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Béton précontraint

PRESENTATION ET PRINCIPE DU BETON PRÉCONTRAINT

1. Généralités
 La résistance du béton à la traction est très médiocre, de l'ordre de 1/12 seulement de sa résistance à la
compression,
 Dans la technique du béton armé, on remédie à ce défaut en disposant dans toutes les zones qui peuvent être
tendues des armatures d'acier, dirigées suivant la direction des forces de traction, et capables d'y résister.
 Cependant, le matériau ainsi obtenu présente plusieurs défauts qui en limitent l'emploi:
 le béton qui enrobe les armatures est tendu en même temps qu'elles, et ne peut subir leur allongement
sans se rompre,
 il en résulte des fissures,
 dont on peut limiter l'ouverture par un choix du diamètre des aciers et de leur contrainte,
 mais dont on ne peut éviter la formation, sauf à n'admettre que de très faibles contraintes dans
le béton.
 Par ces fissures, les armatures peuvent être en contact direct avec le milieu ambiant, d'où un risque de
corrosion: le béton armé convient mal aux ouvrages placés en atmosphère agressive;

 D’autre part, le béton armé est lourd: les parties tendues du béton ne sont utilisées que pour enrober l'acier, et
leur poids constitue un handicap tel que pour les poutres de grande portée ou de grand élancement, la charpente
métallique se révèle souvent plus économique.

 Il est donc logique de chercher à utiliser à plein la résistance du béton, en le comprimant à l'avance par le jeu de
forces internes, de façon telle que la variation de contrainte qui faisait naître des tractions, ne provoque qu'une
décompression du matériau. Exemple : tonneau, rayons d'une roue de bicyclette.

 Dès le début du siècle, plusieurs ingénieurs avaient essayé de pré-comprimer des éléments de béton, de les
précontraindre, en les traversant de part en part par des barres d'acier doux filetées tendues par serrage d'un écrou;
mais ces essais n'avaient abouti qu'à des échecs, en raison de l'intervention du fluage et du retrait du béton: le
raccourcissement différé du béton, sensiblement du même ordre que l'allongement initial donné à l'acier suffisait
pour annuler la traction de la barre, et la précontrainte disparaissait ainsi au bout de quelques mois.

 C'est à Eugène Freyssinet (1879-1962) que revient le grand mérite d'avoir mis au point et développé la technique
du béton précontraint. Dès 1908, il réalisait des tirants précontraints au moyen de fils d'acier dur, et à cette occasion,
il entreprenait une étude des déformations différées du béton. Il déposait en 1928 les principaux brevets relatifs à la
précontrainte.

 Aujourd'hui, la plupart des ponts sont réalisés en béton précontraint, depuis une dizaine de mètres de portée
jusqu'à 150 m et plus.

 Ce matériau est également très répandu pour la construction des poutrelles préfabriquées des planchers de
bâtiment.

 On le trouve aussi dans de nombreux types d'ouvrages, parmi lesquels nous citerons: les réservoirs, les pieux de
fondation, certains ouvrages maritimes, les chaussées, pistes d'aviations, les barrages, les caissons de réacteurs
nucléaires et les plates-formes d'exploitation pétrolière en mer.

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2. Précontrainte d'une poutre isostatique fléchie

 Considérons une poutre de section rectangulaire, désignons par b et h respectivement la largeur et la hauteur de
la section. Nous nous proposons d'étudier les contraintes dans une section donnée, sollicitée par un moment
fléchissant M.

 Soit I =b.h3/12 le moment d'inertie de la section par rapport à l'axe horizontal

 En un point d'ordonnée y par rapport à cet axe, en supposant la poutre formée par un matériau homogène et
élastique, la contrainte normale  s'exprime par:
 = M.y / I

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 La contrainte varie donc en fonction de la hauteur suivant le diagramme I de la figure 1, et sa valeur absolue
maximale est:
0=6M/bh2 sur les fibres extrêmes de la section.

Fig 1 Effet d’une précontrainte centrée

 Compte tenu de la faible résistance du béton à la traction, il n'est pas possible d'employer ce matériau, non armé,
pour former une poutre qui supporte une flexion importante.

 En revanche,
- supposons que la poutre soit précontrainte, grâce à une armature tendue, prenant appui sur le béton lui-
même à ses deux extrémités.
- Si nous fixons à 0 (diagramme II) la compression apportée par la précontrainte, le diagramme des
contraintes dans la poutre fléchie sera celui qui est représenté en III, et qui résulte de la superposition des
diagrammes I et II.
- Nous voyons ainsi que les contraintes de traction ont disparu, grâce l'introduction d'une force de
précontrainte:
P = 0.b.h = 6M/h
 L'élimination des contraintes de traction n'a pu être obtenue, dans le schéma ci-dessus qu'au prix d'une
augmentation importante de la contrainte de compression, qui passe de 0 à 20;

en fait, la précontrainte, utile dans la partie inférieure de la section, se révèle donc inutile, et même nuisible,
dans sa partie supérieure.

 L'idée vient alors à l'esprit d'excentrer le point d'application de P de façon à obtenir des compressions seulement
là où elles sont utiles.

 A l'examen du diagramme I, on peut voir qu'un diagramme de précontrainte triangulaire, croissant de 0 au


sommet de la section, jusqu'à 0 à sa base est suffisant pour annuler les tractions. Les diagrammes des contraintes
seront alors les suivants (fig. II’.2):

Fig. 2- Effet d'une précontrainte excentrée

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 Pour réaliser le diagramme de précontrainte II', il faut placer l'armature de précontrainte à la limite du noyau
central de la section, c'est à dire au tiers inférieur de la hauteur, avec un excentrement: e = -h/6 .

 Cette nouvelle disposition présente sur la précédente deux avantages:


- La contrainte maximale n'est plus maintenant que 0, au lieu de 20.
- La force de précontrainte nécessaire, égale à l'aire du diagramme II’, multipliée par la largeur de la section,
a pour valeur cette fois:
P’ =(½).0.b.h = 3M/h
soit la moitié seulement de la valeur trouvée plus haut.

 Nous voyons donc tout l'intérêt que présente le réglage de l'excentrement de la force de précontrainte: en jouant
convenablement sur le couple de valeurs (P, e), l'on pourra obtenir les conditions optimales de répartition des
contraintes.

Cas pratique

 Considérons maintenant le cas, très fréquent en pratique, d'une section de poutre soumise à un moment
fléchissant dû à des actions permanentes auquel peut se superposer un moment fléchissant dû à des actions
variables.

 Sous la seule action des sollicitations extérieures la contrainte normale sur la fibre supérieure varie de G à G+Q;
l'existence d'une contrainte minimale G a une conséquence importante.

 Sous l'action de la précontrainte seule, il est possible, sans obtenir de contraintes de traction dans la section,
d'avoir un diagramme tel que la contrainte au droit de la fibre supérieure soit négative, c'est-à-dire que le point de
passage de la force de précontrainte pourra être extérieur au noyau central de la section, le diagramme optimal est
alors le suivant:

Fig. 3 - Compensation d'une action permanente


 Dans la figure 3 :
- le diagramme (I) représente les contraintes dues aux sollicitations extérieures
- le diagramme (II) représente les contraintes dues à la précontrainte.
- les contraintes figurées en (III) sont celles qui s'exercent sous l'action de MG dans la section précontrainte.
- les contraintes figurées en (IV) sont celles qui s'exercent sous l'action de MG+MQ dans la section
précontrainte.

 La force P et l'excentrement e de la précontrainte nécessaires pour obtenir les contraintes définies par le
diagramme (II) se déduisent des deux équations ci-dessous:
P 6.P.e
 G  
b.h b.h 2
P 6.P.e
G Q  
b.h b.h 2

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ces deux équations se résolvent en:
1  Q  2 G
P  b.h. Q e  h.
2 6. Q
 Nous aboutissons donc à un résultat surprenant a priori: avec une précontrainte définie par le couple de valeurs
(P, e) ci-dessus, les contraintes extrêmes dans la section représentées en (III) et (IV) ne dépendent plus de MG, mais
seulement de la variation du moment soit MQ.

 Nous découvrons ainsi un avantage essentiel de la précontrainte, qui a fait dire parfois qu’ « en béton
précontraint, la charge permanente est gratuite ».

 Cependant, cette affirmation ne doit pas être acceptée sans réserves car, nous le verrons plus loin, la valeur de e
déterminée par la deuxième équation (1) n'est pas toujours compatible avec la géométrie de la section
l'excentrement est limité, car l'armature doit rester intérieure au béton avec une épaisseur d'enrobage convenable.

 Cet exemple simple nous montre que la précontrainte constitue un moyen extrêmement puissant mis à la
disposition de l'ingénieur pour tirer le meilleur parti des qualités du béton, et éliminer son principal défaut, qui est sa
faible résistance à la traction.

3. Précontrainte d'un tirant

 Soit un élément prismatique de béton (fig. 4), chargé de


transmettre un effort de traction, sans flexion.

 En l'absence d'efforts extérieurs, perçons la pièce de part en


part, et logeons une armature d'acier, que nous tendons en
prenant appui sur le béton lui-même.
Fig. 4 - Armature d'un tirant précontraint

 Le système, soumis uniquement à des efforts internes, est en équilibre, l'acier dont la section a une aire A, étant
soumis à une force de traction P, et le béton, d'aire B, à une force de compression de même intensité b= P/B.

 Supposons maintenant la pièce soumise à un effort externe de traction N. l'état de contrainte résultant est le
même puisque du fait de la liaison de l'armature au béton, les deux matériaux subiront les mêmes déformations.

Sous l'action de N, la variation de la contrainte du béton est: b= N/(B+n.A)


n désignant le coefficient d'équivalence, rapport des modules élastiques des deux matériaux: n=Ep/Eb

Le béton, qui, en l'absence d'efforts extérieurs, est soumis à une contrainte de compression égale à P/B pourra
supporter, sans être tendu, une force de traction dont la limite N1 est atteinte pour:

N1/(B+n.A) = P/B, soit: N1= P.(B+n.A)/B = P(1+n.A/B)


Cette force est supérieure à la force de précontrainte P.

Dans le même temps l'acier subit une surtension d'intensité: p= n.N1/(B+n.A)

Nous voyons ainsi apparaître plusieurs propriétés caractéristiques du béton précontraint:


 1° Le tirant peut supporter un effort de traction important, supérieur même à la force de précontrainte, sans
pour autant que le béton soit tendu.
 2° Même pour une variation importante des actions extérieures la contrainte de l'acier varie peu, en raison de
l'intervention du béton.
 3° Corrélativement, la déformabilité de la pièce est faible, puisqu'elle est proportionnelle à la variation de la
contrainte de l'acier.

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 4° Lorsque les actions extérieures varient, les contraintes de l'acier et du béton ne varient pas
proportionnellement à l'intensité des actions.
4. Précontrainte et effort tranchant
 Nous avons vu que dans la zone du milieu de la poutre où s'exercent les plus grands moments fléchissants, il était
souhaitable d'excentrer l'armature de précontrainte et de la placer à la partie inférieure de la section.

 En revanche, au voisinage des appuis, le moment fléchissant diminue, et il est possible (et même souvent
nécessaire pour éviter des tractions dans la partie supérieure) de relever l'armature, pour aboutir à l'extrémité à un
niveau voisin de celui du centre de gravité des sections (fig. 5).

FIG. 5 - Relevage d'une armature de précontrainte

 Près de l'appui, l'armature traverse donc obliquement la section formant un angle  avec la fibre moyenne de la
poutre.

 Si P désigne l'intensité de la force de précontrainte, il en résulte un effort tranchant de précontrainte P.sin, de


sens contraire à celui des sollicitations extérieures, et qui vient aussi compenser celui-ci.

 Si VG est l'effort tranchant dû aux actions permanentes et VQ l'effort tranchant maximal dû aux actions variables,
l'effort tranchant total, compte tenu de la précontrainte varie de :

VG - P.sin à VG + VQ - P.sin

et il est aisé de vérifier que la compensation optimale est obtenue pour:

P.sin = VG + ½ VQ

en effet, l'effort tranchant total varie ainsi de -VQ/2 à +VQ/2.

 Il n'est pas toujours possible de réaliser cet optimum, car P et  surtout, sont souvent déterminés par d'autres
conditions. Cependant, le gain dû au relevage des armatures reste toujours très important.

 A ce gain, qui concerne la valeur des sollicitations, il faut ajouter à l'actif du béton précontraint un gain sur la
résistance même du béton au cisaillement: en effet, à effort tranchant égal, la compression apportée par la
précontrainte diminue la valeur des contraintes principales de traction, et retarde la fissuration. Sous réserve que la
compression reste modérée, l’on pourra donc admettre des contraintes de cisaillement relativement élevées, et
disposer moins d'armatures transversales que pour un élément de béton armé.

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Béton précontraint
SECURITE DES STRUCTURES EN BETON PRECONTRAINT:
PRINCIPES & REGLEMENTATION – ACTIONS & SOLLICITATIONS

1. PRINCIPES DE SECURITE

Jusqu'au 19ème siècle, les constructions étaient dimensionnées empiriquement en tenant compte de l'expérience
acquise, ce qui constituait les "règles de l'art". La sécurité était donc vérifiée par la sanction de l'expérience.

La notion de limite de sécurité est apparue avec l'industrialisation et la pratique de la résistance des matériaux,
mettant en usage des vérifications "aux contraintes admissibles". Ce mode de raisonnement introduit un coefficient k,
appelé coefficient de sécurité tel que :
 rupture
k et fixé de manière empirique, a priori, indépendamment du type de sollicitation.
 admissible

CAQUOT (1925) a expliqué que la notion de contrainte admissible et le coefficient de sécurité qui lui est associé ne
permet pas, dans sa définition initiale, d'estimer de manière cohérente la sécurité réelle d'une structure dès lors que
cette dernière est soumise à des combinaisons d'actions susceptibles de varier de manière indépendante.

Un cas de flexion composé souvent cité par CAQUOT:

Soit une cheminée en béton encastré à sa base et soumise à son poids propre G et à
l’action du vent de résultante H situé à la hauteur h par rapport à cette base.

Les sollicitations se ramènent à un effort normal N=G et un moment de flexion M=H.h

Les contraintes sur les fibres extrêmes =G/S  M.v/I

Exemple numérique : G/S=6MPa &


M.v/I=8MPa

Les contraintes admissibles étant : 2MPa en


traction et 14MPa en compression avec un coef de
sécurité =2

Un dépassement de seulement 25% de l’action du


vent entraine une contrainte de traction de -4MPa

Avec un moment de flexion = 1,25 M , le diagramme des contraintes est le suivant :

soit une augmentation de 100% pour les contraintes de traction


soit une augmentation de 15% pour les contraintes de
compression

La contrainte de ruine est alors atteinte et l’on s’aperçoit que le


coefficient de sécurité de 2 sur les contraintes se traduit en fait par
un coefficient de sécurité sur les charges de 1,25 seulement. On
voit donc le danger de telle définition.

Cette méthode de calcul ne tient pas compte de la nature des charges et de leur risque de dépassement. Ainsi, les
charges permanentes ont très peu de chance d’être dépassées de façon importante. Il n’en est pas de même des
charges de vent, neige ou séisme compte tenu de leur caractère aléatoire et de la méconnaissance de leurs valeurs
maximum.

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On peut citer l’exemple de la neige dans certaines régions, qui peut atteindre une épaisseur et donc une charge
dépassant de façon importante la valeur retenue dans les calculs et entrainant la ruine de certains ouvrages.

Un autre paramètre, non pris en compte, est le rapport des charges variables aux charges permanentes. Ainsi, les
toitures en charpente métallique, beaucoup moins lourdes que les toitures en béton, ont beaucoup moins bien résisté
que ces dernières au surcroît de charge dû à une épaisseur de neige exceptionnelle.

Il y avait donc nécessité de modifier la conception réglementaire de la sécurité.

a)Coefficients de sécurité partiels

Afin de surmonter la définition contestable d'un coefficient de sécurité unique, les règles actuelles relatives aux
constructions en béton armé et précontraint font intervenir des coefficients de sécurité partiels tenant compte de la
diversité des actions, du type de sollicitation et des méthodes de calcul des sollicitations.

b) Appréciation semi-probabiliste des valeurs à prendre en compte

Pour tenir compte des difficultés d'appréciation des valeurs des actions et des résistances des matériaux à prendre en
compte dans les calculs, la réglementation actuelle s'est inspirée de l'analyse probabiliste.

Les actions et les performances des matériaux sont données par des valeurs -ou diagrammes - dites caractéristiques
définies comme associées à une probabilité acceptée a priori d'être dépassées dans le sens défavorable.

Le coefficient de sécurité partiel  affecte la valeur caractéristique dans un sens défavorable et transforme cette
valeur en valeur dite de calcul.

c) Lois de comportement des matériaux

La réglementation actuelle considère que les matériaux en présence -acier et béton- peuvent travailler au-delà du
domaine élastique: ce sont les règles dites de vérification aux états-limites ultimes. Des coefficients de sécurité
partiels s'appliquent aux diagrammes des lois de comportement.

d) Evaluation des sollicitations limites - Règles de sécurité

La sécurité de la structure considérée n'est plus évaluée à partir de conditions portant seulement sur le niveau de
contraintes, mais à partir des valeurs limites des sollicitations :
- appliquées par les actions,
- correspondant aux valeurs de calcul des performances des matériaux.

Soit :  F 3.S ( Fi.F ki) S ( mi. f ki)


La sollicitation résultante S, obtenue par combinaison des actions caractéristiques Fki affectées des coefficients de
sécurité partiels Fi , multipliée par le coefficient F3 doit être plus petite que la sollicitation résultante S obtenue à
partir des résistances caractéristiques des matériaux fki affectées des coefficients de sécurité partiels mi .

Une instruction avait été publiée en 1971 et avait servi de référence à l'Instruction Provisoire relative au calcul des
ouvrages en béton précontraint (dite IP2) du 13/08/73.

- Définition des charges à prendre en compte (les actions et combinaisons d'actions ayant été définies dans
leur principe au niveau précédent). Il s'agit des :
+ Fascicule 61 titre II CCTG (conception, calcul et épreuves des ouvrages d'Art) ;
+ Norme NFP 06 001 (Bâtiments).

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- Réglementation de détail du calcul des constructions précisant les caractéristiques des matériaux, les
méthodes de calcul à utiliser, les Dispositions constructives etc ... Il s'agit des :
+ Règles BAEL pour le béton armé ;
+ Règles BPEL, fascicule 62 titre I, section 2 du CCTG.

2- DEFINITIONS ET PRINCIPES DU CALCUL AUX ETATS-LIMITES

Actions - combinaisons d'actions - sollicitations


a) Actions
Ce sont les forces, les couples ou les déplacements imposés à la structure. Elles sont notées F. La valeur
caractéristique (définie comme celle qui correspond à une probabilité acceptée a priori d'être dépassée dans le sens
défavorable au cours d'une durée définie dite durée de référence) est notée Fk. Après multiplication par un coefficient
F on obtient la valeur de calcul.

F =F1.F2

F1 tient compte essentiellement du dépassement possible de Fk dans le sens défavorable ;


F2 tient compte de la probabilité réduite de deux ou plusieurs actions.

On classe les actions en :

 Actions permanentes autres que la précontrainte : (notée G)


Actions continues ou pratiquement continues, d'intensité presque constante, susceptibles d'une longue durée
d'application et ayant donc une forte probabilité d'être cumulées avec d'autres actions ;

 Action de la précontrainte : (notée P);

 Actions variables : (notée Q)


Actions de courte durée d'application, dont l'intensité varie dans le temps et est connue avec moins de précision. Elles
ont une faible probabilité de se combiner entre elles mais une forte probabilité de se combiner avec les actions
permanentes.

 actions accidentelles : (notée A ou FA)


Tels des séismes, chocs de bateaux sur piles de ponts etc ... Leur intensité est impossible à calculer même avec le
concept probabiliste. Elles sont donc estimées forfaitairement.

b) Combinaisons d'actions :

Ce sont des combinaisons pondérées des actions permanentes, variables et accidentelles décrivant un type de
chargement.

La réglementation propose des combinaisons qui sont considérées comme les plus défavorables. On distingue :

 pour les états limites ultimes :


o combinaisons fondamentales,
o combinaisons accidentelles,

 pour les états limites de service :


o combinaisons rares,
o combinaisons fréquentes,
o combinaisons quasi-permanentes.

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c) Sollicitations

Ce sont les composantes des efforts internes sur les sections droites des poutres, des plaques et des coques.

On calcule les sollicitations selon les lois de la théorie des structures. Les résultats de ces calculs sont affectés d'un
coefficient F3 qui tient compte des simplifications introduites dans la description du comportement des structures
dans cette théorie.

d) Justifications

Elles consistent à vérifier pour l'ensemble de la construction et pour un certain nombre d'éléments de structures et de
sections :

o vis-à-vis de l'état-limite ultime d'équilibre statique, que la combinaison d'actions de calcul prise en compte
n'entraîne pas la rupture de l'équilibre de la construction ou de l'élément de structure étudié ;

o vis-à-vis des états-limites ultimes de résistance des matériaux, que les sollicitations de calcul à considérer ne
dépassent pas la sollicitation résistante de la section considérée ;

o vis-à-vis des états-limites de service, que les sollicitations de calcul à considérer ne provoquent pas le phénomène
qu'on veut éviter (ex. fissuration) ;

o vis-à-vis des états-limites ultimes de stabilité de forme, que, dans l'ensemble de la structure, existe une
distribution de contrainte équilibrant dans chaque section les sollicitations de calcul à considérer y compris celle
du second ordre.

e) Caractères des matériaux

C'est presqu'essentiellement des résistances mécaniques, notées f, qui sont considérées dans la réglementation. La
valeur caractéristique fk, qui correspond à une probabilité acceptée a priori d'être dépassée dans le sens défavorable
est transformée en valeur de calcul par multiplication par un coefficient de sécurité partiel m. Les coefficients m sont
définis en fonction des risques (défauts localisés etc ...) de chute de performances du matériau, et de l'état-limite
considéré.

3- SOLLICITATIONS

a) Sollicitations vis-à-vis des états limites ultimes de résistance.

Combinaisons fondamentales :


S ul  S  p .P m  1,35G max  G min   Q1.Q1k  1,3 0.Qik 
i 1
P vaut 1 sauf cas particulier
Pm valeur probable de la précontrainte (Pm=P0-P ; P : pertes de précontrainte)
Gmax ensemble des actions permanentes défavorables
Gmin ensemble des actions permanentes favorables

Le poids des équipements fixes est majoré ou minoré, suivant le cas, de 20 %


Q1k valeur caractéristique de l'action de base,
Qik valeur caractéristique de l'action d'accompagnement
 0 .Qik représente la valeur de combinaison d'une action d'accompagnement.
Les valeurs du coefficient  0 sont données dans le tableau ci-après.

Q 1 vaut. 1,5 en général


1,35 pour les charges d'exploitation étroitement bornées ou â caractère particulier. (convoi militaire).

Rm : un coefficient correctif de 1,07 est appliqué aux charges routières  application du fascicule 61 aux BPEL
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Combinaisons accidentelles
Lorsqu'elles ne sont pas fixées par les textes spécifiques aux actions accidentelles en cause, les sollicitations de calcul
peuvent être prises égales à :
S ul  S  P m  F A  G max  G min  1.Q1k   2.Qik 
i 1
FA est la valeur nominale de l'action accidentelle
 1 .Q1k est la valeur fréquente d'une action variable.
 2 .Qik est la valeur quasi-permanente d'une autre action variable.
 1 e t  2 .sont précisés dans les tableaux II-1 et II-2.

Rm : un coefficient correctif de 1,07 est appliqué aux charges routières  application du fascicule 61 aux BPEL

b) Sollicitations vis-à-vis des états limites de service

Combinaisons quasi-permanentes
S serv  S  P d  G max  G min   2.Qik 
i
Avec Gmax ensemble des actions permanentes défavorables
Gmin ensemble des actions permanentes favorables

Pd = P1max Ou P 2 m i n valeurs caractéristiques minimale et maximale de la précontrainte.


(P1max=1,02P0-0,8P & P2min=0,98P0-1,2P ; P : pertes de précontrainte)
 2 .Qik est la valeur quasi-permanente d'une autre action variable.
Qik est la valeur caractéristique d'une action variable (°)

Rm : un coefficient correctif de 1,2 est appliqué aux charges routières  application du fascicule 61 aux BPEL

L'ensemble des coefficients  i est donné dans les tableaux ci dessous.

Combinaisons fréquentes
S serv  S  P d  G max  G min  1Q1k   2.Qik 
i 1
 1 .Q1k représente la valeur fréquente d'une action variable.
représente l'ensemble des valeurs quasi-permanentes des autres actions variables.
 2.Q ik
i 1
Rm : un coefficient correctif de 1,2 est appliqué aux charges routières  application du fascicule 61 aux BPEL

Combinaisons rares
S serv  S  P d  G max  G min  Q1k   0.Qik 
i 1
représente l'ensemble des valeurs de combinaison des actions d'accompagnement.
 0.Q ik
i 1

Rm : un coefficient correctif de 1,2 est appliqué aux charges routières  application du fascicule 61 aux BPEL

Ces combinaisons sont à considérer lorsqu'on étudie les effets d'une seule occurrence de sollicitation mettant en
cause la durabilité de la construction.

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Tableau n°1: Valeurs des coefficients  0 ,  1 et  2 relatifs aux différentes actions variables dans le cas des ponts
– routes et des bâtiments.
Ponts-routes

Bâtiment : Charges d’exploitation Charges climatiques

4- DIFFERENTS GENRES (OU CLASSES) DE VERIFICATIONS (ETATS LIMITES DE SERVICE)

Dans sa conception initiale le béton précontraint ne pouvait pas se fissurer: c'était même l'absence de fissuration
sous charge de service qui conduisait à la supériorité du béton précontraint sur le béton armé (plus grande rigidité
des pièces, poids mort réduit etc...).

A mesure du développement de la technique du béton précontraint, la conception initiale s'est élargie et la fissuration
du béton autrefois interdite est désormais admise, sous réserve d'être contrôlée. D'où une classification en trois
genres qui diffèrent essentiellement par la définition de l'état limite de service vis-à-vis de la fissuration du béton.

Genre I (classe 1)

- L'état limite de décompression ne doit pas être dépassé,

- La contrainte de compression la plus forte devant elle-même rester inférieure à une certaine limite.

Ce genre correspond au béton précontraint dans sa définition initiale, il doit être réservé aux ouvrages nécessitant
une étanchéité parfaite: réservoirs, enceintes nucléaires etc...

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Genre II (classe 2)

- L'état limite de formation des fissures ne doit pas être dépassé: la contrainte minimale sous l'effet des
combinaisons rares doit être inférieure, en valeur absolue, à la résistance du béton à la fissuration.

- Sous l'effet des combinaisons fréquentes, il ne doit pas y avoir de traction dans les sections d'enrobage.

Ce type de fonctionnement est adapté aux ouvrages exposés aux intempéries: ponts, structures externes de
bâtiments, etc ...

Genre III (classe 3)

- L'état limite de formation de fissures peut être dépassé: le matériau fonctionne donc en régime fissuré,
comme le béton armé, la fissuration étant contrôlée et limitée grâce à des armatures ordinaires dites
"passives", par opposition aux armatures de précontrainte qui sont dites "actives".

Ce 3ème genre de béton précontraint est utilisé pour la construction d'ouvrages protégés des intempéries ou peu
exposés (ossatures de bâtiments industriels par exemple).

5- ETATS LIMITES ULTIMES DU BETON PRECONTRAINT

Hypothèses de calcul : On doit donc abandonner pour les calculs correspondants l'hypothèse de comportement
élastique et prendre en compte les diagrammes efforts-déformations réels, ou modélisés, des matériaux. On fait alors
ce qu'on appelle parfois un calcul "à la rupture".

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Béton précontraint
CARACTERES DES MATERIAUX POUR BETON PRECONTRAINT

1. LES BETONS POUR BETON PRECONTRAINT

1.1- QUALITES REQUISES

Les qualités requises sont ainsi :

a) Une résistance élevée en compression,


 Une résistance élevée en compression est d'autant plus rentable que la section de béton est dans la
plupart des cas entièrement comprimée.
 Il faut remarquer toutefois que les hautes performances mécaniques ne sont pas pour autant une condition
nécessaire à la mise en œuvre du béton précontraint.

b) L'étanchéité et la non-agressivité chimique


 L'étanchéité et la non-agressivité chimique contribuent à éviter le contact entre l'acier de précontrainte tendu
et les agents oxydants et préviennent ainsi le phénomène redouté de rupture brutale de l'acier actif par suite
de corrosion sous tension.
 L'absence d'éléments agressifs dans le ciment et l'eau de gâchage, une bonne compacité donnent au béton
les qualités souhaitées.

c) Une faible sensibilité aux effets des déformations différées


 Une faible sensibilité aux effets des déformations différées permettra de limiter les pertes de précontrainte
suite au raccourcissement naturel du béton dû au retrait ou (et) au fluage sous l'effort normal de
précontrainte lui-même.
 La composition des bétons devra être choisie en conséquence, notamment le rapport ciment/eau, un dosage
en eau trop élevé conduisant évidemment à un fort retrait. L'insuffisance d'eau, en revanche, conduirait à un
défaut de maniabilité entraînant un mauvais remplissage des moules et une mauvaise étanchéité.

d) Une bonne maniabilité


 Une bonne maniabilité pour permettre le remplissage correct de toutes les parties des moules y compris les
zones à ferraillage très dense aux extrémités des poutres (dont les sections droites sont généralement
minces). L'utilisation d'adjuvants appropriés conduit à de bons résultats, la fluidification ne se faisant pas
alors par un excès d'eau de gâchage.

1.2- PRINCIPALES CARACTERISTIQUES

1.21 Résistances

a- Résistance en compression
Elle est caractérisée par la valeur caractéristique de la résistance à 28 jours notée fc28

Cette dernière est déterminée à partir d'essais normalisés sur cylindres" 16 x 32" (normes AFNOR NFP 18.400 et
18.406). La valeur choisie pour chaque béton, est fixée par le marché de préférence dans la série suivante (en MPa) :
30, 35, 40, 50, 60.

Contrôle : Lorsque la fabrication du béton et la régularité de ses composants sont contrôlées conformément au
Fascicule 65 les résistances moyennes du béton peuvent n'être supérieures aux valeurs caractéristiques que de 10%
environ.
f cm  1,1. f ck

Béton précontraint Page 14


Par contre, si le béton est moins régulier et le chantier moins bien contrôlé, la différence peut être beaucoup plus
grande ; en l'absence d'informations valables, on peut alors estimer que la valeur moyenne doit atteindre fcm
= 1,25 fc28 .
f cm  1,25. f ck

Pour les sollicitations qui s'exercent sur un béton âgé de moins de 28 jours, on se réfère à la résistance caractéristique
fcj obtenue au jour considérée.

On peut admettre que pour j<28, la résistance fcj des bétons non traités thermiquement suit approximativement les
lois suivantes :

si fc28 < 40 MPa

si fc28 > 40 MPa

La résistance à la compression est conventionnellement maintenue constante à partir de 28 jours.

b- Résistance à la traction
Elle est conventionnellement définie par la relation ci-après, en fonction de la résistance à la compression :
ftj  0,6  0,06 fcj
ftj et fcj en MPa (valeur caractéristique)

1.22- Déformations instantanées


On peut considérer comme déformation instantanée une déformation résultant de l'application d'un effort statique
s'exerçant pendant une durée inférieure à 24 heures en ordre de grandeur.

a- Déformations longitudinales
 Dans les cas courants, aux états-limites de service, on peut admettre pour la loi de comportement du béton
un modèle linéaire.
 A défaut de résultats expérimentaux probants, on adopte pour le module de déformation longitudinale
instantanée du béton noté Eij , une valeur conventionnelle égale à :

(fcj et Eij exprimés en MPa ou N/mm²).

b- Déformations transversales
Elles se déduisent des déformations longitudinales en prenant comme coefficient de Poisson :
 = 0,2 en zones non fissurées
=0 en zones fissurées

1.23- Diagramme contrainte-déformation


 Le diagramme caractéristique contrainte-déformation du béton a l'allure schématisée sur la figure-1 dite
"parabole rectangle".

Fig 1 – Diagramme caractéristique effort-déformation du béton

Béton précontraint Page 15


 Lorsqu'on a besoin d'une évaluation plus précise des
déformations et à défaut de données expérimentales
probantes, il est nécessaire d'adopter un diagramme prenant
en compte :
- la valeur du module tangent à l'origine pour lequel on
conserve la formule :

- la valeur de la déformation au maximum de contrainte,


appelé pic de contrainte, que l'on peut évaluer par la
formule :

 Pour représenter la branche ascendante de la courbe, la loi adoptée doit tenir compte de ces caractéristiques:
Fig 2

 et

 On admet généralement la formule due à Sargin :

où : b0 est la déformation au pic de contrainte


k un coefficient donné par :

 k' un coefficient permettant d'ajuster l'allure du début de la branche descendante au diagramme réel.
 Le coefficient k' peut être pris égal à (k-1) dans le cas des bétons de faible résistance, qui sont assez
ductiles. Il se rapproche de zéro pour les bétons de forte résistance, qui sont plus fragiles.

 On pourra adopter :
k'=k-1 pour fcj < 30 MPa
k'=0 pour fcj > 55 MPa
k'=(k-1)(55-fcj)/25 pour 30 < fcj < 55 MPa

1.24 Déformations différées, retrait et fluage

a- Retrait : raccourcissement du béton non chargé au cours de son durcissement.


 La valeur du raccourcissement relatif de retrait en fonction du temps s'exprime sous la forme ci -
après, dans le cas de conditions climatiques peu variables :

 r (t )   r.r (t )
avec :  r : retrait final du béton ; r(t): fonction du temps, variant de 0 à 1 lorsque t varie de 0 à
l'infini à partir du bétonnage.
 A défaut de résultats expérimentaux, le retrait final  r est donné, soit par les valeurs forfaitaires
suivantes:
 r =1,5.10 -4 Climats très humide
 r =2.10 -4 Climats lourds
 r =3.10 -4 Climats tempérés sec
 r =4.10 -4 Climats chaud et sec
 r =5.10 -4 Climats très chaud ou désertique
 soit par la relation ci-après, valable pour les bétons de ciment Portland:

Béton précontraint Page 16


 r  k s. 0
k s est fonction du pourcentage des armatures adhérentes

s (s =As /B), rapport de la section des armatures passives longitudinales (et dans le cas de la
prétension des armatures de précontrainte adhérentes) à la section transversale de la pièce. Ainsi,
1
k s  1  20 
s
 0 dépend des conditions ambiantes et des dimensions de la pièce:

 6
80
0 (100 
h
).(6 
10  3.r m
).10

Où h est l'hygrométrie ambiante moyenne (exprimée en pourcentage) et où r m est le rayon de la pièce


(exprimé en centimètres),
B
rm  U B aire de section droite de la pièce, u périmètre extérieur.

t
La loi d'évolution du retrait s'exprime par : r (t )  t  9 où t est donné en jours, r m en cm.
rm
b- Fluage
 Le fluage à l'instant t d'un béton soumis à l'âge de j = t 1- t0 jours à une contrainte constante 1 est exprimé
sous la forme :
 fl   ic.K fl (t1  t 0). f (t  t 1)
avec : t0 date du bétonnage (généralement =0)
t1 date de la mise en charge
 ic déformation conventionnelle instantanée sous l'effet de 1 égale à 1/Ei28

Kfl(t1- t0) coefficient de fluage dépend notamment de l'âge (t 1- t0) du béton à la mise en charge
f(t-t1) fonction de la durée du chargement (t-t1), exprimée en jours, qui varie de 0 à 1 quand cette durée
varie de 0 à l'infini.

 On peut également mettre  fl sous la forme:


 fl   i. (t1  t 0). f (t  t 1)
avec  i déformation réelle instantanée :  i = 1/Ei28
E ij
 (t1  t 0)  K fl
E i 28
rapport entre la déformation finale de fluage et la déformation réelle instantanée.

Dans les cas simples on pourra prendre la fonction (t1-t0) égale 2.

 La loi d'évolution du fluage f(t-t1) est donnée par la formule :


t t
f (t t1)  t  t  51 r
1 m

 Lorsque l'on désire une plus grande précision dans l'évaluation du fluage, le calcul doit être mené selon les
indications de l'Annexe 1 du B.P.E.L.

 Dans le cas d'une contrainte 1 constante appliqué à l'instant t 1, la déformation de fluage qui apparaît dans
l'intervalle de temps (t1,t) peut être évaluée par:

Béton précontraint Page 17


 fl (t )   ic.K fl (t1). f (t  t1)
 Kfl (t1) est un coefficient de fluage dépendant de l'âge t 1 lors du chargement, il peut être évalué par
l'expression:

K fl  ks . ke  kc .k (t1) 
ks est une fonction identique à celle donnée pour le retrait
ke représente la limite inférieure du coefficient de fluage du béton non armé, lorsqu'il est chargé très vieux, il es t
pris égal à 0,40.
kc dépend des conditions ambiantes et du rayon de la pièce. Il peut être évalué comme suit :
120   h 100  h 2
kc   .
20  rm 3
30
avec: rm en cm
h hygrométrie ambiante en %.
k (t1) dépend du durcissement du béton à l'âge de mise en charge. Il est donné par la relation:
100
k (t1) 
100t1

1.3- VALEURS DE CALCUL DES CONTRAINTES DANS LE BETON

 La sécurité et la bonne utilisation des ouvrages devaient être garanties par des justifications aux
états limites ultime et de service.

1.31- Etat limite de service

a- Compression du béton
 Pour toutes les classes de vérification les contraintes de compression du béton sont bornées à :
- 0,50 f c28 sous l'effet de la combinaison quasi-permanente;
- 0,60 f c28 sous l'effet des combinaisons rares et des combinaisons fréquentes;
- 0,60 f cj en cours de construction.
Remarques :
 Si à la mise en tension j  3 jours, 0,6 f cj est ramenée à 0,55 f cj .
 Pour des pièces industrialisées, homologuées et contrôlées on peut atteindre en construction 2/ 3
f cj .
 Si l'on utilise dans les calculs aux E.L.S. P d = P m les valeurs des contraintes admissibles de
compression sont diminuées de 10 %.

b- Traction du béton
 La valeur de calcul de la contrainte limite de
traction du béton est fonction du genre dans
lequel l'ouvrage est classé et de la zone de la
section considérée: dans la section d'enrobage
ou en dehors de celle-ci.

 Les valeurs de calcul de la contrainte limite de


traction sont présentées dans le tableau 1.

fig 3 – Zones et section d’un enrobage

Béton précontraint Page 18


Tableau 1

Béton précontraint Page 19


c- Contrainte de cisaillement du béton
 La valeur de calcul de la contrainte limite de cisaillement du béton est définie en fonction de f cj et
de f tj et varie suivant le genre dans lequel est classé l'ouvrage. (partie effort tranchant).

1.32 Etat limite ultime

a- Contrainte de compression du béton


 Les vérifications à l'état limite ultime de résistance des matériaux régissent d’une loi de
comportement du béton non linéaire,
 les valeurs de calcul des contraintes limites ainsi que les diagrammes ( -  ) b de calcul :

La valeur de calcul de la contrainte de compression ultime du bé ton est:


0,85. f cj
f bc 
 . b
 b = 1,5 sauf prescription spéciale
ou 1,15 pour les combinaisons accidentelles.

 Le diagramme ( -  ) b de calcul est, lui, défini fbc=


sur la figure 4. Son tracé de type parabole-
rectangle peut être remplacé par un tracé
rectangulaire seulement dans certains cas
particuliers, en flexion.
Fig 4 – Diagramme parabole rectangle de calcul

2- LES ACIERS POUR BETON PRECONTRAINT

2.1- QUALITES REQUISES

a) Résistance
L'utilisation d'acier à haute résistance est indispensable pour maintenir l'effort normal initial artificiel
permanent de précontrainte à un niveau convenable après les pertes différées sous l'effet du retrait et du
fluage du béton. Comme, de plus, le prix de l'acier c roit moins vite que sa résistance, ce choix sera
économiquement plus intéressant.

b) Résistance aux sollicitations alternées


Cette qualité est particulièrement recherchée en genre III (classe 3) en raison de l'ouverture et de la
fermeture des fissures qui provoquent des surtensions importantes et de signe variable.

c) Adhérence
Les armatures actives doivent présenter une rugosité suffisante pour assurer l'adhérence la plus efficace
possible avec le béton d'enrobage. Cette qualité est particulièrement exig ée dans le cas de la
précontrainte par pré-tension.

d) Relaxation faible
Le phénomène de relaxation consiste en la diminution dans le temps de la contrainte normale de tension
dans une pièce maintenue après allongement à une longueur constante.

Ce phénomène ne se manifeste de manière sensible que si la contrainte de tension initiale dépasse, dans
le cas des armatures métalliques, 50 % à 60 % de la valeur de la contrainte de rupture, ce qui est toujours
le cas en béton précontraint.

La relaxation des armatures est donc une source de perte de précontrainte et on utilisera des aciers qui
présentent la plus faible relaxation possible.

Béton précontraint Page 20


e) Résistance à la corrosion
La corrosion sous tension menace les armatures de précontrainte de rupture brutale et fragile. On ne peut
limiter les risques de corrosion qu'en veillant à sa prévention (ex. emploi d'agents non agressifs dans la
fabrication des bétons, étanchéité ... ).

2.2- LES DIFFERENTS TYPES D'ACIERS ACTIFS UTILISES DANS LA PRATIQUE DE LA PRECONTRAINTE

 Les armatures actives se présentent sur le marché classées en trois catégories de produits :
- les fils ;
- les barres ;
- les torons.

 Toutes ces armatures doivent satisfaire les conditions du CPC Fascicule n° 4 "Armatures en acier à
haute résistance pour constructions en béton précontraint par pré et post -tension".

a) Les fils
 Ils sont obtenus par tréfilage à froid après laminage à chaud.
Leur diamètre maximal ne dépasse pas 12 mm : on trouve usuellement :
 : 5, 7, 8, 12 mm ( 7 et  8 mm étant très utilisés)
 Ils sont livrés en couronnes d'environ 200 kg.
 Leur résistance à la rupture est de l'ordre de 1 700 à 1 800 MPa.

b) Les barres
 Elles sont obtenues par laminage à chaud.
 Leur diamètre nominal est compris en 18 et 32
mm.

Fig 5 Barre crénelée


 Leur résistance à la rupture est de l'ordre de 1100 MPa.
 Livrées en longueur de 16 à 18 m,
 elles sont essentiellement utilisées pour la précontrainte transversale des ouvrages d'art.

Béton précontraint Page 21


c) Les torons
 Ils sont constitués par des fils de faible diamètre (2 à 4 mm)
enroulés en hélice sur eux-mêmes ou sur un fil central; parmi les
torons les plus utilisés on note ceux de sept fils figure 6).

 Le pas de l'hélice est de 12 à 16 fois le diamètre du toron.

 La résistance à la rupture est de l'ordre de 2 000 MPa.

 Plus souples que les fils, ils conviennent bien aux tracés courbes, ils
possèdent, de par leur géométrie, de bonnes qualités d'adhérence,
mais leur relaxation est plus forte que celle des fils.
fig 6 – Section d’un toron

Béton précontraint Page 22


Remarques
 Tous ces produits, fils, torons, barres, peuvent être utilisés seuls: monofil, monotoron, mais pour
obtenir des unités de précontrainte de capacité importante, les fils et torons sont généralement
regroupés pour constituer des câbles.

 Cette disposition ne peut évidemment pas être appliquée aux barres.

 Par ailleurs, il convient de noter qu'en béton précontraint, comme en béton armé, les systèmes
d'armatures doivent être homologués par le Ministère concerné.

2.3- PRINCIPALES CARACTERISTIQUES


 Les caractéristiques essentielles des aciers de précontrainte sont données sur la fiche d'agrément
délivrée par le Ministère concerné. Cette fiche comprend essentiellement:

- la résistance à la rupture en traction f prg (valeur caractéristique) ;


- la limite conventionnelle d'élasticité f peg (valeur caractéristique) ;
- l'allongement sous charge maximale ;
- la relaxation isotherme à 1000 heures ( 1000 ) exprimée en % de la tension initiale, sous une
tension initiale de 0,7 fpr ;
- la longueur nominale de scellement par adhérence l cs ;
- les coefficients de fissuration (  ) et de scellement (  s ) ;
(ces trois derniers paramètres concernent les aciers utilisés en pré -tension).
 On y trouve également certains caractères technologiques comme la résistance au pliage, à la
corrosion, à la fatigue.

 En l'absence d'indications explicites sur la fiche d'agrément et à défaut de mesures précises, les
caractéristiques complémentaires ci-après peuvent être prises forfaitairement.

a) Module d'élasticité longitudinal


E p = 200 000 MPa (fils et barres),
E p = 190 000 MPa (torons, câbles toronnés, câbles torsadés),
Béton précontraint Page 23
b) Courbes efforts-déformations

 Deux types de courbes sont distingués selon que l'acier présente ou non un palier d'écoulement
plastique.

1. Fils tréfilés et torons


avec
f peg contrainte limite d'élasticité conventionnelle à 0,1 %
d'allongement rémanent.
équation de la partie courbe :
p p
p  100(  0,90)5
Ep f peg
fig 7

2. Fils trempés et revenus, barres

 On prend conventionnellement le diagramme ci-après (figure 8) lequel est également à utiliser lorsque
la nature de l'acier est inconnue.

fig 8
c) Relaxation
 La valeur de la relaxation finale à prendre en compte    ( x ) est égale en valeur absolue à :
6
  ( x)  1000 (  0 ) pi ( x)
100
 pi ( x)
avec  
f prg
 0 étant un coefficient pris égal à 0,43 pour les armatures à très basse relaxation (TBR), 0,30 pour les
armatures à relaxation normale (RN) et 0,35 pour les autres;

 p i ( x ) = tension initiale de l'armature à l'abscisse x;

pi(x)= 0 - pi(x)

tension au vérin
pertes de tensions instantanées
f prg = contrainte de rupture garantie de l'armature ;
 1000 = % de la relaxation à 1000 heures;

Béton précontraint Page 24


 La relaxation au bout de t heures,    ( x , t ) peut être estimée, à défaut de mesures expérimentales,
par la formule ci-après valable au-delà de 100 heures:

10 7,5
3(1 ) k
  ( x, t )  k1.1000 ( t ) 4 .e 2 . ( x)
pi
1000
Avec : k 1 =6.10 -3 si 1000  2,5
k 1 =8.10 -3 si  1000 > 2,5

k 2 =1,1 si  1000  2,5 (aciers TBR)


k 2 =1,5 si  1000  8 (aciers RN)
k 2 =1,25 si 2,5 < 1000 < 8

Remarque : Faute de fiches d'agrément ou de valeurs expérimentales, les caractéristiques réglement aires
relatives aux aciers passifs (ordinaires) seront relevées dans le règlement BAEL & BPEL.

2.4- VALEURS DE CALCUL

a) Tension initiale des aciers actifs


 Elle ne doit pas dépasser, dans le cas de la post-tension, ni 0,80 f prg ni 0,90 f peg . Dans le cas de la
pré-tension ces valeurs sont portées à 0,85 f prg et 0,95 f peg dans le cas d'une production
industrialisée.

b) Tension des aciers actifs en service


 Elle se déduit de la tension initiale  p0 , en tenant compte des pertes de tensions instantanées (par
frottement, par non-simultanéité des mises en tension, etc ...) et
des pertes de tension différées (par suite du fluage, de la
relaxation, du retrait ...).

c) Tension des aciers à l'état limite ultime


 Elle est calculée à partir de la déformation ultime, à l'aide du
diagramme ( ,  ) de calcul obtenu par affinité parallèle à la
tangente à l'origine du diagramme (  ,  ) caractéristique, à partir de
ce même diagramme, le rapport de l'affinité étant 1/  s .  s = 1,15
pour les aciers de précontrainte (actifs) et pour les aciers ordinaires
(passifs)
fig 9

d) Conditions complémentaires
 Les aciers passifs, à l'exclusion des armatures de peau, doivent satisfaire les règles de l'article
A.4.5.33 du BAEL ; de plus en situation d'exploitation sous l'effet des combinaisons f réquentes, la
contrainte de traction ne doit pas dépasser 60 MPa dans la section d'enrobage.
 La surtension des aciers actifs de précontrainte ne doit pas dépasser 0,10 fprg dans le cas de la
post-tension et le minimum de :  0,10f prg , 150MPa} dans le cas de la prétention.

Béton précontraint Page 25


Béton Précontraint
Procédés et Mode de réalisation de la précontrainte dans une structure

I- Modalités d'introduction de la précontrainte dans une structure

 Avant d’entamer les justifications de structures en béton précontraint, il est essentiel d’en connaître la
technologie. C’est en effet le développement d’aciers à haute limite d’élasticité et de matériels adaptés qui a
permis l’essor du béton précontraint.

 Il existe deux méthodes de mise en tension des câbles dans une structure. A chacune de ces méthodes sont
associées des technologies de précontrainte spécifiques.

1. Pré-tension

 C’est une méthode utilisée, essentiellement en usine, pour pré-fabriquer des poutres précontraintes destinées à
être incorporées dans des constructions en tant que « produits ».

 Les câbles sont tendus préalablement au coulage de la poutre, sur un banc de préfabrication capable de
reprendre les efforts engendrés (ce qui nécessite des installations spécifiques, qui ne sont généralement pas
disponibles sur chantier). Ils sont généralement rectilignes d’un bout à l’autre du banc de préfabrication.

 On coule ensuite des éléments directement au contact avec les câbles. Après prise du béton, les câbles sont
relâchés à leurs extrémités, et coupés à la sortie des poutres, entraînant la mise en précontrainte de la poutre
grâce à un transfert par adhérence de l’effort entre les câbles et le béton.

Fig. 1- réalisation des éléments précontraints par pré-tension

 Les câbles ne sont pas gainés en partie courante, puisqu’ils doivent permettre une parfaite adhérence avec le
béton. Il est toutefois possible de gainer certains câbles à leurs extrémités, pour diminuer la précontrainte aux
abouts (elle peut en effet avoir des effets défavorables près des abouts).

 La précontrainte par pré-tension est réalisée à l'aide de fils crantés à haute limite d'élasticité (HLE), ou de torons
constitués de 3 ou 7 fils élémentaires.

 La pré-tension s’accompagne des autres techniques liées à la préfabrication : formulation adaptée des bétons,
étuvage des poutres pour accélérer la prise du béton et permettre un décintrement et une mise en précontrainte
rapide.
Béton précontraint Page 26
Fig 2

 Les conditions d’emploi de la pré-tension sont conditionnées par plusieurs


facteurs :
o possibilités de manutention et transport des poutres (liées à leur poids
et à leur encombrement),
o dimensions des bancs de préfabrication en usine

 La précontrainte par pré-tension est très utilisée dans le domaine du


bâtiment.

 Toutefois, il est difficile de dépasser des longueurs de poutres supérieures à


30m.

 La méthode de préfabrication et de mise en tension suit généralement les cycles suivant (fig. 1) :

1. Nettoyage des moules (coffrages métalliques de grande longueur, articulés pour faciliter le
décoffrage);
2. Mise en place d'huile de décoffrage sur les moules pour empêcher le béton de coller aux parois du
moule;
3. Déroulement des armatures (fils non lisses ou torons) et blocage aux extrémités dans des plaques
d'ancrage. La longueur de tels bancs peut atteindre, voire dépasser 100 mètres;
4. Mise en place des armatures passives: cadres, étriers, armatures longitudinales pour reprendre les
efforts de traction (précontrainte partielle) ;
5. Mise en place des moules dans leur position finale, mise en place des masques d'extrémités des
éléments pour empêcher le béton de s'échapper hors du coulage
6. Mise en place des déviateurs éventuels;

7. Mise en tension des fils (ou torons) par des vérins situés à
une des extrémités. L'allongement des fils, pour une
longueur de 100 m, peut atteindre:
𝒍.𝝈
∆𝒍 = 𝑬𝒔 = 100x 1500/200 000 = 0,75 m
Cette phase de travail est particulièrement dangereuse car, si
un fil vient de casser, il peut tout balayer sur son passage par
enroulement. C'est pourquoi, on dispose des blindages en bois
très épais autour des points de travail derrière les dispositifs
d'ancrage;
Fig 3 Système de déviation d’un câble de précontrainte
prétendu
8. Mise en place du béton par pont-roulant ou grue, lissage de la partie supérieure à la règle pour assurer
une surface correcte;
9. Vibration du béton en général par vibration extérieure grâce à des vibreurs excentriques placés sur les
moules ou sous le banc;
10. Etuvage ou chauffage du béton pour accélérer son durcissement et un décoffrage rapide;
11. Décoffrage;
12. Dé-tension des fils aux plaques d'ancrages des extrémités du banc lorsque la résistance du béton est
suffisante pour supporter l'effort de précontrainte;
13. Découpage des fils situés entre deux éléments préfabriqués;
14. Manutention et stockage des éléments en prenant soin de ne pas les retourner, ni de les stocker avec
des points d'appui intermédiaires.

Béton précontraint Page 27


Pré-tension sur chantier
 Il peut être intéressant de faire de la préfabrication d'éléments précontraints par pré-tension sur le
chantier lorsque:
- le nombre élevé d'éléments permet d'amortir les installations;
- le coût des transports est trop élevé;
- les dimensions des éléments sortent du gabarit routier.

 A défaut de construire des culées ancrées dans le sol qui sont coûteuses à réaliser et à démolir, on peut
«appuyer» l'effort de précontrainte sur le coffrage lui-même, quitte à le renforcer, ou sur un dispositif de
poutres extérieures de grande inertie pour éviter le flambement (poutres treillis, tubes de gros
diamètre...).

 Les différentes étapes de travail sont alors les mêmes qu'en usine, mais dans des conditions moins
bonnes en général pour la qualité du produit fini et la rapidité.

2. Post-tension

 La technique de post-tension consiste à prendre appui sur le béton déjà durci pour tendre le câble de
précontrainte.

 L'élément en béton est donc coulé au préalable, avec des réservations pour le passage ultérieur de la
précontrainte. Lorsque le béton atteint une résistance suffisante, la précontrainte est enfilée et tendue à l'aide de
vérins.

Fig. 4- réalisation des éléments précontraints par post-tension

 La post-tension permet de mettre en œuvre des forces de


précontrainte beaucoup plus importantes que la pré-
tension, puisque la résistance du banc de préfabrication
n'est plus un facteur limitant. La post-tension est très
utilisée en ouvrages d'art pour les grandes portées.

Fig 5 - Mise en tension d’un câble (post-tension)

 Les matériaux utilisés pour la précontrainte par post-tension peuvent être :


o des câbles constitués de torons
o des câbles préfabriqués constitués de fils boutonnés
o des barres de précontrainte

 La précontrainte peut être :


o intérieure au béton : les câbles sont entièrement noyés dans la structure; une fois tendus ils sont injectés
au coulis de ciment et ne sont plus inspectables.

Béton précontraint Page 28


o extérieure au béton : en partie courante, les câbles restent visibles, ils ne sont noyés dans la structure
qu'au niveau des extrémités et en des points singuliers permettant de les dévier. Ils sont généralement
injectés à la cire. Par le passé, ces câbles ont souvent été injectés au coulis de ciment.

Fig 6
Phases d'exécution
 Nous décrirons le cas le plus courant de post-tension par câbles et gaines avec câbles réalisés sur le
chantier:
1. Mise en place du coffrage;
2. Mise en place des armatures passives : cadres, épingles, étriers, aciers longitudinaux, chaises de
support des gainés (espacés de 0,5 à 1 m suivant le diamètre des gaines);
3. Mise en place des gaines et fixation solide sur la cage d'armature pour éviter tout déplacement lors
du coulage du béton. Mise en place de l'étanchéité des gaines par collage de rubans adhésifs sur les
raccords ou trous accidentels faits lors des travaux;
4. Mise en place des plaques d'appui et des frettages adjacents aux extrémités des gaines sous
l'emplacement futur des ancrages;
5. Coulage du béton;
6. Durcissement du béton pour atteindre la résistance minimum spécifiée par le bureau d'études pour
autoriser la mise en tension;
7. Pendant le durcissement du béton, enfilage des câbles:
o fil par fil ou toron par toron pour les câbles réalisés sur le chantier.
On procède alors par poussage à l'intérieur de la gaine.
Un accrochage avec la gaine n'a pas grande importance car le béton extérieur servira, à
défaut de la gaine, de coffrage ou coulis d'injection;
o le câble en entier, par traction au moyen d'un fil pré-enfilé dans la gaine est attaché à une
«chaussette» en tête de câble pour en faciliter le glissement.
Ceci suppose que les câbles sont pré-assemblés en atelier.
Cette méthode permet d'avoir des câbles réguliers et évite les enchevêtrements et
croisements de fils.
8. Mise en place des plaques d'ancrage et des clavettes de blocage des torons (ou fils) dans le vérin
d'ancrage et dans la plaque d'ancrage.
9. Mise en tension (fig. 7) :
o d'un seul côté pour les câbles courts (un ancrage actif à une extrémité et un ancrage mort à
l'autre: moins de 50 m par exemple)
o ou des deux côtés pour les câbles longs (un ancrage actif à chaque extrémité).

Béton précontraint Page 29


On mesure la longueur de câble sortant derrière le vérin à chaque étape de mise en tension (5 ou 6
étapes) pour les comparer aux valeurs calculées par le bureau d'études et s'assurer que la mise en
tension du câble tout au long de son tracé est correcte.

Fig 7 – schéma de mise en extension

 Cela fait l’objet d’une feuille de mise en tension tenue par le chantier et ayant l’allure du tableau
suivant :

 Pour s'assurer d'un bon début de mise en tension des câbles, on ne mesure pas l'allongement obtenu entre 0 et
10 MPa, car il correspond à une remise en ordre des torons ou fils et à une régularisation des tensions dans
chaque fil par rapport à la moyenne. On corrigera cet oubli en comptant 2 fois l'allongement de 10 à 20 MPa
(100 à 200 bars).

Béton précontraint Page 30


 Lorsque l'allongement du câble est supérieur à la course du vérin, on est obligé de :
- bloquer les clavettes de la plaque d'appui,
- débloquer les clavettes du vérin,
- remettre le vérin en position fermé,
- remettre les clavettes de vérin,
- remettre en tension le vérin pour une deuxième course.

 A la fin de l'opération, on procède de même pour bloquer les clavettes, remettre le vérin en position fermée
et enlever le vérin pour procéder à la mise en tension d'un nouveau câble.

Injection
 Pour assurer une bonne protection des câbles de précontrainte contre la corrosion, on procède, dans un
délai maximum de deux semaines, à l'injection des câbles pour remplir le vide d'air compris entre le
câble et la gaine.

 on procède auparavant à un lavage à l'eau sous pression pour :


o chasser les corps étrangers pouvant se trouver dans la gaine (laitance du béton...)
o enlever l'huile soluble qui a pu être utilisée pour améliorer le glissement du câble dans la gaine
lors de sa mise en place et lors de la mise en tension.

 Un soufflage à l'air comprimé est ensuite effectué pour chasser l'eau et sécher la gaine.

 Ce travail d'injection doit être fait très soigneusement, car trop de malfaçons sont constatées et des
radiographies exécutées a posteriori sur des ouvrages en exploitation ont réservé bien des surprises.

 Le coulis d'injection utilisé est composé d'une pâte de ciment et d'eau qui peut avoir la composition
suivante:
o ciment classe CPA 55;
o eau dosée à 35 % du poids du ciment;
o plastifiant éventuel (2 % de SIKA « Y » par exemple).

 La préparation de ce coulis est faite dans un malaxeur spécial disposé à côté des câbles à injecter.

 On a disposé des évents (tuyaux en plastiques) aux points hauts et aux extrémités de la gaine pour
permettre au coulis de chasser tout l'air contenu dans la gaine.

 La plasticité du coulis doit être telle qu'il s'écoule facilement dans les gaines (on mesure la plasticité au
moyen du cône de Marsh en adoptant comme critère qu'un litre de coulis doit s'écouler par l'orifice du
cône en 15 à 25 secondes).

 La pression d'injection du coulis dans les gaines est de l'ordre de 0,6 à 0,8 MPa à l'entrée de la gaine.

 Outre le rôle de protection des armatures contre la corrosion, le coulis d'injection permet également
une bonne adhérence entre les aciers et le béton.

Ce rôle est primordial pour satisfaire aux calculs sinon, le comportement d'armatures de
précontrainte non adhérentes est plus défavorable que celui des armatures adhérentes.

Béton précontraint Page 31


3- Matériel de précontrainte par post-tension

a- Conduits

Fig 8
Précontrainte intérieure au béton
 Il s’agit le plus souvent de conduits métalliques. Lorsque les armatures sont enfilées sur chantier, ce sont :
o soit des tubes en acier laminé dont l’épaisseur est couramment comprise entre 1 et 2 mm ; ces tubes
sont cintrables sur machines ; l’assemblage entre éléments successifs se fait par emboîture ;

o soit des gaines rigides cintrables à la main ; elles sont en feuillard à enroulement hélicoïdal ou
cylindrique ; leur épaisseur est comprise entre 0,4 et 0,6 mm ; la nervuration, qui augmente la rigidité
et l’adhérence au béton, fait office de filetage grossier et permet le raccordement entre tronçons par
vissage d’un manchon de gaine de diamètre immédiatement supérieur.

o Dans le cas d’unités prêtes à l’emploi, on utilise des gaines enroulables, en feuillard plus mince (dont
l’épaisseur est comprise entre 0,2 et 0,4 mm). Pour les unités les plus courantes constituées de fils ou
de torons, les caractéristiques minimales des conduits sont précisées dans le tableau ci dessous.

 Il arrive enfin que l’on ait recours à des conduits en matière plastique. C’est rare pour des câbles
constitués de plusieurs armatures (multitorons ou multifils), mais par contre fréquent dans le cas des
monotorons : on les utilise alors sous la forme de torons gainés protégés. Le toron sort d’usine muni de sa
gaine, généralement en polyéthylène, remplie de son produit de protection, graisse ou cire.

 Ce type d’armature, qui fait l’objet d’une fabrication industrielle et qui permet de s’affranchir des
servitudes d’une injection au coulis de ciment sur chantier, est parfaitement adapté à la réalisation de la
précontrainte des dalles de bâtiment, de certains réservoirs ou des hourdis de pont.

Béton précontraint Page 32


Précontrainte extérieure au béton
 Les conduits doivent alors être parfaitement étanches pour assurer le confinement du produit de protection,
qu’il s’agisse d’un coulis de ciment, d’une cire ou d’une graisse.

Fig 9 Monotoron graissé et gainé

 Les gaines en feuillard ne peuvent donner satisfaction à cet égard. On utilise parfois des tubes métalliques
raccordés par emboîtement (l’étanchéité aux joints étant assurée par des manchons thermorétractables), ou
bien par soudure ou encore par sertissage, mais ces deux derniers types d’opérations sont délicats à réaliser
correctement à proximité d’une paroi.

 Le plus souvent, on emploie des gaines en polyéthylène à haute densité (PEhd) dont les tronçons sont
assemblés par thermofusion (soudure au miroir ou colliers électrosoudables). Si l’on veut se réserver la
possibilité de remplacer ultérieurement un câble tout en l’injectant au coulis de ciment, le conduit, prolongé à
ses extrémités par des cônes d’épanouissement, est isolé de la structure par des tubes de réservation au
niveau des déviateurs et par des trompettes ou tromplaques coffrantes dans les massifs d’ancrage.

b- Vérins
 Le vérin est un mécanisme constitué d’un cylindre et
d’un piston, délimitant une chambre à l’intérieur de
laquelle on peut injecter de l’huile, ce qui fait coulisser
les deux pièces l’une par rapport à l’autre. Le cylindre
prend appui sur le béton, alors que le câble est fixé au
piston dont le mouvement assure la mise en tension de
l’unité (Figure 10).

Fig. 10 - Schéma de principe et photos de vérins

 Le piston peut tirer :


o soit directement sur les armatures qui sont fixées sur lui, à titre provisoire, par coincement ou par vissage
;
o soit sur une tête mobile elle-même solidaire du câble et faisant office, ultérieurement, de tête d’ancrage
(cas du procédé BBR).

Béton précontraint Page 33


c- Ancrages
 Selon leur fonction, on distingue plusieurs catégories d’ancrages :

Ancrage d’une barre de précontrainte (Dywidag)

fig 11

o les ancrages actifs, qui permettent de bloquer le câble à l’extrémité par laquelle on effectue la mise en
tension ; une fois ce blocage réalisé, on peut dégonfler le vérin et le récupérer ; toute unité de précontrainte
comporte au moins un ancrage actif ;

Fig 12 Ancrages mobiles (Freyssinet) Ancrages mobiles (Stahlton)

Béton précontraint Page 34


Ancrages le long du fil

Fig 13 - Mors d’ancrage : principe Fig 14 - Ancrage actif 12 T15 SEEE- FUC

Ancrages préfabriqués

Fig 15 - Ancrage actif BBR-B Fig 16 - Ancrage actif 7 T15 SEEE-FU

o les ancrages fixes, qui interdisent tout mouvement significatif, par rapport au béton, de l’extrémité du câble
opposée à celle par laquelle se fait la mise en tension ; deux variétés d’ancrages fixes sont à distinguer :
 les ancrages extérieurs, qui demeurent accessibles après bétonnage,
 les ancrages incorporés au béton de la structure, qui se subdivisent eux-mêmes en ancrages
fonctionnant par butée et en ancrages par adhérence ;

Béton précontraint Page 35


Fig 17 Ancrages fixes (Freyssinet) Ancrage fixe, noyé dans le béton Freyssinet système K (12 T 15)

Fig 18 - Ancrage VSL à boucle (12 T 15) Fig 19 - Ancrage VSL par adhérence (12 T 15)

o les coupleurs, qui permettent, dans le cas d’ouvrages construits en plusieurs phases, de réaliser la continuité
de deux tronçons de câbles, le premier tendu au cours de la phase n, le second au cours de la phase n + 1 ;

Coupleur mobile (Freyssinet)

Béton précontraint Page 36


Fig 20

o les dispositifs de raboutage, qui assurent le raccordement de deux tronçons distincts d’armatures mis en
tension simultanément par l’une ou /et l’autre de leurs extrémités libres. Dans certains cas particuliers, on
peut avoir recours à d’autres types d’ancrages :
 des ancrages intermédiaires pour ancrer provisoirement une armature en partie courante, dans le
cas des dalles de bâtiment ;
 des ancrages de jonction, encore appelés ancrages par le milieu, pour réaliser la mise en tension
simultanée de deux tronçons de câble par leurs extrémités en regard.

fig 21

4- Procédés de précontrainte par post-tension

 Les sociétés détentrices des procédés de précontrainte peuvent intervenir sur le chantier:
o soit en tant que fournisseurs de plaques d'appui, plaques d'ancrages et clavettes et loueurs de vérins et
de matériel d'injection.
o Les travaux de mise en place des gaines et des câbles, les opérations de mise en tension et d'injection
sont réalisées par l'entrepreneur;
o soit en tant que sous-traitant global de toute fourniture, mise en place et injection de l'ensemble de la
précontrainte du chantier;
o soit toute solution intermédiaire.

 Il faut noter que les sociétés spécialistes de précontrainte ne souhaitent pas poser les gaines lors de la mise
en place des cages d'armatures passives.

Béton précontraint Page 37


Cette opération se déroulant à une époque différente des opérations suivantes crée des perturbations dans
le planning de travail et des interférences avec la société chargée de poser les armatures passives qui peut
être soit l'entrepreneur lui-même, soit un autre sous-traitant.

 Les études ne sont pas réalisées par l'exploitant du procédé mais par l'entrepreneur ou tout autre bureau
d'études spécialisé dans les problèmes de béton précontraint.

 Les procédés de précontraintes font l'objet de brevet et sont fabriqués par leurs exploitants. Les principaux
procédés sont:

- . le système Freyssinet exploité par Freyssinet-International,


- . le système PAC, exploité par la SFP (Société Française pour la Précontrainte),
- . le système CCL exploité par CIPEC,
- . le système VSL (Losinger), etc...

Les types de câbles

Rentrée de clavettes des ancrages actifs

Béton précontraint Page 38


Détermination rapide de l'armature
 Si on ne connaît que l'effort de précontrainte nécessaire en service, on peut déterminer de façon
approximative l'armature nécessaire en utilisant le tableau 4.

Exemple : Pour un effort en service de 1600 kN, on lit 9,6 torons T15 S, soit un câble 10 T15 S avec un
ancrage 12 T15 (d'après tableau 2).

 Si on connaît la section d'armature nécessaire, on calcule le nombre de torons et le type d'ancrage.

Exemple : Pour AP = 2475 mm2, on trouve pour des torons T15 S :


nombre de torons = 2475/150 =16,5.
Nous retiendrons un câble 17 T15 S et un ancrage 19 T15.

Procédé Freyssinet
Le procédé Freyssinet utilise des câbles composés de torons T13, T13 S, T15 et T15 S.
La lettre T est remplacée par la lettre K (exemple : 12K15).

Béton précontraint Page 39


Entr’axe et enrobage des ancrages

 Les valeurs ao sont égales à I (ou J)* + 30 mm (* I ou J suivant l'orientation des plaques)

 Les valeurs de b o sont données dans les tableaux 5 et.6, celles de I et J dans la figure 4.

Béton précontraint Page 40


Frettage type des zones d’ancrages

Vérins

Béton précontraint Page 41


Dimensions des conduits

Béton précontraint Page 42


Béton Précontraint
LES PERTES DE TENSION DANS LES ACIERS DE PRÉCONTRAINTE

Certains phénomènes, qui n'avaient pas d'effet sur la contrainte de l’acier passif en béton armé, interviennent de
façon non négligeable sur le comportement des aciers de précontrainte, tels :

 le frottement à la mise en tension des câbles,


 le recul à l'ancrage,
 la déformation instantanée du béton suite à la non-simultanéité de mise en tension des différents câbles,

 le retrait du béton,
 la relaxation des aciers,
 le fluage du béton.

Les trois premières pertes sont instantanées, les trois dernières sont des pertes différées, c'est-à-dire qu'elles
atteignent leur valeur maximale au bout d'un certain nombre de mois, voire d'années.

La mise en tension des câbles de précontrainte s'effectue grâce à l'action de vérins hydrauliques. Au point le plus
sollicité du câble, on évitera d'atteindre une valeur trop proche de la rupture de l'acier, c'est pourquoi on a fixé
réglementairement une traction maximale de mise en tension appelée tension à l'origine et notée p0.

 Dans le cas de post-tension ou de pré-tension, p0 prend la valeur suivante*

p0 = Min(0,8 fprg ; 0,90 fpeg)

Avec fPrg : contrainte de rupture garantie et fPeg: limite conventionnelle d'élasticité à 0,1 %.

 Dans le cas de produits industrialisés en pré-tension et faisant l'objet d'un système fiable d'assurance -
qualité, cette valeur peut être prise égale à:

p0 = Min(0,85 fprg ; 0,95 fpeg)

 pour les barres, la tension à l'origine est prise égale à : p0 = 0,7 fprg.

 Pour les tirants d'ancrage dans le sol (murs de soutènements, pieux...) on retiendra comme valeur de
mise en tension:
o pour les tirants provisoires: p0 = 0,75 f Peg
o pour les tirants définitifs: p0 = 0,60 f Peg

On dispose ainsi d'une marge de sécurité de 20 % sur la rupture d'un câble, d'un toron ou d'un fil pour
«couvrir» les incertitudes de mesures de pression du vérin.

Comme par suite des pertes, la contrainte de traction ne peut que diminuer dans le temps, l'épreuve de la
mise en tension est une garantie de résistance du câble en service.

1. PERTES PAR FROTTEMENT


Les pertes par frottement sont provoquées par le frottement de l'acier des câbles sur la gaine métallique, ou
plastique servant de conduit aux câbles.

Lors de la mise en tension, le câble tiré du côté du vérin est fixe du côté opposé (ancrage mort dans le cas
d'une mise en tension d'un seul côté).

Le déplacement du câble à l'intérieur de la gaine est gêné par sa c ourbure s'il n'est pas rectiligne (le câble
est « plaqué » sur le côté du centre de courbure), il en est de même en ligne droite, la gaine ni le câble ne

Béton précontraint Page 43


sont rigoureusement rectilignes; on admet en général une variation parasite de l'ordre de 0,5 à 0,75°
d'angle équivalent par mètre de câble.

1.1. Câble courbe: relation courbure-force radiale

Supposons un élément de câble de longueur ds, de rayon de courbure r soumis à un effort de traction F.

d

La force radiale p a pour résultante P = pds.


La variation d'angle entre les deux extrémités de cet élément de câble vaut d .
ds
On a naturellement r
d
L'équilibre des efforts donne: P  F.d  p.ds

d F F
soit: p  F  => p
ds r r
Cette formule est bien connue en hydraulique, elle donne la force de traction exercée par un liquide sur
son enveloppe circulaire F=pr.

Exemple:
Soit un câble parabolique de 40 m de longueur tendu à 2,0 MN et ayant une flèche de 1 m.

Pour une parabole d'équation y = ax 2 le rayon de courbure vaut r = 1/2a.

On trouve :
𝑥2 400
𝑦 = 400 soit 𝑟= 2
= 200 𝑚

La pression radiale exercée par le câble sur le béton vaut:


2
𝑝 = 200 = 0,01 𝑀𝑁/𝑚𝑙
(soit 1,0 t/ml) dirigée vers le haut.

Béton précontraint Page 44


1.2. Frottement en courbe

Si f représente le coefficient de frottement, p la


force radiale, par unité de longueur, le
frottement par mètre linéaire vaut :

d
   f . p   f .F
ds

et la résultante du frottement dF vaut: dF  .ds   f .F .d

d’où l'équation différentielle:


dF
F
  f .d

qui s'intègre en F  F0 .e  f .

La valeur de  à prendre en compte est représentée par la somme des variations d’angle du câble entre
l'ancrage et le point étudié.

On détermine  en additionnant les angles du câble avec l'horizontale en chaque point d'inflexion, à
son extrémité et au point étudié.

Dans le cas d'un câble gauche, on pourra, par souci de simplification, prendre la somme des déviations
angulaires par rapport aux plans verticaux et horizontaux, parallèle à l'axe longitudinal de la poutre.

Calcul des déviations angulaires


Le tracé d’un câble « en post-tension » est composé, généralement, d'un ou plusieurs segments paraboliques.
Dans le cas d'une poutre isostatique symétrique, le tracé du câble est généralement parabolique et l’excentricité
maximale du câble se trouve au milieu de la poutre.
Par contre, dans le cas d'une poutre continue, le tracé du câble est composé de plusieurs segments de paraboles avec
des segments convexes en travée et des segments concaves sur appuis.

Géométrie d’un segment parabolique

Béton précontraint Page 45


Déviation angulaire entre deux points quelconques

Raccordement d'une série de segments paraboliques

Au point B les deux paraboles 1 et 2 ont une même tangente nulle (raccordement est possible).
Pour que le raccordement des paraboles 2 et 3 soit possible, ils doivent avoir la même tangente au point d'inflexion I.

On aura donc:

La tangente commune au point d'inflexion des paraboles (2) et (3) est donnée par:

La déviation angulaire entre A et C est donc donnée par :

Contraintes dans les câbles le long de la poutre suite à la mise en tension

L’allure des diagrammes des contraintes dépend du mode de la mise en tension qui, selon la longueur de la pièce,
pourra être réalisée par une ou deux extrémités.

(1) Diagramme pour une mise en tension par l'extrémité A seulement


(2) Diagramme pour une mise en tension des deux extrémités

Béton précontraint Page 46


Valeurs courantes des variations d'angle 

Pont-dalle

La valeur de  à prendre en compte sur l'appui intermédiaire vaut:  =  1 +  2 +  3


L’angle  1 est de l'ordre de: tg1  2LH en assimilant la courbe à une fraction de parabole de sommet situé à
l'abscisse L, avec:
Ll/2 et Hh/2
d'où: tg1  2lh avec
h 1 1
 à tg1  15
1  0,067 d’où:  = 3° 50'
1
l 25 35
2.0,6.H
Pour une dalle isostatique (Ll/2 et H 0,6h) on aurait: tg1   0,08 soit: 1 = 4° 30'.
l/2
Poutre
Avec h/l variant de 1/15 à 1/20, H~ 0,60 h
2H 4.H
tg1    0,14 soit 1 8°.
l l
2
On retiendra comme angle de relevage à l'appui:
- Dalles: 3 à 5°
- Poutres: 6 à 12°
- Pont en encorbellement 25 à 30° pour les câbles de fléau
- Câbles relevés en travées: 20 à 25°.

1.3. Frottement en ligne droite


Les ondulations parasites du câble correspondent à un angle équivalent par unité de longueur. On définit un
coefficient de frottement par mètre linéaire  et la formule générale du frottement devient:

𝐹(𝑥) = 𝐹0 . 𝑒 −𝑓.𝛼(𝑥)−𝜑.𝑥
Ou en contraintes
𝜎𝑝 (𝑥) = 𝜎𝑝0 . 𝑒 −𝑓.𝛼(𝑥)−𝜑.𝑥

Par une approximation de quelques pour cent, on peut développer en série l'exponentielle et n'en prendre que le
premier terme. L'approximation réalisée ainsi n’est pas supérieure à l'incertitude existant sur les valeurs des
coefficients de frottement.

𝐹 𝑥 = 𝐹0 . 1 − 𝑓. 𝛼 𝑥 − 𝜑. 𝑥 𝜎𝑝 (𝑥) = 𝜎𝑝0 . 1 − 𝑓. 𝛼(𝑥) − 𝜑. 𝑥

La perte est donnée par :


𝛥𝐹 = 𝐹0 − 𝐹 = 𝐹0 . (𝑓. 𝛼(𝑥) + 𝜑. 𝑥)

Les valeurs des coefficients f et  varient suivant la nature du câble et la nature des ingrédients utilisés pour
améliorer le glissement.

Exemple: Considérons la section d'un câble située à 60 m de l'ancrage actif et une variation totale d'angle de
30° (cette valeur représente la somme de toutes les variations d'angle de point d'inflexion à point d'inflexion)
avec f= 0,18 et = 0,0020 nous obtenons par la formule exacte:
Béton précontraint Page 47

0,18. 0,002.60
F  F0 .e 6  0,807.F0
et par la formule approchée:
F  F0.(1  f .  .x)  0,786.F0 soit 3 % de pertes de plus.
Valeurs numériques des coefficients de frottement en post-tension

Pour plus de précisions, on pourra prendre les valeurs données dans l'annexe 3 du BPEL reproduite ci-après.

Dans le cas fréquent où les câbles sont logés


dans des conduits intérieurs au béton et où ils
sont constitués soit de fils tréfilés ronds et lisses,
soit de torons, on peut, pour l'évaluation a priori
des pertes de tension dues au frottement,
s'appuyer sur les valeurs moyennes des
coefficients f et  figurant au tableau ci-contre :

Torons graissés-protégés (graisse ou coulis de


ciment injecté) : f = 0,05 et  = 0,001 m - '.
Câbles extérieurs au béton
0,20 < f < 0,30 pour les tubes en acier,
0,12 < f < 0,15 pour des tubes en polyéthylène
haute densité (PEHD).

2. PERTES PAR GLISSEMENT A L'ANCRAGE (par recul d’ancrage)

Ces pertes correspondent à un glissement des torons ou fils dans les clavettes et des clavettes dans les
plaques d'ancrages lors de la dé-tension du vérin et du blocage des clavettes.

L'effort de traction exercé par le câble bloque par effet de coin les clavettes dans les ancrages. Ce glissement
prend des valeurs de 1 à 12 mm suivant la puissance de l'ancrage et le procédé de précontrainte utilisé. Il
figure dans la fiche d'agrément.

Ce mouvement qui a lieu en sens inverse de celui qui a été créé par la mise en tension, provoque un
frottement de signe opposé au précédent.

Dans le diagramme contrainte-abscisse, la droite représentative de la contrainte est de pente opposée à celle
qui représente le frottement. La pente de cette droite, en valeur absolue, représente la perte de tension par
unité de longueur.

En raisonnant sur un diagramme basé sur l'équation 𝜎𝑝 𝑥 = 𝜎𝑝0 (1 − 𝑓. 𝛼 𝑥 − 𝜑. 𝑥), la tension sous vérin
vaut 0, et après blocage des clavettes et glissement à l'ancrage 2.

Le glissement à l'ancrage (g en mètre) se répercute jusqu'à


l'abscisse  de tension 3 (fig.7).

La symétrie des pentes entraîne :

𝜎0 − 𝜎2 = 2(𝜎0 − 𝜎3 )

A l'abscisse x, on a :
𝜆−𝑥
∆𝜎 = 𝜎0 − 𝜎2 .
𝜆

Béton précontraint Page 48


Un élément de câble de longueur 𝑑𝑥 subit un raccourcissement dû à 𝛥𝜎𝑝 (𝑥) égal à :

𝛥𝑑𝑥 𝛥𝜎𝑝 (𝑥) 𝑑𝑥. 𝛥𝜎𝑝 (𝑥)


= ==> 𝛥𝑑𝑥 =
𝑑𝑥 𝐸𝑝 𝐸𝑝

Or, le glissement g représente l'intégrale de ces raccourcissements, soit :

𝜆 𝜆
1
𝑔= 𝛥𝑑𝑥 = . 𝛥𝜎𝑝 (𝑥). 𝑑𝑥
0 𝐸𝑝 0

L’intégrale représente l’aire du triangle hachuré compris entre les diagrammes des tensions avant et après ancrage
du câble.
𝛥𝜎𝑝 𝑥 = 2. 𝜎𝑝0 − 𝜎𝑝0 (1 − 𝑓. 𝛼 𝑥 − 𝜑. 𝑥)

𝛥𝜎𝑝 𝑥 = 2. 𝜎𝑝0 1 − 1 + 𝑓. 𝛼 𝑥 + 𝜑. 𝑥

𝛥𝜎𝑝 𝑥 = 2. 𝜎𝑝0 𝑓. 𝛼 𝑥 + 𝜑. 𝑥

𝜆 𝜆 𝑔. 𝐸𝑝 𝜆
1 1
𝑔= . 𝛥𝜎𝑝 𝑥 . 𝑑𝑥 = . 2. 𝜎𝑝0 𝑓. 𝛼 𝑥 + 𝜑. 𝑥 . 𝑑𝑥 ⇒ = 𝑓. 𝛼 𝑥 + 𝜑. 𝑥 . 𝑑𝑥
𝐸𝑝 0 𝐸𝑝 0 2. 𝜎𝑝0 0

Si tracé parabolique : 𝛼 𝑥 = 𝐾. 𝑥

𝜆 𝜆
𝑔. 𝐸𝑝 𝜆2
= 𝑓. 𝐾. 𝑥 + 𝜑. 𝑥 . 𝑑𝑥 = 𝑓. 𝐾 + 𝜑 . 𝑥. 𝑑𝑥 = 𝑓. 𝐾 + 𝜑 .
2. 𝜎𝑝0 0 0 2

d'où la longueur d'influence du glissement g :

𝑔. 𝐸𝑝
𝜆=
𝜎𝑝0 𝑓. 𝐾 + 𝜑
Dans le cas général : méthode graphique

La valeur de l’intégral est égale à la surface du triangle « IAA’ »

(x)

Béton précontraint Page 49


En considérant que le diagramme de variation des contraintes est linéaire nous aurons:

3. NON-SIMULTANÉITÉ DE MISE EN TENSION (RACCOURCISSEMENT ÉLASTIQUE)

Supposons qu'une poutre soit armée avec plusieurs câbles de précontrainte. La mise en tension des câbles ne pouvant
s'effectuer que câble par câble, la mise en tension du deuxième câble va entraîner un raccourcissement de la poutre
et du premier câble; de même la mise en tension du troisième câble va entraîner un raccourcissement de la poutre et
les deux premiers câbles et ainsi de suite.

La mise en tension du i ème câble entraine un raccourcissement  l des i-1 câbles précédents.

Au n ième câble le raccourcissement total des câbles est :


𝑛−1
. 𝑛. 𝛥𝑙
2
Il se traduit par une perte de tension pi en moyenne par câble :
𝛥𝜎𝑝𝑖 𝑛 − 1 𝛥𝑙
= .
𝐸𝑝 2 𝑙
 l, étant le raccourcissement du béton provoqué par la mise en tension d’un câble :
𝛥𝑙 𝜎𝑏
=
𝑙 𝑛. 𝐸𝑏𝑖

 b étant la contrainte dans le béton provoquée par l’effet des n câbles qui mettent en jeu le poids propre
de l’ouvrage.  b doit être calculée au niveau du câble moyen

La perte moyenne par câble est donc :


𝑛−1 𝜎𝑏 (𝑥)
𝛥𝜎𝑝𝑛 𝑥 = . 𝐸𝑝 .
2𝑛 𝐸𝑏𝑖
avec: n = nombre de câbles
EP = module d'Young des aciers de précontrainte (200000 MPa pour les fils et 190 000 MPa pour les torons).
b = contrainte moyenne du béton au niveau du câble à la mise en tension.
Ebi = module instantané du béton.

A titre de simplification, qui est justifiée par la faible valeur de cette perte de précontrainte et pour un
nombre élevé de câbles le BPEL retient cette formule :

1 𝜎𝑏 (𝑥) 𝐸𝑝
𝛥𝜎𝑝𝑛 𝑥 = . 𝐸𝑝 . 𝑎𝑣𝑒𝑐 =6
2 𝐸𝑏𝑖 𝐸𝑏𝑖
Pertes instantanées totales
Les pertes instantanées se produisent successivement, donc elles se cumulent :
𝛥𝜎𝑝𝑖 𝑥 = 𝛥𝜎𝑓 𝑥 + 𝛥𝜎𝑟𝑎 𝑥 + 𝛥𝜎𝑝𝑛 𝑥

La tension initiale probable dans les câbles vaut donc:


𝜎𝑝𝑖 𝑥 = 𝜎𝑝0 − 𝛥𝜎𝑝𝑖 𝑥

Béton précontraint Page 50


4. PERTE DUE AU RETRAIT

Le retrait est un phénomène de raccourcissement du béton dans le temps, dû à une évaporation de l'eau
excédentaire contenue dans le béton et à des réactions chimiques. Ce retrait a lieu dans les premiers mois après le
coulage du béton.

Forfaitairement pour le calcul des pertes, le règlement BPEL admet de prendre les valeurs suivantes:
Retrait r en 10 -4
Climat très humide 1,5
Climat humide 2
Climat tempéré sec 3
Climat chaud et sec 4
Climat très sec ou désertique 5

La valeur de la perte de précontrainte due au retrait vaut:

𝑗 𝐵 𝑠𝑒𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛
𝛥𝜎𝑟 = 𝜀𝑟 . 1 − 𝑟(𝑗) . 𝐸𝑝 avec 𝑟 𝑗 = 𝑟𝑚 = ∶ 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑝𝑖è𝑐𝑒 (𝑒𝑛 𝑐𝑚)
𝑗 +9.𝑟𝑚 𝑈 𝑝é𝑟𝑖𝑚 è𝑡𝑟𝑒

La variation de la perte de précontrainte due au retrait au bout d’un temps t est donnée par:

𝛥𝜎𝑟 (𝑡) = 𝜀𝑟 . 1 − (𝑟 𝑡 − 𝑟 𝑗 ) . 𝐸𝑝

r(j) : fonction traduisant l’évolution du retrait en fonction du temps


j : âge du béton à la date de mise en précontrainte

5. PERTE DUE AU FLUAGE

Le fluage est caractérisé par une augmentation de la déformation du béton dans le temps. Ainsi pour une
pièce comprimée qui subit un raccourcissement instantané i à la mise en charge, on constate que la
déformation totale dans le temps augmente et peut atteindre 3 fois la déformation instantanée .

Le raccourcissement instantané vaut:


𝛥𝑙 𝜎𝑏
=
𝑙 𝐸𝑏𝑖
Le raccourcissement final vaut environ 3 l ,
l
La part due au fluage vaut donc:
2. 𝜎𝑏
𝜀𝑓𝑙 =
𝐸𝑏𝑖
qui s’écrit :
𝜎𝑏
𝜀𝑓𝑙 = 𝜀𝑖 . 𝜙 𝑡 − 𝑡0 . 𝑓 𝑡 − 𝑡1 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝜀𝑖 = 𝜙 𝑡 − 𝑡0 = 2 𝑓 𝑡 − 𝑡1 = 1
𝐸𝑏𝑖

Le raccourcissement des aciers de précontrainte vaut donc fl, ce qui entraîne une perte de précontrainte
fl:
𝐸𝑝
𝛥𝜎𝑓𝑙 = 2. 𝜎𝑏𝑐
𝐸𝑏𝑖
qui s’écrit : 𝛥𝜎𝑓𝑙 = 𝜀𝑓𝑙 . 𝐸𝑝
où  bc représente la contrainte moyenne du béton au niveau du câble que l'on peut supposer calculée à un
temps infini.

Béton précontraint Page 51


Pour plus de précision, on pourra utiliser la formule donnée par le BPEL:
𝐸𝑝
𝛥𝜎𝑓𝑙 = (𝜎𝑏 + 𝜎𝑀 )
𝐸𝑖𝑗
b = contrainte finale dans le béton au niveau du câble moyen sous l’effet de la précontrainte finale et les charges
permanentes
M = contrainte maximale (initiale) dans le béton au niveau du câble moyen sous l’effet de la précontrainte initiale et
les charges permanentes.

A titre de simplification et lorsque M  b le BPEL permet l’utilisation de l’expression suivante:


𝐸𝑝
𝛥𝜎𝑓𝑙 = 2,5. 𝜎𝑏 .
𝐸𝑖𝑗

6. PERTE PAR RELAXATION

La relaxation de l'acier est un relâchement de tension à longueur constante. Elle n'apparaît pour les aciers à
haute limite élastique utilisée en béton précontraint que pour les contraintes supérieures à 30 ou 40 % de
leur contrainte de rupture garantie.

Elle dépend de la nature de l'acier, de son traitement et l'on distingue des aciers:
- à relaxation normale, RN ;
- à très basse relaxation, TBR.

Compte tenu de la faible différence de coût existant entre ces aciers, l'économie réalisée sur les aciers par
une perte par relaxation plus faible, fait choisir en général les aciers TBR.

Un acier est caractérisé par sa relaxation à 1 000 heures exprimée en % =  l000 .

En général:  l000= 2,5 % pour les aciers TBR et  l000 = 8 % pour les aciers RN.

La perte finale par relaxation s'écrira alors:


6 𝜎𝑝𝑖 𝑥
𝛥𝜎𝜌 𝑥 = . 𝜌1000 . − 𝜇0 . 𝜎𝑝𝑖 𝑥
100 𝑓𝑝𝑟𝑔
 pi étant la tension initiale de l'acier, c'est-à-dire après pertes instantanées, f prg la contrainte de rupture
garantie,  o un coefficient pris égal à :
- 0,43 pour les aciers, TBR ;
- 0,3 pour les aciers, RN ;
- 0,35 pour les autres aciers.

La perte de tension par relaxation de l’acier soumis à une contrainte initiale pi est exprimée dans le temps t par
l’expression suivante:

7. VARIATION DANS LE TEMPS DES PERTES DIFFÉRÉES

La perte différée finale est prise égale à :

 d   r   fl  5  
6
Le coefficient 5/6 tient compte de la non-indépendance des pertes. La perte par relaxation diminue sous
l'effet du retrait et du fluage du béton.

Béton précontraint Page 52


La valeur des pertes de précontrainte différée à l'âge j varie dans le temps en fonction de sa valeur finale
 d :
 dj  r ( j ). d
j
avec r ( j ) 
j  9.rm
(j en jours, r m vu plus haut à propos du fluage, exprimé en cm).

Valeurs probables, valeurs caractéristiques de tension

Valeur probable de la tension dans un câble de précontrainte


La valeur probable de la tension est la contrainte disponible dans les câbles après pertes.
On distingue la valeur probable initiale et la valeur probable finale

.
La valeur probable finale est aussi appelée la tension moyenne

Valeurs caractéristiques de la tension dans un câble de précontrainte utilisés vis-à-vis des ELS
𝜎𝑝1 (𝑥) = 1,02. 𝜎𝑝0 − 0,8. ∆𝜎𝑝 𝑥 valeur caractéristique maximale
𝜎𝑝2 (𝑥) = 0,98. 𝜎𝑝0 − 1,2. ∆𝜎𝑝 𝑥 valeur caractéristique minimale

∆𝜎𝑝 𝑥
∆𝜎𝑝 𝑥

Le BPEL prend :
 2% d’incertitude sur la valeur de la tension initiale ceci est justifié par le contrôle rigoureux effectué lors de la
mise en tension (Pression au manomètre et allongement réel comparé à l’allongement théorique).
 20% d’incertitude sur les pertes vu quelles sont issues d’un calcul théorique basé sur plusieurs paramètres
empiriques.

Valeurs probable moyennes de la tension dans un câble de précontrainte utilisés vis-à-vis des ELU
𝜎𝑝𝑚 (𝑥) = 𝜎𝑝0 − ∆𝜎𝑝 𝑥

Béton précontraint Page 53


Béton précontraint
LA FLEXION EN ÉTAT-LIMITE DE SERVICE

1- GÉNÉRALITÉS

 Pour la justification des ELS d’une section fléchie, on est amené à faire:

 soit une détermination de la section

 choix de la forme de la section:


 détermination du coffrage (largeur, hauteur, ...),
 calcul de l'effort de précontrainte P appelé «la précontrainte»,
 détermination de l'excentricité du câble moyen e0;

 soit une vérification des contraintes du béton en compression et en traction.

 La section est calculée en flexion composée, on doit s'assurer que les sollicitations agissantes restent dans le
domaine de sécurité.
 Si l'on trace le diagramme d'interaction moment-effort, la courbe limite du domaine de sécurité a l’allure de la
figure 1.

fig 1 Diagramme d’interaction M-N

 La section sera vérifiée si et seulement si les points représentatifs des sollicitations appliquées sont à l'intérieur
de la courbe.

 Pour un effort de précontrainte donné P, les moments appliqués à la section doivent être compris entre Mmax
et Mmin

 On doit prendre en compte les moments maximum et minimum qui pour une poutre sur deux appuis simples,
correspondent aux cas souvent désignés par en charge pour le moment maximum et à vide pour le moment
minimum.

 Pour la détermination de la précontrainte minimum P et l'excentricité eo, deux cas peuvent se présenter:

 l'excentricité calculée est réalisable, c'est-à-dire que les câbles excentrés resteront à l'intérieur du béton.
Nous dirons que la section est sous-critique (fig. 2 a) ;

 l'excentricité calculée est telle que le câble serait à l'extérieur du béton; on n'aurait pas l'enrobage
suffisant pour éviter la corrosion, la section sera dite sur-critique. L'excentricité sera alors limitée à la
valeur - (v' - d') (fig 2 b).

Béton précontraint Page 54


fig 2

2. LA FLEXION EN CLASSE I

2.1. Vérification d'une section

fig 3 Diagramme des contraintes sous Mmin fig 4 Diagramme des contraintes sous Mmax

 Le calcul se fera en supposant le matériau homogène puisqu'il n'y a pas de traction.

 On désigne par:
P la valeur de la précontrainte,
eo son excentricité, comptée positivement vers le haut,
v et v' la distance du centre de gravité de la section à la fibre la plus comprimée et la plus tendue,
I le moment d'inertie de la section par rapport à son centre de gravité,
B l'aire de la section,
Mmax le moment maximum Mmin le moment minimum.

 Pour la valeur de la précontrainte de calcul suivant le BPEL, on doit considérer les deux cas de précontrainte
maximum P1 et minimum P2.

 Les contraintes se calculent par la formule classique de la résistance des matériaux:

P M .y
 
B I

Béton précontraint Page 55


 On distingue pour l'action de la précontrainte :
P
 la contrainte de compression moyenne due à P que nous appellerons  G

B
 et la contrainte de flexion due à l'excentricité de cette précontrainte qui vaut:

P e0 v P e0 v '
ou 
I I
 Nous représenterons l'état des contraintes en tout point de la section sous forme de diagramme de contraintes
(fig. 3).

 La vérification des contraintes se traduit par les quatre inéquations suivantes:

P P e0 v M min v
  ts  0
P P e0 v M max v
      cs
B I I B I I

P P e0 v' M min v'


    ci P P e0 v' M max v'
    ti  0
B I I B I I
Où cs et ci représentent les contraintes admissibles de compression sur la fibre supérieure et inférieure,
ts et ti les contraintes admissibles de traction sur la fibre supérieure et inférieure

Section brute - section nette - section homogène

 Dans le calcul précédent, nous avons pris en compte la section brute de béton sans tenir compte :

 des évidements correspondant aux gaines qui, malgré le coulis d'injection, ne peuvent jouer un rôle
résistant à la compression,

 ni de l'acier de précontrainte qui, une fois les gaines injectées, devient adhérent au reste du béton et
donc participe à la résistance de la section.

 Nous serons alors amenés à considérer :

 la section brute de béton qui est utilisée pour les calculs approchés;

 la section nette correspond au cas de calcul des contraintes agissant avant l’injection des câbles,
c'est-à-dire sous l'action des charges permanentes existant lors de l'injection des câbles. Elle se
calcule en tenant compte des vides des gaines ;

 la section homogène qui correspond à la section brute de béton moins les vides des gaines, plus
l'acier de précontrainte pris en compte avec un coefficient d’équivalence n. Cette section sera prise
en compte pour le calcul des contraintes appliquées après l'injection des gaines.

Béton précontraint Page 56


2.2. Détermination de la précontrainte et de son excentricité

 Nous supposons connue la section de béton.

2.2.1 Centre de pression

 On appelle centre de pression le point de passage de la résultan te de compression du béton.

Fig 5

 Cette résultante, qui équilibre les efforts extérieurs, est égale à la valeur de l'effort de précontrainte P.
 Ainsi pour les différents diagrammes de contraintes de la figure 5, nous avons :
 une contrainte constante (a) pour un centre de pression situé au centre de gravité de la section,
 une contrainte nulle pour un centre de pression situé à la limite du noyau central (b).

 Appelons c la distance du centre de pression au centre de gravité pour une contrain te nulle en fibre
inférieure et c' la distance du centre de pression au centre de gravité pour une contrainte nulle en fibre
supérieure.

 La formule classique qui permet de calculer les contraintes donne:

P P.c I
 0 d’où c   .v
B I B.v'
v'
I
en posant  rendement de la section.
B.v.v'

P P.c'
De même:  0 d’où c'  .v'
B I
v

=> c  .v c'  .v'

Béton précontraint Page 57


2.2.2.Action d'un moment M sur la position du centre de pression (fig 6)

fig 6

 Le moment résistant du béton par rapport au centre de gravité vaut :

P.e1 dans le cas (1) et P.e2 dans le cas (2).

 On passe du cas (1) au cas (2) par adjonction d'un moment M.

 La différence des moments résistants P.e2 – P.e1 est égale à ce moment extérieur M
M
soit: e  e 2  e1 
P
 On retiendra que l'action d'un moment positif M relève le centre de pression de la valeur M/P.

2.2.3. Représentation graphique de l'action des moments extérieurs Mmax et Mmin (fig. 7)

fig 7

 Sous l'action de la seule précontrainte, le centre de pression se trouve au niveau du câble moyen (excentricité e o,
positive vers le haut).

 L'application du moment minimum Mmin va déplacer le centre de pression d'une valeur algébrique (positive vers le
haut) égale à Mmin/P .

 Pour que la contrainte reste positive, on a vu que le centre de pression doit se situer au-dessus du point
d'ordonnée - c', ce qui se traduit par l'inégalité:
M min
e0   c '
P
 De même sous l'action du moment maximum Mmax, le centre de pression doit rester en dessous du point d'ordonnée
+ c d'où l'inégalité:

Béton précontraint Page 58


M max
e0  c
P
2.2.4. Détermination de la précontrainte minimale (section sous-critique)

 La précontrainte minimale sera obtenue lorsque les inégalités précédentes deviennent des égalités, c'est-à-dire
lorsque les points d'ordonnée c et - c' sont atteints par le centre de pression.

M min
e0   c '
P
M max  c M max  M min  c  c'
e0  
P P P
M
P M  M max  M min
Soit :
c  c' avec

Et comme on a vu que c  .v , c'  .v' et v  v'  h

M
P
d’où la précontrainte minimum:
 .h
2.2.5. Détermination de l'excentricité eo (sous-critique),

Sachant que:  c' M min  e0  c  M max


P P

fig 8

M
 Si P est déterminé par l'équation P  ,
 .h
M min M
 on a alors: e0  c'  c  max
P P

Béton précontraint Page 59


2.2.6. Section sur-critique

fig 9

 Si l'excentricité ainsi calculée est telle que le câble n'a plus l'enrobage minimum, la section est dite sur-critique,
l'excentricité vaut alors eo=-(v' - d') et la précontrainte à appliquer est plus importante que celle calculée
précédemment, car l'on doit compenser le manque d'excentricité par un accroissement de la valeur de la
précontrainte.
M max  c
 La valeur de la précontrainte sur-critique est obtenue à partir de l'inégalité e0  transformée en
P
M max  c
égalité: e0 
P

e0  (v'd ' ) P  M max P


M max
avec
c  v'd ' ou
v  v'd '

 Dans la pratique, on calcule les deux précontraintes sous-critique et sur-critique et on retiendra la valeur
maximum des deux valeurs calculées.

 La section sera dite sur-critique si la précontrainte sur-critique est supérieure à la précontrainte sous-critique.

 On constate que la section sera sur-critique pour de faibles valeurs de


M par rapport au moment maximum Mmax c'est-à-dire pour des
charges variables faibles.

 En section sur-critique, le centre de pression atteint bien l'ordonnée + c


sous moment maximum.
fig 10

 Donc on retiendra que sous moment minimum, la contrainte minimum admissible n'est pas atteinte en section
sur-critique.

Béton précontraint Page 60


2.3. Détermination de la section de béton
 Les seuls éléments connus sont les moments maximum et minimum et nous nous proposons de déterminer la
section de béton minimum, la précontrainte et son excentricité.

2.3.1. Section sous-critique


 Comme la section est sous-critique, on peut atteindre les contraintes limites admissibles. La section la plus
économique sera effectivement celle qui fait travailler le béton au maximum de ses capacités. Du diagramme
limite de la figure 11, on déduit que la variation de contrainte due à la variation de moment permet d'écrire:

fig 11
𝛥𝑀 𝛥𝑀
𝛥𝜎𝑖 = 𝜎𝑐𝑖 − 𝜎𝑡𝑖 = 𝛥𝜎𝑠 = 𝜎𝑐𝑠 − 𝜎𝑡𝑠 =
𝐼 ′ 𝐼
𝑣 𝑣
𝐼 𝛥𝑀 𝐼 𝛥𝑀
d’où = 𝛥𝜎 = 𝛥𝜎
𝑣 𝑠 𝑣′ 𝑖

 Si les contraintes admissibles sont les mêmes sur les fibres supérieures et inférieures, la section la plus
économique en sous-critique est une section symétrique.

2.3.2. Section sur-critique


 Le seul paramètre de calcul est la contrainte admissible cs. en fibre supérieure à atteindre pour obtenir la section
économique:
𝑃 𝑃𝑒0 𝑀𝑚𝑎𝑥
𝜎𝑐𝑠 = + +
𝐵 𝐼 𝑣 𝐼
𝑣
𝐼 1 𝜌.𝑣.𝑣′
L’égalité: 𝜌 = 𝐵.𝑣.𝑣′ donne =
𝐵 𝐼

𝑚𝑎𝑥 𝑀 𝑚𝑎𝑥 𝑀
et 𝑃 = 𝜌 .𝑣+𝑣 ′ −𝑑 ′ = 𝜌.𝑣−𝑒
0

donne 𝑀𝑚𝑎𝑥 = 𝑃. 𝜌. 𝑣 − 𝑃. 𝑒0
On obtient :

𝑃𝜌𝑣 ′ 𝑃𝑒0 𝑃𝜌𝑣 𝑃𝑒0 𝑃𝜌𝑕


𝜎𝑐𝑠 = + + − =
𝐼 𝐼 𝐼 𝐼 𝐼
𝑣 𝑣 𝑣 𝑣 𝑣
𝐼 𝑃𝜌 𝑕
d’où =
𝑣 𝜎𝑐𝑠

comme les contraintes limites peuvent être atteintes sur la fibre inférieure, on a de nouveau.
𝐼 𝛥𝑀
=
𝑣′ 𝛥𝜎𝑖
 On constate que la détermination de I/v suppose la connaissance de P, , h qui elle même suppose la
connaissance de la section. On ne pourra alors que procéder par approximations successives.

Béton précontraint Page 61


3. LA FLEXION EN CLASSE II

 La classe II diffère de la classe I par des contraintes de traction admissible non nulles. Le calcul de la section se fait
en supposant celle-ci non fissurée. Les formules que nous allons déterminer sont une extension des formules
précédentes.

3.1. Vérification des sections

 On procèdera de la même façon que pour la classe I. Les inéquations à vérifier sont les mêmes que celles du
paragraphe 3-1 à savoir:

P P e0 v M min v P P e0 v M max v
    ts     cs
B I I B I I

P P e0 v' M max v'


  ti
P P e0 v ' M min v '
    ci  
B I I B I I

3.2. Détermination de P et eo

 Les mêmes équations que pour la classe I peuvent s'écrire à la seule différence que les valeurs c et c' ne sont plus
égales à v et v', mais supérieures à ces valeurs puisqu'elles représentent les bornes du noyau central.

 Au lieu d'essayer de déterminer les nouvelles valeurs de c et c', il est plus aisé de partir des valeurs trouvées en
classe I en ajoutant l'influence de la contrainte admissible de traction.

fig 12

3.2.1. Section sous-critique

 Au diagramme des contraintes obtenues en classe I, ajoutons le supplément de précontrainte apporté par les
contraintes de traction admissibles ti sur la fibre inférieure et ts sur la fibre supérieure (valeurs algébriques donc
négatives pour une traction).

 En étudiant la contrainte sur la fibre inférieure on obtient:


𝑣
𝛥𝑃1 = 𝜎𝑡𝑖 .
.𝐵
𝑕
 De même, la conséquence d'une contrainte admissible de traction égale à ts sur la fibre supérieure induit un
effort de précontrainte:
𝑣′
𝛥𝑃2 = 𝜎𝑡𝑠 . .𝐵
𝑕

Béton précontraint Page 62


 d’où l'effort de précontrainte en classe II:

𝑃 = 𝑃1 + 𝛥𝑃1 + 𝛥𝑃2

𝛥𝑀 𝐵
𝑃= + 𝑣. 𝜎𝑡𝑖 + 𝑣 ′ . 𝜎𝑡𝑠
𝜌. 𝑕 𝑕

Comme les valeurs de ti et ts sont négatives, l'effort de précontrainte nécessaire est plus faible qu'en classe I

Détermination de l'excentricité eo

 Au diagramme des contraintes de classe I, sous moment maximum, s'ajoute un moment M induit par la
contrainte admissible ti tel que (fig. 14) :

𝛿𝑀 𝜎𝑡𝑖 .𝐼
𝜎𝑡𝑖 = − 𝐼 soit 𝛿𝑀 = −
𝑣′ 𝑣′

 Sous l'action de ce moment le centre de pression remonte (si M est positif) de:

𝛿𝑀 𝜎𝑡𝑖 . 𝐼 𝜎𝑡𝑖
=− = − . 𝜌. 𝐵. 𝑣
𝑃 𝑃. 𝑣′ 𝑃
𝜎𝑡𝑖
donc la valeur c vaut: 𝑐 = 𝜌. 𝑣 – 𝜌. 𝐵. 𝑣. 𝑃

𝜎𝑡𝑠
de même pour la fibre supérieure: 𝑐′ = 𝜌. 𝑣′ – 𝜌. 𝐵. 𝑣′.
𝑃

d'où les valeurs de l'excentricité:

𝑀𝑚𝑎𝑥 + 𝜌. 𝐵. 𝑣. 𝜎𝑡𝑖 𝑀𝑚𝑖𝑛 + 𝜌. 𝐵. 𝑣′ . 𝜎𝑡𝑠


𝑒0 = 𝜌. 𝑣 – 𝑒0 = −𝜌. 𝑣′ –
𝑃 𝑃
Détermination de la section

 En utilisant le même raisonnement que celui de la classe I la solution la plus économiq ue de béton est
obtenue lorsque les contraintes limites sont atteintes, soit :

𝐼 𝛥𝑀 𝐼 𝛥𝑀
= =
𝑣 𝛥𝜎𝑠 𝑣′ 𝛥𝜎𝑖

𝛥𝑀
𝛥𝜎𝑠 = 𝜎𝑐𝑠 − 𝜎𝑡𝑠 = 𝐼 en fibre supérieure
𝑣
𝛥𝑀
𝛥𝜎𝑖 = 𝜎𝑐𝑖 − 𝜎𝑡𝑖 = 𝐼 en fibre inférieure
𝑣′

3.2.2. Section sur-critique


 L'excentricité est alors imposée à sa valeur maximale admissible compatible avec les conditions
d'enrobage:
𝑒0 = −(𝑣 ′ − 𝑑 ′ )

Béton précontraint Page 63


Détermination de la précontrainte P

 On passe du diagramme de contraintes de classe I à celui de classe II en ajoutant un diagramme


triangulaire dû à la contrainte de traction admissible ti qui correspond à un moment résistant M
supplémentaire pour la section (fig. 13) qui vaut :

fig 13
𝜎𝑡𝑖 . 𝐼
𝛿𝑀 = = 𝜎𝑡𝑖 . 𝜌. 𝐵. 𝑣
𝑣′
 De la relation de la classe I, nous tirons:
𝑀𝑚𝑎𝑥 = 𝑃. (𝜌. 𝑣 + 𝑣 ′ − 𝑑 ′ )

le moment résistant M s'ajoute algébriquement à M max de sorte que l'équation devient:

𝑀𝑚𝑎𝑥 + 𝜌. 𝐵. 𝑣. 𝜎𝑡𝑖
𝑃=
𝜌. 𝑣 + 𝑣 ′ − 𝑑′
Détermination de la section de béton

fig 14

 De cette figure, nous tirons:


𝜎𝑡𝑖 . 𝐼 𝛿𝑀 𝜎𝑡𝑖 . 𝐼
𝛿𝑀 = 𝑒𝑡 =
𝑣′ 𝑃 𝑃. 𝑣′

𝑀𝑚𝑎𝑥 𝜎𝑡𝑖 . 𝐼
𝑒0 + = 𝑐 = 𝜌. 𝑣 –
𝑃 𝑃. 𝑣′

 d'autre part la contrainte en fibre supérieure vaut:

𝑃 𝑀𝑚𝑎𝑥 + 𝑃. 𝑒0
𝜎𝑡𝑖 = +
𝐵 𝐼
𝑣

Béton précontraint Page 64


 Des deux dernières équations nous tirons:

𝑃 𝑃. 𝜌. 𝑣 − 𝜎𝑡𝑖 . 𝐼/𝑣′
𝜎𝑐𝑠 = +
𝐵 𝐼
𝑣
1
avec 𝐵 = 𝜌.𝑣.𝑣′

𝑃. 𝜌. 𝑣. 𝑣′ 𝑃. 𝜌. 𝑣. 𝑣 𝑣
𝜎𝑐𝑠 = + − 𝜎𝑡𝑖
𝐼 𝐼 𝑣′
d'où:
𝑣 𝑃. 𝜌. 𝑣 𝑃. 𝜌. 𝑕. 𝑣
𝜎𝑐𝑠 + 𝜎𝑡𝑖 = 𝑣 + 𝑣′ = +
𝑣′ 𝐼 𝐼

et
𝐼 𝑃. 𝜌. 𝑕
=
𝑣 𝜎𝑐𝑠 + 𝑣 . 𝜎𝑡𝑖
𝑣′

Béton précontraint Page 65


4. LA FLEXION EN CLASSE III

4.1. Vérification d'une section

 La vérification de la section se fait en section fissurée c'est-à-dire en négligeant la résistance du béton tendu,
comme en béton armé.

 On est donc ramené à l'étude de béton armé d'une section soumise à la flexion composée à la différence que
l'effort normal de compression augmente avec l'allongement.

 On peut ainsi considérer l'effort de compression égal à l'effort de précontrainte augmenté de l'effort de
surtension correspondant au cas où la contrainte du béton au niveau du câble est nulle.

 On prendra alors la surtension de l'acier correspondant à la traction du béton comme un effort résistant au
même titre qu'un acier de béton armé.

 Comme il n'existe pas de limitation de contrainte du béton en traction pour le béton tendu fissuré, on procèdera à
deux types de calcul.

4.1.1. Sous moment minimum (fig.15)

AP = armature de précontrainte
A'S = armature passive supérieure
AS = armature passive inférieure

fig 15

 On négligera la résistance des armatures comprimées (qui d'après le BAEL doivent être tenues tous les 15 fois le
diamètre par des armatures transversales pour pouvoir être prises en compte en compression).

 Le calcul est donc ramené à une vérification de béton armé, en flexion composée avec un moment Mmin, une
compression P' excentrée de eo et une section d'acier tendu As',

avec : P' = P + P' ; P = effort de précontrainte ;


P' = AP.’p ;
’p = n.c ; n = EP/Eb où n représente le coefficient d'équivalence.

c, = contrainte du béton au niveau du câble sous l'action de la précontrainte et des charges permanentes
existant à la mise en tension.

 Pour une section rectangulaire ou en Té, on


pourra, par exemple utiliser les formules de
l'équation du 3e degré: y 3 + py + q= 0 avec c
distance du centre de pression à la fibre la
plus comprimée:

𝑀𝑚𝑖𝑛
𝑐 = 𝑣 ′ + 𝑒0 + 𝑃′
fig 16

Béton précontraint Page 66


3.𝑏1 𝑏1 6.𝑛.𝐴′𝑠
𝑝=− . 𝑐2 +3 − 1 . 𝑐 − 𝑕1 2
+ . 𝑕 − 𝑑′ − 𝑐
𝑏0 𝑏0 𝑏0

2. 𝑏1 3 𝑏1 3
6. 𝑛. 𝐴′𝑠 2
𝑞=− .𝑐 + 2 − 1 . 𝑐 − 𝑕1 − . 𝑕 − 𝑑′ − 𝑐
𝑏0 𝑏0 𝑏0

 La racine y de cette équation permet de déterminer la position de la fibre neutre: x =y+c

 d’où la contrainte de compression du béton:


𝑥. 𝑃′
𝜎𝑏𝑐 =
𝑏0 . 𝑥 2 𝑏1 − 𝑏0 ′ ′
2 + 2 . 𝑕1 . 2. 𝑥 − 𝑕1 − 𝑛. 𝐴𝑠 . 𝑕 − 𝑑 − 𝑥

 et la contrainte de traction de l'acier supérieur:


𝑕 − 𝑑′ − 𝑥
𝜎𝑠′ = 𝑛. 𝜎𝑏𝑐 .
𝑥

4.1.2. Sous moment maximum (fig. 17)

fig 17

 Calculons le moment résistant M 1 de la section correspondant au cas où la contrainte de flexion du béton est
nulle au niveau du câble (fig. 18 a).

 Ecrivons que la contrainte c. est nulle:


𝑃 𝑃. 𝑒0 + 𝑀1
𝜎𝑐 = + . 𝑒0 = 0
𝐵 𝐼
d'où:
𝐼 𝑃 𝜌. 𝑣. 𝑣 ′ . 𝑃
𝑀1 = − . − 𝑃. 𝑒0 = − − 𝑃. 𝑒0
𝐵 𝑒0 𝑒0

 Si le moment Mmax est inférieur à M1, la section est non fissurée et à calculer en classe I ou II suivant le cas.

 Si le moment Mmax est supérieur à M1, la section sera calculée comme en béton armé en flexion composée avec
un acier passif AS situé à la distance d de la fibre supérieure et un acier actif AP situé à (v - eo) de la fibre
supérieure.

 Pour le cas particulier d'une section rectangulaire ou en Té, on pourra utiliser les formules suivantes (fig. 18) :

Béton précontraint Page 67


fig 18
P' = P + P'
P' = AP.’p ;
’p = n.c ; n = EP/Eb où n représente le coefficient d'équivalence.
c, = contrainte du béton au niveau du câble sous l'action de la précontrainte et des charges permanentes
existant à la mise en tension.

𝑀𝑚𝑎𝑥
𝑐 = 𝑣 − 𝑒0 −
𝑃′
3.𝑏 𝑏 6.𝑛.𝐴𝑠 6.𝑛.𝐴𝑝
𝑝 = − 𝑏 . 𝑐2 + 3 𝑏0
− 1 . 𝑐 − 𝑕0 2
+ 𝑏0
. 𝑑−𝑐 + 𝑏0
. 𝑣 − 𝑒0 − 𝑐
0

2. 𝑏 3 𝑏 3
6. 𝑛. 𝐴𝑠 2
6. 𝑛. 𝐴𝑝 2
𝑞=− .𝑐 + 2 − 1 . 𝑐 − 𝑕0 − . 𝑑−𝑐 − . 𝑣 − 𝑒0 − 𝑐
𝑏0 𝑏0 𝑏0 𝑏0

 y est racine de l'équation du 3e degré: y 3 + py + q = o et la position de la fibre neutre est donnée par :

x=y+c;

 d'où la contrainte de compression du béton:

𝑥. 𝑃′
𝜎𝑏𝑐 =
𝑏0 . 𝑥2 𝑏 − 𝑏0
+ . 𝑕0 . 2. 𝑥 − 𝑕0 − 𝑛. 𝐴𝑠 . 𝑑 − 𝑥 − 𝑛. 𝐴𝑝 . 𝑣 − 𝑒0 − 𝑥
2 2

 la contrainte de traction de l'acier passif:


𝑑−𝑥
𝜎𝑠 = 𝑛. 𝜎𝑏𝑐 .
𝑥

 et la surtension de l'acier de précontrainte:


𝑣 − 𝑒0 − 𝑥
𝛥𝜎𝑝 = 𝑛. 𝜎𝑏𝑐 .
𝑥

4.2 Détermination de la section


 La détermination de la section, de la précontrainte et de l'excentricité est rendu difficile du fait du nombre élevé
de paramètres. On procèdera par approches successives.

Béton précontraint Page 68


5- Aciers passifs

 Deux types d’aciers passifs sont à prévoir dans les ouvrages en béton précontraint.
 les armatures de peau
 les armatures dans les zones tendues

5-1 Aciers de peau:


 Ces aciers ont pour rôle de limiter les déformations dues au retrait différentiel du béton et des gradients
thermiques.

 Ils sont disposés dans les zones périphériques des pièces.

 Pour toutes pièces dont la plus grande dimension transversale excède dépasse 40 cm, on doit disposer des
armatures de peau régulièrement espacées. La quantité est en fonction des dimensions de la pièce.

 Pour la direction parallèle à la fibre moyenne d’une poutre, on dispose 2 à 3 cm² par mètre linéaire de
parement perpendiculaire à leur direction avec un minimum de 0.1% de la section de l’élément.

 Pour la direction parallèle à la section transversale, on dispose 1,5 à 2 cm² par mètre linéaire de parement
perpendiculaire à leur direction.

Remarque : On peut prendre en compte les armatures actives prétendues (en précontrainte par pré-tension) dans le
calcul des armatures de peau si elles sont situées dans la zone périphérique de la section.

5-2 Acier longitudinal dans les zones tendues:


 On doit disposer des armatures passives dans les zones tendues du béton pour limiter l’ouverture des fissures et
éviter les déformations excessives. Cette quantité d’acier est calculée à partir de l’expression suivante :

Avec :
Bt = la section du béton tendu
NBt = la force résultante de traction dans le béton.
fe = la limite élastique de l’acier passif
ftj = la contrainte caractéristique de traction du béton
Bt = la valeur absolue de la contrainte maximale de traction dans la section.

 On doit noter que le calcul des contraintes permettant de déterminer Bt et NBt est effectué en section non fissurée
quelque soit la classe de justification de l’ouvrage.

Remarque :
Dans le cas où les armatures actives prétendues sont considérées comme armatures de peau, on peut en tenir
compte dans le calcul des armatures dans les zones tendues en utilisant l’expression suivante :

avec: Ap = section d’armature de précontrainte

 Les aciers de
précontrainte ne sont considérés comme armatures de peau
seulement lorsqu’ils sont placés à une distance inférieure au

Béton précontraint Page 69


sup.(2/3 a ; 5cm) du parement tendu le plus proche. (a = la hauteur de la zone tendue)

fig 19

 La section d’armature passive ainsi calculée n’est pas à cumuler avec les aciers de peau. Il faut donc, prendre la
valeur maximale des deux déterminations à condition qu’elles soient placées en zone périphérique de la section
du béton

6- CARACTERISTIQUES GEOMETRIQUES

Rendement géométrique 
 Il a souvent été fait appel à un paramètre =I/Bvv’ appelé rendement géométrique.

 Plus ce coefficient sans dimension est élevé, plus la section est économique pour le calcul à la flexion, car elle
possède une grande inertie pour une faible section.

 Pour les sections rectangulaires:


𝑏. 𝑕3 /12 1
𝜌= =
𝑏. 𝑕. 𝑕/2. 𝑕/2 3

 En première approximation, on pourra retenir les valeurs suivantes:


 - section circulaire = 0,25
 - section rectangulaire = 1/3
 - section en Té massive de 0,35 à 0,40
 - section en Té légère de 0,40 à 0,45
 - section double Té massive de 0,45 à 0,50
 - section double Té légère de 0,50 à 0,60
 - section caisson de 0,55 à 0,65

fig 20

Béton précontraint Page 70


Béton précontraint Page 71
Béton précontraint
ETAT LIMITE ULTIME DE RESISTANCE DES POUTRES EN FLEXION

 Les justifications conduites aux ELS permettent de garantir le bon fonctionnement des structures en régime
normal,
 mais ne visent pas le risque de rupture vis-à-vis d'un dépassement accidentel des charges de
service.

 La sécurité vis-à-vis de ce risque de rupture ne peut-être appréciée que par les vérifications à l'ELU de
résistance des matériaux.

1.- MECANISME DE LA RUPTURE EN FLEXION

1.1- GENERALITES

 Sous les sollicitations de service, le comportement des poutres précontraintes diffère totalement de celui des
poutres simplement armées (en BP le béton conserve son intégrité alors qu’en BA, le béton est fissuré),

 Sous les sollicitations ultimes, il n'en est plus de même au voisinage de la rupture. En effet, à condition que
les armatures de précontrainte aient une adhérence suffisante, les comportements de deux types
d'association acier-béton deviennent voisins comme le montre la courbe charge-flèche de la figure n°1.

fig 1

 A l'ELU, la section de béton précontraint comme celle de béton armé est fissurée.
 Au moins un des deux matériaux constitutifs atteint sa limite de résistance que l'on traduit alors par
une limite de déformation.

 Les principes de calcul et les hypothèses fondamentales seront identiques pour les deux types de matériaux.

 Deux cas de ruine sont généralement distingués:

 le premier se produit par suite de l'allongement excessif des armatures (rupture dite "par l'acier");

 le second, plus rare, correspond à l'insuffisance de résistance du béton.

 En réalité, dans ces deux cas la rupture se traduit toujours par :

 l'écrasement du béton soit que ce dernier soit insuffisamment dimensionné (rupture dite "par le
béton"),

 soit que l'allongement excessif de l'acier conduise à une courbure importante de la poutre et à
l'éclatement du béton en partie supérieure.

Béton précontraint Page 72


1.2- DIAGRAMME DES DEFORMATIONS D'UNE SECTION DROITE

 Les diagrammes des déformations d'une section droite de poutre en BP sont linéaires, en vertu de
l'hypothèse de NAVIER-BERNOULI,

 La figure n°2 présente, pour une section donnée,


ces trois diagrammes de déformations.

 à vide (1),
 à la décompression du béton (2)
 et en charge (3).

fig 2

 On suppose, dans cet exemple, que la section est munie :


 d'aciers de précontrainte Ap
 et d'aciers passifs As.

 La déformation des aciers passifs, s, a pour origine la décompression du béton (diagramme 2).

 L'acier de précontrainte, au contraire, est déjà tendu avant l'application de la sollicitation ultime.

 La déformation totale de l'acier de précontrainte est ainsi la somme :


 de la tension pm finale du câble avant l'application de la sollicitation ultime (valeur calculée à partir
de la valeur de la contrainte probable dans le câble pm=p0-p, à vide, déduction faite des pertes
de précontrainte),
 de la déformation ’p conduisant le béton à l'état de décompression,
 de la déformation ’’p allongement supplémentaire de l'armature de précontrainte jusqu'à l'état
limite ultime :

 p   pm  '  p  ' '  p

1.3- EQUILIBRE DE LA SECTION DROITE A L'ETAT LIMITE ULTIME DE RESISTANCE

 Les efforts extérieurs regroupent les effets des charges permanentes et variables.

 La précontrainte est considérée indépendamment des autres actions et est prise en compte avec sa valeur
probable P m qui n'est soumise à aucune pondération. La section droite est ainsi sollicitée en flexion
composée.

 Les efforts résistants sont les résultantes des distributions de contraintes normales dans les matériaux de la
section :
 compression du béton : N b ;
 tension des aciers passifs : N s ;
 surtension des aciers actifs à partir de la valeur probable P m, due à la sollicitation ultime: Np;

Béton précontraint Page 73


 Ces efforts sont représentés sur les diagrammes de la figure 3 .

Fig 3

2- HYPOTHÈSES FONDAMENTALES DU CALCUL

2.1- DIAGRAMMES DES DEFORMATIONS ULTIMES DE LA SECTION: REGLE DES TROIS PIVOTS

 Les déformations limites des matériaux constitutifs de la section sont définies comme suit,
réglementairement :

fig 4

 raccourcissement ultime du béton en flexion : bul = 3,5.10-3


 raccourcissement ultime du béton en compression simple: bul = 2,0.10 -3
 allongement ultime des aciers passifs : sul= 10.10-3
 allongement ultime des aciers de précontrainte au-delà de la phase de décompression : ’’p = 10.10 -3

 La règle des trois pivots permet alors de tracer le diagramme ultime des déformations de la section : ce
diagramme, linéaire en raison de l'hypothèse de conservation de la planéité des sections droites, doit passer
par l'un des trois points A, B ou C, au moins, appelés "pivots" et définis sur la figure n°4.

 Ces trois pivots permettent de distinguer trois zones dans lesquelles peuvent se placer les diagrammes de
déformation :

Zone 1 (pivot A) : l'acier a un allongement qui atteint sa valeur limite égale à 10.10 -3 au-delà de la
décompression.

Zone 2 (pivot B) : le béton a un raccourcissement en partie supérieure qui atteint la valeur limite égale à 3,5 10 -3

Zone 3 (pivot C) : le béton a un raccourcissement qui dépasse sur une hauteur importante de la section la valeur
limite de 2.10 -3.

Béton précontraint Page 74


2.2- RELATIONS ENTRE CONTRAINTES ET DEFORMATIONS

 Les relations entre contraintes et déformations de l'acier et du béton sont celles définies par les diagrammes
caractéristiques ( ,) de ces matériaux.

 On utilise généralement pour le béton le diagramme parabole-


rectangle rappelé sur la figure n°5.

fig 5

 Il est cependant possible de simplifier ce diagramme, dans le cas de diagrammes de déformations situés
dans les zones (1) et (2), en le ramenant à un tracé rectangulaire comme le montre la figure n°6.

fig 6

 Les aciers, de précontrainte ou ordinaires, sont caractérisés soit par des diagrammes ( -) fournis avec la
fiche d'agrément, soit par des diagrammes réglementaires (aciers naturels, aciers écrouis). On utilis era dans
tous les cas des diagrammes de calcul déduits des diagrammes caractéristiques par affinité parallèle à la
tangente à l'origine, de rapport1/  (>1) défini réglementairement.

3- PRINCIPE ET METHODES DE JUSTIFICATION DES SECTIONS A L’ETAT LIMITE ULTIME DE RÉSISTANCE

3.1- PRINCIPE DE JUSTIFICATION


 On définit les sollicitations ultimes de calcul dans les cas enveloppes à considérer et plus particulièrement :
 à vide à la mise en précontrainte -état limite ultime sous sollicitation minimale-
 et en service sous charge maximale -état limite ultime sous sollicitation maximale-.
 Dans chaque cas on obtient les valeurs des sollicitations externes : moment fléchissant M u et effort
normal Nu appliqués à la section.

 La justification de la section consistera à vérifier que cette sollicitation ultime est inférieure à la sollicitation
de ruine de la section.

 Dans la plupart des cas, ces calculs se feront par approximations successives, en se fixant a priori un
diagramme de déformation de la section et en déduisant de celui-ci les valeurs limites N int et Mint et en
modifiant le diagramme le diagramme de déformation jusqu'à ce que N u = Nint.

 Dès lors, sous la sollicitation ultime minimale on devra vérifier que M u≥Mint et, sous celle maximale, M u Mint.

Béton précontraint Page 75


3.2- METHODE GENERALE DE JUSTIFICATION D'UNE SECTION A L'ETAT LIMITE ULTIME SOUS LA SOLLICITATION
ULTIME MAXIMALE

 Sous la sollicitation ultime maximale, le comportement d'une section quelconque peut être schématisé
comme l'indique la figure n°7.

fig 7

 Le diagramme de la figure n°8 représente l'évolution des


contraintes dans l'acier de précontrainte p.

Fig 8

 pm est la valeur probable de la contrainte dans l'acier de précontrainte ;

 ’p est la surtension des aciers de précontrainte qui accompagne la décompression du béton,
réglementairement prise égale à 5 bpm, bpm étant la contrainte de compression du béton
correspondante, due aux actions de longue durée y compris la précontrainte P m, calculée au niveau de
l'armature de précontrainte considérée;

 ’’p est l'augmentation de contrainte amenant l'état limite

 p = ’p + ’’p est ainsi la valeur de la surtension prise en compte pour le calcul des efforts résistants
à l'état limite ultime.

 La méthode de justification consiste à fixer un premier diagramme de déformation, par exemple :


s = 10.10 -3 = sul
et b = 3,5.10-3 = bul

 Les équations de compatibilité des déformations, traduisant la linéarité du diagramme, donnent :


hs  y hp  y
 s   bul .  10.10 3 ' ' p   bul .
y y
et permettent de déterminer y et ’’p. Les contraintes s, p sont déterminées à partir de la courbe ( -
) des aciers concernés.

Béton précontraint Page 76


 Les équations d'équilibre de la section s'écrivent alors en calculant les moments par rapport aux armatures
de précontrainte :

N ul1
y
  b( ). b ( ).d  Ap . p  As  s
0

M ul1
y
  b( ). b ( ).(hp   ).d  As . s .(hs  hp )
0

 Le diagramme de calcul du béton donnant b() en fonction de b() on peut donc calculer N ul1.

 Si Nu1, valeur de calcul de la sollicitation normale à l'état limite ultime, est inférieure à N ul1, cela signifie que
l'effort normal obtenu avec le premier diagramme de déformation est trop important et qu'il faut donc
diminuer la zone de compression du béton.

 Pour cela, il suffit de faire décroitre le raccourcissement en fibre supérieure bu, sans pour autant diminuer s
qui reste égal à 10.10 -3. On est ainsi placé en zone (1) comme le montre le diagramme de la figure n°9.

fig 9

 Si Nul1, est inférieur à N u1, cela signifie que l'effort normal de compression du béton à mobiliser doit être plus
important que ce qui a été prévu dans la première hypothèse de diagramme des déformations. On doit alors
pivoter par le pivot B pour augmenter la surface de béton comprimé. Alors :

su < 10.10 -3 et bu = 3,5.10-3 l

Le diagramme des déformations est alors en zone 2 (voir figure 10)

Fig 10

Après quelques itérations, on obtient un diagramme tel que :


Nuli = Nu

on calcule alors Mu-int et on vérifie que cette valeur est bien supérieure à celle du moment de calcul Mu à l'état limite
ultime.

Béton précontraint Page 77


Béton Précontraint
Justification des pièces sous sollicitations tangentes : EFFORT TRANCHANT

 Dans la plupart des cas les sollicitations de flexion et d'effort tranchant s'exercent simultanément sur les
sections droites des poutres.

 Les calculs, relatifs aux justifications aux ELS & ELU en flexion doivent donc être complétés par ceux relatifs
aux effets de l'effort tranchant, qu'on appelle encore ’’sollicitations tangentes".

1- MECANISME DE RESISTANCE A L'EFFORT TRANCHANT

1.1- REPARTITION DES EFFORTS

 Le tracé des isostatiques de traction et de compression


permet de connaitre la distribution des efforts au sein du
matériau constitutif.

 La fig 1 donne un exemple de ce réseau, dans le cas d'une


poutre reposant sur deux appuis et soumise à l'action d'une
charge concentrée en milieu de travée.

Fig 1 Etat de contrainte dans les sections

 Les isostatiques de compression donnent la direction des fissures de traction qui pourront se produire
lorsque le béton aura été sollicité au-delà de sa résistance en traction et délimitent les "bielles de
compression" qui transmettent l'effort appliqué en milieu de travée jusqu'aux appuis.

1.2- COMPORTEMENT D'UNE POUTRE EN BP AU VOISINAGE DE LA RUPTURE

 On considère, par analogie avec le béton armé, que l'âme d'une poutre en BP résiste suivant un schéma de
treillis multiple:
o les diagonales comprimées sont les bielles de béton comprimées ;
o la membrure comprimée est la partie (supérieure) de béton comprimé la poutre ;
o la membrure tendue est l'armature active, en partie inférieure de la poutre.

 En fait, ce schéma de fonctionnement, déjà contesté


en béton armé, ne décrit pas nettement les
mécanismes de résistance du béton précontraint à
l'effort tranchant, et ce d'autant moins que la
précontrainte est plus importante.

 L'expérience montre, en effet, que trois zones de


comportement différent du matériau peuvent être
distinguées dans une poutre précontrainte,
totalement ou partiellement, soumise à sa
sollicitation ultime (fig2).
Fig 2
 Dans la zone A : aucune fissure ne se manifeste.

 Dans la zone B : seule l'âme est fissurée, mais la fissuration est alors très fine, l'état de contrainte en zone
fissurée différant peu de celui se produisant en zone non fissurée.

 Dans la zone C : la membrure inférieure est fissurée sous l'action des contraintes normales de traction dues à
la flexion. Les fissures évoluent en s'inclinant plus ou moins dans l'âme, sur la direction des sections droites,
suivant la valeur de l'effort tranchant.

Béton précontraint Page 78


 C'est dans cette dernière zone que la théorie du treillis multiple s'applique de façon satisfaisante .

 L'armature transversale, constituée par cadres et étriers passifs ou actifs, sera nécessaire dans ces trois
zones pour limiter l'ouverture éventuelle des fissures et renforcer les ancrages. Leur dimensionnement sera
conduit à l'aide de règles analogues à celles du béton armé.

2- EFFORTS APPLIQUÉS - CONTRAINTES RÉSULTANTES

2.1- EFFORT TRANCHANT A PRENDRE EN COMPTE DANS LES CALCULS

 L'intensité de l'effort tranchant à prendre en compte dans cette étude est celle de l'effort tranchant réduit en
fonction de l'inclinaison de l'effort de précontrainte due au relevage éventuel des câbles et de l'effet RESAL.

 La réduction due au relevage du câble s'écrit : Vp = P sin 

 La réduction d'effort tranchant due à l'effet RESAL, qui intervient dans le cas de poutres de hauteur variable
en raison de la transmission directe d'une partie de l'effort tranchant par la membrure inférieure lorsque
celle-ci est comprimée, peut être prise égale à :
M dh( x )
V resal  .
h( x ) dx

fig 3
D'où, au total :
Vréduit  VG  VQ  P . sin   Vrésal

VG+VQ = effet des actions permanentes G et variables Q


P.sin = effet de la précontrainte

 On peut s'efforcer d'obtenir un effort tranchant réduit aussi faible que possible dans les zones voisines des
abouts des poutres (où l'effort tranchant est usuellement élevé) parce que le fuseau limite est généralement
suffisamment ouvert pour permettre de choisir l'inclinaison la plus favorable.

2.2- ETAT DE CONTRAINTE DANS L'AME DES POUTRES PRECONTRAINTES EN FLEXION-EFFORT TRANCHANT

a) Existence de contraintes normales de traction dans l'âme d'une poutre en BP cisaillée et fléchie

 Nous tracerons au voisinage d'un appui de rive (moment de flexion nul au droit de l'appui) le cercle de Mohr
des contraintes dans le béton de l'âme en distinguant trois cas :

o poutres en béton armé (rappel),


o poutres précontraintes longitudinalement seulement,
o poutres précontraintes longitudinalement et transversalement.

Béton précontraint Page 79


Cas n°1 Béton armé
 On est alors en cisaillement pur (fig 4)

fig 4

Cas n°2 – Poutre précontrainte longitudinalement seulement

 C'est le cas le plus fréquent en béton


précontraint.

 Le cercle de Mohr se déplace vers la zone des


compressions en raison de l'effet de la
précontrainte (fig 5) en pivotant autour du
point (0,-) situé sur l'axe des cisaillements.
Fig 5
Cas n°3-Poutre précontrainte longitudinalement et transversalement

 Le cercle de Mohr se déplace ici aussi vers la


zone de compression sans pivoter autour de
(0,-) (fig 6). C'est un cas technologiquement
complexe à mettre en œuvre et coûteux.

Fig 6
 En conclusion on peut dire que tant qu'il n'y a pas de précontrainte transversale, des contraintes de traction
se manifestent systématiquement dans l'âme de la poutre.

 Les facettes sur lesquelles se produisent les contraintes maximales de traction sont plus ou moins inclinées
sur la ligne moyenne de la poutre, l'angle de 45 ° correspondant au béton armé (Cisaillement pur).

 Ces contraintes sont susceptibles de provoquer la fissuration du béton de l'âme.

 On pourra donc traiter le cas général des poutres en béton précontraint en admettant au voisinage des
appuis et même dans les zones courantes de l'âme l'existence de fissures d'effort tranchant.

b) Cas enveloppe du tenseur des contraintes

 Dans l'hypothèse de la théorie simplifiée du cisaillement d'effort tranchant des sections pleines, on peut
écrire :
S z ( y)
 xy ( y )  V .
I z b( y )
V effort tranchant,
b(y) largeur de la section à l'ordonnée y considérée,
Sz(y) moment statique du domaine (o, y) par rapport à GZ,
Iz moment quadratique de la section par rapport à l'axe GZ.

 L'allure des variations correspondantes de xy(y) est donnée sur la fig 7 ; les évidements de la section sont
pris en compte et ceci que les gaines soient injectées ou non.

Béton précontraint Page 80


Fig 7

 Dans la pratique courante, on se borne à vérifier la résistance du béton de l'âme au centre de gravité de la
section nette non fissurée.

 x, t,  seront ainsi calculés par application de la théorie du cercle de Moh r , à partir des valeurs du couple
(,) au centre de gravité G.
P
Ainsi  G 
B

 S z ( y)  V réd
 rédG  V réd .  
 I z b( y )  G bn Z G

 I 
avec ZG   
 S ( y)  G

 Pour une section rectangulaire ZG =2/3 h


 pour une section en Té ZG # 0,8 h

 bn = épaisseur nette minimale de l'âme.

 Pour le dimensionnement ou la vérification d'une poutre en béton précontraint vis-à-vis de l'effort tranchant, il n'est
pas possible de dissocier comme on le fait en béton armé les contraintes tangentielles des contraintes normales, ces
dernières se combinant systématiquement aux cisaillements en toute section droite.

 Il en résulte qu'il faut définir complètement l'état de


contrainte en tout point de l'âme, par le cercle de Mohr des
contraintes par exemple ou par, ce qui revient au même, deux
vecteurs contraintes s'exerçant sur deux facettes
orthogonales.

 Il faut, pour s'assurer de la résistance du béton de l'âme,


vérifier que le cercle de Mohr au point considéré est situé dans
le domaine d'intégrité du béton qui peut être défini comme
l'intérieur de la courbe intrinsèque du béton (fig 8).
Fig 8

Béton précontraint Page 81


THEORIE DE LA COURBE INTRINSEQUE DE CAQUOT

 La théorie de la courbe intrinsèque de CAQUOT, dont nous admettons la validité, permet d'obtenir une
relation simple entre la contrainte tangentielle entraînant la rupture locale du béton et la contrainte
normale concomitante.

 La courbe intrinsèque du béton est définie comme l'enveloppe des cercles de Mohr limites; cette enveloppe a
pour équation :
r3
 p  p0  2
r 
2

r0
Avec p abscisse du centre du cercle de Mohr limite,
r rayon du cercle de Mohr limite,
p0, r0 constantes homogènes à des contraintes, (dont on peut trouver la signification physique dans les
traités usuels de mécanique des solides),

 Cette vérification contraint le projeteur à positionner le cercle de Mohr complètement par rapport à la
courbe intrinsèque en calculant p et r. On peut lui substituer une vérification plus simple connue sous le nom
de "condition de CHALOS et BETEILLE".

Définition de la courbe caractéristique de CHALOS et BETEILLE

 On peut donner la condition que doivent remplir  et x, composantes du vecteur contrainte en un point
donné de l'âme sur la facette d’unitaire i pour que le cercle de Mohr en ce point soit tangent à la courbe
intrinsèque :
F F
 2. y  2. x   x 
x y
F(x,y)étant l'équation de la courbe intrinsèque.

 Pour les bétons cette équation définit dans le plan ( ,) une courbe fermée, appelée "courbe
caractéristique': dont la forme est proche de celle d'une ellipse.

 CHALOS et BETEILLE ont proposé de substituer à la courbe caractéristique une ellipse d'équation :
 2  a. 2  b.  c
a, b, c constantes qui peuvent être calculées à partir des valeurs de la résistance à la compression f c, de la
résistance à la traction ft et de la résistance au cisaillement pur f  :
f
soit 2  (  f c ).(  f t )
fc  f t
 La condition pour laquelle le cercle de Mohr des
contraintes au point considéré est intérieur à la courbe
intrinsèque s'écrit alors :
f
2  (  f c ).(  f t )
fc  f t

(,) couple de contrainte normale et cisaillement au point


considéré sur la facette i

 La fig 10 présente le récapitulatif des conditions de


résistance de l'âme.
Fig 10

Béton précontraint Page 82


3- ASPECTS PRATIQUES ET RÉGLEMENTAIRES

3.1- JUSTIFICATIONS D'UNE AME DE POUTRE VIS-A-VIS DE L'ETAT LIMITE DE SERVICE

 Sur la bases des études théoriques de CHALOS et BETEILLE, complétées par des travaux expérimentaux en
laboratoire et par des observations in situ, le règlement a prévu une double vérification :

 Soient x, t et  les contraintes normales et tangentielles calculées sur les facettes considérées:

o sur la section nette pour x ,

o sur l'épaisseur nette de l'âme bn , obtenue en soustrayant de l'épaisseur brute la somme des
évidements se trouvant au niveau considéré, exception faite des conduits des armatures
injectées qui sont affectées du coefficient 0,5 , pour t ,

o sur l'épaisseur nette de l'âme, définie ci-dessus, pour  qui, par ailleurs, est évaluée en tenant
compte de l'inclinaison de la précontrainte longitudinale et transversale (si cette dernière existe).

(Les contraintes normales sont comptées positivement s'il s'agit de compression).

 x, t et  doivent alors satisfaire les deux conditions suivantes :

 2 
 2   x . t  0,4. f tj . f tj  ( x   t ) 
 3 
correspondant à la résistance du béton à la fissuration;

et  2   x . t  2.
f tj
  2 
. 0,6. f cj   x   t . f tj  ( x   t ) 
f cj  3 
correspondant à la résistance du béton à la combinaison compression-cisaillement.

 Cette dernière condition est rarement prépondérante sauf dans le cas de fortes compressions
longitudinales.

3.2- JUSTIFICATIONS D'UNE AME DE POUTRE VIS-A-VIS DE L'ETAT LIMITE ULTIME DE RESISTANCE

 On considère que la théorie du treillis multiple s'applique. On aura donc à vérifier le non-écrasement des
bielles de béton et à déterminer une section d'armatures transversales verticales ou obliques, passives ou
actives.

 Si l'on désigne par xu, tu et u, les contraintes ultimes qui produisent la formation des bielles de béton par
fissuration dans l'âme, la théorie du treillis donne l'angle βu d'inclinaison probable par rapport à la ligne
moyenne de la poutre de ces bielles par :
2. u
tg( 2 u ) 
 xu   tu
(cet angle sera borné inférieurement à 30°).

a) Détermination des armatures transversales

 On peut faire appel simultanément à des armatures ordinaires, passives, et à des armatures de
précontrainte, actives.

Béton précontraint Page 83


 L'écartement des premières est noté st, leur aire de section droite (un cours) est At et leur inclinaison
est . La limite d'élasticité de ces aciers est pondérée par le coefficient de sécurité1/ s.

 L'écartement des secondes est st', leur aire de section droite A't et leur inclinaison ’ (Fig 11).

 Leur effort résistant, noté Ftu, est calculé comme le produit de A’t par la contrainte de calcul f prg/p
(avec p = 1,15). On peut écrire l'équilibre des efforts s'exerçant le long d'une fissure (Fig 12).

Efforts développés par les armatures transversales passives

Fig 11 Fig 12
z
L est la longueur de la fissure,
sin  u

st . sin 
tf  est l’espacement des cours d’armatures transversales passives le long de la fissure
sin(   u )

L z . sin(   u )
n 
tf st sin  u . sin  est le nombre de cours traversant la fissure

 On en déduit l’effort équilibré par les armatures :

At . f e .n At . f e z . sin(   u )
N st  
s  s st sin  u . sin

Efforts développés par les armatures précontraintes transversales

 De même que précédemment, nous obtenons :

z . sin( '  u )
N p  Ftu
s't sin  u . sin  '
Equilibre des efforts
 Si l'on fait abstraction de la part d’effort tranchant qui pourrait être équilibrée par le béton seul grâce aux
efforts équilibrées par les bielles de compression, on obtient par projection des efforts s'exerçant sur la
fissure sur un axe vertical (parallèle au plan des sections droites):
N p . sin  ' N st . sin   V ul

 La pleine utilisation des armatures correspondra à V ul.

Béton précontraint Page 84


 La contrainte de cisaillement ultime du béton correspondant à la pleine utilisation de la résistance de toutes
les armatures transversales est alors :

At . f e 1 sin(   u ) Ftu 1 sin( '  u )


u  .  .
 s .bn s t sin  u bn s' t sin  u
 C'est à cette valeur qu'est bornée la contrainte tangentielle réd,u , calculée à partir de l'effort tranchant
réduit indépendamment de la présence d'une éventuelle précontrainte transversale

Remarques
* Si l'on tient compte de la part d'effort tranchant équilibrée par le béton comprimé, il convient de rajouter au
terme u le terme complémentaire : ftj/3

* Si l’âme ne comporte que, des armatures passives orthogonales à la ligne moyenne et en tenant compte de la
part d'effort équilibrée par le béton comprimé, on doit vérifier la relation :
At . f e  f tj 
   réd ,u   tg u
bn .s t . s .  3 

 En plus de ces conditions de résistance, le règlement en impose certaines, forfaitaires, destinées notamment
à assurer la non-fragilité des pièces :

ainsi :
At . f e 1 F 1
. . sin   tu . . sin  '  0,6 MPa
 s .bn s t bn s' t

s t'  0,8.h

s t  min( 0,8.h;3b0 ;1m)

b) Justification du béton de l'âme

 Considérons une bielle de béton de largeur unité


découpée par deux fissures d'inclinaison  u sur la
ligne moyenne de la poutre, selon la modélisation du
treillis de RITTER.

Fig 13

 Cette bielle transmet un effort normal N b et dans une section quelconque, telle que AA', de la bielle il y a
équilibre entre N b et les efforts des armatures transversales coupant cette section AA' :

 En désignant par b la contrainte normale dans la bielle de béton, nous aurons, sur AA' :
N b  1.bn . sin  u . b

 D'autre part, AA' est traversée par 1/st cours d'armatures passives équilibrant un effort F s chacun et 1/st’
cours d'armatures actives équilibrant F tu.
 D'où, en projection sur l'axe orthogonal à la ligne moyenne :

Béton précontraint Page 85


1 1
.Fs . sin  .Ftu . sin '  N b . sin  u
st s't

1 At . f e 1
Soit . . sin  .Ftu . sin '   b .bn . sin 2  u
st  s s't

 En calculant la valeur de b obtenue à partir de cette relation, les aciers étant sollicités à leur taux de travail
maximal, on obtient :
1 A.f 1 
b  . t e . sin  .Ftu . sin '
bn sin  u  At . s
2
s't 
qui est la valeur maximale admissible de cette contrainte b.

 Dans le cas où les armatures transversales seraient surabondantes ( réd,u< dans a)), on minore la valeur de
b dans le rapport réd,u/.

 Cette contrainte normale réduite devra être inférieure à la contrainte ultime admissible du béton en
compression prise égale à

2 0,85
. f cj
3 b avec b=1,5

 On peut en extraire l'épaisseur minimale nécessaire du béton de l'âme :


A.f 1  1 1,5. b
bn   t e . sin  .Ftu . sin ' réd , u . 2 .
 st . s s't   u sin  u 0,85. f cj

 Cette expression se simplifie lorsqu'il n'y a que des armatures transversales droites (orthogonales à la ligne
moyenne).

 D'après le paragraphe a) précédent :


 At . f e F  1
u   . sin  tu .
 bn .st . s bn .s't  tg u

 En remplaçant dans la relation donnant la valeur minimale de bn, on obtient :


0,85. f cj
 réd , u  . sin 2 u
3 b

1
 Le cas minimal enveloppe, correspondant à une inclinaison  u de 30°, nous donne :  réd , u  . f cj
6
En pratique :
1
 Si l'élément ne comporte que des armatures droites, on vérifiera directement :  réd , u 
. f cj
6
 Si l'élément comporte des armatures passives et actives transversales inclinées de  et ’ (respectivement)
sur la ligne moyenne de la poutre, la valeur précédente pourra être majorée par le coefficient :
1
1  cot H
2
avec :  H  min( , ' )

Béton précontraint Page 86


Béton précontraint
Tracé des câbles

 Les considérations précédentes nous conduisent à la définition de la section droite courante de l'ouvrage
et à celle de la précontrainte dans la section la plus sollicitée.

 Les encombrements des plaques d'ancrage pour la précontrainte par post-tension nécessitent
généralement une augmentation des dimensions des sections droites dans les zones d'about, c'est le cas
notamment des poutres pour lesquelles il est nécessaire d'épaissir l'âme.

 Cette augmentation de dimension s'effectue très progressivement à partir de la section courante et


demeure constante sur environ un mètre à l'about de la poutre.

 Le coffrage de la poutre étant totalement défini, il faut procéder au tracé des câbles sur toute la
longueur de l'ouvrage.

1. Tracé du câble moyen

 Dans un premier stade nous travaillons sur le câble moyen qui doit, pour que les contraintes normales
limites soient respectées tout au long de l'ouvrage, s'inscrire dans le fuseau de passage.

 Généralement, le fuseau de passage est très étroit dans les zones avoisinant la section la plus sollicitée
et laisse davantage de possibilités au niveau des abouts.

 Dans les zones d'extrémité, les contraintes de cisaillement sont généralement importantes, le tracé peut
de ce fait être guidé par le souci de minimiser l'intensité de ces contraintes.

Fig. 1. Inscription du câble moyen dans le fuseau de passage

 Soit  l'angle de relevage du câble moyen au niveau de l'appui d'extrémité, l'effort tranchant réduit est :

- sous l'effet minimal des charges
Vréd = Vm – P.sin 

- sous l'effet maximal des charges


Vréd = VM – P.sin 

 On constate que l'on peut agir sur l'angle de relevage  pour ne pas créer de cisaillements excessifs.

 Soit V l'effort tranchant limite que peut supporter la section d'appui. Une estimation satisfaisante de V
est donnée par la relation :
V= .bo.0,8.h

Béton précontraint Page 87


 : contrainte tangentielle limite en état-limite de service.

 L'effort tranchant réduit doit respecter :


- V  Vréd  +V

c'est-à-dire - V  Vm - P sin 

et VM - P sin   V

ce qui conduit à un encadrement de la valeur de l'angle de relevage :

 VM  V  V  V 
1  Arc sin       2  Arc sin  m 
 P   P 
La valeur minimale de V réd était obtenue pour :
VM  Vm
P. sin  
2
qui donne l'optimum théorique de l'angle de relevage :

 1
  Arc sin  VM  Vm 
 2.P 
valeur qui n'est pas toujours réalisable.

 En conclusion, le tracé du câble moyen sera obtenu en inscrivant dans le fuseau de passage un tracé
respectant, en section la plus sollicitée l'excentricité maximale autorisée, et sur appui un relevage
respectant les conditions établies ci-dessus, tout en essayant d'assurer une excentricité proche de la valeur
nulle au droit de l'appui de façon à minimiser localement le moment de précontrainte.

 Les charges étant généralement uniformément réparties ou assimilables à des charges uniformément
réparties les frontières du fuseau de passage sont paraboliques, de ce fait, le câble moyen est composé de
paraboles et de droites.

REMARQUES :
- généralement pour limiter les calculs, on ne trace pas le fuseau de passage, mais on doit, par la
vérification des contraintes dans une série de sections droites régulièrement espacées, s'assurer qu'il n'y a
pas eu franchissement du domaine autorisé.
- pour tracer une parabole respectant un angle  fixé au niveau de l'appui on peut utiliser la propriété
suivante :

Fig. 2 - Raccordement droite-parabole dans un tracé de cible.

Béton précontraint Page 88


2. Tracé individuel des câbles

 Le câble moyen étant connu, le tracé de chacun des câbles ne pose aucun problème particulier. II faut
cependant veiller à :

- respecter les conditions réglementaires sur l'enrobage et le groupement de câbles


- respecter les conditions dimensionnelles à l'ancrage liées au procédé utilisé
- respecter les conditions de résistance à l'about telles que, l'attache du coin inférieur, la résistance de la bielle
d'about.
- respecter le rayon minimal de courbure des gaines qui est fonction du diamètre de celles-ci (de l'ordre de
quelques mètres).

 Le respect de ces conditions peut conduire à modifier légèrement le câble moyen notamment à l'about, il
faudra alors veiller à ce que son nouveau tracé soit en accord avec les conditions définies précédemment.

Fig. 3 - Exemple de tracé individuel de câble.

Béton précontraint Page 89


Béton précontraint
DISPOSITIONS CONSTRUCTIVES

Les dispositions constructives regroupent un certain nombre de conditions réglementaires ou d'usage courant
pour que l'ouvrage réponde aux exigences qu'on attend de lui, non seulement sur le plan de la résistance
mécanique, mais aussi pour la bonne tenue dans le temps et pour faciliter les conditions de mise en œuvre.

1- ARMATURES PASSIVES
En ce qui concerne les armatures de béton armé, on se reportera aux spécifications des règles BAEL*.

2- DIMENSIONNEMENT DE DÉTAIL DES PIÈCES


En dehors du dimensionnement des pièces conformément aux exigences des chapitres précédents (flexion, effort
tranchant,...), on devra justifier que les efforts de traction sont repris par des armatures passives vérifiées en
état-limite de service sous combinaisons rares, avec un taux de travail ne dépassant pas les 2/3 de la limite
élastique fe, ni 110  . f tj ).

On regardera avec une attention particulière:


- les zones qui peuvent être soumises à des tractions en phase de construction ou en phase définitive;
- les zones entourant les ancrages, soumises à des contraintes élevées;
- les poussées au vide éventuelles;
- les voisinages de trous ou d'ouvertures;
- le risque de flambement des ailes de la membrure comprimée.

3- TRACE, POSITION ET ENROBAGE DES ARMATUTRES POST-TENDUES

3.1- Tracé
Le tracé des armatures doit satisfaire aux conditions suivantes:
 être clairement indiqué sur les plans avec une précision suffisante;
 les conduits (gaines ou tubes) doivent subir le moins de déviations possibles, et dans un seul plan à la
fois (éviter les courbes gauches), les pertes par frottement seront ainsi limitées à leur minimum;
 les rayons de courbure seront limités aux valeurs minimales définies par l’arrêté d'agrément ;
 les conduits, au voisinage des ancrages, devront posséder une longueur rectiligne d'au moins 0,50 m ;
 les dispositifs d'ancrages devront satisfaire aux arrêtés d'agrément (distance minimum entre deux
ancrages ou avec la paroi la plus proche, frettage sous ancrage...) ;
 les ancrages devront être cachetés avec soin, avec utilisation de mortier à base de résine pour ceux qui
peuvent être soumis à des infiltrations d'eau. On évitera de réaliser des ancrages dont le cachetage est
difficile, en intrados de poutre par exemple;
 des évents d'injection devront figurer sur les plans.

3.2- Disposition des armatures de précontrainte


Le nombre de conduits de diamètre  dans un même paquet doit satisfaire aux conditions de la figure 1.

fig 1
Ces conditions sont nécessaires pour s'assurer d'un bétonnage satisfaisant et d’une adhérence gaine-béton suffisante.

Les conduits doivent être suffisamment bien arrimés pour ne pas subir de dégâts ni de changement de position lors du
bétonnage ou de l'injection.

Béton précontraint Page 90


3.3. Espacement des armatures de précontrainte
Pour permettre une mise en place correcte du béton et éviter une interaction d'un paquet de gaines sur un autre paquet
lors de la mise en tension, on devra respecter une distance minimum entre conduits comme indiqué sur la figure 2,
 désignant le diamètre d'encombrement maximum de la gaine.

q = nombre de conduits accolés horizontalement: q = 1 ou 2


p = nombre de conduits accolés verticalement: p = 1, 2 ou 3

fig 2. Espacements entre câbles

Pour les pièces minces, dalles, voiles, âmes, l'entr'axe d des armatures doit satisfaire à la condition
suivante (fig. 3) :

fig 3 Dalle. Distance entre

 Fp 0 
d  max 4.; 
 0,6.e. f cj 

Où : e est l'épaisseur de la pièce,


Fp0 la force de précontrainte à l'origine des armatures,
fcj la résistance caractéristique à la compression du béton à j jours.

Ceci afin d'éviter un splitage de la pièce suivant son plan moyen.

3.4- Distance des armatures de précontrainte aux parements


Pour des raisons de protection des armatures contre la corrosion, l’enrobage minimal des aciers doit satisfaire
aux conditions suivantes (fig. 4) :

Béton précontraint Page 91


Fig. 4. Distances des armatures au parement

c = Max ( 3/4 a ;  ; d)
avec:
d= 3 cm pour les ouvrages à l'abri intempéries,
= 4 cm pour les ouvrages courants,
= 5 cm pour les ouvrages soumis à une atmosphère agressive (prévoir également un
dosage élevé en ciment),

a = dimension horizontale du rectangle circonscrit au conduit ou au paquet de conduits,


= diamètre maximum d'une gaine du paquet, limité à 80 mm.

3.5. Coupleur
Pour des raisons de longueur de câble insuffisante ou plus généralement au droit des reprises de bétonnage, on
dispose des coupleurs, dispositifs destinés à associer deux câbles mis en tension en même temps ou à des moments
différents. On doit les disposer, dans des zones où la section brute de béton est surabondante pour tenir compte de
l'évidement dû au coupleur et des actions parasites engendrées par sa présence.

4. POSITION ET ENROBAGE DES ARMATURES PRÉ-TENDUES


4.1. Le groupement des armatures en paquets est interdit pour ne pas amoindrir les qualités d'adhérence.
4.2. Espacement des armatures de précontrainte
Les armatures de précontrainte par pré-tension ne doivent pas être espacées de moins de trois diamètres entr'axes
(fig. 5). De plus, leur distance aux armatures passives doit satisfaire les conditions du béton armé (BAEL, chapitre A7).

Fig. 5. Pré-tension. Distance entre armatures

4.3. Distance minimum des armatures aux parements

L'enrobage minimum (distance entre le nu de l'armature et le parement) doit être au minimum de 2,5 fois son
diamètre. Il doit d'autre part être supérieur à :

- 1 cm pour les parements coffrés situés dans des locaux couverts et clos et non exposés aux condensations
ou à des actions agressives;
- 3 cm pour les parements coffrés exposés aux intempéries, aux condensations, au contact d'un liquide;
- 3 et 4 cm pour les parements non coffrés correspondant respectivement aux deux cas précédents;
- 5 cm pour les ouvrages soumis à des atmosphères agressives.
Béton précontraint
Béton précontraint Page 92
L'ADHÉRENCE

1. QU'EST-CE QUE L'ADHÉRENCE

 La transmission de la variation de l'effort normal de compression ou de traction dû aux moments de f lexion,


entre le béton et les aciers se fait par adhérence entre ces derniers. Cette liaison est due à des aspérités de
l'acier qui s'arc-boutent sur le béton. Ceci est particulièrement vrai pour les aciers nervurés ou crantés, mais
plus difficilement explicable pour les aciers lisses.

 Pour les aciers de béton armé, la rouille en accroissant la rugosité, améliore l'adhérence; par contre, en
béton précontraint, toute trace de rouille étant prohibée, l'adhérence ne pourra être valablement obtenue
qu'avec des aciers nervurés ou crantés, ou à la rigueur avec des torons. C'est pourquoi, il est interdit
d'utiliser des aciers lisses pour des armatures dites adhérentes par pré-tension.

 En béton précontraint par post-tension avec gaines, on distinguera deux types d'adhérence:
- l'adhérence des torons ou fils au coulis d'injection;
- l'adhérence des gaines, d'une part au coulis d'injection d'autre part au béton situé autour de la gaine.

 L'adhérence se caractérise par une contrainte s dite contrainte d'adhérence.

1.1. Calcul de la contrainte d'adhérence s


Soit une section quelconque d'une structure isostatique ou hyperstatique, soumise à un effort de précontrainte P
et à un moment extérieur M dont le diagramme des contraintes est représenté sur la figure 1.

Fig. 1. Contraintes d'une section fléchie

où e o représente l'excentricité de la précontrainte et m , le moment hyperstatique éventuel dû à la


précontrainte. L'équilibre du couple élastique s'écrit:
P.e0  M  m  F1 .z
d'où:
P.e0  M  m
F1 
z
Or, la variation par unité de longueur de cet effort normal F 1 dû à la flexion s'écrit:

dF1 1  dm d ( P.e0 ) dM 
  
dx z  dx dx dx 
or:
de0
 tg ( x) pente du câble
dx
dM
 V (x) effort tranchant
dx

Béton précontraint Page 93


dm
 vi effort tranchant hyperstatique, constant dans la travée i, d'où:
dx
dF1 vi P V
  tg 
dx z z z

La contrainte d'adhérence s est obtenue en divisant dF/dx par le périmètre de contact


acier-béton p :
dF1 vi  P.tg  V
s  
p.dx p.z

Ce périmètre est indiqué sur la figure 2 suivant le nombre de gaines associées.

Fig. 2. Périmètre des gaines ou groupes de gaines

On a d'autre part (fig. 3) :

mi 1  mi
v1 
li
Fig. 3. Moment hyperstatique de précontrainte dans une travée de poutre continue

V étant l'effort tranchant dû aux actions extérieures, z le bras de levier du couple élastique = I/ ; on
remarquera que par rapport au béton armé, deux termes supplémentaires apparaissent:

P
tg dû à la précontrainte isostatique;
z
vi
dû à la précontrainte hyperstatique.
z

O n notera que le relevage d'un câble entraîne une réduction de l'effort tranchant P.tg , la valeur de tg
étant en général de signe contraire à celui de V.

1.2. Types d'adhérence

Dans ce qui suit, nous distinguerons quatre types d'adhérence:


- l'adhérence de béton armé pour les armatures passives;
- l'adhérence des fils ou torons de précontraintes par pré-tension sans gaine ;
- l'adhérence des câbles de précontrainte par post-tension avec gaine injectée d'un coulis de ciment;
- la non-adhérence des câbles dits «non-adhérents» placés dans des gaines graissées.

Béton précontraint Page 94


2. ADHÉRENCE DE BÉTON ARMÉ

Pour les armatures passives utilisées en béton précontraint plus spécialement en classe II et III, les prescriptions
à suivre seront celles du BAEL.

En particulier, la longueur de scellement droit l s est rappelée dans le tableau ci-après.

La jonction des aciers par recouvrement est assurée sur une longueur égale à l s

 Variation de la contrainte d'adhérence


Dans la zone de scellement de l'acier de longueur l s, la contrainte d'adhérence est habituellement supposée
constante. En réalité, elle varie comme indiqué sur la figure 4. De même, on admet généralement une contrainte
linéaire pour l'acier.

Fig. 4. Variation de la contrainte de traction dans l'acier, de la contrainte d'adhérence, du glissement

V
La contrainte d'adhérence d'entraînement vaut: s 
p.z
3. ADHÉRENCE ACIER-BÉTON EN PRÉ-TENSION

3.1. Adhérence d'entraînement

Comme en béton armé, les aciers utilisés en pré-tension ont à satisfaire la condition d'entraînement, c'est-à-dire
de non-glissement dans la zone d'effort tranchant non nul. La contrainte, on l'a vu ci-dessus, vaut:
vi  P.tg  V
s 
p.z
I
avec : z  bras de levier du couple élastique;

vi : effort tranchant dû au moment hyperstatique éventuel de précontrainte ;
 : angle d'inclinaison du câble sur l'horizontale;
V : effort tranchant dû aux charges extérieures.

On devra vérifier que:


 s   s  0,7. s . f tj
Où s est un coefficient de scellement dépendant de la nature de l'acier et indiqué sur sa fiche d'homologation;
ftj est la contrainte caractéristique de traction du béton à j jours.

Béton précontraint Page 95


3.2. Scellement aux extrémités
L'absence de dispositif d'ancrage suppose que les fils ou torons deviennent parfaitement ancrés sur une
longueur lS relativement courte, où l'effort de précontrainte P est transmis progressivement de l'acier au béton.

La valeur de la contrainte d'adhérence sur la longueur lS a l'allure de la courbe de la figure 5.

Fig. 5. Contrainte d'adhérence de fils «adhérents»

On remarquera la différence entre cette courbe et celles de la figure 4 correspondant à des aciers de béton armé.

On peut expliquer cette forte contrainte d'adhérence près de l'extrémité libre, par le fait que, contrairement à
l'acier de béton armé qui voit son diamètre diminuer (effet Poisson) quand l'acier est tendu, l'acier de
précontrainte voit son diamètre augmenter près de son extrémité libre, car sa contrainte devient presque nulle lors
de la détension. Ce gonflement de l'acier augmente son adhérence avec le béton.

On pourra supposer par souci de simplification que la contrainte dans l'acier suit une loi de variation parabolique
ainsi que pour la contrainte de compression du béton (fig. 6).

Fig. 6. Contrainte de traction de l'acier et de compression du béton

3.3. Règles BPEL


On distingue:
- la longueur conventionnelle de scellement l cs obtenue par interprétation d'essais et figurant dans la décision
d'agrément de l'acier;
- la longueur nominale de scellement lns à utiliser dans les calculs qui dépend de la résistance du béton:


lns 
0,85
l cs  2(40  f cm ) 
 pR
Où :  
f prg
 pR : tension des armatures avant relâchement ;
fcm: valeur moyenne de la résistance du béton au moment du relâchement des armatures, en MPa et plafonnée à
40 MPa ; on pourra prendre f cm=1,25.fcj

En pratique, on pourra retenir :


lcs : 75 x diamètre nominal pour les torons à 7 fils ;
lcs : 100 x diamètre nominal pour les torons à 3 fils et les fils autres que ronds et lisses.

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4. ADHÉRENCE ACIER-BÉTON EN POST-TENSION

4.1. Adhérence vis-à-vis du cisaillement du béton dû à l'effort tranchant


Jusqu'au nouveau règlement BPEL, on négligeait la résistance au cisaillement du coulis d'inject ion des gaines en
prenant pour largeur nette b n, la largeur de l'âme diminuée du diamètre des gaines rencontrées sur une même
horizontale.

Le BPEL, pour tenir compte de l'adhérence existant entre gaine, coulis et acier de précontrainte admet de ne
retrancher que la demi-section des gaines.

4.2. Adhérence d'entraînement


Comme l'injection assurant une bonne adhérence entre les câbles et le béton, n'est réalisée qu'après la mise en
tension, la contrainte d'adhérence s devient:
VG'  VQ
s 
p.z
V’G représente la part de l'effort tranchant dû aux charges permanentes appliquées après l'injection;
VQ l'effort tranchant dû aux charges variables appliquées après l'injection.

Les coefficients d'adhérence s à prendre en compte éventuellement sont déduits de résultats expérimentaux.

4.3. Une parfaite adhérence acier-béton est supposée lors des calculs de flexion en état-limite ultime par la
prise en compte de la surtension des aciers (2 et 3) et par la compatibilité des déformations de
l'acier et du béton.

5. CÂBLES NON-ADHÉRENTS
La non-adhérence acier-béton, obtenue par graissage des aciers et injection de graisse dans les gaines, entraîne un
fonctionnement de la poutre fléchie comme une pièce en béton armé en flexion composée avec une compression P.
La valeur de P est égale à l'effort de précontrainte éventuellement majoré s'il y a une surtension de l'acier, c'est -à-
dire un allongement du câble. On ne peut prendre en compte la résistance de l'acier actif en état-limite ultime. On
peut classer dans cette catégorie de câbles non adhérents, les câbles extérieurs au béton.

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