Marcel Aymé
Marcel Aymé
Marcel Aymé
Sommaire
• 1 Biographie
• 1.1 L’enfance
• 1.2 L'écrivain débutant
• 1.3 L’écrivain reconnu puis décrié
• 1.4 La controverse Marcel Aymé
• 1.5 Le succès populaire malgré tout
• 2 Famille
• 3 Le style et l’homme
• 3.1 Le fantastique de Marcel Aymé
• 3.2 Accueil par ses contemporains
• 3.3 Le langage de Marcel Aymé
• 3.3.1 Le parler franc-comtois
• 3.3.2 L'argot et les voyous
• 3.3.3 Le ton des beaux quartiers
• 3.3.4 Militants et politiques
• 3.3.5 Les ouvriers
• 3.4 Hommage
• 4 Œuvre
• 4.1 Romans
• 4.2 Recueils de nouvelles
• 4.3 Essais
• 4.4 Articles de Marcel Aymé
• 4.5 Chanson
• 4.6 Théâtre
• 4.7 Scénarios, adaptation et dialogues
• 4.8 Iconographie
• 5 Adaptations pour le cinéma, le théâtre et la télévision
• 6 Ouvrages de référence
• 7 Notes et références
• 8 Voir aussi
• 8.1 Infographies
• 8.2 Articles connexes
• 8.3 Liens externes
Biographie
L’enfance
Marcel Aymé est né le 29 mars 1902 à Joigny, dans l’Yonne, où son père, maître maréchal-ferrant
dans un régiment de dragons, était en garnison. Il était le benjamin de six enfants et ses parents
étaient originaires de villages voisins du Jura. À la mort de sa mère et orphelin à l'âge de deux ans,
en 1904, son père le confia, avec sa plus jeune sœur Suzanne, son aînée de deux ans, aux grands-
parents maternels, Auguste Monamy et Françoise Curie, qui exploitaient une tuilerie, une ferme et
un moulin à Villers-Robert dans le Jura6.
Le jeune garçon fréquenta l’école du village et, à la mort de ses grands-parents, fut accueilli à Dole
par sa tante Léa Monamy, la plus jeune sœur de sa mère, qui n’avait pas d’enfants et tenait un
commerce de mercerie. Elle habitait au dernier étage d’une maison avec une belle vue sur la ville et
le Doubs. C’est là que Marcel connut le monde rural qui a inspiré ses romans de la campagne et ses
contes. Il y vécut entouré d’affection, et découvrit, dans cette période de séparation de l’Église et de
l’État, les luttes violentes entre républicains et cléricaux. Petit-fils d’un homme engagé dans le
camp républicain, il eut à subir les moqueries de ses camarades, majoritairement de l’autre bord. Il
conserva de cette expérience une aversion pour l’intolérance et l’injustice7.
Le village lui servira de décor pour La Jument verte et de nombreux autres romans tels que La
Vouivre, Gustalin ou encore La Table aux crevés (1929). C'est de ce monde-là qu'il s'inspire pour
décrire les très vives passions politiques, anticléricales ou religieuses du monde rural. Il vit
d'ailleurs lui-même ces querelles à l'intérieur de sa propre famille puisqu'il faudra attendre la mort
du grand-père (anticlérical) pour qu'il soit baptisé à l'âge de sept ans. En 1910, à la mort de sa
grand-mère, il est pris en charge par une tante, employée de magasin, qui le place en pension au
collège de Dole, mais il retourne passer ses vacances à la campagne où il se fait berger à
l'occasion8. Il poursuivit ses études au Collège de l'Arc et obtint le baccalauréat « math-élèm » en
1919. Sa scolarité fut bonne, en tout cas différente de l’image de cancre qu’il a donnée de certains
de ses personnages. Entré en mathématiques supérieures au lycée Victor-Hugo de Besançon,
préparant le concours de Polytechnique, il dut abandonner ses études en 1920, victime de la grippe
espagnole. Il met fin à ses études et restera longtemps d'une santé fragile9.
L'écrivain débutant
Après son service militaire de 1919 à 1923, il arrive à Paris où il exerce les métiers les plus divers :
employé de banque, agent d'assurance, journaliste. Il ne se trouve aucun talent :
« Petit provincial cornichon, pas plus doué pour les lettres que ne l'étaient alors les dix
mille garçons de mon âge, n'ayant seulement jamais été premier en composition
française (…) je n'avais même pas ces fortes admirations qui auraient pu m'entraîner
dans un sillage10. »
Il profite pourtant d'une convalescence pour écrire son premier roman, très remarqué, Brûlebois
publié en 1926. Suivent Aller-retour (1927), La Table aux crevés (1929) qui obtient cette même
année le prix Renaudot, La Rue sans nom (1930). Mais c'est avec La Jument verte (1933) que
Marcel Aymé obtient la grande notoriété. À partir de là, il considère la littérature comme un métier,
il se lance en même temps dans le cinéma et commence à s'intéresser au théâtre. C'est avant la
Seconde Guerre mondiale qu'il a écrit Vogue la galère11, pièce qui ne sera jouée qu'en 194712.
Son parcours est, en effet, déconcertant. Il est classé à gauche jusqu'à ce que, le 4 octobre 1935, il
signe le Manifeste des intellectuels français pour la défense de l'Occident et la paix en Europe, qui
soutient Mussolini dans la seconde guerre italo-éthiopienne14. Tandis qu'en pleine Occupation il
fait équipe au cinéma avec un réalisateur marxiste, Louis Daquin, il donne dans le même temps
romans et nouvelles à des journaux collaborationnistes : Je suis partout, La Gerbe, mais comme il
n'y a dans ses textes aucune trace d'engagement politique, il ne sera pas mis sur la liste noire des
écrivains à la Libération15. Il a même férocement tourné en dérision le régime nazi avant 1939
(Voir : Travelingue, et La Carte ou Le Décret dans Le Passe-muraille) et n'a donné aucun gage de
ralliement à l'occupant après 1940[réf. nécessaire]. Ironie du sort, c'est une collaboration
cinématographique avec la Continental-Films16 qui lui vaudra un « blâme sans affichage » en 1946,
pour avoir « favorisé les desseins de l'ennemi »17,18. En conséquence, il refuse la Légion d'honneur
qui lui est proposée trois ans plus tard en 1949. Il est alors invité à l'Élysée, invitation qu'il décline
en s'estimant indigne pour le motif qui a entrainé son blâme et il écrit :
« Si c'était à refaire, je les mettrais en garde contre l'extrême légèreté avec laquelle ils se
jettent à la tête d'un mauvais Français comme moi et pendant que j'y serais, une bonne
fois, pour n'avoir plus à y revenir, pour ne plus me trouver dans le cas d'avoir à refuser
d'aussi désirables faveurs, ce qui me cause nécessairement une grande peine, je les
prierais qu'il voulussent bien, leur Légion d'honneur, se la carrer dans le train, comme
aussi leurs plaisirs élyséens19 »
En réalité, ce ne sont pas ses écrits ni son scénario qui lui valent l'accusation de collaboration, c'est
la défense de ses amis : Robert Brasillach (en 1945)20, Maurice Bardèche (en 1949)21 et Céline (en
1950)22.
Marcel Aymé ne peut toutefois pas être soupçonné d'antisémitisme, l'auteur Henri Jeanson raconte
dans ses Mémoires23 : "L'apparition de l'étoile jaune, par exemple, souleva la colère des Parisiens
et ils surent la manifester, cette colère, à leur risques et périls. Je me souviens très bien que Marcel
Aymé le silencieux, que Marcel Aymé dont l'impassibilité n'était qu'apparente, écrivit alors sous le
coup d'une émotion, qu'il ne put ni ne voulut maîtriser, un article d'une violence inouïe contre les
responsables de ces mesures ignobles et humiliantes qui nous atteignaient tous. Cet article, il le
proposa en toute innocence à un journal. L'article fut accepté, composé et soumis à l'obligatoire
censure allemande qui, comme prévu, en interdit la publication. À l'imprimerie, les typos en tirèrent
alors de nombreuses épreuves à la brosse et se firent un devoir de les distribuer autour d'eux avec
prière de faire circuler."