Classification Botanique Et Nomenclature
Classification Botanique Et Nomenclature
Classification Botanique Et Nomenclature
botanique et
nomenclature
une introduction —
Marc S.M. Sosef
Jérôme Degreef
Henry Engledow
Pierre Meerts
Classification
botanique et
nomenclature
une introduction —
Marc S.M. Sosef
Jérôme Degreef
Henry Engledow
Pierre Meerts
par Marc S.M. Sosef1, Jérôme Degreef1,2, Henry Engledow1 & Pierre Meerts3
1
Meise Botanic Garden, Nieuwelaan 38, B-1860 Meise, Belgique
2
Service Général de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scien-
tifique, Fédération Wallonie-Bruxelles, Rue A. Lavallée 1, B-1080 Bruxelles,
Belgique
3
Herbarium et bibliothèque de botanique africaine, Université Libre de
Bruxelles, Av. F.D. Roosevelt 50, CP 265, B-1050 Bruxelles, Belgique
DOI : 10.5281/zenodo.3706717
ISBN 9789492663214
Sujet : Botanique
D/2020/0325/003
Table des matières
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1. Histoire de la classification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.1 De Théophraste au Moyen Âge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.2 La Renaissance, période pré-Linnéenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.3 Linné et les Linnéens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.4 La pensée évolutionniste fait son entrée dans
la théorie de la classification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.5 Méthodes phénétiques, cladistiques et phylogénétiques . . . . . . . . . 20
1.6 Groupes naturels, monophylie, paraphylie et polyphylie . . . . . . . . . . 23
2. Le concept d’espèce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.1 Qu’est-ce qu’une espèce ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.2 Spéciation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.3 Taxons infraspécifiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
4. L’art de l’identification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
4.1 Clés d’identification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
4.2 Clés multi-entrées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
4.3 Barcoding de l’ADN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
4.4 Identification de spécimens d’herbier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
5. La préparation d’une révision taxonomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
A. Inventaire des noms et révision de la littérature . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
B. Observations en herbier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
C. Création d’une base de données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
D. Observations géographiques et écologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
E. Décisions taxonomiques et nomenclaturales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
F. Préparation des descriptions taxonomiques, traitements,
illustrations et clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
G. Production du manuscrit et publication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
Introduction
5
6
La biologie est la science qui explore le monde vivant qui nous entoure. Pour
ce faire, il est nécessaire que chaque organisme reçoive un nom. La diversité
des organismes vivants peut être ordonnée sous forme d’une structure hié-
rarchique où des noms sont utilisés pour désigner des organismes regrou-
pés à différents niveaux. Classer et nommer des organismes sont des outils
essentiels de la communication scientifique. Cette discipline, qui constitue le
fondement de la recherche en biologie, est appelée « Taxonomie ». Les taxo-
nomistes explorent, décrivent, nomment et classifient tous les organismes
vivant sur la Terre.
Bien que les informations fournies soient générales, la plupart des exemples
sont tirés des plantes et des champignons d’Afrique tropicale. Chaque cha-
pitre est suivi d’un aperçu de la littérature scientifique et des ressources dis-
ponibles sur la toile en lien avec les sujets traités. Ici encore, les sources biblio-
graphiques ne sont en aucun cas exhaustives et se focalisent sur la taxonomie
des plantes et champignons africains.
Histoire de
la classification
9
Tout travail de recherche en biologie commence par la même question : « De
quel organisme s’agit-il ? ». Du gestionnaire d’une réserve naturelle qui a be-
soin de savoir quelles espèces poussent dans les limites de la zone protégée
pour établir un plan de gestion, au primatologue qui inventorie les aliments
consommés par les chimpanzés en passant par l’améliorateur qui étudie les
proches parents sauvages de la pomme de terre à la recherche d’un gène
de résistance à une maladie, tous doivent pouvoir identifier et nommer leur
matériel. Il est donc hautement souhaitable que les mêmes noms soient ac-
ceptés à travers le monde.
Figure 3.
Dioscoride.
13
14
1.2 La Renaissance, période pré-Linnéenne
La Renaissance (fin du XIVe au XVIIe siècle) a marqué une nouvelle ère pour
la science. Les Européens exploraient et découvraient l’Amérique, l’Afrique,
l’Asie et l’Australie, ramenant de nombreuses plantes inconnues jusqu’alors
en Europe. Celles-ci étaient cultivées dans des jardins, dont le nombre s’est
multiplié rapidement, le premier ayant été créé au début du XVIe siècle en
Italie. Au début, on les appelait des jardins médicinaux ; plus tard, lorsque l’inté-
rêt s’est porté sur l’étude des plantes pour elles-mêmes plutôt que pour leurs
usages, ils sont devenus les jardins botaniques que nous connaissons encore
aujourd’hui. Avec l’invention de l’imprimerie (1450-1455), l’information deve-
nait aussi plus facile à partager et à diffuser, ce qui a eu pour effet de stimuler
l’échange des connaissances et le débat d’idées. Les gens devinrent curieux du
monde qui les entourait. Vers 1530, au jardin botanique de Pise, l’Italien Luca
Ghini (1490-1556) invente une méthode révolutionnaire de conservation
des plantes par séchage et pressage, ce qui permettait de les étudier à tout
moment de l’année. Les échantillons de plantes étaient conservés dans des
livres connus sous le nom de « hortus siccus » (jardin séché), avant que le
mot « herbier » ne soit adopté. Ces collections de spécimens constituaient
des biens précieux que seuls les riches pouvaient posséder (Ghorbanie et al.
2018 ; figure 5).
16
1.3 Linné et les Linnéens
Il crée tout d’abord un système très clair de classification des plantes basé
sur le nombre d’étamines et de styles de la fleur, qu’il appelle son « système
sexuel » (figure 8). Il reconnait cinq niveaux taxonomiques : la variété, l’es-
pèce, le genre, l’ordre (qui correspond à peu près à la famille actuelle) et la
classe. Ce système simple, malgré quelques défauts, a contribué à structurer
la taxonomie.
17
neveu, Antoine Laurent de Jussieu, l’ouvrage Figure 9. Page
Il a fallu encore 50 ans avant que Charles Darwin (1809-1882 ; figure 10)
publie sa célèbre théorie de l’évolution et de la survie des plus aptes dans On
the Origin of Species (1859). Indépendamment, Alfred Russel Wallace (1823-
1913) était arrivé à la même conclusion en travaillant en Asie. [En fait, la théo-
rie avait déjà été publiée en 1858, dans un article rédigé par Darwin et Wal-
lace dans le Journal of the Proceedings of the Linnean Society : Zoology.] Darwin
introduisit le concept central de descendance avec modification qui reçut plus
tard un large soutien et qui est encore accepté aujourd’hui. Le concept d’évo-
lution a eu un impact majeur sur le développement de la théorie sous-ten-
dant la classification de la nature et, par conséquent, sur la taxonomie. Les
biologistes ont compris que, puisque l’histoire de la vie est unique, la seule
classification qui soit naturelle est celle qui reflète cet arbre unique de la vie, la
phylogénie. Ce dernier terme n’a pas été inventé par Darwin mais par Ernst
Haeckel (1834-1919) en 1866 dans Generelle Morphologie der Organismen.
Darwin avait prédit que « nos classifications deviendront, dans la mesure du
possible, des généalogies » (Darwin 1859, p. 486). Cette nou-
velle théorie impliquait également que les caractères utiles à la
taxonomie étaient ceux hérités d’un ancêtre commun. Néan-
moins, Darwin n’ a pas proposé de nouvelles méthodes per-
mettant de reconstruire l’arbre phylogénétique d’un groupe de
taxons ou pouvant orienter le travail des taxonomistes.
Figure 10.
Charles Darwin.
19
Méthodes phénétiques, cladistiques et
1.5 Figure 11. Exemple
phylogénétiques de phénogramme, avec
une mesure de similarité
Au début des années 1960, apparait une nou- (Distance de Manhattan)
velle technique appelée « taxonomie numé- le long de l’axe des x
rique » qui permet de produire un arbre, ou (repris de Pometti et al.
phénogramme (figure 11), sur lequel pouvait 2007).
se baser une classification. Ce sont notamment
les travaux de Sokal & Sneath (1963, et éditions ultérieures), Principles of nu-
merical taxonomy, qui en ont jeté les bases. La technique, également appelée
phénétique, est basée sur une analyse quantitative des similitudes existant
entre taxons, à l’aide d’une matrice de données de caractères par taxons -
combinant des caractères binaires (par exemple : stipules présentes, oui/non),
des caractères multi-états (par exemple : couleur des fleurs, avec les états
1=blanc, 2=jaune, 3=bleu), ou des caractères continus (par exemple : lon-
gueur du calice en mm). Le résultat prend la forme d’une matrice de distances
entre toutes les paires d’individus ou de taxons, appelés UTO (unités taxono-
miques opérationnelles). On s’est cependant vite rendu compte qu’une res-
semblance générale n’indique pas nécessairement une relation évolutive. Par
exemple, des espèces peuvent avoir développé des caractéristiques similaires
parce qu’elles se sont adaptées à la même contrainte environnementale.
Comme cette méthode n’était pas basée sur la théorie de l’évolution, elle ne
permettait pas d’interpréter, sous l’angle de l’évolution, la variation observée
par rapport aux ancêtres et aux descendants, ni les modifications des états
de caractères. Bien que cette méthode produise des phénogrammes qui ont
la structure d’arbres, ceux-ci ne représentent pas une classification naturelle
et évolutive. Cette théorie a néanmoins prospéré pendant un certain temps,
20 bénéficiant grandement des progrès rapides de l’informatique.
21
on parle de réversion évolutive ; l’évolution indépendante du même état de
caractère dans deux ou plusieurs branches différentes de l’arbre est appelée
un parallélisme.
Tout d’abord, il faut comprendre qu’un cladogramme n’est pas un arbre phy-
logénétique mais une représentation schématique des données, montrant
sur ses branches les changements d’états de caractères (morphologique,
chimique ou génétique) (figure 13). Comme, en systématique, on ne vise
pas à classer des caractères mais des espèces (ou des taxons), il faut trans-
former ce cladogramme en un véritable arbre phylogénétique représentant
les relations ancêtres-descendants entre individus, populations ou espèces.
Les branches constituent les relations évolutives entre les unités impliquées
dans le processus évolutif (voir figure 14) et l’arbre phylogénétique peut donc
effectivement être utilisé pour déduire une classification.
Après avoir décidé quelles règles on veut suivre pour découper un arbre phy-
logénétique (ou un cladogramme) en taxons, il reste de nombreux choix à
faire qui rendent le processus de classification et de dénomination des taxons
en partie subjectif. « Quelle partie de l’arbre vais-je considérer comme un
genre ? », « Ou bien serait-il préférable de l’appeler un sous-genre ? » etc. :
autant de questions auxquelles il faut répondre. Privilégier les décisions qui
perturberont le moins possible la classification existante est une bonne ligne
de conduite qui privilégie la stabilité des noms.
• Stace C.A. (1991) Plant Taxonomy and Biosystematics, 2nd ed.. London,
Edward Arnold. ISBN 071.3129557
• Stuessy T.F., Crawford D.J., Soltis D.E., Soltis P.L. (2015) Plant Syste-
matics. The Origin, Interpretation, and Ordering of Plant Biodiversity.
ISBN 978-3874294522
2.
Le concept
d'espèce
2.1 Qu’est-ce qu’une espèce?
Les biologistes s’accordent généralement à dire que l’espèce est une unité
naturelle fondamentale. Paradoxalement, il est très difficile de définir ce qu’est
exactement une espèce ! La controverse se situe plutôt au niveau théorique
que pratique et est connue comme étant le « problème de l’espèce ».
Quel que soit le concept utilisé pour distinguer une espèce, la délimitation
de l’espèce telle qu’un taxonomiste la propose, représente en fait une hy-
pothèse de travail concernant les relations existant entre les individus qui la
composent. Une telle hypothèse peut être testée à l’aide de preuves mor-
phologiques, génétiques, comportementales, …
2.2 Spéciation
29
Le processus de spéciation est étroitement lié à la présence de mécanismes
d’isolement reproductif qui empêchent les croisements. Voici un aperçu de
ces mécanismes, divisés en deux groupes : les mécanismes d’isolement pré-re-
producteur (c’est-à-dire avant la pollinisation chez les plantes) et post-repro-
ducteur (après la pollinisation chez les plantes).
Une sous-espèce est définie comme une fraction d’une espèce (une ou plu-
sieurs populations) qui est morphologiquement ou génétiquement distincte
et qui occupe généralement une région géographique distincte.
Une variété est définie comme une fraction d’une espèce (une ou plusieurs
populations) qui est morphologiquement ou génétiquement distincte mais
qui se trouve généralement dans l’aire de répartition générale de l’espèce
dans son ensemble. Elle occupe souvent un habitat différent et est donc
écologiquement distincte.
Une forme est définie comme une fraction d’une espèce qui est morpholo-
giquement ou génétiquement distincte mais qui est le résultat d’une mutation
qui s’est produite sporadiquement au sein d’une population.
Concept d'espèce
Règles de
nomenclature botanique
32
Une fois que la variation des caractères au sein d’un groupe a été étudiée et
que des conclusions ont été tirées concernant les entités ou taxons à distin-
guer, la question se pose de savoir quels sont les noms corrects de ces taxons.
C’est ici que l’on entre dans le domaine de la nomenclature botanique.
Après 1753, lorsque Linné eut introduit son système binomial, seules
quelques règles élémentaires pour nommer les plantes ont été formulées.
En 1813, Augustin de Candolle, dans sa Théorie élémentaire de la Botanique,
publie un ensemble détaillé de règles concernant la nomenclature des plantes.
Avec le temps, il devenait cependant évident qu’un système et des règles
de dénomination des plantes reconnus et acceptés au niveau international
étaient nécessaires. C’est Alphonse de Candolle, fils d’Augustin de Candolle,
qui convoque une assemblée de botanistes de plusieurs pays pour mettre au
point un nouvel ensemble de règles de nomenclature. En 1867, il organise
à Paris le premier Congrès international de botanique (CIB) qui aboutit à
la publication du Code de Paris. Les réunions suivantes du CIB ont eu lieu
en 1892 (Code de Rochester), 1905 (Code de Vienne), 1907 (Code améri-
cain) et 1912 (Code de Bruxelles). Un accord général concernant des règles
universelles pour la nomenclature des plantes n’a toutefois été conclu qu’en
1930 lors du congrès de Cambridge. Pour la première fois dans l’histoire
de la botanique, un code de nomenclature à la fois international dans sa
fonction et dans son nom a vu le jour : le Code international de nomencla-
ture botanique (CINB). Il est constitué aujourd’hui de principes, règles et
recommandations énoncés dans 61 articles, ainsi que de dispositions relatives
à la gouvernance du Code. Il ressemble beaucoup à un ouvrage juridique.
Depuis 1930, de nombreuses mises à jour du CINB ont été réalisées. En
2011, son nom a été modifié en « Code international de nomenclature des
algues, champignons et plantes (CIN) ». Il couvre également les fossiles de
ces groupes (voir Turland et al. 2018).
Tout groupe taxonomique, qu’il s’agisse d’une famille, d’une espèce ou d’une
variété, est appelé un « taxon ». Les noms de taxons supérieurs au rang
d’espèce sont composés d’un seul mot ; les noms de sous-tribus et de rang
supérieur ont une terminaison spécifique. Seuls certains rangs taxonomiques
sont obligatoires. On trouvera ci-dessous une liste des taxons les plus cou-
ramment utilisés chez les plantes, les algues et les champignons avec leur
terminaison. Les rangs obligatoires sont indiqués en gras.
Règne/Regnum -tae
Division/Phylum -phyta -mycota
Sous-division/Sous-phylum -phytina -mycotina
Classe -opsida -phyceae -mycetes
Sous-classe -idae -phycidae -mycetidae
Super-ordre -anae
Ordre -ales
Sous-ordre -ineae
Super-famille -acea
Famille -aceae
Sous-famille -oideae
Tribu -eae
Sous-tribu -inae
Super-genre
Genre
Sous-genre
Section
Espèce
Sous-espèce
Variété
Sous-variété
Forme
Sous-forme
34
Les noms de taxons non obligatoires sont composés d’un seul mot placé
à la suite du nom obligatoire de rang juste supérieur. Le nom d’une espèce
est composé du nom du genre suivi de l’indication de l’espèce, sous forme
d’un deuxième mot appelé l’épithète. Le nom d’un rang infraspécifique est
également composé d’un seul mot. L’épithète de l’espèce et tous les noms
infraspécifiques commencent toujours par une lettre minuscule, ceux des
rangs au-dessus de l’espèce débutent par une lettre majuscule. Quelques
exemples :
Les noms des taxons de rang supérieur à la famille peuvent être déterminés
par le nom d’un genre qui leur appartient (p. ex. l’Ordre des Asparagales est
dérivé du nom générique Asparagus) ou peuvent être des noms descrip-
tifs (comme la Division Spermatophyta). L’application des noms de taxons
au rang de la famille ou à un rang inférieur est réglée au moyen de types
nomenclaturaux. Un type nomenclatural est l’élément auquel un nom est
attaché de façon permanente, peu importe que celui-ci soit le nom accepté
ou un synonyme d’un autre nom.
Pour être effectivement publié, le nom doit être publié et mis à disposition 35
dans (au moins) deux endroits accessibles au public (par exemple : des biblio-
thèques) (Art. 29). Depuis le 1er janvier 2012, une publication sous format
électronique (PDF) est également acceptée lorsqu’elle est assortie d’un nu-
méro ISSN ou ISBN.
Pour être valablement publié, un nouveau nom (au rang de genre ou infé-
rieur) doit être :
- effectivement publié ;
Il arrive parfois qu’un taxonomiste publie un nom qui est exactement le même
qu’un autre nom déjà publié. Les deux noms sont alors appelés homonymes
et le plus récent est illégitime selon le Code botanique.
3.5 Types
Il est essentiel pour la nomenclature des plantes (et des animaux) d’associer
à chaque nom le spécimen-type correct. Des règles ont été mises en place
pour traiter les situations où le type est ambigu.
Toutes les autres collectes citées dans le protologue, mais ne faisant pas par-
tie de la collecte type, sont appelées paratypes.
Enfin, le matériel holotype peut parfois être trop fragmentaire pour pouvoir
établir la diagnose adéquate d’un taxon (le type pouvant aussi être une illus-
tration où certains détails n’apparaissent pas). Dans ce cas, il est permis de sé-
lectionner un « type supplétif » appelé épitype, de manière à ne laisser aucun
doute sur l’identité du taxon concerné. Là encore, il est important de choisir
l’épitype avec discernement afin de garantir la stabilité de la nomenclature.
37
Exemples concernant les types
Le fait qu’un auteur publie un nouveau nom de taxon est souvent indiqué en
ajoutant l’abréviation spec. nov. ou genus nov. ou subsp. nov., etc. à la suite
du nom.
Lorsqu’un auteur déplace une espèce d’un genre à un autre, l’épithète est
transférée au nouveau genre tandis que l’auteur original est placé à la suite
entre parenthèses, suivi de l’auteur à l’origine du transfert, par exemple
Cenchrus purpureus (Schumach.) Morrone. Cette espèce a été appelée à l’ori-
gine Pennisetum purpureum par Schumacher (1827) et transférée au genre
Cenchrus par Morrone (2010). Notons le changement de genre de l’épithète
en accord avec la grammaire latine. Le nom Cenchrus purpureus (Schumach.) 39
Morrone est appelé une combinaison nouvelle (souvent abrégée comb.
nov.) car il combine l’épithète originale (d’après le protologue) avec le nom
d’un autre genre. Le nom qui a fourni l’épithète de la nouvelle combinaison
est appelé le basionyme, dans ce cas-ci Pennisetum purpureum Schumach.
La même situation se présente lorsqu’un auteur remet en question le rang
taxonomique d’un nom. Par exemple, dans Cenchrus polystachios (L.) Morrone
subsp. atrichus (Stapf & C.E.Hubb.) Morrone, le nom Pennisetum atrichum
Stapf & C.E.Hubb., basionyme, a été transféré à une sous-espèce de Cenchrus
polystachios par Morrone. Le nom Cenchrus polystachios (L.) Morrone subsp.
atrichus (Stapf & C.E.Hubb.) Morrone est non seulement une nouvelle com-
binaison (comb. nov., car le basionyme a été transféré à un autre genre) mais
a aussi donné au taxon un nouveau statut taxonomique ou rang, souvent
indiqué en faisant suivre le nouveau nom de stat. nov.
En étudiant un groupe de taxons, un auteur peut considérer que deux (ou plu-
sieurs) noms représentent la même unité taxonomique. Selon le concept de
type, cela signifie que l’auteur en question considère que les spécimens-types
de ces deux noms appartiennent au même taxon. Par exemple, Clayton &
Renvoize (1982) ont considéré que les noms d’espèces suivants, dans l’ordre
alphabétique, représentaient une seule et même espèce de graminée :
Ceci implique que ces cinq noms sont tous des synonymes, mais les règles de
nomenclature stipulent aussi qu’un seul d’entre eux peut être le nom accepté.
Alors, lequel choisir ? Il faut ici appliquer la règle de priorité (principe III du
Code), qui impose que le synonyme le plus ancien a priorité sur les autres.
Dans ce cas, le nom correct et accepté pour cette espèce est Pennisetum
40 macrourum Trin. puisqu’il a été publié en 1826.
Si nous suivons l’avis de Morrone (2010), le nom accepté pour l’espèce Pen-
nisetum macrourum Trin. devient donc Cenchrus macrourus (Trin.) Morrone.
Notons que si un autre auteur réfutait cette hypothèse et préconisait le main-
tien du genre Pennisetum, deux noms acceptés coexisteraient pour la même
espèce selon le point de vue scientifique défendu.
Apiaceae Umbelliferae
Arecaceae Palmae
Asteraceae Compositae
Brassicaceae Cruciferae
Clusiaceae Guttiferae
Fabaceae Leguminosae 41
incl. subfam. Faboideae incl. subfam. Papilionoideae
Lamiaceae Labiatae
Poaceae Gramineae
La seconde exception est que l’application stricte des règles établies dans le
CIN peut entraîner des changements « indésirables » et, donc, une grande
instabilité de la nomenclature au sein d’un groupe taxonomique. Dans ce cas,
on peut proposer de conserver ou de rejeter un nom particulier. En cas d’am-
biguïté concernant le spécimen-type, une proposition similaire de conserva-
tion d’un type peut être formulée. Pareilles propositions doivent être publiées
dans la revue Taxon et sont ensuite votées lors du Congrès international de
botanique suivant. Les noms ou les types conservés ou rejetés sont généra-
lement suivis de nom. cons., nom. rej. ou type cons.
3.8 Hybrides
Dans le Code, les noms des taxons hybrides sont traités dans un chapitre dis-
tinct. Ils peuvent être reconnus par l’utilisation du signe de multiplication × ou
par le préfixe « notho- » ajouté au rang du taxon. Un nom de nothoespèce,
composé d’un nom de genre (ou d’un nom de nothogenre, voir ci-dessous)
et d’une épithète, indique un hybride entre deux individus d’espèces diffé-
rentes. Le nom d’un nothogenre est un mot unique utilisé lorsqu’un hybride
est issu d’individus d’espèces appartenant à des genres différents. Il est sou-
vent composé de parties des noms des deux genres concernés.
Par exemple, l’hybride entre Oenothera biennis L. et Oenothera villosa Thunb.
peut être désigné par la formule hybride Oenothera biennis L. × Oenothera
villosa Thunb., ou par la nothoespèce Oenothera ×drawertii Renner ex Ros-
tański.
Le nothogenre ×Festulolium Asch. & Graebn. rassemble des individus issus
d’une hybridation entre des espèces du genre Festuca L. et du genre Lolium
L. La nothoespèce ×Festulolium loliaceum (Huds.) P.Fourn. désigne l’hybride
entre Festuca pratensis Huds. et Lolium perenne L., qui peut également être
indiqué par la formule hybride Festuca pratensis Huds. × Lolium perenne L.
Les noms de plantes cultivées ne sont pas réglementés par le CIN mais par
le Code international pour la nomenclature des plantes cultivées (CINPC).
Les formes cultivées ne peuvent être attachées qu’à trois catégories, le Cultivar,
le Groupe ou Groupe de cultivars et le grex. Ce dernier n’est utilisé que dans
la culture des orchidées et indique la descendance hybride combinée de tout
croisement entre deux mêmes entités (taxons ou cultivars). Un cultivar, en
abrégé cv., est une forme très spécifique issue de n’importe quel type de sé-
lection ou qui peut avoir été prélevée directement dans la nature. Il s’agit d’un
42 nom non latin ajouté à la suite du nom du taxon dont il est issu, par exemple
Solanum tuberosum L. cv. Gogu valley, également écrit Solanum tuberosum ‘Gogu
valley’. Lorsque l’espèce à laquelle appartient un cultivar n’est pas claire, le nom
du cultivar peut suivre directement le genre, par exemple Rosa cv. Penelope.
Un nouveau nom de cultivar ne peut être officiellement enregistré que par
une Autorité internationale approuvée par le Comité pour la nomenclature et
l’enregistrement des cultivars de la Société internationale de la Science horti-
cole (SISH). A chaque Autorité est attribué un groupe taxonomique particulier.
Une fois que l’Autorité a officiellement approuvé l’enregistrement d’un nou-
veau nom de cultivar, la personne qui a fourni les informations « possède » les
droits sur ce nom et peut alors commercialiser le nom et les plantes, ce qui
s’apparente à un brevet. Un groupe de cultivars, en abrégé cv. gr., comprend des
cultivars ayant une caractéristique commune. On pourrait, par exemple, créer
un groupe de cultivars pour toutes les roses jaunes. Il est dès lors évident que
les noms des plantes cultivées ne témoignent pas d’une classification naturelle
puisqu’ils n’ont pas besoin d’indiquer ou de refléter d’ascendance commune.
Dans la littérature sur les plantes cultivées, on peut régulièrement rencontrer
des « variétés » ou des « formes ». Dans la mesure du possible, l’utilisation de
ces termes devrait être réservée à des descriptions informelles de la variation
observée chez les plantes cultivées, mais sans créer de nouveaux noms de
taxons conformes au CIN.
Version française :
L'art de
l'identification
44
Dans les chapitres précédents, nous avons mentionné que la science taxono-
mique avait pour objectif d’organiser, en entités distinctes, l’immense diversité
des organismes vivants. A ce titre, elle fournit les outils indispensables à la
communication scientifique sous forme de noms et d’une classification. Pour
pouvoir conduire une recherche, protéger la nature, utiliser les plantes à des
fins médicinales, il est essentiel d’avoir accès à toute l’information disponible.
Les ressources en ligne connaissent une croissance exponentielle. Cependant,
avant de pouvoir exploiter les informations disponibles, par exemple sur une
espèce ou un genre, il est nécessaire de connaître le nom du taxon concerné.
Rares sont les spécialistes qui peuvent identifier de mémoire les organismes
vivants, surtout en région tropicale où la diversité est élevée. Les taxono-
mistes ont donc mis au point des outils pour pouvoir identifier le matériel de
manière fiable.
Une clé de détermination est un outil pratique utilisé par des spécialistes
et des non-spécialistes pour identifier les plantes, les champignons ou les
animaux, au niveau de la famille, de la tribu, du genre, de l’espèce, … Elle est
souvent la partie la plus utilisée d’une publication taxonomique et mérite
donc la plus grande attention de la part du chercheur qui la construit !
Un utilisateur en possession d’une plante qui porte des fleurs blanches mais
qui a aussi des feuilles de plus de 10 cm de long se demandera quelle option
Figure 18. Exemple choisir. Cela nous amène à une autre question
d’une matrice espèce / pratique. Lorsqu’on construit une clé, il faut tou-
caractères (taxons fictifs). jours essayer d’imaginer quel type de matériel un
utilisateur peut avoir sous la main ! Comme il s’agit
souvent d’une seule plante, la clé doit fournir des informations précises. Si un
couplet indique « Fleurs grandes » ou « Fleurs petites », ce concept est relatif
et l’utilisateur n’est pas en mesure de juger s’il doit considérer des fleurs de 1
cm comme « grandes » ou « petites ».
Un même taxon peut apparaître plusieurs fois dans la clé. Cela se produit
lorsqu’un caractère d’un taxon montre de la variabilité. Par exemple, une
espèce peut avoir des fleurs blanches et occasionnellement jaunes, alors que
la couleur des fleurs est constante pour la plupart des espèces.
La construction d’une clé pour un groupe d’espèces (ou taxons) plus impor-
tant est grandement facilitée par la préparation d’une matrice de données
combinant les taxons et les caractères (voir également la figure 18). Cette
matrice est facile à assembler sous la forme d’un tableau Excel. Cela permet
souvent d’obtenir une meilleure vue d’ensemble de la répartition des carac-
tères et de leurs corrélations. (Voir aussi le paragraphe suivant).
1. Soyez pratique ! Utilisez un langage clair. Evitez les caractères qui né-
cessitent beaucoup d’explications ou qui sont difficiles à comprendre ou
à observer.
Les clés dont il est question ci-dessus, même lorsqu’elles sont préparées avec
le plus grand soin, présentent un grave défaut. L’utilisateur ne peut pas choisir
l’ordre dans lequel les caractères sont observés. Il se peut que le fait d’avoir
des fruits rouges réduise déjà considérablement le nombre d’espèces poten-
tielles, mais que la question concernant la couleur des fruits ne soit posée que
loin dans la clé. Il devrait donc y avoir des manières plus simples d’identifier
une plante !
Avant l’ère informatique, les taxonomistes avaient déjà essayé de créer des
clés à entrées multiples basées sur des matrices de caractères. On travaillait
avec un grand nombre de cartes numérotées, où chaque carte représen-
tait soit un état de caractère, soit un taxon. Un exemple de clés à cartes
perforées est présenté à la figure 19.
- Feuille
limbe linéaire : Amphiasma, Anthospermum usambarense, Cordylostig-
ma, Galium, Knoxia, Kohautia, Manostachya, Oldenlandia, Spermacoce
limbe cordiforme ou réniforme : Geophila, Hymenocoleus, Pentanisia
renifolia, Rubia
- Fleur
unisexuée : Anthospermum
hétérostyle : Colletoecema, Craterispermum, Gaertnera, Knoxieae,
Lasianthus, Morinda, Mussaendeae, Pauridiantha, Psychotrieae,
Sabicea, Schizocolea, Spermacoceae, Tricalysia
Malgré ces difficultés, des efforts importants sont déployés actuellement pour
créer une base de données mondiale de codes-barres ADN. Les activités 51
sont coordonnées par l’International Barcode of Life Consortium (iBOL) en
collaboration avec de nombreux centres régionaux. Actuellement, l’obtention
d’une séquence d’ADN à partir d’un organisme nécessite souvent plusieurs
jours de travail en laboratoire. Il faut donc être patient lorsqu’on utilise cette
méthode d’identification. De nouveaux procédés évoluent rapidement, no-
tamment avec le développement de nanotechnologies toujours plus sophisti-
quées qui permettent de fabriquer des mini-laboratoires portables utilisables
sur le terrain.
Il peut être difficile d’identifier les plantes vivantes sur le terrain mais l’exer-
cice l’est encore davantage avec des spécimens séchés et aplatis en herbiers.
Les caractères nécessaires ne sont pas tous directement visibles, même à
l’aide d’une bonne loupe 10× ou d’une loupe stéréoscopique binoculaire.
La simple question de savoir si les fleurs sont blanches ou jaunes peut rester
sans réponse si le collecteur n’a pas noté cette information sur le terrain. De
même, on peut se demander si un rameau avec peu de feuilles et portant
de belles fleurs ou de jolis fruits provient d’un grand arbre, d’une liane, d’un
arbuste ou même d’une herbe vivace. La forme (notamment des fleurs et des
fruits) peut être importante, mais est impossible à reconstituer, tout comme
les caractères liés aux tubercules, aux rhizomes, à l’odeur, au goût, etc. Ce
genre d’information doit être noté sur le terrain par le collecteur afin que l’in-
formation puisse être retranscrite sur l’étiquette accompagnant le spécimen.
Diverses publications (Fish 1999, Victor et al. 2004, Bridson & Forman 2010)
fournissent des conseils très utiles sur la façon de collecter les plantes et de
préparer correctement les spécimens d’herbier.
52
Glossaires
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• Jouy A., Foucault B. de (2016) Dictionnaire illustré de botanique. Mèze,
Biotope.
• Missouri Botanical Garden Glossary : http://www.mobot.org/mobot/
glossary
• Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Glossaire_de_botanique]
DNA barcoding
54
Nous prendrons comme exemple une révision taxonomique basée sur du
matériel d’herbier. Pour étudier la taxonomie d’un groupe de plantes ou de
champignons pour lequel les observations de terrain sont difficiles à obtenir,
comme par exemple des espèces tropicales ou pour des régions difficiles
d’accès, les spécimens conservés en collection sont souvent la seule source
d’information disponible. Compléter ces spécimens par des observations ori-
ginales sur du matériel frais est toujours très utile, sans être une nécessité.
Une révision taxonomique est souvent réalisée à l’échelle d’un genre, et les
exemples qui suivent illustrent ce cas particulier. Pour un genre à très large
distribution géographique, la révision pourra se limiter à un pays, un territoire
phytogéographique ou un continent.
Pour chacune de ces quatre catégories, la démarche peut être divisée en sept
étapes (A-G, voir ci-dessous) que nous allons examiner dans les paragraphes
qui suivent. Dans un souci de simplicité, nous utiliserons l’expression « révi-
sion taxonomique » au sens large, couvrant les quatre catégories mention-
nées ci-dessus.
Les trois types de références le plus souvent rencontrées sont les suivants :
Il est essentiel d’envoyer la demande de prêt de matériel aussi tôt que pos-
sible. Dans certains cas (par exemple lorsqu’on a déjà acquis une assez bonne
connaissance du groupe concerné), il peut être utile de demander le maté-
riel avant même le début
du travail. Pour les col-
lections qui détiennent
beaucoup d’échantillons,
Figure 20.
Exemple d’une plaque
chauffante de laboratoire
utilisée pour faire bouillir
59
de l’eau dans un petit
récipient.
une visite sur place est souvent indispensable, même si elle peut s’avérer coû-
teuse. La visite sera souvent plus fructueuse si elle est réalisée au moment où
on a déjà acquis une bonne connaissance du groupe. Bien planifier le travail
est donc essentiel.
De plus en plus d’institutions ont mis en ligne une base de données de leurs
collections. Les indications figurant sur les étiquettes sont alors consultables,
ainsi que des images à haute résolution (voir encadré à la fin de ce chapitre).
Ces images en ligne sont extrêmement utiles, mais l’expérience montre qu’un
certain nombre d’échantillons devront néanmoins être empruntés pour une
étude plus approfondie.
C. Base de données
- Numéro de code-barre
- Collecteur (on dit aussi récolteur) principal (de préférence le nom de
famille et les initiales des prénoms dans des champs différents)
- Autres collecteurs
- Préfixe (certains collecteurs ajoutent un code ou un nombre avant le
numéro de récolte proprement dit, qui fait référence à une mission de
recherche, à l’année de récolte, ou désigne un projet par son acronyme)
- Numéro de récolte
- Suffixe (un code qui suit le numéro de récolte, voir préfixe)
- Date de récolte
- Pays
- Localité
- Latitude
- Longitude
- Habitat
- Altitude
- Usages (tels que mentionnés par le collecteur)
- Noms vernaculaires
- Famille
- Genre
60 - Espèce
- Auteur(s)
- Taxon infraspécifique (sous-espèce, variété, forme)
- Nom infraspécifique
- Auteur(s) du nom infraspécifique
- Déterminateur
- Date d’identification
- Acronyme de l’Herbier
- Type de
- Notes
Souvent, les herbiers dont les collections ont été numérisées ou qui disposent
d’une base de données de leurs collections, acceptent de fournir un extrait
de leur base de données qu’il suffit alors d’incorporer à la vôtre.
D.1 Cartographie
Les coordonnées mentionnées sur les étiquettes d’herbier doivent être véri-
fiées. Elles sont souvent transcrites de manière approximative, dans un format
non précisé ou incorrect (par exemple avec des degrés et minutes supérieurs
à 60). Une erreur fréquente est l’inversion des points cardinaux Nord/Sud et
Est/Ouest.
Google Earth est un outil utile pour trouver la localité de récolte, bien que
beaucoup de noms de localités anciennes peuvent avoir changé. Pour cer-
taines régions, il existe un index des localités de récolte, et certains sites sur
la toile fournissent des cartes anciennes (voir encadré à la fin de ce chapitre).
Les bibliothèques des institutions de recherche en botanique conservent
souvent des cartes anciennes, des répertoires des localités de récoltes des
principaux collecteurs ou des « Gazetteers » (livres répertoriant tous les
toponymes connus pour un territoire donné, avec leurs coordonnées géo-
graphiques). Des Gazetteers en ligne comme GeoNames (voir encadré à la
fin de ce chapitre) peuvent se révéler très utiles, car ils comprennent souvent
d’anciens noms de localités, et permettent des recherches sur base de noms
approximatifs ou mal retranscrits. Un collecteur a souvent collecté plusieurs
spécimens dans la même localité, de sorte que cette localité a peut-être déjà
été géoréférencée ; on consultera les portails en ligne qui fournissent ce type
de données, spécialement ceux des institutions qui conservent des doubles
des spécimens du collecteur concerné. Certaines bases de données en ligne
offrent même la possibilité de créer un itinéraire pour une série de numéros
de récolte du même collecteur.
Porter les données sur une carte peut être réalisé à l’aide de Google Earth,
mais, si on doit préparer une carte de bonne qualité pour une publication,
il conviendra d’utiliser un logiciel spécialisé (par exemple DivaGis, QGIS ou
ArcView).
On dit souvent que cette manière de délimiter des taxons se base sur le
concept de morpho-espèce (voir Chapitre 2). Pourtant, en y réfléchissant
bien, ce que les taxonomistes modernes cherchent à faire s’apparente da-
vantage au concept d’espèce biologique. En effet, quand un ensemble de
spécimens possède plusieurs caractères morphologiques discriminants, on
peut supposer que ces différences ont une base génétique. Ces différences
génétiques ne peuvent se maintenir que s’il existe un isolement reproducteur.
De la même manière, les possibilités d’échanges de gènes entre deux taxons
occupant des aires géographiques ou des niches écologiques distinctes, sont
très vraisemblablement réduites. En conclusion, la taxonomie des plantes et
des champignons basée sur des spécimens d’herbier (mais aussi la taxonomie
animale basée sur des spécimens en collection) revient à appliquer le concept
d’espèce biologique sur base de données morphologiques, géographiques et
écologiques. L’isolement reproducteur des taxons ainsi délimités peut être
testé à l’aide de données moléculaires, mais ceci sort du cadre de ce chapitre.
Après avoir établi le cadre taxonomique général, l’étape suivante est de dé-
terminer le nom scientifique correct de chaque groupe d’échantillons. Il s’agit
donc de prendre des décisions nomenclaturales.
Pour les champignons, des consignes analogues à celles fournies dans l’en-
cadré, ont été proposées par Eyi et al. (2011), et sont disponibles en ligne
à l’adresse suivante : http://www.abctaxa.be/volumes/volume-10-les-champi-
gnons-comestibles-de-l-afrique-centrale.
Ensuite, des notes peuvent être ajoutées fournissant les arguments pour les
décisions taconomiques prises et / ou les choix faits liés à la typicication des
noms, etc.
Les aspects importants à prendre en compte lors du choix d’une revue pour
la soumission du manuscrit sont les suivants : son facteur d’impact (IF), son
impact régional, si elle est ou pas en accès libre, et les frais de publication. Pour
les révisions taxonomiques, il est important de vérifier si la revue accepte
les citations de spécimens (et si oui, sous quel format). Comme les révisions
taxonomiques peuvent être assez longues, des limites du nombre de pages
peuvent être imposées à l’auteur.
Enfin, il est d’usage de remercier les Herbiers (et leurs conservateurs) qui ont
permis l’accès à leurs collections ou qui ont envoyé des spécimens en prêt. Ils
apprécient généralement aussi de recevoir une copie de la révision publiée.
Littérature ancienne
(spécialement utile pour la recherche des protologues)
Index Herbariorum
• http://sweetgum.nybg.org/science/ih
67
Informations sur les usages des plantes
Géoréférencement
68
Références
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