Adherence Et Glissement Des Pneumatiques
Adherence Et Glissement Des Pneumatiques
Adherence Et Glissement Des Pneumatiques
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Ces progrès spectaculaires ne doivent pas occulter ceux accomplis au niveau des
pneumatiques, le pneu étant un produit de haute technologie et l’organe essentiel du
mouvement de la voiture.
‘‘Tout vient des pneus…’’ explique Pascal Vasselon, ingénieur français spécialiste
des études de châssis et liaison au sol en sports mécaniques. Et ce qui est vrai pour la
course automobile l’est également pour la voiture de monsieur tout le monde.
Commençons par tordre le cou à une idée reçue qui présente le centre de gravité
comme l’alpha et l’oméga des lois physiques : le centre de gravité n’est qu’un point virtuel,
un centre d’équilibre où s’applique la résultante des forces de gravitation qui agissent sur
les différentes masses du véhicule. Cette résultante, c’est le poids, autrement dit une force
d’orientation immuable (le centre de la Terre) et d’intensité constante (1).
Cela précisé, aucune autre force ne s’exerce jamais sur le centre de gravité
d’aucune masse, quelle qu’elle soit.
Un pneumatique moderne doit réunir des qualités qui, pendant longtemps, ont
semblé inconciliables : endurance, faible résistance au roulement, faible bruit de
roulement et surtout, adhérence.
La masse surfacique…
Le choix d’une gomme adaptée à un usage bien défini dépend d’une grandeur
nommée masse surfacique.
Surface de contact au sol des pneumatiques (d’après un document du ministère des transports, France).
Les valeurs courantes vont de 1,5 pour les voitures de tourisme avec deux
personnes à bord sans bagages (cela signifie que chaque centimètre carré de la bande de
roulement des pneumatiques doit alors freiner ou guider une masse d’1,5 kilogramme), à 8
pour les poids lourds (2).
Et tous les pneus ne se valent pas : à taille identique et à masse surfacique égale,
ces performances varient selon les manufacturiers, elles dépendent de la nature de la
gomme qui garnit la bande de roulement.
Le revêtement routier
En outre, la nature et les caractéristiques chimiques de la roche d’où ont été extraits
les granulats conditionnent les affinités de contact qui peuvent exister entre différents
matériaux.
- le poids qui pèse sur la roue, autrement dit la force verticale qui permet le contact
entre le pneumatique et le sol, car sans ce contact, rien n’est possible.
Phénomène d’indentation.
On a longtemps cru que la force verticale provenant de la masse qui pèse sur les
roues, et dont dépend le contact des pneumatiques avec le sol (c’est ce qu’on appelle
vulgairement le poids), constituait une limite que la force horizontale (de freinage ou de
guidage) ne pourrait jamais atteindre, et encore moins dépasser.
Roulement et glissement…
vitesse initiale
-1
(km.h )
50 70 90 110 130
distance de freinage
(m)
10 19 31 47 66
© association adilca reproduction interdite
vitesse instantanée
(km.h )
-1 50 70 90 110 130
rayon de trajectoire
(m)
20 38 62 94 132
© association adilca reproduction interdite
- dans le cas particulier d’un deux-roues qui décrit une trajectoire circulaire sur une
chaussée horizontale et sans dévers, outre le mode de calcul précédent, le coefficient
d’adhérence est très exactement égal à la tangente trigonométrique de l’angle
d’inclinaison par rapport à la verticale (voir dossier ADILCA ‘‘lois physiques deux-roues’’).
Le coefficient de glissement est calculé à partir des données transmises par les
capteurs de vitesse incorporés aux roulements de roues.
Ces données sont traitées par un calculateur qui, selon le cas, fait intervenir le
système antiblocage (ABS) ou le système anti-patinage (ASC / EDS, voir le dossier
ADILCA ‘‘électronique’’).
La dérive…
L’action de l’ESP consiste à agir sur l’un des freins de la voiture pour rétablir, dans
la mesure du possible, des valeurs cohérentes.
Le coefficient d’adhérence n’a aucune valeur prédictive puisqu’il résulte d’un calcul,
ce dernier n’intervenant qu’après un test de freinage ou de guidage.
D’abord, chacun sait que sur une route quelconque, les conditions d’adhérence
varient en permanence selon la déclivité, le dévers, la nature du revêtement, la
température du sol et celle des pneumatiques. Et pour un même revêtement, d’autres
facteurs influencent ces conditions : présence d’eau, de poussières, de feuilles mortes,
d’hydrocarbures, de gravillons, de terre ou de sable, de sel, de neige fraîche, de neige
tassée ou de glace...
Ensuite, même dans des conditions idéales d’expérience (route horizontale et sans
dévers, température idéale, revêtement rugueux, propre et sec), les performances de
freinage ou de guidage diffèrent selon les catégories de véhicules, ainsi que le montrent
les tests régulièrement publiés dans la presse spécialisée.
Un camion, par exemple, décélère en moyenne deux fois moins vite qu’une moto (8).
Pourrait-il faire aussi bien ? Oui, à condition d’avoir la même masse surfacique et des
pneumatiques garnis d’une gomme identique ! Hypothèse irréaliste : ainsi modifié, le
camion verrait sa capacité de chargement sérieusement réduite, tandis que le budget
alloué aux pneumatiques exploserait…
Enfin, soulignons, entre autre, le rôle de la masse : tout le monde sait (ou devrait
savoir) qu’une voiture lourdement chargée ne peut freiner ou virer aussi bien qu’à vide,
c’est, là encore, une question de masse surfacique. Toutes conditions égales par ailleurs,
le coefficient d’adhérence diminue donc avec l’augmentation de masse, et ce n’est qu’un
exemple !
Dans la conduite de tous les jours, les éléments de sécurité active tels que le
système antiblocage de roue (ABS), les systèmes anti-patinage (ASC / EDS) et le contrôle
électronique de trajectoire (ESP) sont des aides précieuses, car ils permettent de réguler
le glissement ou la dérive autour de valeurs optimales.
Mais gare à l’excès de confiance, car ces systèmes ont leurs limites : ils
n’améliorent pas les conditions d’adhérence, ils ne remplacent pas le conducteur et ne
corrigent pas non plus d’éventuelles réactions inappropriées…
(1) Le poids est constant sur une aire géographique donnée, et de variation négligeable jusqu’à 5 000 m
d’altitude (les plus hautes routes d’Europe n’atteignent pas 3 000 m : col du Stelvio en Italie, à 2 757 m
d’altitude, col de l’Iseran en France, à 2 770 m d’altitude). Par contre, le poids varie avec la latitude ( 0,25
%), en raison de la forme particulière de la Terre qui n’est pas parfaitement sphérique, mais légèrement
aplatie aux pôles et renflée à l’équateur (l’accélération gravitationnelle est fonction inverse du carré de la
distance qui sépare du centre de la Terre).
(2) Masse 40 tonnes, ensemble monté sur 12 pneumatiques de type 315 x 22,5.
(3) La décélération liée au freinage est ici exprimée en valeur absolue. L’accélération de référence est celle
-2
de la pesanteur terrestre (9,8 m.s ).
(4) On confond souvent le rayon de la trajectoire avec le rayon du virage, alors que tout l’art de la conduite
automobile consiste justement à les dissocier.
(5) Ne pas confondre glissement et glissance. La glissance est le terme utilisé par les Ponts et Chaussées
pour désigner l’état de surface d’un revêtement routier en dehors de toute situation de conduite, ce que nous
appelons ici le potentiel d’adhérence. Le glissement se rapporte à la vitesse relative des roues d’un véhicule
dans une situation de conduite (accélération, freinage ou guidage).
(6) Dérive est un terme de marine ; l’angle de dérive désigne l’écart entre le cap théorique et le cap
réellement suivi par un navire, définition évidemment impossible à transposer à l’automobile.
(7) Le lacet désigne le mouvement de rotation de la voiture autour d’un axe vertical. Si la voiture était
équipée de quatre roues directrices pivotant d’une même valeur angulaire, il n’y aurait pas de lacet.
Poids :
P=M.g
P : poids, exprimé en N
M : masse, exprimée en kg
g : accélération gravitationnelle, exprimée en m.s-2
(accélération gravitationnelle terrestre : g = 9,8 m.s-2)
cohérence des unités : P = kg . m.s-2 = N
Force :
F=M.ϒ
F : force, exprimée en N
M : masse, exprimée en kg
ϒ : accélération ou décélération, exprimée en m.s-2
cohérence des unités : F = kg . m.s-2 = N
F = 1 500 x 10 = 15 000 N
Décélération :
ϒ = V² / 2 D
Accélération transversale :
ϒ = V² / R
Coefficient de glissement
a = (V – v) / V
Exemple : calculons le coefficient de glissement d’une roue qui tourne avec une
vitesse circonférentielle de 80 km.h -1, la vitesse de translation de la voiture étant de 100
km.h-1 :
Coefficient d’adhérence :
μ=ϒ/g
μ = 10 / 9,8 = 1
μ = tangente α
ASSOCIATION ADILCA
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