Qualite Caracteristique Chimique

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Caractéristiques chimiques

L’exploitation géothermique de la ressource en eau nécessite de connaître la stabilité


chimique des eaux afin d’évaluer leur impact éventuel sur les systèmes de pompes à
chaleur. A ce titre, une analyse de la physico chimie des eaux a été réalisée afin de qualifier
ces eaux sous l’aspect des phénomènes de dissolution-précipitation. La méthodologie
utilisée comprend plusieurs étapes :

Î recueil des données à partir des bases BSS et ADES


Î analyse statistique des données
Î choix d’un indice de stabilité chimique des eaux
Î représentation statistique par aquifère de l’indice de stabilité

RECUEIL DES DONNEES

Le croisement des données issues de la BSS et de la base ADES conduit à la constitution


d’une base de données propre à répondre à l’objectif de caractérisation de la stabilité
chimique des eaux souterraines pour un usage géothermique. 5 paramètres ont été
sélectionnés pour leur récurrence dans les analyses physico-chimiques et pour leur influence
sur le pouvoir corrosif et/ou entartrant des eaux :

• Titre hydrométrique (TH)


• Titre alcalimétrique complet (TAC)
• pH
• Teneurs en chlorure
• Teneurs en fer

Un échantillon de 138 points à ainsi été retenu pour la caractérisation chimique de chaque
aquifère (hormis l’aquifère du Jurassique inférieur et moyen en raison du faible nombre
d’analyses disponibles) en fonction des 5 paramètres physico-chimiques précédents. Là
encore un traitement statistique a été réalisé afin de représenter schématiquement les
distributions des différents paramètres pour chaque aquifère.

STATISTIQUES SUR LES VALEURS DE TITRE HYDROMETRIQUE

Le titre hydrométrique (TH), ou dureté de l’eau, est une mesure de la concentration en ions
alcalin terreux, calcium et magnésium essentiellement. Il traduit le pouvoir entartrant de
l’eau. Ainsi 1°F de TH correspond à une concentration de 10 mg/l de carbonate de calcium.
On peut donc classer les eaux en fonction de leur dureté :

o TH < 10°f : eau très peu calcaire


o 10< TH<20°f : eau peu calcaire
o 20<TH<30°f : eau calcaire
o TH>30°f : eau très calcaire.
Les eaux du Turonien/Coniacien, du Cénomanien et du Jurassique supérieur présentent des
valeurs relativement élevée de TH (ill. 1), d’où la nécessité de prévoir des traitements pour
lutter contre l’entartrage afin de préserver la pérennité des installations géothermiques. Les
valeurs dans le Crétacé terminal (Campano-Maastrichtien) sont plus étalées traduisant
vraisemblablement l’influence d’eau venant de l’aquifère de l’Eocène

TH

C RET A CE TER M INA L

TURON O CONIA CIEN

CEN OM A NIEN

JURA SSIQUE SUP

10 20 30 40 50 60 70

Illustration 1 : Représentation du Titre hydrométrique (TH) en fonction des aquifères captés par la
méthode des boîtes à moustaches de Tukey1

1
Cette méthode définie par Tukey permet de représenter schématiquement une distribution statistique de manière notamment
à repérer les points extrêmes ou aberrants. Le premier quartile (25% des effectifs) correspond au trait inférieur de la boîte, la
médiane est représentée par un trait vertical à l’intérieur de la boîte, le troisième quartile (75%) correspond au trait supérieur de
la boîte, la valeur moyenne est représentée par une croix rouge, les 2 « moustaches » inférieure et supérieure correspondent
respectivement à la valeur minimum dans les données qui est supérieur à la borne frontière basse égale au premier quartile
moins 1.5 fois l’écart interquartile (Q3-Q1) et à la valeur maximum dans les données qui est inférieur à la borne égale au
troisième quartile plus 1.5 fois l’écart interquartile. Les valeurs à l’extérieur de l’espace entre les 2 moustaches sont
représentées.
STATISTIQUES SUR LES VALEURS DE TAC

Le Titre Alcalimétrique complet (TAC) est une mesure de l’alcalinité de l’eau (carbonates
alcalins, hydrogénocarbonates et total des hydroxydes). Il caractérise le pouvoir tampon de
l’eau, c'est-à-dire la capacité d’influence d’un produit acide ou basique sur le pH de l’eau.

Plus le TAC est élevé, plus il est difficile de faire varier le pH de l’eau. Ainsi, les alcalinites
assurent la protection des métaux contre la corrosion, et donc en conséquence une trop
faible alcalinité entraîne la dégradation des installations géothermiques.

Dans l’ensemble, les eaux issues des aquifère de la Charente-Maritime montrent des valeurs
assez élevée de TAC. Les valeurs les plus faibles sont rencontrées dans l’aquifère du
Crétacé terminal (pour les mêmes raisons que le TH). Par conséquent, les forages implantés
dans cet aquifère seront plus sensibles aux phénomènes de corrosion.

TAC

C R ET A C E T ER M IN A L

T UR ON O C ON IA C IEN

C EN OM A N IEN

JUR A SSIQUE SUP .

10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60

Illustration 2 : Représentation du Titre Alcalimétrique Complet (TAC) en fonction des aquifères captés
par la méthode des boîtes à moustaches de Tukey

STATISTIQUES SUR LES VALEURS DE PH

Le pH mesure l’activité de protons solvatés. On en déduit le caractère acide ou basique


d’une solution. Le pH des eaux d’un milieu a une influence sur :

o Les phénomènes de corrosion (corrosion plus rapide à pH < 6,5)


o Les phénomènes d’entartrage (carbonate de calcium plus solubles à faible pH)
Sur l’ensemble des aquifères de la Charente Maritime, les valeurs de pH sont proches de la
neutralité (pH = 7) et ont donc peu d’influence sur la corrosion et l’entartrage des
installations.

pH

C R ET A C E T ER M IN A L

TUR ON O C ON IA C IEN

C EN OM A N IEN

JUR A SSIQUE SUP .

6.5 6.7 6.9 7.1 7.3 7.5 7.7 7.9 8.1 8.3 8.5

Illustration 3 : Représentation du pH en fonction des aquifères captés par la méthode des boîtes à
moustaches de Tukey.

STATISTIQUES SUR LES TENEURS EN CHLORURES

Les ions chlorures sont susceptibles de réagir avec l’eau en produisant de l’acide
chlorhydrique. Il s’ensuit localement des zones à pH très faibles qui accélèrent la corrosion
du métal. Ainsi, par exemple, l’eau en contact avec du cuivre dans un circuit de pompe à
chaleur risque de provoquer des corrosions dès l’instant où la teneur en chlorures est
supérieur à 150 mg/l (valeur guide limite à ne pas dépasser).

Une étude cartographique des teneurs en chlorure montre que les valeurs sont relativement
disparates. Les zones des aquifères à l’Ouest du département, proches du littoral,
présentent des valeurs extrêmes avec des teneurs supérieures à la valeur guide de 150
mg/l. Les valeurs les plus importantes sont rencontrées dans l’aquifère du Cénomanien, au
niveau du littoral, à l’Est de l’Ile d’Oléron.

Il est donc nécessaire de prévoir des traitements contre la corrosion pour les systèmes de
PAC qui exploitent les eaux dans les zones littorales.
Chlorure

C RETA CE TER M INA L

TURON O CONIA CIEN

CENOM A NIEN

JURA SSIQUE SUP .

0 50 100 150 200 250 300 350

Illustration 4 : Représentation des teneurs en Chlorure en fonction des aquifères captés par la
méthode des boîtes à moustaches de Tukey.

STATISTIQUES SUR LES TENEURS EN FER

La concentration en fer dans les eaux souterraines est principalement contrôlée par le pH et
l’Eh du milieu, ainsi que par la matière organique. D’une manière générale, deux cas se
distinguent :

o Dans les eaux bien oxygénées, la concentration en fer ferrique dissous n’excède pas
quelques dizaines de μg/l. Elle est en effet limitée par la précipitation de l’hydroxyde
ferrique.

o Dans les eaux plus réductrices, la forme réduite du fer prédomine et peut atteindre
des concentrations de quelques mg/l, surtout si le pH est acide.

Par ailleurs, en présence de matière organique, la solubilité du fer croît. En revanche, en


présence de sulfures, le fer tend à précipiter.

Dans le département, les valeurs de fer sont globalement inférieures à 1 mg/l dans les
nappes. Les plus fortes valeurs sont mesurées sous les couches « sidérolithiques » de
l’Eocène, et au niveau des zones de marais. Cependant, étant donné la complexité de la
chimie du fer, le faible nombre de données, et les pollutions diverses (altération du tubage,
intrusions d’eau de mer, pollution de surface) aucune tendance particulière n’a put être
dégagée.
CHOIX D’UN INDICE DE STABILITE DES EAUX

Le gaz carbonique joue un rôle essentiel dans l'équilibre des bicarbonates de calcium en
solution dans l'eau, selon l’équation :

Ca++ + 2HCO-3 ↔ Ca CO3 + CO2 + H2O

La réaction précédente montre que le départ d'une certaine quantité de CO2 déplace
l'équilibre et conduit à la formation de carbonate de calcium très peu soluble. Les travaux de
nombreux auteurs (HOOVER, LANGELIER, LARSON & DUSWELL, etc...) ont permis
d'établir que d'autres facteurs jouent un rôle important, tels que la teneur en calcium,
l'alcalinité, le pH, la totalité des sels dissous et la température. Il suffit donc que l'un ou
plusieurs de ces éléments subissent une modification quelconque pour que l'équilibre
physico-chimique de l'eau varie, avec comme conséquence une augmentation de ses
tendances à l'incrustation ou l'agressivité.

Afin d'étudier, et surtout de prévoir le comportement d'une eau donnée, on a introduit la


notion théorique du pH d'équilibre ou pH de saturation, appelé pHs, valeur de pH
correspondant à un équilibre physico-chimique parfait des bicarbonates de calcium en
solution, et donc à la disparition de toute tendance incrustante ou agressive.

Le pHs est généralement déterminé à l'aide de la formule établie par LANGELIER :

pHs = (pK'2 - pK's) + pCa = pAlc

où :
K'2 = Constante dérivée de K2, deuxième constante de dissociation du gaz carbonique
K'S = Constante dérivée de ks, produit d'activité du carbonate de calcium
pCa = Cologarithme de la concentration molaire en ion calcium
pAlc = Cologarithme de l'alcalinité totale (TAC) exprimée en équivalent gramme/litre

Comme on le voit, le calcul du pHs d'une eau dépend de sa teneur en bicarbonates (pAlc),
en sels de calcium (pCa) ainsi que du paramètre (pK'2 - pK's) qui varie avec la salinité totale,
la force ionique et la température. De nombreux abaques, diagrammes permettent un calcul
rapide du pHs à partir de cette formule. Cependant, la formule de LANGELIER a été
modifiée et simplifiée par LARSON et BUSWELL comme suit :

pHs = 9,3 + A + B - (C + D)

où :
A = Facteur de T.D.S (totalité des sels dissous)
B = Facteur de température
C = facteur de dureté du calcium exprimé en °f
D = Facteur d'alcalinité totale (au méthylorange) TAC exprimé en °f.

Ainsi, directement à partir d'une analyse de l'eau, les tables suivantes permettent le calcul du
pH de saturation.
VALEUR DE A facteur de totalité des sels dissous en ppm

TDS en ppm A

85 à 425 0.1

425 à 10 000 0.2

Tableau 1 : valeurs du paramètre A en fonction du TDS

VALEUR DE B VALEUR DE C VALEUR DE D

facteur de température facteur de dureté du calcium facteur de l'alcalinité totale

°C B TH en °f C TAC en °f D

0à1 2,6 1 à 1,1 0,6 1 à 1,1 1,0

2 à 5,5 2,5 1,2 à 1,3 0,7 1,2 à 1,3 1,1

6,5 à 9 2,4 1,4 à 1,7 0,8 1,4 à 1,7 1,2

10 à 13,5 2,3 1,8 à 2,2 0,9 1,8 à 2,2 1,3

14,5 à 16,5 2,2 2,3 à 2,7 1 2,3 à 2,7 1,4

17,5 à 21 2,1 2,8 à 3,4 1,1 2,8 à 3,5 1,5

22 à 26,5 2 3,5 à 4,3 1,2 3,5 à 4,4 1,6

27,5 à 31 1,9 4,4 à 5,5 1,3 4,5 à 5,5 1,7

32 à 36,5 1,8 5,6 à 6,9 1,4 5,6 à 6,9 1,8

37,5 à 43,5 1,7 7,0 à 8,7 1,5 7 à 8,8 1,9

44,5 à 50 1,6 8,8 à 11 1,6 8,9 à 11 2

51 à 56 1,5 11,1 à 13,8 1,7 11,1 à 13,9 2,1

56,5 à 63,5 1,4 13,9 à 17,4 1,8 14 à 17,6 2,2

64,5 à 71 1,3 17,5 à 22 1,9 17,7 à 22,2 2,3

72 à 81 1,2 23 à 27 2 23 à 27 2,4

82 à 89 1,1 28 à 34 2,1 28 à 35 2,5

90 à 96 1 35 à 43 2,2 36 à 44 2,6

96 à 100 0,9 44 à 55 2,3 45 à 55 2,7

56 à 69 2,4 56 à 69 2,8

70 à 87 2,5 70 à 88 2,9

88 à 100 2,6 89 à 100 3

Tableau 2 : Valeurs des paramètres B, C et D en fonction de la température, du TH ou de la TAC


En ce qui concerne le calcul de A, étant donné que l’on se trouve dans un contexte
sédimentaire avec de fortes interactions de l’eau avec la matrice, il a été admis une
minéralisation assez élevée conduisant à utiliser la valeur 0.2.

Une fois le pH d'équilibre calculé, la comparaison entre ce dernier et le pH réel de l'eau


permet d'établir un index dit de saturation :

I = pH réel - pHs

Cette différence algébrique permet d'estimer le degré de saturation d'une eau en carbonate
de calcium. Ainsi l'index de saturation, ou index de LANGELIER indique :
o S'il est positif, une tendance à la formation de dépôts de CaCO3 (entartrage)
o S'il est négatif, une tendance à la dissolution de CaCO3 (agressivité)

Mais cet index ne donne qu'une indication relative et ne permet pas de savoir si le degré de
saturation est suffisant pour donner un dépôt appréciable ou former seulement un film de
protection. De plus, dans le cas d'eaux peu minéralisées, à faible teneur en bicarbonates de
calcium, l'utilisation de l'index de LANGELIER est sujette à caution.

C'est pourquoi, afin d'obtenir des indications plus précises et fiables, on utilise de plus en
plus une notation différente, appelée index de RYZNAR :

IR = 2 pHs - pH réel

Cet index permet non seulement de différencier une eau entartrante d'une eau agressive ou
d'une eau stable, mais aussi d'évaluer l'importance de l'entartrage ou de l'agressivité comme
le montre le tableau suivant :

IR > 8,7 Eaux très agressives

8,7 > IR > 6,9 Eaux moyennement agressives

6,9 > IR > 5,8 Eaux stables

5,8 > IR > 3,7 Eaux entartrantes

3,7 > IR Eaux très entartrantes

Tableau3 : Agressivité d’une eau en fonction de l’indice de Ryznar


VALEURS DE L’INDICE DE RYZNAR POUR LES DIFFERENTS AQUIFERES

L’application de l’index de Ryznar sur 32 analyses d’eau collectées dans le département de


la Charente Maritime montre que les eaux sont agressives dans les conditions de
température du gisement géothermique.

Nb de points

1er Quartile

Maximum

Moyenne
Minimum

Médiane

Quartile
3ème
JURASSIQUE SUP. 11 6.459 7.007 7.162 7.387 7.951 7.176

TURONO CONIACIEN 8 6.726 6.936 7.085 7.286 7.490 7.112

CRETACE TERMINAL 4 7.100 7.113 7.278 7.624 8.180 7.459

CENOMANIEN 9 6.357 6.824 7.116 7.393 7.500 7.061

Tableau 4 : Statistiques des valeurs d'index de l'indice de Ryznar en fonction de l'aquifère capté.

Indice de Ryznar

CENOM A NIEN

CR ETA CE TER M INA L

TURONO C ON IA C IEN

JUR A SSIQUE SUP .

6 6.5 7 7.5 8 8.5

Illustration 5 : Représentation de l’indice de Ryznar en fonction des aquifères captés par la


méthode des boîtes à moustaches de Tukey.

Afin de quantifier l’effet de la température sur la stabilité chimique des eaux souterraines,
l’indice de Ryznar a été calculé à différentes températures. En effet, l’eau prélevée dans les
nappes est rejetée à une température minimale de 6-7° C (en sortie de l’évaporateur de la
Pompe A Chaleur). Le calcul de l’indice pour la température de 6°C montre une
augmentation générale de l’agressivité des eaux. Inversement, une augmentation de la
température entraîne une tendance à l’entartrage, qui se matérialise par une diminution
globale de l’indice de Ryznar.

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