CEREMA - Guide - Ponts en Zone Sismique - Eurocode 8
CEREMA - Guide - Ponts en Zone Sismique - Eurocode 8
CEREMA - Guide - Ponts en Zone Sismique - Eurocode 8
Cette collection regroupe l’ensemble des documents de référence portant sur l’état de l’art dans les domaines
d’expertise du Cerema (recommandations méthodologiques, règles techniques, savoirs-faire...), dans une
version stabilisée et validée.
Destinée à un public de généralistes et de spécialistes, sa rédaction pédagogique et concrète facilite
Ponts en zone sismique
l’appropriation et l’application des recommandations par le professionnel en situation opérationnelle.
Conception et dimensionnement selon l’Eurocode 8
Connaissance et prévention des risques - Développement des infrastructures - Énergie et climat - Gestion du patrimoine d’infrastructures
Impacts sur la santé - Mobilité et transports - Territoires durables et ressources naturelles - Ville et bâtiments durables
Prix : 75 €
ISSN : 2276-0164
ISBN : 978-2-37180-077-9
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Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement - www.cerema.fr
Collection | Références
Succ
Direction technique infrastructures de transport et matériaux - 110 rue de Paris - 77171 Sourdun - Tél. +33 (0)1 60 52 31 31
Siège social : Cité des mobilités - 25, avenue François Mitterrand - CS 92 803 - F-69674 Bron Cedex - Tél. +33 (0)4 72 14 30 30
Collection | Références
Guide méthodologique
Ponts en zone sismique
Conception et dimensionnement selon l’Eurocode 8
Avant-propos 7
Introduction 9
1 - Finalité du guide 9
2 - Textes concernant la protection parasismique des ponts 9
2.1 - Introduction 9
2.2 - Décrets et arrêtés 10
2.3 - Normes de calculs : les Eurocodes et leurs annexes nationales 13
2.4 - Les guides existants 13
3 - Responsabilités particulières du maître d’ouvrage 14
Sommaire 3
7 - Conception des piles, des culées et des fondations 60
7.1 - Les piles 60
7.2 - Les culées 61
7.3 - Fondations 62
8 - Dispositions constructives 62
Sommaire 5
5.5 - Tenue des armatures longitudinales (anti-flambement) 226
5.6 - Dispositions spécifiques relatives à certains éléments de structure 226
6 - Tableau synthétique des dispositions constructives parasismiques 231
Annexes 239
Annexe 1 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont dalle 241
Annexe 2 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont mixte
sur appareils d’appui en élastomère fretté 278
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 306
Annexe 4 : Approches, méthodes de calcul et technologies introduites ou normalisées
pour la 1ère fois dans le cadre de l’Eurocode 8 359
Notations 360
Bibliographie 364
Notes 366
L’expérience des événements sismiques majeurs passés met en évidence que les choix de conception sont extrêmement
importants pour le comportement des ouvrages durant un tremblement de terre. La responsabilité pour une « bonne »
conception revient autant à l’architecte qu’à l’ingénieur, mais ce dernier a la charge d’apporter la preuve numérique
de la sécurité structurale.
Les exigences de « bonne » conception sont données dans les règlements ou les normes et l’Eurocode 8 contribue
au niveau européen à proposer des prescriptions et des recommandations pour concevoir des constructions en zones
sismiques. Le Sétra, aujourd’hui la Direction Technique Infrastructures de Transport et Matériaux (DTecITM) du Cerema
qui lui a succédé, s’est engagé à produire des guides méthodologiques abordant l’application des Eurocodes dans
le domaine des ponts. Les anciennes règles AFPS 92 avaient fait l’objet de la publication d’un guide par le Sétra en
2000 (Ponts courants en zone sismique) dont l’objet était d’expliquer la conception parasismique, et de permettre
l’application pratique des règles aux ouvrages d’art.
Parallèlement, le zonage sismique de la France a été revu pour être en conformité avec les définitions et la philosophie
plus probabiliste des Eurocodes. Le nombre de régions concernées par le séisme a ainsi été singulièrement augmenté
pour couvrir quasiment tout le territoire métropolitain à l’exception du bassin parisien et du bassin aquitain.
Riche d’exemples, le présent guide est destiné à fournir à la profession des constructeurs de ponts les différences
et les nouveautés apportées par l’Eurocode 8 par rapport aux règles maintenant obsolètes AFPS 92. Le guide Sétra
de 2000 contenait de nombreuses règles et dispositions pratiques pouvant s’appliquer également aux ouvrages non
courants. Cet esprit a été ici accentué.
Ce guide devrait permettre aux ingénieurs et concepteurs de dimensionner les ouvrages d’art pour le séisme, en
appliquant avec discernement les nouveaux textes. Sa remise à jour a été réalisée par un groupe de travail plus
restreint que pour le guide « Ponts courants en zone sismique » du Sétra. Nous tenons donc à saluer le travail qui
avait été fait à l’époque par les différents ingénieurs.
Christian Cremona
Chef du Centre des Techniques d’Ouvrages d’Art
Direction Technique Infrastructures de Transport et Matériaux
7
Avant-propos
Chapitre 1
Introduction
1 - Finalité du guide
L’objectif de ce guide est de fournir un document de conception et de justification des ouvrages d’art tenant compte
des nouveaux textes parus ces dernières années (Eurocode 8, révision des décrets de 1991 et de l’arrêté Pont de
1995, nouveau zonage sismique). Par souci de commodité, l’ensemble des textes relatifs à la protection parasismique
des ouvrages est repris dans le guide de manière à en faire un document autonome (à l’exception du zonage complet
du territoire). Les règles de justification reposent donc sur les différentes parties de l’Eurocode 8 pour la conception des
ouvrages au séisme, adaptées spécifiquement au cas des ouvrages d’art avec de nombreux commentaires explicatifs.
Son architecture repose sur la démarche logique du projeteur. Il présente la réglementation (chapitre 1), puis les principes
généraux de dynamique des structures et de modélisation de l’action sismique (chapitre 2), développe les principes
généraux de la conception parasismique (chapitre 3), les différents types d’analyse possible (chapitre 4), l’ensemble
des règles de justification (chapitre 5) et les dispositions constructives (chapitre 6). Le chapitre 7, quant à lui, précise
le cas particulier des ponts cadres et portiques. Enfin, les annexes proposent trois exemples d’application (annexes 1,
2 et 3), et un tableau synthétique (annexe 4) des principales évolutions apportées par l’Eurocode 8 par rapport aux
règles PS92 en lien avec les chapitres du guide concernés.
Le présent guide couvre uniquement le champ de la conception des ouvrages neufs. Si certaines approches ou méthodes
d’analyse peuvent être déclinées au diagnostic et au renforcement des ponts existants, cette problématique particulière
nécessite cependant un ajustement spécifique de nombreux paramètres (tels que la définition de l’aléa de référence,
du niveau de performance requis, des états-limites de référence, des coefficients de sécurités matériaux, etc.) sortant
du champ couvert par le présent document. Le lecteur pourra trouver des éléments d’appréciation sur les ouvrages
existants dans le guide du Cerema « Diagnostic et renforcement sismiques des ponts existants ».
En France, cela s’est traduit par la publication à partir de 2010 de deux décrets généraux et de plusieurs arrêtés traitant
plus spécifiquement des règles de dimensionnement parasismiques applicables aux différents types de structures
de génie civil, notamment les ponts :
• Décret n° 2010-1254 du 22 octobre 2010 relatif à la prévention du risque sismique [1] ;
• Décret n° 2010-1255 du 22 octobre 2010 portant délimitation des zones de sismicité du territoire français [2] ;
• Arrêté du 26 octobre 2011 relatif à la classification et aux règles de construction parasismique applicables aux ponts
de la catégorie dites « à risque normal » [3].
Ce nouveau corpus normatif (Eurocode 8) et législatif (Décrets et Arrêtés) permet d’intégrer les dernières avancées
scientifiques et technologiques relatives à la connaissance et à la prise en compte du risque sismique (définition et
représentation de l’aléa sismique, comportement dynamique des structures sous sollicitations sismiques, etc.) dans
la conception et le dimensionnement des ouvrages d’art.
9
Introduction
2.2 - Décrets et arrêtés
Ce décret fixe le cadre général pour l’application des règles de construction parasismiques en France. Il définit notamment
les dénominations relatives aux ouvrages dits « à risque normal » et aux ouvrages dits « à risque spécial ». Par rapport
aux anciennes pratiques (Décret n° 91-461 du 14 mai 1991 et anciennes règles PS92), le décret a remplacé le terme
« catégories d’ouvrage à risque normal ou spécial » de la partie réglementaire du Code de l’Environnement par « classes
d’ouvrage à risque normal ou spécial », tandis que les « classes d’importances A, B, C et D » sont respectivement
remplacées par les « catégories d’importances I, II, III et IV ».
Art. 1er. − La partie réglementaire du code de l’environnement est modifiée comme suit :
I. - A l’article R. 563-2, le mot : « catégories » est remplacé par le mot : « classes ».
II. - L’article R. 563-3 est remplacé par les dispositions suivantes :
« Art. R. 563-3. − I. - La classe dite “à risque normal” comprend les bâtiments, équipements et installations pour
lesquels les conséquences d’un séisme demeurent circonscrites à leurs occupants et à leur voisinage immédiat.
« II. - Ces bâtiments, équipements et installations sont répartis entre les catégories d’importance suivantes :
« 1° Catégorie d’importance I : ceux dont la défaillance ne présente qu’un risque minime pour les personnes ou
l’activité économique ;
« 2° Catégorie d’importance II : ceux dont la défaillance présente un risque moyen pour les personnes ;
« 3° Catégorie d’importance III : ceux dont la défaillance présente un risque élevé pour les personnes et ceux présentant
le même risque en raison de leur importance socio-économique ;
« 4° Catégorie d’importance IV : ceux dont le fonctionnement est primordial pour la sécurité civile, pour la défense
ou pour le maintien de l’ordre public. »
Commentaires :
« La classe dite « à risque spécial » comprend les bâtiments, les équipements et les installations pour lesquels les effets
sur les personnes, les biens et l’environnement de dommages même mineurs résultant d’un séisme peuvent ne pas
être circonscrits au voisinage immédiat desdits bâtiments, équipements et installations. »
L’ensemble des ouvrages d’art, hormis les ponts-canaux, relève du risque normal. Attention toutefois, en dehors des
ponts-canaux, les ouvrages couvrant ou intégrés dans des structures relevant de classements spéciaux peuvent sortir
du domaine normal. Leur classement relève d’une analyse au cas par cas.
Le zonage sismique de la France est désormais défini au niveau communal et non plus cantonal. La dénomination
des zones est modifiée (les anciennes dénominations de zones 0, Ia , Ib, II et III sont remplacées par les dénominations
de zones 1, 2, 3, 4 et 5) :
Art. 1er.
III. - L’article R. 563-4 est remplacé par les dispositions suivantes :
« Art. R. 563-4. − I. - Pour l’application des mesures de prévention du risque sismique aux bâtiments, équipements et
installations de la classe dite “à risque normal”, le territoire national est divisé en cinq zones de sismicité croissante :
« 1° Zone de sismicité 1 (très faible) ;
« 2° Zone de sismicité 2 (faible) ;
« 3° Zone de sismicité 3 (modérée) ;
« 4° Zone de sismicité 4 (moyenne) ;
« 5° Zone de sismicité 5 (forte).
« II. - La répartition des communes entre ces zones est effectuée par décret. »
V. - Le I de l’article R. 563-5 est remplacé par les dispositions suivantes :
« I. - Des mesures préventives, notamment des règles de construction, d’aménagement et d’exploitation parasismiques,
sont appliquées aux bâtiments, aux équipements et aux installations de la classe dite “à risque normal” situés dans
les zones de sismicité 2, 3, 4 et 5, respectivement définies aux articles R. 563-3 et R. 563-4.
Des mesures préventives spécifiques doivent en outre être appliquées aux bâtiments, équipements et installations de
catégorie IV pour garantir la continuité de leur fonctionnement en cas de séisme. »
Le nombre de communes concernées par le risque sismique (zones 2 à 5 selon la nouvelle dénomination) est en
accroissement significatif, puisqu’il passe de 5 000 communes (zonage sismique de 1991, 17 % du territoire) contre plus
de 20 000 (nouveau zonage, 66 % du territoire). Ce nouveau zonage est basé non plus sur une approche déterministe
mais sur une approche probabiliste, conforme aux règles de calcul de l’Eurocode 8.
Art. 1er. − Il est inséré, après l’article R. 563-8 du code de l’environnement, un article D. 563-8-1 ainsi rédigé :
« Art. D. 563-8-1. − Les communes sont réparties entre les cinq zones de sismicité définies à l’article R. 563-4 conformément
à la liste ci-après, arrêtée par référence aux délimitations administratives, issues du code officiel géographique de
l’Institut national de la statistique et des études économiques, en vigueur à la date du 1er janvier 2008. … »
Le zonage détaillé ne peut-être donné de manière exhaustive dans le présent guide, compte-tenu du nombre de
communes. Néanmoins la nouvelle carte de l’Aléa sismique de la France est fournie au §2.1 du chapitre 4
Comme indiqué précédemment, le nouveau zonage réglementaire définit cinq zones de sismicité croissante basées
sur un découpage communal. La zone 5 regroupant les îles antillaises, correspond au niveau d’aléa le plus élevé du
territoire national. La métropole et les autres DOM présentent quatre zones sismiques, de la zone 1 de très faible
sismicité (bassin aquitain, bassin parisien…) à la zone 4 de sismicité moyenne (fossé rhénan, massifs alpin et pyrénéen).
2.2.3 - A
rrêté du 26 octobre 2011 relatif à la classification et aux règles de construction parasismique
applicables aux ponts de la catégorie dites « à risque normal »
Art. 1er.
II. « Sont visés par le présent arrêté les ponts nouveaux définitifs incluant les passerelles, publics ou privés ainsi que
les murs de soutènement qui en sont solidaires » ;
L’Arrêté précise, en la déclinant au cas des ponts, la définition des quatre catégories d’importance des ouvrages
de la classe dite « à risque normal » telles que définies par le Décret n° 2010-1254 du 22 octobre 2010 relatif à
la prévention du risque sismique :
Art. 2.
« Pour l’application du présent arrêté, les ponts de la classe dite « à risque normal » sont classés comme suit :
En catégorie d’importance I : les ponts qui n’appartiennent pas au domaine public et ne desservant pas d’établissement
recevant du public et ne sont rangés ni en catégorie d’importance III ni en catégorie d’importance IV.
En catégorie d’importance II : les ponts qui n’appartiennent pas au domaine public mais qui desservent un établissement
recevant du public, ainsi que les ponts qui appartiennent au domaine public et ne sont rangés ni en catégorie
d’importance III ni en catégorie d’importance IV.
En catégorie d’importance III :
- les ponts qui appartiennent au domaine public et qui portent, franchissent ou longent au moins une des voies
terrestres ci-après :
- autoroutes mentionnées à l’article L. 122-1 du code de la voirie routière ;
- routes express mentionnées à l’article L. 151-1 du code de la voirie routière ;
- voies à grande circulation définies à l’article L.110-3 du code de la route ;
- liaisons ferroviaires à grande vitesse mentionnées au décret du 1 er avril 1992 susvisé ;
- les pont-canaux qui n’appartiendraient pas à la classe à risque spécial ;
- les ponts situés dans les emprises des ports maritimes et fluviaux, à l’exclusion des ports de plaisance ;
- le s ponts des pistes d’aérodrome et les ponts de voies de circulation d’aéronefs situés aux abords des pistes
d’aérodrome qui ne sont pas rangés en catégorie d’importance IV.
En catégorie d’importance IV :
- les ponts des pistes d’aérodrome ayant un code lettre C, D, E ou F au sens de l’arrêté du 10 juillet 2006 relatif aux
caractéristiques techniques de certains aérodromes terrestres utilisés par les aéronefs à voilure fixe ;
- les ponts des voies de circulation d’aéronefs et situés aux abords d’une piste, ayant un code lettre C, D, E ou F au sens
de l’arrêté du 10 juillet 2006 cité ci-dessus ;
- les ponts dont l’utilisation est primordiale pour les besoins de la sécurité civile, de la défense nationale ainsi que
11
Introduction
pour le maintien de l’ordre public. Le classement en catégorie d’importance IV est prononcé par le préfet chaque
fois que l’ouvrage constitue un point essentiel pour l’organisation des secours.
Tout pont nouveau définitif de catégorie d’importance II ou III dont l’endommagement pourrait provoquer des
dommages à un bâtiment, un équipement ou une installation de catégorie d’importance IV reçoit le classement de
pont de catégorie d’importance IV. »
L’Arrêté fixe également toutes les règles de construction à appliquer, notamment les compléments nécessaires
apportés par l’administration française à l’Eurocode 8 et à son annexe nationale (accélérations de référence et de
calcul, coefficients d’importance associés aux différentes catégories, paramètres des spectres de réponse…) :
Art. 3.
« Les ponts de catégorie d’importance I ou en zone de sismicité très faible (zone 1) ne sont pas soumis à l’application
des règles parasismiques définies à l’article 4 du présent arrêté ».
Art. 4.
I. - Les règles de construction à appliquer aux ponts nouveaux définitifs, mentionnées à l’article 3 du présent arrêté,
sont celles de la norme NF EN 1998-2, dites « règles Eurocode 8 » accompagnée du document nommé « annexe
nationale » s’y rapportant.
Ces règles doivent être appliquées au moyen d’un coefficient d’importance g I (au sens de la norme NF EN 1998-2)
attribué à chacune des catégories d’importance de pont. Les valeurs des coefficients d’importance g I sont données
par le tableau suivant
II. - Le mouvement dû au séisme à partir duquel les règles de construction doivent être appliquées, est représenté par
un spectre de réponse élastique en accélération, dénommé par la suite « spectre de réponse élastique ».
Le spectre de réponse élastique est caractérisé par les paramètres suivants :
a) l’accélération maximale de référence au niveau d’un sol de type rocheux (classe A au sens de la norme
NF EN 1998-1), dénommée a gr, résultant de la situation du pont par rapport à la zone sismique d’implantation,
telle que définie par les articles R.563-4 et D.563-8-1 du code de l’environnement.
Les valeurs des accélérations a gr, exprimées en mètres par seconde au carré, sont données par le tableau suivant :
b) l’accélération horizontale de calcul au niveau d’un sol de type rocheux (classe A au sens de la norme NF EN 1998-1),
ag , est égale à agr multipliée par le coefficient d’importance gI défini au I du présent article soit ag = gI.agr
c) la nature du sol, en ce qui concerne les composantes horizontales du séisme, par l’intermédiaire du paramètre de
sol, S. Les valeurs du paramètre de sol, S, résultant de la classe de sol (au sens de la norme NF EN 1998-1) sous
le pont sont données par le tableau suivant :
d) TB et TC , qui sont respectivement la limite inférieure et supérieure des périodes correspondant au palier d’accélération spectrale
constante et TD qui est la valeur définissant le début de la branche à déplacement spectral constant ;
Les valeurs de T B , TC et T D , à prendre en compte pour l’évaluation des composantes horizontales du mouvement
sismique, exprimées en secondes sont données par le tableau suivant :
e) les paramètres des spectres de réponse élastiques verticaux à employer pour l’utilisation de la norme NF EN 1998-2 :
III. Dans le cadre de l’analyse de la liquéfaction, telle que définie dans l’annexe B de la norme NF EN 1998-5
septembre 2005, par convention, la magnitude à utiliser pour les études est donnée par le tableau suivant :
En zones de sismicité 1 et 2 (sismicité très faible et faible), l’analyse de la liquéfaction n’est pas requise.
Les modalités pratiques d’utilisation de ces différents paramètres, conformément aux prescriptions de l’Eurocode 8,
font l’objet du chapitre 4, §2.
Mis à part les Eurocodes, d’autres normes sont utiles pour la conception parasismique, notamment pour les appareils
d’appui et les dispositifs parasismiques : norme NF EN 15129 « Dispositifs antisismiques » [7].
13
Introduction
On cite également les différents guides et documents, publiés ou à paraître, compatibles avec l’application de
l’Eurocode 8 :
• Guide AFPS « Dispositions constructives parasismiques des ouvrages en acier, béton, bois et maçonnerie - Nouvelle
édition conforme aux Eurocodes » de 2011 [10] ;
• Cahier technique AFPS n° 26 « Méthodes en déplacement : Principe - Codification - Application » [14] ;
• Cahier technique AFPS n° 30 AFPS/Cerema « Recommandations sur l’empoi des dispositifs parasismiques pour
les ponts » [11] ;
• Guide Cerema « Diagnostic et renforcement sismiques des ponts existants », à paraître [12] ;
• Guide AFPS/CFMS « Procédés d’amélioration et de renforcement de sol sous actions sismiques [13] ».
De ce fait, il doit définir les conditions administratives et techniques. Autrement dit, il doit fixer, en liaison avec
les autorités compétentes (tant à l’échelon central (ministère) qu’à l’échelon local (préfecture) notamment pour le
classement en catégorie IV qui relève normalement du préfet), la catégorie d’importance des ouvrages à réaliser et
par conséquent le niveau d’aléa qu’il faut considérer (associé implicitement à la notion de période de retour).
Dans le cas des ouvrages ferroviaires, il doit définir également les dispositions à adopter pour assurer l’exploitation des
installations vis-à-vis d’une action sismique minorée (exigences de minimisation de dommages associées à un niveau
de séisme « de service »).
Il appartient également au Maître d’ouvrage de faire réaliser les investigations sismologiques, géologiques et
géotechniques, pour définir les aléas sismiques : identification de la zone de sismicité, caractérisation des sols de
fondation et détermination des coefficients associés aux effets de site (géologiques et topographiques), caractérisation
des risques de liquéfaction et autres effets induits qui peuvent influer le choix d’implantation de l’ouvrage ou
sa conception, détection des zones de failles… ; le cas échéant, réalisation d’un micro zonage et caractérisation plus
précise de la sismicité locale (spectres et/ou accélérogrammes locaux).
Le maître d’ouvrage doit également fournir toutes les informations relatives à la définition du niveau de performance
sismique souhaité et à la destination de l’ouvrage :
• durée de vie théorique ;
• trafic supporté (pouvant impacter les combinaisons sismiques de calcul) ;
• dimensionnement de certains équipements et éléments secondaires non critiques pour la tenue de la structure…
Il peut-être amené enfin, en collaboration avec ses équipes techniques (maîtrise d’œuvre, assistant au maître
d’ouvrage…) à définir une stratégie de conception parasismique de la structure, qui impactera plus ou moins directement
son architecture : régularité structurelle, légèreté, matériaux constitutifs, nombre et implantation des appuis, choix de
conception (en ductilité limitée, ductile, ou basée sur le principe d’isolation sismique intégrant l’utilisation d’appareils
d’appui en élastomère fretté classique ou l’emploi de dispositifs spéciaux de type amortisseurs)…
Le Maître d’ouvrage intervient donc à tous les stades de la conception parasismique de l’ouvrage :
• caractérisation de l’aléa sismique (y compris effets de site et effets induits) et définition du niveau de protection
requis lors de l’élaboration du programme d’ouvrage d’art [Chapitre 3 - 2] et [Chapitre 4 - 2.2] ;
• choix de la meilleure implantation au regard des différents aléas sismiques [Chapitre 3 - 4], parti architectural,
géométrie et régularité structurelles [Chapitre 3 - 5] lors des phases d’études préliminaires ;
• choix de la stratégie de conception parasismique [Chapitre 3 - 3] lors de l’élaboration du projet…
En particulier, en ce qui concerne les premiers points, notons que les niveaux d’aléa et les exigences de base spécifiés
dans l’Eurocode 8 correspondent à un minimum réglementaire imposé par la norme. Il appartient au Maître d’ouvrage,
s’il le juge nécessaire, de fixer un niveau plus sécuritaire en fonction de l’importance qu’il attribue à son ouvrage et
des enjeux associés. De la même façon, il lui appartient d’imposer ou non la justification explicite de minimisation des
dommages sous séisme dit « de service » ou encore la prise en compte d’un niveau sismique au cours des phases de
construction conformément aux spécifications de l’annexe informative A de l’Eurocode 8-2 [Chapitre 4 - 2.1].
15
Introduction
Chapitre 2
1 - Action sismique
1.1 - Généralités
Le calcul sismique a pour objectif de déterminer la réponse d’un ouvrage à un mouvement tellurique transmis par le sol
au niveau de ses fondations ; le terme « réponse » signifiant les sollicitations, déplacements, vitesses, accélérations
et forces d’inertie résultantes subis par l’ouvrage. Ce calcul, qui relève du domaine de la dynamique des structures,
se révèle délicat du fait de l’aspect aléatoire de l’excitation.
Un séisme est une libération brutale de l’énergie potentielle accumulée dans les roches par le jeu des mouvements
relatifs des différentes parties de l’écorce terrestre (les plaques lithosphériques - cf. figure 1). Lorsque les contraintes
dépassent un certain seuil, une rupture d’équilibre se produit et donne naissance aux ondes sismiques qui se propagent
et atteignent la surface du sol, mettant ce dernier en vibration.
Nous avons évoqué précédemment les séismes inter-plaques (mouvements entre les plaques tectoniques). De nombreux
séismes sont également dus aux mouvements intra-plaques. En effet, même à l’intérieur des plaques tectoniques,
des failles peuvent jouer (réajustement des contraintes de la croûte terrestre) et provoquer des séismes. Ils sont
généralement moins violents. C’est ce type de séismes que l’on rencontre en France métropolitaine. Les séismes
peuvent également être provoqués par l’activité volcanique et l’activité humaine (mise en eau de barrages…).
Le foyer ou hypocentre (cf. figure 3) représente la zone de la faille où s’est produite la rupture et d’où les ondes
sismiques commencent à se propager. L’épicentre correspond à la projection de l’hypocentre à la surface du sol. En
général, il est associé au mouvement sismique le plus élevé. La détermination de sa position est un problème complexe
et donne des résultats plus ou moins précis car la libération d’énergie n’est ni un événement ponctuel, ni instantané.
Plusieurs méthodes existent, par exemple la méthode des cercles (cf. figure 4) (report de la distance entre les stations
de mesures et l’épicentre).
1 . 1 . 3 - Ondes sismiques
A partir du foyer, la secousse sismique se propage dans le sol sous forme d’ondes de divers types [18] [19].
Les ondes S sont plus lentes que les ondes P dans un rapport variant de 1,5 à 2 suivant le coefficient de Poisson.
Les ondes de volume qui arrivent à la surface de la terre produisent des ondes de surface qui sont de deux types :
• Ondes de Love (L) : Ce sont des ondes de cisaillement qui se produisent quand le massif comporte dans sa partie
superficielle une superposition de couches horizontales de caractéristiques différentes (cf. figure 6) ;
• Ondes de Rayleigh (R) : Elles se propagent le long de la surface libre limitant un massif semi-infini. Ce sont
des ondes pour lesquelles les points du sol décrivent des ellipses dans le plan vertical de propagation (cf. figure 7).
Les ondes de cisaillement (S) et (L) sont plus dangereuses pour les constructions que les ondes P. Les ondes S et P se
propagent généralement quasi-verticalement.
Les mouvements sismiques qui intéressent l’ingénieur sont ceux qui se produisent à la surface du sol ou à son voisinage
immédiat.
1.1.4.1 - Données relatives aux conséquences et à la représentation de l’effet sismique sur un site
De nombreuses échelles d’intensité ont été proposées pour apprécier l’effet du séisme sur les constructions. Le tableau 1
présente une description abrégée de l’échelle EMS 98 (European Macroseismic Scale 1998 [16]) actuellement utilisée
en Europe qui se substitue à l’échelle MSK (Medvedev, Sponheuer et Karnik).
L’EMS 98 comporte aussi 12 niveaux et prend en compte une classification plus détaillée des dégâts en fonction de
la nature des constructions (cf. tableau 1).
La magnitude, définie en 1935 par Richter, pour mesurer l’énergie des séismes, est fonction de l’amplitude maximum
qu’enregistrerait un sismographe étalon placé à 100 km de l’épicentre. Cette mesure n’est fiable qu’à très courte
distance et est maintenant appelée magnitude locale ML.
Un séisme émet plusieurs ondes différentes [Chapitre 2 - 1.1.3], la magnitude dépend du type d’ondes reçues par
le sismographe et lues par le sismologue. Ainsi on définit plusieurs magnitudes :
• la magnitude locale M L se calcule à partir de l’amplitude maximale des ondes P. Elle est calculée pour des séismes
se produisant à proximité des stations sismologiques c’est à dire à moins de quelques centaines de kilomètres ;
• la magnitude des ondes de surface M S se calcule à partir de l’amplitude des ondes de surface. Elle est calculée pour
des séismes se produisant à plus de 2000 kilomètres des stations sismologiques ;
• la magnitude des ondes de volume MB se calcule à partir de l’amplitude de l’onde P qui arrive au début du
sismogramme. Elle est calculée pour des séismes se produisant à plus de 2000 kilomètres des stations sismologiques ;
• la magnitude de moment MW ou de Kanamori [17] se calcule à partir du moment sismique. Bien que moins immédiate
à estimer, cette magnitude est directement reliée à une quantité physiqueelle-même, associée à l’énergie émise
par le tremblement de terre. Cette échelle de magnitude est la plus employée de nos jours.
Les séismes de magnitude inférieure à 3 - 3,5, même proches de la surface donnent rarement, même à l’épicentre,
une intensité supérieure à II [Chapitre 2 - 1.1.4.1] et ne sont donc pas ressentis par l’homme.
En France, on enregistre environ 1500 séismes par an, dont plus d’une dizaine de magnitude supérieure à 4, dont
la provenance vient de la France ou de pays limitrophes.
Cet instrument mesure les mouvements du sol lors d’un séisme. Le résultat de l’enregistrement est le sismogramme.
Ce dernier est appelé accélérogramme si l’instrument de mesure est un accéléromètre.
Les enregistrements donnent pour chacune des trois composantes, l’accélération en fonction du temps soit a(t) ;
les vitesses v(t) et les déplacements d(t) s’en déduisent par intégrations successives (cf. figure 8).
Actuellement on utilise surtout des sismomètres électromagnétiques et des accéléromètres. Ils ne mesurent pas
le mouvement du sol mais la vitesse de mouvement du sol (cf. figure 9).
L’aléa est la probabilité d’atteindre ou de dépasser un certain niveau d’un phénomène naturel au cours d’une période donnée.
L’évaluation de l’aléa sismique sur un site donné consiste à déterminer les mouvements sismiques les plus agressifs
dont l’occurrence sur le site est considérée comme possible. Cette définition est de nature probabiliste car la notion
d’occurrence possible est toujours liée à la fixation d’un seuil de probabilité au-dessous duquel le risque est jugé
acceptable.
L’ancien zonage (cf. figure 10), qui datait de 1985, était basé sur une approche de type statistique déterministe :
nombre et importance des séismes passés sur une zone définie et données tectoniques. Les données nécessaires
pour ces études sont relatives à la sismicité instrumentale pour les périodes très récentes ou relatives à la sismicité
historique d’une région pour des périodes lointaines. Ces dernières sont généralement difficiles à obtenir et souvent
peu fiables, particulièrement en ce qui concerne les localisations d’épicentre. Le territoire était divisé selon les limites
cantonales. Cinq zones de sismicité étaient définies 0, Ia, Ib, II et III.
L’ensemble du territoire français est réparti en cinq zones de sismicité croissante, définies par le décret n° 2010-1255
du 22 octobre 2010 portant délimitation des zones de sismicité du territoire français :
Ces zones sont notées zones 1 à 5 et correspondent respectivement au niveaux d’aléa très faible, faible, modéré,
moyen et fort (cf. figure 10).
A l’échelle locale, le niveau de sismicité à prendre en compte est désormais défini commune par commune. La législation
parasismique en vigueur (décrets et arrêtés associés) définit les dispositions permettant de satisfaire aux exigences
de comportement représentant le niveau de protection minimal requis par la Puissance Publique. Cette législation
définit des valeurs d’accélération dites de « référence », qui traduisent un choix résultant d’un compromis entre l’aléa
sismique et le surcoût économique des mesures de protection.
L’aléa sismique est la combinaison de l’accélération réglementaire (accélération sur la zone en considérant le sol rigide,
agr) avec le coefficient (S) correspondant à la classe de sol, c’est à dire à la qualité du sol, ainsi que le cas échéant
avec un coefficient topographique (S T) correspondant aux conditions de relief. Les aspects socio-économiques, relatifs
à l’importance stratégique de l’ouvrage et aux conséquences de son éventuel effondrement, sont également pris en
compte par un coefficient d’importance (gI), qui pondère l’accélération issue de l’aléa.
L’action du séisme sur une structure peut être modélisée par des accélérogrammes (enregistrements réels ou
accélérogrammes artificiels construits à partir de spectres de réponses par des méthodes statistiques).
L’accélérogramme est une représentation de l’accélération du mouvement sismique en fonction du temps. Elle est
définie par des courbes qui fluctuent de manière irrégulière autour de la valeur nulle et dont la durée est très variable,
de l’ordre de quelques secondes à quelques dizaines de secondes (cf. figure 11).
Accélération/g
0,10
0,08
0,06
0,04
0,02
0,00
-0,020,00 10,00 20,00 30,00 40,00 50,00 60,00 70,00 80,00
Figure 11 : Séisme de Nice 2001 (issu de la station NALS du Réseau Accélérométrique Permanent)
Chaque oscillateur est soumis à une force p(t), fonction du temps, et l’équation du mouvement s’écrit :
Dans le cas d’un déplacement d’appui de l’oscillateur par un séisme, la force p(t) est calculée à partir de l’accélération
imposée à l’appui gg(t) = üg(t) (cf. figure 12).
p(t) = - m g g(t)
(intégrale de Duhamel)
avec
En faisant varier numériquement de manière régulière la période de l’oscillateur, on trace une courbe donnant
les déplacements maximaux, en fonction des périodes propres, appelée spectre de réponse en déplacement (SDe).
On définit également les spectres de pseudo-vitesse S v et de pseudo-accélération Se (cf. figure 14).
Sv (pseudo-vitesse) = w SDe
S e (pseudo-accélération) = w² SDe
Nota : L e terme « pseudo » provient du fait que Se(T) n’est égal à l’accélération totale (par rapport à un référentiel
absolu galiléen) de la masse que si l’amortissement est parfaitement nul (il est en général faible).
En faisant varier le taux d’amortissement x, un ensemble de spectres de réponse peut être établi.
Figure 14 : Allure générale des spectres de réponse élastiques (EC8-1, figure 3.1)
Les spectres de réponse construits à partir des accélérations mesurées au cours de séismes présentent souvent
des irrégularités et ne sont pas directement exploitables dans les calculs, comme le montre la figure 15. Par ailleurs,
on ne dispose pas forcément de mesures enregistrées sur le site considéré. Il convient donc de déterminer un spectre
de calcul qui sera l’enveloppe d’un ensemble de spectres correspondants à des accélérogrammes enregistrés sur
des sites comparables du point de vue de la nature du sol.
La plupart des règlements parasismiques sont basés sur la définition des spectres de réponse élastiques et des spectres
de calcul pour l’analyse élastique. Les spectres de l’Eurocode 8 (cf. figure 16) tiennent compte forfaitairement du
comportement non-linéaire des structures étudiées au travers de leur coefficient de comportement. Ces spectres,
fonction du type de sol, de l’amortissement de l’ouvrage, de la sismicité du site et du niveau de sécurité acceptable
sur le plan du risque sismique (notion de catégorie d’importance) constitue, dans la grande majorité des cas, la donnée
de base pour le calcul sismique.
L’observation montre que l’intensité avec laquelle un séisme est ressenti en un lieu donné dépend, dans une large
mesure, de la nature des terrains traversés par les ondes sismiques et des conditions locales.
Il est souvent constaté que les ouvrages édifiés sur un sol meuble subissent des dommages plus importants que ceux
situés sur un sol rocheux. Ce phénomène peut s’expliquer par le fait que les couches de sols meubles se comportent
comme un oscillateur qui amplifie l’excitation appliquée à la base par le rocher.
Le premier mode de vibration d’une couche de terrain meuble homogène d’épaisseur h reposant sur un sol rocheux
est un quart de sinusoïde dont la période est :
avec r, G et Vs la masse volumique, le module de cisaillement et la vitesse de propagation des ondes transversales de
cette couche superficielle d’épaisseur h. La valeur de G est à ajuster en fonction du niveau d’accélération du séisme.
Il convient donc d’adapter le spectre de réponse à la nature du sol. Les sols meubles présentent une amplification plus
importante des accélérations, du côté des grandes périodes, que les sols durs. (cf. figure 17).
Figure 17 : Prise en compte de l’action sismique sur les sols (source : V. DAVIDOVICI : Génie Parasismique - ENPC)
Ces mouvements sont plus ou moins amplifiés dans la structure. Le niveau d’amplification dépend essentiellement des
masses et des raideurs des différentes parties de la structure (et donc de la période de la structure) et de la nature du sol.
Figure 18 : Actions sismiques sur les ponts a) Sollicitation transversale b) Sollicitation longitudinale
où :
[M] est la matrice de masse de la structure ;
[C] est la matrice d’amortissement ;
[K] est la matrice de raideur ;
sont les vecteurs de déplacement, de vitesse et d’accélération de la structure (relatifs par rapport au
sol de fondation). Ce sont des fonctions du temps ;
est l’accélération du sol en fonction du temp : où est le vecteur unitaire de la direction
étudiée (les composantes Di de ce vecteur sont égales à 1 pour les degrés de liberté correspondant à des déplacements
dans cette direction).
Cette équation peut être obtenue à partir de l’équation générale de la dynamique du mouvement dans le repère
absolu qui s’écrit :
où :
sont les vecteurs de déplacement, de vitesse et d’accélération de la structure dans le repère absolu.
Les efforts internes dans la structure dépendent en effet du déplacement relatif avec les fondations.
On réalise un changement de variable : pour aboutir à l’équation (1).
La résolution de cette équation différentielle n’est pas aisée. Cependant, il est possible de décomposer les mouvements
de la structure dans une base des modes propres d’un système non amorti. Dans cette base, la structure se comporte
comme la superposition d’oscillateurs simples indépendants [Chapitre 2 - 2.3.1.1].
Par ailleurs, l’intérêt essentiel porte sur la réponse maximale de la structure en termes d’efforts et de déplacements
relatifs. Les spectres de réponse donnent précisément les maxima des réponses des oscillateurs simples
[Chapitre 2 - 2.3.1.3]. Les maxima n’étant pas atteints simultanément, il convient de les combiner de manière adéquate
pour obtenir la réponse maximale de la structure.
Le problème de dynamique à résoudre fait apparaître une variable temporelle, et des variables spatiales. La résolution
d’un tel problème, qui fait intervenir plusieurs degrés de liberté (éventuellement une infinité) spatiaux et une variable
de temps, est ainsi complexe.
L’analyse sismique des structures complexes se fait généralement par analyse modale spectrale. Cette méthode
d’analyse générale permet d’introduire la méthode d’analyse spectrale monomodale, utilisée pour les ouvrages courants.
L’analyse modale consiste à décomposer les mouvements de la structure non amortie à partir de modes de vibration
privilégiée de cette structure afin de réduire le nombre de degrés de liberté.
Chacun des modes propres d’une structure est défini par un vecteur [φi]et d’une pulsation wi tels que :
Les modes propres sont définis à une constante multiplicative près et sont orthogonaux pour la matrice de masse :
Toute solution de l’équation de la dynamique est une combinaison linéaire des modes propres.
On peut définir une masse généralisée et une raideur généralisée . Ces deux quantités
sont définies à une constante multiplicative près.
En supposant la matrice d’amortissement diagonalisable dans la même base que les matrices [M] et [K] (hypothèse
classique de simplification mathématique des équations), et définie par les pourcentages d’amortissement critique xj
associés à chaque mode propre de vibration j, l’équation précédente s’écrit :
(5)
Ceci permet de réduire le problème à la résolution d’un nombre limité de fonctionnelles dépendant du temps.
Dans le cas particulier d’un chargement sismique uniforme, l’équation (5) devient :
intéressante suivante :
= Masse totale structure
La proportion de m j par rapport à la masse totale de la structure représente le pourcentage de masse modale. Plus il
est élevé, plus le mode participe à la réponse sismique. Cela permet de donner un critère pour restreindre le nombre
de modes.
Il ne faut pas confondre masse modale et masse généralisée. La masse généralisée est caractéristique du mode et
représente en quelque sorte la masse en mouvement dans le mode de vibration. Elle est de plus définie à une constante
multiplicative près (comme le mode propre). La masse modale fait elle intervenir un chargement uniforme ( [D] ) et est
donc liée au chargement sismique dans le mode considéré. Ce n’est pas une vraie masse au sens physique du terme
bien qu’elle en porte l’unité. Contrairement à la masse généralisée, sa valeur ne dépend pas de la norme des modes.
L’analyse spectrale repose sur la notion de spectre de réponse introduite au §1.2.4.du chapitre 2.
La réponse spectrale peut être donnée soit en accélération Se(wj,x), soit en déplacement Sd(wj,x). Ces réponses spectrales
en accélération et en déplacement sont liées par la relation :
Lorsqu’un système à plusieurs degrés de liberté est utilisé et qu’une analyse modale est effectuée, cette réponse est
à corriger car chacun des modes subit une accélération üg(t) corrigée d’un facteur multiplicatif issu de la résolution
mathématique de l’équation matricielle générale. Ce facteur est le facteur de participation vu au paragraphe précédent.
On a donc :
Connaissant la réponse sur chaque mode, on obtient la réponse globale en recombinant les modes :
Pour résoudre ce problème, une approche probabiliste est adoptée. On cherche une valeur « maximale probable »,
en supposant que l’accélération de la sollicitation sismique est un processus aléatoire stationnaire à moyenne nulle
et variance constante.
Si on note X(t) une variable d’intérêt représentant un déplacement ou un effort, qui est telle que :
Lorsque les pulsations de deux modes i et j différents sont suffisamment éloignées (en pratique plus de 10 % d’écart),
on montre que Qi,j devient négligeable. Comme Qi,i = 1, la combinaison se simplifie en :
Cette combinaison simplifiée est la combinaison quadratique simple (SRSS = Square Root of the Sum of Squares).
Elle est plus simple et plus souvent utilisée que la précédente, mais il faut bien garder en tête son domaine d’emploi
[EC8-2 4.2.1.3].
Comme toutes les sollicitations et déplacements dans la structure dépendent des coordonnées généralisées rj(t), il est
aisé, à partir de la même combinaison, d’obtenir toutes les grandeurs nécessaires au dimensionnement.
Par exemple, si le moment fléchissant en un point x s’écrit dans le mode j : Mf , j (x , t) = rj (t) M j (ce qui est aisé à déterminer
connaissant la déformée modale), alors le moment fléchissant de dimensionnement total s’écrit :
Le nombre de mode à utiliser est également une donnée importante puisque sur une structure continue, il y a
une infinité de modes. En séisme, les modes qui apportent une contribution non négligeable à la structure sont ceux
dont le facteur de participation est important. Il est cependant plus facile de parler de masse modale, ce qui revient
au même puisque celle-ci dépend du facteur de participation, car on peut la relier à la masse totale de la structure.
On considère donc que l’on peut se restreindre à N modes si la somme des masses modales de ces modes est proche
de la masse totale de la structure. En pratique, on se fixera un pourcentage minimum par rapport à la masse totale
de la structure (90 % selon l’article 4.2.1.2 de l’Eurocode 8-2).
Nota : L a combinaison quadratique doit être réalisée en dernier lieu sur la grandeur représentant l’effet de l’action
sismique recherchée (déplacement, moment, effort tranchant…) afin de ne pas propager les incertitudes
de calcul.
Dans de nombreux cas, pour l’étude dans une direction de séisme donnée, le comportement dynamique d’une
structure est très bien représenté par son premier mode dans cette direction, dont la déformée est souvent proche
de la déformée qu’aurait la structure sous un chargement uniforme statique. La masse modale du premier mode
représente dans les cas simples quasiment toute la masse totale de la structure et le système se simplifie, puisqu’il
n’y a plus de combinaison à effectuer.
Dans tous ces cas, bien définis par les textes réglementaires et l’Eurocode 8, l’analyse sismique sur la base d’un seul
mode est suffisante.
Dans le cas où le tablier est rigide et la structure « régulière », l’ouvrage peut être modélisé par un oscillateur linéaire
à un degré de liberté avec :
K sa rigidité totale, égale à celle des appuis fixes vis-à-vis du mouvement sismique.
L’effort sismique exercé sur les appuis est dans ce cas simple à calculer :
Dans le cas où le tablier est souple, mais où le premier mode reste prépondérant (ce qui n’est pas toujours le cas),
et surtout lorsque l’on a une bonne idée de la déformée modale y(x) de ce premier mode (ce qui n’est pas toujours
évident) la structure peut être représentée par un oscillateur linéaire à un degré de liberté avec:
Mg sa masse généralisée qui vaut : lorsque l’on a des poutres de masse linéique
Cette méthode est connue sous le nom de méthode de Rayleigh [Chapitre 4 - 5.3]
Il est à noter que même si la déformée modale y(x) est définie à une constante multiplicative près, ces différents
résultats sont uniques.
Dans le cas des ponts réguliers, de bons résultats sont obtenus en prenant une déformée modale horizontale
(longitudinale ou transversale) égale à la déformée statique sous une accélération uniforme dans la direction considérée,
qui correspond à un facteur près au poids propre appliqué selon cette direction.
Lorsque la structure est irrégulière, ou lorsque son comportement dynamique ne peut pas être simplement approché
par un seul mode, il y a lieu de procéder à une analyse spectrale multimodale.
Ces calculs sont souvent plus compliqués que pour l’analyse monomodale, mais il est dans certains cas possibles de se
ramener à un problème à un petit nombre de degrés de liberté (2 ou 3) si une combinaison linéaire de 2 ou 3 fonctions
suffit raisonnablement à représenter les premiers modes propres.
Si les N fonctions représentatives (par exemple déplacements ou déformations selon les différentes directions) sont
notées yi(x), alors on forme une matrice de masse et une matrice de raideur suivant le même modèle que pour
l’analyse monomodale :
Le problème revient à un problème de recherche de valeurs propres et de vecteurs propres(φp(x), w i), tels que :
Une fois ce problème résolu, on peut déterminer les autres grandeurs modales caractéristiques :
Si les fréquences des modes sont suffisamment éloignées, on peut calculer toutes les grandeurs utiles à l’aide de
la combinaison quadratique simple :
Lorsqu’une analyse modale est possible (structure linéaire), mais que l’analyse spectrale n’est pas suffisante (site
particulier, connaissance accrue du site), il est possible de déterminer les efforts et déplacements dans la structure à
partir d’enregistrements sismiques (accélérogrammes).
Étant donné un accélérogramme üg(t), la réponse peut être déterminée par évaluation numérique de l’intégrale de
Duhamel :
On a donc :
L’application de la méthode modale suppose un comportement linéaire des structures, et repose sur l’hypothèse
d’amortissement modal proportionnel. Dans des cas plus exceptionnels, il convient de prendre en compte
le comportement non linéaire de la structure ou des modèles d’amortissement qui s’éloignent fortement de l’hypothèse
d’amortissement modal. Il n’est plus possible dans ces cas d’utiliser l’analyse modale, et encore moins la méthode
spectrale.
Elle permet de calculer le vecteur déplacement [u] de la structure au temps t + Dt connaissant ce même vecteur
déplacement au temps t - Dt et t.
En effet, on peut par exemple écrire : et et intégrer
ces approximations dans l’équation de la dynamique pour obtenir une équation avec la seule inconnue .
Il existe de nombreux schémas d’intégration plus ou moins complexes convergeant plus ou moins vite en fonction du
pas de temps utilisé.
Le calcul spectral précédemment décrit, suppose un comportement linéaire et élastique de la structure. Toutefois,
dans de nombreux cas et notamment pour des ouvrages comportant une ou plusieurs piles fixes et soumis à des
séismes de moyenne ou forte intensité, il n’est pas réaliste de considérer que le comportement de la structure reste
dans le domaine élastique.
La détermination de la réponse d’un système non linéaire par un calcul pas à pas donne alors une meilleure description
du comportement de l’ouvrage mais la complexité d’une telle analyse, par rapport à une analyse spectrale d’un système
linéaire, ne se justifie que pour les ouvrages irréguliers ou exceptionnels.
Dans les cas où il est admis un comportement inélastique de la structure, il est couramment accepté que les déformations
réelles (avec comportement non linéaire) sont sensiblement égales à celles calculées sur un modèle linéaire
correspondant à l’état initial. Les efforts réels se trouvent alors écrêtés par la formation de « rotules plastiques » dans la
structure. Le calcul dit « pseudo-élastique » est donc mené en supposant la structure élastique, et la prise en compte des
zones plastifiées se fait par l’introduction d’un coefficient de comportement venant réduire les efforts calculés. Notons
néanmoins que l’Eurocode 8-2 impose dans ce cas de baser l’analyse sur le calcul des raideurs fissurées des sections
les plus sollicitées [Chapitre 4 - 4.3.2]. - Approche introduite pour la 1ère fois dans le cadre de l’Eurocode 8 -.
La légitimité de cette méthode est issue de bases théoriques et expérimentales trop souvent méconnues. C’est la raison
pour laquelle il est rappelé ci-après la démarche qui conduit à l’introduction du coefficient de comportement.
2.4.1.2.1 - Modèle de fonctionnement non-linéaire d’une pile de pont sous chargement statique
Considérons à titre d’exemple une pile de pont de section constante sur laquelle repose un tablier par l’intermédiaire
d’un appareil d’appui fixe ne transmettant pas les moments. Le poids de la pile est supposé négligeable devant celui
du tablier. Par suite, les forces d’inertie induites par le poids ne s’appliquent qu’au sommet de la pile (cf. figure 19).
Le moment est maximal en pied de pile ; c’est là que se développera une éventuelle rotule plastique.
La courbe (en trait fin) de la figure 20 représente la loi moment-courbure d’une section en béton armé qui est utilisée
pour caractériser le comportement réel (élastique puis plastique) de la section. Cette loi de comportement peut être
simplifiée par la loi élasto-plastique parfaite (courbe en trait foncé), qui est constituée de deux parties :
• la partie élastique linéaire avant la première plastification des aciers ;
• le plateau ayant pour ordonnée le moment ultime de la section.
Nota : D
ans cette loi élasto-plastique « parfaite » (bi-linéaire), il n’est pas tenu compte de l’infléchissement de
la courbe lié à la fissuration du béton qui intervient avant la première plastification des aciers.
Cette courbe n’est que très relativement représentative car elle a été établie dans le cas d’un chargement horizontal
monotone et sous l’effet d’un effort normal constant (par exemple la descente de charge sous charges permanentes,
hors séisme). Dans le cas d’un séisme, l’effort normal varie (du fait du séisme vertical, de l’effet portique dans le cas
de fûts liés par un chevêtre en tête et une semelle en pied, etc.) et la charge horizontale est cyclique.
A partir de la courbe décrivant la loi de comportement idéalisé d’une section, il est défini l’appel de ductilité locale
(ou demande de ductilité locale) en courbure de la section par le ratio :
où f d est la courbure atteinte pendant le chargement, fy est la courbure limite élastique du modèle élasto-plastique
parfait calculée par la formule classique de la Résistance des Matériaux :
Cette ductilité locale en courbure m f peut se décliner en ductilité globale en déplacement m d = d d/dy ou en rotation
à la corde mq = qd/qy où qd est la rotation atteinte par l’articulation pendant le chargement et qy la rotation limite
élastique (cf. figure 21) :
Certains codes de calcul étrangers précisent que le moment d’inertie I est l’inertie sécante dont la définition n’est pas
unique dans la littérature (par exemple conservation des aires). L’approche proposée par l’Eurocode 8-2 (annexe C)
consiste à évaluer l’inertie fissurée à l’aide d’une formule simplifiée faisant intervenir le moment résistant ultime MRd
des sections ductiles. Cette approche nécessite en pratique de connaître les quantités d’aciers longitudinaux présents
dans ces sections et requiert donc quelques itérations en vue de prédimensionner ces aciers - Approche introduite
pour la 1ère fois dans le cadre de l’Eurocode 8 -. Les calculs relatifs à cette évaluation des inerties fissurées font
l’objet du chapitre 4, §4.3.2.
La capacité de ductilité en courbure d’une section est dictée par les dispositions constructives mises en œuvre :
• quantité d’aciers longitudinaux ;
• quantité d’aciers transversaux et leur disposition ;
• géométrie de la section ;
• caractéristiques mécaniques des matériaux.
La disposition la plus importante pour fournir de la ductilité en courbure est la densité des armatures transversales.
En effet, elles confinent le béton, ce qui signifie qu’elles empêchent celui-ci de se désintégrer sous des chargements
cycliques alternés et lui donnent une plus grande capacité de déformation. Puis elles se substituent au béton endommagé
pour maintenir les armatures longitudinales et prévenir leur flambement.
Une capacité de ductilité en courbure maximale m c ne dépend pas, ou tout au moins peu, de l’échelle du problème.
En effet, la valeur de mc reste inchangée si la section et les aciers sont multipliés par une même constante. Il s’agit
d’un paramètre adimensionnel.
Dans la plupart des cas, où la prise en compte des non-linéarités est introduite par le biais d’un coefficient de
comportement q, l’Eurocode 8-2 ne requiert pas explicitement que l’on vérifie l’adéquation entre l’appel de ductilité
et la capacité de ductilité. Cela est en fait caché dans une limitation de la réduction des efforts de dimensionnement
et dans la mise en place de dispositions constructives particulières comme expliqué au chapitre 2, §2.4.1.2.5.
Figure 22 : Diagramme idéalisé des courbures dans le cas d’une pile de section constante plastifiant en pied
Comme la loi Moment-Courbure, la loi Force-Déplacement peut être représentée par un comportement élasto-plastique
parfait (cf. figure 23) et le déplacement en tête peut être séparé en deux termes, un déplacement élastique dy et
un déplacement plastique d p :
dd = dy + dp
La courbe Force-Déplacement caractérise le comportement global de la pile. De manière analogue à ce qui a été fait
au niveau de la section, l’appel de ductilité globale en déplacement dans la pile se définit à partir de cette courbe et
est caractérisé par le ratio :
où :
d d est le déplacement atteint pendant le chargement
d y est le déplacement élastique dont la relation avec la courbure élastique est donnée par la formule :
E n supposant l’axe de rotation à mi-hauteur de la rotule, on obtient le déplacement plastique à partir de la rotation
plastique qp (calculée en supposant la courbure constante sur toute la longueur de la rotule plastique Lp), de la hauteur
de pile L et de la longueur de rotule plastique Lp :
d’où
et
En posant :
Les équations précédentes permettent alors d’obtenir aisément le lien entre ductilité globale m d et ductilité locale m f :
et
Nota : Il faut garder à l’esprit que cette relation entre les ductilités est valable uniquement sous les hypothèses
de pile encastrée en pied et libre en tête, et de masse négligeable. Lorsqu’une partie considérable du
déplacement du tablier est due à la déformation d’autres éléments qui restent élastiques (appareils d’appui
en élastomère, déformation propre du tablier ou souplesse des fondations par exemple), après formation de
la rotule plastique, le coefficient de ductilité en courbure requis est donné par l’expression [EC8-2 Annexe B] :
avec :
D’après l’Eurocode 8 partie 2, la valeur du rapport l =L p/L est influencée par plusieurs paramètres
(l’allongement et le glissement de l’armature dans la zone adjacente, la fissuration inclinée due à l’interaction
cisaillement flexion, etc.). Ce rapport est donc affecté d’une grande incertitude.
Il apparaît donc que pour pouvoir calculer la ductilité limite ou maximale de la pile à partir de celle de la section,
il faut connaître la longueur de la rotule plastique Lp. Cette longueur est celle sur laquelle la courbure f d des sections
de la région plastifiée peut être considérée constante et égale à fu :
où dbL et fyk sont le diamètre et la limite élastique des armatures longitudinales exprimés respectivement en m et MPa,
et L est la distance entre la section de la rotule plastique et la section de moment nul.
2.4.1.2.4 - Comportement élasto-plastique « parfait » d’une pile de pont sous chargement sismique
Il a été vu qu’il était possible de modéliser de façon approchée le diagramme force-déplacement d’une pile de pont
sous chargement statique par un diagramme élasto-plastique parfait. Malgré la complexité du chargement sismique
et la variation de l’effort normal, le comportement d’une pile peut être étudié qualitativement en l’assimilant à un
oscillateur simple. L’oscillateur comporte donc une masse en tête et une raideur modélisée par une courbe élasto-
plastique parfaite.
L’oscillateur élasto-plastique parfait a été étudié sous chargement sismique dans les années 60-70 notamment par
Newmark. Ce dernier a pu établir une estimation du déplacement maximal de l’oscillateur inélastique en fonction :
• de sa période d’oscillations libres (oscillateur restant dans le domaine élastique) ;
• du déplacement maximal de l’oscillateur indéfiniment élastique de même période.
Pour limiter les dommages au maximum, il est toujours possible de concevoir la structure de façon « élastique » en
dimensionnant les éléments de la structure à l’ELU sismique [Chapitre 5] pour des efforts calculés grâce à un modèle
parfaitement élastique. C’est en général le cas pour des ouvrages exceptionnels à très haut risque et pour lesquels
aucun endommagement n’est tolérable (centrales nucléaires, barrages…) ou pour des parties d’ouvrage isolées peu
sollicitées ou dont on souhaite limiter les déformations (piles avec des appareils d’appui glissants dans la direction
du séisme par exemple). Néanmoins, c’est souvent anti-économique (par exemple pour les efforts transmis dans
les fondations dans le cas d’appuis bloquant les mouvements sismiques) et surtout cela ne permet pas de bénéficier
de la dissipation d’énergie et de la relative maîtrise des efforts internes amenées par la plastification. On opte alors
pour un dimensionnement ductile [Chapitre 5].
Naturellement la question du comportement de la structure, dimensionnée volontairement pour des efforts inférieurs à
ceux trouvés par une analyse purement élastique, se pose. Les paragraphes précédents sur le comportement inélastique
donnent des éléments de réponse.
A noter que dans l’Eurocode 8, la division par le coefficient q se fait lors de la première étape de calcul puisqu’elle
est prise en compte directement dans la définition du spectre de calcul, alors que dans les anciennes règles PS92,
la division par le coefficient de comportement se faisait dans un deuxième temps sur les efforts calculés sur la base
d’un comportement élastique. Cette modification nécessite donc désormais de remultiplier les déplacements calculés
par md (avec md = q dans le cas de l’hypothèse d’iso-déplacement). Par ailleurs le calcul « élastique » doit tenir compte
des inerties fissurées des éléments ductiles. - Approche introduite pour la 1ère fois dans le cadre de l’Eurocode 8 -
Dans le cas d’un ouvrage modélisé par un oscillateur élasto-plastique parfait, l’effort de dimensionnement F Ed = F el /q
est la limite élastique Fy du système. Donc :
D’après l’article 2.3.6.2 de l’Eurocode 8-2, on retrouve les trois modes de fonctionnement exposés au §2.4.1.2.4 du
chapitre 2. ci-dessus :
Pour une valeur du coefficient de comportement fixée, le tableau ci-dessus donne une estimation de l’appel de ductilité
en déplacement md. Notons que pour des structures très raides (T < 0,033s), il convient d’adopter un dimensionnement
élastique.
Les valeurs de l’appel de ductilité en courbure mf peuvent alors être déduites des relations données précédemment.
Rappelons que la capacité de ductilité en courbure d’une section est fonction des dispositions constructives, notamment
du ferraillage transversal. Un dimensionnement idéal fournirait ces dispositions constructives adéquates à partir de
l’appel de ductilité en courbure mf calculé ci-dessus. Il est à noter que le rappel théorique décrit ci-avant concerne
un élément isolé du pont et que la situation se complique lorsque le tablier est fixé sur plusieurs appuis. En effet
le coefficient de comportement est une valeur unique et globale pour l’ensemble de la structure, sous l’effet
d’un séisme « appliqué » suivant une direction donnée. Il convient alors de considérer la valeur correspondant
au type d’appuis contribuant le plus à la résistance au séisme [EC8-2 4.1.6(3)P].
L’Eurocode 8-2 [EC8-2 6.2.1] impose donc une quantité d’armatures transversales minimale destinée à assurer
une ductilité en courbure de la section. Cette quantité est soit définie forfaitairement par le biais des dispositions
constructives minimales dans le cas de l’utilisation d’un coefficient de comportement (conception en ductilité limitée
ou ductile), soit établie par le calcul dans le cas des méthodes d’analyse plus sophistiquées (méthode en poussée
progressive « push-over » ou méthode dynamique temporelle non linéaire plus spécifiquement appropriées au cas de
la conception ductile) dont l’objectif est de justifier les niveaux de déformation atteints dans la structure. Dans tous les
cas, un ferraillage transversal minimal est imposé dans les zones dites « critiques » (ductilité limitée) ou « de rotules
plastiques potentielles » (qui couvrent assez largement les longueurs de rotules plastiques théoriques) qui garantissent
implicitement une certaine ductilité en courbure et donc une ductilité en déplacement. Les bornes supérieures du
coefficient de comportement q réglementaire pour les deux hypothèses de comportement [Chapitre 4 - 1.2.2] sont
donc calées de telle sorte que la ductilité limite forfaitairement imposée par les dispositions constructives minimales
ne soit pas dépassée.
Les codes de calcul fournissent une valeur du coefficient q indépendante de la période de la structure. Or, il est
démontré ci-avant que la relation entre le coefficient de comportement et la ductilité dépend de manière significative
de la période de l’oscillateur. L’Eurocode 8-1 tient compte de cet aspect en modifiant sensiblement le spectre utilisé
En conclusion sur la théorie du coefficient de comportement, rappelons qu’elle a été élaborée initialement pour des
structures dont le comportement est voisin de celui d’un oscillateur élasto-plastique parfait. Elle s’applique donc avec
précaution (et de manière sécuritaire) aux structures réelles.
Ce coefficient réducteur des efforts permet en général de réaliser des économies, d’une part sur les aciers longitudinaux
des piles (il faut toutefois augmenter le ferraillage transversal) et d’autre part sur les fondations dont les efforts
sont plafonnés par la formation de la rotule plastique dans la pile. Toutefois, il existe un inconvénient. En effet il
faudra prévoir des réparations ou un confortement de l’ouvrage après un séisme si l’action sismique réelle atteint ou
avoisine la valeur prise en compte dans les calculs de l’ouvrage (plastification des aciers en pied de piles par exemple,
éclatement du béton d’enrobage…).
Insistons sur le fait que la norme impose en outre de surdimensionner les autres parties de la structures pour des efforts
majorés calculés sur la base d’une plastification effective des rotules plastiques (plateau plastique). Cette vérification
permet de garantir la protection contre une rupture fragile de zones qui ne font pas l’objet de dispositions constructives
particulières (se référer au principe du dimensionnement en capacité et au critère de cohérence au §2 du chapitre 5).
Quel que soit le niveau des calculs effectués, il convient de garder à l’esprit que le bon comportement d’une structure
sous séisme dépend essentiellement d’une conception parasismique saine [Chapitre 3] et de bonnes dispositions
constructives [Chapitre 6]. Les calculs, aussi sophistiqués qu’ils soient, n’apportent qu’une sécurité toute relative et
ne sont valables que si la conception associée est respectée.
2.4.2 - Influence des différents paramètres sur le comportement d’un pont sous séisme
La réponse d’un ouvrage sous l’effet d’un séisme donné est fonction de sa masse, de sa rigidité et de sa capacité à
amortir les déplacements.
En première approximation, le système tablier-appui peut être considéré comme un oscillateur simple caractérisé par
sa masse M, sa rigidité K. On en déduit à partir d’un système à un seul degré de liberté, sa période de vibration T :
Lorsque la réponse du système est régie par la branche hyperbolique du spectre élastique, l’accélération maximale
de l’oscillateur γ est égale à :
L’effort sismique peut donc être diminué par l’adoption d’un système plus souple (K plus faible) et plus léger (M plus
faible).
L’augmentation de période s’obtient en diminuant le nombre d’appuis fixes ou en introduisant entre le tablier et
ses appuis des appareils d’appui souples (élastomère fretté par exemple) (cf. figure 26). Ces dispositions permettent
d’augmenter la période fondamentale de la structure en la ramenant en dehors de la gamme de la période dominante
des mouvements du sol susceptibles de se produire pendant le séisme.
• l’augmentation de la période pourrait induire des efforts plus défavorables pour un certain nombre de sites où
la période dominante du spectre est relativement élevée (site avec des sols de couverture de forte épaisseur et
de qualité médiocre).
Les problèmes posés par les déplacements horizontaux importants (comme dans le cas précédant de l’augmentation
de la période par exemple) peuvent être résolu par l’augmentation de l’amortissement. Toutefois, il est à noter que
cette technique peut être onéreuse et nécessite de l’entretien. De plus, elle nécessite souvent des calculs dynamiques
temporels complexes. Elle est donc en général à réserver aux ouvrages non-courants de grandes dimensions et/ou
situés dans des régions particulièrement exposées.
La réponse d’un ouvrage à un mouvement sismique est gouvernée par la nature de ce mouvement, d’une part, et par
les caractéristiques géométriques et mécaniques de la structure et du massif de sol, d’autre part.
Lorsque la structure est soumise à un mouvement sismique du sol, elle se déforme et la réaction qu’elle transmet au
sol modifie localement ce mouvement (qui diffère donc du mouvement sismique à la surface du sol en champ libre,
en l’absence de toute construction).
Du fait de l’interaction dynamique « sol-structure » la réponse sismique d’une structure fondée sur appuis flexibles
(terrain déformable) diffère sous plusieurs aspects de celle de la même structure fondée sur un terrain rigide (base
indéformable) soumise à une sollicitation identique en champ libre.
Contrairement aux bâtiments où la modélisation peut se faire à l’aide d’une console verticale avec des masses concentrées
au niveau des planchers, les ponts présentent la particularité d’un tablier reposant sur des appuis multiples, de rigidités
différentes, et où le problème relatif aux déplacements est aussi important que celui relatif aux forces sismiques.
Les Eurocodes, comme avant eux les guides français spécifiques (guide AFPS92, guide Sétra-Sncf « Ponts courants en
zone sismique »), ont bien identifié cette particularité en consacrant l’Eurocode 8-2 au cas spécifique des ponts.
En effet, les leçons des séismes anciens ou récents mettent en évidence les principales causes de désordres ou
d’effondrement des ponts :
• les déplacements relatifs des tabliers et des appuis :
-- déplacement important des appareils d’appui et échappement d’appui (cf. figure 28) ;
Il est donc admis que les structures puissent subir des déformations dans le domaine post-élastique entraînant
des détériorations potentiellement importantes (fissurations, plastifications locales...) et que certains équipements de
l’ouvrage (joints de chaussées, appareils d’appui, barrières de protection, ...) puissent être endommagés. En pratique,
seule la plastification en flexion de sections spécifiques (appelées rotules plastiques) et localisées dans les piles est
permise. Le tablier doit quant-à lui être conçu de manière à rester dans le domaine élastique et à éviter tout dommage
autre que dans les éléments secondaires.
Les exigences de base définies par l’Eurocode 8-2 s’énoncent ainsi selon les termes suivants : « La démarche de
dimensionnement est basée, en ce qui concerne la résistance sismique des ponts, sur l’exigence générale d’après
laquelle les communications d’urgences doivent être maintenues, avec une fiabilité appropriée, après l’événement
sismique de calcul. »
Figure 30 : Courbes de comportement associées à différents types de conception (idéalement élastique, à ductilité limitée, ductile)
De coûts sensiblement différents, ces trois types de conception conduisent aussi à des comportements sous séisme bien
distincts et il appartient donc au maître d’ouvrage, en fonction du contexte (sismicité, valeur attribuée à l’ouvrage,
aspects stratégiques, organisation des secours) de se prononcer en faveur de l’une ou l’autre.
En pratique, le choix d’une conception ductile doit toujours s’accompagner de l’application du principe de dimensionnement
en capacité. Ce principe consiste à majorer la résistance vis-à-vis des types ou localisations d’endommagement non
Figure 31 : Cycles de dissipation d’énergie par hystérésis dans le cas d’une conception ductile
Figure 32 : Densité de ferraillage et exemple de formation de rotule plastique dans le cas d’une conception ductile (sources : PEER-NISEE, Cerema)
3.3 - Conception basée sur le principe d’isolation sismique et l’utilisation de dispositifs amortisseurs
Le troisième et dernier type de conception décrit dans l’Eurocode 8-2, basé sur le principe d’isolation sismique et
l’utilisation de dispositifs amortisseurs, combine les avantages des deux solutions précédentes : la quasi-totalité de
l’énergie du tremblement de terre est filtrée par les isolateurs ou absorbée dans des appareils mécaniques externes
à la structure jouant la fonction d’amortisseurs tandis que les éléments structurels de l’ouvrage ne subissent en
théorie aucun dégât et les matériaux restent dans leur domaine élastique de comportement. En cas de séisme
majeur, les dispositifs amortisseurs sont facilement inspectés et remplacés si nécessaire. En contrepartie, les calculs de
dimensionnement sont très complexes et nécessitent des outils puissants (calculs dynamiques non-linéaires). Enfin, le
coût important des dispositifs parasismiques et la difficulté des calculs associés réserve généralement leur utilisation
aux zones où l’aléa sismique est très important et/ou aux ouvrages à caractère exceptionnel en termes de dimensions
ou d’enjeu socio-économiques. Avant leur installation, la pérennité de leurs caractéristiques mécaniques est garantie par
La figure 33 présente le schéma statique d’un pont dont la conception est basée sur l’utilisation de dispositifs
amortisseurs.
Conditions
de maintenance
Aucune particulière Aucune particulière Très variable selon technologie employée
(hors événement
sismique)
+ ou - complexes selon
degré de régularité Complexes :
Niveau de
complexité Relativement aisés : structurelle : Relativement aisés : Analyse dynamique
des calculs Statique équivalent, analyse Analyse mono ou multi- Analyse mono ou multi- temporelle non linéaire
et méthodes mono ou multi-modale modale, push-over, analyse modale (le plus souvent*)
d’analyse associées dynamique temporelle non
linéaire
Valeur du coefficient
q ≤ 1,5 1,5 < q ≤ 3,5 q=1, en général
de comportement
* L’Eurocode 8-2 propose des méthodes simplifiées associées à un coefficient d’amortissement critique x ≤ 30 % et qui servent de « garde-fou » pour
l’analyse dynamique non-linéaire [Chapitre 4 - 6.4.2.1] et [EC8-2 7.5.4 et 7.5.5(6)]
L’objet principal de la conception portera sur les appuis et notamment sur l’interface entre les piles et le tablier.
Les efforts mis en jeu pour les piles et culées peuvent être considérables suivant la conception retenue.
En particulier, le blocage du tablier sur des appuis rigides (notamment au niveau d’une culée) conduit à des efforts
considérables dès que les ouvrages sont assez importants et donc lourds.
La deuxième solution est en théorie à privilégier car elle permet, sous réserve d’une conception détaillée satisfaisante
des rotules plastiques :
• de limiter l’impact de la prise en compte du séisme sur le dimensionnement des appuis par une réduction des efforts
de dimensionnement (divisés par q) ;
• de privilégier un mécanisme d’endommagement plus progressif et moins fragile ;
• de dissiper d’avantage d’énergie dans la structure par phénomène d’hystérésis.
En revanche, les méthodes de calculs à mettre en œuvre sont plus complexes et les dispositions constructives plus
contraignantes.
Pour les ouvrages courants, la masse du tablier, relativement faible, induit, sous réserve d’un choix judicieux d’appareils
d’appui, des efforts sismiques relativement modérés que l’on arrive généralement à maîtriser, y compris dans l’hypothèse
d’un comportement élastique ou à ductilité limitée.
Pour les ouvrages non courants, il est souvent impossible économiquement, ou pour des raisons de mise en œuvre,
de procéder à une conception élastique. On s’oriente donc préférentiellement vers une conception plastique ou vers
une isolation des appuis.
Les études et reconnaissances géotechniques doivent répondre aux objectifs généraux fixés dans l’Eurocode 7 en
situation non sismique et inclure des reconnaissances complémentaires sur les aspects sismiques afin :
• de déterminer un profil de sol pour la définition de l’action sismique au travers de la classe de sol et du paramètre
de sol S [EC8-1 3.1] ;
• d’évaluer la stabilité des pentes naturelles ou artificielles si ces dernières sont situées dans la zone d’influence de
l’ouvrage ;
• d’évaluer le risque de liquéfaction des sols de fondation et ceux situés à proximité de l’ouvrage (sous les remblais
d’accès) ;
• d’évaluer les propriétés mécaniques des sols dans une large gamme de déformation.
Il conviendra d’inclure, conformément à l’article 4.2.1 de l’Eurocode 8-5, des essais de pénétration au cône, avec de
préférence mesure de pression interstitielle, chaque fois que cela est réalisable.
L’Eurocode 8-2 [EC8-2 2.4(10) et 3.2.2.3] invite à faire preuve d’une vigilance particulière dans le cas des ouvrages
implantés à proximité d’une faille active où les séismes peuvent être particulièrement violents et mal représentés par
les spectres réglementaires. En outre, des déplacements rémanents du sol sont possibles. La justification d’un ouvrage
correspondant à ce type d’implantation (situé à une distance inférieure à 10 km d’une faille sismotectonique active
connue pouvant produire un événement de magnitude de moment supérieure à 6,5) nécessite notamment l’utilisation
de spectres spécifiques au site prenant en compte les effets d’une source proche. A noter que l’Eurocode 8-2 définit
une faille sismotectonique comme active lorsque le taux de glissement historique moyen est d’au moins 1 mm/an et
en cas de preuve topographique d’une activité sismique au cours de l’ère Holocène (c’est-à-dire les 11 000 dernières
années écoulées). Selon l’état des connaissances actuelles, la France métropolitaine ne présente aucune « faille
sismotectonique active » au sens de la définition proposée dans l’Eurocode 8-2. Certaines ruptures de surface se sont
cependant produites dans les 100 000 dernières années. Des failles actives ont en revanche été identifiées dans
les Antilles.
L’implantation de l’ouvrage sur ou à proximité de pentes naturelles ou artificielles nécessite une vérification de leur
stabilité sous séisme à l’aide des méthodes d’analyse décrites à l’article 4.1.3.3. de l’EC 8-5. Il convient le cas échéant
L’évaluation du risque de liquéfaction doit être effectuée lorsque le sol de fondation comprend des couches étendues
ou des lentilles épaisses de sables lâches, avec ou sans fines silteuses ou argileuses, au-dessous du niveau de la nappe
et à proximité de la surface. Les critères granulométriques exposés dans les anciennes normes (anciennes règles PS92,
NF P 06-013) peuvent servir de guide pour évaluer la susceptibilité des sols à la liquéfaction. Si cette susceptibilité
est avérée, les reconnaissances de sol devront comprendre a minima :
• la réalisation in-situ soit d’essais de pénétration standard (SPT), soit d’essais de pénétration statique (CPT), de
préférence avec des meures de la pression interstitielle (CPTu), afin de déterminer le risque de liquéfaction en
suivant les procédures décrites dans l’annexe B de l’EC8-5 pour l’utilisation du SPT, ou les procédures internationales
disponibles dans le cadre de l’utilisation de CPT [24] ;
• la réalisation d’essais d’identification (notamment afin de déterminer la teneur en fines) ;
• ainsi que, dans la mesure du possible, la réalisation d’essais de liquéfaction en laboratoire (essais à l’appareil triaxial
de révolution sous chargements cycliques) sur des échantillons soigneusement prélevés et acheminés (ces terrains
présentent en général des difficultés pour assurer des prélèvements en préservant leurs propriétés mécaniques).
La détection d’un risque de liquéfaction du sol avéré sur des couches étendues du sol de fondation peut remettre en
cause la faisabilité technique et donc l’implantation de l’ouvrage. Lorsque l’implantation de l’ouvrage ne peut être
modifiée, il est impératif de prévoir un renforcement du sol pour se prémunir contre l’apparition du phénomène. A
défaut, on cherchera à fonder l’ouvrage au-delà des couches liquéfiables sur des sols non sensibles. L’ensemble des
efforts parasites susceptibles de se développer pendant et après le séisme sur les fondations comme sur les piles
devront être alors évalués [Chapitre 4 - 5.6.3].
Pour les ouvrages implantés sur une brèche où les caractéristiques mécaniques des sols ou les profils stratigraphiques
(classe de sol) varient de façon importante, en l’absence d’études détaillées sur le comportement dynamique de
l’ouvrage, il convient d’être sécuritaire par rapport aux hypothèses retenues (choix du spectre le plus pénalisant en
terme de catégorie de sol appliqué à l’ensemble de la structure, conformément à l’article 3.3(4) de l’Eurocode 8-2).
Cette approche peut néanmoins s’avérer trop pénalisante lorsque certains appuis fondés sur des sols de mauvaise
qualité ne participent que très peu à la réponse globale de l’ouvrage. Par conséquent, pour les ouvrages réguliers et
lorsque les appuis participant effectivement à la reprise des efforts sismiques peuvent être clairement identifiés, on
pourra appliquer à l’ensemble de l’ouvrage le spectre de réponse élastique calculé au droit de l’appui fixe, ou à défaut,
des appuis reprenant le plus d’efforts horizontaux (en retenant dans ce cas le spectre le plus pénalisant correspondant
aux appuis concernés), sous réserve de mener cette analyse direction par direction et d’appliquer un spectre spécifique
pour les appuis « isolés » (à appliquer sur les modes propres de pile correspondant).
Pour les ponts de grande longueur, l’Eurocode 8-2 prévoit de tenir compte de la variabilité spatiale de l’action sismique
sur la longueur de l’ouvrage. Cet aspect est traité au chapitre 4, §3.4.
Balancement des travées : Lorsque les travées de rive sont courtes (rapport de la longueur de la travée de rive à
la longueur de la travée adjacente compris entre 0,5 et 0,6), des problèmes de soulèvement d’appuis sont possibles
sur culée. A défaut d’allonger les travées de rive, il est possible de prévoir un lest au droit des entretoises sur culées
ou un dispositif anti-soulèvement. L’allongement des travées de rive devra être systématiquement retenu pour les
ouvrages fortement biais (Angle de biais < 78 grades ou 70°).
Symétrie de la travure : Les structures qui présentent des symétries quant à leur travure et leur système d’appuis
ont un meilleur comportement sous séisme. Dans la mesure du possible, on essaiera de limiter la distance qui sépare
le centre de masse du tablier et le centre de raideur élastique des appuis. Pour un pont droit, lorsque cette distance
est nulle, le tablier ou les appuis ne subissent pas de rotation d’axe vertical.
Biais des tabliers : Les chocs éventuels du tablier sur les culées constituent un risque majeur pour les ponts biais.
Par exemple, lors du choc sur l’une des culées, l’action transmise à la structure, perpendiculaire au bord transversal
du tablier crée un moment de rotation d’axe vertical dans la structure qui a pour conséquence de pousser le tablier
hors de ses appuis (cf. figure 34).
Des butées parasismiques transversales doivent impérativement sécuriser la structure. Celles-ci pourront être orientées
de manière à diriger les forces de contact suivant l’axe longitudinal de l’ouvrage.
Le problème des ponts biais est traité plus en détail au chapitre 4, §4.1.2.
Lorsque le tablier est peu biais (j > 78 grades ou 70°), la structure subit des chocs alternés et opposés qui se
contrecarrent. Le comportement de la structure sous séisme horizontal est proche de celui d’un pont droit non biais.
Si le tablier est fortement biais, un fonctionnement entretenu avec chocs successifs dans les angles est à craindre.
Ce type de comportement est à proscrire, car l’ouvrage a tendance à quitter l’assise de la culée : le blocage transversal
de la structure sur les culées est alors indispensable.
Les tabliers de pont affectés d’un rapport « longueur totale de l’ouvrage / largeur » faible (inférieur à 2) ne bénéficient
que d’une faible inertie d’axe vertical, ce qui amplifie leur sensibilité au phénomène.
Pour les ouvrages fortement biais (j < 78 grades ou 70°) le comportement du tablier, sous séisme vertical, doit faire
l’objet d’une étude spécifique à partir d’une modélisation aux éléments finis de la structure permettant de prendre
en compte correctement les effets de concentrations des descentes de charges verticales sur les appareils d’appui à
proximité des angles obtus.
Notons enfin que l’Eurocode 8-2, [EC8-2 4.1.5(2)] recommande d’éviter les ponts très biais (j < 50 grades = 45°) dans
les régions à forte sismicité.
4.3 - Appuis
Les appuis (piles et culées) subissent des efforts horizontaux dus aux forces d’inertie provenant de la mise en
mouvement du tablier. Elles peuvent être nettement supérieures aux actions horizontales habituelles (vent, freinage, ...).
La conception des appuis doit donc faire l’objet d’une étude spécifique vis-à-vis du risque sismique.
Les efforts horizontaux mis en jeu dépendent principalement de la masse du tablier, de la souplesse des piles et du
type de liaison retenue entre le tablier et les piles et culées. En fonction de la sismicité de la zone, et du type de
comportement retenu pour l’ouvrage, le choix de la liaison entre le tablier et les piles et les culées constitue
un choix majeur du projeteur.
Le comportement ductile optimal est obtenu par la formation presque simultanée de rotules plastiques dans le plus
grand nombre possible de piles. Néanmoins, dans la direction longitudinale, il est nécessaire de tenir également
compte des déformations imposées telles que les dilatations thermiques, les déformations de retrait, de fluage, etc.
(et donc des contraintes induites). Cela conduit en général à réduire le nombre de piles participant à la reprise de
l’effort sismique, en utilisant des dispositifs de liaison glissants ou flexibles.
Le dimensionnement des liaisons tablier-appuis résulte donc d’un compromis entre la réduction des efforts dans
les appuis et les déplacements acceptables par l’ouvrage (choc du tablier sur culées, mouvement aux joints de dilatation
et sur appuis glissants, etc.).
4.4 - Tablier
Le comportement, sous séisme, des tabliers de ponts ou des ouvrages enterrés demeure généralement dans le domaine
élastique (ou quasi-élastique) et ne pose donc pas de problème.
La conception des tabliers des ouvrages doit s’accompagner d’un certain nombre de dispositions destinées à assurer
un bon fonctionnement mécanique de la structure sous séisme :
1. Il convient de faire preuve d’une vigilance toute particulière dans le cas des tabliers à travées indépendantes, pour
se prémunir de tout risque de chocs entre travées et d’échappement d’appui ; soit en prévoyant des repos d’appui
et des souffles de joint de chaussée suffisamment confortables au droit des chevêtres, soit en assurant une liaison
sous séisme par des dispositifs bloqueurs.
2. Il faut limiter le déplacement du tablier par rapport à ses appuis afin d’éviter que celui-ci ne s’échappe. Ceci conduit
à prévoir un repos d’appui suffisant pour le tablier sur les piles et les culées. On prévoira, en outre, comme sécurité
ultime dans la direction transversale, des butées parasismiques sur les culées de l’ouvrage sauf si l’ouvrage est
bloqué sur celles-ci en service.
3. Il convient d’éviter les chocs du tablier sur les culées et sur les piles, qui sont délicats à modéliser et qui peuvent
correspondre à des énergies cinétiques considérables. Lorsqu’ils ne peuvent être évités, au droit d’une culée par
exemple, les chocs seront localisés dans une zone spécialement prévue à cet effet. Il pourra s’agir d’une zone
fusible afin de ne pas brider le mouvement du tablier sous séisme (par exemple un joint de chaussée), d’une zone
d’amortissement du choc avec la mise en place d’un appareil d’appui en élastomère fretté (par exemple pour une
butée latérale). Dans le cas d’ouvrages de plus grandes dimensions, les chocs peuvent également être évités ou
absorbés par des systèmes amortisseurs destinés à réduire les déplacements et à amortir les vibrations sismiques.
Dans tous les cas, on veillera tout particulièrement à ce que les chocs épargnent les parties sensibles (zones d’ancrage
des câbles de précontrainte, ou pièces métalliques fines par exemples).
4. Il convient d’éviter la rupture fragile par manque de ductilité ou rupture d’effort tranchant de toute partie de
l’ouvrage (notamment les nœuds de la structure tels que la jonction du tablier et des fûts de pile dans le cas
d’un encastrement…). On veillera particulièrement à éviter le flambement des armatures longitudinales comprimées,
l’insuffisance d’ancrage des armatures longitudinales et les insuffisances de longueurs de recouvrement.
En outre, les tabliers de pont en béton précontraint doivent systématiquement faire l’objet d’une justification
spécifique sous l’effet de la composante verticale du séisme [EC8-2 4.1.7(2)P].
5.1.1 - Légèreté
La recherche de légèreté au niveau des tabliers est pertinente dans le domaine parasismique car elle permet de
diminuer les actions sismiques sur les appuis du tablier. Elle n’a pas un grand intérêt lorsque les piles sont peu élevées
(<15 mètres). Toutefois, dans le domaine des portées moyennes (au-delà de 30 mètres) et des grandes portées,
les solutions d’ouvrage comportant des tabliers légers (les ponts mixtes, à dalle orthotrope…) présentent un intérêt
certain par rapport aux ponts à poutres sous chaussées en béton (VIPP, peu utilisés de nos jours) ou aux ponts construits
par encorbellements successifs par exemple. Bien entendu, d’autres considérations entrent en jeu (contraintes de site,
de portée, …) et donc aucun type d’ouvrages n’est à exclure. Néanmoins la conception doit tenir compte des avantages
et faiblesses vis-à-vis du séisme de chaque type d’ouvrages.
La continuité mécanique de la structure permet d’améliorer la résistance et la ductilité de la structure et surtout d’éviter
les chocs entre parties d’ouvrage. Il convient donc d’éviter, pour les franchissements à plusieurs travées, les ouvrages
constitués de travées isostatiques indépendantes qui peuvent s’entrechoquer, ou de prévoir des dispositions adéquates
(repos d’appui, souffle de joints de chaussée, bloqueurs dynamiques…).
Pour les ponts courants, on peut citer les ponts de type VIPP ou PRAD qui seront préférentiellement continus. Il pourra
s’agir d’une simple dallette de continuité. Lorsque les ouvrages sont particulièrement longs, l’attelage de toutes
les travées peut présenter des difficultés pour le fonctionnement de la structure en service sous l’effet des variations
de température. Les tabliers pourront être attelés par tronçons de quelques travées ou attelés avec des systèmes ne
fonctionnant que sous séisme (système à seuil ne se déclenchant que pour le séisme et laissant libres les déformations
de service). Pour les mêmes raisons, les appuis de ponts cantilever sont à concevoir avec une vigilance particulière.
Pour les ponts de portée plus importante, avec des tabliers parallèles, il existe également un risque d’entrechoquement
latéral des tabliers. Il est donc important d’assurer la continuité transversale à défaut de ménager un espace suffisant
entre les tabliers.
Le choix des liaisons entre le tablier et les appuis est très important du point de vue sismique, car il conditionne
la raideur de la structure et l’importance des efforts transmis aux piles. Le problème est complexe car les exigences
d’une bonne conception parasismique ne sont pas toujours compatibles avec les exigences de déplacements en service
de l’ouvrage.
De manière générale, les appareils d’appui en élastomère frettés, associés à des butées permanentes ou de sécurité
sur tout ou partie des piles constituent une solution satisfaisante du point de vue sismique. Dans certains cas (piles
de grandes hauteurs, pour le comportement thermique de l’ouvrage, etc.), il peut être également pertinent de libérer
une ou plusieurs piles dans une ou les deux directions. Il faut toutefois veiller à ce que cela n’engendre pas de risque
d’échappement d’appui.
L’encastrement du tablier sur deux piles assez voisines, qui aboutit à la création d’un portique, peut constituer une
bonne conception parasismique qui pourra être envisagée dans les zones très fortement sismiques (Zone 5) ou pour
des ouvrages présentant des piles assez hautes et donc suffisamment souples. Elle devra être comparée avec une
conception classique d’appui simple du tablier sur les piles.
Enfin lorsque le comportement sous séisme ne semble pas satisfaisant avec les solutions précédentes (en général il
s’agit d’ouvrages exceptionnels), des systèmes amortisseurs peuvent être ajoutés.
On s’assurera que le dispositif d’appui ne conduit pas à créer un encastrement en rotation d’axe vertical sur un seul
appui (pile ou culée), faute de quoi, la sécurité de la structure ne serait pas garantie.
Dans le cas classique d’appuis présentant une forte rigidité transversale et une faible rigidité longitudinale, le choix du
type de liaison entre le tablier et les appuis doit d’abord être guidé par la prise en compte du séisme longitudinal. Pour
la plupart des ouvrages, les efforts sismiques transversaux peuvent être repris par les piles et les culées classiquement
projetées. L’écrêtement des efforts sismiques, et la répartition des efforts sous l’effet du séisme transversal entre
les piles et les culées constituent alors un enjeu relativement faible.
Sous séisme longitudinal, on essaiera par contre, de découpler le mouvement du tablier de celui du sol pour limiter
les efforts dans les appuis et assurer des souplesses comparables aux appuis, ce qui peut conduire à prévoir des
articulations voire des encastrements en têtes des pile hautes à très hautes, ou de piles de hauteur plus modeste
mais pour lesquelles il est prévu un comportement ductile (formation de rotules plastiques associée à un coefficient
de comportement q > 1,5).
1. Placer le tablier sur des appareils d’appui en élastomère fretté (solution à privilégier pour les ouvrages routiers) :
Dans ce cas, les mouvements du sol sont filtrés par les appareils d’appui qui se comportent comme des ressorts
d’isolation souples. Le tablier porteur subit des déplacements relatifs par rapport au sol assez importants (il faut
néanmoins étudier les éventuels risques de chocs du tablier sur les culées). Les efforts horizontaux sont répartis sur
tous les appuis et demeurent raisonnables tant que les appareils d’appui en élastomère fretté permettent d’obtenir
des périodes d’oscillation de la structure assez élevées. Il faut toutefois contrôler l’admissibilité de la distorsion des
appareils d’appui (et s’affranchir également des risques d’échappement donc vérifier les éventuels échappements
d’appui en cas de rupture de l’appareil d’appui sous l’effet d’un séisme de plus forte intensité).
Il est donc souvent pertinent d’associer certains de ces appareils d’appui à des butées de sécurité sur culées pour
prévenir les risques d’échappement tout en permettant aux appuis en élastomère de se déformer dans toute leur
gamme et ainsi filtrer au maximum les efforts. Une autre solution consiste à prévoir une zone fusible au niveau des
culées en cas de choc du tablier, de façon à transmettre les efforts au remblai arrière plutôt qu’aux fondations.
2. B
loquer les déplacements du tablier à l’aide d’appareils d’appui fixes ou de butées permanentes sur une ou
plusieurs piles :
Les déplacements de la structure sont bien sûr nettement limités dans ce cas par rapport à la conception mettant en
œuvre des appareils d’appui en élastomère fretté. Les efforts horizontaux demeurent raisonnables dès lors que les piles
sont suffisamment souples ou que l’on peut utiliser un coefficient de comportement élevé (conception ductile). Les piles
sollicitées seront de caractéristiques proches (hauteur et section). Dans le cas de piles trop raides, on recherche alors
la création d’une rotule plastique en pied de pile permettant de plafonner le moment de flexion dans cette section.
6. Emploi d’amortisseurs :
Enfin, pour des ouvrages exceptionnels, ou au comportement complexe, l’emploi d’appareils d’appui, peut être
associé à des dispositifs amortisseurs qui permettent de dissiper de l’énergie de manière importante et ainsi réduire
les déplacements et efforts dans la structure.
Le choix des appareils d’appui influe essentiellement sur la répartition des efforts sismiques transversaux entre les piles
et les culées. Par exemple, la mise en place d’appareils d’appui en élastomère fretté sur piles et mono-directionnels sur
culées (avec blocage transversal) permet de limiter les efforts sismiques transversaux sur les piles. Lorsque l’ouvrage
repose sur des culées enterrées ou remblayées de hauteur courante, les efforts induits par le blocage transversal sur
culées sont repris facilement sans surcoût notable.
Pour la plupart des ouvrages courants (situés à moins de 15 mètres du sol), l’utilisation d’un coefficient de comportement
n’est ni nécessaire ni possible car les piles sont rigides. En effet, celles-ci sont souvent constituées de voiles ou de
poteaux dimensionnés par la résistance au choc de véhicule. La prise en compte d’un coefficient de comportement
conduirait à des appuis trop fins vis-à-vis du risque de choc en service et trop déplaçables sous séisme.
Pour les ouvrages non courants, il est en général nécessaire d’avoir recourt au coefficient de comportement. Ce choix
est possible lorsque les piles sont suffisamment élancées et donc relativement souples. De plus, il est en général
nécessaire de recourir à des butées transversales pour prévenir tout risque d’échappement d’appui du tablier.
1. En règle générale, il est conseillé de maîtriser le débattement transversal de l’ouvrage au droit des culées :
Cette solution est la plus simple et fonctionne bien dans la plus part des cas. Ce blocage peut être obtenu par lamise
en place d’appareils d’appui mono-directionnels ou par la mise en place d’appareils d’appui en élastomère fretté
complétés par des butées de blocage.
Ce blocage permet également d’éviter les désordres les plus fréquemment observés sous petits séismes, à savoir,
la détérioration de certains équipements (dispositifs de retenue, joints de chaussées, étanchéité, canalisations
diverses, ...). Lorsque le tablier supporte des canalisations transportant des produits dangereux ou inflammables
(conduite de gaz par exemple), le blocage transversal du tablier sur les culées est indispensable pour éviter
le cisaillement de ces conduites.
En ce qui concerne les ponts-rails, la sécurité de circulation des trains (éviter le déraillement) impose le blocage (si
possible) du tablier sur toutes les culées, ainsi que les piles au droit desquelles il y a des joints de rail.
Nota : ( 1) Lorsque les culées sont fondées en zone de fort remblai, ou lorsque la réalisation de semelle de fondation
large est impossible, du fait, par exemple, du pendage en zone montagneuse, il peut être plus judicieux de
répartir les poussées transversales sur l’ensemble des appuis, en prévoyant un système d’appui transversal
homogène sur les piles et les culées ;
(2) La différence entre des butées de blocage et de sécurité réside dans le fait que les premières assurent
un blocage latéral quasi instantané du tablier sur ses appuis en cas de séisme tandis que les secondes
n’interviennent qu’en « deuxième rideau » en fin de course des appareils d’appui. La description plus détaillée
de ses dispositions et leurs principes de dimensionnement font l’objet du chapitre 5, §5.6.
6.2 - Comportement d’un tablier de pont reposant sur des appareils d’appui en élastomère fretté sous séisme
longitudinal
Sous l’effet du séisme longitudinal, une approche très simplifiée, mais assez réaliste, du comportement du tablier consiste
à le considérer comme une masse indéformable reliée au sol par un ressort qui modélise les appuis.
Cette démarche permet d’apprécier l’ordre de grandeur des dimensions des appareils d’appui en élastomère fretté,
la période fondamentale de vibration de l’ouvrage, son déplacement horizontal maximal et les efforts horizontaux
mis en jeu.
Les appareils d’appui en élastomère fretté sont généralement dimensionnés par la vérification de la condition de
distorsion. Il convient donc de retenir les appareils d’appui en élastomère fretté les plus déformables et donc les plus
épais possibles, compte tenu de leurs dimensions en plan.
On considérera dans cette approche sommaire que la distorsion maximale des appareils d’appui vaut 2
[Chapitre 4 - 4.3.4.1]. Dans cette analyse, la souplesse des piles est négligée.
6.3 - Comportement d’un tablier de pont reposant sur des appareils d’appui fixes sous séisme longitudinal
Pour la plupart des ouvrages courants, les piles sont de faibles hauteurs (hauteur ~ de 5 à 7 mètres), ce qui conduit
à des périodes d’oscillation faibles. On se trouve en conséquence généralement sur le plateau (ou au voisinage) du
spectre de réponse.
La démarche proposée ici pour les ouvrages courants permet d’apprécier, en première approche, la période fondamentale
de vibration de l’ouvrage, son déplacement horizontal maximal et les efforts horizontaux mis en jeu.
Pour les ouvrages d’art non courants, des pistes de réflexion sont données car il est difficile de dégager un comportement
général du fait des particularités de chaque ouvrage.
6.4 - Critère de choix entre appareil d’appui fixe / appareil d’appui en élastomère fretté
Dans le cas de structures courantes reposant sur des appareils d’appui en élastomère fretté, la souplesse apportée
par les appareils d’appui couplée à la masse relativement modeste du tablier placent généralement l’ouvrage dans
une gamme de périodes plutôt favorable. En général, la période fondamentale se situe dans la zone médiane indiquée
sur la figure 36.
Figure 36 : Influence de la souplesse des appareils d’appui sur la réponse spectrale en fonction du site et de la zone sismique (gI=1, x=5 %)
Comme le coefficient de sol règne sur tout le spectre, la solution sur appareils d’appui en élastomère fretté
reste pertinente quel que soit la classe du sol (ce qui n’était pas le cas avec les spectres PS92).
En effet, les appareils d’appui en élastomère permettent de réduire quasiment par deux les accélérations. Par contre,
cela s’accompagne de déplacements importants, notamment pour la classe de sol D (jusqu’à quelques dizaines de
centimètres). Dans ce cas, un blocage du tablier sur un ou plusieurs appuis peut être pertinent.
6.4.1.1 - Exemple
Nous évaluons les forces et déplacements obtenus suivant les deux conceptions proposées pour un pont-dalle, ouvrage
courant particulièrement représentatif du parc français (cf. figure 37 et tableau 3) :
Ce pont-dalle est un ouvrage à trois travées (9,72 m /16,2 m /9,72 m), d’une masse de 800 t avec 16 appareils
d’appui. Les fûts de pile sont constitués de deux voiles indépendants de 80 centimètres d’épaisseur, de 2,5 mètres de
largeur et de 5,5 mètres de hauteur.
Zone modérée Zone moyenne Zone modérée Zone moyenne Zone modérée Zone moyenne
Classe de sol A Classe de sol D Classe de sol A Classe de sol D Classe de sol A Classe de sol D
Période
fondamentale 0,67 s (calcul en inertie brute) 0,33 s (calcul en inertie brute) 0,46 s (calcul en inertie fissurée)
longitudinale
Déplacement
+/- 1,1 cm +/- 7,8 cm +/- 0,5 cm +/- 2,1 cm +/- 0,8 cm +/- 5,8 cm
longitudinal
Efforts
0,79 MN 5,50 MN 1,60 MN 6,14 MN 0,38 MN 2,05 MN
horizontaux
Efforts
horizontaux
0,20 MN 1,38 MN 0,8 MN 3,07 MN 0,19 MN 1,02 MN
par ligne
d’appui
Tableau 3 : Evaluations des forces et déplacements d’un pont dalle pour différents niveaux de séisme et pour différentes conceptions
Nota : L e choix définitif doit bien sûr prendre en compte les sujétions qu’imposent les dispositions constructives
aux niveaux des rotules plastiques.
Dans le cas de structures non courantes reposant sur des appareils d’appui en élastomère fretté, la souplesse apportée
par les appareils d’appui couplée à la masse élevée du tablier, et une souplesse structurelle généralement plus marquée
que dans le cas des ouvrages courants, placent l’ouvrage dans une gamme de périodes élevée, favorable du point de
vue de la réduction des efforts mais pouvant engendrer des déplacements importants. La période fondamentale se
situe alors dans la plupart des cas dans la partie descendante du spectre, comme indiqué sur la figure 38.
L’optimisation du choix des appareils d’appui (nombre et dimensions) ou l’adoption d’une solution consistant à bloquer
le tablier sur une ou plusieurs piles servant d’appuis fixes doit permettre de trouver un juste milieu entre la réduction
des déplacements et des efforts transmis aux piles. Le cas échéant, le recours à des dispositifs amortisseurs peut
s’avérer pertinent.
7.1.1 - En longitudinal
Selon le type de liaisons avec le tablier, on peut faire les constats généraux suivants :
7.1.2 - En transversal
Pour les ouvrages courants, la conception habituelle de piles rigides transversalement ne pose pas de problème car
elles sont capables de supporter les actions sismiques sans trop de difficultés. On pourra donc conserver les dimensions
usuelles des piles et dimensionner le ferraillage en conséquence.
Dans le cas d’une conception ductile, les piles sont généralement utilisées comme source volontaire de dissipation
d’énergie hystérétique. Les zones plus spécifiquement visées (appelées rotules plastiques potentielles) doivent faire
l’objet de dispositions constructives très spécifiques tandis que les autres régions de la structure de l’ouvrage doivent
faire l’objet d’un surdimensionnement (appelé dimensionnement en capacité) par rapport aux efforts de plastification
de ces zones [Chapitre 5 - 2].
Il convient, dans toute la mesure du possible, que l’emplacement des rotules plastiques potentielles soit accessible
pour une visite d’inspection, pour le contrôle et les éventuelles réparations post-sismiques [EC8-2 6.5.1(3)]. Le terme
« accessible », au sens de l’Eurocoe 8-2, signifie « accessible même avec une difficulté raisonnable ». Le pied d’une
pile-fondation située dans un remblai, même à une profondeur importante, est considéré comme « accessible ». En
revanche, il convient de ne pas considérer « accessible » le pied d’une pile-fondation immergée en eau profonde ou
les têtes des pieux situées sous un couronnement de grandes dimensions [EC8-2 4.1.6(6)Note].
En général, la prise en compte du risque sismique ne modifie pas la géométrie des piles. Seules les piles creuses
conçues pour un comportement ductile doivent respecter le ratio e>b/8 (avec b la plus grande dimension intérieure
de la section) dans les zones de rotule plastique potentielle (cf. figure 39).
Les culées à mur de front de forte hauteur (>10 m) doivent être évitées dans la mesure du possible en raison
des poussées horizontales des terres considérables susceptibles de se développer. On pourra envisager de rallonger
les travées de rive, si cela permet une diminution notable de la hauteur du remblai.
Les culées fondées superficiellement en tête de remblai sont a priori interdites, sauf justifications particulières
qui porteront notamment sur la stabilité au grand glissement en prenant en compte les actions sismiques.
7.3.1 - Généralités
Quel que soit le type de fondations retenues, elles devront faire l’objet de vérification de résistance aux efforts
sismiques et certaines dispositions constructives spécifiques liées à l’action sismique devront être mises en place.
On évitera de prévoir des fondations superficielles sur les classes de sols D, S 1 et S 2 (sols granulaires lâches ou sols
cohérents mous), pour lesquels des modifications des propriétés mécaniques sont susceptibles de se produire sous
l’action du séisme.
On aura alors recours, dans la mesure du raisonnable à l’échelle du coût des ouvrages, à des fondations profondes
ancrées dans des sols de bonne résistance mécanique (correspondants aux profils de sols de classe A, B ou C).
On prévoira dans la mesure du possible le gainage des pieux sur les premiers mètres. L’épaisseur des gaines devra
prendre en compte l’épaisseur sacrificielle vis-à-vis de la corrosion. Cette disposition permet d’assurer le confinement
des pieux dans la zone où ils sont le plus sollicités. Des dispositions constructives spécifiques aux séismes sont
également à prévoir.
Les pieux inclinés ne sont pas recommandés pour la transmission de charges latérales au sol. S’ils sont utilisés, il
convient de les dimensionner pour reprendre en toute sécurité les chargements sismiques axiaux ainsi que les moments
de flexion parasites induits par d’éventuels tassements post-sismiques. L’évaluation des amplitudes et de l’étendue
de ces tassements est du ressort de bureaux d’études spécialisés.
Contrairement aux pieux, les micropieux peuvent être inclinés sensiblement afin de pouvoir reprendre au mieux
les efforts horizontaux. En effet, leur souplesse leur permet de suivre les déformations du terrain.
8 - Dispositions constructives
Si les choix de conception générale objets des chapitres précédents (choix de structure, choix de système d’appui et
conception des appuis) revêtent bien évidemment un caractère tout à fait essentiel au bon comportement structurel des
ouvrages en cas de séisme, un autre paramètre est apparu tout aussi indispensable à la bonne tenue des constructions :
il s’agit des dispositions constructives [10].
Les retours d’expérience des tremblements de terre passés ont en effet clairement montré que les séismes destructeurs
avaient été révélateurs de points faibles liés à de mauvaises dispositions constructives, notamment relatives aux
armatures de béton armé : insuffisance des longueurs d’ancrage et de recouvrement des armatures longitudinales,
insuffisance des dispositions anti-flambement, manque de confinement des zones les plus sollicitées, insuffisance
des armatures d’effort tranchant…
Particulièrement fondamentale dans le cas d’une conception dite « ductile », la bonne application des dispositions
constructives parasismiques constitue l’hypothèse de base de tous les concepts théoriques à l’origine de cette
stratégie de conception : ductilité, rotules plastiques, comportement non-linéaire, plasticité, coefficients de
comportement, analyses en poussée progressive, dissipation d’énergie, hystérésis, amortissement structurel…
Plus généralement, les dispositions constructives visent à améliorer la ductilité structurelle et à supprimer tous
risques de ruptures fragiles dans la structure, particulièrement catastrophiques en termes d’intégrité structurelle
de l’ouvrage et de sécurité de ses usagers.
La description détaillée des dispositions constructives parasismiques telles que définies par l’Eurocode 8-2, pour
une conception ductile ou à ductilité limitée, fait l’objet du chapitre 6.
Analyse sismique
1 - Préambule : choix d’une stratégie de conception parasismique et méthodes
d’analyse associées
1.1 - Comportement élastique ou comportement ductile
Comme cela a été explicité précédemment au chapitre 3, §3, l’Eurocode 8-2 introduit trois différentes stratégies de
conception possible pour la protection parasismique des ouvrages : ductilité limitée (essentiellement élastique), ductile
ou basée sur des dispositifs isolateurs et amortisseurs. En ce qui concerne les deux premières (les plus couramment
employées), le choix de l’une ou l’autre impacte directement le domaine de comportement des matériaux constitutifs
de la structure (élastique pour la première, post-élastique ou élasto-plastique pour la seconde) et donc le choix des
hypothèses de modélisation.
Ainsi, en terme de représentation de l’aléa sismique dans le cas d’une analyse spectrale, les spectres à utiliser sont
le spectre de réponse élastique dans le cas d’un comportement élastique et le spectre de calcul directement divisé
par le coefficient de comportement q dans le cas d’un comportement ductile régulier - Approche introduite pour
la 1ère fois dans le cadre de l’Eurocode 8 -.
De la même façon, en ce qui concerne la rigidité à la flexion des éléments de béton armé participant à la reprise des
actions sismiques (piles), celle-ci sera établie sur la base :
• des inerties brutes non-fissurées dans le cas d’une conception en ductilité limitée (calcul en inertie fissurée sécante
à la limite élastique également autorisé dans la norme) ;
• des inerties sécantes (section fissurée équivalente) dans le cas d’une conception ductile et d’une analyse linéaire
équivalente basée sur l’utilisation d’un coefficient de comportement q>1 - Approche introduite pour la 1ère fois
dans le cadre de l’Eurocode 8 - ;
• d’une modélisation complète du comportement élasto-plastique des sections dans le cas d’une conception ductile
et d’une analyse non-linéaire de type push-over (poussée progressive) ou dynamique temporelle - Approche
introduite pour la 1 ère fois dans le cadre de l’Eurocode 8 -.
En pratique, l’application de cette méthode simplifiée d’analyse non-linéaire par calcul linéaire équivalent nécessite
que les rotules plastiques se forment presque simultanément et de manière homogène dans un nombre maximal de
piles. Cette méthode est par conséquent soumise à la vérification d’un critère de régularité structurelle vis-à-vis du
niveau de ductilité appelée dans les différents appuis qui participent à la reprise des efforts sismiques.
Analyse sismique 63
En pratique, ce critère de régularité se traduit par l’équation ci-dessous - Approche introduite pour la 1 ère fois dans
le cadre de l’Eurocode 8 - [EC8-2 4.1.8] :
où pour chaque élément ductile (piles) i, ri représente le niveau de ductilité appelée exprimé comme le rapport du
moment élastique sollicitant sur le moment résistant :
avec :
MEd,i : valeur maximale du moment de calcul sollicitant (déduit du spectre de calcul divisé par q) à l’emplacement
de la rotule plastique prévue de l’élément ductile i, déduit de l’analyse relative à la situation sismique de calcul
(q. MEd,i = moment élastique sollicitant),
M Rd,i : moment résistant plastique de la section calculé avec l’effort normal concomitant de la situation sismique
de calcul,
rmin : valeur minimale de ri ,
r max : valeur maximale de ri ,
ro : valeur limite choisie de manière à s’assurer que la plastification séquentielle des éléments ductiles n’entraîne
pas des demandes en ductilité excessivement élevées pour un élément. L’annexe nationale de l’Eurocode 8-2
fixe la valeur de ce coefficient à 1,5 (plus faible que la valeur recommandée, égale à 2).
Nota : Un ou plusieurs éléments ductiles peuvent être exonérés du calcul susmentionné de rmin et rmax, si leur
contribution cumulée à la reprise de l’effort tranchant n’excède pas 20 % de l’effort tranchant sismique total
dans la direction horizontale considérée. Ce sera le cas par exemple :
• de certaines piles souples ;
• de certains appuis (piles ou culées) équipés d’appareils d’appui souples ou glissants ;
• des culées équipées d’un dispositif de blocage transversal (butées) dans le cas de ponts de grandes
longueurs et présentant un nombre conséquent d’appuis intermédiaires…
Le calcul du coefficient de comportement se fait direction par direction. Il est possible d’avoir un coefficient de
comportement différent selon les directions principales de l’ouvrage (longitudinale, transversale, verticale).
Dans chacune des directions horizontales, les valeurs maximales admissibles pour le coefficient q sont définies par
le tableau suivant [EC8-2 4.1.6]. On note que la valeur de base ci-dessus est corrigée pour tenir compte de l’effort
normal dans les appuis en béton armé. On définit l’effort normal réduit h k = N Ed/Ac.fck , où N Ed est l’effort normal dans
la situation sismique de calcul, A c est l’aire de la section de béton, et f ck valeur caractéristique de la résistance du béton.
Dans le cas des ponts ayant un comportement ductile régulier, on utilise les valeurs du tableau 4.
Dans le cas des ponts ayant un comportement ductile irrégulier dans la direction concernée, la plastification séquentielle
des éléments ductiles (piles) peut entraîner des écarts importants entre les résultats de l’analyse linéaire équivalente,
effectuée sur la base de l’hypothèse d’un coefficient de réduction des efforts sismiques global et unique pour tous
les appuis (coefficient de comportement q) et le comportement non-linéaire réel de la structure du pont. Ces écarts
sont principalement dus d’une part à la demande excessive de ductilité (ou déformation plastique) dans les rotules
se formant en premier, et d’autre part à la modification du schéma statique et de la distribution des efforts internes
dans la structure suite à l’apparition des premières rotules plastiques par rapport à celle prévue par l’analyse linéaire
équivalente.
Piles en acier :
Piles verticales en flexion 1,5 3,5
Béquilles inclinées fléchies 1,2 2,0 qr = 1
Piles avec contreventement normal 1,5 2,5
Piles avec contreventement excentré - 3,5
Pour a s ≥ 3
(2) A
vec les piles de forme rectangulaire, lorsque la zone de compression, sous l’action sismique dans la direction globale considérée,
est de forme triangulaire, il convient d’utiliser les valeurs minimales de as, correspondant aux deux côtés de la section.
(3) L e cas des structures bloquées comprend notamment les structures très raides dont la période propre est inférieure à 0,03 s
(notamment cadres et portiques avec connexion rigide entre tablier et piédroits, et culées encastrées dans un sol raide sur au
moins 80 % de leur surface latérale). Il s’applique également aux ouvrages de soutènement ainsi qu’aux culées des ouvrages
dont le tablier est suffisamment isolé de l’appui (tablier reposant sur des appareils d’appui en élastomère fretté par exemple)
pour que la culée puisse être dimensionnée indépendamment de la réponse globale de l’ouvrage.
Tableau 4 : Valeur du coefficient de comportement
Il est rappelé que l’emploi d’un coefficient de comportement est soumis à l’application des dispositions
constructives associées à un choix de comportement ductile telles que définie au chapitre 6 du présent guide.
De plus les zones de rotules plastiques doivent être accessibles au contrôle et à la réparation (dans le cas contraire,
les valeurs du tableau doivent être multipliées par 0,6, q restant supérieur à 1,0).
Lorsque plusieurs sortes d’éléments ductiles participent à la reprise des efforts sismiques dans une direction donnée,
l’Eurocode 8-2 précise que c’est la valeur du coefficient q des éléments qui participent le plus à la résistance au séisme
qui doit être utilisée. Ceci conduit par exemple dans le cas de culées équipées de butées transversales à retenir dans
cette direction le coefficient de comportement relatif aux piles dans le cas de ponts de grande longueur présentant un
nombre important d’appuis intermédiaires, et celui relatif aux culées dans le cas de ponts de faible longueur présentant
un faible nombre d’appuis intermédiaires.
Si la résistance des piles à l’ELS suffit à assurer la reprise des efforts au séisme, on conserve un coefficient de
comportement q=1 qui traduit le fait qu’aucune incursion dans le domaine plastique des matériaux n’est susceptible
de se produire.
De la même façon, l’emploi des dispositifs d’isolation sismique (y compris les appareils d’appui en élastomère fretté
classiques), qui se traduit par une souplesse importante de l’interface entre le tablier et les appuis, entraîne dans la
grande majorité des cas un comportement pratiquement élastique du système [EC8-2 4.1.6(11)P, 7.3.2(P), 7.5.1(3) et
7.6.3(2)]. Pour cette raison, le groupe reflet national de l’Eurocode 8-2 a proposé à la Commission de Normalisation
Parasismique (CN/PS), que dans les cas usuels de ponts équipés d’appareils d’appui en élastomère fretté, avec
des piles rigides vis-à-vis des appareils d’appui et légères par rapport au tablier, la réponse sismique de l’ouvrage
soit évaluée dans l’hypothèse d’un comportement essentiellement élastique des piles (q=1), tout en adoptant
Analyse sismique 65
les dispositions constructives spécifiées pour la ductilité limitée (q≤1,5). Dans certains cas particuliers, notamment
des piles très souples (souplesse équivalente ou supérieure à celle des appareils d’appui qu’elles supportent) ou très
lourdes (associées à des modes propres particulièrement influents), il sera possible de déroger à ce principe en prenant
en compte un certain niveau de plastification des piles. Une telle approche sous-entend toutefois un comportement
structurel plus difficile à appréhender par le calcul et on aura dans ce cas recours à un expert. Elle nécessite en effet
d’évaluer précisément (par un calcul plus sophistiqué de type poussée progressive ou dynamique temporel par exemple)
la part de souplesse provenant des appareils d’appui d’une part et de l’assouplissement correspondant à la plastification
des piles lors du séisme d’autre part, ou encore de justifier l’adoption d’un coefficient de comportement différent pour
les modes de piles et les modes de tablier.
Le même principe d’adoption d’un coefficient de comportement de q=1 est fortement recommandé pour les piles
équipées de dispositifs parasismiques de type amortisseurs, dont le fonctionnement correct suppose que les appuis
qui les supportent présentent une rigidité relative importante et ne s’assouplissent pas au cours du séisme du fait de
potentielles plastifications.
Dans l’Eurocode 8-2, les valeurs des coefficients de comportement présentées dans le tableau ci-dessus sont définies
comme des valeurs maximales applicables. Dans le cas de la ductilité limitée et sauf prescription particulière imposant
q = 1 (voir ci-dessus), il est recommandé d’appliquer ces valeurs maximales. En effet, adopter q=1 s’avère en pratique
moins économique et ne garantit pas la même chronologie d’endommagement entre les éléments de structure par
le jeu des coefficients de surdimensionnent (effort tranchant et fondations notamment dimensionnés pour les efforts
de calcul mutipliés par q).
Nota : L es valeurs du coefficient de comportement q définies dans le tableau ci-dessus ont été calibrées sur la base
d’une hypothèse de fondations supposées parfaitement encastrées et infiniment rigides. Elles traduisent
donc la ductilité essentiellement « structurelle » de l’ouvrage, soit selon l’hypothèse d’iso-déplacement
décrite au chapitre 2, §2.4.1 :
où d y et dp sont respectivement les parts élastique et plastique du déplacement total dtot représentant la
flexion de la pile seule.
Si on tient compte désormais de la souplesse des fondations, induisant le déplacement élastique total en
tête de pile dy’=dy+df, l’équation précédente devient :
En toute rigueur, il conviendrait donc, lorsque la part du déplacement en tête de pile amené par la souplesse
des fondations n’est pas négligeable, de considérer un coefficient de comportement réduit q’, tel que :
où dy’/dy est le rapport du déplacement élastique total en tête de pile (y compris prise en compte de la
souplesse des fondations) sur le déplacement en tête de pile calculé en supposant la fondation parfaitement
encastrée et infiniment rigide.
Ces dispositifs nécessitent généralement de représenter l’aléa sismique dans sa forme la plus naturelle (accélérogrammes
représentant les mouvements du sol en fonction du temps) et procéder en une analyse temporelle dynamique non-
linéaire directe (intégration numérique de l’équation différentielle dynamique non-linéaire du mouvement par pas
de temps).
Il est néanmoins possible sous certaines conditions de procéder à une analyse linéaire équivalente sur la base d’un
calcul spectral tel que décrit au chapitre 4, §6.4.2.1 du - Approche introduite pour la 1ère fois dans le cadre de
l’Eurocode 8 -.
1.4 - Influence de la prépondérance du 1er mode de vibration sur le choix de la méthode d’analyse
Outre le choix de la stratégie de conception parasismique (ou comportement sismique visé) et le niveau de régularité
structurelle de l’ouvrage vis-à-vis de la ductilité appelée, l’autre paramètre orientant l’utilisation de telle ou telle
méthode ou moyen d’analyse réside dans la prépondérance de la contribution du 1 er mode de vibration (ou mode
fondamental) à la réponse dynamique globale de la structure.
Ainsi, les ouvrages dont la géométrie vérifie certains critères de régularité et pour lesquels la masse modale du
1 er mode de vibration représente plus de 70 % de la masse totale vibrante de la structure pourront généralement être
calculés à l’aide de méthodes simplifiées relativement accessibles, dites méthodes d’analyse monomodale. Notons
également que dans le cas de calculs non-linéaires, la méthode simplifiée d’analyse statique non-linéaire en poussée
progressive (push-over) reste adaptée à ce type de configuration. Comme le critère de régularité vis-à-vis de la ductilité
appelée, la prépondérance du 1er mode de vibration est à envisager direction par direction.
Ce critère de régularité est quasi-systématiquement vérifié dans la direction longitudinale. Dans la direction transversale,
le mode fondamental d’un ouvrage régulier (cf. figure 40) est un balancement latéral de l’ouvrage. Un pont sera dit
régulier s’il est symétrique, si son balancement n’est pas gêné par une pile courte ou raide (contrairement au pont de
la figure 41) et si le tablier, sous ce balancement, présente une courbure régulière sans point d’inflexion (contrairement
au pont de la figure 42).
Figure 42 : Exemple de pont irrégulier (vue en élévation) : piles latérales trop raides
Analyse sismique 67
Nota : il est souvent possible de rendre un pont régulier en relaxant un ou plusieurs blocages sur pile. Dans le cas
du pont de la figure 41, il conviendrait d’« a ssouplir » l’appui central voire de supprimer toute rigidité
transversale au droit de cet appui. Pour ce faire, on peut remplacer le blocage transversal du tablier sur
la pile courte par un appareil d’appui libre transversalement, et mettre en place une butée transversale de
sécurité pour empêcher l’échappement d’appui.
1.5 - Synthèse
Le tableau 5 récapitule, en fonction de la stratégie de conception parasismique retenue (ou comportement sismique
visé) et du niveau de régularité de la structure vis-à-vis à la fois de l’appel en ductilité et de la prépondérance du
mode fondamental, les différentes méthodes disponibles et outils nécessaires à l’analyse du comportement sismique
de l’ouvrage. Pour chaque méthode d’analyse identifiée, les paragraphes concernés du présent guide sont indiqués.
Notons par ailleurs que le choix de la stratégie de conception a une incidence directe sur le choix de représentation de
l’aléa sismique (spectre de réponse, de calcul ou accélérogramme) ainsi que sur la façon de modéliser la raideur des
éléments participant à la reprise des efforts sismiques (raideur calculée sur la base de l’inertie brute, raideur fissurée
ou raideur équivalente après plastification ). Ces éléments constituent des hypothèses de base du calcul sismique et
doivent donc être intégrées très tôt dans l’analyse et pour chacune des directions de séisme étudiées (longitudinale,
transversale et verticale).
Rappelons enfin que le choix de l’une ou l’autre des stratégies de conception parasismique conduit à des différences
notables en termes de coûts, de performance, de mesures de maintenance et d’éventuelles réparations post-sismiques.
Il doit donc être effectué en coordination avec la Maîtrise d’Ouvrage.
Calcul élastique
Spectrale
Oui statique
monomodale
linéaire
Régulière Spectre de calcul Inerties fissurées Chapitre 4 - 5.8
Spectrale Calcul élastique
Non
multimodale modal linéaire
Ductile
Calcul élastique
(q > 1,5) Poussée Spectre en
Oui statique non- Chapitre 4 - 6.3
progressive(2) déplacement
Courbes de linéaire
Irrégulière comportement Intégration
Dynamique élasto-plastiques dynamique
Non Accélérogramme Chapitre 4 - 6.5
temporelle (3) temporelle
non-linéaire (3)
Dynamique
Oui Courbes de Intégration
temporelle (4)
Accélérogramme comportement dynamique
Amortisseurs X Chapitre 4 - 6.4
(4)
élasto-plastiques temporelle
Dynamique ou visco-élastique non-linéaire (4)
Non
temporelle
(1) L’Eurocode 8-2 prévoit également dans ce cas la possibilité de réaliser le calcul sur la base des inerties fissurées des sections de béton
armé. En pratique, cette possibilité conduit à une complexification du modèle d’analyse
(2) Il est également possible dans ce cas d’adopter un coefficient de comportement q réduit avec une analyse spectrale monomodale
[Chapitre 4 - 1.2.2]. A noter que dans le cas des méthodes en poussée progressive, la non-linéarité est généralement prise en compte
en considérant une succession de comportements linéaires résultant de l’introduction de rotules successives dans le modèle et
nécessite donc uniquement des moyens de calcul linéaires.
(3) Il est possible en théorie d’appliquer également des méthodes en poussée progressive « push-over » multimodales disponibles dans
la littérature, mais plus complexes à mettre en œuvre en pratique [Chapitre 4 - 6.3].
(4) Dans le cas où il est fait usage d’amortisseurs, les méthodes spectrales sur la base de caractéristiques linéaires équivalentes (raideur
sécante et coefficient d’amortissement critique équivalents) peuvent être utilisées si l’amortissement global reste limité (≤30 %) et si
le comportement global de la structure et suffisamment régulier [Chapitre 4 - 6.4.2.1].
Plutôt que de définir le mouvement du sol proprement dit, les règlements définissent l’effet de ces mouvements sur
des structures élémentaires que sont des oscillateurs simples. Les mouvements du sol excitant la base d’un ouvrage
assimilé à un oscillateur simple sont plus ou moins amplifiés dans la structure selon que la fréquence propre d’oscillation
Analyse sismique 69
de celle-ci est proche ou non des fréquences prédominantes du mouvement sismique. Il s’agit du phénomène bien
connu de résonance d’un oscillateur.
L’amplification des ondes sismiques par les couches géologiques superficielles dépend étroitement de la nature du
sol sur lequel repose l’ouvrage. De manière simplificatrice, cela revient à dire que les couches superficielles de sol
fonctionnent comme un oscillateur excité à sa base par les déplacements du rocher sous-jacent : si le sol superficiel
possède des caractéristiques mécaniques faibles ou s’il est de grande épaisseur, il amplifiera le signal, tandis que si ses
caractéristiques mécaniques sont élevées ou si le rocher est affleurant, les sollicitations sismiques seront généralement
moins fortes (pas d’amplification par rapport au spectre de référence au rocher).
Le Décret n° 2010-1255 du 22 octobre 2010 portant délimitation des zones de sismicité du territoire français définit le
nouveau zonage sismique national (cf. figure 43), tandis que l’Arrêté du 26 octobre 2011 relatif à la classification et
aux règles de construction parasismique applicables aux ponts de la catégorie dites « à risque normal », fixe les valeurs
de l’accélération horizontale maximale de référence au rocher, agr à prendre en compte dans le calcul pour chacune
des zones de sismicité 2 à 5 [Chapitre 1 - 2.2], la prise en compte de l’aléa sismique n’étant pas requise en zone 1
selon ce même Arrêté. Le tableau 6 donne les accélérations horizontales maximales de référence en m/s 2 en fonction
des zones sismiques :
Zones de sismicité a gr
2 (faible) 0,7
3 (modérée) 1,1
4 (moyenne) 1,6
5 (forte) 3,0
Tableau 6 : Accélérations horizontales maximales de référence en m/s²
Ces niveaux d’accélération sont à considérer vis-à-vis de la vérification de l’exigence de non-effondrement (état-limite
ultime) telle que définie à l’artcle 2.2.2 de l’Eurocode 8-2.
Vis-à-vis du critère de limitation des dommages (séisme ELS), la valeur de l’accélération de référence à prendre en
compte est laissée à l’appréciation du maître d’ouvrage, cette vérification n’étant pas explicitement requise par
l’Eurocode 8-2 qui considère qu’elle est implicitement couverte par l’exigence de non-effondrement [EC8-2 2.3.1(1 P].
Une valeur (informative) de 0,4 a gr, conforme aux prescriptions de l’arrêté « bâtiments » (Arrêté du 22 octobre 2010
relatif à la classification et aux règles de construction parasismique applicables aux bâtiments de la classe dite
« à risque normal ») et au critère de justification des éléments structuraux non critiques tels que les joints de dilatation
du tablier et des murs en retour de culées [EC8-2 2.3.6.3(5)] pourra le cas échéant être adoptée, puis pondérée par
le coefficient d’importance gI, le coefficient de sol S et l’éventuel coefficient topographique ST (voir paragraphes suivants).
Analyse sismique 71
2.1.2 - Phase de construction
L’Annexe informative A de l’Eurocode 8-2 fournit des éléments pour la prise en compte du séisme en phase de
construction. En utilisant la relation entre la probabilité de dépassement et la période de retour (cf. nota ci-dessous),
et en remplaçant la durée de vie de l’ouvrage par la durée de construction de l’ouvrage tc, (sachant que la durée de
construction est faible, < 5 ans), on obtient la relation simplifiée :
La valeur de calcul de l’accélération au niveau du sol agc correspondant à une période de retour TRc, dépend de la sismicité
de la région. Dans de nombreux cas, la relation suivante offre une approximation acceptable :
où agr est l’accélération maximale de référence du sol (supposée correspondre à la période de retour de référence
TNCR = 475 ans).
La valeur de l’exposant k dépend de la sismicité de la région. Des valeurs comprises entre 0,30 et 0,40 peuvent
normalement être utilisées.
Par exemple, pour une durée de construction de 2 ans, agc = 0,42.agr. (avec k = 0,35 et p=0,05)
A noter que si on conserve le même niveau de fiabilité que pour la phase de service (soit une probabilité de dépassement
p=0,19 pour une durée de vie théorique de 100 ans), l’accélération de référence à prendre en compte en phase de
construction d’une durée de 2 ans devient agc = 0,26 agr.
En phase de construction, l’Eurocode 8-2 recommande en outre de s’assurer de la robustesse de toutes les structures
partielles du pont indépendamment des actions sismiques de calcul. En pratique, ces considérations liées à la prise
en compte du séisme lors des phases de construction peuvent s’avérer extrêmement contraignantes compte tenu de
l’irrégularité de la structure lors de ces phases. C’est pourquoi nous recommandons de limiter cette prise en compte
aux ouvrages dont la durée de construction est importante (> 2 ans) et situés en zones de sismicité moyenne ou forte
(zones 4 ou 5).
Dans l’Eurocode 8, l’action sismique de référence vis-à-vis de l’exigence de non-effondrement est définie
à partir de la notion de période de retour qui traduit de manière statistique (ou probabiliste) l’intervalle
de temps entre deux occurrences d’un événement naturel d’une intensité donnée. La valeur recommandée
dans l’Eurocode 8 pour la période de retour de référence, notée TNCR, est de 475 ans, ce qui correspond à
un évènement sismique dont la probabilité de dépassement PNCR est comprise entre 0,10 et 0,19 pour une
durée de vie théorique de l’ouvrage comprise entre 50 et 100 ans respectivement.
Cette approche probabiliste ayant conduit à la définition des exigences fondamentales de l’Eurocode 8-2,
se traduit également par un ajustement du niveau de l’accélération de calcul (et de la période de retour
associée) en fonction des enjeux associés à l’ouvrage, ou catégories d’importance.
L’intensité sismique nominale à considérer dans le dimensionnement des ouvrages doit résulter d’un compromis entre
le coût de sa protection, l’intérêt que l’on attache à sa conservation et la probabilité pour qu’il subisse une secousse
d’intensité égale ou supérieure à l’intensité envisagée. Le classement des ouvrages en différentes catégories dites
d’importance, traduit ces considérations.
La définition des quatre catégories d’importance applicables aux ponts, conformément l’Arrêté du 26 octobre 2011
relatif à la classification et aux règles de construction parasismique applicables aux ponts de la catégorie dites
« à risque normal », est détaillée au chapitre 1, §2.2.3. A noter que selon ce même arrêté, seuls les ponts correspondants
aux catégories II, III et IV sont soumis à l’application des règles de construction parasismique.
Dans l’Eurocode 8-1 ainsi que dans la législation parasismique française (décrets et arrêtés) [Chapitre 1 - 2.2],
l’accélération horizontale de calcul au rocher, a g, caractérise l’intensité sismique. On peut l’interpréter comme
l’accélération maximale au rocher au droit de l’ouvrage. Elle est donc égale à l’accélération maximale de référence,
agr, multiplié par le coefficient d’importance gI :
Dans l’Eurocode 8-2, l’action sismique de calcul, AEd, est exprimée en fonction de l’action sismique de référence, AEk,
et du coefficient d’importance g I :
A Ed = g I AEk
Ces notations sont cohérentes et expriment alternativement l’accélération sismique ou action sismique au sens plus large.
Rappelons également que l’accélération verticale maximale de référence avg au rocher est définie en m/s2 en fonction
des zones sismiques par les relations suivantes [Chapitre 1 - 2.2] :
• zones 2 à 4 (sismicité faible à moyenne) : avg= 0,90 ag ;
• zone 5 (sismicité forte) : avg= 0,80 ag.
Analyse sismique 73
Paramètres
sols
Dépôts de sols sans cohésion de <1 < 8 MPa <5
granulaires
densité faible à moyenne (avec ou
D sans couches cohérentes molles) < 180 < 15 <70
ou comprenant en majorité des
sols cohérents mous à fermes. sols
< 0,5 < 5 MPa < 1,5
cohérents
* Valeurs indicatives
expression dans laquelle hi et vi désignent respectivement l’épaisseur (en mètre) et la célérité des ondes de cisaillement
(en m/s à un niveau de distorsion de l’ordre de 10 -5) de la i ème formation ou couche, sur un total de N couches présentes
sur les 30 m supérieurs du massif.
La détermination de la classe de sol nécessite de connaître les conditions géologiques et géotechniques régnant au droit
de l’ouvrage sur des profondeurs importantes. A cette fin, les données recueillies in situ peuvent être intégrées avec
les données concernant des zones adjacentes ayant des caractéristiques géologiques similaires (recours par exemple
aux banques de données du sous-sol pour rechercher des sondages profonds). Il convient de prendre en compte
des cartes ou critères existants de micro-zonage sismique, à condition qu’ils soient étayés par des reconnaissances
complémentaires sur le site de la construction. Les reconnaissances sur l’ouvrage comprendront donc a minima un
sondage profond permettant de déterminer la classe de sol.
Pour le niveau de reconnaissance de type A, la classe de sol est choisie en fonction d’un ou plusieurs des paramètres
donnés à titre indicatif dans le tableau 8 :
• NSPT (coups/30 cm) : nombre de coups nécessaires pour un enfoncement de 30 cm du carottier battu dans l’essai SPT
[NF EN ISO 22476-3/A1], essais in-situ peu usités en France ;
• c u : cohésion non drainée déterminée à partir d’essais de laboratoire sur échantillons prélevés (essais à l’appareil
triaxial de révolution UU selon la norme NF P 94-074), d’essais scissométriques en place [NF P 94-112], ou à défaut
à partir de corrélation avec des essais in situ (résistance de pointe notamment) ;
• p l et EM, respectivement pression limite et module pressiométrique déterminés par essais pressiométriques Ménard
[NF P 94-110-1].
Pour le niveau de reconnaissance de type B, il est possible d’estimer le profil de v s par des corrélations empiriques avec
diverses propriétés géotechniques, notamment la résistance de pointe mesurée lors de l’essai de pénétration statique
ou le module pressiométrique, en tenant compte de la dispersion de telles corrélations et sur la base d’expérience
portant sur des sites similaires. Des prélèvements d’échantillons de sol pour description et pour essais d’identification
en laboratoire sont indispensables à toute analyse.
Pour le niveau de reconnaissance de type C, il convient d’inclure dans le programme de reconnaissance des méthodes
de mesures de vs telles que :
• les techniques invasives en forage (essais cross-hole, down-hole ou piézocône sismique) ;
• en complément ou à défaut, les techniques non-invasives (dispositifs en surface), sismique réfraction d’ondes S,
SASW (Single channel analysis of surface waves), MASW (Multi-channel analysis of surface waves), bruit de fond
(réseau ou ponctuels). Ces techniques doivent être confiées à des équipes compétentes (pouvant justifier d’une
expérience dans les phases d’inversion pour les méthodes concernées) et associées à des forages de reconnaissance
afin de contraindre le modèle géotechnique ;
• les mesures en laboratoire sur des échantillons de sol soigneusement prélevés (essai à la colonne résonante ou
essais à l’appareil triaxial de révolution), qui constituent des mesures ponctuelles complémentaires aux techniques
précédentes et permettent la mesure de l’amortissement et des non-linéarités des paramètres mécaniques des sols
(dépendance de certains paramètres comme le module avec le niveau de déformation).
Le niveau de reconnaissance doit être dans la mesure du possible fixé au marché des reconnaissances. Le niveau de
reconnaissance de type C peut s’avérer d’un coût élevé à l’échelle de certains ouvrages.
Analyse sismique 75
Le tableau suivant donne des éléments de choix en fonction de la catégorie d’importance de l’ouvrage et de la zone
de sismicité (cf. tableau 9) :
* La mesure in-situ du profil de vs par des méthodes géophysiques de forage est imposée dans le cas de classe de sol D
Tableau 9 : Choix du niveau de reconnaissance en fonction de la zone de sismicité et de la catégorie d’importance de l’ouvrage
En règle générale, l’amélioration des sols (plus particulièrement l’ensemble des techniques conduisant à inclure des
éléments verticaux dans le sol afin d’en améliorer la tenue sous l’effet d’une charge statique ou dynamique apportée
par un ouvrage) n’est pas de nature à modifier la classe de sol à considérer pour l’évaluation de l’action sismique
de calcul, à l’exception du traitement des sols liquéfiables (classe de sol S2). En effet, dans le mode horizontal avec
un procédé de renforcement par inclusions, la participation des éléments incorporés à la rigidité globale peut être
négligeable quand le taux de substitution est faible.
Pour les cas particuliers d’amélioration significative dans la masse par vibrocompactage et compactage dynamique,
une évolution des propriétés dynamiques des sols peut être considérée dans le dimensionnement sous réserve d’études
spécifiques par des bureaux d’études spécialisés et de contrôles in-situ.
En cas d’hésitation sur la classe de sols entre deux catégories, ou lorsque les différents appuis d’un pont sont fondés
sur des types de sol différents, on se placera dans la situation la plus défavorable [EC8-2 3.2.2.1 et 3.3(4)], ce qui peut
conduire par exemple à « déclasser » la classe A en classe B, la classe B en classe C, etc. (voir également §4.1.2 du
chapitre 3) ou à considérer l’enveloppe des spectres correspondant aux conditions de sol rencontrées sous les différents
appuis.
Un calcul en fourchette peut également être envisagé, pour évaluer l’influence de la classe de sol.
Nota : Cas particulier des ouvrages reposant sur des fondations profondes rigides sur un sol de classe E
Dans le cas d’un ouvrage fondé sur un sol de classe E et reposant sur des fondations profondes rigides
(ex : puits marocains de fort diamètre, pieux ou barrettes de grande section…) fichées dans le rocher
et telles que le mouvement sismique soit essentiellement transmis par la base, la prise en compte d’un
coefficient de sol correspondant à la classe E paraît à la fois trop sécuritaire et peu réaliste par rapport au
fonctionnement pressenti du système.
Dans ce cas, il paraît légitime de tenir compte du fait que l’action sismique est transmise majoritairement
par la base de la fondation en considérant non pas la classe de sol E correspondant au mouvement de surface
mais une classe de sol « supérieure » (A, B, C ou D). comme illustré par la figure ci-dessous dans le cas
d’une analyse simplifiée (monomodale) :
Se(t) : spectre de réponse élastique fonction de l’accélération de calcul et du paramètre de sol S différent au niveau
du substratum (classe A sur le schéma, S=1) et en surface (classe E sur le schéma, S = 1,8 en Métropole)
Sd(T) : accélération spectrale du spectre de calcul correspondant à la période fondamentale du pont (T)
dmax : Déplacement maximal du sol à la surface calculé selon le §5.6.2 du chapitre 4 (application du paramètre S
de la classe E dans l’exemple du schéma)
L’action sismique sur le tablier est modélisée de manière simplifiée sur le schéma par une force d’inertie
proportionnelle à la masse M du tablier (analyse monomodale) : F = M. Sd(T)
Le choix entre l’un ou l’autre des deux modèles proposés ci-dessus et le choix de la classe de sol « équivalente »
n’est pas trivial et pourra dans la pratique reposer sur le calcul des effets cinématiques de l’interaction sol-structure
tels que représentés sur la figure suivante :
L’approche simplifiée proposée ici consiste à appliquer la déformée du sol « en champ libre » aux extrémités
des ressorts horizontaux modélisant le sol de fondation autour de la fondation [Chapitre 4 - 5.6.2], et à analyser
le déplacement résultant au niveau de la fondation.
Analyse sismique 77
Dans le cas où le déplacement de la fondation induit par le sol est très inférieure (inférieure à une valeur limite
comprise entre 20 et 25 %) à celle de la colonne de sol « en champ libre », on pourra ainsi considérer que
l’essentiel des effets inertiels de la sollicitation sismique sont transmis par la base et adopter dans ce cas un spectre
correspondant à une classe de sol supérieure (A, B, C ou D).
Le choix de la classe pourra se baser sur la détermination d’un v s équivalent (v s_éq) à partir de la relation suivante,
issue de la proportionnalité entre dmax et 1/vs² établie au chapitre 4, §5.6.2 :
L’effet cinématique sera quant-à lui évalué en appliquant la déformation du sol en champ libre calculée avec
le coefficient de sol correspondant à la classe E à la fondation par l’intermédiaire de ressort [Chapitre 4 - 5.6.2].
Les spectres de réponse sont multipliés par le paramètre de sol S, caractérisant l’amplification de l’action sismique
dans les sols de mauvaise qualité (cf. tableau 10).
Pour les ouvrages situés sur ou à proximité de pentes (buttes et versants longs), de hauteur supérieure à 30 m et
d’inclinaison supérieure à 15° :
• versants et pentes isolées : ST ≥ 1,2 pour les sites situés à proximité de la crête ;
• butte dont la largeur en crête est notablement inférieure à la largeur à la base : à proximité de la crête, ST ≥1,4 si
l’angle d’inclinaison moyen de la pente est supérieure à 30°, S T ≥1,2 pour les angles inférieurs ;
• présence d’une couche lâche en surface : la valeur précédemment définie doit être majorée de 20 %.
Il est loisible de considérer une croissance linéaire de S T avec la hauteur depuis la base du versant (ou de la butte),
où ST est pris égal à 1.
Selon la méthode d’analyse employée, l’action sismique de calcul ne sera pas représentée sous la même forme.
Le tableau ci-dessous rappelle le ou les types de représentation de l’action sismique à utiliser en fonction de la méthode
d’analyse employée (cf. tableau 11).
avec :
La valeur du coefficient d’amortissement x intervenant dans la définition du spectre de réponse dépend du matériau
constitutif de l’élément de l’ouvrage qui participe de façon prépondérante à la reprise des sollicitations sismiques.
Les valeurs de x à utiliser en fonction des matériaux sont fournies au chapitre 4, §4.4.
Analyse sismique 79
Figure 44 : Spectres de réponse élastique horizontal pour les zones de sismicité 2 à 4 pour les classes de sol A à E (x = 5 %)
Figure 45 : Spectres de réponse élastique horizontal pour la zone de sismicité 5 pour les classes de sol A à E (x = 5 %)
Les valeurs de T B, T C, T D à prendre en compte pour l’évaluation des composantes du mouvement sismique, telles que
définies par l’Arrêté du 26 octobre 2011 relatif à la classification et aux règles de construction parasismique applicables
aux ponts de la catégorie dites « à risque normal » figurent dans le tableau 12.
avec :
Sve(T) : spectre de réponse élastique vertical ;
Figure 46 : Spectres de réponse élastique vertical pour les zones de sismicité 2 à 4 et 5 pour les classes de sol A,B,C,D et E (x = 5 %)
Les valeurs de TB, T C, T D à prendre en compte pour l’évaluation des composantes du mouvement sismique, telles que
défines par l’Arrêté du 26 octobre 2011 relatif à la classification et aux règles de construction parasismique applicables
aux ponts de la catégorie dites « à risque normal » figurent dans le tableau 13.
Zone de sismicité TB TC TD
2 (faible) à 4 (moyenne) 0,03 0,20 2,50
5 (forte) 0,15 0,40 2
Tableau 13 : Valeurs des périodes TB, TC et TD pour la composante verticale
Les spectres de calcul sont utilisés dans le cadre d’un dimensionnement ductile, où la structure doit résister à des efforts
plus faibles que lors d’une analyse élastique. Le comportement ductile des éléments est donc pris en compte, au travers
de ce spectre de calcul S d(T) (cf. figures 47 et 48), réduit par rapport au spectre de réponse élastique par la prise en
compte du coefficient de comportement, q.
Analyse sismique 81
2.5.2.2.1 - Spectre de calcul horizontal pour l’analyse élastique
L’évaluation des déplacements sismiques s’effectue en re-multipliant les déplacements issus de l’analyse sur la base
du spectre de calcul en accélération (divisé par q) par h(x) et par un coefficient md qui varie selon la gamme de période
considérée [EC8-2 2.3.6.1(6)P et (8)P] :
• Si T ≥ T0 = 1,25 TC, m d = q (hypothèse d’iso-déplacement) ;
• Si T < T0 = 1,25 TC, m d = (q-1).T0/T+1 ≤ 5q-4 (hypothèse d’iso-énergie).
Nota : Cas particulier des ouvrages reposant sur des fondations profondes rigides sur un sol de classe E
(1) On note que le coefficient de correction de l’amortissement h a disparu des expressions du spectre en
accélération. Il est en fait implicitement intégré dans le coefficient de comportement q ;
(2) Pour les périodes de vibration très faibles (T<0,033 s), il convient de supposer une valeur de q=1
conduisant à md =1 ;
(3) L’introduction du coefficient b conduit à définir un seuil « plancher » des efforts sismiques de
dimensionnement pour les grandes périodes propres de vibration. Dans le cas des structures très souples,
impactées par ce coefficient, les valeurs des déplacements calculées à partir de ce spectre majoré s’en
trouvent significativement surévaluées. Il convient dans ce cas de ramener les valeurs des déplacements
de calcul à celles définies à partir du spectre de réponse élastique [EC8-1 4.3.4] ou d’utiliser directement
les spectres en déplacement définis au chapitre 4, §2.5.3.
Figure 47 : Spectres de calcul pour les zones de sismicité 2 à 4 pour les classes de sol A à E (q=3)
Le coefficient de comportement q étant toujours à prendre égal à 1 pour l’analyse dans la direction verticale
[EC8-2 4.1.6(12)P] le spectre à utiliser est le spectre de réponse élastique défini précédemment au §2.5.2.1.2.
Figure 49 : Spectres de réponse élastique conseillés pour les zones de sismicité 2 à 4 pour les classes de sol A à E (x = 5 %)
Analyse sismique 83
Figure 50 : Spectres de réponse élastique conseillés pour la zone de sismicité 5 pour les classes de sol A à E (x =5 %)
Le spectre de réponse élastique en déplacement est obtenu par transformation directe du spectre de réponse élastique
en accélération du §2.5.2, en utilisant la relation :
(1)
Cette relation est valable pour des périodes n’excédant pas 4s.
Pour les structures ayant une période de vibration longue ( > 4s), le spectre défini précédemment est prolongé
comme suit, par une décroissance linéaire entre le plateau du spectre et le déplacement maximal au niveau du sol dg
[EC8-1 Annexe A] :
(2)
Les valeurs de a g, S, ST, TC, TD, h, sont définies précédemment, TE, et TF sont définis par le tableau 14
On peut également compléter les spectres de réponse élastique en accélération en transformant les relations (2) à
l’aide de la formule (1).
Le déplacement de calcul au niveau du sol est par ailleurs directement défini par la relation :
Les figures 51 à 54 présentent les spectres en déplacement ainsi que les spectres accélération/déplacement (obtenus
en égalisant les périodes propres entre les spectres en accélération et en déplacement) pour les différentes classes
de sol A à E. Ces spectres sont utilisés notamment pour l’analyse en poussée progressive (push-over).
Figure 52 : Spectres de réponse élastique en déplacement pour la zones de sismicité 5 pour les catégories de sol A à E
Figure 53 : Spectres de réponse élastique accélération/déplacement pour les zones 2 à 4 pour les catégories de sol A à E
Analyse sismique 85
Figure 54 : Spectres de réponse élastique accélération/déplacement pour la zone 5 pour les catégories de sol A à E
Nota : Cas des ponts implantés sur des communes faisant l’objet d’un PPR sismique
Dans le cas des communes pour lesquelles un Plan de Prévention des Risques sismiques (PPR sismique) a
été défini et approuvé, celui-ci peut réglementer sur le territoire concerné les projets de construction des
ponts nouveaux définitifs de la classe dite « à risque normal » au sens de l’Arrêté du 26 octobre 2011. Dans
ce cas, les spectres de réponse et leurs modalités d’application tels que définis par ce PPR sismique (spectres
issus d’études locales de microzonage) sont à substituer à ceux de l’Arrêté.
2.5.4 - Accélérogrammes
Le mouvement du sol peut également être représenté par des accélérogrammes qui traduisent l’accélération du sol
en fonction du temps. Il s’agit en fait d’une translation des appuis. Ces accélérogrammes peuvent être artificiels ou
naturels, les accélérogrammes naturels étant préférés. Ils doivent bien sûr correspondre aux caractéristiques du site
(type de sol, …).
Lorsqu’une analyse non linéaire temporelle est réalisée, au moins trois paires de composantes temporelles horizontales
de mouvement du sol doivent être utilisées. Il convient de choisir ces paires parmi des événements enregistrés dont
les amplitudes, les distances à la source et les mécanismes sont conformes à ceux qui définissent l’action sismique
de calcul [EC8-2 3.2.3(1)P]. Si l’analyse est menée pour au moins 7 paires indépendantes de mouvements du sol
horizontaux, les effets de l’action sismique sont à considérer comme la moyenne des réponses calculées pour chacune
de ces paires. Dans le cas contraire (entre 3 et 6 paires), il convient de considérer l’enveloppe des réponses calculées
[EC8-2 4.2.4.3].
Les accélérogrammes sont corrigés pour mettre l’action sismique de calcul en conformité avec le spectre de réponse
élastique correspondant pour un amortissement x de 5 % par une mise à l’échelle de l’amplitude des mouvements
de la manière suivante :
1. P
our chaque séisme constitué d’une paire de mouvements horizontaux, le spectre SRSS (Square Root of Square
Sum) doit être établi en prenant la racine carrée de la somme des carrés des spectres à 5 % d’amortissement de
chaque composante.
2. L e spectre de l’ensemble des séismes doit être formé en prenant la valeur moyenne des spectres SRSS des séismes
individuels de l’étape précédente.
3. L e spectre de l’ensemble des séismes doit être mis à l’échelle de sorte qu’il ne soit pas inférieur à 1,3 fois le spectre
de réponse élastique à 5 % d’amortissement de l’action sismique de calcul, dans l’intervalle de périodes comprises
entre 0,2T1 et 1,5T1, où T1 est la période naturelle du mode fondamental de la structure dans le cas d’un pont ductile,
ou la période effective (Teff) du système d’isolation dans le cas d’un pont avec isolation sismique [EC8-2 7.2].
Dans le cas des ponts de grande longueur (longueur dépassant Llim [Chapitre 4 - 3.4], ou dont les propriétés du sol
varient selon les appuis, il convient de prendre en compte la variabilité spatiale de l’action sismique. Cela se fait soit
par l’application d’accélérogrammes déphasés ou décorrélés sur les différents appuis [EC8-2 Annexe D], soit par le biais
de déplacements différentiels calculés séparément et cumulés aux effets inertiels de l’action sismique [EC8-2 3.3].
Le cas échéant, il convient d’ajouter la contribution du coefficient topographique dans la définition des accélérogrammes
[Chapitre 4 - 2.4].
Enfin, hormis dans les cas de structures trop irrégulières ou équipées de dispositifs parasismiques dont le comportement
est trop spécifique pour pouvoir être appréhendé correctement à partir de l’analyse spectrale, il convient de toujours
comparer les résultats issus d’un calcul dynamique temporel à ceux résultant d’une analyse spectrale standard
[EC8-2 4.2.4.1(2)P].
Lorsque le nombre requis de paires de mouvements du sol enregistrés appropriés n’est pas disponible, des enregistrements
modifiés ou des accélérogrammes artificiels peuvent être substitués aux mouvements enregistrés faisant défaut
[EC8-2 3.2.3(2)].
De nombreuses méthodes existent pour créer les accélérogrammes artificiels. Il s’agit d’un point délicat des analyses
temporelles. A noter que les accélérogrammes artificiels conduisent généralement à un surdimensionnement
des structures car, par construction, ils sont riches pour toutes les fréquences, ce qui n’est pas le cas des accélérogrammes
naturels enregistrés.
Il est rare de posséder des accélérogrammes réels d’une zone. On utilise donc généralement des accélérogrammes de
zones de caractéristiques proches (en termes de sol et d’origine du séisme notamment) qui sont calés sur l’accélération
du site.
3 - Combinaisons d’actions
3.1 - Directions principales de sollicitations et repère géométrique
Dans le cas des ponts droits, le système d’axe servant à la définition des directions d’application des actions sismiques
E1, E2 et E3 [Chapitre 4 - 3.2] est aligné sur les axes principaux de l’ouvrage :
• la direction longitudinale est ainsi portée par l’axe de l’ouvrage ;
• la direction transversale est perpendiculaire à cet axe ;
• la direction verticale correspond naturellement à l’orientation des charges gravitaires.
Les conventions adoptées seront communes dans toute la suite du guide et définies comme suit (cf. figure 55) :
• X-X : axe longitudinal (parallèle à l’axe de l’ouvrage) ;
• Y-Y : axe transversal (perpendiculaire à l’axe de l’ouvrage) ;
• Z-Z : axe vertical.
Analyse sismique 87
Figure 55 : Directions principales de sollicitations et repère géométrique adopté conventionnellement dans le guide (cas des ponts droits)
Dans le cas des ponts biais, le non-alignement des axes principaux d’inertie des appuis avec ceux du tablier conduit
à considérer deux systèmes d’axes distincts :
• un système d’axes principal (repère global) aligné sur l’axe du tablier, qui permet de définir les directions principales
de séisme E1, E2 et E3 telles que définies au chapitre 4, §3.2 :
-- X-X : axe longitudinal (parallèle à l’axe de l’ouvrage) ;
-- Y-Y : axe transversal (perpendiculaire à l’axe de l’ouvrage) ;
-- Z-Z : axe vertical.
• un système d’axes secondaire (repères locaux) aligné sur les axes principaux d’inertie des appuis (cf. figure 56) :
- - x-x : axe selon l’inertie longitudinale de l’appui ;
- - y-y : axe selon l’inertie transversale de l’appui ;
- - z-z : axe vertical.
Les sollicitations sismiques dans les différents appuis sont alors obtenues directement par projection sur les axes locaux
de chacun des appuis des actions sismiques globales obtenues pour chacune des combinaisons E1 ± 0.3 E2 ± 0.3 E3.
Figure 56 : Directions principales de sollicitations et repères géométriques globaux et locaux adoptés conventionnellement dans le guide
(cas des ponts biais)
Nota : U
ne autre approche, qui consiste à assimiler le système d’axe général au repère local des appuis est également
possible. Cette approche permet d’obtenir plus directement une meilleure approximation des premiers
modes de vibration « à la main » puisque les directions principales correspondent alors respectivement aux
directions « souples » et « raides » de la structure. Un moment de rotation d’axe vertical forfaitaire est alors
à introduire dans l’analyse conformément aux prescriptions du chapitre 4, §5.3.5.
Le cas des ponts courbes répond globalement aux mêmes principes de définition des repères géométriques globaux et
locaux pour la caractérisation des directions principales des actions sismiques et le calcul des sollicitations résultantes
sur les appuis, que celui des ponts biais décrit ci-dessus.
A la différence des ponts droits ou biais pour lesquels l’axe longitudinal est porté par l’axe de l’ouvrage, le système
d’axes principal X Y Z (repère global pour la définition des directions principales de séisme E1, E2 et E3 telles que définies
au chapitre 4, §3.2 est ici défini par rapport à la corde de l’ouvrage :
• X-X : axe longitudinal (parallèle à la corde de l’ouvrage) ;
• Y-Y : axe transversal (perpendiculaire à la corde de l’ouvrage) ;
• Z-Z : axe vertical.
Les systèmes d’axes locaux x y z sont définis par rapport aux axes d’inertie principaux des appuis selon le même
principe que dans le cas des ponts biais (cf. figure 57).
Figure 57 : Directions principales de sollicitations et repères géométriques globaux et locaux adoptés conventionnellement dans le guide
(cas des ponts courbes)
Dans le cas de configurations plus complexes (ponts à la fois courbes et biais, conditions d’appui différentes selon
les piles : encastrement, appui souple ou glissant…), une analyse au cas par cas visant à identifier les axes principaux
en fonction de la raideur relative des appuis, de leur participation à la reprise des efforts sismiques et de la configuration
de l’ouvrage est à privilégier.
Dans de telles configurations, des butées parasismiques sur certains appuis, associées à des dispositifs glissants sur
d’autres, pourront avantageusement être utilisées pour se ramener à des configurations simples et plus intuitives.
Les effets des différentes composantes du mouvement d’ensemble sont combinés de la manière suivante :
E = ± E1 ± 0,3 E2 ± 0,3 E3
Analyse sismique 89
Une autre approche est également possible [EC8-2 4.2.1.4(1)] qui consiste à considérer la racine carrée de la somme
des carrés de chaque direction :
E = (E 1² + E2² + E3²)1/2
Nota : P
our la vérification des fûts de piles et des culées, des simplifications sont admises dans certains cas de
figure. En particulier, pour ce qui est des ouvrages courants à biais modéré (angle de biais > 78 grades ou
70°) et lorsque les formes des piles sont simples, il est admissible de se limiter à des vérifications en flexion
composée selon les axes d’inertie principaux des fûts après projection sur ces axes des efforts obtenus sous
combinaisons sismiques E1 ± 0,3 E2 ± 0,3 E3 [Chapitre 5 - 4.2]. De même, pour une meilleure maîtrise des
phénomènes, notamment dans les cas d’utilisation de méthodes d’analyses avancées « en déplacement » (de
type poussée progressive ou dynamique temporelle), une analyse direction par direction peut être admise
sous réserve d’une prise en compte forfaitaire des déformations obtenues selon la direction concomitante
[Chapitre 5 - 3.1.2.1].
Dans les zones de sismicité faible ou modérée, les effets de la composante verticale du séisme sont à appliquer
uniquement pour :
• la justification des tabliers en béton précontraint sous l’effet de la composante verticale ascendante du séisme
(justification « à vide » sans surcharges de service) ;
• la vérification des appareils d’appui et des attelages sismiques.
Dans les zones de sismicité moyenne ou forte, il convient en plus de prendre en compte les effets de la composante
verticale du séisme dans le dimensionnement des piles, uniquement si celles-ci sont soumises à des contraintes de
flexion importantes dues aux actions permanentes verticales du tablier ou lorsque le pont se trouve à une distance
inférieure à 5 km d’une faille sismotectonique active - Restrictions introduites pour la 1ère fois dans le cadre de
l’Eurocode - [EC8-2 4.1.7].
Ces spécifications introduites dans l’Eurocode 8-2, relatives à la non prise en compte de la composante verticale de
l’action sismique dans certains cas de figure, nous paraissent relativement étendues et nous recommandons dans
le cadre du présent guide une approche plus sécuritaire consistant à interpréter le terme de « composante verticale »
comme « combinaison de séisme vertical (c’est-à-dire telle que E 1 = EV) ».
Les effets des déplacements différentiels entre les appuis sont souvent négligeables pour les ouvrages de faible
longueur. Pour les ouvrages de grande longueur, lorsqu’ils franchissent une faille active ou lorsque leurs appuis sont
fondés sur des sols très différents, ces déplacements différentiels (variabilité spatiale de l’action sismique) doivent
être pris en compte et leurs effets combinés à ceux de la vibration d’ensemble du sol, conformément aux prescriptions
du §3.4 ci-après.
avec
« + » : signifie « combiné à »
Ed : effets des actions en situation sismique de calcul
Gk : actions permanentes avec leurs valeurs caractéristiques
Pk : valeur caractéristique de précontrainte toutes pertes déduites
AEd: action sismique de calcul
Q1k : valeur nominale de la charge due au trafic
Y 21 : coefficient de combinaison correspondant aux valeurs quasi-permanentes des charges dues au trafic
supposées concomitantes à l’action sismique de calcul
En ce qui concerne les ponts-routes, les ouvrages urbains à trafic intense correspondent à la première classe de
l’Eurocode 1-2.
Q2 : valeur quasi-permanente des actions de longue durée (poussée des terres, poussée hydrostatique, poussée
hydrodynamique…)
Pour les justifications de certains équipements (appareils d’appui, joints de chaussée…), il convient en outre de prendre
en compte la moitié des effets des actions thermiques caractéristiques (S th) ainsi que les effets des déformations
différées (retrait, fluage…) (S diff). La combinaison sismique devient alors :
L’Eurocode 8-2 [EC8-2 3.3] définit en outre une longueur L g au-delà de laquelle les mouvements du sol sont considérés
entièrement indépendants. Dans le cas des ponts dont la longueur du tablier continu dépasse une certaine valeur L lim,
définie par la relation L lim = L g/1,5, ainsi que dans le cas des ponts pour lesquels les propriétés du sol de fondation
varient sensiblement entre les différents appuis de l’ouvrage, il convient de prendre en compte la variabilité spatiale de
l’action sismique induisant une décorrélation des mouvements sismiques du sol. Cette décorrélation des mouvements
du sol est intégrée dans l’analyse par le biais de déplacements différentiels calculés indépendamment par une approche
quasi-statique et combinés quadratiquement aux autres sollicitations sismiques - Approche introduite pour la 1ère fois
dans le cadre de l’Eurocode -.
avec :
Avib : action sismique inertielle vibratoire,
A depl diff : action sismique due aux déplacements différentiels liés à la variabilité spatiale de l’action sismique.
Type de sol A B C D E
Lg (m) 600 500 400 300 500
Llim (m) 400 330 270 200 330
Tableau 15 : Définition de Llim
Pour l’analyse, une unique action sismique d’entrée doit être prise dans les analyses, correspondant au type de sol
le plus sévère sous l’ouvrage.
La variation spatiale de l’action sismique peut être évaluée par l’application de chacune des deux séries de déplacements
horizontaux suivants, appliqués séparément, sur les fondations ou sur l’extrémité du ressort de sol correspondant.
Il n’y a pas lieu de combiner les effets des deux séries de déplacements.
Analyse sismique 91
• La première série de déplacements représente les déplacements relatifs appliqués simultanément avec le même
signe (+ ou -) à tous les supports du pont dans la direction horizontale considérée :
où :
dg est le déplacement de calcul du sol correspondant au type de sol de l’appui i : dg = 0,025.ag.S.S T.TC.T D
L i est la distance projetée sur l’horizontale entre l’appui considéré et un point de référence (pris
alternativement au niveau de chacune des culées) ;
L g est la distance au-delà de laquelle les mouvements du sol peuvent être considérés comme
entièrement indépendants, la valeur est fournie par le tableau 15.
• La deuxième série de déplacements couvre l’influence des déplacements du sol se produisant dans des directions
opposées au droit de piles adjacentes (alternance de signe à chaque appui) :
où :
Lav,i est la moyenne des distances Li-1,i et Li,i+1 entre l’appui intermédiaire i et les appuis adjacents i-1 et i+1
respectivement (égale à la longueur de la travée de rive dans le cas des culées) ;
br est le coefficient qui tient compte de l’amplitude des déplacements du sol se produisant dans une direction
opposée au droit de supports adjacents :
Dans chaque direction horizontale, les effets les plus sévères résultant des analyses pseudo-statiques des déplacements
différentiels doivent être combinés aux effets correspondants de la réponse inertielle de la structure en utilisant la règle
SRSS (racine carrée de la somme des carrés). Le résultat de cette combinaison constitue les effets de l’analyse dans
la direction considérée.
Dans le cas d’une analyse dynamique temporelle, les accélérogrammes considérés pour deux appuis différents, A et B,
consécutifs ou non, devront en général être déphasés pour tenir compte du temps de propagation des ondes sismiques
dans le sol selon la méthode décrite à l’annexe D de l’Eurocode 8-2. On devra toutefois vérifier que si la distance
AB excède la valeur L g définie plus haut, les mouvements du sol imposés en A et B sont totalement décorrélés en
considérant l’accélération absolue, la vitesse absolue et le déplacement absolu du sol. Cette approche requiert en
pratique des calculs complexes et on pourra lui préférer la méthode simplifiée décrite ci-dessus.
Nota : ( 1) Si la distance AB entre les deux points d’appuis extrêmes de l’ouvrage ne dépasse pas Llim = Lg / 1,5, on
admettra de ne pas déphaser ou décorréler les mouvements.
(2) Dans le cas de ponts munis d’appareils d’appui très souples (isolation sismique) le déphasage des
mouvements du sol peut être négligé, sous réserve de tenir compte des déplacements différentiels entre
points d’appui de manière statique.
4.1.1 - Généralités
Pour analyser le comportement dynamique de l’ouvrage, il faut définir sa masse, sa raideur, éventuellement la raideur
du système de fondation (ou les conditions d’encastrement de la structure dans le sol) et l’amortissement provenant du
comportement viscoélastique des matériaux et de la structure. Globalement, le niveau de détail de représentation de
la géométrie de l’ouvrage (choix entre éléments filaires, éléments surfaciques de type plaque ou coque, ou éléments
volumiques) répond aux mêmes principes de modélisation que pour la prise en compte des sollicitations statiques. Il
convient en particulier que le modèle et les degrés de liberté représentent correctement la distribution des raideurs et
des masses de façon à ce que tous les modes de déformation et toutes les forces d’inertie significatifs soient mobilisés
sous l’effet des actions sismiques.
Néanmoins, dans le cas d’études sismiques spécifiques, certaines simplifications du modèle sont en général possibles.
Il n’est ainsi généralement pas nécessaire de modéliser la précontrainte du tablier ni le phasage de construction,
sauf si ces derniers sont de nature à modifier notablement l’état de sollicitation dans les appuis à l’état de référence
permanent (influence du phasage sur la répartition des descentes de charge entre appuis ou sollicitations horizontales
induites dans les piles par la précontrainte du tablier dans le cas de piles encastrées par exemples).
Par ailleurs dans le cas des ouvrages réguliers, on pourra considérer schématiquement que la masse de l’ouvrage est
concentrée dans le tablier et la raideur dans le système d’appui (fondations, appuis et appareils d’appui).
La modélisation de la structure dépend alors beaucoup de la direction d’excitation du séisme considéré (longitudinale,
transversale ou verticale), et des modèles séparés correspondant à chacune de ces directions peuvent donc être utilisés
pour l’analyse :
• pour le séisme longitudinal, on admettra que le tablier est un bloc rigide indéformable (sauf dans certains
cas particuliers de tabliers de grande longueur, supérieure à 100 m, bloqué longitudinalement sur culée ;
[Chapitre 4 - 5.3.2]. La structure est alors identique à un oscillateur simple dont on définit la masse, la raideur et
l’amortissement selon la procédure détaillée ci-après ;
• vis-à-vis du séisme transversal, le tablier se déplacera ou non comme un bloc rigide suivant son élancement en plan
et les raideurs d’appuis. Si, comme c’est souhaitable (voir chapitre 3), les lignes d’appui présentent des souplesses
transversales bien réparties le long du tablier, ce dernier se déformera selon une forme privilégiée, proche de
la déformée du mode fondamental transversal de vibration. Le calcul des efforts induits par le séisme transversal
s’effectue selon la méthode monomodale détaillée au chapitre 4 §5.3.3.2. Dans le cas contraire, il est nécessaire
de procéder à une analyse multimodale décrite au chapitre 4, §5.4 ;
• pour les mouvements verticaux, l’Eurocode 8-2 [EC8-2 4.1.7] préconise également d’utiliser la méthode du mode
fondamental et le modèle du tablier flexible. En pratique cette méthode ne permet pas de mobiliser une masse
vibrante suffisante (masse modale < 70 %) et tend par conséquent à sous-estimer les sollicitations sous séisme
vertical. Nous lui préférerons donc une méthode forfaitaire approchée, décrite au chapitre 4, §5.3.4 et permettant
d’évaluer les réactions d’appui ou la méthode de Rayleigh telle que décrite au à l’article 4.2.2.4 de l’Eurocode 8-2
et calée sur la déformée de poids propre.
Les ponts présentant un excentrement de leur centre de masse par rapport à leur centre de raideur se trouvent soumis
sous séisme horizontal à un mode de rotation d’axe vertical (cf. figure 58). Comme expliqué au chapitre 3, §4.2,
les ponts présentant un biais relativement important (angle de biais j < 78 grades -ou 70°- et rapport largeur sur
longueur du tablier B/L > 0,5) sont particulièrement sensibles à ce phénomène si les souffles disponibles au niveau
des culées sont sous-évalués. En effet, dans ce cas l’excentrement des forces d’entrechoquement entre le tablier et
les murs garde-grèves conduit à un mouvement de rotation entretenu associé à un risque amplifié d’échappement
d’appui.
Analyse sismique 93
Figure 58 : Rotation d’axe vertical des ponts biais
Nota : ( 1) L’Eurocode 8-2 [EC8-2 4.1.5] limite la prise en compte de la torsion d’axe vertical au pont biais tels que
l’angle complémentaire du biais est supérieur à 20° ou dont le rapport B/L est supérieur à 2,0. Cette dernière
valeur semble erronée et nous recommandons de la remplacer par 0,5.
(2) La notation et l’unité de mesure de l’angle du biais sur la figure ci-dessus sont différentes de celles de
la figure 4.1 de l’Eurocode 8-2. Elles ont été choisies ici pour être plus conformes aux pratiques françaises
usuelles en ouvrages d’art. La valeur limite de 20° indiquée dans l’Eurocode 8-2 est par conséquent remplacée
par 78 grades dans le présent guide.
(3) En zones de forte sismicité, il est recommandé d’éviter les ponts très biais (biais j < 50 grades ou
complémentaire du biais > 45°, [EC8-2 4.1.5(2)].
Lorsque l’utilisation des méthodes monomodales pour l’analyse sismique des ouvrages est permise (voir conditions
d’application définies au chapitre 4, §5.3.1), l’effet de la rotation d’axe vertical est alors pris en compte de façon forfaitaire
à l’aide d’un moment M t calculé séparément et additionné aux autres effets de l’action sismique, conformément aux
prescriptions du chapitre 4, §5.3.5. Ce moment Mt couvre à la fois les effets de l’excentricité accidentelle de la masse,
l’effet dynamique de la vibration simultanée de translation et de rotation et fait l’objet d’une majoration forfaitaire
en fonction de la valeur du biais pour tenir compte de l’excentrement transversal des forces de contact dynamiques
induites au droit de chaque culée - Approche introduite pour la première fois dans le cadre de l’Eurocode 8 -.
Lorsque les conditions d’application des méthodes monomodales ne sont pas remplies, une analyse multimodale ou
dynamique temporelle doit être employée. Les effets dynamiques de torsion précédemment évoqués sont alors pris
en compte :
• soit directement dans le modèle de calcul en déplaçant artificiellement le centre des masses de l’excentricité
accidentelle dans la direction et le sens les plus défavorables ;
• soit en calculant séparément et forfaitairement le moment de torsion statique Mt selon la même méthode que pour
les méthodes monomodales et en le rajoutant aux autres effets des actions sismiques calculées.
Notons par ailleurs que les ponts biais répondant aux conditions géométriques telles que définies ci-dessus imposent
généralement une modélisation du tablier par éléments surfaciques (plaques) de façon à prendre en compte
correctement les effets de concentrations des descentes de charges verticales sur les appareils d’appui à proximité
des angles obtus (notamment sous séisme vertical). En particulier, l’Eurocode 8-2 [EC8-2 4.1.5(2)] préconise lorsque
une configuration d’ouvrage très biais en zone de forte sismicité ne peut être évitée, et que l’ouvrage repose sur
les culées par l’intermédiaire d’appareils d’appui, d’effectuer une modélisation précise de la raideur horizontale réelle
des appareils d’appui, en tenant compte de la concentration des réactions verticales à proximité des angles obtus, ou
à défaut de prendre en compte une excentricité accidentelle majorée.
Comme dans le cas des ponts biais, l’utilisation des méthodes monomodales sur les ponts courbes est soumise à
certaines conditions décrites au chapitre 4, §5.3.1.
Si ces conditions ne sont pas remplies une analyse multimodale ou dynamique temporelle doit être menée.
Pour le calcul des périodes propres et des efforts, il est prudent et recommandé d’utiliser les unités du système
international et en particulier d’exprimer les masses en kilogrammes (ou tonnes) et les efforts en Newton (ou kilo
Newton) plutôt qu’en tonnes-forces comme on le fait parfois pour les charges permanentes statiques. En effet,
les sollicitations sismiques résultent essentiellement de forces d’inertie, produit des masses par les accélérations
sismiques. L’assimilation Forces/Masses, courante en statique (car corrélées par l’accélération de la pesanteur
g = 9,81 m/s2 » 10 m/s2) s’avère en pratique souvent source de confusions et d’erreurs dans les problèmes sismiques
où l’accélération n’est pas une grandeur constante mais une variable essentielle du calcul.
La masse permanente de l’ouvrage (poids propre de la structure et autres charges permanentes qu’elle supporte) doit
être intégrée dans le modèle de calcul avec sa valeur moyenne uniquement (ou valeur caractéristique). Généralement,
la modélisation se fait par le biais de masses discrétisées, ponctuelles ou réparties. Dans les modèles aux éléments
finis, il convient de s’assurer que les masses sont bien activées selon chacun des degrés de liberté choisis pour l’analyse
(directions verticale et horizontales).
Dans le cas des modèles de calcul les plus simples (ouvrages courants notamment), pour le calcul des périodes propres,
on ne modélisera que les masses mises en mouvement. Ainsi, dans le cas d’un tablier isolé des piles par des appareils
glissants ou en élastomère fretté, on négligera la masse des piles (en contrepartie, les modes propres de piles seront
calculés indépendamment par la méthode de calcul simplifiée décrite au §5.5 de ce chapitre). Dans le cas contraire
(tablier bloqué sur piles), les têtes de piles suivent le mouvement du tablier et on ajoutera la masse de la moitié
supérieure de la pile à la masse du tablier.
Notons que la masse de la pile (ou plus exactement de la moitié supérieure de celle-ci) peut entrer ou non dans
le modèle pour une direction d’excitation et pas pour l’autre. Si, par exemple, le tablier glisse longitudinalement sur
une pile et est bloqué transversalement sur celle-ci, la masse correspondant à la mi-hauteur supérieure de la pile ne
sera incluse dans le modèle que pour les déplacements transversaux du tablier.
Dans la très grande majorité des cas (ponts à trafic normal ou passerelles), seules les masses permanentes sont
introduites dans le calcul sismique. L’exception à cette règle concerne essentiellement les ponts urbains supportant un
trafic intense et les ponts ferroviaires, pour lesquels il convient d’ajouter une fraction des charges d’exploitation soit :
• 20 % des charges d’exploitation routières uniformes du modèle LM1 définies conformément à l’Eurocode 1-2
(le pont est alors chargé sur la totalité de sa longueur) ;
• 30 % des charges d’exploitation ferroviaires des lignes à fort trafic définies par le livret 2-01 du C.P.C. pour les ponts-
rails.
Ces charges d’exploitation ne sont pas à pondérer et sont à considérer avec leurs valeurs caractéristiques.
Lorsque les piles sont immergées dans l’eau, l’effet de l’interaction hydrodynamique horizontale est évalué en prenant en
compte une masse additionnelle d’eau entraînée, conformément à l’annexe F informative de l’Eurocode 8-2 - Approche
introduite pour la 1ère fois dans le cadre de l’Eurocode 8 -. La masse effective totale d’une pile immergée dans
la direction horizontale est alors assimilée à la somme de :
• la masse réelle de la pile (sans déduction correspondant à la poussée hydrostatique) ;
• la masse de l’eau éventuellement contenue à l’intérieur de la pile ;
• la masse additionnelle Ma de l’eau extérieure entraînée, avec :
-- Ma = rpR2 Hi dans le cas d’une pile circulaire de rayon R,
-- Ma = rp (ay2 cos2q + ax2 sin2q) Hi dans le cas d’une pile elliptique de rayons ax et ay, et pour une direction de
séisme faisant un angle q avec l’axe x,
- - Ma = krp ay2 Hi dans le cas d’une pile rectangulaire de côtés 2ax et 2ay, et pour une direction de séisme parallèle
à l’axe x.
Analyse sismique 95
Dans les équations précédentes,
4.3 - Raideurs
La raideur (ou inversement la souplesse) des appuis provient des trois parties d’ouvrage suivantes :
• les fondations et le sol environnant ;
• les appuis proprement dits (structure pile et culées) ;
• les appareils d’appui ou organes d’appui spécifiques de type amortisseurs.
Lorsque ces trois éléments sont placés en série, leurs souplesses s’ajoutent pour former la souplesse de l’appui.
Dans les cas des tabliers relativement longs et souples pour lesquels le modèle de tablier rigide [Chapitre 4 - 5.3.2.1]
n’est pas valide, la raideur globale du système (et donc les valeurs des périodes propres de vibration) dépend également
de celle du tablier, notamment sa rigidité à la flexion d’axe vertical et à la torsion vis-à-vis du séisme transversal ainsi
naturellement que sa rigidité à la flexion d’axe transversal vis-à-vis du séisme vertical.
L’approche consistant à établir l’analyse du comportement sismique de l’ouvrage sur la base des inerties brutes
(raideurs élastiques) n’est pas non plus sécuritaire vis-à-vis du calcul des déplacements. C’est pourquoi l’Eurocode 8-2
[EC8-2 2.3.6.1(5)] préconise dans tous les cas (calcul en inertie brute ou en inertie fissurée) de remultiplier les
déplacements calculés, par le rapport de la rigidité en flexion des appuis supposée dans l’analyse sur la rigidité
correspondant au niveau de contraintes atteint issu de l’analyse (approche sécuritaire). Une autre approche possible
(moins sécuritaire et plus réaliste) consiste à itérer sur la valeur des rigidités Ki pour l’évaluation plus juste des niveaux
de déplacement atteints.
A noter que l’utilisation d’appareils d’appui souples en élastomère fretté est généralement associée à un comportement
essentiellement élastique ou éventuellement à ductilité limitée des piles sur lesquelles ils sont disposés. Par conséquent,
les ouvrages équipés de tels dispositifs seront dans la très grande majorité des cas calculés sur la base des raideurs
élastiques (inerties brutes).
1/Ki = Σj 1/Kij où les Kij sont les raideurs « en série » des parties j (fût ou appareil d’appui) de l’appui i.
Cette formule est également valable pour une pile constituée d’un seul fût encastré en tête, pour la direction transversale
du séisme si le tablier est relativement souple en torsion d’axe longitudinal (ce qui est généralement le cas compte
tenu des hypothèses prises sur la rigidité en torsion des tabliers [Chapitre 4 - 4.3.1.2].
Analyse sismique 97
• pour un appui équipé de n appareils d’appui en élastomère de dimensions horizontales a x b et d’épaisseur e, il
s’agit de la raideur du fût en série avec la raideur des appareils d’appui :
Le module de déformation des matériaux est considéré à court terme (module instantané), pour le module de
cisaillement G de l’élastomère voir le chapitre 4, §4.3.4.
• pour un fût encastré en tête et en pied, dans l’hypothèse d’un tablier infiniment rigide :
• pour un voile sollicité dans son plan, on tient compte le cas échéant de sa raideur en cisaillement :
où S r,j est la section réduite d’effort tranchant du voile. On pourra considérer que cette raideur est infinie si le tablier
repose sur des appareils d’appui glissants ou en élastomère fretté. Dans ce dernier cas, seule la raideur de l’élastomère
intervient.
Dans le cas des ouvrages où le tablier peut être considéré comme extrêmement rigide par rapport aux appuis
(généralement le cas dans la direction longitudinale, ou dans la direction transversale pour les dalles courtes en béton
reposant sur des appuis souples ou des appareils d’appui en élastomères frettés non bloqués sur piles ni sur culées),
la période fondamentale de vibration de l’ouvrage, son déplacement horizontal maximal et les efforts horizontaux
mis en jeu peuvent être facilement évalués « à la main » à partir des raideurs élastiques :
Dans ce cas, on considère la structure comme un oscillateur simple dont la période de vibration fondamentale est :
Cette force est à répartir sur l’ensemble des piles en fonction des raideurs relatives de chacune d’entre elles :
Le déplacement :
A noter que dans le cas des ponts de géométries particulières (ponts biais, courbes ou présentant un excentrement
de la masse du tablier par rapport au centre de raideur des piles), il convient de bien modéliser l’inertie de torsion
des appuis dans le modèle de calcul.
L’approche à partir du calcul en inertie fissurée peut également être utilisée dans le cas d’une conception basée sur un
comportement à ductilité limitée (1<q≤1,5) et permet de réduire avantageusement les efforts de dimensionnement. En
pratique, cette approche conduit à quelques itérations de calcul et nous recommandons plutôt en prédimensionnement
de mener dans ce cas une analyse sur la base des raideurs élastiques (inerties brutes de coffrage) tel que défini
au paragraphe précédent et à partir des spectres de réponse conseillés (plateau prolongé jusqu’à l’origine) car les
calculs sont alors beaucoup plus simples et directs. Il est rappelé dans tous les cas que l’évaluation des déplacements
doit faire l’objet d’un soin particulier (itérations sur la valeur de la rigidité effective Keff, prise en compte de
la ductilité en déplacement md en fonction de la période fondamentale et du coefficient de comportement utilisé
[Chapitre 4 - 4.3.2.1 et 2.5.2.2].
Analyse sismique 99
L’annexe informative C de l’Eurocode 8-2 propose deux méthodes approchées pour évaluer la rigidité effective J eff des
éléments ductiles en béton armé, à utiliser dans l’analyse sismique linéaire. Ces méthodes font intervenir les inerties
fissurées sécantes à la limite élastique théorique des armatures tendues ainsi qu’une part de l’inertie brute non-fissurée
(inertie de coffrage) reflétant l’effet de raidissement amené par la partie non-fissurée de la pile :
- - Méthode 1 : Jeff = 0,08 Jun + Jcr
- - Méthode 2 : E c.Jeff = 1,2 MRd / fy
où :
Jun est l’inertie brute non fissurée (« uncracked ») ;
Jcr est l’inertie fissurée (« cracked ») à la limite élastique des armatures tendues évalué par
J cr = My / (Ec.fy) = My’ / (Ec.fy’) ;
f y et M y sont respectivement la courbure et le moment à la limite élastique (« yield ») de la section sous l’effort
normal concomitant en situation de séisme, évalués par idéalisation du diagramme réel M-f par un diagramme
bi-linéaire de même surface égale au delà de la première plastification des armatures définie par fy’ et M y’
[EC8-2 -E.3.2(3)] ;
A noter que les capacités résistantes des sections sont à évaluer sur la base des coefficients de sécurité partiels g M
des matériaux dont les valeurs sont g c = 1,30 pour le béton et gs = 1,00 pour les armatures.
Nota : L ’Annexe Nationale de l’Eurocode 8-2 (AN 4 Application Nationale de l’Annexe C) précise que l’application
de la méthode simplifiée 1 doit être limitée à la zone effectivement fissurée, sans toutefois fournir
davantage d’indication sur la manière d’évaluer la longueur de cette zone. Rien n’étant précisé en ce
qui concerne la méthode 2, on pourra considérer par défaut que la formule proposée dans l’Annexe C de
l’Eurocode 8-2 et rappelée ci-dessus est censée tenir compte forfaitairement (au travers du coefficient
1,2) de la partie non fissurée de la pile et peut donc être appliquée sur toute la hauteur de la pile.
Le lecteur averti constatera néanmoins que cette majoration forfaitaire ne se retrouve pas dans les méthodes
plus générales basées sur l’intégration des lois moment-courbure telle que décrite dans l’Annexe E de
l’Eurocode 8-2 [Chapitre 4 - 6.2.3.2], ce qui semble constituer une incohérence de la norme…
Ces différentes notions anticipent sur la prise en compte du comportement non linéaire qui sera décrit plus loin dans
ce guide [Chapitre 4 - 6.2] et nécessitent d’autre part de préciser de manière plus rigoureuse les indications portées
sur la loi moment-courbure théorique représentée par les figures 2.5 et E.3 de l’Eurocode 8-2.
A noter que compte tenu du plateau horizontal du diagramme bi-linéarisé, on a ici MRd = My, ce qui ne serait pas le cas
dans l’hypothèse d’une modélisation plus raffinée à raideur plastique croissante.
On voit bien à travers les explications précédentes que l’évaluation des caractéristiques mécaniques fissurées des
sections de pile, qui constitue une hypothèse de base de l’analyse dynamique dans le cas d’un comportement ductile,
nécessite de connaître (ou de pré-estimer) le ferraillage des sections avant même de les avoir dimensionnées.
Ce constat oriente indirectement et implicitement vers des méthodes de prédétermination du ferraillage par une approche
dite « en déplacement direct » telle qu’on peut la trouver dans la bibliographie américaine et néo-zélandaise [15].
L’approche, à l’inverse des méthodes de calcul classique, consiste dans un premier temps à évaluer un niveau de
déplacement
Figure ultime
39 p70, cible , d’en
figured133
u p239déduire par lecture du spectre en déplacement la période équivalente Teff,u, puis par
suite la raideur effective ultime Keff,u = 4p2 M/Teff,u2, et enfin FRd = Keff,u.du (cf. figure 61).
du
Keff,u
Teff,u
Cette démarche suppose de pouvoir évaluer d’une part le niveau de déplacement ultime cible du, et d’autre part le niveau
d’amortissement x eq correspondant à l’énergie dissipée par hystérésis pour le niveau de ductilité en déplacement
appelée global dans la structure md=du/dy.
Concernant le déplacement ultime d u, on pourra adopter l’expression suivante basée d’une part sur le coefficient
de comportement q maximal admis pour l’élément le plus critique (pile ou culée) et d’autre part sur un niveau de
distorsion structurel maximal qu,max évalué à 0,02 (rotation à la corde).
d u = min (q.dy ; 0,02 Hpile critique)
où
dy est calculé à partir de la courbure à la limite élastique fy à partir des expressions suivantes :
d y = fy.H²/3 dans le cas d’une pile encastrée en pied et libre en tête
(flexion simple, diagramme de moment triangulaire)
En première approche la courbure à la limite élastique fy peut être évaluée à partir de l’annexe C de l’Eurocode 8-2
conformément aux équations rappelées ci-dessous :
avec esy la déformation limite élastique des armatures (esy = 2,5 %0) et d l’épaisseur effective de la section.
Concernant le niveau d’amortissement équivalent xeq, pour un ouvrage neuf faisant l’objet des dispositions constructives
parasismiques imposées par l’Eurocode 8-2 [Chapitre 6], on pourra appliquer le modèle de Takeda, relativement simple
à appliquer et qui fournit des résultats corrects en terme de précision :
La méthode est déclinée sur deux exemples d’applications théoriques : une première correspondant à une géométrie
d’ouvrage régulière, et une deuxième correspondant à une géométrie irrégulière :
Exemples d’application :
Hypothèses de calcul :
Données sismiques : zone Z5 (Antilles), catégorie d’importance III, sol de catégorie D => AEd = 3,6 m/s2
Piles : encastrées dans les deux directions, section circulaire pleine (D=3 m)
Tablier : masse linéique = 38 t/ml ; inertie transversale Iz = 120 m4
Culées : raideur élastique transversale Ky,cul = 700 MN/m ; déplacement à la limite élastique dy,co = dy,c4 = 0,03 m
Béton : f ck = 35 MPa ; Ec = 36 000 MPa ; r = 2,5 t/m3
Le tablier est supposé libre transversalement sur culées. Le tablier est bloqué transversalement sur culées.
L’ouvrage est assimilé à un système à 1 degré de liberté L’ouvrage est assimilé à un système à 1 degré de liberté
(oscillateur simple) de masse M telle que : (oscillateur simple) de masse M telle que :
M = Mtab + ½ MP1 + ½ MP2 + ½ MP3 (tablier bloqué sur piles) M = Mtab + ½ MP1 + ½ MP2 + ½ MP3 (tablier bloqué sur piles)
Le déplacement du tablier étant uniforme dans cette Le déplacement du tablier étant uniforme dans cette
direction, c’est la pile la plus courte (P1 ou P3) qui dicte direction, c’est la pile la plus courte (P2) qui dicte
le déplacement ultime : le déplacement ultime :
dy,P1 = fy.H12/6 = (2,4 x 0,0025/3) x 142/6 dy,P2 = fy.H22/6 = (2,4 x 0,0025/3) x 92/6
= 2.10-3 x 142/6 = 0,065 m = 2.10-3 x 92/6 = 0,027 m
du,long = min (0,20 m ; 0,28 m) = 0,20 m du,long = min (0,068 m ; 0,18 m) = 0,068 m
L’appel en ductilité dans les différentes piles est donc : L’appel en ductilité dans les différentes piles est donc :
md,P1 = du,long / dy,P1 = 0,20 / 0,065 = 3,1 md,P1 = du,long / dy,P1 = 0,068 / 0,065 = 1,05
md,P2 = du,long / dy,P2 = 0,20 / (2.10-3 x 162/6) = 2,3 md,P2 = du,long / dy,P2 = 0,068 / 0,027 = 2,5
md,P3 = du,long / dy,P3 = 0,068 / 0,065 = 1,05
md,P3 = du,long / dy,P3 = 0,20 / 0,065 = 3,1
=> seule la pile P2 est notablement plastifiée
Les pourcentages d’amortissement critiques correspondants Les pourcentages d’amortissement critiques correspondants
donnés par la formule de Takeda sont respectivement : donnés par la formule de Takeda sont respectivement :
x1 = 17,6 % ; x2 = 15,0 % ; x3 = 17,6 % x1 = 5,7 % ; x2 = 15,8 % ; x3 = 5,7 %
Si on suppose que les 3 piles sont ferraillées de la même Si on suppose que les 3 piles sont ferraillées de la même
façon, elles présentent la même capacité en terme façon, elles présentent la même capacité en terme de
de moment fléchissant (même moment ultime MRd). moment fléchissant (même moment à la limite élastique
La distribution de l’effort longitudinal total entre les 3 appuis My). La distribution de l’effort longitudinal total entre
est donc inversement proportionnelle à leur hauteur : les 3 appuis est donc inversement proportionnelle à
V1,long .H1 = V2,long .H2 = V3,long .H3 leur hauteur :
V1,long .H1 = V2,long .H2 = V3,long .H3
Et l’amortissement global équivalent est évalué au prorata Et l’amortissement global équivalent est évalué au prorata
des énergies de déformation (force x déplacement) et vaut des énergies de déformation (force x déplacement) et vaut
donc : donc :
xeq = S xi.(Vi di)/ S (Vi di) xeq = S xi.(Vi di)/ S (Vi di)
xeq = x1/14 + x2/16 + x3/14 / (1/14+1/16+1/14) xeq = x1/14 + x2/9 + x3/14 / (1/14+1/9+1/14)
xeq = 16,8 % xeq = 10,1 %
A partir du spectre en déplacement à 5 % d’amortissement A partir du spectre en déplacement à 5 % d’amortissement
critique multiplié par le coefficient de correction critique multiplié par le coefficient de correction
h = (10 / (5+16,8)1/2 = 0,68, on peut lire directement la h = (10 / (5+10,1)1/2 = 0,81, on peut lire directement
période équivalente Teff,u correspondant au déplacement la période équivalente Teff,u correspondant au déplacement
ultime du,long = 0,20 m : ultime du,long = 0,068 m :
Cette force se répartit entre les 3 piles de façon inversement Cette force se répartit entre les 3 piles de façon inversement
proportionnelle à leur hauteur (hypothèse du même proportionnelle à leur hauteur (hypothèse du même
moment plastique pour les 3 piles), soit : moment plastique pour les 3 piles), soit :
V1 = V3 = 12,31 MN V1 = V3 = 17,89 MN
V2 = 10,77 MN V2 = 27,83 MN
On en déduit pour chaque pile : On en déduit pour chaque pile :
MRd,long = V.H/2 = 86,2 MNm (flexion double) MRd,long = V.H/2 = 125,2 MNm (flexion double)
(soit 3 lits HA40 espacés tous les 20 cm) (soit 4 lits HA40 espacés tous les 20 cm)
En considérant que My = MRd, le calcul des inerties fissurées En considérant que My = MRd, le calcul des inerties fissurées
effectives selon chacune des 2 méthodes exposées plus effectives selon chacune des 2 méthodes exposées plus
haut conduit alors aux résultats suivants : haut conduit alors aux résultats suivants :
Méthode 1 : Jeff = 0,08 Jun + Jcr = 1,51 m4, Méthode 1 : Jeff = 0,08 Jun + Jcr = 2,06 m4,
soit environ 0,38 Jun (à appliquer uniquement sur les zones soit environ 0,52 Jun (à appliquer uniquement sur les zones
de pile effectivement fissurées) de pile effectivement fissurées)
(avec Jcr = My / (fy. Ec)) (avec Jcr = My / (fy. Ec))
Méthode 2 : Jeff = 1,2 MRd / (fy. Ec) = 1,44 m4, Méthode 2 : Jeff = 1,2 MRd / (fy. Ec) = 2,09 m4,
soit environ 0,36 Jun (à appliquer sur toute la hauteur de soit environ 0,53 Jun (à appliquer sur toute la hauteur de
pile) pile)
Séisme transversal : Séisme transversal :
L’ouvrage est représenté avec la souplesse en flexion L’ouvrage est représenté avec la souplesse en flexion
transversale du tablier. L’analyse modale est menée en transversale du tablier. L’analyse modale est menée en
considérant en 1ère approximation que Jeff = 0,4 Jun. considérant en 1ère approximation que Jeff = 0,4 Jun.
L’analyse modale montre une déformation de tablier rigide L’analyse modale permet d’identifier 2 modes influençant
selon le 1er mode de vibration représentant 99 % de masse la réponse dynamique transversale de l’ouvrage :
modale.
L’appel en ductilité dans les différentes piles est donc : L’appel en ductilité dans les différents appuis est donc :
md,P1 = du,trans / dy,P1 = 0,28 / 0,13 = 2,2 md,C0 = dC0 / dy,C0 = 0,015 / 0,03 = 0,5
md,P2 = du,trans / dy,P2 = 0,28 / (2.10-3 x 162/3) = 1,6 md,P1 = dP1 / dy,P1 = 0,12 / 0,13 = 0,9
md,P3 = du,trans / dy,P3 = 0,28 / 0,13 = 2,2 md,P2 = dP2 / dy,P2 = 0,18 / 0,054 = 3,3
md,P3 = dP3 / dy,P3 = 0,12 / 0,13 = 0,9
md,C4 = dC4 / dy,C4 = 0,015 / 0,03 = 0,5
seule la pile P2 est plastifiée
Par ailleurs, le déplacement global équivalent pour
un oscillateur simple est donné par l’équation :
deq = Smi.di2 / Smi.di, ce qui donne :
dy,eq,trans = 0,045 m
du,eq,trans = 0,15 m
Les pourcentages d’amortissement critiques correspondants Les pourcentages d’amortissement critiques correspondants
donnés par la formule de Takeda sont respectivement : donnés par la formule de Takeda sont respectivement :
x1 = 14,6 % ; x2 = 11,2 % ; x3 = 14,6 % x0 = 5 % ; x1 = 5 % ; x2 = 18,1 % ; x3 = 5 % ; x4 = 5 %
Si on suppose que les 3 piles sont ferraillées de la même Si on considère que la répartition des efforts sismiques
façon, elles présentent la même capacité en terme appliqués est proportionnelle en chaque point de
de moment fléchissant (même moment ultime MRd). discrétisation à mi.di (hypothèse de Rayleigh) et en tenant
La distribution de l’effort transversal total entre les 3 appuis compte de l’appel en ductilité md,P2 = 3,3 pour la pile P2,
est donc inversement proportionnelle à leur hauteur : alors la répartition des réactions entre les différents appuis
V1,trans .H1 = V2,trans .H2 = V3,trans .H3 est la suivante :
V0/33,6 = V1/23,9 = V2/(132,8/3,3) = V3/23,9 = V4/33,6
Et l’amortissement global équivalent est évalué au prorata Et l’amortissement global équivalent est évalué au prorata
des énergies de déformation (force x déplacement) et vaut des énergies de déformation (force x déplacement) et vaut
donc : donc :
xeq = S xi.(Vi di)/ S (Vi di) xeq = S xi.(Vi di)/ S (Vi di)
xeq = (x1 x 0,28/14 + x2 x 0,28/16 + x3 x 0,28/14) / xeq = (x0 x (2 x 33,6 x 0,015) + x1 x (2 x 23,9 x 0,12) + x2 x
(0,28/14+0,28/16+0,28/14) 132,8/3,3 x 0,18) / (2 x 33,6 x 0,015 + 2 x 23,9 x 0,12 +
xeq = 13,6 % 132,8/3,3 x 0,18)
xeq = 11,8 %
A partir du spectre en déplacement à 5 % d’amortissement A partir du spectre en déplacement à 5 % d’amortissement
critique multiplié par le coefficient de correction critique multiplié par le coefficient de correction
h = (10 / (5+13,6)1/2 = 0,73, on peut lire directement h = (10 / (5+11,8)1/2 = 0,77, on peut lire directement
la période équivalente Teff,u correspondant au déplacement la période équivalente Teff,u correspondant au déplacement
ultime du,trans = 0,28 m : ultime du,trans = 0,15 m :
D’où :
V1 = V3 = 12,5 MN
V2 = 21,5 MN
Méthode 1 : Jeff = 0,08 Jun + Jcr = 2,33 m4, Méthode 1 : Jeff = 0,08 Jun + Jcr = 3,01 m4,
soit environ 0,58 Jun (à appliquer uniquement sur les zones soit environ 0,76 Jun (à appliquer uniquement sur les zones
de pile effectivement fissurées) de pile effectivement fissurées)
(avec Jcr = My / (fy. Ec)) (avec Jcr = My / (fy. Ec))
Méthode 2 : Jeff = 1,2 MRd / (fy. Ec) = 2,41 m4, Méthode 2 : Jeff = 1,2 MRd / (fy. Ec) = 3,23 m4,
soit environ 0,61 Jun (à appliquer sur toute la hauteur de soit environ 0,81 Jun (à appliquer sur toute la hauteur de
pile) pile)
Conclusion : Conclusion :
Globalement, c’est ici le séisme transversal qui est Globalement, c’est ici le séisme transversal qui est
dimensionnant vis-à-vis du moment flechissant (séisme dimensionnant vis-à-vis du moment flechissant (séisme
longitudinal dimensionnant vis-à-vis du tranchant). longitudinal dimensionnant vis-à-vis du tranchant).
La pré-évaluation des moments résistants à conférer La pré-évaluation des moments résistants à conférer
aux piles conduit à des valeurs d’inerties fissurées aux piles conduit à des valeurs d’inerties fissurées
effectives Jeff de l’ordre de 60 % des inerties brutes de effectives Jeff de l’ordre de 80 % des inerties brutes de
coffrage Jun. coffrage Jun.
A noter que cette valeur est associée à un niveau de A noter que cette valeur est associée à un niveau de
ferraillage très conséquent qui conduirait probablement ferraillage très conséquent qui conduirait probablement à
à revoir la conception en augmentant le diamètre des revoir la conception en augmentant le diamètre des piles
piles ou en assurant un blocage transversal sur culées. ou supprimant la butée transversale sur la pile courte.
Sous séisme longitudinal seul, le rapport de Jeff /Jun serait Sous séisme longitudinal seul, le rapport de Jeff /Jun serait
de l’ordre de 40 %, associé à un niveau de ferraillage de l’ordre de 50 %, associé à un niveau de ferraillage
beaucoup plus réaliste. beaucoup plus réaliste.
Lorsque le niveau de régularité d’une structure à comportement ductile est insuffisant pour permettre l’utilisation de
la méthode du coefficient de comportement, l’Eurocode 8-2 oriente l’analyse vers des méthodes plus sophistiquées
de type poussée progressive ou analyse dynamique temporelle non-linéaire, telles que décrites au §6 de ce chapitre.
Ces méthodes nécessitent de décrire entièrement, sous chargement monotone ou cyclique, l’intégralité des courbes
de comportement non-linéaires des matériaux et sections de béton-armé (courbes décrites au paragraphe précédent),
de façon à suivre pas à pas l’historique des dégradations subies par la structure (incursions dans le domaine post-
élastique et redistributions d’efforts) jusqu’à atteindre un niveau de déformation ultime.
La prise en compte du comportement non-linéaire de la structure dans le cadre de ces méthodes avancées fait l’objet
du §6.2 de ce chapitre. Plus encore que pour l’utilisation de la méthode du coefficient de comportement, elle nécessite
une pré-évaluation du ferraillage des sections ductiles, pour laquelle on pourra utiliser l’approche « en déplacement
direct » décrite au paragraphe précédent.
Les effets de l’interaction « sol-structure » peuvent être pris en considération en utilisant des impédances ou des
ressorts de sol correctement définis.
Beaucoup de méthodes d’ingénierie ont recours à des calculs pseudo-statiques, où les impédances de sol sont
déterminées à partir des caractéristiques élastiques du sol à fréquence nulle (l’amortissement matériel comme radiatif
n’est pas non plus considéré). Ces méthodes présentent l’avantage de pouvoir être mises en œuvre avec les outils
classiques utilisés dans l’analyse statique des ouvrages d’art.
Des méthodes simplifiées sont donc données dans le présent chapitre mais il convient de garder à l’esprit
les approximations qui en découlent et rester prudent sur les résultats obtenus.
Les essais in-situ [Chapitre 4 - 2.3.1] donnent généralement la valeur de la vitesse des ondes de cisaillement V s,max
(pour de petites perturbations) dans les différentes couches de sol qui intéressent la fondation. La valeur du module
de cisaillement G max peut être déduit de cette vitesse par l’expression :
G max = r V 2s,max où r est la masse volumique de la couche de sol
À défaut d’essai spécifique (reconnaissance de type A selon le §2.3.1 du chapitre 4) ou pour les phases d’études
préalables (prédimensionnement sommaire), la valeur des vitesses d’ondes de cisaillement des différentes couches de
sol peut se déduire du tableau 8 du présent guide. Les valeurs des vitesses d’ondes de cisaillement lues dans ce tableau
fournissent une première approximation des valeurs Vs,max citées plus haut. Lorsque le tableau indique une fourchette
pour V s,max, on doit envisager la variation de V s,max entre ces deux valeurs ; lorsque le tableau n’indique qu’une borne
inférieure Vs, on lui associe une fourchette [Vs ; 2Vs]; lorsque le tableau n’indique qu’une borne supérieure Vs, on lui
associe [1/2 V s ; Vs].
Les propriétés dynamiques des sols (module de cisaillement et amortissement) mesurées dans le domaine des très
petites déformations que couvrent les essais méthodes géophysiques doivent être corrigées pour obtenir les valeurs
correspondantes aux niveaux de déformation induits par le séisme de calcul en tenant compte du comportement
non linéaire hystérétique du sol. Pour les sols de classe C ou D avec une nappe phréatique à faible profondeur, et en
l’absence de mesures spécifiques (essais à l’appareil triaxial de révolution sous chargements cycliques ou autres), il
convient d’utiliser les valeurs indiquées dans le tableau 17.
Tableau 17 : Coefficients moyens d’amortissement de sol et coefficients de réduction moyens (±un écart type) pour la vitesse vs
des ondes de cisaillement et pour le module de cisaillement G, jusqu’à une profondeur de 20 m
(valeurs moyennes correspondant sols de classe C ou D avec une nappe phréatique à faible profondeur).
Le terme v s,max désigne la valeur moyenne de v s à faibles déformations (<10 -5) ne dépassant pas 360 m/s, et G max est
le module de cisaillement moyen à faibles déformations.
Les valeurs données pour l’écart type permettent de corriger la valeur moyenne en fonction de la rigidité et de
la stratification du profil de sol. On adoptera des valeurs supérieures à la moyenne pour les profils de sols plus rigides
(classe A, B) et un niveau de nappe plus profond, et inférieures à la valeur moyenne pour les profils de sols plus mous
(classe S1 ou S2).
où
1,2 est un paramètre de calcul (exprimé en m-1),
n est le coefficient de Poisson du sol (à défaut d’information plus précise, on prendra forfaitairement n = 0,3
pour les sols grenus hors nappe),
G le module de cisaillement déterminé au niveau de déformation attendu pour l’action sismique de calcul
(cf. ci-dessus).
C es raideurs sont associées à des lois de comportement du sol de type élastoplastique présentant un palier plastique en
compression et interdisant le développement de traction dans le sol. Étant donné les incertitudes relatives à l’évaluation
de ces modules (cf. ci-dessus), ainsi qu’à la prise en compte des non linéarités dans le modèle simplifié d’interaction
sol-structure, les calculs seront effectués en « fourchette ». Des modèles plus complexes couplant « ressorts » et
« amortisseurs » peuvent être utilisés dans des calculs dynamiques. On citera enfin les expressions de rigidité statique
en tête de pieux données dans l’annexe C de l’Eurocode 8-5, tirées des formules d’impédance de Gazetas [21].
Pour les semelles superficielles, dans le cas de structures simples à peu de degrés de liberté et des sols de
stratigraphie régulière, l’interaction sol/structure peut être modélisée à l’aide de raideurs (ressorts K) et d’amortisseurs
(amortisseurs C), dont les expressions calculées à fréquence nulle (pseudo-statique) pour une fondation circulaire
équivalente (cf. figure 62) reposant sur un demi-espace élastique , sont données ci-après :
Formules P109
Figure 62 : Fondation réelle et fondation circulaire équivalente
4GR R
Kz = C z = 0,85K z
1− ν Vs
8GR R
Kx = C x = 0,576K x
2−ν Vs
16GR 3 Bθ R 3Iθ
Kθ = Cθ = Kθ avec Bθ =
3 1 + 32 B θ Vs 16ρR 5
3
où r = masse volumique du sol, If et Iq sont les moments d’inertie de l’ouvrage pour le balancement et la torsion
respectivement.
Vis-à-vis des raideurs associées aux degrés de liberté de translation, la fondation circulaire offre la même section que
la fondation réelle soit pR² = a x b. Vis-à-vis de chaque degré de liberté de rotation, la fondation circulaire équivalente
est celle qui présente la même inertie, soit pR 4 = a x b3/12 pour la rotation autour de l’axe Ox et pR 4/4 = a3 x b/12
pour la rotation autour de l’axe Oy.
Ces valeurs ne pourront être utilisées que lorsque les caractéristiques (G max, n) du sol varient faiblement sur une hauteur
importante par rapport aux dimensions de la fondation. En l’absence de justifications particulières, le coefficient de
Poisson du sol pourra prendre forfaitairement la valeur de 0,3.
Des formulations plus complètes peuvent être utilisées pour tenir compte de l’effet d’un encastrement de la fondation
dans le terrain, la présence de sols stratifiés, ou la présence de l’effet d’une couche mince reposant sur un substratum
rigide qui ont pour conséquence d’augmenter la raideur et l’amortissement par rapport aux formules reprises ici [21].
Conformément aux normes NF EN 1337-3 et NF EN 15129, les raideurs des appareils d’appui sont déterminées selon
le tableau 18 :
Kz - ∞
Kq rectangulaire - 0
Kq circulaire - 0
Kqz - - 0 -
Avec,
A, Ab la surface en plan totale de l’appareil d’appui en élastomère fretté
G,Gb la valeur du module de cisaillement de l’appareil d’appui
Te ,te l’épaisseur nominale totale de l’élastomère
ti l’épaisseur d’un feuillet individuel d’élastomère
n le nombre de feuillets internes
a et b, respectivement la largeur et la longueur totale des appareils d’appui (a étant la plus petite dimension)
a’ et b’, respectivement la largeur et la longueur des frettes en acier
D’, d0 le diamètre effectif de l’appareil d’appui circulaire fretté
A’ surface des frettes en acier
Eb le module d’élasticité volumique
Eci le module de compression pour un feuillet d’élastomère [NF EN 15129 DF3.3.1]
S1 le coefficient de forme du feuillet le plus épais
Ks est un paramètre tabulé en fonction du rapport b/a [NF EN 1337-3, article 5.3.3.7, tableau 4]
kR est fixée dans le tableau F.3 de la norme NF EN 15129
Tableau 18 : Calcul des raideurs des appareils d’appui en élastomère fretté
On rappelle que l’on considérera dans cette approche sommaire que la distorsion maximale des appareils d’appui
vaut 2, ce qui correspond à un état-limite de dommages significatifs pour les élastomères à faible amortissement
selon l’Eurocode 8. Dans cette analyse, la souplesse des piles est négligée et on considère un amortissement de
la structure de 5 %.
Considérons un ouvrage de masse M reposant sur n appareils d’appui en élastomère fretté de dimension a x a et
d’épaisseur Te. La raideur des appareils d’appui vaut :
Le module de cisaillement dynamique peut être déterminé par des essais, conformément à l’article 8.2.4.2.5.2
de la norme NF EN 15129. En l’absence d’essai et compte tenu des incertitudes sur l’estimation de la valeur du
module de cisaillement G, l’Eurocode 8-2 propose d’utiliser un module de cisaillement nominal égal à G b = 1,1 G g
[EC8-2 7.5.2.4(5)] où G g est la valeur « du module de cisaillement conventionnel apparent » définie dans la norme NF
EN 1337-3. Les propriétés mécaniques de l’élastomère, notamment son module de cisaillement, peuvent être affectées
par le vieillissement et la température. Cette variabilité du module de cisaillement doit être prise en compte dans
les calculs [EC8-2 7.5.2.4].
La variabilité est prise en compte par l’intermédiaire de deux ensembles de propriété de calcul [EC8-2 7.5.2.4] :
• UBDP, propriétés de calcul limites supérieures ;
• LBDP, propriétés de calcul limites inférieures.
Deux analyses doivent être effectuées, une utilisant les valeurs hautes des propriétés (UBDP) conduisant généralement
aux efforts maximaux dans la structure et une autre utilisant les valeurs basses des propriétés (LBDP) conduisant
généralement aux déplacements maximaux du système d’isolation et du tablier.
Pour les appareils d’appui en élastomère fretté la variabilité du module de cisaillement peut être prise comme suit
[EC8-2 7.5.2.4(6)] :
• LBDP, Gb,min = Gb,
• UBDP, Gb,max = Fonction de Tmin,b,
- - lorsque Tmin,b ≥ 0, Gb,max = 1,2 Gb
-- lorsque Tmin,b < 0, la valeur de G b,max correspondante à Tmin,b
En l’absence de résultats d’essais appropriés la valeur de Gb,max peut être déterminée à l’aide des tableaux JJ.1 et JJ.2
de l’Eurocode 8-2 [EC8-2/A1 7.5.2.4(6)].
T min,b est la température minimale de l’appareil d’appui en situation sismique de calcul [EC8-2/NA clause J.1(2))]
Avec
T0 la valeur de la température d’origine [EC1-1-5 Annexe A]
Y 2 = 0,5 le coefficient de cominaison des actions thermiques pour la situation sismique de calcul
[EC0/A1 Tableau A2.1]
T min la valeur de la température minimale de l’air sous abris [EC1-1-5/NA 6.1.3.2]
DT1 dépend du matériau constitutif du tablier du pont [EC8-2/NA clause J.1(2)](cf. tableau 19)
Nota : S i les déplacements de calcul résultant de l’analyse par le mode fondamental sur la base des propriétés
UBDP et LBDP ne diffèrent pas de ceux correspondant aux propriétés de calcul nominales de plus de ± 15 %,
on pourra se dispenser d’une telle approche en fourchette dans le cas des analyses spectrales multimodales
et des analyses dynamiques temporelles [EC8-2 7.5.2.4(4)].
Pour un ouvrage sur appareils d’appui en élastomère fretté, la réponse de la structure se situe, en général, sur
la branche descendante hyperbolique du spectre élastique et la pseudo-accélération subie par la structure vaut :
Le déplacement du tablier reposant sur des appareils d’appui en élastomère fretté vaut alors :
En fixant la distorsion admissible des appareils d’appui en élastomère fretté d MAXI et en tenant compte du coefficient de
fiabilité gIS [Chapitre 5 - 5.8] on est alors capable de déterminer la dimension des appareils d’appui en élastomère fretté :
Avec g IS=1,50 sauf dans les zones de faible sismicité où gIS=1,0 [NF EN 15129 8.2.1.2.11(2)].
Le tableau 20 donne des formules de prédimensionnement des appareils d’appui en élastomère fretté.
Période fondamentale de
l’ouvrage (s)
Dimension en plan de
l’élastomère a (cm)
4.3.4.3 - Cas d’appareils d’appui associés à des attelages sismiques ou butées de sécurité
Dans le cas d’appareils d’appui souples (de type élastomère fretté ou appareils d’appui à pot glissants par exemples)
associés à des attelages sismiques ou des butées de sécurité, il convient de représenter correctement le comportement
de la liaison entre le tablier et l’appui considéré avant et après mise en butée ou sollicitation de l’attelage.
s : jeu de l’attelage ou de la butée pris égal au déplacement nominal de calcul de l’appareil d’appui (s=dE),
dy : flèche élastique de l’élément d’appui (pile ou culée) après butée sous l’effet de 1,5 fois l’énergie sismique nominale,
Fs : effort correspondant à une déformation s de l’appareil d’appui,
F y : effort transmis à l’élément d’appui (pile ou culée) sous l’effet de 1,5 fois l’énergie sismique nominale,
A : rigidité de l’appareil d’appui,
B : rigidité de l’élément d’appui (pile ou culée),
C : approximation linéaire de la courbe (rigidité sécante équivalente appareil d’appui plus butée).
Cette approximation permet d’évaluer les sollicitations de dimensionnement de la butée (F=F y-Fs) et de l’élément
d’appui, pile ou culée (F=Fy ; d=dy).
Nota : D
ans le but de ne pas pénaliser de manière rédhibitoire l’emploi des butées de sécurité en zone sismique, jugé
comme une bonne disposition conceptuelle héritée des anciennes pratiques et règles de dimensionnement
parasismiques françaises [8], [9], le groupe reflet national de l’Eurocode 8-2 a proposé à la Commission de
Normalisation Parasismique (CN/PS) une approche plus simple qui consiste :
• soit à utiliser un coefficient gIS = 1,5 pour le dimensionnement des appareils d’appui sans butées ;
• soit de prendre la valeur g IS =1, sous réserve de disposer d’un système de défense d’ultime secours (butées
de sécurité), dimensionné, ainsi que ses attaches et ses fixations, sous 75 % de l’effort de l’appareil
d’appui en fin de course, dans la situation sismique de calcul .
Cette approche, a priori moins scientifique et moins sécuritaire que la précédente mais qui présente l’avantage
de la simplicité, a été calibrée de manière à ce que le surplus d’effort amené par la limite de résistance de
la butée soit couvert par le coefficient de sécurité complémentaire contre les modes de défaillance fragile
de la pile gBd = 1,25. En effet, si on considère que les modes de vibration correspondant aux situations avant
et après mise en butées sont indépendants, alors la combinaison quadratique des efforts correspondants
est :
Dans tous les cas, il conviendra impérativement de s’assurer que la pile présente une réserve de
capacité suffisante (en particulier à l’effort tranchant) de manière à garantir que l’endommagement
de la butée intervient avant le mode de rupture fragile de la pile.
Ce type de conception, ainsi que la description des dispositifs les plus couramment utilisés et de leur loi de comportement,
font l’objet d’un paragraphe particulier [Chapitre 4 - 6.4].
4.4 - Amortissement
Les spectres de l’Eurocode8-1 sont donnés pour un taux d’amortissement critique de 5 %. Un amortissement x différent
de 5 % conduit à corriger le spectre élastique (conseillé dans le présent guide) ou le spectre de dimensionnement en
les multipliant par un facteur h :
Pour un ouvrage dont la souplesse provient entièrement des appareils d’appui en élastomère fretté à faible
amortissement, on adopte un taux d’amortissement critique de 5 %.
Lorsque plusieurs matériaux participent à la souplesse des appuis, l’amortissement doit être évalué au prorata
des énergies de déformation stockées dans les différents matériaux.
Les pourcentages d’amortissement critique à associer aux différents matériaux constitutifs de la structure sont
les suivants [EC8-2 4.1.3] :
• acier soudé : 2 % ;
• acier boulonné : 4 % ;
• béton armé : 5 % ;
• béton précontraint : 2 % ;
• élastomère fretté à faible amortissement : 5 % ;
Pour simplifier, on pourra adopter le taux d’amortissement critique le plus faible et dans le cas de piles en béton armé,
on pourra appliquer directement les spectres sans correction.
5.1 - Principes
Afin de déterminer les sollicitations, on commence toujours par effectuer un calcul élastique, quelle que soit la méthode
de dimensionnement utilisée par la suite.
Dans le cas d’un calcul élastique, les efforts ainsi obtenus sont directement utilisés pour dimensionner les sections.
Pour certains systèmes d’appui (voir chapitre 3) et sous réserve d’adopter des dispositions constructives particulières
(voir chapitre 6), il est possible de procéder à un calcul inélastique qui réduit forfaitairement les efforts (coefficient
de comportement).
On distingue les trois directions du séisme, longitudinale, transversale et verticale que l’on traite de façon indépendante.
Pour les ponts courbes ou biais [Chapitre 4 - 3.1], on définit l’axe longitudinal par la corde joignant les appuis extrêmes
intervenant dans la reprise des efforts horizontaux.
Dans tous les cas, le tablier est dimensionné de façon à rester élastique; de même pour tous les éléments précontraints.
On admet la formation de rotules plastiques par plastification des aciers longitudinaux pour des efforts inférieurs
à ceux qu’une structure parfaitement élastique aurait subis. On applique la démarche du calcul élastique
Il faut toutefois bien vérifier que, sous les sollicitations réduites obtenues, il y a effectivement formation de rotules
plastiques et, qu’en dehors des zones de rotules plastiques, la structure reste bien élastique. La vérification de
ce critère de cohérence assure au projeteur que, sous les sollicitations ainsi déterminées, les parties fragiles (i.e. non
ductiles) de la structure sont bien protégées par la formation de rotules plastiques ductiles.
En somme, on dicte à la structure les seuls endroits où elle peut dissiper de l’énergie par endommagement et
plastification des aciers.
Nota : L e groupe reflet national de l’Eurocode 8-2 a proposé à la Commission de Normalisation Parasismique (CN/PS) que
le critère : « 150 m2 ou 0,15 g » soit remplacé par « 150 m2 et 0,15 g », de façon à couvrir notamment le
cas de certains ouvrages ferroviaires de grande longueur mais particulièrement étroits.
La très grande majorité des ouvrages courants peut être analysée sous séismes grâce à une approche monomodale.
Dans ces méthodes simplifiées, on fait l’hypothèse que les mouvements de la structure pour une direction donnée du
séisme sont à tout instant proportionnels à une déformée privilégiée, appelée mode fondamental selon cette même
direction (hypothèse à vérifier a posteriori).
Les méthodes monomodales ne s’appliquent que rarement aux ponts non courants ou exceptionnels : arcs, ponts à
béquilles, ponts à câbles (de suspension ou de haubanage), pont cantilever.
Nota : R
appelons que le centre de raideur (cf. figure 64) se définit comme le barycentre des raideurs K i des appuis
dans la direction considérée des mouvements sismiques. Si les xi sont les abscisses des appuis, l’abscisse
du centre de raideur vaut :
Nota : B
ien sûr, si l’ouvrage présente une symétrie géométrique et mécanique en coupe longitudinale, l’excentricité
vis-à-vis du séisme transversal est nulle.
Le problème de l’excentricité entre le centre de raideur et le centre de masse se pose également pour le séisme
longitudinal et en particulier pour les ponts courbes. Toutefois, on montre que si le rapport de la longueur
développée du tablier sur le rayon de courbure est inférieur à 0,6, on peut alors négliger cette excentricité.
L’analyse monomodale ne s’applique en théorie qu’aux ouvrages dont le biais et la courbure sont limités. L’Eurocode 8-2
ne fournit pas de valeurs limites d’utilisation de la méthode, mais impose la prise en compte d’un moment de torsion
additionnel forfaitaire [Chapitre 4 - 5.3.5]. Lorsque l’angle de biais est inférieur à une valeur de l’ordre de 78 grades
(angle complémentaire supérieur à 20° selon l’article 4.1.5(1)P de l’Eurocode 8-2) ou que l’angle balayé en plan par
la tangente à l’axe d’un ouvrage courbe est supérieur à 25° (28 grades), un couplage entre les mouvements longitudinaux
et transversaux est susceptible d’intervenir et l’analyse monomodale seule ne donne plus de bons résultats. Il est
toutefois possible, par des dispositions constructives, d’empêcher ce couplage. En disposant, par exemple, des butées
latérales de blocage sur culées, on interdit l’apparition d’un mode de rotation d’axe vertical du tablier sur les ponts
biais courants. Dans ce cas, la méthode monomodale redevient licite.
Les conditions d’application de la méthode monomodale portant sur le biais s’explicitent donc comme suit :
• L’angle de biais ϕ (cf. figure 65) est supérieur à 78 grades et les raideurs longitudinales et transversales totales
des appuis (évaluées en considérant le tablier comme un corps rigide) ne varient pas de plus de 10 % par rapport
aux valeurs calculées sans biais.
La condition est automatiquement vérifiée si le tablier repose entièrement sur des appareils d’appui en élastomère
et n’est bloqué dans aucune direction ou s’il est fixé sur des piles indépendantes présentant la même raideur dans
toutes les directions (on a alors KX = KY).
• En cas d’ouvrage courbe, l’angle balayé en plan par la tangente à l’axe Ψ T est inférieur à 25° (28 grades environ)
et les raideurs longitudinales et transversales totales des appuis ne varient pas de plus de 10 % par rapport aux
valeurs calculées sans courbure.
Dans le cas où les axes principaux d’inertie des lignes d’appui sont suivant la tangente (Xi) à la ligne moyenne de
l’ouvrage et perpendiculairement à celle-ci (Y i), nous désignons par K xi et K yi les raideurs de la ligne d’appui n°i
selon ces axes. Soit Ψ i, l’angle formé par les tangentes à la ligne moyenne de l’ouvrage aux appuis n° 0 (culée)
et i (cf. figure 66).
Cette condition est immédiatement remplie si le tablier est posé sur des appareils d’appui en élastomère ou si
les appuis résistants présentent la même raideur dans toutes les directions (KXi = KYi).
où :
M est la masse effective totale du tablier augmentée de la moitié supérieure des piles si celles-ci sont liées
rigidemment au tablier. Pour un tablier reposant sur des élastomères frettés ou sur des appuis glissants, M est
la masse du tablier seul.
Sd(T) est l’accélération spectrale du spectre de réponse élastique [Chapitre 4 - 2.5.2.2] correspondant à la période
fondamentale du pont T
K = ΣKi est la raideur du système, égale à la somme des raideurs des éléments résistants
5.3.2.2 - Exemple
Ce chapitre présente une estimation des efforts dans le cas d’un pont à tablier rigide, continu, droit, sans biais.
La raideur longitudinale K de l’ensemble des appuis est égale à la somme des raideurs longitudinales des appuis : K = ΣKi.
La période longitudinale du tablier sur ses appuis vaut :
(avec M en kg et K en N/m)
Il faut toutefois être prudent dans le cas où la culée et son système de fondation ont une souplesse comparable
ou supérieure à la souplesse longitudinale du tablier. La formule ci-dessus devient alors caduque.
Le modèle de déformation du tablier dépend de sa raideur relative par rapport aux appuis : si le tablier est très raide,
il peut être considéré comme un bloc indéformable, auquel cas son déplacement transversal est décrit par un unique
degré de liberté (cf. modèle à tablier rigide ci-dessus) ; si le tablier est un peu plus souple, on devra prendre en compte
sa déformée transversale (cf. modèle à tablier flexible, méthode de Rayleigh, ci-dessous).
Ces deux modèles sont proposés par l’Eurocode 8-2 pour la protection parasismique des ponts. Le modèle à tablier
rigide, plus simple à utiliser, s’applique à la majorité des ouvrages courants.
Le modèle de la pile indépendante permet une bonne évaluation du comportement des piles dans le cas de ponts
très réguliers.
Pour les ouvrages qui ne sont pas bloqués transversalement sur culées, une condition suffisante (et donc en général
un peu pessimiste) pour avoir D d/da ≤ 0,20 est que la raideur des piles ne varie pas trop autour de la valeur moyenne :
Les effets sismiques doivent être déterminés en appliquant au tablier une force horizontale statique équivalente F
donnée par l’expression :
F = M.Se(T)
où :
M est la masse effective totale de la structure, égale à la masse du tablier, augmentée le cas échéant de
la masse de la moitié supérieure des piles si celles-ci sont encastrées,
S e(T) est l’accélération spectrale du spectre de dimensionnement [Chapitre 4 - 2.5] correspondant à la période
fondamentale du pont T ( ),
K = SKi est la raideur du système, égale à la somme des raideurs des éléments résistants.
En transversal, la force F peut être distribuée le long du tablier proportionnellement à la distribution des masses
effectives.
Dans la méthode de Rayleigh, on modélise le tablier par des tronçons de masse M i. Aux nœuds de jonction du tablier
avec les piles bloquées transversalement, on ajoute à la masse afférente au nœud du tablier, la moitié de la masse
de la pile. À chacune des masses, on affecte un degré de liberté de déplacement transversal et on évalue (à l’aide
d’un programme de calcul de structure) le déplacement di de la masse Mi dans la déformée du tablier lorsque la
structure est soumise aux forces g.Mi, agissant à tous les points nodaux dans la direction horizontale considérée.
On détermine alors la période de la structure (formule issue du quotient de Rayleigh) :
Où :
T est la période du mode fondamental de vibration pour la direction horizontale considérée
M i est la masse concentrée au i-ème point
di est le déplacement du i-ème point nodal déterminé approximativement par la forme du premier mode
(il peut être pris égal aux valeurs déterminées ci-dessus),
S e(T) est l’accélération spectrale du spectre de réponse élastique,
g est l’accélération de la gravité.
Il est à noter que la demi-masse des appuis bloqués sur le tablier doit être incluse dans la masse globale.
Les efforts dans les appuis s’obtiennent par un calcul statique équilibrant ces forces.
On donne ici un critère a posteriori pour justifier la méthode monomodale dans le cas du tablier souple. Il s’agit de
vérifier que le mode fondamental de la structure décrit bien l’essentiel des mouvements sous séisme (pour la direction
d’excitation donnée). On utilise pour ce faire la notion de « masse modale sismique » :
Soit d i les déplacements des masses pour un mode propre donné (NB : les di calculés au début de ce paragraphe sont
une approximation du mode propre fondamental). On rappelle que la masse modale sismique du mode en question
s’écrit :
A défaut, on pourra se contenter de n’atteindre M ms ≥ 0,7 M tot sous réserve de multiplier les valeurs finales des effets
de l’action sismique par Mtot/Mms.
Fi = Mi.S e(Ti)
où :
M i est la masse effective attribuée à la pile i (masse de la moitié supérieure de la pile augmentée de la masse
du tablier afférent à la pile).
Autrement, une redistribution des masses effectives, conduisant au respect de la condition ci-dessus est exigée.
Dans les zones à sismicité faible ou modérée, l’effet du séisme vertical sur les piles peut être négligé. Dans les
zones à sismicité moyenne à forte, ces effets doivent être pris en compte uniquement si les piles sont soumises à
des contraintes de flexion importantes, dues aux actions permanentes verticales du tablier, ou lorsque le pont se trouve
à une distance comprise entre 0 et 5 km d’une faille active [EC8-2 4.1.7.1]. En effet, les sollicitations provoquées par
le séisme vertical sont généralement couvertes par les charges d’exploitation à l’ELU.
Les effets de la composante de l’action sismique verticale sur les appareils d’appui et les attelages doivent être pris
en compte dans tous les cas pour se prémunir contre des risques de soulèvement ou plus couramment contre le risque
de cheminement d’un appareil d’appui en élastomère fretté [EC8-2 4.1.7(3)P].
Le risque de soulèvement sous sollicitation dynamique est moins grave que sous sollicitation statique. S’il se présente,
il convient de guider le tablier de sorte qu’il ne s’échappe pas de ses appuis. Il n’est en général pas nécessaire de
prévoir un dispositif lourd anti-soulèvement pour les ouvrages courants.
Les vibrations verticales du tablier sont complexes. Lorsqu’il s’agit d’un ouvrage courant, régulier, et que le tablier
repose simplement sur ses appuis (pas d’encastrement), les réactions d’appui Ri (cf. figure 71) peuvent être calculées
simplement à l’aide de la relation suivante :
où L est la longueur de la travée principale, et m est la masse linéique du tablier comprenant les équipements.
Le paramètre a caractérise l’accélération du sol en fonction de la classe de l’ouvrage et de la zone sismique du projet :
Le paramètre b quantifie la réaction d’appui pour un ouvrage « normalisé » : travée centrale, masse linéique et spectre
unitaires (L=1, m=1, Se(T)=1 pour toute période T). Les valeurs obtenues sont présentées dans le tableau 22, pour
différents types d’ouvrages.
- Y R1 R2 R3 Y R1 R2 Y R1 R2 Ri
0,41 0,5 0,22 0,57 0,33 0,5 0,22 0,45 0,5 0,19 0,38 0,71
0,6 0,24 0,49 0,31 0,6 0,24 0,48 0,6 0,25 0,42 0,62
0,7 0,29 0,52 0,28 0,7 0,26 0,58 0,7 0,29 0,57 0,54
0,8 0,33 0,63 0,25 0,8 0,26 0,69 0,8 0,27 0,70 0,64
0,9 0,34 0,78 0,25 0,9 0,24 0,75 0,9 0,22 0,69 0,82
1,0 0,31 0,89 0,31 1,0 0,25 0,75 1,0 0,24 0,64 0,90
Considérons un pont dalle à 3 travées situé en zone de sismicité moyenne et sur un sol de classe A. L’ouvrage est
situé dans une zone de relief peu marqué et est de catégorie d’importance III. Ses caractéristiques géométriques
sont reportées à la figure 72. Le rapport de travée vaut 0,6 et les réactions d’appui dues au séisme vertical valent :
On vérifie les appareils d’appui et les piles en cumulant ces valeurs avec les réactions d’appui sous charges
permanentes et en les combinant avec les actions concomitantes du séisme horizontal. Il convient de prendre ces
réactions d’appui vers le haut et vers le bas afin de tenir compte aussi bien du séisme vertical ascendant que du
séisme vertical descendant.
5.3.5 - P
rise en compte forfaitaire de la rotation d’axe vertical dans le cas des ponts biais ou présentant
un excentrement de la masse
Dans le cas des ponts présentant un excentrement e0 de la masse par rapport au centre de raideur supérieur à 5 % de
la longueur du tablier, les méthodes monomodales basées sur le mode fondamental restent utilisables sous réserve
de prendre en compte les effets de la rotation du pont autour d’un axe vertical par l’intermédiaire d’un moment M t
(moment de torsion statique équivalent agissant autour de l’axe vertical et passant par le centre des masses du tablier)
calculé séparément et cumulé aux autres effets des actions sismiques [EC8-2 4.2.2.5] :
avec
F : la force horizontale déterminée par l’une des méthodes précédentes
et e = eo + ea
eo est l’excentricité théorique entre le centre de masse et le centre de raideur et ea rend compte de l’amplification
accidentelle et dynamique :
ea = 0,05L ou 0,05B où L et B sont respectivement la longueur et la largeur de l’ouvrage
Figure 73 : Notations
Dans le cas des ponts biais sous certaines conditions géométriques [Chapitre 4 - 4.1.2] (j < 78 grades et rapport
B/L > 0,5), l’Eurocode 8-2 [EC8-2 4.1.5] définit un troisième terme ed d’excentricité additionnelle qui reflète l’effet
dynamique de la vibration simultanée de translation et de rotation en cas d’entrechoquement du tablier sur les culées.
La force F peut être déterminée par l’un de modèles de tablier. Le moment Mt peut être distribué aux éléments porteurs
en utilisant le modèle à tablier rigide.
Nous recommandons en outre dans le cas des ponts dont la valeur du biais est inférieure à 78 grades (ou 70°) de
majorer les déplacements ainsi calculés de 50 % pour le dimensionnement des souffles au droit des culées.
Enfin, il est rappelé qu’en zones de forte sismicité, il est recommandé d’éviter les ponts très biais (biais j < 50 grades
ou 45° [EC8-2 4.1.5(2)].
Lorsque les ouvrages ne répondent pas aux critères de régularité pour l’emploi de la méthode monomodale, ils
peuvent être étudiés avec la méthode multimodale. Ces méthodes multimodales consistent à calculer et à combiner
quadratiquement, direction par direction, les contributions des différents modes de vibration de la structure.
Les sollicitations obtenues dans une direction donnée (efforts, déplacements contraintes…) résultent alors de
la combinaison quadratique de type SRSS (racine carrée des carrés) ou CQC (combinaison quadratique complète) des
contributions de chacun des modes.
Dans une direction donnée, les sollicitations, Ei, issues de chacun des modes i (efforts, déplacements contraintes…)
sont alors combinées quadratiquement par la méthode SRSS (racine carrée de la somme des carrés).
Si deux modes ont des périodes naturelles voisines la méthode SRSS n’est pas sécuritaire Deux périodes Ti, Tj, sont
considérées comme voisines si :
La prise en compte simultanée des composantes de l’action sismique le long des axes horizontaux X, Y et de l’axe
vertical Z pour évaluer l’effet maximal probable de l’action E, peut être calculé par la méthode SRSS à partir des effets
maximaux de l’action sismique calculée de façon indépendante le long de chaque axe Ex, Ey et Ez :
De manière plus simple, l’effet maximal probable de l’action E peut être pris égal à l’effet le plus défavorable parmi
les effets calculés par combinaisons sismiques des directions [Chapitre 4 - 3.2].
Ces efforts intègrent directement le cas échéant la prise en compte du coefficient de comportement q (intégré dans
le spectre de calcul Sd(T)).
Les actions d’origine sismique supportées par les appuis ont trois origines :
• les efforts provenant de la mise en mouvement du tablier ;
• les efforts provenant de la mise en mouvement de l’appui ;
• les efforts provenant de l’action des terres sur l’appui (hormis l’accélération d’ensemble).
Les règles de cumul des effets de ces différentes actions sont explicitées au chapitre 5, §4.2.
Enfin, dans les cas des piles de grande hauteur, il convient également de considérer les effets du second ordre.
5.5.2 - Prise en compte de la vibration propre de l’appui dans le cadre d’une méthode simplifiée
Lors d’une étude par une analyse multimodale, il suffit d’introduire dans le modèle de calcul la masse et la rigidité
des appuis, ainsi que les conditions de liaison de l’appui avec le sol et avec le tablier.
Par contre, dans le cas fréquent d’emploi d’une méthode simplifiée, il convient de distinguer les cas suivants.
Pour le calcul de l’effort sismique dans la pile, on prendra en compte un champ d’accélération uniforme, appliqué à
la pile, dont la valeur est issue du spectre de réponse élastique à la période T évaluée ci-dessus.
Nota : L ’utilisation d’un coefficient de comportement pour la pile seule, isolée du reste de la structure, n’est a priori
pas exclue, mais cela sort du cadre normatif et on préférera consulter un spécialiste.
• Pour une culée [Chapitre 5 - 4.3] ou tout autre élément enterré, en accélérant les masses par les coefficients
sismiques (respectivement horizontal et vertical) :
Où :
S est le coefficient de sol,
S T est le coefficient topographique qui vaut en général 1.
L’effort ainsi obtenu sera supposé agir au niveau du centre de gravité de l’appui.
Dans le cas d’une modélisation complète à l’aide d’un logiciel de calcul dynamique prenant en compte les non-linéarités
géométriques, les effets du second ordre sont pris en compte automatiquement dans le calcul.
Dans la plupart des cas, lorsque l’on a recours à une analyse simplifiée et que la hauteur des piles laisse supposer
que ces effets ne sont pas négligeables (DM2eme ordre > 5 %M1er ordre), alors il convient de les évaluer à part et de
les intégrer dans le calcul.
Ces effets se traduisent par un moment supplémentaire en tête d’appui, résultant de l’excentrement des charges
verticales sous l’effet des déplacements sismiques horizontaux [EC8-2 5.4] :
Où :
dEd : déplacement transversal relatif des extrémités de l’élément ductile considéré
NEd : effort normal total dans l’appui considéré
Ils sont à considérés plus spécifiquement dans le cas d’un comportement ductile où les déplacements sismiques
obtenus sont plus importants par rapport à un comportement à ductilité limitée.
Les sollicitations qui se développent en raison de l’interaction cinématique doivent être évaluées uniquement si toutes
les conditions suivantes sont réunies simultanément :
• profil de sol de classe D, E, S 1 ou S 2, et d’une manière générale tous les profils de sol qui contienne des couches de
sol dont la rigidité diffère nettement ;
• zone de sismicité modérée à forte (agr S > 0,1 g) ;
• ouvrages de catégories d’importance III ou IV.
Les méthodes d’analyse proposées consistent alors à découpler les sollicitations induites par chacun des deux effets :
inertiels et cinématiques. Dans les cas courants, l’enveloppe des sollicitations obtenues sera à considérer dans la
vérification des pieux. Cette disposition est valable si la période fondamentale T de la structure (sur base fixe) diffère
sensiblement de la période fondamentale Ti du système sol-pieu. Dans le cas contraire (résonance), on procédera au
cumul des sollicitations induites par les effets inertiels avec celles induites par les effets cinématiques. En pratique,
on pourra considérer qu’un risque de résonance si le rapport T/Ti est compris entre les valeurs de 0,7 et 1,4.
Pour évaluer la période fondamentale T i du système sol-pieu, on pourra procéder de la manière suivante :
où est la vitesse des ondes de cisaillement se propageant verticalement dans le sol, G est le module de
cisaillement défini au chapitre 4, §4.3.3.1 et r est la masse volumique du sol.
où :
Ts est la période propre de la colonne de sol évaluée précédemment ;
M est la masse associée à la descente de charge sur le pieu : M = p.S/g avec p la contrainte verticale statique
sur le pieu, S la section du pieu et g l’accélération de la pesanteur ;
EI est la rigidité de flexion du pieu (produit du module d’Young par l’inertie de la section) ;
k.G correspond au coefficient de ballast du sol (raideur par unité de longueur de pieu) avec k coefficient
numérique compris généralement entre 2 et 4 et G le module de cisaillement du sol [Chapitre 4 - 4.3.3.1].
5.6.1 - Efforts dans les pieux provenant des actions inertielles de la structure en élévation
La descente de charge sismique peut être appliquée, dans les cas simples, à un modèle discret de pieu (barres) sur
appuis élastoplastiques. Les valeurs de raideur des « ressorts » modélisant le sol sont celles données au chapitre 4,
§4.3.3. Les valeurs des paliers plastiques doivent être choisies en tenant compte d’une éventuelle réduction des réactions
de sol sous l’effet du chargement cyclique, notamment dans les sols susceptibles de générer une augmentation des
pressions interstitielles.
En l’absence d’études particulières, les couches superficielles de terrain doivent être négligées sur une hauteur
correspondant à la hauteur de la semelle plus 2 diamètres de pieu, en raison des déformations permanentes susceptibles
de se produire sous séismes (création d’un espace annulaire).
La résistance latérale des couches sensibles au risque de liquéfaction sous le séisme de projet, doit être négligée.
Il convient également de prendre en compte « l’effet de groupe dynamique » dont les conséquences sont dans la plupart
des cas une réduction des raideurs (diminution de la raideur globale du système de fondation d’un facteur 2 à 5), et
des paliers plastiques mobilisables en réaction frontale le long des pieux situés dans un groupe, en comparaison des
pieux isolés.
5.6.2 - Efforts dans les pieux provenant d’un déplacement imposé par le sol
L’interaction cinématique peut être évaluée de manière simplifiée dans les cas courants au moyen d’une approche
pseudo-statique qui consiste à considérer que le pieu est soumis à la déformée maximale du sol en champ libre (non
affectée par la présence de la structure).
Dans le cas d’une stratification horizontale, une analyse de propagation verticale d’ondes basée sur une méthode linéaire
équivalente est acceptable pour évaluer cette déformation en tenant compte de la dépendance de l’amortissement et
du module de cisaillement du sol avec le niveau de déformation. Le calcul est effectué de manière itérative afin qu’à
chaque itération, l’analyse linéaire soit basée sur des propriétés du sol ajustées en fonction du niveau de déformation
obtenu à l’itération précédente. Les amplitudes de déformation de cisaillement effective dans chaque couche, g eff,
qu’il convient d’utiliser pour l’évaluation des modules dynamiques et des amortissements dans les méthodes linéaires
équivalentes, peuvent être prises égales à :
g eff =0,65 g max,t
où g max,t est la valeur maximale de la déformation de cisaillement dans la couche de sol en champ libre, au cours de
l’action sismique considérée.
La déformée maximale considérée est l’enveloppe des déformations maximales du sol obtenues au cours de l’action
sismique considérée.
Au stade de pré-dimensionnement, dans le cas d’un profil homogène d’épaisseur Hs entre le rocher et la surface, on
pourra admettre que la déformée du sol dans le premier mode est un quart de sinusoïde défini par le déplacement
maximal à la surface d max :
et qui correspond au spectre de réponse élastique en déplacement pour de longues périodes (supérieures à T F).
Il convient dans ce cas, sauf études particulières, de considérer le déplacement de calcul au niveau du sol dg en lieu
et place de dmax.
Le déplacement du sol s’écrit : où z est compté vers le bas à partir de la surface du sol.
Le déplacement maximal imposé entre la tête et la base de la fondation profonde de longueur L vaut donc :
Dans les cas courants, cette déformation de sol sera imposée à l’extrémité des ressorts d’un modèle de pieu sur appuis
élastoplastiques (comme c’est le cas en statique pour la prise en compte des poussées latérales), en choisissant
des raideurs de sol compatibles avec le niveau de déformation attendu sous le séisme de projet [Chapitre 4 - 4.3.3].
Si le pieu est suffisamment souple pour suivre la déformée du sol (ce qui est rarement le cas pour les fondations
d’ouvrages d’art en dehors de zones de faible sismicité et de profil de sol rigide), le moment et l’effort tranchant
du pieu d’inertie I et de module d’Young E valent alors respectivement :
Remarquons que dans ce cas, sous déplacements imposés, donc sous courbures imposées, les contraintes normales
en fibres extrêmes augmentent proportionnellement avec la taille du pieu.
Les études du risque de liquéfaction doivent être approfondies sur la base de reconnaissances spécifiques et en nombre
suffisant en raison :
• de l’importance et des difficultés techniques d’évaluation des efforts parasites susceptibles d’être générés par
la liquéfaction des sols sur les ouvrages ;
• des difficultés de modélisation de ces phénomènes dans les calculs ;
• des surcoûts liés au renforcement des fondations vis-à-vis de cet aléa ou au traitement des sols.
Dans le cas de couches sensibles à la liquéfaction étendue, surmontées de terrains non liquéfiables, des phénomènes
de déplacement latéral des couches superficielles peuvent induire des efforts parasites très importants sur les pieux
et leur semelle de liaison. L’évaluation de ces chargements sort du cadre d’application du présent guide.
5.7 - Prise en compte de l’action dynamique des terres sur les murs : méthode de Mononobe-Okabe
Sous séisme, les forces de poussée ou de butée d’un sol sur un mur ou un écran peuvent être prises en compte
sous la forme d’un chargement pseudo-statique en utilisant la méthode dite de Mononobe-Okabe [22], [23]. Cette
méthode qui reste limitée aux remblais sans cohésion repose sur la méthode de Coulomb. Les remblais sont soumis à
des accélérations sismiques horizontale et verticale qui se cumulent à l’accélération de la pesanteur. On se reportera
à l’annexe E de l’EC8-5 pour plus de détails.
La poussée dynamique globale sous séisme, comportant à la fois les effets statiques et dynamiques de la poussée
active des terres, et les poussées statiques et dynamiques de l’eau présente dans le sol s’exprime sous la forme
suivante (cf. notations de la figure 75) :
avec :
H la hauteur du mur ;
Ews la poussée statique de l’eau ;
Ewd la pression hydrodynamique de l’eau libre de se déplacer ;
g* le poids volumique du sol défini ci-dessous suivant la configuration de la nappe ;
kv le coefficient sismique vertical ;
K le coefficient de poussée des terres calculé à partir de la formule de Mononobe Okabe :
• États actifs (poussées) :
- - si b ≤fd -q :
- - et si b > fd -q :
Ψ et b sont les angles d’inclinaison de la face arrière du mur et de la surface du remblai par rapport à l’horizontale
(cf. figure 75)
• Remarques sur le choix de d, du point d’application de la poussée et des valeurs des coefficients sismiques :
- - La valeur de l’angle d a de frottement terrain-mur est plus faible en régime dynamique qu’en statique. Il conviendra
de prendre pour d a des angles inférieurs à 2/3 f, et d p nuls (non intégré dans les formules de butée). Dans
la pratique on adoptera le plus souvent également da = 0 ;
- - En l’absence d’une étude plus détaillée prenant en compte la rigidité relative du mur, le type de mouvement
et la masse relative de l’ouvrage, le point d’application de la « sur-poussée » dynamique des terres (différence
entre la poussée dynamique globale et la poussée statique) doit être pris à mi hauteur. Pour les murs qui peuvent
tourner librement autour de leur base, le point d’application de la « sur-poussée » dynamique des terres peut
être pris égal à celui de la poussée statique des terres ;
- - La valeur du coefficient sismique horizontal kh doit être prise égale à :
où S T est le coefficient d’amplification topographique [Chapitre 4 - 2.4], et r est défini dans le tableau 23.
Le coefficient sismique est pris constant sur la hauteur du mur lorsque celle-ci est inférieure à 10 m. Pour des
hauteurs plus importantes, il convient d’effectuer une analyse monodimensionnelle de propagation verticale
des ondes en champ libre pour obtenir une estimation plus affinée de a g en prenant la valeur moyenne du pic
d’accélération horizontale du sol le long de la hauteur du mur.
-- En présence de sols granulaires sous nappe, on limitera r à 1 à condition que le coefficient de sécurité vis-à-vis
de la liquéfaction soit supérieur à 2 ;
-- La valeur du coefficient sismique vertical kv doit être pris égal à kv = ±0,5 kh
- - Sols très perméables situés sous la nappe (l’eau est libre de se déplacer par rapport au squelette solide, les effets
de l’action sismique dans le sol et dans l’eau sont par hypothèse découplés) : g* = gsat - gw est le poids volumique
déjaugé du sol (gd = poids volumique du sol sec, gw= poids volumique de l’eau),
d’application de la poussée hydrodynamique peut être pris égal à 0,6H’ depuis la surface de la nappe libre.
Les paramètres à utiliser en fonction du niveau de nappe sont résumés dans le tableau 24.
• Cas particuliers :
-- La pression hydrodynamique s’appliquant sur la face extérieure du mur peut être évaluée par l’expression suivante :
où kh = a.S (r=1 et ST=1), h est la hauteur de l’eau libre, et z la coordonnée verticale descendante dont
l’origine est la surface de l’eau libre [22], [23].
-- Pour des structures rigides (telles que le sol ne puisse pas atteindre un état actif, par exemple les murs poids fondés
sur pieux ou au rocher), lorsque le mur est vertical et le remblai horizontal, l’effort dynamique dû à l’augmentation
de la poussée des terres (poussée dynamique des terres moins poussée statique des terres) peut être pris égal à :
où H est la hauteur du mur. Le point d’application de cette force est pris à mi-hauteur.
-- La prise en compte d’une butée des terres sous l’action sismique pour des murs poids ou murs cantilevers n’est
pas recommandée. La formule de Mononobe-Okabe, basée sur le principe de Coulomb, sur-estime les efforts de
butée en raison de courbes de rupture inappropriées. Lorsqu’il est nécessaire de prendre en compte une butée
passive des terres pour assurer l’équilibre d’ensemble d’un ouvrage, et en l’absence d’études particulières, celle-ci
est limitée à :
-- Lorsque le terre-plein supporte une charge uniforme d’intensité q, la poussée dynamique active globale
correspondante est prise égale à :
-- Pour des structures comportant des ancrages précontraints, la distance de l’ancrage au mur Le calculée en tenant compte
de l’action sismique est en général supérieure à la distance Ls exigée pour des charges statiques. Pour des terres-pleins
horizontaux, et des sols homogènes derrière le mur, on pourra adopter forfaitairement l’expression suivante :
Dans tous les cas de figure, les forces d’inertie s’appliquant à la masse de l’ouvrage de soutènement doivent être
ajoutées aux forces résultant des poussées des terres et de l’eau.
Dans le cas de sols stratifiés ou présentant une cohésion, il est recommandé d’avoir recours à des modèles pseudo-
statiques où l’action sismique est représentée par un ensemble de forces statiques horizontales et verticales égales au
produit des forces gravitaires par les coefficients sismiques définis ci-dessus (kh et kv). Le modèle de base comprend
l’ouvrage de soutènement et un coin de sol en état limite actif ou passif.
5.8 - Prise en compte d’un comportement inélastique par le biais d’un coefficient de comportement q >1
Lorsque le tablier de l’ouvrage est fixé sur une ou plusieurs piles, on peut admettre un comportement non-linéaire
de celle(s)-ci par plastification alternée des aciers longitudinaux dans les zones de rotules plastiques. On peut ainsi
délibérément réduire les efforts obtenus par l’analyse linéaire élastique, ce qui peut être bénéfique en particulier pour
le dimensionnement des fondations.
Dans tous les cas, les déplacements obtenus restent bornés aux déplacements issus du calcul élastique avec q=1
[EC8-1 4.3.4].
La philosophie qui conduit à l’introduction du coefficient de comportement a été présentée au chapitre 2, §2.4.1. Les
valeurs du coefficient de comportement applicables [Chapitre 4 - 1.2.2] dépendent des choix de conception (ductilité
limitée ou ductile), de la typologie et de la géométrie des appuis ainsi que du système de liaison retenu entre le
tablier et les appuis.
Dans la conception inélastique, les moments issus du calcul élastique se trouvent « divisés » par le coefficient de
comportement au travers du spectre de calcul.
Les rotules plastiques se forment en pied de pile, ou éventuellement en tête (en cas d’encastrement dans le tablier),
là où la valeur du moment fléchissant atteint son maximum. La norme prévoit des « zones de rotules plastiques
potentielles » qui englobent les zones de rotule plastique théorique et qui s’étendent à partir de l’encastrement sur
une longueur Lh qui est la plus grande des deux valeurs [EC8-2 6.2.1.5 et Chapitre 6 - 5.1] :
• la hauteur h de la section du fût dans le plan de la section (perpendiculairement à l’axe de rotation de la rotule) ;
• la longueur sur laquelle le moment est compris entre 0,8 Mmax et Mmax.
Des dispositions constructives (voir chapitre 6) concernant notamment le ferraillage transversal assurent
un comportement non linéaire convenable de cette zone.
L’Eurocode 8-2 requiert dans cette zone de rotule plastique potentielle, que l’on dimensionne le ferraillage longitudinal
pour la valeur de M inél et l’effort normal concomitant le plus défavorable (voir également chapitre 5, §3.1.2.1).
Il est important de ne pas surdimensionner le ferraillage longitudinal de façon à ce que la rotule plastique se produise
bien dans la zone critique et pas ailleurs.
En dehors de la zone critique, les dispositions constructives sont moins conséquentes et il convient donc de s’assurer
qu’aucune rotule plastique ne s’y forme. C’est pourquoi, l’Eurocode 8-2 prévoit d’établir le diagramme des moments
en dehors des zones critiques sur la base du moment résistant ultime M Rd (ou capacité de flexion) des sections de
rotules plastiques multiplié par un coefficient de « surcapacité » go qui varie en fonction des matériaux constitutifs et
reflète leurs propriétés de résistance ainsi que le rapport entre leur résistance à la rupture et leur limite élastique.
Cette approche, qui permet d’établir une certaine chronologie dans l’apparition des mécanismes d’endommagement
et de définir ainsi des zones « fusibles » dans la structure, porte le nom de « dimensionnement en capacité ».
Ce principe de dimensionnement et les vérifications de résistance qui en découlent sont plus largement traités au
chapitre 5, §2.
Dans ce cas, il convient d’appréhender le comportement non-linéaire de l’ouvrage sous l’effet du séisme par le biais
de méthodes plus sophistiquées. L’Eurocode 8-2 propose deux méthodes possibles pour ce type d’approche :
• la première méthode est une méthode quasi-statique non-linéaire équivalente dite « en poussée progressive »
ou « push-over » qui consiste à appliquer à la structure une force (ou déformation) croissante représentative du
chargement sismique et de suivre pas à pas l’apparition des rotules plastiques successives et les redistributions
d’efforts correspondantes ;
• la deuxième approche, plus complexe, consiste, à l’aide d’un logiciel ou algorithme spécifique, à mener une analyse
dynamique temporelle non-linéaire. Elle nécessite de modéliser la structure dans son ensemble avec toutes ses
non-linéarités potentielles et à la soumettre à directement à un jeu d’accélérogrammes. La réponse de la structure
est alors recalculée à chaque pas de temps en fonction de son état correspondant à l’instant (ou pas de temps)
précédent.
Pour ces deux méthodes, qui s’assimilent plus à des calculs de justification que de dimensionnement, il convient dans
un premier temps de prédimensionner le ferraillage des sections de rotules plastiques potentielles. Nous proposons
pour ce faire d’utiliser la « méthode en déplacement direct » décrite au chapitre 4, §4.3.2.2 pour la détermination du
ferraillage longitudinal. Le ferraillage transversal sera alors évalué à partir des dispositions constructives parasismiques
forfaitaires décrites au chapitre 6.
L’autre domaine d’emploi des méthodes d’analyses avancées concerne l’utilisation des dispositifs parasismiques (par
exemple amortisseurs). Les lois de comportement de ces dispositifs sont généralement complexes et dépendent souvent
de la vitesse de sollicitation. Dans ce cas seule une analyse dynamique temporelle non-linéaire permet de modéliser
correctement les phénomènes mis en jeu. Néanmoins l’Eurocode 8-2 propose en prédimensionnement une méthode de
calcul simplifiée basée sur des caractéristiques linéaires équivalentes. Cette méthode fait l’objet du chapitre 4, §6.4.2.1.
Les grandeurs caractéristiques de la loi de béton confiné (fcm,c et ecu,c) sont données par les expressions ci-dessous :
avec
et
dans les équations ci-dessus, est la pression effective de confinement où a est le coefficient d’efficacité
du confinement établi en fonction de la disposition des armatures transversales, conformément à l’article 5.4.3.2.2
de l’Eurocode 8-1.
rs dépend directement du ratio volumique d’armatures transversales ( dans le cas d’une section rectangulaire
et dans le cas d’une section circulaire) et de leur géométrie :
Le lecteur se reportera aux équations (E.1) à (E.13) de l’Annexe E de l’Eurocode 8-2 pour la description complète, point
par point, de la loi de béton confiné.
Typiquement, les valeurs obtenues dans le cas de l’application des dispositions constructives parasismiques imposées
par la norme peuvent atteindre 1,5 à 2 pour lc et 10 à 20 %0 pour ecu,c.
6.2.1.2 - Acier
L’Eurocode 8-2 [EC8-2 5.2.1] stipule que dans les zones de rotules plastiques potentielles, les armatures longitudinales
doivent être constituées d’un acier de classe C, caractérisé par une limite de déformation plastique ultime e su = 75 ‰
(cf. figure 77).
Le comportement des sections de piles dans lesquelles des rotules plastiques sont susceptibles de se former sont
définies par des lois moment-courbure, calculées par intégration sur la section des caractéristiques des matériaux
déterminées au paragraphe précédent, en tenant compte des coefficients de sécurités partiels gc=1,3 et g s=1,0.
Ces lois moment-courbure sont obtenues à partir d’un calcul de section de béton armé itératif en augmentant
progressivement le niveau de déformation dans la section. A chaque incrément, on peut alors calculer le point M-f
en fonction de la hauteur de section comprimée ;
où ds est l’épaisseur de la section par rapport au centre des armatures tendues (= D-enrobage ou h-enrobage) sur
la figure 78 ci-dessous, et M correspond au moment sollicitant, obtenu par intégration sur la section des contraintes
matériaux associées aux déformations imposées.
La courbe ainsi obtenue fait apparaître plusieurs infléchissement correspondant successivement à la fissuration du
béton tendu, la plastification des aciers tendus et/ou du béton comprimé et enfin la rupture de la section, atteinte
soit par écrasement du béton comprimé, soit par rupture des armatures tendues (cf. figure 79).
Afin de simplifier l’analyse, la loi moment-courbure est généralement approximée par une loi bi-linéaire, conformément
aux spécifications de l’Eurocode 8-2 annexes C et E : le point d’inflexion (f y,MRd) est alors calé de telle sorte que
les courbes réelle et linéarisée se croisent au point correspondant à la 1 ère plastification des armatures et que les
surfaces balayées par chacune des courbes au-delà de ce point soient égales (cf. figure 79) [EC8-2 E.3.2(3)].
Du point de vue de l’analyse structurelle, ces zones correspondent à une longueur dite « longueur de rotule plastique »
Lp telle que la courbure plastique fp,u à un instant donné peut-être supposée constante sur cette longueur (cf. figure 81).
La longueur de rotule plastique telle que définie dans l’Eurocode 8-2 est obtenue par la formule suivante :
où
L est la distance entre la section de rotule plastique et la section de moment nul, sous l’effet de l’action sismique
conformément au schéma de la figure précédente, noté Lv dans la suite du paragraphe.
fyk est la limite de contrainte élastique des armatures longitudinales, exprimée en MPa
d bL est le diamètre des armatures longitudinales
partir de cette longueur de rotule plastique et de la loi moment-courbure définie au paragraphe précédent, on peut
A
alors en déduire la courbe moment-rotation de la rotule de la figure 82 :
avec :
où :
l(as) = 1 si le rapport de portée d’effort tranchant as = L/d ≥ 3
A noter que si l’on s’intéresse à la rotation à la corde jusqu’au point de moment nul défini par L v, plutôt qu’à
la rotation locale de l’élément modélisant la rotule plastique, l’expression de q y définie ci-dessus est à remplacer par :
q y = fy.Lv/3 [EC8-2 Eq. E.17]
6.2.3.2 - Piles
Dans le cas d’analyses plus simplifiées, des modèles plus simples sont également envisageables où seul le tablier est
modélisé et les piles sont intégrées par le biais de ressorts (non-linéaires) reliant l’effort tranchant au déplacement
en tête de la pile considérée.
Il convient d’intégrer la loi moment-courbure sur la hauteur de la pile, de façon à la transformer directement en loi
force-déplacement pour la pile considérée (cf. figure 83).
Figure 83 : Modèle simplifié (vus de dessus) où les piles sont modélisées par des ressorts
Deux cas de figure peuvent alors se présenter selon que la pile fonctionne en flexion simple (pile encastrée en pied
et libre en tête) ou en flexion double (pile encastrée en pied et en tête).
Dans ce cas, la loi force-déplacement de la pile peut être directement déduite de la loi moment-courbure de la rotule
plastique susceptible de se former en pied de pile (cf. figure 85).
Figure 85 : Loi force-déplacement d’une pile fonctionnant en flexion simple [EC8-2 Fig. 2.2]
avec :
Dans ce cas, la loi force-déplacement de la pile doit intégrer la possibilité de formation de rotule plastique en pied
(notée B pour « bottom » ou « bas ») et en tête (notée T pour « top » ou « tête ») de pile. Si on suppose par exemple
que le moment plastique du pied de pile est inférieur à celui de la tête de pile (M Rdb<MRdT), c’est la rotule basse qui
Figure 87 : Évolution de la distribution des moments fléchissant selon l’apparition des rotules
Figure 88 : Loi force-déplacement d’une pile fonctionnant en flexion double (formation de rotules successives)
Dans le cas où les sections en pied et en tête de pile sont identiques (même ferraillage) et si le poids propre de
la pile est négligeable par rapport à la descente de charge provenant du tablier, alors MRdB = MRdT.
Dans ce cas la formation des rotules en pied et en tête est quasi-simultanée et les points (1) et (2) de la courbe 88
sont confondus (cf. figure 89).
Figure 89 : Loi force-déplacement d’une pile fonctionnant en flexion double (formation de rotules simultanée)
avec :
Fy = 2MRd /H
dy = Fy / K1 = fy.H2 /6
du = dy + dp,u = dy + 2.[(fu-fy).Lp.(H/2-0,5Lp)].l(as)
Nota : ( 1) Les mécanismes et schémas représentés ci-dessus, de même que les équations associées, ne sont valables
que dans le cas (théorique) où le tablier peut-être considéré comme infiniment rigide par rapport aux piles.
Lorsque cette hypothèse n’est pas vérifiée, la répartition des moments sollicitants en pied et tête de piles
est dissymétrique et le point de moment nul n’est plus situé à mi-hauteur de la pile. La répartition réelle
des moments dans la pile est alors à évaluer de manière plus précise à l’aide d’une analyse de structure
intégrant la souplesse en flexion longitudinale du tablier.
(2) Dans le cas (rare) où les sections de rotules plastiques potentielles sont soumises sous charges
permanentes à un moment fléchissant M0 non négligeable, il convient de remplacer MRd par (MRd-M 0) dans
les équations précédentes.
Les lois de la figure 90 correspondent à un chargement quasi-statique monotone. Dans le cas des analyses dynamiques
temporelles non-linéaires, il convient de considérer un chargement dynamique alterné (sollicitations cycliques),
ce qui nécessite en pratique de définir également la loi de déchargement.
Plusieurs cas de figures sont alors possibles selon que la non-linéarité résulte principalement de l’allongement élasto-
plastique des aciers tendus ou de l’endommagement du béton comprimé (cf. figure 90).
A noter que dans le cas de la conception neuve où les dispositions constructives parasismiques telles que définies
au chapitre 6 sont appliquées, qui permettent de garantir un confinement efficace du béton, c’est généralement
le 1er type de comportement qui est observé. Ce type de comportement est celui qui permet de dissiper le plus d’énergie
par hystérésis. Il se traduit notamment par l’applicabilité de la formule de Takeda (déjà évoquée précédemment pour
l’évaluation du pourcentage d’amortissement équivalent xeq, (l’énergie dissipée correspondant à 4 fois l’aire en charge)) .
Pour plus de précisions sur la prise en compte des non-linéarités cycliques dans le cadre des analyses dynamiques
temporelles, on se reportera au chapitre 4, §6.5.2.
Les analyses en poussée progressive sont parfaitement adaptées lorsque le système peut se ramener à un système à
un degré de liberté. Dès que la masse des piles et des chevêtres n’est pas trop importante, ce qui est généralement
le cas dans le sens longitudinal. Dans le sens transversal, c’est aussi le cas lorsque la répartition de la rigidité des piles
le long du pont fournit un support latéral plus ou moins uniforme à un tablier relativement rigide [EC8-2 4.2.5(2)].
Dans ces deux cas, la forme modale n’est pas modifiée par la formation successive de rotules plastiques.
La situation se complique lorsqu’il existe un mode transversal prépondérant, mais dont la déformée transversale n’est
pas régulière. Dans ce cas de figure, la forme du mode peut varier de manière significative avec le niveau de sollicitation
(formation des rotules plastiques successives) et le chargement équivalent à l’action sismique ne peut plus donc se
faire suivant la même déformée. L’écart de déformée est d’autant plus important que ce sont des piles rigides qui
plastifient en premier : le mode avant plastification présente un nœud rigide au niveau de la pile en question, alors
qu’il présente sans doute une déformée importante au même point après plastification (rotule plastique).
De plus, lorsque le comportement n’est plus monomodal mais multimodal, la situation se complique encore plus.
Les différents modes influents sont à prendre en compte pour le chargement de poussée progressive, et sont à modifier
une fois qu’une rotule plastique se forme. Il est même possible que le comportement devienne monomodal après
la première plastification.
Dans tous ces cas, l’Eurocode 8 recommande soit d’éviter les irrégularités ayant conduit à cette situation, soit d’utiliser
l’analyse temporelle non linéaire. En règle générale, il convient de choisir les conditions d’appuis pour obtenir une
structure la plus régulière possible. Après les plastifications successives, son comportement doit se rapprocher au
maximum de celui d’une structure monomodale.
Cependant, il n’est pas toujours possible de modifier la conception pour rendre l’ouvrage plus régulier, bien que
ce soit la première chose à faire. Le passage à l’analyse temporelle non linéaire représente quant-à lui une très forte
complexification de l’analyse. Le nombre de calculs à mener est important puisque l’on doit considérer plusieurs
paires d’accélérogrammes. De plus, la compréhension du comportement sismique du pont est rendue plus difficile et
l’interprétation des résultats plus complexe et délicate. Si au terme d’une telle analyse l’ouvrage n’est pas justifié,
l’élaboration de la stratégie de modification de la conception est en outre peu aisée, contrairement au cas de l’analyse
en poussée progressive qui fait apparaître de manière plus évidente les faiblesses et les éléments peu ductiles
du système.
Lorsque la géométrie de la structure impose la prise en compte des effets de second ordre (piles de grande hauteur)
il convient de soustraire à la valeur des moments induisant la formation de rotules plastiques issue de l’analyse en
poussée progressive, la valeur de DM telle que définie au chapitre 4, §5.5.3.
Dans le cas d’un tablier rigide, où le premier mode longitudinal est prépondérant et de translation, on peut considérer
que la force sismique est intégralement transmise par le tablier aux différentes piles (cf. figure 91). L’analyse en poussée
progressive de l’ouvrage se convertit alors en une analyse de chacune des piles, en incrémentant l’effort sismique.
L’analyse en poussée progressive se déroule alors selon les étapes suivantes, illustrées sur la figure 92 :
1. Prédimensionnement des armatures des sections de rotules plastiques à partir de l’approche « dimensionnement
en déplacement direct » telle que décrite au chapitre 4, §4.3.2.2 et des dispositions constructives de confinement
forfaitaires décrites au chapitre 6, §5.4.
2. Définition des lois de comportement des matériaux : acier et « béton confiné » [Chapitre 4 - 6.2.1].
3. Obtention de la courbe Moment-Courbure des sections de rotules plastiques à partir des données matériaux et
géométriques [Chapitre 4 - 6.2.2].
4. Obtention de la courbe Force-Déplacement pour chaque pile par intégration des lois Moment-Courbure, en tenant
compte de l’ordre chronologique des formations de rotules plastiques et de l’état initial de sollicitations (N0, M0).
5. O btention de la courbe Force-déplacement globale pour la structure complète (également appelée courbe de
capacité) par sommation des réactions horizontales de chaque pile correspondant au déplacement global obtenu
dans la structure (déplacement du tablier)
(en pratique les itérations se font donc sur la valeur du déplacement d).
(2) La méthode en poussée progressive décrite dans l’annexe informative H de l’Eurocode 8-2 diffère quelque
peu de celle proposée ci-dessus et décrite au paragraphe suivant [Chapitre 4 - 6.3.3] pour l’analyse dans
la direction transversale. S’appuyant sur l’hypothèse d’iso-déplacement, elle conduit en effet, au niveau
de l’étape (6) ci-dessus, à comparer le déplacement ultime du pris au centre de masse du tablier, à un
déplacement « cible » calculé au même point directement à partir d’une analyse spectrale multimodale
(menée avec q=1 et en considérant les inerties fissurées équivalentes Jeff des piles). Cette approche permet
de se dispenser des incertitudes liées à l’évaluation du coefficient d’amortissement évoqué ci-dessus.
Elle en revanche soumise l’incertitude relative à l’hypothèse d’iso-déplacement (déplacements supposés
égaux à ceux évalués sur la base des raideurs initiales fissurées) et apparaît moins physique et pédagogique
que la méthode proposée ici.
(3) Dans le cas d’une liaison tablier/piles par appareils d’appui déformables en élastomère fretté, l’effort
provenant du tablier est appliqué en tête de l’appareil d’appui. Il convient donc de tenir compte de ce filtrage
dans l’analyse. On notera néanmoins que dans ce cas de figure, la très grande souplesse des appareils
d’appui impose à l’ensemble du système un comportement quasi-élastique et qu’il est alors très difficile de
mobiliser une ductilité significative dans la pile [EC8-2 annexe B (3) Note].
(4) Lors de l’établissement de la courbe force-déplacement des piles, il convient également de tenir compte
des effets du second ordre pour les piles de grande hauteur [Chapitre 4 - 5.5.3], qui réduisent fortement
leur capacité. Pour les piles courtes, le cisaillement risque d’être déterminant.
(5) Dans l’hypothèse où l’on considère que les plastifications éventuelles n’interviennent que dans les
piles et que le tablier est infiniment rigide longitudinalement, la courbe de capacité globale du pont, peut
facilement être obtenue par combinaison des courbes de capacité de chacune des piles. En effet, en se
plaçant à un déplacement global donné, la force dans l’ouvrage est la somme des forces dans chacune des
piles (le déplacement en tête de chacune des piles étant égal au déplacement global du tablier).
Dans le cas d’un tablier souple, il convient de revenir à une méthode plus générale faisant intervenir une
déformée modale plus complexe et éventuellement plusieurs modes propres de vibration
On se propose pour illustrer la méthode de reprendre ici l’exemple d’application correspondant à l’ouvrage irrégulier
étudié au paragraphe 4.3.2.2 de ce chapitre.
Hypothèses de calcul :
Données sismiques : zone Z5 (Antilles), catégorie d’importance III, sol de catégorie D => AEd = 3,6 m/s2
Piles : encastrées dans les deux directions, section circulaire pleine (D = 3 m)
Tablier : masse linéique = 38 t/ml ; inertie transversale Iz = 120 m4
Béton : fck = 35 MPa ; Ec = 36 000 MPa ; r = 2,5 t/m3
Le prédimensionnement par la méthode en déplacement direct à conduit à prévoir un ferraillage longitudinal composé
de l’équivalent de 7 lits HA40 espacés tous les 20cm pour un moment résistant MRd de l’ordre de 190 MNm pour chacune
des piles (dimensionnement théorique imposé par l’irrégularité du comportement dans la direction transversale) et
un effort sismique longitudinal évalué à Flong,tot = 64 MN environ.
En tenant compte d’un ratio volumique forfaitaire d’armatures transversales de 1,3 % dans chaque direction imposé par
les dispositions de confinement définies dans l’Eurocode 8-2, la loi de béton confiné est définie comme suit et correspond
à une résistance caractéristique du béton confiné fck,c = 52 MPa :
Sous combinaison sismique, les efforts normaux obtenus dans chaque pile résultent de la combinaison de la descente de
charges permanente G et de l’effet +/- DN provenant de l’effort sismique horizontal Flong (effet portique) :
Avec des aciers de limite de déformation ultime esu=75 �, les lois moment-courbure bi-linéarisées qui en résultent sont
les suivantes :
Soit : Pile P1 (tête et pied) : MRd,1,= 192 MNm ; fy,1 = 2.10-3 m-1 ; fu,1 = 30.10-3 m-1 ; mf,1,adm = fu/fy = 15
Pile P2 (tête et pied) : MRd,2,= 200 MNm ; fy,2 = 2.10-3 m-1 ; fu,2 = 30.10-3 m-1 ; mf,2,adm = fu/fy = 15
Pile P3 (tête et pied) : MRd,3,= 200 MNm ; fy,3 = 2.10-3 m-1 ; fu,3 = 30.10-3 m-1 ; mf,3,adm = fu/fy = 15
A partir des différentes hauteurs de piles, on peut alors en déduire les lois force-déplacement de chaque pile (cas de
formation de rotules plastiques simultanées en tête et en pied) :
Fy = 2MRd /H
dy = fy.H2 /6
du = dy + 2.[(fu-fy).Lp.(H/2-0,5Lp)].l(as)
Le déplacement en tête étant identique pour toutes les piles, la loi force-déplacement globale pour l’ouvrage selon la
direction longitudinale est obtenue directement par sommation des courbes précédentes (P1, P2 et P3) :
La courbe accélération-déplacement peut alors être déduite de la courbe précédente par division des efforts par la masse
totale vibrante M = 6410 t, et le point de fonctionnement (intersection avec le spectre de réponse réglementaire) obtenu
par itérations sur la valeur du pourcentage d’amortissement critique x(md) au travers du déplacement d :
et et
Soit y1i le déplacement de la masse discrétisée mi dans la déformée modale correspondant au mode fondamental
prépondérant au niveau du tablier. Pour réaliser la poussée progressive, on applique une force croissante à chacune
des masses m i (calculée en discrétisant la longueur du tablier) égale à : f i = a.m i.y1i où a est un coefficient numérique
variable, permettant d’incrémenter l’effort. Lorsque les chevêtres et les piles sont de masses non négligeables, on
applique également une force à leur niveau en fonction du déplacement modal.
On fait croître le coefficient a jusqu’à la première formation de rotule plastique (correspondant à l’effort total
F 1 = Sfi = a1. Smi.y1i). Une fois la rotule formée, on recalcule les modes propres en supprimant la raideur en rotation
du nœud correspondant à la rotule (qui n’apporte plus de rigidité). Le déplacement de mi dans la nouvelle déformée
modale est y2i. On applique alors un chargement incrémental supplémentaire à chaque masse du tablier et de valeur :
Dfi = a.mi.y2i où a est un nouveau coefficient numérique variable à partir de 0. Une fois que se forme une seconde
rotule plastique (correspondant à l’incrément d’effort total DF 2 = Sfi = a2. Sm i.y2i), on recalcule le déplacement selon
la nouvelle déformée modale y 3i, puis on applique un nouveau chargement incrémental : Dfi = a.m i.y3i et ainsi de suite.
La courbe force déplacement de l’ouvrage est obtenue à partir de l’effort total appliqué (F=F1+DF 2+DF 3…) et du
déplacement équivalent du tablier correspondant à cet effort : d=d1+Dd2+Dd3…, où dn = (Smi.yni2)/(Smi.yni).
Une fois la courbe force-déplacement obtenue, on utilise la méthode décrite au chapitre précédent correspondant au
cas d’un système à un degré de liberté.
Ouvrage irrégulier (pile centrale courte) – Analyse transversale (avec un seul mode prépondérant évolutif)
Le tablier est bloqué transversalement sur culées dont les caractéristiques sont les suivantes :
- Raideur élastique transversale Ky,cul = 700 MN/m ;
- Déplacement à la limite élastique dy,cul = 0,03 m
- Déplacement ultime du,cul = 0,045 m
Selon cette direction, le 1er mode propre de vibration représentant 86,5 %, soit près de 90 % de la masse totale vibrante,
on peut le considérer comme seul mode prépondérant.
Par ailleurs, l’effort sismique étant sans influence sur l’effort normal dans les appuis (pas d’effet « portique »), l’effort
normal dans les piles est uniquement dû aux descentes de charges permanentes :
Soit MRd,= 200 MNm ; fy = 2.10-3 m-1 ; fu = 30.10-3 m-1 ; mf,adm = fu/fy = 15 pour chacune des piles
A partir des différentes hauteurs de piles, on peut alors en déduire les lois force-déplacement de chaque pile (cas de la
flexion simple) :
Fy = MRd /H
dy = fy.H2 /3
du = dy +[(fu-fy).Lp.(H-0,5Lp)].l(as)
avec :
Lp = 0,10 H + 0,015 fyk.dbL
l(as) = 1 si le rapport de portée d’effort tranchant as = H/d ≤ 3
Le premier point d’inflexion de la courbe globale F-d correspond donc à la plastification de la pile P2. En ce point
le déplacement en tête de P2, dP2 = 0,054 m. On en déduit :
dP1 = dP3=0,036 m
dC0 = dC4=0,005 m
Lorsque l’on supprime la raideur de la pile P2 dans le modèle, la déformée du 1er mode évolue de la façon suivante :
dP1 = dP3 = 0,542 dP2, et dC0 = dC4 = 0,030 dP2.
Le deuxième point d’inflexion de la courbe globale F-d correspond à la plastification des piles P1 et P3 pour un déplacement
en tête de ces 2 piles dP1 = dP3 = 0,131 soit un incrément de DdP1 = DdP3 = 0,131 - 0,036 = 0,095 m. On en déduit :
DdP2 = 0,175 m => dP2 = 0,175 + 0,054 = 0,229 m
DdC0 = DdC4=0,005 m => dC0 = dC4 = 0,005 + 0,005 = 0,010 m
D’où : DFtot = 0+2 x 10,4+2 x 3,5=27,8 MN => Ftot = 37,0 + 27,8 = 64,8 MN
Et Ddglobal = (Smi.Ddi2)/(Smi.Ddi) = 0,136 m => dglobal = 0,045 + 0,136 = 0,181 m
Lorsque l’on supprime la raideur des piles P1 et P3 dans le modèle, la déformée du 1er mode évolue de la façon suivante :
dP1 = dP3 = 0,576 dP2, et dC0= dC4=0,045 dP2.
Le troisième et dernier point singulier de la courbe globale F-d correspond à la rupture de la pile P2 pour un déplacement
en tête de pile dP2= 0,336 soit un incrément de DdP2 = 0,336 - 0,229 = 0,107 m. On en déduit :
DdP1 = DdP3= 0,062 m => dP1= dP3= 0,131 + 0,062=0,193 m
DdC0 = DdC4=0,005 m => dC0 = dC4=0,010 + 0,005 = 0,015 m
D’où : DFtot = 0+2 x 0+2 x 3,5=7,0 MN => Ftot = 64,8 + 7,0 = 71,8 MN
Et Ddglobal = (Smi.Ddi2)/(Smi.Ddi) = 0,084m => dglobal = 0,181 + 0,084 = 0,265 m
La courbe accélération-déplacement peut alors être déduite de la courbe précédente par division des efforts par la masse
totale vibrante M= 6410t, et le point de fonctionnement (intersection avec le spectre de réponse réglementaire) obtenu
par itérations sur la valeur du pourcentage d’amortissement critique x(md) au travers du déplacement d :
Le point de fonctionnement est obtenu pour le déplacement d=0,133m et a = 8,4 m/s2, soit Ftrans,tot = 53,8 MN
(= 8,4 m/s2 x 6410 t) et md = 0,133/0,045 = 2,96 correspondant à x(md) = 17 %. Selon cette direction, seule la pile P2
est sensiblement plastifiée.
Pour illustrer la méthodologie du push-over multimodal (poussée progressive avec plusieurs modes transversaux
influents), on considère un cas de figure à 2 modes prépondérants. Dans un tel cas, il est difficile de dire a priori à
quel niveau va se former la première rotule plastique puis les suivantes, surtout si les modes ont des déformées très
différentes. Pour contourner la difficulté, on applique deux fois la méthode en poussée progressive pour chacun de ces
deux modes, ce qui suppose qu’à l’instant où se forme la première rotule plastique, l’un des modes est prédominant. Si
une fois que la première rotule plastique est formée le recalcul des modes donne à nouveau deux modes prédominants,
il faut découpler les deux scénarios et poursuivre les analyses. On voit donc que cette méthode peut conduire à de
nombreux scénarios différents, mais qu’il est nécessaire de tous les évaluer et de les mener jusqu’au terme de l’analyse
car c’est le croisement des courbes force-déplacement avec le spectre de réponse qui permet in fine d’identifier
le scénario le plus défavorable.
On doit de plus évaluer un troisième scénario en prenant une déformée égale à la combinaison des modes (cas de
figure où la contribution des deux modes est nécessaire pour former la première rotule plastique). A chaque formation
de rotule plastique, on recalcule les modes et on prend en compte la nouvelle combinaison des modes. Ceci rajoute
un scénario à l’analyse. Plusieurs combinaisons pouvant être utilisées, on choisit une combinaison linéaire des modes
au prorata des facteurs de participation : y i = g 1.y1i+g 2.y2i. Il convient d’ajuster les signes de sorte que la combinaison
soit la plus défavorable. L’amplitude de l’ensemble n’a pas trop d’importance, puisque ceci est plus destiné à décrire
la forme du chargement que l’on va faire croître de manière linéaire.
Une fois toutes les courbes force-déplacement obtenues pour tous les scénarios envisagés, on peut appliquer la méthode
à un degré de liberté pour chaque scénario, et ne retenir que le scénario le plus sécuritaire (c’est à dire celui pour
lequel le croisement de la courbe force-déplacement avec le spectre de réponse réglementaire correspond au niveau
d’endommagement le plus fort, par exemple en termes de niveau de ductilité appelée).
Les allures des deux principaux modes influents avant plastification sont représentées ci-dessous :
Selon la déformée du 2ème mode, dP1 = dP3 = -0,870 dP2, et dC0 = dC4 = -1,065 dP2.
Le premier point d’inflexion de la courbe globale F-d correspond donc à la plastification des culées C0 et C4. En ce point
le déplacement des culées dC0 = dC4 = 0,030 m. On en déduit :
dP1 = dP3=0,024 m
dP2 = -0,028 m
Lorsque l’on supprime la raideur des culées dans le modèle, la déformée du 2ème mode évolue de la façon suivante :
dP1=dP3=0,086dP2, et dC0=dC4=-1,083dP2.
La courbe accélération-déplacement peut alors être déduite de la courbe précédente par division des efforts par
la masse excitée par ce mode, soit M2=10,5 % x 6410 t = 673 t, et le point de fonctionnement (intersection avec le spectre
de réponse réglementaire) obtenu par itérations sur la valeur du pourcentage d’amortissement critique x(md) au travers
du déplacement d :
et et
Le point de fonctionnement est obtenu pour le déplacement d = 0,012 m et a =1 2,2 m/s2, soit Flong,tot = 8,2 MN
(=12,2 m/s2 x 673 t) et md=0,012/0,071=0,17 correspondant à x(md)= 5 %. Selon ce mode, la structure reste élastique
sous séisme réglementaire.
Ces calculs réalisés sur le mode 2 ainsi que ceux développés au paragraphe précédent pour le mode 1 permettent
de définir les deux branches extrêmes de l’arborescence ci-dessous, correspondant chacune à un comportement dicté
uniquement par l’un ou l’autre des 2 modes influents :
On voit bien que cette méthode multimodale devient très consommatrice de temps avec seulement deux modes. Avec
un nombre plus élevé de modes, il est évident que ce processus devient très fastidieux. Néanmoins, il faut garder en
tête que si plusieurs scénarios sont plausibles, ils vont apparaître aussi dans l’analyse dynamique temporelle. Cependant,
avec la méthode consistant à prévoir tous les scénarios possibles, on est à peu près certain d’avoir couvert le mode
de fonctionnement le plus défavorable. Pour les différentes analyses temporelles réalisées, on n’a pas cette certitude.
Cela dépend des accélérogrammes que l’on s’est donné et de leur représentativité. L’analyse dynamique temporelle
est néanmoins une méthode reconnue et acceptée par l’Eurocode, alors que la méthode de poussée progressive
multimodale définie ci-dessus n’est pas explicitement reconnue par l’Eurocode.
Il existe principalement cinq types de dispositifs, présentés brièvement dans les paragraphes ci-dessous.
1,5
1,5 0,5
0
1 -1,5 -1 -0,5 0 0,5 1 1,5
-0,5
0,5
-1
-1,5
0
-1,5 -1 -0,5 0 0,5 1 1,5
-0,5 8
-1 4
-1,5 0
-1,5 -1 -0,5 0 0,5 1 1,5
-2
. -4
F = K.x + C.x -6
-8
Les éléments dissipateurs peuvent être en acier spécial dont le rôle est d’absorber les efforts sismiques horizontaux et
de dissiper l’énergie par plastification alternée. Ces éléments peuvent être combinés avec un appareil d’appui classique
en acier-téflon destiné à transmettre uniquement les charges verticales. Il peut également s’agir d’un appareil d’appui
en élastomère fretté avec un noyau cylindrique en plomb (cf. figure 95).
Les dispositifs à frottement comportent deux surfaces de frottement en vis-à-vis soumises à un effort normal. Ils sont
généralement combinés à un appareil d’appui disposant d’une raideur horizontale de façon à assurer le rôle de point fixe
et un effet de recentrement. Les appareils d’appui glissants téflon-inox, largement utilisés dans le domaine des ponts
pour libérer les déplacements de longue durée du tablier, sont des dispositifs isolateurs peu frottants (cf. figure 96).
Compte tenu du comportement non linéaire du système d’une part et de l’incertitude sur la valeur du coefficient de
frottement en situation dynamique associée à des vibrations verticales d’autre part, la résistance horizontale des
appareils glissants classiques est souvent négligée dans l’analyse. En revanche, certains dispositifs à coefficients de
frottement volontairement élevés peuvent être utilisés en conception parasismique. La surface de contact peut en
outre être incurvée de façon à augmenter la rigidité latérale et assurer la fonction de recentrement. Le glissement
intervient lorsque la force sismique dépasse la résistance maximale développée par le frottement, ainsi une partie de
l’énergie du séisme est dissipée sous forme de chaleur par phénomène de friction.
Figure 96 : Principe et loi de comportement des amortisseurs par frottement (source : EC8-2)
Ces dispositifs sont assimilables à un vérin « hydraulique » à double effet et à forte capacité de dissipation d’énergie.
Ils comportent couramment deux chambres remplies d’un fluide (huile hydraulique ou pâte silicone). Celles-ci sont
reliées l’une à l’autre par des « soupapes » calibrées de façon à permettre des déplacements lents et une dissipation
d’énergie générée par frottement visqueux du fluide sous l’effet du mouvement sismique (rapide) (cf. figure 97).
La relation entre la force d’amortissement, F, et la vitesse relative, V, peut s’écrire F = CV a, où C et a sont des paramètres
qui dépendent de la loi de comportement du fluide (cf. tableau 25).
La figure 98 montre les courbes représentant les lois de comportement de ces amortisseurs soumis à une excitation
sinusoïdale. Il est important de noter que la courbe elliptique correspond à celle de l’amortissement visqueux linéaire
(a = 1) et le rectangle (a = 0) à celle de l’amortissement non linéaire rectangulaire. Quant aux amortisseurs non
linéaires intermédiaires, c’est à dire 0 < a < 1, leurs courbes, en réalité légèrement déformées, se trouvent dans
la zone comprise entre l’ellipse et le rectangle.
Il est à noter également que l’énergie dissipée par cycle correspond à l’aire du diagramme « Force-Déplacement »
et que plus la valeur de a est petite, plus l’énergie dissipée est élevée pour une même valeur de force maximale
d’amortissement.
Ces amortisseurs sont composés d’un ressort et d’un amortisseur pur de type visqueux. Le ressort est précontraint,
c’est à dire qu’il ne se déclenche que pour une valeur seuil de l’effort appliqué. Les dispositifs de ce type présentent
deux avantages majeurs (cf. figure 99) :
• ils bloquent les mouvements en service (point fixe sous dilatations thermiques ou reprise des efforts de vent ou
de freinage par exemple) et ne se déclenchent que sous sollicitations sismiques, lorsqu’elles atteignent le seuil
de déclenchement (ou seuil fusible) ;
• ils repositionnent l’ouvrage dans sa position « d’origine » après un séisme.
Comme l’illustrent parfaitement les courbes de comportement décrites au paragraphe précédent, le fonctionnement des
dispositifs amortisseurs peut s’avérer relativement complexe à modéliser. Leur comportement est en effet fortement
non-linéaire et peut également varier en fonction des vitesses de sollicitation (cas des amortisseurs visqueux). Par
conséquent, dans la plupart des cas, seul un calcul temporel non-linéaire permet de modéliser de façon rigoureuse le
comportement sous séisme de tels dispositifs.
L’Eurocode 8-2 [EC8-2 7.5.4] propose néanmoins une méthode de calcul simplifiée basée sur les caractéristiques
linéaires équivalentes des dispositifs, et sur une approche spectrale monomodale. En général, cette méthode est
utilisée en prédimensionnement, pour le choix des gammes de dispositifs ou pour fixer les ordres de grandeur des
efforts et déplacements obtenus.
1. La raideur équivalente du dispositif est évaluée comme le rapport K eff = F max / d bd, obtenu en divisant la force
maximale Fmax dans le dispositif associée au déplacement de calcul dcd du système complet (structure complète
équipée d’amortisseurs), par le déplacement dbd obtenu dans l’amortisseur correspondant à ce même déplacement
d cd du système complet (cf. figure 100) :
2. L a raideur équivalente globale du système est données par la somme des raideurs équivalentes des éléments
participant à la reprise de l’effort sismique dans la direction considérée : ; où Keff,i représente la raideur
équivalente (en série) de l’amortisseur i et de l’appui (pile) qui le supporte.
3. Le coefficient d’amortissement global équivalent xeff est évalué à partir de la somme des énergies ED,i dissipées par
tous les amortisseurs i dans un cycle complet de déformation au déplacement de calcul dcd :
o ù ED,i représente la surface balayée par la courbe de comportement du dispositif au cours d’un
cycle (surface jaune sur la figure ci-dessus).
Ceci revient à modéliser l’amortissement local comme une augmentation de l’amortissement global.
4. A partir des caractéristiques équivalentes Keff et xeff, on peut alors calculer la période équivalente et le coefficient
de modification spectrale lié à l’amortissement, permettant de réaliser le calcul spectral monomodal :
et
En pratique, cette méthode simplifiée nécessite quelques itérations sur la valeur du déplacement de calcul dd.
Un premier calcul peut être réalisé sans prise en compte des dispositifs amortisseurs, il permet d’obtenir une
première valeur du déplacement. A partir de cette première valeur, les caractéristiques Keff, x eff, Teff et heff sont alors
évaluée, cela permet de déduire par le calcul spectral monomodal équivalent une approximation plus précise du
déplacement d d. Cette nouvelle valeur de dd est alors réinjectée dans le calcul jusqu’à obtenir une convergence.
Généralement, dans le cas d’une conception parasismique basée sur l’utilisation de dispositifs amortisseurs,
un coefficient d’amortissement global xeff de l’ordre de 20 à 30 % peut être visé, ce qui conduit à une réduction globale
des efforts et des déplacements d’environ 50 %.
Précisons que l’approche décrite ci-dessus s’apparente d’avantage à un calcul de vérification qu’à un calcul de
dimensionnement, puisqu’elle suppose de connaître déjà la courbe de fonctionnement du dispositif amortisseur
utilisé. En pratique, quelques tâtonnements sont donc nécessaires pour déterminer les caractéristiques du dispositif
qui permet de réduire de façon optimale à la fois les efforts et les déplacements.
Dans le cas le plus classique de dispositifs amortisseurs visqueux définis par la loi F = C.V 0,10 (courbe quasi-rectangulaire,
les équations ci-dessus peuvent être inversées de façon à prédimensionner directement les amortisseurs en utilisant
l’approche « en déplacement direct » telle que décrite au chapitre 4, §4.3.2.2. Ceci suppose en pratique de se fixer
des objectifs de performance initiaux, par exemple xeff = 20 à 30 %, et dcd = quelques centimètres à quelques dizaines
de centimètres selon la longueur de l’ouvrage.
Il convient de noter que l’Eurocode 8-2 limite réglementairement la valeur de x eff à 30 % dans le cadre d’une approche par
une analyse modale équivalente. En effet, au-delà de cette limite, la pseudo-période du système s’écarte sensiblement
de sa période réelle. Par conséquent, la justification des structures pour lesquelles le pourcentage d’amortissement
critique x dépasse 30 % nécessite le recours à des approches plus sophistiquées, en analyse dynamique temporelle.
Hypothèses de calcul :
Ouvrage 3 travées (10 m - 16 m - 10 m)
2 piles, chacune composée de 2 fûts de section 2,50 x 0,80 m, hauteur 5,50 m
Appareils d’appui glissants sur culées, 2 néoprènes 400x400x5(10+3) par fût, soit 8 en tout
Masse tablier : Mtab = 850 t
Béton : fck = 35 MPa ; Ec = 36 000 MPa ; r = 2,5 t/m3
Néoprène : G = 1 MPa
Données sismiques : zone Z4 (Métropole sismicité moyenne), catégorie d’importance IV, sol de catégorie C
=> AEd = 2,24 m/s2
On dispose longitudinalement 2 amortisseurs visqueux F=C.V0,10 sur chacune des culées. L’objectif étant de limiter
les déplacements sous séisme longitudinal à 4 cm, pour un amortissement global équivalent de l’ordre de 30 %.
L’ouvrage est assimilé à un système monomodal de masse M = 850 t. Pour un pourcentage d’amortissement critique de
30 %, le spectre en déplacement correspondant aux hypothèses sismiques décrites plus haut est le suivant :
Par lecture spectrale, on définit que pour un déplacement cible de 0,04 m, la période équivalente doit être de
Teff = 0,85 s ; soit une raideur équivalente :
Keff = 4p2.Mtab/T2 = 4p2 x 850 / 0,852 = 46,4 MN/m
La raideur équivalente apportée par les amortisseurs doit donc être de 46,4-23,4 = 23,0 MN/m, soit par amortisseur :
Keff,amort = 23,0/4 = 5 750 kN/m
Ce qui conduit à une gamme d’amortisseurs calée pour un effort maximum Famort = 5750 x 0,04 = 230 kN.
Si on considère une gamme 200 kN, pour un déplacement de 0,04m, la raideur équivalente d’un amortisseur est de :
Keff,amort = 200/0,04 = 5 000 kN/m
La raideur équivalente globale du système est alors : Keff = 4 x 5000 + 23400 = 43,4 MN/m
La période équivalente vaut : Teff = 2p.( Mtab/Keff)1/2 = 0,88 s
Par lecture spectrale, le déplacement obtenu est de 4,1 cm (l’hypothèse de départ est donc bien vérifiée) et l’effort
global dans la structure de 1780 kN, répartis en 490 kN dans chaque pile et 400kN dans chaque culée.
D’autres méthodes simplifiées de prise en compte des dispositifs amortisseurs dans le prédimensionnement parasismique
des ponts peuvent être trouvées dans la littérature spécialisée. En pratique, dans les cas d’ouvrages relativement
réguliers, on note une bonne corrélation entre ces différentes méthodes. Le lecteur pourra utilement se reporter au
cahier technique n° 30 AFPS/Cerema « Recommandations sur l’emploi des dispositifs parasismiques pour les ponts » [11].
Comme évoqué précédemment, pour les études de stade projet ou études d’exécution, la méthode de prédimensionnement
décrite ci-dessus, doit être validée par un calcul temporel non-linéaire spécifique.
Ce type de calcul requiert généralement l’emploi de logiciels sophistiqués. Les méthodes d’analyses correspondantes
font l’objet du paragraphe suivant.
L’Eurocode 8-2 précise qu’il faut réaliser ce type d’analyse pour au moins 7 paires indépendantes de mouvements
horizontaux du sol pour pouvoir considérer comme cas déterminant la moyenne des résultats. Si l’on en utilise moins
(avec un minimum de 3 paires), alors il faut prendre le maximum des résultats [Chapitre 4 - 2.5.4].
Nous renvoyons le lecteur à l’Eurocode 8 qui indique précisément les vérifications à effectuer et le niveau de détail
minimum du modèle à mettre en œuvre. L’accent est mis dans ce paragraphe sur des problèmes pratiques de
modélisation d’avantage que sur les principes de cette analyse. Pour ce faire, les deux domaines d’emploi de l’analyse
dynamique temporelle non-linéaire sont séparés :
• prise en compte des dispositifs parasismiques ;
• cas des ponts irréguliers.
La figure 101 résume les deux cas pratiques d’utilisation de la méthode d’analyse temporelle non linéaire qui sont
recommandées, en concentrant les non-linéarités en des points bien définis.
Ce type d’analyse est assez simple à réaliser puisque la structure doit rester élastique, et toutes les non-linéarités sont
concentrées dans les dispositifs parasismiques. Il faut dans ce cas faire appel à des logiciels capables de modéliser ces
dispositifs parasismiques, avec suffisamment de souplesse pour pouvoir intégrer n’importe quelle loi de comportement,
y compris lorsque la force dépend du signe du déplacement (un tel comportement crée des problèmes numériques).
La seconde difficulté est de bien choisir le pas de temps, qui doit être suffisamment faible pour que l’analyse soit
valable, mais pas trop pour ne pas augmenter inutilement les temps de calcul. Le pas de temps maximal dépend du
type de schéma d’intégration utilisé, du maillage de la structure, mais aussi du comportement non-linéaire proprement
dit, et de la façon dont il s’écarte du comportement linéaire.
A défaut de logiciel adapté, une programmation « à la main » peut être utilisée lorsque le nombre de degrés de liberté
est faible, ce qui est souvent le cas lorsqu’on utilise ce type de dispositifs qui permettent découplage quasi parfait entre
la réponse tablier (qui se comporte alors comme un bloc rigide) et celle des appuis. Dans le cas particulier à un seul
degré de liberté, l’équation de la dynamique peut se discrétiser par l’expression de Newmark :
ce qui permet, connaissant le déplacement aux instants t et t-Dt, de le déterminer à l’instant t+Dt.
Dans cette expression, représente la force exercée par l’amortisseur, qui dépend du déplacement et de
la vitesse relative, et l’accélération du sol (connue par l’accélérogramme).
Il convient pour cette analyse de considérer un pas de temps suffisamment faible (DT < T 0/10, avec T 0 la période
fondamentale de l’ouvrage).
D’autres algorithmes sont possibles pour résoudre l’équation de la dynamique. Cet exemple peut aisément être
généralisé à un système à plusieurs degrés de liberté à condition d’écrire correctement le système mécanique.
On donne dans la figure 102 ci-dessous deux exemples avec une stratégie de localisation des amortisseurs très différente.
Le type de modèle de dispositifs parasismiques possibles, et les vérifications à mener sont bien décrites dans
le chapitre 7 de l’Eurocode 8-2 ainsi que dans la norme NF EN 15129 et le chapitre 4, §6.4 du présent guide.
6.5.2 - Analyse temporelle dans le cas de ponts irréguliers à comportement ductile sans amortisseurs.
L’analyse temporelle est dans ce cas nettement plus complexe à réaliser, notamment si l’on veut faire intervenir
les rotules plastiques. Outre les problèmes de définition du pas de temps par rapport au maillage, qui se posent dans
les mêmes termes que pour le cas précédent, se pose la difficulté de la précision du maillage au niveau de la rotule
plastique.
On peut soit modéliser toute la structure avec un maillage et un comportement des sections adaptés de sorte que
la rotule plastique se forme « toute seule ». Il faut dans ce cas être capable de déterminer la rotation de la rotule,
en intégrant les courbures sur la longueur de la rotule plastique (traitement difficile à réaliser a posteriori du calcul).
L’autre inconvénient est que la longueur de la rotule plastique est définie par le modèle de calcul et non par l’utilisateur
en appliquant la formule de l’Eurocode 8 qui provient de considérations expérimentales non prises en compte dans
le modèle de calcul (problème de la dépendance au maillage de certains logiciels).
L’autre solution, plus facile, consiste à modéliser directement la rotule plastique à part, comme si cela était un dispositif
spécial. Il faut dans ce cas calculer en amont la loi moment-rotation de la rotule, et être capable de l’implémenter
dans un logiciel de calcul temporel. Cette modélisation est plus fiable puisque l’on définit soi-même la longueur de
la rotule, et que la finesse du maillage n’a pas de conséquences. On peut également avoir directement les rotations
pour les comparer à la limite admissible. L’inconvénient est qu’il faut savoir a priori où vont se situer les rotules
plastiques (par défaut, il convient de considérer toutes les zones de rotules plastiques potentielles telles que définies
pour l’application des dispositions constructives), et il faut que le logiciel de calcul soit suffisamment souple pour
pouvoir intégrer une loi définie point par point. Mais l’analyse temporelle est considérablement simplifiée et les temps
de calculs réduits puisque les zones de non-linéarités potentielles sont limitées aux régions prédéfinies par l’utilisateur.
Quelle que soit la méthode choisie, une autre difficulté apparaît puisque l’on doit définir des lois de comportement
en chargement, mais aussi en déchargement, l’incursion dans le domaine plastique des matériaux n’étant pas
réversible. Il faut donc se donner des lois de déchargement, au niveau des matériaux, puis les transformer en lois
moment-courbure pour le déchargement. L’Eurocode 8 ne précisant rien sur ces lois de comportement cyclique, on
recommande l’utilisation de lois représentées sur la figure 103, établies avec les notations du BAEL, mais qu’il est
aisé de transformer en notations Eurocodes.
E E
E
Figure 103 : Lois de comportement cycliques A : Acier, B : Béton en compression, C : Béton en traction
Les lois moment-courbure des sections, incluant les décharges, peuvent se déduire des ces lois matériaux. La ductilité
dépend fortement du taux de compression des sections, comme le montre les figures 104 à 106 correspondant à la loi
moment-courbure d’une section rectangulaire de béton armé avec 3 hypothèses sur l’effort normal de compression.
A noter que dans les cas les plus courants en conception neuve, c’est à dire lorsque l’on est peu comprimé et que l’on
a mis en œuvre les dispositions constructives requises pour assurer la ductilité, on se situe dans le cas n°1, où l’on
dissipe le maximum d’énergie (environ 4 fois l’aire du quart de cycle).
$FLHU
0R PHQW&RX UEXUH
6LJ PDBDF LHU
HSVLO RQ
%pWR Q
PRPHQW
6 LJPDBF
)LEUHVXS
)LEUHLQI
JDPPD
HSV
6LJPDBD FLHU
0RPHQW&RXUEXUH
$FLHU ] FP
%pWRQ
H SVLO RQ
PRPHQW
6LJP DBF
)LEU HVXS
)LEU HLQI
HSV JDPPD
$ FH
L U
6LJP DB DFLHU
0RPHQW&RXUEXUH
$FLHU ] FP
%pW RQ
HS VLOR Q
PRPHQW
6LJPD BF
)LEUH VXS
)LEUH Q
L I
HSV JDPPD
Dimensionnement et vérifications
de résistance
1 - Généralités
Le format général des vérifications vis-à-vis du séisme est du type semi-probabiliste : les sollicitations agissantes
issues de l’analyse sismique sont comparées aux résistances locales des éléments de structure (exprimées en termes
de forces ou de déformations admissibles). Différents coefficients pondérateurs sont introduits dans ce schéma général
de vérification, en majoration des actions sollicitantes ou en minoration des capacités résistantes, et qui varient selon
le type de conception (ductilité limitée, ductile ou basée sur des dispositifs parasismiques - isolateur ou amortisseurs)
et le type de vérification (flexion, effort tranchant, déformation…).
Les résistances des matériaux à prendre en compte sont obtenues en divisant les valeurs caractéristiques fmk par
un coefficient de sécurité g M dont les valeurs (issues de l’annexe nationale de l’EC8-1 [4]) sont :
• g M = 1,30 pour le béton ;
• g M = 1,00 pour les armatures du béton armé, ou pour les piles métalliques ;
• g M = 1,00 pour les appareils d’appui en élastomère fretté.
Pour la détermination de la résistance des sections, les diagrammes de déformations des matériaux seront ceux
des normes de calcul en vigueur pour l’État Limite Ultime.
Quel que soit le type de conception parasismique adopté (ductilité limitée, ductile ou basé sur des dispositifs
parasismiques), une marge de sécurité est systématiquement introduite vis-à-vis risques de ruptures fragiles d’effort
tranchant, via un coefficient de sécurité spécifique noté g Bd1. La valeur spécifiée pour g Bd1 dans l’Eurocode 8-2 est 1,25
pour les éléments en béton [EC8-2 5.6.2 5.6.3.3].
Dans le cas d’une conception ductile, les vérifications sont menées en faisant l’hypothèse que les paliers plastiques des
rotules supposées se former au cours du séisme sont atteints, et que ces derniers imposent la répartition des efforts
dans le reste de la structure. Ce type de vérification très spécifique, qui porte l’appellation de dimensionnement en
capacité fait l’objet du paragraphe suivant.
L’évaluation des sollicitations sismiques résultant d’une analyse spectrale tient compte implicitement de la division par
le coefficient de comportement q directement intégré dans le spectre de calcul S d(T) [Chapitre 4 - 2.5.2]. Par conséquent,
les déplacements déduits de ces efforts doivent être remultipliés par m d, avec [EC8-2 2.3.6.1(8)P], [Chapitre 2 - 2.4.1] :
Dans tous les cas, les déplacements obtenus restent bornés aux déplacements issus du calcul élastique avec q=1
[EC8-1 4.3.4].
En ce qui concerne les vérifications des niveaux de déformation (rotation) atteints dans les rotules plastiques, associés à
une conception ductile : celles-ci sont supposées forfaitairement couvertes par l’application des dispositions constructives
parasismiques [chapitre 6] lorsque l’analyse est basée sur la méthode du coefficient de comportement.
Enfin, pour les ouvrages dont la conception parasismique est basée sur les principes d’isolation et/ou d’amortissement,
l’augmentation de fiabilité requise pour le système d’isolation se traduit par l’application d’un coefficient de
majoration des déplacements : gIS = 1,50. A noter que l’utilisation des appareils d’appui en élastomère fretté à faible
amortissement entre dans cette catégorie. Néanmoins, pour les appareils d’appui en élastomère à faible amortissement
soumis à une faible action sismique, le coefficient de fiabilité gIS peut être ramené à 1,0 [NF EN 15129 8.2.1.2.11(2)
et Chapitre 5 - 5.4]. Ce sera également le cas lorsque les appareils d’appui sont complétés par des butées de sécurité
[Chapitre 5 - 5.4.4].
2 - Dimensionnement en capacité
2.1 - Principe général
L’Eurocode 8-2 introduit explicitement pour la 1 ère fois en France dans une norme parasismique le principe
fondamental du dimensionnement en capacité [EC8-2 2.3.4 et 5.3(1)P]. Ce concept, qui doit être systématiquement
appliqué dans le cas d’une conception ductile, permet de protéger les sections a priori non ductiles de l’ouvrage et
de concentrer les dégradations structurelles dans des zones choisies à l’avance par le concepteur. Il peut être décrit
simplement par le schéma de la figure 107.
Sur cette figure, on note que quelle que soit la force F appliquée, l’effort dans les chaînons 1 sera limité à la valeur
du palier plastique R d2 du chaînon ductile 2. Il suffit alors de dimensionner ces chaînons 1 pour une force R d1 = g 0.Rd2
où g 0 (dont la valeur proposée par l’Eurocode 8-2 est de 1,35 [EC8-2 5.3] pour des éléments en béton) est appelé
coefficient de sur-résistance et où R d2 correspond non pas à la valeur de calcul issue de l’analyse sismique mais aux
dispositions réellement mises en œuvre dans la section du maillon 2. Une sécurité supplémentaire est apportée vis-à-vis
des risques de ruptures fragiles (dimensionnement à l’effort tranchant) par l’intermédiaire du coefficient de sécurité
supplémentaire g Bd1, dont la valeur proposée par l’ Eurocode 8-2 pour des éléments en béton est de 1,25 [EC8-2 5.6.2].
Considérons ici que la force F représente l’action sismique, que la chaîne symbolise l’ensemble de la structure et que
le maillon ductile correspond aux zones de rotules plastiques, dimensionnées à partir du coefficient de comportement.
Une simple analogie permet de garantir que si le concept de dimensionnement en capacité est correctement appliqué
alors, quel que soit le niveau de séisme envisagé, les efforts dans les différentes sections de l’ouvrage n’excéderont
pas une certaine valeur qui dépend uniquement des caractéristiques intrinsèques de la structure (palier plastique
des rotules). Ce principe est particulièrement intéressant en conception parasismique compte tenu des incertitudes
sur la nature et les caractéristiques des sollicitations sismiques vibratoires qui sont susceptibles de s’exercer sur
la structure lors d’un tremblement de terre. Il permet par ailleurs de maîtriser l’endommagement, tant du point de
vue de sa localisation (zones de rotules plastiques préalablement déterminées) que de son mécanisme (mécanisme
de flexion privilégié).
Le principe du dimensionnement en capacité s’applique également dans le cas d’une conception basée sur l’emploi de
dispositifs parasismiques, à la fois pour la justification des attaches et pour celle des appuis sur lesquels ces dispositifs
Le coefficient g 0 (noté g Rd dans la NF EN 15129), dit coefficient de sur-résistance ou de surcapacité permet de prendre
en compte de manière forfaitaire le dimensionnement en capacité de la structure en apportant une sur-résistance aux
sections dans lesquelles aucun endommagement n’est admis. Il ne s’applique donc pas aux zones de rotules plastiques
potentielles ni dans la justification des seuils des dispositifs parasismiques de types élasto-plastique, frottant ou fusible.
Les figures 108 et 109 donnent respectivement les diagrammes des moments à adopter pour le dimensionnement
dans des cas de piles mono ou bi-encastrées.
Figure 110 : Distribution de moment de dimensionnement dans le cas d’une pile encastrée en tête et en pied
-- g0 = 1,35 pour les éléments de structure en béton, dans le cas d’une conception ductile ;
-- g 0 = 1,25 pour les éléments de structure en acier, dans le cas d’une conception ductile.
A noter que dans le cas où la ductilité est apportée par la formation de rotules plastiques dans des sections en béton
armé dont le taux de compression hk=NEd/(Ac.fck) est supérieur à 0,1, la valeur du coefficient de sur-résistance doit
être multipliée par 1+2(hk-0,1)2 [EC8-2 5.3(4)].
L’Eurcocode 8-2 préconise de dimensionner ces dispositifs sur la base d’un coefficient de fiabilité gIS à appliquer au
déplacement de calcul, lui-même établi en tenant compte de la variabilité des propriétés des dispositifs [EC8-2 4.2.4.5].
Il en résulte une majoration de l’effort de calcul, par un coefficient variable selon les dispositifs, soit :
-- g IS = 1,5 (y compris sur les taquets anti-cheminement le cas échéant) dans le cas d’appareils d’appui élastomères
classiques à faible amortissement [EC8-2 7.6.2(4)P], ce coefficient pouvant être réduit à 1,0 lorsque ces dispositifs
sont soumis à une faible action sismique [NF EN 15129 8.2.1.2.11(2) et Chapitre 5 - 5.4] ou lorsqu’ils sont complétés
par des butées de sécurité [Chapitre 5 - 5.4.4] ;
- - gISab/2 dans le cas des amortisseurs visqueux hydrauliques [EC8-2 7.6.2(4)P NOTE] ;
- - majoration forfaitaire de 30 % de la rigidité du dispositif [EC8-2 5.3(8)P] sous l’effet du déplacement majoré par
g IS dans le cas de dispositifs parasismiques à comportement élasto-plastique ou frottant.
Le reste de la structure (attaches des dispositifs et éléments structuraux de l’ouvrage) doit être dimensionné en
appliquant le principe du dimensionnement en capacité en prenant comme valeur du coefficient de sur-résistance
g Rd = 1,1 [NF EN 15129 4.3.2]. Ce coefficient s’applique à la capacité résistante maximale du dispositif, intégrant
la prise en compte du coefficient de fiabilité gIS selon les modalités décrites ci-dessus ou la majoration forfaitaire de
30 % de la rigidité du dispositif le cas échéant.
3 - Vérification de résistance
3.1 - Dimensionnement à la flexion
Pour les ouvrages conçus en « élastique » ou en « ductilité limitée », il n’y a pas lieu d’appliquer de quelconque
coefficient de surcapacité.
Le dimensionnement à la flexion dans le cas d’une conception élastique ou à ductilité limitée est basé sur l’équation
classique :
Dans cette équation, MEd est directement issu de l’analyse sismique (prenant en compte la réduction des efforts par
le coefficient de comportement q≤1,5) et intègre les effets combinés des sollicitations sismiques dans chaque direction
considérée [Chapitre 4 - 3.2] ainsi que, le cas échéant, les effets du second ordre [Chapitre 4 - 5.5.3].
En ce qui concerne les fondations, l’Eurocode 8-2 [EC8-2 5.8.1(1)P] impose, dans toute la mesure du possible, que
celles-ci soient dimensionnées de manière à demeurer élastiques sous l’action sismique de calcul. Dans l’hypothèse
d’une conception en ductilité limitée (1<q ≤1,5), cela se traduit par une majoration des efforts sollicitants, qui doivent
être remultipliés par q [EC8-2 5.8.2(2)P]. L’équation précédente devient alors :
Dans le cas d’une conception ductile, le dimensionnement à la flexion varie selon que l’on se trouve dans les zones
de rotules plastiques ou en dehors. Il varie également selon la méthode d’analyse employée (méthode du coefficient
de comportement ou méthodes en déplacement de type poussée progressive ou analyse dynamique temporelle).
Dans les zones de rotules plastiques, lorsque l’analyse sismique est basée sur la méthode du coefficient de
comportement, le schéma de vérification à la flexion est le même que dans le cas précédent :
Il convient néanmoins de noter que l’évaluation de MEd est ici en théorie plus complexe du fait de la présence des
coefficients de comportement (potentiellement différents dans chacune des deux directions horizontales). Se pose
notamment la question de savoir si la prise en compte des effets d’un séisme minoré (multiplié par 0,3) dans
la direction concomitante à la direction principale se traduit en terme de réduction d’effort (prise en compte d’une
ductilité globale vis-à-vis de l’effet cumulé) ou en terme de déformation imposée (éventuellement à effort constant
si on se trouve sur le palier plastique).
L’Eurocode 8-2 reste muet sur cette question théorique, ce qui sous-entend implicitement que l’on doit combiner
directement, dans le cadre d’un calcul en flexion déviée, les efforts (moments fléchissants) dans la direction de flexion
principale avec ceux minorés correspondant à la direction concomitante (multipliés par 0,3) et éventuellement divisés
par un coefficient de comportement q.
Par exemple, si on considère une section circulaire homogènement ferraillée et que l’on s’intéresse à la combinaison
sismique relative au séisme longitudinal prépondérant en négligeant l’effet de la composante verticale et les effets
du second ordre (cas classiques), M Ed est donné par la relation :
ce qui revient, si on adopte un même coefficient de comportement global q = q long = q trans, à considérer une ductilité
globale vis-à-vis des effets cumulés des directions principales du séisme :
L’application du principe du dimensionnement en capacité dans le reste de l’ouvrage garantit par ailleurs que seules
les sections de rotules plastiques sont susceptibles d’être endommagées.
Dans le cas d’une section non circulaire, les combinaisons quadratiques définies ci-dessus sont remplacées par des
vérifications en flexion déviée à mener à l’aide d’un logiciel de calcul de section, et en vérifiant successivement
les capacités résistantes en flexion MRd,long et MRd,trans selon chacune des deux directions.
Notons enfin que dans le cas de l’utilisation de la méthode du coefficient de comportement, aucune vérification
particulière des niveaux de déformation atteints dans les rotules plastiques n’est requise. Celle-ci est supposée
implicitement justifiée par l’application des dispositions constructives parasismiques telles que définies au chapitre 6
[EC8-2 4.1.6].
Lorsque la conception parasismique est basée sur des méthodes d’analyse en déplacement de type poussée progressive
ou analyse dynamique temporelle, le principe de la justification est sensiblement différent de la méthode présentée
ci-dessus et repose sur une justification explicite des niveaux de déformation atteints dans les sections de rotules
plastiques [EC8-2 4.2.4.4] à partir des lois de déformation pré-établies (moment-rotation ou force-déplacement).
Une fois le point de fonctionnement théorique obtenu pour le séisme dans une direction horizontale donnée seule,
il convient de s’assurer que ce point de fonctionnement reste dans le domaine de sécurité en intégrant le coefficient
de sécurité gR,p=1,4 ainsi que l’effet du séisme dans la direction horizontale concomitante (multiplié par 0,3) et celui
le cas échéant des effets du second ordre :
A défaut de méthode plus précise on pourra intégrer ces deux effets en termes d’incrément de déformation évalué
sur la base de l’augmentation de déformation correspondante dans l’acier le plus sollicité dans la direction de séisme
étudiée.
L’élément dimensionnant concernait la pile P2 sous séisme transversal. Le point de fonctionnement était obtenu pour
un déplacement global équivalent dtrans = 0,133 m et un effort transversal total Ftrans,tot = 53,8 MN (associé à
une accélération spectrale Se = 8,4 m/s2) :
A un déplacement global dtrans = 0,133 m correspond un déplacement transversal en tête de P2 de 0,167 m, lui-même
associé à une courbure fE = 13.10-3m-1, obtenu à partir des équations établies au chapitre 4, §6.2.3.2 :
Fy = MRd /H
dy = fy.H2 /3
du = dy +[(fu-fy).Lp.(H-0,5Lp)].l(as)
A partir des équations du chapitre 4, §6.2.3.1, on peut alors situer le point de fonctionnement sur la courbe moment-
rotation de la rotule plastique :
On obtient respectivement :
es,E = 23,4 ‰ et D’ - c = 1,80 m
Le moment de 2nd ordre sous séisme transversal au droit de P2 est défini par :
M2nd ordre,P2 = dP2 x N2 = 0,167 x 20,6 = 3,4 N.m => négligeable
Sous l’effet de la composante sismique dans la direction concomitante (longitudinale), on avait obtenu un point de
fonctionnement caractérisé par un déplacement de 0,033 m et un effort total de 68,6 MN associé à une accélération
spectrale Se=10,7 m/s2.
En prenant 0,3 Elong, le point de fonctionnement se décale comme suit, vers un point caractérisé par un déplacement
de 0,012 m et un effort total de 30,2 MN associé à une accélération spectrale Se = 4,7 m/s2 :
En dehors des zones de rotules plastiques, la vérification des sections est essentiellement basée sur l’application du
principe de dimensionnement en capacité tel que décrit précédemment est basé sur l’équation suivante (cas d’un
élément en béton armé) :
Dans l’équation ci-dessus, la courbe M C est à déduire du diagramme des efforts, incluant les actions non-sismiques
dans la situation sismique de calcul et établi en considérant que les rotules plastiques potentielles sont effectivement
plastifiées à leur palier plastique M 0 = M Rd_rot majoré du coefficient de surcapacité g 0 (avec g 0=1,35 éventuellement
multiplié par 1+2(h k-0,1)2 pour les sections fortement comprimées dans le cas de structures en béton armé et g 0=1,25
dans le cas de structures métalliques).
Exemple d’application :
Si on reprend l’exemple d’application précédent et que l’on s’intéresse par exemple au moment de dimensionnement
à mi-hauteur de la pile P2 :
On suppose que la pile plastifie en pied sous séisme transversal et en pied et en tête sous séisme longitudinal
(Rq : la même hypothèse aurait été prise par sécurité pour P1 et P3 même si en pratique il est peu probable que
ces piles plastifient).
Sous séisme transversal, avec P2 plastifiant en pied à M Rd_piedP2 = 200 MNm, le moment atteint à mi-hauteur est
donc de 100 MNm et le moment de dimensionnement transversal est donc de 1,35 x 100=135 MNm :
Sous séisme longitudinal, avec P2 plastifiant en pied et en tête à M Rd_P2 = 200 MNm, le moment atteint à mi-
hauteur, en tenant compte d’un décalage forfaitaire du point de moment nul de 0,2H [Chapitre 5 - 2.2], est donc
de 200 x 0,2/0,7= 57MNm et le moment de dimensionnement longitudinal est donc de 1,35 x 57=77 MNm :
La pile étant circulaire, le moment dimensionnant global à mi-hauteur est MRd_H/2 = (1352+77 2) 1/2 = 155 MNm.
Ce cas, qui inclut également l’emploi d’appareils d’appui en élastomère classiques, répond aux même principes de
vérification que le cas de la conception élastique ou à ductilité limitée [Chapitre 5 - 3.1.1], à ceci près qu’il convient de
tenir compte le cas échéant des coefficients de surcapacité ou de fiabilité (gRd et g IS) dans la vérification des éléments
de structure auxquels ces dispositifs sont liaisonnés. L’équation devient alors :
où gRd = 1,1 [NF EN15129 4.3.2] et où les majorations d’efforts provenant de la prise en compte du coefficient de
fiabilité g IS sont précisées au chapitre 5, §2.3 en fonction du type de dispositifs.
Les sollicitations de calcul M Ed doivent également intégrer le cas échéant la prise en compte de la variabilité des
propriétés des isolateurs (propriétés de calcul limites supérieures et inférieures, resp. UBDP et LBDP) conformément
à l’article 7.5.2.4 de l’EC8-2 [Chapitre 4 - 4.3.4.1.1].
Pour les ouvrages conçus en « élastique » ou en « ductilité limitée », comme vis-à-vis de la flexion, il n’y a pas lieu
d’appliquer de quelconque coefficient de surcapacité pour la vérification des efforts tranchants. En revanche, l’Eurocode 8
[EC8-2 5.6.2(2)] requiert, vis-à-vis de cette vérification dans les éléments en béton, que les effets résultant de l’action
sismique de calcul soient remultipliés par le coefficient de comportement q (avec dans ce cas q ≤ 1,5).
On dimensionne donc les éléments en béton armé à l’effort tranchant pour les sollicitations issues de l’analyse sismique
multipliées par le coefficient de comportement q (q≤1,5), puis par un coefficient de sécurité vis-à-vis des ruptures
fragiles par effort tranchant gBd1 = 1,25 :
Nota : ( 1) Pour le dimensionnement des éléments présentant des risques de rupture fragile (appareils d’appui
et supports fixes, ancrages fixes pour câbles et haubans, assemblages non ductiles, boulons, soudures…),
il convient de se référer à l’article 6.5.2 de l’Eurocode 8-2 relatif à la prévention de toute rupture fragile
des composants non ductiles spécifiques, qui préconise de dimensionner ces éléments sur la base soit des
effets des actions sismiques multipliées par le coefficient q utilisé dans l’analyse, soit (approche privillégiée
ici) des effets du dimensionnement en capacité déterminés à partir de la résistance des éléments ductiles
pertinents et d’un coefficient de sur-résistance au moins égal à 1,3.
(2) cf. nota sur les notations à la fin du §3.1.1 du chapitre 5.
Comme pour la vérification en flexion des sections situées en dehors des zones de rotules plastiques
[Chapitre 5 - 3.1.2.2], les vérifications à l’effort tranchant dans le cas d’une conception ductile sont essentiellement
basées sur l’application du principe de dimensionnement en capacité. Dans le cas d’une conception ductile, on
dimensionne les éléments à l’effort tranchant pour les sollicitations correspondant aux plastifications des rotules
plastiques, multipliées par le coefficient de surcapacité g o, puis par un coefficient de sécurité vis-à-vis des ruptures
fragiles par effort tranchant gBd1 = 1,25 :
Dans l’équation ci-dessus, la courbe V C est à déduire du diagramme des efforts, incluant les actions non-sismiques
dans la situation sismique de calcul et établi en considérant que les rotules plastiques potentielles sont effectivement
plastifiées à leur palier plastique M 0 = M Rd_rot majoré du coefficient de surcapacité g 0 (avec g 0=1,35 éventuellement
multiplié par 1+2(h k-0,1)2 pour les sections fortement comprimées dans le cas de structures en béton armé et g 0=1,25
dans le cas de structures métalliques).
A noter que dans les sections de rotules plastiques des éléments en béton armé, seul le noyau de béton confiné doit
être considéré comme efficace et l’angle de la bielle comprimée doit être pris égal à 45°.
Nota : P
our le dimensionnement des éléments présentant des risques de rupture fragile (appareils d’appui et supports
fixes, ancrages fixes pour câbles et haubans, assemblages non ductiles, boulons, soudures…), il convient de
se référer à l’article 6.5.2 de l’Eurocode 8-2 relatif à la prévention de toute rupture fragile des composants
non ductiles spécifiques, qui préconise de dimensionner ces éléments sur la base soit des effets des actions
sismiques multipliées par le coefficient q utilisé dans l’analyse, soit (approche privillégiée ici) des effets du
dimensionnement en capacité déterminés à partir de la résistance des éléments ductiles pertinents et d’un
coefficient de sur-résistance au moins égal à 1,3.
Exemple d’application :
On suppose toujours que la pile plastifie en pied sous séisme transversal et en pied et en tête sous séisme
longitudinal.
L’effort tranchant sous séisme transversal est égal à MRd_pied /H = 200/9 = 22,2 MN.
L’effort tranchant sous séisme longitudinal est égal à (MRd_pied + MRd_tête) /H = 200 x 2/9 = 44,4 MN.
La pile étant circulaire et après multiplication par les coefficients g0 et gBd1, on obtient l’effort tranchant dimensionnant
global VRd = (22,22+44,4 2)1/2 x 1,35 x 1,25 = 83,8 MN.
Ce cas, qui inclut également l’emploi d’appareils d’appui en élastomère classiques, répond aux même principes de
vérification que le cas de la conception élastique ou à ductilité limitée [Chapitre 5 - 3.2.1], à ceci près qu’il convient de
tenir compte le cas échéant des coefficients de surcapacité ou de fiabilité (gRd et g IS) dans la vérification des éléments
de structure auxquels ces dispositifs sont liaisonnés et que le coefficient de comportement à prendre en compte prend
la valeur de q=1. L’équation devient alors :
où gRd = 1,1 [NF EN15129 4.3.2] et où les majorations d’efforts provenant de la prise en compte du coefficient de
fiabilité g IS sont précisées au chapitre 5, §2.3 en fonction du type de dispositifs.
Les sollicitations de calcul VEd doivent également intégrer le cas échéant la prise en compte de la variabilité des
propriétés des isolateurs (propriétés de calcul limites supérieures et inférieures, resp. UBDP et LBDP) [E8-2 7.5.2.4 et
Chapitre 4 - 4.3.4.1.1].
L’effort tranchant de dimensionnement dans le nœud d’encastrement est établi selon la théorie des bielles-tirants, en
appliquant toujours le principe du dimensionnement en capacité. Dans ce cas, la ductilité est supposée provenir des
aciers tendus et le coefficient de sur-résistance g0 est appliqué à l’effort de traction dans ces derniers.
Le lecteur se reportera au chapitre correspondant de l’Eurocode 8-2 pour de plus amples précisions.
- Cas général :
- Cas général :
(1) Les vérifications des éléments métalliques sont à mener conformément aux prescriptions de l’Eurocode 8-1 §6 et de l’Eurocode 3
(2) La résistance à l’effort tranchant des éléments en béton armé est à évaluer conformément aux prescriptions de l’Eurocode 2
(3) cf. nota sur les notations
(4) Les valeurs de MC et VC à utiliser pour le dimensionnement des éléments présentant des risques de rupture fragile (appareils d’appui
et supports fixes, ancrages fixes pour câbles et haubans, assemblages non ductiles, boulons, soudures…) sont à déduire des effets du
dimensionnement en capacité déterminés à partir de la résistance des éléments ductiles pertinents et d’un coefficient de sur-résistance
au moins égal à 1,3.
- Cas général :
- Cas général :
-A
nalyse par méthode du coefficient de - Analyse par méthode du coefficient de comportement :
comportement : vérifié implicitement par vérifié implicitement par l’application des dispositions
l’application des dispositions constructives constructives parasismiques de l’Eurocode 8-2
parasismiques de l’Eurocode 8-2 - Analyse en poussée progressive ou dynamique
-A
nalyse en poussée progressive ou temporelle :
Rotation des rotules plastiques dynamique temporelle :
SX
(1) Les vérifications des éléments métalliques sont à mener conformément aux prescriptions de l’EC8-1 §6 et de l’EC3
(2) La résistance à l’effort tranchant des éléments en béton armé est à évaluer conformément aux prescriptions de l’EC2.
(3) Les valeurs de MC et VC en une section donnée de la structure sont à déduire du diagramme des efforts établi en considérant que les
rotules plastiques potentielles sont effectivement plastifiées à leur palier plastique M0 = MRd_rot majoré du coefficient de surcapacité g0
(avec g0=1,35 éventuellement multiplié par 1+2(hk-0,1)2 pour les sections fortement comprimées dans le cas de structures en béton
armé et g0=1,25 dans le cas de structures métalliques).
(4) Les valeurs de MC et VC à utiliser pour le dimensionnement des éléments présentant des risques de rupture fragile (appareils d’appui
et supports fixes, ancrages fixes pour câbles et haubans, assemblages non ductiles, boulons, soudures…) sont à déduire des effets du
dimensionnement en capacité déterminés à partir de la résistance des éléments ductiles pertinents et d’un coefficient de sur-résistance
au moins égal à 1,3.
- AA élastomère :
Les schémas des figures 111 et 112 récapitulent de manière plus synthétiques les différentes prescriptions détaillées
ci-dessus relatives aux différents d’appui (appareils et dispositifs d’appui, piles, fondations) pour les cas de figure
les plus courants et pour une direction donnée (le choix de conception pouvant être différent en fonction de la direction
de séisme considérée : longitudinale ou transversale par rapport à l’axe de l’ouvrage).
Il convient de garder à l’esprit que les règles de surdimensionnement (et coefficients associés) des éléments
de structure les uns par rapport aux autres sont étroitement liés au comportement sismique général et à
la chronologie d’endommagement souhaités par le concepteur :
-- Dans le cas où le comportement sismique général est dicté par la flexion des piles (conditions d’appui fixes
ou bloquées), le reste de la structure (effort tranchant dans les piles, tablier, fondations, appareils d’appui,
butées…) est à surdimensionner par rapport à ces dernières. Les coefficients de sur-résistance associés
dépendent alors du choix de conception (élastique, en ductilité limitée ou ductile) ;
-- Inversement, dans le cas où le comportement sismique général est dicté par les principes d’isolation
sismique (y compris appareils d’appui en élastomère fretté classiques) ou d’amortissement par des dispositifs
parasismiques particuliers, ce sont tous les autres éléments structurels (piles, tablier, fondations, attaches…)
qui sont à surdimensionner sur la base de la capacité maximale de ces dispositifs.
Figure 111 : Représentation synthétique des règles et coefficients de sur-dimensionnement dans le cas d’un comportement dicté
par la flexion des piles (conditions d’appui fixes ou bloquées) - Reste de la structure surdimensionné par rapport à ces dernières
(1) Dans le cas où il est prévu des butées de sécurité intervenant en 2ème ligne de défense en fin de course des appareils d’appui
[Chapitre 5 - 5.6.3], celles-ci sont à dimensionner pour 75 % de l’effort sismique de calcul FAEd. Dans ce cas, la majoration des efforts par
gIS=1,5 dans les appareils d’appui et la structure support n’est plus à appliquer.
(*) Les sollicitations de calcul dEd, MEd et VEd doivent également intégrer le cas échéant la prise en compte de la variabilité des propriétés
des isolateurs (propriétés de calcul limites supérieures et inférieures, resp. UBDP et LBDP) conformément à l’article 7.5.2.4 de l’EC8-2
[Chapitre 4 - 4.3.4.1.1]
Figure 112 : Représentation synthétique des règles et coefficients de sur-dimensionnement dans le cas d’un comportement dicté par les principes
d’isolation sismique ou d’amortissement - Autres éléments structurels surdimensionnés sur la base de la capacité maximale des dispositifs
4 - Vérifications particulières
4.1 - Tablier
Les vérifications décrites ci-dessous et dans les paragraphes suivants concernent les ouvrages comportant un tablier
qui repose sur ses appuis par l’intermédiaire d’appareils d’appui. Les ouvrages enterrés du type cadres ou portiques
sont traités au chapitre 7.
L’expérience montre que le dimensionnement sous charges de service des tabliers de pont, qu’ils soient en béton,
acier ou mixte est suffisant pour qu’ils ne soient en général pas endommagés lors d’un séisme. Néanmoins, une des
exigences de base de l’Eurocode 8-2, est que le tablier ne subisse pas de plastification significative sous l’effet
de l’action sismique [EC8-2 2.3.2.2 et 5.6.3.6].
Cette exigence est supposée satisfaite si l’armature de la dalle supérieure du tablier subit une plastification sur
une distance, comptée depuis son extrémité, inférieure à 10 % de la largeur de la dalle supérieure ou à la distance
correspondant à la jonction avec l’âme la plus proche de cette extrémité [EC8-2 5.6.3.6(2)].
Pour ce faire, ils doivent être dimensionnés en considérant la combinaison d’action sismique [Chapitre 4 - 3] et
le principe du dimensionnement en capacité.
Enfin, de nombreux ponts ayant été rendus inutilisables à la suite de séismes ayant provoqués la chute du tablier,
la vérification aux déplacements différentiels a été introduite. Un repos d’appui minimal doit donc être respecté
[Chapitre 5 - 5.5], ou bien des dispositifs de butée doivent être installés [Chapitre 5 - 5.6] (cf. figure 113).
Logiquement, la justification des sections devrait se faire en flexion composée déviée du fait de la concomitance entre
les trois directions d’excitation.
Pour ce qui est des ouvrages courants à biais modéré (angle de biais supérieur à 78 grad ou 70°) et lorsque
les formes des piles sont simples (cf. figure 114), il est admissible de se limiter à des vérifications en flexion composée
selon deux plans perpendiculaires (plans définis par un axe vertical et un des axes principaux d’inertie de la section
horizontale du fût de pile).
Dans le cas des ouvrages non courants, la vérification doit être menée en flexion composée déviée à partir des
combinaisons sismiques.
Figure 115 : Efforts sismiques sur une pile
Les vérifications doivent se faire en tenant compte des effets sismiques suivants (cf. figure 115) :
• effort transmis par le tablier noté Fht sous séisme horizontal et Fvt sous séisme vertical ;
• effort d’inertie dû à l’accélération de la masse de la pile noté Fhp sous séisme horizontal et Fvp sous séisme vertical.
Contrairement au cas des culées (voir paragraphe suivant), on pourra négliger la poussée et la butée des terres ainsi
que l’effort d’inertie provenant de l’accélération de la masse des terres sur les semelles. Néanmoins, dans le cas de
sol de mauvaise qualité, une interaction sol-structure pourra être prise en compte par modélisation du sol. Dans le cas
des piles immergées, une masse additionnelle d’eau agissant horizontalement doit être prise en compte pour tenir
compte de l’interaction hydrodynamique.
Dans le cas d’un appareil d’appui en caoutchouc fretté, les modes de pile et de tablier doivent être combinés
quadratiquement [Chapitre 4 - 5.4.2].
Donc, dans chaque plan vertical, les sollicitations doivent être cumulées quadratiquement si les modes propres concernés
sont différents. Par contre, elles doivent être cumulées directement si les modes propres en jeu sont identiques. Si
l’on désigne par S(F) les sollicitations créées dans la section considérée par l’effort sismique F, les combinaisons à
prendre en compte, par exemple lorsque le séisme horizontal est prépondérant, sont :
pour un tablier qui n’est pas fixé sur la pile (appareils d’appui en caoutchouc
•
fretté ou appareils d’appui glissant) ;
• pour un tablier qui est fixé sur la pile ou la culée (appareil d’appui fixe, section
rétrécie de béton, encastrement).
Néanmoins, dans les zones de sismicité faible ou modérée les effets du séisme vertical dans les piles peuvent être
négligés. Dans les zones de forte sismicité, ces effets seront pris en compte uniquement si les piles sont soumises
à des contraintes de flexion importantes, dues aux actions permanentes verticales du tablier, ou lorsque le pont se
trouve à proximité d’une faille sismotectonique active.
Il est important d’identifier les combinaisons critiques afin de limiter les calculs.
Par exemple, en direction longitudinale, on vérifiera les sections d’aciers tendus sous les deux combinaisons suivantes :
• G + S vertical ascendant + 0,3 S longitudinal ;
• G + 0,3 S vertical ascendant + S longitudinal.
Les piles métalliques doivent être vérifiées conformément aux prescriptions de l’Eurocode 8-2 qui renvoie à
l’Eurocode 8-1, articles 6.5.2, 6.5.3 (les aciers de classe 3 n’étant admis que lorsque le coefficient de comportement
reste inférieur à 1.5), 6.5.4, 6.5.5 et 6.5.9.
Selon le type d’ossature des piles, il convient de se reporter également aux articles 5.7.1.2 à 5.7.1.4 de l’Eurocode 8-2.
4.3 - Culées
Par souci de simplification, il est admissible de se limiter à des vérifications séparées dans le sens longitudinal et
dans le sens transversal ou, pour une culée biaise, dans les plans définis par un axe vertical et un des axes principaux
d’inertie de la section horizontale du voile de la culée (cf. figure 114).
La poussée dynamique des terres est calculée par la méthode de Mononobe-Okabe explicitée au chapitre 4, §5.7.
On néglige en général la butée et le poids des terres se trouvant à l’avant de la culée car celles-ci sont susceptibles
d’être remaniées lors de travaux d’entretien ou d’élargissement.
Les efforts d’inertie de la culée ou des terres reposant sur la semelle sont calculés à partir des coefficients sismiques
k h et kV.
Il est généralement recommandé de considérer un coefficient r égal à 1 pour toutes les culées de pont dans le calcul
des forces d’inertie.
Toutefois, dans le cas de culée connectée de manière flexible au tablier (appareils d’appui glissants ou en élastomère),
un coefficient r supérieur à 1, qui suppose un déplacement acceptable de la culée, peut être utilisé pour le calcul de
la poussée dynamique des terres, à condition :
Cette deuxième exigence est supposée satisfaite si le dimensionnement du corps de la culée est effectué en utilisant
la poussée des terres supplémentaire due au séisme DEd majorée de 30 % (DEd = Ed - E0, avec Ed : poussée dynamique
des terres calculée conformément au chapitre 4, §5.7, E 0 = poussée statique des terres). La vérification des culées doit
se faire en tenant compte des effets indiqués sur les figures suivantes. Il est nécessaire de distinguer les vérifications
de stabilité interne (ferraillage des murs ou de poteaux...) et la stabilité externe (glissement ou renversement de
la semelle...).
Pour les culées connectées de manière rigide au tablier, il convient en outre de limiter les détériorations du sol ou
du remblai situés à l’arrière en vérifiant que le déplacement sismique de calcul de la culée ne dépasse pas la valeur
dlim fixée ci-après [EC8-2 6.7.3 et AN] :
• catégorie d’importance IV : dlim = 50 mm ;
• catégories d’importance I, II ou II : aucune limitation.
Ce déplacement doit être calculé sur la base d’un modèle global qui intègre l’effet de l’interaction entre le sol et
les culées en utilisant des bornes inférieures et supérieures pour les caractéristiques de raideur du sol [Chapitre 4 - 4.3.3].
• pour les vérifications de stabilité interne :
Fvt Fvt
Fht Fht
Fvc Fvc
Fhc
Fhc
Ed Ed
Fht, Fvt : efforts transmis par le tablier sous séisme Fht, Fvt : efforts transmis par le tablier sous séisme
Fhc, Fvc : efforts provenant de l’accélération de la culée, calculés avec Fhc, Fvc : efforts provenant de l’accélération de la culée, calculés avec
kh et kV kh et kv
Ed : poussée des terres calculée selon Mononobe-Okabe Ed : butée des terres avec un coefficient de butée Kpd de 1
Lorsque le chevêtre repose sur des poteaux et non sur un voile continu, on appliquera la poussée ou la butée des
terres sur une surface fictive trois fois plus large que le poteau (sans dépasser la largeur totale de la culée) afin de
tenir compte de l’effet de voûte qui se développe dans le sol.
Il est loisible de ne pas effectuer la vérification avec l’effort sismique vers la culée, sous réserve de disposer un ferraillage
symétrique dans le mur ou les poteaux de la culée. En outre, cette vérification n’est pas imposée par l’Eurocode 8-2
pour les culées connectées de manière flexible au tablier.
L’Eurocode 8-2 prévoit de dimensionner les culées connectées de manière rigide au tablier sous les effets cumulés de
la poussée statique des terres et de la réaction du sol provoquée par le mouvement de la culée et des murs en aile
en direction du remblai. Cette disposition est couverte pour les cas courants par les hypothèses définies ci-dessus.
La poussée ou la butée des terres sont appliquées sur une surface verticale fictive qui passe par l’arrière de la semelle
et de même largeur que cette dernière.
La masse des terres à accélérer avec le mur est délimitée par cette surface.
Les concomitances entre les sollicitations créées par chacun des efforts doivent être prises en compte de la manière
suivante :
• les sollicitations créées par Fhc, Fvc, Fhe, Fve et Ed sont concomitantes et doivent être cumulées directement ;
• les sollicitations créées par F ht et F vt doivent être cumulées directement si le tablier est fixé sur la culée. Si le tablier
n’est pas fixé sur la culée, les pratiques anciennes (PS92) consistaient à les cumuler quadratiquement avec les
précédentes. L’Eurocode 8-2 [EC8-2 6.7.2] préconise désormais de supposer que ces actions agissent en phase,
ce qui revient également à un cumul direct.
Dans tous les cas de figure, lorsque le séisme horizontal est prépondérant, les combinaisons des sollicitations sont
par exemple :
La poussée des terres sous séisme désignée par Ed intègre l’effet du séisme vertical [Chapitre 4 - 5.7]. De ce fait, des
valeurs différentes sont à utiliser selon que le séisme vertical est ascendant ou descendant.
Les vérifications à faire dans le sens transversal sont basées sur les combinaisons analogues.
4.4 - Fondations
Dans un premier temps, le projeteur doit contrôler que le sol ne présente pas de risque de liquéfaction [Chapitre 3 - 4.1].
La vérification des fondations se fait selon l’Eurocode 7-1 et ses normes d’application françaises en tenant compte des
précisions détaillées ci-après.
Les états limites concernant les matériaux constitutifs des éléments de fondation sont justifiés selon les règles adaptées
(EC2 et EC3).
Les effets des actions sur les fondations doivent être évalués de la manière suivante [EC8-5 5.3] :
• Pour les structures dissipatives, en considérant un dimensionnement en capacité tenant compte du développement
possible d’une sur-résistance, sans toutefois dépasser les effets des actions obtenus à partir de l’analyse de
la situation sismique de calcul en considérant l’hypothèse du comportement élastique de la structure (c’est-à-dire
en prenant effectivement q=1, [EC8-2 5.3(2)] ;
Les matériaux des fondations superficielles ne doivent pas être exposés à des incursions dans leur domaine de
comportement plastique sous l’effet de l’action sismique de calcul. Par conséquent leur ferraillage ne nécessite aucune
disposition constructive spécifique.
Lorsqu’il est impossible d’éviter une plastification localisée dans les pieux par l’utilisation du dimensionnement en
capacité, l’intégrité des pieux doit être assurée en assurant un comportement ductile approprié [Chapitre 6 - 5.1].
Les calculs doivent être menés en combinant les directions longitudinales et transversales du séisme. Par contre,
pour ce qui est du ferraillage de la semelle, il peut être déterminé en considérant séparément les plans principaux
d’inertie du fût de l’appui.
Pour les fondations de piles de grande hauteur, on limitera la décompression des sols pour assurer un équilibre pseudo-
statique au renversement (sol rocheux), d’une part, et limiter les rotations, d’autre part.
• Pour la vérification d’une semelle vis-à-vis d’une rupture par glissement (la base de la semelle étant supposée
située au-dessus de la nappe), on vérifiera l’inégalité suivante :
avec :
VEd : effort tranchant horizontal de calcul ;
NEd : effort normal de calcul sur la base horizontale ;
FRd : force de frottement de calcul ;
d : valeur de l’angle de frottement de l’interface sol-structure sous la base de la semelle [EC7 6.5.3] ;
d = angle de frottement interne à l’état critique f’ crit pour les fondations en béton coulées en place ;
d = 2/3f’ crit pour les fondations préfabriquées lisses. La cohésion effective c’est négligée ;
E pd : valeur de calcul de la résistance latérale découlant de la pression des terres sur les parois de la semelle
dans la limite de 30 % de la résistance découlant de la mobilisation de la butée passive totale des terres et
sous réserve que des mesures appropriées soient prises sur site (compactage du remblai contre les parois de
la semelle, réalisation d’un mur de fondation vertical dans le sol ou bétonnage directement contre une surface
verticale propre du sol).
• Pour la vérification de la semelle vis-à-vis d’une rupture par perte de capacité portante, il convient de tenir
compte :
- - de la nature cyclique du chargement sismique et de la dépendance des propriétés dynamiques des sols avec
le niveau de déformation (dégradation de la résistance et de la rigidité) ;
- - des effets des forces d’inertie dans le sol de fondation ;
- - de l’inclinaison et de l’excentricité résultant des forces d’inertie dans la structure portée ;
- - de la dégradation de la résistance au cisaillement des matériaux sans cohésion susceptibles de subir
une augmentation de la pression interstitielle dynamique sous chargement sismique, et après un séisme,
d’une dissipation vers la surface de la pression interstitielle de couches situées en profondeur.
Cette méthode basée sur une analyse cinématique à la rupture repose sur les paramètres de résistance au cisaillement
des sols qui ne sont pas couramment mesurés dans les projets d’ouvrages d’art.
La capacité portante ultime de la fondation Nmax sous charge verticale centrée peut être déduite de méthodes semi-
empiriques, dite pressiométrique [EC7-1 annexe E et NF P 94-261].
Pour les semelles dont la base est située au-dessus de la nappe, et les sols de fondation :
• constitués de sols cohérents en zone de sismicité 2 (faible) à 4 (moyenne) ;
• constitués de sols frottants non sensibles à une dégradation des propriétés dynamiques ou à une augmentation
de la pression interstitielle sous chargement cyclique (coefficient de sécurité à la liquéfaction > 2), en zone de
sismicité 2 (faible) à 3 (modérée) ;
Les forces d’inertie interviennent de manière négligeable sur le domaine de portance admissible du sol de fondation.
On pourra donc dans ce cas utiliser la méthode semi-empirique basée sur les essais pressiométriques en vérifiant
l’inégalité suivante :
Avec :
Vd : valeur de calcul de la composante verticale de la charge transmise par la fondation superficielle au terrain ;
R v;k : valeur caractéristique de la résistance nette du terrain [NF P 94-261 Annexe D] ;
γR;v : facteur partiel de portance à l’ELU égal à 1,4 ;
A’ : valeur de la surface effective de la semelle [NF P 94-261 Annexe Q] ;
q net : contrainte associée à la résistance nette du terrain sous la fondation superficielle ;
γ R;d;v : coefficient de modèle pris égal à 1,2 pour la méthode semi-empirique dite pressiométrique.
Le calcul des efforts dans chacun des pieux doit se faire en tenant compte simultanément des trois directions de séisme.
Il convient de prendre en compte également les déformations imposées directement par le sol selon la méthode
détaillée au §5.6.2 du chapitre 4.
Pour la vérification de la portance d’un pieu isolé (compression), l’inégalité suivante doit être satisfaite (NF P 94-262) :
Avec :
Fc;d : valeur de calcul de la charge de compression axiale du pieu,
Rc;d : valeur de calcul de la résistance à la compression (portance) du terrain situé pour un pieu isolé à l’état-
limite ultime,
Rc;k : valeur caractéristique de la portance du terrain sous un pieu,
R b;k : valeur caractéristique de la résistance à la compression du terrain sous la base du pieu,
R s;k : valeur caractéristique de la résistance par frottement latéral sur la périphérie pieu,
g t ; g b ; g s : facteurs partiels respectivement pour les résistances Rc;k, Rb;k et Rs;k.
Pour ce qui est de la mobilisation globale, à défaut d’études spécifiques, il est admissible de considérer l’ensemble
des pieux et du sol qu’ils enserrent comme un bloc monolithique, et de calculer la charge limite du bloc à partir du
frottement latéral limite et de la contrainte de rupture à la base du bloc.
4.4.3 - Micropieux
Lorsque les micropieux travaillent en traction, on devra majorer les longueurs de scellement calculées en statique,
Ls, selon la formule :
Généralement, la solution la plus intéressante pour les ouvrages d’art courants consiste à utiliser des appareils d’appui
en élastomère fretté sur tout ou partie des piles.
Les organes d’appui du tablier doivent supporter sans détérioration le déplacement maximal dans la situation sismique
de calcul [EC8-2 6.6.2.2], c’est à dire :
d Ed = γ ISdE + dG + Ψ2dT + ddiff
où les déplacements suivants doivent être combinés avec le signe le plus défavorable :
• dE est le déplacement sismique de calcul qui vaut :
-- d E = ± ημ dd Ee dans le cas d’une analyse spectrale, avec h le coefficient de correction de l’amortissement,
dEe le déplacement sismique issu de l’analyse linéaire (intégrant le cas échéant la division par le coefficient
de comportement q), μd = q si T > 1,25TC et μd =(q-1)T0 /T+1 ≤ 5q - 4 si T < 1,25Tc , q étant le coefficient de
comportement et Tc paramètre spectral. (La valeur calculée de dE étant bornée supérieurement au déplacement
élastique correspondant à q=1 conformément à l’article 4.3.4 de l’Eurocode 8-1 et au principe d’iso-déplacement)
-- d E = ± dEe dans le cas d’une analyse élastique linéaire (avec q=1)
• gIS : coefficient de fiabilité valant 1,50 dans le cas général sauf pour des appareils d’appui élastomère classiques
à faible amortissement soumis à une faible action sismique (dans ce cas g IS =1), [NF EN 15129 8.2.1.2.11(2)] ou
lorsque les appareils sont complétés par des butées de sécurité [Chapitre 5 - 5.4.4].
• dG est le déplacement différé dû aux actions permanentes et quasi-permanentes (par exemple post-tension, retrait
et fluage pour les tabliers en béton)
Les effets du second ordre doivent être pris en compte dans la détermination de la valeur de calcul totale du déplacement
dans la situation sismique de calcul, lorsque ces effets sont significatifs.
Des dispositifs anti-soulèvement doivent être prévus sur tous les appuis où la réaction verticale totale sur le support
(ou l’appui) due à l’effort sismique de calcul compense plus de 80 % de la réaction de compression pour les ponts
à comportement ductile et 50 % pour les ponts à comportement en ductilité limitée [EC8-2 6.6.3.2]. En outre, il est
précisé qu’aucun soulèvement des appareils d’appui individuels ne doit se produire dans la situation sismique de calcul.
Nous recommandons en pratique l’application de cette deuxième approche (coefficient de sur-résistance de 1,3), qui
s’avère dans la plupart des cas plus économique dans les cas des conceptions en ductilité limité ou ductile.
Si les principes de dimensionnement en capacité ne sont pas respectés, c’est à dire si aucune sur-résistance n’est
prévue, les appareils d’appui doivent être associés à des attelages sismiques et doivent pouvoir être remplacés
facilement [EC8-2 6.6.2.1].
Les appareils d’appui à pot de caoutchouc ou métalliques sont le plus souvent des produits fournis sur catalogue par les
fabricants, en fonction des efforts verticaux et horizontaux à transmettre. L’Eurocode 8 ne fournissant pas d’éléments
sur le sujet, il convient de s’assurer que les efforts obtenus sous les combinaisons sismiques sont dans le domaine
d’emploi de l’appareil d’appui choisi. Pour ce faire, on pourra exiger du fabricant une note de calcul (généralement
selon l’Eurocode 3) ou mieux, des procès verbaux d’essais.
Cette justification doit être réalisée suivant l’article 8.2.3.3 de la norme NF EN 15129, aussi bien pour les appareils
d’appui en élastomère à fort amortissement que ceux à faible amortissement [NF EN 15129 8.2.3.1]. Néanmoins, pour
les appareils d’appui à faible amortissement soumis à une faible action sismique [NF EN 15129 8.2.1.1], les prescriptions
de la norme NF EN 1337-3 s’appliquent, complétées par celles de l’article 8.2.1.2.11 de la norme NF EN 15129.
Nota : U
ne « faible action sismique de calcul » au sens de la norme NF EN 15129 [NF EN 15129 8.2.1.1] est définie
de telle sorte que l’effet du séisme (déplacement ou effort) reste inférieur à l’effet total des autres actions
dans la situation sismique de calcul.
Pour les appareils d’appui en élastomère à faible amortissement, on pourra utiliser le module de cisaillement dynamique
nominal Gb obtenu à partir du module de cisaillement conventionnel Gg défini dans la norme NF EN1337-3 à l’article
4.3.1.1 avec Gb = 1,1.Gg = 1,1 x 0,9 = 1,0 MPa, éventuellement pondéré dans le cadre d’une approche en fourchette
(UBDP, LBDP) destinée à tenir compte de sa variabilité en fonction des conditions d’utilisation [Chapitre 4 - 4.3.4.1.1].
Pour les appareils d’appui à fort amortissement, le fabriquant devra réaliser les essais recommandés dans la norme NF
EN 15129 [NF EN 15129 8.2.4.2.5.2] pour déterminer le module de cisaillement dynamique. Le module de cisaillement
de calcul correspond à la déformation de 100 % déterminée à 23°C par l’essai de type [NF EN 15129 8.2.2.1.3.2].
5.4.3 - Cas où le séisme est entièrement repris par les appareils en élastomère
où :
γ m =1,0
et,d est la somme des déformations.
où NEd,max est la force verticale, A r l’aire réduite, S le coefficient de forme, G le module de cisaillement, E c’ = 3G(1+2S 2)
dans le cas des dispositifs circulaires et rectangulaires (pour les dispositifs annulaires, cf. NF EN 15129).
Nota : Pour le calcul de l’aire réduite, seules les déformations d’origine non-sismique sont prises en compte
[NF EN 15129 8.2.3.1].
Le déplacement de calcul sous séisme doit être affecté d’un coefficient de fiabilité gIS=1,50.
• e α,d est la distorsion de calcul due à la rotation angulaire de calcul, selon l’article 5.3.3.4 de la norme NF EN 1337-3
avec un angle minimal de rotation de 0,003 radians dans chaque direction orthogonale ;
Où :
aa,d est l’angle de rotation autour de la largeur de l’appareil d’appui ;
ab,d est l’angle de rotation (le cas échéant) autour de la longueur de l’appareil d’appui ;
t i est l’épaisseur d’un feuillet d’élastomère.
La distorsion maximale autorisée eqmax est évaluée, en fonction de l’état limite considéré, à :
• e qmax service ≤ 1,0 pour le séisme de service (cas des ouvrages ferroviaires par exemple)
• eqmax ultime ≤ 2,5 pour le séisme ultime [NF EN 15129 8.2.3.4.1]
Nota : B
ien que la norme NF EN 15129 autorise une distorsion allant jusqu’à 2,5, il est prudent de se limiter à 2,
valeur spécifiée dans l‘Eurocode 8-2 [EC8-2 7.6.2(6)].
5.4.3.3 - Flambement
Cette vérification est valable pour tous les élastomères exceptés ceux à noyaux de plomb. On vérifie sous combinaisons
sismiques que :
Si alors ;
Si alors ;
NEd,max est la force verticale, Ar l’aire réduite, a’ la largeur des frettes, S’ le coefficient de forme, Tq l’épaisseur totale
d’élastomère, G le module dynamique de cisaillement, l coefficient valant 1,3 pour une section rectangulaire et 1,1
pour une section circulaire.
5.4.3.4 - Glissement
Le glissement est à vérifier sous la combinaison sismique la plus défavorable (lorsque le séisme vertical est ascendant).
On effectuera les mêmes vérifications que pour les charges courantes selon la norme NF EN 1337-3, mais en tenant
compte du séisme. Toutefois, le coefficient de frottement à utiliser est celui de l’État Limite de Service.
où et
Dans la plupart des cas, il ne sera pas possible de vérifier les conditions de non-glissement en zone sismique et on
sera conduit à prévoir des dispositifs anti-cheminement (taquets …). A noter que la norme NF EN 15129 ne prévoit
pas de vérification au glissement (considérant sûrement implicitement que des dispositions anti-cheminement sont
systématiquement requises en zone de sismicité non négligeable). On se réfèrera donc à la NF EN 1337-3 lorsque
cette vérification est nécessaire (efforts sismiques suffisamment faibles pouvant justifier une dispense de dispositifs
anti-cheminement).
Nota : Les appareils d’appui à faible amortissement soumis à une faible action sismique de calcul au sens de l’article
8.2.1.1 de la norme NF EN 15129, sont vérifiés suivant la norme NF EN 1337-3, c’est à dire selon les mêmes
critères que pour les justifications vis-à-vis des actions non-sismiques, à l’exception de la distorsion due à
l’effort horizontal provenant des seuls efforts horizontaux, pour laquelle la valeur autorisée sous séisme est
deux fois supérieure à la valeur admise pour les autres charges :
Par ailleurs, le déplacement de calcul sous séisme n’est dans ce cas affecté d’aucun coefficient de fiabilité
[NF EN 15129 8.2.1.2.11].
5.4.4 - C as où les appareils d’appui sont couplés à des attelages sismiques jouant le rôle de butée
de sécurité
Dans certains cas, il peut être intéressant de compléter les appareils d’appui en élastomère par des attelages
sismiques jouant le rôle de butée de sécurité. Cela permet notamment de se dispenser du coefficient de fiabilité g IS sur
le dimensionnement de l’appareil d’appui.
Ces attelages doivent être prévus avec un jeu ou des marges appropriées de manière à demeurer inactifs sous l’action
sismique de calcul, et n’intervenir qu’en fin de course de l’appareil d’appui.
Dans ce cas il conviendra en théorie de représenter correctement le comportement de la liaison entre le tablier
et l’appui considéré avant et après mise en butée ou sollicitation de l’attelage. Ceci se traduit généralement par
une courbe bi-linéaire à rigidité croissante telle que définie sur la figure ci-dessous. A minima, une approximation
linéaire équivalente basée sur la rigidité sécante (courbe C) peut être utilisée - Approche introduite pour la 1ère fois
dans le cadre de l’Eurocode 8 - [EC8-2 figure 6.2]. La valeur de la rigidité sécante est alors évaluée à partir de la
somme de la flèche élastique maximale de l’appui et du jeu de l’attelage (ou course de l’appareil d’appui) d y+s tels
que l’énergie globale mise en jeu (surface balayée par la courbe de la figure 116) soit égale à 1,5 fois l’énergie au
déplacement sismique de calcul d Ed. Dans les cas les plus courants, une approche simplifiée est néanmoins permise,
qui consiste uniquement à dimensionner les butées de sécurité pour 75 % des efforts sismiques de calcul repris par
les appareils d’appui en fin de course [Chapitre 4 - 4.3.4.3 et nota].
Légende
s : Jeu de l’attelage
dy : Flèche élastique maximale de l’élément
d’appui
A — Rigidité de l’appareil d’appui
B — Rigidité de l’élément d’appui
C — Approximation linéaire de la courbe
Dans ce cas, les appareils d’appui en élastomère sont dimensionnés pour résister aux déplacements sismiques de calcul
(majorés du coefficient gIS), les efforts sismiques étant repris principalement (mais pas uniquement) par les appuis fixes.
5.4.6 - A
ppareils d’appui en élastomère sur tout ou partie des appuis, complétés par des dispositifs de
blocage reprenant les efforts sismiques
Dans certains cas, il est utile de bloquer le fonctionnement de l’appareil d’appui dans une des deux directions
horizontales, par exemple pour préserver l’intégrité des équipements (joints de chaussée, dispositifs de retenue...),
ou parce qu’on ne souhaite pas dimensionner les appareils d’appui pour les efforts sismiques de calcul. Bien entendu,
le modèle de calcul dynamique doit tenir compte de ce blocage.
5.4.7 - A
ppareils d’appui en élastomère associé à un dispositif de glissement
Il est bien évident qu’un tel appareil d’appui ne reprend pas les efforts sismiques. Par contre, il doit être dimensionné
pour supporter sans endommagement le déplacement sismique de calcul.
La valeur du repos d’appui minimal, lov, se calcule par la formule suivante [EC8-2 6.6.4] :
Avec :
l m : longueur minimale d’appui assurant la transmission en toute sécurité de la réaction verticale, avec
un minimum de 400 mm,
d eg : déplacement effectif des deux parties, dû à la variation spatiale du déplacement sismique du sol :
avec :
Lorsque le pont se situe à une distance inférieure à 5 km d’une faille sismique active connue, capable de produire
un événement sismique d’une magnitude M > 6,5, et à défaut d’une étude sismologique spécifique, il convient
que la valeur de deg à utiliser soit prise égale au double de la valeur donnée dans l’expression ci-dessus.
dg : déplacement de calcul du sol [Chapitre 4 - 2.5.3],
Lg : paramètre de distance spécifié dans le paragraphe sur la variabilité spatiale [Chapitre 4 - 3.4].
Leff : longueur effective du tablier, prise comme la distance entre le joint de séparation du tablier concerné et
la connexion rigide la plus proche entre le tablier et la structure sous-jacente. Si le tablier est entièrement
connecté à un groupe de plus de deux piles, alors L eff doit être considérée comme la distance entre l’appui et
le centre du groupe de piles. Dans ce contexte, le terme « connexion rigide » désigne l’assemblage du tablier
ou d’un tronçon de tablier à un élément de la structure sous-jacente, soit de manière monolithique, soit par
l’intermédiaire d’appareils d’appui fixes, d’attelages sismiques ou de dispositifs de transmission des chocs, ne
comportant pas de fonction de limitation des forces.
des : le déplacement sismique effectif du support dû à la déformation de la structure. Pour des tabliers connectés
à des piles, soit de manière monolithique, soit par des appareils d’appui fixes agissant comme des attelages
sismiques complets : d es = d Ed où d Ed est la valeur de calcul totale du déplacement longitudinal dans la situation
sismique de calcul. Pour des tabliers connectés à des piles ou à une culée, par des attelages sismiques dont
le jeu est égal à s : des = dEd + s
Dans le cas d’un joint de séparation intermédiaire entre deux tronçons du tablier, il convient d’évaluer lov en prenant
la racine carrée de la somme des carrés des valeurs calculées pour chacun des deux tronçons du tablier. Au droit
d’un support d’extrémité d’un tronçon de tablier sur une pile intermédiaire, il convient de considérer lov comme la valeur
évaluée plus le déplacement maximal de la tête de la pile dans la situation sismique de calcul, dE.
5.6 - Butées
Les butées pourront être en charpente métallique ou en béton armé.
Nota : Pour les ouvrages biais, l’orientation des facettes de butée est importante car elle conditionne le bon
fonctionnement du tablier. Une disposition adéquate des faces de contact, permet de limiter les phénomènes
de rotation d’axe vertical.
Figure 118 : a) butées de blocage latéral sur appui - b) butées latérales de sécurité sur appui -
c) butées de blocage latéral sur appui (source : Cerema)
La mise en place de butées longitudinales de sécurité n’est en général pas nécessaire du fait de la sécurité qu’apportent
les remblais contre les culées. Néanmoins, lorsque qu’un choc risque de se produire dans une zone d’about sensible
(par exemple ancrage de la précontrainte en extrémité de tablier), il est nécessaire de les mettre en œuvre pour
protéger cette zone. De telles butées peuvent être envisagées en complément à des appareils d’appui en élastomère
fretté lorsque l’application du coefficient de fiabilité g IS s’avère trop pénalisant. Sous séisme de calcul, les appareils
d’appui se déforment jusqu’à un niveau prédéfini (jeu entre l’appareil d’appui au repos et la butée), ce qui permet
d’augmenter favorablement la souplesse de l’ouvrage, puis les butées prennent le relais pour éviter une distorsion
trop importante et une rupture de l’appareil d’appui.
Les dispositifs de transmission de chocs (STU) peuvent être considérés comme des butées, car ils bloquent
les déplacements sous séisme (tout en laissant libre les déplacements en service). Ils doivent être dimensionnés
conformément à la norme NF EN 15129. Pour les ponts à comportement ductile, leur résistance doit être dimensionnée
pour répondre au dimensionnement en capacité. Pour les ponts à comportement à ductilité limitée, leur résistance
doit être au moins égale à la réaction due à l’action sismique de calcul multipliée par le coefficient de comportement
q. Il convient également de vérifier leur capacité de déplacement vis-à-vis du déplacement sismique. Ces dispositifs
peuvent également avoir une fonction de limitation des forces qu’ils transmettent.
Les appareils d’appui doivent être, en général, complétés par des butées latérales de sécurité ou de blocage, afin de
limiter les déplacements relatifs du tablier par rapport à ses appuis et d’empêcher la chute du tablier.
Lorsqu’il est prévu un système de liaison entre le tablier et les appuis par des appareils d’appui en élastomère fretté,
il est conseillé de mettre en place au droit des culées, des butées de blocage avec un faible jeu entre le tablier et
celles-ci (1 à 2 cm). Ce faible jeu permet de ne pas entraver le fonctionnement de l’ouvrage en service et limite
les effets de choc sous séisme. On considérera dans les calculs sismiques que l’ouvrage est fixe transversalement au
droit des culées. On pourra également remplacer l’ensemble appareils d’appui en élastomère fretté et butées par des
appareils d’appui monodirectionnels correctement dimensionnés.
Dans le cas d’un tablier bloqué transversalement sur deux lignes d’appuis (les deux culées par exemple), le blocage
transversal du tablier sur les autres lignes d’appuis n’est en général pas nécessaire (sauf réseaux majeurs, biais,
courbure). Des butées de sécurité sont tout de même conseillées pour les ouvrages de portée supérieure à 40 m.
Les butées de sécurité n’entrent en jeu qu’en cas de déformation extrême de l’appareil d’appui. Elles doivent donc
être conçues de telle sorte qu’elles laissent libre un jeu égal au déplacement calculé sous la combinaison sismique.
Dans le cas de butées de sécurité disposées pour éviter la chute du tablier sous l’effet du séisme longitudinal, il
convient de prendre en compte également une portion des effets thermiques et la totalité des effets différés dans
le calcul du jeu :
d = dG + 0,5 dTh + ddiff + dE
Où :
dG est le déplacement dû aux actions permanentes et quasi-permanentes ;
dTh est le déplacement de calcul dû aux mouvements thermiques ;
ddiff est le déplacement dû aux effets différés ;
d E est le déplacement sismique.
Nota : Pour les ponts urbains à trafic intense, c’est-à-dire ceux de la classe 1 de l’Annexe Nationale de l’Eurocode 1-2,
il convient d’ajouter 20 % des charges d’exploitation à caractère normal (30 % pour les ponts ferroviaires).
Le jeu dégagé ne doit pas être plus important afin de limiter les effets de choc provenant de la mise en mouvement
du tablier.
La figure 119 présente une disposition possible. La butée est obtenue par des tenons en béton armé solidaires de l’appui
ou du tablier et se recouvrant sur une hauteur de l’ordre de 10 cm. La butée de sécurité ainsi constituée fonctionne
dans le sens transversal uniquement.
Une autre disposition possible consiste à intégrer les butées dans les murs caches qui reposent sur les chevêtres
des culées et jouxtent le tablier.
Les efforts de dimensionnement des butées de sécurité sont obtenus par l’une ou l’autre des deux approches décrites
au chapitre 4, §4.3.4.3 : évaluation de la raideur sécante équivalente telle que l’énergie globale mise en jeu (surface
balayée par la courbe décrivant le comportement avant et après mise en butée) soit égale à 1,5 fois l’énergie au
déplacement sismique de calcul d Ed (Approche introduite pour la première fois ici, inspirée de l’article 6.6.1 de
l’Eurocode 8-2 et remplaçant la règle des 40 % du guide AFPS 92) ou prise en compte uniquement de la raideur
avant butée et dimensionnement forfaitaire des butées de sécurité pour 75 % de l’effort sismique nominal.
Il doit être vérifié que les butées n’amènent pas de dispositions préjudiciables à la durabilité des appareils d’appui
(évacuation des eaux, possibilités de vérinage, gène dans les dilatations thermiques...).
Les butées de blocage reprennent la totalité des efforts sismiques, elles doivent donc être dimensionnées pour résister
aux actions de calcul résultant du principe de dimensionnement en capacité (efforts résultant de l’atteinte du niveau
de plastification dans la pile sous-jacente).
Le dispositif est analogue aux butées de sécurité décrit ci-dessus, avec un jeu réduit à une valeur ne dépassant pas
15 mm. Cette distance constitue un compromis entre :
• les tolérances de réalisation sur chantier ;
• le jeu nécessaire pour laisser libres les déformations dans la direction perpendiculaire au blocage ;
• le jeu à ne pas dépasser pour éviter les effets de chocs.
Au niveau de deux travées indépendantes, à défaut d’une analyse plus précise qui tienne compte de l’interaction
dynamique des sections adjacentes du tablier, les éléments de liaison peuvent être dimensionnés pour une action
égale à 1,5a g.S.ST.Md où a g est l’accélération de calcul au niveau d’un sol de classe A, S est le paramètre du sol et
Md est la masse du tronçon du tablier lié à une pile ou à une culée, ou la plus faible des masses des deux tronçons
de tablier de chaque côté du joint de séparation intermédiaire [EC8-2 6.6.3.1].
Ces dispositifs doivent être dimensionnés conformément à la norme NF EN 15129 « Dispositifs antisismiques ». Néanmoins
l’Eurocode 8-2 donne quelques recommandations supplémentaires. Il préconise de dimensionner ces dispositifs sur la
base d’un coefficient de fiabilité g IS = 1,50 à appliquer au déplacement de calcul, lui-même établi en tenant compte
de la variabilité des propriétés des amortisseurs [EC8-2 4.2.4.5]. A noter que dans le cas d’amortisseurs visqueux
F=C.Va, la majoration correspondante de l’effort transmis est gISa/2 [EC8-2 7.6.2(4)NOTE].
Le reste de la structure (y compris l’ancrage des dispositifs sur leur appui) doit être dimensionné en appliquant
le principe du dimensionnement en capacité par rapport à l’effort maximal de calcul dans les dispositifs conformément
aux principes énoncés au chapitre 5, §2.
Bien entendu, l’utilisation de dispositifs amortisseurs ne dispense pas d’appliquer le coefficient de sécurité
supplémentaire g Bd1 vis-à-vis des ruptures fragiles d’effort tranchant.
A noter enfin que l’Eurocode 8-2 [EC8-2 7.7] requiert de justifier d’une capacité de rappel latéral minimale pour
les isolateurs/amortisseurs. Cette exigence est généralement couverte dans la configuration classique ou le dispositif
est couplé sur un ou plusieurs autres appuis à des appareils d’appui élastiques ou des butées de blocage. Le lecteur
se reportera au chapitre correspondant de l’Eurocode pour de plus amples précisions sur la méthode de vérification
à employer.
Nota : Il est à noter que la norme NF EN 15129 définit également un critère de recentrage. Malgré une approche
différente entre la norme NF EN 15129 et l’Eurocode 8-2 (énergétique ou en déplacement), les deux critères
donnent des résultats proches, néanmoins, concernant les aspects structuraux, l’Eurocode prime sur la norme
NF EN 15129 qui est une norme produit.
6 - Équipements
Conformément à l’Eurocode 8-2 [EC8-2 2.3.6.3(5)], les joints de chaussées, murs en retour des culées, qui sont supposés
être endommagés par le séisme doivent avoir un mode de détérioration prévisible, ainsi qu’un accès pour effectuer
la réparation. Les marges de débattement doivent prévoir un pourcentage approprié du déplacement sismique de
calcul et du mouvement thermique, respectivement pE et pT, après avoir rendu possibles tous les effets de fluage et
de retrait à long terme, de manière à éviter tout dommage dû à des séismes fréquents. Les valeurs appropriées de
ces pourcentages peuvent être choisies, sur la base d’une évaluation de la rentabilité des mesures prises pour éviter
tout dommage. A défaut, les valeurs attribuées à p E et p T, recommandées dans l’Eurocode 8-2, sont respectivement 0,4
(pour le déplacement sismique de calcul) et 0,5 (pour le mouvement thermique).
Les paragraphes suivants proposent un raffinement de cette approche forfaitaire en fonction des différentes
configurations rencontrées.
Les joints « fusibles » comme les joints à revêtement amélioré ou les joints à hiatus avec profilé en caoutchouc seront
privilégiés dans le cas des ouvrages courants.
Les joints à peigne et à dents, tant dans le sens longitudinal que transversal (cas des joints à peigne), sont extrêmement
robustes et ne peuvent être considérés comme « fusibles » sous l’effet du séisme transversal. Le débattement
transversal de l’ouvrage est donc fortement limité par la présence des joints de chaussée. Il y a un risque, qu’après
un séisme transversal, ils bloquent l’ouvrage. Dans le cas d’utilisation de tels joints, un blocage transversal est donc
toujours souhaitable. En service, mis à part les lignes d’appuis biaises qui sont rares dans les grands ouvrages, on
évite si possible les dents biaises.
Pour les ouvrages de catégorie IV devant rester circulables après avoir subi l’action sismique ultime réglementaire, il
convient de vérifier que les éléments assurant la continuité de roulement entre la route et les ouvrages de franchissement
demeurent utilisables. C’est pourquoi il pourra être envisagé, en concertation avec le maître d’ouvrage, de retenir les
joints de chaussées pouvant subir les déformations imposées par le séisme ultime sans dommage.
Lorsque le tablier repose sur des appuis souples, les déplacements longitudinaux sont très importants. Ceci conduit à
placer des joints de chaussées possédant un souffle nettement supérieur à celui nécessaire en service.
Ces joints sont plus chers, et leur durée de vie bien inférieure à la période de retour du séisme extrême servant à
les dimensionner. Cette contrainte peut alors conduire au choix d’une solution avec un ou plusieurs appuis fixes sur
les piles. Il peut également être envisagé de ne pas tenir compte du séisme pour le dimensionnement des joints de
chaussée, et accepter qu’ils soient endommagés sous séisme et qu’il faille les remplacer. Par contre, il faut veiller
à ne pas endommager l’about du tablier ou la culée suite à la rupture du joint de chaussée, sous les déplacements
sismiques prévus.
Avec « souffle de service » = « souffle des déformations différées » + « 0,5 souffle thermique ».
En pratique, pour la plupart des joints de chaussées (sauf les joints à « pont souple à bande »), une ouverture supérieure
à leur ouverture normale n’entraîne que de très légers dégâts. Par exemple, pour des joints à hiatus, l’arrachement du
profilé en caoutchouc. Dans ces cas, le supplément de souffle nécessaire vis-à-vis du séisme n’est plus que la valeur
du déplacement sismique longitudinal du tablier dans un seul sens. On obtient alors :
« Souffle total » = « Souffle de Service » + « Souffle sismique » x 0,2
Sous séisme extrême, le choc du tablier sur la culée doit être pris en compte pour la justification des appuis. Il est
souhaitable de limiter ces efforts en prévoyant par exemple une zone fusible qui permet au tablier de retrouver en
partie le débattement libre dont il a besoin. Dans tous les cas, il faut veiller à ne pas endommager l’about du tablier
ou la culée suite à la rupture du joint de chaussée, sous les déplacements sismiques prévus.
Compte tenu de la durée de vie des joints de chaussée par rapport à la période de retour du séisme, il peut être
envisagé de ne pas tenir compte du séisme pour le dimensionnement des joints de chaussée, et accepter qu’ils soient
à remplacer suite à un séisme. Par contre, il faut veiller à ne pas endommager l’about du tablier ou la culée suite à
la rupture du joint de chaussée, sous les déplacements sismiques prévus.
Pour des ouvrages courants dont la longueur dilatable à l’ELS, donc hors des mouvements sismiques, justifie l’emploi
de joints non apparents à revêtement amélioré (JRA) il est souhaitable de conserver cette famille de joints (60 %
des joints mis en œuvre). Ceci implique de revoir certaines dispositions constructives, notamment en augmentant
la distance libre entre le tablier et le garde-grève.
Les avis techniques considèrent que, jusqu’à une valeur de 7 cm entre le tablier et le garde-grève, on reste dans
le domaine d’emploi normal du joint ; au-delà et jusqu’à 10-11 cm environ, il est possible d’utiliser ce type de joint
Sous séisme, la rupture du JRA n’aura pas de conséquence sur l’utilisation à court terme de l’ouvrage.
Avant la rupture de la chaussée, le tablier se comporte comme une masse liée au sol par l’intermédiaire de la chaussée
qui assure le maintien de l’ouvrage. Cette phase n’a pas besoin de faire l’objet de vérifications particulières. Les seuls
dégâts prévisibles sont la création de bourrelets dans la chaussée dus à de légers déplacements du tablier. Après
rupture de la chaussée, le tablier se comporte comme une masse placée sur appareils d’appui en élastomère fretté.
Suivant la position relative du corbeau du garde-grève par rapport au niveau du sommier, on pourra retenir l’une des
solutions de la figure 121.
Pour les tabliers de faible hauteur, on pourra retenir des garde-grèves « fusibles » au-dessus de la dalle de transition.
Jusqu’à la rupture du garde-grève, les efforts transmis aux fondations sont plafonnés par la plastification des aciers
passifs du mur garde-grève.
Pour les tabliers de forte hauteur, on évitera la rupture en pied de garde-grève qui conduit à des travaux de réfection
onéreux (arrêt de la circulation, déblaiement partiel des culées, nivellement de la structure s’il n’y a pas de place entre
l’about du tablier et le mur garde-grève). Il est préférable de concevoir un joint de chaussée fusible, en tête du mur
garde-grève, dont le remplacement se fera facilement. Ce coin fusible (cf. figure 122) sera un bloc de béton coulé en
deuxième phase : la face béton support de la reprise de bétonnage sera peinte ou enduite d’un film polyuréthanne.
La liaison entre ce bloc et la culée se fera par contact sur toute la surface. Quelques aciers passifs galvanisés pourront
être prévus en complément pour assurer la tenue du bloc fusible lors du freinage d’un camion.
Le mur garde-grève fusible a pour but d’écrêter les efforts provenant du choc du tablier sur la culée sous l’effet du
séisme. Ceci permet de ne pas avoir à surdimensionner les fondations des culées. Certains pays ont développé des
murs garde-grève fusibles en leur partie supérieure.
Cette option, en dépit des réserves qu’elle peut soulever du fait de sa relative complexité et des difficultés liées à
l’évaluation précise des seuils de rupture et aux problèmes de durabilité, est présentée ci-après :
• Le mur garde-grève est dimensionné pour résister au freinage :
Pour cela, on considère une force horizontale de freinage égale à 60 % du poids a Q1Q1 (notée F LM1 de l’essieu TS
de la voie 1 du LM1 agissant simultanément avec la charge verticale a Q1 Q1 (notée P LM1 ) [EC1-2 4.9.2].
Le calcul étant effectué à l’ELU, on applique un coefficient de 1,35 à cette valeur.
La section « fusible » est alors dimensionnée vis-à-vis du glissement (cisaillement des aciers) ainsi que du
basculement (traction des aciers).
• On calcule l’effort sismique nécessaire à la rupture du fusible :
Le séisme agit aussi bien horizontalement sur le tablier, que verticalement sur la partie du mur garde-grève se situant
au-dessus de la section fusible.
Le calcul s’effectue donc en présence de deux forces concomitantes, l’une horizontale simulant le choc du tablier
(noté Fg) et s’appliquant au niveau du point de contact, l’autre verticale et descendante provenant des actions de
poids propre P pp et s’appliquant au centre de gravité de la partie fusible. Cette dernière force vaut :
Le coefficient de 0,5 correspond à une combinaison quadratique. Comme les périodes dans les deux directions sont
proches, un coefficient de 0,5 est préférable à 0,3.
Ce calcul est effectué en capacité car il s’agit de connaître la borne supérieure de l’effort transmis à la fondation. Pour
cela on calcule la résistance du mur garde-grève fusible en utilisant la résistance probable à la rupture de l’acier, soit :
Rotations possibles :
• sous freinage LM1 : autour de r1, et r2.
• sous séisme : autour de r1.
- - Vis-à-vis du renversement :
Rotations possibles :
• sous freinage LM1 : autour de r1, et r2.
• sous séisme : aucune.
Nota : Il est intéressant de prendre une hauteur côté remblai (position de r) la plus petite possible afin d’avoir
une force sismique de rupture relativement faible.
Rotations possibles :
• sous freinage LM1 : autour de r1, et r2.
• sous séisme : autour de r1.
Le principe de conception est identique à celui du fusible incliné, si ce n’est la présence de la butée.
Cette butée empêche tout glissement vers l’ouvrage sous freinage LM1, ce qui permet de réduire la quantité d’acier
nécessaire à la résistance du fusible.
Il y a donc moins d’aciers que pour le fusible « incliné ». La force sismique nécessaire à la rupture du fusible est donc
inférieure. On notera, toutefois, que la fabrication de ce type de fusible est peu aisée et requiert un bon contrôle lors
de l’exécution.
6.3 - Drainage
Il convient d’éviter la stagnation d’eau dans le sol et les remblais d’accès. Cette eau augmente les actions sismiques
horizontales mises en jeu [Chapitre 4 - 5.7]. Une détérioration des caractéristiques du remblai ou des tassements
post-sismiques est alors à craindre. On veillera donc particulièrement au drainage :
• du sol derrière les culées et les piédroits des cadres et des portiques ;
• des remblais d’accès.
Ce drainage consistera en la mise en place de drains et/ou de matériaux drainants. Les systèmes de drainage situés
derrière la structure doivent en outre être capables d’absorber des mouvements transitoires et permanents sans perte
de fonctionnalité.
Dispositions constructives
1 - Introduction
Les règles antérieures à l’Eurocode 8 sur les dispositions constructives étaient issues du guide de l’AFPS pour la conception
parasismique des ponts. L’Eurocode 8 introduit de nouvelles règles, qui suivent globalement la même logique que
les précédentes, mais présentent quelques particularités.
Contrairement aux règles du guide AFPS, les dispositions constructives de l’Eurocode 8 concernent surtout les sections
critiques (conception à ductilité limitée), les zones de rotules plastiques potentielles (conception ductile), ou les zones
adjacentes à ces régions. Si le dimensionnement en capacité est respecté, les autres zones ne doivent pas nécessairement
être munies de dispositions constructives particulières, en particulier concernant le ferraillage longitudinal minimal.
De plus, le principe des dispositions constructives est adapté au type de conception (ductile ou à ductilité limitée) et
au fonctionnement réel des sections. Si celles-ci sont par exemple naturellement suffisamment ductiles, le ferraillage
de confinement ne sera pas nécessaire.
Ces nouvelles dispositions représentent l’exigence réglementaire stricte imposée par l’Eurocode 8-2 et son annexe
nationale. Dans le présent guide, elles ont été complétées par certaines recommandations issues des bonnes pratiques
anciennes [8] [9] lorsque nous considérions que celles-ci apportaient un plus au comportement global de la structure,
ou lorsqu’elles donnaient des éléments de réponse à des points où l’Eurocode 8 est muet. Ces recommandations
complémentaires sont indiquées en bleu dans le présent document.
Les dispositions constructives parasismiques à mettre en oeuvre dans les ouvrages d’art sont décrites dans le chapitre 6
de l’Eurocode 8 partie 2. Le paragraphe 6.2 est consacré aux piles en béton, le paragraphe 6.3 aux piles en acier (qui
renvoie vers l’Eurocode 8 partie 1), le paragraphe 6.4 aux fondations, le paragraphe 6.5 aux dispositions qui concernent
spécifiquement la conception en ductilité limitée, et le paragraphe 6.6 aux attelages sismiques, appareils et repos
d’appui. D’autres prescriptions relatives aux dispositions constructives figurent dans d’autres parties de l’Eurocode 8-2,
en particulier à l’article 5.6.3.5.4 en ce qui concerne la disposition des armatures dans les noeuds adjacents aux rotules
plastiques (notamment encastrements piles-semelles de fondation ou piles-tablier).
Au sens de l’Eurocode 8-2, seules certains régions de la structure (principalement des appuis), correspondant aux zones
les plus sollicitées sous l’effet des sollicitations sismiques et identifiées comme des zones potentielles de dissipation
d’énergie (zones critiques ou zones de rotules plastiques potentielles) sont soumises à l’application de dispositions
constructives parasismiques spécifiques. Il en résulte que les régions dimensionnées pour demeurer essentiellement
élastiques sous l’effet du dimensionnement en capacité (cas d’une conception ductile), de même que les régions situées
en dehors des zones critiques (cas d’une conception en ductilité limitée) ne sont pas soumises à ces dispositions. Ce sera
le cas notamment des tabliers et des fondations (à l’exception des zones nodales adjacentes aux rotules plastiques),
dans lesquels la formation des rotules plastiques n’est théoriquement pas autorisée, sauf cas particuliers. De la même
façon, certains éléments structuraux non-critiques tels que les murs caches de culées, voire les murs en retour situés
à une distance suffisamment importante de l’ouvrage pour ne pas impacter le remblai d’accès ne sont pas soumis à
l’application des dispositions constructives parasismiques.
Il convient de noter que ces dispositions décrites dans l’Eurocode 8 sont des dispositions complémentaires à
adopter, par rapport à celles prescrites dans l’Eurocode 2, pour le comportement en zone sismique. Il est donc
impératif que les différentes prescriptions de l’Eurocode 2 soient appliquées (ferraillage minimal en particulier),
et complétées le cas échéant par celles de l’Eurocode 8.
Évidemment, les dispositions constructives à mettre en œuvre sont beaucoup plus contraignantes dans le cas d’une
conception ductile, basée sur l’hypothèse de larges incursions des matériaux dans leur domaine non-linéaire de
comportement, que dans le cas d’une conception élastique ou à ductilité limitée.
En particulier, le niveau de ductilité visé dans le cas d’une conception ductile par l’application des règles de calcul
et dispositions constructives forfaitaires fixées dans l’Eurocode 8-2 visent à garantir que la structure pourra supporter
au moins 5 cycles complets de déformation jusqu’au déplacement ultime sans produire de défaillance des armatures de
confinement et sans diminution de plus de 20 % de la résistance ultime des éléments en béton armé (cf. figure 123).
Figure 123 : Niveau de ductilité théorique visé par l’Eurocode 8-2 (Eurocode 8-2, fig. 2.3)
j
Figure 124 : Loi de comportement du béton confiné (Eurocode 8-2, fig. E.1)
Le ferraillage transversal, en confinant le noyau de béton, a ainsi pour effet d’entraver la dilatation radiale que
subit le béton sous l’effet des contraintes de compression (cf. figures 125 et 126). La pression de confinement est
proportionnelle à la contrainte de traction dans les cadres transversaux, qui augmente avec le gonflement du béton.
Pour une section circulaire, la pression de confinement vaut :
Figure
Figure 125 125dup234
: Principe confinement
Figure 125 p234
Figure
Figure
Figure 126 : Rôle 126
126p234
p234
des armatures de confinement
• Elles permettent d’éviter le flambement des armatures longitudinales comprimées dans les zones de rotules
plastiques, qui est un phénomène nettement plus probable qu’en statique du fait des fortes contraintes et
déformations cycliques de compression qui existent, de l’alternance des cycles de compression/traction et de la perte
progressive du béton d’enrobage (non confiné) qui a un rôle stabilisateur en fonctionnement statique (cf. figure 127).
Figure 127 : Mise en évidence du rôle des armatures transversales vis-à-vis du flambement des aciers longitudinaux (source : Priestley et al)
• Elles permettent de compenser ou de limiter les inconvénients de la perte de la zone d’enrobage dans la rotule
plastique (le rôle de cette couche est important pour le flambement, pour l’ancrage des armatures transversales
et le recouvrement des barres longitudinales).
• Dans les précédentes règles PS92, elles permettaient aussi d’assurer une ductilité minimale, globale à l’échelle de
la structure, en imposant un ferraillage minimal plus élevé partout dans la structure (à l’exception du tablier) pour
se prémunir contre un comportement imprévu sous l’action sismique. Ce principe n’a cependant pas été repris par
l’Eurocode 8.
Figure 128 : Reprise des ruptures d’effort tranchant par une densité importante d’armatures transversales (source : PEER-NISEE)
Aucune spécification relative au choix de la classe de résistance du béton n’est précisée. Le concepteur gardera
néanmoins à l’esprit que de manière générale, plus la résistance du béton augmente et plus sa ductilité diminue.
Contrairement aux règles « PS 92 », l’Eurocode 8 ne fixe plus de pourcentage minimal d’armatures longitudinales à
mettre en place dans les différents éléments des appuis de l’ouvrage. Néanmoins, les zones les plus sollicitées de
l’ouvrage sont en général très ferraillées. Il en va de même des zones immédiatement adjacentes compte-tenu du
3.2.2 - Espacement
L’espacement transversal des armatures longitudinales dans les zones de rotules plastiques potentielles de la conception
ductile, de même que dans les zones critiques de la ductilité limitée, doit être inférieur ou égal à 200 mm. Cette
limitation n’est pas explicitement donnée dans l’Eurocode 8 mais provient de la limitation de l’espacement des cadres
transversaux [EC8-2 6.2.2 et Chapitre 6 - 3.3.1].
3.2.3 - Continuité
Concernant les longueurs de recouvrement, les anciennes règles AFPS 92 recommandaient de majorer de 30 % toutes
les longueurs de recouvrement, y compris dans les zones peu sollicitées par l’action sismique. Cette disposition n’est
pas reprise dans l’Eurocode 8-2.
A noter néanmoins que les dispositions générales de l’Eurocode 2 concernant le recouvrement des armatures doivent
s’appliquer. Ces dispositions majorent sensiblement les longueurs de recouvrement par rapport aux anciennes règles
BAEL, notamment lorsque plus de 25 % des armatures se recouvrent dans une même section [EC2 8.7.3].
Aucune spécification particulière concernant les dispositifs spéciaux de raboutage (manchons) n’existe dans les textes
de référence. On ne pourra y avoir recours qu’après des études et essais spécifiques.
Les dispositions ci-dessous s’appliquent en complément de celles imposées par l’Eurocode 2, uniquement aux
zones de rotules plastiques potentielles et zones critiques soumises à l’application des dispositions constructives
parasismiques, telles que définies au paragraphe 6 de l’Eurocode 8-2. Dans les sections ne nécessitant pas d’armatures
de confinement (zones courantes ou justifiant d’un niveau de ductilité admissible suffisant sans disposition particulière),
aucune prescription sur les armatures transversales n’est requise par l’Eurocode 8-2, autres que celles imposées par
l’application de l’Eurocode 2.
Les armatures transversales seront de préférence constituées par des cadres ou des étriers dont la continuité, la fermeture
et l’ancrage sont assurés au moyen de crochets d’angle égal à au moins 135° et comportant un retour rectiligne de
10Ø. En cas de difficulté de mise en œuvre, l’Eurocode 8-2 autorise l’utilisation d’épingles comportant des crochets à
135° à une extrémité et des crochets à 90° à l’autre extrémité, à condition que le taux de compression de la section
ne dépasse pas 30 % de l’effort de compression critique et que les crochets différents soient alternés sur les épingles
adjacentes, à la fois horizontalement et verticalement.
L’ancrage des cerces doit être réalisé sur deux armatures principales au minimum et il convient de ne pas disposer
tous les recouvrements sur la même génératrice (cf. figure 129).
Les épingles sont en général à éviter et il est recommandé de ne les utiliser qu’en complément de cadres quand
le nombre d’armatures longitudinales l’impose. Figure 129
p237
En parement, l’emploi de recouvrements rectilignes, ainsi que celui de coudes ou crochets d’angle au centre inférieur
à 135° assurant la continuité, la fermeture ou l’ancrage des armatures transversales est à proscrire (cf. figure 130).
Les épingles sont admises en renfort dans les poutres dalles (radiers, piédroits, dalles) sous réserve que leur proportion
n’excède pas 1/3 et qu’elles soient ancrées par des crochets à 180°.
Figure 129
p237
De manière générale, le bon confinement des zones de rotules plastiques par des armatures transversales constitue
une condition essentielle au bon comportement sismique des structures en béton armé. Son efficacité dépend donc
fortement de la géométrie de la section.
Dans le cas des sections pleines, la façon dont le confinement est atteint diffère fortement selon que la section
est de géométrie circulaire ou rectangulaire.
Pour une section circulaire ou elliptique, le confinement le plus efficace est obtenu grâce à des cerces transversales
(dispositions A, B et C de la figure 131). Ces cerces doivent néanmoins être complétées par des armatures de maintien
des aciers longitudinaux vis-à-vis du flambement lorsque le diamètre de la section est supérieur à 1,50 m.
Pour les sections rectangulaires, les dispositions de détail du type D sont interdites car elles ne permettent pas une
tenue suffisante des armatures longitudinales. Les dispositions de type E sont possibles mais souvent difficiles à
Figure 131 p238
Figure 131
mettre en œuvre sur le chantier (problèmes d’encombrement). p238
Pour ce type de section rectangulaire, la disposition F,
constituée de cerces enchevêtrées, peut donc représenter une alternative intéressante, la distance entre les centres
des cerces enchevêtrées ne devant cependant pas dépasser 0,6 fois le diamètre de la cerce [EC8-2 6.2.1.4(4)P]. Pour
les sections de type mur-voile, un exemple de confinement est représenté par la figure 131 disposition G. La figure 132
présente un exemple de ferraillage d’une section rectangulaire en zone critique.
Les sections creuses peuvent être utilisées avantageusement pour réduire la masse et les forces d’inertie sismiques,
notamment dans le cas des piles de pont de hauteur élevée.
Néanmoins leurs dimensions doivent respecter le ratio épaisseur du voile sur largeur intérieure maximale de la section,
supérieur ou égal à 1/8, comme indiqué sur la figure 133 [EC8-2 6.2.2].
Vis-à-vis du non-flambement des armatures longitudinales comprimées, les armatures transversales doivent être
disposées de façon telle que chaque barre longitudinale (ou chaque groupe de barres) soit individuellement maintenue
du
par au moins un lit sur deux d’armatures transversales s’opposant à son flambement vers l’extérieur, avec un espacement
transversal (horizontal) sT ne dépassant pas 200 mm [EC8-2 6.2.2(3)]. Chaque cours d’armature Keff,u
doit comprendre au
moins un cadre (ou plusieurs, si la forme de la section l’exige) disposé de façon à s’opposer au gonflement du béton.
Teff,u
Pour les sections circulaires de diamètre inférieur à 1,50 m, il est loisible de considérer que le maintien des armatures
filantes est assuré par la courbure des armatures transversales sur la face tendue (cf. figure 134). Dans le cas des pieux
ou des fûts de pile de diamètre supérieur à 1,50 m, il convient donc de prévoir des cadres ou étriers individuels
supplémentaires tout en s’assurant de conditions nécessaires à la bonne mise en œuvre du béton (entraxe de 10 cm
mini à conserver entre armatures transversales ou longitudinales, diamètre des cerces à limiter si possible à des HA20…).
Figure 134 : Maintien des armatures longitudinales , cas d’un fût circulaire de diamètre
D’ ≤ 1,50 m et cas d’une section rectangulaire hors zone critique
Figure 134 p239
Globalement, la densité du ferraillage transversal apparaît donc particulièrement importante dans les zones de
la structure les plus sollicitées sous conditions sismiques. Contrairement aux anciennes règles, l’Eurocode 8-2 ne
donne pas de diamètre minimum. Il est néanmoins recommandé d’adopter des armatures de diamètre au moins égal
à 10 mm (hors armatures de construction).
3.4.1 - Tablier
Il est rappelé que les tabliers doivent rester élastiques sous séisme, il n’y a donc aucune disposition constructive
spécifique à appliquer. Il est néanmoins recommandé de confiner et ferrailler les zones d’efforts locaux (butées
parasismiques, ancrages des amortisseurs…) à partir des efforts majorés selon le principe du dimensionnement en
capacité.
De plus, dans le cas d’un encastrement des piles et d’une conception ductile, il convient d’appliquer les règles du
dimensionnement en capacité et les dispositions constructives relatives aux zones nodales adjacentes aux rotules
plastiques potentielles si ces dernières sont prévues en têtes de piles.
3.4.3 - Piles
Les dispositions constructives relatives aux piles, qui concentrent l’essentiel de la reprise des efforts sismiques et de
la dissipation d’énergie le cas échéant, sont étroitement liées au choix de conception sismique (élastique, en ductilité
limitée ou ductile) adopté pour la structure. Elles sont précisées pour chacun des cas dans les paragraphes suivants.
3.4.4 - Fondations
On distingue les fondations profondes (pieux, barrettes) des fondations superficielles (semelles).
Les fondations superficielles (semelles, puits…) doivent être conçues pour rester dans le domaine élastique de
comportement des matériaux (efforts de calcul remultipliés par q dans le cas d’une conception en ductilité limité ou
dimensionnement en capacité dans le cas d’une conception ductile). Par conséquent, l’Eurocode 8-2 ne prescrit aucune
disposition constructive particulière pour ces éléments [EC8-2 6.4.1] hormis dans la zone nodale adjacente aux rotules
plastiques potentielles le cas échénant (conception ductile).
Concernant les fondations profondes, l’Eurocode 8-2 [EC8-2 5.8.1(1)P] stipule que « les fondations des ponts ne doivent
pas être utilisées intentionnellement comme des sources de dissipation de l’énergie hystérétique, et doivent par
conséquent être dimensionnées, dans toute la mesure du possible, de manière à demeurer élastiques sous l’action
sismique de calcul ». Néanmoins, lorsqu’il est impossible d’éviter par le surdimensionnement des sections la présence
de zones critiques ou une plastification localisée dans les pieux ou les barrettes, certaines dispositions constructives
spécifiques doivent être appliquées (voir ci-après).
Notons que dans le cas de fondations chemisées, il est généralement avantageux de laisser les gaines métalliques
en place car celles-ci confèrent à la fondation un confinement très efficace. Il est d’ailleurs autorisé de prendre en
compte la section de cette gaine, déduction faite de l’épaisseur sacrifiée pour la corrosion, dans le calcul des armatures
transversales. Toutefois, cette prise en compte ne pourra réduire les ferraillages requis de plus de 50 % par rapport à
une configuration « sans chemisage ».
Les prescriptions et recommandations générales décrites au chapitre 6, §3 s’appliquent. Le présent paragraphe a pour
objet de fournir un certain nombre de recommandations complémentaires ainsi que certaines précisions quantitatives
relatives à l’étendue des zones concernées, au niveau de confinement requis et aux dispositions visant à prévenir
le flambement des armatures longitudinales.
Les dispositions constructives relatives au confinement dépendent également du taux de compression moyen de
la section et du niveau de sollicitation des matériaux [EC8-2 6.2.1.1(2)P] :
• Zones telles que MRd < 1,3 MEd et ηk = NEd / Acfck ≤ 0,08 : aucune disposition constructive de confinement imposée.
Nous recommandons néanmoins d’adopter, dans les zones où des rotules plastiques sont susceptibles de se former
(chevêtre de pile portique par exemple), le même ferraillage de confinement que dans les zones critiques soumises
à un taux de compression hk > 0,08.
• Zones telles que MRd < 1,3 MEd et ηk = NEd / Acfck > 0,08 :
- - Si mf admissible > 7 et e cu < 3,5 ‰ : aucune disposition constructive de confinement (e cu ramené à 2 ‰ dans l’Eurocode
2 dans le cas des sections creuses) ;
- - Si mf admissible < 7 : dispositions constructives de confinement.
• Zones telles que MRd > 1,3 MEd : aucune disposition constructive n’est imposée ;
Nota : ( 1) Au regard de la définition des zones critiques telle que décrite dans l’Eurocode 8-2 et rappelée ci-dessus,
il apparaît donc possible en théorie, dans le cas de la conception en ductilité limité, de s’abstenir de toute
disposition constructive, et de toute vérification de ductilité, dès lors que l’on surdimensionne les sections
de 30 % par rapport aux efforts de calcul réduits par le coefficient de comportement (compris entre 1 et 1,5
suivant le type de structure).
Nous rappelons néanmoins que l’application des dispositions constructives a été identifiée comme
étant un des paramètres essentiels au bon comportement des ouvrages sous sollicitations simiques
par une amélioration de la ductilité globale de la structure. C’est pourquoi il est recommandé, plutôt
que de surdimensionner les sections et au moins dans les zones de sismicité moyenne à forte (zones
4 à 5 du nouveau zonage sismique national) d’effectuer un dimensionnement « au plus juste » des
armatures de flexion et d’appliquer les dispositions réglementaires dans les zones critiques associées.
(2) Dans le cas où ηk = NEd / A cfck ≤ 0,08 nous recommandons de verifier également que mf admissible soit
supérieur à 7 pour se passer de dispositions constructives car le taux de compression ne garantit pas à lui
seul une ductilité en courbure suffisante.
(3) Dans le cas d’une structure conçue en ductilité limitée, l’absence de zones critiques dans les pieux ou
les barrettes est généralement garantie par la re-multipication des efforts de calcul par q ≥ 1,3. Dans le cas
contraire, la définition des zones critiques (zones telles que MRd < 1,3 MEd) s’applique également aux fondations
profondes, et on se ramenera donc dans ce cas aux mêmes prescriptions que celles définies ci-dessous pour
les zones critiques des piles.
Il est précisé dans l’Eurocode 8-2, [EC8-2 6.2.4], que les piles creuse en forme de caisson simple ou multiple, avec
h k inférieur à 0,20 n’ont pas besoin de vérifier les clauses concernant les armatures de confinement à condition de
vérifier celles relatives au flambement des armatures longitudinales.
L’Eurocode 8-2 définit la quantité d’armatures de confinement par le rapport mécanique d’armatures :
wwd = rw. fyd / fcd [EC8-2, Eq. 6.3]
avec :
A sw : section transversale totale des armatures transversales
s L : espacement longitudinale
b : dimension de la section transversale du noyau en béton mesurée au nu extérieur de la frettes
A sp : section transversale de la barre de frettes
Dsp : diamètre formé par la barre de frettes (diamètre de cerces ou de spires)
La quantité minimale d’armatures de confinement doit alors être déterminée comme suit dans les deux directions
horizontales :
Pour des cadres rectangulaires et des épingles :
wwd,r > max ( ww,req, 2/3 ww,min) [EC8-2, Eq. 6.6]
Pour des cadres circulaires :
w wd,c > max ( 1,4 ww,req, w w,min) [EC8-2 Eq. 6.8]
Dans les équations ci-dessus, w w,req est défini par l’équation suivante :
w w,req = Ac/Acc l hk + 0,13 fyd/fcd (rL -0,01) [EC8-2, Eq. 6.7]
Dans le cas des piles ductiles, l’Eurocode 8-2 définit la longueur des rotules plastiques potentielles L h en fonction du
niveau de compression :
• sections comprimées à moins de 30 % (η k ≤ 0,30) : la longueur des zones de rotules plastiques potentielles, Lh, est
la plus grande des dimensions suivantes [EC8-2 6.2.1.5] (cf. figure 136) :
- - la hauteur de la section du fût dans le plan de la flexion (perpendiculairement à l’axe de rotation de la rotule) ;
- - la distance entre le point de moment maximal et le point où le moment de calcul est inférieur à 80 % de la
valeur du moment maximal ;
• sections comprimées à plus de 30 %, la longueur des zones de rotules plastiques potentielles Lh est majorée de 50 %
Néanmoins, nous recommandons d’adopter, dans les zones où des rotules plastiques sont explicitement prévues par
le concepteur (chevêtre de pile portique par exemple), le même ferraillage de confinement que dans les zones de
rotules plastiques potentielles soumises à un taux de compression hk > 0,08.
• ηk = NEd/Acfck > 0,08 :
-- Si mf admissible > 13 et ecu < 3,5 ‰ : aucune disposition constructive de confinement (ecu ramené à 2 ‰ dans l’Eurocode 2
dans le cas des sections creuses) ;
- - Si m f admissible < 13 : dispositions constructives de confinement.
Nota : D
ans le cas où ηk = NEd/Acfck ≤ 0,08 nous recommandons de verifier également que mf admissible soit supérieur
à 13 pour se passer de disposition constructives car le taux de compression ne garantit pas à lui seul une
ductilité en courbure suffisante.
Ces zones [EC8-2 6.4.2(2)] correspondent aux parties supérieures des fondations au niveau de l’encastrement dans
la semelle, aux zones de moment maximal, ainsi qu’aux zones situées aux interfaces des couches de sol ayant
des raideurs sensiblement différentes (rapport des modules de cisaillement supérieur à 6). Leur étendue est définie
par les relations suivantes :
• au niveau de l’encastrement sous la semelle : Lh=3f pieu (ou 3Bmin,barrette) ;
• de part et d’autre de moment maxi : Lh=2fpieu (ou 2Bmin,barrette) ;
• interface de sols différents: L h=2f pieu (ou 2Bmin,barrette)
Nota : La longueur Lh des zones de rotules plastiques potentielles telle que définie ci-dessus correspond aux zones dans
lesquelles des dispositions constructives particulières (confinement, tenue des armatures longitudinales…)
doivent être adoptées. Cette longueur ne doit pas être confondue avec la longueur équivalente de rotule
plastique L p qui permet de modéliser la zone de rotule plastique théorique servant au calcul des valeurs
des rotations et des déformations plastiques dans le cadre des méthodes d’analyses en déplacement
[Chapitre 4 - 6.3]. De façon assez logique et évidente, Lh englobe Lp.
L’utilisation des bétons à haute résistance (réputés assez peu ductiles) dans les appuis associée à une conception
ductile devra être justifiée par un calcul spécifique et une vérification des niveaux de déformation admissibles dont
les hypothèses intègreront les caractéristiques réelles des matériaux (analyse en moment-courbure telle que décrite
au chapitre 4, §6.2).
Par ailleurs il est recommandé de prévoir des recouvrements alternés dans les zones adjacentes aux zones de rotules
plastiques (cf. figure 137).
Il est précisé dans l’Eurocode 8-2, [EC8-2 6.2.4], que les piles creuse en forme de caisson simple ou multiple, avec h k
inférieur à 0,20 n’ont pas besoin de vérifier les clauses concernant les armatures de confinement à condition de vérifier
celles relatives au flambement des armatures longitudinales.
Dans les zones comprimées profondes, le confinement doit s’étendre jusqu’à la profondeur à laquelle la déformation
en compression dépasse 0,5.e cu2.
Les quantités d’armatures de confinement dans les zones de rotules plastiques potentielles sont définies à partir
des mêmes équations générales que pour les zones critiques dans le cas d’une conception en ductilité limitée
[Chapitre 6 - 4.3]. Les exigences sont néanmoins logiquement plus élevées dans le cas de la conception ductile, ce qui
se traduit par des coefficients l et ww,min revus à la hausse, conformément aux valeurs spécifiées dans le (cf. tableau 27).
Tableau 27 : Valeurs minimales de l et ww,min - Cas d’une conception ductile [EC8-2 Tab. 6.1]
Au-delà de la zone de rotule plastique Lh, la quantité d’armatures transversales peut être réduite progressivement.
Néanmoins, elle doit rester supérieure à 50 % de la quantité requise dans la zone de rotule plastique dans la zone
directement adjacente à cette zone (notamment les zones d’ancrage dans les semelles ou le cas des piles encastrées
dans le tablier), sur une longueur supplémentaire de Lh [EC8-2 6.2.1.5(4)].
L’espacement longitudinal sL des armatures transversales (cadres, épingles, cerces…) dans les zones de rotule plastique
doit satisfaire chacune des deux conditions suivantes :
• sL < 6 fois le diamètre des barres longitudinales, dbl ;
• sL < 1/5 de la dimension minimale du noyau de béton confiné, mesuré par rapport à l’axe des frettes.
Les armatures transversales de confinement doivent comporter un retour rectiligne d’au moins 10Ø dans le noyau
de béton et il convient de ne pas disposer tous les recouvrements sur la même génératrice [Chapitre 6 - 3.3.1] et
[EC8-2 6.2.3].
En outre, et conformément à l’Annexe Nationale de l’Eurocode 8-2 [EC8-2 6.2.1.4(1)P], les spires hélicoïdales sont
interdites dans toutes les zones de rotules plastiques.
Dans les zones adjacentes sur une longueur supplémentaire de Lh (notamment les zones d’ancrage dans les semelles
ou cas des piles encastrées), l’espacement des armatures transversales imposées par le confinement peut être
progressivement augmenté de sL à 2sL , en conservant les règles de positionnement des armatures dans la section.
Le lecteur se reportera aux paragraphes précédents ou au tableau synthétique [Chapitre 6 - 6] pour tout ce qui concerne
les prescriptions fixées par la norme, ou recommandées dans le cadre du présent guide, en terme de dispositions
constructives.
Des schémas de détail des dispositions constructives (ferraillage) sont présentés figures 139 et 140 pour différentes
typologies de fûts de piles. Ces schémas sont conformes aux prescriptions de l’Eurocode 8-2. A noter que la liaison
entre le tablier et la tête de pile, ou le pied de pile et la fondation se comporte comme des zones nodales, il est donc
important de croiser les armatures pour éviter tout phénomène d’arrachement.
Les zones nodales (encastrements pile/semelle, pile/chevêtre, pile/tablier ou nœuds des piles-portiques) sont
généralement très sollicitées en cas de séisme. Leur confinement doit donc être particulièrement soigné.
L’Eurocode 8-2 [EC8-2 5.6.3.5.4] recommande ainsi de prolonger les armatures transversales (cadres, épingles, cerces)
des poutres et poteaux jusqu’à l’intérieur du nœud (cf. figure 141) Nous recommandons notamment de conserver 50 %
des quantités d’aciers de confinement requises dans les zones de rotules plastiques adjacentes.
Des étriers verticaux doivent maintenir au flambement les armatures longitudinales de la poutre au niveau de la face
opposée au poteau. Nous recommandons également de le faire sur la face contiguë au poteau par au moins un lit sur
deux d’étriers en alternance. Des étriers horizontaux doivent également maintenir les armatures verticales du poteau
et se prolonger à l’intérieur du nœud [EC8-2 5.6.3.5.4(1)].
En cas de difficulté de mise en œuvre, des sujétions alternatives sont toutefois acceptées (50 % des cadres peuvent
être remplacé par des armatures en U encerclant les barres longitudinales en face « libre » du nœud, possibilité de
décaler de part et d’autre du nœud, et sous certaines conditions de conservation des sections d’aciers nécessaires,
quelques aciers en bordure immédiate à l’extérieur de nœud [EC8-2 5.6.3.5.4(2),(6) et (7)].
Les ancrages d’extrémité doivent être assurés au moyen de coudes à 90°. Ces coudes doivent se situer dans la partie
confinée de la pièce ou des pièces sur lesquelles l’élément est assemblé et être disposés le long de la face opposée
(la plus éloignée) du dit élément, la concavité du coude étant dirigée vers l’intérieur du nœud de béton
[EC8-2 5.6.3.5.4(4)].
Dans le cas particulier des piles-portiques, si l’épaisseur de l’élément d’ancrage (poteau ou fût de pile) est insuffisante,
des dispositions supplémentaires peuvent être prises afin d’assurer l’ancrage des armatures d’extrémité (cf. figure 142) :
• prolongement de la poutre (ou chevêtre) sous forme d’ergots extérieurs ;
• armatures aboutées ou plaques d’ancrage soudées aux extrémités des armatures…
Figure 142 : Dispositions complémentaires pour l’ancrage des armatures d’extrémité applicables par exemple aux piles-portiques
(Eurocode 8-1, fig. 5.13)
Dans les zones adjacentes aux zones de rotules plastiques potentielles, sur une distance horizontale égale à la moitié
de la hauteur du chevêtre autour des nœuds d’encastrement (cas des piles encastrées dans le tablier, chevêtre intégrés
ou encastrement des pieux dans un chevêtre de culée), la zone doit être traitée comme une zone adjacente de rotule
plastique en section de pile, en ajoutant les prescriptions pour les zones nodales (cf. ci-dessus).
5.6.4.1 - Semelles
En ce qui concerne le ferraillage des semelles (semelle superficielle ou semelle de liaison des pieux), l’Eurocode 8-2
n’impose aucune disposition constructive particulière (la formation de rotules plastiques n’étant pas autorisée dans
les semelles superficielles) et les schémas de détails de la figure 143 sont donc uniquement des dispositions de
principes recommandées dans le cadre du présent guide.
Seules les zones d’encastrement des piles ou des pieux, lorsqu’il s’agit de zones adjacentes aux zones de rotules
plastiques potentielles doivent faire l’objet de dispositions particulières, sur une distance horizontale égale à la moitié
de la hauteur de la semelle autour des nœuds d’encastrement (piles ou pieux), en appliquant les prescriptions relatives
aux zones adjacentes de rotule plastique situées en section de pile, et celles relatives aux zones nodales (voir plus haut).
Figuredes
Figure 143 : Principe de ferraillage 140 p248sur fondations profondes
semelles
Le schéma de la figure 143 ne présente qu’une disposition de ferraillage possible pouvant faire l’objet de divers
aménagements. En particulier, les cadres doivent surtout être placés dans la périphérie des volumes correspondant
aux nœuds d’encastrement du fût de pile et des pieux comme cela est indiqué sur la figure 141. Par contre il est
indispensable que les aciers longitudinaux soient croisés par des barres transversales qui assurent la couture bien
représentée sur la figure 141 (a) (surtout aciers A). Sur les vues de profil et de face, si les U supérieurs et inférieurs
sont de sections supérieures ou égales à HA20, ils ne peuvent pas se recouvrir sur la face latérale et doivent être
tenus [EC2]. Il est préférable dans ce cas de prévoir des retours à 135° en haut et surtout en bas et d’ajouter des U
de fermeture sur les cotés.
Annexe 3 p357
Figure 140 p248
Annexe 3 p357
Annexe 3 p379
Diamètre
Diamètre
Partie
visé
Zones concernées Section totale Classe de Espacement Recouvrem Section totale Espacement Dispositions constructives
Classe de
ductilité ent
ductilité
- Retour 10φ
- Crochet 135°
- Ancrage sur 2 armatures
VRd > γ�Bd1.VC principales
avec VC résultant du - Recouvrement alterné
dimensionnent en capacité : VC = des armatures
f (γ �0.M0) transversales
Zones rotules
-1er cours d’armatures
plastiques φ ≥ 10mm
transversales disposé à
potentielles (ZRPP) Classe B
50mm maxi du parement
- Épingle périphérique
Si ηk ≤ 0,3 ≤ 200mm
tenue par épingles
Lh1 = max( MRd > MEd φ ≥ 10mm (conséquenc Flambement :
Interdits sL ≤ δdbl intermédiaires
- épaisseur section
- distance
Cf. EC2 Classe C e du critère
sur sT) AT ≥
∑A L fys
× sT
5 ≤ δ=2,5(ftk/fyk)+2,25 ≤ 6 ou
1,6 fyt sT ≤ 200mm - Armature angle + 1 barre
Mmax - 0,8Mmax)
sur 2 (en alternance) tenue
par un brin
Si ηk ≥ 0,3
Confinement :
Lh 2=1,5Lh1
- Cadres rectangulaires :
A
Ductile
fyd 2
ωwd,r ≥ max c 0.37ηk + 0.13 (ρl − 0.01); 0.18 1
sL ≤ min(6 dbl ; bmin )
A fcd 3
cc 5 Spires hélicoïdales
- Cadres circulaires (cerces) : 1 interdites
s T ≤ min(200mm b min )
A fyd 3
ω wd,c ≥ max 1,4 c 0.37ηk + 0.13 (ρl − 0.01) ;0.18
A cc fcd
Zones adjacentes résultant du φ ≥ 10mm ≤ 200mm Cf. EC2 dimensionnent en capacité : φ ≥ 10mm quantités avec
Identiques ZRPP
Lh1 ou Lh2 dimensionnen Classe B Alternés VC = f (γ�0.M0) Classe B espacement maximum de
t en capacité : 50% confinement ZRPP 2sL (ZRPP)
MC = f (γ0.M0) 50% flambement ZRPP
MRd > MC
VRd > γ�Bd1.VC
avec MC
avec VC résultant du
résultant du φ ≥ 10mm φ ≥ 10mm
Zones courantes Cf. EC2 Cf. EC2 dimensionnent en capacité : VC = Cf. EC2 Cf. EC2
dimensionnen Classe B Classe B
f (γ�0.M0)
t en capacité :
MC = f (�γ0.M0)
φ ≥ 10mm φ ≥ 10mm
Zones courantes MRd > 1,3MEd Cf. EC2 Cf. EC2 VRd > q�� γBd1.VEd* Cf. EC2 Cf. EC2
Classe B Classe B
Confiner et ferrailler les zones d'action d'efforts locaux (butées parasismiques, ancrages des amortisseurs…) à partir des efforts majorés selon le principe du dimensionnement en capacité
+ même critères que pour les semelles de fondation dans le cas de piles encastrées dans le tablier
Diamètre Diamètre
Partie
visé
Zone concernées Section totale Classe de Espacement Recouvrement Section totale Classe de Espacement Dispositions constructives
ductilité ductilité
MC = f (γ�0.M0) VC = f (�γ0.M0)
Toutes les zones
Autres cas
(déconseillés) :
Zones le long du pieu (ou
Fondations profondes : Pieux - Barrettes
barrette) à considérer
Élastique (sauf cas exceptionnel)
comme rotules
plastiques potentielles : Identiques ZRPP piles
- sous encastrement Puis réduction progressive des quantités d’armatures transversales dans les zones adjacentes, sur une longueur supplémentaire L h, avec
dans semelle L h =3φ pieu espacement maximum de 2s L (avec s L défini pour les ZRPP)
(ou 3B min, barrette ) Aucune disposition constructive particulière, autre que EC2, ailleurs (zones courantes)
- de part et d’autre de
moment maxi ou
interface de sols
différents
Lh=2φpieu (ou 2Bmin,barrette)
Zones critiques
Cas d’une conception en ductilité
φ ≥ 12mm φ ≥ 10mm
Cf. EC2
MRd > max (qMEd* ; 1,3 Classe B Classe B Cf. NF P
Zones courantes Cf. NF P Cf. EC2 VRd > q� γBd1VEd* Cf. NF P 94-262
MEd) Cf. NF P 94- Cf. NF P 94- 94-262
94-262
262 262
horizontale égale à la
VC = f (γ0.M0) barrettes) au moins un lit sur deux
moitié de la hauteur de
en alternance par armatures
la semelle ou du φ ≥ 10mm Cf. EC2 φ ≥ 10mm
Cf. EC2 Cf. EC2 transversales (cf. figure 136) du fût
chevêtre autour des Classe B Alternés VRd > q.� γBd1VEd* Classe B
de pile (pieux ou barrettes) dans le
nœuds d’encastrement
nœud avec une densité égale à
avec la pile (ou les pieux
Si conception en 50% de ce qui est requis dans les
ou barrettes dans le cas 50%
ductilité limitée de ZRPP ou zones critiques jouxtant la
déconseillé d’une confinement
l’ouvrage : semelle
plastification de ces ZRPP
MRd > qMEd* - Armatures verticales du fût de
derniers) 50% pile (pieux ou barrettes) ancrées au
flambement plus profond dans le nœud et
ZRPP retour à 90°
*
Cf. nota
* sur les notations à la fin du §3.1.1 du chapitre 5.
Cf. nota sur les notations à la fin du §3.1.1 du chapitre 5.
Ponts-cadres et portiques
1 - Introduction
Les ponts cadres et les portiques sont réputés peu sensibles aux séismes, car ils sont relativement souples et suivent
la déformation du massif sans perturber notablement la propagation des ondes de cisaillement dans le sol. Par ailleurs,
le fait qu’ils soient « bloqués » dans le sol au niveau de chacune des deux culées limite sensiblement les effets liés
aux amplifications dynamiques des autres structures.
Une justification parasismique de ces structures reste pourtant nécessaire. En effet, certains ouvrages ont connu de
graves désordres qui auraient pu être évités par l’application des règles parasismiques : les ouvrages du métro de
Daikai lors du séisme de Hyogoken-Nanbu au Japon en janvier 1995.
Avec :
ag : accélération nominale
S : paramètre caractéristique de la classe de sol [Chapitre 4 - 2.3.4]
g : accélération de la pesanteur.
Le coefficient d’amplification topographique ST doit également être prise en compte le cas échéant [Chapitre 4 - 2.4].
3 - Combinaisons et vérifications
3.1 - Combinaisons
La vérification de la résistance de la structure s’effectue sous combinaison sismique dont le format général est :
Avec :
Gk : charges permanentes (poids propre et poussée statique des terres)
EEd : action sismique (forces d’inertie et poussée dynamique des terres)
Q 1k : action variable des charges d’exploitation
Y21 : coefficient de combinaison
Le coefficient de combinaison est nul dans la plupart des cas. La concomitance entre les charges d’exploitation et
le séisme n’est à prendre en compte que pour les ouvrages très sollicités :
Y21 = 0,2 pour les charges routières (ouvrages urbains à trafic intense).
= 0,3 pour les charges ferroviaires
Si la couverture est de dimension importante, ou l’ouvrage fortement enterré (épaisseur de remblai au-dessus de
la dalle supérieure à 50 % de la portée), les résultats de l’approche en force ne sont pas réalistes, et une approche
en déformation doit être envisagée (compatibilité cinématique entre la structure du pont-cadre et la déformation
sismique en champ libre du sol environnant).
La force d’inertie par unité de volume qui s’exerce sur un élément de poids volumique est égale à :
Le frottement des terres en contact avec les piédroits est supposé négligeable.
La déformée de l’ouvrage est assimilée à celle de la déformation sismique du sol en champ libre (cf. figure 145).
La déformation sismique du sol en champ libre peut être considérée comme un champ uniforme de déformation
de cisaillement, avec la déformation de cisaillement gs du sol suivante [EC8-2 6.7.4] :
Avec :
vg : vitesse maximale du sol (dont une expression simplifiée est donnée en l’absence de donnée spécifiques) ;
vs : c élérité de l’onde de cisaillement dans le sol, compatible avec la déformation de cisaillement associée à
l’accélération au niveau du sol. Elle peut être déterminée à partir de la valeur v s,max mesurée pour les faibles
déformations [Chapitre 4 - 2.3.1] ;
S : paramètre caractéristique de la classe de sol [Chapitre 4 - 2.3.4] ;
T c : période du spectre [Chapitre 4 - 2.5.2].
Pour obtenir cette déformation, on peut appliquer une pression uniforme sur la paroi latérale de l’ouvrage telle que
la déformée entre le haut et le bas de l’ouvrage soit égale à Dd s : H. g s (cf. figure 146).
Dds
Remarque :
L’ouvrage constitue un « trou » à l’intérieur du massif de sol. Il a une masse faible par rapport au sol qu’il remplace
et doit donc suivre les mouvements du sol.
La force d’inertie par unité de volume qui s’exerce sur un élément de poids volumique g est égale à :
L’incrément dynamique de poussée active qui s’exerce sur un écran de hauteur H est pris égal à [Chapitre 4 - 5.7] :
avec :
g * : poids volumique du sol tenant compte des conditions hydrauliques ;
k v : coefficient sismique vertical ;
Kad : coefficient de poussée des terres sous situations de projet sismiques ;
K as : coefficient de poussée des terres sous charges statiques ;
E ws : poussée statique de l’eau ;
Ewd : poussée hydrodynamique de l’eau ;
Remarques :
• le point d’application de DEd peut être pris à mi-hauteur du mur, et l’effort modélisé par une charge uniformément
répartie sur l’écran ;
• le coefficient de poussée dynamique des terres Kad peut être calculé suivant la formule dite de Mononobe-Okabe
[Chapitre 4 - 5.7].
Pour que les détériorations des caractéristiques du sol ou du remblai restent acceptables, il convient que le déplacement
sismique de calcul ne dépasse pas les valeurs limites d lim suivantes, dépendant de la catégorie d’importance du pont :
• catégorie d’importance IV : dlim = 50 mm ;
• catégories d’importance II ou III : aucune limitation.
L’incrément dynamique de poussée passive qui s’exerce sur un écran de hauteur H est pris égal à [Chapitre 4 - 5.7] :
avec :
Kpd : c oefficient de poussée passive des terres sous situations de projet sismiques, qui peut être calculé suivant
la formule dite de Mononobe-Okabe [Chapitre 4 - 5.7] ;
Kps : coefficient de poussée passive des terres sous charges statiques ;
Remarques :
- - la butée du sol ne peut être prise en compte que si le déplacement du piédroit est suffisant. Des essais ont montré
qu’un faible déplacement de l’écran suffisait pour obtenir une valeur de Kp proche de 1, mais qu’il fallait un
déplacement important (de l’ordre de 0,03h à 0,06h) pour mobiliser pleinement la butée du sol (cas des sables
denses). L’annexe C de l’Eurocode 7 donnent des indications sur l’ordre de grandeur des mouvements nécessaires
à mobiliser les pressions limites.
- - il convient donc dans le cas général de négliger l’incrément dynamique de poussée passive. A défaut le coefficient
de réaction passive K pd sera plafonné à 1 ;
-- le coefficient de frottement sol/écran en butée sera pris égal à zéro, et on admettra que la résultante s’exerce
au tiers de la hauteur de l’écran.
Figure 148 : Sollicitation due au remblai dans le cas d’un ouvrage faiblement enterré
Dans la cas où l’ouvrage est partiellement remblayé ou faiblement enterré (Hr < 1 m), la traverse supérieure subit
la force d’inertie du remblai Sr (cf. figure 148) :
Le remblai situé sur la traverse est soumis aux forces suivantes (cf. figure 149) :
- - la force d’inertie correspondant à la masse du remblai ;
- - les forces de poussée-butée du sol adjacent ;
- - la réaction de la traverse sur le remblai.
Nota : A partir d’une certaine hauteur de remblai ( H r ~ 0,25 L a g S), S r devient négative ce qui correspond à un
remblai entraîné par le terrain adjacent plutôt que par l’ouvrage. D’une manière générale, ce calcul conduit
alors à des efforts inférieurs à l’approche « en déplacement ».
5 - Conclusion
Le fonctionnement mécanique des dalots et des ponts cadres fait intervenir une forte interaction sol/structure.
Les hypothèses de fonctionnement des ouvrages retenus sont certes simplistes, mais sont en accord avec l’Eurocode
et donnent des résultats numériques cohérents au regard des publications sur le sujet.
Les calculs précédents ne dispensent pas de l’application des règles parasismiques des chapitres précédents concernant :
• la vérification du sol de fondations (liquéfaction, etc ..) ;
• la vérification des sections ;
• les dispositions constructives parasismiques.
Annexes 239
2 - Effets des actions concomitantes à l’action sismique 281
2.1 - Charges permanentes 281
2.2 - Action thermique 281
3 - Dimensionnement sismique 282
3.1 - Hypothèses sismiques 282
3.2 - Choix de conception parasismique de l’ouvrage 282
3.3 - Caractérisation de l’action sismique 283
3.4 - Spectres de calcul 283
3.5 - Calcul des sollicitations sismiques 284
3.6 - Résultats 295
1 - Description de l’ouvrage
1.1 - Remarques préliminaires concernant les unités et le repère de calcul
Les unités utilisées sont les suivantes :
• les longueurs en mètres : m ;
• les forces en Newtons : N ;
• les masses en kilogrammes : kg ;
• les contraintes en Pascals : Pa ;
• les angles en radians : rad ;
• les accélérations en mètres par seconde carré : m / s2 ;
• les raideurs en Newtons par mètre : N / m ou en Newtons mètre par radian : N.m / rad
Dans tous les modèles de calcul, nous retiendront le même système d’axes principaux défini de la façon suivante :
• X-X : axe longitudinal (parallèle à l’axe de l’ouvrage) ;
• Y-Y : axe transversal (perpendiculaire à l’axe de l’ouvrage) ;
• Z-Z : axe vertical.
L’ouvrage est un pont dalle d’une longueur totale de 35,620 m répartie en 3 travées symétriques :
9,715 m - 16,191 m - 9,715 m, soit un rapport travée de rive sur travée centrale de 0,6. L’ouvrage a donc
une longueur totale de 35,620 m.
La dalle mesure 12,25 m de large pour 0,60 m d’épaisseur (S = 7,35 m²) et repose sur chaque appui par l’intermédiaire
de 4 appareils d’appui en élastomère fretté.
Le profil en travers est constitué d’un trottoir à gauche de 0,45 m (longrine supportant la glissière), d’une bande
dérasée gauche de 0,50 m, d’une chaussée de 9,55 m, et d’un trottoir à droite de 1,75 m.
Les piles sont constituées de deux fûts de 2,50 m de long, de 0,80 m d’épaisseur et de 5,50 m de haut, et sont espacés
de 2,70 m.
Remarque :
Dans le cadre de cet exemple, pour des raisons de simplification, les fondations sont supposées infiniment rigides,
ce qui conduit à considérer les piles et les culées comme parfaitement encastrées dans le sol (cette hypothèse est
sécuritaire du point de vue des efforts mais potentiellement non conservative du point de vue des déplacements).
Dans le cadre d’une étude opérationnelle, il conviendrait de modéliser les fondations et l’interaction sol/structure et
d’évaluer plus finement leur souplesse.
Le tablier repose sur des appareils d’appui en élastomère fretté dont nous avons déterminé les caractéristiques
en service selon la norme NF EN 1337-3 et au séisme selon la méthode de prédimensionnement du présent guide
(voir plus loin §2.1). Les dimensions des appareils d’appui ainsi obtenues sont les suivantes :
Sur culée : 300 x 350 ; 3 (12+3) ; 2 x 12
Sur pile : 400 x 400 ; 3 (12+3) ; 2 x 12
1.3.1 - Béton C35/45 pour le tablier, les piles, les culées les semelles et les pieux
• fck = 35 MPa
• fctm = 0,3 fck2/3= 3,2 MPa
• fcm = fck + 8 = 43 MPa
• Ecm = 22 (fcm/10) 0,3 = 34 077 MPa
• r = 2,5 t/m3
• a = 10-5 m/m/°C
• contrainte limite à l’ELU sismique : fck/1,3=26,9 MPa
Afin de tenir compte à la fois du poids propre de la dalle (183,75 kN/ml) et du poids des équipements (47 kN/ml),
le poids volumique du tablier est pris égal à 31,39 kN/m³, soit un poids linéique de 230,75 kN/ml, ou encore, une
masse totale de 822 tonnes.
Le calcul réalisé par CHAMOA-P conduit à un raccourcissement relatif du tablier de 4,9. 10-4 m/ml, soit un raccourcissement
absolu de 17 mm (8,5 mm au droit de chaque culée).
Les étendues des variations positives et négatives de la composante de température uniforme sont égales à
DTN, exp= Te,max - T0= 32°C, DT N, con= T0 - Te,min = 32°C
Pour le calcul des appareils d’appuis, la norme NF EN 1991-1-5 prescrit un supplément de 10°C à ajouter à l’étendue
des précédentes variations de températures (on suppose que la température de réalisation des appuis est spécifiée),
l’étendue maximale des variations positives et négatives de la composante uniforme de température est donc égale
à ± 42°C.
L’ouvrage a été calculé à l’aide du logiciel CHAMOA-P du Cerema, lequel a donné les résultats suivants :
• réactions d’appui (ELS Quasi-Permanent) :
Dans cet exemple, on considère que l’ouvrage porte une route nationale et appartient à la catégorie d’importance III
au sens de l’arrêté du 26 octobre 2011 relatif à la classification et aux règles de construction parasismique applicables
aux ponts de la classe dite « à risque normal ».
La classe de sol est la classe C (dépôts profonds de graves sableuses de densité moyenne ayant des épaisseurs de
quelques dizaines de mètres. Le coefficient topographique ST est égal à 1,0 (zone de relief peu marqué).
Le dimensionnement de l’ouvrage dans cette direction est donc basé sur un comportement essentiellement
élastique (q =1), ce qui signifie que les matériaux constitutifs de la structure restent dans le domaine élastique
[EC8-2 2.3.1 et 2.3.2] et que l’effet du séisme de référence n’est pas de nature à endommager notablement l’ouvrage
(ouvrage quasi-intact à l’issue du tremblement de terre).
Pour éviter que le tablier ne se déplace transversalement et ne cause des désordres sur les équipements au niveau
des culées, des butées transversales de blocage sont placées sur culées. La souplesse de ces dernières (voir plus loin
§2.3) conduit à une valeur de période propre de vibration supérieure à 0,03 s autorisant l’application d’un coefficient
de comportement q =1,5 associé à un dimensionnement en « ductilité limitée » [EC8-2 4.1.6(10) et 6.7.3(4)P].
Le mur garde-grève est dimensionné pour être fusible et permettre ainsi au tablier de se déplacer librement selon
la direction longitudinale sans transmettre d’effort important aux fondations des culées, conformément aux principes
de l’article 2.3.6.3(5) de l’Eurocode 8-2 et du §6.1 du chapitre 5.
Les appareils d’appui en élastomère à faible amortissement sont justifiés selon la norme NF EN 15129 « Dispositifs
anti-sismiques » en considérant un coefficient de fiabilité g IS = 1,5. Par conséquent, il n’est pas prévu l’emploi de
butées parasismiques longitudinales. Un coefficient de sur-résistance gRd = 1,1 doit être appliqué en plus du coefficient
de fiabilité aux éléments de liaison des appareils d’appui et aux éléments supports (piles, culées, fondations)
[NF EN 15129 4.3.2].
Les repos d’appui longitudinaux sur culées sont dimensionnés à partir du déplacement de calcul du tablier de l’ouvrage
[Chapitre 5 - 5.5].
L’arrêté du 26 octobre 2011 relatif à la classification et aux règles de construction parasismique applicables aux ponts
de la classe dite « à risque normal » fixe le niveau d’accélération maximale de référence pour la zone 4 (sismicité
moyenne) à agr_=_1,6 _m/s2 et le coefficient d’importance pour la catégorie d’importance III à g I = 1,2.
Pour le séisme vertical et pour les régions de sismicité faible à moyenne (France métropolitaine), l’accélération à
prendre en compte selon ce mêm cet arrêté est avg = 0,9 ag = 1,73 m/s2.
Le coefficient de comportement q est pris égal à 1 selon la direction longitudinale (conception basée sur l’emploi
d’appareils d’appui souples en élastomère fretté) et à 1,5 selon la direction transversale (conception en ductilité
limitée basée sur l’emploi de butées parasismiques de blocage au droit des culées).
Pour l’analyse dans la direction verticale, le coefficient de comportement doit être pris égal à q = 1,0
[EC8-2 4.1.6(12)P].
L’arrêté du 26 octobre 2011 relatif à la classification et aux règles de construction parasismique applicables aux ponts
de la classe dite « à risque normal » fixe les caractéristiques spectrales pour un spectre de type 2 (métropole), pour
un sol de classe C et compte tenu de la topographie du site aux valeurs suivantes :
S TB TC TD
Enfin, compte tenu des hypothèses de modélisation retenues (souplesse des fondations négligées, calcul sur la base
des inerties brutes de coffrage sans prise en compte de la fissuration), nous recommandons de prolonger le plateau
du spectre horizontal jusqu’à l’origine.
• Spectre horizontal :
• Spectre vertical :
Le calcul de prédimensionnement suivant la norme NF EN 1337-3 vis-à-vis des charges de service impose des appareils
d’appui de (0,25 x 0,3) m sur les culées et de (0,3 x 0,3) m sur les piles. Tous les appareils possèdent 3 feuillets
d’élastomère de 10 mm et des frettes de 3 mm en acier S235.
Sur culée : 250 x 300 ; 3 (10+3) ; 2 x 5
Sur pile : 300 x 300 ; 3 (10+3) ; 2 x 5
On utilise la formule donnée au §4.3.4.1.1 du chapitre 4 qui donne le côté d’un appareil carré :
Ce prédimensionnement peut-être affiné à partir des résultats du calcul vis-à-vis des charges de service afin d’effectuer
une meilleure répartition de matière entre piles et culées. En effet, le fait de surdimensionner les appareils d’appui
sur culée peut poser des problèmes de décollement sous charges de service.
Pour ce faire, on multiplie la valeur a trouvée ci-dessus par un coefficient tenant compte du rapport des surfaces x
entre les appareils sur culée et ceux sur piles obtenus à partir du calcul de prédimensionnement suivant la norme
NF EN 1337-3 :
Avec :
nc : le nombre total d’appareils d’appui sur culées
n p le nombre total d’appareils d’appui sur piles
Sc la section des appareils d’appui sur culées
S p la section des appareils d’appui sur piles
En utilisant la formule suivante, on obtient la dimension en plan des appareils d’appui sur pile.
En multipliant cette valeur par ξ, on obtient la dimension des appareils sur culée :
La norme NF EN 15129 [NF EN 15129 8.2.3.2] impose que les feuillets d’élastomère soient identiques et que des
plaques épaisses soit collées à chaud sur les feuillets externes. Cela correspond à un appareil d’appui de type C au
sens de la norme NF EN 1337-3.
Remarque :
À l’usage, il est rare de choisir du premier coup les bons appareils d’appui car certaines conditions sismiques sont
parfois contradictoires avec les conditions en service. Ce choix nécessite plusieurs itérations.
La masse à prendre en compte est la masse du tablier, soit M = 822 t (Y 2,1 = 0 pour un ouvrage à trafic normal)
[EC8-2 4.1.2(3)P].
La raideur du système comprend la raideur des piles et la raideur des appareils d’appui (Pour les ouvrages courants,
on néglige la souplesse des fondations, ce qui est sécuritaire du point de vue du calcul des efforts sismiques).
Les appareils d’appui sont des appareils d’appui en élastomère fretté à faible amortissement.
- - Module de cisaillement conventionnel : G g = 0,9 MPa [EC8-2 7.5.2.4(5)]
- - Valeur nominale du module de cisaillement : Gb = 1,1 x Gg =1,0 MPa
Les propriétés nominales des appareils d’appui peuvent être affectées par le vieillissement, la température,
le chargement cyclique (rugosité) la contamination et la course cumulée. Cette variabilité doit être prise en compte
en utilisant deux ensembles de propriété de calcul [EC8-2 7.5.2.4] :
- - UBDP, propriétés de calcul limites supérieures ;
- - LBDP, propriétés de calcul limites inférieures.
Deux analyses doivent être effectuées, une utilisant les valeurs hautes des propriétés (UBDP) conduisant généralement
aux efforts maximaux dans la structure et une autre utilisant les valeurs basses des propriétés (LBDP) conduisant
généralement aux déplacements maximaux du système d’isolation et du tablier.
Dans cet exemple, l’utilisation des UBDP conduisent aux efforts les plus importants tandis que l’utilisation des LBDP
conduisent aux déplacements les plus importants.
Pour les appareils d’appui en élastomère fretté à faible amortissement la variabilité des propriétés de calcul due au
vieillissement et à la température peut être prise comme suit [EC8-2 7.5.2.4(6)] :
- - LBDP, G b,min = Gb
- - UBDP, Gb,max = Fonction de Tmin,b
Avec Tmin,b la température minimale de l’appareil d’appui pour la situation sismique de calcul [EC8-2/NA clause J.1(2)]
T min,b = T0 - Y2 (T0 - Tmin) + DT1
T0 = 10°C
Y 2 = 0,5 [NF EN 1990/A1 Tableau A2.1]
DT 1 = 7,5°C (tablier en béton [EC8-2/NA clause J.1(2)]
T min = -30°C
T min,b = 10 - 0,5 x (10-(-30)) + 7,5 = -2,5°C
T min,b < 0°C , en l’absence de résultats d’essais appropriés la valeur de G b,max peut être déterminée à l’aide
des tableaux JJ.1 et JJ.2 de l’Eurocode 8-2 [EC8-2/A1 7.5.2.4(6)].
de l’appareil, Tq l’épaisseur totale d’élastomère et n le nombre d’appareils d’appui par élément porteur.
Les valeurs de Se(T) sont directement calculées à partir du spectre élastique de réponse :
LBDP : Se (T=0,98s) = 2,94 m/s²
UBDP : Se (T=0,92s) = 3,14 m/s²
La redistribution des efforts sur les appuis se fait au prorata des raideurs :
Ici, la souplesse du système provenant essentiellement des appareils d’appui, il n’y a pas lieu a priori de considérer
une éventuelle fissuration des piles. Ce point sera affiné a posteriori : réévaluation des déplacements sur la base de
l’inertie fissurée des piles calculée à partir du ferraillage retenu et du niveau de sollicitation obtenu.
Le déplacement de la tête de pile est calculé afin de déterminer le déplacement imposé à l’appareil d’appui. Ce dernier
est évalué avec Gb,min afin d’obtenir le plus grand déplacement.
Selon la géométrie décrite au §7 de cet exemple, la raideur latérale de l’ouvrage, correspondant à celle des deux
culées est :
Klat = 2.12EI/h3 = 2 x 12 x 34077 x 0,8 x 0,83/12/43 = 436,2 MN/m, conduisant à une période propre de :
T = 2p.(822/436200)1/2 = 0,27 s > 0,03 s, permettant de justifier l’application d’un coefficient de comportement q =1,5
[EC8-2 4.1.6(10) et 6.7.3(4)P].
En première approximation, les culées peuvent être considérées infiniment rigide par rapport aux appuis intermédiaires
équipés d’appareils d’appui souples en élastomère fretté.
L’analyse sismique se limite au calcul de la force s’appliquant sur chacune de ces butées. Pour cela, on applique à
la masse du tablier (822 t) une accélération égale au plateau du spectre de calcul Sd (4,80 m/s²), puis on répartit
celle-ci de manière égale sur les culées.
Les réactions d’appuis sous séisme vertical sont calculées à l’aide de l’équation : Ri = abmL avec :
Ri : la réaction d’appui à l’appui i,
a : le plateau du spectre vertical,
b : un paramètre dépendant de la réaction d’appui considérée et du rapport de travées,
m : la masse linéique du tablier,
L la longueur de la travée principale.
Dans le cas présent, l’ouvrage comporte 3 travées et peut être représenté par le schéma ci-dessous :
Pour un ouvrage de catégorie d’importance 3, situé en zone de sismicité 4, a = avg x 3 x h = 0,9 x 1,92 x 3 x 1 = 5,18 m/s²
Pour un ouvrage de 3 travées, avec un rapport de travées de 0,6 , le paramètre b vaut 0,24 sur culées et 0,48 sur piles.
Sur culée :
Sur pile :
3 - Piles
3.1 - Détermination des sollicitations
L’Eurocode 8-2 impose pour les ponts dont la résistance à l’action sismique est reprise par des appareils d’appui en
élastomère fretté de tenir compte des effets dus aux déformations imposées du tablier (température, retrait et fluage)
[EC8-2 5.5(3)P].
La variation de descente de charge due aux déformations imposées (0,5Tk + Diff) du tablier est :
DR0,5Tk+Diff = + 0,044 / - 0,071 MN
Les efforts sismiques au niveau de la connexion entre le tablier et la tête de pile sont :
F L = g Rd x g IS x 0,751 = 1,1 x 1,5 x 0,751 = 1,239 MN (composante longitudinale du séisme)
FT = 0 (composante transversale du séisme)
FV = 0,930 MN (composante verticale du séisme)
On remarque pour cet exemple que les efforts dus aux déformations imposées du tablier sont négligeables devant
ceux dus au séisme. Ils seront négligés dans la suite dans cet exemple.
Pour le calcul des actions inertielles propres du fût, on utilise le mode de pile (une pile est constituée de 2 fûts) et
la procédure décrite au 5.5.2.2 du chapitre 4.
Avec le spectre utilisé (cf. début de l’annexe), on trouve, pour T = 0,0632 s, S e= 7,2 m/s².
On applique cette accélération à l’ensemble du fût. La charge statique équivalente au chargement sismique s’en
déduit par :
p = Se x m où m = r S = masse linéique du fût.
donc p = 7,2 x 2500 x 2 = 36000 N / ml = 0,03600 MN / ml.
Une pile étant toujours très raide vis-à-vis des efforts normaux, on se place sur le plateau du spectre.
N pV = mp x Sve = (2500 x 0,8 x 2,5 x 5,5) x 5,18 = 142560 N = 0,143 MN
où m p est la masse totale de la pile et Sve la valeur correspondant au plateau du spectre d’accélération verticale.
Les efforts transversaux totaux se réduisent ici aux seules forces d’inertie dues à la vibration propre de la pile car
on a un tablier bloqué sur culée. On pourrait aussi considérer, suivant le type de technologie utilisée pour bloquer
transversalement le tablier, qu’il existe un certain débattement latéral du tablier. Alors, l’effort latéral serait obtenu
par produit de la rigidité des appareils d’appui et du déplacement latéral (= valeur du jeu). Nous considérons ici qu’il
n’y a pas de jeu sur les culées.
Les efforts sismiques sont découplés suivant les directions. On peut donc se limiter à 3 combinaisons de directions :
E1 = EL + 0,3 (ET + EV)
E2 = ET + 0,3 (EL + EV)
E3 = EV + 0,3 (EL + ET)
avec EL les effets de la composante longitudinale du séisme, ET les effets de la composante transversale et EV les effets
de la composante verticale (définis précédemment).
En pratique, l’EC8-2 n’imposant la vérification des piles sous séisme vertical que dans le cas de piles soumises à des
contraintes de flexion importantes dues aux actions permanentes du tablier [EC8-2 4.1.7(1)], on se limitera ici à l’étude
des combinaisons E1 et E2 suivante :
E1 = E L + 0,3 (ET + EV)
E2 = ET + 0,3 (EL + EV)
EL ET EV E1 E2
Effort horizontaux longitudinaux, VL 0,650 - - 0,650 0,195
Efforts horizontaux transversaux, VT - 0,198 - 0,059 0,198
Moment longitudinal, ML 3,451 - - 3,451 1,035
Moment transversal, MT - 0,545 - 0,163 0,545
Effort normal, N - - 0,486 0,146 0,146
où PP P est le poids propre de la pile : PPP = 0,8 x 2,5 x 5,5 x 0,025 = 0,275 MN.
On effectue le calcul en flexion composée (pas de flexion déviée avec M L, MT, VL et VT) [Chapitre 5 - 4.2]. On dimensionne
avec :
g c = 1,3 ; g s = 1,0 ; q = 1,0 ; gBd = 1,0 (flexion)
La combinaison (3) est dimensionnante. Les armatures longitudinales sont déterminées par un calcul de béton armée
à l’Eurocode 2 à l’ELU, avec N = 1,854 MN et M = 3,451 MN.m. Celui-ci donne As = 78,10 cm² ce qui est supérieur au
ferraillage minimal de flexion (As,min = 31,20cm²) [EC2-1-1 9.2.1.1(1)].
On disposera 16 HA 25 espacés de 163 mm sur chaque face soit une section d’acier de 78,54 cm² et M Rd = 3,475 MN.m
Par un calcul de béton armé on obtient pour cette section f u = 46,44.10 -3 (courbure ultime) et f y = 4,50.10 -3 (courbure
à la limite élastique) soit m f = f u / f y = 10,32 > 7 Il n’y a donc aucune disposition constructive de confinement à prévoir
et donc également aucune disposition constructive contre le flambement. Les seules dispositions constructives à
respecter sont celles de l’Eurocode 2.
Pour le calcul du ferraillage transversal, on majore les efforts tranchants par le coefficient de sécurité vis-à-vis du
risque de rupture fragile gBd1 = 1,25.
g Bd1.VEd < VRd,c , on dispose donc l’armature transversale minimum prévue par l’Eurocode 2. Le taux d’armature minimal
est donné par rw,min = (0,08.fck1/2) / fyk [EC2-1-1 9.2.2(5)].
r w,min=0,08 x 351/2/500 = 9,47.10-4 = Asw/(bw.s)
D’autre part il est recommandé d’utiliser des aciers de diamètre fT = 10 mm au minimum [Chapitre 6 - 6]. L’espacement
maximal est fixé par l’Eurocode 2.
s l,max = 0,75.d = 562 mm
s t,max = 0,75.d ≤ 600 mm = 562 mm
On choisit sl = 200 mm
Pour la direction longitudinale, on dispose au minimum 9,47.10-4 x 0,8 x 0,2 = 1,54 cm² par lit, soit 2 brins HA 10.
Pour la direction transversale, on dispose au minimum 9,47.10-4 x 2,5 x 0,2 = 4,73 cm² par lit, soit 7 brins HA 10.
On disposera 1 cadre général en HA 10 et 4 petits cadres en HA 10 en alternance avec 3 petits cadres en HA 10.
Le déplacement sismique doit être ré-évalué en tenant compte de la fissuration des différents éléments suivant
le niveau des sollicitations atteintes [EC8-2 2.3.6.1(5)] et [Chapitre 4 - 4.3.2.2].
Avec le ferraillage retenu (16 HA25 = 78,54 cm²), le moment ultime de la section M Rd = 3,475 MN.m. Pour l’effort
normal N ed = 1,854 MN, le moment à la limite élastique M y = 3,313 MN.m. Le moment sollicitant M ed = 3,451 MN.m
est supérieur à My, on ré-évalue donc le déplacement sismique sur la base de la courbure élastique.
Si le moment sollicitant M Ed était inférieur au moment élastique M y, les déplacements seraient ré-évalués à partir du
niveau de sollicitation obtenu dans la section.
Remarque :
La souplesse du système provenant essentiellement des appareils d’appui en élastomère, la prise compte de
la fissuration des piles augmente que très modérément le déplacement sismique. Il n’est pas donc pas nécessaire
de justifier les appareils d’appui sur la base de ce déplacement, en effet on peut considérer que cette augmentation
modéré du déplacement au niveau des culées est couverte pas le coefficient de fiabilité des appareils d’appui en
élastomère fretté gIS. En revanche, le souffle sismique sera évalué sur la base de ce déplacement (cf.§ 8 de cet exemple).
avec ,la distorsion due aux efforts normaux, la distorsion due aux efforts de cisaillement et
la distorsion due à la rotation angulaire.
La combinaison sismique la plus défavorable est la combinaison (séisme longitudinal + 0,3 séisme vertical).
• Distorsion due aux efforts normaux
où S est le coefficient de forme, a’ et b’ les dimensions en plan des frettes, ti l’épaisseur d’un feuillet d’élastomère,
Ned,max l’effort axial maximal sous l’action sismique de calcul, Ar l’aire efficace réduite, v x et v y le déplacement dû à
la température et aux actions différées et A’ l’aire des frettes.
avec aa,d l’angle de rotation autour de la largeur de l’appareil d’appui, ab,d l’angle de rotation autour de la longueur
de l’appareil d’appui en tenant compte d’un angle minimal de 0,003 radians dans chaque direction orthogonale
[NF EN 15129 8.2.3.3.2].
sur culée :
sur pile :
• Distorsion totale
• Vérification du flambement
Dans cet exemple la combinaison sismique la plus défavorable est la combinaison (0.3 séisme longitudinal + séisme
vertical)
[NF EN 15129 8.2.3.4.4]
avec Kp un coefficient de contrainte égal à 1,3, t 1 et t 2 l’épaisseur des feuillets d’élastomère de chaque côté de
la frette, K h =1 (frette sans trous), g m=1 un coefficient partiel de sécurité, A r l’aire réduite en ne tenant compte que
des déplacements non sismiques et f y la limite d’élasticité de l’acier égale à 235 MPa.
Remarque :
Généralement le séisme n’aura pas d’influence sur ce critère car la réaction verticale statique à l’ELU comprenant
les charges de services est le plus souvent supérieure à la réaction verticale dans la situation sismique de calcul.
• Glissement
En zone de sismicité non négligeable, il n’est généralement pas possible de vérifier les conditions de non glissement.
C’est pour cela que la norme NF EN 15129 impose que les appareils d’appui soient fixés mécaniquement à la structure
[NF EN 15129 8.1] et qu’elle ne prévoie pas de vérification pour ce critère.
On suppose dans cet exemple que les appareils d’appui sont fixés selon une méthode de fixation standard (boulonnage)
conformément à l’article 8.2.3.2 de la norme NF EN 15129.
Cependant si l’action sismique était suffisamment faible, cette vérification serait à réaliser suivant la norme NF EN
1337-3 en considérant la combinaison sismique la plus défavorable. Le calcul pour la vérification de ce critère est
présenté à titre illustratif.
Nous choisirons de considérer Ar = A’ pour calculer σm dans la vérification du second critère, dans la mesure où sous
sollicitation sismique l’appareil d’appui devrait passer par une position de déplacement nul.
La combinaison sismique la plus défavorable est la combinaison (séisme longitudinal + 0,3 séisme vertical).
Le calcul est présenté pour les propriétés LBDP des appareils d’appui (Gb,min). Dans cet exemple la combinaison sismique
la plus défavorable est la combinaison (séisme longitudinal + 0,3 séisme vertical)
La condition de non-glissement n’est pas vérifiée, confirmant ainsi la nécessité des dispositifs anti-cheminement.
Remarque :
Si les appareils sont fixés par des méthodes différentes que les méthodes standard au sens de le norme NF EN 15129,
par exemple par goujons ou par taquets anti-cheminement, il est nécessaire de vérifier la stabilité des appareils
d’appui vis-à-vis du roulement [NF EN 15129 8.2.3.4.5] et [Chapitre 5 - 5.4.3.5].
Les efforts à la base de la semelle dans la direction longitudinale incluent le coefficient de sur-résistance gRd = 1,1 et sont :
L T V E1 E2 E3
Effort horizontaux longitudinaux, VL 1,379 - - 1,379 0,414 0,414
Efforts horizontaux transversaux, VT - 0,605 - 0,182 0,605 0,182
Moment longitudinal, ML 8,193 - - 8,193 2,458 2,458
Moment transversal, MT - 1,503 - 0,451 1,503 0,451
Effort normal, N - - 1,011 0,303 0,303 1,011
1 2 3 4 5 6
Effort horizontaux longitudinaux, VL 1,379 0,414 0,414 1,379 0,414 0,414
Efforts horizontaux transversaux, VT 0,182 0,605 0,182 0,182 0,605 0,182
Moment longitudinal, ML 8,193 2,458 2,458 8,193 2,458 2,458
Moment transversal, MT 0,451 1,503 0,451 0,451 1,503 0,451
Effort normal, N 5,617 5,617 6,325 5,011 5,011 4,303
1 2 3 4 5 6
NEd 5,617 5,617 6,325 5,011 5,011 4,303
FRd 2,593 2,593 2,919 2,313 2,313 1,986
VEd 1,391 0,733 0,452 1,391 0,733 0,452
Vérification OK OK OK OK OK OK
a b c d e f m k k’ cT cM c’M b g
0,92 1,25 0,92 1,25 0,41 0,32 0,96 1 0,39 1,14 1,01 1,01 2,90 2,80
La valeur Nmax peut être déterminée à partir d’un modèle semi-empirique de type pressiométrique [NF P 94-261 9.8(1)],
[Chapitre 5 - 4.4.1] et [NF P 94-261 Annexe D].
La valeur de k p pour la détermination de N max doit correspondre à un encastrement nul (De = 0) [NF P 94-261 9.8.2].
Pour les sables et graves kp = 1 [NF P 94-261 Figure D.2.3].
Le calcul a montré que la combinaison la plus critique est la combinaison n°4. Le calcul est développé pour
cette combinaison.
Les dimensions initialement prévues de la semelle (12 x 5,3) ne permettent pas de justifier la non-rupture par perte
de capacité portante au sens du critère de l’Eurocode 8-5. Il n’est pas possible dans cet exemple de satisfaire ce critère
en conservant une largeur raisonnable pour la semelle. On serait amené à l’élargir à 10m. On préfèrera mettre en
oeuvre des fondations profondes.
Si une solution sur fondations superficielles avait pu être retenue, les efforts pour la détermination du ferraillage
auraient été obtenus de manière classique en considérant une distribution de contraintes constante, égale à s v;d
[NF P 94-261] et distribuée sur une longueur B’, conformément au schéma suivant.
L’eurocode 8 n’impose pas de dispositions constructives particulières pour les semelles de fondation.
Les efforts dans les fondations profondes peuvent provenir à la fois des effets inertiels de la structure et des effets
cinématiques. Dans le cadre de notre exemple l’interaction cinématique n’est pas à prendre en compte (sol de classe C)
[EC8-5 4.5.6 et 5.4.2(6)P]. Néanmoins le calcul des efforts en déplacements imposés (interaction cinématique) est
mené à titre illustratif.
Le calcul est réalisé conformément au §5.6.2 du chapitre 4 du guide. Le déplacement différentiel entre le rocher et
la surface du sol est égale à :
A défaut de valeur mesurée sur site de la vitesse V s des ondes de cisaillement, on utilisera les fourchettes de valeurs
proposées dans le tableau 3.1 de l’Eurcode 8-1. On prendra la valeur minimale de Vs,max car elle correspond au sol
le plus souple et entraîne donc les efforts maxima dans les pieux.
V s,max = 180 M.s -1
L’équation de la déformée de la colonne de sol (et donc aussi celle du pieu) est : u(z) = dmax cos(pz/2Hs)
Le moment dans le pieu est obtenu en dérivant deux fois l’équation de la déformée et en multipliant par la rigidité
de flexion EI :
On utilise un béton C35/45 pour les pieux, donc E = 34077 MPa, et I = 0,189 m4.
Ce moment représente l’action sismique dans une direction. On peut le cumuler avec un moment dans la direction
orthogonale qui vaut 0,3 x 1,590 = 0,477 MN.m.
Pour le calcul des efforts, on modélise les pieux par des éléments de barres sur appui élastoplastique (palier plastique
non atteint pour cet exemple) avec un logiciel de calcul de structures. On applique au sommet des pieux le torseur
d’efforts calculé en base de la semelle (voir précédemment). Afin de tenir compte simultanément des trois directions
de séisme on réalise un modèle 3D sur lequel on vient appliquer le torseur d’efforts avec les 5 composantes.
Les efforts à appliquer sur les pieux sont : les efforts inertiels du tablier + efforts inertiels de la pile + efforts inertiels
de la semelle des pieux.
3 4 6
Effort horizontaux longitudinaux, VL 0,394 1,313 0,394
Efforts horizontaux transversaux, VT 0,130 0,130 0,130
Moment longitudinal, ML 2,457 8,190 2,457
Moment transversal, MT 0,446 0,446 0,446
Effort normal, N 6,292 5,020 4,336
On néglige le terrain sur hauteur égale à deux fois le diamètre du pieux à partir du bas de la semelle [Chapitre 4 - 5.6.1].
Comme les pieux sont circulaires, on cumule quadratiquement les efforts internes dans les pieux (moments fléchissant
et effort tranchant) calculés suivant les deux directions horizontales.
Les résultats du calcul pour le pieu le plus défavorable (avec l’effort normal le plus important pour la combinaison 3
et l’effort normal le plus faible pour les combinaison 4 et 6), sont présentés dans le tableau ci-dessous. Pour chaque
valeur d’effort, on précise à quelle distance, x, par rapport à la face inférieure de la semelle, se trouve la section
la plus défavorable
3 4 6
N 3,30 2,36 2,02
Vmax 0,39 1,28 0,39
x(Vmax) 5,76 5,76 5,76
Mmax 1,82 6,01 1,82
x(Mmax) 3,2 3,2 3,2
On majore le moment fléchissant pour tenir compte de l’excentricité de l’effort normal qui vaut 0,1.D pour des pieux
dont le diamètre est compris entre 1,0 et 1,5m [NF EN 1536]
On dimensionne donc le ferraillage des pieux pour : N = 2,36 M, V = 1,28 MN, M = 6,01 + 2,36 x 0,14 = 6,34 MN.m
La norme NF P 94-262 fixe la valeur des différents coefficients [NF P 94-262 6.4.1 et annexe Q]. Pour les ponts
C max = 25 MPa. Les pieux sont forés, donc k1 = 1,30. Les dimensions des pieux sont telles que k2 = 1,0. On considère
que le contrôle est renforcé, k3 = 1,2.
Le calcul du ferraillage conduit à disposer 28 HA 32 espacés de 136 mm. Ceci représente un ratio de 1,46 %, ce qui
est supérieur au minimum de 0,25 %. L’espacement est assez faible et proche de la limite basse (100 mm) indiquée
dans l’annexe Q de la norme NF 94-262 .
Concernant le ferraillage longitudinal il n’y a pas de dispositions constructives particulières imposés par l’Eurocode 8-2.
VRd,c/(g Bd1. g Rd) = 0,68/(1,25 x 1,1) = 0,49 MN < VEd = 1,28 MN. On doit donc disposer des armatures d’effort tranchant.
• Armature de confinement :
L’Eurocode 8-2 définit la quantité d’armatures de confinement par le rapport mécanique d’armatures :
w wd = rw. fyd / fcd [EC8-2 Eq. 6.3]
La quantité minimale d’armatures de confinement doit alors être déterminée comme suit pour des cadres ciculaire :
avec : w w,req = Ac/Acc l hk + 0,13 fyd/fcd (rL -0,01) [EC8-2 Eq. 6.7]
En utilisant des cerces en HA 16, on obtient sl,max = 4.Asp /( Dsp .rw,c) = (4 x p x 0,0162/4)/(1,29 x 0,0043) = 0,147 cm.
Pour le confinement des zones critiques on retient des cerces HA 16 espacées de 15 cm.
L’espacement maximal des armatures transversales pour se prémunir du flambement des armatures longitudinales
est défini par :
On disposera finalement des cerces HA16 espacées de 15 cm dans les zones critiques et des cerces HA16 espacées
de 35 cm en zone courante. De plus, on observera sur une hauteur égale au diamètre du pieux de part et d’autre
des zones critiques, une zone de transition où on espacera les cerces de 30 cm [EC8-2 6.2.1.5.4(P)].
Les pieux sont forés tubés et le sol est un sable, le facteur de portance kp est pris égale à 1,1.
Rb;k = Abqb = Abkp p*le = 1,539 x 1,1 x 3 = 5,079 MN
L’effort mobilisable par frottement dans le sable est Rs;k = Ps qs L = 1,4 p qs 14 = 61,57 qs
et dans la roche Rs;k = P qs L = 1,4 p qs 2 = 8,80 qs
qs = apieu-sol.fsol(ple*)
On considère la courbe Q2 pour le sable et Q5 pour le rocher [NF P 94-262 Tableau F.5.2.2].
Les vérifications dans les deux directions pouvant être effectuées de manière indépendante [Chapitre 5 - 4.3], seule
la vérification dans le sens longitudinal est présentée dans cet exemple, la vérification dans le sens transversal étant
similaire.
Nous nous limitons donc à déterminer les sollicitations au niveau des deux sections de dimensionnement avec
les efforts sismiques dirigés vers le tablier.
Enfin, le volume de terre au dessus de la semelle conduit à un effort vertical de 2,619 MN et un moment de 0,110 MN.m
au niveau de la semelle (voir schéma plus loin).
• Combinaison d’efforts en statique :
- - Au niveau du pied des poteaux
N V M
Poussée statique - -0,204 -1,266
Poids propre culée 1,813 - 0,631
Réaction d’appui du tablier 0,887 - 0,444
Poids des terres sur la semelle 2,619 - 0,110
Total 5,319 -0,204 -0,082
Pour ce calcul on décompose la culée en volumes élémentaires. Les forces sismiques horizontales et verticales sont
calculées avec
Fh = m agS et Fv = m avg où m est la masse de l’élément.
- - Composante horizontale du séisme, en pieds de poteaux (soit les moments par rapport au point X = 0 ; Z = 1,6)
Z F M
Corbeau des joints de chaussée 7,300 0,007 0,041
Mur garde grève 6,900 0,011 0,058
Sommier 6,100 0,181 0,816
Poteaux 3,600 0,037 0,074
Total (Vhc , Mhc) en pied de poteaux 0,236 0,989
- - Composante verticale du séisme, en pieds de poteaux (soit les moments par rapport au point X = 0 ; Z = 1,6)
X F M
Corbeau des joints de chaussée 1,000 0,004 0,004
Mur garde grève 1,100 0,007 0,007
Sommier 0,400 0,109 0,044
Poteaux 0,000 0,022 0,000
Total (Nvc , Mvc) en pied de poteaux 0,142 0,055
- - Composante horizontale du séisme, niveau inférieur des semelles (soit les moments par rapport au point X = 0 ;
Z = 0)
Z F M
Corbeau des joints de chaussée 7,300 0,007 0,053
Mur garde grève 6,900 0,011 0,075
Sommier 6,100 0,181 1,107
Poteaux 3,600 0,037 0,133
Longrine 1,200 0,045 0,054
Semelle 0,400 0,173 0,069
Total (Vhc , Mhc) en base semelle 0,454 1,491
X F M
Corbeau des joints de chaussée 1,000 0,004 0,004
Mur garde grève 1,100 0,007 0,007
Sommier 0,400 0,109 0,044
Poteaux 0,000 0,022 0,000
Longrine 0,000 0,027 0,000
Semelle 0,000 0,104 0,000
Total (Nvc , Mvc) en base semelle 0,273 0,055
1 2 3
A noter que la partie 5 représente la partie de la dalle de transition qui est appuyée sur la culée, qui doit donc être
comptée en béton (masse volumique de 2 500 kg / m 3) contrairement aux autres domaines représentant le sol (masse
volumique de 2 000 kg / m 3).
X Z m Fh Fv Mh Mv
1 0,20 3,60 0,0269 0,077 0,046 0,279 0,009
2 0,45 3,60 0,008 0,023 0,014 0,083 0,006
3 1,00 3,20 0,096 0,276 0,166 0,885 0,166
4 1,45 6,10 0,002 0,006 0,003 0,035 0,005
5 1,35 6,70 0,0015 0,004 0,003 0,029 0,003
6 1,35 7,10 0,0048 0,014 0,008 0,098 0,011
Total 1,392 0,401 0,241 1,409 0,201
D‘où Fhe = 0,401 MN, Fve = 0,241 MN, Mhe = 1,409 MN.m et Mve = 0,201 MN.m
Le point de calcul des efforts pour le pied des poteaux est X = 0 ; Z = 1,6 et pour la semelle X = 0 ; Z = 0. L’effort
provenant du tablier tient compte du coefficient de fiabilité gIS sur les appareils d’appui en élastomère fretté et du
coefficient de sur-résistance g Rd.
On obtient l’incrément dynamique de poussée active en soustrayant la poussée active statique des terres (½ g H² Ka)
calculée précédemment à la poussée dynamique globale (F ad = ½ g H² (1±s v) Kad).
DF ad = ½ g H² [(1+s v)Kad - Ka] = 0,213 MN/ml DFad = ½ g H² [(1-s v)Kad - Ka] = 0,170 MN/ml
H étant la hauteur totale de l’écran fictif soit 7,4 m et Ka = 0,333. On divise cette force par H pour obtenir la pression
sur l’écran fictif :
Pour le calcul des poteaux, on applique cette pression sur toutes les surfaces qui s’opposent à la rupture du coin de sol.
Pour les poteaux, on multiplie la surface des poteaux par 3, afin de tenir compte de la diffusion des efforts sismiques
[Chapitre 5 - 4.3].
Z S Fs Ms Z S Fs Ms
Sommier 6,5 22,68 0,652 3,194 6,5 22,68 0,521 2,551
Poteaux 3,6 19,20 0,552 1,104 3,6 19,2 0,441 0,882
Total 1,204 4,298 0,961 3,433
Les actions inertielles étant toutes dans la même direction, il est intéressant de les considérer en même temps.
Ces actions sont celles de la masse de la culée, du sol sur la semelle et du coin de sol entrant en rupture (Mononobé-
Okabé).
et Nhi = 0
- - Composante horizontale du séisme concomitant avec la composante ascendante du séisme
et Nhi = 0
- - Composante verticale du séisme (Mononobé-Okabé s’excerce uniquement horizontalement)
et Vhi = 0
• Combinaison des actions par direction :
F = Fi + Ft
-- Composante horizontale concomitante à la composante descendante du séisme
Vhi Vht M hi M ht Vh Mh
Poteau 1,440 0,889 5,287 3,023 2,329 8,311
Semelle 2,982 0,889 10,769 5,869 3,871 16,638
et Nh = 0
- - Composante horizontale concomitante à la composante ascendante du séisme
Vhi V ht M hi Mht Vh Mh
Poteau 1,198 0,889 4,422 3,023 2,087 7,445
Semelle 2,554 0,889 9,185 5,869 3,443 15,054
et Nh = 0
- - Composante verticale
Nvi Nvt M vi M vt Nv Mv
Poteau 0,142 0,465 0,055 0,232 0,607 0,288
Semelle 0,513 0,465 0,256 0,232 0,978 0,489
et Vh = 0
On s’intéresse aux combinaisons prépondérantes, soit pour le calcul du ferraillage et pour la vérification de la semelle
(1) Composante longitudinale + 0,3 composante verticale + Pperm,moy
(2) Composante longitudinale - 0,3 composante verticale + Pperm,moy
(3) Composante verticale + 0,3 composante horizontale + Pperm,moy
(4) Composante verticale + 0,3 composante horizontale + Pperm,moy
La composante transversale n’est pas étudiée pour les raisons énoncées précédemment.
- - En pieds de poteaux
P erm Fh Fv Combinaison
Nperm Vperm Mperm Nh Vh Mh Nv Vv Mv N V M
(1),Perm,moy-H+0,3V 1,948 -0,204 0,136 0 2,329 6,329 0,607 0 0,288 2,130 -2,533 -6,107
(2),Perm, moy -H-0,3V 1,948 -0,204 0,136 0 2,087 5,780 0,607 0 0,288 1,766 -2,291 -5,731
(3),Perm, moy +V-0,3H 1,948 -0,204 0,136 0 2,329 6,329 0,607 0 0,288 2,555 -0,903 -1,476
(4), Perm, moy - V-0,3H 1,948 -0,204 0,136 0 2,087 5,780 0,607 0 0,288 1,341 -0,830 -1,886
Perm Fh Fv Combinaison
Nperm Vperm Mperm Nh Vh Mh Nv Vv Mv N V M
(1),Perm,moy-H+0,3V 5,319 -0,204 -0,082 0 3,871 16,638 0,978 0 0,489 5,612 -4,075 -16,573
(2),Perm,moy-H-0,3V 5,319 -0,204 -0,082 0 3,443 15,054 0,978 0 0,489 5,026 -3,647 -15,282
(3),Perm,moy+V-0,3H 5,319 -0,204 -0,082 0 3,871 16,638 0,978 0 0,489 6,297 -1,365 -4,584
(4),Perm,moy- V-0,3H 5,319 -0,204 -0,082 0 3,443 15,054 0,978 0 0,489 4,341 -1,237 -5,086
Pour le calcul des armatures longitudinales des poteaux, les combinaisons (1) et (2) sont dimensionnantes. Avec
un calcul ELU à l’Eurocode 2 en flexion composée (g c = 1,3, g s = 1,0) on est conduit à disposer 5 paquets de 2 HA 32
par face, espacés de 140 mm. Ceci représente un pourcentage volumique de 2,51 %, inférieur au maximum de 4 %
imposé par l’Eurocode 2.
Pour le ferraillage transversal d’effort tranchant, les combinaisons I et II sont également dimensionnantes. On minore
la résistance par le coefficient de sécurité vis-à-vis du risque de rupture fragile de rupture fragile gBd1 = 1,25.
Pour cette section fu = 26,90.10-3 et fy = 5,40.10-3 soit mf = fu / fy = 4,98 < 7 et MRd < 1,3Med. Des dispositions constructives
pour le confinement et pour éviter le flambement des armatures longitudinales sont à prévoir.
• Armature de confinement :
w wd,r > max ( ww,req, 2/3 ww,min) = max( ww,req, 0,08) = 0,08
ww,req = Ac/Acc 0,28h k + 0,13 fyd/fcd (rL -0,01) = 0,64/0,56 x 0,28 x 0,048 +0,13 x 500/26,92 x (0,025-0,01) = 0,052
r w,r > w w,r.fcd / fyd = 0,08 x 26,92 / 500 = 0,0043
Asw/sl = rw,r x b = 0,0043 x 0,75 = 32,31 cm²/m
où - d bl représente le diamètre des armatures longitudinales.
- [EC8-2 Eq. 6.9]
soit s L ≤ 5 x 0,032 = 0,16m
On cumule les efforts concomitants dans les deux directions de manière quadratique :
1 2
NEd 6,237 5,651
FRd 2,879 2,608
VEd 4,075 3,647
Vérification NON NON
La condition de non glissement n’est pas vérifiée. Il y a lieu d’envisager la création d’une bêche ou alors de passer
en fondations profondes.
avec
a b c d e f m k k’ cT cM c’M b g
0,92 1,25 0,92 1,25 0,41 0,32 0,96 1 0,39 1,14 1,01 1,01 0,92 1,25
La valeur Nmax peut être déterminée à partir d’un modèle semi-empirique de type pressiométrique [NF P 94-261 9.8(1)],
[Chapitre 5 - 4.4.1] et [NF P 94-261 Annexe D].
La valeur de k p pour la détermination de N max doit correspondre à un encastrement nul (De = 0) [NF P 94-261 9.8.2].
Pour les sables et graves kp = 1 [NF P 94-261 Figure D.2.3].
Donc
Le calcul a montré que la combinaison la plus critique est la combinaison n°1. Le calcul est développé pour
cette combinaison.
L’élargissement de la semelle pour la vérification de ce critère n’est pas réaliste (plusieurs dizaines de mètres).
La solution sur semelle superficielle n’est donc pas envisageable pour cet exemple. Il y a lieu d’envisager une solution
avec fondations profondes. La démarche est identique à ce qui a été fait précédemment pour les fondations profondes
des piles centrales.
Compte tenu de la longueur de l’ouvrage relativement modeste, les déplacements thermiques sont faibles par rapport
aux déplacements sismiques, et le souffle sismique devrait être dimensionnant par rapport au souffle de service pour
les joints de chaussée. Pour ces éléments de structure moins importants, l’eurocode permet néanmoins d’envisager
leur rupture en cas de séisme à condition de prévoir la possibilité de réparation et de les dimensionner de telle manière
qu’ils résistent à des séismes fréquents [EC8-2 2.3.6.3(5)]. Cependant, un tel choix de dimensionnement conduit à
devoir concevoir des zones fusibles au niveau du garde grève afin de ne pas bloquer les déplacements du tablier et
limiter les efforts transmis aux fondations lors des séismes les plus forts (cf.§ 9 de cet exemple).
Le ferraillage du garde grève fusible est déterminé par les efforts de freinage sur le garde-grève, à l’ELU. On choisit
un fusible à plan incliné dont la géométrie est la suivante :
On peut supposer un léger glissement horizontal du coin fusible. On n’a donc pas de frottement sur la face inclinée
et tous les efforts verticaux sont repris par la face horizontale. Le déplacement vertical du fusible est empêché par
le poids propre et par la charge de l’essieu du tandem du LM1. Les aciers travaillent uniquement au cisaillement.
PPP = ( 0,2 x ( 0,2 + 0,10 ) / 2 + 0,2 x 0,2 ) x 12,6 x 0,025 = 0,022 MN (poids propre du coin fusible)
R V = PLM1 + PPP ; RV = 1,35 x 0,270 + 0,022 = 0,386 MN ; RH = 0.7 x 0,386 = 0,271 MN
F LM1 = 1,35 x 60 % aQ1 Q1k = 1,35 x 0,6 x 0,9 x 0,300 = 0,219 MN [EC1-2 4.9.2(2)]
Donc RAC = 0,219 - 0,271 = -0,052 MN
L’équilibre statique est vérifié.
Dans le sens du basculement vers le tablier, la hauteur du corbeau est de 20 cm et le bras de levier des armatures est
de 35 cm. Alors l’équilibre entre l’effort résistant et l’effort sollicitant donne
0,20 x FLM1 = 0,35 x S x fyk / g s + PPP x 0,181 donc S = 557 mm²
Dans l’autre sens, le bras de levier de la force de freinage est de 10 cm. L’équilibre s’exprime alors
0,10 x FLM1 = 0,35 x S x fyk / g s + PPP x 0,110 donc S = 272 mm²
On placera donc deux nappes d’acier doux f 10 mm espacées de 1,50 m pour l’armature coté sol et tous les 3 m pour
l’autre nappe (coté tablier) soit 1100 mm² au total.
La force sismique rencontrant le plan incliné crée une force verticale. Cette force est entièrement reprise par les barres
AC(1) et AC(2) sous forme d’effort normal, ainsi que par une partie du frottement.
L’effort horizontal est quant à lui repris pour partie par le cisaillement des barres AC(1) et AC(2) sous forme de
cisaillement, ainsi que par le frottement béton/béton.
L’effort normal dans les barres tend à diminuer la résistance de celles-ci au cisaillement (Von Mises), il est donc
sécuritaire de l’omettre dans les calculs (la prise en compte entrainerait un coût de calcul qui ne serait pas à l’échelle
du problème).
On néglige aussi le poids propre du coin fusible. L’équilibre entre la résistance au cisaillement et la sollicitation s’écrit :
Pour tenir compte de la sollicitation tangentielle sur l’acier, on considère un facteur de 0,577. Le facteur 1,5 tient
compte de la surcapacité éventuelle des armatures d’acier doux qui augmente l’effort transmis aux fondations. j est
l’angle du pan incliné et vaut 26,57°.
Donc F s = 0,326 MN qui reste inférieure à la valeur provenant du tablier (0,539 MN) et dont le moment dans les
poteaux et au niveau de la semelle est aussi inférieur au moment créé par la force sismique en l’absence de choc. Si
l’on veut de surcroît éviter toute rupture dans le garde grève, il convient de dimensionner l’armature au dessous du
coin fusible en capacité (ce qui revient à surdimensionner le mur garde grève).
1 - Description de l’ouvrage
1.1 - Remarques préliminaires concernant les unités et le repère de calcul
Les unités utilisées sont les suivantes :
• longueurs en mètres (m) ;
• masses en tonnes (t) ;
• forces en méga-Newtons (MN) ;
• contraintes en méga-Pascals (MPa).
Le système d’axes principaux est défini de la façon suivante, de façon à s’adapter aux conventions par défaut du
logiciel utilisé pour les calculs :
• X-X : axe longitudinal (parallèle à l’axe de l’ouvrage) ;
• Y-Y : axe vertical ;
• Z-Z : axe transversal (perpendiculaire à l’axe de l’ouvrage).
L’ouvrage est un pont mixte de hauteur constante d’une longueur totale entre culées de 200 m répartie en 3 travées
symétriques : 60 m - 80 m - 60 m. Pour cet exemple, on a considéré des abouts d’une longueur de 0,5 m à chaque
extrémité.
S’agissant d’un exemple théorique, les hypothèses simplificatrices suivantes ont été faites :
• le tracé en plan est rectiligne,
• l’extrados est plat,
• l’ouvrage est droit,
• les poutres métalliques sont de hauteur constantes : 2800 mm.
Travure du Projet
La coupe transversale de la dalle et des superstructures est symétrique par rapport à l’axe de l’ouvrage. La dalle
présente un profil en toit avec un dévers en toit de 2,5 %. Sa largeur totale atteint 12,00 m et son épaisseur moyenne
est de 0,325 m. Le centre de gravité de la dalle se situe à 0,251 m au dessus de la semelle supérieure des poutres
métalliques.
L’entraxe des poutres métalliques vaut 7 m pour 2,5 m d’encorbellement de dalle de part et d’autre.
Le profil en travers comprend une chaussée bidirectionnelle à 2 voies de 3,50 m bordées de chaque côté par une BDD
de 2,00 m et une longrine de BN4 de 0,50 m, soit une largeur totale de 12,00 m.
Profil en travers
La répartition matière des poutres et éléments transversaux est identique à celle présentée dans le guide méthodologique
« Eurocodes 3 et 4 - Application aux ponts-routes mixtes acier-béton » du Sétra auquel il conviendra de se référer
pour davantage de détails.
Chaque poutre principale a une hauteur constante de 2,80 m. La semelle inférieure a une largeur de 1200 mm contre
1000mm pour la semelle supérieure.
Les poutres principales sont entretoisées sur culées et appuis intermédiaires, ainsi que tous les 7,5 m en travées de rive
(C0-P1 et P2-C3) et tous les 8 m en travée centrale (P1-P2). Les entretoises courantes sont constituées de profilés laminés
du commerce IPE600 alors que les entretoises sur appuis sont des profilés reconstitués soudés (P.R.S.). Des montants
verticaux en T complètent l’ossature métallique au niveau des jonctions entre poutres principales et entretoises. Sur
appuis, ces montants sont doublés et soudés sur la semelle inférieure alors qu’en travée, leur semelle présente une
découpe en V pour des raisons de fatigue.
Annexe 2 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont mixte sur appareils d’appui en élastomère fretté 279
Position des éléments transversaux en travée (cf. guide EC3/4)
Chaque pile est supposée constituée d’un fût circulaire de 3 m de diamètre surmonté d’un chevêtre de section carrée
de 2 m x 2 m d’une longueur horizontale de 8,5 m.
La distance entre la base du fût et le dessus des chevêtres est de 3 m pour les culées (C0 et C3) et 15 m pour les
piles (P1 et P2).
Remarque :
Dans le cadre de cet exemple, pour des raisons de simplification, les fondations sont supposées infiniment rigides,
ce qui conduit à considérer les piles et les culées comme parfaitement encastrées dans le sol (cette hypothèse est
sécuritaire du point de vue des efforts mais potentiellement non conservative du point de vue des déplacements).
Dans le cadre d’une étude opérationnelle, il conviendrait de modéliser les fondations et l’interaction sol/structure et
d’évaluer plus finement leur souplesse.
Le tablier repose sur des appareils d’appui en élastomère fretté dont nous avons déterminé les caractéristiques à
partir d’un dimensionnement en service selon la norme NF EN 1337-3. Les dimensions des appareils d’appui obtenus
sont les suivantes :
- - Sur culées : 400 x 600 ; 8(12 + 4) ; 2 x 6 avec dispositif anti-cheminement en partie supérieure
- - Sur piles : 700 x 800 ; 4(16 + 5) ; 2 x 8
Remarque :
Il n’est pas nécessaire de tenir compte de la variabilité du module de cisaillement pour l’analyse spectrale multimodale
lorque celle ci à une influence inférieure à 15 % sur le déplacement sismique résultant de l’analyse par le mode
fondamental [EC8-2 7.5.2.4] et [Chapitre 4 - 4.3.4.1.1]. Ce qui a été vérifié dans le cadre de cet exemple.
On tient compte des efforts verticaux totaux mais pas de la rotation totale sur appui puisque nous supposerons
l’ouvrage posé sur ses appuis définitifs seulement après le coulage de la dalle (seule la rotation induite par le retrait
et le fluage de la dalle est prise en compte).
Remarque :
Une majoration de 20°C est introduite dans les formules afin que la probabilité que les appareils d’appui ne sortent
de leur plaque de glissement reste très faible et car on considère que la procédure de pose ne tient pas compte de
la température réelle de la structure (+10°C).
Les composantes des températures extrêmes du pont se déduisent des températures extrêmes de l’air sous abris de
la manière suivante pour un pont de type 2 (tablier mixte) situé en France métropolitaine :
Te,min = Tmin + DTe,min = Tmin + 5
Te,max = Tmax + DTe,max = Tmax + 4 [EC1-1-5/NA 6.1.3.1(4)]
L’ouvrage étant supposé situé dans le département des Bouches-du-Rhône, l’annexe nationale à la NF EN 1991-1-5
fournit les valeurs caractéristiques de température suivantes :
Tmin = -15°C
T max = 40°C [EC1-1-5/NA 6.1.3.2]
Annexe 2 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont mixte sur appareils d’appui en élastomère fretté 281
Les déplacements maximaux dus aux dilatations thermiques sont déterminés en considérant le point fixe au centre
de l’ouvrage et le coefficient de dilatation défini à l’article 5.4.2.5 de la norme NF EN 1994-2 :
- - Pour les appareils d’appui sur culée :
v x = 100 x 1,2.10-5 x 54 = 0,0648 m
- - Pour les appareils d’appui sur pile :
v x = 40 x 1,2.10-5 x 54 = 0,0259 m
Pour tenir compte de la simultanéité de la composante uniforme et du gradient thermique, on utilise les combinaisons
d’actions suivantes :
0,75 DTM + DTN
DTM + 0,35 DTN [EC1-1-5 6.1.5]
3 - Dimensionnement sismique
3.1 - Hypothèses sismiques
L’ouvrage est supposé implanté dans les Bouches-du-Rhône (13) sur la commune de Lançon-Provence, soit en zone 4,
dite de sismicité moyenne, au sens du nouveau zonage sismique national officialisé par la publication du décret
n° 2010-1255 du 22 août 2010 portant sur la délimitation des zones de sismicité du territoire français.
L’ouvrage, se situant sur une route nationale, est considéré comme appartenant à la catégorie d’importance III au
sens de l’arrêté du 26 octobre 2011 relatif à la classification et aux règles de construction parasismique applicables
aux ponts de la classe dite « à risque normal ».
La classe de sol est la classe B (sols granulaires sur-consolidés sur plusieurs dizaines de mètres d’épaisseur).
Le coefficient topographique S T est égal à 1,0 (zone de plaine).
Le dimensionnement de l’ouvrage est donc basé sur un comportement élastique (q=1), ce qui signifie que les
matériaux constitutifs de la structure restent dans le domaine élastique et que l’effet du séisme de référence n’est
pas de nature à endommager notablement l’ouvrage (ouvrage quasi-intact à l’issue du tremblement de terre).
Les appareils d’appui en élastomère à faible amortissement sont justifiés selon la norme NF EN 15129 « Dispositifs
anti-sismiques » en considérant un coefficient de fiabilité g IS = 1,5. Par conséquent, il n’est pas prévu l’emploi de
L’arrêté du 26 octobre 2011 relatif à la classification et aux règles de construction parasismique applicables aux ponts
de la classe dite « à risque normal » fixe le niveau d’accélération caractéristique de référence pour la zone 4 (sismicité
moyenne) à ag = 1,6 m/s2 et le coefficient d’importance pour la catégorie d’importance III à g I = 1,2.
Pour le séisme vertical et pour les régions de sismicité faible à moyenne (France métropolitaine), l’accélération à
prendre en compte selon ce même projet d’arrêté est avg = 0,9 ag = 1,73 m/s2.
Pour l’analyse dans la direction verticale, le coefficient de comportement doit être pris égal à q = 1,0
[EC8-2 4.1.6(12)P].
S TB TC TD
Pour des piles en béton armé, le coefficient d’amortissement critique est pris égal à x_=_5 %.
Enfin, compte tenu des hypothèses de modélisation retenues (souplesse des fondations négligées, calcul sur la base
des inerties brutes de coffrage sans prise en compte de la fissuration), nous recommandons de prolonger le plateau
du spectre horizontal jusqu’à l’origine.
Les spectres de réponse ci-dessus tiennent compte de la catégorie d’importance de l’ouvrage, de la zone de sismicité
ainsi que de la classe de sol.
Annexe 2 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont mixte sur appareils d’appui en élastomère fretté 283
• Spectre horizontal :
• Spectre vertical :
Les efforts sismiques sont déterminés à partir d’une modélisation de la structure, à l’aide d’un logiciel de calcul
dynamique aux Eléments Finis.
Soit un appareil d’appui de dimension a x b constitué de n feuillets intermédiaires d’épaisseur ti et de feuillets externes
d’épaisseur e
Les raideurs des appareils d’appuis en élastomère fretté sont déterminées conformément à la norme NF EN 1337 3 (mêmes
notations) :
• Raideur selon la normale à l’appareil (axe x) :
Annexe 2 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont mixte sur appareils d’appui en élastomère fretté 285
Avec : Ks(x) = 26,2.e-1,2785 ln(s) + 60
Nous cherchons à déterminer les caractéristiques d’une barre dont le comportement serait similaire à celui de l’appareil
d’appui.
Nous cherchons à déterminer Sx, Sy, Sz (section droite et sections réduites à l’effort tranchant) ainsi que Ix, Iy , Iz (inertie
de torsion et inerties de flexion).
Nous déterminons le déplacement en extrémité de la barre fictive sous l’effet des efforts Fx, Fy et Mz :
Par analogie, on détermine l’ensemble des caractéristiques de la barre fictive modélisant un appareil d’appui :
Les 40 premiers modes propres de la structure sont déterminés en considérant la masse permanente de la structure
(appuis et tablier avec les valeurs nominales des superstructures).
Pour chacun des modes, l’amortissement équivalent est déterminé par le logiciel en fonction des matériaux les plus
sollicités.
Annexe 2 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont mixte sur appareils d’appui en élastomère fretté 287
Grandeurs des modes propres Masses Modales
A partir des spectres d’accélérations définis précédemment et d’une analyse multimodale appliquant une méthode
CQC prenant en compte un mode résiduel, on obtient les efforts et déformations sous séisme longitudinal.
Le repère local des fûts et des appareils d’appui est tel que :
Les efforts en pied des différents fûts et au niveau des appareils d’appui sont :
C0 P1 P2 C3
C0 P1 P2 C3
Tête culée Tablier Tête pile Tablier Tête pile Tablier Tête culée Tablier
DX (cm) 0,01 8,30 1,16 8,29 1,16 8,29 0,01 8,30
Mode n° 2
Annexe 2 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont mixte sur appareils d’appui en élastomère fretté 289
Mode n° 17
A partir des spectres d’accélérations définis précédemment et d’une analyse multimodale appliquant une méthode
CQC prenant en compte un mode résiduel, on obtient les efforts et déformations sous séisme transversal.
Les efforts en pied des différents fûts et au niveau des appareils d’appui sont :
C0 P1 P2 C3
C0 P1 P2 C3
Tête culée Tablier Tête pile Tablier Tête pile Tablier Tête culée Tablier
DZ (cm) 0,01 8,02 1,16 8,25 1,16 8,25 0,01 8,02
Mode n° 1
Mode n° 14
Annexe 2 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont mixte sur appareils d’appui en élastomère fretté 291
Mode n° 18
Mode n° 39
A partir des spectres d’accélérations définis précédemment et d’une analyse multimodale appliquant une méthode
CQC prenant en compte un mode résiduel, on obtient les efforts et déformations sous séisme vertical.
Les efforts en pied des différents fûts et au niveau des appareils d’appui sont :
C0 P1 P2 C3
Annexe 2 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont mixte sur appareils d’appui en élastomère fretté 293
Mode n° 10
Mode n° 23
Les effets du séisme selon les trois directions principales sont combinés en définissant une direction de séisme
prépondérante (affectée d’un coefficient pondérateur égal à 1) et deux directions concomitantes (affectées
d’un coefficient de 0,3) ; ce qui conduit finalement aux trois types de combinaisons suivantes (24 combinaisons au total) :
E1 = EL ± 0,3 ET ± 0,3 EV
E2 = ET ± 0,3 EL ± 0,3 EV
E3 = EV ± 0,3 EL ± 0,3 ET
Où EL, ET et EV représentent respectivement les effets des séismes longitudinal, transversal et vertical.
Où Gk représente l’ensemble des actions permanentes moyennes (poids propres et superstructures calculées avec leurs
valeurs nominales) et A Ed l’enveloppe des combinaisons E1, E2 et E3.
L’Eurocode 8-2 [EC8-2 5.5(3)P] impose pour les ponts dont la résistance à l’action sismique est reprise par des appareils
d’appui en élastomère fretté de tenir compte des effets dus aux déformations imposées du tablier (température,
retrait et fluage). En outre, pour les justifications de certains équipements (appareils d’appui, joints de chaussée…),
il convient de prendre en compte la moitié des effets des actions thermiques caractéristiques (Tk) ainsi que les effets
des déformations différées (retrait, fluage…) (Sdiff). La combinaison sismique devient alors :
G k + AEd + Sdiff + 0,5Tk
3.6 - Résultats
Comme le montrent les enveloppes des moments de flexion, la section la plus critique correspond au pied du fût de pile.
La variation de descente de charge due aux déformations imposées (0,5Tk + Diff) du tablier est :
Annexe 2 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont mixte sur appareils d’appui en élastomère fretté 295
Moment de flexion My
Moment de flexion Mz
Fx Fy Fz Mx My Mz
Cas Titre Cas (MN) (MN) (MN) (MNm) (MNm) (MNm)
104 (1) EL + (0,3) ET + (0,3) EV 1,02 1,64 0,38 0,01 5,88 21,43
105 (1) EL + (0,3) ET + (-0,3) EV -0,96 1,64 0,38 0,01 5,88 21,40
106 (1) EL + (-0,3) ET + (0,3) EV 1,02 1,64 -0,38 -0,01 -5,87 21,43
107 (1) EL + (-0,3) ET + (-0,3) EV -0,96 1,64 -0,38 -0,01 -5,87 21,40
108 (-1) EL + (0,3) ET + (0,3) EV 0,96 -1,64 0,38 0,01 5,87 -21,40
109 (-1) EL + (0,3) ET + (-0,3) EV -1,02 -1,64 0,38 0,01 5,87 -21,43
110 (-1) EL + (-0,3) ET + (0,3) EV 0,96 -1,64 -0,38 -0,01 -5,88 -21,40
111 (-1) EL + (-0,3) ET + (-0,3) EV -1,02 -1,64 -0,38 -0,01 -5,88 -21,43
112 (0,3) EL + (1) ET + (0,3) EV 1,00 0,49 1,26 0,02 19,58 6,44
113 (0,3) EL + (1) ET + (-0,3) EV -0,98 0,49 1,26 0,02 19,58 6,41
114 (-0,3) EL + (1) ET + (0,3) EV 0,98 -0,49 1,26 0,02 19,58 -6,41
115 (-0,3) EL + (1) ET + (-0,3) EV -1,00 -0,49 1,26 0,02 19,58 -6,44
116 (0,3) EL + (-1) ET + (0,3) EV 1,00 0,49 -1,26 -0,02 -19,58 6,44
117 (0,3) EL + (-1) ET + (-0,3) EV -0,98 0,49 -1,26 -0,02 -19,58 6,41
118 (-0,3) EL + (-1) ET + (0,3) EV 0,98 -0,49 -1,26 -0,02 -19,58 -6,41
119 (-0,3) EL + (-1) ET + (-0,3) EV -1,00 -0,49 -1,26 -0,02 -19,58 -6,44
120 (0,3) EL + (0,3) ET + (1) EV 3,30 0,50 0,38 0,01 5,87 6,49
121 (0,3) EL + (-0,3) ET + (1) EV 3,30 0,50 -0,38 -0,01 -5,87 6,49
122 (-0,3) EL + (0,3) ET + (1) EV 3,28 -0,49 0,38 0,01 5,87 -6,36
123 (-0,3) EL + (-0,3) ET + (1) EV 3,28 -0,49 -0,38 -0,01 -5,87 -6,36
124 (0,3) EL + (0,3) ET + (-1) EV -3,28 0,49 0,38 0,01 5,87 6,36
125 (0,3) EL + (-0,3) ET + (-1) EV -3,28 0,49 -0,38 -0,01 -5,87 6,36
126 (-0,3) EL + (0,3) ET + (-1) EV -3,30 -0,50 0,38 0,01 5,87 -6,49
127 (-0,3) EL + (-0,3) ET + (-1) EV -3,30 -0,50 -0,38 -0,01 -5,87 -6,49
(Fx>0 si traction)
• Ferraillage de flexion :
On détermine sommairement le ferraillage nécessaire pour résister à ces efforts par un calcul enveloppe sécuritaire
négligeant l’effet des concomitances. De plus on néglige les efforts dus aux déformations imposées du tablier
(0,5 Tk + SDiff) qui sont négligeables en comparaison des effets simsiques.
En pied, l’effort normal sous charge permanente étant d’environ 16,8MN, les efforts considérés sont :
NEd = 16,8 - 3,3 = 13,5 MN et M Ed = g Rd x g IS x (21,43² + 5,88²)1/2 = 1,1 x 1,5 x 22,22 = 36,66 MN.m
NEd = 16,8 + 3,3 = 20,1 MN et M Ed = g Rd x g IS x (21,43² + 5,88²)1/2 = 1,1 x 1,5 x 22,22 = 36,66 MN.m
Un ferraillage de 342 cm² d’acier uniformément répartie sur la périphérie du fût de pile (soit environ 0,47 % de l’aire
de béton) serait suffisant pour reprendre ces efforts. On retiend 43 HA32.
Pour cette section f u = 5,50.10 -3 m -1 et f y = 1,24.10 -3 m -1 soit m f = f u / f y = 4,43 < 7. Des dispositions constructives pour
le confinement et pour éviter le flambement des armatures longitudinales sont à prévoir en zone critique , i.e. dans
les zones ou le moment sollicitant est supérieur à M Rd/1,3. Le lecteur pourra se reporter au chapitre 6 et aux annexes 1
et 3 du présent guide pour leur détermination.
Pour s’affranchir de ces dispositions constructives en zone critique, il est possible de supprimer ces dernières en
les surdimensionnat de 30 %.
Annexe 2 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont mixte sur appareils d’appui en élastomère fretté 297
3.6.2 - Fondations
Pour vérifier les fondations, il convient de cumuler quadratiquement les sollicitations précédentes (en déterminant
le torseur des efforts au centre de gravité de la semelle) avec celles résultant de l’inertie propre des semelles de
fondation qui sont directement obtenues à partir de la masse des semelles et de l’accélération du sol (pas d’amplification
dynamique).
Les variations de contrainte dans les poutres métalliques sous l’effet du séisme restent modestes (de l’ordre de 38 MPa).
Elles résultent principalement du séisme vertical.
Les entretoises sont significativement sollicitées par l’action sismique (contraintes de l’ordre de 75 MPa).
Ces contraintes restent néanmoins acceptables compte tenu du fait que les autres actions accompagnant le séisme ne
créent quasiment pas d’effort dans les entretoises.
Une vérification complète des appareils d’appuis montre que les appareils d’appuis dimensionnés vis-à-vis des
charges de service résistent aux sollicitations sismiques.
Afin d’illustrer le principe de la vérification des appareils d’appui sous sollicitation sismique, nous détaillerons
cette dernière pour un appareil d’appui situé sur pile et pour une combinaison donnée.
Le respect des concomitances (considérer l’enveloppe générale de chaque effort serait trop défavorable car cela
reviendrait à considérer la combinaison E = EL ± ET ± EV) et des combinaisons (24 combinaisons sismiques et 2 enveloppes
thermiques) rendent rapidement le problème difficilement soluble sans l’emploi d’un tableur.
Les efforts sismiques transmis par les appareils d’appuis correspondent aux efforts qui règnent dans les barres
modélisant les appuis. Les rotations sont déduites de la différence des rotations des nœuds situés aux extrémités de
ces mêmes barres.
Ainsi pour un des appareils d’appuis sur pile, on obtient les efforts sismiques suivants ramenés dans le repère de
l’appareil d’appui ( x suivant l’axe longitudinal de l’ouvrage, y suivant l’axe transversal) :
Annexe 2 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont mixte sur appareils d’appui en élastomère fretté 299
Cas Nom Cas Fx (MN) Fy (MN) Fz (MN) ax (rad) ay (rad)
101 Charge perm NOM 0 0 6.7346 0.00E+00 0.00E+00
104 (1) EL + (0,3) ET + (0,3) EV -0,5214 0,1526 -0,671 4,38E-05 -9,74E-04
105 (1) EL + (0,3) ET + (-0,3) EV -0,5198 0,1493 0,2979 1,72E-04 -1,09E-03
106 (1) EL + (-0,3) ET + (0,3) EV -0,5195 -0,1492 -0,3285 -1,76E-04 -1,02E-03
107 (1) EL + (-0,3) ET + (-0,3) EV -0,5179 -0,1525 0,6404 -4,78E-05 -1,14E-03
108 (-1) EL + (0,3) ET + (0,3) EV 0,5179 0,1525 -0,6404 4,78E-05 1,14E-03
109 (-1) EL + (0,3) ET + (-0,3) EV 0,5195 0,1492 0,3285 1,76E-04 1,02E-03
110 (-1) EL + (-0,3) ET + (0,3) EV 0,5198 -0,1493 -0,2979 -1,72E-04 1,09E-03
111 (-1) EL + (-0,3) ET + (-0,3) EV 0,5214 -0,1526 0,671 -4,38E-05 9,74E-04
112 (0,3) EL + (1) ET + (0,3) EV -0,1598 0,5045 -1,0599 3,02E-04 -1,82E-04
113 (0,3) EL + (1) ET + (-0,3) EV -0,1582 0,5012 -0,0909 4,30E-04 -3,02E-04
114 (-0,3) EL + (1) ET + (0,3) EV 0,152 0,5045 -1,0507 3,03E-04 4,52E-04
115 (-0,3) EL + (1) ET + (-0,3) EV 0,1536 0,5012 -0,0818 4,32E-04 3,32E-04
116 (0,3) EL + (-1) ET + (0,3) EV -0,1536 -0,5012 0,0818 -4,32E-04 -3,32E-04
117 (0,3) EL + (-1) ET + (-0,3) EV -0,152 -0,5045 1,0507 -3,03E-04 -4,52E-04
118 (-0,3) EL + (-1) ET + (0,3) EV 0,1582 -0,5012 0,0909 -4,30E-04 3,02E-04
119 (-0,3) EL + (-1) ET + (-0,3) EV 0,1598 -0,5045 1,0599 -3,02E-04 1,82E-04
120 (0,3) EL + (0,3) ET + (1) EV -0,1595 0,1564 -1,7907 -1,05E-04 -9,44E-05
121 (0,3) EL + (-0,3) ET + (1) EV -0,1576 -0,1453 -1,4483 -3,25E-04 -1,39E-04
122 (-0,3) EL + (0,3) ET + (1) EV 0,1523 0,1563 -1,7816 -1,03E-04 5,39E-04
123 (-0,3) EL + (-0,3) ET + (1) EV 0,1542 -0,1454 -1,4391 -3,23E-04 4,94E-04
124 (0,3) EL + (0,3) ET + (-1) EV -0,1542 0,1454 1,4391 3,23E-04 -4,94E-04
125 (0,3) EL + (-0,3) ET + (-1) EV -0,1523 -0,1563 1,7816 1,03E-04 -5,39E-04
126 (-0,3) EL + (0,3) ET + (-1) EV 0,1576 0,1453 1,4483 3,25E-04 1,39E-04
127 (-0,3) EL + (-0,3) ET + (-1) EV 0,1595 -0,1564 1,7907 1,05E-04 9,44E-05
Ces efforts doivent être combinés aux enveloppes thermiques et de déformations différées précédemment déterminées :
De plus, on pourra sommer les valeurs absolues des efforts horizontaux, déplacements horizontaux et des rotations ;
les combinaisons sismiques étant globalement symétriques.
La combinaison utilisée pour la vérification des appareils d’appuis (isolateurs sismiques) doit tenir compte d’un
coefficient de majoration des déplacements de calcul de chaque isolateur g IS=1,5 [EC8-2 7.6.2] pour augmenter
la fiabilité requise pour ces derniers.
Même si l’eurocode n’est pas explicite à ce sujet, nous appliquerons ce coefficient uniquement sur les déplacements
(et les efforts) horizontaux des appareils d’appui, qui correspondent à la direction selon laquelle les appareils d’appuis
jouent un rôle d’isolation sismique (partielle).
Les efforts et déplacements auxquels est soumis un appareil d’appui situé sur pile sont pour le cas n° 104
(E = E L + 0,3 ET + 0,3 EV ) par exemple :
FZ =FZ Gk + FZ AEd + 0,5 FZ Tk = 6,7346 - 0,671 - 0,5 x 0,066 = 6,031 MN
F X = g IS FX AED + 0,5 vXTk x khstat avec khstat = A.Gdstat / Tq = (0,7 x 0,8 x 0,9) / (5 x 0,016 ) = 6,3 MN/m
F X = -1,5 x 0,5214 - 0,5 x 0,0259 x 6,3 = - 0,864 MN
ax = 0,003 rad
L’action sismique ne pouvant être qualifiée de faible au sens de l’article 8.2.1.1 de la norme NF EN 15129, les isolateurs
en élastomère à faible amortissement doivent être vérifiés selon les règles définies à l’article 8.2.3 de cette même
norme.
L’article 8.2.3.2 de la norme NF EN 15129 impose que les feuillets d’élastomère soient identiques et que des plaques
épaisses soit collées à chaud sur les feuillets externes. Cela correspond à un appareil d’appui de type C au sens de
la norme NF EN 1337-3.
Pour satisfaire ces exigences on retient finalement des appareils d’appuis aux dimensions suivantes :
Il a été vérifié dans le cadre de cet exemple que ces appareils d’appuis vérifient également les conditions de la norme
NF EN 1337-3 sous charges de service.
Les caractéristiques de l’appareil d’appui 700 x 800 ; 3 (16+5) ; 2 x 16 ; frettes extérieures de 18 mm sont :
a = 0,7 m
b = 0,8 m
a’ = 0,7 - 2 x 0,005 = 0,69 m
b’ = 0,8 - 2 x 0,005 = 0,79 m
A’= a’. b’ = 0,5441 m
Te = Tq = 3 x 0,016 + 2 x 0,016 = 0,08 m
L’attention est attirée sur le fait que Ar doit tenir compte uniquement des déplacements non sismiques.
[NF EN 15129 8.2.3.1]
Annexe 2 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont mixte sur appareils d’appui en élastomère fretté 301
[NF EN 15129 8.2.3.3.3]
Avec :
g m =1,00 [EC8-2 7.6.2(5)]
fy=235 MPa (Limite élastique de l’acier composant les frettes)
On obtient :
Par conséquent, les frettes de 5 mm sont satisfaisantes.
• Stabilité au flambement :
La justification de la stabilité au flambement exige de vérifier la condition :
Avec :
Avec :
Cette condition est donc également vérifiée.
En zone de sismicité non négligeable, il n’est généralement pas possible de vérifier les conditions de non glissement.
C’est pour cela que la norme NF EN 15129 impose que les isolateurs soient fixés mécaniquement à la structure
[NF EN 15129 8.1] et qu’elle ne prévoie pas de vérification pour ce critère.
On suppose dans cet exemple que les appareils d’appui sont fixés selon une méthode de fixation standard (boulonnage)
conformément à l’article 8.2.3.2 de la norme NF EN 15129.
Cependant si l’action sismique était suffisamment faible, cette vérification serait à réaliser suivant la norme
NF EN 1337-3 en considérant la combinaison sismique la plus défavorable. Le calcul pour la vérification de ce critère
est présenté à titre illustratif.
Contrairement à ce qui est indiqué dans la NF EN 1337-3, la seconde vérification n’est pas à vérifier avec les charges
permanentes seules mais avec la combinaison sismique la plus défavorable [EC8-2 7.6.2(5)] et [Chapitre 5 - 5.4.3.4].
Nous choisirons de considérer A r = A’pour calculer σm dans la vérification du second critère, dans la mesure où sous
sollicitation sismique l’appareil d’appui devrait passer par une position de déplacement nul.
On vérifie donc :
La condition de non-glissement est vérifiée au contact du béton (partie inférieure de l’appareil d’appui) qu’avec
une faible marge, ce qui confirme la nécessité des dispositifs anti-cheminement aussi bien en partie inférieure qu’en
partie supérieure (le coefficient d’adhérence étant maximal avec un contact béton).
Le souffle des joints de chaussée peut être déterminé de telle manière à respecter la relation fournie à l’article 2.3.6.3
de l’Eurocode 8-2 :
d Ed = dE + dG +0,5 dT
Où :
d E est le déplacement sismique de calcul,
dG est le déplacement différé dû aux retrait et fluage,
d T est le déplacement dû aux mouvements thermiques.
Par simplification, pour la détermination du déplacement sismique longitudinal, nous ne considérerons que le séisme
longitudinal (EL), les autres ayant un effet négligeable sur les déplacements longitudinaux. En effet, le déplacement
longitudinal de l’extrémité d’une poutre est de 8,29 cm pour (EL) alors que la valeur maximale de l’enveloppe des
combinaisons sismiques précédemment définies est de 8,37 cm. Ces valeurs ont été obtenues à partir du modèle
élastique utilisé précédemment pour la détermination des efforts.
Par ailleurs, la détermination du déplacement sismique doit être réalisée en tenant compte de la fissuration des différents
éléments suivant le niveau des sollicitations atteintes [EC8-2 2.3.6.1(5)].
Les parties susceptibles de plastification sont les piles, pour lesquelles nous proposons de réévaluer leur rigidité en
flexion en fonction du niveau des sollicitations atteintes. Cette démarche nécessite donc de procéder de manière
itérative en réévaluant la rigidité équivalente en fonction du niveau de sollicitation atteint jusqu’à ce qu’elle n’évolue
plus de manière significative.
Annexe 2 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont mixte sur appareils d’appui en élastomère fretté 303
La rigidité équivalente (sécante) en flexion d’une section doublement symétrique vis-à-vis du coffrage et du ferraillage
à un niveau de sollicitation donné (N, M) s’obtenir en faisant le rapport du moment sur la courbure de la section
équilibrant les efforts (N, M) :
En effet, l’ouvrage étant à ductilité limité, le moment résistant ultime n’est pas atteint et il convient de déterminer
la rigidité en flexion en fonction du niveau de contraintes obtenu.
Le coefficient 1,2 permet de tenir compte du fait que l’inertie fissurée est appliquée sur toute la hauteur de la pile
alors que seul l’encastrement à la base est sollicité avec un niveau de contraintes important.
Pour la détermination de la rigidité fissurée, la section des piles a été considérée comme ferraillée à sa périphérie
(axe des armatures à 10cm du parement) par 43HA32 correspondant à 0,47 % de la section de béton.
Le calcul de béton armé est réalisé en tenant compte des coefficients de sécurité pour une situation de projet accidentelle
(1,30 pour le béton et 1,00 pour les armatures).
Nous déterminons la loi moment-courbure M(f) permettant d’obtenir, de manière itérative, le déplacement réelle de
la structure tenant compte de la rigidité réelle en flexion des fûts de pile :
-- Itération 0 : calcul avec rigidité brute des fûts de pile ;
-- Itération 1 : calcul avec des inerties fissurées des fûts déterminées à partir du niveau de sollicitation de l’itération
précédente ;
-- Répétition de l’itération précédente…
A titre d’exemple, nous déterminons la loi moment-courbure de la pile en tenant compte de l’effort normal minimal
(15,77 MN) obtenu pour les combinaisons sismiques (G ± EL± 0,3ET ± 0,3EV) :
Le déplacement sismique longitudinal obtenu en tenant compte de la fissuration des fûts des appuis est :
dE = ± 9,0 cm
En négligeant les effets des déformations différées et du retrait, on obtient un souffle sismique total de :
Compte tenu de la longueur de l’ouvrage relativement modeste, les déplacements thermiques sont faibles par rapport
aux déplacements sismiques, et le souffle sismique devrait être dimensionnant par rapport au souffle de service pour
les joints de chaussée. Pour ces éléments de structure moins importants, l’eurocode permet néanmoins d’envisager leur
rupture en cas de séisme à condition de prévoir la possibilité de réparation et de les dimensionner de telle manière
qu’ils résistent à des séismes fréquents [EC8-2 2.3.6.3(5)]. Cependant, un tel choix de dimensionnement conduit à
devoir concevoir des zones fusibles au niveau du garde grève afin de ne pas bloquer les déplacements du tablier et
limiter les efforts transmis aux fondations lors des séismes les plus forts.
La justification des appareils d’appui a montré que sous séisme transversal et avec application du coefficient g IS=1,5,
les appareils d’appui dimensionnés en service résistaient aux sollicitations sismiques, il n’est donc pas indispensable
de recourir à des butées parasismiques de sécurité.
Néanmoins, si ces dernières s’avéraient utiles, il conviendrait de déterminer leur position de telle manière à profiter
au maximum de l’isolation conférée par les appareils d’appui en exploitant leur capacité maximale de déformation.
Ainsi, le jeu disponible au niveau des butées est déterminé en fonction des appareils d’appui en veillant à ne pas
le surestimer de manière inutile afin de limiter les effets de choc provenant de la mise en mouvement du tablier.
Annexe 2 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont mixte sur appareils d’appui en élastomère fretté 305
Annexe 3 : E xemple de dimensionnement sismique d’un pont
caisson en béton précontraint
Note Préliminaire
Le pont utilisé dans l’exemple ci-dessous est inspiré d’un ouvrage réel. La géométrie des piles et du tablier a néanmoins
été légèrement simplifiée et les hauteurs de piles harmonisées de façon à rendre l’ouvrage plus régulier au sens de
l’Eurocode 8-2.
L’application traite de la conception, du dimensionnement et des dispositions constructives parasismiques de cet ouvrage
supposé implanté en zone de sismicité moyenne (métropole) et en zone de sismicité forte (Antilles), selon différentes
hypothèses de conception (conception en ductilité limitée, ductile ou basée sur l’emploi de dispositifs amortisseurs).
1 - Description de l’ouvrage
1.1 - Remarques préliminaires concernant les unités et le repère de calcul
Les unités utilisées sont les suivantes :
• longueurs en mètres (m) ;
• masses en tonnes (t) ;
• forces en méga-Newtons (MN) ;
• contraintes en méga-Pascals (MPa).
Dans tous les modèles de calcul, nous retiendront le même système d’axes principaux défini de la façon suivante :
• X-X : axe longitudinal (parallèle à l’axe de l’ouvrage) ;
• Y-Y : axe transversal (perpendiculaire à l’axe de l’ouvrage) ;
• Z-Z : axe vertical.
1.2.1 - Généralités
L’ouvrage est un pont en béton précontraint de hauteur constante construit par encorbellements successifs d’une
longueur totale de 306 m répartie en 5 travées symétriques : 48 m - 70 m - 70 m - 70 m - 48 m. L’ouvrage est droit
et présente un biais nul.
Le profil en travers comprend une chaussée bi-directionnelle à 2 voies de 3,50 m bordée de chaque côté par une BAU
de 2,00 m et une longrine de BN4 de 0,75 m, soit une largeur totale de 12,50 m.
1.2.2 - Tablier
Le tablier est constitué d’un mono-caisson en béton précontraint de hauteur constante 3,55 m. Il comporte deux
hourdis et deux âmes inclinée à 10,4°.
1.2.3 - Piles
Chaque pile est constituée d’un fût rectangulaire creux de dimensions extérieures 6 m x 4 m et de dimensions intérieures
4 m x 2 m (épaisseur de 1 m). Leurs hauteurs respectives sont 15 m pour P1, 20 m pour P2, 22 m pour P3 et 16 m
pour P4. Les piles P2 et P3 sont encastrées dans le tablier.
1.2.4 - Culées
Les culées sont également fondées sur barrettes. Les semelles, qui jouent également le rôle de sommiers, sont
rectangles, de côtés 13 m x 4 m et d’épaisseur 2,5 m, et surmontée d’un mur garde grève d‘épaisseur 0,80 m et de
hauteur 4,05 m.
Comme dans le cas des piles, pour les besoins de l’exercice, la souplesse des fondations est négligée dans le modèle,
ce qui conduit à considérer un encastrement parfait des culées dans le sol.
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 307
1.2.5 - Système d’appui du tablier
Le tablier repose sur des appareils d’appui à pot glissants mono ou bi-directionnels disposés de façon à assurer
un blocage latéral sur chacun des appuis C0, P1, P4 et C5. Les piles P2 et P3 sont encastrées dans le tablier :
1.3.2 - Béton C35/45 pour les piles, les culées et les semelles
• fck = 35 MPa
• fcm = fck + 8 = 43 MPa
• gc = 1,3
• E cm= 22000 (fcm/10)0,3 = 34 077 MPa
• r = 2,5 t/m 3
• Contrainte limite à l’ELU sismique : fck /1,3 = 26,9 MPa
C0 P1 P2 P3 P4 C5
ELS Quasi-Permanent
Fz moy (MN) 4,60 18,20 18,70 18,70 18,20 4,60
Déformations :
dx perm_diff (m) = 0,041 0,028 0,009 0,009 0,028 0,041
dx T,k métropole (m) = 0,061 0,042 0,014 0,014 0,042 0,061
dx T,k Antilles (m) = 0,031 0,021 0,007 0,007 0,021 0,031
Les masses propres des piles sont respectivement : MP1 = 600 t ; MP2 = 800 t ; MP3 = 880 t ; MP4 = 640 t.
L’ouvrage se situant sur une route nationale est considéré comme appartenant à la catégorie d’importance III au sens
de l’arrêté du 26 octobre 2011 relatif à la classification et aux règles de construction parasismique applicables aux
ponts de la classe dite « à risque normal ».
La classe de sol est la classe B (sols granulaires sur-consolidés sur plusieurs dizaines de mètres d’épaisseur).
Le coefficient topographique S T est égal à 1,0 (zone de plaine).
Ce système d’appui ne modifie en rien le fonctionnement en service de l’ouvrage puisqu’il correspond au caractère
libre ou bloqué des appareils d’appui à pot.
Ainsi, le schéma statique de l’ouvrage sous séisme peut être décrit de la façon suivante :
-- sous séisme longitudinal, le comportement dynamique de l’ouvrage est imposé par la souplesse des 2 piles
centrales ;
-- sous séisme transversal, les efforts sont repris au niveau de chaque appui par l’intermédiaire des butées
parasismiques de blocage latéral.
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 309
Le dimensionnement de l’ouvrage est basé sur un comportement à ductilité limitée (q ≤ 1,5), ce qui signifie que
les matériaux constitutifs de la structure restent dans un domaine de comportement proche du domaine élastique et
que l’effet du séisme de référence n’est pas de nature à endommager notablement l’ouvrage (ouvrage quasi-intact
à l’issue du tremblement de terre).
L’arrêté du 26 octobre 2011 relatif à la classification et aux règles de construction parasismique applicables aux ponts
de la classe dite « à risque normal » fixe le niveau d’accélération maximale de référence pour la zone 4 (sismicité
moyenne) à a gr _= _1,6 _m/s2 et le coefficient d’importance pour la catégorie d’importance moyenne (cat. III) à g I = 1,2.
Pour le séisme vertical et pour les régions de sismicité faible à moyenne (France métropolitaine), l’accélération à
prendre en compte selon ce même arrêté est avg = 0,9 ag = 1,73 m/s2.
Pour un comportement à ductilité limitée, compte tenu de la typologie des piles (piles verticales en flexion) et des
culées (assemblage rigide des culées au tablier - cas général), le coefficient de comportement à prendre en compte
est q = 1,5 [EC8-2 Tab 4.1].
Pour l’analyse dans la direction verticale, le coefficient de comportement doit être pris égal à q = 1,0
[EC8-2 4.1.6(12)P].
L’arrêté du 26 octobre 2011 relatif à la classification et aux règles de construction parasismique applicables aux ponts
de la classe dite « à risque normal » fixe les caractéristiques spectrales pour un spectre de type 2 (métropole), pour
un sol de classe B et compte tenu de la topographie du site aux valeurs suivantes :
S TB TC TD
Le coefficient d’amortissement critique est pris égal à x_= _5 % pour les directions horizontales (comportement
principalement dicté par la souplesse des piles en béton armé) et x _=_2 % pour la direction verticale (comportement
principalement dicté par la souplesse du tablier en béton précontraint).
Enfin, compte tenu des hypothèses de modélisation retenues (souplesse des fondations négligées, calcul sur la base
des inerties brutes de coffrage sans prise en compte de la fissuration), nous recommandons de prolonger le plateau
du spectre horizontal jusqu’à l’origine.
Les sollicitations sismiques sont obtenues directement à partir d’une analyse multimodale réalisée à l’aide d’un logiciel
spécifique, en considérant l’inertie brute de coffrage des piles : Jbrute = 29,33 m4. Trois modes longitudinaux influencent
principalement la réponse dynamique de la structure dans cette direction. Il s’agit du mode de déplacement global
du tablier et des modes propres des piles P1 et P4 :
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 311
- Mode 1 :
Période propre : TLong1 = 0,64 s ;
Pourcentage de masse modale : %MLong1 = 93,4 %
- Mode 2 :
Période propre : TLong2 = 0,14 s ;
Pourcentage de masse modale : %MLong2 = 3,3 %
- Mode 3 :
Période propre : TLong3 = 0,12 s ;
Pourcentage de masse modale : %MLong3 = 3,1 %
La réponse spectrale de ces modes vis-à-vis du spectre EC8 (avec q=1,5) conduit aux sollicitations longitudinales
ci-dessous.
Les déplacements sont évalués en multipliant les déplacements obtenus par md [EC8-2 2.3.6.1(8)P], avec :
- m d = q si T ³ T0 = 1,25 Tc = 0,31s
- md = (q-1)T0/T+1 ≤ 5q-4 si T < T 0 = 1,25 Tc = 0,31s
soit : md = 1,5 pour P2 et P3 (q=1,5 ; TLong1=0,64s)
m d = 2,3 pour P1 (q=1,5 ; TLong3=0,12s)
m d = 2,1 pour P4 (q=1,5 ; TLong2=0,14s)
FEd,L C0 = 0 MN
DN L,C0 = ±0,62 MN (variation d’effort normal)
FEd,L P1 = 1,30 MN
MEd L P1 Pied = 19,44 MNm
DN L,P1 = ±1,26 MN (variation d’effort normal)
F Ed,L P2 = 6,99 MN
MEd L P2 Pied = 109,53 MNm
M Ed L P2 Tête = 32,29 MNm
DN L,P2 = ±1,72 MN (variation d’effort normal)
d Ed L P2 Tête = 0,016 x 1,5 = 0,024 m
F Ed,L P3 = 5,82 MN
MEd L P3 Pied = 96,40 MNm
M Ed L P3 Tête = 32,91 MNm
DN L,P3 = ±1,66 MN (variation d’effort normal)
d Ed L P3 Tête =0,016 x 1,5 = 0,024 m
F Ed,L P4 = 1,38 MN
MEd L P4 Pied = 22,12 MNm
DN L,P4 = ±1,22 MN (variation d’effort normal)
d Ed L P4 Tête = 0,002 x 2,1 = 0,004 m
F Ed,L C5 = 0 MN
DN L,C5 = ±0,58 MN (variation d’effort normal)
A noter que les valeurs des déplacements calculées ci-avant sur la base des inerties brutes seront à évaluer de
manière plus précise pour tenir compte de l’éventuelle fissuration des piles, en fonction du niveau de contraintes
issu de l’analyse et du ferraillage retenu [EC8-2 2.3.6.1(5)].
Les sollicitations résultant de l’inertie propre des semelles de fondation sont directement obtenues à partir de la masse
de ces dernières et de l’accélération du sol (pas d’amplification dynamique), soit :
- pour C0 et C5 : FPP culée = Mculée.S.t.AEd = 2,5 x (13 x 4 x 2,5+0,8 x 4,05 x 13) x 1,35 x 1,0 x 1,92 = 1,12 MN
M PP culée = FPP culée.H/2= 1,12 x 2,5/2 = 1,39 MNm
- pour P1, P2, P3 et P4 : FPP sem_pile = Msem_pile.S.t.AEd = 2,5 x (10 x 8 x 2,5) x 1,35 x 1,0 x 1,92 = 1,30 MN
MPP sem_pile = FPP sem_pile.H/2= 1,30 x 2,5/2 = 1,63 MNm
En outre, les effets de la poussée dynamique des terres à l’arrière des culées sont évalués à partir de la méthode de
Mononobe-Okabe pour un écran de hauteur (4,05 + 2,5 = 6,55 m) à :
Fpouss_terre culée = 3,49 MN
Mpouss_terre culée = 11,44 MNm
Ces efforts se cumulent quadratiquement avec ceux provenant de la vibration des piles et du tablier calculés plus haut,
en intégrant pour les moments une majoration du bras de levier afin de tenir compte de l’épaisseur des semelles :
FEd,L S C0 = FEd,L S C5 = FPP culée + Fpouss_terre culée = 1,12+3,49 = 4,61 MN
MEd,L S C0 = MEd,S C5 = MPP culée + Mpouss_terre culée = 1,39+11,44 = 12,83 MNm
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 313
Les torseurs d’efforts à introduire en pieds de semelles des appuis pour la justification des fondations seront
calculés à partir des efforts définis ci-dessus multipliés par q (=1,5) [EC8-2 5.8.2(2)P et §3.5 de cet exemple].
Par ailleurs le moment de flexion longitudinale induit dans le tablier est de ± 32,80 MNm.
Les sollicitations sous séisme transversal sont obtenues en considérant l’inertie brute de coffrage des piles :
Jbrute = 61,33 m 4. Trois modes transversaux influencent principalement la réponse dynamique de la structure dans
cette direction :
- Mode 1 :
Période propre : TTrans1 = 0,42 s ;
Pourcentage de masse modale : %M Trans1 = 47,8 %
- Mode 2 :
Période propre : TTrans2 = 0,25 s ;
Pourcentage de masse modale : %M Trans2 = 23,3 %
- Mode 3 :
Période propre : TTrans2 = 0,23 s ;
Pourcentage de masse modale : %M Trans2 = 12,8 %
La réponse spectrale cumulée quadratiquement de ces modes vis-à-vis du spectre EC8 conduit aux sollicitations
transversales suivantes à la base des appuis. Les déplacements sont évalués en multipliant les déplacements obtenus
par m d = q [EC8-2 2.3.6.1(8)P] : T=0,42s ≥ T0 = 1,25 T c = 0,31s). Comme dans le cas du séisme longitudinal, ces
valeurs des déplacements calculées sur la base des inerties brutes seront à évaluer de manière plus précise
pour tenir compte de l’éventuelle fissuration des piles, en fonction du niveau de contraintes issu de l’analyse
et du ferraillage retenu [EC8-2 2.3.6.1(5)].
F Ed,T C0 = 1,77 MN
M Ed T C0 = 4,48 MNm
dEd T C0 = 0 m
F Ed,T P2 = 4,90 MN
MEd T P2 Pied = 105,64 MNm
d Ed T P2 Tête = 0,008 x 1,5 = 0,012 m
F Ed,T P3 = 6,49 MN
MEd T P3 Pied = 150,84 MNm
d Ed T P3 Tête = 0,013 x 1,5 = 0,020 m
F Ed,T P4 = 4,38 MN
MEd T P4 Pied = 76,84 MNm
d Ed T P4 Tête = 0,004 x 1,5 = 0,006 m
F Ed,T C5 = 1,30 MN
M Ed T C5 = 3,07 MNm
dEd T C5 = 0 m
Comme dans le cas du séisme longitudinal, ces efforts sont à cumuler quadratiquement avec ceux provenant de
la vibration propre des semelles de fondation pour obtenir les torseurs de sollicitation à la base des semelles :
Les torseurs d’efforts à introduire en pieds de semelles des appuis pour la justification des fondations seront calculés
à partir des efforts définis ci-dessus multipliés par q (=1,5) [EC8-2 5.8.2(2)P].
Quatre modes verticaux de tablier influencent principalement la réponse dynamique de la structure dans cette direction :
- Mode 1 :
Période propre : TVert1 = 0,45 s ;
Pourcentage de masse modale : %M Vert1 = 4,0 %
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 315
- Mode 2 :
Période propre : TVert2 = 0,36 s ;
Pourcentage de masse modale : %M Vert2 = 15,5 %
- Mode 3 :
Période propre : TVert3 = 0,26 s ;
Pourcentage de masse modale : %M Vert3 = 11,7 %
- Mode 4 :
Période propre : TVert4 = 0,26 s ;
Pourcentage de masse modale : %M Vert4 = 26,3 %
La réponse spectrale cumulée quadratiquement des différents modes (30 modes calculés) vis-à-vis du spectre vertical
EC8, intégrant un coefficient de comportement q = 1, permet de mobiliser environ 58 % de la masse totale de la
structure (soit 58 % x 11220 t = 6510 t) et conduit aux sollicitations verticales suivantes (après multiplication par
le rapport de la masse totale du tablier sur la somme des masses modales mobilisées) au niveau des appareils d’appui :
DN V, AA C0 = ±2,61 x 8300/6510 = ±3,33 MN
DN V, AA P1 = ±5,70 x 8300/6510 = ±7,27 MN
DN V, AA P2 = ±3,49 x 8300/6510 = ±4,44 MN
DN V, AA P3 = ±3,23 x 8300/6510 = ±4,12 MN
DN V, AA P4 = ±3,96 x 8300/6510 = ±5,05 MN
DN V, AA C5 = ±1,83 x 8300/6510 = ±2,34 MN
Ces efforts se combinent quadratiquement avec les sollicitations provenant de l’inertie des fûts et des semelles.
Par ailleurs le moment de flexion longitudinale induit dans le tablier est de 41,72 x 8300/6510 = ± 53,19 MNm.
On rappelle ci-après les torseurs d’efforts obtenus sous charges permanentes (en tête et en pied d’appui ainsi qu’à
la base des semelles) et sous différentes directions de séisme :
ELS Quasi-Permanent C0 P1 P2 P3 P4 C5
Fz moy Tête (MN) 4,60 18,20 18,70 18,70 18,20 4,60
Fz moy Pied (MN) X 24,20 26,70 27,50 24,60 X
Fz moy Sem (MN) 8,90 29,20 31,70 32,50 29,60 8,90
dx perm_diff (m) = 0,041 0,028 0,009 0,009 0,028 0,041
dx T,k Métropole (m) = 0,061 0,042 0,014 0,014 0,042 0,061
Séisme longitudinal C0 P1 P2 P3 P4 C5
Déplacements en tête
dx Tab (m) 0,024 0,024 0,024 0,024 0,024 0,024
dx Appui (m) 0,000 0,005 0,024 0,024 0,004 0,000
Sollicitations dans les appuis (butées et fûts de piles)
Fx (MN) 0,00 1,30 6,99 5,82 1,38 0,00
DN (MN) 0,62 1,26 1,72 1,66 1,22 0,58
My Tête (MNm) X 0,00 32,29 32,91 0,00 X
My Pied (MNm) X 19,44 109,53 96,40 22,12 X
Sollicitations à la base des semelles
Fx (MN) 4,61 1,84 7,10 5,96 1,90 4,61
DN (MN) 0,62 1,26 1,72 1,66 1,22 0,58
My (MNm) 12,83 22,74 123,23 107,37 25,63 12,83
Séisme transversal C0 P1 P2 P3 P4 C5
Déplacements en tête
dy Tab (m) 0,000 0,006 0,012 0,020 0,006 0,000
dy Pile (m) 0,000 0,006 0,012 0,020 0,006 0,000
Sollicitations dans les appuis (butées et fûts de piles)
Fy (MN) 1,77 5,04 4,90 6,49 4,38 1,30
Mx Tête (MNm) X 0,00 0,00 0,00 0,00 X
Mx Pied (MNm) X 82,17 105,64 150,84 76,84 X
Sollicitations à la base des semelles
Fy (MN) 2,09 5,20 5,07 6,62 4,57 1,72
Mx (MNm) 4,69 95,88 118,86 167,99 88,86 3,37
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 317
Séisme vertical C0 P1 P2 P3 P4 C5
Variations d’effort normal
Fz AA (MN) 3,33 7,27 4,44 4,12 5,05 2,34
Fz base fût (MN) X 7,35 4,66 4,39 5,18 X
Fz base sem (MN) 3,41 7,52 4,98 4,76 5,42 2,45
Les effets du séisme selon les trois directions principales sont combinés en définissant une direction de séisme
prépondérante (affectée d’un coefficient pondérateur égal à 1) et deux directions concomitantes (affectées
d’un coefficient de 0,3) ; ce qui conduit finalement aux trois groupes de combinaisons suivantes (24 combinaisons
au total) :
E1 = EL ± 0,3 ET ± 0,3 EV
E2 = ET ± 0,3 EL ± 0,3 EV
E3 = EV ± 0,3 EL ± 0,3 ET
où EL, ET et EV représentent respectivement les effets des séismes longitudinal, transversal et vertical. Les efforts retenus
correspondent à l’enveloppe de ces combinaisons.
La combinaison sismique de calcul est alors obtenue par :
G k + AEd où Gk représente l’ensemble des actions permanentes moyennes (PP) et A Ed l’enveloppe des combinaisons
E 1, E2 et E3.
En outre, pour les justifications de certains équipements (appareils d’appui, joints de chaussée…), il convient de prendre
en compte la moitié des effets des actions thermiques caractéristiques (S th) ainsi que les effets des déformations
différées (retrait, fluage…) (S diff). La combinaison sismique devient alors :
Gk + AEd + Sdiff + 0,5 STh,k
2.5 - Dimensionnement
La section la plus critique correspond au pied du fût de la pile P2 sous combinaison de séisme longitudinal :
V max = 6,99 MN
M y = 109,53 MNm
Mx = 0,3 x 105,64 = 31,69 MNm
Nmin = 26,70 - 1,72 - 0,3 x 4,66 = 23,58 MN
N max = 26,70 + 1,72 + 0,3 x 4,66 = 29,82 MN
A noter que les effets du second ordre résultant de l’excentrement vertical du centre de gravité du tablier sont ici de
l’ordre de (1+q)/2.F z moy.dlong = (1+1,5)/2 x 26,70 x 0,024 = 0,80 MNm et sont donc négligeables.
- Vis-à-vis de la flexion, un calcul de béton armé montre que la section est vérifiée sur la base d’un ferraillage
longitudinal composé d’aciers HA25 disposés tous les 20cm sur les faces extérieure et intérieure de la section du
fût, ce qui conduit à MRd, Long = 115 MNm et MRd, Trans = 175 MNm.
- Vis-à-vis du cisaillement, les sections les plus critiques correspondent aux fûts des piles P2 et P3, respectivement
selon les directions longitudinale et transversale. Il convient de vérifier que :
VRd, Long ≥ q.g Bd1.Vmax,Long = 1,5 x 1,25 x 6,99 = 13,11 MN
V Rd, Trans ≥ q.g Bd1.Vmax,Trans = 1,5 x 1,25 x 6,49 = 12,17 MN
Ces efforts tranchants de dimensionnement conduisent à disposer des lits de 8 brins HA16 (4 cadres) espacés de 0,20 m
verticalement selon la direction longitudinale (V Rd = A st.fy.b’/s = 8 x p x 0,016 2/4 x 500 x 3,90/0,20 = 15,68 MN)
et des lits de 6 brins HA16 (2 cadres + 2 épingles) espacés de 0,20 m verticalement selon la direction transversale
(V Rd = Ast.fy.b’/s = 6 x p x 0,0162/4 x 500 x 5,90/0,20 = 17,80 MN).
tu = ((13,112+(0,3 x 12,17)2)0,5)/16 = 0,85 MPa ≤ 0,5 n fcd = 0,5 x (0,6 x (1 - 35 / 250)) x 35/1,3 = 6,95 MPa
[NF EN 1992-1 6.2.2(6)]
2.5.2 - Fondations
Les fondations sont dimensionnées à partir des efforts de calculs multipliés par q [EC8-2 5.8.2(2)P]. Les cas les plus
critiques correspondent aux fondations de la pile P2 sous combinaison de séisme longitudinal et aux fondations de
la pile P3 sous combinaison de séisme transversal. Nous nous contentons ici de calculer les torseurs d’efforts sollicitants.
Ceux-ci sont à appliquer à un modèle local spécifique intégrant les caractéristiques de raideurs dynamiques des sols.
-- Combinaison de séisme longitudinal :
V max = (7,102 + (0,3 x 5,07)2)1/2 x 1,5 = 10,89 MN
My = 123,23 x 1,5 = 184,84 MNm
Mx = 0,3 x 118,86 x 1,5 = 53,49 MNm
Nmin = 31,70 - 1,72 x 1,5 - 0,3 x 4,98 = 27,63 MN
N max = 31,70 + 1,72 x 1,5 + 0,3 x 4,98 = 35,77 MN
- - Combinaison de séisme transversal :
V max = (6,622 + (0,3 x 5,96)2)1/2 x 1,5 = 10,29 MN
My = 0,3 x 107,37 x 1,5 = 48,32 MNm
Mx = 167,99 x 1,5 = 251,99 MNm
Nmin = 32,50 - 0,3 x 1,66 x 1,5 - 0,3 x 4,76 = 30,33 MN
Nmax = 32,50 + 0,3 x 1,66 x 1,5 + 0,3 x 4,76 = 34,68 MN
- - Combinaison de séisme vertical :
V max = ((0,3 x 6,62)2 + (0,3 x 5,96)2)1/2 x 1,5 = 4,01 MN
My = 0,3 x 107,37 x 1,5 = 48,32 MNm
Mx = 0,3 x 167,99 x 1,5 = 75,60 MNm
Nmin = 32,50 - 4,76 - 0,3 x 1,66 x 1,5 = 26,99 MN
N max = 32,50 + 4,76 + 0,3 x 1,66 x 1,5 = 38,01 MN
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 319
• Butées parasismiques :
Les butées parasismiques peuvent être de différentes natures (blocs béton, dispositif métallique...). Elles sont à
dimensionner à partir du règlement matériaux adéquat à partir des efforts de cisaillement multipliés par q et gBd1 afin
de supprimer tout risque de rupture fragile ; soit dans le cas de P1 : V1,T = 1,5 x 1,25 x 5,04 = 9,45 MN.
Dans le cas de butées en béton, la justification se fait en consoles courtes.
Dans le cas de sections dimensionnées au plus juste, l’Eurocode 8-2 prévoit des dispositions constructives particulières
dans les zones critiques définies par la relation MRd ≤ 1,3 MEd.
Ces dispositions constructives ont pour objectif d’assurer d’une part un confinement satisfaisant des zones les plus
sollicitées, et d’autre part d’éviter le flambement des armatures longitudinales.
Ces 2 objectifs se traduisent en pratique par les critères de mise en œuvre suivants :
• Confinement minimum :
L’Eurocode 8-2 définit la quantité d’armatures de confinement par le rapport mécanique d’armatures :
w wd = rw. fyd / fcd [EC8-2 Eq. 6.3]
où rw définit le ratio volumique d’armatures transversales :
La quantité minimale d’armatures de confinement doit alors être déterminée comme suit pour des cadres rectangulaires
et des épingles :
wwd,r > max ( ww,req, 2/3 ww,min) [EC8-2 Eq. 6.6]
avec : w w,req = Ac/Acc l hk + 0,13 fyd/fcd (rL -0,01) [EC8-2 Eq. 6.7]
l w w,min
[EC8-2 Tab. 6.1]
Comportement à ductilité limitée 0,28 0,12
Dans le
cas présent
-- A c = 16 m2
- - Acc = 14,4 m2 (cœur de béton confiné)
-- hk = NEd/(Ac.fck) = (26,70 + 1,72 + 0,3 x 4,66)/(16 x 35) = 0,05
-- fyd = 500/1,0 = 500 MPa
-- fcd = 35/1,3 = 26,9 MPa
- - rL = (p x 0,0252/4 x (6 x 2+4 x 2)/0,20 + p x 0,0252/4 x (4 x 2+2 x 2)/0,20) / 16 = 0,005
=> ww,req = 16/14,4 x 0,28 x 0,05 + 0,13 x 500/26,9 x (0,005-0,01) = 0,003
=> wwd,r > max (ww,req, 2/3 ww,min) = max (0,008 ; 2/3 x 0,12) = 0,08
=> r w,r > w w,r.fcd / fyd = 0,08 x 26,9 / 500 = 0,0043
Les armatures transversales prévues vis-à-vis de la résistance à l’effort tranchant dans chaque direction sont de :
- - rw,Long = p(8 x 0,0162/4) x 3,90 / (14,4 x 0,20) = 0,0022 (8HA16, e=0,20 insuffisants)
-- rw,Trans = p(6 x 0,0162/4) x 5,90 / (14,4 x 0,20) = 0,0025 (6HA16, e=0,20 insuffisants)
On doit donc augmenter le ferraillage transversal dans les directions longitudinale et transversale de manière
à atteindre le pourcentage volumique minimal requis, soit :
- - Direction longitudinale : 8 HA20 e=0,125 => rw,Long = 0,0054
- - Direction transversale : 8 HA16 e=0,125 => rw,Trans = 0,0053
2.6.2 - Fondations
re 39 p70, En
figure 133concerne
ce qui p239 le ferraillage des semelles qui restent purement élastiques, l’Eurocode 8-2 n’impose aucune
disposition constructive particulière, si ce n’est au niveau de l’ancrage du fût et des barrettes qui constituent des zones de
concentrations importantes des efforts. Il convient donc dans ces zones d’assurer un confinement par prolongement des
armatures transversales de la pile et des barrettes dans les nœuds et d’ancrer au plus profond les aciers longitudinaux
correspondants à l’aide de coudes à 90°.
Concernant plus spécifiquement les barrettes, les zones adjacentes à la semelle sur une hauteur équivalente à
3 fois l’épaisseur de barrette ainsi que les zones situées à une distance inférieure ou égale à 2 fois l’épaisseur
de barrette comptée de part et d’autre des sections de moment maximal ou d’interfaces de couches de sol dont
le rapport des modules de cisaillement est supérieur à 6, doivent être considérées comme des zones de rotules
plastiques potentielles et soumises aux mêmes dispositions que celles décrites au §4.7 de cet exemple pour les fûts
de piles ductiles :
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 321
2.6.3 - Butées parasismiques
Figure 144 p251
Le jeu des butées sera au maximum de 1,5 cm, ce qui constitue un compromis entre les tolérances de réalisation sur
chantier, le jeu nécessaire pour laisser libres les déformations dans la direction perpendiculaire au blocage et le jeu à
ne pas dépasser pour éviter les effets de chocs. La Annexe
hauteur 3
dep357
recouvrement de la butée devra être d’au moins 10 cm.
Annexe 3 p379
Butées parasismiques
L’ouvrage est situé en zone montagneuse sur un des itinéraires essentiels de l’île, considéré comme stratégique dans
la gestion de crise et l’organisation des secours. Il est donc considéré comme appartenant à la catégorie d’importance IV
au sens de l’arrêté du 26 octobre 2011 relatif à la classification et aux règles de construction parasismique applicables
aux ponts de la classe dite « à risque normal ».
La classe de sol est la classe B (sols granulaires sur-consolidés sur plusieurs dizaines de mètres d’épaisseur).
Le coefficient topographique S T est égal à 1,3 (zone montagneuse).
Ce système d’appui ne modifie en rien le fonctionnement en service de l’ouvrage puisqu’il correspond au caractère
libre ou bloqué des appareils d’appui à pot. Ainsi, le schéma statique de l’ouvrage sous séisme peut être décrit de
la façon suivante :
-- sous séisme longitudinal, le comportement dynamique de l’ouvrage est imposé par la souplesse des 2 piles
centrales ;
-- sous séisme transversal, les efforts sont repris au niveau de chaque appui par l’intermédiaire des butées
parasismiques de blocage latéral.
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 323
Le dimensionnement de l’ouvrage est basé sur un comportement ductile (q > 1,5), ce qui signifie que les matériaux
constitutifs de la structure peuvent présenter des incursions répétées dans leur domaine de comportement plastique
et que l’effet du séisme de référence peut endommager significativement l’ouvrage. Ces incursions doivent néanmoins
rester maîtrisées de façon à ce que l’ouvrage reste réparable et circulable en première urgence par les véhicules
de secours.
L’arrêté du 26 octobre 2011 relatif à la classification et aux règles de construction parasismique applicables aux ponts
de la classe dite « à risque normal fixe le niveau d’accélération caractéristique de référence pour la zone 5 (sismicité
forte) à agr _=_3,0 _m/s2 et le coefficient d’importance pour la catégorie d’importance élevée (cat. IV) à g I = 1,4.
Au final, l’accélération sismique de dimensionnement est donnée par :
ag = g I . agr _= 4,20_m/s2.
Pour le séisme vertical et pour les régions de sismicité forte (Antilles), l’accélération à prendre en compte l’accélération
à prendre en compte selon ce même arrêté est avg = 0,8 ag = 3,36 m/s2.
L’arrêté du 26 octobre 2011 relatif à la classification et aux règles de construction parasismique applicables aux ponts
de la classe dite « à risque normal » fixe les caractéristiques spectrales pour un spectre de type 1 (Antilles), pour
un sol de classe B et compte tenu de la topographie du site, aux valeurs suivantes :
ST S TB TC TD
Le coefficient d’amortissement critique est pris égal à x = _5 % pour les directions horizontales (comportement
principalement dicté par la souplesse des piles en béton armé) et x = _2 % pour la direction verticale (comportement
principalement dicté par la souplesse du tablier en béton précontraint).
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 325
• Spectre vertical (q=1,0) :
Enfin, le prédimensionnement des rotules plastiques par la méthode directe en déplacement nécessite d’utiliser le
spectre en déplacement, calculé à partir de la formule : d(T) = Se(T)/w 2 = Se(T) x T2/4p2 :
du = min (q.d y ; 0,02 H pile critique), que l’on souhaite ici en outre limiter à 25 cm pour des raisons de service (souffle des
joints de chaussée, longueur des plaques de glissement des appareils d’appui glissants compatibles avec les contraintes
de vérinage…)
fy = 2,1 esy/d pour les sections rectangulaires [EC8-2 Eq. C.5]
L’ouvrage est assimilé à un système à 1 degré de liberté (oscillateur simple) de masse M telle que :
Le déplacement du tablier étant uniforme dans cette direction, c’est la pile la plus courte (P2) qui dicte le déplacement
ultime :
d u,long = min (3,20 x 0,087 m = 0,28 m ; 0,02 x 20 m = 0,40 m ; 25 cm) = 0,25 m
Les pourcentages d’amortissement critiques correspondants donnés par la formule de Takeda sont respectivement :
x 2 = 17,0 % ; x 3 = 15,3 %
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 327
Si on suppose que les 2 piles sont ferraillées de la même façon, elles présentent la même capacité en terme de
moment fléchissant (même moment ultime M Rd). La distribution de l’effort longitudinal total entre les 2 appuis est
donc inversement proportionnelle à leur hauteur :
V2,long .H2 = V3,long .H3
Et l’amortissement global équivalent évalué au prorata des énergies de déformation (force x déplacement) dans
chacun des appuis vaut donc :
x eq = S xi.Vi.di / S Vi.di
x eq = (x 2 x 0,25/20 + x 3 x 0,25/22) / (0,25/20+0,25/22)
x eq = 16,2 %
Cette force se répartit entre les 2 piles de façon inversement proportionnelle à leur hauteur (hypothèse du même
moment plastique pour les 2 piles), soit :
V 2 = 15,43 MN
V 3 = 14,02 MN
L’ouvrage est représenté avec la souplesse en flexion transversale du tablier. On assimile l’allure de la déformée
transversale du tablier à celle qu’il aurait sous l’effet de son poids propre appliqué transversalement (déformée de
Rayleigh) en considérant en 1ère approximation que Jeff = 0,4 Jun.
Selon cette déformée globale décrite ci-dessous, les déplacements relatifs sont les suivants :
d0=0 ; d1=4,0 ; d2=9,5 ; d3=11,1 ; d4=4,9 ; d5=0 ;
et l’effort repris par les culées représente moins de 10 % de l’effort latéral global.
Déformée de Rayleigh
Au final, compte tenu de la déformée modale équivalente, c’est la pile P3 qui est l’appui le plus critique. En effet
selon cette déformée, quand d 3 = 0,44m, on a :
d1 = 0,44 x 4,0 /11,1 = 0,16 m < du,trans,P1 = 0,21 m
d 2 = 0,44 x 9,5 /11,1 = 0,38 m < du,trans,P2 = 0,40 m
d 4 = 0,44 x 4,9 /11,1 = 0,19 m < du,trans,P4 = 0,25 m
L’appel en ductilité et le pourcentage d’amortissement critique évalué par la formule de Takeda dans les différentes
piles sont donc respectivement :
m d,P1 = dP1 / dy,P1 = 0,16 / 0,066 = 2,42 ; x eq,P1 = 15,5 %
m d,P2 = dP2 / dy,P2 = 0,38 / 0,117 = 3,24 ; x eq,P2 = 18,0 %
m d,P3 = dP3 / dy,P3 = 0,44 / 0,141 = 3,12 ; x eq,P3 = 17,7 %
m d,P4 = dC4 / dy,C4 = 0,19 / 0,075 = 2,53 ; x eq,P4 = 15,9 %
; soit : x eq = 17,1 %
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 329
On obtient T eff,u = 2,00s
Et par suite : Keff,u = 4p2 M/Teff,u2 = 96,3 MN/m
Si on suppose que les 4 piles sont ferraillées de la même façon, elles présentent la même capacité en terme de moment
fléchissant (même moment à la limite élastique M y). La distribution de l’effort transversal total entre les 4 piles est
donc inversement proportionnelle à leur hauteur :
D’où : V1T = 8,00 MN
V2T = 6,00 MN
V3T = 5,46 MN
V4T = 7,50 MN
A noter que dans ce calcul de prédimensionnement, la contribution des culées est ici négligée, étant estimée inférieure
à 10 % de l’effort transversal total.
3.4.4 - Conclusions
C’est donc le séisme longitudinal qui s’avère dimensionnant. On adopte forfaitairement le même ferraillage pour
chaque pile et constant sur la hauteur, constitué d’aciers HA32 disposés tous les 20 cm sur les faces extérieure et
intérieure de la section du fût ; ce qui conduit à MRd,long = 160 MNm et MRd,trans = 230 MNm pour un effort normal
moyen de l’ordre de 27 MN en pieds de piles.
Le calcul des inerties fissurées effectives selon la méthode 2 de l’annexe C de l’Eurocode 8-2 conduit alors aux résultats
suivants :
- Direction longitudinale : Jeff = 1,2 MRd / (fy. Ec) = 1,2 x 160/(1,31.10-3 x 34077) = 4,30 m4 ( ≈16 % I brute)
- Direction transversale : J eff = 1,2 MRd / (fy. Ec) = 1,2 x 230/(8,75.10-4 x 34077) = 6,18 m4 ( ≈10 % Ibrute)
Outre la pré-évaluation du moment résistant à conférer aux éléments ductiles de la structure, la méthode en
déplacement direct présente en plus un double intérêt :
-d
’une part de caler la valeur de coefficient de comportement maximum associée à la limitation des déformations
élasto-plastiques dans les piles (établie à partir du déplacement maximal en tête de pile) ;
-d
’autre part d’estimer rapidement l’appel en ductilité dans les différents appuis et par conséquent de vérifier la
validité du critère d’application de la méthode du coefficient de comportement. Ici :
- - r max_Long / rmin_Long = 2,87/2,36 = 1,22 < 1,5 ;
-- rmax_Trans / rmin_Trans = 3,24/2,42 = 1,34 < 1,5.
Par simplification, on retient q = 2,7 pour l’ensemble de la structure à la fois pour la direction longitudinale et la direction
transversale ; sauf pour P1 et P4 selon la direction longitudinale pour lesquelles q=1,5 (appareils d’appui glissants).
Les sollicitations sismiques sont obtenues directement à partir d’une analyse multimodale réalisée à l’aide d’un logiciel
spécifique, en tenant compte de l’inertie fissurée des piles : Jeff = 4,30 m 4. Trois modes longitudinaux influencent
principalement la réponse dynamique de la structure dans cette direction. Il s’agit du mode de déplacement global
du tablier et des modes propres des piles P1 et P4 :
- M ode 1 :
Période propre : T Long1 = 1,13 s ;
Pourcentage de masse modale : %MLong1 = 91,5 %
- M ode 2 :
Période propre : TLong2 = 0,33 s ;
Pourcentage de masse modale : %MLong2 = 3,3 %
- Mode 3 :
Période propre : TLong3 = 0,29 s ;
Pourcentage de masse modale : %MLong3 = 3,1 %
La réponse spectrale de ces modes vis-à-vis du spectre EC8 (avec q=2,7 pour P2, P3 et q=1,5 pour P1, P4) conduit aux
sollicitations longitudinales ci-dessous.
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 331
Les déplacements sont évalués en multipliant les déplacements obtenus par [EC8-2 2.3.6.1(8)P] :
- m d = q si T ≥ T0 = 1,25 Tc = 0,625 s
- md = (q-1)T0/T+1 ≤ 5q-4 si T < T 0 = 1,25 Tc = 0,625 s
FEd,L P1 = 3,28 MN
MEd L P1 Pied = 49,18 MNm
r P1 = q. MEd L P1 Pied / MRd,long = 1,5 x 49,18 / 160 = 0,46 (coefficient de réduction de force locale)
DN L,P1 = ±1,96 MN (variation d’effort normal)
d Ed L P1 Tête = 0,023 x 2,1 = 0,048 m
m d,P1 = dEd,L,P1/dy,P1 = 0,048/0,098 = 0,49 (niveau de ductilité appelée)
F Ed,L P2 = 13,71 MN
MEd L P2 Pied = 154,28 MNm
M Ed L P2 Tête = 119,82 MNm
r P2 = q. MEd L P2 Pied / MRd,long = 2,7 x 154,28 / 160 = 2,60 (coefficient de réduction de force locale)
DN L,P2 = ±2,24 MN (variation d’effort normal)
d Ed L P2 Tête = 0,087 x 2,7 = 0,235 m
m d,P2 = dEd,L,P2/dy,P2 = 0,235/0,087 = 2,70 (niveau de ductilité appelée)
F Ed,L P3 = 11,00 MN
MEd L P3 Pied = 133,60 MNm
M Ed L P3 Tête = 108,34 MNm
r P3 = q. MEd L P3 Pied / MRd,long = 2,7 x 133,60 / 160 = 2,25 (coefficient de réduction de force locale)
DN L,P3 = ±2,44 MN (variation d’effort normal)
d Ed L P3 Tête =0,087 x 2,7 = 0,235 m
m d,P3 = dEd,L,P3/dy,P3 = 0,235/0,106 = 2,22 (niveau de ductilité appelée)
F Ed,L P4 = 3,49 MN
MEd L P4 Pied = 55,94 MNm
r P4 = q. MEd L P4 Pied / MRd,long = 1,5 x 55,94 / 160 = 0,52 (coefficient de réduction de force locale)
DN L,P4 = ±1,62 MN (variation d’effort normal)
d Ed L P4 Tête = 0,031 x 1,9 = 0,059 m
m d,P4 = dEd,L,P4/dy,P4 = 0,059/0,112 = 0,53 (niveau de ductilité appelée)
FEd,L C5 = 0 MN
DN L,C5 = ±0,58 MN (variation d’effort normal)
Les sollicitations résultant de l’inertie propre des semelles de fondation sont directement obtenues à partir de la masse
de ces dernières et de l’accélération du sol (pas d’amplification dynamique), soit :
- pour C0 et C5 : FPP culée = M culée.S.t.AEd = 2,5 x (13 x 4 x 2,5+0,8 x 4,05 x 13) x 1,2 x 1,3 x 4,20 = 2,82 MN
M PP culée = FPP culée.H/2= 1,30 x 2,5/2 = 3,52 MNm
- pour P1, P2, P3 et 4 : FPP sem_pile = Msem_pile.S.t.AEd = 2,5 x (10 x 8 x 2,5) x 1,2 x 1,3 x 4,20 = 3,28 MN
MPP sem_pile = FPP sem_pile.H/2= 3,28 x 2,5/2 = 4,10 MNm
Ces efforts se cumulent quadratiquement avec ceux provenant de la vibration des piles et du tablier calculés plus haut,
en intégrant pour les moments une majoration du bras de levier afin de tenir compte de l’épaisseur des semelles :
FEd,L S C0 = FEd,L S C5 = FPP culée + Fpouss_terre culée = 2,82+7,30 = 10,12 MN
MEd,L S C0 = MEd,S C5 = MPP culée + Mpouss_terre culée = 3,52+23,90 = 27,42 MNm
Les torseurs d’efforts à introduire en pieds de semelles des piles P2 et P3 pour la justification des fondations
seront calculés directement sur la base des moments résistants plastiques des section de rotules plastiques,
conformément aux concepts du dimensionnement en capacité (cf. §4.6 de cet exemple).
Par ailleurs le moment de flexion longitudinale induit dans le tablier est de ± 90,12 MNm.
Les sollicitations sous séisme transversal sont obtenues en tenant compte de l’inertie fissurée des piles : J eff = 6,18 m 4.
Deux modes transversaux influencent principalement la réponse dynamique de la structure dans cette direction :
- Mode 1 :
Période propre : T Trans1 = 1,12 s ;
Pourcentage de masse modale : %M Trans1 = 74,2 %
- M ode 2 :
Période propre : TTrans2 = 0,49 s ;
Pourcentage de masse modale : %M Trans2 = 15,1 %
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 333
La réponse spectrale cumulée quadratiquement des différents modes vis-à-vis du spectre EC8 intégrant un coefficient
de comportement q=2,7 conduit aux sollicitations transversales suivantes à la base des appuis. Les déplacements sont
évalués en multipliant les déplacements obtenus par md = q [EC8-2 2.3.6.1(8)P] : T = 1,12s ≥ T0 = 1,25 Tc = 0,625s) :
FEd,T C0 = 1,97 MN
M Ed T C0 = 12,64 MNm
dEd T C0 = 0 m
FEd,T P1 = 5,32 MN
MEd T P1 Pied = 81,67 MNm
r P1 = q. MEd T P1 Pied / MRd,trans = 2,7 x 81,67 / 230 = 0,96 (coefficient de réduction de force locale)
d Ed T P1 Tête = 0,030 x 2,7 = 0,081 m
m d,P1 = dEd,T,P1/dy,P1 = 0,081/0,066 = 1,23
FEd,T P2 = 6,27 MN
MEd T P2 Pied = 127,13 MNm
r P2 = q. MEd T P2 Pied / MRd,trans = 2,7 x 127,13 / 230 = 1,49 (coefficient de réduction de force locale)
dEd T P2 Tête = 0,082 x 2,7 = 0,222 m
m d,P2 = dEd,T,P2/dy,P2 = 0,222/0,117 = 1,90
FEd,T P3 = 5,80 MN
MEd T P3 Pied = 126,43 MNm
r P3 = q. MEd T P3 Pied / MRd,trans = 2,7 x 126,43 / 230 = 1,48 (coefficient de réduction de force locale)
d Ed T P3 Tête =0,098 x 2,7 = 0,265 m
m d,P3 = dEd,T,P3/dy,P3 = 0,265/0,141 = 1,88
FEd,T P4 = 6,05 MN
MEd T P4 Pied = 97,34 MNm
r P4 = q. MEd T P4 Pied / MRd,trans = 2,7 x 97,34 / 230 = 1,14 (coefficient de réduction de force locale)
d Ed T P4 Tête = 0,041 x 2,7 = 0,111 m
m d,P4 = dEd,T,P4/dy,P4 = 0,111/0,075 = 1,48
F Ed,T C5 = 2,15 MN
M Ed T C5 = 15,49 MNm
dEd T C5 = 0 m
Comme dans le cas du séisme longitudinal, ces efforts sont à cumuler quadratiquement avec ceux provenant de
la vibration propre des semelles de fondation pour obtenir les torseurs de sollicitation à la base des semelles :
FEd,T S C0 = (FPP culée2 + FEd,T C02) 1/2 = (2,822+1,972)1/2 = 3,44 MN
MEd,T S C0 = (MPP culée2 + MEd,T C02)1/2 = (3,522+12,64 2)1/2 = 13,12 MNm
Les torseurs d’efforts à introduire en pieds de semelles des piles P1 à P4 pour la justification des fondations
seront calculés directement sur la base des moments résistants plastiques des section de rotules plastiques,
conformément aux concepts du dimensionnement en capacité (cf. §4.6 de cet exemple).
Deux modes verticaux de tablier influencent principalement la réponse dynamique de la structure dans cette direction :
- Mode 1 :
Période propre : TVert1 = 0,38 s ;
Pourcentage de masse modale : %M Vert1 = 17,3 %
La réponse spectrale cumulée quadratiquement des différents modes (30 modes calculés) vis-à-vis du spectre vertical
EC8, intégrant un coefficient de comportement q = 1, permet de mobiliser environ 58 % de la masse totale de la structure
(soit 58 % x 11220t = 6510t) et conduit aux sollicitations verticales suivantes (après multiplication par le rapport de
la masse totale du tablier sur la somme des masses modales mobilisées) au niveau des appareils d’appui :
DN V, AA C0 = ±7,82 x 8300/6510 = ±9,97 MN
DN V, AA P1 = ±16,21 x 8300/6510 = ±20,68 MN
DN V, AA P2 = ±15,86 x 8300/6510 = ±20,22 MN
DN V, AA P3 = ±15,83 x 8300/6510 = ±20,19 MN
DN V, AA P4 = ±15,19 x 8300/6510 = ±19,37 MN
DN V, AA C5 = ±7,32 x 8300/6510 = ±9,32 MN
Ces efforts se combinent quadratiquement avec les sollicitations provenant de l’inertie des fûts et des semelles.
Par ailleurs le moment de flexion longitudinale induit dans le tablier est de 125,14 x 8300/6510 = ± 159,55 MNm.
On rappelle ci-après les torseurs d’efforts obtenus sous charges permanentes (en tête et en pied d’appui ainsi qu’à
la base des semelles) et sous différentes directions de séisme :
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 335
ELS Quasi-Permanent C0 P1 P2 P3 P4 C5
Fz moy Tête (MN) 4,60 18,20 18,70 18,70 18,20 4,60
Fz moy Pied (MN) X 24,20 26,70 27,50 24,60 X
Fz moy Sem (MN) 8,90 29,20 31,70 32,50 29,60 8,90
dx perm_diff (m) = 0,041 0,028 0,009 0,009 0,028 0,041
dx T,k Antilles (m) = 0,031 0,021 0,007 0,007 0,021 0,031
Séisme longitudinal C0 P1 P2 P3 P4 C5
Déplacements en tête
dx Tab (m) 0,235 0,235 0,235 0,235 0,235 0,235
dx Appui (m) 0,000 0,048 0,235 0,235 0,059 0,000
md pile X 0,49 2,70 2,22 0,53 X
Sollicitations dans les appuis (butées et fûts de piles)
Fx (MN) 0,00 3,28 13,71 11,00 3,49 0,00
DN (MN) 0,67 1,96 2,24 2,44 1,62 0,58
My Tête (MNm) X 0,00 119,82 108,34 0,00 X
My Pied (MNm) X 49,18 154,28 133,60 55,94 X
ri X 0,46 2,60 2,25 0,52 X
Sollicitations à la base des semelles
Fx (MN) 10,12 4,64 dim capa dim capa 4,79 10,12
DN (MN) 0,67 1,96 2,24 2,44 1,62 0,58
My (MNm) 27,42 57,52 dim capa dim capa 64,81 27,42
Séisme transversal C0 P1 P2 P3 P4 C5
Déplacements en tête
dy Tab (m) 0,000 0,081 0,222 0,265 0,111 0,000
dy Pile (m) 0,000 0,081 0,222 0,265 0,111 0,000
md pile X 1,23 1,90 1,88 1,48 X
Sollicitations dans les appuis (butées et fûts de piles)
Fy (MN) 1,97 5,32 6,27 5,80 6,05 2,15
Mx Tête (MNm) X 0,00 0,00 0,00 0,00 X
Mx Pied (MNm) X 81,67 127,13 126,43 97,34 X
ri X 0,96 1,49 1,48 1,14 X
Sollicitations à la base des semelles
Fy (MN) 3,44 dim capa dim capa dim capa dim capa 3,54
Mx (MNm) 13,12 dim capa dim capa dim capa dim capa 15,88
Séisme vertical C0 P1 P2 P3 P4 C5
Variations d’effort normal
Fz AA (MN) 9,97 20,68 20,22 20,19 19,37 9,32
Fz base fût (MN) X 20,84 20,52 22,55 19,57 X
Fz base sem (MN) 10,15 21,23 21,00 21,07 20,00 9,51
En outre, pour les justifications de certains équipements (appareils d’appui, joints de chaussée…), il convient de prendre
en compte la moitié des effets des actions thermiques caractéristiques (S th) ainsi que les effets des déformations
différées (retrait, fluage…) (S diff). La combinaison sismique devient alors :
Gk + AEd + Sdiff + 0,5 STh,k
3.6 - Dimensionnement
Par exemple, au niveau de la section à mi-hauteur, le moment de dimensionnement sous sollicitations sismiques
longitudinales est :
g 0.M Rd x 0,2/0,7=1,35 x 160 x 0,2/0,7=61,71 MNm
Remarque : Selon la direction transversale, le fait que les coefficients de réduction individuels effectifs rPi (compris
entre 1 et 1,5) soient sensiblement inférieurs au coefficient de comportement adopté dans le calcul (q = 2,7)
traduit en pratique à un surdimensionnement des sections. Dans les zones de rotules plastiques potentielles, ce
surdimensionnement est sécuritaire. Dans les zones courantes, la majoration des efforts résultant de l’atteinte des
paliers plastiques réels des rotules est couvert par le principe du dimensionnement en capacité.
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 337
Par exemple, au niveau de la section à mi-hauteur, le moment de dimensionnement sous sollicitations sismiques
transversales est :
g 0.M Rd/2=1,35 x 230/2=155,25 MNm
Une autre solution aurait pu consister à optimiser le ferraillage de manière à réduire d’avantage les efforts de
dimensionnement sous séisme transversal en disposant d’une dissipation d’énergie plus importante et itérer une
nouvelle fois sur le modèle de calcul.
• Vis-à-vis du cisaillement
On applique également le principe du dimensionnement en capacité (coefficient de surcapacité g 0) ainsi qu’un coefficient
supplémentaire de sécurité vis-à-vis du risque de rupture fragile gBd1. Les sections les plus critiques correspondent
au fût de pile P1 :
V Rd,Long ≥ g 0.g Bd1.2.MRd,Long/H = 1,35 x 1,25 x 2 x 160/15 = 36,00 MN.
V Rd,Trans ≥ g 0.g Bd1.M Rd,Trans/H = 1,35 x 1,25 x 230/15 = 25,88 MN.
Ces efforts tranchants de dimensionnement conduisent à disposer des lits de 8 brins HA25 (4 cadres) espacés
de 0,20 m verticalement (V Rd = A st.f y.b’/s = p(8 x 0,025 2)/4 x 500 x 3,90/0,20 = 38,3 MN) selon la direction
longitudinale et des lits de 2 brins HA20 (1 cadres) + 6 brins HA16 (3 cadres) espacés de 0,20 m verticalement
(V Rd = Ast.fy.b’/s = p(2 x 0,0202+6 x 0,0162)/4 x 500 x 5,90/0,20 = 27,1 MN) selon la direction transversale.
Par ailleurs, la contrainte moyenne de cisaillement tu dans le béton, évaluée en supposant les rotules plastifiées dans
les deux directions, reste acceptable vis-à-vis de la limite de compression des bielles :
tu = ((36,002+(0,3 x 25,88)2)0,5)/16 = 2,30 MPa ≤ 0,5 n fcd = 0,5 x (0,6 x (1 - 35 / 250)) x 35/1,3 = 6,95 MPa [EC2-1 6.2.2(6)]
3.6.2 - Fondations
Les fondations sont également dimensionnées selon le principe du dimensionnement en capacité en supposant
la rotule plastifiée dans les deux directions. Le cas le plus critique correspond aux fondations de la pile P2. Nous nous
contentons ici de calculer les torseurs d’efforts sollicitants. Ceux-ci sont à appliquer à un modèle local spécifique
intégrant les caractéristiques de raideurs dynamiques des sols.
FEd,L S P2 = (FPP sem_pile2 + (g 0.FRd,L P2)2)1/2 = (3,282+(1,35 x 2 x 160/20)2) 1/2 = 21,84 MN
MEd,L S P2 = (MPP sem_pile2 + (g 0.MRd,L P2.(h2+hsem)/h2)2)1/2 = (4,102+(1,35 x 160 x 22,5/20)2)1/2 = 243,03 MNm
• Butées parasismiques :
Les butées parasismiques peuvent être de différentes natures (blocs béton, dispositif métallique...). Elles sont à
dimensionner à partir du règlement matériaux adéquat à partir des efforts de cisaillement multipliés par g0 et gBd1 afin
de supprimer tout risque de rupture fragile ; soit dans le cas de P1 : V1,T = 1,35 x 1,25 x 230/15 = 25,88 MN.
Dans le cas de butées en béton, la justification se fait en consoles courtes.
Ces dispositions constructives ont pour objectif d’assurer d’une part un confinement satisfaisant des zones les plus
sollicitées, et d’autre part d’éviter le flambement des armatures longitudinales.
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 339
Ces 2 objectifs se traduisent en pratique par les dispositions forfaitaires suivantes :
• Confinement minimum :
L’Eurocode 8-2 définit la quantité d’armatures de confinement par le rapport mécanique d’armatures :
w wd = rw. fyd / fcd [EC8-2 Eq. 6.3]
où rw définit le ratio volumique d’armatures transversales :
La quantité minimale d’armatures de confinement doit alors être déterminée comme suit pour des cadres rectangulaires
et des épingles :
wwd,r > max (ww,req, 2/3 ww,min) [EC8-2 Eq. 6.6]
avec : w w,req = Ac/Acc l hk + 0,13 fyd/fcd (rL -0,01) [EC8-2 Eq. 6.7]
l w w,min
[EC8-2, Tab. 6.1]
Comportement ductile 0,37 0,18
Les armatures transversales prévues vis-à-vis de la résistance à l’effort tranchant dans chaque direction sont de :
- - rw,Long = p(4 x 0,0252/4+4 x 0,0202/4) x 3,90 / (14,4 x 0,20) = 0,0044 (4HA25 + 4HA20, e=0,20 insuffisants)
- - rw,Trans = p(8 x 0,0202/4) x 5,90 / (14,4 x 0,20) = 0,0051 (8HA20, e=0,20 insuffisants)
On doit donc augmenter le ferraillage transversal dans les directions longitudinale et transversale de manière
à atteindre le pourcentage volumique minimal requis, soit :
-- Direction longitudinale : 8 HA25 e=0,16 => rw,Long = 0,0066
- - Direction transversale : 8 HA20 e=0,16 => rw,Trans = 0,0064
Par ailleurs, les sections des armatures transversales AT doivent vérifier la relation :
Si l’on considère que chaque cadre transversal tient 2 HA32 (aciers longitudinaux face extérieure) et 2 HA32 (aciers
longitudinaux face intérieure) espacés transversalement de 0,20 m, on doit vérifier :
A T ≥ p(2 x 0,0322/4+2 x 0,0322/4)/1,6 x 500/500 x 0,20 = 402 mm2, soit 1 cadre ou épingles HA25 par aciers
longitudinal, en plus des cadres généraux de confinement et d’efforts tranchants.
3.7.2 - Fondations
En ce qui concerne le ferraillage des semelles qui restent purement élastiques, l’Eurocode 8-2 n’impose aucune
disposition constructive particulière, si ce n’est au niveau de l’ancrage du fût et des barrettes qui constituent des zones
de concentrations importantes des efforts. Il convient donc dans ces zones d’assurer un confinement par prolongement
des armatures transversales de la pile et des barrettes dans les nœuds et d’ancrer au plus profond les aciers longitudinaux
correspondants à l’aide de coudes à 90°.
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 341
Concernant plus spécifiquement les barrettes, les zones adjacentes à la semelle sur une hauteur équivalente à 3 fois
l’épaisseur de barrette ainsi que les zones situées à une distance inférieure ou égale à 2 fois l’épaisseur de barrette
comptée de part et d’autre des sections de moment maximal ou d’interfaces de couches de sol dont le rapport
des modules de cisaillement est supérieur à 6, doivent être considérées comme des zones de rotules plastiques
potentielles et soumises aux mêmes dispositions que celles décrites plus haut pour les fûts de piles :
Idem cas 1.
Figure 144 p251
La conception parasismique ne modifie donc en rien le fonctionnement en service de l’ouvrage qui demeure identique
aux 2 cas précédents.
Ainsi, le fonctionnement de l’ouvrage sous séisme peut être décrit de la façon suivante :
-- sous séisme longitudinal, le comportement dynamique de l’ouvrage est imposé par la souplesse des 2 piles
centrales et les amortisseurs longitudinaux sur culées ;
-- sous séisme transversal, le comportement dynamique de l’ouvrage est imposé par la souplesse des 2 piles centrales
et les amortisseurs transversaux disposés sur piles P1 et P4 et sur culées (après rupture des systèmes fusibles).
Le dimensionnement des éléments structurels de l’ouvrage (appuis et tablier) est basé sur un comportement
essentiellement élastique (q = 1) de façon à éviter tout endommagement dans les éléments structurels (aucune
plastification dans les piles) et garantir une meilleure maîtrise du fonctionnement des amortisseurs (limitation de
l’assouplissement de la structure support).
Le coefficient de comportement est pris égal à q = 1 pour les directions horizontale et verticale (cf. plus haut).
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 343
4.3.3 - Spectres de calcul
ST S TB TC TD
Pour la « structure « amortie », le coefficient d’amortissement critique peut légitimement être évalué à x _=_20 à 30 %
(valeur limite d’application des méthodes de prédimensionnement [EC8-2 7.5.3]).
Pour la structure « support », le coefficient d’amortissement critique est pris égal à x _= _5 % dans les directions
horizontales (comportement dicté par la souplesse des piles en béton armé) et à x_=_2 % dans la direction verticale
(comportement dicté par la souplesse du tablier en béton précontraint).
Comme dans les cas précédents, compte tenu des hypothèses de modélisation retenues (souplesse des fondations
négligées), nous recommandons de prolonger le plateau du spectre horizontal jusqu’à l’origine.
Zone 5
10.0
Cat. d'Imp. IV
9.0
Coef. Topo. 1.3
Sol B 8.0
q 1 7.0
0.3 6.0
Se (m/s²)
5.0
agr (m/s²) 3
4.0
I 1.4
3.0
ag (m/s²) 4.20
2.0
S 1.20 1.0
TB (s) 0.15 0.0
TC (s) 0.50 0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 4.0
TD (s) T (s)
2.00
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 345
Enfin, le dimensionnement des amortisseurs nécessite d’utiliser le spectre en déplacement, calculé à partir de la
formule : d(T) = Se(T)/w2 = Se(T) x T2/4p2 :
On dispose longitudinalement 4 amortisseurs visqueux F = C.V 0,10 sur chacune des culées. L’objectif est de limiter
les déplacements du tablier sous séisme longitudinal à des valeurs inférieure à la limite de déformation élastique
dy,P2 et dy,P3 des piles P2 et P3 évaluée dans le cas précédent, soit environ dlong = 8 cm, et un amortissement global
équivalent de l’ordre de x = 30 %.
L’ouvrage est assimilé à un système monomodal de masse M = 8300+0,5 x 800+0,5 x 880 = 9140 t et de raideur
Keff = Ftot/d :
Par lecture spectrale, on définit que pour un déplacement cible de 0,08 m, la période équivalente doit être de
T eff = 0,70 s ; soit une raideur équivalente :
Keff = 4p2.M/T2 = 4p2 x 9140/0,702 = 736 MN/m
La raideur du système hors amortisseurs peut être évaluée à partir de la période du mode fondamental calculée dans
le cas 2.1 précédent sur la base des inerties fissurées (de l’ordre de 15 %.Ibrute) :
TLong1 = 1,13 s ; soit Klong,piles = 4p2 x 9140/1,132 = 283 MN/m
La raideur équivalente apportée par les amortisseurs doit donc être de 736-283 = 453 MN/m, soit par amortisseur :
Keff,amort = 453 / 8 = 57 MN/m
Si on considère une gamme 4500 kN, pour un déplacement de 0,08m, la raideur équivalente d’un amortisseur est de :
K eff,amort = 4500/0,08 = 56,3 MN/m
La raideur équivalente globale du système est alors : Keff = 8 x 56,3+283 = 733 MN/m
La période équivalente vaut : T eff = 2p.(M/Keff)1/2
Teff = 0,70s
Par lecture spectrale, le déplacement obtenu est d Ed Long = 0,08 m (l’hypothèse de départ est donc bien vérifiée) et
l’effort global dans la structure est de 58,65 MN, répartis en :
F Ed,L P2 = 12,57 MN
FEd,L P3 = 10,08 MN
FEd,L C0 = FEd,L C5 = 4,5 x 4 = 18,00 MN
On dispose transversalement 1 amortisseurs visqueux F=C.V0,10 sur chacune des piles P1 et P4 et 2 amortisseurs
visqueux F=C.V0,10 sur chacune des culées C0 et C5. L’objectif est de limiter les déplacements du tablier sous séisme
transversal à des valeurs inférieure à la limite de déformation élastique dy,P2 et dy,P3 des piles P2 et P3 selon cette
direction évaluée dans le cas précédent, soit environ dtrans = 10 cm, et un amortissement global équivalent de l’ordre
de x = 30 %.
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 347
dmax = 0,10 m
L’ouvrage est assimilé à un système monomodal de masse M=9140 t et de raideur Keff = Ftot/d :
Par lecture spectrale sur le spectre amorti à 30 %, on définit que pour un déplacement cible de 0,10m, la période
équivalente doit être de Teff = 0,88 s ; soit une raideur équivalente :
Keff = 4p2.M/T2 = 4p2 x 9140/0,882 = 466 MN/m
La raideur du système hors amortisseurs correspond au système des 2 fûts (Jeff ≈10 %.Ibrute = 6,18 m4) en flexion simple :
Ktrans_piles = KP2 + KP3 = 3 Ecm.Iy / H23 + 3 Ecm.Iy / H33 = 3 x 34077 x 6,18 x (1/203+1/223)
Ktrans_piles = 138 MN/m
La raideur équivalente apportée par les amortisseurs doit donc être de 466 - 138 = 328 MN/m, soit par amortisseur :
K eff,amort = 328 / 6 = 54,7 MN/m
Si on considère une gamme 5500 kN, pour un déplacement de 0,10 m, la raideur équivalente d’un amortisseur est de :
K eff,amort = 5500/0,10 = 55,5 MN/m
La raideur équivalente globale du système est alors : Keff = 6 x 55,5+138 = 471 MN/m
La période équivalente vaut : T eff = 2p.(M/Keff)1/2
Teff = 0,88 s
Par lecture spectrale, le déplacement obtenu est d Ed Trans = 0,10 m (l’hypothèse de départ est donc bien vérifiée) et
l’effort global dans la structure est de 46,80 MN, répartis en :
FEd,T P2 = 7,88 MN
FEd,T P3 = 5,92 MN
FEd,T P1 = FEd,T P4 = 5,5 MN
FEd,T C0 = FEd,T C5 = 11,0 MN
Les sollicitations de calcul dans les différents appuis sont alors respectivement :
MEd,L C0 = MEd,L C5 = FEd,L C0 x HC0 = 18,00 x (2,05+2,5) = 81,90 MNm
DN L,C0 = ±0,61 MN (variation d’effort normal proportionnelle au cas precedent)
DN L,C5 = ±0,49 MN
DN L,P1 = ±1,80 MN
DN L,P4 = ±1,49 MN
M Ed L P2 Pied = 141,45 MNm (mêmes diagrammes de moments que dans les cas précédents)
M Ed L P2 Tête = 109,86 MNm
DN L,P2 = ±2,05 MN (variation d’effort normal)
d Ed L P2 Tête = 0,08 m
m d,P2 = dEd,L,P2/dy,P2 = 0,080/0,087 = 0,92 (niveau de ductilité appelée)
Concernant les modes propres de vibration des piles P1 et P4, ceux-ci sont évalués directement à partir des modes
propres calculés pour le cas 2.1 et du spectre de réponse élastique non divisé par q :
Les sollicitations résultant de l’inertie propre des semelles de fondation sont directement obtenues à partir de la masse
de ces dernières et de l’accélération du sol (pas d’amplification dynamique), et sont identiques à celles calculées au
cas 2.1 :
- pour C0 et C5 : FPP culée = 2,82 MN
M PP culée = 3,52 MNm
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 349
En outre, les effets de la poussée dynamique des terres à l’arrière des culées sont évalués à partir de la méthode de
Mononobe-Okabe pour un écran de hauteur (4,05 + 2,5 = 6,55 m) à :
Fpouss_terre culée = 7,30 MN
Mpouss_terre culée = 23,90 MNm (cf. cas 2.1)
Ces efforts se cumulent quadratiquement avec ceux provenant de la vibration des piles et du tablier calculés plus haut,
en intégrant pour les moments une majoration du bras de levier afin de tenir compte de l’épaisseur des semelles :
FEd,L S C0 = FEd,L S C5 = (FEd,L C02 + (FPP culée + Fpouss_terre culée)2)1/2 = (18,002+(2,82+7,32)2)1/2 = 20,66 MN
MEd,L S C0 = MEd,S C5 = (MEd,L C02 + (MPP culée + Mpouss_terre culée)2)1/2 = (81,902+(3,52+23,90)2)1/2 = 86,37 MNm
Par ailleurs le moment de flexion longitudinale induit dans le tablier est de ± 82,63 MNm.
FEd,T P2 = 7,88 MN
FEd,T P3 = 5,92 MN
FEd,T P1 = FEd,T P4 = 5,50 MN
FEd,T C0 = FEd,T C5 = 11,00 MN
Les moments de calcul en pied d’appuis sont alors respectivement (flexion simple des piles) :
MEd,T C0 = MEd,T C5 = FEd,T C0 x HC0 = 11,00 x (2,05+2,5) = 50,05 MNm
M Ed T P1 Pied = FEd,T P1 x H1 = 5,50 x 15 = 82,50 MNm
MEd T P2 Pied = FEd,T P2 x H2 = 7,88 x 20 = 157,60 MNm
MEd T P3 Pied = FEd,T P3 x H3 = 5,92 x 22 = 130,24 MNm
MEd T P4 Pied = FEd,T P4 x H4 = 5,50 x 16 = 88,00 MNm
... et les déplacements en têtes de piles P1 et P4 (en supposant les sections fissurées Ifiss = 10 %.Ibrute) :
dEd T P1 = FEd,T P1 / (3EI/H13) = 5,50/(3 x 34077 x 6,18/153) = 0,029 m
dEd T P4 = FEd,T P4 / (3EI/H43) = 5,50/(3 x 34077 x 6,18/163) = 0,036 m
Il en résulte que les courses des amortisseurs des piles P1 et P4 valent respectivement 0,10 - 0,029 = 0,071 m et
0,10 - 0,036 = 0,064m, soit sensiblement moins que les 0,10m pris en compte dans le prédimensionnement (l’hypothèse
de fissuration des sections est ici défavorable vis-à-vis du fonctionnement optimal des amortisseurs). Les efforts
globaux ainsi que les raideurs globales des appuis P1 et P4 et du système ne s’en trouvent pas modifiées puisque
les efforts transmis par les amortisseurs restent égaux à 5500 kN. Par contre le pourcentage d’amortissement critique
peut être réévalué par la formule suivante :
xeff = 1/(2p) x (4 x 4 x 5500 x 0,10+4 x 5500 x 0,071+4 x 5500 x 0,064) / (471000 x 0,102) = 34 %
Comme dans le cas du séisme longitudinal, ces efforts sont à cumuler quadratiquement avec ceux provenant de
la vibration propre des semelles de fondation pour obtenir les torseurs de sollicitation à la base des semelles :
F Ed,T S C0 = FEd,T S C5 = (FPP culée2 + FEd,T C02)1/2 = (2,822+11,00 2)1/2 = 11,36 MN
MEd,T S C0 = MEd,T S C5 = (MPP culée2 + MEd,T C02)1/2 = (3,522+50,05 2)1/2 = 50,17 MNm
Les sollicitations sous séisme vertical sous identiques à celles calculées dans la situation précédente (cas 2.1).
On obtient ainsi :
-- au niveau des appareils d’appui :
DN V, AA C0 = ±9,97 MN
DN V, AA P1 = ±20,68 MN
DN V, AA P2 = ±20,22 MN
DN V, AA P3 = ±20,19 MN
DN V, AA P4 = ±19,37 MN
DN V, AA C5 = ±9,32 MN
Par ailleurs le moment de flexion longitudinale induit dans le tablier est de ± 159,55 MNm.
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 351
4.5.4 - Combinaisons sismiques
On rappelle ci-après les torseurs d’efforts obtenus sous charges permanentes et sous différentes directions de séisme :
ELS Quasi-Permanent C0 P1 P2 P3 P4 C5
Fz moy Tête (MN) 4,60 18,20 18,70 18,70 18,20 4,60
Fz moy Pied (MN) X 24,20 26,70 27,50 24,60 X
Fz moy Sem (MN) 8,90 29,20 31,70 32,50 29,60 8,90
dx perm_diff (m) = 0,041 0,028 0,009 0,009 0,028 0,041
dx T,k Antilles (m) = 0,031 0,021 0,007 0,007 0,021 0,031
Séisme longitudinal C0 P1 P2 P3 P4 C5
Déplacements en tête
dx Tab (m) 0,080 0,080 0,080 0,080 0,080 0,080
dx Appui (m) 0,000 0,035 0,080 0,080 0,045 0,000
md pile X 0,36 0,92 0,75 0,40 X
Sollicitations dans les appuis (butées et fûts de piles
Fx (MN) 18,00 4,92 12,57 10,08 5,24 18,00
DN (MN) 0,61 1,80 2,05 2,24 1,49 0,49
My Tête (MNm) X 0,00 109,86 99,28 0,00 X
My Pied (MNm) X 73,80 141,45 122,43 83,84 X
Sollicitations à la base des semelles
Fx (MN) 20,66 5,91 12,99 10,60 6,18 20,66
DN (MN) 0,61 1,80 2,05 2,24 1,49 0,49
My (MNm) 86,37 86,20 159,18 136,40 97,03 86,37
Séisme transversal C0 P1 P2 P3 P4 C5
Déplacements en tête
dy Tab (m) 0,100 0,100 0,100 0,100 0,100 0,100
dy Pile (m) 0,000 0,029 0,100 0,100 0,036 0,000
md pile X 0,44 0,85 0,71 0,48 X
Sollicitations dans les appuis (butées et fûts de piles)
Fy (MN) 11,00 5,50 7,88 5,92 5,50 11,00
Mx Tête (MNm) X 0,00 0,00 0,00 0,00 X
Mx Pied (MNm) X 82,50 157,60 130,24 88,00 X
Sollicitations à la base des semelles
Fy (MN) 11,36 6,40 8,54 6,77 6,40 11,36
Mx (MNm) 50,17 96,34 177,35 145,10 101,83 50,17
Séisme vertical C0 P1 P2 P3 P4 C5
Variations d’effort normal
Fz AA (MN) 9,97 20,68 20,22 20,19 19,37 9,32
Fz base fût (MN) X 20,84 20,52 22,55 19,57 X
Fz base sem (MN) 10,15 21,23 21,00 21,07 20,00 9,51
où EL, ET et EV représentent respectivement les effets des séismes longitudinal, transversal et vertical. Les efforts retenus
correspondent à l’enveloppe de ces combinaisons.
G k + AEd où Gk représente l’ensemble des actions permanentes moyennes (PP) et A Ed l’enveloppe des combinaisons
E 1, E2 et E3.
En outre, pour les justifications de certains équipements (appareils d’appui, joints de chaussée…), il convient de prendre
en compte la moitié des effets des actions thermiques caractéristiques (S th) ainsi que les effets des déformations
différées (retrait, fluage…) (S diff). La combinaison sismique devient alors :
Gk + AEd + Sdiff + 0,5 STh,k
4.6 - Dimensionnement
La conception étant basée sur l’emploi de dispositifs parasismique il convient de tenir compte des coefficients de
surcapacité et de fiabilité (gRd et gIS) pour la vérification des fûts de piles auxquels les dispositifs sont liaisonnés
(P1 et P4).
La section la plus critique correspond au pied du fût de la pile P2 sous combinaison de séisme longitudinal :
V max = 12,57 MN
M y = 141,45 MNm
Mx = 0,3 x 157,60= 47,28 MNm
Nmin = 26,70 - 2,05 - 0,3 x 20,52 = 18,49 MN
N max = 26,70 + 2,05 + 0,3 x 20,52 = 34,91 MN
A noter que les effets du second ordre résultant de l’excentrement vertical du centre de gravité du tablier sont ici de
l’ordre de (1+q)/2 x F z,moy x dlong=(1+1)/2 x 26,70 x 0,08=2,14 MNm et sont donc négligeables.
• Vis-à-vis de la flexion,
Un calcul de béton armé montre que la section est vérifiée pour un ferraillage longitudinal constitué d’aciers HA32
disposés tous les 20cm sur les faces extérieure et intérieure de la section du fût (MRd = 160 MNm).
• Vis-à-vis du cisaillement,
Les sections les plus critiques correspondent au fût de pile P2. Il convient de vérifier que :
V Rd, Long ≥ q.g Bd1.Vmax,Long = 1,0 x 1,25 x 12,57 = 15,71 MN
V Rd, Trans ≥ q.g Bd1.Vmax,Trans = 1,0 x 1,25 x 10,08 = 12,60 MN
Ces efforts tranchants de dimensionnement conduisent à disposer des lits de 8 brins HA16 (4 cadres) espacés de 0,20m
verticalement selon la direction longitudinale (V Rd = A st.fy.b’/s = 8 x p x 0,016 2/4 x 500 x 3,90/0,20 = 15,68 MN) et
des lits de 6 brins HA16 (2 cadres + 2 épingles) espacés de 0,20m verticalement selon la direction transversale
(V Rd = Ast.fy.b’/s = 6 x p x 0,0162/4 x 500 x 5,90/0,20 = 17,80 MN).
Par ailleurs, la contrainte moyenne de cisaillement tu dans le béton est très faible :
tu = ((15,712+(0,3 x 12,60)2)0,5)/16 = 1,01 MPa ≤ 0,5 n fcd = 0,5 x (0,6 x (1 - 35 / 250)) x 35/1,3 = 6,95 MPa
[EC2-1 6.2.2(6)].
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 353
4.6.2 - Fondations
Les fondations sont dimensionnées à partir des efforts de calcul. La conception étant basée sur l’emploi de dispositifs
parasismique il convient de tenir compte des coefficients de surcapacité et de fiabilité (gRd et gIS) pour la vérification
des fondations des piles auxquelles les dispositifs sont liaisonnés (P1 et P4). Les cas les plus critiques correspondent aux
fondations de la pile P2 sous combinaison de séisme longitudinal et transversal. Nous nous contentons ici de calculer
les torseurs d’efforts sollicitants. Ceux-ci sont à appliquer à un modèle local spécifique intégrant les caractéristiques
de raideurs dynamiques des sols.
- - Combinaison de séisme longitudinal :
V max = (12,992 + (0,3 x 8,54)2)1/2 = 13,24 MN
M y = 159,18 MNm
Mx = 0,3 x 177,35 = 53,21 MNm
Nmin = 31,70 - 2,05 - 0,3 x 23,63 = 22,56 MN
N max = 31,70 + 2,05 + 0,3 x 23,63 = 40,84 MN
• Joints de chaussée :
d = dséisme + dperm + 0,5 dTh = 0,08 + 0,041 + 0,5 x 0,031 = 0,137 m
La déformation permanente d perm = 0,041 m n’étant à considérer que dans une seule direction, on retiendra des joints
de chaussée de souffle total 240 mm.
• Dispositifs amortisseurs :
Les dispositifs amortisseurs doivent pouvoir résister à des déformations majorées de gIS = 1,50, soit dlong = 1,5 x 0,08 = 0,12 m,
dtrans = 1,5 x 0,10 = 0,15 m et des efforts majorés de g ISa/2 = 1,5 0,10/2 = 1,02 ; soit F long = 4,5 x 1,02 = 4,59 MN et
F trans = 5,5 x 1,02 = 5,61 MN.
Enfin les attaches des dispositifs sont à dimensionnés vis-à-vis d’efforts majorés d’un coefficient de surcapacité gRd = 1,10
et d’un coefficient de fiabilité gISa/2 = 1,02 , soit Flong = 4,5 x 1,10 x 1,02 = 5,05 MN et Ftrans = 5,5 x 1,10 x 1,02 = 6,17 MN
[EN15129 4.3.2].
Dans le cas de sections dimensionnées au plus juste, l’Eurocode 8-2 prévoit des dispositions constructives particulières
dans les zones critiques définies par la relation MRd ≤ 1,3 MEd.
Ces dispositions constructives ont pour objectif d’assurer d’une part un confinement satisfaisant des zones les plus
sollicitées, et d’autre part d’éviter le flambement des armatures longitudinales.
Ces 2 objectifs se traduisent en pratique par les critères de mise en œuvre suivants :
• Confinement minimum :
L’Eurocode 8-2 définit la quantité d’armatures de confinement par le rapport mécanique d’armatures :
w wd = rw. fyd / fcd [EC8-2 Eq. 6.3]
où rw définit le ratio volumique d’armatures transversales :
La quantité minimale d’armatures de confinement doit alors être déterminée comme suit pour des cadres rectangulaires
et des épingles :
wwd,r > max ( ww,req, 2/3 ww,min) [EC8-2 Eq. 6.6]
avec : w w,req = Ac/Acc l hk + 0,13 fyd/fcd (rL -0,01) [EC8-2 Eq. 6.7]
l w w,min
[EC8-2 Tab. 6.1]
Comportement à ductilité limitée 0,28 0,12
Les armatures transversales prévues vis-à-vis de la résistance à l’effort tranchant dans chaque direction sont de :
-- rw,Long = p(8 x 0,0162/4) x 3,90 / (14,4 x 0,20) = 0,0022 (8HA16, e=0,20 insuffisants)
-- rw,Trans = p(6 x 0,0162/4) x 5,90 / (14,4 x 0,20) = 0,0025 (6HA16, e=0,20 insuffisants)
On doit donc augmenter le ferraillage transversal dans les directions longitudinale et transversale de manière
à atteindre le pourcentage volumique minimal requis, soit :
- - Direction longitudinale : 8 HA20 e=0,125 => rw,Long = 0,0054
- - Direction transversale : 8 HA16 e=0,125 => rw,Trans = 0,0053
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 355
soit sL ≤ 5 x 0,025 = 0,125 m
A noter que le fait de surdimensionner l’ouvrage de 30 % permettrait de supprimer les zones critiques et donc
de s’affranchir de toute disposition constructive parasismique spécifique en dehors des dispositions classiques
de l’Eurocode 2.
Annexe 3 p355, Annexe3 p394
4.7.2 - Fondations
Idem cas 1 : Les zones adjacentes à la semelle sur une hauteur équivalente à 3 fois l’épaisseur de barrette ainsi
que les zones situées à une distance inférieure ou égale à 2 fois l’épaisseur de barrette comptée de part et d’autre
des sections de moment maximal ou d’interfaces de couches de sol dont le rapport des modules de cisaillement est
supérieur à 6, doivent être considérées comme des zones de rotules plastiques potentielles et soumises aux mêmes
dispositions que celles décrites au §4.7 de cet exemple pour les fûts de piles ductiles.
Remarque 1 : Des dispositifs particuliers dits « amortisseurs précontraints » à seuil de déclenchement permettent
de remplacer avantageusement les systèmes fusibles, en supprimant en outre les effets de chocs difficiles à évaluer
dans l’analyse et correspondant à la rupture du fusible.
Remarque 2 : Sur culées, les amortisseurs peuvent généralement être positionnés en biais de façon à fonctionner
dans les deux directions, ce qui permet de réduire le nombre de dispositifs et donc l‘encombrement du chevêtre.
Annexe 3 : Exemple de dimensionnement sismique d’un pont caisson en béton précontraint 357
4.8 - Conclusion
L’utilisation de dispositifs amortisseurs conduit au même ratio d’armatures longitudinales dans les piles que dans
les cas précédents (conception en ductilité limité en France métropolitaine ; conception ductile aux Antilles). Par rapport
à la conception ductile, ce type de conception présente plusieurs avantages : dispositions constructives limitées aux
règles de la ductilité limitée, pas d’endommagement prévu sous l’effet d’un séisme de référence (aucune plastification
des armatures). En revanche certaines contraintes d’entretien et de maintenance sont à prévoir pour s’assurer de
la pérennité des amortisseurs dans le temps et de leur bon fonctionnement en cas de séisme.
Définition de la notion de ductilité limitée associée à un coefficient de comportement q tel que : 1 < q ≤ 1,5 Chapitre 3 - 3.1
Prise en compte des inerties fissurées dans le cas de la conception ductile Chapitre 4 - 4.3.2
Prise en compte du comportement élasto-plastique des sections dans les calculs en déplacement (poussée Chapitre 4 - 4.3.2 et
progressive et dynamique temporel non-linéaire) Chapitre 4 - 6.2
Chapitre 4 - 4.3.3 et
Évolution des principes de prise en compte de l’interaction sol-structure
Chapitre 4 - 5.6
Prise en compte d’une rigidité sécante équivalente dans le cas d’appareils d’appui souples associés à un
Chapitre 4 - 4.3.4.3
attelage sismique ou butées de sécurité
Modification de la prise en compte du coefficient d’amortissement structurel Chapitre 4 - 4.4
Prise en compte forfaitaire de la torsion d’axe vertical dans le cas des ponts biais Chapitre 4 - 5.3.5
Prise en compte forfaitaire des effets du second ordre dans le cas des piles de grande hauteur Chapitre 4 - 5.5.3
Modification de la prise en compte de la poussée dynamique des terres selon Mononobe-Okabe Chapitre 4 - 5.7
Annexe 4 : Approches, méthodes de calcul et technologies introduites ou normalisées pour la 1ère fois dans le cadre de l’Eurocode 8 359
Notations
La liste suivante n’est pas exhaustive. D’autres notations peuvent être introduites localement dans le texte.
Majuscules latines
AEk Valeur caractéristique de l’action sismique pour la période de retour de référence
AEd Valeur de calcul de l’action sismique (= γI.AEk)
A c Aire de la section de béton
A s Aire de la section des armatures de béton armé
A sp Section transversale de la barre en forme de spirale ou de frette
A sw Section transversale totale des frettes ou des bielles/tirants dans la direction transversale unique de confinement
A t Section transversale d’une barre
B Largeur du tablier
E Module de young
E c Module de Young du béton
E cm Module d’élasticité sécant du béton
E d Effets des actions en situation sismique de calcul, Poussée des terres calculée
E i Sollicitation issue du mode i
E M Module pressiométrique
Fhc Effort provenant de l’accélération de la culée calculé avec kh
Fhe Effort provenant de l’accélération de la masse des terres reposant sur la semelle calculé avec kh
Fhp Effort d’inertie dû à l’accélération de la masse de la pile sous séisme horizontal
Fht Effort transmis par le tablier sous séisme horizontal
FRd Résistance de calcul
Fvc Effort provenant de l’accélération de la culée calculé avec kV
Fve Effort provenant de l’accélération de la masse des terres reposant sur la semelle calculé avec kv
Fvp Effort d’inertie dû à l’accélération de la masse de la pile sous séisme vertical
Fvt Effort transmis par le tablier sous séisme vertical
G k Valeur caractéristique de la charge permanente
Gmax Module de cisaillement moyen à faibles déformations
H Hauteur de la pile
I Inertie
J cr Inertie fissurée (« cracked »)
J eff Rigidité effective des éléments ductiles en béton armé
J un Inertie brute non fissurée (« uncracked »)
Keff Rigidité effective
K eff,u Raideur effective ultime
Keq Raideur élastique équivalente
K i Raideur élastique d’une ligne d’appui i
L Longueur totale du tablier continu
L g Distance au-delà de laquelle les mouvements du sol peuvent être considérés comme entièrement indépendants
L h Longueur de calcul des rotules plastiques
Li Distance projetée sur l’horizontal entre l’appui considéré et un point de référence
L lim Longueur de tablier au-delà de laquelle la variabilité de l’action spatiale doit être prise en compte
L p Longueur de rotule plastique
L s Distance entre la rotule plastique et le point de moment nul
L v Distance entre la section de rotule plastique et la section de moment nul
Minuscules latines
a g Accélération de calcul au niveau d’un sol de classe A
agc Valeur de calcul de l’accélération en phase de construction
agR Accélération maximale de référence au niveau d’un sol de classe A
avg Accélération de calcul du sol suivant la direction verticale
361
Notations
b Dimension de la section transversale du noyau en béton perpendiculaire à la direction du confinement considérée,
mesurée aux nus extérieurs de la frette
bmin Plus petite dimension du noyau en béton
cu Résistance au cisaillement du sol non drainé
d Épaisseur effective de la section.
d a Moyenne des déplacements transversaux de toutes les têtes de piles sous l’effet de l’action sismique transversale,
ou sous l’action d’une charge transversale de répartition similaire
d bd Déplacement de calcul de l’isolateur correspondant au déplacement de calcul du système d’isolation dcd
dbL Diamètre de la barre longitudinale
d cd Déplacement de calcul du système d’isolation
d d Déplacement atteint pendant le chargement
ddiff Déplacement dû aux effets différés
d E Déplacement sismique (dû uniquement à l’action sismique de calcul)
d Ed Déplacement sismique de calcul
deg Déplacement effectif dû à la variation spatiale du déplacement sismique
d eq Déplacement global équivalent
des Déplacement sismique effectif de l’appui dû à la déformation de la structure
d g Déplacement de calcul du sol
d G Déplacement dû aux effets de longue durée des actions permanentes et quasi-permanentes
d T Déplacement dû aux mouvements thermiques
d u Déplacement ultime cible
d y Déplacement à la limite élastique
f Fréquence propre d’un système linéaire à un seul degré de liberté
f c Résistance en compression du béton
f ck Valeur caractéristique de la résistance du béton
fcm Valeur moyenne de la résistance en compression du béton
fcm,c Valeur moyenne de la résistance en compression du béton confiné
f t Résistance à la traction
f tk Contrainte plastique maximale caractéristique des armatures longitudinales
f y Limite d’élasticité
fyk Limite élastique caractéristique des armatures longitudinales
f ym Limite d’élasticité probable des armatures de confinement
f ys Limite d’élasticité de l’armature longitudinale
fyt Limite élastique caractéristique de l’acier des armatures transversales
g Accélération de la pesanteur
h Profondeur de la section transversale dans le sens de la flexion de la rotule plastique
k h Coefficient sismique horizontal
k v Coefficient sismique vertical
l m Longueur minimale d’appui assurant la transmission en toute sécurité de la réaction verticale
lov Valeur du repos d’appui minimal
p Probabilité de dépassement
p E Pourcentage du déplacement sismique de calcul
p l Pression limite
p T Pourcentage du mouvement thermique
q Coefficient de comportement
q c Paramètre de sol CPT
r i Coefficient de réduction de la force locale requis au droit de l’élément ductile i
rmax Valeur maximale de ri
r min Valeur minimale de ri
s Jeu de l’attelage
s L Espacement (longitudinal) maximal
s T Espacement entre les axes des frettes ou des épingles supplémentaires
t c Durée de construction de l’ouvrage
Minuscules grecques
α Rapport entre l’accélération de calcul du sol et l’accélération de la pesanteur ou Coefficient d’efficacité du
confinement
α s Rapport de portée d’effort tranchant de la pile (= L s/d )
γ I Coefficient d’importance de l’ouvrage
γIS Coefficient de fiabilité
γ R Facteur de réduction des efforts
γ M Coefficient partiel des matériaux
γ c Coefficient partiel pour le béton
γ s Coefficient partiel pour l’acier
γ eff Amplitudes de déformation de cisaillement effective dans chaque couche de sol
γ max,t Valeur maximale de la déformation de cisaillement dans la couche de sol en champ libre
γ 0 Coefficient de sur-résistance ou surcapacité
γ Bd1 Coefficient de sécurité complémentaire vis-à-vis des ruptures fragiles par effort tranchant
γR,p Coefficient de sécurité pour les rotules plastiques
δ Paramètre dépendant du rapport ft/fy
εsy Déformation limite élastique des armatures
ε cu,c Déformation relative ultime du béton confiné en compression
ε c1 Déformation relative en compression du béton au pic de contrainte fc
εcu Déformation relative ultime du béton en compression
ε su Déformation plastique ultime pour l’acier
η Coefficient de correction d’amortissement
θ y Rotation limite élastique
θp,u Capacité de rotation plastique
θ d Rotation atteinte par l’articulation pendant le chargement
μ d Coefficient de ductilité global en déplacement
μ φ Coefficient de ductilité locale (ou demande de ductilité locale) en courbure
μ θ Coefficient de ductilité en rotation à la corde (rotation de l’articulation)
μ Masse linéique du tablier
ν Coefficient de Poisson
ν s,30 Valeur moyenne de la vitesse de propagation des ondes S dans la couche supérieure de 30 m de sol, pour une
distorsion inférieure ou égale à 10-5
ξ Pourcentage d’amortissement visqueux
ξ eq Amortissement global équivalent
ρ Masse volumique
ρ L Pourcentage d’armatures longitudinales
ρ w Pourcentage d’armatures transversales
σ e Pression effective de confinement
ϕ Angle de biais
Ψ T Angle balayé en plan par la tangente à l’axe de l’ouvrage (ouvrage courbe)
Ψ i Angle formé par les tangentes à la ligne moyenne de l’ouvrage aux appuis n°0 (culée) et i
Ψ 2 Coefficient de combinaison pour la valeur quasi-permanente de l’action thermique
Ψ 21 Coefficient de combinaison correspondant aux valeurs quasi permanentes des charges dues au trafic
ω Pulsation propre d’un système linéaire à un seul degré de liberté
ωwd Rapport mécanique des armatures de confinement
363
Notations
Bibliographie
[2] Décret n° 2010-1255 du 22 octobre 2010 portant délimitation des zones de sismicité du territoire français
[3] Arrêté du 26 octobre 2011 relatif à la classification et aux règles de construction parasismique applicables
aux ponts de la catégorie dites « à risque normal »
[4] NF EN1998-1 Eurocode 8 : Calcul des structure pour leur résistance aux séismes - Partie 1 : Règles générales,
actions sismiques et règles pour les bâtiments
[5] NF EN1998-2 Eurocode 8 : Calcul des structure pour leur résistance aux séismes - Partie 2 : Ponts
[6] NF EN1998-5 Eurocode 8 : Calcul des structure pour leur résistance aux séismes - Partie 5 : Fondations, ouvrages
de soutènement et aspects géotechniques
[9] Guide Sétra/Sncf « Conception des ponts courants en zones sismiques » (obsolète et remplacé par le présent
guide)
[10] Guide AFPS « Dispositions constructives parasismiques des ouvrages en acier, béton, bois et maçonnerie »
[11] Cahier Technique n° 30 AFPS/Cerema « Recommandations sur l’emploi des dispositifs parasismiques pour les ponts »
[12] Guide Cerema « Diagnostic et renforcement sismiques des ponts existants », à paraître
[13] Guide AFPS/CFMS « Procédés d’amélioration et de renforcement de sol sous actions sismiques »
[14] Cahier technique AFPS n° 26 « Méthodes en déplacement : Principe - Codification - Application »
[15] Displacement-Based Seismic Design of Structures - Earthquake Spectra Volume 24, Issue 2, pp. 555-557
(May 2008) - M. J. N. Priestley, G. M. Calvi, and M. J. Kowalsky
[16] European Macroseismic Scale 1998 - Cahiers du Centre Européen de Géodynamique et de Séismologie Volume 19,
Luxembourg, 2001, sous la direction de G. Grünthal
[17] The energy release in great earthquakes - Journal of Geophysical Research, Volume 82, 2981-2987, 1977,
Kanamori H
[18] Waves and Vibrations in Soils: Earthquakes, Traffic, Shocks, Construction works, IUSS Press, Pavie, Italie, 2009,
Semblat J.F., Pecker A
[19] Dynamique des sols - Presse des ponts et chaussées (1984) - A. Pecker
[20] Horizontal stiffness and damping of singles piles - Journal of Geotechnical Engineering Division, Volume 108,
n° GT3, pp 439-459 (March 1982) - R. Dobry, E.V. Vicente, M.J. O’Rourke, J.M. Roesset
[21] Analysis of machine foundation vibrations : state of the art - International Journal of Soil Dynamics and Earthquake
Engineering, Volume 2, n° 1, pp 2-42 (1983) - G. Gazetas
[22] On the determination of earthpressure during earthquakes - Procedure World Engineering Congress, Tokyo,
Volume 9, paper n° 388, p.176.(1929) - Mononobe N., Matsuo H.
[23] General theory of earth pressure and seismic stability of retaining walls - Journal of the Japanese Society of
Civil Engineers - Volume 12, n° 1 - (1926) - Okabe S.
365
Bibliographie
Notes
Notes 367
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