Methodologie Economique Premiere Partie
Methodologie Economique Premiere Partie
Methodologie Economique Premiere Partie
Méthodologie économique
Première Partie
P. Combes Motel
1ère partie. L’économie est-elle une science ?
Sommaire
Bibliographie
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1ère partie. L’économie est-elle une science ?
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1ère partie. L’économie est-elle une science ?
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1ère partie. L’économie est-elle une science ?
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Quadrige, Dicos Poche.
12 janv. 10 vi
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1ère partie. L’économie est-elle une science ?
Encadré 1. Empirisme
Pour l’empiriste, une théorie est scientifique si elle peut être mise à l’épreuve des faits. C’est l’expérience, les
faits ou encore les résultats expérimentaux qui donnent la mesure du succès des théories. Un accord entre une
théorie et les données joue en faveur de la théorie ou la laisse inchangée, tandis qu’un désaccord la met en danger
et force peut-être même à la rejeter. En ce sens, l’inductivisme et le falsificationisme participent, quoique chacun
à leur façon, de l’empirisme.
« On appelle habituellement ‘induction’ toute forme d’inférence par laquelle on passe d’un ensemble fini
d’observations particulières à une conclusion générale, et qui n’est pas de nature démonstrative […] Il y a
différentes formes d’inférences inductives, mais la principale est l’induction énumérative (ou ‘baconienne’), qui
part de la prémisse qu’un phénomène a toujours suivi un autre jusqu’à présent, et conclut que ces phénomènes
seront toujours associés dans le futur »
Est fréquemment confondue avec l’abduction qui est une opération qui n’appartient pas à la logique et permet
de sauter du chaos qui constitue le monde réel à un essai de conjecture sur la relation effective que vérifient
l’ensemble des variables pertinentes ; est une méthode non démonstrative de validation ou de confirmation de
relations causales. L’adduction renvoie au contexte de la découverte.
1) Induction 2) Déduction
Le positivisme « consiste à ‘écarter comme nécessairement vaine toute recherche quelconque des causes
proprement dites, soit premières soit finales, pour se borner à étudier les relations invariables qui constituent les
lois effectives de tous les phénomènes observables’. L’esprit se contente alors de ‘l’appréciation systématique de
ce qui est’. Comte ne se lassera pas de répéter à ses divers auditoires que l’esprit, pour devenir positif, doit se
détourner de la question du ‘pourquoi’ ? pour se limiter au ‘comment’ ? des phénomènes ; qu’il doit cesser
d’espérer ou de prétendre rendre compte de leur mode de production ou de leur nature intime ».
Source : Addo et Davidson in Leroux, A. & A. Marciano (sous la direction de) 1999, p. 322).
12 janv. 10 2
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1ère partie. L’économie est-elle une science ?
Les prémisses d’une théorie sont vraies car tirées de l’expérience. Un raisonnement purement déductif
conduit des prémisses aux implications qui sont vraies, parce que les prémisses sont vraies càd reflètent la réalité
des choses. L’effort du chercheur porte donc sur la vérification de ses hypothèses, càd sur leur réalisme et non sur
l’adéquation de la théorie à la réalité.
Définition 6. Le falsificationisme
Pour le falsificationiste, la science commence toujours par des problèmes. Une fois un problème identifié, des
conjectures sont proposées pour le résoudre. Une conjecture, pour être scientifique, doit se montrer falsifiable.
Elle l’est si la logique autorise l’existence d’un énoncé d’observation qui la réfuterait s’il se révélait vrai. Les
théories ou hypothèses sont scientifiques, si elles sont empiriquement infirmables.
« Le problème de l’induction est celui de savoir si et comment nous pouvons, à partir de la connaissance de
faits singuliers que nous tirons directement de notre expérience, acquérir des connaissances sur des faits ou sur
des choses situés au-dehors du champ de notre connaissance. Plus particulièrement, pouvons-nous, sur le
fondement de ce que nous savons sur ce qui s’est passé ou sur ce qui se passe dans le présent, obtenir des
connaissances sur ce qui se passera dans l’avenir ? Il s’agit d’un problème logique portant sur la question de
savoir si – et comment – de telles inférences peuvent être rationnellement justifiées ou si elles ne sont fondées
que sur une croyance irrationnelle. »
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1ère partie. L’économie est-elle une science ?
Source : Popper, KR. 1974 cité par Sokal, A. & J. Bricmont, 1997, p. 105.
« Il n’est pas douteux que toutes nos connaissances ne commencent avec l’expérience… Ainsi, dans le temps,
aucune connaissance ne précède en nous l’expérience, et toutes commencent avec elles. Mais si toute notre
connaissance commence avec l’expérience, il n’en résulte pas qu’elle dérive toute de l’expérience »
Critique de la raison pure. Pour Kant, toute connaissance contient des éléments a priori (produits par notre
propre «pouvoir de connaître»), comme les formes de la sensibilité, les catégories et les principes.
12 janv. 10 4
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1ère partie. L’économie est-elle une science ?
[…] La science n’est pas une recherche d’informations objectives se situant hors du contexte subjectif et
émotionnel. C’est une activité de création dont les plus grands représentants se sont comportés en artistes plutôt
qu’en machines à analyser les informations. Les nouvelles théories ne sont pas simplement la conséquence de
découvertes récentes, mais le produit de l’imagination créatrice influencée par le contexte social et politique. Il
ne faut pas porter un jugement sur le passé en fonction de nos propres convictions et considérer comme des héros
les hommes de science qui semblent avoir eu raison en fonction de critères sans rapport avec ce qu’ils voulaient
dire. C’est pure folie de dire qu’Anaximandre (au 6ème siècle avant JC) était le premier des évolutionnistes, sous
prétexte que, voulant montrer que l’eau était le plus important des quatre éléments, il soutint que la vie était
apparue dans les océans. »
La pensée scientifique créatrice ne consiste « pas seulement à rassembler des faits et d’en tirer une théorie,
mais bien d’un processus complexe faisant appel à l’intuition, aux opinions et à la connaissance des autres
domaines scientifiques. Le jugement et le savoir-faire de l’homme doivent intervenir à toutes les étapes. Après
tout, et bien que nous ayons tendance à l’oublier, ce sont les êtres humains qui font la science. »
« La légende à propos du travail de terrain veut, par exemple, que les grands changements dans les idées aient
été promus par des découvertes princeps. Tout au bout du sentier, après avoir sué sang et eau pendant des
semaines, l’intrépide scientifique casse un morceau de roche, en un endroit le plus inaccessible et s’écrie :
Eurêka ! apercevant le fossile qui va secouer le monde entier. […]
La même vue erronée fonde la légende qui court au sujet du travail en laboratoire : les nouvelles idées ne
naîtraient que de découvertes princeps. Selon cette conception des ‘frontières’, on ne pourrait progresser qu’en
‘voyant l’invisible’, c’est-à-dire en mettant au point de nouvelles techniques permettant de discerner ce qui ne
pouvait l’être jusque-là. Le progrès serait donc dépendant de l’invention et du perfectionnement de nouveaux
appareils complexes et coûteux. L’innovation serait donc inextricablement liée à des kilomètres de verrerie, de
batteries d’ordinateurs, des avalanches de chiffres, des séries de centrifugeuses et d’énormes et coûteuses équipes
de recherche. Il y a certes belle lurette que les laboratoires ne sont plus remplis de ces merveilleux objets style
arts déco des années 30, à l’image de celui où le baron Frankenstein domestiquait la foudre pour donner vie à ses
monstres, mais cette représentation archétypale du lieu de travail scientifique, pleine d’éclaires lumineux, de
rangées de boutons et de cadrans tournoyants, illustre parfaitement un mythe qui n’a, depuis, cessé de croître. »
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1ère partie. L’économie est-elle une science ?
Les prémisses sont vraies (première partie de la phrase) mais la conclusion (deuxième partie) n’en découle
pas logiquement. Le ‘donc’ n’est pas démonstratif, n’est pas valide.
Pour Blaug, M. 1994 (p. 16) : « un raisonnement non démonstratif peut dans le meilleur des cas persuader
une personne raisonnable, alors qu’un raisonnement démonstratif doit convaincre une personne même entêtée »
Dans l’exemple ci-dessus une personne raisonnable peut être persuadée que tous les cygnes sont blancs, mais
une personne entêtée, même si elle n’a jamais vu de cygnes noirs de sa vie peut continuer de croire qu’il existe
des cygnes blancs.
(i) Enoncé de loi n°1 : Toutes (ii) Enoncé de loi n°2 : Si une branche (iii)Enoncé de conditions
les entreprises maximisent se trouve en situation de concurrence initiales : La branche à laquelle
leurs profits parfaite à long terme, toute entreprise appartiennent les entreprises
de cette branche maximise son profit en XXX se trouve en situation de
égalisant son coût moyen et le prix concurrence parfaite à long
auquel elle vend terme
Enoncé Explanandum :
(iv) Chacune des entreprises XXX
égalise son coût moyen et le prix
auquel elle vend.
12 janv. 10 6
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1ère partie. L’économie est-elle une science ?
« La falsifiabilité est le critère d'une théorie (d'un énoncé, d'une proposition...) qui peut être falsifiée, c'est-à-
dire dont la forme logique permet qu'elle puisse être éventuellement réfutée après avoir été soumise à des tests.
Fondée sur l'asymétrie, résultant de la forme logique des énoncés universels, entre la vérifiabilité et la
falsifiabilité, cette dernière est définie par K. Popper «comme un critère de démarcation (et non de signification)
destiné à distinguer les énoncés scientifiques des systèmes (parfaitement dotés de signification) d'énoncés
métaphysiques». Les théories ne pouvant jamais être vérifiables empiriquement, «le critère de falsifiabilité
permet de décider des énoncés authentiques décidables en partie, c'est-à-dire d'énoncés qui, pour des raisons
logiques, ne sont pas vérifiables mais, de manière asymétrique, falsifiables seulement».
Selon ce critère, les énoncés, ou systèmes d'énoncés, «communiquent une information relative au monde
extérieur dans la seule mesure où ils sont capables d'entrer en conflit avec l'expérience ou, plus précisément, dans
la seule mesure où ils peuvent être soumis à des tests qui pourraient avoir pour résultat leur réfutation»
(K. Popper, la Logique de la découverte scientifique, 1935). »
Source : http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/na/na_2424_p0.html
Encadré 15. Les hypothèses auxiliaires ne permettent pas de tester les propositions
scientifiques de manière indépendante (Quine)
« Nos énoncés à propos du monde extérieur font face au tribunal de l’expérience sensorielle non pas
individuellement mais dans leur ensemble. […] Prise collectivement, la science a une double dépendance, à la
fois par rapport au langage et par rapport à l’expérience ; mais cette dualité ne peut être repérée de façon
significative dans les énoncés scientifiques pris un à un. […] L’unité de signification empirique est la science tout
entière. »
« L’ensemble de la science est comparable à un champ de forces, dont les frontières seraient l’expérience. Si
un conflit avec l’expérience intervient à la périphérie, des réajustements s’opèrent à l’intérieur du champ […]. Le
champ total est […] sous-déterminé par ses frontières. »
Sources : Quine, WVO. 1980, pp. 41-2 cité par Sokal, A. & J. Bricmont, 1997, p. 108 et Quine, WVO, 1969,
1977, cité par Popelard, MD. & D. Vernant, 1997, p. 91.
12 janv. 10 7
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1ère partie. L’économie est-elle une science ?
Source : Lacroix, M.
http://mecano.gme.usherbrooke.ca/~mlacroix/ENERGIE/Lois%20de%20la%20thermodynamique.pdf
consulté le 22 sept. 08
Adam Smith (1776, Recherche sur les causes et la nature de la richesse des nations, livre IV, Ch. 2
12 janv. 10 8
© P. Combes Motel
1ère partie. L’économie est-elle une science ?
Est aussi une réaction à certaine incapacité économistes classiques à répondre aux questions soulevées par la
première révolution industrielle. Elle a donné naissance aux écoles historiques, notamment allemandes. D’où une
opposition d’abord aux économistes classiques, puis aux néo-classiques, dont le point culminant est la Querelle
des Méthodes fin 19ème siècle.
L’école historique naît en Allemagne, se développe dans d’autres pays dans 2ème moitié 19ème. Récuse l’idée
d’universalité de l’analyse économique. La Nation : ensemble organique où lois et objectifs propres. Ex : Fichte
et surtout F. List (Le système national de l’économie politique, 1841). Les lois, relations économiques n’ont pas
de caractère absolu car dépendent des époques, des pays. L’Etat intervient dans le commerce, protectionnisme =
sauvegarde intérêts nationaux.
Hypothèse Homme économique (J. S. Mill) : psychologie rudimentaire, dépourvu de sens moral et
patriotique. Motivation humaines multiples, variables selon les sociétés. Egoïsme et contraintes quantitatives
existent mais peuvent être contrôlées par la morale et la loi.
Encadré 20. La Querelle des Méthodes : l’école historique contre les Classiques
Oppose l’école historique à l’école classique. Principal point d’achoppement entre classiques et écoles
historiques. Hostiles à déduction et à abstraction car ne permettent pas saisie complexité historique des
phénomènes économiques. Point de départ : analyse « inductive » des institutions économiques et sociales => lois
naturelles du développement historique (Roscher). List contre Ricardo : contre le libre-échange, l’économie
nationale passe par plusieurs étapes (chasse, pâturage, système agricole, agricole et manufacturier, industriel et
commercial). Etapes => justification nécessité protection, ex. de la Grande Bretagne jusqu’au début 19ème siècle
qui lui permet ensuite d’asseoir sa suprématie.
Méthode déductive = ne peut se substituer à étude faits historiques, science économique = relative.
Encadré 21. La Querelle des Méthodes : la polémique entre l’école historique et les
marginalistes.
C. Menger (1884) : reproche caractère non théorique, pragmatisme d’une pensée uniquement destinée à
défense intervention Etat. Menger : distingue lois hypothétiques (produits opérations logiques) et lois empiriques
(produits de la statistique) => condamne procédés descriptifs mal définis utilisés par école historique.
Renversement point de vue : histoire ne doit pas guider la politique économique, rôle subordonné de l’histoire /
analyse économique. G. Schmoller : analyse valeur, monnaie, prix = réductrice car néglige relations organiques.
J. Schumpeter (1954) : querelle = gaspillage car position ne sont pas aussi contradictoires.
12 janv. 10 9
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1ère partie. L’économie est-elle une science ?
12 janv. 10 10
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1ère partie. L’économie est-elle une science ?
Un cycle correspond à des fluctuations, dont l’origine s’explique par le fonctionnement décentralisé des
économies de marché ;
Un cycle est caractérisé par une succession d'expansions (booms) et de récessions (slumps). Cette alternance
de pics et de creux n’est pas définie par une périodicité régulière. La durée d’un cycle, et de ses phases
ascendante et descendante, peuvent varier considérablement, de six à trente deux trimestres selon Burns et
Mitchell : les points de retournement qui y sont associés ne constituent donc pas une chronique régulière. Ainsi
défini, le cycle économique constitue avant tout une récurrence de phases d’expansion et de contraction.
12 janv. 10 11
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1ère partie. L’économie est-elle une science ?
Le rapport capital et de la production (K/Y) dépourvu de toute tendance systématique. Autrement dit : taux de
croissance du capital et de la production peu différents. Actuellement compris entre 2 et 3 dans les pays
développés.
Taux de rendement du capital (taux de profit P/K, taux d’intérêt réel mesuré par r) approximativement stable.
Par conséquent, stabilité de la répartition des revenus entre salaires et profits (mesurée par w.L/Y et r. K/Y). En
effet si Y/L augmente, L/Y diminue multipliée par w qui augmente d’où stabilité de w.L/Y). De plus si stabilité de
r et de K/Y, stabilité du produit des deux.
Taux de croissance du PIB par tête très variables d’un pays à l’autre. Peuvent également varier dans le temps.
En corollaire : le classement des pays selon le revenu peut varier au cours du temps.
« Truly important hypotheses will be found to have ‘assumptions’ that are widely inaccurate, descriptive
representations of reality, and in general, the more significant the theory, the more unrealistic the assumptions (in
this sense)… The converse of the proposition does not of course hold: assumptions that are unrealistic (in this
sense) do not guarantee a significant theory… To be important, therefore, a theory must be descriptively false in
his assumptions »
Encadré 35. La capacité prédictive des sciences sociales et des sciences de la nature
« Il n’est pas né le physicien qui pourra me donner une prédiction quant à savoir où aboutira un billet de 100
$ laissé sur la chaussée par un jour de grand vent (en revanche la théorie économique permet de prédire qu’il a de
grandes chances d’aboutir dans les poches d’un heureux passant…) ».
Conséquence : une théorie qui est plus performante pour faire des prévisions est acceptable, et ce
indépendamment du caractère irréaliste de ses propres hypothèses. Si toute théorie se doit de prédire
correctement les faits, elle n’a pas à s’embarrasser d’un quelconque réalisme des hypothèses.
12 janv. 10 12
© P. Combes Motel
1ère partie. L’économie est-elle une science ?
12 janv. 10 13
© P. Combes Motel