Chauffage Par Micro-Ondes

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LES MICRO-ONDES DANS LE SPECTRE ELECTROMAGNETIQUE

Selon la nomenclature officielle, les micro-ondes font partie des ondes radios qui couvrent la
gamme des radiofréquences, principalement dans la bande HF (high frequency 3 MHZ -
30 MHz), VHF (very high frequency, 30 MHz – 300 MHz) ou dans la bande UHF (ultra high
frequency, 300 MHz -3 GHz). Elles sont également appelées ondes centimétriques car les
longueurs d’onde associées vont du millimètre au mètre. Sur le spectre électromagnétique,
elles sont situées entre les hautes fréquences et les infrarouges (figure I 1).

Les fréquences utilisables pour les applications industrielles de chauffage par micro-ondes
sont réglementées pour éviter le risque d’interférence avec les radiocommunications et les
radars. Des réglementations pour l’utilisation des micro-ondes sont mises en place pour divers
pays et gouvernements. A titre d’exemple, en Amérique du nord, les fréquences de 915 MHz
et 2450 Mhz sont disponibles. Dans les îles britanniques, les fréquences 896 MHz et 2450
MHz sont autorisées alors qu’il n’existe pas d’autorisation spécifique pour utiliser la bande
de fréquences autour de 900 MHz sur le continent européen [2].
En Europe, la fréquence la plus généralement utilisée est celle de 2450 MHz (= 12,2 cm),
quant à la fréquence de 915 MHz (= 32,8 cm), son utilisation nécessite une dérogation
accordée par arrêté préfectoral [3]. Aux Etats-Unis, la fréquence 915 MHz est couramment
utilisée dans l’industrie tandis que la fréquence 2450 MHz est réservée aux applications
domestiques des micro-ondes.

I.2. APPLICATIONS INDUSTRIELLES DES MICRO-ONDES


I.2.1. Généralités
Depuis la découverte de la technologie micro-onde dans les années 1930, les micro-ondes
sont utilisées abondamment à la fois en radio télécommunication mais aussi pour des
applications énergétiques. Outre les applications liées à la transmission de l’information, les
exemples d’utilisation des micro-ondes dans l’industrie de transformation sont nombreux. Les
applications principales dans le secteur agro-alimentaire concernent essentiellement des
procédés de séchage et de tempérage des produits. On distingue aussi des applications plus
spécifiques liées à l’industrie chimique (extraction assistée par micro-ondes) et des matières
plastiques (vulcanisation…).
I.2.3. Appareillage
La figure I 2 montre un exemple des éléments principaux d’un dispositif micro-onde
industriel. A la différence des micro-ondes à usage domestique, les éléments
d’instrumentation d’un système industriel sont beaucoup plus nombreux.
D’une part, les ouvertures pour le passage des produits dans le convoyeur sont beaucoup plus
grandes que la longueur d’onde des radiations. D’autre part, les puissances consommées
varient de dix à plusieurs centaines de kilowatt selon le type d’application envisagée.

CONSTITUTION GENERALE D’UN SYSTEME DE CHAUFFAGE A MICRO-


ONDES
Tout système de chauffage micro-ondes comporte trois éléments :
- le générateur d’onde, qui produit des ondes électromagnétiques,
- le guide d’onde dont le rôle est d’amener les ondes électromagnétiques depuis le générateur
vers l’enceinte d’application,
- l’applicateur (appelé aussi enceinte) dans lequel est placé le produit à traiter.
Générateur
Le magnétron est le type de générateurs d’ondes le plus répondu pour la production des ondes
électromagnétiques. Il constitue le « cœur » du four à micro-ondes, c’est lui qui sera à la base
de la production d’énergie électromagnétique. Le magnétron est un tube à vide circulaire qui
est constitué d’une cathode centrale, chauffée par un filament, et d’une anode concentrique
composée de cavités résonnantes de formes différentes selon le magnétron. Il coexiste deux
types de champs :
- un champ magnétique axial produit par deux aimants placés à l’extrémité du tube,
- un champ électrique généré entre l'anode et la cathode perpendiculaire au champ
magnétique.
Une tension très élevée (quelques kilovolts) est appliquée dans un espace très restreint de
quelques millimètres entre l’anode et la cathode qui génère ainsi la production d’électrons. Le
champ électrique accroît leur énergie cinétique et le champ magnétique incurve leur
trajectoire. Les électrons ainsi accélérés rayonnent de l'énergie sous la forme d'ondes
électromagnétiques. Un système de refroidissement du bloc anodique à l’air ou bien par
circulation à eau pour les magnétrons de forte puissance est utilisé.

Guide d’onde
Le guide d’onde est une pièce métallique qui conduit les ondes depuis le générateur jusqu’à
l’applicateur. Il s’agit d’un tube parallélépipédique (voir fig.) creux de dimensions bien
précises dans lequel se trouvent des ondes progressives. Ces dimensions conditionnent le
mode de propagation des ondes électromagnétiques.
Applicateur
L’applicateur est une cavité fermée qui doit assurer le transfert de l’énergie électromagnétique
depuis la sortie du guide jusqu’au produit à traiter.
Deux architectures de base existent selon le mode de propagation développé : monomode ou
multimode.
Un applicateur est dit monomode lorsque ses dimensions géométriques permettent de
conserver un seul mode de propagation, donc une seule configuration du champ. Ce type
d’applicateur permet le contrôle précis du champ électrique mais est réservé au traitement de
produits de petits volumes ; celui-ci est alors placé dans le guide d’onde.
Dans une cavité multimode, les ondes électromagnétiques se réfléchissent sur les parois et
développent un réseau d’ondes stationnaires (une onde stationnaire oscille sans se déplacer et
possède des minima (nœuds) et des maxima (ventres) d'amplitude fixes dans l'espace). On dit
que l’on a une cavité résonnante. Il existe donc plusieurs configurations de champ avec une
distribution variable. Dans cette cavité, on peut traiter une quantité de produit plus grande que
dans une cavité monomode, mais il est difficile de contrôler la distribution du champ et de
forts gradients de température peuvent se développer dans le produit. Pour pallier ce
problème, une solution technique courante consiste à utiliser des brasseurs d’ondes ou des
plateaux tournants (comme dans les fours domestiques).

Spécificité du chauffage micro-onde


Les éléments qui ont été présentés précédemment indiquent que le chauffage par micro-ondes
possède „incontestablement‟ un caractère hétérogène. En effet, le champ de température au
sein d’un matériau va dépendre :
 du champ appliqué localement qui est lui-même hétérogène du fait de la présence des
ondes stationnaires et par le phénomène d’atténuation des ondes pénétrant dans le
matériau.
 de la conductivité thermique du matériau qui va déterminer la qualité du transfert
thermique. La rapidité de la vitesse du chauffage micro-onde va générer au sein du
matériau des hétérogénéités en température, l’équilibre thermique étant plus
difficilement atteint.
 des pertes thermiques en surface et en paroi. Il faut remarquer ici que, compte-tenu de
la particularité des micro-ondes, les parties les plus froides se trouveront en surface et
en paroi, contrairement à ce que l’on peut observer par les techniques de chauffage
classique pour lesquelles les parois constituent les zones de température les plus
élevées comme le montre la figure I.3.

LES INTERACTIONS MICRO-ONDES MATIERE


Dans le cas d’un traitement thermique par micro-ondes, l’onde générée est vectrice de
puissance électromagnétique. C’est cette puissance transportée par l’onde qui se dégrade en
chaleur dans les diélectriques à pertes.
L’onde électromagnétique contient deux composantes : le champ électrique E et le champ
magnétique H. Ces deux quantités sont des vecteurs orthogonaux entre eux (figure I 3). En
espace libre, la vitesse maximale C0 à laquelle peut se propager l’onde correspond à la vitesse
de la lumière, soit 3 × 108 m/s.
LES DIELECTRIQUES
En réalité, seuls certains matériaux isolants ou mauvais conducteurs d’électricité sont
capables de s’échauffer sous l’action des micro-ondes. Ces matériaux sont appelés
diélectriques par opposition aux matériaux conducteurs qui contiennent des charges libres. Un
diélectrique parfait ne contient pas de charges électriques libres, en conséquence il possède
une conductivité électrique nulle. Macroscopiquement, les diélectriques se présentent comme
des entités globalement neutres d’un point de vue électrique mais avec une répartition
dissymétrique de leurs charges ioniques partielles (figure I 4). En d’autres termes, une partie
de la molécule est chargée positivement, tandis que l’autre partie l’est négativement. Ces
molécules forment donc des dipôles électriques.
GENERALITES SUR LES PROPRIETES DIELECTRIQUES
Le comportement électrique d’un matériau soumis à des champs électromagnétiques est
caractérisé par des paramètres constitutifs : la permittivité (, la perméabilité () et la
conductivité ().
I.4.1. Permittivité électrique
La permittivité électrique caractérise le comportement électrique des matériaux vis-à-vis du
champ électrique. En effet, lors de l’application d’un champ électromagnétique, l’incapacité
des molécules à réaliser leur alignement au champ électrique conduit à une dissipation
d’énergie électrique.
La permittivité se compose d’une partie réelle (’, la constante diélectrique) et d’une partie
imaginaire (’’, le facteur de pertes diélectriques), toutes deux constituent les propriétés
diélectriques du matériau. La relation qui lie la constante diélectrique au facteur de pertes est
la suivante :
'j' ' (I. 1)
Avec j 1
La constante diélectrique ainsi que le facteur de pertes sont souvent normalisés par rapport
aux caractéristiques diélectriques du vide. La permittivité se définit alors à partir de
paramètres diélectriques relatifs :
ε =ε 0 (ε 'r − j ε 'r' )
La partie réelle de la permittivité relative r’ traduit la faculté du diélectrique à se polariser et
à stocker l’énergie électrique, autrement dit à s’orienter dans le sens du champ électrique.
D’une manière plus spécifique, la constante diélectrique caractérise la pénétration de l’énergie
électromagnétique au sein d’un matériau et permet donc de déterminer les rapports entre la
quantité d’énergie délivrée au produit et celle transmise au sein du produit [8].
L’aptitude d’un matériau à s’échauffer sous l’action d’un rayonnement micro-onde est
représentée par son facteur de pertes diélectriques relatif r’’. Cette valeur représente
l’ensemble des phénomènes responsables de la génération de chaleur au sein du matériau
(pertes par conduction et par polarisation). Les produits ayant un facteur de pertes supérieur à
1 s’échauffent facilement sous l’influence d’un rayonnement micro-onde. Parmi ces composés
à pertes diélectriques élevées, figurent l’eau à l’état liquide, les produits naturellement riches
en eau et les solvants polaires comme les alcools.
Les phénomènes de frictions intermoléculaires dus à la rotation des dipôles électriques se
manifestent par un léger retard pris par les matériaux polarisés pour s’orienter après
l’application du champ électrique. Ce déphasage est représenté par l’angle de pertes qui
relie le facteur de pertes à la permittivité.
'' '.tan
I.4.2. Conductivité électrique
La conductivité électrique (est en lien avec le facteur de pertes diélectriques et caractérise
les propriétés conductrices des électrons libres ainsi que les phénomènes d’alignement
dipolaire des charges liées [6]. Pour ceci, on définit une conductivité effective (eff) qui prend
en compte l’ensemble des deux phénomènes. Cette conductivité effective représente la
somme d’une conductivité électrique propre aux électrons libres (e) et d’une autre portion
qui reflète l’aptitude de la molécule à s’aligner sur le champ électromagnétique (d).

σ eff =σ e + σ d =ε 'r'eff w ε 0

ε 'r'eff est la valeur relative du facteur de pertes diélectriques effectif qui comprend les deux
mécanismes responsables de la dégradation de la puissance électromagnétique en chaleur au
sein du matériau.
'' '' σe
ε r eff =ε r d +
w ε0
σe
C’est le rapport qui indique si le matériau est plutôt conducteur ou diélectrique. Si
w ε'
σe
≪ 1, alors le milieu peut être considéré comme un bon diélectrique (mauvais conducteur
w ε'
électrique ou milieu à pertes). Dans ce cas, la densité de courant de déplacement est beaucoup
σe
plus grande que la densité de courant de conduction. A l’inverse si ≫ 1, le milieu est un
w ε'
bon conducteur d’électricité.
I.4.3. Perméabilité magnétique
Par analogie avec la permittivité qui définit le lien avec le champ électrique, on définit la
perméabilité qui décrit les interactions avec le champ magnétique.
Dans la plupart des applications micro-onde, les matériaux traités sont non magnétiques et la
perméabilité peut être considérée comme égale à celle du vide.
PRINCIPE DU CHAUFFAGE PAR MICRO-ONDES
PHENOMENES DE POLARISATION-RELAXATION
En l’absence de tout champ électrique, l’orientation des dipôles d’un diélectrique est aléatoire.
Sous l’action d’un champ électrique, les dipôles s’orientent dans le sens du champ électrique
(polarisation). Ainsi, dans un champ électrique alternatif, l’orientation des dipôles change à
chaque alternance du sens du champ électrique : c’est le phénomène de relaxation.
La fréquence et l’intensité de la radiation émise jouent un rôle important sur chacun des deux
mécanismes responsables de la génération de chaleur. Les pertes par polarisation deviennent
de plus en plus importantes à haute fréquence. Il existe quatre mécanismes principaux de
polarisation diélectrique : la polarisation par charge d’espace, la polarisation par alignement
dipolaire (cas de la molécule d’eau), la polarisation ionique et la polarisation électronique.
Dans les procédés de traitement thermique par micro-ondes, les phénomènes de polarisation
par alignement dipolaire sont prépondérants. Dans un champ électrique variable, la rotation
des molécules sur elles-mêmes due à la polarisation successive s’accompagne de frictions
intermoléculaires. Ces phénomènes de friction conduisent à une génération volumique de
chaleur (figure I 5). A la fréquence de 2,45 GHz, cette oscillation des dipôles en direction du
champ électrique se produit à raison de 2,45 × 10 9 fois par seconde. Ainsi, plus la fréquence
du champ électrique est importante, plus les frottements sont intenses et plus le dégagement
de chaleur est important.
La molécule d’eau caractérisée par un moment dipolaire est un bon exemple pour illustrer le
principe de chauffage par micro-ondes.

LA CONDUCTION ELECTRIQUE
Le second phénomène à l'origine de l'échauffement d'un diélectrique non parfait soumis à un
champ électrique alternatif est dû à sa conductivité électrique donc au déplacement de charges
libres. La résistivité , grandeur caractéristique du matériau inverse de la conductivité 1/ ,
est à l'origine d'une valeur de résistance R, propriété du matériau à s'opposer au passage du
courant.
l l
R=ρ. =
s σ .s
σ , résistivité en Ω.m
l, longueur en m
s, section en m²
 , conductivité en Ω-1.m-1
Ce phénomène est à l'origine d'une dissipation d'énergie sous forme de chaleur dans le
matériau: c'est l'effet Joule. L'importance des pertes par conduction lors du chauffage par
micro-ondes a été démontrée par les expériences de McGill & al. qui ont étudié le chauffage
micro-ondes d'une grande variété de poudres métalliques, de matériaux inorganiques et de
divers minéraux. Ces auteurs observent que seuls les sulfures semi-conducteurs et les oxydes
de valence mixte ont pu être chauffés à plus de 1000°C en quelques minutes. Ce résultat est
expliqué par les différentes valeurs de conductivité électrique de ces matériaux. En effet, les
semi-conducteurs et les oxydes de valence mixte semblent présenter des valeurs de résistivité
optimales pour le chauffage par micro-ondes (10-5-10-2 Ω.m), contrairement aux autres oxydes
céramiques (SiO2, Al2O3, KAlSi3O8, CaCO3) isolantes (104-1014 .Ω.m) et aux poudres
métalliques (Al, Co, Cu, Fe, Mg, Mo) conductrices (10-6-10-8 .Ω.m).
PUISSANCE ABSORBEE OU DISSIPEE
La puissance absorbée par un matériau sous irradiation micro-ondes peut être déterminée en
fonction des caractéristiques thermo-physiques du produit, du champ électrique à l’intérieur
de la cavité et champ magnétique dans le cas où le produit possède des propriétés
magnétiques.
Selon le cas, la puissance est donnée par la relation suivante :
o Le produit ne possède pas de propriétés magnétiques

P=w ε 0 ε 'eff' E 2rms


Ou
P=2 πf ε ' tanδ E2rms

Où P est la puissance absorbée par unité de volume [W/m3] ε 'eff' , le facteur de perte
diélectrique effectif (ε 0 ε ''eff ¿ ε ' tanδ ), 𝜔 est la fréquence angulaire (𝜔 = 2𝜋𝑓) [s ], et 𝐸𝑟𝑚𝑠 est
-1

la moyenne géométrique du champ électrique [V/m].


o Le produit ne possède pas de propriétés magnétiques

P=w ε 0 ε 'eff' E 2rms + w ε 0 µ'eff' H 2rms

Avec µ''eff est le facteur de perte magnétique effectif et H rms représente le champ magnétique
[A/m].
PROFONDEUR DE PENETRATION
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