M7 Du 8 Mars 16
M7 Du 8 Mars 16
Journal
d’information
indépendant
N°25
02/03/16
08/03/16
GRATUIT
É C O N O M I E , D É V E L O P P E M E N T E T C U L T U R E
Edito Question 6
de vision
u cours des 30 dernières années, le para-
digme du développement a été essentielle-
ment fondé sur la croyance selon laquelle
le rôle du gouvernement devrait se limiter
à assurer la stabilité macroéconomique,
la protection des droits de propriété et la fourniture de
biens publics. Vers le début des années 80, les stra-
tégies publiques et nationalistes de développement
Au nom de
en vigueur dans la plupart des pays africains ont ainsi
été dénoncées, au motif qu’elles étaient inefficaces
et responsables de la corruption et du ralentissement
de la croissance. Ainsi, un train de mesures connues
sous le qualificatif de « politiques néolibérales » a été
recommandé. Elles comprenaient la libéralisation du
commerce et des investissements étrangers, la priva-
tisation des entreprises publiques, la déréglementation
la convergence
des marchés, des politiques macroéconomiques plus
« prudentes » et une meilleure protection des droits de
propriété intellectuelle. Pour de bonnes et de mauvai-
ses raisons, les politiques néolibérales ont eu une gran-
de influence sur l’Afrique. La performance économique
relativement faible du continent dans les années 60 et
70, comparée à celle du reste du monde en développe-
économique
ment, a exacerbé le scepticisme autour des stratégies
publiques de développement. Confrontés en perma-
nence à des crises de change, les pays du continent
ont pour la plupart éprouvé la nécessité de s’approcher
de Bretton Woods et s’étaient ainsi trouvés obligés se
soumettre aux conditionnalités des « puissants ».
ONE
De nouveau sous les projecteurs
n octroyant officiellement un
permis environnemental à loi en vigueur depuis maintenant deux
un projet d’exploitation pé- décennies. Mais le grand problème de
trolière, l’Office National pour l’ONE, avec sa petite soixantaine de
l’Environnement (ONE) rede- collaborateurs, est d’ordre budgétaire.
vient au devant de la scène, avec un La raison en est que l’Office dépend
éclat particulier. La signature du Pro- essentiellement des frais d’évalua-
gramme de Gestion Environnemen- tion et des reliquats de … 2008. Les
tale (PGE), relatif à la Phase d’Ex- aides étrangères ayant été suspen-
ploitation du Bloc 3104 de Tsimiroro, dues conséquemment à la récente
peut en effet être considérée comme crise politique de 2009. Si un opéra-
un événement économique inédit. Un teur minier opte pour la LGIM, l’ONE
point de départ pour la mise en œu- pourrait envisager d’encaisser plus de
vre du Plan de Développement dudit 100 000 dollars dans une opération,
Bloc, après approbation du Conseil soit le dixième de son budget d’avant
des ministres du 15 avril 2015. la crise. Un cas qui ne s’est jamais
nemental (EIE). Il aura donc fallu plus accélérer la procédure. manifesté depuis Ambatovy...
Pour la petite histoire, le projet Tsimi- de 10 ans pour que tout soit ficelé et
roro a débuté vers le milieu des an- que l’on puisse s’attaquer au vif du su- Le Directeur général de l’ONE, Jean Généralement, le système de tarifica-
nées 2000 par un Contrat de Partage jet : l’exploitation. Certes, l’ONE a dû Chrysostome Rakotoary, est convain- tion appliqué est dégressif, allant de
de Production entre l’OMNIS, repré- tenir compte de plusieurs paramètres cu qu’avec les expériences acquises, 0,5% à 0,1% du montant des inves-
sentant l’Etat malgache et la Compa- : biodiversité, gestion de l’eau, gestion le guichet unique qui délivre les per- tissements d’un projet. Mais cela peut
gnie Madagascar Oil S.A. Deux ans des déchets et des émissions, gestion mis et des certifications aux projets aussi être forfaitaire comme les 400
plus tard, l’ONE a donné le « feu vert des zones de pâturages, conditions miniers et industriels pourrait travailler 000 dollars versés par le projet Amba-
» à Madagascar Oil pour ses travaux de recrutement, réhabilitation de la plus vite. A savoir que l’évaluation se tovy. Une des incohérences du décret
de prospection avec comme condition route nationale RN1/RN1 bis.... Mais base sur le décret MECIE qui fixe les MECIE qui, s’il était appliqué à la let-
le respect d’un cahier des charges ceux qui ont suivi de près ce dossier règles et procédures à suivre en vue tre, aurait permis à l’ONE d’encaisser
confectionné sur la base des résultats pensent qu’il est temps pour Mada- de la mise en compatibilité des inves- plus de 5 millions de dollars n
d’une série d’études d’Impact Environ- gascar de se donner les moyens pour tissements avec l’environnement. Une
Cyberconsommation
Sa vulgarisation se fait attendre
La Grande île qui essaye de combler
la fracture technologique n’est pas en
reste même si la cyberconsommation
n’est pas encore très développée, elle
est même quasi inexistante. Les sites
d’échanges et d’achat sont légion,
mais ce sont plutôt des plateformes
pour les acheteurs et les vendeurs.
Des transactions de type Amazon
n’existe pas encore à Madagascar,
comme l’explique Andry Johanessa,
un développeur : « La contrainte à
notre niveau se situe encore dans le
refus des banques locales d’admettre
les paiements électroniques en ligne.
Nos banques n’acceptent pas encore
les paypal, un service de paiement en
ligne qui permet de payer des achats,
de recevoir des paiements, ou d’en-
voyer et de recevoir de l’argent. » En
effet, le problème lié à la sécurisation
des transactions est encore un frein
pour le développement de la cyber-
il Razafintsalama du tamment en matière de paiement par se font virtuellement, l’article est livré consommation. Toutefois, notre inter-
GOTICOM, le groupe- mobile. Alors pourquoi nos services fi- dans l’heure ou les jours suivant la locuteur tient à souligner les efforts
ment des opérateurs nanciers ne franchissent toujours pas commande. Cet aspect de la transac- et les avancées constatés au niveau
TIC, a une nouvelle fois le pas aujourd’hui alors que le poten- tion commerciale a gagné beaucoup de la démonétisation pour le secteur
rappelé que le cadre ré- tiel de générer beaucoup plus de va- de terrain dans de nombreux pays. des mobiles par exemple. Ainsi, il n’y
glementaire et la densité des réseaux leur ajoutée locale, notamment dans Des sites comme Amazon ou eBay a pas de raisons particulières qui em-
permet aujourd’hui de faire de la cy- le tourisme et dans le e-commerce ? sont les représentants par excellence pêcheraient que le même modèle soit
berconsommation une réalité quoti- » A savoir que la cyberconsommation de ce type de secteur en pleine ex- appliqué au domaine du commerce
dienne à Madagascar. Et lui de se de- est le fait de consommer des produits pansion. En France par exemple, on en ligne. Nous avons la technologie
mander pourquoi le mécanisme tarde par commande sur internet, via des cy- comptait plus de 40 millions d’inter- nécessaire et les personnes pour dé-
à se mettre en place : « Alors que nous bercommerçants. C’est donc un autre nautes et pratiquement autant d’ache- velopper cette plateforme. Les négo-
pouvons payer à l’étranger, la course aspect du commerce, sa spécificité teurs en ligne. C’est dire si ce mode ciations doivent être menées auprès
au commerce de services est lancée. réside dans la dématérialisation des d’achat est entré dans les habitudes de l’Etat et des institutions financières
Nous sommes bien positionnés no- transactions. L’achat et le paiement et les mœurs des internautes. n
Agriculture Artisanat
Très dépendant du tourisme
Manque de fermes modernes
es paysans malgaches cultivent en moyenne
moins de 2 hectares pour faire vivre 5 ou 6 per-
sonnes. Ils travaillent majoritairement à la main,
L
et encore trop rarement en culture attelée avec
une simple paire de zébus, sur des parcelles
extrêmement morcelées et de ce fait non mécanisa- Les chiffres du ministère en charge de
bles Ils n’achètent que très peu d’engrais et utilisent l’Artisanat indiquent que les touristes
peu de semences améliorées. Son rendement moyen représentent plus de 13% du marché
en paddy est de 2 tonnes environ par hectare. Sa pro- des produits artisanaux. C’est dire que
duction est d’abord destinée à nourrir la famille. Les la baisse de performance du secteur
surplus vendus représentent en moyenne moins de touristique malgache depuis le déclenchement
100 000 ariary par tête et par an en revenu monétaire de la crise en a eu de fâcheuses répercus-
(hors autoconsommation). L’avenir de Madagascar sions sur le chiffre d’affaires des opérateurs
est pourtant toujours étroitement lié à l’agriculture et de la filière artisanat. Et même si les exporta-
notamment à l’agro-alimentaire. Pour les spécialistes, tions de produits artisanaux n’ont souffert que
sans abandonner la production et l’exportation de pro- faiblement de la crise, les acteurs de la filière
duits de rentes tels que la vanille, le girofle ou le café, attendent encore la vraie reprise du secteur
il est désormais important de privilégier les produits à tourisme car les clients nationaux, qui repré-
plus forte valeur ajoutée et les produits dont ont besoin sentent aujourd’hui plus de 70% du marché,
l’industrie agro-alimentaire. Mais les campagnes mal- demeurent prudents en matière de dépenses.
gaches doivent disposer de plus de fermes modernes. Du côté du gouvernement, on est persuadé
Or, le pays ne compte que moins de 300 fermes mé- qu’il faut appuyer le secteur afin qu’il puisse
canisées. Elles exploitent de vastes domaines (30 à 2 mieux s’imposer sur le marché international.
000 hectares) aménagés en parcelles adaptées à la Aussi, plus de 300 certificats ont été délivrés
par ce département en faveur des artisans.
motorisation n
Aéroport d’Ivato
Moderniser jusqu’où ?
e programme d’extension et
de modernisation de l’aéroport
international d’Ivato n’est que
dans sa phase d’entame. Le
but premier, pour le gouverne-
ment, est d’installer les infrastructures
minimum exigées par « le cahier des
charges » du Sommet de la Fran-
cophonie. On attend ainsi la suite
concrète du projet qui, sauf chan-
gement, prévoit des travaux qui de-
vraient aller sur trois ans. Pour rappel,
la pose de la première pierre du grand
projet avec le Japon a été effectuée en
2008 en présence des hautes autori-
tés malgaches et de l’ambassadeur
du Japon. Les Nippons ont en effet
donné leur accord pour aider financiè-
rement et techniquement Madagascar
pour la réalisation du projet. Les tra-
vaux ont été initialement divisés en 6
tranches et la première phase aurait
du se terminer en juin 2009. Une en-
veloppe de plus de 22 milliards ariary
a été prévue pour cette première tran-
che dont 8,475 milliards ariary issus
du fonds de contre-valeur japonais,
3,727 milliards ariary de la caisse de
l’Etat et le reste, soit 10,165 milliards
ariary, de l’ADEMA (Aéroports de Ma- nouvelle aérogare qui pourra accueillir Place aux Français… alors déclaré à la presse que le calen-
dagascar). Les travaux devaient être 2500 passagers tandis que la troisiè- drier sera respecté et que le système
confiés à l’entreprise japonaise Daiho me tranche touchera l’extension de la Après l’accession de Hery Rajaona- de mise en concession ne signifie pas
Corporation. piste d’envol d’une longueur de 500 rimampianina à la présidence, l’Etat que l’État se désengage ou que l’État
mètres. Ivato pourra ainsi recevoir à ce a décidé de lâcher les Japonais au a vendu ces aéroports aux étrangers.
L’extension prévue s’étend sur près moment-là plusieurs avions gros por- profit du consortium Aéroport de Pa- Chez ADEMA on joue la discrétion tout
de 10 hectares de terrains dont une teurs dont ceux qui ont une capacité ris (ADP)-Bouygues et Colas. Contre- en essayant de rassurer son person-
partie appartenant à la base aéro- de plus de 400 passagers. La mise en partie : une redevance mensuelle de nel qu’il n’y a pas à s’inquiéter outre
navale d’Ivato. Un schéma préservé place de piste de secours suivie d’une 3 millions d’euros. Les négociations mesure. Rappelons que le personnel
malgré l’arrivée des nouveaux parte- seconde piste d’envol était également pour les différentes clauses du contrat de l’ADEMA, du moins en partie, a
naires réunis en consortium. Au terme au programme. Enfin, la construction de partenariat ont ainsi été effec- contesté cette mise en concession et
des premières phases des travaux, il d’un nouveau terminal devait clôturer tuées. Mais les travaux qui devaient a soutenu que l’État était en mesure
était prévu que le tarmac pourra ga- ce projet d’extension de l’aéroport. Le commencer au plus tard au début du de trouver les moyens nécessaires
rer 7 avions. Un pavillon présidentiel financement de tous ces travaux né- mois de juillet 2015 ont pris du retard. pour moderniser nos infrastructures
et un grand parking figuraient égale- cessitent un financement de près de Le ministre d’État en charge des pro- aéroportuaires sans se compromettre
ment dans le projet. La seconde étape 140 millions de dollars. jets présidentiels, des infrastructures dans des accords « douteux » n
consiste en la mise en place d’une et de l’équipement, Rivo Rakotovao, a
ASIA - IO
Au nom
de la convergence
économique
Résolument multisectoriel ne fois de plus, l’agence
Première Ligne, chef de file
une plateforme où se mêleront le B to
B et le B to C, pour accompagner les
n’a pas non plus manqué de rappeler
la situation géoéconomique de Mada-
ÉDITORIAL
Asia is beautiful! Rafraichir l’histoire » pour notamment inscrire le climat des af-
faires dans une spirale positive.
Déterminé à vouloir contribuer à écrire
le présent et le futur de Madagascar et
des îles voisines, ASIA-IO va réactualiser, La presse joue le jeu
2500 ans plus tard, une sphère d’influence
utour de cette interjection positive, se commerciale qui fût jadis dominée par une Inscrit à l’agenda mondial des salons,
pose la question géo économique de véritable thalassocratie qualifiée par les retenu par le Toptradefairs international
la relation du Sud-ouest de l’Océan In- scientifiques, ayant la reconnaissance de et marketer par le label « évènements 4
dien avec l’ensemble de l’Asie. En ef- leurs paires, d’austronésienne. Les ma- étoiles », la conférence de presse de pré-
fet, si nous ne devions prendre l’exem- lagasy, descendant des premiers naviga- sentation de l’évènement ASIA-IO a sus-
ple que de la France, il est intéressant de constater teurs de l’humanité, ayant régulièrement cité une mobilisation sans précédent de
que la plus grande ambassade de la France dans accueilli des navigateurs pratiquant la na- l’ensemble des médias tant télévisuels,
un pays étranger ne se trouve pas aux Etats Unis vigation hauturière, suivi plus tard de l’ar- radiophoniques, écrits ou sur les réseaux
ou chez l’un de ses voisins européens, mais elle se mada du grand amiral chinois Zheng He sociaux divers et variés. Habitué à recevoir
trouve en Chine. Quoi de plus normal, l’ensemble ayant ouvert au XVème siècle la fameuse une vingtaine d’entités par conférence de
des observateurs de la vie économique planétaire route maritime de la soie, tous ces mouve- presse - représentant une quarantaine de
nous dise que l’histoire réelle de la croissance éco- ments bien antérieur aux mouvements ma- médiateurs -, cette dernière conférence de
nomique se jouera, au moins pour le demi-siècle à ritimes européens ont constitué le théâtre presse a accueilli exactement 48 entités
venir, en Asie. Aussi, depuis l’investiture du prési- d’échanges commerciaux incroyables que représentant 67 médiateurs. Un record ! A
dent de la République Hery Rajaonarimampianina, nous pourrions probablement considérer savoir que dans la dynamique d’annonce
l’économie de ce pays est actuellement engagée comme étant les pionniers de ce qu’il est de cette première édition d’ASIA-IO, le
dans une véritable reconstruction et connait une convenu d’appeler « mondialisation éco- comité d’organisation choisi de commu-
effervescence commerciale et économique animée nomique ». niquer à l’avance à travers des panneaux
par le monde des affaires tant au niveau national, publicitaires de pré-information et de quel-
régional, qu’international. Revenons ici à la déclara- ques supports médiatiques.
tion du chef de l’Etat malgache faite un 15 mai 2014
à propos de diplomatie économique : « Notre ap- ASIA-IO inaugure
proche sera résolument multilatérale et nous nous la saison
efforcerons de nous attacher la contribution de tous Les ZES pour capter
pour appuyer notre stratégie de croissance accélé- les investissements
rée et rapide. » asiatiques
Parmi les futures forces d’attraction éco-
nomique de Madagascar figure en haut
de liste l’aménagement des Zones Eco-
nomiques Spéciales (ZES). Lors de son
allocution à l’occasion de la cérémonie
d’ouverture du 17ème Salon de l’Habi-
Premier évènement économique de dimen- tat à Madagascar, le ministre d’Etat Rivo
sion réellement internationale de cette an- Rakotovao a déclaré que la promotion des
née 2016, ASIA-IO n’a pas mis longtemps ces zones aussi bien en milieu rural qu’ur-
pour susciter l’attention des plus grandes bain est inscrite dans les priorités écono-
entreprises dans des secteurs aussi variés miques du gouvernement. Aussi, pour les
que les machines outils, la transformation organisateurs d’ASIA IO, les perspectives
agroalimentaire, toute forme de services à nouvelles concernant la création des ZES
l’entreprise, les chaînes opératoires liées devraient profiter de la plateforme d’échan-
aux infrastructures, …. Cela montre par ges et de communication offerte par l’évè-
ailleurs que le secteur privé souhaite cette nement pour convaincre dès aujourd’hui
année s’attaquer rapidement au vif du su- les investisseurs asiatiques qui sont très
jet : la prospection commerciale. nombreux à s’intéresser à ce genre d’ini-
tiative qui facilite leur implantation.