Clouage PDF
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Vincent TALFUMIERE
SNCF – Direction de l’ingénierie - La Plaine St Denis - France
RESUME - Le réseau ferré français comporte un très important patrimoine Ouvrages en terre.
Certains ouvrages classés sensibles sont le siège de désordres dont l’évolution pourrait à terme
menacer la sécurité et la régularité des circulations ferroviaires et font l’objet d’une surveillance
renforcée et de travaux confortatifs. La SNCF est le gestionnaire du réseau ferré pour le compte
de RFF maître d’ouvrage. Depuis une dizaine d’années, la SNCF, pour traiter préventivement
les talus de déblais les plus critiques, a développé, entre autres techniques, le clouage incliné
avec peau de confinement.
1. PREAMBULE
2. DESORDRES ET INCIDENTS
Les Ouvrages en terre sont susceptibles de voir leur condition de stabilité s’altérer avec le
temps, à cause de facteurs internes ou externes, qui peuvent entraîner des déformations
irréversibles avec détérioration de la géométrie de la voie ferrée et/ou des ruptures plus ou
moins brutales dans certains cas. Certains ont fait l’objet de confortement dès leur construction
ou postérieurement : ces confortements avec l’ancienneté vieillissent et deviennent moins
efficaces, l’augmentation des trafics et des charges sur certains axes contribuant à ce
vieillissement.
Les voies ferrées sont en plus exposées à des désordres provenant de leur environnement.
Lorsque le désordre est subit, on parle d’incident.
Chaque année le nombre d’incidents est recensé par les services gérants de l’Infrastructure.
On compte entre 150 et 450 incidents par an, de gravité plus ou moins importante, certains
affectant les voies, allant du simple ravinement à l’éboulement rocheux en masse ou la rupture
d’un remblai. Le nombre d’incidents varie de façon importante car il est lié aux intempéries et à
la pluviométrie (orage brutal ou longue période de pluie de durée supérieure à une semaine par
exemple).
Les déblais meubles sont les plus accidentogènes car les indices d’évolution sont plus
difficiles à détecter. En effet, contrairement aux remblais, les voies en déblai n’étant le plus
souvent pas impactées par les mouvements, les indices de désordres peuvent être masqués
sous la végétation parfois assez dense en certaines périodes et donc ne pas être détectés
préventivement.
600
500
400
300
200
100
0
01/01/1998 01/01/1999 01/01/2000 01/01/2001 01/01/2002 01/01/2003 01/01/2004 01/01/2005
figure 1 : Courbe cumulée du nombre d’incidents par type d’ouvrages entre 1998 et 2004.
Suivant le graphique ci-dessus, les incidents sur déblai meuble représentent 41% de
l’ensemble des incidents alors que ce type d’ouvrage ne correspond qu’à environ 25% du
linéaire d’ouvrage en terre sur le réseau (estimation interne en première approche).
Par ailleurs, les déblais meubles ont la caractéristique d’être surplombés par un
environnement (hors emprises RFF) qui peut être la cause de multiples désordres :
- arrivées d’eau au niveau d’un point bas (thalweg),
- inondations apportées par une chaussée riveraine,
- chargement de la crête de talus,
- construction ou tranchée à proximité de la crête,
figure 2 : Glissement d’un talus au dessus d’un figure 3 : Incident de type érosion avec
mur de soutènement recouvrement de la plate-forme
figure 4 : Glissement de talus jusqu’en limite de figure 5 : Coulée de boue sur la plate-forme
gabarit ferroviaire ferroviaire
3. TRAVAUX ENVISAGEABLES
Les déblais meubles terrassés à l’origine ont une pente le plus souvent comprise entre 3H/2V et
1/1. Les talus sont rarement pentés à 2H/1V.
Les premières solutions les plus utilisées sont des techniques de confortement par
terrassement visant à :
- adoucir la pente du déblai par retalutage, avec ou sans une berme intermédiaire,
- rétablir la pente de talus par masque de substitution drainant ou non,
- renforcer le talus par mise en place d’un masque poids, drainant ou non,
- en cas de pente trop raide (supérieur à 3H/2V), la mise en place d’un mur en L ou de
gabions en pied de talus peut s’avérer nécessaire.
Cette technique permet, moyennant l’utilisation de matériels peu encombrants, de conforter des
talus par la mise en œuvre de clous inclinés composés de barres d’acier scellées dans des
forages de faible diamètre (64 à 130 mm). Ces clous sont dimensionnés par estimation du
frottement latéral mobilisé le long du scellement de la barre d’acier. Une peau de confinement
est ensuite appliquée sur le rampant du talus, constituée par un grillage type gabion double
torsion et des câbles de plaquage triangulés, solidarisant ainsi les ancrages et permettant une
répartition des contraintes entre les clous en cas de mouvement du déblai.
5. DIMENSIONNEMENT
Pour déterminer les efforts dans les clous, on appliquera les règles du multicritère
(SCHLOSSER 82) et du travail maximal. L’évaluation de la sécurité au glissement se fait en
utilisant une méthode de calcul de stabilité de pente, tenant compte des efforts apportés par les
clous.
Généralement, on utilisera une méthode de dimensionnement dite simplifiée en retenant
l’hypothèse d’un travail des clous en traction pure.
figure 10 :
Mode de fonctionnement d’un clou
(D’après TALREN –TERRASSOL)
La technique nécessite de faire appel à des entreprises spécialisées capables, compte tenu des
sujétions d’accès et de la pente des talus, d’effectuer des travaux dans des conditions parfois
semi- acrobatiques à savoir :
- machine équipée d’un bras long,
- machine ancrée en tête de talus,
- pelle araignée équipée par une foreuse
- personnel encordé,
La sécurité du personnel et des circulations doit être assurée tout au long du chantier. Pour
une partie des travaux, en particulier pour les phases de forage en pied de déblai ou à proximité
des caténaires (courant 1 500 V continu ou 25 000 V alternatif), les interventions des
entreprises doivent être effectuées sous intervalles des circulations et/ou avec coupure de
courant dans la caténaire.
Pour les forages, on privilégiera du matériel à mât court ; pour les ancrages, si nécessaire,
pour éviter d’engager le gabarit, on mettra en œuvre des éléments de 1 ou 2 mètres qui seront
manchonnés.
figure 13 : Foreuse équipant un bras de pelle figure 14 : Foreuse sur pelle araignée sur la ligne LES
sur la ligne LE MANS - MEZIDON AUBRAIS - MONTAUBAN
figure 15 : Foreuse légère type wagon-drill sur figure 16 : Foreuse en action sur la ligne PARIS – LE
la ligne TARASCON – SETE à MONTPELLIER HAVRE à ROUEN
6.2 Phasage
6.3 Contrôles
Les essais pour le contrôle des ancrages sont indispensables pour valider le dimensionnement
effectué lors de l’étude et/ou pour vérifier la bonne réalisation du scellement des ancrages ; on
distingue :
I - 46 Session 1 - Risques géotechniques sur les ouvrages de génie civil et industriel
JNGG’ 2006 - Lyon
figure 19 : Clouage incliné avec peau de figure 20 : Clouage incliné avec peau de confinement :
confinement : grillage et câbles TECCO + TECMAT
figure 21 : Clouage incliné avec peau de figure 22 : Grillage type TECCO et plaque à griffe au
confinement : MAC-MAT RM niveau d’un ancrage pour un bon confinement
7. CONCLUSIONS
Le traitement des désordres dans les déblais ne peut pas toujours se faire par des techniques
classiques comme le terrassement ou le drainage, faute de place en crête de talus ou à cause
de conditions d’accès difficile ; c’est pourquoi la SNCF a développé ces dernières années la
technique du clouage incliné avec peau de confinement qui permet de renforcer le déblai par
des clous scellés et protéger la talus par un parement souple qui laisse passer l’eau, permet à
la végétation de se développer et faciliter les conditions de surveillance qui sont essentielles
pour un bon suivi des Ouvrages en terre.
8. REFERENCES