L'Anemie Chimio-Induite - Chemotherapy-Induced Anemia
L'Anemie Chimio-Induite - Chemotherapy-Induced Anemia
L'Anemie Chimio-Induite - Chemotherapy-Induced Anemia
Thèse
pour le
L’ANEMIE CHIMIO-INDUITE
--
CHEMOTHERAPY-INDUCED
ANEMIA
Un exemple de prise en charge dans le cadre des
soins oncologiques de support
Favre Claire
Née le 26 octobre 1991 à St Jean de Braye (45)
Membres du jury
M. Duval Olivier | Président
M. Clere Nicolas | Directeur
M. Hubault Philippe | Membre
Soutenue publiquement le :
25 octobre 2018
LISTE DES ENSEIGNANTS de la Faculté de SANTÉ
D’ANGERS
AUTRES ENSEIGNANTS
AUTRET Erwan Anglais Médecine
BARBEROUSSE Michel Informatique Médecine
BRUNOIS-DEBU Isabelle Anglais Pharmacie
CHIKH Yamina Économie-Gestion Médecine
FISBACH Martine Anglais Médecine
PAST
CAVAILLON Pascal Pharmacie Industrielle Pharmacie
LAFFILHE Jean-Louis Officine Pharmacie
MOAL Frédéric Pharmacie Clinique Pharmacie
ATER
FOUDI Nabil Physiologie et communication cellulaire Pharmacie
HARDONNIÈRE Kévin Pharmacologie - Toxicologie
WAKIM Jamal Biochimie et biomoléculaire Médecine
AHU
BRIS Céline Biochimie et biologie moléculaires Pharmacie
LEROUX Gaël Toxico Pharmacie
BRIOT Thomas Pharmacotechnie Pharmacie
CHAPPE Marion Pharmacotechnie Pharmacie
CONTRACTUEL
VIAULT Guillaume Chimie Pharmacie
ENGAGEMENT
DE NON PLAGIAT
A M. Duval,
Que je remercie de l’honneur qu’il me fait en acceptant de présider ma soutenance
de thèse.
A M. Hubault,
Qui m’a fait la gentillesse d’accepter de juger ce travail. Qu’il en soit très
respectueusement remercié.
A ma sœur, Anne-Laure,
Pour ton indéfectible soutien de tout instant. C’est infini entre nous et bien plus
fort que des mots !
A ma grand-mère angevine,
Ange gardien pendant ces nombreuses années, tu continues toujours tes
attentions délicieuses. Accepte mes excuses pour mes jours de mauvaises têtes
durant les études. J’ai une chance incroyable de t’avoir comme grand-mère.
A mes parents,
Je vous remercie de m’avoir permis d’accéder à l’éducation, aux études
supérieures et de me soutenir dans ma nouvelle orientation professionnelle. Ma
sérénité en l’avenir je vous la dois !
A Christine et Christian,
Pour m’avoir coachée, soignée, sauvée dans des moments critiques. Votre aide
m’est précieuse. Merci.
A Guillaume,
Pour ton calme pendant les moments de crise, tes conseils avisés, ton respect au
quotidien. J’ai vécu la rédaction de ma thèse de la meilleure des façons : à tes
côtés. Je t’aime.
INTRODUCTION ......................................................................................................................................... 3
II. L’ANEMIE.......................................................................................................................................... 37
1
IV. PRISE EN CHARGE DE L’ANEMIE CHIMIO INDUITE EN ONCO-HEMATOLOGIE ..................................... 77
2
INTRODUCTION
Le cancer, pathologie du siècle, est présent dans la vie de chaque individu vivant dans
les pays développés. De nombreuses pistes sont évoquées quant à l’origine de cette
maladie. Qu’elle soit due à des facteurs externes tels que la pollution, le tabac, l’alcool,
la surexposition au soleil, à des radiations ou à des facteurs internes comme des
prédispositions génétiques (mutations génétiques transmises entre générations) : le
constat est sans équivoque – on estime à environ 400 000 le nombre de nouveaux cas
pour l'année 2017 en France.
Au-delà du fait, que chacun d’entre nous entend parler quotidiennement de cette
maladie, la société est mobilisée pour comprendre la pathologie et traiter le patient.
L’implication scientifique et médicale est visible par le nombre d’études et de publications
scientifiques. Aujourd’hui on trouve 3.7 millions de résultats sur le site internet Pubmed,
moteur de recherche de données bibliographiques en biologie et médecine, en utilisant
le mot clé « cancer ». Cette mobilisation se traduit par la création d’associations de
patients, de nouvelles structures dédiées aux soins, et les changements notables dans
l’allocation des ressources pour la recherche dans le secteur privé avec une réorientation
globale vers l’oncologie.
Grâce à ces investissements, les avancées dans le domaine ont été extraordinaires. Une
hausse impressionnante du taux de survie à cinq ans des patients ayant un cancer de la
prostate confirme cette tendance générale positive : 72 % des hommes diagnostiqués
entre 1989 et 1993 étaient en vie cinq ans plus tard, pour les hommes diagnostiqués
entre 2005 et 2010, la proportion passe à 94%(1).
Deux éléments sont à considérer avant la lecture de ce travail pour avoir le tableau dans
son ensemble.
D’abord, l’élément de chronicité – la chronicisation de la maladie cancéreuse apparaît
suite aux progrès médicaux. Le patient vit plus longtemps, il a alors besoin d’une suite
dans les soins qui lui sont prodigués.
Le deuxième élément correspond à l’augmentation plus globale du niveau de vie et donc
de l’espérance de vie : la population est en augmentation et les Hommes vivent plus
3
longtemps. Ils ont donc un risque plus important de développer ce type de maladie (ils
sont plus longtemps au contact de facteurs de risque).
Ces réflexions posent la question de la « quantité de vie » versus la qualité de vie. Cette
problématique est posée par le concept de soins de support – par l’amélioration continue
de la prise en charge du patient atteint de cancer et plus précisément sur son
accompagnement au cours du traitement.
Les progrès médicaux offrant de nouvelles solutions thérapeutiques s’accompagnent du
problème de nouvelles toxicités qu’il faut apprendre à gérer.
Ce travail a pour objectif de discuter des soins de support mis en place lors d’une
pathologie cancéreuse. Pour aborder ce sujet, je traite le cas des anémies survenant lors
d’un traitement par chimiothérapie.
4
I. LES SOINS DE SUPPORT EN ONCO-HEMATOLOGIE
I.1 Définition
Les soins de support en onco-hématologie ou « Supportive Care » en anglais sont
définis comme l’ensemble des soins apportés au patient tout au long de la pathologie
cancéreuse. La mise en place des soins oncologiques de support peut donc se faire à tout
moment lorsque le patient est atteint d’une maladie grave et ce, dès l’annonce du
diagnostic jusqu’à la guérison ou le décès du patient (Figure 1, Figure 2). Le soutien du
patient est au cœur de la notion des soins de support. Ces soins ont une visée de
prévention et de gestion des symptômes physiques, psychologiques de la maladie et des
effets indésirables des traitements anticancéreux éventuellement mis en place. Ils sont
à différencier des soins oncologiques spécifiques qui correspondent aux traitements de la
pathologie cancéreuse. Par exemple, une patiente atteinte de cancer du sein, peut avoir
un traitement de radiothérapie mis en place sur cinq semaines : il s’agit d’un soin
oncologique spécifique. Le soin oncologique de support associé serait la mise en place
d’une prescription de crème voire d’antidouleurs pour soulager un érythème lié à la
radiothérapie.
5
Figure 1 : Continuité et globalité des soins en curatif (d’après l’Association Francophone
des Soins Oncologiques de Support, AFSOS) (2)
Les SOS s’inscrivent dans une équipe coordonnée possédant différentes compétences :
les professionnels de la lutte contre la douleur, les équipes de soins palliatifs (les soins
palliatifs correspondent à des soins actifs dispensés au patient dont le traitement curatif
n’a plus d’effet), les professionnels de psycho-oncologie, les professionnels formés à
l’accompagnement social des patients, les structures et les équipes de professionnels
6
formés dans les domaines de la nutrition et de la réadaptation fonctionnelle (Circulaire
n° 101 du 22 Février 2005 relative à l’organisation des soins en Cancérologie) (3–5). En
2003, le président Jacques Chirac a mis en place le Plan Cancer, programme visant à
mobiliser les professionnels de santé autour de la prévention, du dépistage, des soins,
de la recherche et de l'accompagnement du patient et de ses proches. Dans ce premier
Plan Cancer, des critères de qualité dans la prise en charge ont été définis pour autoriser
les établissements de santé à traiter des patients atteints de cancer (6). Cette
organisation des SOS a été une des priorités du plan Cancer 1 (2003-2007) auquel est
rattachée la circulaire mentionnée ci-dessus. Elle est également une des ambitions du
Plan Cancer 3 (2014-2019) : « Préserver la continuité et la qualité de vie, en proposant
une prise en charge globale de la personne pendant et après la maladie, tenant compte
de l'ensemble de ses besoins.”.
Les Plans Cancer sont des plans proposés par le gouvernement français avec pour
objectifs généraux la lutte contre le cancer et l’amélioration de la prise en charge du
malade. Ils se déclinent sous forme d’actions concrètes. L’Action 7.6 du Plan Cancer
2014-2019 rend compte de l’importance des SOS via l’introduction des exigences d’accès
et de continuité de ce type de soins. Les Agences Régionales de Santé (ARS) sont
également impliquées pour l’organisation territoriale de l’offre SOS (accès, visibilité et
coordination ville/hôpital) (7).
7
(IRM) et la tomographie par émission de positrons (TEP) permet le passage de la
radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle (3D) à la radiothérapie
conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI) et la radiothérapie guidée par
l’image (IGRT). La zone à traiter est mieux contrôlée – et le traitement par radiothérapie
permet aux patients de vivre plus longtemps avec moins d’effets indésirables. Le cancer
devient traitable et dans certains cas curable. La qualité de vie prend alors toute son
importance (8). Pour comprendre la notion de soins de support, le mécanisme cancéreux
et l’histoire des traitements (principalement la chimiothérapie) de cette maladie sont
présentés.
Les recherches sur cette pathologie ont débuté dès l’antiquité. Hippocrate, Celsus et
Galien ont étudié des tumeurs et les stades de la maladie pour traiter leurs patients en
conséquence (9). Les phases d’évolution de la maladie sont très vite observées par les
médecins de l’antiquité. La clinique sera pendant plusieurs centaines d’années la seule
forme de recherche dans le domaine.
I.2.1.1 Définition
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, le cancer se définit comme « un grand
groupe de maladies qui peuvent toucher n'importe quelle partie de l'organisme. L'une de
ses caractéristiques est la prolifération rapide de cellules anormales qui peuvent essaimer
dans d'autres organes, formant ce qu'on appelle des métastases. » (10)
Trois étapes définissent le mécanisme du cancer. La première, l’initiation, correspond
à l’apparition d’une lésion au niveau des acides nucléiques (ADN) ou matériel génétique
de la cellule. Cette anomalie est induite par des agents mutagènes (agents
environnementaux comme des cancérogènes chimiques, des rayonnements, des virus)
ou des facteurs génétiques héréditaires (mutations germinales). La deuxième phase dite
de promotion conduit à la prolifération des cellules initiées. Enfin, dans la troisième étape,
8
la cellule cancéreuse se multiplie de façon anarchique et échappe à l’apoptose (mort
cellulaire programmée) : c’est la phase d’invasion. La progression est d’abord locale et
se poursuit via le sang et la lymphe pour envahir d’autres tissus : il s’agit de métastases.
Plusieurs anomalies consécutives génétiques (modifiant la séquence des gènes) et
épigénétiques (modifiant l’activité de la cellule) peuvent se dérouler sur une longue durée
dans le temps (parfois plusieurs dizaines d’années) et conduire à l’apparition de la
pathologie en elle-même que tardivement dans la vie du patient. Certains gènes
impliqués dans le bon fonctionnement de la cellule, sont clés dans la transformation
cancéreuse. Leurs altérations contribuent au processus tumoral :
• Les oncogènes impliqués dans la croissance des cellules ;
• Les gènes suppresseurs de tumeurs chargés de freiner la croissance cellulaire
et/ou d’induire l’apoptose ;
• Les gènes de réparation de l’ADN appartenant aux systèmes de surveillance de la
cellule. Leur inactivation entraînent l’accumulation d’erreurs génétiques;
• Les gènes de la télomérase – cette enzyme est normalement inactive dans
presque toutes les cellules. Son activation anormale dans les cellules cancéreuses
entraîne une multiplication infinie de la cellule.
Ainsi ces altérations consécutives sur la cellule vont entraîner la modification de son
comportement et lui conférer les caractéristiques suivantes :
• L’indépendance face aux signaux régulant sa croissance et sa division ;
• La capacité proliférative : elle peut se diviser indéfiniment (immortalisation) ;
• L’échappement au phénomène d’apoptose – mort cellulaire programmée (11).
9
nationale de sécurité du médicament et des produits de santé aux Etats-Unis), approuve
l’utilisation des moutardes azotées dans le traitement du lymphome de Hodgkin
(multiplication incontrôlée de lymphocytes B anormaux) en 1949 (12). Puis la recherche
des cytotoxiques (agents toxiques pour les cellules) se fait de façon plus rationnelle par
l’étude de composés issus des plantes tels que la vincristine et la vinblastine provenant
de la Pervenche de Madagascar. En 1958, des scientifiques du National Cancer Institute
(NCI) démontrent que l’utilisation combinée de cytotoxiques avec des mécanismes
d’action différents permet d’augmenter l’efficacité du traitement pour la leucémie aiguë
et de minimiser les effets indésirables. Il s’agit de la première étape vers les protocoles
que l’on utilise toujours aujourd’hui avec l’association de plusieurs médicaments.
La chirurgie devient plus précise et moins mutilante vers les années 70. Dans le cancer
du sein, les études démontrent que l’ablation de la tumeur en conservant le sein est aussi
efficace que la mastectomie. Cette découverte a permis de réduire significativement les
effets secondaires physiques et esthétiques et a ainsi aidé les patients atteints de cancer
du sein à retourner à une vie « normale ».
De plus la publication de recommandations sur la gestion de la douleur par l’OMS pour
sensibiliser les médecins à sa prise en charge chez les patients atteints de cancer en
1986, met en évidence la considération grandissante de la qualité de vie des patients.
10
contre le tabagisme et l’alcoolisme. Elles ont un but de prévention vis à vis de ces facteurs
de risque. Ces lois sont ensuite soutenues par les plans Cancer décrits PARTIE 1.0 (page
5).
Les premiers traitements anti cancéreux avec des agents cytotoxiques consistent en
la dégradation de l’ADN, l’inhibition de la synthèse ou l’interférence dans le phénomène
de division cellulaire. Ces traitements ont été étudiés suite à la sélection de principes
actifs capables de tuer les cellules cancéreuses comme par exemple l’inhibiteur naturel
des microtubules : le paclitaxel. Les agents alkylants l’ADN, initialement représentés par
le sulfure et le gaz moutarde, ont été modifiés pour apporter un meilleur contrôle de leur
réactivité chimique et ont conduit aux molécules du cyclophosphamide et de
l’ifosphamide. Ce dernier exemple montre que la période du développement des
cytotoxiques ne prenait pas l’avantage des nouvelles connaissances dans le domaine de
la génétique et moléculaire et se basait uniquement sur la chimie.
Les recherches en cancérologie des dix dernières années dénotent d’un nouvel élan.
Elles s’orientent vers trois grands thèmes majeurs : le ciblage, les technologies et les
traitements. Une meilleure compréhension du génome et des voies responsables de
l’initiation et de la progression des tumeurs malignes, oriente la recherche vers la
11
problématique du ciblage efficace. Nous voyons donc apparaître des cibles biologiques
privilégiées pour contrecarrer le cancer, il s’agit des thérapies ciblées. D’autre part, les
nouvelles technologies pour le développement et le screening/criblage des molécules
(étapes de sélection des molécules à potentiel de développement) permettent d’aborder
la recherche d’une autre façon notamment avec la génomique. Aujourd’hui, les nouveaux
traitements arrivant sur le marché reflètent l’innovation thérapeutique en ciblant les voies
biomoléculaires causant le cancer et nous amènent progressivement vers la médecine
personnalisée (15).
I.2.1.3.1 La chirurgie
I.2.1.3.2 La chimiothérapie
12
Ces agents cytotoxiques, aussi qualifiés d’agents antinéoplasiques, agissent au niveau
de la mitose – le cycle de division cellulaire. Il convient de distinguer les agents cycle-
dépendants, phase-dépendants et cycle-indépendants. Ils se différencient par le moment
de leur action dans le cycle cellulaire. La figure 3 représente le schéma d’un cycle
cellulaire, c’est à dire le phénomène par lequel une cellule mère se divise et donne
naissance à deux cellules filles, il est composé de plusieurs phases :
- L’interphase
o La phase G0 ou la phase de « repos », la cellule n’a pas encore commencé
à se diviser. Lorsqu’elle reçoit un signal spécifique de division, elle entamera
la phase G1. Selon les organismes cette phase G0 peut durer de quelques
heures à quelques années.
o La phase G1 : la cellule fabrique d’avantage de protéines et grossit. C’est
l’entrée dans le cycle cellulaire grâce à l’activation des complexes
Cdk4(Cyclin-dependent kinase 4)/cycline D et Cdk6/cycline D par des
signaux extracellulaires. L’activation des Cdk conduit à la phosphorylation
de substrats. Ces derniers permettent l’expression de facteurs de
transcription, de cyclines de la phase S et d’enzymes impliqués dans la
duplication de l’ADN. Le complexe Cdk4/cycline D phosphoryle les protéines
de la famille Rb (pRb, p107 et 130). Ces protéines forment un complexe de
répression transcriptionnelle inhibant l’expression de gènes responsables de
la transition G1/S et de la progression en phase S. Les complexes
Cdk/cyclines en phosphorylant la pRb entraîne la libération des facteurs de
transcription E2F: il y a expression de gènes impliqués dans la progression
du cycle.
o La phase S ou phase de synthèse : le matériel génétique contenu dans les
chromosomes est répliqué de façon à avoir en double l’ADN pour les futures
cellules filles.
o La phase G2 : il y a vérification du matériel génétique et éventuellement
réparation des erreurs.
- La phase M ou mitose : les quatre phases de la mitose sont : la prophase, la
métaphase, l’anaphase et la télophase. Durant la mitose, la cellule sépare en deux
13
le matériel génétique nouvellement synthétisé pour avoir deux noyaux distincts et
divise son cytoplasme en deux pour former deux cellules filles (18).
La figure 4 présente les agents associés aux phases du cycle cellulaire sur lesquelles
ils agissent. La classe des alkylants a pour cible l’ADN, formant une liaison covalente avec
un acide nucléique, il y a inhibition de la réplication du matériel génétique. La
multiplication des cellules cancéreuses ne peut se faire. Les agents alkylants sont
essentiellement cycle dépendant mais ils ne sont pas spécifiques d’une phase du cycle.
Les triazènes, les moutardes azotées, les nitroso-urées et les organoplatines sont des
exemples d’agents alkylants mono ou bifonctionnels utilisés de nos jours pour créer des
ponts entre différents secteurs d’ADN.
Les antimétabolites agissent au niveau de la synthèse de l'ADN et de l’ARN en privant la
cellule de bases puriques et pyrimidiques, nécessaires au bon déroulement de cette
phase. On retrouve la famille des antifolates, les analogues des bases pyrimidiniques et
des bases puriques.
14
Les poisons du fuseau regroupent principalement les vinca alcaloïdes et les taxanes. Ces
deux classes sont des antimitotiques issus de plantes, comme la Pervenche de
Madagascar, Catharanthus roseus,
ou encore l’If, Taxus brevifolia. Leur action se porte sur les microtubules intervenant lors
de la séparation des chromosomes pendant la phase de mitose. Les alcaloïdes empêchent
la polymérisation de la tubuline et provoque la désorganisation du réseau microtubulaire
lors de la mitose. Les taxanes inhibent la dépolymérisation de la tubuline cytoplasmique.
Les microtubules sont rigides et polymérisés, conduisant à la mort de la cellule.
Les modificateurs de l’ADN sont représentés par les inhibiteurs des enzymes
topoisomerases I et II. Ces enzymes interviennent dans le phénomène de déroulement
de la molécule d’ADN au moment de la transcription ou de la réplication des brins. La
topoisomérase I est présente en plus grande quantité dans les cellules cancéreuses
(versus les cellules normales). Les inhibiteurs de cette enzyme agissent en empêchant la
reconnexion des deux extrêmités de l’ADN – un complexe est formé entre l’enzyme et
les brins d’ADN et l’inhibiteur. La division cellulaire est arrêtée en G2. Les représentants
de cette classe sont des dérivés de la camptothécine, molécule provenant d’une plante
cultivée en Chine, Camptotheca acuminata. On retrouve le même principe d’inhibition
pour les inhibiteurs de topoisomérase II : en s’intercalant entre les deux brins d’ADN, la
topoisomérase II ne peut plus avoir son action de ciseaux conduisant à la séparation des
brins – étape indispensable avant la transcription. Les anthracyclines appartiennent à ce
groupe d’agents intercalants et ont été historiquement isolées à partir de souches
bactériennes (20).
15
Figure 4 : Cibles des agents anticancéreux pendant le cycle cellulaire d’après (21)
Cycle nonspecific : agent non spécifique à une phase du cycle ; alkylating agents :
agents alkylants ; topoisomerase inhibitors : inhibiteurs de topoisomérase ; antitumor
antibiotics : antibiotiques antitumorales.
Certains anticancéreux sont actifs à un stade spécifique du cycle, d’autres le sont sur
plusieurs stades. Il apparaît alors que les cellules à fort taux de renouvellement, cellules
en phase de division cellulaire, sont plus sensibles à ces agents et en particulier lorsqu’il
y a association entre plusieurs molécules de mécanismes d’action différents. La stratégie
du protocole de traitement est de couvrir un maximum de stades du cycle de division des
cellules cancéreuses. L’absence de sélection entre les cellules normales et tumorales en
cours de division est à l’origine des toxicités. Les effets secondaires observés à la suite
16
d’un traitement de chimiothérapie peuvent être liés au degré de multiplication élevé de
certains tissus : le tissu hématopoïétique (dont la production journalière est de 200.109
cellules), la peau et le tissu digestif (l’intestin grêle a un renouvellement de 1 million
cellules par minute) en sont les exemples. Les conséquences sur l’organisme sont
majoritairement :
• Myélosuppression (insuffisance de la moelle osseuse);
• Troubles de la cicatrisation;
• Retard de croissance (chez les enfants);
• Stérilité;
• Teratogénicité (anomalies/deformations foetales);
• Alopécie (chute des cheveux);
• Atteinte des muqueuses des voies digestives.
Ces effets secondaires sont redoutés et marquants pour le patient. Les soins de
support comme le soutien psychologique et la gestion de la douleur sont particulièrement
proposés et discutés lors de la mise en place d’un protocole de chimiothérapie.
I.2.1.3.3 L’hormonothérapie
17
d’œstrogène (femme ménopausée). Enfin les analogues de la LH-RH exercent une
inhibition de la production des hormones ovariennes féminines.
Les effets secondaires observés pour ce type de traitement sont liés aux actions
agonistes des molécules sur certaines cibles dans l’organisme : une prise de poids
(traitement progestatif), des bouffées vasomotrices (anti-œstrogènes, anti-aromatases),
une diminution de la trophicité de la muqueuse vaginale (anti-aromatases), des douleurs
osseuses et articulaires (anti-aromatases).
I.2.1.3.4 La radiothérapie
La radiothérapie est un traitement loco-régional comme la chirurgie. Elle agit sur l’ADN
ou l’Acide RiboNucléique (ARN) des cellules cancéreuses, entraîne des lésions
irréversibles puis la mort de ces cellules. Grâce à un transfert d’énergie (ionisation), les
molécules du noyau cellulaire sont déstabilisées et conduisent à la formation de radicaux
libres, espèces hautement réactives. Ces composés réactifs sont à l’origine de ruptures
au niveau de l’ADN. L’accumulation de lésions dans le matériel génétique aboutit à la
mort de la cellule.
18
On distingue trois grands types: la radiothérapie externe, la curiethérapie (source
radioactive placée à proximité immédiate de la zone à traiter), la radiothérapie
métabolique (source radioactive non scellée administrée au patient).
La thérapie anticancéreuse par irradiation est limitée par sa capacité à cibler les zones
cancéreuses et uniquement celles-ci. Elle est généralement associée à une autre thérapie
comme la chimiothérapie.
19
est activée par des granzymes entrant dans la cellule par les pores et qui conduit
à l’apoptose de la cellule. On parle de cytotoxité cellulaire dépendant des anticorps
(Antibody Dependent Cell-mediated Cytotoxicity, ADCC).
- Phagocytose. Les cellules phagocytaires (monocytes, macrophages,
polynucléaires) ont aussi des récepteurs pour le Fc des immunoglobulines
(anticorps monoclonaux). Ils interviennent en englobant et digérant la cellule cible.
L’intérêt du mécanisme phagocytaire est l’expression des épitopes (initialement
des cellules anormales) en surface des phagocytes. Cela conduit à la stimulation
de la réponse immunitaire contre ces déterminants antigéniques et à l’activation
des lymphocytes T antitumoraux.
- Interaction directe avec l’antigène cible. La simple interaction de l’anticorps avec
la cellule cible peut avoir une influence directe sur la physiologie de la cellule
tumorale : en induisant l’apoptose, en augmentant la sensibilité à la chimiothérapie
ou en inhibant la croissance cellulaire (24).
Ces traitements sont également classés selon leurs cibles. En premier, le groupe
intervenant au niveau des protéines kinases. On distingue la tyrosine et sérine/thréonine
kinases. C’est grâce à la présence de certains signaux induits par l’activation de ces
kinases (par phosphorylation) que se déroule la prolifération cellulaire tumorale. Ces
kinases sont impliquées dans la régulation de protéines intervenant dans la prolifération,
survie cellulaire, le processus de migration et d’invasion, et dans l’angiogenèse.
Le deuxième groupe intervient au niveau des récepteurs membranaires (sus mentionnés
avec les anticorps monoclonaux) et de récepteurs de facteurs de croissance tel que le
facteur de croissance épidermoïde (Epidermal Growth factor, EGF-R) – ces derniers sont
bloqués par des anticorps monoclonaux ou par des petites molécules agissant sur
certaines voies de signalisation contrôlant la prolifération cellulaire. Les agents
antiangiogéniques bloquent les récepteurs du facteur de croissance vasculaire endothélial
(Vascular Endothelial Growth Factor, VEGF). Le troisième groupe correspond aux
inhibiteurs du système du protéasome. Ce système est l’un des deux mécanismes par
lesquels les protéines intracellulaires sont détruites. Dérivés de l’acide boronique, ces
agents inhibent l’activité chymotrypsine ce qui conduit au blocage de l’activité thréonine
protéase : la dégradation des protéines régulant le cycle cellulaire est diminuée (IκBα,
20
cycline E, p53 ou p27). La prolifération cellulaire tumorale est amoindrie et il y a
induction de l’apoptose (25,26).
Les thérapies ciblées ont élargi le concept de traitement anticancéreux individualisé car
les molécules utilisées peuvent être effectives sur une cible moléculaire spécifique et ne
pas l’être en l’absence de cette cible. La réponse au traitement est donc dépendante de
multiples paramètres tels que le sexe du patient, son origine ethnique ou encore
l’histologie de la tumeur (27). Aujourd’hui, la recherche s’oriente d’avantage vers les
protocoles qui ciblent avec plus de précision le foyer cancéreux avec un objectif double :
avoir un meilleur impact sur le cancer et éviter au maximum les tissus sains environnants.
Les études sont basées sur différentes combinaisons de molécules, sur le développement
d’anticorps monoclonaux et liposomaux, stratégie pour mieux cibler les cellules
cancéreuses, sur l’utilisation d’agents chimioprotecteurs, sur la transplantation de
cellules souches hématopoïétiques et sur la recherche d’agents échappant au phénomène
de chimiorésistance (16).
21
support, end of life, pain, antiemetics, antibiotics and so on. Besides anti-cancer therapy,
everything is supportive care. »1 Commence alors la création d’associations sur cette
thématique de gestion des effets indésirables chez les patients (8). Au début du XXème
siècle, les malades se regroupent eux aussi sous forme d’associations et de réseaux pour
influencer les autorités et avoir un impact sur le plan cancer. La mesure 42 du Plan Cancer
en France prévoit le développement des soins de support et insiste sur le développement
de la prise en charge de la douleur et de la psycho-oncologie (7).
Des outils d’évaluation du bien être des patients et des symptômes associés à la
pathologie cancéreuse sont développés (8). Ils ont pour objectif d’évaluer par exemple
la fatigue, l’état psychologique, la douleur et les conséquences de ces symptômes sur la
qualité de vie du patient. Pour évaluer l’intensité de la douleur, l’équipe soignante soumet
au patient des schémas, échelles ou règles afin de faciliter l’expression de l’intensité de
la douleur et sa localisation. Pour la fatigue, le clinicien dispose d’outils de mesure tels
que le Rhoten Fatigue Scale (RFS), le Piper fatigue self-report scale ou encore le
Functional Assessment of Cancer Therapy avec la sous partie fatigue. Ces trois exemples
évaluent soit le niveau de la fatigue de façon générale, soit sont spécifiques à un certain
type de cancer ou à un type de traitement anticancéreux (28).
Ces soins de support reposent sur une collaboration multi professionnelle entre
médecins, infirmières, nutritionnistes, kinésithérapeutes, psychologues, diététiciennes,
assistantes sociales, bénévoles… Et aussi multidisciplinaire, car elle associe des
oncologues, anesthésistes, chirurgiens, radiothérapeutes, radiologues, psychiatres, etc.
« L'idée-force, c'est qu'il n'y a pas de raison de limiter cette prise en charge globale aux
situations palliatives avancées. Les malades complexes, pour lesquels il faut coordonner
de multiples intervenants, sont souvent des patients en soins palliatifs, qui ne vont pas
guérir. Mais ceux en phase curative ont aussi de gros besoins dont la prise en compte
1
Ce sont tous les soins que vous prodiguez aux patients cancéreux en dehors d'une
thérapie anticancéreuse spécifique. Cela signifie que vous prévenez non seulement les
complications liées à la maladie cancéreuse elle-même, mais également au traitement.
Les soins de support commencent par le diagnostic du cancer et suivent toute l’évolution
de la maladie, ils comprennent le soutien psychologique, la fin de vie, la douleur, les
antiémétiques, les antibiotiques, etc. Outre la thérapie anticancéreuse, tout est un
traitement de soutien.
22
influe sur l'efficacité des soins et le retour à la vie normale », insiste le Dr Laure Copel,
oncologue (Institut Curie, Paris).
23
I.2.2.2 Les différents types de soins de support
Nous détaillons ici les principaux effets secondaires expérimentés par le patient, toute
pathologie cancéreuse confondue, et pour lesquels il est possible de mettre en place des
« soins de support ».
24
- Et/ou antidépresseurs (Tricycliques et inhibiteurs sélectifs de la sérotonine,
noradrénaline, venlafaxine et duloxetine),
- Le traitement peut être également complété avec des antalgiques voire selon la
décision en unité de douleur : avec de la capsaïcine à 8% (patch à placer en
hospitalisation), des perfusions d’anesthésiques ou de kétamine, une
neurostimulation épidurale, médullaire ou cérébrale.
L’arbre décisionnel pour soulager la douleur neuropathique commence par un choix entre
une thérapie médicamenteuse ou non médicamenteuse (neurostimulation transcutanée,
acupuncture,..). Si l’option médicamenteuse est faite, on met en place des topiques
locaux. En cas d’inefficacité, des anticonvulsivants ou antidépresseurs prennent le relai.
Les morphiniques sont utilisés ensuite lorsque les thérapies précédentes ne soulagent
plus. Puis, on traite au centre de la douleur par des anti récepteurs NMDA/Ketamine en
intraveineuse (IV) ou des antiarythmiques/xylocaine en intraveineux. En dernier recours,
le traitement chirurgical est envisagé (5).
Pour les douleurs nociceptives, il s’agit d’un excès de stimulation d’un nocicepteur,
l’échelle des trois paliers de l’OMS (détaillée ci-dessous) est utilisée. L’organisation
mondiale de la santé (OMS) propose un schéma de prise en charge basé sur
« l’administration du bon médicament à la bonne dose et au bon moment » (Figure
5) (32). Dans une première étape de prise en charge de la douleur, le professionnel de
santé met en place un traitement initial à base de molécules non opioïdes lorsque la
douleur est jugée peu importante. Si la douleur persiste ou si le patient ressent une
augmentation de la douleur (mesure via les échelles d’intensité), il y a mise en place
d’une thérapie à base d’opioïdes en association ou non avec d’autres molécules
antalgiques. Enfin si la douleur persiste, le traitement se compose de morphiniques en
association ou non. Cette échelle de soulagement de la douleur permet ainsi une escalade
progressive des thérapies antalgiques et évite la sur médication dès le début de
l’apparition de la douleur.
25
Etape 3
Opioïdes pour
douleur modérée à
sévère (morphine)
Persistance ou +/- médicament non
augmenta on opioïde
de la douleur +/- adjuvant
Etape 2
Opioïdes pour
douleur faible à
modérée (codéine)
Persistance ou
+/- médicament
augmenta on
de la douleur non opioïde
+/- adjuvant
Etape 1
Médicament non
opioïde
(aspirine, paracétamol,
an -inflammatoires
non stéroïdiens) +/- Douleur
adjuvant contrôlée
26
Les mécanismes de nausées et vomissements sont contrôlés par le système nerveux
central. La nausée est due au système nerveux autonome. Le vomissement est un réflexe
complexe résultant d’une convergence de stimulations afférentes depuis : la zone
chémosensible (CTZ, chemoreceptor trigger zone), le cortex cérébral et le système
limbique (stimuli sensoriels, psychologiques), le système vestibulaire de l’oreille interne,
des stimuli périphériques (nerfs sympathiques des organes viscéraux et de l’appareil
vasculaire) – ces stimuli sont dus à des substances endogènes ou exogènes s’accumulant
lors d’inflammation, ischémie, ou d’irritation.
Le centre du vomissement (bulbaire), les cellules entérochromaffines du tractus
gastrointestinal et les neurotransmetteurs (sérotonine, substance P, dopamine,
histamine) déchargent des impulsions efférentes transmises à la musculature
abdominale, aux centres de salivation et de la respiration. Il en résulte l’expulsion du
contenu de l’estomac, du duodénum, du jéjunum à travers la cavité buccale.
Les nausées et vomissements sont les symptômes les plus redoutés des patients prenant
un traitement anticancéreux. Environ 80% des patients traités par chimiothérapie ont eu
des nausées et vomissements. Le déclenchement, la sévérité et la durée des nausées et
vomissements varient selon les facteurs tels que la localisation de la tumeur, les
protocoles et les agents de chimiothérapies utilisés.
Les nausées et vomissements sont classés comme suit :
- Aiguës : lorsqu’ils surviennent dans les 24 heures après la chimiothérapie ;
- Retardés : lorsqu’ils surviennent plus de 24 heures après la chimiothérapie ;
- Anticipés : ils surviennent avant un nouveau cycle de chimiothérapie, en général
après 3 ou 4 cycles ;
- Réfractaires : les nausées et vomissements ne répondent pas au traitement anti
émétiques ;
- Chroniques chez les patients avec cancer au stade avancé : différentes étiologies
sont en cause pour ce type de nausées et vomissements , elles ne sont pas bien
connues (potentiellement une combinaison de facteurs métaboliques, gastro-
intestinaux, iatrogènes, de toxicités dues à radio ou chimiothérapie) (33)(34).
La société américaine d’oncologie clinique (ASCO) donne les risques émétisants des
agents utilisés en chimiothérapie (35).
27
Tableau 1 : Molécules à risque émétique d’après l’Observatoire des Médicaments
Dispositifs Médicaux Innovations Thérapeutiques du Centre (36)
POTENTIEL
HAUTEMENT
ÉMÉTISANT
POTENTIEL MOYENNEMENT ÉMÉTISANT GROUPE III :
GROUPE IV :
fréquence vomissements 30 à 90%
fréquence
vomissements >
90%
Altrétamine Aldesleukine ≥ Cytarabine > 500 Lomustine
Carmustine ≥ 250 12-15 MUb/m2 mg/m2 Melphalan i.v. ≥ 50
mg/m2 Cisplatine ≥ Amifostine > 300 Dactinomycine mg/m2
70 mg/m2 mg Amsacrine Daunorubicine Méthotrexate 250-1
Cyclophosphamide ≥ Azacitidine Doxorubicine 000 mg/m2
1,5 g/m2 Bendamustine Épirubicine Mitoguazone
Dacarbazine Busulfan > 4 mg/j Étoposide per os Oxaliplatine ≥ 75
Méchloréthamine Carboplatine Fotemustine mg/m2
Melphalan haute dose Carmustine < 250 Idarubicine i.v. et Pentostatine
Procarbazine mg/m2 per os Ifosfamide Raltitrexed
Streptozocine Cisplatine < 70 Imatinib Témozolomide
Trabectedine mg/m2 Irinotécan Trétinoïne
Cyclophosphamide Trioxyde d’arsenic
< 1,5 g/m2 Vinorelbine per os
Cyclophosphamide
per os
POTENTIEL ÉMÉTISANT FAIBLE POTENTIEL ÉMÉTISANT TRÈS FAIBLE
GROUPE II : fréquence vomissements GROUPE I : fréquence vomissements
10 à 30% < 10%
5-fluorouracile Fludarabine per os Alemtuzumab Melphalan per os
Aflibercept Gemcitabine Asparaginase Méthotrexate < 50
28
Amifostine ≤ 300 Ixabépilone Axitinib mg/m2
mg/m2 Bexarotène Mercaptopurine Bévacizumab Nélarabine
Cabazitaxel Méthotrexate 50- Bléomycine Ofatumumab
Capécitabine 250 mg/m2 Bortézomib Panitumumab
Catumoxamab Mitomycine C Bozutinib Pegaspargase
Clofarabine Mitoxantrone Brentuximab Peginterféron
Cytarabine < 500 Nilotinib Busulfan < 4 mg/j Pembrolizumab
mg/m2 Dasatinib Oxaliplatine < 75 Catumaxomab Pentostatine
Dexrazoxane mg/m2 Cétuximab Pertuzumab
Docétaxel Paclitaxel Chlorambucil Pomalidomide
Doxorubicine Paclitaxel Cladribine Ponatinib
liposomale albumine Crizotinib Ramucirumab
Estramustine Panitumumab Cytarabine < 100 Rituximab
Éribuline Pemétrexed mg/m2 Sorafenib
Étoposide i.v. Pralatrexate Décitabine Sunitinib
Étoposide Phosphate Romidepsin Denileukin diftitox Thalidomide
Floxuridine Tamoxifène Erlotinib Thioguanine
Temsirolimus Fludarabine i.v. Trastuzumab
Trastuzumab Gefitinib Valrubicine
emtansine Gemtuzumab Vandetanib
Thiotepa Hydroxyurée Vemurafenib
Topotécan i.v. et Ozogamycine Vinblastine
per os Interféron alpha Vincristine
Vindesine Ipilimumab Vinflunine
Vorinostat Lapatinib Vinorelbine i.v.
Lénalidomide Vismodegib
29
d’empêcher la stimulation des nerfs périphériques de la CTZ (37).
Les médicaments avec une activité antiémétique sont listés ci-dessous :
• Antagonistes compétitifs des récepteurs dopaminergiques (sous type D 2) au
niveau de l’area postrema: les phénothiazines (38), les butyrophénones
(halopéridol) (39), les substituts de benzamides (metoclopramide). Ils bloquent
les récepteurs dopaminergiques périphériques et/ou centraux, il y a inhibition de
l’effet émétique de la dopamine.
• Antagonistes compétitifs des récepteurs sérotoninergiques (5-hydroxytryptamine-
3 ou sous type 5-HT3). La sérotonine a une action émétogène massive lors de la
chimiothérapie (relarguage rapide par les cellules entérochromaffines
intestinales). Cette action est inhibée par les sétrons qui occupent les récepteurs
5-HT3 des terminations vagales.
• Antagonistes de substance P (antagoniste du récepteur de type 1 à la neurokinine,
anti NK-1). Le récepteur de la neurokinine 1 a pour ligand naturel la substance P
(neuropeptide de la famille des tachykinines). De nombreuses cellules ayant des
récepteurs NK1 sont situées à la base du cerveau et au niveau du complexe vagal.
La substance P en interagissant avec les R NK1 induit des vomissements.
L’antagoniste de la substance P se fixe sur le R NK1 et ainsi contribue à réduire la
survenue de vomissements. L’aprépitant est un exemple de molécule ayant une
action prolongée, il agit sur les vomissements aigus et les vomissements retardés.
• Corticostéroïdes (Dexaméthasone o Méthylprednisolone). Le mécanisme d’action
de cette classe est peu décrit, malgré un intérêt certain dans une chimiothérapie
faiblement émétisante ou en association pour faire face à un traitement
hautement émétisant.
• Benzodiazépines (lorazépam). Elles sont faiblement antiémétiques mais utiles par
leur potentialisation de l’action d’antiémétiques puissants (metoclopramide).
Les antagonistes des récepteurs de type 3 à la sérotonine (anti-5HT3 ou sétrons)
et les antagonistes des récepteurs de type 1 aux neurokinines (anti-NK1) sont les
traitements les plus connus et utilisés dans la prophylaxie des nausées et vomissements.
Les corticoïdes sont également associés pour leur effet de potentialisation des autres
antiémétiques (40).
La principale conséquence de ces effets secondaires à la chimiothérapie est la
30
dégradation de la qualité de vie du patient et du risque de non observance voire de l’arrêt
du traitement (41).
I.2.2.2.3 Neutropénies
31
Plus spécifiquement, le G-CSF a une activité sur les progéniteurs différenciés en
améliorant la survie, l’activité phagocytaire, antimicrobienne et la cytotoxicité anticorps-
dépendante (42).
32
I.2.2.2.4 Support nutritionnel
Le support nutritionnel fait partie des soins oncologiques de support dans cette
démarche de personnalisation du soin en fonction des besoins du patient. Il a pour but
de maintenir ou rétablir un état nutritionnel satisfaisant. Il doit être mis en place avant
même l’initiation du traitement et se poursuit après le traitement. Le conseil diététique
personnalisé, les Compléments Nutritionnels Oraux (CNO) et la nutrition artificielle
(entérale et parentérale) font partie des supports nutritionnels. Le conseil diététique
personnalisé se compose d’entretiens avec un expert diététique qui évaluera l’état
nutritionnel du patient et prodiguera des conseils adaptés aux besoins du malade tout au
long de la maladie.
Le support nutritionnel s’adapte au patient en fonction du trouble/symptôme
présenté :
• Nausées, dégoûts : les conseils associés visent à fractionner la prise
alimentaire, limiter les aliments trop chauds ou trop épicés et à odeur forte.
• Perte du goût : la stratégie consiste à restimuler les papilles en renforçant
la saveur des aliments grâce au sel, sucre, citron ou épices.
• Inflammation des muqueuses de la bouche et de l’œsophage : il convient
de consommer des aliments onctueux, liquides et semi-liquides. A contrario, on conseille
d’éviter les aliments difficiles à avaler (durs, acides ou piquants).
• Diarrhée : les mesures diététiques classiques sont l’éviction des fibres
(légumes et les fruits crus), des laitages et de la nourriture grasse. Certains aliments
sont privilégiés pour soulager une diarrhée comme les carottes cuites, le riz, les pâtes,
les bananes. Une hydratation importante est également indispensable.
• Constipation : à l’inverse de la diarrhée, les fibres végétales sont à
privilégier, de même que l’hydratation.
Lorsqu’ils sont insuffisants, ces conseils pratiques sont complétés par des solutions types
CNO, préparations alimentaires apportant calories, protéines, vitamines et minéraux. Si
la nutrition orale ne permet pas de soutenir un état nutritionnel satisfaisant et de façon
à prévenir la dénutrition (pour éviter des complications majeures impactant la prise en
charge du cancer), on met en place une solution médicale : la nutrition artificielle. On
distingue la nutrition entérale et parentérale. Elle a vocation de compléter la nutrition
orale (autant que possible).
33
La pharmaconutrition est utilisée dans certaines situations pré ou post opératoires
(chirurgie à risque), lors d’une radiothérapie ou radiochimiothérapie à visée curative pour
réduire les toxicités (mucites) et dans des cas particuliers d’allo/autogreffes de moelle.
Elle correspond à l’utilisation des pharmaconutriments. Ce sont les substrats nutritionnels
capables de moduler les fonctions immunitaires de l’organisme. L’objectif est de diminuer
la morbidité chez le patient ayant subi une chirurgie et de permettre la réalisation
complète du traitement pour le patient traité par chimiothérapie (2). La perte de poids
par rapport au poids antérieur altère le pronostic chez le patient atteint de cancer. Selon
le référentiel de l’Association Française en Soins Oncologiques de Support (AFSOS), une
perte de poids de plus de 10% en chirurgie et de plus de 5% en oncologie médicale
augmente le risque de survenue de complications post-opératoires, de toxicités de la
chimiothérapie et de la radiothérapie, diminue la survie et altère la qualité de vie.
Les effets directs et indirects du cancer conduisent à des problèmes de
malnutrition tels que les changements de goûts, la dysphagie, la douleur, les obstructions
gastro-intestinales et la diminution de la sensation de faim. Diverses tumeurs malignes
altèrent le métabolisme des nutriments provoquant ainsi des pertes majeures de poids
total et de masse maigre sur le long terme (45). Les patients atteints de cancer sont
amaigris pour 30 à 50% des cas et parfois dénutris avant l’initiation du traitement,
particulièrement avec les tumeurs des voies aérodigestives supérieures, de l’estomac, du
poumon, du pancréas, des ovaires et en hématologie lourde. La prévalence des patients
dénutris atteints de cancer est d’environ 40%. Cet état nutritionnel conduit à un
affaiblissement général de l’organisme, à une augmentation de la toxicité du traitement
et donc à une mortalité plus importante versus un patient non dénutri (46).
34
une diminution de la production. Cette diminution peut provenir d’un déficit de la vitamine
B12 suite à une radiothérapie. La prise en charge de la thrombopénie survenant au cours
d’un cancer implique un traitement par héparine de bas poids moléculaire (énoxaparine,
daltéparine, tinzaparine) pendant 3 à 6 mois selon la tolérance du patient. Lorsque la
thrombopénie survient pendant un traitement par chimiothérapie avec un taux de
plaquettes inférieur à 50 G/L, on arrête le traitement par héparines de bas poids
moléculaire. Il est repris quand les plaquettes dépassent la concentration de 50G/L. En
fonction de la balance bénéfice/risque, les antivitamines K sont également utilisés (état
général, interactions médicamenteuses, chimiothérapie, procédure invasive).
La neutropénie, décrite précédemment dans le paragraphe 2.4.3, est responsable de
retard et/ou de réductions des doses dans le traitement anticancéreux.
Le sujet de l’anémie et les SOS associés est abordé en deuxième partie de ce document.
35
une anticipation des situations, une mise en place de traitements adaptés et une
réponse homogène/commune entre les professionnels impliqués auprès du
malade. Les demandes sont centralisées, analysées et le meilleur interlocuteur de
SOS est identifié. On retrouve une structure similaire au domicile : les réseaux
territoriaux coordonnent les SS et les soignants libéraux conduisent les
évaluations régulières ;
- L’aménagement de temps d’information pour chaque changement de lieu de
soins pour faciliter la compréhension et l’adhésion du patient (identification des
acteurs, protocoles, point sur les besoins) (47,48).
L’Association Francophone des Soins Oncologiques de Support (AFSOS) a conduit en
2013 une étude sur les réalités des pratiques et la connaissance des SOS en recueillant
les informations sur l’ensemble du territoire national auprès de 711 médecins-oncologues
et 1562 patients. L’enquête fait un état des lieux de l’organisation nationale, des
pratiques (consultations, traitements proposés) et de l’information communiquée au
patient. Les résultats montrent que les SOS ne sont pas encore connus des patients, 34%
des répondants en ont entendu parler (49).
Après avoir expliqué le concept des soins de support, retracé les mécanismes du cancer
et détaillé les traitements possibles, il convient de développer une conséquence
susceptible de survenir pendant la thérapie anticancéreuse. Nous nous intéressons dans
la prochaine partie à l’anémie chimio induite, complication hématologique plus ou moins
fréquente selon les protocoles choisis.
36
II. L’ANEMIE
II.1 Définition
L’étymologie du mot anémie vient du grec αἰμα, αἰματος : le sang avec le « a »
privatif signifiant le manque ou l’insuffisance de sang. Selon l’Organisation Mondiale de
la Santé (OMS), l’anémie est caractérisée par un nombre de globules rouges ou une
capacité de transport d’oxygène insuffisant pour répondre aux besoins physiologiques qui
varient avec l’âge, le sexe, l’altitude, le tabagisme et la grossesse (50). Elle se caractérise
également par la diminution d’hémoglobine (Hb) par unité de sang. Pour un taux
d’hémoglobine inférieur à 13 g par dL de sang chez l’homme, un taux inférieur à 12 g
chez la femme et inférieur à 11 g chez la femme enceinte, on parle d’anémie. Les origines
physiopathologiques de l’anémie sont regroupées dans trois catégories : la diminution de
production de globules rouges (GR) fonctionnels, l’augmentation de la destruction des
GR et la perte de sang.
L’échelle de l’Institut National du Cancer (NCI) propose une classification de
l’anémie par degré selon la sévérité de celle-ci (51): elle varie entre les grade 1 et 5, le
grade 1 correspond à une anémie « légère », le taux d’hémoglobine est compris entre 10
g/dl et le seuil du taux normal selon l’individu. Le grade 4 correspond à l’engagement du
pronostic vital avec un taux d’Hb compris entre 8 g (non inclus) et 6,5 g/dl. Au delà, le
décès est classé comme grade 5.
37
II.2 Physiopathologie
II.2.1 L’hématopoïèse
L’hématopoïèse est le mécanisme de production continue et régulée des cellules
sanguines à partir d’une cellule souche pluripotente. La production de cellules sanguines
chez l’adulte sain est de 1011 à 1012 par jour, ces cellules nouvellement formées
remplacent les cellules sénescentes : la numération des cellules sanguines reste ainsi
constante. Cette production de cellules a lieu dans la moelle osseuse rouge, au niveau
des os plats et des épiphyses des os longs chez l’adulte. Pendant le développement intra-
utérin du foetus, elle se déroule dans les îlots sanguins de la vésicule vitelline puis dans
le foie, la rate et les ganglions lymphatiques.
La cellule souche pluripotente se divise et se différencie en deux types de cellules
souches qui sont à l’origine de la lignée cellulaire myéloïde ou de la lignée cellulaire
lymphoïde. La lignée cellulaire myéloïde donne naissance aux macrophages, plaquettes,
érythrocytes, neutrophiles, éosinophiles et basophiles (cellules matures). Tandis que la
lignée lymphoïde conduit aux lymphocytes. La Figure 6 représente le développement des
cellules souches hématopoïétiques en cellules matures. On note le CFU-S (Colony
Forming Unit Spleen) correspondant à la cellule souche multipotente, indifférenciée et les
deux progéniteurs précoces des lignées lymphoïdes et myéloïdes – respectivement
nommés CFU-L (lymphoid) et CFU-GEMMk (Granulocytes, Érythrocytes, Monocytes et
Mégacaryocytes) (52).
38
Cellules souches
to potentes Progéniteurs Précurseurs Cellules matures
Pre-LT Lymphocyte T
Globule rouge
EPO
BFU-E
CFU-E Plaque e
EPO
CFU-S CFU-Mk
Monocyte Macrophage
CFU-M
Polynucléaire
éosinophile
CFU-Eo
Polynucléaire
basoophile
CFU-B
II.2.2 L’érythropoïèse
L’érythropoïèse correspond à la différenciation et à la maturation des cellules de
la lignée myléoïde à partir des cellules progénitrices. Les progéniteurs sont les cellules
engagées dans une lignée cellulaire, qui vont ensuite sous l’influence de facteurs de
croissance se différencier en précurseurs. L’érythropoïèse a pour progéniteurs les Burst
Forming Unit Erythroid (BFU-E) et les Colony Forming Unit Erythroid (CFU-E) qui se
différencient en précurseurs : les érythroblastes.
La cellule mature circulant dans le sang issue de l’érythropoïèse est l’érythrocyte ou
globule rouge.
Dans la première partie de la figure 7 intitulée « lignée cellulaire myéloïde », on distingue
la cellule souche hématopoïétique qui se différencie en progéniteur myéloïde commun
également nommé CFU-GEMM (Colony Forming Unit - Granulocytaire, Erythroblastique,
39
Monocytaire et Mégacaryocytaire) puis en progéniteur commun Erythroblastique et
Mégacaryocytaire (MEP). Ce dernier donne naissance aux deux progéniteurs spécialisés
BFU-MK ou E. L’un se différencie en mégacaryocyte puis en plaquette. L’autre devient
successivement le progéniteur CFU-E, le proérythroblaste, l’érythroblaste, le réticulocyte
puis le globule rouge.
40
Figure 7 : L’érythropoïèse et facteurs de croissance (54)
Proebl : proérythroblaste ; Baso : érythroblaste basophile ; Poly : érythroblaste
polychromatophile ; Acido : érythroblaste acidophile ; Ret : réticulocyte ; GR : globule
rouge.
41
Les principaux sites de production de l’EPO sont principalement le rein (au niveau
des cellules interstitielles péritubulaires) et le foie (au niveau des hépatocytes autour des
veines centro-lobulaires et des cellules de Ito). La production hépatique de l’EPO est
majoritaire chez le fœtus et devient rénale environ 40 jours après la naissance.
Cependant, en cas d’hypoxie sévère chez l’organisme adulte, le foie peut produire jusqu’à
30 % d’érythropoïétine.
La régulation de la production d’EPO est quant à elle liée à la quantité d’oxygène délivrée
aux tissus et au nombre d’érythrocytes circulants. Ainsi, la diminution du nombre de
globules rouges (exemple de l’anémie), l’augmentation des besoins en oxygène des tissus
ou encore la baisse de pression partielle en oxygène (exemple d’un séjour en altitude),
aboutissent à une sécrétion plus importante d’EPO.
L’EPO en stimulant la production de globules rouges permet l’apport d’oxygène dans les
cellules rénales, ces dernières diminuent alors leur synthèse d’EPO, ce qui entraîne
ensuite la diminution de production d’érythrocytes. Physiologiquement, il existe une
corrélation parfaite entre le taux d’EPO et le taux d’hémoglobine.
Chez l’adulte sain, le taux sérique normal d’EPO se situe entre 5 et 30 mU/mL (56) et
l’érythropoïèse dure cinq jours en moyenne et est réduite à deux jours sous l’influence
de l’EPO.
Cette production peut être altérée lors de pathologies ou de traitements cytotoxiques
conduisant à l’anémie (54,57).
42
Ces motifs correspondent pour trois d’entre eux à de la N-glycosylation (Asn 24,
38 et 83) avec des parties glucidiques importantes et le quatrième site est un site de O-
glycosylation (Ser 126) et dont la partie glucidique est plus petite. Ces chaînes
glucidiques portent un nombre variable de branches, qui se terminent toutes par un
résidu d’acide sialique.
La partie protéique constante de l’EPO représente environ 60% de la molécule et
la partie glucidique variable 40%.
43
Dans le paragraphe II.2.2.1 , nous avons vu que l’EPO exerce sa fonction de
facteur de croissance en agissant sur certaines cellules : elle se lie avec son récepteur
(EPO-R) présent en surface de cellules spécifiques, induit une cascade de réactions
intracellulaires et conduit à la production d’érythroblastes matures. Ces cellules cibles
sont principalement les progéniteurs érythroïdes : les récepteurs de l’EPO sont présents
sur les cellules BFU-E matures jusqu’aux érythroblastes, leur maximum d’expression
étant sur les CFU-E et les proérythroblastes.
Le récepteur de l’EPO (EPO-R) a une structure similaire aux autres récepteurs des
cytokines de types 1 et 2 : il s’agit d’un dimère avec un domaine d’activation de la voie
de signalisation JAK/STAT sur chaque monomère. Il est composé de 484 acides aminés
et pèse 52.6 kDa. La figure 9 représente le récepteur avec au niveau du domaine
extracellulaire deux domaines fibronectine de type III. Le domaine transmembranaire
correspond à une hélice alpha. Quant au domaine cytoplasmique, il se compose de deux
régions (box 1 et 2) : la boîte 1 (riche en prolines) avec les résidus 257-264, la boîte 2
avec les résidus 303-313, et la boîte variable (variable box) (entre boîte 1 et boîte 2). Le
site de liaison de la kinase JAK2 se situe au niveau des résidus 259-284.
44
Figure 9 : Schéma du récepteur de l’érythropoïétine d’après (62)
Pour rappel, les protéines STAT (signal transducers and activators of transcription)
sont des transmetteurs du signal et activateurs de transcription. Elles sont phosphorylées
par les tyrosine-kinases JAK (Janus Kinases) lorsque la cytokine interagit avec son
récepteur au niveau de la membrane plasmique de la cellule cible. Les STATs se
regroupent alors en dimères dans le cytoplasme et migrent vers le noyau pour stimuler
la transcription de gènes cibles (63).
Le modèle d’activation du récepteur de l’EPO semble se rapprocher de celui du récepteur
de l’hormone de croissance. En se fixant à deux sous unités d’un monomère, l’EPO
entraîne la dimérisation du récepteur. Cette dernière conduit à l’autophosphorylation des
kinases intracellulaires associées au récepteur, les kinases JAK2. Elles sont responsables
45
de la phosphorylation du récepteur lui-même. Les protéines STAT (STAT 5A et 5B) se
fixent au niveau du récepteur puis sont phosphorylées par JAK. Après dimérisation, STAT
migrent vers le noyau pour agir sur la transcription (et notamment sur le gène Bcl-xL
codant pour la protéine antiapoptotique). Il y a également activation intracellulaire de la
voie Ras/mitogen-activated kinase qui est impliquée dans la prolifération cellulaire de
facteurs de transcription (62).
46
Figure 10 : Synergie entre Epo et SCF pour la survie cellulaire d’après (64).
47
En résumé, les progéniteurs érythroïdes matures qui expriment le Fas-L induisent
l’apoptose des progéniteurs immatures qui expriment Fas. De plus, en présence de faibles
concentrations d’EPO, l’érythropoïèse est régulée négativement par l’apoptose des
progéniteurs érythroïdes moins sensibles à l’EPO.
48
La structure du GR se compose d’une membrane déformable, d’un cytoplasme
riche en hémoglobine (pigment rouge) et de divers constituants indispensables pour un
métabolisme cellulaire à durée limitée – principalement des enzymes de la glycolyse. La
molécule d’hémoglobine contient du fer et permet la fixation des molécules d’oxygène et
celle du dioxyde de carbone. La particularité du GR est de ne pas avoir de noyau et par
conséquence de ne pas pouvoir synthétiser de protéines nécessaires au métabolisme
cellulaire. Sa durée de vie dans le sang périphérique est d’environ 120 jours. En fin de
vie, le globule rouge ayant épuisé ses ressources énergétiques (enzymes de la glycolyse),
est détruit par le système macrophage.
On retrouve le GR dans le sang périphérique après sa maturation au niveau de la moelle
osseuse. La fonction première de l’érythrocyte est de transporter le dioxygène depuis le
poumon jusqu’aux organes et tissus.
Les GR jouent un rôle dans la réponse immunitaire : lors de leurs lyses par des
pathogènes, ils entraînent la libération de radicaux libres via l’hémoglobine, qui attaquent
la membrane cellulaire du pathogène. De plus, les hématies sont impliquées dans le
transport de complexes immuns grâce à une molécule de surface : le CD20 (Cluster of
Differenciation).
Les érythrocytes sont également impliqués dans la circulation sanguine et plus
particulièrement dans la relaxation des vaisseaux sanguins. Lors de la constriction des
vaisseaux, les érythrocytes subissent un stress qui provoque la libération d’Adénosine Tri
Phosphate (ATP). Cette substance est à l’origine de la relaxation vasculaire, et permet le
rétablissement du flux sanguin normal. En plus de ce premier mécanisme conduisant à
la relaxation des vaisseaux, les globules rouges libèrent du S-nitrosothiols quand leurs
molécules d’hémoglobine sont désoxygénées. La dilatation vasculaire consécutive permet
ainsi l’apport du sang dans les zones de l’organisme appauvris en oxygène.
49
Deux grands mécanismes sont identifiés pour expliquer le phénomène d’anémie. On
distingue les anémies dites centrales et les anémies périphériques selon qu’il s’agisse
d’une insuffisance de production médullaire ou si les globules rouges ont une durée de
vie raccourcie.
50
II.4 Signes et symptômes
Les signes et symptômes de l’anémie sont variables d’un individu à l’autre et selon
la gravité de l’anémie (importance de la diminution du taux d’hémoglobine) : la vitesse
à laquelle elle apparaît, le niveau de compensation du système cardiovasculaire et la
maladie sous-jacente.
Les signes cliniques du syndrome anémique sont conséquents à l’anoxie, c’est à
dire la diminution de la distribution de l’oxygène dans les tissus. La pâleur est le signe
caractéristique de l’anémie, principalement au niveau cutané et des muqueuses. Les
autres signes révélateurs de l’anémie (variables d’un patient à l’autre) sont : l’asthénie,
la dyspnée d’effort puis au repos, les vertiges, les céphalées, la tachycardie, un souffle
cardiaque et l’aggravation d’une maladie déjà existante.
Les signes biologiques sont décrits dans le paragraphe ci-dessous sur l’exploration
de l’anémie (II.5.2) et les fonctions affectées sont détaillées dans la troisième partie
(III.3).
Chez le patient atteint de cancer, la fatigue et l’essoufflement sont les deux symptômes
les plus ressentis. La poursuite des activités quotidiennes devient alors plus ou moins
difficile et le niveau d’énergie n’est plus le même.
51
II.5 Exploration de l’anémie
Afin de diagnostiquer l’anémie et d’en identifier la cause, plusieurs étapes d’analyse
sont nécessaires :
- L’interrogatoire du patient ;
- L’examen clinique ;
- La lecture de l’hémogramme ou numération formule sanguine (NFS).
52
g/L chez l’homme, de 12 g/L chez la femme, de 110 g/L chez l’enfant d’un an et de 140
g/L chez le nouveau-né.
Dans la pratique médicale, des examens de biologie sont réalisés pour déterminer
les caractéristiques et l’étiologie de l’anémie suspectée.
Les anémies sont classées selon différents modèles. Ils utilisent généralement le volume
globulaire moyen des globules rouges (VGM), l’existence ou non d’une réticulocytose et
la concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine (CCMH). L’arbre diagnostique
ci-dessous (Figure 12 : Arbre décisionnel de classification des anémies d’après
Szymanowicz (65)) détermine en premier si l’anémie à un caractère régénératif ou non.
Il y a donc numération des réticulocytes. Ce comptage est réalisé dans le cadre d’une
numération sanguine. L’anémie est dite régénérative lorsque le nombre de réticulocytes
est supérieur à 100 Giga/ L et non régénérative si ce nombre est inférieur à 50 Giga/L.
Le deuxième paramètre pris en compte dans la démarche diagnostique est le VGM. Il est
également possible d’investiguer d’abord l’origine de l’anémie : elle peut être centrale
par carence vitaminique ou insuffisance médullaire, périphérique (hémorragie,
hémolyse).
53
Quelques examens biologiques sont à identifier pour comprendre la démarche
diagnostique de l’anémie :
- L’hémogramme : il sera utilisé en première intention pour fournir des informations
sur l’hémoglobine, les globules rouges et l’hématocrite (Ht, il s’agit du rapport du
volume des hématies / volume de sang total centrifugé). D’autres indices
érythrocytaires tels que le VGM, la TCMH (teneur moyenne corpusculaire moyenne
en hémoglobine) et CCMH, sont utiles pour caractériser l’anémie.
- Le frottis sanguin : l’appréciation qualitative du frottis sanguin permet d’identifier
par exemple une hypersegmentation des neutrophiles et orientent le diagnostic
vers une carence en vitamine B12 et/ou en folates.
- La numération leucocytaire et plaquettaire : une cytopénie chez un patient anémié
peut indiquer une atteinte centrale (myélodysplasie, carence, infiltration
médullaire) mais aussi périphérique (avec des cytopénies d’origine auto-immune,
virale…).
- Le diagnostic de carence en fer : il est posé en s’appuyant sur le dosage de
marqueurs tels que la transferrine, fer et coefficient de saturation de la
transferrine (CST), ferritine, récepteurs solubles de la transferrine (RsTf).
- La vitamine B12 : elle apparaît faussement diminuée lors d’une carence en acide
folique, durant la grossesse, avec la prise de contraceptifs oraux et avec un
myélome multiple.
- Le bilan d’hémolyse : il est réalisé en cas de suspicion de destruction de globules
rouges. On dose la bilirubine totale, la bilirubine conjuguée et la bilirubine
indirecte. De plus, le test de Coombs aide à différencier si il s’agit d’un mécanisme
de destruction corpusculaire (le test est négatif) ou si le mécanisme est auto-
immun (le test est positif).
54
L’anémie peut être également définie selon le VGM :
• L’anémie est microcytaire si le VGM a une valeur inférieure à 80 fL.
Il convient alors de doser le fer sérique pour poursuivre l’exploration.
55
Figure 14 : Démarche diagnostique pour l’anémie macrocytaire
56
III. CAS PARTICULIER DE L’ANEMIE CHIMIO INDUITE EN
ONCO-HEMATOLOGIE
III.1 Généralités
En onco-hématologie, les étiologies de l’anémie sont nombreuses et
multifactorielles. Trois principaux éléments sont fréquemment impliqués dans l’étiologie
de l’anémie : la pathologie cancéreuse elle-même, les thérapies anticancéreuses et l’état
général du patient (déficit nutritionnel par exemple)(2). Un patient peut souffrir d’une
anémie de différentes origines simultanément et il n’est pas facile en pratique de les
distinguer. Néanmoins, même si un taux d’hémoglobine bas entraîne des conséquences
physiologiques similaires quelle que soit la cause, la prise en charge diffère selon l’origine.
Dans ce travail, nous nous intéressons aux étiologies liées au traitement du cancer
et plus spécifiquement au traitement par chimiothérapie. Les traitements anticancéreux
sont par nature cytotoxiques – l’objectif de leur administration dans l’organisme est de
détruire les cellules cancéreuses à l’origine des désordres sur l’organisme. Nous l’avons
vu, du fait de leur ciblage plus ou moins précis des tumeurs, ces traitements conduisent
à des effets indésirables lorsqu’il y a atteinte des tissus sains. On distingue les toxicités
aiguës et les toxicités chroniques. Les premières apparaissent en quelques heures à
quelques jours après l’administration de la chimiothérapie. Tandis que les secondes
voient leurs effets se manifester parfois plusieurs mois voire plusieurs années après
l’arrêt du traitement. Elles sont liées à l’amélioration considérable du pronostic vital du
patient souffrant de cancer sur ces dernières décennies.
La toxicité hématologique s’inscrit dans le groupe des toxicités aiguës. Elle peut toucher
toutes les lignées hématopoïétiques et comprend les leucopénies, anémies et
thrombopénies (66).
Les agents cytotoxiques sont dotés d’effets myélosuppresseurs directs, notamment les
agents de dernière génération de type taxanes, vinorelbine ou dérivés de la
camptothécine. Ils induisent une réduction de la production des globules rouges par la
moelle osseuse. D’autres agents exercent une action toxique sur les tubules rénaux. La
production d’érythropoïétine est diminuée et par conséquent celle des globules rouges
57
également (exemple des sels de platine). Cette néphrotoxicité peut entrainer une
persistance de l’anémie chimio induite.
Dans une étude plus récente, datant de 2014 et conduite sur plus de 4000 patients
traités par chimiothérapie pour une tumeur solide, l’anémie est survenue chez 89% des
patients avec une répartition des grades de sévérité comme suit : 58% des patients ont
présenté une anémie de grade 1 (légère) au cours du traitement, 34% une anémie de
grade 2 (modérée), 8% une anémie de grade 3 (sévère) et moins de 1% pour une anémie
de grade 4 (risque vital) (67).
Dans la revue d’essais cliniques de Groopman et Itri publiée en 1999, l’incidence de
l’anémie chimio induite pouvait atteindre jusqu’à 100% pour les grades 1 à 2 et jusqu’à
80% pour les anémies de grades 3 et 4 (68). Ces résultats confirment une présence
fréquente et lourde de l’anémie pour le patient au cours de l’expérience de la pathologie
cancéreuse déjà considérablement éprouvante tant physiquement que
psychologiquement.
58
L’enquête ECAS montre une incidence plus importante chez les patients traités par
chimiothérapie, à hauteur de 62.7% en comparaison avec la radiothérapie seule
atteignant 19.5% des patients inclus dans l’étude.
L’étude de H.Xu conduite entre 2010 et 2013 sur le risque de survenue d’anémie
au cours d’un traitement par chimiothérapie met en évidence des fréquences variables
d’anémie en fonction du protocole et de la localisation de la tumeur. L’incidence de
l’anémie de grade 2 varie de 18.2% chez les patients avec un cancer du sein et traités
par docetaxel (Taxotere ®) à 59.7% chez les patients avec un cancer ovarien traités par
l’association carboplatin + paclitaxel. Pour les anémies de grade 3, l’incidence est
moindre, la plus faible proportion correspond aux patients atteints de cancer du sein avec
2% (traités par docetaxel) et la proportion la plus importante concerne les cancers
ovariens et le protocole carboplatine-paclitaxel avec 17%.
Parmi tous les cancers confondus, l’analyse montre une incidence qui augmente
quel que soit le grade de l’anémie, de 59% pour le cycle 1 à 83% pour le cycle 5 (69).
Quelques résultats de l’étude sont synthétisés dans les paragraphes et tableaux ci-
dessous. Ils présentent l’incidence de l’anémie chez des patients présentant des tumeurs
solides.
59
connue pour avoir un impact moindre sur l’apparition d’anémie en comparaison aux
agents cytotoxiques utilisés en chimiothérapie.
60
Différentes analyses multivariées ont montré que l’âge, le site de la tumeur (côlon droit)
et la taille de la tumeur (tumeur de grande taille), sont des facteurs significatifs et
contributeurs à la survenue d’anémie. En revanche le stade de la tumeur et le type
histologique n’ont pas été retenus comme facteurs contributeurs (70).
Dans le tableau 4, l’incidence de l’anémie de grades 3-4 est comprise entre 3 et 5%,
pourcentages plus faibles que ceux du cancer du sein. Ce type de cancer ayant un tableau
anémique caractéristique, on peut imaginer une correction pré-chimiothérapie de
l’anémie dans un but préventif.
Tableau 4 : Incidence de l’anémie chez des patients atteints de cancer colo- rectal et
recevant une chimiothérapie (69)
Chimiothérapie Grades de l’anémie
Grades 1-2 (%) Grades 3-4 (%)
Capecitabine + oxaliplatine 77.1 2.9
Leucovorine calcium + 5-fluorouracil + 95.4 4.6
oxaliplatine
61
présentant une anémie légère à modérée (grades 1-2) et environ 10% présentent une
anémie de grades 3-4 (69).
62
anatomo-cliniques. On retient principalement le lymphome B diffus à grandes cellules
de fréquence estimée de 35-45% et les lymphomes folliculaires de fréquence estimée
de 20-25%.
On note dans le tableau 7 que les traitements utilisés pour le lymphome non hodgkinien
sont très anémiants et induisent des anémies de sévérité plus élevée que les
traitements anticancéreux utilisés pour les tumeurs solides notamment le R-ACVBP et le
O-DHAP.
Tableau 7 : Exemple d’incidence de l’anémie dans les différents protocoles utilisés dans
les lymphomes non hodgkiniens (71)
R-CHOP (rituximab- 49 % 17 %
cyclophosphamide,
hydroxyadriamycine,
vincristine, prednisone) (51)
R-ACVBP (Rituximab, / 59 %
doxorubicine,
cyclophosphamide,
vindesine, bleomycine,
prednisone) (72)
O-ICE (Ofatumumab- / 26 %
ifosfamide, carboplatine,
etoposide) (73)
O-DHAP (Ofatumumab- / 50 %
dexamethasone, cytarabine,
and cisplatine) (73)
63
III.2.1.5.2 Lymphome de Hodgkin
Fréquente dans le myélome multiple, l’anémie peut représenter jusqu’à 60% des
patients traités. Elle fait partie de la classification de Durie-Salmon en tant que facteur
de risque pour une hémoglobine inférieure à 8.5g/dL.
A l’inclusion dans l’étude ECAS, l’incidence de l’anémie chez les patients atteints de
myélomes multiples est de presque 70%. Au cours du suivi, la fréquence augmente
jusqu’à 85.3%. Certains protocoles sont identifiés avec un risque aggravant sur le statut
anémique du patient :
- le bortezomib dans le protocole MPV (Melphalan, Prednisone, Velcade®) avec
19% d’anémie de grades 3-4 (77).
- Le thalidomide dans le protocole MPT (Melphalan, Prednisone, Thalidomide) avec
13.7% d’anémie de grades 3-4 (78)
- Le lénalidomide en association avec la dexaméthasone : 10.8% d’anémie de
grades supérieurs ou égaux à 3 (79).
- La bendamustine en association avec la prednisone donnant à 24% d’anémie de
grades 3-4 (80).
64
Deux molécules sont principalement à l’origine de perturbations hématologiques dans les
protocoles de traitement pour la LLC :
- Les traitements à base de fludarabine :
o Fludarabine seule : 11.6% d’anémie ;
o Fludarabine cyclophosphamide : 8.1% d’anémie (83) ;
o FCR (fludarabine, cyclophosphamide, rituximab) : 4% d’anémie (84) ;
- Les traitements à base de bendamustine :
o Bendamustine seule : 2.5% d’anémie de grades 3-4 (85) ;
o Bendamustine associée au rituximab entraine des anémies de grades 3-4
pour 4.5% des cas (86).
La fréquence de l’anémie du registre ECAS de 67,7% apparaît bien plus importante que
celles citées ensuite avec les différentes molécules. En effet, les patients étaient pour la
plupart déjà anémiés à l’inclusion de l’étude.
L’étude French Anemia Cancer Treatment (F-ACT) confirme une prévalence élevée
chez les patients atteints de tumeurs hématologiques : 54% de patients atteints de
tumeurs solides sont anémiés versus 57% de patients anémiés et atteints d’hémopathies
65
malignes. Dans l’étude ECAS, 66% des patients atteints d’hémopathies malignes ont été
anémiés, versus 46% pour les tumeurs solides. Une légère différence s’expliquant par
l’amélioration de la prise en charge de l’anémie chez le patient atteint de cancer en 2007.
Les études ECAS et F-ACT ont permis de mettre en évidence le caractère prédominant
de l’anémie dans les pathologies cancéreuses hématologiques. Cependant, ces études ne
différencient pas les causes de l’anémie et ne donnent qu’un pourcentage sans
explications spécifiques sur l’étiologie : l’anémie détectée est due à la fois à la tumeur et
au traitement.
Différentes études sont utilisées dans ce paragraphe pour présenter l’incidence de
l’anémie chez le patient atteint de cancer. Il convient de souligner les variations
significatives entre les résultats des études. Elles s’expliquent par la variabilité des
caractéristiques patients, des pathologies et du traitement, de même que des différences
dans les méthodes des études et la définition de l’anémie.
66
Figure 15 : Incidence de l’anémie chez les patients atteints de cancer du sein d’après
l’étude de H.Xu (69)
67
Figure 16 : Incidence de l’anémie modérée à sévère chez les patients traités par
chimiothérapie d’après (89)
En conclusion, l’anémie chimio induite semble être fréquente chez les patients atteints
de cancers pulmonaires ou avec des tumeurs gynécologiques. Ceci est dû en partie à des
protocoles comportant en général des sels de platine. L’effet myélosuppressif des agents
cytotoxiques se révèle être cumulatif au cours de la chimiothérapie. L’incidence de
l’anémie augmente à chaque nouveau cycle de chimiothérapie suivi. Les facteurs de
risque de l’ACI incluent le taux faible d’hémoglobine, l’antécédent d’une transfusion dans
les six derniers mois, une radiothérapie antérieure (>20% du squelette), une autre
chimiothérapie myélosuppressive ou encore d’autres comorbidités comme des maladies
inflammatoires chroniques.
68
III.3 Conséquences physiopathologiques de l’anémie
chimio induite en onco-hématologie
Nous l’avons vu précédemment le globule rouge est responsable du transport de
l’oxygène dans le sang grâce à la structure de l’hémoglobine avec ses chaînes de globine,
ses quatre molécules d’hème et le fer. Différents éléments influent sur l’affinité de
l’oxygène pour l’hème : le pH, le taux de métabolite intermédiaire 2-3-
diphosphoglycérate, le taux d’adénosine triphosphate, la pression partielle d’oxygène, la
pression partielle de dioxyde de carbone et de la température.
Dans un contexte d’anémie, le taux d’hémoglobine bas diminue la pression partielle
d’oxygène. L’organisme compense cette situation par plusieurs mécanismes.
69
III.3.1.1 Système nerveux central
L’anémie et l’hypoxie consécutive conduisent à des céphalées, vertiges,
acouphènes et étourdissements. Plusieurs études ont analysé les relations possibles entre
l’anémie et la diminution des fonctions cognitives. Les résultats concernent
principalement les individus âgés (au-delà de 60 ans) et montrent une relation entre
l’anémie et une détérioration des fonctions cognitives ainsi qu’un risque accru de
démence (90). Certains résultats supportent la corrélation entre des baisses importantes
de taux d’hémoglobine lors d’administrations répétées de chimiothérapies et la
diminution plus importante des performance cognitives (91).
D’autres lésions rétiniennes dues à une anémie sévère sont également retrouvées
(92).
70
une insuffisance cardiaque fatale. Des anomalies du rythme cardiaque comme la
fibrillation auriculaire sont également observés durant un phénomène d’hypoxie (92).
71
III.3.1.3 Système cutané
L’apparence de la peau chez le patient anémié est pâle et froide au toucher. La
mauvaise distribution du sang, due à une réorganisation du volume sanguin vers les
tissus vitaux, entraîne ce symptôme de vasoconstriction cutanée.
La pâleur cutanée n’est pas la caractéristique absolue de l’anémie. Elle peut être masquée
par d’autres éléments cliniques tels que la pigmentation originale de la peau, un ictère
ou une cyanose.
En revanche, la décoloration des muqueuses (en particulier la pâleur des conjonctives)
est plus caractéristique de l’anémie. La peau peut également perdre en élasticité et les
ongles deviennent plus fragiles voire cassants chez le patient anémique (92).
72
le patient atteint de cancer et peut provoquer un déclin rapide de l’état nutritionnel, voire
impacter le cours de la thérapie anticancéreuse.
D’autres perturbations de type indigestions sont aussi fréquentes chez le patient anémié
(92).
73
La cascade de conséquences de l’anémie sur le système immunitaire se conclut
par une dégradation globale de l’état du malade, l’organisme résiste difficilement aux
infections, les hospitalisations sont plus fréquentes et longues et la récupération
incomplète.
74
- La diminution des fonctions cognitives : entre 1/4 et 1/3 des patients témoignent
d’une diminution de leurs capacités cognitives quand le taux d’hémoglobine est
en dessous de 12 g/dl ;
- La dyspnée : elle est reportée par le clinicien comme un des symptômes majeurs
de l’anémie quel que soit son degré de sévérité ;
- La détresse psychologique : les scores d’anxiété et de dépression sont supérieurs
chez les patients atteints de cancer et anémiés par rapport aux patients non
anémiés ;
- L’ischémie cardiaque et les douleurs thoraciques.
L’anémie impacte négativement la qualité de vie des patients (97,98). En plus de cet
impact négatif individuel, parmi les patients sous chimiothérapie, les patients anémiés
ont plus d’arrêts de travail et des coûts de prise en charge plus élevés que les patients
non anémiés (99,100).
Les patients se sentent limités dans leurs activités quotidiennes et rapportent des
difficultés au niveau de l’humeur et des émotions, sociales/relationnelles, pour le travail
et les capacités intellectuelles. Ils déclarent que ces symptômes sont dus à la fatigue et
le manque total d’énergie pour accomplir les tâches d’une journée classique(98).
Des outils d’évaluation de qualité de vie sont utilisés pour mesurer en pratique la
fatigue et l’impact de l’anémie sur la vie du patient. Deux échelles principalement sont
spécifiques pour les patients atteints de cancer : l’échelle d’évaluation fonctionnelle pour
les thérapies du cancer – Anémie (Functional Assessment of Cancer Therapy – Anemia ou
FACT-An) et l’échelle d’évaluation fonctionnelle pour les thérapies du cancer – Fatigue
(FACT-F). Ces deux échelles, FACT-F et FACT-An comprennent le questionnaire original
de FACT-G (Général), qui mesure la qualité de vie du patient de façon globale, 20
questions complètent cette base de mesure. La sous échelle fatigue est constituée de 13
items supplémentaires spécifiques. FACT-An comprend FACT-F et 7 autres items
concernant l’anémie et non relatifs à la fatigue. Les questions de cette échelle sont
disponibles à la fin de ce travail en Annexe 1.
L’échelle d’évaluation linéaire analogique (LAS, linear analog scale assessments)
et l’échelle d’évaluation de vie et de satisfaction (CLAS, Contentment with Life
75
Assessment Scale) sont aussi utilisées et comprennent trois sections : évaluation du
niveau d’énergie, les activités quotidiennes et la qualité de vie globale. D’autres
questionnaires comme l’échelle de l’EORTC QLC-30 (Annexe 2) et EuroQol 5D sont
également des outils pour évaluer l’énergie, les capacités dans la vie de tous les jours
(état physique, social et émotionnel) des patients atteints de cancer.
76
IV. Prise en charge de l’anémie chimio induite en onco-
hématologie
77
distances de diffusion, soit les anémies induites par le cancer ou la thérapie ce qui conduit
à une diminution de la capacité de transport d’oxygène.
Dans le dernier cas, certaines études expérimentales montrent que l’apport d’oxygène à
la tumeur est fortement diminué et que l’hypoxie est augmentée pour des taux
d’hémoglobine inférieur à 10-12 g/dl (Figure 17 : F) (103).
Ainsi, l’hypoxie tumorale est accrue chez les patients anémiés. Elle pose un
problème thérapeutique majeur en rendant les tumeurs résistantes à certaines
chimiothérapies et aux rayonnements ionisants. Parmi les agents cytotoxiques dont
l’efficacité est diminuée par l’hypoxie tumorale, on retrouve notamment
cyclophosphamide, carboplatin (Paraplatin®; Bristol-Myers Squibb; Princeton, NJ),
carmustine (BiCNU®; Bristol-Myers Squibb), and melphalan (Alkeran®; Celgene
Corporation; Warren, NJ) (104).
L’hypoxie est aussi responsable de modulations dans la prolifération et dans le stade des
cellules tumorales dans le cycle cellulaire, ce qui influe sur la quantité de cellules détruites
après la cure anticancéreuse.
78
chimio induites pour réduire l’hypoxie tumorale et de cette façon améliorer la réponse
thérapeutique.
Dans l’étude de Cella et al., conduite sur cinq essais randomisés incluant des
patients avec ou sans chimiothérapies, les scores reportés dans la sous partie « fatigue »
de l’échelle d’évaluation de qualité de vie FACT, sont significativement associés à une
amélioration du taux d’hémoglobine.
De plus, les patients avec un taux d’hémoglobine augmenté de 2g/dl, annoncent de
meilleurs scores dans l’échelle FACT-F que ceux n’ayant pas ce niveau d’amélioration
d’hémoglobine.
79
Pour les patients atteints de tumeurs solides ou lymphoprolifératives et recevant un
traitement par chimiothérapie, les scores sont de 3.8 (P = 0.0001) et 3.6 (P = 0.0030)
points de plus lorsque le patient a un taux d’hémoglobine augmenté de 2 g/dl.
L’amélioration du taux d’hémoglobine est associée avec des améliorations
significatives de la fatigue du patient, qui est elle-même associée à une meilleure
condition physique, à une amélioration fonctionnelle, émotionnelle et du bien être en
général (105).
Une autre étude de Cella, utilisant une échelle d’évaluation de la qualité de vie,
auprès de patients atteints de cancer, met en évidence que les scores aux questionnaires
de la FACT-G, et ceux pour les items concernant ou non la fatigue, les items de bien être
physique/fonctionnel sont significativement meilleurs pour les patients avec des taux
d’hémoglobine de 12 g/dl ou plus que pour les patients avec des taux plus faibles. Ces
résultats confirment la corrélation citée dans le paragraphe précédent : pour les patients
anémiés traités par chimiothérapie et par des agents stimulants l’érythropoïèse,
l’amélioration des paramètres de qualité de vie est corrélée avec aux niveaux
d’hémoglobine et ceci indépendamment de la réponse à la chimiothérapie (106).
D’autre part, certaines données suggèrent que l’amélioration la plus importante
de la qualité de vie s’opère pour un taux d’hémoglobine compris entre 11 et 13 g/dl
(107).
80
IV.2 Options thérapeutiques disponibles
Avant tout traitement, il convient de prendre en charge toute cause curable
d’anémie, les étiologies et/ou les facteurs concourants à la survenue des anémies en
onco-hématologie. En onco-hématologie, on recherche un saignement chronique
justifiant éventuellement un acte local (une chirurgie, une radiothérapie à visée
hémostatique ou une embolisation sous contrôle radiologique). D’autre part, la
vérification d’un besoin de supplémentation en fer est effectuée. Enfin, le traitement
spécifique de la pathologie cancéreuse, même si elle est impliquée dans l’anémie elle
même, va pouvoir à l’inverse, participer à sa correction en limitant le syndrome
inflammatoire due à l’activité tumorale ou à l’envahissement médullaire.
La compréhension du contexte global de l’anémie conditionne la mise en place
d’un traitement adapté et permet ainsi d’avoir une correction optimale de l’anémie. En
plus des traitements étiologiques de l’anémie, deux solutions thérapeutiques sont
disponibles pour corriger l’anémie chimio induite.
81
Tableau 8 : Recommandations des organisations de santé internationales sur le taux
d’hémoglobine seuil pour instaurer une transfusion sanguine
Les transfusions sont utilisées depuis des décennies et ont été le premier
traitement disponible pour corriger l’anémie chimio induite. La transfusion d’une unité de
sang (450 mL) permet une augmentation du taux d’hémoglobine de 1 g/dl chez un adulte
de taille normale.
82
Malgré une efficacité immédiate sur le taux d’hémoglobine du patient, ce dernier
vit parfois la transfusion sanguine comme un événement avec un fort impact négatif sur
sa vie quotidienne.
En effet, la perte de temps liée aux visites du centre de soin pour la transfusion implique
des modifications d’emploi du temps professionnel et personnel. D’autres activités
personnelles comme des vacances, la gestion du foyer et de la famille, les sorties sociales
peuvent être décalées. Dans une étude analysant les durées des visites médicales pour
les transfusions, 99% des patients reportent qu’au moins une de leurs activités a du être
modifiée pour la consultation. Toutes ces visites affectent la vie quotidienne du patient
que ce soit au niveau du temps réduit pour les activités ou au niveau du coût associé à
cette perte de temps (travail).
Cette efficacité rapide de la transfusion est reconnue mais est limitée. En effet,
certains facteurs de risques sont à considérer pour la transfusion de produits sanguins,
notamment la disponibilité limitée des culots sanguins, les risques viraux,
bactériologiques et immunitaires.
83
Infections virales et bactériennes
Pour éviter les infections bactériennes, des mesures sont prises concernant
l’éligibilité du donneur et la préparation de la peau, les processus de gestion, de stockage
et d’utilisation du produit, les méthodes de détection bactérienne et de divers
pathogènes. La transmission virale du sida, du virus lymphotropes à lymphocytes T
humains, du virus de l’hépatite C et B est limitée grâce à des tests systématiques des
produits sanguins. Ces mesures de sécurité ont conduit à des incidences d’un cas sur 38
500 unités pour les infections bactériennes, un cas sur 5.5 millions d’unités pour les
infections par le virus du sida, un cas sur 4.4 millions d’unités pour les infections à
l’hépatite C, et un cas sur 1.1 million d’unités pour l’hépatite B en Europe.
Risques immunologiques
84
IV.2.2 Agents stimulants l’érythropoïèse
C’est en 1957 qu’a été mis en évidence la synthèse rénale de l’érythropoïétine
(EPO). En 1985, le gène correspondant est identifié et l’industrialisation de la synthèse
conduit à l’utilisation médicale de l’EPO à partir de 1989. Le traitement par EPO est
initialement indiqué pour des patients insuffisants rénaux puis le devient pour les anémies
en onco-hématologie.
Les agents stimulants l’érythropoïèse ont été établi comme des options de qualité
pour corriger le taux d’hémoglobine. L’impact du traitement par EPO sur la qualité de vie
du patient a été étudié dans de multiples essais randomisés en utilisant les différentes
molécules de synthèse. Les trois types d’érythropoïétine (alpha, béta et darbepoétine
alpha) font preuve d’efficacité sur tous les paramètres hématologiques (110). D’autre
part, ces options thérapeutiques limitent le besoin de recourir aux transfusions sanguines
hétérologues (111).
85
Corriger les causes de l’anémie en dehors de celles liées au cancer
86
IV.2.2.1 Les érythropoïétines recombinantes
Les agents stimulant l’érythropoïèse font partie des produits les plus performants
issus de la technologie de l’ADN recombinante. A titre d’exemple, pendant des essais
cliniques de phase III, l’EPO recombinante humaine soulage l’anémie et évite la
transfusion sanguine dans 97% des patients anémiques avec une maladie rénale en
phase terminale (96).
IV.2.2.1.1.1 Structure
87
La relation potentielle entre l’anémie et l’hypoxie tumorale est étudiée dans de nombreux
essais expérimentaux et cliniques.
Cette relation est illustrée chez des patients atteints de cancer du col de l’utérus et de
tête et cou. La pression partielle en oxygène a été trouvée plus faible chez les patients
avec une anémie sévère (Hb ≤11.0 g/dl) versus les patients non anémiés (Hb>14 g/dl).
De même l’anémie modérée chez les patients avec un cancer du sein a été associée au
développement d’hypoxie ou d’anoxie. Ces éléments supportent le lien direct entre un
taux faible d’hémoglobine et un degré important d’hypoxie tissulaire.
Couplée à cette relation anémie-hypoxie, le rôle de l’hypoxie tumorale dans la
progression tumorale et l’augmentation de la résistance au traitement suggèrent que
l’administration d’érythropoïétine recombinante améliore les résultats thérapeutiques en
corrigeant l’anémie et donc diminue l’hypoxie tumorale.
Au niveau moléculaire, s’il y a diminution de l’hypoxie tumorale, le facteur
inductible par hypoxie, (hypoxia-inducible factor, HIF-1 α) est régulé négativement.
Lorsque l’organisme est en hypoxie, HIF-1 active la transcription de gènes responsables
de l’encodage de l’EPO, du facteur de croissance de l’endothélium vasculaire (vascular
endothelial growth factor, VEGF), et de nombreux facteurs impliqués dans la survie et la
croissance cellulaire, qui par conséquent agissent contre les effets néfastes liés au
manque d’oxygène.
La mise en situation d’hypoxie de cellules de mélanome humain entraine
l’augmentation du potentiel métastatique (augmentation de la sécrétion du VEGF,
augmentation de la stimulation de l’angiogenèse, etc.). En se basant sur ces
observations : la régulation positive du facteur HIF-1 dans les cellules tumorales, celle
du VEGF par l’HIF-1, et la promotion de croissance tumorale par le VEGF ; certaines
études in vitro et in vivo suggèrent l’hypothèse que l’arrêt de la voie du HIF-1 entrainerait
une diminution de l’angiogenèse et de la croissance tumorale.
Par conséquent, il est envisageable que la correction de l’anémie via le traitement
par EPO diminuerait l’accumulation de HIF-1 α et/ou jouerait un rôle sur sa régulation,
ce qui pourrait conduire à une diminution de la sécrétion du facteur VEGF et ainsi agir
sur la croissance et l’agressivité tumorale (113).
88
Plusieurs études précliniques et cliniques attribuent la correction de l’anémie par
EPO à une amélioration de la sensibilité de la tumeur aux radiations et à la
chimiothérapie. Dans un modèle associant tumeur et anémie induite par carboplatine, le
délai dans la croissance tumorale après administration de cyclophosphamide est plus
court dans le groupe de patients anémiés (8.6 jours) que pour le groupe contrôle traités
par EPO (13.3 jours). Ces résultats suggèrent que l’anémie chimio-induite réduit la
cytotoxicité du cyclophosphamide, alors que la correction de l’anémie par EPO augmente
la sensibilité à l’agent de chimiothérapie, probablement due à une meilleure oxygénation
du tissu tumoral (pourcentage d’hématocrite plus élevé)(114).
Du fait du mécanisme d’action oxygène-dépendant de certains agents de
chimiothérapie, l’érythropoïétine recombinante, en augmentant le taux intracellulaire
d’oxygène, va pouvoir augmenter la sensibilité des cellules cibles de la chimiothérapie ;
et ainsi améliorer les résultats thérapeutiques.
89
En corrigeant l’anémie, le traitement par EPO va aussi améliorer les symptômes
associés, potentiellement augmenter la capacité du patient à supporter son traitement
anticancéreux et lui permettre de suivre la thérapie avec les bonnes doses et le bon
schéma d’administration.
Par ailleurs, l’EPO améliore la sensation de bien être via des effets directs comme
par exemple pour les problèmes cognitifs (à savoir la perte de mémoire, la diminution de
concentration, les troubles d’expression, etc.). Ils apparaissent fréquemment au cours
d’une chimiothérapie, et spécifiquement pour les patients qui ont reçu de fortes doses
pour traiter un cancer du sein. Les premiers résultats d’essais en cours suggèrent que
l’époétine alpha est un atout dans l’amélioration des dysfonctionnements cognitifs (115).
Le mécanisme investigué par lequel l’EPO a un effet protecteur des neurones vis à vis
d’événements ischémiques se base sur des études avec modèle animal. Ces résultats ont
orienté la recherche vers les potentiels effets positifs de l’époétine alpha sur les patients
ayant eu des accidents ischémiques. D’autres données évoquent l’action bénéfique de
l’EPO alpha sur les toxicités pulmonaires induites par la bléomycine (glycopeptide
antibiotique cytotoxique) qui ainsi améliore le fonctionnement des poumons.
L’érythropoïétine recombinante inhibe l’activation de la bléomycine par l’endothélium
capillaire et prévient la destruction de ce dernier. Cet effet s’additionnerait avec les effets
précédemment cités de l’EPO pour améliorer les paramètres de qualité de vie du patient.
90
IV.2.2.1.1.3 Indications et efficacité des érythropoïétines recombinantes
Pour évaluer l’efficacité des traitements par EPO, les critères employés sont
l’augmentation de l’hémoglobinémie, le taux de réponse à l’EPO, le délai de réponse, la
diminution des besoins de transfusions sanguines et aussi les critères de qualité de vie.
Le taux de réponse au traitement par érythropoïétine est expliqué dans le paragraphe
IV.2.2.1.4
L’administration des époétines alpha et beta se fait habituellement par voie sous-
cutanée, trois fois par semaine, avec une dose variant de 150 à 300 U/Kg.
L’administration de 30 à 40 000 unités une fois par semaine est également
possible. D’autres dosages sont envisageables comme par exemple l’administration de
80 000 unités toutes les deux semaines et 120 000 unités toutes les trois semaines.
IV.2.2.1.2.1 Structure
91
Une relation directe existe entre le nombre élevé de résidus d’acides sialiques des
chaînes gycosylées et la durée de la demi vie de la molécule et son activité biologique,
avec une affinité de liaison au récepteur de l’EPO diminuée.
La demi-vie de la darbépoétine après injection chez l’homme est environ trois fois
plus longue que celle de l’époétine recombinante (25,2 heures versus 8,5 heures pour
l’époétine alpha) (52).
La darbépoétine alpha est utilisée en Europe et aux Etats Unis pour le traitement
de l’anémie chez les patients souffrant de maladie rénale chronique et est également
indiquée dans le traitement de l’anémie chez les patients sous chimiothérapie. Dans
l’étude de phase III de Vansteenkiste (randomisée, en double aveugle versus placebo),
la sécurité et l’efficacité de la darbépoétine administrée une fois par semaine a été
analysée chez des patients anémiés avec un cancer pulmonaire et sous chimiothérapie
multicycles. Une diminution de plus de 50% de l’incidence des transfusions et du nombre
d’unités transfusées est constatée chez les patients recevant la darbépoétine versus
placebo. La fatigue diminue également dans le groupe de patients recevant la
darbépoétine.
L’effet de la réduction des besoins transfusionnels a été identifié dès les premières
semaines de traitement. Tandis que plusieurs études sur l’érythropoïétine humaine
recombinante ont démontré qu’un mois de délai est nécessaire pour avoir une efficacité
clinique. Certaines autres ne donnent pas de résultats significatifs sur l’efficacité clinique
versus placebo lorsqu’elles incluent les données du premier mois de thérapie. Ce délai
reflète l’influence des doses de l’EPO recombinante sur la cinétique de l’érythropoïèse, la
réponse au traitement n’est pas suffisamment rapide pour éviter un besoin potentiel de
transfusion sanguine pendant le premier mois de traitement. Ce qui n’est pas le cas pour
92
la darbépoétine alpha administrée à raison d’une fois par semaine avec un dosage de
2.25 μg/kg pendant 12 semaines.
Grâce à sa demi vie prolongée, la darbépoétine alpha permet des administrations
moins fréquentes, un nombre d’injection réduit et donc moins de temps passé en soin
pour le patient et une meilleure observance de ce dernier (117).
93
Le résultat principal est l’augmentation de plus de 1 g/dl du taux d’hémoglobine et
l’amélioration des paramètres de qualité de vie mesurés à la semaine 9 du traitement
par darbépoétine : 32% des patients rencontrent ces critères. Cette réponse du taux
d’hémoglobine de plus de 1 g/dl à la semaine 9 est significativement prédictif pour
l’amélioration consécutive de la qualité de vie. Ce point est supporté par les observations
de Vansteenkiste cité précédemment (101).
94
IV.2.2.1.2.4 Effets indésirables
La darbépoétine alpha est une molécule bien tolérée. Les effets indésirables
reportés dans les études cliniques, sont généralement associés aux pathologies
cancéreuses et aux effets toxiques de la chimiothérapie, aucune différence n’est faite
entre les groupes traités par darbépoétine ou recevant le placebo. Des effets indésirables
de type gastrointestinaux (nausées et vomissements) et des symptômes constitutionnels
(tels que la fatigue) sont les plus fréquemment reportés. Par ailleurs, aucune relation
effet-dose n’a été établie avec la survenue des effets indésirables (119).
Les risques évalués importants associés au traitement par Aranesp® sont l’hypertension,
les convulsions, et les réactions allergiques (Avis de la Commission de Transparence).
95
glycosylations. Les études d’efficacité et de sécurité de Retacrit® comparé à l’époétine
alpha, démontrent des résultats similaires pour l’indication du produit en oncologie.
En France, deux biosimilaires de l’EPO sont prescrits : Binocrit® et Retacrit® pour le
traitement de l’anémie chimio-induite (120).
96
Dans le cas des hémopathies malignes, il est retrouvé comme facteur prédictif de
non réponse à l’EPO le taux pré-thérapeutique d’érythropoïétine sérique élevé (>100 ou
200 mU/mL). Ainsi en calculant des coefficients d’EPO observée/ EPO attendue, on révèle
une insuffisance de sécrétion plus ou moins importante (selon le grade de l’anémie). Le
rapport EPO observée/EPO attendue inférieur à 0.8 ou une valeur d’EPO mesurée
inférieure à 50 mU/mL démontre une diminution du taux d’EPO endogène. L’anémie peut
possiblement être corrigée par le traitement par ASE. Il convient donc d’identifier les
patients avec un déficit en EPO.
Est également noté, l’augmentation du nombre de réticulocytes comme facteur de
réponse précoce au traitement par EPO, à raison d’une augmentation de 40 000
réticulocytes à 4 semaines.
L’augmentation rapide du taux d’hémoglobine confirme la réponse au traitement
par EPO. Par exemple l’augmentation d’1g/dl à la semaine 4 du traitement permet de
prédire un taux de réponse à terme de 75%.
Les autres facteurs prédictifs de réponse sont l’augmentation du taux de la
protéine réceptrice de la transferrine, le score du performans status (échelle
d’autonomie), le contrôle de la pathologie cancéreuse et la dose d’EPO administrée (56).
Le dosage d’érythropoïétine endogène est donc un moyen intéressant pour
orienter la prescription d’EPO au patient anémique atteint de cancer lorsque ce dernier
présente un taux supérieur à 100 mU/mL. Ainsi, l’identification des patients susceptibles
d’avoir une réponse plus importante au traitement par EPO permet une optimisation de
la pratique médicale.
97
De plus, de nombreuses études ont identifié une diminution des besoins
transfusionnels lorsqu’un tel traitement est mis en place, évitant ainsi, les complications
et risques associés à cette solution thérapeutique. La méta analyse de Spivak confirme
les résultats de la précédente (Cochrane) : les patients recevant un agent stimulant
l’érythropoïèse pour traiter leur anémie chimio-induite, sont moins sujets à être
transfusés – le ratio est d’environ de 2 : 1. Dans cette méta-analyse Cochrane, la seconde
observation correspond à une meilleure survie des patients traités par rapport à ceux qui
ne le sont pas (intervalle de confiance de 95%) (122).
De nombreux essais cliniques ont été conduits en considérant la possibilité que les
ASE fournissent une amélioration pour la survie des patients anémiques. La plupart de
ces études ont commencé le traitement avec des ASE chez les patients avec un taux
normal d’hématocrite. Ces approches se sont révélées désavantageuses et en 2007,
l’autorité américaine de sécurité du médicament (FDA) communique sur les EPOs
recombinantes avec une mise en garde sur des événements cardiovasculaires et
thromboemboliques, des taux de mortalité augmentés et une progression tumorale.
En particulier, quatre études illustrent ces événements notifiés par la FDA. L’étude
ENHANCE montre un taux de mortalité plus élevé chez les patients traités par EPOs
recombinantes que chez les patients du groupe contrôle pour le cancer de la tête et du
cou. La même observation est faite pour l’étude BEST, conduite sur des patients atteints
de cancer du sein et traités par radio ou chimiothérapies et EPO, ainsi que chez les
patients anémiques atteints de cancer sans chimiothérapies dans l’étude EPO-CAN-20
pour le cancer du poumon non à petites cellules et dans l’étude Amgen 103 (122).
Trois éléments peuvent expliquer pourquoi les EPOs ont potentiellement ces effets
secondaires : la progression tumorale est le résultat de la stimulation des récepteurs à
l’EPO des cellules tumorales, le risque plus élevé d’événements thromboemboliques et la
durée de survie raccourcie s’expliquent par l’administration de l’EPO elle-même.
Néanmoins, ces explications sont controversées.
Dans certaines études rétrospectives, les conclusions démontrent que l’EPO
recombinante au contraire prolonge la survie pour des patients avec un syndrome
98
myélodysplasique et n’accélère pas la transformation leucémique (123). De plus, les
récepteurs à l’EPO sont plus nombreux sur les cellules érythroïdes que sur les cellules
non érythroïdes ou tumorales, et l’affinité récepteur-ligand sur les cellules autres que les
cellules érythroïdes est si faible que la compétition pour l’EPO est presque inexistante
pour les concentrations plasmatiques durant la chimiothérapie. Le postulat de
progression tumorale n’est donc pas encore vérifié.
Concernant le risque accru d’événements thromboemboliques, l’explication peut
venir de l’effet de l’EPO sur la masse des globules rouges et sur le volume plasmatique
dans un contexte d’hypercoagulation caractéristique du cancer. L’effet sur la masse des
globules rouges, son expansion, peut être à l’origine d’une hypertension systémique,
pulmonaire, d’une diminution du flux sanguin au niveau des reins et du cerveau, d’une
augmentation des interactions entre les plaquettes, les leucocytes et les cellules
endothéliales, etc.
Lorsqu’il y a expansion de la masse des globules rouges, le volume plasmatique se réduit.
L’organisme tend à maintenir un volume sanguin constant. C’est pourquoi
l’administration concomitante d’EPO et de transfusions augmente le risque de développer
une thrombose veineuse (96).
99
plus sûr – ce constat est supporté par la méta analyse de Bohlius conduite sur presque
14,000 patients anémiques traités par ASE (122).
La « non-réponse » au traitement par EPO est associée à une diminution de la
durée de survie en comparaison avec les patients anémiques ayant une réponse au
traitement. La réponse au traitement par EPO est définie par un gain minimum de 2 g/dl
d’hémoglobine durant les 12 semaines de traitement(124).
Récemment, des évènements ont alerté les professionnels de santé sur le risque
de thromboembolisme chez les patients traités par ASE. Ces évènements ont été
regroupés dans une méta analyse conduite par Tonnelli et Bennett (125,126). L’étude
BRAVE d’Aapro est conduite sur des patients atteints de cancer du sein traités par
chimiothérapie et par époétine béta ou recevant d’autres soins de support. Les patients
traités avec des ASEs reportaient le plus d’évènements thromboemboliques que le groupe
contrôle : 13% versus 6% pour les non-traités par ASE.
Glaspy trouve également un risque thromboembolique plus élevé dans six études
cliniques utilisant la darbépoétine alpha et particulièrement chez les patients avec un
taux d’hémoglobine supérieur à 12 g/dl ou ceux ayant une augmentation du taux de plus
de 1 g/dl dans les 14 jours.
Une corrélation a été trouvée entre le risque thromboembolique et taux
d’hémoglobine cible du traitement par érythropoïétine. Quand la cible est de 13 g/dl, le
risque relatif pour une thrombo-embolie veineuse est de 0.7. Il augmente jusqu’à 1.7
pour un taux cible compris entre 13 et 14 g/dl. Dans des études visant des taux
supérieurs à 15 g/dl, le risque atteint 1.92. Toutefois, ces études sont potentiellement
biaisées du fait d’une utilisation hors AMM des molécules d’EPO de synthèse. Par exemple,
dans l’étude BEST de Bennet de 2008 les patients atteints de cancer qui ont reçu un
traitement par ASE ont un risque accru de thrombo-embolie veineuse (334 évènements
reportés parmi les 4,610 patients traités par agents stimulants l’érythropoïèse versus
173 évènements parmi les 3,562 patients du groupe contrôle) (125).
L’aplasie pure des globules rouges (Pure Red Cell Aplasia, PRCA) est une
complication rare de l’anémie sévère, elle est caractérisée par un taux très bas de
100
réticulocytes : 10 000/µL (pourcentage réticulocytaire <1%) et par l’absence virtuelle
des précurseurs érythroïdes dans la moelle osseuse. Toutes les autres lignées cellulaires
sont présentes et elles apparaissent quantitativement et morphologiquement normales.
Les PRCA décrites chez les patients recevant un traitement d’érythropoïétine, consiste en
l’induction d’anticorps neutralisants qui ciblent particulièrement l’EPO.
Pendant les premières années d’utilisation de l’érythropoïétine recombinante, trois
cas d’aplasies pures de la lignée érythrocytaire ont été reportés. Dans les années 2000,
le nombre de cas signalés augmente – lorsque le produit est utilisé en sous-cutané et
dans l’indication pour les patients insuffisants rénaux. La majorité des cas comporte
l’Eprex® qui est alors le plus utilisé avant l’arrivée de l’époétine béta (Néorecormon®
obtient son autorisation de mise sur le marché en 1997).
Toutefois, aucun cas n’est rapporté chez des patients atteints de cancer et avec
une utilisation par voie intraveineuse. Par ailleurs, cette augmentation de cas d’aplasie
coïncide avec la législation européenne exigeant le retrait du sérum d’albumine humaine
dans la formulation de l’époétine alpha (Eprex®). La nouvelle formule apparemment
moins stable, entraîne la formation de microaggrégats et augmenterait la probabilité de
formation d’anticorps neutralisants anti érythropoïétine. Le traitement pour cette
anomalie passe par une thérapie immunosuppressive avec des glucocorticoïdes
(prednisone), traitement fonctionnant dans environ 70% des cas (127). L’incidence de
l’aplasie pure des globules rouges a diminué d’environ 90% en France après les mises en
garde des autorités compétentes et les mesures correctrices pour la formulation du
médicament : les joints des seringues pré-remplies sont recouverts d’un matériau
protecteur (128).
101
IV.2.2.1.7 Supplémentation en fer
Un déficit fonctionnel en fer est souvent constaté chez les patients traités par EPO.
Le fer étant l’un des éléments de l’hémoglobine, il est compréhensible qu’une carence en
fer puisse constituer un facteur limitant de l’érythropoïèse. Une surveillance de la
sidérémie est donc recommandée chez le patient anémié et traité par EPO.
Il a été montré qu’une baisse de plus de 20% de la saturation de la sidérophiline
est à l’origine d’une perte d’efficacité de l’EPO (avec des valeurs de ferritinémie élevées
ou normales). Au cours d’un syndrome inflammatoire, la supplémentation en fer est donc
recommandé (le fer est stocké et non mobilisable), en association avec un traitement par
EPO lorsque la sidérophiline diminue (129).
L’efficacité de la forme d’administration du fer a fait l’objet d’études scientifiques. La
supplémentation par voie intraveineuse ou par voie orale ont été comparées. Les
résultats dénotent un gain en hémoglobine plus élevé pour le groupe de patient avec une
supplémentation par voie intraveineuse que pour les groupes avec une supplémentation
par voie orale ou sans supplémentation. L’absorption du fer per os est variable et
incomplète et aucune différence n’a été montrée entre les patients recevant du fer par
voie orale ou ne recevant pas de fer (56,127,130).
Le référentiel inter régional en Soins Oncologiques de Support de l’AFSOS
présentant des recommandations pour l’anémie et le cancer, préconise le fer injectable
(hydroxyde ferrique) en association avec les ASE même en l’absence de carence martiale
objectivée. Les posologies préconisées sont de 100 mg/semaine jusqu’à la 6ème semaine
ou 100 mg toutes les deux semaines à partir de la 8 ème semaine. Lorsque la ferritinémie
dépasse 1000 µg/L, le traitement par fer doit être suspendu jusqu’à obtention d’une
valeur inférieure à 500 µg/L.
102
encore peu fournie. Les études traitant du sujet incluent des patients atteints de cancers
du poumon et du sein. Les conclusions confirment une efficacité sur le taux
d’hémoglobine et les besoins transfusionnels. Bien évidemment, le taux d’hémoglobine à
l’inclusion étant plus élevé, les besoins en transfusions sont inférieurs dans les bras de
l’étude sans traitement par érythropoïétine recombinante et par conséquent la variation
absolue du gain érythrocytaire ou du taux de patients non transfusés est moindre.
Aucune publication ne fait état de l’impact sur la qualité de vie, sur l’efficacité
thérapeutique ou encore sur la survie. L’arrêt de l’étude de Leylandjones et coll. oriente
même vers des conclusions négatives à savoir l’absence d’amélioration suite à
l’administration d’EPO et de potentiels effets délétères (progression tumorale, accidents
thrombo-emboliques).
L’époétine bêta est la seule molécule utilisée dans la prévention de l’anémie des
adultes atteints de tumeurs solides et traités par chimiothérapie à base de platine
susceptible d’entraîner une anémie (pour un protocole incluant du cisplatine à 75 mg/m 2
par cycle et du carboplatine à 350 mg/m 2 par cycle) (132).
IV.2.2.1.9 Eporatio
L’Eporatio n’est pas un biosimilaire mais une époétine thêta, enregistrée auprès
de l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament) comme un princeps (étude
Phase II). Ce produit est commercialisé par le laboratoire Teva.
L’efficacité de l’époétine thêta a été principalement évaluée dans des études
versus placebo chez le patient souffrant de cancer. Aucun effet négatif sur la survie n’a
été rapporté dans les études randomisées réalisées chez 586 patients traités pour leur
anémie. Les données relatives à la mortalité sont plus favorables dans le groupe de
patients traités par l’époétine thêta en comparaison avec le groupe placebo.
La posologie recommandée pour l’administration d’une dose par semaine est de
20 000 UI (sans prise en compte du poids corporel). Selon l’évolution du taux
d’hémoglobine après quatre semaines de traitement : augmentation d’au moins 1 g/dl,
pas d’augmentation d’au moins 1 g/dl ; la dose sera respectivement maintenue et
éventuellement doublée à 40 000 UI par semaine. Après 4 semaines supplémentaires de
traitement, si l’augmentation du taux d’hémoglobine est toujours insuffisante, la dose de
103
60 000 UI par semaine peut être envisagée. Elle correspond à la dose maximale à ne pas
dépasser (133).
104
économiques pour pouvoir se permettre cet espacement de dosage. Le maintien du taux
d’hémoglobine dans une fourchette cible de 11 à 12 g/dl reste une priorité clinique. De
même que la surveillance des besoins d’adaptations de doses (par exemple le besoin
d’augmenter la dose plus qu’une simple multiplication des intervalles de temps) de façon
à étendre la fréquence de dosage (135).
105
pour un taux d’hémoglobine > 120 g/L ou d’interrompre ce dernier si le taux dépasse
cette valeur.
106
CONCLUSION
107
prévention. Ce traitement présente l’avantage d’être ambulatoire et avec peu de
complications. Le coût de ce type de produit peut néanmoins limiter sa prescription. Il en
va de même pour son délai d’action parfois jugé trop long au vu de l’état général du
patient. Toutefois, un patient répondeur à l’EPO est susceptible de terminer un traitement
anticancéreux lourd en conservant une bonne forme. Des questions sont toujours en train
d’être étudiées pour optimiser cette option thérapeutique : à savoir le schéma du
traitement, les bénéfices apportés vis à vis de l’efficacité thérapeutique du traitement
anticancéreux et l’impact médico-économique.
Les conditions d’administration des EPO décrites dans les AMM proposent désormais une
alternative aux trois injections sous-cutanées par semaine, à savoir la possibilité
d’injecter une seule fois par semaine, à l’exception de la darbépoétine alpha qui peut être
elle injectée une fois par semaine voire une fois toutes les trois semaines. Ces nouvelles
modalités d’administration donnent un nouveau confort d’organisation pour le clinicien et
le patient.
Une meilleure connaissance des facteurs prédictifs de réponse à l’EPO permettrait
une optimisation de la pratique : il n’y aurait pas d’instauration de traitement ou
doublement des doses chez le patient non répondeur. Pour augmenter la sensibilité et la
spécificité, les facteurs prédictifs et précoces sont combinés entre eux. L’association la
plus spécifique et la plus simple pour la non réponse est : l’absence d’augmentation du
taux d’hémoglobine à deux semaines et un taux d’érythropoïétine pré-thérapeutique
supérieur à 100 mU/ml. Aucune recommandation ou consensus n’existent sur le dosage
de l’érythropoïétine endogène avant la mise en place d’un traitement ni sur l’utilisation
de facteurs prédictifs. La conduite d’études prospectives permettra de poursuivre la
recherche sur ces facteurs prédictifs et précoces et de valider leurs intérêts.
108
en concentrés érythrocytaires ou le taux de patients non transfusés est donc moindre.
L’impact sur la qualité de vie, la survie ou l’efficacité thérapeutique n’a pas été étudié.
Malgré l’avantage certain de l’EPO sur la qualité de vie du patient, cette stratégie
thérapeutique tend à être challengée par les économistes de la santé – mettant en
question le bien-fondé de son utilisation. Autrefois uniquement disponibles à l’hôpital, les
EPO sont sorties de la réserve hospitalière en 2005. Les spécialités proposées sur le
marché français proposent des dosages multiples et ces derniers sont parfois au-dessus
des dosages recommandés (30 000 UI ou 150 µg par semaine). Lorsque les prix sont
fixés en fonction du dosage, on comprend qu’il va y avoir une dépense supplémentaire
par unité injectée. Pour 12 semaines de traitement, le prix varie entre 2 427.96 et 3
994.08 € (136). En plus du coût du médicament s’ajoute l’acte réalisé par une infirmière
et le coût de la surveillance biologique.
Pour les traitements par transfusion, en plus du coût d’acquisition des unités de
concentrés érythrocytaires auprès de l’établissement français du sang (120.01 €/unité,
prix au 1er janvier 2018), le coûts des tests spécifiques et celui du personnel soignant
s’ajoutent. Le patient traité par transfusion sanguine expose aux coûts liés aux effets
indésirables éventuels, aux frais d’administration des unités sanguines, d’hospitalisation,
de transport et à la perte de production du patient qui est immobilisé à l’hôpital. Des
analyses plus approfondies sont nécessaires dans ce domaine pour évaluer l’ensemble
des coûts. Notons cependant, que le traitement du patient anémié permet une
amélioration de son état général, il supporte mieux le traitement anticancéreux, il y a
donc par ailleurs une limitation voire une réduction de frais médicaux pour d’autres soins
annexes.
Au-delà de l’analyse économique de ces deux options thérapeutiques, leur emploi pour
traiter le patient anémié et atteint de cancer peut être complémentaire : la prévention et
109
le maintien d’un taux d’hémoglobine suffisant grâce aux érythropoïétines et une
correction rapide d’une anémie sévère ou la prise de relai en cas d’échec par traitement
par ASE avec la transfusion sanguine.
110
TABLE DES ABREVIATIONS
111
HIF Hypoxia Inductible Factor
IRM Imagerie par Résonnance Magnétique
IV Intraveineux
JAK Janus Kinase
LLC Leucémie Lymphoïde Chronique
LAS Linear Analog Scale
LH Lymphome de Hodgkin
LNH Lymphome Non Hodgkinien
MASCC Multinational Association of Supportive Care in Cancer
MM Myélome Multiple
NCI National Cancer Institute
OMS Organisation Mondiale de la Santé
PRCA Pure Red Cell Aplasia
RCMI Radiothérapie Conformationnelle avec Modulation d’Intensité
IGRT Radiothérapie Guidée par l’Image
EPO-R Récepteur à l'EPO
STAT Signal Transducers and Activators of Transcription
SOS Soins Oncologiques de Support
SOR Standards, Options et Recommandations
TCMH Teneur Corpusculaire Moyenne en Hémoglobine
ECAS The European Cancer Anemia Survey
EORTC The European Organisation for Research and Treatment of Cancer
TEP Tomographie par Emission de Positrons
VGM Volume Globulaire Moyen
112
TABLE DES FIGURES
Figure 1 : Continuité et globalité des soins en curatif (d’après l’Association Francophone
des Soins Oncologiques de Support, AFSOS) (2) _______________________________ 6
Figure 2 : Continuité et globalité des soins en palliatif (d’après l’AFSOS) (2) ________ 6
Figure 3 : Cycle cellulaire et régulation moléculaire d’après (19) _________________ 14
Figure 4 : Cibles des agents anticancéreux pendant le cycle cellulaire d’après (21) __ 16
Figure 5 : Échelle soulagement de la douleur (d’après l’OMS) ___________________ 26
Figure 6 : Schéma de l’hématopoïèse d’après Rang et Dale (53) _________________ 39
Figure 7 : L’érythropoïèse et facteurs de croissance (54) _______________________ 41
Figure 8 : Structure primaire de l’EPO endogène (59)__________________________ 43
Figure 9 : Schéma du récepteur de l’érythropoïétine d’après (62) ________________ 45
Figure 10 : Synergie entre Epo et SCF pour la survie cellulaire d’après (64). _______ 47
Figure 11 : Mécanismes d’activation des caspases (64) ________________________ 48
Figure 12 : Arbre décisionnel de classification des anémies d’après Szymanowicz (65) 53
Figure 13 : Démarche diagnostique pour l’anémie microcytaire __________________ 55
Figure 14 : Démarche diagnostique pour l’anémie macrocytaire _________________ 56
Figure 15 : Incidence de l’anémie chez les patients atteints de cancer du sein d’après
l’étude de H.Xu (69) ____________________________________________________ 67
Figure 16 : Incidence de l’anémie modérée à sévère chez les patients traités par
chimiothérapie d’après (89) ______________________________________________ 68
Figure 17 : Fraction tissulaire hypoxique (pO2 <1 mmHg) en fonction du _________ 79
Figure 18 : Recommandations de prise en charge de l’anémie chimio-induite selon
l’AFSOS et l’EORTC (112) ________________________________________________ 86
113
TABLE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Molécules à risque émétique d’après l’Observatoire des Médicaments
Dispositifs Médicaux Innovations Thérapeutiques du Centre (36) ________________ 28
Tableau 2 : Seuil d’hémoglobine en fonction du grade de l’anémie d’après le NCI ___ 37
Tableau 3 : Incidence de l’anémie chez des patients atteints de cancer du sein et
recevant une chimiothérapie (69) __________________________________________ 60
Tableau 4 : Incidence de l’anémie chez des patients atteints de cancer colo- rectal et
recevant une chimiothérapie (69) __________________________________________ 61
Tableau 5 : Incidence de l’anémie chez des patients atteints de cancer pulmonaire et
recevant une chimiothérapie ______________________________________________ 62
Tableau 6 : Incidence de l’anémie chez des patients atteints de cancer de l’ovaire et
recevant une chimiothérapie ______________________________________________ 62
Tableau 7 : Exemple d’incidence de l’anémie dans les différents protocoles utilisés dans
les lymphomes non hodgkiniens (71) _______________________________________ 63
Tableau 8 : Recommandations des organisations de santé internationales sur le taux
d’hémoglobine seuil pour instaurer une transfusion sanguine ___________________ 82
114
TABLE DES ANNEXES
Annexe 1 : Echelle de qualité de vie des patients atteints de cancer : FACT-An
(Functional Assessment of Cancer Therapy – Anemia) ________________________ 116
Annexe 2 : Echelle d’évaluation QLQ-C30 de l’Organisation Européenne pour la
recherche et le traitement du cancer ______________________________________ 119
115
ANNEXES
Annexe 1 : Échelle de qualité de vie des patients atteints de cancer : FACT-An
(Functional Assessment of Cancer Therapy – Anemia)
116
117
118
Annexe 2 : Echelle d’évaluation QLQ-C30 de l’Organisation Européenne pour la
recherche et le traitement du cancer
119
120
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