Dépôts Côtiers
Dépôts Côtiers
Dépôts Côtiers
Dépôts côtiers
Figure III.9: différents types d'embouchures. A: delta digité avec développement de chenaux
en éventail bordés de levées sableuses (ls); lors de la rupture de ces levées se forment des
dépôts de "crevasse splay" (cs); aux extrémités des chenaux se déposent des barres
d'embouchure (be), suite à la décélération des courants fluviatiles; ce type de delta se forme
lorsque les apports fluviatiles sont dominants. B: estuaire avec barres sableuses linéaires
(bs), formées par les courants tidaux; ce type d'embouchure se développe lorsque les
courants de marée sont dominants.C: estuaire avec flèche sableuse (f, cf. ci-dessous) et
cordons sableux en bordure de plage; ce type d'embouchure se forme lorsque les effets de la
houle (h) sont dominants et génèrent une dérive littorale.
Les deltas se développent lorsque les rivières amènent au milieu marin plus de sédiment que
ce que l'érosion marine peut mobiliser (Fig. III.9 A).
Comme l'eau douce possède une densité moindre que l'eau salée, le courant fluviatile se
propage au-dessus de l'eau de mer, parfois à grande distance du delta (plusieurs centaines de
km dans le cas de l'Amazone...). Ce courant ralentit progressivement et dépose sa charge
sédimentaire sous la forme de levées latérales ou de barres d'embouchure perpendiculaires au
courant ("mouth bars"). En conséquence, beaucoup de deltas apparaissent comme une
formation silto-argileuse (décantation de boues dans les lagunes, la plaine deltaïque, le pro-
delta) dans lequel sont dispersés des corps sableux discontinus: chenaux, barres
d'embouchure, dunes, etc.
Figure III.10: A: coupe simplifiée dans un delta. B: séquence sédimentaire produite par la
progradation d'un delta; l'épaisseur d'une telle séquence dépend de l'apport sédimentaire, de
la subsidence, des variations eustatiques. La partie supérieure de la séquence (fining
upward) peut être très variable en fonction de la localisation des chenaux.
En contexte fluviatile, les premiers corps sédimentaires à se former sont les cônes alluviaux
("alluvial fans"). Ces cônes se développent (principalement en milieu désertique ou
montagnard) au débouché d'un canyon dans une vallée ou une plaine, quand le courant
fluviatile ralentit brutalement. Au fur et à mesure de sa décélération, le courant perd sa
capacité de transport et dépose sa charge sédimentaire.
Cône alluvial débouchant dans la Death Valley, Californie, USA. La flèche désigne un chenal
récent.
Ce type de système fluviatile, avec une charge abondante forme un réseau en tresse ("braided
stream") (Fig. III.5). Outre le transport par les eaux fluviales, les sédiments des cônes
alluviaux sont également mobilisés par des écoulements en masse (debris flows). Dans les
régions désertiques, ces écoulements en masse ont souvent un caractère catastrophique ("flash
flood") et peuvent transporter des blocs de plusieurs tonnes: les sédiments qui en résultent
sont extrêmement mal classés et non stratifiés.
Une coupe dans un cône alluvial donnerait une séquence typique d'alternances de debris flows
mal classés et de conglomérats (="fanglomérats") et sables fluviatiles. On y observe une
granocroissance générale vers le sommet du corps sédimentaire, due à l'avancée du cône avec
les faciès distaux relativement fins surmontés par des faciès proximaux plus grossiers.
Si le cône alluvial débouche directement en milieu marin, on a ce que l'on appelle un "fan
delta" où les matériaux grossiers d'origine alluviale peuvent être mêlés à des sédiments marins
plus fins. Il faut noter que cônes alluviaux et fan deltas sont caractéristiques de zones
tectoniquement actives, avec un rajeunissement permanent du relief. Quelques éléments sont
diagnostiques:
Envisageons maintenant les réseaux fluviatiles. On distingue deux systèmes majeurs: les
réseaux en tresse et les réseaux à méandres.
Exemples de systèmes fluviatiles: A: réseau à chenaux en tresse, Inde. B: réseau à méandres,
Brésil; ma=méandre abandonné. Photos Google Earth.
Dans la partie supérieure de leur cours, beaucoup de systèmes fluviatiles possèdent un réseau
en tresse (Fig. III.5). Leur charge sédimentaire est importante et grossière et leur débit est
extrêmement fluctuant. Toutes ces caractéristiques sont à l'origine du colmatage et de la
rapide migration des chenaux. On observe des corps sédimentaires hétérogènes, de
granulométrie variable où les sédiments déposés sont encore immatures.
Exemple actuel d'un réseau fluviatile en tresse, l'Arc en Savoie. A: vue générale des chenaux
et des bancs sablo-caillouteux. B: détail d'un banc montrant les galets transportés lors des
crues reposant sur des sédiments plus fins.
Dans leur partie inférieure, les systèmes fluviatiles possèdent un profil à gradient faible et la
plupart des matériaux grossiers ont été déjà déposés. Leur tracé devient plus sinueux et l'on y
observe des méandres. L'érosion ne se manifeste plus par la formation de nouveaux chenaux
(comme dans le cas des réseaux en tresse), mais plutôt par la modification des chenaux
existants. Mais revenons un peu plus en détail sur les chenaux.
Les chenaux sont des structures érosives, concaves vers le haut, pouvant atteindre des
dimensions latérales importantes (de l'ordre de la centaine de m). Leur remplissage
sédimentaire, d'épaisseur métrique à décamétrique, est souvent plus grossier que les sédiments
qu'ils entaillent. L'érosion se produit le long de la rive concave. Le comblement se fait par
accrétion latérale sur la rive convexe (Fig. III.6) avec production de stratifications obliques à
grande échelle ("point bars" ou "lobes de méandre"), ou encore par couches horizontales ou
concaves vers le haut (festons, auges). Dans le sédiment remplissant le chenal, différents
types de structures sédimentaires peuvent exister: rides de courant, lamination horizontale,
groove marks, slumps, figures de charge. La base érosive des chenaux est localement
surmontée d'un dépôt grossier de galets mous ou de coquilles ("chanel lag").
Figure III.6: séquence classique de remplissage d'un chenal par progradation latérale d'un
lobe de méandre (temps t1, t2, t3 et t4). On observe une déflexion du courant (flèches bleues)
vers la rive concave, à l'origine de l'érosion. La composante latérale du courant, responsable
du dépôt, est générée par une élévation de la surface de l'eau le long de la rive concave.
Les deltas se développent lorsque les rivières amènent au milieu marin plus de sédiment que
ce que l'érosion marine peut mobiliser (Fig. III.9 A).
Comme l'eau douce possède une densité moindre que l'eau salée, le courant fluviatile se
propage au-dessus de l'eau de mer, parfois à grande distance du delta (plusieurs centaines de
km dans le cas de l'Amazone...). Ce courant ralentit progressivement et dépose sa charge
sédimentaire sous la forme de levées latérales ou de barres d'embouchure perpendiculaires au
courant ("mouth bars"). En conséquence, beaucoup de deltas apparaissent comme une
formation silto-argileuse (décantation de boues dans les lagunes, la plaine deltaïque, le pro-
delta) dans lequel sont dispersés des corps sableux discontinus: chenaux, barres
d'embouchure, dunes, etc.
Figure III.10: A: coupe simplifiée dans un delta. B: séquence sédimentaire produite par la
progradation d'un delta; l'épaisseur d'une telle séquence dépend de l'apport sédimentaire, de
la subsidence, des variations eustatiques. La partie supérieure de la séquence (fining
upward) peut être très variable en fonction de la localisation des chenaux.
Le long des côtes où l'apport sédimentaire des rivières est faible ne se forment pas de deltas.
La sédimentation est dominée par l'influence des marées et/ou des courants côtiers générés
par les vagues (Fig. III.9 B, C). Les différents environnements sont étagés en fonction du taux
d'exposition du sédiment dû au balancement des marées et selon l'énergie du milieu
(Fig. III.11).
En climat humide (tempéré ou chaud), les côtes où dominent l'influence des marées voient la
partie supérieure du littoral (zone supratidale) colonisée par des marais maritimes: c'est le
"schorre" ou "herbus", inondé seulement lors des grandes marées. Ces zones légèrement
surélevées, couvertes d'une végétation herbacée, sont des environnements exigeants où ne
survivent que des organismes tolérants à de grandes variations de salinité (exemples:
Verdronken Land van Saeftinge, Baie de Somme, Baie du Mont-Saint-Michel,...). Le
sédiment est riche en matière organique (boues réductrices) et souvent intensément bioturbé.
Schorre. A: vue générale du marais, recoupé par un chenal à marée basse (Ile Grande,
Bretagne); B: détail d'un chenal à marée haute (Paimpol, Bretagne).
.
Colonisation progressive de l'estran (zone de balancement des marées) par une végétation
halophile; il s'agit ici de salicornes. La présence de cette végétation va favoriser
l'ensablement en fixant les sédiments et la zone supratidale va s'étendre. Baie de Somme,
France.
L'estran (ou zone de balancement des marées ou zone intertidale) peut voir le développement
de "tidal flats" ou "slikke", zones à très faible relief. La partie supérieure de cette zone voit le
dépôt de boues en environnement relativement calme ("mud flat"); la partie inférieure,
soumise à l'action de courants plus forts, est caractérisée par des dépôts sableux ("sand flat").
Les chenaux tidaux qui se développent dans la partie inférieure du littoral et étendent leurs
ramifications jusque dans la zone intertidale incisent les tidal flats. Leur migration latérale
(par érosion et progradation de lobes de méandre, comme en environnement fluviatile) est
responsable d'importants remaniements et transferts de sédiments. Dans les chenaux les plus
larges, les courants de marée sont rapides et le remplissage sédimentaire est sableux,
surmontant un "lag deposit" constitué de débris coquilliers et d'agrégats boueux. La vitesse de
sédimentation est élevée et la bioturbation peu abondante. Dans les chenaux les plus petits, le
remplissage est boueux.
Les marées impriment un cachet unique aux tidal flats: un cycle -courant de flux-courant de
jusant-exhondaison- répété tous les jours ou deux fois par jour. Ce cycle produit ce que l'on
appelle le "tidal bedding", à savoir la succession d'une lamine sableuse pour le flot, une
lamine de boue pour l'étal de marée haute, une lamine sableuse pour le jusant et à nouveau
une lamine de boue pour la marée basse. Souvant, les lamines sableuses montrent des
stratifications inclinées en sens opposé, matérialisant les deux directions de courant
("herringbone"). Une autre caractéristique des tidal flats est le "flaser bedding" et le
"lenticular bedding": ces structures se forment par dépôt de boue dans les espaces entre les
rides de courant. Si les courants de flux et de reflux ne sont pas parallèles, des rides
d'interférence peuvent se former; si les vitesses des deux courants sont différentes, deux
systèmes de rides de longueur d'onde différentes se marquent.
Eléments diagnostiques des schorres et slikkes
côtes à marées de forte amplitude;
faciès: sédiments fins dans la partie supérieure ("mud flat") des
tidal flats et marais maritimes, relativement grossiers dans la
partie inférieure ("sand flat") et dans les chenaux; la zone de
transition correspond au "mixed flat". Nombreuses structures
sédimentaires typiques: flaser bedding (sand flat), lenticular
bedding (mud flat), herringbone, rides d'interférence.
Bioturbation importante, nombreuses traces et témoins de
l'activité d'animaux terrestres durant la marée basse. Matière
organique (tourbe, charbon) abondante dans les marais
maritimes;
séquences: la séquence de progradation est de type "fining
upward": sables à stratifications entrecroisées, flaser ou lenticular
bedding (boues et sables), boues noires bioturbées;
fossiles: faune et flore tolérants aux changements de salinité et à
l'exposition: certains crustacés, huîtres,...
Figure III.12: A: la houle n'est pas perpendiculaire au rivage et le trajet d'un grain
sédimentaire lors de l'avancée d'une vague est différent de son trajet lors du recul de la vague
suivant la ligne de plus grande pente. Ceci induit un transport net parallèle au littoral. B:
développement d'une flèche par dérive littorale.
Flèche sableuse aux Sables d'Or, Bretagne.
Le long d'un transect perpendiculaire à la côte, en progressant vers le large, on constate une
diminution progressive de la granulométrie des sédiments et une grande variété de structures
sédimentaires. La plage en elle-même est caractérisée par des laminations planes parallèles,
témoins de la rapidité des courants. Ensuite, entre la basse plage et la base de la zone d'action
des vagues de beau temps ("shoreface") on observe des rides d'oscillation de vagues
symétriques et bifurquées, des stratifications en auges, des stratifications planes.
Sur les côtes exposées aux fortes houles (et où existe un stock sédimentaire suffisant) peuvent
se mettre en place des cordons de galets, localisés en haut de plage. Le transport a lieu lors
des tempêtes.
A: cordon de galets en haut de plage; la mer est à gauche de l'image; B: détail du cordon
reposant sur le sable de la plage; remarquer les marques de ruissellement ("rill marks") sur
le sable. Erquy, Bretagne.
A: stratification plane de plage. B: passage latéral entre des rides de courant et une
stratification plane, Zuydcoote.