Biomasse

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Biomasse

Centrale à biomasse en France (©photo)

SOMMAIRE

Définition
Fonctionnement
Enjeux
Acteurs majeurs
Unités et chiffres clés
Zone d'application
PasséAu
Futur

Le saviez-vous ?

Définition et catégories

La biomasse désigne l’ensemble des matières organiques pouvant se transformer en énergie.


On entend par matière organique aussi bien les matières d’origine végétale (résidus
alimentaires, bois, feuilles) que celles d’origine animale (cadavres d’animaux, êtres vivants du
sol).

Il existe trois formes de biomasse présentant des caractéristiques physiques très variées :

les solides (ex : paille, copeaux, bûches) ;


les liquides (ex : huiles végétales, bioalcools) ;
les gazeux (ex : biogaz).

La biomasse est une réserve d'énergie considérable née de l’action du soleil grâce à la
photosynthèse. Elle existe sous forme de carbone organique. Sa valorisation se fait par des
procédés spécifiques selon le type de constituant.

La biomasse n'est considérée comme une source d'énergie renouvelable que si sa régénération
est au moins égale à sa consommation. Ainsi, par exemple, l’utilisation du bois ne doit pas
conduire à une diminution du nombre d’arbres.

Fonctionnement technique ou scientifique

La valorisation énergétique de la biomasse peut produire trois formes d'énergie utile, en


fonction du type de biomasse et des techniques mises en œuvre :

de la chaleur ;
de l'électricité ;
une force motrice de déplacement.

On distingue trois procédés de valorisation de la biomasse : la voie sèche, la voie humide et la


production de biocarburants.

La voie sèche

La voie sèche est principalement constituée par la filière thermochimique, qui regroupe les
technologies de la combustion, de la gazéification et de la pyrolyse :

la combustion produit de la chaleur par l'oxydation complète du combustible, en général en


présence d'un excès d'air. L'eau chaude ou la vapeur ainsi obtenues sont utilisées dans les
procédés industriels ou dans les réseaux de chauffage urbain. La vapeur peut également être
envoyée dans une turbine ou un moteur à vapeur pour la production d'énergie mécanique ou,
surtout, d'électricité. La production combinée de chaleur et d'électricité est
appelée cogénération ;
la gazéification de la biomasse solide est réalisée dans un réacteur spécifique, le gazogène.
Elle consiste en une réaction entre le carbone issu de la biomasse et des gaz réactants (la
vapeur d’eau et le dioxyde de carbone). Le résultat est la transformation complète de la
matière solide, hormis les cendres, en un gaz combustible composé d’hydrogène et d’oxyde
de carbone. Ce gaz, après épuration et filtration, est brûlé dans un moteur à combustion pour
la production d'énergie mécanique ou d'électricité. La cogénération est également possible
avec la technique de gazéification ;
la pyrolyse est la décomposition de la matière carbonée sous l’action de la chaleur. Elle
conduit à la production d'un solide, le charbon de bois ou le charbon végétal, d'un liquide,
l'huile pyrolytique, et d'un gaz combustible. Une variante de la pyrolyse, la thermolyse, est
développée actuellement pour le traitement des déchets organiques ménagers ou des
biomasses contaminées.

La voie humide

La principale filière de cette voie est la méthanisation. Il s’agit d’un procédé basé sur la
dégradation par des micro-organismes de la matière organique. Elle s’opère dans un digesteur
chauffé et sans oxygène (réaction en milieu anaérobie). Ce procédé permet de produire :

le biogaz qui est le produit de la digestion anaérobie des matériaux organiques ;


le digestat qui est le produit résidu de la méthanisation, composé de matière organique non
biodégradable.

La production de biocarburants

Les biocarburants sont des carburants liquides ou gazeux créés à partir d’une réaction :

entre l’huile (colza, tournesol) et l’alcool dans le cas du biodiesel ;


à partir d’un mélange de sucre fermenté et d’essence dans le cas du bioéthanol .

Il existe 3 générations de biocarburants :

1ère génération : biocarburants créés à partir des graines ;


2e génération : biocarburants créés à partir des résidus non alimentaires des cultures (paille,
tiges, bois) ;
3e génération : biocarburants créés à partir d’hydrogène produit par des micro-organismes ou à
partir d’huile produite par des microalgues.

Les biocarburants de 2e et 3e génération ont entre autres pour vertu de ne pas « occuper » un
territoire agricole en compétition avec la production d’aliments pour l’homme. Leur maturité
industrielle, tout particulièrement pour la 3e génération, reste à établir.

Ces biocarburants peuvent prendre différentes formes :


des esters d'huiles végétales produits, par exemple, à partir du colza (biodiesel) ;
de l'éthanol, produit à partir de blé et de betterave, incorporable dans le super sans plomb sous
forme d'ETBE (éthyl tertio butyl ether). Cet ETBE favorise l'incorporation d'éthanol dans les
essences (jusqu'à 15% du volume dans le SP95 et le SP98, jusqu'à 22% dans le cas du SP95-
E10)(1).

La valorisation de la biomasse ne produit toutefois pas que des biocarburants.

Voies de valorisation de la biomasse (©DR d'après fréquence terre)

Enjeux par rapport à l'énergie

Une énergie naturelle et propre

La valorisation énergétique de la biomasse peut permettre d’augmenter la part des énergies


renouvelables dans un mix énergétique et de réduire la dépendance au pétrole ou au gaz. La
diversité des matières organiques constituant la biomasse permet à de nombreux pays d’avoir
accès à cette ressource. Elle peut donc favoriser leur indépendance énergétique.

De plus, la biomasse participe à la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre dans la
mesure où le CO2 dégagé par la combustion des bioénergies est compensé par le CO2 absorbé
par les végétaux lors de leur croissance. La récupération du biogaz dans les décharges permet
de capter le méthane issu de la biomasse (dont l’effet de serre est considéré comme 21 fois
plus fort que le CO2).
Une énergie renouvelable si son utilisation est maîtrisée

L’utilisation de la biomasse peut dans certains cas engendrer des déséquilibres


environnementaux. L’amalgame entre énergie propre et énergie renouvelable est fréquent. Il
est important de préciser que la biomasse ne peut être considérée comme une énergie
renouvelable que si elle est renouvelée.

Les biocarburants en débat

La concession de parcelles à l’industrie des biocarburants a réduit la taille des terres agricoles
destinées à l’alimentation. Certains experts craignent que l’essor des biocarburants déclenche
une crise alimentaire mondiale, en particulier dans le contexte d’une forte croissance
démographique terrestre (plus de 100 millions d’individus en plus par an). Après en avoir fait
l’éloge, certains médias et ONG ont opté pour des campagnes de dénigrement et de
désinformation globale à l’égard des biocarburants en omettant de souligner les différences
propres à chaque génération.

Acteurs majeurs

Les gestionnaires de déchets

Ils sont les leaders de la valorisation énergétiques des ordures ménagères mais aussi de la
méthanisation car ils contrôlent les centres d’approvisionnement (centres de tri). Parmi ces
gestionnaires de déchets on peut citer : Veolia Propreté, Sita-Novergie ou encore TIRU
(filiale d'EDF).

Les acteurs de l’énergie

Les producteurs comme EDF, GDF Suez ou Séchilienne-Sidec mais aussi les exploitants de
réseaux de chaleur comme Dalkia ou Cofely utilisent la biomasse solide (bois et ses sous-
produits) afin de diversifier leurs bouquets énergétiques.

Les industriels du bois

Ils fournissent les acteurs de l’énergie en bois. Dans certains cas, à l’image de Tembec
(Canada) ou d’UPM (Finlande), ils souhaitent valoriser eux-mêmes leurs chutes de production
afin de réduire leur dépendance aux énergies fossiles.
Les collectivités locales

Elles décident des politiques locales de gestion des déchets mais aussi de l’installation
d’infrastructures locales de production d’énergie (chauffage urbain, cogénération, etc.). Elles
ont donc un rôle clé dans l’évolution de la biomasse, plus particulièrement en matière de
valorisation des déchets.

Unités de mesure et chiffres clés

Pouvoir calorifique

Le pouvoir calorifique supérieur (PCS) désigne le dégagement maximal théorique de chaleur


qu'on peut tirer d'un combustible lors de sa combustion.

Le pouvoir calorifique inférieur (PCI) ne prend pas en compte la chaleur de condensation de


la vapeur d'eau qui se dégage lors de la combustion. Ce PCI est souvent employé pour
comparer l'intérêt calorifique de différents combustibles. Il peut être exprimé en mégajoules
par kg (MJ/kg) ou en kWh/kg, sachant que 1 kWh = 3,6 MJ.

Pour produire de l’énergie, il faut de grandes quantités de biomasse car son PCI n’est
globalement pas très élevé(2) :

Paille : 14,3 MJ/kg ;


Bois (dans la nature) : 10,8 MJ/kg
Déchets urbains, bagasse (résidu fibreux de la canne à sucre) : 7,77 MJ/kg.

Notons que le pouvoir calorifique du bois est directement lié à son taux d'humidité. Des
granulés de bois dont le taux d'humidité est très faible (5 à 10%) a un PCI bien meilleur, de
l'ordre de 18 MJ/kg. A titre de comparaison, le PCI du fioul domestique avoisine 42 MJ/kg
(26 MJ/kg pour la houille).

La biomasse couvre près de 10% des besoins mondiaux en énergie. Deux tiers de la
consommation mondiale d'énergie issue de la biomasse sont consacrés à la cuisine et au
chauffage dans les pays en voie de développement(3).

Zone de présence ou d'application


Hors consommation domestique, les principaux pays dans le monde ayant recours à la
biomasse sont le Brésil, les États-Unis et l'Inde(4).

La biomasse et les déchets constituent 67,6 % de la production primaire d’énergie


renouvelable dans l'Union européenne en 2010(5).

Passé

Années 1860 : le bois est encore le principal combustible utilisé dans les maisons et les
entreprises pour le chauffage et la cuisson. Le bois est également utilisé pour produire de la
vapeur destinée à des applications industrielles ainsi que pour propulser les trains et les
bateaux.

1880 : Henry Ford utilise l’éthanol pour alimenter une de ses premières automobiles, le
quadricycle.

Années 1920 - 1930 : aux États-Unis, l’éthanol est largement utilisé pour alimenter les
voitures. Plus de 2 000 stations-service du Midwest américain offrent du « gasohol » (de
l’éthanol produit à partir de maïs).

Années 1970 : les deux chocs pétroliers (1973 et 1979) incitent les majors du pétrole à
développer des biocarburants.

1975 : le Brésil lance le programme Proalcool qui a pour but de promouvoir l’éclosion des
carburants « verts ». Aujourd’hui plus de la moitié du parc automobile brésilien roule au
biocarburant.

1980 : les prix élevés de l’énergie stimulent l’intérêt envers l’énergie biomasse.

1990 : le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources fossiles incitent les


autorités à favoriser le développement des énergies renouvelables. La consommation
d’énergie biomasse représente environ 6,7% de la consommation totale d’énergie à l’échelle
mondiale.

2004 : d’après le bilan énergétique mondiale de l’AIE en 2004, la biomasse représentait


10,6% de la consommation énergétique mondiale (à noter que certaines utilisations directes
du bois peuvent influer sur la précision des estimations du marché du bois).
Futur

Les biocarburants de 3e génération

Les biocarburants de troisième génération sont produits à partir de microalgues riches en


lipides. Elles peuvent accumuler entre 60% et 80% de leur poids en acides gras, ce qui
pourrait laisser présager une production annuelle d'une trentaine de tonnes d'huile par hectare.
A titre de comparaison, le rendement du colza est 30 fois inférieur.

Mais les procédés de fabrication sont encore mal maîtrisés pour en extraire l'huile. La
méthode actuelle (centrifugation, séchage et solvant organique) est très gourmande en énergie.

La valorisation du miscanthus

Cette plante originaire d’Asie produit beaucoup de biomasse et est économe en intrants. La
productivité exceptionnelle du miscanthus s’explique par son métabolisme photosynthétique
particulier comme le maïs, la canne à sucre ou le sorgho. Il lui permet d’être plus efficace
dans la captation du gaz carbonique et dans la transformation de ce gaz carbonique en matière
organique. En outre, le miscanthus est une plante pérenne qui nécessite une seule phase
d’implantation pour plus d’une quinzaine d’années de culture.

Le saviez-vous ?

La fibre de canne après extraction du sucre, appelée « bagasse », est un résidu du procédé de
traitement de la canne à sucre. Au Brésil, 21% de l'énergie consommée par l'industrie provient
de cette bagasse en 2010.

dernière modification le 03 octobre 2013

Sources / Notes
(1) « L'avenir : l'éthanol d'origine lignocellulosique », Ministère en charge de l'énergie

(2) Note introductive sur les statistiques de consommation finale d'énergie par secteur

(3) « Large industrial users of energy biomass », IEA Bioenergy, septembre 2013

(4) Ibid.

(5) Statistiques sur les énergies renouvelables, Eurostat

Biomasse, EDF

Déchets, Ademe
Biomasse-énergie, Apere

Miscanthus, INRA

Biocarburants et CEA, Portail francophone des bioénergies

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