Investissements Chinois en Afrique

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1
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT REPUBLIQUE DE COTE
SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE D’IVOIRE
SCIENTIFIQUE

Les investissements chinois en


Afrique
Exposé de Géopolitique

BAMBA Célimingnon Myriam Ami


TRAORE Naffi Thérèse Bazia
KONAN Yann-Patrick Yao
SORO Donignon Haïda
OUATTARA Namawa
SOKOURY Stéphane

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4e Année DESMMA / ICE / IMOL

10 Février 2009
Les investissements chinois en Afrique
Exposé de Géopolitique

TABLE DES MATIERES

CONTEXTE

I- LES RAISONS POUR LESQUELLES LA CHINE INVESTIT EN


AFRIQUE

II- LES DIFFERENTS INVESTISSEMENT CHINOIS EN


AFRIQUE

III- LE PROCESSUS DES INVESTISSEMENT CHINOIS EN


AFRIQUE

IV- LES AVANTAGES ET INCONVENIENTS DES


INVESTISSEMENT CHINOIS EN AFRIQUE

CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

3
CONTEXTE
Couramment appelé le géant asiatique, la Chine est le pays le plus peuplé
au monde avec environ 1.360.445.010 habitants. Il est également l’une des
grandes puissances au monde.

Ce pays connaît depuis ces dernières décennies un véritable essor


économique lui permettant de presque voler la vedette aux autres puissances au
sens économique comme les États-Unis, le Japon… En effet, le pays de Mao
Zédoung intervient avec dynamisme dans tous les secteurs d’activités (industrie
lourde, agriculture, industrie automobile, pharmacologie…) et il vend ses
produits partout dans le monde à des prix défiant toute concurrence.
Ceci a pour effet de provoquer la colère des puissances occidentales, qui
vont affirmer subir une concurrence déloyale sur les marchés internationaux. De
nombreuses accusations et scandales, en l’occurrence l’exploitation des ouvriers
chinois et le travail des enfants, les produits chinois manufacturés avec de la
matière nocive pour la santé (comme les fameux jouets manufacturés avec de la
matière inflammable) ou encore la réputation de reine de la contrebande
viennent ternir l’image de la Chine dans le monde. L’on a assisté par la suite au
refus des produits chinois sur les marchés américains, européens et aussi
asiatiques.

Seul le marché africain est resté un véritable débouché pour les produits
chinois car accepté par celui-ci à cause de ses produits bon marché. Cela a
favorisé la naissance du partenariat sino-africain où chacun est sensé gagner
dans la partie. Le principe est simple : la Chine investit et fait du profit et le pays
bénéficiaire se voit développer avec les constructions (ex : la maison des députés
de Yamoussoukro, le palais de la Culture en Côte D’Ivoire) et la recrudescence
des entreprises de toutes sortes.
Dans notre étude, il sera question de vous donner les motifs et la nature
des investissements chinois, d’expliciter le processus de ces investissements et
enfin d’en présenter les avantages et les inconvénients pour chacun des
protagonistes.

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I- LES RAISONS POUR LESQUELLES LA CHINE
INVESTIT EN AFRIQUE
La Chine pourrait "sauver" l’Afrique. En effet l’augmentation des cours
de matières premières, poussée par la consommation chinoise, ainsi que l’arrivée
des investissements et des flux d’aides chinois laissent présager un
accroissement des flux de capitaux vers l’Afrique.

L’arrivée de capitaux chinois en Afrique serait due notamment à une


baisse des coûts de production africains. Selon la Banque Mondiale, certains
coûts à la sortie des usines sont moins élevés que ceux d’usines chinoises. Mais
les entreprises hésitent encore à s’implanter du fait des coûts de transactions
élevés et de la mauvaise gouvernance des pays africains, même si encore une
fois le coût de sortie des ports est inférieur à celui des ports chinois.

En Chine, deux éléments pourraient faire tourner la balance en faveur de


l’Afrique : la réévaluation du yuan et la hausse des salaires chinois. En effet la
réévaluation du yuan devrait prendre de l’ampleur à moyen terme selon certains
experts qui prévoient une hausse de 5% par an dans les prochaines années. Cette
réévaluation va en effet réduire pour la Chine le prix des produits à
l’importation.

De plus, l’enrichissement de la Chine devrait se traduire par une


augmentation des salaires et des coûts en général, même si l’on pourrait en
douter en voyant les grands réservoirs de main d’œuvre bon marché dans les
campagnes qui permettent encore une croissance à salaires réels constants. Mais
depuis 2006, la situation a changé. Les salaires des villes de Guangzhou et de la
zone économique spéciale de Shenzhen ont augmenté réciproquement de 14 et
17%. A titre d’exemple, Mc Donald, qui n’avait pas modifié les salaires de ses
employés depuis 17 ans, a en septembre 2007 accordé 12 à 56% d’augmentions
à ses 45 000 salariés.

A l’heure où les regards des pays développés se dirigent vers la Chine, où


les entreprises sont jugées sur leur aptitude à séduire le consommateur chinois et
les États sur leur propension à optimiser la visite d’un dignitaire de la
République populaire, c’est vers l’Afrique que la Chine a choisi de diriger son
attention. Après les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite, c’est en effet au Maroc puis

5
au Nigeria et au Kenya que se rendra le président chinois Hu Jintao à la fin du
mois d’avril, après avoir visité en 2004, l’Égypte, le Gabon et l’Algérie.
Si la relation entre les deux superpuissances américaine et chinoise est
essentiellement porteuse de sujets de rivalités et de tensions, la relation sino-
africaine quant à elle se nourrit de plusieurs éléments d’interdépendance qui lui
garantissent un avenir prometteur. Une analyse incomplète pourrait laisser croire
à une relation déséquilibrée, justifiée par le seul besoin de « l’Empire du Milieu
» de s’approvisionner en matières premières. A y regarder de plus près on y voit
au contraire le moyen, à la fois pour le continent africain et le sous-continent
chinois, de s’enrichir mutuellement en esquivant les pièges classiques du
dialogue nord-sud parfois trop pollué par l’histoire coloniale et le biais de
l’approche par l’aide au développement.
Les besoins phénoménaux de la Chine en matière énergétique couplés au
retard que celle-ci a pris face aux Etats-Unis dans la sécurisation de ressources
au Moyen-Orient expliquent certes une partie de son intérêt pour le continent
noir. Dans la course à la diversification de ses ressources, la Chine entend voir
plusieurs pays africains occuper une place stratégique : Nigeria, Angola, Guinée
équatoriale, Congo, Gabon, Soudan, Zambie, Afrique du Sud sont autant de
fournisseurs en hydrocarbures, cuivre, et autres charbon dont la Chine ne peut
plus se passer pour nourrir sa croissance de près de 10 % l’an, faisant ainsi
monter les enchères et contribuant au renouvellement de l’intérêt du monde pour
une zone trop longtemps délaissée.
Mais la relation est loin d’être à sens unique. Si la Chine enlève des
matières premières en Afrique, encouragée par une stabilité politique et un
risque moyen africain en amélioration, elle s’intéresse aussi au continent pour
son marché. A un moment où le marché européen commence à saturer,
équipements électroniques, médicaments, produits textiles, construction,
centrales, produits mécaniques, acier, etc., composent la palette type proposée
par les industriels chinois aux consommateurs africains, du Maghreb à l’Afrique
Australe. De 2003 à 2005, les exportations de la Chine vers l’Afrique ont connu
une croissance annuelle moyenne de plus de 35 %. Le volume des échanges
commerciaux aurait atteint fin 2005 le niveau record de 37 milliards de dollars.
Pendant les dix premiers mois de 2005, le montant des exportations de la Chine
vers l’Afrique était de plus de 15 milliards de dollars, celui des importations de
près de 17 milliards de dollars avec un objectif des échanges à moyen terme de
100 milliards de dollars.
Comme tout phénomène nouveau, celui-ci a commencé par inquiéter les
commerçants locaux craignant une forte concurrence de produits vendus parfois

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5 à 6 fois moins cher. Rapidement, le consommateur africain se rend compte que
l’arrivée des produits chinois représente une démocratisation sans pareil de
produits de consommation courante créant une forte augmentation du pouvoir
d’achat. Au fil du temps un ajustement devra se faire pour que les commerçants
locaux investissent des secteurs dans lesquels l’immigration chinoise aura un
avantage concurrentiel plus faible et les commerçants chinois apprendront à
utiliser les ressources humaines locales pour développer leurs activités.
En plus de sécuriser ses approvisionnements et d’assurer la stabilité de ses
exportations en Afrique, la Chine est aussi un investisseur direct sur le continent.
En 2006, plus de 800 entreprises chinoises sont présentes en Afrique. De Janvier
à Octobre 2005, le montant des investissements chinois en Afrique s’est élevé à
175 millions de dollars. Entre autres exemples, on trouve dorénavant les
opérateurs chinois dans la compétition pour les licences de téléphonie sur le
continent et les entreprises chinoises sont sponsors dans les exploitations
pétrolières.
Enfin, encouragée par le rendez-vous dorénavant régulier du sommet
Chine-Afrique, la collaboration sino-africaine se veut aussi diplomatique.
Nouvelle locomotive dans plusieurs régions africaines, la Chine brise un tête-à-
tête empreint de complexes entre les métropoles européennes et leurs anciennes
colonies et s’aventure avec un certain succès dans l’aide au développement des
pays les plus nécessiteux. En consacrant à l’Afrique près de 45 % de son aide au
développement, elle se démarque des organismes comme le FMI en ne liant pas
ses aides à des conditions politiques, à l’exception claire toutefois du sujet
épidermique de la reconnaissance de Taiwan. Elle se différencie également
d’autres pays en se désintéressant pour le pire et le meilleur des affaires
intérieures des pays partenaires.
Notant les hésitations de ceux qui auront craint le « péril jaune » et le
caractère non regardant de l’approche chinoise, l’histoire retiendra peut-être
aussi que les commerçants et investisseurs chinois ont identifié un marché
porteur et des opportunités de profits là où beaucoup ne voyaient que de la
misère. Elle retiendra éventuellement que les officiels chinois ont cherché à
établir des partenariats commerciaux gagnant-gagnant, là où d’autres se limitent
frileusement au renouvellement d’un système d’aide vieillissant.
Se présentant pour l’occasion à la fois comme le plus grand pays du tiers-monde
et une ancienne colonie, la Chine, quatrième puissance économique mondiale a
indiscutablement beaucoup d’atouts pour se faire des amis en Afrique… pour
son propre bénéfice mais peut-être aussi finalement pour celui des Africains.

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II- LES DIFFERENTS INVESTISSEMENT CHINOIS EN
AFRIQUE

Pour la Chine en Afrique : Est-ce que l’on ne retrouve pas le schéma


classique : achat de matières premières / vente de produits manufacturés peu
favorable à la diversification des économies des pays d’Afrique sub-saharienne ?
La Chine finance des projets de développement en Afrique sous forme
d'investissement direct, ce qui intéresse peu l'Occident.
Les économies africaines qui ont connu une croissance annuelle de 5 à
6% au cours de la décennie écoulée ont besoin de nouvelles routes, de nouvelles
centrales électriques ainsi que de produits manufacturés. L'investissement
chinois aide ces pays africains à construire des routes, des voies ferroviaires,
des hôpitaux et des écoles.

En Afrique, les Chinois diffèrent des autres car ils bénéficient d'une
réputation de payer bien et dans le temps. Les Chinois, avec leur politique
d'investir sans conditions préalables, ont été accueillis à travers tout le
continent (africain). Les crédits chinois viennent en échange de peu de
demandes, de conditions de base ainsi que de recommandations sur l'évaluation
du risque et de l'impact environnemental.
Quant aux problèmes existant dans le commerce et l'investissement
chinois en Afrique, ils existent aussi pour d'autres pays. L'imagination de
l'Occident sur l'incapacité des Africains à traiter leurs problèmes et l'obsession
de l'Occident de considérer la Chine comme un mauvais facteur sont à l'origine
des critiques de l'Occident à l'égard du nouveau rôle de la Chine en Afrique.
Les investissements chinois en Afrique ont atteint 5 milliards de dollars en 2007,
révèle la Banque mondiale dans son rapport. Presque 70 % des investissements
chinois sont concentrés en Angola, au Nigeria, en Éthiopie et au Soudan.
Ces investissements s’orientent vers de grands projets d’infrastructures
sur le continent de plus en plus financés par des pays émergents comme le
Brésil, l’Inde et quelques pays du Golf. Ce rapport souligne également que les
engagements d’investissement « ont grimpé, passant de moins d’un milliard de
dollars en 2004 à 8 milliards de dollars en 2006 et 5 milliards de dollars en
2007. »
Trente cinq (35) pays africains ont reçu des financements chinois dans le
domaine des infrastructures tandis que Pékin a engagé 3,3 milliards pour dix

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projets dans la génération potentielle d’hydroélectricité de l‘ordre de 30 % ou 6
000 mégawatts de capacité installée.
La Chine finance la réhabilitation de 1 350 kilomètres de lignes de chemin
de fer et la construction de 1.600 kilomètres de nouvelles lignes de chemin de
fer à travers la région. C’est le signal, d’une tendance croissante d’une
coopération au sein des économies en développement, avec la construction de
ponts, la Chine affine son rôle de "financier de l’Afrique subsaharienne".
«En travaillant ensemble, nous pouvons créer des partenariats gagnants-
gagnants», a affirmé Obiageli Katryn Ezekwesili, vice-président de la Banque
mondiale pour la région Afrique. Selon lui, l’Afrique est confrontée à des défis
de taille pour améliorer ses infrastructures.

Les exportations en ressources naturelles de l’Afrique subsaharienne vers


la Chine ont augmenté de 3 milliards de dollars en 2001 à 22 milliards en 2006.
Le pétrole domine, représentant 80 % des exportations totales de la Chine.
Toutefois, la majeure partie des exportations de pétrole de l’Afrique va vers les
États-Unis et l’Europe, qui ensemble, reçoivent 57 % du total, comparé à
seulement 14 % vers la Chine.
A l’heure où les regards des pays développés se dirigent vers la Chine, où
les entreprises sont jugées sur leur aptitude à séduire le consommateur chinois et
les États sur leur propension à optimiser la visite d’un dignitaire de la
République populaire, c’est vers l’Afrique que la Chine a choisi de diriger son
attention. Après les États-Unis et l’Arabie Saoudite, c’est en effet au Maroc puis
au Nigeria et au Kenya que se rendra le président chinois Hu Jintao à la fin du
mois d’avril, après avoir visité en 2004, l’Égypte, le Gabon et l’Algérie.
Si la relation entre les deux superpuissances américaine et chinoise est
essentiellement porteuse de sujets de rivalités et de tensions, la relation sino-
africaine quant à elle se nourrit de plusieurs éléments d’interdépendance qui lui
garantissent un avenir prometteur. Une analyse incomplète pourrait laisser croire
à une relation déséquilibrée, justifiée par le seul besoin de « l’Empire du Milieu
» de s’approvisionner en matières premières. A y regarder de plus près on y voit
au contraire le moyen, à la fois pour le continent africain et le sous-continent
chinois, de s’enrichir mutuellement en esquivant les pièges classiques du
dialogue nord-sud parfois trop pollué par l’histoire coloniale et le biais de
l’approche par l’aide au développement.
Les besoins phénoménaux de la Chine en matière énergétique couplés au
retard que celle-ci a pris face aux Etats-Unis dans la sécurisation de ressources
au Moyen-Orient expliquent certes une partie de son intérêt pour le continent

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noir. Dans la course à la diversification de ses ressources, la Chine entend voir
plusieurs pays africains occuper une place stratégique : Nigeria, Angola, Guinée
équatoriale, Congo, Gabon, Soudan, Zambie, Afrique du Sud sont autant de
fournisseurs en hydrocarbures, cuivre, et autres charbon dont la Chine ne peut
plus se passer pour nourrir sa croissance de près de 10 % l’an, faisant ainsi
monter les enchères et contribuant au renouvellement de l’intérêt du monde pour
une zone trop longtemps délaissée.
Mais la relation est loin d’être à sens unique. Si la Chine enlève des
matières premières en Afrique, encouragée par une stabilité politique et un
risque moyen africain en amélioration, elle s’intéresse aussi au continent pour
son marché. A un moment où le marché européen commence à saturer,
équipements électroniques, médicaments, produits textiles, construction,
centrales, produits mécaniques, acier, etc., composent la palette type proposée
par les industriels chinois aux consommateurs africains, du Maghreb à l’Afrique
Australe. De 2003 à 2005, les exportations de la Chine vers l’Afrique ont connu
une croissance annuelle moyenne de plus de 35 %. Le volume des échanges
commerciaux aurait atteint fin 2005 le niveau record de 37 milliards de dollars.
Pendant les dix premiers mois de 2005, le montant des exportations de la Chine
vers l’Afrique était de plus de 15 milliards de dollars, celui des importations de
près de 17 milliards de dollars avec un objectif des échanges à moyen terme de
100 milliards de dollars.

Comme tout phénomène nouveau, celui-ci a commencé par inquiéter les


commerçants locaux craignant une forte concurrence de produits vendus parfois
5 à 6 fois moins cher. Rapidement, le consommateur africain se rend compte que
l’arrivée des produits chinois représente une démocratisation sans pareil de
produits de consommation courante créant une forte augmentation du pouvoir
d’achat. Au fil du temps un ajustement devra se faire pour que les commerçants
locaux investissent des secteurs dans lesquels l’immigration chinoise aura un
avantage concurrentiel plus faible et les commerçants chinois apprendront à
utiliser les ressources humaines locales pour développer leurs activités.
En plus de sécuriser ses approvisionnements et d’assurer la stabilité de ses
exportations en Afrique, la Chine est aussi un investisseur direct sur le continent.
En 2006, plus de 800 entreprises chinoises sont présentes en Afrique. De Janvier
à Octobre 2005, le montant des investissements chinois en Afrique s’est élevé à
175 millions de dollars. Entre autres exemples, on trouve dorénavant les
opérateurs chinois dans la compétition pour les licences de téléphonie sur le
continent et les entreprises chinoises sont sponsors dans les exploitations

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pétrolières.

Enfin, encouragée par le rendez-vous dorénavant régulier du sommet


Chine-Afrique, la collaboration sino-africaine se veut aussi diplomatique.
Nouvelle locomotive dans plusieurs régions africaines, la Chine brise un tête-à-
tête empreint de complexes entre les métropoles européennes et leurs anciennes
colonies et s’aventure avec un certain succès dans l’aide au développement des
pays les plus nécessiteux. En consacrant à l’Afrique près de 45 % de son aide au
développement, elle se démarque des organismes comme le FMI en ne liant pas
ses aides à des conditions politiques, à l’exception claire toutefois du sujet
épidermique de la reconnaissance de Taiwan. Elle se différencie également
d’autres pays en se désintéressant pour le pire et le meilleur des affaires
intérieures des pays partenaires.
Notant les hésitations de ceux qui auront craint le « péril jaune » et le
caractère non regardant de l’approche chinoise, l’histoire retiendra peut-être
aussi que les commerçants et investisseurs chinois ont identifié un marché
porteur et des opportunités de profits là où beaucoup ne voyaient que de la
misère. Elle retiendra éventuellement que les officiels chinois ont cherché à
établir des partenariats commerciaux gagnant-gagnant, là où d’autres se limitent
frileusement au renouvellement d’un système d’aide vieillissant.
Se présentant pour l’occasion à la fois comme le plus grand pays du tiers-monde
et une ancienne colonie, la Chine, quatrième puissance économique mondiale a
indiscutablement beaucoup d’atouts pour se faire des amis en Afrique… pour
son propre bénéfice mais peut-être aussi finalement pour celui des Africains.

Ce serait l'une des explications de fond à l'envolée des cours des matières premières
depuis des mois, comme à l'éclatement des «émeutes de la faim» en début d'année : les
besoins gigantesques d'une Chine jamais rassasiée. Avec une économie au bord de la
surchauffe et une croissance annuelle à deux chiffres (plus de 11% en 2007), le pays est
devenu l'un des tout premiers importateurs nets de matières premières au monde.

Pour faire ses courses, la Chine s'est tournée vers l'Afrique. Cuivre (Zambie, Afrique
du Sud), alumine (Guinée), pétrole (Soudan, Guinée), cobalt (Afrique du Sud, RDC), métaux
ferrugineux (Mauritanie)... Citons une poignée de chiffres pour prendre la mesure de ce
mouvement de fond, véritablement enclenché au tout début des années 2000 : le commerce
régional entre les deux régions a explosé, multiplié par 50 de 1980 à 2005, et par 5 entre 2000
et 2006, pour s'établir à 55 milliards de dollars. La barre des 100 milliards devrait être
dépassée en 2010.

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Selon les estimations les plus courantes,
entre 500.000 et 700.000 Chinois
vivraient sur le continent aujourd'hui.
Un petit millier d'entreprises ont été
recensées. La Chine avance en fait sous
une série de sigles plus ou moins bien
identifiés. CRBC (China Road and
Bridge Corporation), WEITC (Weihai
International Economic Technical
Cooperative), CNOOC (China National
Oil Offshore Corporation) : autant
d'entreprises en train de
s'internationaliser à toute vitesse sur le
continent africain, avant de devenir,
dans quelques années, des poids lourds
mondiaux de leur secteur.

Pour autant, la vision d'une Chine «pilleuse» du sol africain, régulièrement relayée à
Bruxelles ou à Paris, est réductrice. Les situations sont très variées. D'abord, les
investissements ne se limitent pas aux seules matières premières – la construction, le textile,
les télécoms sont également concernés. Et tous les pays africains ne sont pas logés à la même
enseigne (parmi les grands absents, la Libye).

Parfois, comme en Zambie, les activités chinoises sont très contestées et font l'objet
de prises de position des politiques sur la scène nationale. Dans d'autres cas, comme au
Soudan, c'est la communauté internationale qui gronde. La carte ci-dessous dresse un rapide
état des lieux, à travers la situation d'une dizaine de pays emblématiques.

Comment les Chinois s'en sont-ils


retrouvés là, en quelques années à peine ?
D'après la CNUCED, l'empire du Milieu
pilotait en 2005 près de 10% de l'ensemble
des investissements étrangers en Afrique...
En fait, les Chinois peuvent remercier la
Banque mondiale, qui leur a sérieusement

12
facilité les choses.

«Les Africains ont été obligés par l'institution de Washington de soumettre leurs travaux
d'infrastructure à des appels d'offres. Et les Chinois gagnent à tous les coups, grâce à une
main-d'œuvre bon marché, à des économies d'échelle et sur les faux frais», résument Serge
Michel et Michel BEURET. Conséquence, depuis 2000, les entreprises chinoises sont en train
de construire plus de 6.000 kilomètres de routes, 3.000 kilomètres de chemins de fer et huit
centrales électriques, selon les chiffres du FMI.

La technique du «package»
Ce coup de pouce, bien involontaire, de la Banque mondiale a de quoi faire sourire,
quand on sait que Hu Jintao ne cesse, lors de ses voyages officiels en Afrique, de fustiger le
«consensus de Washington» prôné par le FMI et la Banque mondiale, pour mieux défendre
l'esprit des non-alignés, dans la droite ligne de la Conférence de Bandung de 1955... Un
discours qui rencontre un franc succès auprès des dirigeants africains comme des populations.

Pourquoi les propositions des Chinois sont-elles régulièrement moins chères, de 30 à


50% par rapport à celles des Français, lors des appels d'offres en Afrique ? En fait, les
entreprises chinoises font venir de Chine leur propre main-d'œuvre, ce qui leur permet de
baisser leurs coûts.

Si cela ne suffit pas, les Chinois ont une autre astuce pour l'emporter à coup sûr. Ils
recourent à la technique du «package». Des offres groupées, en somme : une autoroute + un
pont + une raffinerie + l'exploitation d'une mine. Parfois, si le contrat est vraiment important,
ils proposent de construire, gratuitement, de nouveaux bâtiments pour un ministère, voire un
palais présidentiel tout entier. Les profits dégagés par l'exploitation de la mine permettront, au
fil des ans, de rembourser ces investissements.

A chaque fois, ces «packages» sont financés par la même institution, l'EximBank
(pour Exportations/Importations Bank), lancée en 1994. En septembre 2006, le banquier avait
déjà prêté de l'argent pour la réalisation de 259 projets en Afrique, dans 36 Etats, dont une
grande majorité (près de 80%) pour la construction d'infrastructures.

Depuis quelques mois, les formes de la présence chinoise évoluent. En début d'année
2008, Pékin s'est pourvu d'un nouvel instrument, un fonds souverain doté de quatre milliards
de dollars pour faciliter l'implantation de ses entreprises sur le continent, le «fonds de

13
développement Chine-Afrique».

Mais l'opération la plus spectaculaire a été annoncée fin 2007 : l'achat de 20% de la
plus grosse banque d'Afrique, la Standard Bank, par ICBC (Industrial and Commercial Bank
of China), pour 5,46 milliards de dollars. Pour cette première incursion dans la finance
africaine, le géant bancaire chinois n'a pas hésité à casser sa tirelire, dépensant les bénéfices
engrangés lors de son entrée en Bourse de Hong Kong.

Le fantasme de l'invasion chinoise


Cette diversification des investissements chinois en Afrique, qui inquiète certains
Américains et Européens, s'accompagne d'un discours rassurant des autorités de la République
populaire de Chine : Hu Jintao défend un «partenariat gagnant-gagnant», et promet des
«bénéfices mutuels» dans ces relations commerciales entre pays du Sud. Pourtant, les
critiques, difficiles à vérifier pour le moment, ne manquent pas (pêle-mêle : trop faible
recours à la main-d'œuvre locale sur les grands chantiers, des rémunérations souvent
modiques pour les ouvriers africains «exploités», des garanties sociales souvent inexistantes
pour les travailleurs, des cas de fraudes fiscales, aucun respect des normes environnementales,
soutien politique indirect à des régimes autoritaires, ventes d'armes au Soudan et au
Zimbabwe... Sans parler de la question complexe de l'aide au développement, sur laquelle
nous reviendrons plus tard dans la semaine.

Depuis quelques mois, des travaux universitaires sont venus utilement nuancer les
analyses alarmistes formulées ici ou là. Comme le résumait Robert Pec coud, responsable du
département recherche de l'Agence française de développement (AFD), lors d'une conférence
le 14 mai, «si l'on fantasme sur la présence chinoise en Afrique, si tout cela nous semble
extraordinairement mystérieux, c'est tout simplement parce que les Chinois parlent chinois et
que rares sont les chercheurs à avoir fait du terrain».

Pour se défaire des images fantasmées qui font la part belle à l'«invasion» ou au
«tsunami» déferlant sur l'ensemble du continent noir, des experts invitent à développer une
approche plus locale et documentée du phénomène, en croisant sociologie et économie.

«Si la presse internationale s'intéresse à cette projection de l'Asie – en fait de la Chine


populaire – en Afrique, cette représentation demeure perçue à un niveau très générique»,
s'inquiète notamment Roland Marchal, dans un récent article (lire sous Prolonger). «Sont ainsi
exclues de l'analyse ou tenues au rang d'anecdotes les formes concrètes de la présence

14
asiatique en Afrique. (...) A force de mettre l'accent sur les gros contrats énergétiques qui
mobilisent à juste raison les chancelleries, on tend à laisser hors de vue les multiples
entreprises chinoises qui ouvrent (et ferment, éventuellement) entrepôts ou manufactures sur
le continent, leur capacité à subsister dans un univers pour le moins étranger.»

Une complémentarité public/privé


Que disent les premières conclusions de ces travaux novateurs, à mi-chemin entre
économie du développement et sociologie de l'immigration ? Après un master d'économie à
Sciences-Po Paris, Mathilde Dupré et Weijing Shi sont parties près de trois mois au Mali, fin
2007, à la rencontre d'entrepreneurs chinois. Elles ont fait les comptes : 1.200 Chinois
présents (contre 5.000 Français), très majoritairement des hommes, 161 entreprises chinoises,
principalement dans l'hôtellerie, le commerce et la construction. «Si les Chinois sont encore
faiblement implantés au Mali, ils travaillent dans des secteurs très visibles à Bamako, comme
les bars et hôtels, notent-elles. Ils ont également réalisé la construction du palais
présidentiel.»

D'après elles, la montée en puissance de la Chine en Afrique est «un phénomène


moins centralisé, beaucoup plus spontané qu'on voudrait le laisser penser». Au passage, elles
insistent sur le rôle des entrepreneurs privés de tout poil, venus seuls en Afrique, attirés par
ces nouveaux marchés et les profits à la clé. Confirmation de ces propos dans La Chinafrique,
qui souligne la «complémentarité» des efforts publics et privés des Chinois en Afrique : «Les
aventuriers avancent et investissent. Pendant ce temps, l'Etat chinois signe d'énormes contrats
d'infrastructures et d'exploitations de matières premières. Il peut s'appuyer sur une diaspora
chinoise de plus en plus nombreuse et organisée, laquelle en contrepartie est encouragée par le
volontarisme de Pékin.»

Autre conclusion, plus polémique, à laquelle Mathilde Dupré et Weijing Shi sont
parvenues : les abus de certaines entreprises chinoises observés sur place (par exemple, le
non-respect de normes sociales ou environnementales) révèlent avant tout les failles
administratives et juridiques de nombreux Etats africains. Dans lesquelles s'engouffrent les
Chinois, mais également beaucoup d'autres entrepreneurs. Explication en 53 secondes, avec
l'exemple des impôts au Mali, que les Chinois sont accusés de ne pas payer.

Les investissements en Afrique Centrale représentent une part


significative de l'économie dans les différents pays de la région. Ils ont investi
dans des secteurs représentatifs des économies des pays de la zone. Les
évolutions techniques récentes (explosion de la téléphonie mobile et de
l’internet), les réformes administratives sur le contrôle des importations et des

15
exportations ainsi que les privatisations des services publics ont toutefois suscité
l’arrivée de nouveaux acteurs. Nous passons en revue quelques entreprises
implantées dans les différents pays de la sous région Afrique Centrale :
 Distribution de produits pétroliers : Total (tous les pays de la région) ;
 BTP : Sogea Satom (Cameroun, Gabon, Guinée Equatoriale, RCA, Tchad
et République Démocratique du Congo); Bouygues (Cameroun, Guinée
Equatoriale et Tchad), China Constructor (Cameroun, RCA, Congo)
Agriculture d’exportation : Dagris (Cameroun et Tchad), Groupe Bolloré
(Cameroun, RCA, Congo), Compagnie fruitière (Cameroun), Xiang
Enterprise CO (Guinée, Gabon) ;
 Sucre : Groupe Castel (Centrafrique et Gabon) ;
 Boissons : Groupe Castel (Cameroun, Tchad, Congo, Guinée Equatoriale
et Gabon, RCA) ;
 Banque : Société Générale (Cameroun, Tchad, Guinée Equatoriale et
Gabon), Crédit Agricole SA (Cameroun, Gabon et Congo), Groupe
Banque Populaires (Cameroun et Gabon) ;
 Assurance : Gras Savoye (Cameroun, Gabon, Tchad et République
Démocratique du Congo), Axa (Cameroun et Gabon), AGF (Cameroun,
Tchad et République Centrafricaine) ;
 Filière logistique et transport : Bolloré (Cameroun, République
Démocratique du Congo, Guinée Equatoriale, République Centrafricaine,
Tchad et Gabon), Air France-KLM (tous les pays de la région), la Société
les Abeilles et Chronopost (Cameroun) ;
 Télécommunications et TIC : France Telecom (Cameroun, Guinée
Equatoriale, République Centrafricaine), Bull (Cameroun et Gabon),
CFAO Technologies (Cameroun et Gabon), China Accessor phone (RCA,
Guinée, RDC).

D'une part, ces structures incitent et contribuent au développement


économique et social des pays de la sous région en s'appuyant sur le transfert des

16
technologies partiales. D'autre part, elles sont restreintes et ne veulent pas
s'ouvrir dans l'agro-alimentaire et les industries de pointe. Cela inquiète certains
responsables africains. Car le continent est un drainer de l'économie mondiale.
Tous les secteurs sont porteurs et plus précisément le secteur de l'agriculture. Or
à cet effet, nous constatons que les quelques filiales étrangères et chinoises
implantées dans ce pôle s'orientent beaucoup plus vers l'agriculture
d'exportation. L'on se pose la question de savoir pourquoi ne pas transformer
une partie des matières premières sur place ?
Nous pensons que cette transformation serait l'idéale car elle favorisera la
créativité, la lutte contre la pauvreté, la réduction de sous alimentation et en
dernier essor l'éradication définitive voire complète de la faim dans ce bloc du
monde. Alors que se passe t-il concrètement ?
Globalement ces structures présentes dans cette plateforme, s'intéressent
beaucoup plus aux secteurs de service, de négoce. Nous constatons une absence
totale des industries.
Cette politique de main tendue ne pourra pas favoriser le développement
spectaculaire pour ne pas dire irréversible. En effet, dans les années 80, la chine
dépendait des autres pays industrialisés. Etant donnée la masse écrasante
(population absorbant deux continents), les industries européennes à la
recherche de gain de productivité, de synergie et de flexibilité se sont vite
intéressées par ce Goliath. Les avantages assignés pour les chinois sont
multiples, non seulement ils ont bénéficié de transfert des technologies
complètes, des installations des cellules d'ingénierie, des centres de
perfectionnement, des appels et autres. La somme de ces éléments a permis à la
chine de booster son économie et de tourner vers l'extérieur pour enfin les
inonder.
La sous région (CEMAC) a enregistré ces dernières années des
installations étrangères si petites que soit elle, occupant des espaces de
dimension restreinte (réaménagement des immeubles existants), faisant travailler
4 ou 8 personnes dans une agence commerciale, n'ayant pas de cellules
sophistiqués. Nous nous posons dans cette perspective la question fondamentale
de savoir si les occidentaux qui se sont implantées en chine avaient opté pour
une telle figure est ce que ces M. JING atteindront ce seuil de géant mondial ?

Notre sous région a besoin de partenaires concluant et non exploitant des


richesses. Nous voulons qu'une restructuration des conditions d'implantation soit

17
effective pour que les prix de denrées de premières nécessités qu'égorge la
bonne partie cet espace CEMAC arrêtent de flamber.
Les Chinois sont très présents en Afrique et n'hésitent pas investir en
masse. Le montant des investissements chinois sur le continent atteint 1 000
milliards de dollars, ce qui fait de ce pays un des premiers créditeurs du
continent.
Pour expliquer cet intérêt de la Chine à l'Afrique, il ne faut pas perdre de
vue que le pays est en pleine croissance et a besoin de ressources naturelles, ce
dont l'Afrique recèle.
C'est pourquoi certains secteurs intéressent Pékin en priorité : les
transports et les télécommunications et bien entendu l'extraction de matières
premières. Il faut savoir que l'Afrique fournit 1/3 du pétrole dont la Chine a
besoin.
L'aide chinoise est la plupart du temps une aubaine pour les pays africains
qui manquent d'infrastructures. D'autant que les investissements chinois se
voient tout de suite (construction de route, d'autoroute, de ports et de mines).

D'un autre côté et c'est ce qui inquiète le FMI : la Chine propose des prêts
aux pays africains, mais aux conditions très floues qui souvent les endettent
lourdement. Un problème notamment pour les pays les plus pauvres, alors même
qu'ils commençaient à venir à bout de leur dette envers les bailleurs
traditionnels. Selon le FMI, la Chine serait trop pragmatique dans sa relation
africaine. La preuve pour l'autorité financière : les Chinois financent en priorité
les plus riches en matières premières comme l'Algérie, le Nigéria, le soudan ou
encore l'Afrique du Sud. Le tout sans se soucier des droits de l'homme, ou des
répercussions sur l'environnement.
A l'issue du caucus qui s'est tenu début août, les pays africains ont admis
qu'il fallait établir des règles pour délimiter les prêts, les rendre plus transparents
et les répartir plus équitablement.

18
III- LE PROCESSUS DES INVESTISSEMENT CHINOIS
EN AFRIQUE

Depuis la fin de l’accord multifibres, en janvier 2005, qui limitait les


exportations de textile des pays en développement vers l’Europe et les Etats-
Unis, les ventes chinoises ont explosé. De ce fait, la Commission de Bruxelles a
annoncé, le 14 avril, l’ouverture d’une procédure de surveillance. L’offensive
commerciale de Pékin atteint aussi l’Afrique. Parfois agressive, mais jouant la
carte tiers-mondiste, la stratégie de l’empire du Milieu suscite espoir et
controverse sur le continent noir.

Ce sont des responsables chinois plutôt embarrassés qui rendirent visite,


début décembre 2004, au président angolais José Eduardo Dos Santos. Quelques
jours auparavant, l’association britannique Global Witness avait publiquement
laissé entendre que les 2 milliards de dollars de crédit accordés à Luanda par la
banque publique chinoise EximBank risquaient d’être détournés. Officiellement,
cette somme avait été allouée pour rebâtir les infrastructures angolaises détruites
par trente ans de guerre civile (électricité, chemins de fer et bâtiments
administratifs). En échange, la Chine recevrait 10 000 barils de pétrole par jour.
Or une partie de ces 2 milliards a été effectivement détournée au profit de la
propagande gouvernementale en vue des élections générales de 2006. Et, sous
pression chinoise, le 9 décembre 2004, M. Antonio Pereira Mendes De Campos
Van Dunem, intermédiaire connu des milieux d’affaires étrangers, était prié de
quitter son poste de secrétaire du conseil des ministres.

Le temps d’un émoi, Pékin avait ainsi dérogé au principe fondateur de sa


longue marche commerciale vers l’Afrique : ne pas se mêler des affaires
intérieures des pays concernés. Un peu de morale – sans doute justifiée par la
pression exercée par les bailleurs de fonds internationaux sur un pays
notoirement corrompu n’empêcherait pas les affaires sino-africaines de tourner à
plein rendement.

19
Les quinze pays de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de
l'Afrique de l'Ouest) se trouvent dans l'une des régions les plus pauvres du
monde, où le développement économique demande de nombreux capitaux et
technologies. Dans cette région, en général, les pays pratiquent le libre-échange
et les importations sont permises moyennant le paiement de droits douaniers.

Au Togo, pays d'une superficie de 56 000 km2, 70 PME de Chine ont


investi 20 millions de dollars dans l'établissement de compagnies touchant
quatorze industries. Actuellement, leur chiffre d'affaires atteint 40 millions de
Dollars américains, et leur développement stimule la croissance stable des
échanges bilatéraux entre la Chine et le Togo.
Plusieurs grandes et moyennes entreprises de l'Afrique de l'Ouest ont
suspendu totalement ou partiellement la production à cause du manque de
capitaux, de l'usure de l'équipement et de la mauvaise gestion. Certains ont
besoin de renouveler les technologies et l'équipement, et d'autres de procéder à
la réorganisation industrielle. Pour les sortir de l'embarras, les autorités ont
établi la liste de privatisation pour plusieurs entreprises et font des appels
d'offres ouverts à la communauté internationale avec possibilité de cession à bail
ou de gestion mixte, en vue d'introduire des capitaux, technologies et
équipements pour promouvoir la reprise économique du pays.

En 1996, China Worldbest Group Co. Ltd. a affecté 20 millions de yuans


à l'achat de ENITEX, une usine de textile nigérienne au bord de la faillite. Cette
usine est maintenant l'une des quelques entreprises textiles importantes en
Afrique de l'Ouest. Les compagnies Huawei et ZE à Shenzhen et Bell à
Shanghai ont travaillé à l'exploitation des possibilités d'accès au marché de
produits de télécommunication en Afrique. Depuis 2001, ZE a signé avec le
Niger trois contrats pour une valeur totale de 40 millions de dollars, et avec le
Bénin un contrat d'une valeur de 60 millions de dollars. Huawei et Bell Shanghai
sont en train de négocier avec les compagnies de télécommunication et de
téléphone mobile du Togo des projets d'élargissement des réseaux de téléphone
fixe et mobile. La valeur de contrats pourrait atteindre 300 millions de yuans.

20
En outre, l'Afrique de l'Ouest est une région où règne le paludisme
entraînant un haut taux de mortalité. Chaque année, il faut importer environ 20
milliards de dollars de médicaments. L'utilisation abusive de médicaments a
abouti à une large réaction de résistance. Toutefois, les analyses montrent que le
médicament basé sur l'arteannium fabriqué par la Chine et apprécié du milieu
pharmaceutique international reste sûr et efficace. C'est le premier produit de la
première catégorie de médicaments autorisés pour l'exportation par la Chine et
aussi le meilleur médicament contre le paludisme. En outre, les matières
premières du médicament d'origine chinoise baissent le coût de revient. Le
fabricant chinois est encouragé à coopérer avec la CEDEAO dans la production
locale du médicament afin de débarrasser les habitants locaux de la souffrance
apportée par le paludisme et, d'un autre côté, de rapporter un rendement
économique.

En Afrique de l'Ouest, les projets d'infrastructures de transports, de


télécommunications, de ressources énergétiques et de protection
environnementale ont tous été programmés et les compagnies internationales
pour l'adjudication de travaux publics ont l'occasion d'y trouver un espace de
développement.

La CEDEAO applique à tous les projets l'appel d'offres ouvert et


international et applique une politique active et souple en autorisant les
entreprises des pays non membres de la CEDAO à investir et à soumissionner à
l'adjudication, y compris les entreprises de conception, d'exécution et de
contrôle de travaux.

Le marché des travaux publics de la CEDEAO comprend plusieurs


secteurs, mais de nombreux projets de construction sont restés sur les tablettes,
vue la pénurie de capitaux.

Actuellement, plusieurs entreprises chinoises essaient de trouver des


capitaux des banques non seulement nationales, mais aussi locales ou non
publiques, en vue d'accéder au marché de l'Afrique de l'Ouest.

21
S’il est un pays qui a su tirer profit de la mondialisation, c’est bien la
Chine. En marge de tous les débats politiques et philosophiques entourant ce
phénomène, c’est probablement l’Empire du Milieu qui en bénéficie le plus. Il
est devenu l’atelier du monde et surtout l’un des pays qui reçoit le plus
d’investissements directs étrangers (IDE) au monde. À titre d’exemple, le total
des IDE reçus en 2006 par la Chine représente plus du double de celui du
Canada. Le résultat est que, depuis plusieurs années, le pays a une croissance à
deux chiffres. De nombreux spécialistes de la Chine prévoyaient que vu le
nombre de Chinois, ce pays pourrait imposer ses idées au reste du monde une
fois qu’il aurait atteint un niveau appréciable au plan technologique.

Comme signe visible de sa gloire retrouvée, la Chine étend de plus en plus


son influence et tente d’établir des liens de coopération nouveaux, une
alternative au modèle dominant proposé par les pays occidentaux, entre autres.
Cette expansion et cette alternative sont plus visibles en Afrique où le pays est
plus qu’influent. La Chine serait-elle devenue, selon l’expression consacrée de
François Lafargue, une puissance africaine ? Cette montée en puissance dans le
continent noir serait-elle de nature à lui assurer une plus grande place sur
l’échiquier mondial ? Cet article se donne pour objectif d’illustrer les enjeux
réels portant sur une coopération unique en son genre. Aussi, il convient de
tracer les contours de ce nouveau type de coopération et d’analyser les raisons
fondamentales derrière cette nouvelle forme de partenariat et d’aide au
développement davantage orientée vers les investissements économiques que
vers la charité ou l’aide pure et simple.

La Chine met un point d’honneur à s’identifier en tant que pays du Sud et


les autorités du pays se plaisent à remarquer que l’état actuel de la coopération
entre la Chine et l’Afrique est le résultat d’une évolution graduelle et que le pays
n’a jamais laissé tombé le continent même dans ses situations les plus
désastreuses. Ainsi, pendant que certains pays étaient mis au rang des parias, la
Chine a maintenu son soutien et son appui financier au gouvernement nigérian
de Sany Abatcha, ostracisé par l’Occident et par les pays du Commonwealth.

22
L’arme discursive de Pékin se développe dans une volonté sans cesse réaffirmée
d’un échange équitable. C’est ce qui ressort par exemple des déclarations lors du
forum de consultation Chine-Afrique de Pékin en 2000. Le Premier ministre
Wen Jiabao affirmait alors que « la Chine entend travailler de concert avec les
pays africains pour renforcer leur partenariat d’un type nouveau, caractérisé par
la durabilité, l’égalité des avantages réciproques et la coopération globale et en
faire un exemple de la coopération Sud-Sud ». Cette phrase résume à elle seule
l’état d’esprit de coopération que la Chine entend mener avec l’Afrique. De plus,
elle consacre un discours nouveau en matière de coopération. Le discours
politique chinois a toujours été caractérisé par la modestie ; certains parleront de
mauvaise foi. Toujours est-il que la Chine n’a de cesse de se définir comme un
pays du tiers monde. De fait, de nombreux pays, y compris le Canada,
envoyaient encore de l’aide à la Chine tout récemment. Il a fallu attendre le 15
octobre 2003 avec l’envoi de la fusée Shenzhou et le premier Taïkonaute chinois
dans l’espace pour que certains pays occidentaux se rendent à l’évidence et
mettent fin à leur aide. Par ailleurs, le Chine revendique aussi sa position de seul
pays non blanc comme membre permanent du Conseil de sécurité. C’est
pourquoi, pour les pays africains, le soutien en provenance de leur continent est
une coopération d’une autre forme. C’est un partenariat où ils collaborent avec
un État pair, ce dernier les traitant en égal, ce qui change singulièrement du
paternalisme occidental. Lors d’une conférence de presse durant la conférence
France-Afrique, Omar Bongo – président du Gabon depuis maintenant plus de
quatre décennies, jamais avare de commentaires, déclarait que le charme de la
Chine est qu’elle ne se mêle pas des affaires internes des pays avec lesquels elle
coopère. Lors de sa tournée dans plusieurs pays d’Afrique en février 2007, Hu
Jintao, le président chinois, affirmait haut et fort la volonté du peuple chinois de
rester ami, partenaire et frère du peuple africain. Il promettait aussi que la Chine
n’imposera jamais son idéologie et son système social, ni son mode de
développement, aux autres.

Les dirigeants chinois ont appris des erreurs des autres, un point que
justement les Africains et les ONG participant au développement reprochent aux
Occidentaux qui emploient trop souvent une attitude condescendante et

23
moraliste. La Chine tente de s’offrir en alternative à ce type de discours.
Toutefois, au-delà du caractère discursif, il n’en demeure pas moins que la
coopération sino-africaine doit être analysée au regard d’intérêts beaucoup plus
terre-à-terre.

En devenant l’atelier du monde, la Chine a considérablement accru ses


besoins en matières énergétiques. L’approvisionnement en pétrole est ainsi
devenu le plus grand défi de la Chine. Si l’on en croit Serguei Troush, la Chine a
organisé sa diplomatie en fonction de cette nouvelle dépendance. La demande
quotidienne chinoise, qui était de 2,12 millions de barils par jour en 1990,
devrait vraisemblablement monter – selon les projections – à 7 millions de barils
par jour en 2010. Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA),
la Chine est devenue en 2005 le troisième pays importateur de pétrole au monde
derrière les États-Unis et le Japon, mais devant l’Allemagne. Si on ajoute à cela
le fait que les gisements de la mer Caspienne se sont avérés décevants et que les
États-Unis tentent d’avoir l’emprise sur les réserves pétrolifères du Moyen-
Orient avec leur stratégie de Grand Moyen-Orient, on comprend toute
l’importance stratégique de l’Afrique pour la Chine. Ainsi, selon un rapport de
l’AIEA, l’Afrique représente plus du quart de l’approvisionnement pétrolier de
la Chine. Dans sa stratégie de diversification de ses approvisionnements, la
Chine a donc misé sur l’Afrique. Les experts, comme F. Storrer du Centre de
l’énergie atomique, sont convaincus que les besoins énergétiques de l’économie
florissante chinoise en constituent son talon d’Achille.

Ainsi, nous pouvons constater que la présence et l’activité chinoise sont


de plus en plus marquées dans les pays africains qui ont des réserves
pétrolifères. La Société d’État en charge de l’exploitation pétrolifère en Chine
(SINOPEC) est présente dans la plupart des pays africains producteurs de
pétrole. Elle s’est d’ailleurs illustrée ces dernières années par une stratégie
offensive qui consistait à disputer aux consortiums occidentaux des parts de
marchés qui leur revenaient sans opposition auparavant. Total a dû faire des
concessions en Angola tandis que Shell s’est aussi inclinée en faveur de la Chine
au Nigéria dans plusieurs projets.

24
Le Soudan constitue un des meilleurs exemples de la diplomatie
énergétique chinoise et de son impact dans la sphère internationale. Lors de la
conférence organisée par le nouveau président français Nicolas Sarkozy, aucun
pays africain n’était invité, mais les organisateurs ont mis un point d’honneur à
ce que la Chine soit présente. Pour beaucoup, cette seule présence était plus
qu’un signe d’espoir. La présence de Chine au Soudan est d’une très grande
importance et prouve les limites de la diplomatie occidentale du bâton. De
nombreux analystes se demandent à quoi servent les sanctions si la Chine
continue d’évoluer en dehors de ce système et supporte les pays sanctionnés. En
effet, la Chine détient plus de 40% du consortium Great Nile Petroleum
Operating Company qui exploite le bassin du Muglad. Selon le New York
Times, les investissements chinois sont deux fois plus élevés que ceux de la
société canadienne Talisman qui y est aussi partenaire. La Chine s’avère ainsi
incontournable dans la résolution de la crise soudanaise puisqu’elle en constitue
aujourd’hui le principal soutien économique.

La présence de la Chine en Afrique n’est pas seulement une diplomatie


énergétique. Elle est aussi le fruit d’une géostratégie politique notamment en ce
qui a trait à la question taïwanaise. Selon plusieurs experts, la Chine est en
compétition avec l’Inde pour le pétrole africain. L’Organisation de coopération
et de développement économiques (OCDE) pense que cette compétition est
surtout axée contre les États-Unis parce que l’Inde n’investit que très peu et de
façon ponctuelle en Afrique, et surtout qu’elle n’a pas les moyens de sa rivale.

Au niveau politique en revanche, la présence chinoise vise surtout à


contrer l’offensive diplomatique taïwanaise en Afrique. Pour ceux qui
entretenaient l’illusion d’un partenariat sans condition entre la Chine et
l’Afrique, il est bon de rappeler que la Chine a mis au point sa propre doctrine
Holstein qui signale que la rupture de tout lien avec Taïwan est la condition sine
qua non de tout partenariat avec la Chine. Pour Chung-Lian Jiang, sans la
concurrence de Taïwan, l’intérêt de la Chine pour l’Afrique serait moins
marqué. Depuis la reconnaissance de la Chine continentale par la communauté

25
internationale et l’octroi du siège au Conseil de sécurité au détriment de Taïwan,
très peu de pays ont reconnu Taipei. Toutefois, il y a eu une offensive
diplomatique de Taïwan ; l’île n’a jamais hésité à mettre des sommes colossales
pour se faire reconnaître, essayant de jouer sur les exemples coréens et
allemands pour faire valoir une double reconnaissance des deux Chines, en 1993
notamment. De nombreux pays africains ont reconnu Taïwan : le Libéria
(octobre 1999), la Guinée-Bissau (mai 1990), le Sénégal (janvier 1996) ne sont
que quelques exemples. Les États africains, au fait de cette situation, n’ont pas
hésité à en tirer profit, surfant d’un bord à l’autre au gré des montants.
Aujourd’hui, la bonne santé financière de la Chine fait en sorte que la plupart
des pays africains sont revenus dans son giron et ont rompu leurs relations
diplomatiques avec Taïwan. Toutefois, pour les autorités de Pékin, la vigilance
est de mise puisque la menace taïwanaise n’est jamais très loin.

La question chinoise en Afrique s’articule aussi dans le secteur informel.


Cette présence n’est pas bien documentée. En Afrique, où les taux de chômage
avoisinent dans la réalité les 70%, le secteur informel occupe plus de 80% de la
population active. Il s’agit de petits métiers et principalement de petits
commerces qui ne sont pas taxés. L’État y perd donc une source importante de
revenus étant donné les proportions, mais il s’agit là d’un moindre mal
puisqu’en Afrique, l’absence de l’État dans les services sociaux est remplacée
par le système D (pour débrouillardise). Avec son milliard et 300 millions
d’habitants, la Chine regorge non seulement de main d’œuvre bon marché, mais
aussi de nombreuses personnes qui sont prêtes à s’expatrier pour changer leur
quotidien. Il est de plus en plus commun de voir des vendeurs de maïs chinois
dans les rues de Bamako ou de cigarettes dans les quartiers de Lagos. D’ailleurs,
lors de la visite de Hu Jintao en Namibie, de nombreuses voix se sont élevées
pour dénoncer cette situation.

Par ailleurs, les entreprises chinoises qui participent aux appels d’offres en
Afrique sont souvent trois fois moins chères que leurs consœurs occidentales et
françaises. Par contre, en termes de création d’emplois, les sociétés chinoises en
génèrent peu. Dans la majorité des cas, la plupart des employés viennent de

26
Chine.

Plusieurs s’inquiètent aussi de l’absence de transfert de technologies dans


cette coopération, ce qui contribue à maintenir encore et toujours l’Afrique dans
l’éternel cycle de la dépendance.

Trente ans après avoir rompu avec un Angola devenu indépendant, mais
jugé trop proche de l’Union soviétique, l’empire du Milieu a largement réparé
son erreur initiale. L’ancienne colonie portugaise – dont il importe désormais 25
% de la production de pétrole – est devenue son deuxième partenaire
commercial sur le continent. Luanda envisage même de créer des vols directs
avec Pékin, et il serait question d’encourager la construction d’un quartier
chinois dans la capitale en vue d’accueillir les cadres asiatiques.

Octroyé avec un taux d’intérêt de 1,5 % sur dix-sept ans, le crédit contesté
aurait pu se révéler, à court terme, désavantageux pour Pékin. Il n’en permettait
pas moins aux entreprises chinoises de s’attribuer la majeure partie du juteux
marché de la reconstruction nationale. De quoi soulever l’inquiétude de la
population. « Selon les termes du contrat, 30 % du crédit alloué doivent être
attribués à des entreprises locales, explique notamment l’économiste
indépendant Jose Cerqueira. Mais cela signifie que 70 % ne le sont pas. Or le
secteur de la construction est l’un des seuls où les Angolais peuvent trouver du
travail ».

Les temps changent et, à Pékin, le pragmatisme a pris le pas sur la


rhétorique idéologique. Commerce extérieur et coopération économique sont
d’ailleurs gérés par le même ministère. Jusqu’au milieu des années 1970, il
s’agissait plutôt de construire la solidarité entre deux continents appartenant au
même monde : celui des pays sous-développés. La présence chinoise en Afrique
se résumait au technicien venu assister le pays frère fraîchement affranchi de sa
tutelle coloniale et contribuer ainsi à son essor. Quinze mille médecins et plus de
dix mille ingénieurs agronomes furent alors envoyés vers ce tiers-monde
transformé en base arrière de la guerre froide.

27
Anti-impérialiste et contrepoids à l’Occident, la Chine s’infiltrait dans les
territoires épargnés par les Etats-Unis et l’Union soviétique. Elle réservait ses
chantiers les plus ambitieux – tel celui de la construction du chemin de fer «
tanzam » reliant la Tanzanie à la Zambie – ainsi que les accords de coopération
militaire à ses amis idéologiques d’Afrique de l’Est (Ethiopie, Ouganda,
Tanzanie, Zambie, etc.) et aux pays non alignés les plus importants comme
l’Egypte. De 1955 à 1977, la Chine a vendu pour 142 millions de dollars de
matériel militaire à l’Afrique. Elle entrouvrait aussi ses universités : quinze mille
étudiants africains y ont eu accès depuis les indépendances.

En 1977, la valeur totale des échanges commerciaux entre l’empire du


Milieu et le continent noir atteint le record de 817 millions de dollars. Dans les
années 1980, alors que le Nord et l’URSS se retirent de l’Afrique et que l’aide
occidentale au développement chute de moitié, Pékin maintient ses liens. Mais,
abandonnant l’exportation de sa boîte à outils révolutionnaire, la Chine se
consacre désormais à l’essor de son commerce extérieur et de ses
investissements à l’étranger. Lorsque la géopolitique de l’après-guerre froide et
l’évolution incertaine du Proche-Orient ramènent les pays du Nord en Afrique,
notamment pour diversifier leurs approvisionnements pétroliers, elle est déjà
devenue l’« usine du monde » et convoite les matières premières du continent.

Deuxième consommateur de brut de la planète, plus de 25 % de ses


importations de pétrole proviennent du golfe de Guinée et de l’hinterland
soudanais. La soif d’un pays qui sera contraint d’importer 60 % de son énergie
d’ici 2020 ne connaît aucune frontière, pas même celles des Etats qui, tel le
Tchad, maintiennent leurs relations diplomatiques avec Taïwan. Si l’Afrique ne
représente que 2 % des échanges commerciaux chinois en 2004, le continent
bénéficie particulièrement de sa « politique d’ouverture » : au cours des années
1990, le volume des échanges commerciaux entre Pékin et le continent a crû de
700 % et, depuis l’organisation, en l’an 2000 à Pékin, du premier forum sino-
africain, plus d’une quarantaine d’accords ont été signés, doublant la valeur
totale des échanges en quatre ans (plus de 20 milliards de dollars fin 2004).

28
D’ici la fin 2005, la Chine devrait devenir le troisième partenaire (après les
Etats-Unis, la France et devant le Royaume-Uni) commercial de l’Afrique.
Passée maîtresse dans le montage de projets avec la Banque mondiale, elle
chercherait même à élaborer, en Afrique, un « paradigme de la globalisation qui
la favorise ».

Les 674 sociétés publiques chinoises implantées sur le continent placent


autant leurs fonds dans les secteurs porteurs – des mines à la pêche en passant
par l’exploitation du bois précieux ou la téléphonie – que dans ceux jugés moins
rentables, et parfois abandonnés par les Occidentaux. C’est ainsi qu’ont été
relancées l’exploitation des mines de cuivre zambiennes de Chambezi et les
recherches pétrolières dans un Gabon où les réserves sont supposées se tarir. En
2004, les investissements chinois s’élevaient à plus de 900 millions de dollars
sur les 15 milliards de dollars d’investissements directs étrangers (IDE) en
Afrique. Des milliers de projets sont en cours ; 500 sont exclusivement menés
par la firme de travaux publics China Road And Bridge Corporation, contribuant
à placer 43 sociétés chinoises parmi les 225 premières entreprises mondiales du
secteur. Pékin s’est emparé du marché éthiopien des télécommunications, a
repris certaines activités de la Gécamine (industrie minière) congolaise, a rénové
la route Mombasa-Nairobi (Kenya) et lancé le premier satellite nigérian. Huit
pays africains ont reçu le statut officiel de destination touristique, incitant les
ressortissants chinois à s’y rendre.

Cette offensive économique et commerciale s’accompagne d’une intense


activité diplomatique. Arrivé au pouvoir en mars 2003, le président Hu Jintao a
déjà effectué une visite remarquée au Gabon. En outre, une centaine de
rencontres officielles ont été organisées sous l’égide des ministères du
commerce et des affaires étrangères, qui se sont dotés de « départements
Afrique. » Dans de nombreux pays en crise ou en délicatesse avec la diplomatie
occidentale, Pékin engrange les fruits de sa doctrine de non ingérence dans les
affaires intérieures. Les relations avec le Soudan – au ban des Nations unies en
raison, notamment, de la situation au Darfour – sont exemplaires d’une stratégie
sans états d’âme. Pour la Chine, nous explique Mme He Wenping, directrice

29
adjointe du département relations internationales de l’Institut des études
africaines de la faculté des sciences sociales de Pékin, « la protection des droits
de la personne ne saurait contraindre l’exercice de la souveraineté nationale. Il
ne fait aucun doute que les succès rencontrés par Pékin en Afrique ont bénéficié
de cette vision, même si ce n’est pas l’unique point commun [que la Chine
partage avec ses] partenaires africains ».

Dix ans après s’être installée sur les champs pétroliers alors inexploités de
Muglad (au Sud Soudan), elle importe 50 % du brut local. De la Compagnie
nationale de pétrole de Chine (CNPC) à la Zonggyuan Petroleum Corporation,
treize des quinze premières sociétés étrangères implantées au Soudan sont
chinoises. Le cynisme de Pékin est apparu au grand jour lors du vote, en
septembre 2004, de la résolution 1564 du Conseil de sécurité des Nations unies
(ONU) décrétant un embargo sur les armes à destination de ce pays. Sur fond de
massacres au Darfour, l’ambassadeur chinois auprès de l’organisation, M. Wang
Guangya, menaça d’y mettre son veto avant de s’abstenir. La résolution,
proposée par les Etats-Unis, était pourtant déjà bien édulcorée. Cet incident a
permis de mesurer la solidité des liens tissés entre Pékin et Khartoum.
De nombreux autocrates africains louent l’esprit de « respect mutuel » et
l’« attention pour la diversité »culturelle qui caractérisent le commerce et la
coopération chinoise – pour reprendre les mots du vieil ami de la Chine qu’est le
président gabonais Omar Bongo Ondimba. Mais ce « safari » dans « l’eldorado
»africain inquiète les transnationales qui gravitent traditionnellement autour du
continent « utile ». De même, une diplomatie américaine officiellement
soucieuse de « bonne gouvernance » commence à s’irriter des pratiques
économiques chinoises. M. Gal Luft, spécialiste en sécurité énergétique et
directeur exécutif de l’Institut pour l’Analyse de la Sécurité Globale (IAGS), un
think-tank néoconservateur, estime ainsi que « les Chinois sont enclins à mener
leurs affaires d’une manière que les Américains et les Européens commencent à
rejeter : payer des pots-de-vin et autres dessous de table. D’où l’intérêt de
certains pays africains à travailler avec des entreprises chinoises plutôt qu’avec
des compagnies occidentales dont les marges d’action se sont resserrées depuis
le lancement de campagnes telle que Publish what you pay (Publiez ce que vous

30
payez) visant à plus de transparence financière ».

« Cette autre manière de faire du business– selon les termes du ministre


rwandais des finances, M. Donald Kaberuka – est encore plus préoccupante
pour les organisations non gouvernementales qui dénonçaient déjà les cyniques
pratiques occidentales en Afrique ». En effet, si les prêts conditionnés des
grandes organisations internationales demeurent critiquables car ils soumettent
sans discussion le pays bénéficiaire aux diktats des bailleurs, la coopération
chinoise – qui accorde des crédits sans condition et prône le « clef en main » –
favoriserait les « éléphants blancs » (projets morts nés) et s’écarterait des
exigences minimales de transparence financière.

Selon le responsable sortant du programme angolais de Care, M. Douglas


Steinberg, « les conditions d’octroi des crédits chinois donnent beaucoup plus de
possibilités à l’Angola, comparées aux exigences fixées par d’autres accords, en
premier lieu ceux passés avec le Fonds monétaire international. En fait, cela
permet aux autorités gouvernementales de ne pas pratiquer la transparence ». De
leur côté, les associations de défense de l’environnement surveillent l’avancée
commerciale de la nation la plus polluante du monde – qui refuse de signer le
protocole de Kyoto – ; 60 % des 4 millions de mètres cubes de grumes (troncs
d’arbres) qu’exportent les pays africains est destiné à l’Asie, en quasi totalité (96
%) pour la Chine.

Les ventes d’armes chinoises constituent un autre sujet de préoccupation.


Après avoir entretenu le meurtrier conflit érythréo-éthiopien de la fin du XXe
siècle (plus d’un milliard de dollars de contrats), la Chine est soupçonnée
d’avoir utilisé le Soudan, début 2000, comme débouché pour sa technologie
militaire. En outre, elle continue d’assister militairement le Zimbabwe, autre
nation au ban de l’Occident. Plus globalement, on observe une impressionnante
concentration d’attachés militaires chinois dans les pays membres de la
Communauté pour le développement de l’Afrique australe – SADC. Ici aussi, «
les considérations financières semblent plus importantes que les ambitions
idéologiques et géopolitiques qui primaient sous la guerre froide ».

31
Le modèle chinois du « Win-Win » (gagnant-gagnant) – ce nouveau jeu
économique où, selon Pékin, il n’y aurait a priori aucun partenaire perdant – ne
serait-il, finalement, qu’une nouvelle forme de néocolonialisme drapé des
illusions d’un développement Sud-Sud ? Certains observateurs africains n’ont
pas manqué de s’interroger sur les limites de la politique commerciale chinoise
et sur la concurrence directe que font peser certains produits asiatiques – du
textile à l’acier – sur le tissu économique africain. Premier partenaire africain de
la Chine, l’Afrique du Sud, qui rompit en 1997 ses relations avec Taïwan pour
se rapprocher de Pékin, est confrontée tout à la fois « à une appétissante
collaboration et une terrifiante menace », note M. Moeletsi Mbeki, vice-
président de l’Institut sud-africain des affaires étrangères de l’université de
Witwatersrand, à Johannesburg : « En échange des matières premières que nous
leur vendons, nous achetons leurs produits manufacturés. Et cela ne peut
qu’avoir un résultat prévisible : une balance commerciale négative. N’assiste-t-
on pas à la répétition d’une vieille histoire ? » .

Le fait est que, de 24 millions de dollars en 1992, le déficit commercial de


Pretoria à l’égard de Pékin a passé la barre des plus de 400 millions de dollars.
En septembre 2004, l’une des principales organisations membre de la puissante
fédération syndicale Cosatu a ainsi menacé de boycotter les vendeurs de
produits chinois, accusés de contribuer à la montée du chômage. Même
perplexité sur l’avenue Charles-de-Gaulle à Dakar, où les produits chinois à bas
prix – des chaussures aux médicaments – envahissent désormais les trottoirs et
les étals, tandis que les ateliers textiles du Lesotho sont menacés par la fin de
l’accord multifibre en janvier 2005.

Face à ces interrogations, le partenaire chinois multiplie promesses,


cadeaux, références historiques à l’esprit de Bandung et mesures symboliques à
l’égard d’un continent dont il a annulé 10 milliards de dollars de dette bilatérale
depuis l’an 2000. Dix mille Africains sont en cours de formation à Pékin, dans le
cadre du Fonds de développement des ressources humaines pour l’Afrique créé
par le gouvernement chinois. S’impliquant de plus en plus dans les opérations de

32
maintien de la paix, du Liberia à la République démocratique du Congo (RDC),
Pékin a envoyé en 2004 plus de 1 500 casques bleus sur le continent. Tout en
reconnaissant que la décision finale se trouve entre les mains de l’Union
africaine, le pays soutient par ailleurs publiquement les trois candidats africains
(Nigeria, Afrique du Sud et Egypte) – mais officieusement surtout le Nigeria – à
un siège de permanent au Conseil de sécurité des Nations unies.

Un nouveau grand bond en avant commercial s’annonce d’ici 2006, avec


le lancement du Nouveau Partenariat stratégique Asie-Afrique, qui concerne le
secteur privé et dont Pékin devrait être le premier bénéficiaire. Et, lors de son
voyage au Gabon en 2004, le président Hu Jintao a promis « une coopération
économique qui se préoccupera davantage des infrastructures, de l’agriculture et
du développement des ressources humaines ». Un vœu pieux ? Une chose est
sûre : Pékin « se comporte désormais comme n’importe quelle autre puissance
soucieuse de ses intérêts bien compris. Elle cible sa coopération sur des pays à
fort potentiel, qu’il s’agisse de matières premières, de pouvoir d’achat et
d’influence diplomatique ».

Jusqu’où et comment les partenaires traditionnels du continent


s’accommoderont-ils de cette présence ? « Il est normal et naturel que
l’investissement croissant de la Chine en Afrique conduise à un conflit d’intérêts
avec les anciennes puissances coloniales, nous indique Mme He Wenping. Mais
je ne crois pas que nous devions trop nous en inquiéter. Aider les Africains à
améliorer leurs conditions de vie et à bénéficier de la mondialisation est
l’objectif commun des peuples et des pays du monde entier. Et la population
comme le gouvernement chinois aimeraient beaucoup y contribuer. Cependant
l’expérience montre que ce sera un voyage long et difficile. »

En 2005, selon le Fonds monétaire international, l’Afrique devrait


connaître son meilleur taux de croissance en trente ans : 5,8 %. Ce sera en partie
grâce à l’investissement de la Chine. Hier base arrière de la guerre froide, le
continent sera-t-il demain aux avant-postes de la guerre commerciale qui
s’intensifie ?

33
Le stock d’investissement chinois en Afrique a été évalué de 6 à 7
milliards de dollars en 2007. Les sociétés chinoises s'implantent dans tous les
secteurs: télécommunications, bâtiment, transports, commerce, exploitation
pétrolière, mise en valeur des ressources naturelles... Cet intérêt de la Chine pour
l’Afrique n’est nullement idéologique, mais bel et bien économique. Ces faits
suscitent plusieurs questions à différents niveaux :
1) Prenons les entreprises de bâtiments: Elles concluent des contrats à des délais
de livraison de travaux qui sont plus courts que peuvent le concevoir les
standards africains, et préfèrent recruter pour cela des travailleurs chinois,
beaucoup plus habitués que leurs homologues africains à des conditions sociales
extrêmes, notamment en heures de travail. Les africains n y trouvent donc pas
forcement un créateur d emploi. De plus, des tensions culturelles se créent sur le
lieu de travail, le chinois voyant en l africain un paresseux, et l africain voyant
en le chinois un bourreau du travail ne vivant que pour le travail.

2) Par ailleurs, les investisseurs chinois sont montres du doigt comme consentant
des prêts aux gouvernements africains sans émettre de conditions claires pour
comment dépenser le prêt, ce qui mène inéluctablement a la corruption. De plus,
la Chine revendique son droit sur des mines ou une réserve forestière juste
comme cela, sans l avoir auparavant mentionne comme condition pour l’octroi d
un prêt.
De plus, l implantation d entreprises chinoises leader dans les secteurs
comme le textile peuvent pousser les entreprises africaines hors des affaires.
Plusieurs incidents suscitent de vives inquiétudes chez des associations
africaines: des accidents de travail ou plusieurs dizaines de zambiens trouvent la
mort mais paradoxalement aucun chinois, aucun recrutement de camerounais
pour la construction d infrastructures au Cameroun par des entreprises chinoises,
car celles ci ont amené leurs propres travailleurs.
L'investissement chinois en Afrique profite non seulement aux Africains,
mais aussi aux Européens et aux Américains, a estimé Bill Durodie, chercheur
de l'Institut royal des affaires internationales du Royaume Uni. Il a fait ces
remarques lors d'une conférence sur le "combat pour la Chine", qui s'est tenue
samedi dernier pour présenter un portrait équilibré de la Chine dans l'Occident.
La Chine finance des projets de développement en Afrique sous forme
d'investissement direct, ce qui intéresse peu l'Occident. Les économies africaines
qui ont connu une croissance annuelle de 5 à 6% au cours de la décennie
écoulée ont besoin de nouvelles routes, de nouvelles centrales électriques ainsi

34
que de produits manufacturés. L'investissement chinois aide ces pays africains à
construire des routes, des voies ferroviaires, des hôpitaux et des écoles, a noté
M. Durodie. En Afrique, a-t-il indiqué, les Chinois diffèrent des autres car ils
bénéficient d'une réputation de payer bien et dans les temps. Les Chinois, "avec
leur politique d'investir sans conditions préalables, ont été accueillis à travers
tout le continent (africain). Les crédits chinois viennent en échange de peu de
demandes, de conditions de base ainsi que de recommandations sur l'évaluation
du risque et de l'impact environnemental. Mais ils peuvent faire des choses", a
dit M. Durodie.
Quant aux problèmes existant dans le commerce et l'investissement
chinois en Afrique, le chercheur britannique a déclaré qu'ils existaient aussi
pour d'autres pays. Selon lui, l'imagination de l'Occident sur l'incapacité des
Africains à traiter leurs problèmes, ainsi que l'obsession de l'Occident de
considérer la Chine comme un mauvais facteur sont à l'origine des critiques de
l'Occident à l'égard du nouveau rôle de la Chine en Afrique.

La Chine est le leader des investissements émergents en Afrique selon la


Banque Mondiale. Les investissements des pays émergents en Afrique ont
atteint 5 milliards de dollars en 2007, révèle la Banque mondiale dans un rapport
rendu public Lundi. Presque 70 % des investissements chinois sont concentrés
en Angola, au Nigeria, en Éthiopie et au Soudan.
Ces investissements s’orientent vers de grands projets d’infrastructures
sur le continent de plus en plus financés par des pays émergents comme le
Brésil, l’Inde et quelques pays du Golfe, précise le rapport.
Ce rapport souligne que les engagements d’investissement «ont grimpé,
passant de moins d’un milliard de dollars en 2004 à 8 milliards de dollars en
2006 et 5 milliards de dollars en 2007 ». Quelque 35 pays africains ont reçu des
financements chinois dans le domaine des infrastructures tandis que Pékin a
engagé 3,3 milliards pour dix projets dans la génération potentielle
d’hydroélectricité de l‘ordre de 30 % ou 6 000 mégawatts de capacité installée.
La Chine finance la réhabilitation de 1 350 kilomètres de lignes de chemin
de fer et la construction de 1 600 kilomètres de nouvelles lignes de chemin de
fer à travers la région. C’est le signal, d’une « tendance croissante d’une
coopération au sein des économies en développement", poursuit la Banque
mondiale qui indique avec la construction de ponts, la Chine affine son rôle de
"financier de l’Afrique subsaharienne".
«En travaillant ensemble, nous pouvons créer des partenariats gagnants-
gagnants», a affirmé Obiageli Katryn Ezekwesili, vice-président de la Banque

35
mondiale pour la région Afrique. Selon lui, l’Afrique est confrontée à des défis
de taille pour améliorer ses infrastructures.
Les exportations en ressources naturelles de l’Afrique subsaharienne vers
la Chine ont augmenté de 3 milliards de dollars en 2001 à 22 milliards en 2006.
Le pétrole domine, représentant 80 % des exportations totales de la Chine.
Toutefois, la majeure partie des exportations de pétrole de l’Afrique va vers les
États-Unis et l’Europe, qui ensemble, reçoivent 57 % du total, comparé à
seulement 14 % vers la Chine.
«La Chine n’est pas le seul financier émergent en Afrique », souligne dans
son rapport la BM, citant l’Inde qui a investi 2,6 milliards de dollars depuis
2003, notamment au Nigeria, destination prisée des investissements indiens en
Afrique.
En outre, les Etats du Golfe riches en pétrole et des donateurs arabes
jouent un rôle substantiel dans les infrastructures en Afrique, en engageant une
moyenne de 500 millions de dollars par an durant ces sept dernières années,
selon le rapport de la BM.

De nouveaux financiers réduisent le déficit d’infrastructures en Afrique.


Les derniers rapports montrent que la Chine mène la danse, indique une étude de
la Banque Mondiale (BM). La Chine, l’Inde, et quelques pays du Golfe
financent un nombre important de projets d’infrastructures à travers l’Afrique
subsaharienne’, explique un nouveau rapport de la BM dans un communiqué de
presse qui nous est parvenu hier à la rédaction. ‘Les engagements
d’investissement en Afrique, réalisés par ces financiers émergents, ont grimpé
passant de moins d’un milliard de dollars par an avant 2004 à 8 milliards de
dollars en 2006 et 5 milliards de dollars en 2007, signalant la tendance
croissante d’une coopération parmi les économies en développement
(coopération Sud-Sud), souligne la même source.
Construire des ponts : Le rôle croissant de la Chine comme financier de
l’Afrique subsaharienne’. C’est l’intitulé de l’étude qui montre comment de
nouveaux partenariats d’infrastructures sont en train de se développer, poussés
par une croissance économique solide dans la région, un meilleur climat
commercial et une demande croissante en matière de pétrole et autres denrées de
la Chine et de l’Inde. ‘L’histoire réussie de la Chine à réduire la pauvreté par le
biais d’une croissance rapide et durable est remarquable, et investir dans les
infrastructures était un facteur clé. Aujourd’hui, les engagements croissants de la
Chine en matière d’infrastructures en Afrique permettent de répondre à
l’important déficit d’infrastructures sur le continent.

36
37
IV- LES AVANTAGES ET INCONVENIENTS DE CES
INVESTISSEMENT CHINOIS EN AFRIQUE
Depuis quelques années, on assiste au grand retour de la Chine sur la
scène internationale, et tout particulièrement en Afrique, jusque-là « chasse
gardée » des Européens et, dans une moindre mesure, des Etasuniens. Motif
d’inquiétude pour les uns, opportunité pour les autres, la réalité de cette présence
chinoise en Afrique doit être ramenée à sa juste mesure. Au-delà des clichés et
idées préconçues, nous chercherons à en montrer ici les avantages, les
inconvénients, les opportunités et les limites.

Le dernier Forum sino-africain (2006) a confirmé la place centrale que


tient désormais l’Afrique dans les stratégies extérieures du gouvernement
chinois avec notamment la création d’un « fonds » de développement pour
l’Afrique doté d’un budget de 5 milliards de dollars, des annulations de dette
pour un montant de 1,4 milliard de dollars (concernant environ 31 pays) et un
doublement d’ici 2009 du budget de l’aide.

Si les annonces faites au cours de ce sommet concernaient avant tout la


coopération au développement, la coopération sino-africaine se joue aussi sur le
front économique et commercial, avec un accroissement considérable des
échanges commerciaux entre les deux continents et des investissements chinois
en Afrique en constante augmentation depuis quelques années. Les chiffres
permettent d’en prendre toute la mesure.

Entre 2000 et 2007, le commerce entre la Chine et l’Afrique a été


multiplié par sept pour atteindre 70 milliards de dollars. On estime par ailleurs
que ce montant atteindra 100 milliards de dollars en 2010. A ce moment, ces
montants auront été multipliés par 100 depuis le début des années 1980 et la
Chine deviendra le premier partenaire commerciale de l’Afrique (place tenue
actuellement par les Etats-Unis). C’est dire que les relations commerciales
constituent aujourd’hui le principal moteur des relations sino-africaines.

Pour autant, à peine 10 % de l’ensemble des exportations africaines sont


destinées à la Chine Il s’agit principalement de matières premières : 70 % pour
le pétrole et 15 % pour les ressources minières. A noter également que le
commerce entre l’Afrique et la Chine est déficitaire pour cette dernière, les

38
importations chinoises ne représentant que 2,5 % des importations totales du
continent. Dans ce cas-ci, il s’agit principalement de produits manufacturés :
textile, chaussures, appareils électroniques, équipements de télécommunication
et, loin derrière, voitures.

Passons maintenant aux investissements chinois en Afrique qui ont


littéralement décollé eux aussi en même temps que les échanges commerciaux.
Si les données concernant l’évolution de ces investissements sont très
lacunaires, on peut toutefois estimer qu’ils s’élèvent actuellement à 11 milliards
de dollars, ce qui représente pas moins de 10% de l’ensemble des
investissements en Afrique et 15 % des investissements chinois à l’étranger. Les
secteurs concernés sont ceux des matières premières (pétrole et minerais), les
ateliers d’assemblage (bicyclettes bon marché), le secteur des banques et de la
finance, la construction et les travaux d’intérêt public, un marché que les
entreprises installées en Chine commencent à dominer presque totalement. Au
total, près de 1000 entreprises chinoises seraient présentes en Afrique.

Reste enfin l’aide dont on a eu l’occasion de parler un peu plus haut. A


propos de l’aide chinoise à l’Afrique quelques remarques s’imposent. Bien
qu’elle ait augmenté fortement ces dernières années, l’aide au développement de
la Chine à l’Afrique n’est pas un phénomène récent. Voilà plus de cinquante ans
que la Chine coopère avec l’Afrique en matière de développement. Autrefois,
avant que la Chine ne se replie sur elle une vingtaine d’année durant (1980-
2000) pour se concentrer sur son propre développement, le montant de cette aide
dépassait de loin l’ensemble des investissements et des montants liés au
commerce. Initiée avec des projets en Algérie, en Egypte et au Ghana, la
doctrine sur laquelle reposait cette aide était officiellement celle d’une solidarité
Sud-Sud dont les principes ont été formalisés par Zou en Laï. Officiellement
« désintéressée », cette politique visait cependant aussi à contrer l’hégémonisme
soviétique et occidental en Afrique, par un renforcement des liens et des
alliances.

Contrairement au passé, l’aide de la Chine à l’Afrique est aujourd’hui


fortement adossée aux investissements et aux relations commerciales. Le tout
fait en réalité partie intégrante d’un « package » global négocié entre la Chine et
les pays africains. Aussi, est-il difficile d’isoler et de mesurer les montants
accordés à titre d’aide au développement et leur répartition (entre dons, prêts
concessionnels, annulations de dette, etc.). Une difficulté accrue du fait de
l’opacité des statistiques. On peut cependant estimer que le montant de cette

39
aide tourne autour de 2 milliards de dollars par an, soit 10 % de l’aide totale
reçue par l’Afrique, ce qui ferait de la Chine l’un des principaux bailleurs de
fonds du continent, en passe même de devenir le premier, si effectivement les
montants doublent comme annoncé au dernier forum sino-africain.
Concrètement, cette aide finance essentiellement (environ 70 %) des travaux
d’infrastructure (routes, ponts, voies ferrées, etc.), mais également des bâtiments
de prestige, des écoles et centres de formation, des hôpitaux, etc. .

Officiellement, l’Europe déploie sa coopération au nom du


« développement » et des « Objectifs du Millénaire ». Depuis les
décolonisations, elle s’est donnée comme « mission » d’assister
« paternellement » l’Afrique pour qu’elle accède à la modernité (discours
altruiste modernisateur). Quand à le Chine, elle déploie sa coopération, comme
nous l’avons vu, au nom de la solidarité « Sud-Sud », de la tradition afro-
asiatique, de la situation partagée de nations historiquement dominées par
l’Occident, qui entretiennent des rapports « amicaux », sur un même pied
d’égalité.

Notons cependant, pour commencer, que dans un cas comme dans l’autre,
derrière le voile de discours légitimateurs différents (et souvent opposés), les
acteurs chinois comme européens sont globalement mus par des intérêts
économiques semblables (accès aux ressources naturelles africaines, aux
marchés, etc.) et une même logique géopolitique (conserver ou augmenter leur
influence dans la région).

Plus intéressantes que les « discours légitimateurs » sont sans doute les
logiques d’intervention différentes qui caractérisent d’un côté l’Europe, de
l’autre, la Chine.

Aussi, l’aide de l’Union européenne est-elle souvent liée à un ensemble de


conditionnalités visant à réformer les économies africaines dans un sens libéral.
Par exemple, l’intégration des pays africains à l’économie mondiale a été définie
comme une des grandes orientations de l’aide européenne. S’agissant de
l’Afrique, la signature des accords APE (Accord de partenariat économique) est
censée impulser cette intégration. Outre les conditionnalités « économiques »,
existent aussi des conditionnalités « politiques ». Ainsi, depuis les années 1990,
l’Europe aide les pays d’Afrique à condition que ceux-ci s’engagent sur la voie
de la démocratie et de la bonne gouvernance (synonyme surtout de bonne
gestion) et qu’ils collaborent en matière de lutte contre le terrorisme et

40
l’immigration non contrôlée. En l’absence de progrès en ce domaine, l’Europe
se réserve donc théoriquement le droit de couper le robinet du financement. En
Afrique, où l’ajustement libéral a eu des conséquences désastreuses, ces
conditionnalités économiques et politiques – dont sont assortis les accords de
coopération – sont mal perçues et considérées comme une imposition de type
néocolonial.

De son côté, la Chine ne pose pas de conditions à son aide en termes de


politiques et d’orientations économiques. Pas plus qu’elle n’a d’exigence vis-à-
vis de ses partenaires en termes de démocratie, de transparence dans l’usage des
fonds, de lutte contre la corruption, etc. Sa politique de coopération se fonde sur
la « non-ingérence » dans les affaires intérieures des pays africains [4]. Ce qui
l’amène à investir dans des pays où corruption et violations des droits de
l’homme atteignent des proportions endémiques, comme au Zimbabwe et au
Soudan.

Avec raison, l’Union européenne et d’autres bailleurs de fond soulignent


qu’en collaborant avec ces régimes, la Chine sape les effets des pressions de la
communauté internationale qui sont exercées sur eux, fait voler en éclat le
consensus des bailleurs à leur sujet, et ce faisant, les conforte. Toutefois, à la
décharge de la Chine, notons que les autres bailleurs, européens en particulier,
n’ont pas non plus, dans leur relation, avec l’Afrique le monopole de la vertu.
Dans les faits, les conditionnalités démocratiques avancées tiennent parfois aussi
du double discours quand on sait les relations très complices entretenues par les
Européens avec une kyrielle de régimes autoritaires ou à tout le moins douteux
(Togo, Burkina Faso, Nigéria, etc.). Par ailleurs, étant la « dernière arrivante »
en Afrique, la Chine n’a-t-elle pas été forcée d’investir dans des pays « moins
recommandables » sur le plan international, les compagnies occidentales
monopolisant déjà les marchés dans d’autres pays ?

L’autre critique formulée par les bailleurs de l’OCDE vis-à-vis de la


politique chinoise de coopération est la question de l’aide liée [5]. Contrairement
aux bailleurs occidentaux qui ont convenu il y a peu de délier leur aide, cette
pratique reste de mise dans les relations entre la Chine et l’Afrique. En fait,
l’aide chinoise est doublement liée. D’une part, les projets financés par la Chine
font essentiellement appel à des entreprises et à de la main-d’œuvre chinoises,
au détriment de la main-d’œuvre locale (cette dernière exprime d’ailleurs son
insatisfaction avec de plus en plus de vigueur) ; et d’autre part, les financements
de projets d’infrastructure (routes, ponts, barrages, hôpital, etc.) ou de prestige

41
(stade, palais présidentiel) sont systématiquement « liés » à l’octroi de
concessions pétrolières ou minières (exemple récent de la RDC). Mis à part la
question de la main-d’œuvre chinoise, objet d’une forte tension entre population
et investisseurs chinois, la problématique de l’aide liée – critiquable dans son
principe – n’a toutefois que peu d’impact sur les règles de transparence dans
l’attribution des marchés publics, les entreprises chinoises étant régulièrement
les moins chères. De plus, soulignons le fait qu’il existe une proximité plus
grande entre les manières de faire de Chine et d’Afrique. Les opérateurs chinois
évoluent avec davantage d’aisance dans les environnements les plus difficiles où
prédominent les arrangements informels (en termes de procédures, normes, etc.)
et là où les investisseurs étrangers sont généralement absents. L’aide chinoise est
ainsi bien plus efficace et pragmatique.

Du point de vue du développement strictement économique, la présence


de la Chine en Afrique est avantageuse pour cette dernière sous certains aspects.
La demande chinoise dope les prix des matières premières, ce qui améliore les
termes de l’échange et les recettes d’exportation des pays africains, et les
nouvelles relations sino-africaines contribuent à réintroduire l’Afrique dans les
flux internationaux du commerce formel, dont elle s’est trouvé à l’écart
plusieurs décennies durant.

Toutefois, soulignons qu’au niveau de leur structure, ces relations


économiques sino-africaines s’apparentent au commerce Nord-Sud (comme le
Nord, la Chine entend sécuriser son accès aux matières premières) et par
conséquent constitue aussi un lourd handicap. Concrètement, l’Afrique reste
cantonnée presque exclusivement dans un rôle de fournisseur de matières
premières (pétrole, minerais, bois, coton, etc.), ce qui a pour effet de renforcer sa
place défavorable dans la division internationale du travail. Pensons notamment
aux investissements chinois dans l’agriculture (en particulier dans la production
d’agro carburants) qui ont tendance à favoriser le développement des
monocultures d’exportation. Notons aussi que l’importation massive de produits
chinois provoque le déclin du secteur industriel local, notamment textile, dans
les rares pays où il a pu se développer (faillites en Zambie, Afrique du Sud,
Cameroun, Gabon, Nigeria), malgré les tarifs préférentiels accordés par la
Chine. Enfin, si les recettes budgétaires des gouvernements peuvent se trouver
augmentées grâce aux exportations vers la Chine, se pose la question de la
répartition de ces recettes (pour quelle usage/redistribution étant donné la
dégradation de la gouvernance ?) et de la durée (combien de temps cela va durer

42
étant donné que les ressources exportées sont pour une bonne part non
renouvelables) ? Mais l’Europe fait-elle mieux à ce niveau ? C’est en effet bien
elle qui a la responsabilité historique de la place de l’Afrique dans la division
internationale du travail, et d’après plusieurs experts de la société civile, la
signature prochaine des APE aura des effets délétères sur le maigre tissu
industriel africain et la préservation des ressources.

En fait, c’est principalement sur le plan social, politique et


environnemental que l’intrusion de la Chine en Afrique pose le plus problème.
En effet, les droits sociaux des travailleurs africains employés par les entreprises
chinoises sont régulièrement bafoués (sous-payés, non reconnaissance des
syndicats, etc.). Et les entreprises chinoises ne font preuve que de très peu de
responsabilité sociale. Ainsi, aux îles Maurice, les Chinois n’ont mis que
quelques mois à démanteler les usines textiles qu’ils avaient montées pour
contourner les quotas imposés à la Chine par l’OMC, une fois que ceux-ci ont
été levés. Sans préoccupation aucune concernant les conditions sociales de leur
départ. L’emploi d’une main-d’œuvre chinoise pose également problème, car ce
faisant, la Chine ignore le renforcement des capacités locales. Dans ces
conditions, il n’est pas étonnant que l’on assiste actuellement à une
multiplication de réactions d’opposition à la présence chinoise de la part des
populations d’Afrique : succession de grèves dans les mines zambiennes
exploitées par les Chinois, enlèvement d’ingénieur chinois au Nigéria, ce qui
signifie désormais que la Chine n’est plus à l’abri des attaques jusque là
réservées au Nord.

Si la préoccupation des Chinois pour les normes sociales sont faibles, il en


va de même pour les normes environnementales qui sont systématiquement
négligées dans la quête des ressources naturelles et la mise en œuvre des projets
d’infrastructure (routes, ponts, voies ferrées, barrages, etc.) : aucun respect des
standards internationaux notamment dans la construction du grand barrage de
Méroé au Soudan et importation illégale (50 %) de bois tropicaux et d’ivoire.

Sur ces deux plans, il faut bien admettre que les pratiques des
investisseurs européens, bien qu’inégales, sont en voie d’amélioration (montée
en force des principes de responsabilité sociale et environnementale, codes de
bonne conduite, etc.), notamment du fait qu’elles sont l’objet de contrôles et
pressions de la part des sociétés civiles européennes (campagnes internationales
à l’exemple de celle contre IKEA).

43
La dernière préoccupation enfin concerne, comme on l’a vu plus haut, le
renforcement de la démocratie que la Chine néglige totalement. Pire encore, elle
sape par ces relations avec des Etats peu recommandables les progrès dans ce
sens.

44
CONCLUSION
La présence de la Chine en Afrique constitue-t-elle un plus pour le
développement de l’Afrique ? Oui et non ! La politique africaine de la Chine ne
doit être ni diabolisée (médias et politiques occidentaux) ni idéalisée (discours
tiers-mondiste). La réponse doit être teintée de nombreuses nuances. Sous
certains aspects, cette politique est préférable aux politiques européennes en
matière de coopération avec l’Afrique, sous d’autres, elle est pire.

Si certains en Afrique, à l’instar du président sud-africain Mbeki,


dénoncent le néocolonialisme chinois et estime que la Chine dispose d’un
agenda caché pour le continent, beaucoup pensent, au contraire, que les relations
avec la Chine sont plus avantageuses qu’avec l’Occident : l’Afrique cesse d’être
le pré carré des Occidentaux. La présence de la Chine en Afrique fait naître entre
partenaires du développement une concurrence salutaire. D’aucuns soulignent
par ailleurs que l’aide de la Chine est plus complémentaire que concurrentielle.
Sur le plan symbolique aussi le regard africain est positif dans le sens où les
Chinois se caractérisent le plus souvent par l’absence de préjugés par rapport
aux Occidentaux.

Reste les critiques selon lesquelles la Chine mine les efforts de l’Occident
visant à construire la transparence, les droits humains et le développement des
capacités. Sur ce point, il faut noter les évolutions en cours qui sont loin d’être
anodines. Ainsi la Banque d’investissement chinoise en Afrique, l’EximBank, se
montre actuellement de plus en plus soucieuse par rapport aux remboursements,
sur les questions de transparence et à la notion de risque pays. Par ailleurs, un
responsable Chinois a déclaré dernièrement que les entreprises chinoises
pourraient être sanctionnées en cas d’abus à l’étranger. A suivre l’évolution en
cours, il semblerait donc que la Chine tende de plus en plus à s’aligner sur les
critères de l’OCDE. Enfin – et c’est loin d’être négligeable – la Chine est le seul
pays à investir massivement dans l’infrastructure et la formation.

La présence de la Chine pour l’Afrique est de nature à renouveler l’intérêt


du monde pour le continent noir qui a en effet perdu cet intérêt stratégique avec
la fin de la Guerre froide. La lutte contre le terrorisme n’a fait que l’accentuer.
Cela prouve surtout que certains pays comme le Canada ont perdu une occasion
de développer une relation pertinente avec l’Afrique en dehors du cadre
institutionnel des organisations multilatérales comme le G8 et les institutions de

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Breton Wood (Fonds monétaire international, Banque mondiale).

L’autre leçon est au niveau multilatéral. On pourrait justement se


demander si les conditionnalités des institutions de Breton Wood sont encore
d’une certaine pertinence puisque la Chine devient un joueur majeur qui évolue
en dehors de ce système. Le système actuel n’était profitable aux pays
occidentaux que lorsqu’il était en position de monopole face aux pays africains.
La présence chinoise, bonne ou mauvaise pour l’Afrique, permet néanmoins à
tous de revoir les rapports qu’ils entretiennent avec ce continent sous un nouvel
angle et introduit une compétition entre différents modèles de développement et
de coopération.

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BIBLIOGRAPHIE

SITES INTERNET :
www.africamission.maf r
www.google.ci
www.wikipedia.org
www.jeuneafriqueeconomie.fr

LIVRES :
China returns to Africa
La Chinafrique (Grasset, 2008).

JOURNAUX :
Xinghua

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Documents mis à disposition par :

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En conséquence croisez vos sources :)

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