La Loi de Wiedemann-Franz
La Loi de Wiedemann-Franz
La Loi de Wiedemann-Franz
CONCOURS 2020
PHYSIQUE II - MP
Si, au cours de l’épreuve, un candidat repère ce qui lui semble être une erreur d’énoncé, il le
signale sur sa copie et poursuit sa composition en expliquant les raisons des initiatives qu’il est
amené à prendre.
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Physique II, année 2020 — filière MP
La loi de Wiedemann-Franz
= T .
Cette relation est désormais connue sous le nom de loi de Wiedemann-Franz et la constante
, appelée coefficient de Lorenz, est indépendante du métal considéré.
Après sa découverte expérimentale, cette relation est restée pendant longtemps un grand
mystère pour les physiciens et questionnait sur le problème du transport de l’électricité et
de la chaleur dans les métaux. Elle résista à la modélisation pendant un demi-siècle.
Avec la découverte de l’électron et de ses propriétés en 1897 par le physicien anglais Joseph
Thompson des modèles furent envisageables. L’un des tout premiers est établi par le physicien
allemand Paul Drude en 1900, il permet d’interpréter le transport des électrons dans les
métaux dans le cadre d’un modèle classique.
Il sera repris une trentaine d’années plus tard dans un contexte quantique par les physiciens
allemands Arnold Sommerfeld et Hans Bethe. L’analyse microscopique fine des solides
devenait possible : elle fut à l’origine de très grandes avancées technologiques qui jalonnèrent
le xxe siècle et reste encore tout à fait d’actualité.
Nous proposons dans ce sujet de commencer (Partie I) par étudier un protocle expérimental per-
mettant de déterminer la conductivité électrique d’un métal (le cuivre). La loi de Wiedemann-
Franz sera alors démontrée dans un modèle statistique simple (Partie II), puis elle sera testée
expérimentalement pour le cuivre (Partie III). Ces trois parties sont très largement indépen-
dantes.
Sauf mention contraire, on limitera les applications numériques à des estimations ne comportant
au plus que deux chi↵res significatifs. Les données numériques utiles pour réaliser les applica-
tions numériques ainsi qu’un formulaire sont rassemblés en fin d’énoncé. Les vecteurs unitaires
sont surmontés d’un chapeau : kûx k = 1.
Courant de
Calibres Précision Résolution
Mesure
500 ⌦ 1 mA 0,1 ⌦
5 k⌦ 0,3% L + 3 UR 125 µA 1⌦
50 k⌦ 12,5 µA 10 ⌦
500 k⌦ 1,25 µA 100 ⌦
5 M⌦ 0,5% L + 3 UR 125 nA 1 k⌦
50 M⌦ 1% L + 3 UR 30 nA 10 k⌦
On cherche à déterminer la résistance électrique du fil à l’aide d’un autre montage, exploitant la
loi d’Ohm, un générateur de courant continu pouvant délivrer quelques ampères sous quelques
volts, un voltmètre et un ampèremètre, dont les notices indiquent :
Chute de
Calibres Précision Résolution
tension maximale
500 mV dc 11 M⌦ 0,1 mV dc
5 V dc 11 M⌦ 1 mV dc
50 V dc 0,3% L + 2 UR 10 mV dc
500 V dc 10 M⌦ 100 mV dc
600 V dc 1 V dc
Pour mesurer une résistance à l’aide d’un voltmètre et d’un ampèremètre, deux montages sont
possibles et représentés sur la figure 1.
#1 #2
V V
"1 "2
A ! A !
Montage 1 Montage 2
Avec le montage adapté, pour une intensité lue à l’ampèremètre de 5,23 A, le voltmètre affiche
287,5 mV (à chaque fois, on se place sur le calibre le mieux adapté).
3 — Estimer (avec un chi↵re significatif) la résistance électrique du fil. Comparer (de
manière chi↵rée) la précision de cette seconde méthode de mesure à celle de la question 1.
Comment procéder pour améliorer encore la qualité de cette seconde mesure ?
On peut s’interroger sur le sens physique de la durée ⌧ . On adopte pour cela le modèle suivant :
Soit un ensemble de N électrons de conduction. On désigne par ~vi (t) la vitesse, à l’instant t, du
i–ème électron de cet ensemble. On note p~(t) la quantité de mouvement à l’instant t moyennée
sur l’ensemble des porteurs de charge, soit
N
1 X
p~(t) = m~vi (t)
N i=1
+
Lors de son déplacement, un électron subit diverses collisions ; on note p~i,0 la quantité de
mouvement du i–ème après l’une de ces collisions. Un électron pris au hasard subit une collision
entre les instants t et t+dt avec une probabilité dt/✓ où ✓ est une constante positive. On rappelle
qu’en l’absence de collision il est uniquement soumis à f~C .
✓ ◆
dt + dt
6 — Justifier la relation p~i (t + dt) = p~i,0 + 1 p~i (t) + f~C dt
✓ ✓
d~p(t)
7 — Déduire de l’équation précédente une relation entre , p~(t), f~C et ✓ dans la limite
dt
dt ! 0. Commenter l’expression obtenue et relier ✓ à la durée ⌧ .
On note ⇧(t) la probabilité qu’un électron n’ait pas subi de collision entre un instant initial
t = 0 et l’instant t. L’instant initial est choisi tel que l’électron a subi sa dernière collision à
l’instant t = 0 , c’est-à-dire juste avant l’instant initial.
8 — Par une approche semblable à celle de la question 6, établir l’équation di↵érentielle
vérifiée par ⇧(t) pour t > 0. Intégrer cette équation pour obtenir l’expression de ⇧(t) en
fonction de ⌧ , puis calculer la moyenne temporelle de la durée entre deux collisions subies par
un électron. En déduire une interprétation physique de la durée ⌧ .
Pour obtenir l’expression de la conductivité thermique, on adopte un modèle unidimensionnel de
type gaz parfait. On note v la vitesse quadratique moyenne des électrons et on considère qu’ils
se déplacent de façon équiprobable selon +b bx à la vitesse v. Dans ce modèle, l’énergie
ux ou u
thermique est véhiculée globalement par les électrons le long de l’axe Ox, au grè des chocs. On
se place également en régime stationnaire. On note E T (x) l’énergie cinétique moyenne d’un
électron situé en x (à la température T (x)).
9 — À l’aide d’un bilan sur une section droite de métal située à l’abscisse x, montrer que
le flux thermique jq par unité de surface s’écrit :
1 h i
jq = nv E T (x v⌧ ) E T (x + v⌧ )
2
10 — En précisant les di↵érentes hypothèses de votre calcul, exprimer jq en fonction de v,
dT dE
⌧ , n, et de la chaleur spécifique d’un électron CV = . En retrouvant la loi de Fourier
dx dT
dans cette relation, déduire l’expression de la conductivité thermique du gaz d’électrons.
11 — Dans le cadre du modèle du gaz parfait classique monodimensionnel exprimer fina-
lement en fonction de n, T , kB , ⌧ et de la masse m de l’électron.
Pour modéliser l’e↵et de la lampe flash, on utilise le profil de température initial suivant :
8
< L si 0 x
T (x,0) =
:
0 sinon
où , et L sont trois constantes. L’évolution est suffisamment rapide pour que la plaque puisse
être supposée isolée, en première approximation, pour t > 0.
18 — Justifier qu’il faut chercher la solution du problème sous la forme :
1
X
T (x,t) = exp( ↵n t) [un cos (kn x) + wn sin (kn x)]
n=0
L’épaisseur est supposée très petite devant L. Un capteur optique permet de mesurer la
température T (L,t) de la face arrière de la plaque (située à l’abscisse x = L) en fonction du
temps t.
21 — Déduire de l’expression obtenue à la question précédente, que l’expression approchée
de T (L,t), pour t > 0, est :
" 1
#
X
T (L,t) ' ⇣(t) avec ⇣(t) = 1 + 2 ( 1)n exp( ↵n t)
n=1
0,8
0,6
!
0,4
0,2
"#$
1
0
1 2 3 4 5
La figure 3 représente la courbe expérimentale T (L,t) obtenue pour la plaque de cuivre étudiée.
"(#,!) [u.a.]
5
émission
du flash
→
0
! [ms]
16 32 48 64 80 96 112 128 144 160
24 — Les valeurs obtenues aux questions 4 et 23 (on prendra T ' 300 K) sont-elles
compatibles avec la loi de Wiedemann-Franz ?
Données numériques
19
• e = 1,6 ⇥ 10 C est la charge élémentaire
23 1
• kB = 1,4 ⇥ 10 J·K est la constante de Boltzmann
1
• c = 4,0 ⇥ 102 J · K 1
· kg est la capacité thermique massique du cuivre
• ⇢ = 9,0 ⇥ 103 kg · m 3
est la masse volumique du cuivre
31
• m = 9,1 ⇥ 10 kg est la masse d’un électron
Formulaire
Pour tout réel ↵ 6= 0 et pour tout couple (m,n) d’entiers positifs on a :
8 ↵
Z ↵ ⇣ ⇡mu ⌘ ⇣ ⇡nu ⌘ < si m = n 6= 0
cos cos du = 2
0 ↵ ↵ :
0 si m 6= n
FIN DE L’ÉPREUVE
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