Enquete Sur Le Terrain
Enquete Sur Le Terrain
Enquete Sur Le Terrain
(1991)
L’enquête de terrain
en sciences sociales.
L’approche monographique
et les méthodes qualitatives
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torisation conjointe de M. Jacques Hamel et de la maison d'édition,
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sier-LaRochelle, accordée respectivement les 9 février 2010 et 7 jan-
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Remerciements
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L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 5
[6]
ISBN 2-89035-185-8
[181]
Quatrième de couverture
Remerciements
Chapitre 1.
L'approche monographique
Chapitre 2.
Bibliographie sur l'enquête de terrain
en sciences sociales
— École de Le Play
— École de Chicago
Chapitre 3.
Enquêtes ou expériences de terrain (fieldwork)
Chapitre 4.
La description : problèmes et méthodes
Chapitre 5.
Les méthodes qualitatives
Index
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 12
Quatrième de couverture
[7]
Remerciements
Nous voudrions exprimer ici notre gratitude à ceux grâce à qui cette bibliogra-
phie a pu être mise au point et qui, a cette fin, nous ont généreusement offert leur
concours.
acquis au cours d'une coopération quotidienne que leurs expériences ont richement
alimentée.
[8]
Gilles Houle s'est intéressé à notre ouvrage alors qu'il était encore à l'état em-
bryonnaire et à montrer un intérêt à le publier dans la collection de publications qu'il
dirige. Il nous a aidé à bénéficier d'une qualité d'accès à un éditeur dont la compé-
tence ne nous était connue que par la qualité des ouvrages publiés par ses soins. En
plus des remarques et critiques apportées au texte de présentation de la bibliogra-
phie, Gilles Houle a su donner des conseils judicieux quant à sa mise en forme, afin
qu'elle soit agréable et facile à consulter. Qu'il soit remercié pour ses idées et sug-
gestions, proposées avec une bonne humeur constante.
Nous devons beaucoup aux remarques faites par les lecteurs d'un premier état
du manuscrit, et tout particulièrement à Léon Bernier de l'Institut québécois de
recherche sur la culture, Jean-Michel Chapoulie de l'École normale supérieure de
Saint-Cloud, Denise Couture du Département de sociologie de l'Université de Mon-
tréal, Évelyne Desbois du CNRS de Paris, Hughes Dionne de l'Université du Québec à
Rimouski, Nicole Gagnon du Département de sociologie de l'Université Laval, Paul
Sabourin du Département de sociologie de l'Université de Montréal et Françoise
Zonabend du Laboratoire d'anthropologie sociale du Collège de France. Qu'ils sa-
chent qu'à travers leurs évaluations, maintes fois lues et relues, ils sont devenus
pour nous les partenaires d'un ouvrage dont le calibre est dû à leurs propos éclai-
rants et opportuns. Nous leur exprimons notre gratitude pour nous avoir consacré
leur temps et apporté leur expérience.
Nos derniers mots de remerciements auraient dû être en fait les premiers. Nous
voudrions remercier celles qui, au cours des dernières années, ont eu la lourde et
redoutable tâche de mettre au net les différents états du manuscrit avec une pa-
tience et des soins experts constants malgré parfois des délais précipités. La rapidi-
té exigée en maintes occasions n'a jamais entamé la qualité des soins et la bonne
humeur de Chantal Côté, Micheline Dessurault, Lucie Lévesque et Mireille Loiseau.
Nous ne voudrions pas manquer d'évoquer l'importance de leurs services, sans les-
quels des ouvrages comme celui-ci ne pourraient pas exister. Nous tenons à leur ex-
primer toute notre gratitude pour leur soutien et leur travail qui font que cet ouvra-
ge leur appartient en bonne partie.
[10]
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 17
[11]
[13]
Chapitre 1
L’approche monographique
[15]
Cette bibliographie a été conçue à la manière d'un guide pratique destiné à met-
tre en relief l'ensemble des éléments de l'étude monographique à la lumière de
considérations théoriques, méthodologiques et proprement techniques. Le répertoire
bibliographique présenté dans les prochaines pages n'est donc pas un plat inventaire
des écrits sur la monographie. Il est organisé de telle façon que l'étude monographi-
que est envisagée dans tous ses éléments, depuis l'enquête de terrain qui la [16]
fonde jusqu'aux problèmes concrets de l'écriture d'une monographie, avec des dé-
tours vers des réflexions théoriques quant au statut des matériaux empiriques di-
rectement ou indirectement recueillis durant l'enquête de terrain, jusqu'à la fidélité
de la restitution faite par voie monographique de tous objets d'étude visés par les
sciences sociales.
pond essentiellement aux années marquées par un regain d'intérêt pour l'étude mo-
nographique et le retour en force de l'approche biographique dans ces disciplines 1 .
[17]
Les titres inventoriés dans cette bibliographie sont accessibles en langues fran-
çaise et anglaise, avec des accents divers sur les traditions européenne et américai-
ne de l'étude monographique. Les travaux québécois ont une position privilégiée en
cette matière, étant souvent au carrefour des influences américaine et française. La
société québécoise fut d'ailleurs maintes fois le terrain d'élection d'études mono-
graphiques faites par des observateurs français, des sociologues et anthropologues
américains 3 , dont les influences ont énormément compté dans l'édification de la
1 Essentiellement la période des années 1970 à 1990. Sur le regain d'intérêt pour
la monographie, voir Françoise Zonabend, « Du texte au prétexte. La monogra-
phie dans le domaine européen », Études rurales, 87-88,1985, pp. 33-38.
2 Un exemple de ces récits est le livre de Paul Rabinow, Un ethnologue au Maroc,
Paris, Hachette, 1980.
3 Voir notamment Horace Miner, Saint-Denis : un village québécois, Montréal, Hur-
tubise HMH, 1985 [Livre disponible dans Les Classiques des sciences sociales.
JMT.] ; Everett C. Hughes, Rencontre de deux mondes, Montréal, Boréal Ex-
press, 1972. [Livre disponible dans Les Classiques des sciences sociales. JMT.]
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 22
1. L'étude monographique :
une définition
Cette bibliographie a donc pour principal sujet l'étude monographique. Mais nous
nous sommes contentés jusqu'ici de définitions sommaires de la monographie. Il
convient maintenant d'en donner une définition plus précise. Cette tâche constitue
cependant un véritable défi tant la monographie se prête à différentes définitions.
4 Sur cette influence, voir Marcel Fournier et Gilles Houle, « La sociologie québé-
coise et son objet : problématiques et débats », Sociologie et sociétés, XII, 2,
octobre 1980, pp. 21-43.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 23
[20]
S'il est nécessaire d'épingler des noms et des écoles à la monographie ainsi défi-
nie, il faut sans nul doute retenir ceux de Bronislaw Malinowski, Frédéric LePlay et
des membres de l'École de Chicago. L'histoire de la monographie tourne autour de
ces noms et il convient de s'y arrêter d'entrée de jeu pour saisir les heurs et mal-
heurs de l'étude monographique en sociologie et en anthropologie. Si la présentation
des heurs et malheurs de la monographie se présente ici sous la forme d'une trame,
il importe de noter que l'histoire de l'apogée, du déclin puis du retour en force de
l'étude monographique a connu son rythme propre suivant les disciplines, sociologique
et anthropologique, et les traditions, française et anglo-saxonne, considérées. C'est
ce qui sera montré à présent.
a. Bronislaw Malinowski
et l'observation participante
L'étude des cultures doit être faite, dans ces conditions, au sein de populations
locales, de petites communautés dont le caractère homogène met en relief leurs
traits particuliers de façon condensée et dans des conditions de simplicité. Le village
(ou la tribu) s'avère à cet égard un lieu d'observation privilégié de la culture puis-
qu'en raison de sa faible taille et de son caractère homogène, les traits caractéristi-
ques de la culture se révèlent sous la forme d'une totalité. Marcel Maget a fort [22]
bien souligné les vertus du village en tant que lieu d'observation de la culture définie
comme des comportements communs, des croyances et rituels propres à un groupe
social ou à une société.
Les études anthropologiques sont légion dans cette veine d'étude monographique
de villages, au point de conférer des vertus méthodologiques au village. Celui-ci est,
dans cette veine, considéré en tant qu'observatoire de premier choix pour saisir la
culture ou la vie sociale étudiée dans sa totalité. Ce en quoi le village s'apparente,
pour ainsi dire, à la poupée russe suivant les remarques d'Edmund. Leach sur le sujet.
8 Marcel Maget, Guide d’étude directe des comportements culturels, Paris, CNRS,
1953, p. 57.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 27
[23]
Les vertus attribuées au village de ce point de vue ont été cependant mises en
cause récemment en ce que le village n’apparaît plus aujourd'hui l'observatoire par
excellence pour atteindre à la culture ou à la vie sociale des sociétés modernes dans
leur totalité. En effet, les premières monographies ont principalement porté sur
« des sociétés insulaires de petites dimensions dans lesquelles les individus se trou-
vaient en situation d'interaction directe et constituaient des groupes réels prati-
quement enfermés à l'intérieur d'isolats géographiques, les relations avec des grou-
pes extérieurs à ces sociétés étant restreints et épisodiques 10 ». Or, dans de pa-
reilles conditions, la culture, voire la vie sociale, était relativement homogène, peu
différenciée, et ce caractère homogène était notamment fondé dans l'ordre de la
simplicité des interactions entre les individus, c'est-à-dire des rapports sociaux
valant tant à l'échelle d'un lieu physique comme le village qu'à l'échelle globale de la
société elle-même.
9 Edmund Leach, Les Systèmes politiques des hautes terres de Birmanie, Paris,
Maspero, 1972, p. 87.
10 Patrick Champagne, « Statistique, monographie et groupes sociaux », dans Étu-
des dédiées à Madeleine Grawitz, Genève, Dalloz, 1982, p. 8.
11 Sur cette notion de « déterritorialisation », voir Pierre Rosanvallon, Le Capita-
lisme utopique, Paris, Seuil, 1979.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 28
méthodologique suivant lequel « l'état d'une société peut se livrer à partir de l'étu-
de systématique d'une unité micro-sociale convenablement choisie 13 ».
LePlay revendique donc cette option méthodologique qu'une société peut être
observée et saisie dans ses traits caractéristiques au [25] départ d'un objet
concret dûment choisi pour les fins de l'étude monographique. L'étude monographi-
que chez LePlay, comme au sein de l'observation participante de Malinowski, implique
le concours d'informateurs privilégiés, appelés « autorités sociales » qui, à titre de
curé, notables, etc., sont des témoins directs de la vie sociale susceptibles d'ajouter
des séries d'informations relatives à l'environnement des familles étudiées.
Suite aux nombreuses monographies rédigées par lui-même et ses disciples, Le-
Play démontre, avec force détails, que ce qu'il appelle la « famille-souche » constitue
la forme de la famille la plus susceptible d'assurer la stabilité des sociétés. La famil-
le-souche, comme d'ailleurs les autres types de famille chez LePlay, est principale-
ment définie par le droit d'héritage qui, dans le cas qui nous occupe, est conféré à
l’aîné mâle de la famille. Dans ce contexte, donc, les biens de la famille reviennent de
droit au fils aîné, qui en fait jouir son épouse, dédommage ses germains et accepte
de veiller à l'entretien de ses parents.
13 Bernard Kalaora et Antoine Savoye, Les Inventeurs oubliés, Paris, Champ Vallon,
1989, p. 46.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 30
que LePlay appelle de ses vœux, une société conforme à la doctrine sociale de l'Égli-
se catholique.
Les travaux de ses propres partisans vont à l'encontre des conclusions des étu-
des monographiques que LePlay prétend avoir conduites pourtant avec rigueur. Aussi,
les principes mêmes présidant à leur [26] définition deviennent-ils immédiatement
suspects. Ses élèves Edmond Demolins et Henri de Tourville vont les amender sur
divers points. En rejetant d'abord l'objet d'étude constamment privilégié chez Le-
Play, à savoir la famille ouvrière, pour le remplacer par le « groupement humain »,
terme désignant autant une collectivité, voire une communauté, que l'ensemble des
activités qui s'y déroulent, plus précisément leur emboîtement, l'imbrication de ces
activités ou de ces « faits sociaux » déterminant la vie au sein du groupe ou de la
communauté. L'établissement des budgets de famille est aussi rejeté, et ce rejet de
Demolins et Tourville n'est en rien redevable à une opposition à la quantification
inhérente au calcul budgétaire mais plutôt à la teneur de ce calcul qui, à leur avis,
n'est pas d'ordre sociologique. En effet, comment mesurer le « regroupement » des
activités au sein de la famille par la simple considération des montants des revenus
et des dépenses liés à la production et à la reproduction de la famille ?
[27]
Schéma 1
[28]
14 Bernard Kalaora et Antoine Savoye, Les Inventeurs oubliés, Paris, Champ Vallon,
1989.
15 Bernard Kalaora et Antoine Savoye, « La mutation du mouvement le playsien »,
Revue française de sociologie, XXVI, 2, avril-juin 1985, pp. 257-276.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 33
[29]
Les premières études consacrées par Gérin au Canada français 17 , portant sur-
tout sur l'histoire de la colonisation à l'époque de la Nouvelle-France, montrent que
le lien établi entre la terre et la famille constitue le pivot de la vie rurale et, par
conséquent, la pierre angulaire de la société canadienne-française.
20 Idem.
21 Ibid, p. 26.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 36
Ce constat est fondé par la comparaison faite par Gérin du type de famille quasi
communautaire prévalant au Canada français avec celui de la famille anglo-saxonne
que E. Demolins propose d'appeler « famille particulariste » dans son ouvrage À quoi
tient la supériorité des Anglo-Saxons 22 dont s'inspire Gérin dans son étude mono-
graphique de l'habitant de Saint-Justin. Cette comparaison s'impose puisque, depuis
le Conquête anglaise, l'influence anglo-saxonne se manifeste directement dans l'his-
toire de la société canadienne-française.
La famille où le père dispose de l'autorité suprême a connu dans son histoire une
transformation radicale par suite de conditions géographiques et techniques rendant
possible une agriculture fondée à l'échelle individuelle, à laquelle se sont massive-
ment adonnés les Anglo-Saxons. La forme individuelle que prend l'agriculture et le
type de famille qui l'accompagne stimulent l'esprit d'entreprise et ce, en son sein
même.
Il apparaît, par conséquent, à Gérin que ce n'est pas tant le mode de transmis-
sion du patrimoine familial qui, comme chez LePlay, fonde la distinction entre les
différents types que le mode d'éducation familiale, l'un étant communautaire et
favorisant peu l'initiative, l'autre [33] individualiste et suscitant l'esprit d'entrepri-
se. L'étude monographique de l'habitant de Saint-Justin révèle parfaitement les
Il n'est pas facile de lire les « habitants » de Gérin sans céder à la nos-
talgie du paradis perdu, l'enfance nationale et celle de chacun. Car l'étude
descriptive [de la société] tient, chez [34] Gérin, du roman familial... Le
paysan de Saint-Justin ou d'ailleurs, c'est le grand-père de la campagne, les
longues vacances de l'été. Avec l'oncle bûcheron dans un plan du décor, la
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 38
cousine religieuse aperçue de profil et les bandes d'enfants qui courent dans
les prairies, les herbes au bord du fleuve 24 .
Les reproches de cet ordre sont légion et faits dans des termes encore plus sé-
vères. Selon ceux-ci les études monographiques de Gérin ne comportent pas de prin-
cipes méthodologiques suffisamment explicites et rigoureux pour ne pas susciter
l'impression que la description faite de la famille rurale relève en fait du roman ou
d'un tableau de la société canadienne-française tout droit sorti de l'imagination de
son auteur.
[35]
Car la monographie sociale occupe aussi une place de premier choix dans les pre-
mières enquêtes sociales faites aux États-Unis, à la fin du XIXe siècle et au début
du XX' siècle, par des travailleurs sociaux et les premiers sociologues américains.
Ces premières enquêtes portent sur de petites communautés locales et des quartiers
urbains où résident depuis peu des populations rurales et émigrées. L'insertion de
ces populations dans ces nouveaux cadres de vie provoquent de sérieux problèmes de
chômage, de pauvreté, de délinquance et de violence.
La ville de Chicago était, au début du siècle, aux prises avec de tels problèmes.
Ces problèmes, accentués dans ce cas par de fortes vagues d'immigration et une
urbanisation extrêmement rapide, avaient surtout intéressé les travailleurs sociaux.
Mais ceux-ci, peu enclins à s'y confronter directement, sur le terrain, les avaient
surtout envisagés à travers des données statistiques officielles provenant du service
d'hygiène public et des documents de seconde main de toutes sortes, dont divers
écrits juridiques. L'analyse de ces matériaux était rarement confrontée au spectacle
de la misère et de la violence qu'offrait pourtant la ville de Chicago à cette époque.
Sous l'initiative de William I. Thomas, bientôt rejoint par Robert Park, sont mises en
chantier, par le département de sociologie de l'Université de Chicago, un ensemble
d'études de terrain donnant immédiatement lieu à toute une série de monographies
sur ces divers problèmes de pauvreté, de délinquance et de déviance. La formation
journalistique de Robert Park, alors déjà âgé de 50 ans, inspire certainement la dé-
marche suivie dans ces enquêtes de terrain. L'étude monographique doit d'ailleurs
faire preuve, selon lui, d'une rigueur et d'une systématicité qui font défaut aux
écrits journalistiques.
Les procédés journalistiques sont néanmoins conservés. Ainsi, Park incite forte-
ment ses étudiants à dépasser les documents officiels et aller se frotter aux situa-
tions de pauvreté et de déviance, carte de la ville et carnet de notes en mains. Le
recueil de propos en situation, sous forme d'entretiens ouverts et de matériaux de
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 40
toutes sortes, tels des papiers journalistiques et des documents personnels comme
des lettres, est aussi préconisé. L'incitation au recueil de documents de cette [36]
facture fait écho aux principes d'études de William Isaac Thomas, dont l'association
avec Florian Znaniecki va donner lieu à l'enquête sur les immigrants polonais, The
Polish Peasants 25 , devenue classique, précisément fondée sur les lettres échangées
par les Polonais immigrés en Amérique avec leurs parents ou leurs proches restés au
pays. L'étude de ces lettres révèle la conception qu'ils se font de leur parcours en
terre d'exil, les heurts qui y sont rencontrés et, de façon rétrospective, le regard
jeté sur leur vie d'autrefois dans leur pays d'origine.
Everett C. Hughes, Louis Wirth, Robert Redfield et Herbert Blumer ont été na-
guère de la même promotion du premier département d'anthropologie et de sociolo-
gie de l'Université de Chicago et ils ont tous été les élèves de Robert Park, profes-
seur au département depuis 1916, et de G. H. Mead. Everett C. Hughes hérite d'ail-
leurs de la chaire de ce dernier lors de sa mort et il se charge de la publication des
œuvres complètes de Robert Park peu après son décès. Robert Redfield est le gen-
dre de Robert Park à qui il voue une profonde admiration, reprenant à son compte
ses principes d'études sur le terrain, eux-mêmes tributaires de l'enquête biographi-
que de Thomas et Znaniecki auxquels Redfield a déjà été exposé par l'entremise de
l'enseignement d'Ernest Burgess. Il existe donc, dans ces conditions, une indéniable
communauté d'intérêts et de relations qui font du département de sociologie de
l'Université de Chicago une école, bien que le terme n’apparaisse qu'en 1940. Avant
cette date, ses membres et ses héritiers [37] plus ou moins lointains préfèrent par-
ler de « tradition » ou de « style de Chicago ».
25 William I. Thomas et Florian Znaniecki, The Polish Peasants in Europe and Ame-
rica, Chicago, University of Chicago Press, 1918-1920 (5 vol.).
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 41
Schéma 2
[39]
L'enquête de terrain est bien sûr privilégiée à cette fin. L'observation in situ,
les entretiens ouverts, le recueil de divers documents écrits y trouvent une place de
premier choix. L'insistance de E. C. Hughes sur l'observation directe ne découle ce-
pendant pas, comme chez Robert Park, d'une expérience de journalisme mais d'une
familiarité avec l'observation participante de l'anthropologie édifiée sur les premiè-
res études de B. Malinowski. Hughes reconnaît son accord avec les principes de cette
L'étude monographique prend corps au sein d'une démarche inductive où les faits
empiriques constituant l'objet étudié sont mis en lumière par les propos en situation
des acteurs, alimentant et donnant relief à l'explication sociologique définie par
cette étude. Car l'objet étudié par la sociologie n'est pas de purs faits, des choses,
mais d'emblée une expérience recelant des significations et des symboles interve-
nant dans les interactions des acteurs sociaux et définissant leur point de vue sur
celles-ci. L'étude sociologique, dans la perspective de l'interactionnisme symbolique
privilégiée par George H. Mead, et, à plus forte raison l'étude monographique, est
donc contrainte de considérer ce point de vue des acteurs sociaux en vue de saisir
leur expérience immédiate constituant l'objet étudié. Howard Becker, disciple de
l'École de Chicago, a parfaitement exprimé cette position, développée avec force au
département de sociologie de l'Université de Chicago depuis 1920.
S'il convient de prendre en considération le point de vue des acteurs, c’est parce
qu'il est immédiatement présent parmi les matériaux de terrain, que ce soient des
propos recueillis en situation ou des documents écrits comme des lettres. L'étude
monographique, ainsi qu'on l'a vu plus haut, s'échafaude sur de tels matériaux, de
sorte que le point de vue des acteurs intervient au sein de l'étude sociologique de
l'objet étudié. Comment s'opère, dès lors, le passage des matériaux de terrain rece-
lant ce point de vue, à leur construction sous forme d'une théorie sociologique ? En
d'autres mots, de quelle manière et jusqu'à quel point l'étude monographique s'inspi-
re-t-elle de ce point de vue ? Quel est le statut qui lui est reconnu de cette façon ?
Le traitement qui lui est réservé lors de ce passage est-il défini dans une démarche
rigoureuse et objective qui ne découle pas seulement de la personnalité sociale, intel-
lectuelle, psychologique du chercheur ? Ce passage est certes assuré au sein même
de l'étude monographique mais il reste, somme toute, fort peu explicité dans les
monographies de l'École de Chicago et semble relever d'un bricolage théorique qui
sera bientôt l'objet de nombreux griefs. Ce sera l'occasion d'un conflit relatif aux
méthodes dont la sociologie et les sciences sociales en général sont encore aujour-
d'hui tributaires. L'École de Chicago est au cœur de ce conflit bien que ses enjeux la
dépassent et touchent les principes de base de l'étude sociologique. La valeur de
l'étude monographique y est néanmoins mise en cause et, du même coup, le prestige
dont jouit l'École de Chicago depuis le début du siècle.
dans pareilles conditions, doivent être soumises à des contrôles stricts, voire tenues
en suspicion.
Les propos d'Ogburn trouvent un écho dans la thèse d'un de ses étudiants, Sa-
muel Stouffer. Celui-ci, dans les larges extraits publiés sous la forme d'un arti-
cle 32 , montre que l'emploi des méthodes statistiques peuvent aboutir à des résul-
tats assez proches de ceux des études monographiques mais de façons économique
et rapide et dans des conditions d'étude satisfaisant les exigences de la vérification
qui se font jour à cette époque dans la sociologie américaine, y compris au sein de
l'École de Chicago, au détriment de l'étude monographique par conséquent. Car ce
parti pris pour la vérification va rapidement susciter la [43] définition d'une nouvelle
démarche d'étude en sociologie, afin que cette discipline puisse enfin revendiquer
son titre d'étude parfaitement contrôlée, de science.
Cette démarche, d'une part, doit d'abord s'appuyer, voire se fonder, sur une
théorie ou des hypothèses en vue d'expliquer un problème social donné. La mise à
l'épreuve de cette théorie ou des hypothèses qui en découlent s'opère au sein d'une
démarche déductive passible d'opérations techniques susceptibles d'en démontrer le
bien-fondé sans qu'interviennent : divers biais dus au chercheur ou au contexte em-
pirique. D'autre part, cette démarche s'écarte, pour ainsi dire, de tout contact di-
rect avec le contexte empirique, relatif à l'insertion du chercheur en son sein sui-
vant, par exemple, les principes de l'observation participante, jugée peu rigoureuse
et sujette aux évidences de sens commun. Cette démarche juge secondaires ou tri-
viales les données de terrain et établit une démarcation très nette entre celles-ci et
la théorie sociologique proprement dite.
fie la valeur des données empiriques. Ce renversement est sans aucun doute relatif à
l'apparition, durant les années 30, des premières théories générales dans la sociolo-
gie américaine, principalement celle de Talcott Parsons, dont la mise à l'épreuve
consacre en quelque sorte les vertus scientifiques de cette discipline 34 . Les préten-
tions acquises de ce point de vue font en sorte que la sociologie devient abstraite,
détachée du contexte empirique, peu encline à y fonder ses modèles statistiques.
Paul Lazarsfeld, illustre représentant des enquêtes statistiques faites à Columbia, va
jusqu'à dire « qu'il peut passer des heures à jouer avec des modèles mathémati-
ques », que « les données en elles-mêmes ne l'intéressent guère » et que, du reste,
« l'intérêt c'est de les manipuler par des instruments statistiques 35 ». L'accent est
donc mis sur la capacité de ces modèles à vérifier les théories en vue d'éprouver
leur valeur de généralité.
[46]
L'étude monographique n'a pas de telles vertus : s'édifiant sur la base d'un cas
particulier, elle peut difficilement mesurer la valeur de généralité d'une théorie, si
ce n'est à l'aune du cas lui-même. Les partisans de la monographie, y compris ceux de
l'École de Chicago, en viennent à mesurer la valeur d'une étude monographique selon
qu'elle satisfait ou non aux exigences de la vérification des méthodes statistiques.
Dans de telles conditions, la monographie est progressivement envisagée, « dans la
meilleure des hypothèses, comme une étude heuristique préscientifique et non plus
comme une forme de connaissance valide en elle-même, telle que considérée aupara-
vant à Chicago 36 ».
[47]
37 Voir sur ce point, Martin Bulmer, The Chicago School of Sociology, Chicago, Uni-
versity of Chicago Press, 1984.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 51
justesse et, plus largement, d'établir la rigueur des principes méthodologiques pré-
sidant à sa définition.
Les points en jeu dans le fameux conflit des méthodes dans la sociologie améri-
caine, et constituant la matière des critiques faites de l'étude monographique, tour-
nent essentiellement autour de :
La critique faite ici avec une pointe d'humour tient au fait que pendant que les
chercheurs de l'École de Chicago faisaient la monographie de petites localités rura-
les, comme Saint-Denis, le Québec était par ailleurs en voie d'urbanisation et d'in-
dustrialisation rapides, que l'observation de ces petites localités ne permettait pas
de rendre compte. La critique d'Arnaud Sales de ces monographies est encore plus
sévère. Selon lui, le choix des localités privilégiées par ces chercheurs américains
est partie prenante d'une position politique consacrant l'emprise des États-Unis sur
le développement économique du Québec ou du Canada français. En effet, la descrip-
tion de la vie rurale canadienne-française dans les termes d'une société traditionnel-
le, et donc retardataire par rapport au contexte nord-américain ambiant, justifie en
quelque sorte la présence américaine pour assurer sa modernisation. [49] De ce fait,
l'élaboration de ces monographies et d'autres études faites par des chercheurs
américains, anthropologues et sociologues en l'occurrence, « est bien intégrée à la
dialectique ennoblissement du colonisateur - abaissement du colonisé 39 ».
La représentativité des cas donnant lieu à ces monographies n'apparaît pas ainsi
assurée. Mais, en fait, ces cas ne comportent pas une valeur représentative de quoi ?
La réponse à cette question, en apparence banale, permet justement d'attribuer une
valeur de représentativité à l'étude monographique. Cette question et la réponse qui
doit lui être donnée ne sont pas propres à l'étude monographique. Elles s'imposent
pour toutes les études sociologiques, ainsi qu'il sera montré plus loin.
Le choix du cas privilégié pour les fins de l'étude monographique n'est donc pas
fait en l'absence de principes et de considérations méthodologiques faisant en sorte
qu'il relèverait du hasard ou d'une décision arbitraire de la part du chercheur. Le
choix du cas manifeste au contraire une véritable stratégie méthodologique dont
l'explicitation permet précisément de lui attribuer une valeur de représentativité
par rapport à l'objet de l'étude poursuivie.
L'absence de rigueur est, par ailleurs, maintes fois invoquée à propos de l'étude
monographique, au point où celle-ci est, semble-t-il faite dans un manque total d'ob-
jectivité. Ce manque est dû principalement à l'intervention de la subjectivité, autant
celle des informateurs de terrain sollicités pour le recueil d'informations de premiè-
re main que la subjectivité du chercheur faisant monographie. L'intervention de la
subjectivité est comprise au sens de la médiation des idées, des pensées, des repré-
sentations et des valeurs des informateurs et du chercheur compromettant la re-
constitution exacte des faits définissant le phénomène, l'objet étudié.
Les reculs établis face aux informations officielles, aux hypothèses théoriques
retenues et aux informations de terrain sont essentiellement assurés par leur com-
paraison mutuelle faite au sein même de l'étude monographique et qui donne lieu à la
description de l'objet qui y est visé. Si donc la subjectivité du chercheur et celle
des informateurs de terrain sont présentes dans l'étude monographique, leur inter-
vention est explicitée selon les règles fournies par la méthode comparative. Ce point
est soulevé avec force détails dans l'étude qu'a consacrée Jean-Michel Chapoulie à
l'œuvre de E.C. Hughes.
La démarche comparative est ainsi utilisée par Hughes, non à des fins
démonstratives, mais pour construire des catégories analytiques dégagées
des jugements de valeurs constitués et des catégories utilisées par les [ac-
teurs] eux-mêmes à des fins pratiques 44 .
L'essor des méthodes quantitatives qui s'ensuivit ont marqué sans nul doute un
rapide déclin de l'étude monographique en sociologie et dans la plupart des discipli-
nes des sciences sociales, à l'exception de l'anthropologie où elle est demeurée en
vogue. Cet essor a par ailleurs permis des progrès indéniables dans le domaine de la
méthodologie sociologique, qui n'ont cependant pas effacé les problèmes et les limi-
tes que comportent ces mêmes méthodes quantitatives. Dénoncés au début des an-
nées 60 avec une vigueur rappelant la virulence du conflit des méthodes connu 30 ans
auparavant, les problèmes et limites reconnus aux méthodes quantitatives ont susci-
té un regain d'intérêt envers la monographie et, plus généralement, les méthodes
qualitatives dont l'histoire de vie est l'exemple par excellence 45 .
[55]
a. Le problème de la théorie
et de sa vérification
Les enjeux du conflit opposant les partisans de l'étude monographique telle que
conçue par l'École de Chicago à ceux des méthodes statistiques privilégiées à l'Uni-
versité Columbia ont imposé à toute étude sociologique l'exigence de la vérification
d'une théorie. En effet, selon cette exigence, toute étude sociologique doit s'amor-
cer à partir d'une hypothèse théorique, acquise d'une revue de la littérature socio-
logique [56] consacrée au sujet étudié, et dont la vérification par l'étude d'un objet
déterminé, phénomène ou problème social, constitue la preuve de sa valeur explicati-
ve. Cette exigence s'inspire de la démarche déductive qui anime le protocole expéri-
mental des études en laboratoire. Dans cette perspective, toute science doit « re-
construire les faits, c'est-à-dire leur donner un sens dans le champ d'une théorie,
d'un système d'hypothèses et, à partir d'un ensemble de procédures d'examen, de
méthodes d'analyse 46 ».
L'accent mis sur la vérification de la théorie pose problème de façon encore plus
poussée quand pareil accent suggère que la théorie s'oppose aux faits empiriques et,
de surcroît, aux significations qui peuvent leur être attribuées. Le statut suprême
qui lui est ainsi accordé incite à penser que la théorie doit se démarquer radicale-
ment des faits empiriques en ce sens qu'elle doit aller à l'encontre de l'expérience
immédiate puisque l'objectif premier de la théorie est de la saisir sur autre plan que
celui de son immédiateté. Cela doit se manifester avec plus de vigueur dans le domai-
ne de la sociologie et des autres sciences sociales car l'expérience sociale visée par
ces disciplines est immédiatement constituée des significations des acteurs sociaux
eux-mêmes.
48 Ibid., p. 11.
49 Maurice Godelier, Les sciences de I'homme et de la société en France, op. cit., p.
25.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 61
L'étude monographique revêt ainsi peu d'intérêt pour les fins de l'explication
qui, dans cette optique, doit s'établir sur un plan imperméable aux significations
attribuées par les acteurs sociaux à leur expérience. Or ces significations ou, pour
être bref, le sens commun, intervient en première force dans l'étude monographique,
par le souci qui y est manifesté de recueillir les propos en situation des acteurs et
de considérer avec attention toutes sortes de matériaux qui, dans leur facture, ren-
voient derechef aux significations des acteurs sociaux eux-mêmes, à savoir des
écrits intimes, des lettres, des papiers personnels. La valeur de la monographie peut
dès lors être mise en déficit puisque l'étude faite de la « réalité » ou de l'expérien-
ce sociale repose trop directement sur des matériaux ne recelant que des évidences
Le statut péjoratif conféré aux significations des acteurs sociaux, et donc aux
matériaux qui les recèlent, pose problème puisque toute étude sociologique repose-
rait en dernière analyse sur des évidences banales ou une conscience fausse de la
« réalité sociale ». Comment, en pareille condition, est-il possible d'atteindre rigou-
reusement à la « véritable » réalité sociale en prenant pour point de départ des ma-
tériaux dont le contenu est défini selon un statut péjoratif ? Ce statut péjoratif
peut donc difficilement être accolé aux matériaux empiriques dont procède toute
étude sociologique et, par conséquent, aux significations immédiatement attribuées
par les acteurs sociaux à leur expérience sociale. Les récentes recherches sur
l'idéologie et le sens commun tendent d'ailleurs à montrer que la valeur de ces signi-
fications est relative à cette expérience sociale 54 . En pareil cas, un statut péjora-
tif peut difficilement leur être conféré puisque ces significations constituent la
connaissance immédiate qu'ont les acteurs sociaux de leur expérience ou de la « ré-
alité sociale ».
54 Outre l'article remarquable de Gilles Houle précédemment cité, voir les écrits
de Maurice Godelier sur l'idéologie, particulièrement « La part idéelle du réel.
Essai sur l'idéologique », L'Homme, XVIII, 3-4, 1978, pp. 41-5 3 où M. Godelier
pose la question suivante : si l'idéologie est définie comme illusion ou fausseté, il-
lusion ou fausseté pour qui ? Pas pour ceux qui y croient et qui tiennent cette
idéologie comme seule vraie et qui détermine leur connaissance du monde. Ces
propos de Godelier sont nettement plus nuancés que ceux rapportés auparavant
au sujet du structuralisme de Lévi-Strauss.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 64
Ces significations des acteurs sociaux interviennent ainsi d'entrée de leu dans
l'ensemble des matériaux empiriques mobilisés pour les fins de toute étude sociolo-
gique, qu'ils aient été recueillis sur le vif ou non. La découverte des propriétés des
rapports sociaux, expliquant selon C. Lévi-Strauss l'expérience sociale sur un autre
plan que le plan immédiat des significations des acteurs sociaux, renvoie donc à
l'étude qui est faite de ces matériaux pour les y faire apparaître.
[61]
c. La description monographique
et le découpage de l'expérience sociale
L'étude de ces matériaux empiriques doit d'abord être faite suivant cette visée
reconnue par C. Lévi-Strauss à la sociologie et, plus généralement, aux sciences so-
ciales, qui est d'expliquer l'expérience immédiate des acteurs sociaux du point de
vue des propriétés des rapports sociaux qui la constituent. Ceci exige d'abord que
cette expérience immédiate, saisie à travers divers matériaux empiriques, soit dé-
coupée en un objet d'étude propre à révéler les propriétés des rapports sociaux qui
en sont constitutifs. Par objet d'étude, on entend ici « ce dont peuvent construire
des modèles [théoriques], manipulables selon des règles explicites, et coordonnables
à des épreuves spécifiquement définies et codifiées 55 ». En fait, il s'agit de rédui-
re les matériaux empiriques accumulés en un objet d'étude permettant d'accéder
aux propriétés des rapports sociaux constituant l'expérience immédiate des acteurs
sociaux. Cette réduction obéit donc à un découpage guidé par cette visée, caractéri-
sant au mieux l'étude sociologique. Pour être bref, cette réduction s'opère par un
découpage au sein des matériaux empiriques de toutes les informations relatives aux
rapports sociaux définissant l'objet visé par l'étude sociologique.
Ce découpage se complique du fait que les informations contenues dans les maté-
riaux empiriques sont établies selon les significations attribuées par les acteurs à la
« réalité sociale » ou, de préférence, à leur expérience immédiate. La mise à jour des
propriétés des rapports sociaux exige de ce fait que l'objet d'étude permettant de
les révéler soit décrit tel qu'il se trouve défini au sein de ces significations immédia-
tes qui se manifestent dans les matériaux empiriques privilégiés. La découverte des
propriétés empiriques des rapports sociaux requiert donc cette description permet-
tant d'établir la manière dont l'objet d'étude, déterminé selon cette visée, est dé-
fini concrètement, au sein même de l'expérience des acteurs sociaux et des signifi-
cations qu'ils lui attribuent immédiatement.
[62]
Cette description est faite dans un « mixte de langage des sciences sociales et
du langage de la vie quotidienne 57 » permettant de saisir en acte la manière dont le
chercheur construit dans son langage théorique l'objet de son étude immédiatement
défini dans le langage de la vie quotidienne, c'est-à-dire au sein des significations
qu'attribuent les acteurs sociaux à leur propre expérience et qui, de ce fait, en
constituent le sens commun. Le passage de l'expérience ou de la réalité sociale défi-
nie au sens des significations qui lui sont immédiatement attribuées par les acteurs
sociaux à l'expérience sociale telle que visée et déterminée par la théorie sociologi-
que est donc explicitement assuré par la description que l'étude monographique rend
possible dans des conditions idéales. La minutie et la profondeur de la description
monographique permettent ainsi de saisir les assises empiriques de la théorie dans le
même temps que peut être clairement saisie la manière dont les faits empiriques
sont définis sur le plan théorique. Si la description n'est pas en soi une explication -
exigeant dans tous les cas, selon C. Lévi-Strauss, l'intervention de modèles abs-
traits, théoriques - elle s'avère néanmoins obligée afin de définir précisément les
assises empiriques sur lesquelles la théorie va s’édifier. La monographie acquiert de
ce fait une importance cruciale dans le domaine de la sociologie, et des autres scien-
ces sociales, en ce qu'elle s'avère une étude descriptive de première force. Les pro-
pos de l’épistémologue Gilles Houle soulignent fort bien ce point.
[63]
[...] les théories explicatives connues et qui font l'envie des sciences sociales
ont toutes été précédées de théories descriptives sur lesquelles elles ont pu
s'appuyer. L'École de Chicago reste une référence essentielle sur ce point,
par l'explicitation dès lors rendue possible des « règles » de description et
dont la monographie, par la variété des données utilisées notamment, reste le
meilleur exemple. La monographie considérée comme théorie et méthode
descriptives ne relève alors plus de la préhistoire de la sociologie 58 .
Si, par ailleurs, toute théorie explicative se présente sous forme de modèle,
c'est que l'explication déterminée sous cette forme a une valeur de généralité et
n'est donc pas le fait d'un cas particulier. Or la monographie s'avère, par définition,
l'étude en profondeur d'un cas particulier. Comment, dès lors, peut-elle parvenir à
une explication sous forme d'un modèle théorique ? Et ayant de ce fait une valeur de
généralité ? Ces questions impliquent un retour au fameux. Le problème de la repré-
sentativité du cas étudié par voie monographique et de la valeur de généralité des
résultats de pareille étude monographique.
d. Brèves considérations
sur le passage du local au global
L'étude monographique semble faire défaut sur ces deux points du fait qu'elle
ne repose que sur l'étude d'un cas particulier. La portée de l'étude n'est donc rela-
tive qu'à celui-ci et, de ce fait, elle ne peut s'avérer que microscopique. Envisagée
dans cette perspective, l'étude monographique ne permet que de saisir un caractère
singulier, propre au cas étudié, faisant de la monographie l'étude micro-sociologique
[64] par excellence. L'étude d'autres cas permet éventuellement de pallier aux limi-
tes, voire aux défauts, de pareille étude micro-sociologique puisque la comparaison
possible des cas donne relief au caractère singulier saisi au sein d'une première étu-
de. Ceci est, somme toute, la position la plus communément admise en sociologie à ce
sujet. Elle est même entérinée par des sociologues qui, comme Anthony Giddens, par
exemple, récusent avec force la fameuse distinction micro/macrosociologique.
propos de la valeur de la représentativité des cas étudiés. Sans qu'il n'est besoin ici
de les répéter, il y a été vu que, dans le feu du conflit des méthodes en sociologie,
l'accent mis sur le nombre de cas considéré a fait en sorte que le problème du statut
conféré à tout cas pour les fins d'une étude sociologique, qu'elle relève ou pas d'une
approche monographique n'a pas été posé. Il est apparu que la définition de ce statut
réside dans la visée même de cette étude. Que vise-t-on précisément à expliquer par
ce ou ces cas ? Si le problème du nombre de cas importe dans la définition de toute
étude sociologique, [65] il ne saurait se poser au premier chef Il ne saurait, de sur-
croît, déterminer en lui-même la définition de cette étude. En d'autres mots, malgré
son importance, la définition de toute étude sociologique n'est pas réductible au
problème du nombre.
Le village, suivant les qualités pouvant lui être conférées sur un plan méthodolo-
gique, à l'époque des premiers anthropologues à tout le moins 61 , se révèle être un
observatoire de premier choix pour saisir les différents plans d'organisation sociale
qui, dam leur intersection, se manifestent dans leurs caractéristiques ou propriétés
les plus saillantes. L'explication sur le plan des propriétés des rapports sociaux, pour
reprendre les mots de C. Lévi-Strauss, peut donc être atteinte par l'étude d'un cas,
à l'exemple d'un village. L'explication ressortant de cette étude doit être envisagée
dès lors comme explication macrosociologique non pas en tant qu'explication micro-
sociologique, comprise [66] au sens d'une explication réduite à l'échelle de la parti-
cularité du cas considéré. Les qualités méthodologiques reconnues au cas détermi-
nent ainsi sa valeur représentative suivant la visée de l'étude. Cette valeur repré-
sentative du cas est de surcroît explicitée par la description qui en est faite au sein
de l'étude monographique. La définition de la représentativité est donc ici assurée
dans des conditions idéales puisque la monographie, par définition, est l'étude des-
criptive par excellence tellement la profondeur et le souci de totalisation y sont de
premier ordre. L'anthropologue Françoise Zonabend remarque à ce sujet que :
La portée de l'étude monographique est de surcroît fondée par ces choix et tac-
tiques dont les vertus méthodologiques peuvent être saisies en acte dans la descrip-
tion qui y est faite de l'objet étudié.
Le passage du local au global, animé par la mise à jour de singularités, est alors
compris en son sens défini en mathématiques et dans [67] l'épistémologie des scien-
ces et dont la position de René Thom, introduite par sa fameuse « théorie des catas-
trophes », rend compte avec finesse. Cet extrait d'une entrevue accordée par le
célèbre mathématicien résume simplement une position par ailleurs fondée sur un
raisonnement épistémologique qu'il faut du reste renoncer à présenter ici dans le
détail.
René Thom : Oui. Les singularités sont pour moi le squelette du phénomè-
ne 63 .
quelque sorte un prototype expérimental si, ici, un rapprochement est permis avec
les expériences de laboratoire des sciences exactes ou des sciences de la matière.
Il importe de revenir brièvement sur ces trois mots associés à cette démarche
qui, selon Granger, est celle de la connaissance scientifique qualitative par excellen-
ce. La description doit être comprise comme la mise en évidence d'un tout et son
découpage en parties. « L'instrument de cette opération de repérage est un canevas,
ou réseau abstrait, convenablement adapté à la mise en place des fragments du puz-
zle et à la reconstitution du tout au moyen de ses parties 65 . »
Enfin, expliquer, « c'est insérer ce système dans un système plus vaste dont dé-
pendent éventuellement sa genèse, sa stabilité et son déclin 67 », faisant en sorte
que les relations et contraintes associant les parties sous forme du tout sont elles-
mêmes comprises dans leur singularité, au sens précédemment évoqué. Chaque partie,
comme le tout du reste, peut alors être saisie au sein du passage du local au global
[70] puisque la nature singulière des relations et contraintes qui les associent est
portée au jour dans ce qui s'avère être, selon Granger, une « description compréhen-
sive » définissant au mieux ce qu'est une explication. Cette description compréhen-
sive suppose la présence d'une « théorie » pour que soit atteinte et déterminée la
singularité de ces relations et contraintes puisque celles-ci se manifestent sur un
plan abstrait, c'est-à-dire le plan des propriétés de ces relations et contraintes
associant les parties au tout.
* * *
cet ouvrage revêt un intérêt immédiat pour tous ceux et celles œuvrant dans ces
disciplines, que ce soit à titre de chercheurs, d'enseignants, de praticiens ou d'étu-
diants. Car cette bibliographie énumère et présente, dans de nombreux cas, des
ouvrages dont la teneur épistémologique, théorique, méthodologique voire pratique
est susceptible de remédier aux problèmes et aux difficultés liés à toute enquête de
terrain, comprise ici dans un sens extrêmement général.
• Francis;
• Sociofile;
• Bulletin signalétique (ethnologie, sociologie et philosophie);
• Sociological Abstract;
• Historical Abstract;
• Annual Review of Anthropology.
Le premier survol des publications répertoriées grâce à ces index et banques au-
tomatisées a été suivi d'un dépouillement manuel systématique au terme duquel la
présente bibliographie a été mise au point. Ce dépouillement manuel a donné lieu à
une consultation rapide des [72] ouvrages retenus et à l'inventaire de leur propre
bibliographie, créant ainsi une espèce de système de vases communicants qui a per-
mis de dégager les écrits les plus souvent cités ou mentionnés et, de ce fait, pouvant
être reconnus comme incontournables. Ce rappel bibliographique vise à mettre en
relief les traditions théoriques et méthodologiques dont sont tributaires les écrits
publiés au cours des 20 dernières années.
La lecture des ouvrages inventoriés a, par ailleurs, permis de jeter des ponts en-
tre ceux-ci, donnant ainsi naissance à une bibliographie dont la définition pouvait
être vissée de façon cohérente. Cette cohérence est renforcée par la présence de
descripteurs sous divers titres. Ces descripteurs contiennent un bref résumé de
l'ouvrage en question, souvent accompagné de commentaires ou de recommandations.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 75
Les titres qui font l'objet de commentaires, et principalement ceux qui sont ici
conseillés, sont pour la plupart faciles à trouver dans le réseau des bibliothèques
universitaires et collégiales au Québec.
Nous souhaitons que cette bibliographie, tout en reflétant notre point de vue,
saura rendre compte de la diversité des positions sur l'étude monographique et inci-
ter à les mieux connaître.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 76
[73]
Chapitre 2
Bibliographie sur l'enquête
de terrain en sciences sociales
L'approche monographique
et les méthodes qualitatives
[75]
1. Ouvrages relatifs
à la monographie sociale
Sous cette rubrique apparaissent les titres des ouvrages relatifs à la monogra-
phie sociale comprise au sens d'une démarche visant la reconstitution et l'analyse
d'un objet d'étude. L'approche monographique implique, de façon générale, l'enquête
de terrain, l'observation participante, l'entrevue en profondeur, etc., qui sont l'ob-
jet de prochaines rubriques.
Les titres répertoriés sous cette rubrique sont des ouvrages abordant de façon
thématique les fondements théoriques et méthodologiques de la monographie sociale.
Ceux-ci sont mis en relief en regard des problèmes généraux de la sociologie.
BROMBERGER, Christian
[76]
CERNEA, M.
CHAMPAGNE, Patrick
CHAMPAGNE, Patrick
CHARMES, Jacques
COPANS, Jean
[77]
CUVILLIER, Armand
DION, Michel
MAHO, J.
SAUTTER, G.
TIÉVANT, Sophie
VIGNET-ZUNZ, Jacques
ZONABEND, Françoise
[78]
École de Le Play
BUREAU, Paul
COCHIN, Augustin
Frédéric Le Play. Sa méthode, sa doctrine, son œuvre, son esprit d'après ses
écrits et sa correspondance, Paris, H. Oudin, 1889.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 82
DESCAMPS, Paul
[79]
DESMOLINS, Edmond
DU MAROUSSEM, Pierre
LE PLAY, Frédéric
LE PLAY, Frédéric
LE PLAY, Frédéric
PRIEUR, Prosper
TOURVILLE, Henri de
GÉRIN, Léon
GÉRIN, Léon
[80]
GÉRIN, Léon
GÉRIN, Léon
GÉRIN, Léon
GÉRIN, Léon
GÉRIN, Léon
GÉRIN, Léon
GÉRIN, Léon
GÉRIN, Léon
Aux sources de notre histoire, Montréal, Fides, 1946. [Texte disponible dans
Les Classiques des sciences sociales. JMT.]
[81]
GÉRIN, Léon
GÉRIN, Léon
ASSIER-ANDRIEU, Louis
CARRIER, R.P.
FALARDEAU, Jean-Charles
FALARDEAU, Jean-Charles
ARNAULT, France
[82]
ASSIER-ANDRIEU, Louis
BROOKE, Michael
BUISAN, Georges
CLEMENT, Marcel
DAUPHIN, C. et PEZERAT, P.
POLIN, Raymond
SAVOYE, Antoine
TREANTON, Jean-René
École de Chicago
ANDERSON, Nels
The Hobo : The Sociology of the Homeless Man, Chicago, University of Chi-
cago Press, 1923.
CAVAN, Ruth S.
[84]
CRESSEY, Paul-G.
FRAZIER, F.E.
The Negro Family in the United States, Chicago, University of Chicago Press,
1939.
PALMER, Vivien
"Murder and the Case Study Method", American journal of Sociology, 36, 3,
1930 : 447-454.
Human Communities. The City and Human Ecology, New York, Free Press,
1952.
SHAW, Clifford A.
[85]
Il s'agit de l'histoire de la vie d'un voleur qui fait les poches des indivi-
dus ivres. En plus, ce livre contient une partie sur l'histoire de ce voleur vue
par les institutions dans lesquelles il est passé. Enfin, cette histoire est mise
à contribution pour comprendre le milieu social et la délinquance à Chicago.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 91
SHAW, Clifford A.
SHAW, Clifford A.
SHAW, Clifford A.
SUTHERLAND, E.H.
SUTHERLAND, E.H.
TRASHER, Frederic M.
[86]
WIRTH, Louis
Étude portant sur les Juifs de Chicago. L'auteur s'intéresse aux rap-
ports sociaux existants entre les juifs et d'autres groupes ethniques, aux
transformations de leur culture et à la mobilité sociale de ce groupe dans un
processus de développement urbain. L'étude, concernant trois générations,
vise principalement les processus d'isolement, d'assimilation et de conscien-
ce de soi.
ZNANIECKI, Florian
ZORBAUGH, Harvey H.
The Gold Coast and tbe Slum, Chicago, University of Chicago Press, 1929.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 93
BECKER, Howard S.
BECKER, Howard S.
BECKER, Howard S.
BECKER, Howard S.
Outsiders, New York, Free Press, 1963 (traduction française Paris, A.M. Mé-
taillé, 1985).
BECKER, Howard S.
BECKER, Howard S.
Making tbe Grade : Tbe Academic Side of Collège Life, New York, Wiley,
1968.
BECKER, Howard S.
[88]
BECKER, Howard S.
CICOUREL, Aaron V.
CICOUREL, Aaron V.
GLASER, Barney G.
GLASER, Barney G.
[89]
STRAUSS, Anselm L.
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"The Life Histories of W.I. Thomas and Robert E. Park", American journal of
Sociology, 79, 2, 1974 : 243-260.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 97
BALLIS, L.B.
BERTAUX, Daniel
BLUMER, Herbert
BRESLAU, Daniel
[90]
BRESLAU, Daniel
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nal of the History of the Behavioral Sciences, 19, 1983 : 353-357.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 98
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[91]
DINER, Steven J.
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HUGHES, Everett C.
HUGHES, Everett C.
HUGHES, Everett C.
CHAPOULIE, Jean-Michel
[95]
Écrit de haut calibre. L'article analyse dans son contexte social, institu-
tionnel et intellectuel une des étapes importantes de l'introduction en socio-
logie de l'observation directe et, plus généralement, du travail de terrain
(fieldwork). En s'appuyant sur les essais de méthode d'E. C. Hughes et sur
divers témoignages, l'article dégage les caractéristiques de la formule de
recherche proposée et illustrée par Hughes à l'Université de Chicago. Les
recherches en sociologie du travail réalisées par Hughes offrent un exemple
d'analyses mobilisant l'enquête de terrain.
FAUGHT, Jim
PENEFF, Jean
2. Monographie sociale :
bibliographie générale
Les titres apparaissant sous cette rubrique sont des exemples concrets d'étu-
des monographiques faits de localités permettant l'analyse de sociétés dans leur
ensemble ou d'objets particuliers tels des problèmes sociaux comme la pauvreté, le
chômage, la famille, etc. Cette rubrique vise à donner un bref aperçu des études
monographiques possibles.
a. Études monographiques
du Québec et études à cas
BEAUCHESNE, Pierre
[96]
BEAUREGARD, Yves
FORTIN, Andrée
GAUTHIER, Madeleine
GRELL, Paul
JEAN, Bruno
LEMIEUX, Vincent
LETELLIER, Marie
MINER, Horace
MOREUX, Colette
MOREUX, Colette
MORIN, Louis
RIOUX, Marcel
RIOUX, Marcel
SÉVIGNY, Robert
VERDON, Michel
AUBRAC (L’)
AUGÉ, Marc
AUGÉ, Marc
BOUCHARD, Gérard
CERNUSCHI-SAI.KOFF, Sefamina
[99]
LINHART, Robert
MALINOWSKI, Bronislaw
MORIN, Edgar
MYRDAL, Jan
ZONABEND, Françoise
ZONABEND, Françoise
3. Études de cas
et études de communauté
(Community Studies)
ARENSBERG, Conrad M.
BLUMER, Martin
CHIVA, Isaac
COOLEY, C.H.
DION, Michel
HAKIM, Catherine
"Case Studies", dans Research Design. Strategies and Choices in tbe Design
of Social Research, London, Allen & Unwin, 1987 : 61-75.
HAMEL, Jacques
Cet article vise à poser dans des termes neufs et féconds la valeur de
l'approche monographique, de l'étude de cas, qui connaît aujourd'hui un re-
gain de faveur dans les sciences sociales. Il est montré que la monographie
ne peut être aucunement limitée à l'approche microscopique, mais qu'elle
permet bien d'atteindre à la généralité.
[102]
MITCHELL, J.-Clyde
QUEEN, Stuart A.
REDFIELD, Robert
SANDERS, Irwin T.
VOVELLE, Michel
WILSON, Tom P.
"A Case Study in Qualitative Research ?", Social Science Information Stu-
dies, 1, 4, 1981 : 241-246.
YIN, Robert K.
Case Study Research Design and Method, Beverly Hills, Sage Publications,
1984.
Études de cas :
Bibliographie indicative
BURGUIERE, André
Tante Suzanne. Une histoire de vie sociale, Paris, Librairie des Méridiens,
1982.
CAVAN, Sherri
CROZIER, Michel
GOULDNER, Alvin
[104]
HOLDAWAY, Simon
HOLLINGHEAD, A.B.
HUMPHREYS, Laud
Tearoom Trade : Impersonal Sex in Public Places, Chicago, Aldine, 1975 (2e
édition).
JACOBS, James B.
Étude portant sur un pénitencier; l'auteur dégage les liens existant entre
les formes d'autorité et la société globale. Appendice fort intéressant sur
les conditions d'observation en milieu carcéral.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 118
JEFFERYS, M. et SACHS, H.
LACEY, C.
LEIN, L.
LEWIS, Oscar
LEWIS, Oscar
[105]
LIEBOW, E.
Tally's Corner : A Study of Negro Streetcorner Men, Boston, Little Brown &
Co., 1967.
chée par ces problèmes. L'auteur, par cette approche de terrain, rend comp-
te de divers rapports vécus par cette population, offrant ainsi une vision em-
pirique de ce phénomène.
METZ, D.L.
PETONNET, Colette
PETONNET, Colette
RUBINSTEIN, Jonathan
Les bars, les femmes et la culture. Femmes au travail dans un monde d'hom-
mes, Paris, PUF, 1979 (traduction française par Odette Gagné).
La vie d'un bar américain est étudiée ici avec la même rigueur, avec la
même ingéniosité, que les anthropologues mettent à étudier une société pri-
mitive. Outre qu'il se lit avec intérêt, ce livre offre une mine de renseigne-
ments empiriques sur la répartition des rôles masculins et féminins dans un
lieu prioritairement réservé aux hommes : le bar; en l'occurrence le Brady's
situé à Oakland.
VERDIER, Yvonne
[106]
WHYTE, William F.
WILLIS, Paul E.
WILLIS, Paul E.
Études de communauté :
ouvrages classiques
Ouvrage qui fait suite au deux études monographiques des Lynd. Voulant
étudier les changements survenus dans les 50 dernières années, les auteurs
constatent que c'est la continuité et non le changement qui caractérise les
familles de cette petite ville.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 121
GANS, Herbert J.
The Urban Villagers : Group and Class in the Life of Italian-Americans, New
York, Free Press, 1962.
GANS, Herbert J.
[107]
REDFIELD, Robert
REDFIELD, Robert
The Folk Culture of Yucatan, Chicago, The University of Chicago Press, 1941.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 122
WARNER, Lyoyd W.
Yankee City Series, New Haven, Yale University Press, 5 vol., 1941, 1942,
1945, 1947, 1959.
WHYTE, William F.
[108)
Chapitre 3
Enquêtes ou expériences
de terrain
(fieldwork)
1. Ouvrages théoriques,
méthodologiques et techniques
[109]
BACHMANN, Christian
BAKER, Therese L.
BENNET, John W.
BOURDIEU, Pierre
BOUVIER, Pierre
[110]
Après une brève introduction de l'auteur, ce manuel regroupe un ensem-
ble de textes choisis et regroupés en neuf sections abordant les problèmes
rencontrés au cours d'une recherche sur le terrain : choix d'une technique,
stratégies, observation participante, enregistrement des données, etc.
CAMPBELL, Donald T.
Field Work in Social Research, New York, The Century Co, 1920.
CHRISTINAT, Jean-Louis
CLIFFORD, James
COPANS, Jean
CRESSWELL, Robert
DE LA SOUDIERE, Martin
DOUGLAS, Jack D.
[111]
EMERSON, Robert M.
EMERSON, Robert M.
EVERHART, Robert B.
FABRE, Daniel
GARRIGUES, Emmanuel
GEER, Blanche
"First Days in the Field", dans P.E. Hammond (ed), Sociologist at Work : Es-
says on the Craft of Social Research, New York, Basic Books, 1964 : 322-
344.
GLAZER, Myron
[112]
GLAZER, Myron
GRAWITZ, Madeleine
« Les techniques vivantes », dans Méthodes des sciences sociales, Paris, Dal-
loz, 1979 : 697-979.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 129
GRAY, Paul-S.
GREENHOUSE, Carol-J.
GUBRIUM, Jaber
GUIART, Jean
GUTWIRTH, Jacques
[113]
HEBERLE, Rudolf
JOHNSON, John M.
Anthropologist in the Field, Assen, The Netherlands, Van Gorcum and Com-
pany, 1967.
JUNKER, Buford H.
"Reflexivity in Field Work", dans P.F. Secord (ed), Explaining Human Beha-
vion Consciousness, Human Action and Social Structure, Beverly Hills, Sage
Publications, 1982.
KATZ, Daniel
« Les études sur le terrain », dans Léon Festinger et Daniel Katz (sous la di-
rection de), Les méthodes de recherche dans les sciences sociales, Paris,
PUF, 1963 : 68-117.
KERTZER, David I.
KOURGANOFF, Michèle
« Les instruments d'enquête utilisés pour les études sur le terrain », Revue
française de sociologie, 6, 1965 : 137-147.
LACEY, C.
LACOSTE, Yves
LINDENFELD, Jacqueline
LOFLAND, John
LOUREAU, René
LOUREAU, René
MAGET, Marcel
MEAD, Margaret
[115]
MONJARDET, Dominique
MO, Linn
"Is Field Work Scientific ?", Munich Social Science Review, 1, 1979 : 5-17.
MURPHY, John-W.
NEWBY, Howard
"In the Field : Reflections on the Study of Suffolk Farm Workers" dans Co-
lin Bell et Howard Newby (eds), Doing Sociological Research, London, Allen &
Unwin, 1977 : 108-129.
PAOLI-ELZINGRE, Martine
PETONNET, Colette
POWDERMAKER, Hortense
POWDERMAKER, Hortense
[116]
PULMAN, Bertrand
QUELOZ, Nicolas
SALAMONE, Frank A.
SCOTT, Richard W.
SIEBER, Sam D.
[117]
WAX, Rosalie
WAX, Rosalie
WEBER, Florence
Learning from the Field : A Guide from Experience, Beverly Hills - London -
New Delhi, Sage Publications, 1984.
Field Methods in the Study of Culture, New York, Holt, Rinehart and Wins-
ton, 1967.
[118]
2. Relations enquêteur-enquêté :
points de vue pratiques et éthiques
BABCHUCK, Nicholas
BAIN, Robert K.
BARNES, J.A.
CASSELL, Joan
CASSELL, Joan
[119]
COFFIELD, F. et BORRILL, C.
Les auteurs décrivent l'échec d'une étude de terrain. Elle devait être
conduite par observation participante parmi un groupe d'adolescents socia-
lement défavorisés mais les tentatives pour nouer des rapports avec les jeu-
nes se sont avérées impossibles.
DINGWALL, Robert
Corps pour corps. Enquête sur la sorcellerie dans le Bocage, Paris, Gallimard,
1981.
[120]
Réflexion critique sur l'utilisation par l'auteur de l'observation partici-
pante déguisée dans une recherche menée au sein d'une communauté de
« pentecôtiste de l'Ancien jour ». Examen des problèmes éthiques à deux ni-
veaux : personnel et professionnel. Article suivi d'un commentaire de M. Blu-
mer.
JORION, Paul
MALINOWSKI, Bronislaw
MAYONI, Joseph R.
MONTANDON, Cléopâtre
MURPHY, Michael D.
NEWBOLD, Adams R.
O'KANE, F.
PENEFF, Jean
[121]
POWDERMAKER, Hortense
PUNCH, Maurice
The Politics and Ethics of Fieldwork, Beverly Hills, Sage Publications, 1986.
Cet ouvrage, qui fait partie d'une collection sur la méthodologie qualitati-
ve en sciences sociales, est consacré au travail sur le terrain. L'auteur envi-
sage les politiques de ce type de collecte de données, les problèmes éthiques
qu'il pose et relate son expérience personnelle d'immersion.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 142
RABINOW, Paul
RIOUX, Marcel
ROSE, Dan
ROUE, Michèle-Marie
[122]
SHAFFIR, William B.
In the Field. Research on the Field Research Experience, New York, Praeger,
1989.
The Fieldworker and the Field. Problems and Challenges in Sociological In-
vestigations, Delhi, Oxford University Press, 1979.
STODDART, Kenneth
STYLES, Joseph
TRICE, H.M.
TURNER, William H.
3. Observations :
théories et méthodes.
BAILEY, Kenneth D.
BICKMAN, Léonard
BERNARD, Jessie
BOGDAN, Robert C.
BOSK, Charles L.
CASSELL, Joan
Dans cet article, l'auteur souligne à grand trait la place qu'occupe l'ob-
servation dans les sciences sociales. Il expose divers aspects méthodologi-
ques qui la caractérisent en précisant la nécessité d'établir des liens avec
d'autres aspects de la recherche.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 146
DE GERANDO, Joseph-Marie
DUVERGER, Maurice
ERICKSON, Kai T.
GOLD, Raymond L.
GOUPIL, Georgette
KNAPP, Mark L.
LAPERRIERE, Anne
[125]
McCALL, George J.
MICHAELS, James W.
PETONNET, Colette
Rester disponible sans fixer l'attention sur un objet d'étude précis : tel-
le est la méthode de « l'observation flottante », mise à l'épreuve au cimetiè-
re du Père-Lachaise, le phénomène de la rencontre et de l'usage du lieu pu-
blic apparaissent ainsi sous un jour nouveau.
ROTH, Julius A.
[126]
TREMBLAY, Marc-Adélard
TURKLE, Sherry
The Second Self : Computers and Human Spirit, New York, Simon and Schus-
ter, 1984.
B. Observation participante
"The Politics of Participation in Field Research", Urban Life, 14, 4, 1986 (nu-
méro spécial).
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 150
ALTHABE, Gérard
[127]
AKTOUF, Omar
BECKER, HOWARD S.
BLALOCK, Hubert M.
BOGDAN, Robert C.
BOURDIEU, Pierre
BRUYN, Severyn T.
BRUYN, Severyn T.
BULMER, Martin
[128]
DEAN, John P.
FAVRET-SAADA, Jeanne
Les mots, la mort, les sorts : la sorcellerie dans le Bocage, Paris, Gallimard,
1977.
FORTIN, Andrée
FORTIN, Andrée
HESSELBACH, J.
HILBERT, Richard A.
JACOB-PANDIAN, E.T.
[130]
JANES, Robert W.
JARVIE, I.C.
JORGENSEN, Danny L.
KENEN, Regina
KLUCKHOHN, Florence R.
KOLAJA, Jiri
LOHMAN, Joseph D.
MILLER, Stephan M.
[131]
PLATT, Jennifer
SNOW, David A.
SPRADLEY, James P.
TROW, Martin
[132]
VIDICH, Arthur J.
WAX, Rosaline H.
Entretien ou entrevue :
considérations méthodologiques
et pratiques
L'entrevue est considérée dans les ouvrages suivants selon diverses considéra-
tions méthodologiques, assurant son succès et sa rigueur, mais aussi, pour y parvenir,
selon des conseils pratiques quant à la sollicitation de l'entrevue, à l'ambiance propi-
ce à une bonne relation avec l'interviewé et à la qualité du matériel technique mobili-
sé pour les fins de l'entrevue.
ABRAHAMS, Jean-Jacques
BAILEY, Kenneth D.
[133]
BANAKA, William H.
BEVIS, Joseph C.
BLANCHET, Alain
« Les archives orales, pour quoi faire ? », Ethnologie française, VIII, octo-
bre-décembre 1978 : 348-355.
[134]
CAPLOW, Théodore
CHABROL, Claude
CORBIN, Marie
"Problems and Procedures of Interviewing", dans J.M. and R.E. Pahl, Mana-
gers and Their Wives, Londres, Allen Lane, The Penguin Press, 1971 : 286-
306.
CUNNINGHAM-BURLEY, Sarah
DAUNAIS, Jean-Paul
« L'entretien non directif », dans Benoit Gauthier (sous la direction de) Re-
cherche sociale, Québec, Presses de l'Université du Québec, 1984 : 248-
275.
"How do you Know if the Informant is Telling the Truth ?", Human Organiza-
tion, 17, 2, 1958 : 34-38.
DE SANTIS, Grace
DEUTSCHER, Irwin
"Public and Private Opinions : Social Situations and Multiple Realities", dans
S.Z. Nagi et R.G. Corwin (eds), The Social Context of Research, New York,
Wiley, 1972 : 323-340.
[135]
DEXTER, Lewis
DIJKSTRA, Will
Comment mener un entretien individuel, Paris, Dunod, 1975. Petit livre qui
donne des conseils pratiques sur l'entrée en communication, les types de
comportement en communication, les biais, etc.
DOUGLAS, Jack D.
GARRET, Annette
Interviewing. Its Principles and Methods, New York, Family Service Associa-
tion of America, 1942.
GORDEN, Raymond L.
GRELON, André
GUITTET, André
[136]
HYMAN, Herbert
HYMAN, Herbert
JOUTARD, Philippe
« Historiens à vos micros ! Le document oral, une nouvelle source pour l'his-
toire », L'Histoire, no 12, mai 1979 : 106-112.
KANDEL, Liliane
KUHN, M.H.
"The Interview and the Professional Relationship", dans A. Rose (ed), Human
Behavior and Social Processes, London, Routledge and Kegan Paul, 1962 : 193-
206.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 164
LACOSTE-DUJARDIN, Camille
[137]
En sciences sociales, peu de chercheurs semble s'interroger au sujet du
processus par lequel les résultats ont été obtenus. Selon l'auteur, cet acte
premier sur lequel se fonde toute la recherche en sciences sociales demeure
ignoré. Il convient donc, selon lui, de décrire les conditions précises de l'ex-
périence de recherche, - de la « relation d'enquête » - afin de s'ouvrir à la
discussion et aux critiques.
LEGRAS, Daniel
LEZNOFF, Maurice
LIEBERHERF, Françoise
Par analogie avec l'acte médical, l'auteure définit l'entretien comme acte
sociologique. La relation enquêteur-enquêté se joue selon des rapports de
force produits dans la pratique sociale. Mais contrairement à l'acte médical,
le demandeur « 'enquêteur) avec son savoir intellectuel et théorique est dans
une situation de domination. Dans ces conditions, comment faire une bonne
entrevue ?
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 165
MAITRE, Jacques
MEASOR, L.
[138]
MICHELAT, Guy
MISHLER, Elhot G.
NAHOUM, Charles
OAKLEY, Ann
PAGE, Helen E.
PAUL, Benjamin
PAUZE, Élaine
[139]
PLATT, Jennifer
"On Interviewing One's Peers", British journal of Sociology, 32, 1,1981 : 75-
91.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 167
Les récits de vie; théorie et pratique, Paris, PUF, 1983 (collection le sociolo-
gue).
RAVIS-GIORDANI, Georges
Interviewing : Its Forms and Functions, New York, Basic Book, 1965.
Ouvrage qui concerne les diverses facettes de l'usage de l'interview. No-
tamment, la place d'une telle méthode en sciences sociales, les divers types
d'interview, la composition des questions, les facteurs influençant les répon-
ses, etc.
SAHUC, Louis
[140]
SIMON, Michel
SIMONOT, Michel
SMIGEL, Erwin O.
SPECTOR, M.
SPRADLEY, James P.
TREMBLAY, Marc-Adélard
TROGNON, Alain
WOODSIDE, Moya
[141]
Dans une enquête de terrain, le recours à des matériaux écrits est maintes fois
privilégié et leur analyse implique diverses considérations méthodologiques présen-
tées dans les ouvrages suivants.
ALTHEIDE, David L.
ANGELL, Robert C.
BERGIER, Jean-François
[142]
CAPLOW, Théodore
DAMPIERRE, Éric de
DESBOIS, Évelyne
DUVERGER, Maurice
GILLE, Bertrand
GRAWITZ, Madeleine
JEQUIER, François
[143]
JEQUIER, François
NEVEUX, Hughes
« Sur les données historiques », Revue de synthèse, IV, 1-2, 1986 : 39-51.
PITT, David C.
Using Historical Sources in Anthropology and Sociology, New York, Holt, Ri-
nehart & Winston, 1972.
PLATT, Jennifer
TREMBLAY, Marc-Adélard
[144]
VIDALENC, Jean
WOLF, K.H.
[145]
Chapitre 4
La description : problèmes
et méthodes
1. Ouvrages théoriques
et méthodologiques
[146]
BERNIER, Léon
DENZIN, Norman K.
GRANGER, Gilles-Gaston
HOULE, Gilles
KRISHNARAO, B.
MATALON, Benjamin
[147]
PHARO, Patrick
Il s'agit ici d'un ouvrage de deux tomes : dans le premier, les auteurs
discutent du problème particulier de la description en sciences sociales, lié
au caractère auto-descriptif et auto-interprétatif du sujet; dans le second,
les auteurs se penchent plus particulièrement sur la description sociologique
et linguistique en considérant le problème des catégorisations.
QUERE, Louis
« La vie sociale est une scène », dans Le parler frais d’Erving Gofman, Paris,
Les Éditions de Minuit, 1989 : 47-82.
RUWET, Nicolas
SACKS, J.
SMITH, Dorothy E.
2. La construction de l'explication
BALANDIER, Georges
[148]
BAWIN-LEGROS, Bernadette
BROWN, Robert
DESCOLA, Philippe
GIROD, Roger
GRANGER, Gilles-Gaston.
GRENIER, Line
[149]
La recherche sur le racisme est confrontée, d'abord et avant tout, à des
problèmes d'ordre méthodologique, liés à la définition d'un objet d'étude et
aux règles de sa construction. La réflexion ici amorcée concerne d'une part
la théorisation à priori que constitue l’utilisation du terme racisme comme
définissant l'objet réel d'une recherche et d'autre part, la nécessité de ré-
habiliter le sens commun, comme réalité constitutive du racisme « sociologi-
que » et de son explication dont ce racisme « ordinaire » recèle les fonde-
ments empiriques.
GURVITCH, Georges
MIGUELEZ, Roberto
MOECKLI, Gustave
PIAGET, Jean
PIRES, Alvaro P.
RAMOGNINO, Nicole
[150]
Trois dimensions (symbolique, historique et concrète) traversent la ma-
térialité sociale, conçue comme processus. La pratique sociologique - via ses
méthodologies quantitatives et qualitatives et ses modèles théoriques -
fonctionne par réduction - ou dédialectisation de ces dimensions : du symbo-
lique à la signification ou l'interprétation; de l'historique à une vision du
temps conçu comme espace réel ou analytique; du concret (sujet sociologique)
à la structure ou acteurs sociaux. Ces réductions sont cependant nécessai-
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 182
VAN PARIJS, P.
La rigueur de l'étude monographique se manifeste, pour une part, par les modali-
tés et la précision de l'écriture inhérente à la description et à l'explication de l'ob-
jet d'étude acquises par cette voie. Ceci est abordé dans des textes liés à l'écriture
en sociologie, en histoire, en littérature.
Writing for Social Scientist : How to Start and Finish your These, Book, or
Article, Chicago, University of Chicago, 1986.
S'appuyant sur sa propre expérience d'auteur, H. Becker fait des sug-
gestions et livre des conseils pratiques pour la rédaction d'articles, de thè-
ses ou d'ouvrages.
BERTAUX, Daniel
[151]
BROWN, Richard
A Pœtic for Sociology. Toward a Logic of Discovery for the Human Sciences,
New York, Cambridge University Press, 1977. (Traduction française de Rémi
Clignet, Clefs pour une poétique de la sociologie, Paris, Actes/Sud, 1989.)
CERTEAU, Michel de
CLIFFORD, James
GIBBAL, Jean-Marie
GRATALOUP, Nicole
JAMIN, Jean
LABRIE, Vivian
VIDAL, Daniel
[153]
Chapitre 5
Les méthodes qualitatives
Ces questions font les frais de discussions dans toutes sortes d'ouvrages, no-
tamment des ouvrages généraux, où elles sont abordées du point de vue de l'histoire
du développement des sciences sociales, des querelles entre institutions universitai-
res (ex. : la dispute entre l'École de Chicago et l'Université Colombia aux USA), et
de considérations relatives à l'observation participante, l'entrevue, etc.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 187
AKTOUF, Omar
[154]
BOUDON, Raymond
BRYMAN, Alan
BULMER, Martin
"The Value of Qualitative Methods", dans Social Science and Social Policy,
London, Allen & Unwin, 1986 : 180-203.
COLE, Stephen
[155]
DENZIN, Norman K.
DENZIN, Norman K.
DESLAURIERS, Jean-Pierre
DESLAURIERS, Jean-Pierre
DRASS, Kniss A.
[156]
FAURE, Guy-Olivier
FILSTEAD, William J.
GRIAULE, Marcel
HAKIM, Catherine
HORTH, Raynald
[157]
La démarche d'explication sociologique ne trouve-t-elle pas ses limites
dans la diversité même des méthodes de recherche utilisées ? Les possibili-
tés d'une méthodologie générale en sociologie sont-elles réelles ou illusoi-
res ? Ne vaudrait-il pas mieux parler en fait d'une méthodologie générale
des sciences sociales et de l'histoire, voire des sciences humaines ? L'oppo-
sition classique des méthodes qualitatives et quantitatives est-elle irréduc-
tible, ou ne recouvrirait-elle pas au contraire la difficulté essentielle de la
sociologie particulièrement dans la définition de l'objet de sa recherche ?
Autant de questions auxquelles sont conviés à répondre les collaborateurs de
ce numéro.
HOULE, Gilles
LECLERC, Gérard
[158]
LOFLAND, John
LOFLAND, John
MADGE, John
MOUTON, J.
PATTON, M.Q.
[159]
POISSON, Yves
POUPART, Jean
RATCLIFFE, John W.
SERVIER, Jean
[160]
SILVERMAN, David
[161]
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 197
BOUDON, Raymond
BRYMAN, Alan
[162]
BRYMAN, Alan
Quantity and Quality in Social Research, London, Allen & Unwin, 1988.
CIPRIANI, Roberto
COMBESSIE, Jean-Claude
DESROSIERES, Alain
GRANGER, Gilles-Gaston
GRANGER, Gilles-Gaston
HOULE, Gilles
LEDRUT, Raymond
LEMEL, Y.
PIRES, Alvaro
Cet article propose une réflexion sur les causes de l'abandon de la mé-
thodologie qualitative dans la sociologie nord-américaine. Par le biais de cet-
te analyse historique, ce texte entend, entre autres, contribuer à offrir des
bases différentes au débat actuel. En effet, il attire l'attention sur le fait
qu'un véritable débat méthodologique entre les approches qualitative et
quantitative commence à peine à être entamé. Courte bibliographie à la fin du
texte.
PIRES, Alvaro
« Deux thèses erronées sur les lettres et les chiffres », Cahiers de recher-
che sociologique, 5, 2, automne 1987 : 87-106.
[164]
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 201
POUPART, Jean
TREND, M.-G.
WILSON, Thomas P.
b. Micro/macro sociologie:
local vs global
BARBICHON, Guy
BROMBERGER Christian
CASTEL, L. Robert
[165]
COLLINS, Randall
COLLINS, Randall
DECOSTER, Michel
FERRAROTTI, Franco
GEERTZ, Clifford
Savoir local, savoir global : les lieux du savoir, Paris, PUF, 1986.
[166]
Ce recueil rassemble des essais consacrés à des observations générales
et théoriques sur l'évolution de l'anthropologie, ses méthodes et ses résul-
tats ainsi que sur sa signification dans la culture moderne.
GIDDENS, Anthony
GINZBURG, Carlo
« La micro histoire », dans André Jacob (sous la direction de), L'univers phi-
losophique, Tome 1, Paris, PUF, 1989 : 1316-1319.
GULICK, John
HARGREAVES, A.
JAVEAU, Claude
KILANI, Mondher
KEMENY, Jim
MIGUELEZ, Roberto
MILLER, Diane L.
"Ritual in the Work of Durkheirn and Goffman : The Link Between the Macro
and the Micro", Humanity and Society, 6, 2, mai 1982 : 122-134.
L’enquête de terrain en sciences sociales… (1991) 206
TURNER, J.H.
WILEY, Norbert
c. Subjectivité vs objectivité
BITTNER, Egon
BOROS, Alexander
BOURDIEU, Pierre
BOURDIEU, Pierre
BRYANT, Christopher
BUSINO, Giovanni
COUCH, Carl J.
DeLAGUNA, Frederica
[169]
DEVEREUX, Georges
DIESING, Paul
GOFFI, J.Y.
GUIBERT-SLEDZIEWSKI, G.
MAQUET, Jacques J.
MOONEY, Edward F.
RILEY, Gresham
WATIER, Patrick
[171]
INDEX
Fin du texte