évaluation. Un ergothérapeute se rend à
domicile et apporte une compétence technique à ces adaptations. Les travaux les plus
souvent proposés sont : remplacement du gaz par des appareils électriques, pose de barres
d'appui, adaptation des toilettes (réhausseur de WC) ou de la salle de bains, remplacement
de la baignoire par une douche permettant de faire la toilette assis.
Les appareils dentaires doivent être remis en bouche le plus rapidement possible pour
éviter la résorption alvéolaire qui les rendent rapidement inadaptés de sorte qu'ils
terminent leur existence dans le tiroir de la table de nuit avec les conséquences esthétiques
et alimentaires que l'on connaît. Enfin sonde urinaire, orthèses (cf. glossaire) , peuvent faire
l’objet de prescriptions ponctuelles prises en charge par l'assurance maladie. D'autres
prescriptions ne relèvent pas d'une prise en charge par l'assurance maladie : les
préparations pour alimentation entérale artificielle ou les compléments nutritifs
hypercaloriques.
Il est aussi utile de donner quelques conseils vestimentaires à la personne âgée ou à son
entourage permettant le port de vêtements amples, faciles à ôter pour des motifs
d'hygiène, des chaussures à semelles semi-rigide assurant le pas et la stabilité.
Les changes complets ou autres protections contre les incontinences ne sont pas prises en
charge par l'assurance maladie bien qu'elles constituent un coût élevé pour les familles. On
sait que maintenant la prestation spécifique dépendance peut servir pour partie à l'achat de
ces protections. Il faut conseiller aux familles de faire les achats par l'intermédiaire des
associations de soins infirmiers pour avoir des tarifs plus attractifs. Là aussi les caisses de
retraite peuvent, dans certains cas, donner des aides ponctuelles.
• Les aides au logement peuvent être attribuées aux personnes âgées qui résident à leur
domicile, en maison de retraite, en foyer-logement ou en unité de long séjour. Les
demandes doivent être faites auprès des Caisses d'Allocations Familiales. On distingue
les aides personnalisées au logement, les allocations de logement social et l’aide sociale
éventuellement attribuée par le département pour l'hébergement.
Les personnes âgées hébergées à titre onéreux par des particuliers peuvent recevoir l'APL.
Le nombre d'heures est négocié en fonction des besoins et du coût. Les frais à la charge de la
personne aidée sont modulés en fonction des ressources. Au-dessous d'un certain plafond,
l'aide ménagère peut-être financée par l’aide sociale (groupes Groupes Iso-Ressources 4,5
ou 6) ou la Prestation Spécifique Dépendance (groupes GIR 1,2 ou 3). Le nombre d'heures
attribuables et le plafond sont de l'ordre de 30 heures par mois. Lorsque ce plafond est
dépassé, l'aide ménagère peut-être financée par les caisses de retraite. Le nombre
d'heures pris en charge est très différent selon les caisses : de 17 heures pour les caisses des
commerçants et artisans à 90 heures par mois maximum pour le régime général.
Certaines caisses exigent un certificat établi par un médecin.
• L'aide sociale à la personne âgée existe pour toutes celles dépourvues de ressources
suffisantes, de nationalité française ou résidant en France selon certaines conditions
prévues par la réglementation. Les dispositifs de la loi de décentralisation font que chaque
département gèrre localement un ensemble de mesures qui ne peuvent aller en deçà de
l'aide légale. Outre l'aide ménagère, il existe aussi l'aide médicale à domicile, de caractère
subsidiaire, permettant la prise en charge de certains soins ou de certaines prescriptions.
Dans ce cas le médecin généraliste dans ses prescriptions devra veiller à ce que les
médicaments qu'il utilise aient bien la mention de produits agréés par l'aide sociale. Le
Dictionnaire Vidal comporte, en général, les indications nécessaires. L'aide sociale à la
personne âgée est une aide temporaire qui revêt un caractère d'avance et des
récupérations peuvent être effectuées à l'encontre de la succession du bénéficiaire de
l'aide sociale lorsque ce dernier était propriétaire de biens mobilier ou immobilier, ou à
l'encontre du donataire lorsque le bénéficiaire de l'aide sociale a fait une donation de ses
biens dans les cinq ans qui ont précédé sa demande à l'aide sociale ou postérieurement à
cette demande.
Enfin, cette récupération est possible à l'encontre des débiteurs d'aliments du bénéficiaire
d'aide sociale ou du bénéficiaire lui-même si sa situation s'est améliorée.
A côté de ces prestations en nature, des prestations en espèces sont représentées par
l'aide aux frais de repas s'ils sont pris dans un foyer restaurant géré par le CCAS et
l'allocation représentative de service d'aide ménagère lorsque la commune ne dispose
d'aucun service d'aide ménagère. L'allocation compensatrice de tierce-personne (loi de
1975 des handicapés) faisait partie de ces prestations en espèces, mais elle est désormais
remplacée par la prestation spécifique dépendance.
PRESTATIONS EN NATURE
• Une autre rubrique, appelée ALD 31, correspond à une maladie grave, caractérisée,
évolutive ou invalidante, non inscrite sur la liste des 30 maladies. Les deux affections
justifiant le plus souvent une prise en charge en gériatrie correspondent à la polyarthrose
invalidante ou aux troubles trophiques des membres inférieurs.
• Enfin, une troisième rubrique appelée ALD 32, est spécifiquement gériatrique,
correspondant à la poly-pathologie du sujet âgé nécessitant des aides à la personne et dont
l'autonomie est évaluée par le médecin-conseil. Il s'agit d'aide pour les actes courants et
essentiels de la vie, du fait d'un cumul de pathologies. Dans ce cas particulier, l'exonération
porte sur l'ensemble des soins, en particulier les médicaments à vignettes.
(En savoir plus : Legifrance.gouv.fr. Décret n°2006-546 du 12 mai 2006 relatif aux experts
médicaux judiciaires exerçant en application des articles L. 141-1 et L. 141-2-1 du code de la sécurité
sociale et modifiant ce code (deuxième partie : Décrets en Conseil d'Etat) [en ligne]. 12 mai 2006. )
Décret n°2006-546 du 12 mai 2006.
● La deuxième prestation
mise en place est la prestation spécifique dépendance ou PSD instituée par la loi N° 97/60
du 24 Janvier 1997, afin de mieux répondre aux besoins des personnes âgées "dans l'attente
d'une loi instituant une prestation d'autonomie". Le Décret du 28 Avril 1997 a fixé les règles
de fonctionnement de cette prestation. Cette nouvelle prestation remplace l'allocation
compensatrice pour tierce personne. La PSD est une allocation en nature qui permet aux
personnes âgées dépendantes de rémunérer les aides au maintien à domicile, un salarié
en particulier.
(En savoir plus : Legifrance.gouv.fr. Loi n°97-60 du 24 janvier 1997 tendant, dans l'attente du vote
de la loi instituant une prestation d'autonomie pour les personnes âgées dépendantes, à mieux
répondre aux besoins des personnes âgées par l'institution d'une prestation spécifique dépendance
(1) [en ligne]. ) Loi n°97-60 du 24 janvier 1997.
(En savoir plus : Adminet. Décret no 97-426 du 28 avril 1997 relatif aux conditions et aux
modalités d'attribution de la prestation spécifique dépendance instituée par la loi no 97-60 du 24
Il faut savoir qu'elle ne peut être cumulée qu'avec les prestations de l'aide ménagère, les
prestations de garde à domicile ou l'aide compensatrice pour tierce-personne ou pour la
majoration pour aide constante d'une tierce-personne concernant les personnes ayant eu
recours à l'assistance d'une tierce-personne avant l'âge de 60 ans. Un plan d'aide doit être
établi dans un délai de deux mois et l'équipe médico-sociale assure le suivi et le contrôle
ainsi que la réalité de l'aide. Cette aide permet de rémunérer un ou des salariés à l'exception
bien sûr du conjoint, du concubin ou d'une personne bénéficiant d'un avantage vieillesse.
Elle peut aussi servir à rémunérer le service d'aide à domicile agréé à cet effet par le
Préfet ou la personne qui accueille, à son domicile, à titre onéreux, dans le cadre de la loi sur
l'accueil familial. Il est important de savoir qu'un certain pourcentage de cette PSD,
environ 10 %, peut servir à acquitter des dépenses autres que celles de personnel, en
particulier télé-alarme, couches, aides techniques… Les médecins généralistes sont
volontiers sollicités pour remplir les documents médicaux prévus à cet effet par le Conseil
Général, mais il n'y a cependant pas de tarification prévue à la nomenclature générale des
actes professionnels pour leur participation au travail d'évaluation en commun avec
l'équipe médico-sociale.
Le malade âgé quitte son domicile ou son institution en cas de pathologie ou de situation de
rupture médico-sociale nécessitant une hospitalisation. En théorie et souvent en pratique il
garde l'objectif du retour à domicile. Pendant son hospitalisation il suit une filière associant
en série une ou plusieurs des structures suivantes:
Urgences gériatriques
Assurées en général par les services d ' u rgences d'adultes, les urgences gériatriques
bénéficient de la participation de personnels formés à la gériatrie, gériatre, infirmier, aide-
soignant, psychologue, assistante sociale, établis sur le site du Service d'accueil des
Urgences ou accessibles à la demande dans le cadre d'unités mobiles ou d'acteurs
impliqués.
Médecine gériatrique
Chirurgie gériatrique
Identifiée dans de rares hôpitaux la chirurgie du sujet âgé est pratiquée dans tous les
services de chirurgie adulte. La chirurgie gériatrique requiert une charge en soins
importante et des moyens correspondants en personnel, une prise en charge
anesthésiologique adaptée aux enjeux, un savoir faire gériatrique pour
l'accompagnement médical pré, per et post-opératoire, une formation des personnels à
l'accueil des personnes âgées malades et par l'ensemble de l'équipe une approche
professionnelle et humaine des situations de gravité ou de fin de vie.
institutionnel.
Structure mixte sanitaire et sociale, elle représente le plus haut degré d'implication sanitaire
dans une structure d'hébergement. Actuellement les malades hébergés en service de soins
de longue durée sont caractérisés par une polypathologie importante, une très grande
dépendance physique et psychique et un taux de mortalité important. Cette
population de malades évolue d'année en année, ce qui témoigne de la compression de
la morbidité de la population âgée du pays.
Hôpital de Jour
Consultation gérontologique
Selon les hôpitaux ou les pratiques gériatriques régionales elle est très polyvalente et
offre au malade âgé un diagnostic de médecine interne, de médecine spécialisée orientée
en gériatrie, d'avis ou d'expertise médicale et sociale, d'évaluation gérontologique
permettant l'orientation de l'hébergement ou de la prise en charge au titre d'allocations
spécifiques.
Lorsqu'elle existe, l'unité mobile gérontologique (Unité Mobile de Gérontologie) assiste les
différents services ou structures de soins non gériatriques, spécialités médicale ou
chirurgicale, à prendre en charge et à orienter les malades âgés qu'ils accueillent. Elle
contribue à l'établissement du projet gérontologique du malade, à réduire les erreurs de
filières et la durée globale d'hospitalisation.
Hospitalisation à domicile
IV HÉBERGEMENT
Le maintien à domicile d'une personne âgée dépendante peut devenir impossible ou non
désiré et le recours à d'autres modes d'hébergement est envisagé. On distingue les
hébergements à caractère social de ceux à caractère sanitaire. Le choix est guidé par le degré
et le type de dépendance, le niveau de soins requis et la volonté de la personne âgée, mais
aussi par ses possibilités financières et les disponibilités de place. La personne âgée
handicapée et sa famille doivent être aidées dans la recherche d'un lieu d'accueil. Une
visite préalable des lieux doit être proposée. L’entrée en institution est un tournant car
elle signifie l'abandon d'un domicile chargé de souvenirs. Il est essentiel de la préparer,
afin que ce changement s'inscrive dans un projet de vie et ne soit pas vécu comme une perte
brutale sans retour.
Qu'il s'agisse des structures d'hébergement à caractère social ou des structures à caractère
sanitaire, le financement de l’hébergement est à la charge de la personne âgée dépendante,
ou de ses descendants en ligne directe ("obligés alimentaires"). Les collatéraux (frères,
sœurs, neveux et nièces) ne sont pas obligés alimentaires. Dans les structures à caractère
sanitaire, le financement des soins est du ressort de la Caisse d'assurance maladie de la
personne âgée, sous forme d'un "forfait soin" (voir plus loin). L'organisation des aides à la
personne âgée dépendante vivant en institution gériatrique est résumée dans la figure 2.
Les foyers-logements
Les foyers-logements sont des groupes de logements autonomes à vocation sociale. Certains
proposent de manière facultative des services collectifs (restauration, blanchissage du linge,
surveillance, etc..). Les résidents peuvent être soit propriétaires, soit locataires et paient les
charges et les frais de fonctionnement des locaux communs. Certains logements possèdent
une cuisine permettant la préparation des repas. Les personnes âgées peuvent être aidées
pour le paiement de leur loyer par l'Aide Personnalisée au Logement (APL). Les services
d'aide ménagère et les services de soins à domicile peuvent y intervenir. Certains foyers-
logements sont habilités à recevoir des bénéficiaires de l'aide sociale.
Une sécurité matérielle peut y être organisée 24h sur 24 mais elle n'est en rien sanitaire.
Ces établissements sont assimilables à des foyers-logement haut de gamme. Les résidents
sont le plus souvent propriétaires de leur logement dont le coût des charges est souvent
très élevé. L'ouverture de ces établissements n'est pas soumise à autorisation et à contrôle
des autorités départementales.
Ce sont des établissements d'hébergement social dotés de services collectifs. Parmi les
maisons de retraite on peut citer les "Résidences pour personnes âgées", les Maison
d'accueil pour Personnes Agées Dépendantes (Maison d'Accueil pour Personnes Agées
Dépendantes), les Maison d'Accueil Rurale pour Personnes Agées (Maison d'Accueil Rurale
pour Personnes Agées). Certaines sont publiques, dépendantes d'un établissement
hospitalier ou d'un CCAS, d'autres privées à but lucratif ou non. Les pensionnaires paient
un tarif d'hébergement très variable en fonction de l'établissement (qualité hôtelière,
situation géographique, statut de l’établissement, de 150 à 450 F. par jour environ, parfois
plus). Les bénéficiaires de l'aide sociale peuvent être accueillis dans la plupart des
Maisons de Retraite publiques et des établissements privés à but non lucratif.
L'établissement offre en général des simples soins de nursing aux résidents et en l'absence
de forfait particulier, tous les soins médicaux ou les nécessités d'intervention d'auxiliaires
comme les infirmières ou les kinésithérapeutes sont pris en charge par des intervenants
libéraux extérieurs. Certaines maisons de retraite bénéficient par convention avec les
caisses d'Assurance Maladie, d'un forfait permettant la prise en charge de soins médicaux
de façon à maintenir ces personnes âgées dans ces établissements. Il peut s'agir d'un
forfait de soins courants qui sert à la rémunération des personnels soignants, dispensant
les soins habituels, la distribution des médicaments et des produits nécessaires aux soins. Il
existe une deuxième possibilité qui est le forfait de section de cure médicale développé plus
loin.
Dans les maisons d'accueil pour personnes âgées dépendantes (MAPAD), on peut trouver
des "Centres d'Animation Naturelle Tirée d'Occupations Utiles" (Centres d'Animation
Naturelle Tirée d'Occupations Utiles) réservés à des sujets ambulatoires atteints de démence
modérée qui sont regroupés autour d'une maîtresse de maison.
L'accueil familial
(En savoir plus : Legifrance.gouv.fr Loi n°89-475 du 10 juillet 1989 relative à l'accueil par des
particuliers, à leur domicile, à titre onéreux, de personnes âgées ou handicapées adultes (1). 23
décembre 2000. ) Loi n°89-475 du 10 juillet 1989.
Cette prise en charge partielle permet la prise en charge d'une dizaine de personnes âgées
dépendantes. Elle fonctionne en général cinq jours sur sept avec un coût relativement
modéré et développe des activités occupationnelles. Elle permet de soulager l'aidant
naturel et s'adresse particulièrement aux personnes âgées démentes. Ces accueils de jour
fonctionnent sous le mode associatif et sont aidés par les municipalités qui peuvent mettre à
leur disposition un véhicule permettant le ramassage des malades le matin et leur
reconduite, en fin d'après-midi, à leur domicile.
Les structures d'hébergement à caractère sanitaire vont voir leur mode de fonctionnement
probablement bouleversé par la réforme de la tarification en cours.
Anciennement dénommés services de "long séjour", ces structures sont hospitalières dans la
pleine acception du terme. Elles ont une dimension variable : parfois importante de 100 à
200 lits, parfois de plus petite taille, disséminées dans le tissu urbain en dehors du site
hospitalier. Elles reçoivent des personnes âgées dépendantes qui ont besoin de soins et
d'une surveillance médicale continus. Ces structures correspondent à ce qui était appelé
antérieurement les "hospices" jusqu'en 1975. Elles sont l'objet d'un long effort
d'humanisation.
Ces services comportent une double tarification mais devraient évoluer très prochainement
vers une réforme impliquant une triple tarification qui distingue celle liée à la
dépendance.
Actuellement:
• l'une dite sanitaire est prise en charge par l'assurance maladie, le forfait "soins" fixé par
l'autorité de tutelle (en moyenne 250 F/j en 1999)
• l'autre tarification correspond à l'hébergement, fixée par le Président du Conseil Général
sur proposition du Directeur de l'établissement (variable suivant les régions de
250 à 450 F/j), à la charge du patient ou de l’aide sociale.
Les services de soins de longue durée rencontrent parfois des difficultés de motivation du
personnel, des difficultés d'encadrement et souffrent d'une sous médicalisation chronique.
L'admission d'un malade en secteur de soins de longue durée est soumise à l'accord du
médecin-conseil de la caisse à moins que le malade ne soit déjà hospitalisé dans une autre
structure au sein de l'hôpital, qu'il s'agisse de services de court séjour ou de services de
soins de suite. Ces services évoluent progressivement vers des structures plus
accueillantes en y développant des activités d'animation ou des perspectives thérapeutiques
nouvelles, groupes de paroles, travail d'ergothérapie etc....
Certaines maisons de retraite disposent de lits à caractère sanitaire : les lits de "section de
cure médicale". Dans ce cas l'établissement bénéficie d'un forfait, payé par l'Assurance
Maladie. Cela permet la poursuite d'un traitement d'entretien, d'une surveillance
médicale et des soins para-médicaux. Le forfait de cure médicale couvre la rémunération
des personnels médicaux et paramédicaux, les dépenses de médicaments et les produits
usuels nécessaires à la dispensation des soins et à l'amortissement du matériel médical.
La rémunération du médecin traitant est hors forfait.
La réforme de la tarification
Elle sera progressivement mise en place au cours de l’année 2000 et aura deux
conséquences principales.
Le financement du séjour sera basé sur l’état de la personne âgée et non plus variable selon
la structure d’hébergement. Quelle que soit cette dernière, les frais d’hébergement seront
alors différenciés en :
• frais d’hébergement au sens hôtelier du terme, financés par la personne âgée, son
entourage ou l’aide sociale,
• frais liés à la dépendance, évalués selon la grille AGGIR et pouvant être pris en charge par
la PSD,
• frais liés aux soins, couverts par l’Assurance Maladie selon des modalités à préciser.
soins de longue durée gériatriques est envisagée. La définition des malades qui en
relèvent est en cours d’élaboration.
Le médecin traitant généraliste, surtout s'il est formé à la gérontologie par l'obtention d'une
Capacité, joue un rôle central dans la prise en charge des personnes âgées hébergées dans
des établissements à caractère social.
Les personnes âgées en maison de retraite disposent du libre choix de leur médecin. Si elles
restent proches de leur ancien domicile, il y a bien sûr un avantage à ce qu'elles soient
suivies par leur médecin traitant habituel.
(En savoir plus : BONNEL M. Une certaine idée de la personne âgée en Europe [vidéo]. Canal
U / TICE MEDECINE & SANTE. 14/01/2007. ) Vidéo
Qu'elle soit à son domicile, dans une institution ou dans une structure d'accueil sanitaire
ou sociale, la personne âgée est une personne fragile. Cette fragilité ne doit pas faire oublier
les principes essentiels de la bienfaisance du soignant, qui doit prendre ses décisions avec
l'unique finalité du bien-être et de l'intérêt de cette personne âgée, et de la liberté du
citoyen.
V ANNEXES
GLOSSAIRE
● domotique : La domotique est l'ensemble des technologies de l'électronique, de
physique du bâtiment, d'automatismes, de l'informatique et des
télécommunications utilisées dans les bâtiments. La domotique vise à apporter des
fonctions de confort (optimisation de l'éclairage, du chauffage), de gestion d'énergie
(programmation), de sécurité (comme les alarmes) et de communication (comme les
commandes à distance) que l'on peut retrouver dans les maisons, les hôtels, les lieux
publics...
● orthèses : Une orthèse est un appareillage qui : compense une fonction absente ou
déficitaire, assiste une structure articulaire ou musculaire, stabilise un segment
corporel pendant une phase de réadaptation ou de repos.Une orthèse peut être
statique ou de stabilisation comme par exemple en fixant un poignet pour permettre
le mouvement des doigts. Elle peut également être articulée pour suppléer un
mouvement absent ou déficitaire (orthèse dite araignée pour remplacer l'extension
des doigts paralysée). L'orthèse permet d'obtenir un effet thérapeutique par un
mode d'action mécanique. Une orthèse au genou permet au tibia un seul
mouvement possible (avant-arrière), ce qui ne permet pas la pratique de tous les
sports de ballon où il y a démarquage, arrêt fréquent.
encore les frais d'analyse des laboratoires, induisent une participation directe du
patient.
EN SAVOIR PLUS
● Adminet. Décret no 97-426 du 28 avril 1997 relatif aux conditions et aux modalités
d'attribution de la prestation spécifique dépendance instituée par la loi no 97-60 du
24 janvier 1997 [en ligne]. : http://admi.net/cgi-bin/affiche_page.pl?
lien=19970430/TASA9721344D.html&requete=97-60
ABRÉVIATIONS
● AGGIR : Autonomie Gérontologique Groupes Iso Ressources