Extrait - Insectes Et Acariens Des Cultures Maraicher PDF

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Guide

pratique

Insectes et acariens
des cultures maraîchères
en milieu tropical humide

Philippe Ryckewaert et Béatrice Rhino


Insectes et acariens
des cultures
maraîchères en milieu
tropical humide
Reconnaissance, bio-écologie
et gestion agro-écologique
Philippe Ryckewaert et Béatrice Rhino

Éditions Quæ
Déjà parus dans la collection Guide pratique

Atlas des bois tropicaux


Cirad, OIBT, ATIBT, J. Gérard, coordinateur
2016, 1 000 p.

Cétacés du monde
J.-P. Sylvestre
2014, 352 p.

Poissons de l’océan Indien et de la mer Rouge (2e édition)


M. Taquet, A. Diringer
2012, 680 p.

Des plantes et leurs insectes


B. Didier, H. Guyot
2012, 264 p.

Éditions Quæ
RD 10
78026 Versailles Cedex, France
www.quae.com

© Éditions Quæ, 2017


ISBN 978-2-7592-2571-2
ISSN 1952-2770

Le code de la propriété intellectuelle interdit la photocopie à usage collectif sans autorisation des
ayants droit. Le non-respect de cette disposition met en danger l’édition, notamment scientifique,
et est sanctionné pénalement. Toute reproduction même partielle du présent ouvrage est interdite
sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC), 20 rue des Grands-
Augustins, Paris 6e.
Sommaire

Remerciements 4
Introduction 5
Généralités 7
Reconnaissance des principaux groupes, systématique et biologie 8
Méthodes de contrôle des populations de ravageurs 18
Les ravageurs 29
Les acariens 30
Les aleurodes 34
Les pucerons 41
Les cicadelles 47
Les punaises phytophages 50
Les thrips phytophages 56
Les courtilières 60
Les mouches mineuses 62
Les mouches des fruits 66
Les coléoptères 72
Les chenilles 78
Ennemis naturels 91
Les acariens prédateurs 92
Les araignées 94
Les punaises prédatrices 96
Les chrysopes 100
Les syrphes 103
Les coccinelles prédatrices 106
Les carabes et les staphylins 113
Les thrips prédateurs 115
Les fourmis 117
Les guêpes 120
Les parasitoïdes 122
Annexes 135
Cultures hôtes des insectes et des acariens ravageurs 136
Répartition mondiale des insectes et des acariens ravageurs 140
Répartition mondiale des insectes et acariens prédateurs 143
Glossaire 144
Bibliographie générale 149
Index 150
Remerciements
Les auteurs tiennent à remercier les différents relecteurs et ceux qui nous ont
permis de compléter l’iconographie : Hubert de Bon, Dominique Bordat, Thomas
Chesneau, Jean-Philippe Deguine, Charlotte Gourmel, Julie Grandgirard, Alain
Ratnadass, Pierre Silvie, Serge Simon, Luc Vanhuffel et Marc Villevielle.
Nous remercions également la délégation à l’information scientifique et tech-
nique (Dist) du Cirad pour son appui financier à la réalisation de l’ouvrage.
Introduction
Dans les régions tropicales, les cultures maraîchères constituent un apport
nutritionnel important pour les populations locales. De par leur haute valeur
ajoutée, elles procurent également une source majeure de revenus. Toutefois, de
nombreuses contraintes d’ordre agronomique, climatique, financier, structurel
et phytosanitaire limitent souvent directement ou indirectement les rendements
de ces cultures. Parmi les contraintes phytosanitaires, on observe régulièrement
des dégâts provoqués par de nombreuses espèces d’arthropodes (insectes et
acariens), appelés ravageurs, ayant pour conséquence des baisses de rendement
plus ou moins élevées. Les dégâts peuvent ainsi aboutir à la destruction des
parties consommables ou de la plante entière. De plus, ce complexe de bio-
agresseurs est modifié régulièrement par l’arrivée de nouvelles espèces enva-
hissantes introduites accidentellement (cas du Thrips palmi dans l’ensemble de
l’Outre-mer français à la fin des années 1980 par exemple). D’autres espèces
déjà présentes, qui ne posaient pas de problèmes auparavant, peuvent aussi
devenir nuisibles suite à des changements de pratiques culturales.
Le complexe d’arthropodes ravageurs se caractérise par la diversité des espèces
présentes, souvent de petite taille et difficiles à observer, rendant ainsi l’identi-
fication malaisée pour un observateur profane. Les données sur la bio-écologie
de ces espèces sont par ailleurs éparses, pas toujours accessibles au grand
public, et concernent souvent d’autres régions du monde que celles faisant
l’objet de cet ouvrage.
La vulgarisation de nouvelles méthodes de contrôle des populations de rava-
geurs, telles que la lutte biologique par conservation ou l’utilisation de plantes
de service, est aujourd’hui nécessaire auprès des professionnels (agriculteurs,
techniciens et agronomes) et des étudiants. La reconnaissance des ravageurs
et de leurs ennemis naturels, mais aussi la connaissance de leur bio-écologie,
sont indispensables pour mettre en œuvre ces méthodes. Pour répondre à cet
objectif, le présent ouvrage permet dans un premier temps d’identifier les prin-
cipaux groupes d’insectes et acariens ravageurs des cultures maraîchères, ainsi
que leurs ennemis naturels les plus connus, en renvoyant le lecteur à des fiches
détaillées et illustrées.
Dans la première partie, après des généralités sur la systématique et la bio-
logie des insectes et des acariens, sont abordées diverses méthodes historiques
de contrôle de ces ravageurs, avec leurs limites. Actuellement, de nouveaux
concepts de gestion des bio-agresseurs se diffusent dans le cadre d’une pro-
tection agro-écologique des cultures, dont les principes et les méthodes sont
décrits dans le chapitre suivant.
Dans la deuxième partie, les fiches descriptives des ravageurs sont organisées
par groupe systématique dans un ordre classique, et listent les principales
espèces observées ou citées dans l’Outre-mer français sur les cultures maraî-
chères, décrivent leur morphologie globale et leur biologie, énumèrent leurs
plantes-hôtes, précisent les conditions qui leurs sont favorables et les dégâts
qu’elles engendrent. Des méthodes de gestion des populations dans le cadre de
la protection agro-écologique des cultures sont également proposées.
De même, dans la troisième partie, les fiches consacrées aux prédateurs et aux
parasitoïdes suivent un plan similaire, en précisant leurs proies et leur utilisation
possible en lutte biologique.
L’intérêt de cet ouvrage est de regrouper et d’illustrer par des photos des don-
nées de la littérature, dispersées sous forme d’articles scientifiques, et celles
acquises par les études et les observations des auteurs. Il peut être utilisé
comme un outil d’aide à la décision pour les personnes souhaitant intervenir
au niveau de l’agrosystème.

 5
Les zones géographiques concernées par cet ouvrage sont les territoires français
d’Outre-mer dans lesquels nous avons acquis une expérience : La Martinique,
La Guadeloupe, La Réunion, La Guyane, La Nouvelle Calédonie, La Polynésie
française et Mayotte. Les données présentées ont une portée élargie aux autres
petites îles des zones tropicales humides : Petites Antilles, île Maurice, archipel
des Comores, Seychelles, et Mélanésie, mais aussi aux régions limitrophes de
la Guyane (Surinam, Guyana, état de l’Amapa du Brésil).
L’entomofaune des grandes îles tropicales (Grandes Antilles, Madagascar,
Indonésie) et des continents proches (Afrique, Amérique centrale et Amérique
du Sud, Australie) comprend de nombreuses espèces communes à celles qui
sont présentées ici (pour des climats similaires), mais aussi beaucoup d’autres
qui leur sont propres et non prises en compte ici. Le cas de la Guyane est
cependant particulier, car bien que faisant partie du continent sud-américain,
les arthropodes ravageurs observés sur les cultures maraîchères sont prati-
quement les mêmes que ceux observés dans les Petites Antilles – peut être
la conséquence des échanges commerciaux et familiaux fréquents avec les
Antilles françaises mais aussi de par l’isolement de cette région du reste du
continent par la forêt amazonienne qui, elle, n’héberge pas ces ravageurs et
leurs plantes-hôtes.

Tableau 1. Cultures maraîchères associées aux insectes et acariens décrits.


Famille botanique Nom scientifique Noms communs
Alliaceae Allium spp. Oignon, oignon pays, cive,
ail, etc.
Apiaceae Daucus carota, Apium Carotte, céleri, persil
graveolens, Petroselinum
crispum
Asteraceae Lactuca sativa Laitue
Brassicaceae Brassica spp. Chou pommé, chou-fleur,
navet, etc.
Cucurbitaceae Cucumis sativus Concombre
Cucumis melo Melon
Cucurbita pepo Courgette, courge, citrouille,
potiron
Cucurbita moschata Giraumon, courge musquée
Citrullus lanatus Pastèque, melon d’eau
Sechium edule Christophine, chouchou,
chouchoute, chayote
Fabaceae Phaseolus vulgaris Haricot
Malvaceae Abelmoschus esculentus Gombo, lalo
Solanaceae Lycopersicon esculentum Tomate
Solanum melongena Aubergine, bringelle
Capsicum annuum Poivron
Capsicum frutescens Piment
Solanum tuberosum Pomme de terre

6 
Partie 1
Généralités
Reconnaissance des principaux groupes,
systématique et biologie

Généralités
Les insectes sont des arthropodes ayant trois paires de pattes, d’où leur appel-
lation d’hexapodes. Leur corps est constitué de trois parties distinctes : la tête,
le thorax (qui porte les pattes et les ailes) et l’abdomen. La tête possède des
pièces buccales, parfois complexes ou très modifiées, et une paire d’antennes.
La majorité des espèces sont pourvues de deux paires d’ailes, mais certaines
n’en ont qu’une ou pas du tout.
Les insectes sont actuellement regroupés dans une classe appelée Hexapoda,
qui comprend près d’une trentaine d’ordres et plus d’un million d’espèces
connues dans le monde, ce qui constitue le groupe animal le plus riche. De
manière simplifiée, ces ordres incluent de nombreuses familles regroupant les
espèces. De façon officielle, par exemple, il faudra classer et nommer la cocci-
nelle à sept points comme suit : ordre des Coleoptera (coléoptères), famille des
Coccinellidae (coccinelles), genre Coccinella, espèce septempunctata. Dans
un texte scientifique, il faudra l’écrire : Coccinella septempunctata Linnaeus,
en respectant la majuscule sur le nom de genre et l’italique (nom latin ou nom
scientifique). Linnaeus (ou Linné) est le nom du descripteur de cette espèce,
auquel on rajoute parfois l’année de la description. On utilise le terme « sp. » à
la suite d’un nom de genre lorsque l’espèce n’est pas connue ou est non déter-
minée (par exemple Encarsia sp.). Le terme « spp. » à la suite d’un nom de genre
signifie que l’on prend en compte plusieurs espèces appartenant à ce genre.
Les acariens sont des arthropodes possédant de deux à quatre paires de pattes
selon les groupes et les stades de développement. Leur corps est formé d’une
partie postérieure bien développée (idiosoma) et d’une partie antérieure peu
développée (gnathosoma) qui porte les pièces buccales (chélicères). Il n’y a
jamais d’ailes ni d’antennes mais des pédipalpes jouant le même rôle que ces
dernières.

Détermination et identification
La détermination des différents groupes (ordre, famille, espèce) repose essen-
tiellement sur des caractères morphologiques et peut se faire en utilisant des
clés à deux choix (dites clés dichotomiques) pour lesquelles il faut choisir l’une
ou l’autre possibilité (par exemple une ou deux soies sur une patte) et ainsi
de suite. Toutefois, cette méthode devient de plus en plus complexe au fur
et à mesure que l’on s’approche du niveau de l’espèce (caractères difficiles à
voir), ce qui nécessite des ouvrages spécialisés et du matériel de laboratoire.
Depuis plusieurs décennies, des méthodes de biologie moléculaire comme le
barcoding ont été mises au point pour mieux appréhender la différenciation des
espèces. Ces aspects ne sont pas abordés dans cet ouvrage et la reconnaissance
des insectes et des acariens est basée sur des photographies (planches 1 et 2 et
photos des fiches) et des descriptions dans les fiches.
Bien que certaines espèces soient difficiles à observer de par leur petite taille ou
leur mode de vie, les dégâts qu’elles provoquent permettent souvent d’orienter
leur identification. Par exemple, en maraîchage, la présence de fumagine est
forcément liée à l’existence de populations de pucerons, d’aleurodes ou plus

8 Généralités
rarement de cochenilles. Le type de dégâts et leur importance sur les cultures
dépend essentiellement du groupe de ravageurs considérés, de leur biologie,
de leur stade de développement et de leurs pièces buccales. Ces aspects per-
mettent de distinguer plusieurs catégories d’insectes ou d’acariens suivant le
mode d’alimentation :
––phyllophage, se nourrit de feuilles et possède des pièces buccales broyeuses
(par exemple, la grande majorité des chenilles) ;
––xylophage, se nourrit de bois ou de tissus lignifiés (morts ou vivants). Possède
également des pièces buccales broyeuses (exemple  : les larves de capri-
cornes) ;
––carpophage, se nourrit de fruits (exemple : les larves de mouches des fruits) ;
––piqueur-suceur, se nourrit de sève ou d’autres aliments liquides, et ce grâce à
une trompe rigide ou rostre (par exemple, les pucerons) ;
––piqueur-videur de cellules du parenchyme, se nourrit du contenu des cellules
végétales et a un rostre (par exemple, les acariens et les thrips) ;
––mineur de feuilles, creuse des galeries dans l’épaisseur des feuilles (par
exemple, les larves de mouches mineuses) ;
––entomophage, consomme des insectes (et par extension d’autres arthropodes).
Ce dernier groupe comprend les prédateurs et les parasitoïdes ; ils ont diffé-
rents types de pièces buccales selon les espèces.
Les dégâts sont provoqués par les larves ou les adultes, ou les deux selon les
cas. Ils peuvent être directs (prélèvements de parties du végétal) ou indirects
(avortements des fleurs ou des fruits, pourritures secondaires, miellat, fumagine,
transmission de maladies, etc.).
Les insectes et les acariens présentent plusieurs stades de développement au
cours de leur vie. La grande majorité pond des œufs mais certains comme les
pucerons sont ovovivipares. Après éclosion, les œufs donnent des larves qui
passent par plusieurs phases de taille de plus en plus grande, dont le nombre
varie suivant les groupes, pour aboutir aux adultes (appelés aussi imago). Le
passage d’un stade à un autre se fait par une mue (larvaire, nymphale, imagi-
nale) au cours de laquelle l’insecte ou l’acarien change de cuticule. Cependant,
il existe deux possibilités chez les insectes :
––les larves sont très différentes des adultes d’un point de vue morphologique
et biologique, après quoi elles se transforment en fin de développement en
une nymphe (stade immobile), qui donne ensuite naissance à l’adulte. Ces
insectes sont appelés holométaboles (dits aussi à métamorphose complète).
Ce sont les coléoptères (chrysomèles…), les névroptères (chrysopes), les dip-
tères (mouches), les hyménoptères (guêpes) et les lépidoptères (papillons). Par
exemple on distingue chez les lépidoptères les stades œuf, larves (chenilles),
nymphe (chrysalide) et adulte (papillon) ;
––les larves ressemblent plus ou moins à l’adulte en plus petit, sans ailes ni
appareils génitaux, et ont le même régime alimentaire. Ce sont des hétéro-
métaboles (nommés également à métamorphose incomplète). On peut citer
comme exemple les Hémiptères (pucerons, punaises).

Répartition mondiale des espèces


L’étude et la compréhension de la répartition des êtres vivants sur la Terre relève
de la biogéographie. Elle fait intervenir de nombreuses disciplines comme
l’écologie, la biologie, la paléogéographie, l’évolution des espèces, la géné-
tique, la climatologie, etc.
Chaque espèce est caractérisée par sa distribution géographique, plus ou moins
connue selon les cas. Cette répartition est avant tout reliée à l’existence de

Reconnaissance des principaux groupes, systématique et biologie 9


milieux favorables à cette espèce et à la présence de plantes ou d’organismes
hôtes, eux-mêmes dépendant principalement des climats. Une espèce est ainsi
répartie dans une ou plusieurs régions biogéographiques (appelées aussi éco-
zones), plus ou moins bien séparées par des barrières naturelles (océans, déserts
ou chaînes de montagne) et caractérisées par une certaine homogénéité faunis-
tique, floristique et climatique, y compris les régions d’altitude.
Cependant l’homme a considérablement modifié la répartition de nombreuses
espèces, dont celles concernées par l’agriculture. Ainsi, de nombreux rava-
geurs ont été importés involontairement par diverses voies dans des régions
éloignées de l’aire d’origine, et certaines espèces sont maintenant devenues
cosmopolites. Á l’inverse d’autres espèces ont disparu localement du fait des
activités humaines.
Dans le cas des espèces à large répartition ancienne, il est difficile de pré-
ciser leur région d’origine. Cela a une importance quand on veut connaître
les conditions du milieu de provenance d’une espèce (climat) et, notamment,
lorsqu’on recherche ses ennemis naturels (voir la lutte biologique page 21).
Deux approches peuvent apporter des réponses : la génétique et la richesse
en ennemis naturels spécifiques. Selon la première approche, une diversité
génétique importante d’une population donnée, comportant de nombreuses
mutations, indique une présence ancienne de l’espèce dans cette région. Selon
la deuxième approche, un nombre élevé de parasitoïdes, voire de prédateurs,
spécifiques à cette espèce montre qu’il y a eu une co-évolution longue entre
cette population et celle de ses ennemis naturels.
On distingue six écozones terrestres :
––région paléarctique : Europe, Afrique du Nord, Moyen-Orient, Asie centrale
et Asie septentrionale ;
––région afrotropicale  : Afrique subsaharienne, péninsule arabique, îles du
sud-ouest de l’Océan indien (dont Madagascar, La Réunion, les Comores et
Mayotte) ;
––région indo-malaise : Inde, sud de la Chine, Asie du Sud-Est (dont Bornéo et
Java) ;
––région australienne : Australie, Nouvelle Zélande, îles orientales de l’Indo-
nésie, Nouvelle Guinée et îles voisines du Pacifique central et du Pacifique du
Sud (Mélanésie, Micronésie, Polynésie) dont la Nouvelle-Calédonie et l’île de
Tahiti. Cette région étant mal délimitée par rapport à la région indo-malaise et
de nombreuses espèces étant communes à ces deux régions, elle est souvent
fusionnée avec la région indo-malaise et nommée région indo-australienne ;
––région néarctique : Amérique du Nord jusqu’au plateau nord du Mexique.
Cette région comprend un certain nombre d’espèces et de climats communs
avec ceux de la région paléarctique, et peuvent être réunies sous le nom de
région holarctique ;
––région néotropicale : Amérique centrale, Amérique du Sud (dont La Guyane)
et l’ensemble des Antilles, incluant La Martinique et La Guadeloupe. Cette
région renferme à elle seule la moitié des espèces animales et végétales ter-
restres de la planète.
Les régions paléarctique, afrotropicale, indo-malaise et australienne sont
regroupées sous le nom d’Ancien Monde et les régions néarctiques et néotro-
picales sont regroupées sous le nom de Nouveau Monde. Chez les insectes, il
existe des espèces très voisines (dites jumelles) dont l’une se trouve souvent
dans l’Ancien Monde et l’autre dans le Nouveau Monde, comme par exemple
Helicoverpa armigera et Helicoverpa zea ou Diaphania indica et Diaphania
hyalinata.

10 Généralités
Groupes de ravageurs, de prédateurs et de parasitoïdes
décrits dans cet ouvrage
Dans le cadre de cet ouvrage et d’après le périmètre de nos observations, nous
n’avons pas pris en compte toute l’entomofaune présente sur les cultures maraî-
chères des territoires considérés, notamment celle présente dans le sol ou à sa
surface car elle est peu étudiée. Ainsi, certaines espèces sont très rares et ne
provoquent pas de dégâts, ou seulement de façon très épisodique et très loca-
lisée (par exemple, la cécidomyie de la tomate, ou les cochenilles sur aubergine
et piment), et leur bio-écologie est souvent très mal connue. Il en est de même
pour certains prédateurs comme les mantes religieuses, les forficules (pince-
oreilles) ou les myriapodes (scolopendres).
Les planches 1 et 2 illustrent les principaux groupes de ravageurs et de
leurs ennemis naturels rencontrés en cultures maraîchères dans les régions
considérées.

Reconnaissance des principaux groupes, systématique et biologie 11


12
Planche 1. Reconnaissance des principaux groupes d’arthropodes ravageurs et de leurs dégâts en cultures maraîchères.

Larve Adulte Dégâts Dégâts

Généralités
Acariens phytophages
(p. 30)

Aleurodes
(p. 34)


Larve Adulte Dégâts Dégâts

Pucerons
(p. 41)

Cicadelles
(p. 47)

Punaises phytophages
(p. 50)

Reconnaissance des principaux groupes, systématique et biologie


13

14
Planche 1. Reconnaissance des principaux groupes d’arthropodes ravageurs et de leurs dégâts en cultures maraîchères (suite).

Larve Adulte Dégâts Dégâts

Généralités
Thrips phytophages
(p. 56)

Coléoptères
(p. 72)

Chenilles et papillons
(p. 78)


Larve Adulte Dégâts

Mouches mineuses
(p. 62)

Mouches des fruits


(p. 66)
©Antoine Franck

Courtilière
(p. 60)

Reconnaissance des principaux groupes, systématique et biologie


15
16
Planche 2. Reconnaissance des principaux groupes d’arthropodes prédateurs et parasitoïdes.
Adulte Adulte Adulte

Généralités
Acariens Araignées
prédateurs (p. 94)
(p. 92)

Larve Adulte Larve Adulte

Punaises Chrysopes
prédatrices (p. 100)
(p. 96)

Larve Adulte Larve Adulte

Syrphes Coccinelles
(p. 103) prédatrices
(p. 106)

Adulte Adulte

Carabes Staphylins
(p. 113) (p. 113)

Larve Adulte Adulte

Thrips Fourmis
prédateurs (p. 117)
(p. 115)

Adulte © Alain Ratnadass Larve Adulte

Guêpes Parasitoïdes
(p. 120) (p. 122)

Reconnaissance des principaux groupes, systématique et biologie


17

Méthodes de contrôle
des populations de ravageurs
Le développement des populations de ravageurs sur une culture dépend de
plusieurs conditions : disponibilité en nourriture, caractéristiques biologiques
intrinsèques à chaque espèce ou « traits d’histoire de vie », conditions clima-
tiques et action des antagonistes (ennemis naturels). Le rôle de la phénologie
et de l’état physiologique des plantes sur l’attractivité et la multiplication des
insectes ou des acariens a été démontré dans de nombreux cas. Par exemple,
on observe une forte attractivité de nombreux insectes par les jeunes pousses
(cas des aleurodes et des pucerons notamment) ou par les jeunes plants (cas des
mouches mineuses). Par ailleurs, des plants chétifs ou mal alimentés résistent
moins à des attaques de ravageurs (cas des thrips par exemple), mais d’autres
insectes, comme les pucerons et les aleurodes, sont favorisés par des cultures
trop fertilisées en azote.
Diverses caractéristiques biologiques des insectes et des acariens peuvent
influencer la dynamique de leurs populations, comme la durée du cycle biolo-
gique, la longévité des femelles, leur fécondité, la sex-ratio. Ces caractéristiques
sont pour la plupart fonction des conditions climatiques, dont la température
principalement, mais aussi de la photopériode ou d’autres facteurs. Or les tem-
pératures élevées sont presque toujours très favorables au développement des
insectes et acariens dans les zones tropicales, notamment en réduisant la durée
du cycle biologique. En effet, chez la plupart des insectes, la durée de déve-
loppement larvaire diminue avec l’augmentation de la température, jusqu’à un
seuil propre à chaque espèce. De plus, en milieu tropical, il n’y a pas de saison
froide (sauf en altitude) engendrant des arrêts de développement (diapause), ce
qui permet aux générations de se succéder et de se chevaucher toute l’année.
En revanche, les fortes pluies peuvent avoir une action négative sur les popu-
lations par effet mécanique ou, indirectement, en favorisant le développement
d’entomopathogènes. Á noter que les conditions climatiques créées par les
abris (serres) favorisent beaucoup le développement de certains arthropodes par
l’absence de pluies, de vent et une température plus élevée.
La présence d’ennemis naturels déjà identifiés dans les cultures, ou à proximité
de celles-ci, est un atout majeur pour la régulation des populations de ravageurs
car ils constituent les principaux agents de la lutte biologique. Cependant la
majorité de ces espèces utiles, souvent petites et discrètes, sont généralement
peu connues des professionnels, des techniciens et des agriculteurs.
La lutte conventionnelle, fondée sur l’utilisation intensive de pesticides de syn-
thèse, a toutefois montré ses limites et ses inconvénients. En maraîchage notam-
ment, l’enjeu actuel est de produire des légumes de qualité tout en préservant
l’environnement et en utilisant le moins possible de pesticides. Pour répondre
à cet enjeu, de nouvelles méthodes de contrôle des ravageurs, dont celles fon-
dées sur les principes de l’agro-écologie, se développent actuellement dans le
monde.
Différents concepts et méthodes destinés à limiter les dégâts des insectes et
acariens ont été appliqués depuis le début de l’agriculture intensive jusqu’à
présent et sont décrits ci-après.

La lutte chimique conventionnelle


Depuis la deuxième moitié du xxe siècle, et notamment à partir des années
1970, les agriculteurs ont utilisé de façon plus ou moins intensive ce qui sem-
blait être alors la meilleure solution pour lutter contre les insectes et les acariens

18 Généralités

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