Jean-Pierre Petit - Le Mystère Des Ummites

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© Édi ti ons A l b i n Mi c hel , S.A .

, 1 995

EAN13 : 9782226078452
À m a fille, Déborah
Prologue
Un chercheur non standard

Le 10 septembre 1991, une semaine après la sortie en


France de mon livre Enquête sur des extraterrestres qui sont
déjà parmi nous, je reçus une convocation de la direction du
Centre national de la recherche scientifique, vaste organisation
qui, en France, regroupe toute la recherche publique, et qui
disait en substance : « Afin de préciser les rapports entre vos
activités de chercheur et la publication de livres à fort impact
médiatique, vous êtes prié de vous présenter à nos services
dans les plus brefs délais. »
Je n’étais pas vraiment inquiet. Depuis vingt-cinq ans
j’avais publié un nombre tout à fait raisonnable d’articles dans
des revues de haut niveau, à comité de lecture, et fait des
découvertes réellement intéressantes, dont je n’avais pas à
rougir. Tous ces travaux étaient solidement construits, et
personne, dans mon entourage scientifique, ne s’était jamais
hasardé à dire que j’étais un plaisantin ou un mystificateur.
J’aime beaucoup mon métier, que je prends très au sérieux et
je ne pourrais pas rester sans réagir si quelqu’un disait en
public ou écrivait quelque part que je suis un charlatan. Les
rares fois où cela s’est produit, j’ai toujours fini par avoir gain
de cause.
Mais depuis 1975, derrière toutes ces belles idées, il y
avait un dossier d’origine non identifiée, où j’avais puisé
l’essentiel de mon inspiration et qui avait totalement
transformé mon activité professionnelle.
J’avais été mis en contact avec ces textes par un ami
astronome, Maurice, en 1975. Jusque-là je vivais une vie
professionnelle normale, j’avais des idées normales, banales.
Comme tout un chacun j’avais monté des expériences et fait
des calculs. Mais cette année-là, tout avait basculé.
Maurice m’avait montré une vingtaine de pages
photocopiées. Le texte original était tapé à la machine, en
espagnol, et avait été reçu par des gens de ce pays, des non-
scientifiques : un industriel, un journaliste, un ingénieur, un
médecin. Maurice disposait d’une traduction en français, que je
parcourus avec une curiosité amusée. Ce jour-là, sans m’en
rendre compte, je mis le doigt dans un formidable engrenage.
Cela ne ressemblait en rien à ce que j’avais pu lire
jusqu’ici, dans le genre. Depuis les années 50 circulaient de
nombreux textes, émanant de soi-disant contactés, dans
différentes langues, et liés au phénomène ovni. Il m’avait été
donné d’en parcourir quelques-uns et cela ne m’avait jamais
beaucoup intéressé. Parfois ils étaient écrits par des médiums
en transe qui prétendaient recevoir des communications
télépathiques de visiteurs d’outre-espace. D’autres fois ils
émanaient de gens qui prétendaient avoir rencontré ces
expéditionnaires, voire fait avec eux une promenade en
soucoupe volante. En règle générale leur contenu était d’une
vacuité remarquable et à part une sempiternelle mise en
garde contre les risques que l’arme atomique faisait courir à la
Terre, il n’y avait pas grand-chose à se mettre sous la dent,
scientifiquement parlant.
Les textes « ummites1 » était singulièrement différents.
Ils utilisaient un langage scientifique et technique souvent très
clair. Dès ce premier contact, intrigué, je voulus en savoir plus
et une enquête rapide en Espagne me permit de réunir près
d’un millier de pages.
Ces documents traitaient pratiquement de tous les sujets
scientifiques, allant de l’informatique à la structure du cosmos,
en passant par la mécanique des fluides. Quelques mois après
les avoir lus je me mis à les concrétiser sous forme
d’expériences et de calculs, et les publications tombèrent, les
unes après les autres, originales, intéressantes. Dès la fin de
1975 je publiais aux Comptes rendus de l’Académie des
Sciences de Paris un article2 décrivant un engin que j’avais
baptisé « aérodyne MHD », qui se propulsait en brassant
puissamment l’air à l’aide de forces électromagnétiques.
J’expliquais que celui-ci pourrait, à terme, évoluer à vitesse
supersonique sans faire de bang, puisque, à la différence des
autres engins, au lieu de se pousser dans le gaz, il y forait une
sorte de tunnel en aspirant les molécules qu’il rencontrait sur
son chemin, en faisant littéralement le vide devant lui. Depuis
cette date aucun spécialiste de MHD n’a dit ou écrit que cette
théorie, qui était une première exploitation des idées
contenues dans les documents ummites, était déraisonnable.
En 1977 je publiais deux articles de cosmologie théorique3,
montrant qu’on pouvait envisager non pas un seul univers,
mais deux cosmos jumeaux, possédant des flèches du temps
inverses. À ce propos jamais personne n’a non plus dit ou écrit
que cette idée était fondamentalement stupide. Pourtant elle
émergeait encore une fois de ces mystérieux textes reçus par
les Espagnols.
Avec ces quelques papiers je m’étais piégé moi-même, de
manière irréversible, dans cette affaire. On n’abandonne pas
un filon aussi riche, quelle qu’en soit l’origine. Ummo est une
fantastique « machine à penser ». Après avoir introduit
imprudemment le doigt dans cet engrenage, la main, puis le
bras y étaient passés et depuis cet été 1975 mon activité
professionnelle avait consisté à analyser ces textes comme on
manie les pièces d’un immense puzzle, en m’efforçant de les
convertir en science de qualité, ce que je fais toujours
actuellement.
Le dossier Ummo fait partie de l’immense dossier ovni,
puisqu’il se réfère à l’hypothèse d’incursions d’extraterrestres
sur notre planète. Je ne suis pas l’unique scientifique à avoir
travaillé sur ce sujet, mais je crois bien être le seul à avoir
publié des travaux directement liés au sujet ovni dans des
revues scientifiques de haut niveau et non dans des « revues
ufologiques ».
En 1991 j’éprouvais soudain le besoin de dire la vérité, de
révéler mes sources d’inspiration et je publiais un livre, qui
connut aussitôt un fort impact médiatique. Je n’avais pas
prévu une telle réaction et un tel démarrage en flèche des
ventes. Pour moi ce livre était une sorte de testament, d’aveu.
Ce secret me pesait. J’étais payé par le contribuable français et
j’estimais que celui-ci avait à ce titre droit de savoir la vérité.
C’était à cause de ce livre que je me trouvais dans la salle
d’attente de la direction générale du CNRS, au département
Science de l’Univers. Je me souviens de mes pensées de ce
moment-là. J’avais pris un très gros risque, mais je ne le
regrettais pas, quelles que puissent en être les conséquences.
Je pensais avoir obéi à mon code de l’honneur scientifique, qui
consiste à traquer et à dire la vérité. Je songeais à cette phrase
de Dante, dans « l’Enfer » : « Non siamo fatti per vivere come
bruti, mà per seguir la virtù e la cognoscença », « Nous ne
sommes pas faits pour vivre comme des imbéciles, mais pour
suivre les chemins de la vertu et de la connaissance. »
J’estimais que je m’étais conformé à ce principe, même si
en franchissant cette porte j’allais apprendre que j’étais
sanctionné, suspendu, voire carrément mis à la porte.
La secrétaire du directeur lisait mon livre et semblait s’en
délecter. Soudain un appariteur vint me chercher.
– Le directeur vous attend.
J’avais imaginé la veille tout un système de défense et,
d’entrée de jeu, lui parlais des travaux que j’avais publiés
récemment et de ceux qui occupaient mon temps en ce
moment, mais il m’arrêta rapidement :
– Personne ne dit que vous ne faites rien et la qualité de
vos travaux n’est pas en cause. Nous savons que vous avez la
caution du mathématicien français Jean-Marie Souriau, qui
fait autorité en matière de cosmologie théorique. Comme par
ailleurs vous n’attaquez pas le CNRS dans votre livre, nous ne
voyons aucune raison de vous censurer ou de vous blâmer.
Je me retrouvais comme un idiot, complètement pris au
dépourvu. Le livre était posé à plat sur son bureau, sous sa
main. Il ajouta qu’il avait pris beaucoup de plaisir à le lire « en
tant qu’ouvrage de science-fiction ». Je lui demandai pourquoi
il m’avait convoqué.
– Dès la sortie de votre livre j’ai été assailli d’appels
émanant de scientifiques et de directeurs de laboratoire, en
particulier d’observatoires astronomiques, qui réclamaient
votre mise à pied immédiate et disaient que vous étiez devenu
complètement fou. Je ne pouvais pas rester sans réagir et je
vous ai convoqué.
– Ai-je l’air d’un fou ?
– Apparemment pas. Mais toutes ces émissions de
télévision auxquelles vous avez participé et ces interviews que
vous avez données ont fait beaucoup de bruit.
– Reconnaissez qu’à chaque fois j’ai tenu à préciser très
clairement, d’entrée de jeu, que je parlais au nom de « Jean-
Pierre Petit, directeur de recherches au CNRS » et non « au
nom du CNRS ».
– Si vous continuez à bien marquer cette distinction, alors
pour nous il n’y a pas de problème : vous êtes libre de penser
et de dire ce que bon vous semble, à condition d’en assumer
vous-même la responsabilité.
Il me demanda ensuite sous quelle forme se présentaient
les documents sur lesquels j’avais travaillé. Je lui promis de lui
en envoyer quelques échantillons. Il me parla alors des
difficultés qu’il avait éprouvées en cherchant à me faire
évaluer par d’autres spécialistes français de la cosmologie.
– C’est curieux, ils semblent se défiler, comme si ce sujet
les dérangeait énormément. Mais comme j’avais l’aval d’un
mathématicien, Jean-Marie Souriau, cela me suffisait.
Nous parlâmes de choses et d’autres. La revue VSD
venait de publier un article où on voyait la vedette japonaise
MHD4 sur une double page, en couleur. Je m’étais beaucoup
intéressé à la propulsion MHD dès 1975 et je posai cette revue
à plat sur son bureau :
– Vous avez vu où en sont les Japonais ? Si en France on
m’avait donné un minimum d’aide en 1975-1976, nous serions
déjà loin devant ces gens.
Il soupira.
– Je sais bien…
J’étais entré dans ce bureau persuadé que la foudre allait
me tomber sur la tête et finalement tout se terminait par une
sorte de constat triste. J’avais eu en main, très tôt, des idées
novatrices et porteuses d’avenir, que l’administration
française avait négligées, comme cela se passe si souvent dans
notre pays, et d’autres allaient cueillir les fruits de ces
recherches.
Pour la France c’était trop tard. Le savoir-faire en
matière de MHD avait été perdu et le retard était maintenant
trop important. Quoi que nous fassions nous ne pourrions
maintenant qu’être à la traîne d’autres pays, plus clairvoyants.
Quant à moi, après douze ans d’efforts pénibles dans cette
direction, après avoir monté péniblement quelques
expériences, dans des conditions défiant l’imagination5, j’avais
fini par abandonner complètement en me tournant vers des
travaux de cosmologie théorique, le « papier-crayon ».
Le directeur ajouta :
– Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Au point où j’en étais, autant lui dire la vérité.
– Je travaille sur une phrase extraite d’une conversation
téléphonique datant du mois d’août 1988, entre un ingénieur
madrilène nommé Dominguez et un de ces mystérieux
personnages, qui s’intitulent eux-mêmes les « Ummites » et se
prétendent extraterrestres. Comme l’ingénieur lui demandait
ce qu’était exactement un trou noir, l’autre a répondu
laconiquement : « Ça n’existe pas. Lorsqu’une étoile à
neutrons dépasse sa limite de stabilité, elle disparaît dans
l’univers jumeau6. »
Le directeur fut intrigué :
– Mais cela va à l’encontre de toutes les idées reçues !
– Je le sais fort bien, mais après avoir eu connaissance du
contenu de cette conversation je me suis plongé dans la théorie
mathématique du trou noir et j’ai lu tout ce qui avait été écrit
là-dessus.
– Et alors ?
– Je suis allé voir le mathématicien Souriau et lui ai fait
part de ma perplexité et celui-ci m’a répondu : « Alors, toi
aussi tu as réalisé que ce modèle était une ânerie. Tous les
mathématiciens dignes de ce nom le savent depuis longtemps.
Tout cela n’a aucun sens. »
Le directeur était intrigué :
– Mais alors, qu’est-ce qu’un trou noir ?
– La question est de savoir si cela existe ou non. Vous
savez que l’on construit des écoulements de mécanique des
fluides à partir d’équations qui ont été inventées au siècle
dernier par Navier et Stockes et qui sont dénuées de tout
point d’ombre, du moins en principe : les avions volent, les
hélices tournent, les moteurs à réaction fonctionnent. Quand
un théoricien étudie un écoulement particulier, il le décrit en
traçant des lignes de courant, qui sont les trajectoires suivies
par les particules du fluide. Si on vous mettait sous les yeux le
dessin d’un tel écoulement, vous seriez en droit de poser la
question : que vaut la densité du fluide en tout point ?
– Certes.
– Et quelle serait votre réaction si votre interlocuteur,
mécanicien des fluides, vous répondait : « Elle est nulle
partout » ?
– J’en déduirais que le fluide de ce monsieur appartient
au monde du rêve et non au monde réel.
– Eh bien, il en est de même pour le modèle du trou noir.
C’est une solution de l’équation d’Einstein, qui a d’ailleurs été
trouvée en 1917 par le mathématicien allemand Schwarzschild,
et qui décrit une sorte d’écoulement dans l’espace-temps.
Mais il existe un problème de fond, incontournable. La forme
de l’équation d’Einstein choisie, à second membre nul7 , fait
que, fondamentalement, cet espace-temps est vide,
complètement vide. Il ne contient ni énergie, ni matière, nulle
part.
– Ennuyeux.
– Il me semble.
– Mais que se passe-t-il lorsqu’une étoile à neutrons
dépasse sa limite de stabilité ?
– Je crois que la question n’est pas résolue et que l’idée
que l’objet puisse se transférer dans un univers jumeau du
nôtre n’est pas a priori absurde. Je travaille là-dessus
actuellement.
Le directeur se leva et ne manifesta aucune hostilité à ce
programme de travail, qui trouvait sa source dans une
conversation entre un ingénieur électricien et un monsieur qui
prétendait venir d’une autre planète.
Quand je fus de retour à l’Observatoire de Marseille, où
j’étais en poste depuis quatorze ans, je racontai cette entrevue
à mes collègues, qui en furent étonnés.
– Tu n’as reçu aucune réprimande ?
– Non, l’entrevue fut très cordiale du début jusqu’à la fin.
Je n’ai senti aucune froideur.
– C’est incroyable !
L’un d’eux ajouta :
– Il est vrai qu’il n’existe dans les statuts du CNRS aucun
texte interdisant à un chercheur de travailler sur des
documents extraterrestres ou prétendus tels, et que dans la
mesure où tu publies régulièrement des travaux de haut
niveau dans des revues très sérieuses, possédant un comité de
lecture, il est difficile de te sanctionner.
Un autre poursuivit :
– On ne peut pas non plus t’accuser de bourrer le crâne
de tes lecteurs, puisque, à aucun moment, tu ne conclus de
manière formelle, ni n’exprimes une croyance irréversible.
L’un de mes collègues resta longtemps pensif, puis
exprima avec gravité cette opinion, qui eut beaucoup de succès
dans le laboratoire :
– Alors… nous sommes libres ?
– Il semble que oui.
– Tu es sûr qu’il ne t’a rien dit de particulier, que tu
aurais oublié ?
– Ah si, lorsque nous nous sommes quittés, sur le pas de
la porte, il m’a dit : « En résumé, vous êtes un chercheur non
standard. »
– Mais qu’est-ce qu’un chercheur standard ?
– Ça, je n’en ai pas la moindre idée.

1 - Les auteur s de c es tex tes éc r i ts en espagnol s’i nti tul ai ent eux -mêmes « Los U mmi tas »,
tr aduc ti on f r anç ai se : « Les U mmi tes ».

2- J.P. Peti t, « Conv er ti sseur s MHD d’un genr e nouv eau », CRAS , 1 97 5.

3- J.P. Peti t, « U ni v er s énanti omor phes à temps pr opr es opposés », CRAS , 23 mai 1 97 7 , tome
284, sér i e A , p. 1 31 5-1 31 8, et « U ni v er s en i nter ac ti on av ec l eur i mage dans l e mi r oi r du temps »,
CRAS , 6 jui n 1 97 7 , tome 284, sér i e A , p. 1 41 3-1 41 6.

4- Magnétohy dr ody nami que. V oi r note tec hni que en f i n d’ouv r age (annex e 3).

5- V oi r Enq uête s ur les OVNI S , Édi ti ons A l b i n Mi c hel , 1 990.

6- L’év ol uti on des étoi l es dépend de l eur masse. Cel l es qui sont r el ati v ement l égèr es,
c omme l e sol ei l , v i v ent une peti te c r i se séni l e sans gr av i té, av ant de se tr ansf or mer en b r ai ses.
Les étoi l es massi v es ex pl osent (super nov æ). En l eur l i eu et pl ac e ne sub si ste qu’un ob jet
mi nusc ul e de 1 5 à 20 k i l omètr es de di amètr e, hy per dense, qui est en f ai t un énor me noy au d’atome
appel é étoi l e à neutr ons, qui n’év ol ue pl us par l ui -même. Les neutr ons sont tassés l es uns c ontr e
l es autr es, sous l ’ef f et d’une f or c e de gr av i tati on gi gantesque. Il s sont au c ontac t et suf f i samment
sol i des pour r ési ster à l ’éc r asement, tant que l a masse de l ’ob jet ne dépasse pas 2,5 f oi s l a masse du
sol ei l . Mai s l a moi ti é des étoi l es du c i el v i v ent par c oupl es. Il doi t donc ex i ster un nomb r e tr ès
i mpor tant d’étoi l es à neutr ons qui v oi si nent av ec une autr e étoi l e, l aquel l e ex hal e du gaz, du
« v ent stel l ai r e », qui pour r a êtr e c apté par sa mi nusc ul e v oi si ne, dont l a masse s’ac c r oî tr a
i r r émédi ab l ement. Si c el l e-c i dépasse l a v al eur f ati di que, l es neutr ons qui l a c omposent,
c ompar ab l es à des ampoul es él ec tr i ques entassées dans un pui ts de mi ne, ne pour r ont pl us
r ési ster à l ’éc r asement. Il dev r a donc se passer « quel que c hose ». La questi on est de sav oi r quoi . La
r éponse ac tuel l e des sc i enti f i ques se c onc r éti se par un ob jet hy pothéti que appel é « tr ou noi r ».

7 - Le sec ond memb r e de l ’équati on de c hamp d’Ei nstei n est c ensé déc r i r e l e c ontenu en
« éner gi e-mati èr e » de l ’uni v er s.
Introduction
L’affaire Ummo

J’ai déjà publié un premier livre sur cette affaire1 mais


comme le lecteur n’est pas censé l’avoir lu, nous allons faire un
bref rappel des événements essentiels et situer les différents
personnages de cette histoire.
En 1966, un fonctionnaire nommé Sesma habitait Madrid.
Chaque semaine il animait ce qu’on pourrait appeler un club
ésotérique, dans le sous-sol du café Léon, rue Alcala. Le mur
de cette cave était orné d’une fresque représentant une
baleine qui souriait et c’est la raison pour laquelle on appelait
ce lieu « La Ballena Alegre », « la Baleine Joyeuse ».
Sesma parlait devant un public varié, prétendait être en
contact avec des extraterrestres, et contait aux membres de
ce club le résultat de ses différentes expériences. Nous savons
ce qu’il racontait lors de ces soirées grâce à son livre intitulé
Moi, le confident des extraterrestres. Dans celui-ci, rien de
bien exploitable pour un scientifique. Sesma se disait par
exemple en contact avec des Vénusiens. Or la surface de la
planète Vénus est soumise à une pression écrasante et il y
règne une température de four : plus de 500 degrés. À l’en
croire il recevait des informations de ressortissants de
nombreuses autres planètes, situées en dehors de notre
système solaire. Certains, disait-il, habitaient un astre ayant
une masse égale à dix ou vingt fois celle de la Terre et qui
tournait sur lui-même en une heure. Étant donné la pesanteur
très forte qui y régnait, il précisait que cette planète n’était
habitée que par des papillons.
N’importe quel astrophysicien estimera aussitôt qu’une
telle planète ne peut pas exister car, compte tenu des
connaissances que nous avons en géophysique, elle exploserait
immédiatement sous l’effet de la force centrifuge.
J’ai eu l’occasion, l’an dernier, de rencontrer une sorte de
Sesma français. Une de mes amies, une brune maigre nommée
Jeannette, habitait Aix-en-Provence. Férue de sciences
occultes, elle avait absolument tenu à ce que je rencontre ce
personnage, pédicure de son état, et j’avais accepté par
curiosité. Le soir, après son travail, ce petit homme recevait
gratuitement des gens à qui il contait de belles histoires, en
tête à tête, qui étaient censées « leur faire du bien ». Ses
clients patientaient sagement dans la petite salle d’attente. En
me joignant à eux, je me demandais bien ce qu’il allait pouvoir
me raconter. Jeannette, qui s’occupait de formation à la faculté
des lettres d’Aix, était ravie d’avoir enfin réussi à me
convaincre de rencontrer un homme « aussi avancé dans les
sciences occultes ».
Ce pédicure, qu’elle appelait familièrement M. Bernard,
était de petite taille. Lorsqu’il parut il me dit, l’œil brillant,
avec emphase :
– Cette rencontre devait se faire, tôt ou tard.
J’entrai dans son cabinet et il m’annonça qu’il allait me
faire des révélations qui allaient sans doute bouleverser le
scientifique que j’étais. Je m’accrochai donc à mon siège, prêt à
tout.
– Sachez que les extraterrestres qui viennent nous voir le
plus souvent, les plus importants, sont les Vénusiens.
– Mais sur Vénus la vie est difficilement envisageable,
non ?
– Cela ne pose aucun problème, c’est une question de
« niveau énergétique ».
En tant que physicien j’avais appris à l’école ce qu’était
l’énergie, sous toutes ses formes, et je voyais mal quelle
« énergie » pouvait permettre à des êtres dotés de deux bras
et de deux jambes, faits de chair et de sang, de ne pas être
immédiatement rôtis à la surface de cette planète.
Notre homme ne s’arrêtait pas à de tels détails et me fit
d’autres révélations. Il existait également selon lui des « intra-
terrestres », les « Atlantes », qui vivaient au cœur de la Terre.
– Mais, lui objectai-je encore une fois, comment des êtres
peuvent-ils vivre en nageant dans un noyau de métal et de
magma fondu ?
– C’est toujours une question d’énergie…
Le téléphone sonna. M. Bernard pratiquait
quotidiennement ce qu’on pourrait appeler de l’assistance
psychologique. L’appel provenait d’une de ses « clientes »,
apparemment très angoissée. Il tenta de la calmer :
– Je vais venir… je vais venir. Voilà ce que vous allez
faire : vous allez fermer les yeux et penser très fort à moi, et
dans la minute qui suivra je serai auprès de vous.
Il ferma lui-même les yeux, sembla se concentrer, puis
raccrocha et m’expliqua qu’il ne s’agissait que d’une opération
banale de téléportation. Ce pédicure prétendait posséder,
entre autres, la capacité d’être présent dans plusieurs lieux à
la fois et Jeannette, quoique universitaire, croyait dur comme
fer à tout ce qu’il racontait et ne jurait que par lui.
Je ne vois pas de raison de choquer les gens quand ça
n’est pas absolument indispensable. Au bout de vingt minutes
je remerciais ce petit homme pour ces révélations
transcendantes en l’assurant que j’essaierais d’en faire bon
usage et je pris congé. Jeannette était dans la salle d’attente.
Ses yeux brillaient.
– Alors, que t’a-t-il dit ?
– Que le centre de la Terre était habité par des Atlantes.
Je raconte au passage cette anecdote qui, j’espère, aura
un peu diverti le lecteur, pour situer mon propre personnage.
J’essaye d’être ouvert, mais comme tout bon scientifique qui
se respecte, je pense n’être pas prêt à prendre n’importe quoi
pour argent comptant.

Sesma était donc semblable à ce brave petit pédicure. Si


on se base sur ses écrits, il aurait reçu en janvier 1966 un
appel téléphonique qui aurait débouché sur la conversation ci-
après.
– Allô, monsieur Sesma, nous avons lu votre livre. Nous
sommes des extraterrestres.
La nouvelle n’était pas de nature à déstabiliser notre
ésotériste.
– De quelle planète venez-vous ?
– D’une planète que nous nommons Ummo et qui est à
une quinzaine d’années-lumière de la Terre.
Sesma était déjà en contact avec des ressortissants d’une
planète nommée Auco et bien d’autres encore. Ummo, Auco, il
n’en était plus à une planète près, mais demanda à ses
interlocuteurs, qui semblaient s’exprimer avec difficulté, avec
une voix nasillarde, pourquoi ils s’étaient adressés à lui.
– Voyez-vous, nous avons trouvé dans votre livre des
éléments, disons, assez inexacts. Cependant vous y dites
certaines choses qu’un habitant de la Terre n’est pas censé
connaître. Nous pensons donc que vous êtes réellement en
contact avec d’authentiques extraterrestres et nous voudrions
vous envoyer des lettres, des documents, pour que vous les
lisiez lors des réunions que vous tenez dans votre club de la
Baleine Joyeuse.
Sesma ne fit aucune difficulté et les rapports se mirent à
arriver avec régularité dans sa boîte aux lettres. Ainsi
commença l’affaire Ummo.
Pendant une année, Sesma reçut des centaines de pages
dactylographiées que lui adressaient ceux qui s’intitulaient
eux-mêmes « los Ummitas », « les Ummites ». Les lettres ou
rapports, qui arrivaient des quatre coins du globe, portaient un
entête invariable : UMMOAEELEWE, qui était censé signifier
« gouvernement général de Ummo ». Elles étaient signées et
portaient un tampon.
Dans une de leurs lettres, les Ummites précisaient que ce
tampon, porteur d’un symbole qui ressemblait à une des
lettres de l’alphabet cyrillique, se fixait sur le pouce avant
d’être encré et appliqué sur le document. On remarquait au
passage que des numéros suivaient les « noms » : c’est une
constante chez ces gens, qui peuvent très bien s’appeler ISEI
456 ou DEI 98.

La création d’un réseau de contactés


Nous savons, grâce à un document très récent, parvenu à
mon domicile en 1993, quel plan auraient suivi ces Ummites,
s’il s’agissait de visiteurs extraterrestres, depuis leur premier
contact avec la Terre, en 1950. Leur projet initial aurait été de
prendre simplement contact avec notre planète et de l’étudier,
comme l’auraient fait, disent-ils, de nombreuses ethnies
extraterrestres bien avant eux. Mais au milieu des années 60,
ils auraient découvert qu’un Terrien, en l’occurrence Sesma,
était manipulé par une autre ethnie. Lisant systématiquement
la prose ayant trait aux ovnis qui paraissait un peu partout
dans le monde, leurs connaissances leur auraient permis de
séparer le bon grain de l’ivraie, les informations réelles des
délires fantasmagoriques. Nous pourrions faire de même si
nous entendions des récits d’indigènes vivant dans une contrée
très reculée. Supposons que nous entendions l’un d’eux faire le
récit suivant :
– J’ai vu se poser une grosse bête ventrue avec
d’énormes yeux. Des hommes bougeaient à l’intérieur de ces
yeux. Ses pattes étaient minces et attachées entre elles, et je
me suis demandé dans ces conditions comment elle pourrait
marcher. Elle tenait deux sortes de bâtons qu’elle faisait
tournoyer très vite, pour casser la tête des gens. Il y en avait
deux petits à l’extrémité de sa queue et deux gros sur le
dessus de sa tête, mis bout à bout. Elle tenait ces bâtons dans
une sorte de griffe. J’ai vu tout cela très nettement lorsque les
bâtons se sont mis à tourner plus lentement. Mais quand je me
suis approché elle s’est mise à faire tourner ses bâtons si vite
que je ne pouvais plus les voir, et s’est mise à pousser un cri
terrible, qui n’en finissait pas. C’était à mi-chemin entre le
sifflement d’un serpent et le bruit d’une tempête. J’ai compris
qu’elle se préparait à m’attaquer et je me suis enfui dans le
bois. Au moment où je courais j’ai levé la tête et j’ai vu la bête
qui passait juste au-dessus.
Nous en déduirions que la « bête » que cet homme a vue
est tout simplement… un hélicoptère.
Les Ummites disent, dans un de leurs courriers, qu’ils
découvrirent dans un livre de Sesma des données scientifiques
qu’en tant que simple Terrien celui-ci n’était pas censé
connaître. Il s’agissait en particulier de données numériques,
d’une suite de chiffres codée en binaire.
On peut se demander comment une donnée aussi simple
pourrait avoir une signification aussi précise et spécifique.
Mais il est facile d’inventer des exemples. Supposons que nous
puissions voyager dans le temps et nous transporter sur Terre
dans la haute Antiquité, au moment où les hommes, disposant
d’un codage rudimentaire concernant les lettres et les chiffres,
commençaient à manipuler l’écriture. On sait par exemple que
les Babyloniens avaient un système de numération de base
soixante, ce qui impliquait la connaissance de soixante
idéogrammes de base (au lieu de dix, dans notre numération
décimale). Nous pourrions confier à un Babylonien des suites
« magiques » de chiffres, comme 314159 ou 271828. Si
d’autres explorateurs du temps venaient après nous et
découvraient ces chiffres, qui représentent les nombres
« transcendants » π et e et leurs cinq premières décimales,
cela attirerait leur attention. Il leur paraîtrait fort improbable
qu’un homme de cette époque ait pu aligner de tels chiffres
simplement par hasard et ils commenceraient une enquête.
Une simple longueur pourrait aussi être un indice d’un
niveau anormal de connaissances. Imaginons cette fois que l’on
exhume d’une tombe égyptienne une statue du dieu Horus
porteuse d’une inscription : « Cette longueur revêt une grande
importance dans le cosmos », longueur explicitement désignée
comme étant celle qui séparerait les deux paumes de la statue.
Si cette distance était exactement de 21 cm cela nous
poserait un sérieux problème : c’est en effet la longueur
d’émission caractéristique de l’hydrogène atomique, qui joue
un rôle majeur dans les observations radio-astronomiques. Il
est inutile de sourire d’un tel exemple. C’est exactement celle
que nous avons gravée sur la plaque fixée sur la sonde
Voyager, premier objet envoyé par nous hors de notre
système solaire, à l’attention d’éventuels extraterrestres.
Le livre de Sesma était donc porteur de séries de chiffres
que les Ummites interprétèrent comme un moyen d’identifier
la planète d’où était originaire celui qui le manipulait à son
insu. Aussi, lorsqu’ils contactèrent le Madrilène, lui dirent-ils :
– Si ce personnage reprend contact avec vous,
communiquez-lui la suite de chiffres ci-jointe, nous vous en
prions instamment.
En quelque sorte un échange de « numéros de
téléphone ». On peut à ce stade se livrer à toutes sortes de
spéculations. Il s’agissait peut-être d’une fréquence ou d’une
longueur d’onde correspondant à un mode de communication
ignoré de nous. Toujours est-il que cet échange d’informations
aurait permis aux Ummites d’entrer en contact avec une autre
ethnie extraterrestre dont ils avaient jusqu’ici ignoré
l’existence et qui se livrait sur les Terriens à des expériences
de sociologie amusantes. Si on en croit leurs textes, les
Ummites seraient dotés d’une morphologie très semblable à la
nôtre, qui leur permettrait de déambuler sans problème dans
les rues de Madrid, alors qu’il n’en aurait pas été de même
pour cet autre extraterrestre, de petite taille, qui se serait fait
immédiatement repérer.
Après que le contact eut été établi avec ces gens, à travers
Sesma, les Ummites auraient eu l’idée de poursuivre
l’opération en alimentant à leur tour l’Espagnol en
informations soigneusement dosées. Ce plan aurait donné
naissance, dans le groupe d’expéditionnaires, à une sérieuse
controverse. Selon les documents dont nous disposons,
certains auraient été farouchement contre, prétendant que
cette opération risquerait d’injecter sur la planète Terre des
informations susceptibles de déséquilibrer gravement son
système socioculturel et technico-scientifique. D’autres
auraient craint que cela ne puisse rapidement trahir leur
présence sur notre sol. Ils se seraient donc mis en contact avec
leur planète pour demander conseil. Finalement le chef de
l’expédition, une certaine Mme YU 1, aurait eu gain de cause
et l’expérience aurait été poursuivie.
Les Ummites auraient apporté, disent-ils, un grand soin
dans l’élaboration de ces messages, leur conférant un aspect
technique relativement précis, en omettant de donner certains
détails qui nous auraient permis de les exploiter. Ils auraient
découvert au passage la formidable barrière d’incrédulité
protégeant les terriens de toute prise de conscience de la
réalité d’une présence extraterrestre, assimilable à une
réaction socio-immunologique, à la fois solide et durable, et
cela les aurait rassurés quant aux risques encourus.
Nous pourrions faire de même si nous découvrions une
tribu dans une région reculée de la Terre, qui n’aurait jamais
été en contact avec l’homme blanc et disposerait d’une
écriture. Mais nous n’avons jamais, au cours de notre histoire,
procédé ainsi, nous avons de la sorte pulvérisé un nombre
important de civilisations, au fil des siècles.
En dispersant à travers la Terre des milliers de pages, les
Ummites auraient donc semé les pièces d’un puzzle, dans le
but d’observer la manière dont les Terriens s’y prendraient
pour les manipuler, convaincus qu’aucun d’eux ne pourrait les
assembler pour en former un tout cohérent.
Dans les lettres reçues par Sesma, les Ummites
précisaient que les détails fournis dans les rapports
correspondaient à des choses tout à fait réelles, mais qu’ils
s’étaient débrouillés pour faire en sorte que nous ne puissions
pas les transformer en un tout fonctionnel, exploitable. Ils
ajoutaient qu’ils avaient glissé çà et là dans leurs textes
quelques erreurs, pour rendre la chose encore plus
improbable. Autrement dit, dans ce puzzle, ils auraient
délibérément glissé de fausses pièces.
En analysant les structures mentales des Terriens, ils
auraient construit un modèle psychosociologique de notre
espèce et conclu que les chances que l’un de nous réussisse à
exploiter les données fournies, telles qu’elles étaient
présentées, étaient d’une sur trois millions2.
Je pris bonne note de cette précision et décidai de ne
retenir qu’un seul aspect des informations contenues : leur
éventuelle fonctionnalité et c’est cette stratégie qui me permit,
dès 1975-1977, de transformer ces données en des ensembles
scientifiquement cohérents et publiables. De toute manière,
adhérer d’emblée à cette thèse d’une présence
d’extraterrestres sur notre sol n’eût pas été conforme à une
attitude de scientifique. Cela dit, sans préjuger de l’origine
exacte de ces documents, je voyais difficilement comment
abandonner un dossier aussi riche et aussi fécond.
Les Ummites alimentèrent ensuite en documents ceux qui
se rendaient aux réunions du club de la Baleine Joyeuse. En
même temps, écrivent-ils, ils auraient enregistré les
différentes réactions verbales des contactés. Mais ils
posséderaient aussi des moyens d’analyser le fonctionnement
de leurs cerveaux, à l’aide de systèmes comparables à nos
actuels scanners, mais infiniment plus perfectionnés.
Dans une des lettres que j’ai reçues en 1993, nous
apprenons donc qu’ils auraient complété la saisie des données
relatives à la Terre, à son biotope3 et à sa mosaïque de
cultures, par tout un ensemble d’expériences, à sens unique,
menées sur des individus pris au hasard, mais correspondant à
différentes catégories sociales. Initiées dès 1965 elles auraient
été conçues pour mieux appréhender nos processus mentaux.
Ma foi, pourquoi pas ?
Ils estimeraient aujourd’hui (1993) que cette phase de
saisie de données serait pratiquement achevée et qu’ils
posséderaient une connaissance globale suffisante de notre
planète et de ses habitants. Nous discuterons de ce point
précis dans la suite du livre.
Les années 90 devraient marquer, toujours selon ce
courrier récent, l’établissement de réels dialogues avec
certains individus4. Enfin, toujours selon ce texte, le contact
frontal entre les deux ethnies planétaires devrait intervenir
« si tout va bien » à l’horizon 2030-2050.

Les motivations des expéditionnaires


On pourrait à ce stade se demander pourquoi une ethnie
extraterrestre chercherait ainsi à communiquer avec nous,
Terriens. Une des raisons, sans cesse rappelée dans les
documents, est la situation historique clé que traverse
actuellement la Terre. Nous avons connu un progrès
scientifique et technique extrêmement rapide depuis trois
quarts de siècle, dû à nos capacités imaginatives. Mais notre
maturation psychosociologique est plus lente, sans aucune
commune mesure avec l’accélération exponentielle de ce
processus. L’inadéquation de nos schémas mentaux
archaïques à ces nouvelles données technologiques rend la
survie de notre espèce bien problématique. Personne n’en
disconviendra.
Récemment je revoyais une enquête menée par un
journaliste de la télévision russe sur la base de Mourmansk, où
se trouvent basés les six sous-marins les plus performants
construits par les Soviétiques, les submersibles Typhon.
Le porte-avion français Foch jauge 45 000 tonnes.
Chaque sous-marin Typhon a un déplacement de
36 000 tonnes, mesure 200 mètres de long, 24 mètres de
large et est équipé, sur l’arrière, de deux réacteurs nucléaires.
Sur l’avant on voit vingt trappes qui sont les orifices des silos
abritant vingt missiles intercontinentaux, d’une portée de
12 000 kilomètres. Chaque missile est porteur de six ogives
pilotables en phase de rentrée, d’une puissance unitaire de
600 kilotonnes, plus d’une demi-mégatonne : de quoi raser
Paris. Ces sous-marins croisent en permanence sous les glaces
du pôle et peuvent émerger en brisant une couche de glace de
six mètres d’épaisseur, avant de lâcher leur bordée. La
puissance destructrice d’un seul de ces sous-marins est donc
équivalente à six mille fois celle de la bombe lâchée sur
Hiroshima. Chaque sous-marin peut atteindre cent vingt cibles
différentes et chaque ogive peut raser une ville comme New
York. Ainsi un seul Typhon a le pouvoir de réduire les États-
Unis en cendres.
Qu’on ne se leurre pas, les Américains possèdent la
réplique exacte de ces Léviathans des fonds marins, les sous-
marins de la classe Ohio. La précision supérieure des ogives
américaines rend leur capacité de frappe encore plus terrible.
Une planète qui possède de telles armes est une planète
en danger, c’est évident. Si ces armes, qui ne sont qu’une
partie du potentiel thermonucléaire mondial, lequel contient
aussi des vecteurs enterrés, mobiles, ou portés par des
missiles de croisière, venaient à être employées, cela
entraînerait la mort de milliards d’êtres humains. Mais, pis
encore, notre biotope serait très sévèrement endommagé.
On a découvert relativement récemment que l’extinction
des dinosaures pourrait être imputable à un bombardement
de météorites géantes, il y a 65 millions d’années. L’homme
est actuellement en mesure de créer une catastrophe
comparable avec son arsenal thermonucléaire, aggravée par
les conséquences tératogénétiques dues aux rayonnements
ionisants issus des radioéléments créés lors des explosions. Je
ne sais pas si les gens sont réellement conscients de ce danger,
qui dépasse totalement les rivalités idéologiques, religieuses ou
ethniques de notre planète. L’émergence de telles technologies
peut et doit être considérée comme un véritable crime contre
l’espèce humaine.
Le premier scientifique qui ait pris réellement conscience
de l’ampleur de ce danger fut mon ami Vladimir Aleksandrov,
un météorologue de l’université de Moscou. Au début des
années 80, il effectua à l’aide du gros ordinateur du Centre de
calcul de Moscou, le BESM-6, des simulations numériques à
partir d’un modèle d’atmosphère qu’il avait élaboré et montra
à l’aide de ces calculs que les conséquences météorologiques
d’une attaque thermonucléaire massive pourraient
compromettre la survie de l’espèce humaine. Dès 1984 il
entama une croisade à travers le monde, et participa entre
autres à la réalisation d’un film avec les Japonais. Mais il fut
assassiné l’année suivante à Madrid, crime qui fut
vraisemblablement commandité par le lobby militaro-
industriel américain, dont il dérangeait les plans. Par la suite le
thème de l’hiver nucléaire cessa d’intéresser le public. Des
scientifiques américains publièrent dans la très célèbre revue
Scientific American un article visant à minimiser les
conséquences catastrophiques prévues par Aleksandrov 5, acte
qui peut être assimilé à de la désinformation pure et simple.
La menace est plus que jamais présente depuis que les
structures politiques de l’ex-URSS sont en voie de
décomposition rapide. Il serait urgent de démanteler au plus
vite toutes ces monstruosités, mais on sait que sur un simple
plan technique et budgétaire, la chose est loin d’être simple.
On peut brûler des explosifs chimiques, casser des fusées,
mais il est beaucoup plus difficile de se débarrasser des
explosifs nucléaires, en particulier du terrible plutonium,
élément artificiel qui n’existe pas dans la nature et dont 1
microgramme suffit à tuer un homme. Or les Russes en
détiennent à eux seuls 150 tonnes, si mes souvenirs sont
exacts.
Les scientifiques réellement au courant savent que la
menace nucléaire n’est pas la seule qui pèse sur l’avenir de
l’humanité. Un dérapage dans les recherches menées
actuellement dans les manipulations génétiques pourrait avoir
des conséquences tout aussi catastrophiques. Bref la Terre est
une planète en danger, gouvernée par des gens inconscients,
qu’on peut considérer comme des irresponsables. On
comprend qu’un tel voisin, en pleine crise d’adolescence,
mérite quelque attention. Mais les motivations de ces
Ummites, s’il s’agit réellement d’extraterrestres, seraient plus
subtiles et cela sera abordée dans la suite du livre.

Les différents personnages de l’affaire Ummo


Un certain nombre de Terriens ont été impliqués dans
cette affaire depuis les premiers contacts, situés par les
Ummites, selon les documents reçus, en 1964. Nous savons
qu’il existe des réseaux dans de nombreux pays : en Espagne,
au Canada, en France, aux États-Unis, en Allemagne, en
Australie, en Italie, etc. Si les Espagnols n’avaient pas été aussi
bavards, ce réseau de contactés n’aurait peut-être jamais été
connu du grand public (mais selon les Ummites les services
secrets des grandes puissances ont toujours été très attentifs à
tout ce qui touche à ces questions, de près ou de loin).
Il y eut d’abord la célèbre affaire de San José de
Valdeiras, en 1967. Dans les rapports, nous lisons que depuis
1966 un dactylo, appointé par les Ummites, aurait tapé et
envoyé des lettres aux différents contactés, sous la dictée d’un
monsieur qui prétendrait s’appeler DEI 98. Les Ummites
auraient pris contact avec ce mécanographe par petite
annonce. Comme le salaire versé aurait été énorme en
comparaison du marché de l’emploi de l’époque, l’homme ne se
serait pas posé de questions. Dans un texte, ce dactylo déclare
qu’il aurait songé un moment qu’il puisse s’agir d’espions, mais
que sa femme se serait empressée de le rassurer, en lui disant
qu’après tout il ne faisait rien de répréhensible.
Un jour, DEI 98, le responsable ummite de cette opération
de diffusion d’informations, lui aurait dicté une lettre
annonçant aux différents contactés que plusieurs nefs, des
navettes, étaient sur le point de prendre contact avec le sol de
notre planète, dont une à proximité de Madrid. On apprit, à
travers des rapports qui parvinrent plus tard, que la navette
madrilène était censée ramener ce personnage dans sa planète
d’origine, après un long séjour sur la Terre. Le dactylographe
aurait expédié cette lettre sans y prêter plus d’attention
qu’aux précédentes. Mais quelle ne fut pas sa surprise de
découvrir dans les journaux la mention d’un atterrissage
d’ovni dans la banlieue de Madrid, à la date indiquée dans la
lettre. Rien ne manquait : traces au sol, témoins nombreux,
etc.
Si on en croit une missive qu’il aurait, de sa propre
initiative, adressée aux différents contactés (mais sans révéler
son nom), sa femme et lui furent saisis de terreur à cette
nouvelle. Dans cette lettre, dont le texte est plein de saveur, il
avouait son désarroi. Peu de temps avant l’arrivée de la nef,
DEI 98 aurait demandé au couple s’il lui serait possible
d’héberger un certain nombre de ses frères et sœurs, pendant
une seule nuit. Ils auraient accepté. Les Ummites seraient
arrivés en groupe, le jour convenu, à la nuit tombante. Il y
aurait eu parmi eux une femme, apparemment le chef du
groupe (en l’occurrence Mme YU 1), qui aurait fait preuve à
leur égard de la plus grande amabilité. Ils auraient mangé des
fruits et des légumes, mais refusé le vin. Selon le
dactylographe, ces hommes et ces femmes étaient très
correctement habillés. Un des hommes aurait soudain
demandé à ouvrir une fenêtre de l’appartement. Le couple
ayant accepté, il aurait lancé au-dehors des petits objets gros
comme des œufs, qu’il aurait extraits de sa serviette, et qui
seraient partis dans la rue, mus par une force inconnue.
Fondée ou non, cette affaire d’atterrissage déstabilisa
visiblement l’ensemble du groupe. Le contenu des lettres ne
les avait jusqu’ici pas beaucoup dérangés, mais le fait que cette
affaire puisse laisser une trace tangible et passer ainsi du
monde imaginaire au monde réel les angoissa visiblement.
Le journaliste Antonio Ribera, un des contactés, avait
confié à un ecclésiastique, le père Guerero, des copies des
documents Ummo en sa possession. Il avait reçu
personnellement plusieurs rapports, dont celui consacré à la
technologie des nefs. Lorsque l’affaire de San José parvint aux
oreilles du brave curé, celle-ci déclencha chez lui un véritable
accès mystique et il se sentit obligé de faire part à la presse de
ce qu’il savait. Les journaux espagnols titrèrent donc dans les
jours qui suivirent : « Une colonie d’extraterrestres vit aux
environs de Madrid, dans un refuge souterrain6. »
Panique chez les Ummites qui, dirent-ils dans une lettre
parvenue aux Espagnols bien des années après l’événement,
durent précipitamment quitter l’Espagne. Ils racontent dans
un rapport qu’ils mirent alors en œuvre un plan de
désinformation préparé de longue date : un homme qui leur
aurait été entièrement dévoué aurait averti un journaliste qu’il
pourrait trouver dans un certain lieu une bobine contenant des
clichés de la nef. Cette pellicule fut effectivement trouvée et
développée, et révéla des images extrêmement nettes d’un
objet affectant la forme de deux assiettes accolées, surmonté
par un dôme, et montrant à sa face inférieure le sigle

caractéristique d’Ummo :
Ces photos étaient des faux, mais il fallut attendre dix ans
avant qu’on s’en aperçoive. Il s’agissait de deux assiettes en
plastique, suspendues à un fil très fin, dont l’image n’était pas
détectable à l’œil nu. Il fallut utiliser un appareil appelé
microphotomètre digitaliseur : un ordinateur, couplé à un
digitaliseur, récupère toute l’information présente sur la
pellicule photographique, grain par grain. Un programme
permet d’accentuer le moindre contraste et c’est ainsi que la
« ficelle » put être découverte par l’ingénieur Claude Poher,
qui dirigeait alors le GEPAN7 , au CNES8 de Toulouse. Celui-ci,
d’une formation scientifique assez sommaire, se fonda sur
cette découverte pour conclure que « toute l’affaire Ummo
était un faux », ce qui était aller un peu vite en besogne.
Lorsqu’il entendit parler à la radio de cet atterrissage de
San José de Valdeiras, Rafael Farriols, un riche industriel de
Barcelone, se rendit sur les lieux. Il se passionna aussitôt pour
l’affaire, mena une enquête avec Antonio Ribera, devenu son
ami, et racheta à Sesma la quasi-totalité des documents que
celui-ci avait reçus. L’homme ne demanda en échange qu’une
somme dérisoire, destinée disait-il à couvrir les frais de la
publication d’une plaquette de poèmes ésotériques. Et Rafael
Farriols d’ajouter : « J’aurais été prêt à lui donner dix fois ce
montant. »
Ayant manifesté son intérêt pour cette affaire, Farriols ne
tarda pas à recevoir lui-même des documents et depuis 1967
les Ummites auraient toujours gardé le contact avec lui de
manière plus ou moins régulière.
Sa secrétaire, Hiltrud Franz, surnommée familièrement
Lou, reçut également des lettres. Comptons encore, sur
Barcelone, un nommé Barranechea. Les autres contactés :
Villagrasa et Dominguez, ingénieurs, Aguire, médecin, Peña,
psychologue, constituèrent ce qu’on appela plus tard le groupe
de Madrid.
On peut distinguer dans l’affaire Ummo plusieurs phases :
– Il y eut d’abord celle du contact initial, correspondant à
l’afflux massif de rapports chez Sesma. Ce sont les plus riches.
Ils contiennent des masses d’informations scientifiques et
techniques, ainsi que sur l’histoire et la structure sociale de la
planète Ummo.
– Puis, au milieu des années 70, le contact sembla rompu,
pendant deux années.
– Il reprit à la fin des années 70 sur un mode
sensiblement différent. Les Ummites s’expliquèrent par la
suite sur ce long silence en disant qu’entre-temps ils avaient
tout simplement quitté la Terre.
Les lettres de cette époque insistaient alors sur la folie de
la course aux armements et sur l’irresponsabilité de nos
dirigeants (comme si cet état de fait était pour les Ummites
une découverte récente). C’est en prenant connaissance de
l’une d’elles, en 1976, que j’orientai l’un de mes voyages aux
États-Unis vers les centres de Livermore et de Sandia9, ce qui
me permit d’y découvrir les embryons de ce qui allait devenir
plus tard les « armes à énergie dirigée ». Mais, comme dirait
Kipling, ceci est une autre histoire1 0.
Les Ummites donnaient également dans ces textes
quelques précisions sur de mystérieuses « armes au plasma »,
non nucléaires, mettant en jeu des processus de physique
différents, dix mille fois plus « performantes » que nos bombes
thermonucléaires.
– Vers la fin des années 80 le réseau Ummite sembla
soudain parasité et la préoccupation majeure des Espagnols
consista à déterminer si les documents qu’ils recevaient
étaient ou non authentiques. Tout le monde soupçonna tout le
monde. Au passage, le contenu des lettres avait changé
totalement. Les informations traitaient alors de…
métaphysique. Les Espagnols apprirent à travers ces textes
que chaque planète vivrait en symbiose avec son « âme
collective », ou structure psychique planétaire. Chaque
individu y aurait sa « place », constituant ce que les Ummites
comparaient à une « âme individuelle ». L’information
circulerait alors dans les deux sens. Les êtres humains
fourniraient en continu des informations à cette structure
psychique, laquelle leur distribuerait en retour,
périodiquement, des sortes de directives générales.
Le choix des contactés s’expliquait alors. Tout être
humain posséderait, dans son cerveau, plus précisément dans
son hypothalamus, une structure qui lui permettrait d’être
connecté avec cette structure psychique planétaire (la
destruction de ce mode de contact avec l’« âme collective
planétaire » représenterait la « mort psychique » de
l’individu). Mais certains Terriens se seraient révélés plus
doués que d’autres sur ce plan-là, dont précisément les
contactés espagnols, qui auraient été alors investis d’une
mission : informer du mieux qu’ils pouvaient cette structure
psychique planétaire, ce qu’ils pouvaient faire, aux dires des
Ummites, en lisant ces textes à voix haute et en les
commentant.
Les Ummites auraient alors mis en œuvre une nouvelle
opération de désinformation, à Madrid en 1985, à laquelle nous
assistâmes1 1 . Les quatre contactés principaux : Farriols,
Dominguez, Aguire et Barranechea, lurent, à la demande des
Ummites, lors d’une réunion publique à laquelle assistèrent
une centaine de personnes, une déclaration où ils affirmèrent
n’avoir jamais vraiment cru que l’affaire Ummo ait été
d’origine extraterrestre.
Peña, un des plus anciens dans le réseau, n’assista pas à
cette séance, pour raisons de santé : il venait d’être durement
touché par une attaque cardiaque qui l’avait laissé à moitié
paralysé et lui créait des difficultés à s’exprimer.
Cette déclaration suscita dans la salle un tollé
d’indignation : celle-ci se vida presque totalement, les gens se
déclarant indignés d’avoir été ainsi trompés pendant de si
nombreuses années.
Selon Farriols, les Ummites auraient alors cherché à
restreindre le groupe de leurs « fidèles » pour mener une
opération d’une essence différente, axée sur « l’information de
l’âme collective terrestre par voie télépathique ».
À cette époque les Ummites se seraient mis à téléphoner
à différents contactés, parfois pendant des heures. Il ne
s’agissait plus d’un monologue, mais cette fois d’un dialogue et
c’est de cette époque que date l’échange téléphonique avec
l’ingénieur Dominguez cité plus haut. Les mystérieux
correspondants ne se contentaient plus de dispenser un
enseignement : ils répondaient carrément, quoique toujours
laconiquement, aux questions qui leur étaient posées.
Mais l’expérience se révéla être globalement un échec.
Les gens de Madrid vécurent tout cela très mal. Assez
rapidement l’ingénieur Dominguez, un des contactés de la
première heure, décrocha. Puis ce fut le tour du médecin
Aguire. Tout cela ressemblait à une fuite éperdue de gens
soudain confrontés à quelque chose qui les dépassait et qu’ils
ne s’estimaient plus capables d’assumer, de gérer. Chacun
construisit sa propre interprétation quant à l’origine des
documents. L’un pensait qu’ils avaient été écrits par un
« scientifique anglais », l’autre qu’ils émanaient d’une « secte
indienne ». Il était visible que tous les prétextes, même les
plus inconsistants, leur semblaient soudain bons pour prendre
congé d’une histoire qui leur était devenue insupportable.
À Barcelone, Rafael Farriols avait regroupé autour de lui
un petit groupe d’initiés : les membres de sa famille, son vieux
compagnon Barranechea, Lou, la secrétaire de son entreprise
de fabrication de plexiglas, la société Critesa, son intendant et
enfin deux recrues récentes, deux scientifiques de
l’université : un biologiste et un physicien théoricien. Mais en
1991 Barranechea se ferma à son tour et « brûla ce qu’il avait
adoré ». Farriols fut consterné.
La dernière phase couvre la période 1991-1994 et sera
décrite plus en détail dans la suite du livre.

La désinformation
Elle est constamment présente dans l’affaire Ummo1 2.
Citons une phrase extraite d’une lettre reçue en 1967 par
Antonio Ribera et qui situe bien la règle du jeu : « La
propagation de certains faits jusqu’aux organismes officiels
pourrait être la cause d’un certain préjudice pour nous. Si cela
se produisait, il ne nous serait pas difficile de simuler la nature
frauduleuse des témoignages qui parviendraient à ces
organismes en les discréditant efficacement. »
Je pense y être personnellement moins sensible que les
Espagnols étant donné que je ne m’attache qu’à la
fonctionnalité des textes. Lorsqu’un nouveau document
apparaît, je le considère comme une nouvelle pièce d’une sorte
de puzzle et je cherche l’information scientifique que ce texte
pourrait éventuellement receler. Quand celle-ci est absente,
les données invérifiables, ou inexploitables au temps t, je me
contente de les archiver ou de les considérer comme
anecdotiques.
Je vais maintenant raconter une histoire assez
savoureuse, qui est l’exemple type des manœuvres de
désinformation qui émaillent, de loin en loin, l’affaire Ummo.
Dans les années 80 Rafael Farriols reçut une lettre des
Ummites et Lou m’appela au téléphone.
– Jean-Pierre, Rafael vient de recevoir une nouvelle lettre
des Ummites. Ils ont cette fois décidé de révéler leur présence
aux Terriens.
– Ah, et comment ?
– Ils disent qu’ils vont envoyer dans cinq jours un
message radio, dans la bande des 21 cm, qui sera répété
pendant deux heures. Ce message sera en code, mais nous
recevrons ultérieurement une cassette qui, mêlée à ce
message, permettra d’avoir sa signification en clair.
– Tout cela me paraît bien compliqué. Un tel message ne
peut être reçu qu’à l’aide d’un radiotélescope. Pourquoi ne pas
avoir utilisé une bande radio ordinaire ?
– Les Ummites disent que le message sera émis par une
station qui se trouve dans une partie du ciel bien précise.
– Si ce sont des extraterrestres, avec leurs moyens ils
n’auraient aucun mal à accéder aux programmes
d’observation des radiotélescopes terrestres. Il leur suffirait
alors de situer leur émetteur dans l’axe et le tour serait joué.
– Ils disent que pour des raisons techniques ils ne
peuvent déplacer cette sonde et que celle-ci ne pourra émettre
que dimanche prochain, de telle heure à telle heure.
– Des extraterrestres qui sont incapables de déplacer un
émetteur radio, voilà qui semble bien bizarre, ne crois-tu pas ?
– Oui, mais étant donné l’importance de la nouvelle,
Farriols ne voudrait négliger aucune chance. Comme on dit en
Espagne, nous voulons « acheter tous les billets de la loterie »
et Rafael part demain pour Jodrell Bank pour essayer de
convaincre les radio-astronomes anglais de braquer leur
radiotélescope dans cette direction à ce moment-là.
– Ces gens vont le prendre pour un fou !
– Et toi, est-ce que tu ne pourrais pas faire quelque chose
de ce côté-là ?
Je ne crus pas une seconde à toute cette affaire, mais pour
faire plaisir à Rafael et à Lou je réussis à faire braquer le
radiotélescope de Nançay pendant huit minutes dans la
direction indiquée. Le lecteur peut se demander comment j’y
réussis. Mais un chercheur a plus d’un tour dans son sac. Je
téléphonai à un collègue astronome nommé Biraud, qui
s’occupait de la machine, la veille du jour dit, en lui disant :
– Je viens d’avoir un appel d’un de mes amis, un
astronome amateur américain, qui prétend que l’on vient
d’identifier une supernova dans la région de (j’ai oublié les
coordonnées fournies par Lou). Je ne sais pas si la nouvelle est
exacte, mais cela ne coûte rien de vérifier.
– D’accord, mais si je fais cela, envoie-moi une de tes
bandes dessinées dédicacée en échange.
– Promis.
Ainsi fut fait. Au jour et heure dit l’énorme radiotélescope
de Nançay s’orienta dans la direction indiquée et Biraud scruta
le ciel pendant huit minutes, en vain. Il n’y eut pas plus de
message ummite que de beurre en broche, mais il m’envoya
quand même un rapport sur cette écoute infructueuse. Biraud
ne sut jamais rien de mes véritables motivations et j’espère
qu’il ne me m’en voudra pas de révéler cette supercherie dans
ce livre, si d’aventure celui-ci lui tombe entre les mains.
Farriols prit contact avec les radioastronomes de Jodrell
Bank et évidemment ceux-ci lui demandèrent la raison de sa
requête. Lorsqu’il leur dit ce qu’il en était, ils lui rirent au
nez1 3.
Quel était le véritable auteur de cette lettre ? Nous ne
saurons jamais. Mais à vrai dire cela n’a pas beaucoup
d’importance : cette lettre n’était pas « fonctionnelle ».

1 - Enq uête s ur des extraterres tres q ui s ont déjà parm i nous , A l b i n Mi c hel , 1 991 ; r ééd.
poc he, édi ti ons « J’ai Lu ».

2- Les c hi f f r es f our ni s dans l es doc uments, en mati èr e de stati sti que, l ai ssent toujour s
r êv eur . Pour êtr e pr éc i s l a l ettr e di sai t que l a pr ob ab i l i té étai t de 2,9.1 0 –6 ! C’est à c r oi r e que
l eur s auteur s i gnor ent total ement l e c onc ept « d’ar r ondi ».

3- Du gr ec bios : l a v i e, et topos : l e l i eu ; endr oi t où l a v i e se dév el oppe. La sur f ac e de l a


Ter r e est l e b i otope de c ette pl anète.

4- V oi r Enq uête s ur des extraterres tres , op. c it. : c eux qui s’i nti tul ai ent l es U mmi tes
engagèr ent ef f ec ti v ement de l ongs di al ogues tél éphoni ques à par ti r de 1 987 , mai s on ne peut pas
di r e que c eux -c i déb ouc hèr ent sur gr and-c hose de posi ti f . La pl upar t des c ontac tés, dont
l ’essenti el du gr oupe de Madr i d, pr i r ent l i ttér al ement l a f ui te, dont Domi nguez, A gui r e et b i en
d’autr es. À Bar c el one Bar r anec hea l âc ha son v i eux c ompagnon Far r i ol s.

5- Les auteur s, amér i c ai ns, se f ondant sur des quanti tés de mati èr e pul v ér ul ente moi ns
i mpor tantes, ex pédi ées dans l a str atosphèr e par l es b omb es H, c onc l uai ent à un si mpl e « automne
nuc l éai r e ». Je l eur éc r i v i s à l ’époque en joi gnant des ar ti c l es éc r i ts par Stenc hi k ov , c o-w or k er
d’A l ek sandr ov , qui c onf i r mai ent pl ei nement l es tr av aux de c e der ni er , mai s i l s pr étendi r ent ne
pas en av oi r eu c onnai ssanc e.

6- Que l es U mmi tes si tuèr ent dans des tex tes ul tér i eur s dans l a si er r a de Gr edos.

7 - Gr oupe d’étude des phénomènes aér ospati aux non i denti f i és. Ser v i c e c r éé en son sei n
par l e CN ES pour l ’étude du phénomène OV N I.

8- CN ES : Centr e nati onal d’études spati al es.

9- Hauts l i eux de l a c onc epti on d’ar mements nuc l éai r es aux États-U ni s. La pr emi èr e
b omb e à hy dr ogène f ut c onç ue à Li v er mor e.

1 0- V oi r Les Enfants du Diable, A l b i n Mi c hel , 1 995.

1 1 - V oi r l es détai l s dans Enq uête s ur des extraterres tres , op. c it.

1 2- Dans l ’ensemb l e du dossi er ov ni l e v r ai et l e f aux se mél angent c omme l es métaux dans


un al l i age.

1 3- Quel ques années pl us tar d l e r adi otél esc ope de Jodr el l Bank s’ef f ondr a sous son pr opr e
poi ds, nouv el l e que Raf ael ac c uei l l i t av ec sati sf ac ti on.
Chapitre 1
L’affaire Ummo
est unique en son genre

En 1947 une vague d’ovnis sans précédent déferlait sur la


planète Terre. Ce furent d’abord des objets volants non
identifiés, des lumières nocturnes, des disques, des cigares,
avec « hublots », sans hublot. Puis les témoins firent état
d’« atterrissages ». On observa des traces au sol. Enfin, à
partir de 1955, des êtres de forme humanoïde sortirent de ces
machines, s’adressant parfois aux témoins, dont certains
prétendirent avoir été emmenés à bord de vaisseaux, pour des
voyages proches ou lointains.
Nous n’allons pas ici retracer toute l’histoire du
phénomène ovni, mais la question essentielle qui s’impose est :
quelle que soit la nature réelle du phénomène, quelle
information véhicule-t-il ? Sur quel matériel un scientifique
peut-il travailler ?
Il y a les récits des témoins, les photographies, les traces
au sol, les enregistrements radar, les films. Mais il y a aussi
tous les messages que des contactés prétendent avoir reçus,
par différents canaux. Certains se réfèrent à quelque
enseignement oral, d’autres invoquent la télépathie, l’écriture
automatique. Il y a enfin, plus prosaïquement, les messages
reçus par voie postale ou téléphonique. C’est le cas de l’affaire
Ummo.
Si un témoin se précipite chez des gendarmes en disant :
« Je viens d’être emmené à bord d’un vaisseau piloté par des
êtres d’un mètre de haut, avec des grosses têtes, des yeux
énormes et de grandes oreilles. J’y ai été témoin de telle ou
telle scène et ils m’ont dit ceci et cela… », on peut faire pas mal
de choses : examiner d’éventuels antécédents psychiatriques
chez cette personne, la soumettre à des tests psychologiques,
prélever son sang, l’analyser, rechercher sur son corps
d’éventuels stigmates. Si on trouve d’autres témoins on peut
comparer leurs témoignages. S’il existe des traces au sol, on
peut faire tout un tas d’analyses, relevant de la physique ou de
la biologie.
Mais quand il s’agit de simples envois postaux, tout cela
disparaît. On a en main une enveloppe timbrée, porteuse d’un
cachet, et le message qu’elle contient, c’est tout. Quand de plus
le texte est tapé à la machine on ne peut même pas faire une
analyse graphologique. Il ne reste plus qu’à se concentrer sur
le contenu du message, le support étant somme toute assez
secondaire.
À ce stade les notions de document authentique ou de
faux cessent d’être évidentes. N’importe qui peut mettre de
l’encre sur du papier et poster une lettre, y compris un
extraterrestre. Que peut donc faire un scientifique face à un
tel matériel sinon l’examiner sans a priori, la question centrale
étant : qui a émis ce message ? Est-ce un extraterrestre ou un
simple Terrien qui joue à l’extraterrestre ?
Les documents Ummo sont sans équivalent dans cette
constellation de messages et de documents liés au phénomène
ovni car ils ont la couleur de la science et empruntent son
langage. Ils se prêtent donc à une analyse scientifique.
Je pense avoir montré en vingt années de travail (les
travaux figurant dans l’annexe scientifique du présent et du
précédent ouvrage en témoignent) que les informations
véhiculées par ces textes étaient toujours de très haut niveau.
Personne ne pense plus aujourd’hui, comme le disait il y a
quinze ans l’ingénieur Claude Poher, qui fut le chef du premier
service créé en 1977 par le CNES, le GEPAN, déjà cité, et dont
la mission était de se pencher sur le dossier Ovni, que cette
affaire n’était qu’un simple canular monté par des étudiants
d’une université espagnole.
La seule façon de le prouver était de prélever des
informations à prétentions scientifiques dans ces textes et de
les transformer en publications, dans des revues de haut
niveau, à comité de lecture. C’est ce que je me suis attaché à
faire pendant vingt ans, en jouant ainsi le rôle d’un simple juge
instruisant une enquête.

L’image du dossier Ummo


Paradoxalement, ceux qui réagirent le plus violemment et
le plus négativement furent ceux qui s’intitulaient eux-mêmes
« ufologues » et qui publièrent plusieurs livres en tentant de
démonter toute l’affaire de leur mieux. Mais, n’étant pas
scientifiques, tous se cassèrent les dents sur son noyau dur :
son contenu scientifique, indéniable.
À cause des publications scientifiques de qualité que
j’avais faites, et qui étaient directement inspirées par le
dossier, les chercheurs ne pouvaient plus se contenter de
réagir par un simple haussement d’épaules. Certains
acceptèrent le face-à-face sur des plateaux d’émissions
télévisées en tentant de jouer de leur mieux leur rôle de
« pompiers ». Mais aucun, comme l’astronome Jean-Claude
Ribes1 , n’était spécialiste dans les disciplines concernées
(mécanique des fluides, MHD et cosmologie). Leur avis resta
de peu de poids et je n’eus guère de mal à en venir à bout.
Lorsque les journalistes de la télévision m’avaient sollicité,
tous m’avaient dit :
– Qui souhaitez-vous avoir pour interlocuteur ?
– Pour la cosmologie, vous n’avez que l’embarras du choix
(je citai différents noms). Pour la mécanique des fluides et la
MHD, la magnétohydrodynamique, la personne la plus
compétente me semble être René Pellat 2, qui a été mon
directeur de recherche il y a une quinzaine d’années. Celui-ci
connaît très bien le dossier Ovni ainsi que l’ensemble de mes
travaux sur la propulsion des aérodynes.
Mais aucun de ces personnages ne répondit à l’invitation.
Je participai donc à un certain nombre d’émissions au milieu
d’une faune confuse d’ufologues et de « spécialistes du
paranormal ».
Au début de l’été 1993 un nouveau livre de l’ingénieur
Jean-Jacques Vélasco3 et du journaliste Jean-Claude Bourret 4,
intitulé Ovnis, la science avance parut aux éditions Robert
Laffont. Cet ouvrage reflétait la position récemment prise par
le CNES, qui représente une véritable révolution. Après avoir
rendu compte de dix-huit ans d’enquêtes sur le terrain et de
multiples analyses effectuées en laboratoire, Jean-Jacques
Vélasco y écrivait en substance :
« Parmi les nombreux phénomènes aériens non identifiés
qui sont rapportés en France, mais aussi dans le monde
entier depuis plus de quarante ans, la plupart peuvent être
ramenés à des phénomènes naturels, plus ou moins bien
connus, ou à des manifestations de la technologie humaine.
Un nombre infime correspond à des canulars ou à des
hallucinations. Il reste un nombre important de cas non
élucidés : parmi ceux-ci quelques-uns sont très surprenants.
Les témoignages sont crédibles et les détails nombreux.
Lorsqu’on essaie d’interpréter au moyen de la science
actuelle leurs aspects étranges, on est parfois conduit à
imaginer des objets réels, en fait des engins utilisant des
techniques plus évoluées que les nôtres, supposant
l’intervention d’intelligence.
« Les explications sur l’origine de ces engins avaient
jusqu’à une date récente fait appel au paranormal ou à la
science-fiction, ce qui donnait aux ovnis une odeur de soufre
et détournait de leur étude beaucoup de scientifiques. Deux
astronomes, Jean-Claude Ribes et Guy Monnet, ont présenté
en 1990 une hypothèse qui n’utilise que les données de la
science d’aujourd’hui, une hypothèse rationnelle5. Les ovnis
proviendraient d’une ou de plusieurs civilisations
actuellement implantées dans notre système solaire, dans des
planètes creuses artificielles. Elles y seraient parvenues, à des
dates indéterminées, après un long voyage hors de leur
système solaire. »
Et il concluait :
« Mon opinion, qui, je le souligne, n’engage que moi, est
la suivante : il existe dans notre espace des objets qui
échappent à tout contrôle de la part des autorités civiles et
militaires et qui utilisent des technologies qui dépassent les
nôtres. »
Dans la mesure où Jean-Jacques Vélasco dirigeait depuis
quatorze ans un service qui, au sein du CNES, avait en charge
l’ensemble du phénomène ovni, on pouvait considérer que
cette opinion était « couverte par le CNES ». Une déclaration
importante, que l’on pourrait qualifier d’historique et qui
représentait un revirement complet vis-à-vis des déclarations
frileuses des dernières années.
Les auteurs consacraient un chapitre entier au dossier
Ummo en disant, d’entrée de jeu : « Que les Ummites se
rassurent, nous ne croyons nullement à leur origine
extraterrestre. » Un peu plus loin, on lisait :
« Il nous paraît exact que Jean-Pierre Petit a puisé dans
les documents Ummo certaines de ses idées concernant la
propulsion des ovnis par la magnétohydrodynamique (MHD).
Les documents concernés datent de 1968… S’agissant de la
cosmologie nous suivons encore Jean-Pierre Petit lorsqu’il
déclare avoir trouvé dans Ummo l’essentiel de ses idées
originales dans ce domaine. »
La thèse d’un canular de bas étage se trouvait donc
éliminée. Mais, autant le livre optait de manière très claire
pour l’hypothèse d’incursions d’extraterrestres, autant ses
auteurs s’empressaient d’écarter l’idée de la présence des
Ummites sur Terre et de leur contact avec des Terriens.
Effectuer le voyage interstellaire en plusieurs centaines ou
milliers d’années à l’aide de nefs gigantesques, véritables villes
de l’espace, oui, mais venir de la planète Ummo en quelques
mois, en utilisant des machines de treize mètres de diamètre,
naviguant dans un univers jumeau, non. Ribes qualifiait cette
idée de pure science-fiction.
Force était donc de construire un autre schéma
interprétatif, en faisant appel… au KGB !
L’hypothèse était très compliquée. Selon Vélasco et
Bourret, les services secrets soviétiques auraient entrepris
une vaste et coûteuse entreprise de manipulation en direction
de l’Espagne, dans les années 60, « pour préparer l’après-
franquisme ». Dans leur livre les auteurs croyaient discerner
dans l’ensemble des textes Ummo une idéologie proche du
socialisme, que les Soviétiques auraient cherché à propager
dans la péninsule ibérique, par ce biais. Pour la partie
scientifique, les agents du KGB se seraient assuré le concours
de spécialistes de très haut niveau, en particulier d’un
collaborateur d’Andréi Sakharov, non cité, pour la partie
cosmologique.
Comme je l’avais dit dans mon précédent livre, il existe
une parenté entre la conception ummite de l’espace-temps,
basée sur un concept d’univers jumeaux, et les travaux publiés
dès 1967 par l’académicien russe. Cet indice, quoique bien
fragile, semblait conforter les deux auteurs dans leur opinion,
puisqu’ils écrivaient :
« En conclusion nous jugeons particulièrement plausible
que l’affaire Ummo ait été montée par le KGB. Cherchons un
lieu pour la confection et l’orchestration de cette opération. Il
nous faut un endroit relativement isolé, où de nombreux
scientifiques travaillent dans des disciplines variées, et ce
dans le plus grand secret. La ville de Tomsk, en Sibérie,
répond particulièrement bien à ces critères. C’est sur le KGB
de Tomsk que nous parierons. Nous ne croyons pas prendre
un grand risque en faisant ce pari. »
Interviewé à l’automne 1993 dans la revue Mystère, le
journaliste Jean-Claude Bourret expliqua pourquoi il avait
accepté d’écrire ce livre en collaboration avec le CNES, en
jouant au passage un rôle de locomotive médiatique :
– Des scientifiques de très haut niveau m’ont contacté en
me disant que depuis de nombreuses années ils travaillaient
dans l’ombre sur le sujet ovni. Souhaitant conserver
l’anonymat, ils m’ont proposé de devenir leur porte-parole.
Jean-Claude Bourret n’est pas ce qu’on appelle un
journaliste scientifique et dans ce domaine ses connaissances
sont minces, ce qui rend cette déclaration peu crédible. Dans
son genre c’est un peu le « monsieur Loyal de l’ovni6 ». En fait,
selon Christian Perrin de Brichambaut 7 , le fameux « collège
invisible » dont il est question se réduirait à trois
personnages : Ribes, Monnet et un certain Gilbert Payan,
polytechnicien, comme Monnet et Pellat d’ailleurs. Payan joue
en France depuis 1976 le rôle de « monsieur Ovni », en
servant d’intermédiaire entre le gouvernement, les militaires
et le CNES. Selon Perrin, Payan aurait contrôlé le contenu du
livre du début à la fin.
Dans la suite de l’interview, Bourret déclarait :
– Nous avons la preuve que l’affaire Ummo a été une
manipulation orchestrée par le KGB de la ville de Tomsk, en
Sibérie, mais nous ne pouvons pas en dire plus, pour ne pas
griller certains contacts que nous avons là-bas.
L’Espagne est devenue socialiste depuis bon nombre
d’années et à la fin de l’année 1991 l’URSS a cessé d’exister.
Pourtant c’est un fait : le réseau Ummo est toujours aussi actif.
Les derniers envois datent… de l’automne 1994 (ces courriers,
rédigés en français, sont arrivés chez moi). À moins qu’il existe
à Tomsk une antenne du KGB qui ignore la disparition de
l’URSS et continue de collaborer avec des scientifiques au top
niveau aux fins d’alimenter une poignée de contactés en
informations ultraso-phistiquées. Lors d’une conversation
téléphonique que j’avais eue avec l’astronome Jean-Claude
Ribes, peu après la sortie du livre, au début de l’été 1993,
celui-ci n’excluait pas a priori cette possibilité.
Nous laissons le lecteur seul juge de cette thèse
« officielle » de la manipulation du KGB.
Il ne paraît pas nécessaire d’évoquer les différents livres
écrits par des ufologues sur le dossier Ummo, qui sont d’un
niveau assez bas. Tous butent sur le noyau dur du dossier : ses
aspects scientifiques, sur lesquels ils ne sont pas en mesure de
faire des commentaires pertinents.
Ceci étant, nous devons beaucoup à ceux qui s’intitulent
eux-mêmes « ufologues ». À l’époque où aucun scientifique
authentique ne prêtait la moindre attention au dossier Ovni, ils
ont été les seuls à collecter patiemment les informations et à
effectuer des enquêtes avec le peu de moyens dont ils
disposaient. Sans ce matériel nous n’aurions jamais pu
travailler. Mais certains, outrepassant leur fonction
d’enquêteurs sur le terrain et de simples collecteurs
d’informations, se mirent à écrire des livres et des articles
dans des revues « ufologiques », évoquant ainsi les bandar-
logs, ces singes dont parle Kipling dans son Livre de la Jungle,
et qui occupent des villes désertées par les hommes, en y
tenant des propos incohérents.

Jacques Vallée
Jacques Vallée, un Français fixé de longue date aux États-
Unis, a publié un nombre important d’ouvrages consacrés au
sujet ovni qui ont été traduits dans de nombreux pays, y
compris en France. Connu dans le monde entier, il est présenté
parfois par la presse comme astrophysicien. Il se trouve que
j’ai eu en main son curriculum vitae complet, il y a deux ans.
Les travaux qu’il a publiés se réfèrent exclusivement à
l’informatique et plus précisément aux bases de données. Il a
effectivement fait des études d’astrophysique (diplôme
d’études approfondies, équivalent d’un master américain) il y
a plus de vingt ans, mais là se limitent ses connaissances en la
matière, qui sont donc fort anciennes.
À partir des années 70, il tenta de développer l’idée selon
laquelle les ovnis correspondraient à un phénomène
paranormal, en se fondant sur différents aspects
déconcertants du dossier. Il est arrivé que des témoins
prennent des photographies de ces objets, de loin ou de près.
Alors qu’ils avaient une vision tout à fait nette de leur sujet, la
pellicule n’avait pas été impressionnée. Inversement des
photographes amateurs ont fréquemment trouvé des taches
lumineuses sur leurs clichés, alors qu’ils n’avaient rien vu.
Sur ce dernier point, le mystère est simple à élucider. Les
pellicules ne sont pas exemptes de défauts de fabrication. Une
de mes amies avait pris une photo à l’aide d’un appareil
Polaroïd, en 1975, alors que je décollais avec mon deltaplane,
sur une piste d’une station de ski. La photo révéla la présence
d’un objet lenticulaire juste devant moi. Ni mon amie Marie-
Dominique ni moi-même n’avions vu quoi que ce soit, mais
nous n’en conclûmes pas pour autant qu’il s’agissait d’un
phénomène paranormal.
Le premier point est plus intéressant, mais on a trouvé il
y a quelques années un commencement d’explication, sans
faire recours à un soi-disant phénomène paranormal. Lors de
la vague de 1991, en Belgique, trois membres d’une association
ufologique, la SOBEPS8, avaient vu une machine passer au-
dessus d’eux, à une altitude qu’ils avaient évaluée
subjectivement à quelques centaines de mètres. L’objet était
triangulaire et portait sur l’avant des sources de lumière très
vives, de forme circulaire, que les témoins avaient comparées
à des phares de camion. Parmi ceux-ci se trouvait un
photographe professionnel, qui prit posément plusieurs clichés.
L’ovni, qui défrayait à l’époque la chronique en Belgique, se
déplaçait assez lentement : aux dires de la majorité des
témoins, à moins de cent kilomètres à l’heure.
En bon professionnel, notre homme se rendit cette même
nuit aux abords d’un aérodrome voisin où il prit avec le même
appareil, la même pellicule et les mêmes réglages, des
photographies d’avions en approche. Or quelle ne fut pas sa
surprise en constatant au développement que l’ovni avait
disparu, alors que les phares des avions, beaucoup moins
puissants, étaient parfaitement visibles sur les clichés.
L’explication du mystère fut trouvée quelques mois plus
tard par le professeur Auguste Meessen, physicien travaillant
à l’université de Louvain. En effectuant des recherches
bibliographiques il s’aperçut qu’une image photographique
pouvait très bien être effacée sur une pellicule, avant le
développement, à condition de superposer à la lumière visible
une certaine quantité de rayonnement infrarouge, cela
constituant ce qu’on appelle l’effet Herschel, bien connu des
physiciens. L’infrarouge a alors pour effet de détruire les
modifications chimiques induites sur le film par la lumière
visible. Pour plus de certitude Meessen refit dans son
laboratoire cette expérience, laquelle est d’ailleurs sans
mystère.
En effectuant d’autres tirages, avec un plus long temps
d’exposition, notre photographe put mettre en évidence de
très faibles lumières présentes sur la pellicule, qui étaient tout
ce qui restait des images des puissants phares qu’il avait
observés visuellement.
Si l’ovni avait émis de l’infrarouge, soit
intentionnellement, soit parce que cela correspondait à son
fonctionnement normal, la prise de photographies devenait
alors problématique9.
Dans un autre de ses livres, Vallée évoquait le caractère
très déconcertant des discours tenus par de prétendus
passagers de soucoupes volantes, s’adressant à des Terriens. Il
rapportait ainsi le dialogue suivant :
Le Terrien : – Comment fonctionnent vos machines ?
Le pilote de la soucoupe volante : – Par
électromagnétisme inverse.
Cette réponse semblait être pour Jacques Vallée le type
même de l’absurdité scientifique. Mais en y regardant de plus
près cette réponse est finalement loin d’être aussi absurde
qu’elle ne paraît de prime abord. Si les ovnis empruntent pour
leurs déplacements un univers jumeau du nôtre, dont les
atomes présentent des caractéristiques semblables à celles de
notre antimatière, les choses deviennent soudain plus
cohérentes. En effet tous les physiciens savent que
l’antimatière obéit à ce que l’on pourrait appeler des « lois de
l’électromagnétisme inverse ».
Vallée s’étonnait ensuite du nombre extraordinaire
d’observations réalisées depuis quarante ans. Ce nombre ne
correspondait pas, selon lui, à une étude systématique de la
Terre, qui aurait pu se faire, ajoutait-il, avec des moyens
beaucoup plus économiques. Cette conclusion trahit un
anthropocentrisme certain. Comme nous le verrons à l’aide de
documents ummites récents, ces apparitions auraient deux
fonctions : l’étude du biotope terrestre, plus une certaine
ostentation. L’ovni, en se montrant (et cette stratégie semblait
très nette lors de la vague belge), crée un phénomène
psychosociologique, qui est en soi un objet d’étude.
Ainsi, un manque de connaissances scientifiques peut
amener quelqu’un à émettre des conclusions hasardeuses.
N’ayant pas une solide formation de physicien, Vallée opta
pour une théorie sans consistance, en qualifiant l’ovni de
phénomène paranormal, ce qui était, à mon sens, tourner le
dos à toute réflexion scientifique réelle.
Le fourre-tout du paranormal permet tous les
amalgames. Dans les livres de Vallée voisinent les observations
d’ovnis, les apparitions de la Vierge, celles de lutins et de
farfadets. Sur le plan littéraire et sur le plan du rêve, c’est
peut-être intéressant, mais scientifiquement, cela ne vaut pas
grand-chose.
J’ai eu l’occasion il y a une dizaine d’années de participer à
une émission de télévision (l’émission de Michel Polac : « Droit
de réponse ») où il était présent. Chacun y exposait son point
de vue, comme d’habitude dans la plus grande confusion.
Lorsqu’il fut questionné sur la possibilité d’incursions
d’extraterrestres, Vallée fit cette réponse très significative :
– Eh bien personnellement je serais très déçu si les ovnis
ne correspondaient qu’à de simples visites d’extraterrestres !
Il semble que notre informaticien participe, à son insu, à
un phénomène de cargo cuit.
Pendant la dernière guerre mondiale les Américains
occupèrent pendant un temps limité des îles situées entre la
Nouvelle Guinée et le Japon, en y implantant des aérodromes
sommaires. Les indigènes de ces îles, complètement coupés de
la « civilisation », virent un jour débarquer des êtres étranges,
à la peau blanche, casqués, qui pilotaient des jeeps, des
bulldozers et vivaient dans d’étranges habitations. À
intervalles réguliers un cargo jetait l’ancre non loin du rivage
et des bateaux de plus faible tonnage assuraient le
débarquement des vivres, du carburant, des munitions et des
pièces de rechange. Les indigènes profitèrent de cette manne
inespérée et découvrirent les bonbons, le Coca-Cola, le
chewing-gum et le chocolat.
Au bout de quelques mois, ayant conquis des postes plus
avancés en direction du Japon, les Américains levèrent le
camp en ne laissant que quelques tôles perforées, vestiges
d’une piste d’atterrissage, que les herbes ne tardèrent pas à
envahir. Pour les indigènes : plus de chocolat et de sucreries.
Ils se grattèrent latête, établirent un lien de cause à effet entre
l’arrivée périodique du cargo et les distributions de friandises,
inventèrent alors un culte destiné à faire revenir le cargo et
pour ce faire imitèrent les tenues et les gestes des occupants.
Lorsque des ethnologues voulurent étudier ces
populations ils tombèrent sur des scènes que personne
n’aurait pu imaginer. Les indigènes marchaient au pas,
défilaient, montaient en haut d’un mât dressé par les Yankees
un bout de chiffon, portaient des morceaux de bois sculptés de
manière à imiter au mieux les fusils, dont ils ignoraient l’usage.
Ils pensaient que ce rituel, qu’ils avaient inventé, pourrait
inciter le cargo, ainsi déifié, à revenir.
Jacques Vallée semble à sa manière avoir déifié, ou du
moins mythifié l’ovni, de manière naïve. Il n’est pas étonnant,
dans ces conditions, qu’il se soit montré très hostile au dossier
Ummo, dès le départ. Mais le commentaire qu’il en fait dans
son dernier ouvrage tient plus de la profession de foi que de
l’analyse scientifique.

À propos de la thèse de Ribes et de Monnet


S’agissant des voyages extraterrestres, la thèse soutenue
par les astronomes Jean-Claude Ribes et Guy Monnet dans La
Vie extraterrestre1 0, basée sur les idées initiales de l’Américain
O’Neill, est entièrement axée sur l’extrapolation de nos
connaissances actuelles. Le véhicule spatial devient alors
quelque chose d’horriblement compliqué et de volumineux.
Pour satisfaire aux exigences d’une croisière subluminique, les
temps de voyage en direction d’autres systèmes que le nôtre
se chiffrent en dizaines de générations humaines. Ce n’est pas
le passager initial du vaisseau qui parviendra à destination,
pour un voyage sans retour, mais son lointain descendant, à la
énième génération. Pour qu’une telle opération soit
supportable, les futurs spationautes, selon Ribes et Monnet,
devront donc emporter avec eux tout leur cadre de vie. Les
cylindres d’O’Neill, dont la rotation lente donnerait une gravité
artificielle comparable à celle de la Terre, seraient tapissés
intérieurement de champs, de vallées, de collines, peuplés
d’animaux. L’énergie serait produite à partir de celle qui
émane des étoiles, lorsqu’on passerait suffisamment près de
l’une d’elles, sinon, entre deux étoiles, la fusion de l’hydrogène
y suppléerait. D’où viendrait cet hydrogène ? Ce serait tout
simplement celui que ramasserait le vaisseau sur son passage,
comme une baleine avale son plancton.
Cette vision implique un blocage complet des
connaissances scientifiques au stade actuel. Or, si on jette un
coup d’œil en arrière, l’histoire des sciences nous montre que
les sources d’énergie ont diablement changé en quelques
siècles, de même que la vision que nous nous faisions de
l’univers.
Imaginons des indigènes d’une île perdue du Pacifique qui
verraient un jour un sous-marin nucléaire faire relâche près de
leur côte. En supposant qu’il existe un minimum d’interface
linguistique entre les deux peuples, on pourrait imaginer le
dialogue suivant :
– D’où venez-vous ?
– D’une terre située à des milliers et des milliers de
kilomètres de chez vous.
– Cette île semble bien riche, si on en juge sur tout ce que
vous transportez avec vous. Comment assurez-vous la marche
de votre pirogue ?
– Nous utilisons l’énergie nucléaire et nous naviguons sous
la surface des eaux.
Perplexe, l’autochtone n’en croirait rien. Le mot même
d’énergie lui resterait obscur. Il imaginerait alors que, dans un
futur lointain, ses descendants pourraient construire des
pirogues de cinq cents mètres de long, mues par des milliers
de rameurs, qui permettraient à son peuple de découvrir ces
terres mystérieuses et riches, si distantes de son île.
Que cela soit chez Vallée ou chez Ribes, lequel refuse
systématiquement tout examen sérieux des textes ummites,
qualifiés par lui de science-fiction, la démarche, bien humaine,
est somme toute la même : tenter à tout prix de ramener le
sujet dans le champ de sa compétence.

Les premières applications scientifiques


Les textes ummites suggéraient un mode de sustentation
et de propulsion révolutionnaire, basé sur un domaine qui
commence à faire parler de lui au Japon : la MHD ou
magnétohydrodynamique. L’idée n’est pas vraiment neuve
puisque son inventeur n’est autre que le savant anglais
Michael Faraday 1 1 . Lorsqu’un courant électrique parcourt un
fluide soumis à un champ magnétique et lorsque ce champ est
perpendiculaire à ce courant, le fluide subit une force appelée
force de Laplace par les Français et force de Lorentz par les
Anglo-Saxons. C’est ainsi que se propulse le fameux navire
japonais Yamato, déjà évoqué plus haut. Comme le petit
navire que j’avais fait évoluer dans un bassin d’eau salée, dans
l’émission « Temps X » de TF1, en 1979, le Yamato possède
deux accélérateurs linéaires situés sous sa coque.
Chacun aspire l’eau de mer à l’avant et la refoule vers
l’arrière. Le lecteur intéressé trouvera toutes les explications
souhaitées dans un album que j’ai fait paraître1 2 sur la MHD et
intitulé (fort justement d’ailleurs) Le Mur du silence. Bien des
années auparavant les Soviétiques avaient équipé certains de
leurs sous-marins de tels systèmes de propulsion, qui ont
l’avantage, par rapport à l’hélice, d’être totalement silencieux,
cela étant le sujet du film Octobre rouge, avec Sean Connery.
Le nav ire MHD japonais Yamato, v u de des s ous .
On di sti ngue l es deux pr opul seur s MHD l i néai r es.

Que ce soit le Yamato, ou les submersibles MHD


soviétiques, toutes ces unités avaient une chose en commun :
l’accélération du fluide était réalisée à l’intérieur de tuyères.
Ces navires subissaient donc une traînée de frottement, liée à
toutes les autres surfaces en contact avec le fluide (qu’on
appelle en mécanique des fluides « surface mouillée »). Les
textes ummites suggéraient d’éliminer celle-ci en mettant tout
simplement le moteur… à l’extérieur de la machine !
Concrètement, au lieu de placer le moteur, le système
d’accélération MHD de l’eau de mer, à l’intérieur de la
machine, on faisait l’inverse : on mettait l’engin à l’intérieur de
son propre moteur.
On peut comparer un tel dispositif à celui qu’utilisent les
bactéries cillées, comme la paramécie, pour se déplacer dans
l’eau.

Com parais on entre l’entraînem ent de l’eau par une bac térie c illée, à l’aide de s es c ils v ibratiles , et
l’entraînem ent de l’air par « aérody ne MHD »

Toute la paroi de la cellule participe à la propulsion et il ne


se crée aucune turbulence de sillage. Ainsi la bactérie cillée se
déplace-t-elle dans l’eau en consommant un minimum
d’énergie.
Les textes ummites précisaient que lors de son
déplacement aérien leur machine contrôlait en tous points, au
voisinage de sa paroi, l’écoulement fluide à l’aide d’un dispositif
électromagnétique.
Nous imaginâmes, mon ami Maurice et moi, un système
très primitif en forme de cylindre et portant deux électrodes
disposées selon des génératrices. En fait ce cylindre était tout
simplement un aimant. Pour tous les détails, encore une fois,
se référer à ma bande dessinée Le Mur du silence.
En plaçant le tout dans un bac d’eau salée et en ajoutant
quelques gouttes d’un colorant, nous fûmes ravis de voir l’eau
s’écouler sans qu’il se crée la moindre turbulence, comme il
était dit dans les textes.
Nous en étions là en 1975, et cette première expérience
nous excita beaucoup. Dans les jours qui suivirent, Maurice
refit un montage semblable, mais plus élaboré, dans sa cuisine,
et filma l’écoulement avec une caméra de 16 mm. Il avait
trouvé un système très astucieux pour créer des filets d’eau
colorée et le film, développé, se révéla très réussi.
Entre-temps j’avais fait des tas de calculs théoriques. Ces
petites expériences d’hydraulique n’étaient que des
simulations d’expériences qui devraient se réaliser dans des
gaz. En quelques jours je calculai tous les paramètres de vol
d’une machine volante que je baptisai aérodyne MHD. Grâce à
l’académicien et mathématicien français André Lichnerowicz
cette idée put être publiée à l’Académie des Sciences de Paris.
J’envisageai très vite d’autres géométries et systèmes MHD :
voir à ce sujet l’article reproduit dans Enquête sur des
extraterrestres…, pudiquement intitulé
« Magnétohydrodynamique : convertisseurs d’un genre
nouveau »…
Dans un propulseur à hélice, avec des pales d’une
longueur et d’une surface données, la poussée est
proportionnelle au nombre de tours de l’arbre et à l’incidence
des pales vis-à-vis du fluide. Si on essaye de propulser un
navire avec des pales qui sont calées selon une incidence très
faible, le rendement sera exécrable. L’hélice battra l’eau
furieusement et le navire n’avancera guère.
Dans le propulseur MHD le champ magnétique est
l’équivalent de l’angle de calage des « pales ». Plus il est élevé,
meilleur est le rendement. Si les Japonais envisagent
actuellement de construire des navires propulsés par MHD,
c’est précisément parce qu’ils savent créer des champs
magnétiques suffisamment élevés, de plusieurs dizaines de
milliers de gauss (précisément 40 000 gauss), à l’aide
d’aimants supraconducteurs. Si leurs aimants ne faisaient
qu’un millier de gauss, leur navire n’avancerait pas et toute
l’énergie électrique servirait à chauffer l’eau de mer, c’est tout.
Si on veut créer une poussée donnée et si on décuple la
valeur du champ magnétique, on aura besoin d’un courant
électrique dix fois plus faible. Comme on sait que l’effet Joule
varie comme le carré de l’intensité du courant, on dépensera
alors cent fois moins d’énergie. On peut calculer que dans l’eau
de mer le rendement devient réellement intéressant quand le
champ atteint 100 000 ou 200 000 gauss. Nos petits aimants
ne produisaient qu’un champ de 1 000 gauss et nous savions
que le rendement était très mauvais.
En 1975 une chaîne de télévision française, TF1, nous
demanda de faire évoluer un bateau électromagnétique sur un
bassin d’eau salée, devant les caméras de l’émission
« Temps X », dont s’occupaient les frères Bogdanoff. Nous
fabriquâmes donc un bateau absolument semblable au
Yamato, d’une trentaine de centimètres de long, équipé de
deux tuyères MHD. Mais les aimants étaient tellement lourds
qu’il était exclu de charger à bord les piles électriques. Le
bateau était donc alimenté par un fil qui pendait du plafond et
était relié à un générateur électrique, manœuvré par mon fils
Jean-Christophe, qui avait à l’époque huit ans.
Quand le cameraman se mit à filmer, mon fils manœuvra
les rhéostats et le « bateau sans hélice » se mit à évoluer sur
son plan d’eau salée, sous les projecteurs. Il lui suffisait de
régler l’intensité du courant dans les deux tuyères pour piloter
cet esquif du XXI e siècle, le freiner ou même le mettre en
marche arrière.
Il aimait beaucoup nous aider dans les expériences. Un
jour je l’avais emmené dans un musée des sciences à Paris, le
Palais de la Découverte. Nous avions suivi une démonstration
d’un générateur de très haute tension, dans une des salles.
Quand le responsable avait demandé un volontaire, il s’était
aussitôt proposé. L’homme avait alors fait monter Jean-
Christophe sur un plateau électriquement isolé et l’avait
chargé sous des dizaines de milliers de volts. Mon fils avait des
cheveux blonds longs et légers et sous l’effet de cette tension
ceux-ci s’étaient aussitôt hérissés. Le responsable avait été
frappé par son impassibilité et lui avait dit : « Tu n’as pas
peur ? »
Sur ce l’enfant lui avait répondu :
– Avec le père que j’ai, ces choses-là, j’en ai l’habitude…

Quand les aérodynes MHD deviennent des soucoupes


volantes
À partir des premières maquettes en forme de cylindre,
Maurice et moi passâmes vite à des objets en forme de
sphères, munis d’une ceinture d’électrodes.
Puis je me rendis compte que lorsque le champ
magnétique devenait très intense l’objet devait avoir une
forme de disque1 3. Cela se mettait à ressembler de plus en plus
aux fameux ovnis, décrits par tant de témoins depuis 1947. La
machine en forme de disque fonctionnait comme un puissant
aspirateur d’air. En fait elle était plus proche du rotor d’un
hélicoptère que d’une aile. Si on avait construit cette machine
et si on l’avait fait évoluer elle se serait comportée de la même
manière (dessin ci-contre).
Les expériences dans l’eau salée, ou acidulée, nous
lassèrent vite et nous voulûmes réaliser des expériences dans
les gaz. Mais un observatoire d’astronomie n’est pas à
proprement parler le meilleur endroit pour faire de la
mécanique des fluides. On y trouve surtout de quoi polir les
miroirs des télescopes. Mais, une fois qu’on a poli le miroir, il
faut déposer à sa surface une couche d’argenture
réfléchissante. Pour ce faire le laboratoire disposait d’une
cloche à vide, munie d’une pompe.

Mis es en trans lation c om parées de l’h élic optère et de l’aérody ne MHD

Cela me donna une idée. Un véritable aérodyne MHD, se


déplaçant dans l’air dense, devrait produire des champs
magnétiques très intenses, de l’ordre de plusieurs dizaines de
milliers de gauss, voire de plusieurs centaines de milliers. La
décharge électrique se produisant dans l’air environnant
mettrait en jeu des intensités de l’ordre du million de volts et
le générateur électrique qui devrait l’alimenter devrait
développer de 100 à 1 000 mégawatts, l’équivalent de la
puissance produite par une centrale nucléaire. Mais dans de
l’air sous très basse pression (un dixième de millimètre de
mercure) tout cela changeait. Il suffisait de 1 000 gauss, de
tensions de quelques milliers de volts et d’intensités bien
inférieures à l’ampère.
J’étais en poste à l’Observatoire de Marseille et Maurice
travaillait dans un institut voisin nommé le Laboratoire
d’astronomie spatiale ou LAS, qui était à l’époque dirigé par le
professeur Courtes. Le matériel que nous convoitions étant
dans ce laboratoire, nous nous y rendîmes un dimanche et
nous en fîmes l’inventaire.
Maurice était plus prudent que moi. Des rumeurs ayant
circulé dans le laboratoire, à la suite de nos premières
expériences, l’incitèrent à prôner la discrétion. Nous
installâmes donc notre matériel dans un sous-sol dépourvu de
fenêtres et nous commençâmes à travailler.
Les choses se révélèrent tout de suite passionnantes et
nous pûmes obtenir des résultats scientifiques tout à fait
concrets qui donnèrent lieu à des publications dans des
congrès. Nous butâmes sur un certain nombre de problèmes
qu’il nous fallut résoudre ; à chaque fois, il fallut inventer
quelque chose d’original et d’intéressant. Évoquer ces
questions scientifiques nous emmènerait beaucoup trop loin.
Disons que nous faisions des études sur des objets en forme de
disques, avec des électrodes qui brillaient dans l’obscurité
comme des « hublots » et ressemblaient à des choses que des
témoins d’ovnis avaient décrites.
Pour serrer de plus près les textes ummites j’avais
imaginé une machine dénuée d’électrodes, qui fonctionnait par
induction. En fait, après un voyage en Espagne, nous avions
ramené pratiquement les plans de l’engin. Pour qui savait
analyser ces documents avec soin, les choses étaient décrites
presque en clair. Je me souviens qu’à l’époque j’avais publié un
article à l’Académie des Sciences de Paris où j’avais reproduit à
l’identique le schéma des ionisateurs pariétaux décrits dans les
textes. Cet article se trouve d’ailleurs dans l’annexe
scientifique d’Enquête sur des extraterrestres…
L’expérience la plus spectaculaire fut sans doute celle où
nous nous mîmes à créer l’ionisation autour des objets à l’aide
de champs de très haute fréquence. Pour de l’air
atmosphérique il aurait fallu des fréquences de 3 gigahertz1 4.
Mais dans notre gaz à une pression de quelques dix-millièmes
d’atmosphère une source de 1 mégahertz1 5 suffisait.
Nous avions monté cette expérience à la fois pour des
raisons scientifiques et à l’occasion d’une émission de télévision
consacrée aux ovnis. Nous avions donc usiné une petite
maquette en forme d’assiettes accolées et nous l’avions
connectée à notre générateur. Lorsque nous branchâmes la
maquette sur notre générateur haute fréquence, notre
surprise fut grande. Nous nous attendions à voir se créer
autour de l’objet un simple halo de gaz ionisé, faiblement
luminescent. Or nous vîmes apparaître des « rayons
tronqués », des jets lumineux qui partaient radialement :

Je trouvai vite l’explication. La maquette se trouvait


portée à une tension assez élevée et ces rayons étaient en fait
des arcs électriques, d’un genre un peu spécial, qui se
formaient sur le bord aigu de la machine.
Nous nous souvenions que des témoins avaient décrit des
choses absolument identiques, quelques années plus tôt. Les
scientifiques avaient alors dit que de tels phénomènes de
« lumière tronquée » étaient physiquement impossibles. La
lumière, disaient-ils, ne pouvait pas s’interrompre ainsi, sans
obstacle.
Certes, mais ce n’étaient pas de simples rayons lumineux,
mais des arcs électriques hyperfréquence, nuance.

La réaction de la communauté scientifique


Maurice et moi étions très enthousiastes. Nous nous
amusions beaucoup et étions totalement inconscients de la
colère que nous étions en train de susciter dans la
communauté scientifique. Mon camarade, qui était astronome
de longue date, avait vu avec son père, quelques années
auparavant, une formation de disques évoluer à grande vitesse
au-dessus de la campagne avignonnaise. Il pouvait décrire son
observation avec beaucoup de précision, comme un véritable
professionnel, et il était exclu qu’il ait confondu à l’époque ces
objets avec des astres quelconques ou des météorites.
D’ailleurs, après avoir parcouru la moitié du ciel, les sept objets
avaient viré brutalement à angle droit et avaient accéléré à
vive allure.
Mais vingt-huit années s’étaient écoulées depuis la
première observation de disques volants par Kenneth Arnold,
au-dessus des monts Rainier. Entre-temps la communauté
scientifique avait vivement réagi face à ces « hallucinations en
tous genres ». Aux États-Unis le physicien Philip Klass avait
produit tout un éventail de schémas interprétatifs qui ne
nécessitaient nullement le recours à des visites
d’extraterrestres. Pour les observations diurnes, tous les
types de phénomènes naturels, d’hallucinations ou d’illusions
d’optique étaient invoqués. Les témoins étaient censés voir
des planètes, des ballons-sondes ou des météorites dont les
trajectoires pouvaient être aussi capricieuses que la balle qui
avait tué le président Kennedy 1 6. Pour les observations
nocturnes on parlait de réflexions de phares de voitures sur les
nuages, de foudre en boule ou même de quelque chose que
Klass lui-même avait inventé : les plasmoïdes.
Celui-ci prétendait que dans « certaines conditions » des
masses de gaz ionisé pouvaient se créer spontanément. Avec
ses plasmoïdes, Klass se faisait fort d’expliquer n’importe quoi.
Le temps n’était pas à l’orage ? Qu’à cela ne tienne, il trouvait
une ligne électrique à proximité qui avait engendré ce plasma
en fournissant l’énergie nécessaire. S’il n’y avait pas de lignes
électriques, on invoquait des fissures géologiques et les forts
champs électriques qui étaient censés accompagner des
remaniements internes du sol1 7 . Les plasmoïdes apportaient
une réponse à toutes les questions, car ils étaient censés
pouvoir naître à n’importe quelle altitude, se déplacer à
n’importe quelle vitesse. Ce n’étaient pas à proprement parler
des objets mais des régions de l’atmosphère riches en
électrons libres, comparables par exemple aux aurores
boréales. Leur déplacement apparent ultra-rapide était alors
assimilé à celui d’une onde d’ionisation. Selon Klass ça n’étaient
pas les atomes qui se déplaçaient, mais l’état d’ionisation qui se
propageait de loin en loin, comme une vague à la surface de la
mer. Dans l’océan la vitesse de déplacement des vagues de
surface n’a rien à voir avec un courant marin1 8.
Certaines vagues, suscitées par des effondrements du
plancher océanique, peuvent cheminer à des vitesses
considérables, de l’ordre de 100 kilomètres à l’heure, ce qui ne
signifie nullement que le milieu marin soit soumis à de telles
vitesses. Les masses liquides, lors du passage de la vague, se
contentent d’osciller à quelques mètres par seconde. Klass
expliquait ainsi l’absence de bang qui aurait accompagné le
déplacement d’une masse importante dans l’air. Ce modèle
semblait pouvoir rendre compte de tous les aspects
observationnels liés aux mystérieuses visions. Il n’y avait
qu’un détail assez gênant : personne ne pouvait avancer le
moindre modèle théorique, le moindre calcul, même grossier,
concernant ces plasmoïdes baladeurs et encore moins proposer
des simulations expérimentales.
À l’opposé, Maurice et moi proposions un modèle de
véhicule électromagnétique qui semblait crédible. Nos travaux
trouvaient de plus en plus d’écho. Un journal populaire
américain à fort tirage, le National Enquirer, avait fini par
envoyer un de ses journalistes qui avait fait un reportage
complet, avec photos. Celui-ci avait littéralement fait le tour
du monde avec des manchettes fracassantes comme : « Deux
Français ont percé le mystère des soucoupes volantes : elles
viennent bien d’une autre planète. » Et tout à l’avenant.
Le Léviathan scientifique se retournait dans son antre en
grognant, dérangé par les deux moustiques que nous étions.
Les chercheurs estimaient que la question ovni avait été réglée
une bonne fois pour toutes à l’occasion du célèbre rapport
Condon. En 1965, le gouvernement des États-Unis avait confié
à l’université du Colorado et plus précisément au professeur
Condon, un ancien du projet Manhattan, le soin de se
prononcer sur le dossier Ovni. Le rapport de clôture avait été
publié en 1969. Condon concluait que l’étude du phénomène
ovni ne valait pas d’être poursuivie et que de toute façon elle
n’apporterait rien au point de vue scientifique. Or les travaux
que nous menions, Maurice et moi, et les publications
scientifiques que nous accumulions montraient exactement le
contraire.
En France nous avions notre Philip Klass en la personne
du professeur Evry Schatzman, astrophysicien connu et
membre de l’Académie des Sciences de Paris. Il présidait de
plus une association, l’Union rationaliste, qui se donnait pour
mission de pourchasser les fausses sciences et les
charlataneries en tout genre.
Nous nous connaissions très bien, puisqu’il avait présidé
en 1972 le jury de ma thèse de doctorat, consacrée à la
dynamique des galaxies et à la physique des gaz ionisés et
m’avait à l’époque chaleureusement encouragé dans mes
recherches. Aussi quelle ne fut pas ma surprise lorsque
j’appris qu’il faisait de son mieux pour me discréditer à travers
la France, qu’il parcourait comme un pèlerin chasseur de
sorcières.

L’histoire du baron de Münchhausen


Schatzman ressemblait à Bernardo Gui, le grand
inquisiteur du film Au nom de la rose. Partout où il allait il
pointait son œil clair comme de l’acide, aigu comme une lame
et transperçait de son savoir le « charlatan » qui passait dans
sa ligne de tir. Il était sans pitié et sans état d’âme.
Très vite, lors de ses conférences, des gens dans la salle lui
dirent :
– Mais que pensez-vous des idées développées par Jean-
Pierre Petit ? Que pensez-vous de ce modèle d’aérodyne
électromagnétique ?
– Une machine ne peut se sustenter si elle crée elle-même
son propre champ magnétique et son propre champ électrique.
Il y a des théorèmes qui s’y opposent. Cet aérodyne de Jean-
Pierre Petit me fait penser à l’histoire de la jument du baron
d e Münchhausen. Un jour notre célèbre menteur s’était
embourbé dans un marais, assis sur sa jument. Il avait alors
raconté qu’il l’avait sortie de là sans descendre de sa selle,
simplement en tirant sur sa crinière !…
Schatzman continua pendant des mois son action
discréditante au point que je finis par lui demander un droit de
réponse en bonne et due forme. À l’automne 1976 l’Union
rationaliste tenait ses assises à Annecy. Nous obtînmes,
Maurice et moi, d’exercer ce droit, imprescriptible dans le
monde scientifique.
Schatzman était venu apporter la bonne parole
scientifique. Le sujet de sa conférence était « La vie
extraterrestre ». Il rendait compte des dernières molécules
organiques détectées dans le cosmos, convenait que nous
n’étions probablement pas seuls dans l’univers, mais
garantissait notre isolement avec un sourire moqueur en
invoquant la sacro-sainte barrière luminique, qui rendait les
voyages interminables et terriblement onéreux. En outre, qui
aurait le courage de s’enfermer dans une capsule pendant des
milliers d’années, en rompant tout lien avec sa planète
d’origine pour partir à la recherche d’un autre monde habité, à
des dizaines d’années-lumière de chez lui, voire plus encore ?
Cette perspective lui semblait, « hélas », terriblement
irréaliste.
Vint notre tour. Le responsable de la section d’Annecy
annonça d’un ton glacé :
– Monsieur Petit, chercheur au CNRS, estimant avoir été
discrédité par le professeur Schatzman, ici présent, à la suite
de déclarations faites par lui lors de précédentes conférences, a
souhaité exercer un droit de réponse.
Nous lûmes le texte exact des commentaires qui avaient
été faits par Evry Schatzman sur nos travaux. Celui-ci avança
alors à pas lents vers son arène favorite, le tableau noir. Étant
théoricien, c’est là qu’il avait défait plus d’un gladiateur. Mais
ça n’est pas là que nous l’attendions. Maurice avait fabriqué un
montage de la taille d’un aquarium. Pendant que je cherchais
une prise de courant, mon camarade s’affairait à le remplir
d’eau acidulée. Schatzman ouvrait des yeux ronds et le
président de séance était visiblement très agacé par la
tournure que prenaient les choses. En effet, au milieu de
l’aquarium trônait une petite poupée qui, sur un cheval de
plastique, était censée ressembler au mieux au célèbre baron
allemand, juché sur sa jument et embourbé dans son marais.
Quand tout fut prêt, Maurice mis le courant et, mus par la
force de Laplace, poupée et cheval sortirent de l’onde.
Je dis alors à Evry, décontenancé :
– Si ce que tu as dit à Grenoble est exact, alors cette
expérience ne peut pas marcher.
Hé oui, notre académicien s’était trompé. Il avait
confondu les machines volantes et les étoiles, s’était pris les
pieds dans ses théorèmes et s’en rendait maintenant compte.
Il ne lui restait plus qu’à s’avouer vaincu :
– J’avoue… oui… j’avoue que j’ai été léger dans mes
déclarations, dit-il avec un sourire crispé.
L’assistance devint houleuse. Le soucoupier avait défait
l’académicien lors d’une joute en bonne et due forme. C’était
sans précédent. Nous eûmes droit à des remarques acerbes.
Certains voulaient nous jeter carrément dehors, estimant que
j’avais porté atteinte à la respectabilité de leur président et de
leur association. Nous pliâmes bagages. Lorsque nous fûmes
sur le point de partir, Maurice me dit :
– Tu sais quoi : si nous avions été au Moyen Âge, nous
serions déjà sur des croix, enduits de poix et brûlant comme
des torches.
La violence des gens m’avait surpris. Un vieux monsieur
était venu me dire d’un ton haineux :
– Et maintenant, je suppose que vous allez nous inventer
un machin pour aller dans les étoiles ?
– Ma foi, monsieur, si c’est possible, j’essaierai.
En quittant la ville j’aperçus une dernière fois Schatzman
à travers la vitre de la voiture de Maurice. Il était vêtu de gris
de la tête aux pieds, ne souriait plus et son regard brillait d’une
lueur à vous glacer le sang.

1 - Di r ec teur de l ’Ob ser v atoi r e de Ly on et auteur d’un l i v r e par u c hez Lar ousse, i nti tul é La
Vie extraterres tre.

2- Il étai t à l ’époque pr ési dent du CN RS et oc c upe ac tuel l ement l es f onc ti ons de di r ec teur
du CN ES. Pel l at f i t par ti e, dès sa c r éati on en 1 97 7 , du c onsei l sc i enti f i que du GEPA N , déjà c i té.

3- A c tuel r esponsab l e du SEPRA (Ser v i c e d’ex per ti se des phénomènes de r entr ée


atmosphér i ques, ser v i c e qui , en 1 983, a pr i s l e r el ai s du GEPA N , di ssous).

4- A uteur de pl usi eur s l i v r es à suc c ès sur l es ov ni s, dont l e b est-sel l er Enq uête s ur les
ov nis , par u en 1 97 6 aux Edi ti ons Fr anc e-Empi r e.

5- Ri b es et Monnet, deux astr onomes par f ai tement r espec tab l es (Monnet a di r i gé si x ans
l ’Ob ser v atoi r e de Haw ai i , Ri b es di r i ge l ’Ob ser v atoi r e de Ly on) ont r epr i s l a thèse émi se en 1 97 5
par l e phy si c i en amér i c ai n Gér ar d O’N ei l l , qui pense que l e v oy age i nter stel l ai r e ser ai t possi b l e
par des moy ens c onv enti onnel s (sour c e d’éner gi e : l a f usi on c ontr ôl ée). Sel on l ui l es nef s
i nter si dér al es dev r ai ent êtr e des c y l i ndr es gr oupés par pai r es, de pl usi eur s k i l omètr es de
di amètr e et de pl usi eur s di zai nes de k i l omètr es de l ong, ab r i tant c hac un des mi l l i ons ou des
di zai nes de mi l l i ons d’hab i tants.

6- Dans une émi ssi on « Dr oi t de r éponse » d’i l y a di x ans, Pol ac l ’av ai t pr ésenté en
l ’appel ant « l e pèr e des ov ni s f r anç ai s ».

7 - A nc i en haut f onc ti onnai r e à l a Météor ol ogi e nati onal e f r anç ai se. Égal ement memb r e,
c omme Monnet et Pel l at, du c onsei l sc i enti f i que de sept memb r es mi s en pl ac e en 1 97 7 pour
c hapeauter l es tr av aux du GEPA N .

8- SOBEPS : Soc i été b el ge d’étude des phénomènes spati aux .

9- A l or s que l es c amér as v i déo, n’étant pas sensi b l es à l ’ef f et Her sc hel , f our ni r ent par l a
sui te de nomb r eux f i l ms de c et ob jet my stér i eux .

1 0- Op. c it. Si un jour l es Ter r i ens env i sagent de donner sui te à un tel pr ojet, je suggèr e
d’appel er l e pr emi er v ai sseau de c e genr e « l a Bal ei ne Joy euse ».

1 1 - 1 7 91 -1 867 . On l ui doi t l a théor i e de l ’i nf l uenc e él ec tr ostati que, l ’énonc é des l oi s de


l ’él ec tr ol y se et l a déc ouv er te de l ’i nduc ti on él ec tr omagnéti que.

1 2- A ux Édi ti ons Bel i n, 8 r ue Fér ou, 7 5006 Par i s.

1 3- V oi r l a note aux Comptes r endus de l ’A c adémi e des Sc i enc es de Par i s, i nti tul ée
« Magnétohy dr ody nami que : c onv er ti sseur s d’un genr e nouv eau », 1 97 5, r epr odui te dans Enq uête
s ur des extraterres tres …, op. c it.

1 4- Tr oi s mi l l e mi l l i ons d’her tz.

1 5- U n mi l l i on d’her tz.

1 6- U ne des i nter pr étati ons l es pl us ex tr aor di nai r es qu’ai t f our ni es Kl ass à des témoi ns est
l a sui v ante : un pi l ote d’av i on c i v i l ay ant ob ser v é pendant des heur es des l ueur s dev ant son
appar ei l , qui sui v ai ent des tr ajec toi r es i nc ompr éhensi b l es, Kl ass l ui ex pl i qua qu’i l s’agi ssai t de
l uc i ol es qui étai ent r estées c oi nc ées dans l e doub l e v i tr age de son c oc k pi t.

1 7 - Qui ne f ur ent jamai s ob ser v és par qui que c e soi t.

1 8- En ter mes sc i enti f i ques nous di r i ons que l or squ’on ob ser v e l e mouv ement d’une onde et
qu’on mesur e sa v i tesse, i l s’agi t d’une v i tesse de gr oupe et non d’une v i tesse de phase (l i ée au
dépl ac ement des mol éc ul es).
Chapitre 2
Expériences sur la MHD

Un visiteur importun
Cette histoire avait été pour nous un avertissement
sérieux et nous incitait à rester à couvert. Quelques semaines
avant nous étions montés, Maurice et moi, à l’Observatoire de
Meudon où j’avais fait une conférence devant un certain
nombre de chercheurs qui, ayant pris connaissance de
l’interview publiée dans le National Enquirer, avaient voulu en
savoir plus. J’avais donc présenté ma théorie au tableau noir
en décrivant les calculs et en répondant de mon mieux aux
questions de l’auditoire. Après mon exposé nous avions
emmené toutes ces personnes dans la salle de projection et
nous leur avions passé le film en 16 mm qui montrait la façon
dont la maquette cylindrique entraînait l’eau acidulée. Ce
document était très bien fait et illustrait à merveille ce qu’on
pouvait attendre d’un tel système : succion sur l’avant et
absence de sillage turbulent sur l’arrière.
À un moment un des chercheurs avait demandé quelle
fonction jouait une espèce de disque rond qu’on voyait sur
l’arrière-plan. Je parvins à éluder sa question. En effet, c’était
tout simplement la bonde d’écoulement de l’évier de la cuisine
de Maurice1 . En règle générale nous évitions soigneusement de
dire où nous faisions nos expériences.
Depuis des mois nous nous retrouvions tous les dimanches
dans le laboratoire de Maurice et descendions dans une pièce
d u sous-sol dont lui seul possédait la clef, ce qui nous
garantissait une relative tranquillité. Mais un jour, il se
produisit un incident imprévu. Nous étions très absorbés par
nos expériences. Comme nous manipulions des tensions assez
élevées dans des conditions de sécurité assez sommaires, notre
principal souci était de ne pas nous électrocuter, ce qui n’était
pas toujours facile vu que nous faisions en général nos
expériences dans l’obscurité pour observer la forme de la
décharge électrique qui se créait autour des maquettes qui
nous servaient pour nos expériences. Cela avait bien failli se
faire plusieurs fois. Un jour la décharge électrique s’était logée
sur mon pouce droit, en y laissant un petit trou noir et fumant.
Une autre fois Maurice avait été jeté par terre après avoir
malencontreusement saisi un câble chargé sous trois mille
volts.
Ce souci bien légitime de rester en vie nous absorbait au
point que nous n’entendîmes pas la porte s’ouvrir. Nous avions
éteint la lumière et dans notre cloche à vide on pouvait voir un
disque environné d’une lueur bleuâtre du plus bel effet.
Soudain nous réalisâmes que quelqu’un était entré. Il s’agissait
d’un technicien qui était venu ce dimanche-là réparer son
automobile dans la cour du laboratoire. Nous nous
retournâmes et nous aperçûmes l’homme qui regardait la
scène avec des yeux ronds. Maurice coupa le courant et
ralluma la lumière aussitôt. Il connaissait l’employé et lui fit
promettre de garder le secret. Évidemment l’autre n’en fit
rien et le personnel du laboratoire sut qu’il se passait dans le
sous-sol des choses pour le moins curieuses. Mais comme cela
ne provoqua pas de trouble, le directeur, Courtes, décida de
fermer les yeux.
Deux hommes dans un bateau
Déjà cité plus haut, Claude Poher s’intéressait de longue
date aux ovnis et n’en faisait pas mystère. Il dirigeait, au
Centre national d’études spatiales, le département des fusées-
sondes. La France préparait son entrée sur la scène de la
conquête spatiale et le CNES, en envoyant en haute altitude
des fusées de taille relativement modeste, effectuait des
mesures sur les conditions régnant dans la stratosphère.
J’avais vu plusieurs fois Poher à la télévision, dans les
années précédentes. Il se débrouillait fort bien devant les
caméras et ses émissions intéressaient les gens. À un
journaliste qui lui demandait un jour pourquoi les pilotes des
soucoupes volantes semblaient s’adresser un peu à n’importe
qui, et non au président des États-Unis, Poher avait un jour
fait cette réponse :
– Si vous débarquiez sur une planète peuplée de singes,
iriez-vous vous adresser « au président des singes » ?
J’avais trouvé la répartie amusante.
Je reçus un jour une lettre de lui qui disait :
– Je me propose de lancer un vaste programme d’étude
du phénomène ovni où vos travaux ont une place toute
désignée. Vous trouverez ci-joint un projet, auquel je voudrais
vous associer. Si vous êtes d’accord avec son contenu, veuillez
y apposer votre signature.
Poher avait fait des études de technicien puis, au fil des
années, avait complété son modeste bagage en suivant les
cours du soir du Conservatoire des Arts et Métiers, ce qui lui
avait permis d’accéder au grade d’ingénieur. C’était un homme
qui était fait pour diriger et il était donc devenu directeur.
Quand il avait vu la percée que nous avions effectuée,
Maurice et moi, en bâtissant la première théorie de la
propulsion des soucoupes volantes, il avait pensé aussitôt que
c’était quelque chose qu’il devrait diriger. La
magnétohydrodynamique avait dû le déconcerter
profondément et il avait visiblement éprouvé des difficultés à
en saisir l’essence. On a vu plus haut que ce mode de
sustentation impliquait que l’objet brasse l’air vers le bas à
l’aide de forces de nature électromagnétique. Poher ne
semblait pas avoir compris cela et s’était imaginé que ces
forces devaient plaquer l’air sous l’appareil, formant ainsi un
coussin sustentateur.
Dans son rapport il expliquait que l’aérodyne MHD créait
une masse d’air comprimé sur le dessous et une zone de
dépression sur le dessus2. En multipliant la différence de
pression par la surface de l’objet il avait calculé la portance,
mais là se limitait son bagage théorique.
Un peu plus loin il notait que l’air comprimé, situé au-
dessous, aurait naturellement tendance à gagner la région de
basse pression située sur le dessus. Et c’était pour cela,
concluait-il, que les ovnis avaient la forme de disques.
Son rapport disait en substance :
– Pour éviter que l’air comprimé ne gagne le dessus de la
machine, on lui donnera la forme d’un disque de diamètre
D. M. Petit a calculé le diamètre nécessaire :

D=

Il avait joint une illustration que je reproduis ci-après. La


soucoupe y était présentée en coupe et ressemblait beaucoup
au boa du livre de Saint-Exupéry, Le Petit Prince.
Le des s in du projet de Claude Poh er

Comme Poher n’avait pas trop su quoi mettre à l’intérieur


de la machine, il avait dessiné deux sièges qui ressemblaient à
des bancs de square.
Peu après cet envoi, Poher nous annonça sa visite. La
rencontre eut lieu à mon domicile aixois. J’habitais alors avec
mon fils un logement que j’avais aménagé moi-même. C’était
un vaste studio que j’avais transformé en duplex. Le plafond
était si haut que j’avais pu y accrocher une balançoire et un
trapèze que mon fils utilisait lorsqu’il revenait de l’école. Il y
avait des meubles qui pouvaient se transformer et, je l’avoue,
pas mal de désordre. Des ailes volantes étaient accrochées au
plafond. Quand nous allions voler, mon fils et moi, nous les
sortions par la fenêtre pour les descendre dans la rue,
accrochées à une corde.
C’est donc dans ce capharnaüm que Poher pénétra un
jour, accompagné par Maurice. Il était vêtu d’un pardessus
bleu marine fait sur mesure et portait un attaché-case en cuir
sur lequel ses initiales étaient gravées.
Quand les présentations furent faites nous en vînmes au
but de sa visite, c’est-à-dire au projet qu’il m’avait soumis. Je
lui expliquais que je n’avais pu l’approuver et il me demanda
pourquoi.
J’ouvris le rapport à la page me concernant et dans le
blanc qui avait été laissé, là où j’étais censé préciser le
diamètre D de la machine, j’écrivis : « l’infini ». En effet, aucun
disque, aussi grand soit-il, ne saurait empêcher l’air comprimé
situé sous l’engin de gagner sa partie supérieure. En
météorologie cette façon qu’a l’air de cheminer naturellement
des zones de haute pression vers les zones de basse pression
s’appelle… le vent.
Ma réaction avait visiblement mis mon visiteur très mal à
l’aise. J’essayai de m’exprimer plus clairement :
– Supposez que nous soyions, vous et moi, dans un bateau
ayant la forme d’une caisse. Vous êtes sur l’avant et moi sur
l’arrière. Avec une pagaie vous essayez de creuser l’eau en la
repoussant, tandis que sur l’arrière, avec une autre pagaie je
m’efforce au contraire de plaquer l’eau sur la poupe. Que se
passe-t-il ?
– Le bateau avance.
– Non, il recule.
– Ça ne fait rien, il suffit de changer les signes.
Rien ne pouvait décidément décontenancer le directeur
du département fusées-sondes du CNES. Mais c’était un
homme important, qui nous offrait son aide et ce n’était donc
pas à négliger.

L’annihilation de la vague d’étrave


La petite maquette en forme de cylindre aspirait l’eau
devant elle. J’avais appris à l’École nationale supérieure de
l’aéronautique, dont j’étais sorti en 1961, que des ondes de
choc se formaient lorsque qu’une machine volante, en se
déplaçant à grande vitesse, comprimait l’air devant elle.
Frappez vos deux mains l’une contre l’autre. À la vitesse à
laquelle elles se rapprochent, l’air a tout le temps de
s’échapper. Mais si vous pouviez les rapprocher à une vitesse
de trois cent quarante mètres par seconde, celle du son, l’air
ne parviendrait plus à s’enfuir et, joignant aussi rapidement
vos mains l’une contre l’autre, vous pourriez alors comprimer
le gaz.
Prenons un autre exemple. Imaginez une foule d’aveugles
déambulant sur une place dans des directions quelconques, à
la vitesse, disons, d’un mètre par seconde. Supposez qu’un
autobus pénètre dans cette foule. S’il avance à moins d’un
mètre par seconde, son pare-chocs avant va « informer » ces
aveugles de sa venue. En se bousculant les uns les autres, ils
réussiront tant bien que mal à s’écarter et à faire place au
véhicule, dont ils seront censés ne pas apercevoir la venue.
Mais si l’autobus accroît sa vitesse et que celle-ci dépasse la
vitesse de déambulation de ces badauds, laquelle joue le rôle
de la vitesse d’agitation des molécules d’air, très voisine de la
vitesse du son, cette foule ne pourra plus s’écarter et l’autobus
avancera en poussant devant lui une masse de corps
désarticulés.
Cette image est évidemment assez sanglante, mais elle
évoque le phénomène dit de « compressibilité » qui se produit
à l’avant d’un objet qui chemine dans un gaz, dans un
ensemble de molécules, à une vitesse supersonique, ce qui
donne naissance à ce qu’on appelle une « onde de choc ».
Les textes ummites suggéraient que l’on pouvait éviter ce
phénomène de compressibilité et la naissance de cette onde de
choc en aidant les molécules à passer, c’est-à-dire en agissant
à distance sur elles à l’aide de forces électromagnétiques.
L’ac c um ulation du gaz dev ant un objet en déplac em ent s upers oniq ue : nais s anc e de l’onde de
c h oc

Bien sûr, nous n’avions aucun moyen de laboratoire


permettant de réaliser de véritables expériences de MHD
dans les gaz. Mais, lorsque j’étais à l’école, j’avais appris que
l’on pouvait simuler cette apparition d’ondes de choc à l’aide
d’expériences d’hydraulique. Si vous emplissez votre baignoire
d’eau et que vous y plongiez votre doigt en le déplaçant
lentement, vous pourrez observer que la surface liquide reste
plane. Bien que votre doigt se déplace dans la masse fluide, les
molécules d’eau peuvent contourner l’obstacle sans problème.
Mais si vous déplacez votre doigt plus rapidement, la masse
fluide aura du mal à contourner l’obstacle et il se formera un
bourrelet liquide.
Déplac em ent de v otre doigt dans v otre baignoire

À partir de quelle vitesse ce phénomène apparaît-il ?


Précisément lorsque vous déplacez votre doigt à une vitesse
supérieure à celle de la propagation des ondes à la surface de
l’eau, celles que vous pourriez créer avec un bouchon de
pêcheur à la ligne, et qui sont l’équivalent de la vitesse du son.
Jusqu’à l’apparition des ordinateurs les scientifiques se
servaient de tels « simulateurs » pour étudier la formation des
ondes de choc autour d’un profil. En tant qu’étudiant à l’École
nationale supérieure de l’aéronautique de Paris j’avais eu à
faire des travaux pratiques sur de tels bancs hydrauliques.
Ainsi les vagues d’étrave et de poupe qui se forment autour
d’un navire en déplacement sont-elles les analogues assez
fidèles des ondes de choc qui naissent autour d’un profil d’aile
lenticulaire.
Puisque nous savions agir sur un écoulement d’eau
acidulée avec des forces électromagnétiques, je pensais que
nous pourrions peut-être supprimer la vague d’étrave qui se
formait devant une maquette en déplacement ou, comme dans
une soufflerie supersonique, devant une maquette fixe placée
dans un courant d’eau.
Je fis des calculs en conséquence et conclus que les
valeurs de champ magnétique que nous pouvions créer avec
nos aimants ou avec des bobinages que Maurice avait essayé
de fabriquer tant bien que mal seraient insuffisants. Il nous
fallait pour réussir une telle expérience un champ d’au moins
un tesla, c’est-à-dire 10 000 gauss. Autrement dit il nous
fallait une installation magnétique conséquente, que nous ne
possédions pas.
Claude Poher, qui était un homme de ressource, dénicha
rapidement un tel électro-aimant dans un laboratoire de
Toulouse, à proximité de l’endroit où il travaillait. Ce banc, qui
comportait deux grosses bobines et pesait un quart de tonne,
se trouvait dans le laboratoire du professeur Thourel, au
DERMO (Département d’étude et de recherche sur les micro-
ondes). Thourel ne fit pas de difficulté pour que nous puissions
l’utiliser et nous nous mîmes un jour en route avec un
dispositif que Maurice avait fabriqué pour la circonstance.
C’était une espèce de gouttière en plexiglas le long de laquelle
on pouvait faire s’écouler de l’eau à 8 centimètres par seconde.
Le dessin ci-après donne une idée assez précise de ce montage.
L’eau était amenée par un robinet et se déversait ensuite dans
un bac. Pour que celle-ci s’écoule selon des filets d’eau bien
parallèles, elle transitait d’abord dans une « chambre de
tranquillisation », qui était un simple récipient empli de pailles
de fer, qui annihilaient toute turbulence. La maquette
cylindrique, en plexiglas, avait un diamètre de 7 millimètres et
portait de minuscules électrodes en aluminium.
Lorsque nous arrivâmes dans le laboratoire du professeur
Thourel, nous commençâmes par rouler le lourd électro-
aimant à proximité d’un évier, pour que nous puissions
alimenter notre banc d’essai en eau. Les chercheurs qui
travaillaient non loin de là sur des émetteurs radar se
demandèrent ce que nous étions en train de fabriquer. Leur
inquiétude s’accrut lorsque à la suite d’une fausse manœuvre
de l’eau se répandit sur le sol, que nous dûmes éponger à l’aide
d’une serpillière. Quand tout fut prêt, nous branchâmes les
électrodes sur un générateur de courant continu, que nous
avions trouvé dans une salle voisine et le miracle se produisit :
l’onde frontale disparut instantanément, aspirée par les forces
électromagnétiques.

Le dis pos itif de s im ulation h y drauliq ue


Le pui ssant él ec tr o-ai mant n’a pas été r epr ésenté.

Thourel se pencha pour mieux voir. Tout ceci l’intriguait


énormément. Poher, qui avait assisté à la scène, était ravi, et
nous aussi.
J’avoue que jusqu’ici je n’avais cru qu’à moitié à cette idée
de suppression des ondes de choc et de vol supersonique
silencieux, évoqués dans les textes ummites. Mais nous avions
devant nous un résultat expérimental extrêmement
encourageant. Au passage nous montrâmes dans une autre
expérience que le sillage turbulent pouvait également être
éliminé. Si nous pouvions rééditer dans un gaz ce que nous
venions de réussir avec un liquide, alors le problème ovni se
présenterait sous un jour nouveau. Contrairement à ce
qu’avait affirmé le professeur Condon dans son rapport, son
étude pouvait se révéler fructueuse sur le plan scientifique.
Personne jusqu’ici n’avait eu l’idée de tenter une telle
expérience et nous avions trouvé ces concepts dans les textes
ummites, qui commencèrent à m’intéresser considérablement.
La nouvelle de cette expérience réussie remonta
jusqu’aux oreilles de Schatzman, qui continuait d’être
interpellé lors des conférences qu’il donnait à travers la France
et où il s’efforçait de montrer que le phénomène ovni n’était
qu’un tissu d’interprétations erronées et d’affabulations.
Depuis des années, l’absence de bang supersonique avait été
son cheval de bataille. En effet, dans certaines observations
d’ovni, le ou les témoins prétendaient avoir vu un objet passer
à très grande vitesse, par exemple, derrière le clocher d’un
village et devant une montagne située sur l’arrière-plan. Cela
permettait d’obtenir une distance minimale et une distance
maximale de l’objet par rapport à l’observateur et, compte
tenu de la durée de l’observation, d’évaluer sa vitesse
maximale et minimale. Et on obtenait très souvent des
vitesses fantastiques, se chiffrant en milliers de kilomètres à
l’heure. Schatzman triomphait alors :
– Cela démontre que le témoin a inventé cette histoire de
A à Z. En effet, comme cette vitesse aurait été de toute
évidence supersonique, à une telle distance et en basse
altitude, le témoin aurait dû entendre le bruit de détonation
fait par l’onde de choc que l’objet aurait nécessairement créé.
Comme il prétend n’avoir entendu aucun bruit, c’est qu’il a
menti ou été l’objet d’une hallucination.
Ma thèse de l’annihilation des ondes de choc par la MHD
contredisait cette explication. L’expérience que nous avions
effectuée avec succès à Toulouse, Maurice et moi, suggérait
qu’un navire équipé d’un puissant champ magnétique et
capable de créer, en faisant passer un courant électrique dans
l’eau à l’aide d’électrodes, un champ de forces de Laplace ad
hoc, pourrait fendre l’onde sans faire de vagues.
Schatzman pensait que nous avions opéré avec un bac
trop petit et que si nous avions disposé d’un plan d’eau plus
large, la vague aurait pris naissance « à une certaine distance
de l’objet ».
C’était évidemment d’une absurdité remarquable, mais
nous ne pouvions plus passer notre temps à dénoncer ces
inconsistances d’un membre de l’Académie des Sciences,
pourtant réputé, et dont les connaissances en mécanique des
fluides semblaient assez lacunaires. Il en convenait d’ailleurs,
sans s’en rendre compte, puisqu’il avait un jour répondu à un
de ses interlocuteurs :

Les ondes frontales et de c ulot autour de l’obs tac le c y lindriq ue


Coupe trans v ers ale de l’expérienc e
A u c entr e, l e b ac de pl ex i gl as, av ec l a maquette à moi ti é i mmer gée dans de l ’eau ac i dul ée. Cel l e-c i
est pr i se en sandw i c h entr e l es deux pi èc es pol ai r es d’un pui ssant él ec tr o-ai mant, qui c r ée dans l e
f l ui de qui l ’entour e d’un c hamp de 1 0 000 gauss (1 tesl a).
La « th ès e » de l’ac adém ic ien S c h atz m an
Les ondes, anni hi l ées au v oi si nage de l ’ob jet, tendr ai ent à se r ef or mer un peu pl us l oi n.

– Je ne sais pas comment vole un avion et ça ne


m’intéresse pas3.
Il avouait également ne pas connaître la relativité
générale et bien d’autres choses encore. Sa spécialité était la
dynamique stellaire. Malheureusement l’univers n’est pas fait
que d’étoiles.
Schatzman n’était pas le seul à s’indigner devant cette
idée. Je me mis à rencontrer pas mal de difficultés dans mon
milieu professionnel. Mon directeur de recherche de l’époque,
René Pellat, devenu plus tard président du CNRS et qui est
actuellement directeur du CNES, pensait lui aussi que je
déraillais complètement. Dans mon métier, les activités d’un
chercheur sont évaluées par son directeur de recherche et plus
généralement par une commission de spécialistes. On alla donc
consulter un spécialiste des ondes de choc, nommé Couturier,
astrophysicien. Celui-ci vint me voir à Aix dans l’espoir de me
ramener à la raison. J’essayai en vain d’appuyer mon idée par
des arguments théoriques, mais il ne voulut rien entendre. Il
se cramponnait sans cesse à une croyance de principe :
– Réfléchis. Ton onde de choc, il faut bien que tu la
retrouves quelque part !
Ce n’était pas un raisonnement scientifique mais un
simple acte de foi. Il me promit, en me quittant, de m’envoyer
une démonstration de l’impossibilité d’une annihilation
complète des ondes de choc autour d’un objet, que j’attends
toujours, dix-huit ans après.
Entre-temps nous avions réussi d’autres expériences,
toujours avec des simulations hydrauliques, qui avaient
montré que les vagues pouvaient être totalement éliminées, de
même que la turbulence de sillage. Pour ce faire nous avions
utilisé non une maquette cylindrique, mais un objet de section
lenticulaire, comparable à la coque d’un navire.
On sait qu’un bateau qui fend la mer à vive allure crée
deux systèmes de vagues. Imaginons, comme dans une
soufflerie ou dans un bassin de carènes, que le bateau soit
immobile et que l’eau s’écoule autour de lui. Il se crée d’abord
deux vagues d’étrave, à l’endroit où l’eau se trouve
brutalement ralentie en rencontrant l’objet. Puis l’eau accélère
le long des flancs du navire. Pour que celui-ci ne laisse pas
derrière lui une masse d’eau en mouvement apparaissent
deux nouvelles vagues, sur sa poupe, à travers lesquelles l’eau
retrouve la vitesse générale du courant.
Si vous regardez les choses avec plus d’attention, vous
noterez que si l’eau se soulève là où se trouvent les ondes
d’étrave et de poupe, elle se creuse par contre le long des
flancs du navire en descendant en dessous de la ligne de
flottaison. Cela est dû au fait qu’en cet endroit elle s’écoule plus
vite.
Nous avions alors découvert que pour empêcher toute
onde de se former il fallait maintenir la hauteur d’eau
constante tout autour de la maquette. Pour cela, il fallait
accélérer le fluide là où il avait tendance à ralentir, c’est-à-dire
au voisinage de l’étrave et de la poupe et au contraire le
ralentir sur les flancs du vaisseau (en fait, l’empêcher de
s’accélérer naturellement).
Nous dotâmes donc une maquette de tout un jeu
d’électrodes, non représenté, et finîmes par obtenir le résultat
souhaité en ajustant soigneusement les intensités des courants
débités et la direction du champ magnétique. Cela faisait au
passage disparaître toute turbulence de sillage.

Représ entation s c h ém atiq ue du s y s tèm e des v agues d’étrav e et de poupe autour d’un nav ire
« fendant les flots »
Ces m êm es v agues , élim inées grâc e à la MHD

Lorsqu’un navire de fort tonnage croise à vive allure, il


crée des vagues d’étrave et de poupe très importantes. S’il
passe alors à proximité d’une côte ou entre dans un port, il
peut créer des dommages importants. On imagine mal un
pétrolier géant ou un destroyer entrer dans un port à 40
kilomètres à l’heure : il démolirait tout simplement les
installations portuaires4. Je ne sais pas si les Japonais, qui
envisagent maintenant très sérieusement la propulsion des
navires par ce procédé, ont considéré la chose sous cet angle.
En tout cas une chose est claire : ces vagues véhiculent une
importante énergie. Le sillage turbulent représente lui aussi
une importante dissipation. Si on évite leur formation, on
dépense moins de puissance pour faire avancer le navire.
Pour les ondes de choc c’est exactement la même chose.
Tout ce bruit que créent les avions se déplaçant à vitesse
supersonique n’est pas gratuit. Quand un appareil se déplace
dans l’air à deux fois la vitesse du son, il consomme la moitié
de sa puissance à vaincre le frottement de l’air, et l’autre
moitié à casser inutilement les carreaux dans la campagne. Ce
qui veut dire qu’il y a une traînée de frottement et une
« traînée d’onde », contre laquelle il doit lutter. Ainsi, le fait
que nous ayons pu montrer expérimentalement qu’on pouvait
supprimer à la fois les ondes et la turbulence était un résultat
de mécanique des fluides intéressant. Il aurait été facile
d’étudier cela avec soin, et non dans les conditions aberrantes
qui étaient les nôtres et que le lecteur peut aisément imaginer,
en y consacrant des moyens relativement modestes.
Mon dossier CNRS de ces années 70-80 est plein de
projets divers et variés, associés à des demandes minimes,
dans le but de développer ces recherches, qui n’eurent jamais
le moindre écho.

1 - En Fr anc e, on n’a pas de pétr ol e, mai s on a des év i er s.

2- En quel que sor te de l ’ai r « sur pr i mé » et de l ’ai r « dépr i mé » c omme dans l a mac hi ne du
f i l m Le Voy age en ballon de Lamor i sse.

3- Il étai t à l ’époque pr ési dent de l a Soc i été f r anç ai se de phy si que !

4- De l a même f aç on un av i on qui sur v ol er ai t une v i l l e à Mac h 3 ou 4 ne se c ontenter ai t pas


de b r i ser l es v i tr es : i l ef f ondr er ai t c ar r ément l es toi tur es.
Chapitre 3
Les nefs ummites

Le congrès de Moscou
À l’époque les recherches sur la MHD étaient, en France,
officiellement abandonnées. Le seul pays qui s’y intéressait
encore activement était l’URSS. Cette année-là se tenait à
Moscou un congrès international et je décidai de m’y rendre
pour présenter ces travaux. Ma communication fut acceptée
sans difficulté. Restait à trouver l’argent, éternel cauchemar
de tout chercheur. Le problème était particulièrement aigu
s’agissant de ce pays. Le voyage aller et retour n’était pas
donné. Mais, fait aggravant, lorsqu’un chercheur venait en
URSS pour y assister à un congrès, il ne pouvait pas choisir son
hôtel et on le logeait d’office dans ces palaces qu’on trouve à
Moscou ou ailleurs. Le prix de la pension complète était
vertigineux. En faisant le compte du peu d’argent dont je
disposais, je pouvais payer le voyage, mais non le séjour plus
les frais d’inscription, qui étaient élevés. Il restait une
solution : on pouvait se contenter de prendre la chambre avec
le petit déjeuner, sans les repas. C’est ce que je fis. Je garde un
souvenir assez cauchemardesque de ce colloque1 . Le matin, le
petit déjeuner se prenait dans une sorte de libre-service, très
bien achalandé. Puis un car nous emmenait vers le lieu où se
tenait le congrès, autour duquel il n’existait aucun restaurant.
Pendant ces journées, la seule solution que je dus employer fut
de bourrer mon sac de croissants, au petit déjeuner, et de me
nourrir tant bien que mal avec cela pendant le reste de la
journée, jusqu’au matin suivant.
Au moment des repas mes collègues me demandaient si
j’allais me joindre à leur table, mais comme je n’avais
évidemment pas de tickets, je donnais un prétexte quelconque
pour aller manger mes croissants à l’écart, ce qui était
profondément humiliant.
Mon désir de participer à ce colloque avait d’autres buts.
C’était pour moi l’occasion de rencontrer mon collègue et ami
Vladimir Aleksandrov, que j’avais connu en France des années
auparavant. Comme je l’ai dit un peu plus haut, les textes
ummites avaient attiré mon attention sur un développement
insoupçonné des armements (qui devait, à terme, déboucher
sur ce qu’on allait appeler la guerre des étoiles). Mais il y avait
autre chose. Les Ummites racontaient que les Terriens étaient
sur le point de faire une découverte terriblement dangereuse,
celle des « armes au plasma ». Ils précisaient que ces armes
nouvelles n’avaient plus rien à voir avec celles que nous
avions, basées sur la fission et la fusion, mais faisaient
intervenir des processus physiques entièrement nouveaux,
liés aux états hyperdenses de la matière et à l’antimatière.
Au printemps 1976 j’avais déjà pu faire un début
d’enquête aux États-Unis, en profitant d’un voyage effectué
pour la revue française Science et Vie, pour laquelle je
travaillais encore à l’époque. Le journal m’avait envoyé là-bas,
à l’occasion du bicentenaire de la révolution américaine, et
j’étais censé faire un rapport sur les recherches de pointe qui
se déroulaient dans ce pays. En jouant les espions amateurs,
protégé par ma couverture de journaliste, j’en avais profité
pour passer à Sandia et à Livermore, qui sont les hauts lieux
de la recherche américaine en matière d’armements
thermonucléaires et j’avais fait là-bas de singulières
découvertes. Mais cela nous emmènerait beaucoup trop loin et
a fait l’objet d’un autre ouvrage2.
Mon voyage à Moscou complétait cette enquête menée
outre-Atlantique. J’y retrouvai mon ami Aleksandrov qui me
confirma que son pays s’était bien lancé dans l’étude d’armes à
antimatière et des « plasmas hyperdenses ». Sa spécialité
n’était pas les armements, puisqu’il travaillait, avec son
collègue Stenchikov, dans un institut de météorologie. C’est lui
qui avait, quelques mois plus tôt, publié un article qui allait
avoir un certain retentissement, en évoquant le thème de
l’hiver nucléaire, conséquence d’une guerre nucléaire massive.
Quand nous nous rencontrâmes, il était terriblement
nerveux et évoquait sans cesse des informations qu’il détenait
et qui semblaient lui brûler les mains.
– Je sais, disait-il, des choses qui te feraient frémir.
– Mais comment les as-tu apprises ?
– Lorsque j’ai publié mon article sur les conséquences
terribles d’une guerre thermonucléaire, jusqu’ici
insoupçonnées, j’ai reçu des envois anonymes qui émanaient
de chercheurs qui paraissaient avoir une conscience lourde et
semblaient me demander par ce biais d’avertir la communauté
internationale sur ce qui se préparait en secret dans les
laboratoires militaires.
Il ne voulut pas m’en dire plus. Vladimir emporta ses
secrets dans la tombe, puisqu’il fut assassiné deux ans plus
tard, en 1985, à Madrid, ville où il était venu prononcer une
conférence. En fait il se volatilisa purement et simplement. On
perdit sa trace à la sortie de son hôtel et son corps doit
aujourd’hui reposer dans un bloc de béton, quelque part dans
la ville.
Quoi qu’il en soit cette histoire m’apprit que certaines
démarches pouvaient se révéler dangereuses et coûter la vie à
des gens trop curieux. Un scientifique intègre et compétent
avait voulu attirer l’attention du public sur la folie des
hommes. Alors, quelque part, un autre homme avait décroché
un téléphone et commandité son élimination, qui s’était opérée
dans l’indifférence générale. Vous ne trouverez nulle part de
place Aleksandrov ou de rue Aleksandrov. Il ne reste plus,
dans les archives de la télévision japonaise, que des images
d’un homme chaleureux et honnête et, à Moscou, une petite
fille dont le père a brusquement disparu.

Le colloque d’Evanston
Poher avait de nombreux contacts dans la « communauté
ufologique ». Parmi les gens qui s’étaient intéressés aux ovnis
on trouvait l’astronome Allen Hynek, aujourd’hui décédé. Son
nom est indissociable de l’histoire du phénomène ovni aux
États-Unis. Paradoxalement, en tant que scientifique, il avait
longtemps nié la réalité physique du phénomène. Confronté à
des témoins, il avait été de ceux qui expliquaient que la
plupart des témoignages pouvaient se résumer à l’observation
d’une planète ou de quelque phénomène météorologique. En
1966, il avait proposé une nouvelle interprétation, dite « du
gaz des marais ». Klass pensait que les témoins pouvaient
avoir observé des « plasmoïdes baladeurs ». Hynek suggérait
que certaines manifestations pouvaient se réduire à
l’observation de la combustion spontanée du gaz issu de la
décomposition de végétaux.
Dans les années 60 les journalistes américains
partageaient et amplifiaient l’inquiétude présente dans le
grand public. Ainsi, lorsque Klass et Hynek avaient avancé ces
soi-disant explications, la presse s’en était emparée et certains
journaux n’avaient pas hésité à titrer : « Le mystère est
élucidé. Les partisans des soucoupes volantes sont le vivant
exemple de la faiblesse humaine qui durera tant que l’homme
vivra » (New York Times, 1966).
Le sénateur Gerald Ford demanda cependant un
complément d’enquête. Une réunion eut lieu où étaient
présents le secrétaire de l’Armée de l’air américaine, Harold
Brown, devenu entre-temps directeur du projet Blue Book, le
commandant Hector Quintanilla et Allen Hynek, conseiller
scientifique. Brown annonça avec conviction que les dix-huit
années d’étude du phénomène n’avaient rien révélé qui mérite
de poursuivre un tel travail et ce pour deux raisons. La
première était que ce phénomène ne semblait nullement
représenter une menace quelconque pour la sécurité des
États-Unis et la seconde que rien n’indiquait qu’il puisse s’agir
de véhicules extraterrestres, ou terrestres, mettant en jeu des
concepts scientifiques nouveaux et inconnus.
En 1966 le gouvernement américain demanda à
l’université du Colorado et plus précisément au professeur
Condon d’effectuer une étude complète du dossier Ovni, qui
déboucha sur son célèbre rapport de 1 450 pages, déjà évoqué.
Au moment où la commission Condon devait commencer ses
travaux, le doyen de l’université, Robert Low, adressa à ses
membres une note extrêmement maladroite, où il tentait de
situer l’optique dans laquelle les études devraient être menées
selon lui ; il écrivait en substance :
« L’idée serait, je pense, de présenter le projet de manière
qu’il apparaisse d’une totale objectivité aux yeux du grand
public mais qu’aux yeux de la communauté scientifique il
offre l’image d’un groupe de sceptiques faisant de son mieux
pour être objectif, tout en ne laissant guère d’espoir de
trouver quoi que ce soit de concret dans ce dossier, sous la
forme d’une soucoupe volante. »
Une telle maladresse, qui ruinait d’entrée de jeu la
crédibilité du projet, ne pouvait provenir que d’un homme de
bonne foi. À l’époque l’immense majorité des scientifiques,
agacés par le tapage fait autour de ces histoires d’apparitions,
ne croyaient pas un instant à leur matérialité. Low incitait
donc simplement les membres du groupe à en finir au plus vite
avec toutes ces âneries, le temps des scientifiques et l’argent
des contribuables devant être consacrés à des tâches plus
importantes. Mais des membres de la commission Condon
réagirent avec vigueur. Le document sortit du cercle restreint
et fut connu. Les auteurs de la fuite furent alors
immédiatement sanctionnés et exclus. Parmi les protestataires
on trouva un Allen Hynek de plus en plus troublé, opérant un
virage à 180° par rapport à l’attitude qu’il avait tenue pendant
vingt ans, suggérant même que l’étude du phénomène ovni
pouvait à terme déboucher sur une percée scientifique
capitale, quelle que fût sa nature.
J’avais lu ses différents livres et lorsque Poher me
proposa de l’accompagner aux États-Unis pour assister à un
colloque qu’il organisait près des Grands Lacs, à Evanston,
j’acceptai avec joie. En 1972, celui-ci avait fondé le CUFOS
(Center For UFOS Studies). J’imaginais que cet organisme
devait être doté de moyens qui pourraient peut-être
permettre d’entamer des recherches fructueuses outre-
Atlantique. Ma déception fut grande : ce fameux CUFOS
n’était qu’un deux-pièces minuscule et son personnel se
limitait à une secrétaire.
Pourtant certains des congressistes se montrèrent
intéressés par ma communication. J’avais fait un exposé,
présenté le fameux film réalisé dans la cuisine de Maurice et
d’autres résultats concernant nos expériences. Le temps de
parole de vingt minutes qui m’avait été imparti était écoulé.
Hynek s’apprêtait à donner la parole au conférencier suivant,
lorsque ce dernier s’écria :
– Ce que raconte ce Français est trop intéressant. Je lui
cède mon temps de parole, qu’il continue !
Hynek se montra visiblement agacé. Je me sentais dans
cette assemblée, en dehors de l’intérêt que mon exposé avait
suscité chez certains, comme un chien dans un jeu de quilles et
je ne comprenais pas pourquoi. En vérité, depuis des années
une profonde transformation s’était opérée chez ces
« ufologues » américains. Le même phénomène avait gagné de
nombreux pays. À l’origine, il y avait les thèses de Jacques
Vallée, cité plus haut.
En apportant soudain une interprétation du phénomène
ovni fondée sur des bases physiques, totalement inattendue, je
me situais complètement à contre-courant. Hynek, qui devait
déclarer en 1979 : « Tout le problème vient de ce qu’on a
établi un lien direct : ovni égale extraterrestre », avait déjà
adhéré à ces thèses et donnait à fond dans cette interprétation
fondée sur le « paranormal ».
Ma surprise fut encore plus grande lorsque je constatai
que Poher, finalement, penchait également dans cette
direction.
Je ne comprenais rien à ce que les conférenciers
exposaient et je me souviens d’une phrase de Poher, qui
commentait ainsi un des exposés : « La première chose à faire,
lorsqu’un cas d’ovni est signalé, est de voir s’il n’y a pas des
adolescents prépubères à proximité et si ceux-ci n’ont pas fait
montre, dans leur passé, de pouvoirs paranormaux. »
En effet, prétendait-il, c’étaient des adolescents
prépubères qui produisaient le plus de phénomènes
paranormaux. Au milieu de toute cette foule je me sentais
complètement étranger, avec mes électrodes, mes champs
magnétiques et mes forces de Laplace. Ce voyage se révéla
donc totalement inutile.

La bévue de Poher
En dépit de son singulier point de vue sur le sujet, Poher
avait obtenu que le CNES crée un nouveau département, le
GEPAN, qui devait se consacrer entièrement à l’étude des
ovnis. C’était une première mondiale. Il répondait aux
questions des journalistes et les ufologues avaient l’œil fixé sur
cette entreprise. Pendant ce temps, Maurice et moi cherchions
ici et là des condensateurs, des alimentations et des
instruments de mesure, dont les laboratoires acceptaient de se
défaire, tandis que son directeur, Georges Courtès, continuait
de fermer les yeux sur nos activités dominicales.
Peu de temps après la création du GEPAN, Poher adressa
une belle lettre au directeur du laboratoire de Maurice en lui
disant :
– Le nouveau département dont je m’occupe s’apprête à
lancer toute une série d’études concernant le phénomène ovni.
Jean-Pierre Petit, grâce à un de vos collaborateurs, mène dans
votre laboratoire des recherches qui nous intéressent
vivement et nous souhaiterions que vous lui apportiez votre
appui et que puissent être définies les modalités d’une
collaboration.
Le directeur de Maurice appela aussitôt la direction
générale du CNRS pour demander des instructions. La
réponse fut tranchante comme un coup de sabre : « Pas de ça
chez vous ! » Maurice fut convoqué et sermonné. Son
directeur évoqua les graves conséquences que cet exercice
illégal de la physique pourraient avoir sur sa carrière et nous
interdit désormais toute expérimentation dans ses locaux.
J’appelai Poher en lui disant qu’il aurait pu nous consulter
avant de prendre une telle initiative et que nous nous
retrouvions désormais privés de tout moyen de faire des
expériences.
Maurice, qui m’avait bien aidé, préféra abandonner.
Poher m’avait envoyé un nommé Gilbert Payan, un
polytechnicien. Il prit contact avec moi fin 1976, dans la
chambre d’hôpital où je gisais, grabataire, après un accident de
travail3. Je ne compris que bien des années plus tard que cet
homme servait d’intermédiaire entre le milieu scientifique et
les militaires. J’ai déjà parlé de ce personnage trouble dans un
autre ouvrage4, sous le pseudonyme de Maillan (j’avoue que
sur ce plan je ne m’étais pas beaucoup cassé la tête). La chose
qui me frappait le plus, chez lui, c’était sa capacité à engloutir
des déjeuners d’affaire. Il m’invitait régulièrement dans des
restaurants luxueux, quand il m’arrivait de monter à Paris.
Les notes, qu’un maître d’hôtel stylé déposait sur la nappe
blanche, me laissaient rêveur. Je me disais, pensif : « Ah, si je
pouvais disposer pour mes recherches de ce que cet homme
dépense chaque jour en déjeuners, je pourrais en faire, des
choses. »
Il parasita mon existence professionnelle pendant
quelques années, puis disparut comme il était venu, dans
l’ombre qu’il affectionnait. Je ne sais pas ce qu’il est devenu,
mais s’il a continué à pratiquer à ce rythme une gastronomie
aussi hard, j’espère pour lui qu’il ne s’est pas encrassé les
artères. À ce rythme, moi je n’aurais jamais tenu le coup.

Antonio Ribera, Rafael Farriols et Jean-Jacques Pastor


En même temps que nous effectuions des recherches
scientifiques avec les moyens du bord, je m’étais efforcé de me
procurer de nouveaux documents en Espagne. Cela m’amena à
faire connaissance d’un Catalan nommé Antonio Ribera, qui
devint mon ami. Celui-ci avait connu le temps de la Baleine
Joyeuse et avait reçu à une certaine époque pas mal de lettres
et de rapports. Mais cet homme fier avait volontairement
décidé de rompre cette omertà sans cesse recommandée par
les Ummites. Étant journaliste, il avait publié un livre où il
avait reproduit de nombreux textes. Je fus tout de suite séduit
par cet homme chaleureux et sans détour, qui pendant
longtemps fut notre principal contact vis-à-vis de cette affaire
Ummo.
Contrairement à d’autres contactés qui avaient adopté
une attitude comparable à de la dévotion, Ribera n’avait aucun
respect pour ces manipulateurs qu’il appelait « ces messieurs
de Ummo » et ne le cachait pas dans ses écrits. Les Ummites
avaient alors cessé de lui écrire.
Antonio est aujourd’hui bien malade et souffre du
délabrement de son système cardiovasculaire. Je ne peux
m’empêcher de raconter une anecdote qui résume sa
personnalité si attachante. Il y a un an, il eut des ennuis de
santé et dut subir une opération chirurgicale : le chirurgien
projetait du lui implanter dans une artère un dispositif qui
s’ouvre automatiquement et que les spécialistes appellent un
« parapluie ». Au moment où Antonio était conduit sur un lit
roulant vers la table d’opération, le chirurgien lui donna des
précisions sur l’intervention qu’il allait effectuer et notre
Catalan lui répondit :
– Me donner un parapluie ? C’est inutile, je les perds
toujours !
Il faut une sacrée dose de courage pour réussir à
plaisanter dans de telles conditions.
Après l’abandon de Maurice, j’étais seul en France à
m’intéresser à cette affaire de contacts avec des gens qui se
prétendaient venus d’une autre planète, mais je reçus alors un
renfort appréciable en la personne de Jean-Jacques Pastor.
Celui-ci s’occupait, dans la ville de Digne, d’un centre de
réinsertion pour jeunes délinquants ou pré-délinquants. Il
avait de longue date été intéressé par le sujet ovni et avait
mené plusieurs enquêtes dans la région. Il se présenta un jour
chez moi en me disant :
– J’ai appris que vous travailliez sur des textes reçus
d’Espagne et je viens vous offrir mes services. Je lis et parle
couramment l’espagnol.
C’était inespéré car je ne connaissais pas cette langue et
avais dû jusqu’ici avoir recours à des traducteurs occasionnels.
Jean-Jacques se plongea dans les centaines de pages que
j’avais ramenées au cours de mes pérégrinations dans la
péninsule ibérique et je pus alors découvrir l’ampleur des
documents qui étaient en ma possession. À ce jour il en a
traduit plus de mille pages, ce qui représente un travail assez
considérable.
Il y avait en particulier un texte savoureux intitulé « Les
premiers jours sur Terre ». Celui-ci donna lieu à de
nombreuses enquêtes sur le terrain. Mais comme tout ceci a
déjà été décrit dans l’ouvrage précédent nous ne reviendrons
pas sur cet aspect particulier du dossier, digne d’un film de
Spielberg.

Une description de nefs interstellaires dans les documents


ummites
Depuis que le phénomène ovni défraie la chronique,
pratiquement depuis 1947, beaucoup de gens se sont
demandés à quoi pouvaient ressembler d’éventuelles « nefs
extraterrestres », si tant est que celles-ci existent vraiment.
Au voisinage du sol les témoins décrivent des objets
d’assez petite taille, en moyenne de quelques dizaines de
mètres d’envergure. Il existe cependant un bon nombre de
témoignages qui se réfèrent à des machines beaucoup plus
impressionnantes. Ainsi, pendant la vague belge de 1991, des
ouvriers parlèrent-ils d’un engin énorme qui aurait lentement
survolé la cour de leur usine, et qu’ils comparèrent « à un
porte-avions renversé ».
Nous devons aussi à certains contactés des récits où,
emportés à bord de soucoupes considérées comme de simples
navettes, ils auraient été emmenés jusqu’à des « vaisseaux-
mères », de dimensions kilométriques. On retrouve ce thème
de l’énormité du véhicule interstellaire dans le film de
Spielberg, Rencontres du troisième type. Le spectateur se
souviendra avoir vu, à la fin du film, apparaître une chose
absolument immense, éclairée comme un gâteau
d’anniversaire géant.
Les textes ummites décrivent des vaisseaux à tout faire,
capables, selon leurs auteurs, de franchir les années-lumière
comme de croiser à très grande vitesse dans notre
atmosphère. Ceux-ci seraient d’une taille très modeste
puisque leur diamètre serait à peine supérieur à treize mètres.
Ils affecteraient la forme de deux assiettes accolées,
surmontées par une espèce de dôme d’apparence translucide.
On aurait tendance à croire que ce dôme contiendrait
l’habitacle. Eh bien non, selon les auteurs, c’est là que se
trouverait le moteur, ou du moins la source d’énergie.
Au contact avec le sol, l’objet reposerait sur trois pieds
télescopiques, rétractables dont la longueur pourrait être
ajustée pour tenir compte du relief et garantir l’horizontalité
de la machine sur tous les terrains. Les expéditionnaires
pourraient alors sortir par une trappe située à la partie
inférieure de l’appareil. Jusqu’ici, rien de très original.
On trouve, dans les rapports, des vues en coupe de la
machine, relativement détaillées.

Un nef um m ite, au s ol, v ue en c oupe

Nous trouvons sur ces dessins différents éléments ayant


chacun une fonction bien définie. Toute la machinerie serait
pratiquement concentrée dans une enveloppe épaisse.
L’habitacle aurait la forme d’un tore. Lorsque la machine
serait à l’arrêt, celui-ci serait rendu solidaire de l’enveloppe
grâce à un pivot. Dans l’espace séparant le tore de l’enveloppe
se trouverait une gelée transparente, appelée dans les
documents TAXEE. En utilisant l’écoutille, les passagers de
l’engin pourraient s’introduire dans l’habitacle torique et
revêtir des combinaisons très sophistiquées. La gelée serait
alors pompée et envahirait celui-ci. Elle aurait une fonction
bien précise : permettre aux passagers de résister à des
accélérations allant jusqu’à 50 g.
Quand on y réfléchit, c’est loin d’être stupide. La
meilleure façon de supporter de fortes accélérations est
précisément d’être immergé dans un milieu fluide. Quand nos
astronautes sont dans leurs fusées, ils sont couchés sur le dos.
Cette posture leur permet de résister à des accélérations allant
jusqu’à 8 g. C’est-à-dire que, pendant ces instants, ils pèsent
huit fois leur poids nominal, terrestre. La position allongée
évite que le sang n’afflue dans la tête ou dans les pieds. Dans
les avions de chasse, les pilotes sont assis. Les accélérations
qu’ils encaissent au cours de leurs manœuvres sont donc
dirigées selon l’axe de leur corps. Elles sont tout aussi intenses.
En virage serré, pour que le sang ne quitte pas la tête, que les
pilotes n’aient pas « le voile noir », on leur comprime
fortement les jambes et les cuisses à l’aide d’une combinaison
« anti-g ». Celle-ci empêche le sang d’affluer dans les membres
inférieurs. La pression n’est pas appliquée en permanence,
mais seulement lorsque le pilote « tire sur le manche ». Un
accéléromètre de bord détecte l’accélération subie par le corps
et le dispositif est mis en pressurisation, laquelle cesse dès que
l’accélération disparaît.
Quand j’étais plus jeune, j’ai eu l’occasion de voler sur des
avions à réaction et de subir 4 g, et plus, sans combinaison
anti-g. Je n’ai jamais trouvé cela très agréable. On pèse quatre
à cinq fois son poids. On a l’impression que la mâchoire va se
décrocher et on a les bras soudés aux accoudoirs. J’ai toujours
beaucoup aimé voler et je continue de pratiquer l’aile volante,
le deltaplane, mais je me suis toujours demandé comment des
pilotes pouvaient ainsi quotidiennement encaisser de tels chocs
au cours de leurs évolutions serrées. Il faut vraiment avoir une
sacrée constitution pour vivre cela au quotidien.
Les accélérations étaient très élevées au début des vols
spatiaux. Elles sont toujours maximales en fin d’« injection »,
lorsque la capsule spatiale reçoit le supplément de vitesse
nécessaire pour la mise sur orbite. Mais actuellement elles ne
dépassent pas 4 g.
Même remarque pour les phases de rentrée. Les
premiers astronautes, enfermés dans des capsules comme
Mercury, étaient soumis à des décélérations très importantes
et devaient être d’une bonne constitution physique. Un
cosmonaute soviétique fut d’ailleurs tué par une trop forte
décélération, due à une erreur sur l’angle de rentrée dans
l’atmosphère.
Le fait d’être immergé dans un fluide permet a priori de
résister à des accélérations beaucoup plus importantes. Je
serais curieux de voir combien de g pourrait encaisser un
poisson rouge dans son aquarium.
Pourquoi n’utilise-t-on pas ce système pour les vols
spatiaux et dans les avions ? À cause du poids, bien sûr.
On sait depuis longtemps que les êtres humains résistent
beaucoup mieux à des impulsions d’accélération qu’à une
accélération appliquée en continu. Mais les moteurs des fusées
ne fonctionnent pas ainsi. L’accélération subie par l’astronaute
est constante, tout au long de la mise en vitesse de sa capsule.
Dans la nef ummite, les choses se passeraient différemment.
Le mode de propulsion électromagnétique permettrait de
créer un programme séquentiel de mise en vitesse. Pendant
un bref intervalle de temps le corps serait soumis à 50 g, puis
l’accélération cesserait, et ainsi de suite.
Dans les phases d’accélération la nef ummite
emprisonnerait les passagers dans une gangue solide. La gelée
qui emplirait l’habitacle aurait en effet la propriété de passer
instantanément de l’état solide à l’état liquide sous l’effet d’un
champ électrique.
Nous ne connaissons pas actuellement une telle substance,
mais elle est tout à fait envisageable. Depuis fort longtemps
nous utilisons des fluides ayant des propriétés tixotropiques
naturelles, pour effectuer des forages pétroliers.
Qu’est-ce que la « tixotropie » ? Quand on effectue un
forage, on injecte un fluide selon l’axe du trépan, qui est creux,
et ce fluide sert de lubrifiant. Si on forait « à sec », on casserait
aussitôt le trépan. Mais si on procédait en injectant
simplement de l’eau, que se passerait-il lorsqu’on
interromprait l’opération ? L’eau diffuserait dans les sols
poreux et le matériau environnant se collerait au trépan.
Lorsqu’on voudrait reprendre le forage au bout de plusieurs
jours, ou mois, on casserait l’engin. On utilise alors des boues
que l’on trouve au Mexique et dans d’autres endroits, qui ont
la propriété de se comporter comme des solides, comme un
ensemble de particules hydratées, au repos. Lorsqu’on les
soumet à des vibrations, elles redeviennent fluides. On peut
donc interrompre les forages sans problème pendant des
périodes prolongées.
Ces boues tixotropiques constituent aussi ce que nous
appelons les « sables mouvants ». Même comportement. On
avance sur ce sol et, au moindre ébranlement, la surface solide
se transforme en liquide et vous engloutit. Puis, aussitôt après
elle vous emprisonne, étant redevenue solide. Impossible de
nager dans un tel milieu. Au moindre mouvement, on
s’enfonce encore plus.
Quand j’avais douze ans j’ai failli disparaître à jamais dans
l’estuaire de Bénodet, en Bretagne. J’étais boy-scout. Je me
promenais en traînant derrière moi une branche d’arbre que
j’avais coupée et que je ramenais au camp. Je marchais tout
tranquillement et je me suis soudain retrouvé emprisonné
jusqu’à la taille dans une boue noirâtre et gluante. Je n’ai pu
m’extraire de ce piège mortel que grâce à la branche en
question, sur laquelle j’ai pu prendre appui.
Si on en croit les auteurs des documents, lorsque leur
vaisseau évoluerait à grande vitesse dans l’espace aérien, ses
passagers flotteraient donc dans leur gelée, protégés par leurs
scaphandres. Quand le véhicule accélérerait ou ralentirait,
cette gelée les emprisonnerait et les protégerait. Les passagers
« auraient alors l’impression d’évoluer dans un milieu un peu
visqueux ».

Configuration de la nef pendant une ph as e d’ac c élération

On distingue sur l’image ci-dessus un des passagers de la


nef quand la gelée a quitté l’espace séparant la coque du
toroïde-habitacle et a envahi celui-ci. C’est elle qui permettrait
a u x passagers de supporter les fortes impulsions
d’accélération. Pendant ce vol propulsé intra-atmosphérique,
effectué grâce à la MHD, la machine sécréterait un fort champ
magnétique alternatif, qui pourrait être préjudiciable aux
passagers : ceux-ci risqueraient alors de se retrouver cuits
comme dans un four à micro-ondes. Une enveloppe protectrice
faite d’un matériau supraconducteur empêcherait donc ce
champ magnétique d’agir à l’intérieur de la cabine : l’effet
Meissner5 protégerait à la fois les passagers et les organes de
la machine qui seraient sensibles à ce champ variable.
Lorsque la nef évoluerait à vitesse constante, pendant la
« croisière », le support du toroïde serait désolidarisé du reste
de la machine, pour permettre une rotation lente de
l’habitacle, destinée à créer une pesanteur artificielle. Celle-ci
serait maintenue durant tout le vol spatial. On sait qu’une
absence totale de pesanteur est préjudiciable à l’organisme
humain, si celle-ci se prolonge sur de longues périodes, et les
Ummites prétendent être des êtres humains assez semblables
à nous.

La nef, durant le v ol inters tellaire proprem ent dit

Si on se réfère aux dessins des premiers rapports, le corps


du passager ne serait qu’à quelques mètres de l’axe de
rotation de la cabine. Sa position pourrait donc être comparée
à celle d’une personne qui utiliserait un manège de fête foraine
d’assez petite dimension. Quand on est dans une telle
situation, il se passe des choses étranges dans les canaux semi-
circulaires de l’oreille interne, spécialement lorsqu’on tourne la
tête. Cela est dû à une force qu’on appelle la force de Coriolis et
c’est elle qui rend les gens malades dans ces manèges. Les
pilotes des avions à réaction le savent bien, qui, lorsqu’ils font
des évolutions serrées, tournent les yeux, mais non la tête.
Les canaux semi-circulaires renseignent l’être humain sur
toutes les accélérations qu’il subit, que cela soit en ligne droite
ou lors d’un mouvement de rotation (accélération angulaire)6.
Le cerveau tente d’intégrer tant bien que mal toutes ces
informations internes qui sont comparées aux stimuli externes
reçus par les yeux. Lorsque les deux systèmes informatifs
fournissent au cerveau des données qui semblent à ce dernier
contradictoires, cela produit un malaise physique très
désagréable : la nausée. Pour assumer une telle situation,
quand on est sur un bateau par exemple, il n’y a que deux
solutions : soit être très attentif et participer activement aux
manœuvres, auquel cas tout le système proprioceptif7 du
corps est en éveil, soit s’abandonner complètement sur une
couchette en fermant les yeux (ce qui revient à débrancher le
« repère visuel »).
Sur ce plan la force de Coriolis est ce qui crée les effets les
plus ravageurs. Les auteurs des documents prétendent être
e ux aussi sensibles au mal de l’espace, et, en mettant leur
petite cabine en rotation, ils ne se simplifient pas les choses.
Aussi précisent-ils que les passagers des nefs seraient équipés
d’un implant, introduit chirurgicalement dans l’oreille interne,
pour palier ce désagréable effet.
Quand la cabine tournerait, provoquant une pesanteur
artificielle, le passager aurait donc les jambes plaquées contre
la paroi de l’habitacle. Celui-ci est exigu. Pourtant une
douzaine d’expéditionnaires seraient censés prendre place
dans de telles nacelles, pendant des durées très importantes,
qui se chiffreraient en moyenne en mois terrestres. L’un des
vols Ummo-Terre aurait duré six mois. On peut se demander
comment il est possible de faire cohabiter des passagers dans
une telle promiscuité.
Les textes de 1968 (reçus par Villagrasa) qui décrivent les
vaisseaux apportent une explication. La proximité ne serait
pas ressentie par les passagers. Ils ne seraient pas non plus
placés en hibernation. En fait, leur scaphandre sophistiqué
recréerait toute une « réalité virtuelle ». Celui-ci ne collerait
pas à leur peau, mais se maintiendrait à distance par un
phénomène électrostatique. Donc les passagers de la nef ne
sentiraient pas ce « vêtement ». Seul le casque serait
volumineux. Une partie importante de celui-ci serait
constituée par un écran qui fournirait des images en relief
absolument parfaites, le grain de celles-ci étant supérieur au
pouvoir séparateur de la rétine. L’impression de relief serait
obtenue à l’aide d’un dispositif sophistiqué, sans nécessiter le
port de lunettes, et la gamme des couleurs serait très vaste.
Toutes les pseudo-sensations qui seraient envoyées au
passager du vaisseau correspondraient systématiquement à
des gammes qui excéderaient les capacités de leurs propres
organes de perception, que cela soit au point de vue visuel,
auditif, olfactif8 ou cutané9. Bref, enfermé dans son scaphandre
l’Ummite pourrait vraiment se croire n’importe où, sauf
emprisonné à l’intérieur de son minuscule habitacle.
Tout un environnement serait recréé artificiellement. Les
passagers seraient nourris par la bouche, à l’aide d’un petit
tube. La défécation ne poserait aucun problème. Une capsule
serait introduite dans l’anus qui transmuterait
automatiquement les fèces en hélium.
Le c as q ue du s c aph andre um m ite

Des dispositifs placés sur les doigts recréeraient des


impressions tactiles artificielles, ce qui leur donnerait
l’impression de manipuler des objets, si cela était nécessaire à
leur équilibre psychologique.
Nous sommes en train, de nos jours, d’entrevoir toutes les
potentialités de ces réalités virtuelles et sur ce plan nous n’en
sommes qu’au tout début. Il n’y a qu’à comparer les premières
images de synthèse avec celles utilisées par Spielberg dans son
f i l m Jurassic Park. Bien malin qui pourrait maintenant
deviner, sans le savoir, que les dinosaures que l’on voit dans le
film ne sont pas des maquettes animées, mais de pures
créations d’un ordinateur. Si nous arrivons à découvrir les
procédés qui permettraient à ces Ummites de créer
l’impression de relief, nous serons un jour incapables de savoir
si ce que nous voyons par la fenêtre d’un appartement
correspond à un jardin verdoyant (et pourquoi pas
odoriférant) ou à une image de synthèse. Nous pourrons
voyager dans l’imaginaire, nous réchauffer et bronzer sous des
soleils simulés par émissions d’infrarouge et d’ultraviolet. Tout
cela est réellement sans limite. Ainsi, en 1968, les textes
ummites ne faisaient qu’évoquer notre futur technologique. Si
ce n’étaient pas des extraterrestres qui écrivaient ces
rapports, convenons au moins qu’il s’agissait de sacrés
visionnaires.
Les textes disent que leur voix s’atrophierait à la puberté,
entre quatorze et seize années terrestres. Dans leur gorge les
sons ne seraient pas produits à l’aide de cordes vocales, mais
grâce à de simples replis cutanés, beaucoup plus primitifs que
notre propre système de phonation. Aussi leur spectre vocal
serait-il beaucoup moins étendu que le nôtre1 0.
Lorsqu’ils auraient envisagé de venir sur notre planète,
après avoir été avertis de son existence, écrivent-ils, en
recevant, en 1948 (en temps terrestre), un message radio
émis en 1934 (leur planète serait distante de quelques 15
années-lumière de la nôtre), ils auraient choisi les
expéditionnaires parmi ceux qui auraient conservé leurs
possibilités naturelles de phonation. Sur la planète Ummo, les
autres individus (93 % d’entre eux) seraient appareillés avant
que ne se manifeste une sclérose de leur organe vocal1 1 . On
leur implanterait alors, à douze ans (terrestres), un
réémetteur de la taille d’un pois, à vie, sous la langue. Celui-ci
capterait les faibles sons émis par ces êtres devenus
quasiment aphones et les retransmettrait à un haut-parleur
porté comme un pectoral, « de la taille d’une gomme ». Ma foi,
pourquoi pas ?
Une partie du spectre vocal serait simplement amplifiée
et, dotés de tels dispositifs, les Ummites parleraient avec leur
vraie voix (qui est assez nasillarde, si on se base sur les
conversations téléphoniques qu’ils auraient eues avec les
contactés espagnols). Gadget astucieux : les hautes fréquences
de leur voix, converties en ultrasons, ne seraient alors plus
audibles à l’aide des oreilles, par voie tympanique, mais
serviraient à commander les différentes machines, sur leur
planète ou dans leurs vaisseaux. Tous leurs systèmes seraient
à commande vocale. Ce dispositif permettrait ainsi de ne pas
ennuyer les voisins quand on s’adresserait à sa soucoupe
volante ou à son synthétiseur de glucose.
Je me rappelle avoir vu un ami, qui travaillait dans une
s ocié t é d’informatique, me faire une démonstration de
commande de son ordinateur à la voix. On l’entendait dire à sa
machine :
– Ouvre… fichier numéro tant… recherche… telle chose.
Ils étaient deux dans le bureau et son voisin en eut vite
pardessus la tête. Comme nous commentions la
démonstration, l’ordinateur capta nos voix et se mit à faire…
n’importe quoi.
Il est clair que ces systèmes à commande vocale sont
surtout intéressants dans des cas très particuliers : pour un
paraplégique ou pour un chirurgien qui opère et dont les deux
mains sont occupées.
Envoyer sur Terre des individus dotés de tels gadgets
aurait été dangereux, car cela aurait permis de les identifier,
et, pis encore, de laisser entre les mains des Terriens des
éléments d’une technologie non terrestre. Les textes ummites
indiquent donc que, pour cette raison, n’auraient été envoyés
sur Terre que des individus ayant conservé un minimum de
capacités vocales naturelles.
Toujours selon les rapports, l’Ummite pourrait à volonté
demander à voir ce qui se passe à l’extérieur de sa machine en
s’adressant à elle par commande vocale. La paroi externe de la
nef serait tapissée de capteurs divers et variés et en
particulier d’ocelles, d’yeux minuscules, qui enverraient à
l’ordinateur, le XANMOO1 2, toutes les informations possibles
sur l’environnement de l’appareil. La nef ummite n’aurait donc
nul besoin de hublots.
Si les ovnis aperçus par des Terriens sont bien des
machines d’origine extraterrestre, il est peu probable que les
« hublots » vus par les témoins en soient vraiment. Nous
avons vu, avec la MHD, que ceux-ci pourraient être des
électrodes, mais il pourrait s’agir aussi de tout autre chose,
bref de tout… sauf de simples fenêtres.
Lorsqu’un témoin, ou un animal, s’approcherait d’un ovni
contenant des passagers humains ou humanoïdes, aucun de
ses gestes n’échapperait alors à ses occupants, qui verraient
littéralement à travers les parois de leur machine comme si
celle-ci était devenue totalement transparente, et cela grâce à
leur système de vidéo « tous azimuts ». La paroi de la nef se
comporterait donc, entre autres, comme un objectif vidéo
braqué dans toutes les directions.
Un tel système permettrait par exemple à un passager de
contempler la planète qu’il survole tout à loisir ou d’observer
les étoiles. Lorsque deux Ummites, situés dans le même
habitacle, voudraient discuter entre eux, à deux ou à trois, un
simple ordre vocal les mettrait en communication. Mais cet
ordre serait sélectif et cette conversation ne gênerait
nullement un voisin qui par exemple, à ce moment-là,
dormirait.
La nef ummite posséderait deux modes de déplacement,
n’ayant pratiquement rien à voir l’un avec l’autre. Lors d’un
déplacement intra-atmosphérique la MHD serait utilisée. Elle
permettrait, disent les documents, de croiser à des vitesses
pouvant atteindre 15 000 kilomètres-heure. Compte tenu des
calculs que nous avons effectués, ceci n’est pas irréaliste. Le
contrôle parfait de l’environnement gazeux autour de la nef
permettrait de supprimer tout effet de compression frontale
de l’air et d’échauffement, sinon celle-ci se volatiliserait et
brûlerait comme une étoile filante.
Les témoignages où il est fait état d’un effet de souffle ne
sont guère nombreux. Lorsqu’un ovni survole la campagne ou
un témoin, il est bien rare que celui-ci sente un souffle
quelconque. Certains ont vu la poussière se soulever, mais
relativement rarement. On remarquera cependant que la
MHD permet a priori d’obtenir un effet de sustentation sans
qu’il y ait souffle au sol. Un hélicoptère aspire l’air sur le
dessus de son rotor et l’envoie vers le bas. Comme le rotor
balaie une superficie assez grande l’effet de souffle reste
d’ailleurs relativement modéré. Dès que l’appareil est à une
centaine de mètres on ne sent à vrai dire plus grand-chose,
même lorsqu’on est en dessous.
Un aérodyne MHD aurait théoriquement la possibilité de
se sustenter en aspirant l’air au-dessus de lui et en le rejetant
à l’horizontale et non vers le bas.
Mais il existe certains témoignages qui ne collent plus
avec ce modèle. Dans le livre récemment publié par l’ingénieur
Jean-Jacques Vélasco, déjà cité, responsable du SEPRA, et
intitulé OVNIS, la science avance1 3 se trouve décrit le célèbre
cas dit « de l’Amarante », qui se situe le 21 octobre 1982. Le
témoin est alors un chercheur en biologie, travaillant comme
moi au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et
qui se trouvait chez lui à l’heure du déjeuner. Vers 12 h 35 il
vit un objet de forme ovoïde descendre dans le petit jardinet
qui jouxtait sa maison et stationner devant ses yeux à un
mètre du sol, pendant vingt minutes, sans aucun bruit ni
manifestation quelconque sur les plantes et le gazon autour
duquel il lévitait.
Éc oulem ent d’air produit par un aérody ne MHD en s us tentation au-des s us du s ol

La qualité du témoin et les événements qui suivirent ont


amené le CNES à conclure à la fiabilité de ce témoignage.
À moins que cet objet n’ait été d’une légèreté extrême,
auquel cas il aurait difficilement pu s’élever à grande vitesse
(dixit le témoin) il lui aurait fallu, pour se sustenter, produire
un souffle d’air perceptible. Or cela n’était pas le cas. Il faut
donc en conclure que le mode de sustentation était autre que
la MHD. C’est là qu’intervient le second mode de sustentation
et de déplacement de la nef ummite, dont nous pensons avoir
récemment percé le mystère.

1 - A v ec mon thésar d Ber tr and Leb r un, nous pr ésentâmes une nouv el l e c ommuni c ati on au
9e c ol l oque i nter nati onal de Tsuk ub a, en 1 986, mai s f aute de c r édi ts nous ne pûmes nous r endr e
sur pl ac e.

2- Les Enfants du Diable, op. c it.

3- N otr e l our d él ec tr o-ai mant m’étai t un jour tomb é dessus, me b r i sant l es r ei ns et


m’ex pédi ant di r ec tement à l ’hôpi tal pour si x l ongs moi s.

4- Enq uête s ur les OVNI S , op. c it.

5- U ne par oi supr ac onduc tr i c e est « i mper méab l e » v i s-à-v i s des v ar i ati ons de c hamp
magnéti que.

6- Ce sy stème est d’ai l l eur s tr ès i mpar f ai t. Il ex i ste un test tr ès si mpl e qu’on f ai t sub i r aux
astr onautes. On l es assi ed sur un si ège qui peut si mpl ement pi v oter sel on un ax e v er ti c al passant
par l ’ax e du c or ps et on l eur b ande l es y eux . Le f auteui l sub i t al or s une sér i e d’ac c él ér ati ons
angul ai r es al éatoi r es. Il se met en mouv ement, s’ar r ête, r epar t dans n’i mpor te quel sens, etc . A u
b out de quel ques sec ondes on ne sai t ab sol ument pl us où on en est. N on seul ement on n’a pl us l a
moi ndr e i dée de l a di r ec ti on où on se tr ouv e, mai s l ’hor i zon l ui -même semb l e b asc ul er , c omme si
c es mouv ements anar c hi ques av ai ent c r éé un sér i eux désor dr e dans l es peti ts c r i staux qui
b ai gnent dans l e l i qui de c ontenu dans l es c anaux semi -c i r c ul ai r es et i nf or ment l e c er v eau des
ac c él ér ati ons en ef f l eur ant des poi l s mi nusc ul es. L’ef f et est ex tr aor di nai r e. Je l e sai s : j’ai sub i un
tel test dans un c entr e spati al .

7 - Ensemb l e du sy stème des « c apteur s » humai ns, ex ter nes et i nter nes, qui r ensei gnent
l ’i ndi v i du sur l a posi ti on des par ti es de son c or ps et de son atti tude dans l ’espac e.

8- L’ol f ac ti on joue un r ôl e tr ès i mpor tant c hez l es U mmi tes.

9- La peau des U mmi tes ser ai t i nf i ni ment pl us sensi b l e aux i nf r ar ouges que l a nôtr e.

1 0- Cor r ob or é par l ’anal y se d’un enr egi str ement de l eur s v oi x , ef f ec tué l or s d’une
c ommuni c ati on tél éphoni que, à l a f i n des années 60 (v oi r Enq uête s ur des extraterres tres …, op. c it.)

1 1 - Les êtr es humai ns ont eux aussi des or ganes qui se sc l ér osent assez r api dement. À l ’âge
adul te un pour c entage i mpor tant de Japonai s doi t por ter des l unettes. Comme l a v i si on
i nter v i ent dans l a sél ec ti on natur el l e et que l a tec hnol ogi e pal l i e ar ti f i c i el l ement c ette c ar enc e,
l e phénomène pour r a al l er en s’ac c entuant, de génér ati on en génér ati on. Dans quel ques mi l l i er s
d’années l es Ter r i ens ser ont peut-êtr e tous dotés de l unettes, c e qui ne l es empêc her a nul l ement
de v i v r e et de se r epr odui r e.

1 2- En f ai t, un r éseau de 1 20 uni tés i nter c onnec tées.

1 3- Laf f ont, 1 993.


Chapitre 4
L’étrange dynamique
des univers jumeaux

Oyagaa
Je reçus la première lettre en français signée Ummo
quelques jours à peine après la parution d’Enquête sur des
extraterrestres…, mais comme elle ne contenait pas
d’information scientifique, je n’ai pas jugé bon de la reproduire.
Elle fut suivie par plusieurs autres, qui s’échelonnèrent avec
une relative régularité au cours des années qui suivirent. La
lettre suivante, qui arriva chez moi début 1992, était aussi en
français. La première avait été postée de Paris. La seconde
arrivait du Canada. Elle était abondamment illustrée de
schémas composés avec un logiciel de dessin. Il y était
question du phénomène de transfert hyperspatial à travers
une fenêtre « qui en aucun cas ne pouvait être un trou noir car
dans ce modèle cosmologique les trous noirs n’existent pas ».
La phrase était soulignée.
Un des passages de la lettre attira mon attention :
« Il existe un lien étroit, que les scientifiques de Oyagaa1
n’ont pas encore perçu, entre la logique tétravalente et la
structure du cosmos. Ainsi nous pouvons dire que la masse
du cosmos gémellaire est nulle et non nulle. En utilisant cette
description primitive que vous nommez équation de champ
– une description plus correcte ferait appel à des concepts
angulaires et non métriques –, le second membre de cette
équation devrait comporter la différence de deux termes.
Alors les solutions que vous engendrerez seraient plus
conformes aux observations en particulier en ce qui concerne
la structure à grande échelle du cosmos et la morphologie de
certaines galaxies de même qu’un certain nombre de
phénomènes que vous avez pu observer et qui déconcertent
encore vos spécialistes. »
Ces quelques lignes allaient chez moi servir de
déclencheur pour tout un ensemble de travaux tout à fait
passionnants. Comment, me disais-je, la masse de l’univers
peut-elle être à la fois « nulle et non nulle » ? Pendant des
mois je retournai cette phrase dans ma tête. J’avais le
sentiment que le modèle cosmologique devait être
profondément remanié et que l’idée d’un cosmos gémellaire
était intéressante. J’avais d’ailleurs publié deux notes aux
Comptes rendus de l’Académie des Sciences de Paris, en 1977,
qui allaient dans ce sens, mais où j’avais utilisé un outillage
mathématique (non relativiste) et un mode de représentation
géométrique que je trouvais trop primitifs. Le véritable moule
de la cosmologie est ce qu’on appelle une « équation de
champ ». Toute la cosmologie classique est fondée sur la
célèbre équation de champ proposée par Einstein en 1915 :

S=χ T

Sa simplicité est trompeuse. Les lettres grasses figurent


des objets mathématiques qui s’appellent des tenseurs,
difficiles à appréhender pour un non-initié. La lettre grasse S
est un tenseur qui représente « la géométrie » de l’espace-
temps. La lettre T est un autre tenseur qui décrit le contenu
en énergie-matière de ce même univers. La lettre grecque χ
(prononcer khi) est la « constante d’Einstein ». Cette équation
traduit le fait que la géométrie de l’univers est déterminée,
localement, par son contenu en énergie-matière. C’est celui-ci
qui déforme, « courbe » l’espace.
En suivant le texte ummite à la lettre, j’écrivis :

S = χ (T – T*)

en me demandant à quoi pourrait bien se référer le


second terme du second membre, avec son signe moins.

Une équation livrée sans son mode d’emploi


Je repris l’ensemble du dossier qui était en ma possession.
J’examinai phrase après phrase. Il me semblait bien que ce
terme T* devait traduire l’action de l’univers jumeau sur le
nôtre. Les textes disaient que « les deux cosmos
s’influençaient mutuellement ». J’avais l’équation, mais je ne
savais pas m’en servir et je cherchais son « mode d’emploi ».
Il me fallut des mois pour sortir tout cela de sa gangue.
Soudain, tout s’éclaira en quelques heures. Il suffisait
finalement d’appliquer à cette équation la méthode classique
d’analyse, mais avec deux tenseurs au lieu d’un. Le lecteur
mathématicien trouvera tout cela dans l’article publié en
juillet 1994 dans la revue de haut niveau Nuovo Cimento,
reproduit en fin d’ouvrage, qui hélas, pour un non-spécialiste,
ressemblera à un ensemble de hiéroglyphes.
Au résultat, la matière de l’univers-jumeau se comportait
comme si elle avait une masse négative. Les deux « champs de
tenseurs » du second membre décrivaient des « champs de
matière ». Chacun d’eux devait être associé à un feuillet
d’univers. Dans chaque feuillet la masse était non nulle. Mais,
en sommant les contributions des deux feuillets, on obtenait
bien zéro. La phrase ummite prenait sens : la masse de
l’univers était bien « nulle et non nulle ».
Au fil des mois je m’efforçai de construire à la fois le
contexte géométrique et la dynamique du modèle. J’aimerais
bien entraîner le lecteur dans cette démarche passionnante,
mais j’ai peur de le perdre en chemin, aussi ai-je choisi de
détailler tout cela dans un futur ouvrage qui sera intitulé : On
a perdu la moitié de l’Univers. Qu’on le veuille ou non, c’est
quand même un truc à vous surchauffer les neurones.
Passons à des choses plus simples. Le traitement
mathématique de cette mystérieuse équation révéla la
dynamique des univers jumeaux, qui était étonnamment
simple. En la voyant émerger, je me disais : « Comment ai-je
pu ne pas y penser plus tôt ? »
Il y avait deux univers jumeaux, deux sortes d’univers
parallèles, mais tout se passait en fait comme s’il n’y avait
qu’un unique univers, doté d’un endroit et d’un envers2. Nous
habitions sur ce que nous appelions l’endroit. L’univers
jumeau, c’était l’envers du décor, l’envers de l’univers, l’autre
côté du « miroir ».
Concrètement, on peut donner une image didactique assez
simple de cette situation. Imaginez une surface opaque. Sur le
recto vous disposez des pions, figurant des particules.
Appelons-les A et B.
La « dy nam iq ue » des univ ers jum eaux : une extens ion de la loi de New ton

Ces deux particules s’attirent selon la loi de Newton :


selon une force proportionnelle à l’inverse du carré de leur
distance. Ça, c’est la physique classique, normale, familière.
Sur l’envers de cet univers, dans ce qu’on pourrait appeler un
anti-univers, deux autres particules, de même nature,
s’attirent de la même façon, en 1/r2.
Mais, à travers le plan, deux particules situées sur deux
côtés différents, E et F, se repoussent, selon une force
également proportionnelle au carré de leur distance. Newton
et anti-Newton, en quelque sorte. Tout cela sortait tout
naturellement de cette mystérieuse équation de champ. En
fait, tout était dans le signe moins. Si j’avais écrit :

S = χ (T – T*)

cela n’aurait rien donné. Le signe moins était la clef de


tout.
Le lecteur pourra se trouver déconcerté face à une telle
image. Comment des particules peuvent-elles interagir sans
pouvoir se voir ou se rencontrer ?
On peut fabriquer une situation qui n’est qu’une image
conceptuelle, mais qui est cependant assez parlante.
Considérons un plan opaque et disposons des aimants de
chaque côté, comme ceci :

L’im age des aim ants

Bien qu’ils ne puissent ni « se voir », ni se rencontrer, bien


que situés « à la même place », les aimants du dessus vont
interagir avec les aimants du dessous.

L’aide apportée par l’ordinateur


Il restait à explorer les implications d’un tel modèle. Mais,
très vite, la moisson allait se révéler très riche.
Mes connaissances en mathématiques me permirent de
construire des solutions analytiques qui décrivaient un couple
galaxie-antigalaxie (voir l’article du Nuovo Cimento). Quand
une galaxie, c’est-à-dire une condensation de matière, se
formait quelque part, sur un des versants d’univers, une
structure conjointe se formait, de l’autre côté, qui interagissait
avec elle. Je me souvenais de la phrase des textes de 1967 :
« Les galaxies situées dans l’univers jumeau n’ont pas la même
forme que celles qui sont situées dans le nôtre. »
J’avais été informaticien. J’avais même été sous-directeur
du centre de calcul de l’université de Marseille pendant
plusieurs années. Je savais donc programmer. Mais je n’avais
jamais eu accès à des super-ordinateurs, comme par exemple
les fameux Cray. Mon ami Pierre Midy travaillait sur celui
d’Orsay. Durant l’été 1992 nous mîmes au point tous les deux
un plan de travail. Les calculs étaient simples, mais il fallait ces
fantastiques machines pour les effectuer avec une telle
rapidité. Nous décidâmes de faire interagir deux ensembles de
points, le premier, symbolisé par des croix, étant situé sur des
« faces » de cet univers, et le second, symbolisé par des ronds,
sur l’autre face.
– Les croix attiraient les croix.
– Les ronds attiraient les ronds.
– Les croix et les ronds se repoussaient mutuellement.
Pierre lança sa puissante machine. Mais nous tenions à
éviter ce qu’on appelle les « instabilités de calcul ». Il fallait
que ce que nous donnerait ce Cray soit fiable, ce qui nous
amena à prendre un certain nombre de précautions, que nous
ne détaillerons pas ici. Enfin, après une douzaine d’heures de
calcul, la machine produisit le résultat ci-contre :

Prem ière fragm entation de l’univ ers , à l’éc h elle du m illiard d’années -lum ière

L’univers floculait. La matière de notre univers et la


matière de l’univers jumeau se partageaient l’espace
disponible. Dans la figure, la couleur blanche est censée
représenter la matière de notre univers, et la couleur grise
celle de l’univers jumeau.
On sait que la structure de l’univers recèle un grand
mystère : elle est lacunaire. Quand les astronomes se sont mis
à pointer les positions des galaxies avec une précision accrue,
ils ont eu une énorme surprise. On s’attendait au départ à ce
que les galaxies s’assemblent simplement en amas. On
connaissait déjà depuis longtemps l’amas de la Vierge et l’amas
Coma où des milliers de galaxies, semblables à la nôtre, la Voie
lactée, chacune constituée de centaines de milliards d’étoiles,
menaient leur ronde. Logiquement l’univers aurait du être
pavé d’amas semblables. Éventuellement on pensait que ces
amas pouvaient à leur tour constituer des ensembles plus
vastes, qu’on avait appelé superamas. Mais, dans les faits, les
choses s’organisaient totalement différemment. Les
astronomes commencèrent par détecter la présence d’une
« plaque de galaxies », qu’ils appelèrent « the great wall »,
« le grand mur », et qui ne collait pas du tout avec cette idée
de superamas.
En poussant les choses plus loin on s’aperçut que les
galaxies semblaient s’assembler autour d’immenses vides,
dont le diamètre était de l’ordre de la centaine de millions
d’années-lumière. Les amas étaient en fait les « nœuds » de
cet immense maillage spatial, les points de rencontre des
cellules d’un univers « en bulles de savon ». Incompréhensible.
Carte de la dis tribution s patiale des galaxies (Catal ogue de Li c k , Shane et W i r tanen, 1 967 , Sel dner ,
1 97 7 )

Depuis vingt ans les astrophysiciens s’escriment à


expliquer ces étranges structures. Leur chef de file est le
Russe Zel’dovitch, qui a inventé la « théorie des crêpes »
(pancakes theory). Séduisant, mais inefficace. Dans un travail
très récent (1993), Mellot a essayé de simuler ces « crêpes » à
l’aide d’un très puissant ordinateur. Elles se forment bien,
mais se dispersent très vite. Copie à refaire.
Dans le travail effectué par Pierre Midy on voyait bien
apparaître des sortes de cellules. Elles étaient stables, mais en
toute honnêteté cela ne ressemblait pas vraiment à ce qu’on
observait.
Frédéric
Il débarqua chez moi un jour de 1993. C’était un grand
garçon de vingt-huit ans, qui travaillait dans un laboratoire des
hautes énergies, à l’étranger.
– Bonjour. J’ai lu votre livre, sur les Ummites. Je suis
venu voir si vous étiez fou ou non.
Nous passâmes deux jours ensemble. Je lui expliquai le
modèle, la démarche. Il resta pensif, puis me dit :
– Ça m’a l’air passionnant, votre truc. Je pense que
j’aurais de quoi vous aider. J’ai accès à un très puissant
ordinateur, à côté duquel votre Cray ressemble à une brouette
de jardinier. Je pense que je pourrais faire ce travail. Mais j’ai
lu ce qui était arrivé à Lebrun3. Apparemment, travailler avec
vous, ça craint.
– Ça c’est sûr. Parce qu’il avait travaillé avec moi, ce
pauvre garçon, qui avait pourtant obtenu des résultats très
brillants, s’est vu signifier que les portes de tous les labos de
France et de Navarre lui seraient désormais fermées et qu’il
était inutile qu’il se porte candidat pour entrer au CNRS.
– Je sais, j’ai lu. Mais voilà ce que je vous propose : je
travaille avec vous, mais dans l’anonymat. Personne ne devra
savoir mon nom ni dans quel centre je travaille. Comme ça, on
coupera court à tous les ennuis. Qu’en pensez-vous ?
Je trouvai la proposition prudente. Frédéric se mit au
travail. Plusieurs fois par semaine, il me téléphonait. Nous
communiquions aussi par fax. Il utilisait ce canal pour me
transmettre les résultats de ses essais. Très vite il retrouva les
résultats de Midy, avec un nombre de points vingt fois
supérieur. Extrêmement astucieux, il modifia la grille-
programme de manière à accélérer énormément la vitesse de
calcul, tout en lui conservant sa fiabilité. On sentait que c’était
un type qui, lorsqu’il avait planté ses dents dans un problème,
ne lâchait plus prise jusqu’à ce qu’il l’ait résolu.
Au fil des semaines apparurent de nouvelles idées.
Jusqu’ici nous avions travaillé avec deux feuillets d’univers de
même densité. Mais rien ne disait que, là où nous habitions, les
choses étaient ainsi. Je dis un jour à Frédéric :
– Vous savez ce que vous allez faire ? Vous allez faire un
zoom sur une région de l’univers où la densité dans l’univers
jumeau est plus élevée. Normalement, c’est alors cet univers
qui devrait mener le jeu, vis-à-vis de l’instabilité
gravitationnelle : il devrait produire d’immenses conglomérats,
des gros grumeaux. Ceux-ci, en chassant la matière, la nôtre,
devraient la repousser dans l’espace interstitiel, en lui donnant
une allure lacunaire.
Frédéric c onc entre s on attention s ur une région de l’univ ers où la dens ité dans l’univ ers jum eau
es t trente fois plus élev ée.

– OK, je vais essayer et je vous tiendrai au courant.


Une semaine après, Frédéric m’appela :
– Votre truc, ça marche comme vous le dites.
– Que voulez-vous dire !?
– J’ai sous les yeux sur mon écran le résultat du travail de
cette nuit. Dommage que vous ne puissiez pas voir ça, c’est joli
comme tout. Je fais défiler à l’écran les images successives. J’ai
mis la matière en bleu et la matière gémellaire en rouge. On
voit très bien dans cette seconde population se constituer
d’immenses conglomérats à peu près circulaires, qui chassent
la matière dans l’espace interstitiel.
– Et alors ?
– Et alors rien. Après, c’est stable sur un paquet de
milliards d’années, pratiquement l’âge de l’univers. Je vous
envoie des copies d’écran par fax.
Je courus dans la pièce voisine, dans mon appartement,
pour attendre ces images. Elles étaient splendides.

Dans l’univ ers jum eau la m atière s e ras s em ble en d’im m ens es c onglom érats , dis tants en
m oy enne d’une c entaine de m illions d’années -lum ière
– Je crois que vous avez gagné le jackpot.
– Comment cela ?
– Cette dernière image, c’est ce qu’on observe. C’est la
structure à grande échelle de l’univers. Elle est lacunaire, en
éponge.
– Vous voulez dire que c’est ce bazar qui est en dessous
qui lui donne cette forme ?
– Je le pense.

Ces c onglom érats repous s ent puis s am m ent notre propre m atière dans l’es pac e inters titiel
Chaque poi nt r epr ésente un gr oupe ou amas de gal ax i es
La s ituation dans notre univ ers
Les str uc tur es de l ’uni v er s jumeau sont i nob ser v ab l es opti quement

– Dites donc, c’est marrant de travailler avec vous. Vous


n’avez pas un autre problème ?
– J’en ai des tas.

Système D
Les lettres ummites continuaient d’arriver avec
régularité, mais je n’y jetais qu’un coup d’œil distrait, tant ces
recherches me passionnaient. Je me contentais de les archiver
au fur et à mesure. Mais il était clair que tout tournait
maintenant autour de la cosmologie. Mes « patrons » avaient
l’air contents et envoyaient de nouveaux tuyaux, pour la suite.
Il fallait zoomer de nouveau, à l’échelle d’un petit paquet
de galaxies. L’hiver 1993-1994 a filé comme le vent. Frédéric
bataillait chaque nuit, réglant en fonction des résultats obtenus
les paramètres initiaux.
– C’est coton, c’est très non linéaire.
– Je sais.
Un jour il m’appela, ennuyé.
– Le travail se ralentit. C’est normal, c’est la belle saison.
– Quel rapport entre le temps qu’il fait et ces calculs ?
– Ici, il y a un rapport direct de cause à effet, lié à la
température.
– Vous n’allez pas me dire que quand la température se
réchauffe les ordinateurs travaillent plus lentement !
– Non, mais ils sont plus occupés.
– Que voulez-vous dire ?
– C’est simple. Un accélérateur de particules consomme
une quantité absolument indécente de courant électrique.
Pour qu’on puisse bosser convenablement, ici, il faut
carrément détourner une partie de la puissance consommée
par la ville voisine. Dans mon centre on travaille donc plus l’été
que l’hiver.
– Je vois. Maintenant, l’hiver est fini. En ville, les gens
coupent leurs petits radiateurs électriques et, dans votre
centre, vous récupérez toute cette puissance devenue
disponible.
– Vous avez tout compris. Si l’accélérateur travaille à
plein rendement, les mesures sont nombreuses. Il faut les
traiter. Ça occupe l’ordinateur. Avant j’avais douze heures
chaque nuit. Maintenant c’est tout juste si je peux récupérer
une heure de temps en temps. Je ne peux pas faire passer ce
job comme prioritaire : les gens poseraient immédiatement
des questions et on se ferait repérer.
– Ennuyeux.
– Je vais voir ce que je peux faire.
Frédéric était ficelle comme pas un et me rappela une
semaine plus tard.
– On ne va pas se laisser emmerder par un truc pareil.
J’ai fini par trouver la solution. L’ordinateur du centre ne
travaille pas avec une seule unité centrale, mais dix. On en
garde cinq en secours, au cas où l’une de ces unités se mettrait
à flancher. Ces trucs coûtent la peau des fesses, mais je suis
très copain avec le gars de la maintenance. Il m’a prêté une de
ces unités de calcul et j’ai été l’implanter ailleurs.
– Comment ça, ailleurs ?
– Grâce à la complicité d’un autre ami, j’ai implanté cette
unité centrale chez lui.
– Chez lui !?
– Chez lui, je m’entends. C’est dans son centre, dans un
autre centre.
– Un centre voisin ?
– Non, c’est dans un autre pays. Les calculs, ça peut se
faire partout. Comme ça j’ai un bazar qui tourne en
permanence pour nous. De temps en temps je rapatrie les
calculs, par une ligne spéciale, et ni vu, ni connu.
– Mais que se passera-t-il si on s’aperçoit qu’il manque
une de ces unités centrales de secours ?
– Mon copain me fait confiance. Je lui ai dit qu’au moindre
problème j’irai la récupérer d’un aller et retour avion.

Le confinement des galaxies


Le fait que nous existions est en soi un mystère. Nous
habitons une galaxie, notre Voie lactée, constituée de deux
cents milliards d’étoiles et notre soleil n’est que l’une d’entre
elles. Or cette galaxie est animée d’un lent mouvement de
rotation. Elle fait un tour sur elle-même en deux cents millions
d’années. Cela donne au soleil une trajectoire quasi circulaire,
avec une vitesse de quelque deux cent trente kilomètres par
seconde. D’où une force centrifuge.
Pour que le soleil ne fiche pas le camp, il faut que s’exerce
une force antagoniste, centripète, d’intensité comparable.
Cette force est en principe due à la matière contenue par la
galaxie (on dit qu’une galaxie est un système stellaire
autogravitant : qui orbite dans son propre champ de
gravitation). Or la masse que l’on mesure, en sommant toute
celle des étoiles observées, s’avère dix fois trop faible. Bref le
soleil reste sur sa trajectoire, de même que les autres étoiles
constituant cet univers-île, et on ne sait pas pourquoi.
Les astronomes ont alors émis l’idée que cet équilibre
pourrait dépendre de la présence d’une mystérieuse matière
sombre, une « masse cachée », invisible.
Faite de quoi ? Mystère.
Les premiers calculs analytiques, publiés dans l’article du
Nuovo Cimento, m’avaient montré que l’action de l’univers
jumeau pouvait conduire à un tel effet. Mais je n’avais pu
chiffrer cet effet avec assez de précision. Les simulations sur
ordinateur constituaient un moyen efficace de le faire.
Frédéric batailla durement, pendant des mois et des mois.
Ce type de recherche présente des aspects très empiriques.
Finalement les résultats tombèrent. En se formant, les
galaxies chassaient la matière gémellaire à l’extérieur de leur
« nid ». Mais celle-ci exerçait alors une contre-pression
gravitationnelle, qui avait tendance à la confiner.
– Vous êtes sûr qu’il y a un effet de confinement ?
– Tout à fait. Si j’isole la galaxie centrale et que je la laisse
évoluer, elle se disperse rapidement, elle éclate comme un
fruit mûr.
Nous tenions l’explication du confinement des galaxies.
Celles-ci étaient logées dans des « niches » en forme de « trous
de gruyère », ménagées dans la distribution de matière de
l’anti-univers.

Une galaxie, c onfinée par la m atière de l’antigalaxie, q ui l’entoure c om m e un c ors et et exerc e s ur


elle une c ontre-pres s ion grav itationnelle
Cons idérée is olém ent, s ans l’effet c onfinant dû à la m atière gém ellaire env ironnante, la galaxie s e
dis pers e rapidem ent
Les galaxies , nic h ées dans des « trous de gruy ère » m énagés dans la dis tribution de la m atière de
l’univ ers jum eau adjac ent, q ui les « c onfine »

La structure spirale
Les textes ummites de 1967, qui avaient été en partie
publiés par Sesma, disaient clairement que les formes des
galaxies, souvent tourmentées, étaient dues à leur interaction
avec l’univers gémellaire.
Nous détenions déjà des résultats étonnants. Mais nous
voulions aller plus loin. Je demandai à Frédéric de mettre en
rotation une galaxie dans son cocon de matière gémellaire. Il le
fit. Bien sûr, tout cela prit encore de nombreux mois. Il fallait
procéder pas à pas. Je fis aussi beaucoup de nouveaux calculs
théoriques pour piloter ces manips sur ordinateur et cela nous
fit gagner un temps précieux. Finalement le résultat tomba.
– Allô, c’est Frédéric. C’est superbe.
– Vous avez réussi ?
– Oui, j’ai devant moi une superbe spirale barrée. On
dirait une vraie. Elle a déjà fait trois tours et demi, et elle a l’air
bien sage et bien stable. Je vous envoie des images, mais c’est
dommage que vous ne puissiez pas voir le film. En les voyant,
j’ai envie de dire : « Appelez-moi Dieu. »
Je l’enviais. Là-bas, à des milliers de kilomètres de
distance, Frédéric contemplait ce que nul œil humain n’avait
jamais vu : il voyait l’univers se former. Il était témoin de
l’évolution des galaxies. Pour la première fois la structure
spirale était obtenue sans artifice, sans perturbation due à une
galaxie compagne, « naturellement ». Ce qui était étonnant,
c’était que cette évolution naturelle conduise à des formes
aussi voisines de celles qu’on observait.
Trois tours : la s truc ture en s pirale barrée perdure
On a r epr ésenté l a str uc tur e de l ’anti -gal ax i e, adjac ente et i nv i si b l e

Les deux sous-systèmes, séparément :


La galaxie (ic i une s pirale barrée)
Son « anti-galaxie », « adjac ente »

Frédéric continua de créer ces mondes, nuit après nuit.


Nous sommes en train de publier ces résultats. J’imagine que
cela ne sera pas aisé. Les référées4 des journaux vont sauter
en l’air. En effet, si nos travaux sont valables, alors c’est que
les leurs ne vaudront plus rien. Nous nous attendons à un très
sérieux tir de barrage (il avait fallu une année de bataille
serrée pour gagner la partie dans le Nuovo Cimento, ligne par
ligne, équation après équation).
Les aléas du travail en perruque
Pour le moment ces travaux sont suspendus. En effet
Frédéric a fini par se faire repérer. Ce sont ces formes spirales
qui se dessinaient sur ses écrans qui ont attiré l’attention de
ses collègues. Pendant plusieurs mois il a réussi à leur faire
avaler des trucs invraisemblables, dans le genre :
– Je calcule des corrélations en polaires, sur des
trajectoires de particules.
Je réclamai des images couleur, ce qui l’obligea à utiliser la
luxueuse imprimante du centre, à haute résolution, démarche
qui ne passa pas inaperçue. Un premier collègue réagit :
– Tiens, c’est une image de NGC je ne sais combien (dans
les catalogues les galaxies sont repérées par les lettres NGC,
suivies d’un nombre).
– Ouais…
– Mais, où as-tu trouvé cela ?
– Oh, dans une banque de données de la NASA.
– Ah bon, ça existe ? Il faudra que tu me dises de quelle
banque de données il s’agit. Je téléchargerai ces images.
– Oui, je te le dirai. Mais à l’instant t, tu m’excuses, je ne
sais vraiment plus où j’ai trouvé cela.
Frédéric était passablement inquiet. Bien qu’il eût été très
discret, son patron commençait visiblement à se douter de
quelque chose. Peu de temps auparavant, en déjeunant avec
lui en tête-à-tête à la cafétéria, l’autre lui avait dit :
– Frédéric, je crois que tu me trompes…
Le subterfuge tint encore pendant quelques semaines,
jusqu’à ce que mon complice tombe sur une authentique
astrophysicienne, une Américaine accrocheuse et revêche, qui
ne s’en laissa pas conter aussi aisément :
– Ah non, cher monsieur. Vous ne me ferez jamais avaler
cela. Les banques de données de la NASA, je les connais toutes.
C’est bien une galaxie, mais qu’est-ce que c’est que ce machin
autour ? Expliquez-vous !
Nous arrivions, je crois, au bout de nos possibilités.
Pendant presque un an, Frédéric avait, à l’insu de tout le
monde, détourné pratiquement dix pour cent de la puissance
de calcul de son centre, à notre profit. Sa collaboration m’était
devenue trop précieuse pour qu’elle soit compromise par un
clash stupide. Nous décidâmes de mettre un terme à cette
campagne de recherche clandestine, menée « en perruque ».
Nous poursuivîmes cependant, lui et moi, ces travaux en
cosmologie théorique à travers des calculs purement formels.
Entretemps mon nouveau collaborateur s’était recyclé en
Relativité générale5. Nous ne tardâmes pas à découvrir une
nouvelle clef de la compréhension des phénomènes du
cosmos : l’effet de lentille gravitationnelle inverse.

L’effet de lentille gravitationnelle inverse


La lettre ummite de début 1992 portait la phrase : « … de
même qu’un certain nombre de phénomènes que vous avez pu
observer et qui déconcertent encore vos spécialistes ».
Qu’est-ce que nos spécialistes avaient observé et qui était
si déconcertant ? Nous cherchâmes pendant de longs mois.
Étaient-ce les mystérieux quasars ou les bouffées de rayons
gamma observées par les satellites et dont personne n’arrivait
à trouver l’origine ?
S’il était un phénomène qui déconcertait bien les
spécialistes, c’était le fort effet de lentille gravitationnelle dû
aux amas de galaxies et qui produisait par exemple des
« quasars doubles ». Un jour, en 1978, un astronome avait
trouvé que deux quasars, qui se trouvaient de part et d’autre
d’un amas de galaxies, très loin derrière, avaient un sacré air
de famille.
Dédoublem ent de l’im age d’un q uas ar, dû à l’effet de lentille grav itationnelle produit par un am as
de galaxies

On montra par la suite qu’il s’agissait bien du même


quasar dont l’image se trouvait dédoublée par un effet bien
connu des spécialistes de la Relativité générale. Une
concentration de matière dévie la trajectoire d’une particule,
que celle-ci soit un simple atome ou un photon. Les masses
« attirent la lumière », courbent les trajectoires des rayons
lumineux. Ce phénomène avait été à la base d’une des
premières vérifications observationnelles de la théorie de la
Relativité générale, dans les années 20 : le soleil courbait les
rayons lumineux émis par la planète Mercure. L’effet était
faible, mais observable.
Pour le quasar, c’était pareil, et l’image ci-après donne
l’explication de ce dédoublement de l’image, de cet « effet de
mirage gravitationnel ».
On trouva par la suite d’autres systèmes avec
dédoublement de l’image d’un quasar et aujourd’hui le
phénomène semble scientifiquement établi. Par la suite, en
1987, d’autres astronomes observèrent des images déformées
de galaxies, toujours par les amas. Il s’agissait de l’image d’une
galaxie lointaine située à l’arrière-plan. L’image de celle-ci
était alors distordue et prenait la forme d’un arc :

Effet de « lentille grav itationnelle » c onduis ant à un effet de m irage


L’ob ser v ateur v oi t deux quasar s, al or s qu’i l n’y en a qu’un seul

On trouva par la suite d’autres formations de ce genre.


Deux ont été trouvées par un astronome français, Edmond
Giraud, de l’Observatoire de Marseille, dans les années 90.
Donc l’effet de mirage gravitationnel est maintenant bien
ancré dans les observations.
I m age d’une galaxie lointaine, déform ée (en form e d’arc ) par la prés enc e, s ur la ligne de v ue, d’un
am as de galaxies (au c entre)

Il n’y a qu’un seul ennui : pour que ces amas de galaxies


produisent des effets aussi intenses, il faudrait que leur masse
soit dix fois plus élevée que celle qu’on observe. On retombe
sur ce même effet de masse manquante, dont souffraient déjà
les galaxies.
En reprenant les calculs relativistes, dans le contexte de
l’univers gémellaire, nous pûmes montrer que l’univers
jumeau produisait également un effet de lentille
gravitationnelle, mais « inverse ». Les masses de l’univers
jumeau repoussaient les photons.
Un amas de galaxies, dans le cadre de ce modèle
gémellaire, est une distribution de matière qui est, elle aussi, à
plus grande échelle, logée dans un trou de la distribution de
matière gémellaire.
Courbure des ray ons lum ineux au v ois inage d’un am as de galaxies , logé dans une lac une de la
dis tribution de la m atière gém ellaire

Nous avons montré, Frédéric et moi, à travers nos calculs,


que l’environnement de matière gémellaire, autour de l’amas,
focalisait les rayons, comme cela :
L’env ironnem ent de m atière gém ellaire foc alis e les ray ons lum ineux et es t res pons able pour les
neuf dixièm es des effets de lentille grav itationnelle obs erv és

L’amas de galaxies, à lui seul, compte tenu de sa masse,


donne ceci :
C’est-à-dire qu’il ne contribue à l’effet global observé qu’à
hauteur de dix pour cent.
La « masse cachée », la « matière sombre » ou dark
matter, peu importe le nom qu’on lui donne, existerait bien,
mais pas là où on la cherche. Elle ne serait pas dans les galaxies
ou les amas de galaxies, mais en dehors de ceux-ci et « de
l’autre côté de notre univers ».

1 - Oy agaa, l e nom de c ode de l a Ter r e en l angage ummi te, est c ensé si gni f i er « astr e f r oi d du
c ar r é » (v oi r Enq uête s ur des extraterres tres …, op. c it.).

2- Il y av ai t donc à l a f oi s un et deux uni v er s, de même que l a masse de c el ui -c i étai t « nul l e


et non nul l e ».

3- V oi r Enq uête s ur les OVNI S , op. c it.

4- Les ex per ts que l a r ev ue sol l i c i te pour v ér i f i er si l es tr av aux sont c or r ec ts.

5- Pour c eux que l ’av entur e tenter ai t, un des mei l l eur s ouv r ages, à mon av i s, est c el ui
d’A dl er , Sc hi f f er et Bazi n, I ntroduc tion to General Relativ ity , Mac Gr aw Hi l l Book Ci e, 1 97 5
(épui sé, di sponi b l e seul ement dans l es b i b l i othèques).
Chapitre 5
La micro-technologie des Ummites

Dans le dossier Ummo, plusieurs histoires sont


enchevêtrées, plusieurs aspects s’entremêlent. Il y a l’aspect
science, l’aspect anecdotique et aventureux, plus des tas de
choses assez incompréhensibles. Si on voulait résumer on
pourrait dire que Ummo c’est :
– un tiers Einstein ;
– un tiers Spielberg ;
– un tiers Marx Brothers.
Nous venons de gérer une séquence qui s’inscrivait dans
le premier registre. Pour nous, scientifiques, c’est évidemment
la plus intéressante. Mais certains chercheurs, dont je suis, ne
dédaignent pas de se muer, si l’occasion se présente, en
« savanturiers ».

Une possible explication de la façon dont les ovnis


stationnent au-dessus du sol
La percée scientifique de 1993-1994, tout à fait concrète,
donne corps à la théorie gémellaire, étant donné la masse des
phénomènes qu’elle permet d’éclaircir et d’interpréter (il y a
d’autres aspects, mathématiquement plus sophistiqués, que
nous n’évoquerons pas ici mais que le spécialiste trouvera dans
la reproduction de l’article « Twin Universe Cosmology », en
fin d’ouvrage). On a vu que lorsqu’une masse était située « de
l’autre côté », dans cet autre « versant » d’univers, elle se
comportait comme si elle avait une masse négative.
Les textes ummites prétendent que les voyages
interstellaires peuvent s’effectuer en empruntant l’univers
jumeau et en « inversant la masse ». Des textes récents (de
1992 à 1994) apportent des précisions sur la façon d’opérer un
« transfert hyperspatial », en direction de notre univers
jumeau. Les rapports ummites disent que, lorsqu’une nef
réalise cette opération, « elle semble se dématérialiser
subitement aux yeux du témoin ». Lors de l’opération inverse,
« elle semble surgir du néant, comme si elle se matérialisait ».
Si on se fonde sur les dires de témoins, en supposant que
ce qu’ils racontent corresponde à un fait réel, ces deux
opérations s’effectueraient sans bruit ou dégagement apparent
d’énergie. Cela appelle la remarque ci-après :
Considérons une nef de masse M qui serait présente dans
notre feuillet d’univers. Elle serait donc soumise à l’action
gravitationnelle de la Terre et subirait l’effet de son poids Mg.

La nef, prés ente dans notre feuillet d’univ ers , s ubit l’attrac tion terres tre
Son poi ds est Mg

Imaginons maintenant que cette masse M puisse être


transférée dans l’univers jumeau. Elle disparaîtrait à nos yeux.
De même les passagers de la nef ne pourraient plus voir la
Terre, qui resterait cependant présente, quoique invisible.
Mais cette Terre, invisible, repousserait la nef, selon une force
– Mg. D’où un effet d’antigravitation. Durant son séjour dans
l’univers jumeau, la nef « s’éloignerait » de la Terre.

La nef, dev enue inv is ible, es t repous s ée par la Terre

En alternant à un rythme rapide ces transferts d’un


univers à l’autre la nef pourrait ainsi annihiler son poids et
« léviter ». En réglant le temps passé dans notre feuillet
d’univers, où elle tomberait en chute libre, et celui passé dans
l’univers jumeau, où elle monterait au contraire, la machine
pourrait à volonté monter ou descendre. Cela pourrait
constituer, selon nous, le second mode d’explication de la
lévitation des ovnis au voisinage du sol, différent de la MHD.
Dans l’univ ers jum eau, la Terre, dev enue inv is ible, repous s e la nef

Un clonage systématique des objets


En 1967, les contenus des textes à caractère
technologique avaient de quoi surprendre le lecteur, même
scientifique. Mais les choses ont pas mal changé depuis. Nos
ordinateurs avaient déjà constitué une fantastique plongée
dans l’infiniment petit. Les premières machines, comme le
célèbre ENIAC américain, qui servit au calcul de la bombe à
hydrogène, étaient faites de lampes, de tubes à vide. Pour faire
la moindre opération, il en fallait un nombre hallucinant et tous
ces tubes étaient montés à la main. Puis apparurent les
transistors1 . Ceux-ci étaient également, au début, fabriqués à
la main. Aujourd’hui aucune main humaine ne serait capable
de les assembler. Les lecteurs ayant quelques connaissances
en technologie savent que les transistors, qui restent les
composants essentiels des « puces », sont fabriqués par
gravure, au laser. Les puces sont des structures feuilletées,
très astucieuses, constituées couche après couche. Si on
découpe l’une d’entre elles à l’aide d’une scie, aussi fine soit-
elle, il est exclu de pouvoir en distinguer les composants à l’œil
nu : leur taille n’excède pas quelques microns. Chaque année
leur taille diminue, simplement parce que le diamètre des
outils, les faisceaux des lasers, se réduit aussi. La limite est
pratiquement celle de l’atome.
Les ingénieurs terrestres ont commencé depuis quelques
années à construire des micro-machines autres que des
ordinateurs. On a pu ainsi fabriquer de minuscules pompes,
dotées d’organes rotatifs, invisibles à l’œil nu. On a créé des
micro-accéléromètres et bien d’autres choses encore. Là
encore la fabrication s’effectue par couches.
En ce moment, les ingénieurs fabriquent des
« imprimantes tridimensionnelles », où on synthétise un objet
dans les trois dimensions, en utilisant une sorte de gelée qui a
la propriété de durcir à la lumière. La fabrication s’effectue en
couches. On remplit un bassin, qui est l’équivalent (3D) de la
feuille de papier (2D) qui sort de l’imprimante. Un liquide
photodurcissable monte lentement et un laser crée cette
« image 3D », couche par couche, en opérant un balayage. À la
fin de l’opération il suffit d’évacuer l’excès de liquide pour
avoir en main un objet « en dur ».
On a ensuite cherché à dupliquer des objets, après les
avoir analysés à l’aide d’un scanner à ultrasons. Sur la figure
on voit comment le « double » de l’objet est réalisé par couches
successives, en couplant la montée du scanner, qui découpe
l’objet en tranches de saucisson, et la synthèse de son double,
en parallèle, par solidification, à l’aide d’un rayon laser, d’une
substance photodurcissable.
S y s tèm e (ac tuel) de duplic ation 3D (de la form e des objets )

Avec une photocopieuse nous ne fabriquons pas de


véritables doubles des objets, mais des images fidèles. Il en
sort une feuille de papier recouverte d’un pigment cuit à la
chaleur, qui n’est pas identique, moléculairement parlant, à
l’encre du document original, même si l’illusion visuelle est
excellente et si la reproduction s’effectue au dixième ou au
centième de millimètre près.
Mais si on réalise une « photocopie de photocopie », on
effectue alors un véritable « clonage technologique », puisqu’il
n’est alors pratiquement plus possible de distinguer l’original
de sa copie. Il faut savoir s’étonner de choses simples. Même
remarque si l’objet de l’image ci-dessus était fait de la même
matière que la substance photodurcissable qui sert à effectuer
la copie. Le clonage tridimensionnel 3D est donc déjà sur Terre
une réalité. Derrière ces balbutiements se dessine un concept
qui est l’aboutissement logique de notre technologie, pour la
fabrication en série des objets, son « point focal » : le simple
clonage des objets, molécule par molécule, atome par atome.
Conceptuellement rien ne s’y oppose. Aujourd’hui les
imprimantes couleur sont très performantes, au point qu’on
peut les utiliser pour faire des… faux billets. Utiliser une
imprimante couleur à jet d’encre revient à projeter des
gouttelettes d’encre de coloris différents, autrement dit à
utiliser des « atomes de couleur » différents.
Un jour prochain on projettera des atomes et on les
soudera les uns aux autres. On pourra alors fabriquer
n’importe quoi, dans les trois dimensions, directement et bien
sûr, immanquablement, tout cela se miniaturisera, comme ce
fut le cas pour l’informatique. Pourquoi utiliser une machine
volumineuse, coûteuse en énergie et en matières premières si
on peut faire autrement ?
Sous cet aspect les machines ummites, où la
miniaturisation est partout, s’inscrivent dans notre futur
technologique de manière très pertinente. Les outils que nous
utilisons sont primitifs. Un laser est un outil rectiligne. On
pourrait comparer la machine qui sculpte au laser à un
technicien qui n’aurait à sa disposition, pour tout outil, qu’une
perceuse.
Les outils suggérés par les textes ummites sont beaucoup
plus sophistiqués. Chez ces gens, les machines pourraient
fabriquer n’importe quoi, y compris des copies d’elles-mêmes.
Elles seraient pilotées par ordinateur et seraient capables de
créer des composants, puis de les assembler dans les trois
dimensions. L’objet serait acheminé selon une trajectoire
complexe, en étant guidé soit par des forces
électromagnétiques, soit par des forces gravitationnelles (que
nous ne savons pas actuellement produire).
Le problème des matières premières ne se poserait plus.
Nos Ummites, modernes alchimistes, seraient passés maîtres
dans l’art de la transmutation. Autrement dit les assemblages
s’effectueraient d’abord au niveau atomique. La machine
fabriquerait les atomes dont elle a besoin, à partir d’un corps
de base quelconque, ou de plusieurs corps simples de base
(comme l’oxygène de l’air ou les pierres des chemins). Puis elle
assemblerait ces atomes pour en faire des composants, qui
seraient ensuite intégrés dans un tout.
Si on en croit ces mystérieux Ummites et si la planète
qu’ils décrivent existe vraiment, celle-ci constituerait un
véritable Éden technologique. En effet ils disent savoir
synthétiser directement de l’antimatière, par compression.
Celle-ci, stockée, servirait d’énergie de base, d’énergie à tout
faire. Ils la convertiraient en énergie pour réaliser des
transmutations atomiques. Disposant de « l’énergie
primordiale » par excellence, ils n’auraient plus besoin de
« matière première ».
À l’autre bout de la chaîne, cette énergie illimitée leur
permettrait de traiter tout déchet, toujours par transmutation,
non pas dans de vastes unités de production, mais carrément à
l’intérieur des habitations domestiques. Il n’y aurait pas de
poubelles sur Ummo. Tout déchet serait simplement
transmuté en hélium, chimiquement neutre et parfaitement
respirable, puis simplement rejeté dans l’atmosphère.
Il est clair qu’une civilisation qui aurait atteint ce niveau
ferait du même coup disparaître toute intervention
manufacturière. C’est ce vers quoi nous tendons sur Terre, de
toute évidence, même si cette évolution apporte un contrecoup
catastrophique : le chômage généralisé. Lorsque nos
futurologues des années 50 prédisaient l’apparition de robots
de plus en plus performants, ils oubliaient au passage que
ceux-ci mettraient sur le trottoir des millions de pauvres gens,
comme jadis les métiers à tisser Jacquart, fonctionnant à l’aide
de cartes perforées, firent le malheur de dizaines de milliers de
tisserands, les « canuts ».
Même évolution dans le domaine de la bureautique, avec
l’apparition des traitements de textes et des logiciels de
gestion.
Jadis, lorsque quelqu’un utilisait une machine, il lui
incombait de la démonter pour l’entretenir et il en connaissait
tous les composants. De nos jours il y a beaucoup de gens qui
roulent dans des automobiles sans avoir la moindre idée de la
façon dont elles fonctionnent.
Quand les premiers micro-ordinateurs Apple II
apparurent, à la fin des années 70, ceux qui les utilisaient
pouvaient encore les « démonter », décoder entièrement leur
architecture de base. En 1977, lorsque je dirigeais un service
d’informatique dans une université, nous l’avions fait, c’était
encore possible. Aujourd’hui je m’imagine mal « démontant »
mon Macintosh LC III en essayant de lire toutes ses ROM2.
Ma vie, d’ailleurs, n’y suffirait pas. Le manuel de l’utilisateur
informaticien, celui qu’utilisera un créateur de logiciel, a déjà le
volume d’une petite bibliothèque. Et les choses n’iront qu’en
empirant. L’homme est en train d’accumuler un savoir, en
matière d’informatique, dont un seul individu ne saurait être
l’unique dépositaire. Notre monde se complexifie sans cesse,
de manière inéluctable.
Il y a une dizaine d’années j’avais créé moi-même un
logiciel de conception assistée par ordinateur que j’ai
commercialisé pendant un temps (mais qui se trouve
maintenant totalement dépassé par les produits existants).
Quand j’utilise un logiciel de CAO, j’ai une idée assez précise de
la manière dont il a été construit. Mais, de plus en plus, nous
devons nous résigner à devoir utiliser des choses que nous ne
comprenons pas, au sens étymologique du terme, c’est-à-dire
que nous ne pouvons ni lire totalement, ni démonter.
Les machines ummites seraient, sur ce plan, d’une
fabuleuse complexité. La Xoodinaa d’une nef, sa coque épaisse,
pourrait contenir jusqu’à 400 composants par millimètre cube.
Elle intégrerait toutes les technologies possibles. Au point de
vue mécanique, par exemple, elle se comporterait comme un
matériau « intelligent » qui serait capable de modifier ses
caractéristiques en fonction des tensions auquel il serait
soumis.
Cette idée peut sembler déconcertante. Quand on a en
main un matériau, on imagine qu’il possède une résistance
spécifique. Si on prend une éprouvette et qu’on la soumet à
une traction croissante elle finira par se briser et nous en
déduirons ses caractéristiques.
Mais les spécialistes de la résistance des matériaux savent
que cette vision est très sommaire. Un matériau peut être à la
fois solide et fragile. On peut poser sans dommage un lourd
dictionnaire sur un verre à pied, alors qu’on pourra le briser en
le frappant légèrement avec un objet pointu.
Et il n’y a pas que la fragilité. Quand on construit un avion,
on ne se contente pas de calculer les contraintes maximales
auxquelles il sera soumis. On doit aussi tenir compte de deux
facteurs beaucoup plus importants. Des phénomènes dits
d’aéroélasticité peuvent engendrer des vibrations
destructrices. Le plus grand avion du monde, le plus gros
porteur, est l’avion militaire américain Galaxy, construit par la
firme Lookeed. Lorsqu’on a essayé le premier prototype, on
s’est aperçu qu’il battait de l’aile, au sens strict du terme. Les
deux ailes étaient animées d’un mouvement de battement,
haut-bas, dont l’amplitude atteignait « en bout de plume »
près de 2 mètres, phénomène que les calculs sur ordinateur
n’avaient su prédire, du moins à ce point. On dota alors l’avion
d’un ordinateur destiné à commander des ailerons pour limiter
c e flutter indésirable. Mais, aujourd’hui encore, le célèbre
Galaxy continue de battre des ailes, plus faiblement,
heureusement.
La contrainte la plus importante est la fatigue. Ce qui use
les ailes des avions, ce sont les contraintes alternées, la
succession des efforts et les non-efforts eux-mêmes. On se
souvient de cette terrible catastrophe qui endeuilla
l’Angleterre, laquelle avait pris une avance extraordinaire en
sortant dès l’après-guerre les fameux Comet, les premiers
quadriréacteurs commerciaux. Tout avait été prévu, sauf la
rupture à la fatigue des hublots de la cabine des passagers.
Lorsque les différents avions mis en service furent bien
« fatigués », ceux-ci se brisèrent les uns après les autres, en
tuant des centaines de personnes.
Quand on veut certifier un nouvel appareil, comme un
Airbus, on charge bien sûr ses ailes jusqu’à rupture, mais on
les soumet également à des centaines de millions de flexions
alternées. Ce test est d’ailleurs si long qu’il doit être poursuivi
sur un des exemplaires alors que les autres sont déjà en
service.
Ces problèmes d’aéroélasticité et de rupture par fatigue
font que nos avions sont anormalement lourds. Partout il faut
renforcer, surdimensionner, pour tenir compte des contraintes
qui pourraient découler d’une rafale particulièrement violente.
Les soucoupes ummites seraient plus légères parce que le
matériau dont elles sont faites se gérerait lui-même. Il serait
parcouru de fines tubulures qui contiendraient un métal
facilement liquéfiable. Il est évident que si ce métal est, dans
cette structure vasculaire, à l’état solide ou liquide, les
caractéristiques de l’ensemble sont différentes. Les Ummites
utiliseraient ce système pour réguler les propriétés élastiques
du matériau et empêcher les phénomènes de résonance.
Vous savez qu’il est interdit à une troupe de marcher au
pas lorsqu’elle passe sur un pont. Il serait tout à fait possible
que les impulsions données par les pas cadencés des soldats
entrent en résonance avec la structure et qu’une oscillation
vienne à s’amplifier et à détruire l’ouvrage. Si notre pont était
« intelligent », si ses poutrelles étaient parcourues par de fines
tubulures emplies d’un métal facilement liquéfiable et
contrôlées par un ordinateur, il pourrait modifier les
caractéristiques de sa structure dès que ses capteurs, ses
« jauges de contraintes », détecteraient le moindre phénomène
de résonance.
Les textes disent que les nefs subissent des impulsions
d’accélération et non des accélérations constantes. Ce système
de matériau intelligent serait donc là pour annihiler le
phénomène de résonance dans la structure. C’est une solution
très astucieuse, à laquelle nos ingénieurs terrestres n’ont
apparemment pas encore songé.
La paroi extérieure de la nef serait munie de tous les
systèmes de capteurs possibles. En ce sens elle s’efforcerait de
ressembler à la peau des êtres vivants. Elle serait sensible à la
lumière (posséderait des ocelles), à tout rayonnement
électromagnétique en général, dans un spectre extrêmement
large, et serait capable d’analyser chimiquement
l’environnement gazeux ou liquide (ces machines seraient
capables d’évoluer sous l’eau).
Cette « peau » posséderait un système de contrôle
thermique, de réfrigération par circulation « sous-cutanée » de
fluide ou par sudation de lithium. Il existerait sur sa surface
des composants qui pourraient changer de couleur à volonté,
ce qui permettrait un mimétisme parfait. C’est l’ovni-
caméléon.
La paroi supprimerait toute réflexion d’ondes, en
particulier des ondes radar. Si ces idées pouvaient surprendre
en 1968, elles sont maintenant dans l’air, au sens propre et au
sens figuré. La furtivité est à l’ordre du jour, de même que le
mimétisme. Le seul problème est que l’avion caméléon
« super-furtif » voit son devis de poids sérieusement grevé
par l’adjonction de tous ces gadgets et son prix devenir
prohibitif.

Fiabilité et maintenance des nefs ummites


Tous les livres ayant trait aux ovnis consacrent une page
ou deux au « crash de Rosewell », qui date de 1947. On connaît
l’histoire : une soucoupe se serait écrasée dans le désert du
Nouveau-Mexique. Supposons, comme le prétendent les
Ummites, que cette année-là de nombreuses ethnies soient
venues nous visiter. Peut-être s’agissait-il de quelques
touristes un peu trop pressés ou d’étudiants en mal de thèse,
qui auraient loué une soucoupe à fort kilométrage-compteur,
sans vérifier soigneusement leur matériel.
Qu’est-ce que la fiabilité ?
Si vous enlevez le panneau arrière d’un vieux poste ou
d’un vieux téléviseur à lampe et que vous coupiez au hasard
un des fils, vous avez de bonnes chances de créer
immédiatement une panne. Dans une machine, la solution
consiste à doubler, ou à tripler tous les circuits. C’est ce qu’on a
de plus en plus tendance à faire, surtout depuis que les
grandes compagnies aériennes se sont orientées vers le
pilotage par commandes électriques. On imagine la tête que
ferait un pilote si soudain son manche ne répondait plus, à
cause de la mise hors circuit d’un bête fusible.
Sur ce plan, l’être vivant est une machine très fiable. Son
système nerveux est un entrelacs très complexe de canaux
acheminant l’information. Il y a bien sûr des éléments clés,
dont la destruction entraîne une invalidation irréversible, mais
dans l’ensemble, c’est sacrement bien fichu. Le cerveau, par
exemple, l’organe le plus fragile du corps humain, est protégé
des chocs par une épaisse boîte crânienne et baigne dans le
liquide céphalo-rachidien. On retrouve ici le thème de la
protection contre les accélérations, par immersion du corps à
protéger dans un fluide.
L’être humain est une « machine » qui se répare elle-
même constamment. Lorsque nous marchons, les chocs qui
résultent de ce moyen de locomotion provoquent très souvent
des minihémorragies dans nos articulations. Celles-ci sont
compensées automatiquement par coagulation. Nous ne nous
en rendons pas compte. Par contre, c’est un véritable
cauchemar pour les hémophiles. Il ne leur suffit pas d’éviter de
se couper ou de se pincer les doigts dans une porte. Le simple
fait de marcher ou de manipuler une paire de pinces
traumatise leurs articulations. Apparaissent des hématomes
qu’ils sont incapables de contrôler, étant donné qu’il manque à
leur sang un élément essentiel, le « facteur huit », qu’on doit
leur injecter après l’avoir extrait de centaines d’extraits
sanguins, fournis par des donneurs.
Même remarque pour notre système nerveux. À moins
de sectionner totalement un nerf important, celui-ci possède
jusqu’à un âge avancé d’étonnantes capacités de récupération
et d’auto-réparation.
La nef ummite s’inspirerait totalement des systèmes
vivants, comme toute la technologie de Ummo en général, si on
y regarde de près. L’information circulerait dans la machine,
l’innerverait, en utilisant un nombre redondant de systèmes
totalement différents (les textes disent qu’elle serait gérée par
un réseau de 120 ordinateurs interconnectés). Comme la nef,
avant d’effectuer sa plongée dans l’univers jumeau, devrait
engendrer un fort champ magnétique (de même que pour se
propulser par MHD dans l’air), il serait exclu d’envisager des
circuits électriques, où l’information serait acheminée par un
flux d’électrons. Le réseau nerveux de la nef ummite serait
donc basé sur trois systèmes. Le premier utiliserait des fibres
optiques, le second des phénomènes de résonance magnétique
nucléaire et le troisième des ondes gravitationnelles. Seul le
premier système nous est maintenant familier, mais nous
ignorons totalement comment capter ou produire des ondes
gravitationnelles.
On sait que les explosions nucléaires engendrent de très
forts champs électriques, surtout lorsqu’elles se produisent en
haute atmosphère. Le très fort rayonnement qu’elles émettent
ionise les couches supérieures de l’atmosphère et cela
engendre des orages mettant en jeu des masses fluides d’une
étendue considérable. L’explosion crée un orage artificiel d’une
violence extrême, même s’il ne s’accompagne pas
nécessairement d’éclairs. Les systèmes électriques, au sol ou
embarqués à bord d’avions ou de missiles, sont soumis à des
surtensions importantes, qui peuvent se révéler
dommageables.
Vis-à-vis d’une attaque surprise, par un flot de missiles en
phase balistique, une des défenses consisterait à faire éclater
dans la haute atmosphère, à deux cents kilomètres d’altitude,
une bombe à hydrogène de forte puissance. On escompte alors
que l’effet EMP résultant (electromagnetic pulse) pourrait
endommager tous les systèmes de contrôle des ogives.
L’auteur des documents ummites n’a pas fait l’erreur de
doter sa machine de circuits électriques. Les conducteurs à
fibre optique sont en effet insensibles aux champs
électromagnétiques. Si les nations industriellement
développées poussent en avant la technologie des ordinateurs
fonctionnant à l’aide de fibres optiques, c’est en vue
d’applications militaires, comme c’est le cas dans beaucoup de
technologies.
Dans les textes, les Ummites décrivent comment
s’effectuerait la réparation d’un capteur pariétal endommagé
par une micrométéorite. La machine posséderait un stock de
pièces de rechange qui pourraient être acheminées à travers
un système vasculaire en étant guidées par des forces
électromagnétiques ou gravitationnelles, pour être
positionnées et remplacer l’organe endommagé, qui aura été
au préalable détruit.
Est-ce à dire que la nef ummite serait « vivante » ?
Non, pas plus qu’un ordinateur ou un robot n’est vivant.
Ce serait seulement une machinerie très perfectionnée, gérée
à chaque instant par un complexe de cent vingt ordinateurs,
dont la mémoire serait tridimensionnelle (et non pas
construite en couches, comme celles de nos computers). Les
données y seraient stockées dans des petits ensembles
d’atomes de titane, formant d’énormes cristaux parfaitement
purs (la moindre impureté à l’échelle atomique engendrerait
des erreurs). La capacité volumique de stockage des données
et des programmes serait, selon ces textes, phénoménale. Il y
aurait autant de différence entre la mémoire d’une nef ummite
et les mémoires de nos ordinateurs qu’entre ces dernières et
une bibliothèque sumérienne, où les données étaient inscrites
en cunéiforme sur des plaques d’argile.
La nef ummite serait une sorte de robot très sophistiqué
qui se gérerait lui-même à l’aide d’un ensemble de
programmes extrêmement complexe, constituant une
intelligence artificielle très développée, dont nous entrevoyons
aujourd’hui à peine les bases3. La multiplication des systèmes
de contrôle et la redondance des circuits informatifs
donneraient à l’ensemble une fiabilité extrêmement proche de
l’unité.
Seul le vivant offre un exemple comparable. Un être
humain est finalement une machine remarquablement fiable,
sur une grande période de temps. Dans les avions de ligne on
trouve un pilote et un copilote. On a estimé en effet, avec juste
raison, que la probabilité que tous deux « tombent en panne »
simultanément était infime. Autre avantage : comme il y a
deux hommes capables de piloter l’appareil, cela permet à l’un
d’eux, de temps en temps, d’aller soulager quelque besoin
naturel.
Quand apparut le pilotage automatique il arrivait
fréquemment que les deux pilotes quittent le poste de pilotage
et cela donna lieu à une anecdote haute en couleur. Dans un vol
transocéanique, sur une compagnie dont nous tairons le nom,
les deux pilotes avaient ainsi confié le pilotage de leur
quadrimoteur à la machine et prenaient du bon temps avec les
hôtesses, dans la cabine adjacente. Soudain une rafale d’une
violence exceptionnelle déséquilibra l’appareil en le mettant
sur la tranche. Il perdit aussitôt de l’altitude. Comme le pilote
automatique maintenait celle-ci en fonction des informations
délivrées par une capsule barométrique, le pilote automatique
« tira à fond sur le manche ». L’appareil partit dans une spirale
serrée. Les passagers, terrifiés, furent écrasés sur leurs sièges
par les g encaissés par l’avion. Quant aux pilotes, aplatis sur
leurs couchettes ou allongés dans la coursive, ils furent dans
l’incapacité de regagner leur siège. Après des évolutions
capricieuses l’avion eut la bonne fortune de ne pas se briser en
vol et de retrouver une assiette normale. Entre-temps il avait
perdu cinq mille mètres d’altitude. Depuis il est formellement
interdit aux deux pilotes de quitter leur siège simultanément,
même lorsque le pilote automatique est branché.
Dans ces conditions, la fiabilité est-elle absolue ? Pas
complètement. Mon ami Massimo Mosca, stewart de la
compagnie Alitalia m’a raconté qu’un jour les deux pilotes
avaient été simultanément victimes d’une intoxication
alimentaire et s’étaient trouvés hors d’état de piloter
l’appareil, qui fut ramené au sol par une simple hôtesse,
laquelle avait pris quelques cours de pilotage sur avion de
tourisme. Nouvelle modification du règlement : avant un vol,
les repas des pilotes sont contrôlés et il leur est interdit
d’absorber les mêmes menus.
Lorsque la nef croiserait à très grande vitesse dans
l’univers jumeau ou dans l’espace intersidéral galactique, elle
dévierait automatiquement tous les atomes qu’elle
rencontrerait sur son chemin à l’aide d’un bouclier
électromagnétique comparable à celui qui protège la Terre du
« vent solaire »4.
La Terre parvient ainsi à se protéger d’un flux de
particules, essentiellement des noyaux d’hydrogène et des
électrons, déboulant à 10 000 kilomètres à la seconde. Il
arrive cependant que ces particules arrivent à passer au
travers du bouclier électromagnétique et frappent les hautes
couches de l’atmosphère, ce qui donne le phénomène appelé
aurore boréale. L’atmosphère de notre planète la protège des
petites météorites, qui se consument en y pénétrant à des
dizaines de kilomètres à la seconde. Une nef pourrait de même
se protéger efficacement d’un flux de particules chargées, en
créant autour d’elle un bouclier électromagnétique. Mais celui-
ci serait inopérant vis-à-vis de météorites5. Les textes
ummites précisent que celles-ci sont alors volatilisées à
distance à l’aide « de lasers pariétaux ».
Il est hors de doute, étant donné l’encombrement
croissant de l’espace circumterrestre, qui est jonché de débris
de fusées, de boulons, de paires de pinces lâchées par des
astronautes au cours de travaux extravéhiculaires, que nos
futures stations spatiales devront tôt ou tard être équipées
d’un tel dispositif.
Com m ent la Terre s e protège du « v ent s olaire » à l’aide de s on bouc lier élec trom agnétiq ue
Di sposi ti f si mi l ai r e sur l a nef ummi te l or squ’el l e se dépl ac e à tr ès gr ande v i tesse dans un mi l i eu
r ar éf i é

Au cours de la croisière ummite des événements plus


importants et imprévisibles peuvent survenir. La nef peut
passer à proximité d’un astre qui soudain connaîtrait un
épisode cataclysmique. L’ultime recours serait alors de
changer d’univers.
Selon un des documents, une nef ummite aurait soudain
rencontré une nef inconnue, dans l’espace circumterrestre.
Celle-ci aurait scanné leur vaisseau en utilisant des faisceaux
d’ondes gravitationnelles infiniment plus puissants que ceux
qu’ils savaient eux-mêmes produire. Inquiets, les Ummites
auraient choisi la fuite en déclenchant « le transfert
hyperspatial6 de leur machine » et en prenant le large.
À chacun ses ovnis…

1 - N otons au passage que l es U mmi tes aur ai ent été sur pr i s en déc ouv r ant, sur Ter r e, l es
tr ansi stor s, qu’i l s ne c onnai ssai ent pas. Il s aur ai ent, b i en sûr , dév el oppé des tec hni ques
i nf or mati ques depui s l ongtemps, mai s sur d’autr es b ases.

2- ROM : read only m em ory , « mémoi r e que l ’on ne peut que l i r e ». Ce sont l es él éments de
l ’or di nateur où sont i nsc r i ts tous l es sous-pr ogr ammes de b ase.

3- À v r ai di r e, même c es b ases ser ai ent di f f ér entes, pui sque c es or di nateur s


f onc ti onner ai ent sur une l ogi que di f f ér ente, tétr av al ente. N os or di nateur s, aussi sophi sti qués
soi ent-i l s, se f ondent sur une l ogi que b i nai r e (oui /non).

4- U ne r emar que en passant : pour que l e pôl e nor d géogr aphi que ter r estr e pui sse or i enter
l es b oussol es c onv enab l ement, c ’est-à-di r e qu’el l es tour nent l eur pr opr e « pôl e nor d » dans c ette
di r ec ti on, i l f aut que c el a soi t un « pôl e sud ».

5- Les mi l i tai r es amér i c ai ns ont suggér é de b omb ar der une gr osse météor i te à l ’ai de de
f usées ther monuc l éai r es, b i en qu’une tel l e r enc ontr e, f r équente i l y a des c entai nes de mi l l i ons
d’années, soi t dev enue de nos jour s ex tr êmement i mpr ob ab l e. Gageons qu’i l s’agi ssai t pl utôt de
tr ouv er un r éempl oi pour l ’ar senal ex i stant.

6- Les U mmi tes par l èr ent al or s d’i nv er si on de l a masse de l eur engi n, i nf or mati on qui se
r év él a pr éc i euse pour c onstr ui r e un modèl e théor i que d’uni v er s gémel l ai r e.
Chapitre 6
Comment effectuer le voyage

Avec la MHD, on a vu qu’on pouvait croiser à vitesse


supersonique sans faire de bang, dans l’air dense, à des
vitesses allant jusqu’à 15 000 kilomètres-heure. Mais cela ne
servirait à rien pour couvrir les distances interstellaires.
Comme l’ont remarqué depuis longtemps les scientifiques, ces
distances sont hallucinantes. La plus proche étoile est située à
une distance qui est dix mille fois plus importante que celle qui
nous sépare de Pluton. Quelle que soit la technique utilisée, la
barrière luminique imposerait des temps de voyage se
calculant en siècles.
Peut-être les extraterrestres, comme l’ont suggéré
certains, auraient-ils une longévité considérable, qui leur
permettrait d’attendre dans leurs nefs, avec une patience
d’ange, ou en jouant aux cartes, d’être arrivés à destination.
On a vu plus haut que Ribes et Monnet, s’appuyant sur des
technologies conventionnelles (fusion thermonucléaire),
envisageaient des sortes de croisières sans retour qui
s’échelonneraient sur des dizaines de générations.
Les textes ummites suggèrent une formule beaucoup plus
séduisante, fondée sur l’existence d’un univers gémellaire, où
la valeur de la vitesse de la lumière serait trente à cinquante
fois supérieure à celle que nous mesurons dans notre propre
univers. En empruntant ce second univers, l’Ummite
prendrait en quelque sorte « le métro express ». Lorsque,
arrivé à destination, il referait surface, il semblerait à un brave
Terrien que celui-ci aurait croisé à trente fois la vitesse de la
lumière.
En fait, dans le schéma ummite, les lois si contraignantes
de la Relativité restreinte ne seraient pas violées. Elles
deviendraient : « On ne peut dépasser la vitesse de la lumière
dans l’univers où on se trouve. »
Comment les nefs se débrouilleraient-elles pour passer
dans l’univers jumeau ? Les textes abondent en détails sur ce
point, qui sont autant de fils conducteurs. J’espère que nous
réussirons un jour à modéliser tout cela théoriquement. Le
point de départ est le fameux problème du « trou noir ».
Lorsqu’une étoile à neutrons dépasse sa limite de stabilité,
lorsque sa masse excède deux fois et demie la masse du soleil
(son diamètre n’est alors que de 15 à 20 kilomètres), elle
« implose ».
Les astrophysiciens ont inventé un modèle pour décrire ce
processus d’implosion. C’est le « trou noir ». L’étoile collapse
bien sur elle-même en un temps qui est de l’ordre d’un dix
millième de seconde, mais « dans son temps propre ». Cette
théorie suggère qu’il y aurait une sorte de décalage temporel.
Pour un observateur extérieur, ce phénomène durerait un
temps… infini. Il y aurait « arrêt sur image ».
Pour les Ummites, le trou noir n’existerait pas. Ce ne
serait qu’une pure fiction mathématique, sans fondement
physique, et je les rejoins sur ce point puisque c’est une
solution décrivant un milieu vide, où il n’y a ni énergie ni
matière. Tous les mathématiciens vous le diront. Ce qui est
extraordinaire, c’est qu’on ait réussi à « vendre » au grand
public une telle ânerie depuis des décennies, en profitant du
fait qu’il est bien incapable de réaliser qu’on lui offre un fruit
pourri.
Je travaille depuis quelques années sur ce problème,
depuis la petite conversation de Madrid, en 1988, entre un
Ummite et l’ingénieur électricien Dominguez (évoquée en
début d’ouvrage), et j’espère déboucher bientôt.
Selon ce schéma, qui se fonderait alors sur l’« équation de
champ gémellaire » et non sur l’équation de champ d’Einstein,
lorsque l’étoile à neutrons s’effondrerait, l’espace céderait en
son centre. Il se créerait un passage en direction de l’univers
jumeau. La matière fuirait alors par cette bonde cosmique. En
fin d’opération, le tout durant un dix millième de seconde, la
« bonde » se refermerait. Il ne subsisterait, en lieu et place,
qu’un anneau de gaz, la matière en excès, qui se refroidirait
rapidement par rayonnement. Quant à l’étoile à neutrons, elle
aurait apparemment disparu, mais se trouverait en fait tapie
« sous l’univers », ayant « inversé sa masse ».

Passez muscade
Le transfert hyperspatial de la nef et de ses passagers
représenterait la version artificielle du processus, ce qui ne
signifie pas que le capitaine de la soucoupe ouvrirait au centre
de sa machine une « bonde », à travers laquelle lui et son engin
seraient aspirés. L’affaire serait plus subtile. Dans des textes
de 1993, les Ummites évoquent la technologie qui serait mise
en œuvre. La paroi externe de la nef serait tapissée de mini-
lasers pariétaux, en forme de pièges à loup. La nef
commencerait par transpirer un bon coup. Qu’elle soit dans
l’atmosphère terrestre ou dans le vide intersidéral, elle
s’entourerait d’un léger cocon gazeux. Ses lasers pariétaux
injecteraient alors une fabuleuse énergie dans cette pellicule de
gaz, qui serait absorbée par les neutrons des atomes,
provoquant chez chacun d’eux un mini-collapse gravitationnel.
Le papier wc se rompt selon le pointillé. C’est parce que la
feuille est ponctuée d’un grand nombre de trous, très près les
uns des autres, que la feuille se déchire correctement. Essayez
maintenant d’imaginer un papier wc à trois dimensions. La
découpe s’effectuerait alors selon une surface et non selon une
ligne. Des mini-collapses gravitationnels de neutrons seraient
autant de « trous » dans cette surface. La déchirure se
propagerait alors à l’ensemble et l’espace se retrouverait
découpé à l’emporte-pièce.
Il serait possible de décrire cela plus en détail à l’aide de
nombreux schémas, en faisant appel à un concept
mathématique qu’on appelle une « chirurgie », mais cela nous
emmènerait trop loin. En deux mots, selon ce concept, si une
nef opérait un tel transfert hyperspastial, elle semblerait se
dématérialiser aux yeux d’un témoin. À sa place : le vide. Un
vide qui serait comblé par les molécules d’air en une fraction
de seconde.
Pour être tout à fait précis, ce qui emplit le volume occupé
par la nef ne serait pas le vide absolu, mais un « morceau
d’espace » emprunté à l’univers jumeau qui aurait commuté
avec celui-ci. Quant à la nef, elle apparaîtrait dans le même
temps dans l’univers jumeau, d’un coup, comme « surgie du
néant » (pour reprendre l’expression des textes ummites).
Le retour s’effectuerait en procédant à l’opération
inverse. La nef se « matérialiserait » dans notre univers. Les
molécules d’air qui se trouvaient dans le volume qu’elle
occupait seraient envoyées dans l’univers gémellaire, où elles
se disperseraient, tout simplement.

La navigation
Lorsque la nef plongerait dans l’univers jumeau, elle ne
pourrait plus se guider à l’aide des repères habituels. L’univers
gémellaire serait, aux dires des Ummites, très flou et
apparemment exempt de sources ponctuelles proches pouvant
faire office de balises. Par ailleurs, il resterait sans cesse
mouvant. Sa cartographie resterait incertaine. La solution
consisterait donc à « faire surface » de temps en temps pour
faire le point. Les Ummites disent qu’ils utilisent pour ce faire
un petit nombre de sources radioélectriques, à la fois stables et
bien localisées, situées dans notre univers, qui leur servent
ainsi de radio-balises. L’opération s’effectuerait
automatiquement et la nef opérerait alors des corrections de
trajectoire.
Aujourd’hui la navigation des liners s’apparente à celles
des nefs ummites. Les premiers avions étaient très tributaires
des conditions météorologiques. Si le plafond était bas, ils
pouvaient passer au-dessus de la couche nuageuse, mais dans
ce cas perdaient tout repère visuel. Le pilote ne pouvait guère,
en survolant cette mer de nuages, estimer sa dérive et il lui
fallait effectuer de temps à autre une percée pour savoir où il
était, avec tous les risques que cela pouvait comporter s’il
survolait une région accidentée.
De nos jours un vol transocéanique ou transpolaire
s’effectue de la manière suivante. On laisse le pilote décoller
lui-même sa machine, pour lui occuper un peu les mains (mais
l’ordinateur de bord pourrait très bien assurer lui-même cette
opération). L’avion décolle quel que soit le temps, ou presque,
de jour comme de nuit. Quand celui-ci est en pleine couche
nuageuse, le pilote sait exactement où il se trouve grâce au
repérage des radio-balises qui se trouvent à proximité de
l’aéroport. Il n’a même plus à faire le moindre calcul : sa
trajectoire s’inscrit automatiquement sur un écran, en face de
lui. Le radar détecte tous les avions en vol et lui signale
automatiquement toute anomalie.

En pointillé : la trajec toire de la nef « s ous » l’univ ers


Les poi nts noi r s f i gur ent des « r etour s à l a sur f ac e », pour f ai r e l e poi nt, assor ti s de c or r ec ti ons de
tr ajec toi r e.

Puis l’appareil parvient à son altitude nominale de vol,


entre 8 000 et 13 000 mètres d’altitude. C’est là que le vol
s’effectue d’ailleurs le plus économiquement. L’air est plus
raréfié et offre moins de résistance à l’avancement et le
rendement des réacteurs est meilleur. Pour des raisons
d’économie de carburant, on vole avec un « centrage
arrière » : les Airbus volent ainsi. Ce faisant, l’empennage
arrière devient « porteur » et l’avion n’est même plus pilotable
manuellement. Demandez aux pilotes, ils vous le diront.
Dès le décollage, le commandant de bord cale la, ou plutôt
les centrales inertielles de bord. Il programme ensuite, sur un
clavier, le plan de vol complet. Pour éviter les collisions, les
appareils suivent des couloirs aériens bien définis. Leurs
centrales inertielles de bord sont celles qui guidaient les engins
balistiques il y a vingt ou trente ans. Elles sont très précises et
au bout d’un vol de plusieurs milliers de kilomètres, l’erreur
n’est que de quelques kilomètres.
L’avion effectue automatiquement les changements de
cap et d’altitude et, pendant toutes ces heures, le commandant
de bord et son copilote n’ont pas grand-chose à faire, à vrai
dire. Lorsque l’avion est arrivé à destination, il recale
automatiquement sa position en se servant des radio-balises
de l’aéroport où il va atterrir. Le pilote reprend alors les
commandes et suit la procédure d’approche, guidé par la tour
de contrôle et par son propre radar de bord. Chaque piste
d’atterrissage est munie d’un faisceau hertzien rectiligne, qui
part de l’entrée de la piste et qui matérialise la trajectoire de
descente optimale. Le pilote n’a donc plus qu’à se guider sur ce
faisceau, même s’il descend dans le brouillard le plus épais. Le
pilotage ressemble alors à un jeu vidéo, où la tâche consiste à
maintenir l’axe de vol sur un spot qui apparaît sur un écran.
En fin d’approche, le pilote découvre la piste visuellement,
grâce aux balises lumineuses qui la bordent et avant de
toucher le sol, en l’éclairant à l’aide de ses phares
d’atterrissage. À tout moment, un radar altimétrique lui
indique son altitude avec une grande précision.
Tout cela pourrait être automatisé depuis longtemps. Cela
fait belle lurette qu’on a fait décoller, voler et atterrir des
avions militaires sans que les pilotes touchent à aucun moment
les commandes. Étant donné la baisse du prix des matériels
informatiques, ça n’est même plus une question de coût.
Disons qu’on laisse les pilotes s’amuser avec les commandes.
Quand le capitaine de la soucoupe ummite monterait dans
son appareil, il se contenterait de programmer les coordonnées
galactiques de son point d’arrivée, à proximité de la planète
qu’il souhaiterait visiter. Pendant les mois que durerait le
voyage (selon les textes, six mois en moyenne pour un trajet
Ummo-Terre), les passagers de la nef n’auraient plus qu’à
taper le carton. Les cent vingt ordinateurs embarqués se
chargeraient de tout. Les radars de bord détecteraient les
micro-météorites incidentes et les volatiliseraient à l’aide des
lasers pariétaux. Le bouclier électromagnétique protégerait la
nef du flux de molécules incidentes qui débouleraient sur elle à
vitesse relativiste.
Les retours périodiques dans notre univers, « à la
surface », le point sur les radio-balises cosmiques, les
changements de cap seraient effectués automatiquement.

Le terme du voyage
Quand la nef croiserait dans l’univers jumeau, sa vitesse
serait très élevée, relativiste. Une microseconde de retard
pourrait se traduire par une collision avec l’astre, ou, pis
encore, la matérialisation de la nef au beau milieu du magma
terrestre ! La machine se donnerait donc une marge suffisante
pour éviter de tels inconvénients, en « refaisant surface » à
proximité du système solaire.
Lorsqu’elle serait en vue de la planète qui constituerait sa
destination, elle continuerait sa route en trajectoire inertielle,
ou opérerait de nouvelles et brèves plongées. Dans
l’atmosphère de la planète, le vol pourrait alors se poursuivre
soit par la MHD, soit en utilisant un système de déplacement
mixte, déjà évoqué.

Les premiers jours sur Terre


Dans le document sur les premiers jours sur Terre, reçu le
5 mai 1965 par Sesma, déjà évoqué dans le précédent livre, les
Ummites décrivent leur arrivée sur notre planète, sur un
contrefort alpin situé non loin de la ville de Digne et que nous
pensons avoir à peu près localisé, Pastor et moi1 .
L’existence de la Terre aurait été signalée par la réception
en 1948 (temps terrestre) d’un signal radio (en l’occurrence du
morse) d’une durée de sept minutes. L’interprétation erronée
de ce message par les scientifiques ummites leur aurait fait
supposer que notre planète aurait tenté de communiquer avec
ses voisines en envoyant « un théorème sur le carré » et ils
auraient donné à la Terre le nom de code d’Oyagaa, qui signifie
« la planète du carré ». À la distance où ils se trouvaient, les
Ummites seraient parvenus à détecter la présence de trois
grosses planètes, en l’occurrence Neptune, Saturne et Jupiter
et d’une plus petite, qui correspondait en fait au groupe formé
par Mars et Vénus, qui se seraient trouvées à l’époque
voisines, en conjonction sur leur « ligne de vue ».
Huit mois après la détection du message, de bonnes
conditions « météocosmiques » se seraient présentées et la
décision d’envoyer un groupe de vingt-quatre
expéditionnaires, à bord de deux nefs, aurait été prise.
Les vaisseaux, après s’être rematérialisés au voisinage du
système solaire, auraient exploré d’abord Neptune et Mars. À
cette distance de la Terre ils auraient capté de nombreuses
émissions en provenance de la Terre, qui leur auraient
confirmé l’existence d’une vie intelligente sur cette planète. Ils
se seraient alors placés en orbite autour de celle-ci à quelque
350 kilomètres d’altitude, et auraient effectué les premiers
relevés. Le rapport prétend qu’ils auraient alors analysé la
composition de l’atmosphère et constaté que celle-ci était très
voisine de la leur. En dépit de l’abondante couverture
nuageuse, au-dessus des premières régions survolées ils
auraient identifié des formations rectilignes qu’ils auraient
assimilées de manière erronée à des canalisations tubulaires
(en fait il se serait agi de routes et de voies ferrées2).
Les textes en italiques sont la reproduction des extraits
des textes originaux.
« La première machine volante terrestre détectée fut un
avion qui volait à proximité de l’archipel des Bahamas.
L’image fut agrandie et analysée avec curiosité. La descente
se poursuivit et de nouvelles images furent captées,
correspondant à des centres urbains, des forêts, et des
structures flottantes3. Les premières photographies
d’humains furent prises à la verticale de l’agglomération
suisse de Montreux.
Les nefs reprirent de l’altitude et toutes ces informations
furent analysées. Bien que les images des êtres humains aient
été relativement floues, la différenciation des sexes put être
établie sur la base de la présence, chez certains individus, de
mamelles importantes. Les images n’étaient pas
suffisamment bonnes pour donner des détails sur
l’habillement. Nous découvrîmes cependant la corrélation
existant entre le sexe et les cheveux, “les femmes ayant une
pilosité crânienne plus abondante”. »
Les expéditionnaires auraient ensuite recherché une zone
semi-sauvage pour y déposer un petit groupe d’individus et
leur choix se serait porté sur un relief situé à proximité de la
ville française de Digne, dans le sud de la France. Ils disent
avoir supposé que cet endroit était inhabité sans en avoir
aucune certitude. Et le texte dit : « Il était en effet possible
que certains groupes d’hommes puissent vivre dans des sortes
de fourmilières souterraines4. »
Revenons au texte du rapport :
« La présence de tuyères crachant des aérosols de
couleur sombre (des cheminées d’usines) nous intrigua.
L’analyse spectrale de ces produits révéla qu’il s’agissait de
résidus de combustion d’hydrocarbures. Cette technologie
n’ayant jamais été utilisée sur Ummo, nous crûmes que ces
dispositifs étaient destinés à enrichir l’atmosphère en
produits facilitant la respiration.
Cette hypothèse fut corroborée par l’observation de tels
cylindres dans la bouche de certains individus, crachant des
substances chimiques semblables. Mais tous les habitants, en
particulier les enfants, n’étaient pas équipés de tels dispositifs,
ce qui nous intrigua encore plus.
Nous fûmes sidérés par la variété et la richesse de
signaux radio que nous pûmes capter et nous nous
demandions quel langage parlaient les Terriens. Au milieu de
ce fouillis nous détectâmes des signaux semblables à ceux qui
avaient provoqué notre venue sur Terre5 et nous en
déduisîmes qu’il devait s’agir d’un langage commun à tous les
habitants de la Terre.
Pour compliquer encore les choses, en survolant
l’Amérique du Nord nous captâmes des signaux
correspondant à des émissions de télévision que nous ne
sûmes pas décoder et que nous interprétâmes comme des
messages langagiers, ce qui accrut notre confusion. En
comparant les signaux correspondant au morse, aux
émissions de radio et aux émissions de télévision nous en
conclûmes que les habitants de cette partie de la Terre
parlaient trois langues.
Un groupe de six de nos frères fut désigné pour établir
une tête de pont avec cette nouvelle planète, composé de
quatre hommes et de deux femmes. Tous apprirent de longs
fragments des différentes “langues” captées en ignorant
totalement leur signification. »
Le groupe aurait été composé de six personnes, quatre
hommes et deux femmes. Parmi les hommes on aurait compté
un spécialiste de biologie âgé de 31 années terrestres, un
psychobiologiste de 18 ans, un spécialiste en communication de
78 ans, et un sociologue de 22 ans6.
Le groupe féminin aurait été composé d’une spécialiste de
la structure de la matière, âgée de 22 ans, et d’une experte en
pathologie du système digestif de 32 ans.
Laissons parler l’auteur du document, qui aurait fait
partie de la première expédition :
« En ce qui concerne le moment le plus favorable pour le
départ, nous n’eûmes pas beaucoup de chance. Nous étions
en 1949, en temps terrestre. On prévoyait que quelques
années plus tard les conditions auraient pu être bien
meilleures, mais avec une probabilité hélas trop faible, aussi
la décision du départ fut-elle prise. Mais, effectivement, si
nous avions pu partir en 1952, notre voyage n’aurait duré
que deux mois7 .
Notre groupe était porteur d’un message de bienvenue,
composé par les responsables de notre planète, que nous
aurions remis aux autorités terriennes au cas où nous
aurions été identifiés et interceptés. Ce message avait été
gravé sur une plaque faite d’un alliage de fer, de carbone et
de chrome-vanadium. C’était un mélange d’idéogrammes
représentant des gestes et des attitudes humaines, combinés
avec des figures géométriques et des chiffres en système
binaire, que les scientifiques de la Terre, pensions-nous,
n’auraient pas eu de difficulté à interpréter et qui aurait pu
servir de point de départ à la communication entre nos deux
ethnies.
L’équipement que nous avions apporté avec nous était
complexe, quoique d’un volume réduit. En arrivant à
proximité de la Terre nous n’avions pas la moindre idée de la
morphologie des plantes et des animaux que nous y
trouverions. Nous savions que le message intelligent que
nous avions reçu ne pouvait émaner que d’êtres ayant forme
humaine8, mais nous ne savions pas, étant donné la grande
variabilité de l’espèce en fonction des lois biogénétiques, à
quoi ces gens pourraient ressembler.
Faute de données sur la géophysique de la planète, qui
déterminent le profil d’évolution des espèces vivantes et dont
nous connaissons les lois avec précision, nous ne savions pas
si notre système immunitaire pourrait faire face aux
agressions bactériennes.
En prévision d’une telle éventualité nous étions vêtus
d’un épiderme artificiel, totalement différent des scaphandres
utilisés par les Terriens, qui permet la transpiration tout en
empêchant l’infiltration à travers ses pores d’agents
chimiques et biologiques. Près de nos orifices naturels une
série de dispositifs avait été placés, adaptés à la fonction de
chaque organe. Des capsules placées dans nos fosses nasales
assuraient notre alimentation en oxygène à partir de la
transmutation de carbone pur. Nos yeux et nos bouches
étaient convenablement protégés.
Notre alimentation était assurée par un dispositif situé
dans la région lombaire et qui pouvait pousser des aliments le
long de deux tubes. Le premier acheminait de la nourriture
sous forme solide, à l’aide de cils mécaniques, jusqu’à un
orifice aboutissant à la lèvre inférieure. Les aliments étaient
contenus dans des capsules que notre salive pouvait liquéfier.
Ce système était commandé par un signal émis par la
paupière (il suffisait de cligner des yeux plusieurs fois, de
façon codée). Le second tube apportait les liquides. L’eau
était obtenue en grande partie par le recyclage de notre
urine après purification et enrichissement en composants
chimiques ad hoc.
Une sonde rectale décomposait nos selles en éléments
chimiques de base. Une partie de ceux-ci était gazéifiée et
transmutée en oxygène et en hydrogène de manière à
synthétiser l’eau et à compenser les pertes dues à la
transpiration. Le reste était transmuté en hélium et expulsé à
l’extérieur.
Quand nous nous équipons de la sorte, les équipements
sont d’abord mis en place, puis l’épiderme artificiel est
pulvérisé sur tout le corps. Nous restons alors parfaitement
libres de nos mouvements et nous pouvons évoluer sans
risque dans une atmosphère et dans un milieu
biologiquement hostile. Un tel équipement peut être complété
par une nouvelle couche d’un plastique métallisé, renforcé
par de fines mailles, qui permet d’évoluer dans le vide spatial
lorsque nous visitons par exemple un astéroïde dépourvu
d’atmosphère. Cet “habit” est alors plus rigide mais n’entrave
en rien nos mouvements.
En plus de ces équipements individuels nous avions
emporté avec nous des dispositifs permettant de synthétiser
des hydrates de carbone et autres composants de notre
alimentation de base, à partir des éléments gazeux présents
sur votre planète, au cas où il nous aurait été impossible
d’ingérer les vôtres.
Nous avions des appareils pour l’enregistrement des
images et des sons, des sondes géologiques ainsi que des
dispositifs nous permettant d’assurer notre défense. Cette
dotation était complétée par tout un ensemble permettant de
faire de nombreuses mesures sur le sol de votre planète.
Nous ignorions tout des dispositifs de détection et de
contrôle à distance que vous pouviez éventuellement
posséder. Nous avions enregistré vos émissions d’ondes
décimétriques9 et nous savions que celles-ci pourraient être
utilisées pour nous localiser. Au cas où nous n’aurions pas été
repérés dès notre atterrissage, nous avions ordre de
construire un observatoire souterrain, de nous y installer et
de commencer, à partir de cet observatoire, l’étude de votre
planète. Mais il nous était impossible de prévoir le tour que
prendrait la situation et jusqu’à quel point serait possible
l’observation de la structure psychologique et sociale du
réseau terrestre.
Les trois nefs composant la flotte de reconnaissance,
emportant chacune à leur bord douze passagers, se
matérialisèrent d’abord à 7 238 mètres au-dessus du site
choisi pour l’atterrissage, une région “semi-sauvage”, c’est-à-
dire où les gens se promènent assez rarement, mais d’où on
pouvait, avec de bons instruments d’optique, observer les
faits et gestes des habitants d’une paisible sous-préfecture du
sud de la France.
Elles opérèrent ensuite leur descente, de nuit, le 24 mars
1950 à 4 heures du matin, dans un temps assez couvert. Les
caméras infrarouges de bord permirent d’avoir une vision
des environs. Aucun être humain ne fut détecté. Nous
sondâmes ensuite le sol pour rechercher d’éventuelles
habitations souterraines, mais ce test se révéla négatif. Les
pieds des nefs prirent alors contact avec le sol rocailleux et
les six expéditionnaires sortirent par leurs trappes pour
prendre contact avec le sol de cette planète.
Nous commençâmes aussitôt à forer une galerie en
fondant la roche et en la transmutant en azote et en oxygène.
En même temps une partie des matériaux trouvés sur place
fut transmutée pour se transformer en arceaux d’étayage
extensibles à base de magnésium et d’aluminium. Mais cette
activité produisait pas mal d’énergie. Au fur et à mesure que
les travaux avançaient, le ciel se dégageait et le jour se levait.
Nous étions inquiets à l’idée que les Terriens auraient pu
repérer à des kilomètres de distance le panache de vapeur
qui s’élevait. Mais heureusement aucun habitant de la région
n’y prêta attention et au début de la matinée nos travaux
furent achevés. Des réserves de nourriture furent
entreposées dans le refuge souterrain, donnant une
autonomie de près d’une année terrestre, puis ceux qui
repartirent firent leurs adieux aux six de nos frères qui
allaient désormais rester seuls sur cette planète inconnue.
Le chef de notre expédition, qui comptait trente-six
personnes, restait inquiet. Il craignait en effet que la “fenêtre
hyperspatiale” qui avait permis le voyage ne se “referme”,
bref que l’espace ne se “déplisse” subitement1 0. Finalement les
six expéditionnaires observèrent les nefs qui s’élevèrent
rapidement, à la verticale, jusqu’à une altitude de 6 000
mètres, puis se dématérialisèrent1 1 après avoir porté leur
surface à l’incandescence, pour ne pas emporter avec elles de
germes inconnus, à la fois dans l’univers gémellaire et sur la
planète dont elles étaient issues. »
Ce premier contact avec la Terre a déjà été évoqué dans
Enquête sur des extraterrestres…, assez sommairement. Le
lecteur qui s’y référera pourra y trouver la reproduction du
texte extrait des documents reçus par Sesma en 1966. Nous
allons ajouter quelques détails inédits.
« Lorsque le jour se leva nous pûmes observer les
environs tout à loisir, en restant à couvert, puisque la région
était presque entièrement boisée. On ne savait pratiquement
rien des mœurs des habitants de la Terre. Dans les semaines
précédentes nous avions opéré des reconnaissances à l’aide
de sondes automatiques et nous avions obtenu de
nombreuses images, dont beaucoup nous étaient restées
incompréhensibles.
Nous n’avions pas dans nos équipements de dispositif qui
nous aurait permis de décoder les ondes de télévision, ce qui
nous aurait pourtant été bien utile. Par contre nous pouvions
capter le flot des émissions radiophoniques en provenance
des quatre coins de la planète. Nous entreprîmes de décoder
ce langage autochtone, en nous aidant de notre ordinateur1 2,
mais la richesse linguistique des Terriens semblait
monstrueuse. »
Il ne faut pas oublier qu’il n’existerait sur Ummo qu’un
seul continent, qu’une seule ethnie humaine et qu’un seul
langage. Apparemment, cela serait le lot des différentes
planètes que nos bonshommes prétendent avoir visitées, car
ils crurent au départ que les Terriens parlaient tous le même
langage, horriblement compliqué.
« En nous basant sur les images que nos sondes avaient
rapportées, nous avions été étonnés de découvrir des gens
dont la peau semblait varier d’une région à l’autre et nous
avions supposé que les Terriens se couvraient la peau d’un
pigment, de manière rituelle, ou pour se protéger de quelque
maladie. Ça n’est qu’avec le temps que nous découvrîmes
avec stupeur qu’il existait sur cette planète singulière un
ensemble d’ethnies et de races différentes, dont chacune
avait son propre langage. Nous comprîmes très vite que cela
pourrait nous simplifier la tâche, dans le but de nous infiltrer
dans un réseau social terrestre, sans avoir complètement
assimilé la langue et les coutumes, en prétendant être
originaire d’un pays étranger. »
Dans leurs textes, ils disent « qu’ils ne fixent pas la
mélanine », que leur aspect est proche de celui des Nordiques
terrestres, et qu’ils se servent de cette apparence pour
prétendre appartenir à des pays comme la Suède ou la
Norvège.
« Assez vite, l’ordinateur nous fournit les premiers
éléments linguistiques nous permettant de décoder le langage
autochtone local1 3. En nous aventurant à quelques centaines
de mètres du refuge nous découvrîmes un amas de matières
fécales, environné de petits animaux qui prirent leur envol à
notre arrivée1 4 et accompagné d’une feuille de papier
imprimé jaunie, que nous rapportâmes au refuge souterrain.
Nous nous efforçâmes, sans succès, de décoder les
idéogrammes qui figuraient sur ce document1 5. Aujourd’hui
cet objet, qui fut le premier que nous découvrîmes sur Terre,
est sur Ummo, où il a été conservé avec des techniques
spéciales consistant à réfrigérer avec soin les différentes
parties en les maintenant à des températures dépendant du
matériau dont elles sont faites. L’un de nous émit l’hypothèse
que cela pourrait correspondre à un geste rituel de quelqu’un
qui aurait voulu marquer sa réprobation vis-à-vis de ce
document écrit1 6.
Une photographie présente sur le document montrait la
façon dont les Terriens s’habillaient. En nous aidant de ces
informations nous fabriquâmes des vêtements synthétiques
en copiant les images découvertes. Comme nous n’avions pas
la moindre idée de ce que pouvaient être des boutons, nous
les figurâmes à l’aide de taches claires.
Munis de ces déguisements approximatifs, nous nous
aventurâmes loin de notre refuge, mais nous réalisâmes
rapidement qu’ils étaient inadéquats et anachroniques et
nous rentrâmes précipitamment dans le souterrain. Ce fut
une chance que nous ne fussions pas repérés avec de pareilles
tenues. En effet la photographie trouvée sur le journal se
référait à une représentation théâtrale qui avait été donnée
dans une salle de la capitale.
Le premier être humain que nous rencontrâmes fut un
jeune berger, nommé Pierre, alors âgé de onze ans, qui
gardait des mammifères cornus, inconnus sur notre planète.
Il était dans un pré, légèrement en contrebas et leva les yeux
vers nous. Comme nous avions le soleil dans le dos, il fut
ébloui et utilisa sa main comme une visière pour se protéger
du soleil. Nous crûmes qu’il s’agissait d’un salut et nous fîmes
de même. Le jeune berger nous salua timidement et partit en
emmenant son troupeau.
Inquiets de cette rencontre imprévue, nous décidâmes
de nous retrancher dans notre refuge et nous plaçâmes des
dispositifs de défense et de surveillance des alentours. Mais
rien ne se produisit pendant trois jours. L’enfant revint le
lendemain, surpris de cette rencontre avec des gens qui
avaient “des vêtements serrés”, et fut déçu de ne pas les
retrouver. Nous l’observâmes depuis notre refuge mais nous
n’osâmes pas sortir1 7 .
Le 24 avril suivant, nous opérâmes un coup de main sur
une ferme des environs1 8 dont nous anesthésiâmes les
occupants : un couple, leurs trois enfants et des travailleurs
agricoles d’origine espagnole, ainsi que des chiens qui
s’étaient mis à hurler. Puis nous pénétrâmes dans le bâtiment
et recueillîmes à la hâte des échantillons. Furent emportés :
des vêtements, des pièces d’identité (à partir desquels nous
pûmes fabriquer des faux d’excellente qualité), des stylos à
bille, un hygromètre représentant la Sainte Vierge, des clefs,
des timbres-poste, un paquet de lettres et de factures
impayées, des livres traitant de l’élevage du bétail, une notice
d’utilisation d’un tracteur1 9, une encyclopédie enfantine, un
rouleau de papier hygiénique, un réveille-matin, des
ampoules électriques, le compteur électrique (que nous
arrachâmes du mur où il était fixé), des interrupteurs, des
tubes de médicaments, six paires de chaussures (tout ce qu’il
y avait dans la maison), un poste de radio, le cartable d’un
des enfants avec son contenu, une bouteille de jus de citron,
deux pommes de terre, un calendrier mural, un savon, un
sécateur et un quinquet20, plus tout l’argent que nous
trouvâmes, soit 70 000 francs21 . »
On peut imaginer la stupéfaction des paysans après le raid
opéré dans leur domicile par ces Ummites.
Comme je l’ai raconté dans le livre précédent, Jean-
Jacques Pastor pense avoir retrouvé une trace de cette affaire
grâce aux confidences d’un coiffeur de la région qui se
souvenait avoir vu les membres de la famille Violât descendre
chez les gendarmes pour porter plainte contre ces étranges
voleurs, qui avaient emmené des éléments de leur carrelage et
découpé un pan de leurs rideaux.
Les textes ummites précisent que les expéditionnaires
avaient pris soin de prélever sur les corps endormis des
sécrétions diverses : salive, sueur, sécrétions vulvaires.
L’olfaction jouerait un très grand rôle chez eux. Bien
qu’humains, ils auraient des capacités olfactives aussi
développées que celles d’un chien, c’est-à-dire qu’ils
pourraient reconnaître des milliers d’odeurs différentes grâce
à leur flair. Si ces êtres existent vraiment, ce sens jouerait un
rôle essentiel dans la fonction d’identification d’autrui,
beaucoup plus que la vision. Ainsi, en débarquant sur une
planète inconnue, leur souci aurait été de se donner les
moyens de fabriquer des parfums imitant l’odeur humaine,
afin de ne pas se faire repérer par les Terriens, à qui ils
auraient prêté a priori les mêmes capacités que les leurs sur ce
plan-là, ce en quoi ils se seraient lourdement trompés.
De fait, si un Ummite convenablement vêtu pénétrait
dans un lieu public, il aurait peu de chances d’attirer l’attention
des Terriens. Par contre un chien, lui, ne s’y tromperait pas et
se mettrait à aboyer furieusement après cet être qui
ressemblerait à un être humain mais dont émanerait une
odeur complètement différente.
Pour en revenir à cette histoire de refuge souterrain et de
ferme, le lecteur aimerait bien savoir quelles ont été les suites.
Nous n’avons pu localiser l’emplacement présumé de leur abri
souterrain qu’approximativement, dans un endroit nommé la
crête de la Blache. Pour aller plus loin il aurait fallu disposer de
moyens de recherche sophistiqués, que nous n’avions pas.
Dans un tel terrain la seule solution serait pratiquement de
faire exploser une charge et de disposer des capteurs
sismographiques permettant de mesurer une éventuelle
réflexion des ondes.
Quant à l’enquête sur la ferme, elle tourna court. Même si
nous avions trouvé le bon endroit et les bonnes personnes, je
défie quiconque de faire parler un paysan bas-alpin qui aurait,
selon les Ummites, été en 1952 « largement indemnisé des
vols qui avaient été commis dans sa ferme ».
Et les Ummites de conclure :
« Cette opération nous permit d’avoir des informations
sur les tenues vestimentaires des Terrestres et de nous
confectionner des tenues plus crédibles. Nous pûmes ainsi
reprendre contact avec le petit berger, qui nous prit pour des
étrangers22. Notre bagage linguistique s’accrut alors très
rapidement. L’enfant ne parla jamais à son père de ces
rencontres, de peur de voir celui-ci lui interdire ces contacts
avec des inconnus. »

1 - V oi r Enq uête s ur des extraterres tres …, op. c it.


2- Les U mmi tes di sent av oi r él i mi né depui s l ongtemps sur l eur pl anète tout r éseau
r outi er .

3- A utr ement di t des nav i r es.

4- Les U mmi tes ajoutent qu’i l s av ai ent v i si té aupar av ant des pl anètes où l es hommes
v i v ai ent dans de gr andes c ol oni es souter r ai nes.

5- En l ’oc c ur r enc e du mor se. V oi r ouv r age pr éc édent.

6- Les U mmi tes di sent que c et homme, r épondant au nom d’A DA A 66, mour ut en 1 957 en
Yougosl av i e dans un ac c i dent et que son c or ps ne f ut jamai s r etr ouv é.

7 - A i l l eur s l es tex tes i ndi quent que l a dur ée du pr emi er v oy age f ut de si x moi s.

8- Les tex tes pr éc i sent que l a f or me humanoï de ser ai t un « poi nt de passage ob l i gé » du


monde du v i v ant pour l e dév el oppement de l ’i ntel l i genc e et l ’ac c essi on à l a c onsc i enc e.

9- Longueur d’onde c l assi que pour l es r adar s.

1 0- Dans tous l eur s tex tes l es U mmi tes i nsi stent sur l a b r utal i té du phénomène.

1 1 - Sel on l es tex tes ummi tes c ette dématér i al i sati on s’ac c ompagner ai t d’un pui ssant
r ay onnement. Lor sque de tel l es dématér i al i sati ons d’ov ni s ont été ob ser v ées par des témoi ns, l es
mac hi nes s’étai ent toujour s él oi gnées d’eux à une di stanc e suf f i sante pour que c el a n’ai t pas
d’ef f et noc i f sur l eur s or gani smes.

1 2- Cette i nter v enti on sy stémati que de l ’or di nateur dans l es ac ti v i tés ummi tes ser a
anal y sée dans l a sui te du l i v r e.

1 3- A ppar emment en quel ques jour s !

1 4- Des mouc hes.

1 5- À pr opos d’i mpr i mer i e, i l s pr éc i sent qu’i l s n’ont jamai s uti l i sé des matr i c es pour
déposer de l ’enc r e sur des f eui l l es. Il s aur ai ent c ommenc é par b r ûl er l a sur f ac e des suppor ts, pui s
aur ai ent uti l i sé des sy stèmes à jet d’enc r e. A c tuel l ement i l s aur ai ent des sy stèmes qui
ef f ec tuer ai ent des tr ansf or mati ons mol éc ul ai r es dans l e suppor t en donnant toutes l es nuanc es de
c oul eur souhai tées.

1 6- Il s pr éc i sent qu’i l s n’ont jamai s uti l i sé de doc uments i mpr i més pour se nettoy er , apr ès
l a déf éc ati on, mai s des sub stanc es spongi euses (c omme l es Romai ns) et ajoutent qu’aujour d’hui
tous sont équi pés dès l ’enf anc e d’une c anul e r ec tal e qui tr ansf or me automati quement l es f èc es en
r ési dus gazeux neutr es (hél i um), par tr ansmutati on. Ce f ameux doc ument hi stor i que étai t en f ai t
un numér o du samedi -di manc he du Figaro, daté du 25-26 mar s 1 950.

1 7 - Il s di sent que par l a sui te i l s r enc ontr èr ent de nouv eau l ’enf ant (qui l es aur ai t al or s
pr i s pour des étr anger s) c e qui l eur aur ai t per mi s d’ac c él ér er l eur c onnai ssanc e de l a l angue
l oc al e. Il s f ur ent stupéf ai ts que l ’enf ant ne l es pr enne pas de sui te pour des ex tr ater r estr es, mai s
ajoutent qu’à l ’époque i l s c r oy ai ent enc or e que l es Ter r i ens uti l i sai ent et c ompr enai ent tous l es
phonèmes qu’i l s av ai ent c aptés en ar r i v ant, l ’ensemb l e c onsti tuant à l eur s y eux une l angue
uni que. Lor s de l a pr emi èr e r enc ontr e, 1 1 9 mots aur ai ent pu êtr e i denti f i és par eux av ec
pr éc i si on.

1 8- Que nous pensons av oi r l oc al i sée et dont l a photo f i gur e dans l e pr éc édent l i v r e.

1 9- Le gar age de l a f er me c onti ent ef f ec ti v ement un anti que tr ac teur .

20- Lampe à hui l e por tant l e nom de son f ab r i quant et où l e r éser v oi r est pl us haut que l a
mèc he.

21 - Ce qui étai t pour l ’époque une somme c onsi dér ab l e. Mai s l es pay sans, souc i eux de
c ac her l eur s r ev enus et peu f ami l i ar i sés av ec l e sy stème b anc ai r e, c onser v ai ent f r équemment
des espèc es dans l eur domi c i l e.

22- Cet enf ant, di sent l es U mmi tes, av ai t r enc ontr é dans l a r égi on des i ngéni eur s f r anç ai s
et sui sses qui s’oc c upai ent à l ’époque d’une i nstal l ati on hy dr o-él ec tr i que.
Chapitre 7
La planète Ummo

Dans le premier livre, j’avoue que j’avais hésité à conter


les anecdotes qui précèdent et qui suggèrent la naïveté
d’expéditionnaires vis-à-vis de leurs découvertes initiales.
Toutes ces histoires peuvent prêter à sourire, mais cette
attitude de dérision est-elle justifiée ? Quelle serait notre
réaction si nous posions le pied sur une autre planète ?
Plus simplement, imaginons des ethnologues qui
exploreraient pour la première fois, de nuit, un village peuplé
de « sauvages » ? Quelle signification donneraient-ils aux
objets qui tomberaient entre leurs mains et aux scènes dont ils
seraient les témoins ? Quels échantillons collecteraient-ils dans
une case après avoir anesthésié ses occupants ?
Mais les ethnologues, c’est bien connu, ne prennent en
général guère de précautions vis-à-vis de leur objet d’étude.
Ils se montrent, carrément, et ce simple spectacle perturbe
totalement les gens qu’ils observent.
Nous disposons d’un témoignage très précis concernant
l’impact d’une civilisation sur une autre et qui se réfère au
premier contact qui eut lieu en 1930 entre des Papous du
centre de la Nouvelle-Guinée et des explorateurs blancs, en
l’occurrence des chercheurs d’or australiens, les frères Leahy.
Cette histoire est merveilleusement racontée dans un
excellent livre intitulé Premier contact, signé par Bob
Connolly et Robin Anderson1 . Ces deux journalistes eurent
l’idée, dans les années 70, de retourner sur les lieux où les
trois frères Leahy avait pour la première fois été en contact
avec des populations vivant au stade néolithique, qui se
croyaient seules au monde, mais dont l’ensemble des ethnies
représentait près d’un million d’âmes. Beaucoup des témoins
étant encore vivants, Connolly et Anderson purent les
interroger et leurs réponses se révélèrent fascinantes. Comme
les Papous ignoraient les vêtements, lorsqu’ils virent pour la
première fois un blanc glisser sa main à l’intérieur de sa
chemise, ils se demandèrent comment il pouvait ainsi
l’introduire sous sa propre peau.
Les Papous prirent les chercheurs d’or pour des esprits,
des revenants de l’au-delà, pour leurs ancêtres décédés. Une
femme, croyant reconnaître dans l’un des porteurs un de ses
fils tué au combat quelques années plus tôt, se tordit les mains
de désespoir en voyant la cohorte s’éloigner. Partout les
Papous furent ébahis devant la puissance incomparable des
haches de fer, comparée à celle de leurs armes de pierre.
Quand les Blancs, la nuit, allumaient leurs lampes à pétrole, ils
croyaient qu’ils sortaient de leurs sacs des morceaux de lune.
Ne voyant pas de femmes avec eux, ils en déduisirent qu’ils les
sortaient également, le soir, de leurs bagages. Ils prirent les
machettes des Australiens pour leurs pénis et, comme ils
portaient des ceintures, s’imaginèrent que ceux des Blancs
étaient fort longs et qu’ils les portaient enroulés autour de leur
taille.
Quand ils virent les Blancs s’affairer avec leurs bâtées
dans les rivières où ils traquaient les pépites, ils crurent,
comme ils avaient l’habitude de brûler leurs morts et de jeter
leurs os calcinés dans la rivière, que ceux-ci étaient revenus et
s’étaient mis à la recherche de leurs squelettes.

Hypothèses
Tout ce qui va suivre est évidemment totalement
invérifiable et ne trouve sa source que dans les descriptions
contenues dans les textes, liés à cette hypothétique planète
Ummo.
Si elle existe, où serait celle-ci ? Les textes indiquent la
position approximative de l’étoile autour de laquelle elle
graviterait, et qui serait située dans la constellation de la
Vierge (indiquée par une croix).
Bien sûr, nous n’avons aucun moyen de vérifier ces
informations étant donné que nous sommes incapables de
détecter une planète à une telle distance.
L’étoile ummite est-elle située avec précision dans les
textes ? Pas vraiment. Les auteurs se contentent d’indiquer
plusieurs astres candidats en évoquant leur difficulté à se
situer dans un référentiel qui n’est pas le leur, vis-à-vis
d’étoiles dont les distances mesurées à partir de la Terre
seraient entachées d’erreur. Mais peut-être s’agit-il d’une
prudence bien compréhensible.
Pos ition de Um m o dans le c iel, v ue de la Terre
A sc ensi on dr oi te 1 2 h 31 mi nutes, déc l i nai son + 9°1 8’7 ”

Nous avons vu plus haut quelle aurait été la surprise des


expéditionnaires ummites, lorsqu’ils auraient découvert
l’extrême diversité des régions, des ethnies et des langages sur
la planète Terre.
Selon ces textes, le phénomène de dérive des continents
serait une exception confirmant la règle. Cette fragmentation
continentale est liée à l’activité du magma sous-jacent. Le
magma terrestre est animé de puissants courants convectifs.
Ce sont les tensions qui résultent de ce brassage souterrain qui
fragmentèrent il y a cent millions d’années le continent initial
de la Terre, le Gondwana. La surface de la Terre est
comparable à une mince pellicule solidifiée, d’une épaisseur
ridiculement faible par rapport au rayon terrestre. Les
continents flottent sur une mer de magma qui se comporte
comme un fluide très visqueux. Mais ce magma n’est pas un
solide. Lorsque la surface d’une planète se refroidit, cette
boule de magma se recouvre d’une pellicule solide, qui forme le
plancher océanique et un continent initial. Lorsqu’il y a
fragmentation, les débris de ce continent primitif partent au
gré des courants magmatiques, comme des icebergs flottant à
la dérive.
Vous avez peut-être un jour contemplé l’écoulement
d’une rivière charriant des plaques de glace. Celles-ci se
chevauchent parfois. La plaque supérieure peut drainer alors
tout ce qui traîne à la surface de sa voisine, comme par
exemple de la neige, et la tasser devant elle. C’est ainsi que se
forment nos montagnes. La plaque indienne, après s’être
séparée du sud de l’Afrique, est remontée vers le nord et, en
rencontrant la plaque qui correspond actuellement à l’espace
occupé par la Mongolie, a donné naissance à l’Himalaya. De
même la botte italienne, en remontant également vers le nord,
a percuté l’Europe et donné naissance à la chaîne des Alpes.
Inversement, lorsque les continents s’éloignent, la mince
pellicule de magma solidifiée qui constitue le fond des océans
se fend. La dorsale médio-atlantique correspond à une ligne de
fracture du plancher océanique, qui n’en finit plus de cicatriser.
Elle est le siège d’une intense activité volcanique sous-marine.
L’Islande est la partie émergée la plus spectaculaire de ce
mécanisme tectonique.
Sur la planète Ummo ce phénomène serait totalement
inconnu. On ne trouverait donc qu’un seul continent, au relief
peu accusé, et les auteurs des textes comparent leur plat pays
à l’Irlande.
Avant que ce mécanisme de fragmentation continentale
n’apparaisse sur Terre, les montagnes n’existaient pas, les
fosses océaniques non plus. Le sud de la France n’était qu’un
marais peu profond. Les reliefs les plus importants étaient des
restes d’impacts de gros météorites, ou des volcans, que le
ruissellement constant des eaux de pluie érodait. Si la dérive
des continents n’était pas intervenue, au fil des millénaires, le
continent primitif terrestre, le Gondwana, serait devenu plat
comme la main, sauf en quelques endroits où le volcanisme
aurait altéré quelque peu le paysage.
Aujourd’hui, si cette dérive des continents s’arrêtait, les
effets combinés de la pluie, du gel et du mouvement des
glaciers réduiraient au fil des millénaires nos chaînes de
montagnes, qui ne sont pas d’origine volcanique, à des reliefs
beaucoup plus modestes.

Extrait des doc um ents reç us par les Es pagnols en 1967


La pl ani sphèr e de l a « pl anète U mmo »
Dans les textes ummites de 1967 on trouve une
description schématique de la planisphère de cette
hypothétique planète.
Le grand lac, au milieu à droite, portant le nom de Auvoa
Saooaa2, couvrirait une superficie de 276 000 kilomètres
carrés et pourrait correspondre à un ancien impact de
météorite. Certaines planètes ont été profondément marquées
par des traces de ce genre. La face cachée de la Lune,
découverte par les Soviétiques, présente en son centre un
immense impact, qui occupe une partie importante de la
surface de l’astre.
Sur la planisphère ummite les reliefs circulaires
correspondent à d’anciens volcans, mais il s’agirait, disent les
textes, de formations très anciennes et très érodées, n’ayant
rien à voir avec ce que nous trouvons sur Terre. Les lignes
sinueuses seraient des fleuves. Certains seraient larges de
plusieurs kilomètres. Les petits ronds évoquent des
agglomérations (27 % de la population y vivrait).
Nous nous sommes amusés à reconstituer
approximativement l’allure de la planète, en partant de cette
planisphère :
L’h y poth étiq ue planète Um m o

Personne ne peut dire si ces informations correspondent


ou non à une quelconque réalité. Mais si on suppose que c’est
le cas, voici ce que des expéditionnaires terrestres pourraient
découvrir en arrivant là-bas. Sur une moitié de la planète, on
trouverait un unique continent et sur l’autre un vaste océan.
La surface couverte par les océans serait égale à 62 % de celle
de la planète. Le rayon de celle-ci serait d’environ 7 250 km
(contre 6 400 pour la Terre). Le titane serait très abondant
dans le sol, sous forme de minerai3. La pesanteur serait plus
forte. Si nous allions sur cette planète Ummo, notre poids
s’accroîtrait de 20 %. Inversement, ses habitants, lorsqu’ils
fouleraient le sol de la Terre, se sentiraient le pied plus léger.
La Terre est légèrement aplatie sur ses pôles, du fait de la
force centrifuge liée à son mouvement de rotation. Sur Ummo
ce serait l’inverse. L’altitude moyenne, au voisinage des pôles,
serait de 15 kilomètres supérieure à celle du reste de la
planète. Les textes disent que cela serait lié à l’intensité du
champ magnétique4 régnant sur la planète (mille fois supérieur
au champ terrestre, soit 500 gauss contre 0,4 gauss).
Le climat y serait relativement froid, continental, avec de
forts contrastes de température et des écarts de pression plus
importants que sur Terre. L’inclinaison de l’axe de rotation de
la planète serait de 18° par rapport à l’axe de rotation de
l’orbite planétaire autour de l’étoile, au lieu de 23° pour la
Terre. Les saisons seraient donc moins marquées. Mais peut-
on parler de saisons quand la planète tourne autour de son
étoile en deux mois et demi ? Le soleil local, l’étoile Iumma,
une naine de classe M, serait moins chaud que notre soleil et
de ce fait Ummo orbiterait à une distance plus proche5. La
planète n’aurait pas de satellite, pas de Lune. Les nuits y
seraient très noires et beaucoup plus froides que chez nous,
même à proximité de l’équateur6. La température nocturne ne
dépasserait pas quelques degrés au-dessus de 0 (en mesure
centigrade). L’étoile Iumma exhalerait, comme toutes les
étoiles, un vent stellaire qui serait lui aussi intercepté par la
magnétosphère de la planète, très puissante (le champ
magnétique planétaire serait mille fois supérieur à celui de la
Terre). Il en résulterait des effets d’aurores boréales constants
et spectaculaires. À les en croire, les Ummites n’en finiraient
pas de regarder un ciel drapé de grandes écharpes colorées,
qui devrait constituer un spectacle magnifique, à défaut de
clairs de lune.
L’activité volcanique serait sur cette planète remplacée
par des émissions de méthane et de penthane subcrustaux 7 ,
qui s’enflammeraient au contact de l’air. Ces gaz seraient émis
le long de vastes crevasses, et projetés à des altitudes allant de
quelques centaines de mètres à plus de 6 kilomètres. Les
textes précisent :
« Ces failles font l’objet d’une surveillance constante. Des
sphères emplies de composés chimiques et d’instruments de
mesure sont projetées toutes les trois minutes dans ces
rideaux bleutés de gaz en train de brûler où elles explosent
comme des feux d’artifice. »
On trouverait sur Ummo des phénomènes
météorologiques comparables à ceux de notre planète, dont de
violentes tempêtes de sable, dans quelques régions restées
désertiques, qui abraseraient les roches. Le fait que le
continent soit vaste empêcherait a priori la masse océane
d’assurer une régulation des températures et des pressions.
Les températures nocturnes seraient donc basses et les vents
fréquents et violents, parcourant le continent sans rencontrer
la moindre barrière naturelle. Cela expliquerait la forme
aérodynamique des habitations et leur propriété de pouvoir
s’escamoter dans le sol (les habitats primitifs auraient été
souterrains).
La végétation serait très différente de celle de la Terre, et
abondante. Les arbres, dotés de tailles moyennes bien
supérieures à ceux de notre planète, pourraient être
comparés, sur ce plan, disent les textes, à nos séquoias. Ils
seraient probablement dotés de racines puissantes et de
troncs impressionnants, pour pouvoir résister aux vents
violents.
Les expéditionnaires disent avoir été extrêmement
frappés par l’altitude et l’aspect majestueux de nos
montagnes, couvertes de neige. Ils auraient construit chez eux,
une sorte de parc de loisirs où les habitants, au nombre de
2 milliards, pourraient admirer à leur aise les curiosités de
notre planète, à une échelle évidemment plus réduite.
L’absence de barrières naturelles infranchissables aurait
contribué à réduire notablement le nombre d’espèces animales
et végétales. Par ailleurs l’intense protection due à un bouclier
magnétique, à une magnétosphère plus musclée, aurait
beaucoup atténué les effets mutagènes8 du bombardement
issu de leur « étoile solaire ». Tout cela constitue un ensemble
somme toute assez cohérent.
Quand il s’agit d’imaginer l’évolution de la vie sur une
autre planète, les scientifiques en sont réduits à des
spéculations. Nos moyens d’observation ne nous permettent
pas de détecter la moindre planète en dehors de celles de
notre système solaire. Néanmoins les simulations numériques
sur ordinateur ont montré qu’on devait trouver de très
nombreuses planètes dans notre galaxie, avec des petites
planètes denses, dites telluriques, comme Vénus, la Terre ou
Mars et des grosses planètes à l’extérieur du système,
constituées d’éléments plus légers. Il suffit alors qu’une des
planètes soit située à une distance convenable de son soleil
pour que l’eau ne soit ni à l’état de glace (Mars) ni à l’état de
vapeur (Vénus) et que la vie puisse donc y apparaître et s’y
développer.
Les scientifiques donnent le même chiffre que les
Ummites, concernant le nombre possible de systèmes abritant
une vie organisée dans notre galaxie : un million.
Les textes ummites donnent une fourchette, concernant
les paramètres planétaires, qui permettrait, non l’apparition
de la vie, mais l’émergence de l’homme à partir d’une vie
primitive :
Température superficielle de l’étoile : entre 4 552 et 6
160 ° K
Excentricité de l’orbite planétaire : entre zéro et 0,1766
Durée du jour : de 16 h 30 à 84 h
Température superficielle planétaire : de moins 32 °C à
plus 46 °C
Masse de la planète : de 2,65 1027 g à 1,2 1028 g9
Dans l’atmosphère, à proximité du sol :
– 18 % d’oxygène minimum
– 65 % d’azote au minimum
Intensité du rayonnement cosmique :
inférieur à 0,48 noyaux/cm2/s
Comme le soleil ummite serait moins chaud, la planète
orbiterait à une distance plus faible de celui-ci et l’année
ummite serait plus courte : environ 7,5 mois terrestres1 0.
Les textes indiquent que la nature n’aurait qu’une
imagination limitée pour les formes de vie1 1 . Les créatures
monstrueuses des livres de science-fiction n’existeraient que
dans l’imagination de leurs auteurs. La seule vie possible serait
basée sur la chimie du carbone et les premières cartes, les
vingt acides aminés de base, seraient les mêmes pour toutes
les planètes de l’univers. Les premiers êtres vivants primitifs,
élémentaires, qui apparaîtraient sur les planètes seraient assez
semblables : les protozoaires, comme les amibes, les bactéries
et les virus seraient comparables, voire identiques, sur toutes
les planètes porteuses de vie. Les documents précisent par
exemple qu’on trouverait sur la planète Ummo un virus en
tout point identique, à l’atome près, à celui que nous appelons
la mosaïque du tabac1 2.
Les textes développent une théorie intéressante
concernant la dynamique générale de l’évolution du vivant. À
partir des premiers êtres, très primitifs, la diversification irait
en croissant. L’évolution comporterait des « nœuds ». À
chacun de ces carrefours de l’évolution on aurait une
fourchette de « possibles ». Parmi ces formes de vie possibles,
certaines seulement seraient sélectionnées par les conditions
géophysiques. Cette différenciation passerait par un
maximum, correspondant sur Terre à l’époque des dinosaures,
à l’ère secondaire. Puis le nombre d’espèces irait en
s’amenuisant progressivement.

S c h ém a év olutif trouv é dans les textes , des prem iers ac ides am inés à l’h om m e

Cette illustration correspond aux documents originaux


reçus en Espagne en 1967. À gauche on voit les acides aminés
de base, puis la première cellule primitive. On distingue les
nœuds qui marquent les différents embranchements évolutifs.
À mi-parcours, la diversification maximale, puis la
convergence vers un nœud important : l’homme. Au-delà se
situerait le futur de la vie, hypothétique. Sur Terre, cette
diversification maximale correspondrait à l’époque des
dinosaures. L’homme aurait un futur. Les documents sont très
riches en idées non orthodoxes concernant la théorie de
l’évolution. Nous aborderons toutes ces questions dans un
autre ouvrage.
Sur Ummo on trouverait des reptiles, en particulier des
sortes de varans, mais « pas de véritables oiseaux ». L’espace
aérien aurait été occupé par d’autres espèces, en particulier
des mammifères volants, s’apparentant à nos chauves-souris,
et dont certains pourraient atteindre des tailles assez
importantes. Mais leurs ailes seraient formées différemment,
par rapport aux ailes de nos chéiroptères terrestres1 3.
Leur océan serait moins profond que nos mers. Sur ce
plan il serait alors semblable à l’océan primitif de notre
planète. On y trouverait, entre autres, des mammifères
marins, vivant dans les régions polaires, dont les Ummites
consommeraient le lait. Ces animaux seraient dotés d’un
implant encéphalique qui permettrait de les diriger à distance
et de les ramener vers la « ferme » au moment de la « traite ».
Le lait des mammifères volants herbivores serait également
consommé, et collecté de la même manière.
La planète hébergerait également des anthropoïdes assez
semblables à nos chimpanzés mais, paraît-il, beaucoup plus
intelligents. Jusqu’à quel point ? Cela n’est pas précisé.
La longévité des Ummites serait un peu plus importante
que celle de l’homme terrestre mais ils précisent que chez eux
la vieillesse n’est pas synonyme de décrépitude. Leur santé
serait gérée de manière plus intelligente que la nôtre. Sur ce
plan nous trouvons, dans les textes de 1967, toutes les idées
qui commencent à s’imposer dans notre société moderne, bien
que nous ne fassions pas grand-chose pour porter remède à
nos maux : éviter la pollution, le stress, avoir une alimentation
et une vie équilibrée. Les documents ummites précisent que
nous ne soupçonnons pas ce que peut apporter au plan de la
santé le non-respect de ces principes élémentaires, dont les
conséquences s’appellent artériosclérose, cancer, etc. Ils
prétendent avoir éliminé la plupart des maladies dont nous
souffrons, non par des apports médicamenteux et des
traitements sophistiqués, mais par une meilleure
compréhension du rôle joué par les aliments dans l’organisme
et par un examen sévère de la compatibilité génétique des
êtres humains avant accouplement.
L’homme vit en symbiose avec ses nutriments. Il est tout
à fait logique qu’au fil de l’histoire il ait cherché à accroître les
rendements agricoles et bovins, en procédant par sélection.
Mais cette obsession du « toujours plus » est une médaille qui
a son revers. On s’aperçoit seulement maintenant que l’apport
excessif d’engrais dégrade les nappes phréatiques et que le fait
de sélectionner des fruits qui ont meilleur aspect et qui se
conservent mieux les prive d’éléments anticancérigènes.
Au lieu de chercher à synthétiser sans cesse de nouvelles
molécules, il serait peut-être plus sage de reconnaître et de
consommer celles que la nature nous fournit si généreusement
et si « intelligemment ».
L’« Ummite » serait donc un homme « naturel » au sens
profond du terme. Tout son être tendrait vers son intégration
harmonieuse dans son environnement planétaire. Par
contraste, l’être humain semble bien artificiel.
Cela étant dit, nous n’oublierons pas que les Ummites
disent suppléer par des moyens technologiques à des
phénomènes de dégénérescence, comme la sclérose de leur
voix à la puberté. Les moyens anticonceptionnels des Ummites
seraient également à base d’implants. La femme porterait à
l’intérieur de ses organes génitaux un dispositif, parfaitement
bien toléré, qui la renseignerait sur sa fécondité (comme la
femme humaine, elle aurait des cycles menstruels). Mais tout
n’est peut-être qu’une question d’équilibre. La technologie
n’est pas l’ennemie de l’homme, mais son alliée. Même les
animaux l’utilisent. Si les poules n’ingéraient pas des cailloux,
qui sont des objets appartenant au monde minéral, étrangers à
leur anatomie, elles ne pourraient pas les utiliser pour broyer
les grains à l’intérieur de leur gésier1 4.
Le drame de l’homme terrestre est qu’il ne parvient
absolument pas à intégrer harmonieusement la technologie
dans son mode de vie.

Habitat et vie quotidienne sur Ummo


La maison ummite, telle qu’elle se trouve décrite dans les
textes reçus par Sesma, apparaît essentiellement
fonctionnelle. Si on se base sur les illustrations jointes aux
documents, elle aurait la forme d’un ellipsoïde assez aplati,
posé sur un pédoncule, bref d’une maison-champignon. Les
bâtiments porteraient des codes de couleurs, en fonction de
leur destination. Leur forme aérodynamique leur permettrait
de résister à des vents venant de toutes les directions.
Les h abitations « m odernes » um m ites , es c am otables

Il leur serait possible de s’escamoter dans une cavité


ménagée dans le sol. Le pédoncule sur lequel la maison-type
serait juchée coulisserait dans un cylindre, l’ensemble
rappelant nos anciens ascenseurs. Elle pourrait tourner sur
elle-même. Lorsqu’elle s’escamoterait, les Ummites, à leur
manière, « fermeraient les volets ».
Les pièces intérieures seraient dépourvues de portes.
L’Ummite, être fondamentalement grégaire, ne souffrirait
apparemment pas de la promiscuité, pas plus dans son habitat
que dans ses vaisseaux où les douze passagers sont, dans leur
habitacle toroïdal, serrés comme des sardines dans une boîte.
Dans les maisons, des dispositifs anti-bruit, qui engendreraient
des ondes sonores en opposition de phase avec l’origine de la
source, permettraient de créer des zones de silence à volonté.
Dans les illustrations on voit des pièces vides.
Coupe de la m ais on um m ite

Les documents indiquent qu’aucune de ces pièces n’a de


destination particulière et que toutes pourraient
indifféremment se transformer en coin-repas ou en chambre à
coucher. Ainsi, à l’heure du déjeuner, des trappes ménagées
dans le sol descendraient, qui permettraient aux habitants de
s’asseoir. Une substance serait pulvérisée sur le sol,
transformé en table. Celle-ci servirait alors de « nappe » et
serait dissoute après le repas. Sur Ummo, on déjeunerait « par
terre ».

Un Um m ite en train de s e res taurer

On voit sur le dessin ci-dessus, emprunté aux documents,


un homme en train d’absorber une nourriture liquide à l’aide
d’un tube branché sur un dispositif évoquant les narguilés
orientaux.
Les aliments seraient « calculés » sur Ummo de manière à
apporter à l’organisme tout ce qui lui est nécessaire. Les
Ummites seraient plus nutritionnistes que gastronomes. Au
point de vue saveur, les textes précisent que la cuisine
japonaise serait la plus proche de la cuisine ummite. On se
concentrerait avant de déjeuner. Cet acte serait important sur
le plan de la santé. On mangerait lentement, en silence, en
s’appliquant à bien assimiler les aliments. Cela ferait partie des
règles de vie qui permettraient d’échapper aux problèmes de
santé, et les Ummites d’ajouter « que nous sous-estimons
énormément cet aspect de l’activité nutritionnelle ».
Le verre, la fourchette et le couteau ne seraient pas de
mise sur la planète Ummo. Les convives se désinfecteraient
soigneusement les mains dans un lavabo assez spécial qui
recouvrirait celles-ci d’une fine pellicule et leur permettrait de
manger sans couverts et sans être en contact direct avec les
aliments. Bref ils mangeraient avec des gants, qui seraient
dissous après le repas1 5. Les aliments comme la viande
seraient découpés à l’aide de stylets émettant un fin pinceau
de rayonnement électromagnétique, assez puissant et
concentré pour fendre la chair, dont le dessin est reproduit
dans les documents, et qui ressemble à un stylo muni d’un
bouton de commande.
Les documents indiquent que les expéditionnaires
auraient été très étonnés en découvrant, sur Terre, du moins
en différents pays, la fourchette1 6.
La maison ummite ne posséderait pas de placards de
rangement. Quand on dispose d’énergie à profusion et que l’on
sait transmuter les éléments de la table de Mendeleiev,
pourquoi s’embarrasser à stocker ? Les Ummites
n’achèteraient pas, ils synthétiseraient in situ leurs produits de
consommation courante ou les recevraient par l’intermédiaire
d’un réseau de canalisations distributrices. Il n’y aurait pas
non plus de vide-ordures puisque les déchets seraient
transmutés en hélium, gaz biologiquement neutre,
chimiquement inerte, respirable (l’hélium est la cendre
parfaite du nucléaire).
Il n’y aurait pas de WC dans les maisons ummites, ni dans
la nature, puisque les enfants au plus bas âge seraient équipés
d’une canule qui transmuterait leurs fèces en gaz rare. Chez
les Ummites, quand on pète, c’est de l’hélium, inodore.
Les documents précisent que les habitants de cette
planète Ummo, bien qu’ils soient tout à fait à même de
synthétiser les composants de leur alimentation, préféreraient
user de produits naturels, viandes ou fruits. Ceux-ci seraient
livrés à domicile après avoir été conditionnés et acheminés par
des canalisations comparables à nos « pneumatiques ». Entre
chaque plat on « se laverait les mains », c’est-à-dire qu’on
changerait de « gants ».
Les aliments carnés ne seraient pas cuits dans de la
graisse, mais préparés à l’aide de différents laits d’origine
animale, riches en graisses.
Les vêtements seraient de simples ponchos, qu’on
enfilerait par la tête, avec deux trous pour passer les bras. Ils
comporteraient des codes de couleur (taches plus figures
géométriques) qui préciseraient la fonction de chaque individu.
Eux aussi seraient synthétisés et détruits, de même que
les lits1 7 : il n’y aurait pas de machine à laver dans ces maisons.
Le v êtem ent s ur Um m o : une s orte de ponc h o

Lorsqu’il travaille ou évolue sur un sol rocailleux,


l’Ummite pulvériserait sur sa peau une matière qui se
solidifierait. Semi-perméable, elle laisserait passer ce qui
devrait passer, par exemple la transpiration, et bloquerait le
reste.
Lorsqu’il rentre chez lui et qu’il se lave les pieds, le
travailleur ummite n’enlèverait pas ses chaussures : elles se
dissoudraient dans sa bassine.
Les textes disent que dans le passé les Ummites auraient
sérieusement altéré leur environnement en construisant de
nombreuses voies de communication terrestres, qui auraient
défiguré leur paysage. Puis quand ils ont disposé de moyens de
transport aériens performants, ils auraient décidé de faire
disparaître toutes ces cicatrices et de laisser la nature
reprendre ses droits. Actuellement ils disent utiliser pour le
transport des personnes sur de courtes distances des véhicules
volants, quoique moins sophistiqués que leurs nefs.
Selon les textes, la technologie de Ummo aurait pris dès
son départ un tour systématiquement zoomorphe1 8. Ainsi,
dans le passé, au lieu d’utiliser la roue1 9, les ingénieurs locaux
auraient conçu d’emblée d’étranges véhicules munis de pattes,
baptisés « multipodes », comparables aux robots que nous
sommes en train de développer pour l’exploration des planètes
du système solaire.
Au premier abord cet engin peut sembler assez
fantaisiste, mais quand on y regarde de plus près, ce système,
avec ses « genoux » artificiels, est assez astucieux et, dans la
mesure où son équilibre et sa motricité pourraient être
parfaitement contrôlés, semble se prêter assez bien à une
locomotion en terrain varié, à une vitesse qui pourrait être non
négligeable.
Les textes indiquent d’ailleurs que leurs voies de
communication auraient été adaptées à ce mode de
locomotion, et seraient donc fondamentalement différentes de
nos routes. Les Ummites se seraient contentés de stabiliser les
terrains en y injectant différents composants et en en
recouvrant la surface d’un revêtement antidérapant, mais
sans modifier notablement la géométrie du sol.
Véh ic ule m ultipode um m ite

Tout ce réseau de pistes aurait progressivement enlaidi la


planète et les habitants auraient un jour décidé de le
supprimer en créant un réseau complexe d’acheminement
souterrain des matières premières. Le sous-sol de Ummo
serait donc actuellement littéralement truffé de canalisations
diverses et variées servant à acheminer les produits de
consommation courante, du moins les produits naturels, ou
certains produits finis complexes.
Les usines, les champs et les jardins potagers seraient
souterrains. C’est assez logique si la climatologie est aussi rude
(vents, basses températures).
Les Ummites seraient des écologistes dans l’âme. La
surface de la planète aurait été complètement remodelée. Le
climat des régions situées loin de la côte aurait été amélioré
par un système d’irrigation complexe et boisé. Des rivières
artificielles auraient été creusées et les espèces animales,
moins nombreuses que sur Terre, systématiquement
protégées.
Le texte ajoute (nous citons) : « L’homme put ainsi se
débarrasser d’une des tares les plus graves qui grevaient son
progrès culturel : sa distance avec la nature. »

La structure sociale ummite


Elle serait de type totalitaire. En vérité, les structures
mentales de ces gens semblent si différentes des nôtres que
cette organisation ne serait pas vécue du tout comme une
contrainte. L’espèce serait grégaire au plus haut point. La
société ummite aurait quelque chose d’une fourmilière. Bien
sûr, elle aurait évolué au cours du temps, mais cette grégarité
semble avoir toujours été son trait essentiel.
Actuellement, l’ensemble de la population ferait l’objet
d’un contrôle permanent. La société vivrait en symbiose avec
sa technologie et un réseau de cent vingt centres
informatiques gérerait l’ensemble des activités. Le peuple
ummite aurait dégagé des lois psychosociales considérées
comme suffisamment fiables pour que la conduite des affaires
publiques (et privées) ait pu être confiée à l’ordinateur.
En lisant les textes on ne peut s’empêcher de songer au
Meilleur des mondes d’Aldous Huxley et au principe directeur
sans cesse rappelé dans ce remarquable ouvrage de science-
fiction : « Identité-stabilité ».
Notre planète est instable parce que nous sommes très
différents les uns des autres. On y trouve de fortes différences
culturelles d’une région à l’autre et entre les individus. Ces
différences seraient pratiquement inexistantes chez nos
Ummites. Sur cette planète les paramètres permettant de
différencier deux individus seraient essentiellement basés sur
leurs capacités mentales et physiques20. Les différences entre
individus seraient en conséquence beaucoup moins accusées
que sur Terre. On ne peut parler de leurs croyances puisque
leur idéologie serait entièrement basée sur un pragmatisme
scientifique. Ils ne sembleraient pas être dotés d’une
imagination particulière. Donc ils « croiraient » tous les mêmes
choses, auraient les mêmes schémas mentaux et personne, sur
cette planète Ummo, ne se poserait de question dans la
mesure où sa société estimerait avoir apporté des réponses
cohérentes aux problèmes essentiels, en particulier aux
problèmes de la naissance, de la fonction de l’homme sur sa
planète, de la mort et de l’après-vie. Leur représentation de
l’univers serait basée sur l’analyse scientifique et leur histoire
n’aurait engendré aucun mythe ou religion, au sens classique
du terme. L’Ummite moyen semblerait ainsi délivré de toute
angoisse métaphysique, puisque, de ce côté-là, le problème
aurait été résolu une fois pour toutes, scientifiquement. Il
recevrait une éducation très stricte, basée sur des techniques
de conditionnement, qui n’est pas sans rappeler l’hypnopédie
proposée par Huxley, et qui lui fournirait une représentation
cohérente de l’univers.
Tout écart vis-à-vis de ce schéma, indiscutable puisque
fondé sur des preuves scientifiques, serait interprété comme
une pathologie et traité en conséquence.
Apparaîtraient cependant sur Ummo quelques rares
déviants sérieux, cette déviance se manifestant par une
délinquance, rapidement détectée. Une précision : là-bas, la
délinquance commencerait dès qu’on s’écarterait du modèle
général, celle-ci pouvant aller jusqu’au meurtre. Au cas où une
rééducation poussée n’aurait pu réduire cet état chronique, si
l’individu était considéré comme inguérissable, celui-ci serait
alors totalement et définitivement privé de tout droit et de son
statut d’être humain. L’État ummite pourrait dans ces
conditions utiliser son corps à son gré, en particulier pour des
expériences biologiques21 .
La déviance pourrait avoir un fondement psychologique
ou un fondement somatique. Les textes précisent que, dans
l’histoire de la planète, seraient apparus soudain des mutants
qui auraient gravement perturbé, malgré eux, les
communications entre individus, en étant la source d’un
parasitage intense, de nature télépathique. Identifiés et
localisés, « ces malheureux auraient été tués à distance à l’aide
d’un pinceau de micro-ondes », parce qu’ils auraient
représenté une nuisance au développement harmonieux du
« tissu social planétaire ».
En principe les jeunes Ummites, conditionnés dès leur
plus jeune âge, n’auraient pas des tempéraments de rebelles.
L’idéologie serait celle d’un socialisme assis sur de solides
bases métaphysiques. Parmi les punitions pratiquées, la plus
terrible consisterait à mettre l’individu, quel que soit son âge,
dans une cage transparente, entièrement nu (nous aurons
l’occasion de discuter plus loin sur ce point, qui pourrait
apporter des lumières sur le psychisme très particulier de
l’espèce).
L’homme et la femme seraient, par principe, égaux en
droits. L’âge ne conférerait aucun privilège, en particulier vis-
à-vis des structures hiérarchiques, qui seraient très rigides.
Celui qui commanderait serait celui qui aurait été jugé comme
étant le plus compétent, quels que soient son sexe et son âge22.
M a i s , de facto, la hiérarchie ummite (gouvernement,
parlement) ne comporterait que 27 % de femmes.
L’individu recevrait à sa naissance, sur Ummo, un certain
nombre d’attributs physiques et intellectuels, qu’il pourrait
développer plus ou moins bien. Il serait alors évalué de
nombreuses fois au cours de son existence, en particulier à
l’âge de 13 années terrestres où interviendrait son orientation.
Celle-ci se déciderait à la fin de l’adolescence intellectuelle chez
l’Ummite (alors que sa maturité sexuelle est plus tardive que
sur la Terre).
C’est également l’âge où il quitterait définitivement sa
cellule familiale en partant pour des sortes d’universités où lui
serait donné un complément d’éducation, approprié à ses
capacités. La rupture serait réelle. Après avoir été élevé par
des parents, il serait désormais totalement pris en charge par
la société et n’aurait plus aucun rapport avec ses parents
nourriciers.
Telle qu’elle apparaît dans les documents, la société
ummite se présente comme totalement égalitaire et la
propriété privée est un concept vide de sens. Si cette planète
existe, elle n’est composée que de… fonctionnaires. Les
individus y occuperaient des places comparables à celles des
cellules dans un être vivant. Il n’y aurait ni privilégiés, ni
esclaves. Il s’agirait effectivement d’un communisme
parfaitement achevé, construit sur le modèle de la termitière.
L’ambition profonde de tout Ummite serait donc de se sentir
totalement intégré dans le « corps social » et fonctionnel.
L’Ummite serait « foncièrement raisonnable ». La technologie
ayant permis d’assurer un niveau de vie confortable à chacun,
celle-ci ne serait donc pas rude. Le cheptel humain serait
maintenu constant grâce à un contrôle très strict des
naissances. La procréation ad libitum resterait hors de
question. Les individus seraient libres de s’accoupler en
fonction de leurs affinités, mais avant toute procréation, on
procéderait à une évaluation complète des deux candidats. La
procréation semblerait considérée sur Ummo comme une
activité fonctionnelle et non comme le résultat d’un
engouement réciproque. Si le résultat des tests se révélait
négatif, sur la base de critères génétiques et psychologiques,
on dissuaderait les impétrants de consommer cette union.
Selon les textes, l’immense majorité se soumettrait au verdict.
Bien que le contrôle des naissances soit extrêmement
strict, la procréation serait obligatoire sur Ummo. Vouloir y
déroger serait considéré comme une attitude pathologique.
Les individus procréeraient dès qu’ils auraient atteint leur
maturité sexuelle, comme des animaux. Cette maturité se
manifesterait vers 16 ans et cette loi ne souffrirait aucun
retard. Les textes disent d’ailleurs que cette règle, considérée
comme une loi de la nature, est générale sur toutes les
planètes que les auteurs disent avoir visitées et qu’ils ont été
surpris de constater que sur Terre autant d’individus y
échappaient.
L’Ummite serait en droit de choisir ses activités au sein de
la société, théoriquement. Mais le « programme de gestion »
de la planète tendrait à l’orienter vers telle ou telle direction,
en fonction de son profil psychomatique, de ses aptitudes
intellectuelles et physiques et des besoins de la société à
l’instant t. Telle qu’elle apparaît dans les documents, la planète
Ummo a tout d’une immense administration, comportant des
postes qui doivent être pourvus. On inciterait donc les
individus à se diriger vers les postes vacants, au mieux des
intérêts de la planète.
Si un individu refusait la voie qui lui est indiquée, il serait
libre de le faire. Mais sa vie serait simplement plus difficile
(tout est relatif).
L’argent n’existerait pas sur Ummo. Comme le sens
esthétique et le goût de la thésaurisation y seraient lettre
morte, on ne verrait pas très bien ce qui pourrait inciter un
individu à s’écarter de la voie proposée par un tel système. Les
textes précisent qu’un tel refus se produit rarement. Si
l’individu optait pour un comportement déraisonnable, il serait
considéré comme nuisant à l’intérêt général, en s’orientant
bêtement vers une voie qui ne correspondrait pas à ses
capacités, et connaîtrait une vie un peu moins agréable.
L’oisiveté serait rigoureusement impossible sur cette
planète, le système de gestion pénalisant immédiatement le
paresseux. Personne n’échapperait à la règle23. Les privilèges
n’existeraient tout simplement pas, comme chez les termites.
Les activités de l’Ummite moyen, qui ne connaîtrait aucun
problème de santé tout au long de sa vie, les sources de
maladies ayant été éradiquées par tout un ensemble de
moyens, seraient les suivantes :
– il « travaillerait 24 » (peu, trois heures par jour) ;
– il élèverait sa progéniture ;
– il se livrerait à une activité que l’on pourrait assimiler à
de la méditation.
Cette troisième activité semblerait essentielle à son
équilibre. À travers celle-ci, il se brancherait sur « l’âme
collective planétaire ». Apparemment, sur cette hypothétique
planète, la part du psychisme collectif semblerait l’emporter
nettement sur celle qui se référerait à son psychisme
individuel.
Dans le monde de Huxley l’angoisse métaphysique était
traitée par une drogue, le soma, sans effets secondaires. Elle
permettait à l’individu d’échapper à tout questionnement
concernant ses origines, le sens de sa vie ou son devenir. Les
maladies avaient été éliminées par les progrès de la science.
L’approche de la mort se traduisait par une décrépitude
brutale, sur tous les plans. Le soma était alors administré à
doses massives, jusqu’à l’inconscience.
Chez les citoyens romains, les distractions tenaient une
place essentielle dans la vie quotidienne. Délivrés du souci de
travailler pour vivre, étant donné la foultitude d’esclaves qui
se chargeaient de toutes les basses besognes d’une part, et
l’abondante nourriture qui était fournie par les peuples soumis
d’autre part, il ne lui restait plus qu’à se distraire. Il y a vingt
siècles Rome comptait plus d’un million d’habitants. Il y avait
parmi ceux-ci des centaines de milliers de citoyens. Certains
disposaient de larges revenus (les patriciens) et les autres (les
plébéiens) vivaient des subsides fournis par les greniers de
l’État. La stabilité de cette masse d’individus ne pouvait être
assurée qu’à travers une industrie de distractions qui n’a
jamais connu d’équivalent historique.
L’hippodrome de Rome, où se déroulaient des courses de
chars, pouvait accueillir entre 200 000 et 300 000 personnes,
soit le quart de la ville. Le Colisée, où se déroulaient les
combats de gladiateurs, entre eux ou avec des animaux,
pouvait accueillir 50 000 personnes. Il y avait un autre lieu où
se déroulaient des « naumachies », ou combats nautiques.
L’empereur Titus y fit représenter une reconstitution de la
bataille navale entre les Corinthiens et les Corciréens, avec
mort d’hommes évidemment, qui nécessita la participation de
3 000 hommes. À côté d’une telle manifestation nos concerts
de rock font figure de fêtes de patronage.
Il y avait, à l’apogée de la puissance romaine, 200 fêtes
par an. La stabilité politique (panem et circenses25) était à ce
prix. Chaque jour on sortait du Colisée des centaines de corps
de gladiateurs et d’animaux qui avaient péri dans les combats.
Le jeu n’était pas une industrie, mais un service public.
Sur Terre, aujourd’hui, les habitants des pays développés
évoluent d’une manière semblable. Notre Colisée familial
s’appelle télévision et on y tue, sur l’ensemble des chaînes, une
centaine de personnes chaque jour, au figuré, fort
heureusement. Il est vrai que le spectacle des tueries ou des
catastrophes réelles qui se produisent quotidiennement
apporte, pour les amateurs, un surcroît de réalisme.
La planète Ummo, telle qu’elle se trouve décrite dans ces
documents d’origine non identifiée, se présente comme un
modèle de démocratie très fortement hiérarchisée, comme
dans une termitière. Certains individus y seraient sélectionnés
soigneusement en fonction de leurs aptitudes intellectuelles et
mentales pour constituer le gouvernement, composé de
200 personnes. Cette élite de politiciens aurait reçu une
éducation très poussée, dans de nombreux domaines. Parmi
ces 200 âmes, 4 seraient retenues pour constituer un
gouvernement central, les 116 autres équivalant à une sorte
de parlement. Celui-ci veillerait à ce qu’aucun de ces
tétrarques, dont le mandat serait de 4 ans, n’exerce un
ascendant sur les trois autres, sinon il serait immédiatement
destitué et remplacé. Le système ne fonctionnerait pas par des
élections, mais se fonderait sur une évaluation, considérée
comme scientifique et fiable, des capacités des individus. Selon
les textes, pendant une grande partie de l’histoire (récente) de
la planète, l’attention aurait été portée sur les « sciences
sociales », traitant de l’art de vivre en société. Des lois auraient
été dégagées et introduites dans l’ordinateur central, qui
gérerait l’ensemble de l’économie et de la vie sociale de la
planète.
Cela ne veut pas dire que l’ordinateur est devenu le
maître de cette planète. Il matérialiserait simplement « le
règlement ». Sur Ummo nul ne serait censé ignorer la loi et
tout Ummite, à tout instant, pourrait demander conseil à cet
ordinateur pour savoir si une conduite envisagée serait ou non
licite.
Les pouvoirs législatifs, juridique et exécutif seraient
totalement séparés. Le pouvoir juridique veillerait, sans faille
ni compromission, à vérifier si le règlement est bien appliqué.
Le pouvoir exécutif prendrait les décisions en fonction des
principes élaborés par le pouvoir législatif (comme par
exemple la décision d’envoyer un groupe d’expéditionnaires
sur la Terre, puis d’établir une procédure de contact).
L’assemblée législative ferait évoluer les lois en fonction
d e l’évolution de la société et des principes directeurs, à
fondement scientifico-métaphysique. Elle jouerait en quelque
sorte le rôle d’un « comité d’éthique ».
Ce système est en tous points calqué sur l’architecture
d’un être vivant. Dans notre corps les cellules ne se divisent
pas quand bon leur semble, sinon ce phénomène s’appelle le
cancer. Le comportement de la population des cellules est
soumis à des mécanismes régulateurs. Si une partie de la peau
a été endommagée, les lèvres de la cicatrice repoussent,
jusqu’à ce que la pression qui apparaît lorsque ces lèvres sont
au contact, stoppe ce processus. Si une perte sanguine est
enregistrée, la moelle osseuse se met au travail et compense
automatiquement. Chaque cellule reçoit ce qui est nécessaire à
un bon fonctionnement, en substances chimiques spécifiques
et en oxygène. Si un ensemble de cellules nuit à l’équilibre
général, cela est interprété comme un dysfonctionnement et
elles sont éliminées aussitôt par des cellules spécialisées : le
lymphocytes-tueurs. Les raisonnements, les stratégies sont
élaborés par des cellules spécifiques, les neurones. Il se trouve
que celles-ci doivent bénéficier, pour assurer leur travail, d’un
fort apport en oxygène, mais nul biologiste ne les considérerait
comme des cellules privilégiées. Tout cet ensemble de cellules
concourt à permettre à l’être vivant d’assurer sa mission : se
nourrir, procréer, participer à la sélection naturelle. Les
préoccupations individuelles des cellules s’effacent totalement
devant celles de l’animal tout entier. Celui-ci est immergé dans
une espèce, dont il suit aussi les lois. Il existe une sociologie
cellulaire comme une sociologie animale.
On en vient à l’homme. Toute l’architecture politique de
cette hypothétique planète Ummo ne fait sens que si la
fonction de l’espèce humaine planétaire a été reconnue. Sur
Terre nous en sommes à une lutte archaïque, tribale, entre
ethnies. La planète Ummo aurait sur ce plan franchi un stade
important dans le schéma évolutif.
Les textes proposent une sorte de réponse à cette
interrogation fondamentale. Mais ce sujet est trop vaste pour
pouvoir être abordé ici et fera l’objet d’un autre ouvrage.

La vie sexuelle
Les organes génitaux des Ummites seraient identiques
aux nôtres. La femme n’aurait pas d’hymen, élément, paraît-il,
typique des Terrestres. L’accouplement avec des Terriens
serait chose possible, mais les textes précisent que cette union
donnerait des monstres, non viables, en particulier à cause des
très grandes différences affectant l’architecture
26
encéphalique . De toute façon, une telle union serait
considérée comme interdite, « contre nature », sur la base des
normes éthiques en vigueur.
Apparemment la nudité ferait l’objet d’un tabou très
strict. Être exhibé nu constituerait pour les Ummites une
punition très durement ressentie.
Les enfants recevraient une éducation sexuelle très
détaillée, avant d’être en âge de passer à l’acte. Lors de
travaux pratiques d’anatomie ils pourraient manipuler à leur
gré des individus matures, qui auraient perdu leur statut de
citoyen à la suite d’une faute quelconque.
Nous avons dit plus haut que, sur cette hypothétique
planète, les jeunes étaient incités à l’accouplement dès qu’ils
avaient atteint leur maturité sexuelle et que la copulation et la
procréation étaient obligatoires, s’y soustraire étant considéré
comme antinaturel. Mais cet acte, qui donnerait naissance à un
couple de parents nourriciers, serait précédé par une série
d’examens prénuptiaux très complets, sur le plan
psychologique et génétique. On notera au passage que cela
remplace totalement la sélection naturelle. Les mâles n’ont
plus à entrer en compétition pour conquérir une femelle. On
n’épouse pas le plus riche et le plus puissant, puisque ces
concepts n’ont plus cours. Mais le feu vert n’est donné que si
l’analyse complète des deux individus a préalablement révélé
que le produit de leur accouplement irait bien dans le sens
d’une amélioration de l’espèce. On comprend au passage
pourquoi toutes les maladies à caractère plus ou moins
héréditaire auraient pu être éliminées, ce qui s’effectue
naturellement sur terre dans les populations dites
« sauvages ». À l’inverse, en développant la pharmacothérapie
et la thérapie génétique, nous affaiblissons sans cesse le capital
génétique de l’espèce humaine terrestre en perpétuant
l’existence de mutants qui nécessitent une assistance coûteuse
(exemple : les hémophiles).
Une telle position, axée sur l’éradication, peut choquer.
Mais les ressources économiques de notre planète ne sont pas
infinies. L’argent que nous consacrons à cette recherche
médicale de pointe nous fait laisser d’immenses populations
dans un état de dénuement total sur le plan nutrition et
santé27 .
Nous sommes sur le point, sur Terre, d’avoir accès à
quelques éléments de la génétique humaine, mais comme nous
ignorons quels sont les desseins et les lois de la Nature, il y a
de grandes chances que nos interventions dans ce domaine se
révèlent plus catastrophiques que constructives (comme
lorsque nous tentons maladroitement d’implanter des
éléments d’une culture dans une autre).
De toute manière, dans l’espèce humaine, le phénomène
de sélection naturelle s’est beaucoup transformé. Lorsqu’un
employeur a besoin de recruter des ingénieurs et doit faire un
choix, il ne les laisse pas dans une pièce armés de bâtons et
préfère leur faire passer des tests psychotechniques.
Cet examen de la situation prénuptiale, sur Ummo,
manque singulièrement de romantisme. Mais n’oublions pas
que si ces gens existent, ils se perçoivent principalement
comme une espèce et accessoirement comme des individus
(alors que chez nous c’est exactement l’inverse). Quand des
candidats se présenteraient, après s’être découvert des
affinités plus olfactives et intellectuelles que visuelles, si une
réponse négative leur était donnée, elle signifierait : trouvez
d’autres partenaires, vos génotypes ne donneraient pas un
« produit performant ».
Toujours est-il que lorsqu’un couple se formerait, après
que cette union aurait été autorisée, la première copulation et
la défloration des deux impétrants tiendraient lieu de
cérémonie. L’imprégnation olfactive serait jugée essentielle et,
pour ce faire, les deux conjoints devraient s’abstenir de se
laver pendant les trente heures qui précéderaient leur union
(un jour et une nuit sur cette planète, dont la période de
rotation serait de 31 heures). Les facultés de perception
infrarouge joueraient un rôle important lors des ébats sexuels.
Les textes disent que la fellation serait considérée sur
Ummo comme une pratique courante. Ils indiquent aussi que
la femme ummite aurait des tendances masochistes,
considérées comme naturelles.

L’art
Ce chapitre sera extrêmement bref. Dans leurs écrits, les
Ummites avouent humblement « qu’en matière d’organisation
des sons, des formes et des couleurs, les Terriens sont nos
maîtres ». Vis-à-vis des paysages, sur Ummo, le mot d’ordre
consisterait essentiellement à laisser la nature créer le décor,
en lui facilitant la tâche. L’Ummite semblerait faire peu de cas
de l’architecture, laquelle serait sur sa planète essentiellement
fonctionnelle. Si ces gens existent vraiment, ils paraissent ne
pas très bien comprendre ce qu’est l’art, lorsqu’ils écrivent :
« Les arts plastiques ne se sont pas développés sur notre
planète, peut-être parce que les techniques photographiques
sont apparues très tôt chez nous28. »
Les arts plastiques n’ont rien à voir avec la technique.
Bien avant l’invention de la photographie, les hommes
préhistoriques étaient des dessinateurs remarquables. Si ce
genre d’activité ne s’est pas développé sur cette planète, c’est
que ses habitants n’en ressentaient pas le besoin. Cela n’aurait
présenté aucun caractère fonctionnel pour eux. Sur Terre, la
fonctionnalité de l’art est d’essence mythique. Le lecteur
attentif ne trouvera nulle trace d’un mythe quelconque dans
les textes ummites.
Et le rapport ajoute :
« S’est développée sur notre planète une forme d’art
fondée sur la manipulation des parfums. Nous possédons un
sens olfactif beaucoup plus développé que le vôtre, qui nous
permet d’identifier des milliers d’essences différentes. Nous
apprécions non seulement le spectre olfactif engendré par
nos “orgues à odeurs”, mais aussi l’évolution de ce spectre
dans le temps. »
En transposant, les mélanges d’odeurs seraient
assimilables à des « accords » et l’évolution dans le temps du
signal olfactif comparable à une mélodie. Sur Ummo les
« concerts d’odeurs » constitueraient la manifestation
culturelle par excellence. Il n’est fait mention dans les textes
d’aucune autre. La musique et la littérature sembleraient pour
ces gens lettre morte.

Le corps des habitants


Sur Terre, d’éventuels expéditionnaires extraterrestres
auraient connu des problèmes élémentaires de sécurité. Pour
faire leur travail, il leur aurait fallu pouvoir s’immiscer dans
notre société sans se faire repérer. Mais, disent les textes, le
corps de l’un d’eux serait tombé entre les mains d’un des
« pays de l’Est » : ils n’auraient pas pu le récupérer et celui-ci
aurait constitué pour ce gouvernement une preuve tangible de
leur existence. Lors de l’attentat de Vienne (voir l’ouvrage
précédent), perpétré par des Palestiniens contre les passagers
qui faisaient tranquillement la queue devant les guichets de la
compagnie israélienne El Al, deux Ummites auraient été
blessés et leurs compagnons n’auraient pu récupérer leurs
corps que d’extrême justesse, en se faisant passer pour des
médecins.
Comme nous l’avons déjà dit, ils utiliseraient des odeurs
humaines artificielles pour éviter d’attirer l’attention des
animaux, en particulier des chiens. Ceux-ci se mettraient
aussitôt à aboyer s’ils voyaient un être qui ressemblerait à un
humain, mais ne porterait pas son odeur.
Les textes disent qu’ils ont sur leur corps une tache
pigmentée dont ils omettent de mentionner la localisation.
Mais une tache pourrait être éventuellement atténuée par
tatouage.
Leur voix étrange, nasillarde (si on se fonde sur l’unique
enregistrement dont nous disposons), ne serait pas un
problème en soi. Ces expéditionnaires posséderaient des
caractéristiques beaucoup plus difficiles à camoufler.
Les humanoïdes que certains témoins prétendent avoir
rencontrés à partir de 1955 avaient les aspects les plus variés.
Les Petits Gris nord-américains étaient décrits comme des
êtres de petite taille avec un visage de fouine29. Ailleurs, des
témoins ont dit avoir vu sortir des machines des êtres
immenses, de plus de 2,50 mètres de haut. Cet aspect taille
n’est pas fondamentalement invraisemblable. Nous avons eu
l’équivalent sur la Terre. L’être humain le plus petit qui ait
vécu sur notre planète mesurait moins de 80 centimètres et le
plus grand, le Russe Marchnov, atteignait près de 2,50 mètres,
soit un rapport en poids de 40. L’évolution animale et les
fossiles montrent que tout semble possible dans la nature.
Certaines libellules préhistoriques étaient 10 fois plus grandes
que celles que nous trouvons maintenant, soit 1 000 fois plus
lourdes. Inversement les premiers éléphants étaient gros
comme des oies.
Les documents indiquent que le corps des habitants de la
planète Ummo présente de nombreuses différences vis-à-vis
du nôtre, bien que leur image « exomorphique » soit très
semblable à celle des Nordiques. Ils fixeraient mal la mélanine
et on peut donc s’attendre à ce qu’ils aient la peau et les
cheveux très clairs. Si ces êtres existent, ils pourraient être
sensibles aux « coups de soleil ».
L’ouvrage d’Antonio Ribera abonde de détails, donnés par
eux, concernant les différences entre le cerveau des habitants
de la planète Ummo et le nôtre, mais ceux-ci sont trop
techniques pour qu’il en soit fait mention ici.
À propos de leur sang, il existerait une énorme différence
au niveau de la concentration de carboxyhémoglobine : moins
77 %. Leurs cheveux contiendraient un composé qui n’existe
pas chez nous et dont voici la formule :

Je ne suis pas chimiste mais il est possible que cette


simple indication puisse se révéler suffisante pour identifier
l’un de ces êtres, en disposant d’une seule de ses mèches de
cheveux.
L’ensemble de ces données pourrait constituer des
indications en vue d’une identification par autopsie.

1 - Par u en Fr anc e aux Édi ti ons Gal l i mar d, 1 989.

2- Il y a pr ès de 500 phonèmes dans l es tex tes ummi tes, r ec ensés dans son l i v r e par A ntoni o
Ri b er a (Um m o, le langage extraterres tre, édi ti ons du Roc her , 1 991 ).

3- C’est un métal tr ès i ntér essant, à l a f oi s r ési stant et l éger . Sur Ter r e, sa r ar eté l e f ai t
c onsi dér er c omme un matér i au str atégi que et i l est r éser v é à l a c onstr uc ti on des av i ons de c hasse
et des c oques des sous-mar i ns nuc l éai r es.

4- Par ef f et magnétohy dr ody nami que.

5- Toutes l es données astr onomi ques af f ér entes sont pr éc i sées, mai s el l es ne c onsti tuent
pas en el l es-mêmes une pr euv e de l ’authenti c i té de c es tex tes. El l es sont si mpl ement
« astr onomi quement c ohér entes ».
6- Les U mmi tes pr éc i sent qu’i l s peuv ent tr ès b i en dor mi r en pl ei n ai r par une
tempér atur e si b asse qu’el l e ser ai t i nsuppor tab l e pour un Ter r i en. Cependant, sur Ter r e, dans l e
passé, c er tai nes ethni es, c omme l es Fuégi ens (hab i tants de l a Ter r e de Feu, r ac e aujour d’hui
étei nte) pouv ai ent dor mi r sur un sol gel é.

7 - La pr ésenc e de méthane sub c r ustal , d’or i gi ne non b i ol ogi que, n’est pas à ex c l ur e dans
notr e pr opr e pl anète. Cer tai ns spéc i al i stes pensent que c e ty pe de gaz, r el ati v ement ab ondant
dans l es v astes néb ul euses qui donnent nai ssanc e aux étoi l es, pour r ai t av oi r été c aptur é par l a
Ter r e l or s de sa f or mati on et êtr e pr ésent à des pr of ondeur s de quel ques di zai nes de k i l omètr es. Il
pour r ai t se tr ouv er l i b ér é l or s des tr emb l ements de ter r e. Ef f ec ti v ement i l ex i ste de nomb r eux
témoi gnages où son odeur c ar ac tér i sti que aur ai t été per ç ue par des témoi ns, l or s de séi smes.

8- Mai s l es tex tes ummi tes pr éc i sent que c e b omb ar dement n’est pas l a sour c e pr i nc i pal e
des mutati ons et qu’i l a en f ai t en génér al un ef f et tér atogénéti que : l es mutati ons dues à c e ty pe
d’agent sont l e pl us souv ent des monstr es, à toutes l es éc hel l es.

9- En gr os ± 25 % v i s-à-v i s de l a pesanteur ter r estr e.

1 0- Ce qui donne un r y thme sai sonni er 1 ,6 f oi s pl us r api de.

1 1 - Mai s l eur s spéc i al i stes aur ai ent c al c ul é que l e nomb r e d’espèc es v i ab l es, à toutes l es
éc hel l es, c ompati b l es av ec l es di f f ér entes données géophy si ques dans tout l ’uni v er s attei ndr ai t l e
c hi f f r e astr onomi que de 1 0 520 .

1 2- Mai s un v i r us n’est pas une b ac tér i e pr i mi ti v e. C’est un par asi te qui est appar u apr ès
l es pr emi er s êtr es v i v ants autonomes. Le v i r us de l a mosaï que du tab ac , b i en anal y sé par l es
b i ol ogi stes, a l a f or me d’un tub e c onsti tué par un assemb l age de pr otéi nes, en spi r al e, c ette gai ne
ab r i tant l a seul e r ai son d’êtr e du v i r us : son matér i el généti que.

1 3- Les f ossi l es ter r estr es montr e que l a natur e a c onnu des c hoi x v ar i és pour f or mer l es
ai l es. Quel quef oi s c ’est un doi gt qui s’al l onge démesur ément pour c onsti tuer l e r enf or t du b or d
d’attaque de l a v oi l ur e, ai l l eur s c ’est l ’av ant-b r as qui joue c e r ôl e.

1 4- L’i nv enti on n’est pas r éc ente : c er tai ns di nosaur es f ai sai ent de même.

1 5- Il s pr éc i sent que dans un passé pl us r ec ul é i l s mangeai ent av ec de v ér i tab l es gants,


f ai ts d’un matér i au tr anspar ent.

1 6- Dans l es pay s ar ab es, même l or squ’on est f or tuné, i l est de c outume de manger av ec l es
mai ns.

1 7 - Lor sque l e méc anogr aphe espagnol et sa f emme aur ai ent r eç u l es U mmi tes à l eur
domi c i l e, c eux -c i aur ai ent r ef usé d’uti l i ser l es l i ts. Il s se ser ai ent étendus à même l e sol apr ès
av oi r pul v ér i sé une mousse jaunâtr e qui aur ai t di spar u au mati n sans l ai sser de tr ac e. Les
U mmi tes pr éc i sent qu’i l s dor ment tr adi ti onnel l ement à pl at v entr e, c ompl ètement nus. Leur s
« l i ts » ser ai ent des masses de mousse séc r étée par un di sposi ti f en f or me de tor e qui f l otter ai t à
quel que di stanc e du sol , par l év i tati on él ec tr omagnéti que.

1 8- Semb l ab l e à l ’ani mal .

1 9- Cer tai nes c i v i l i sati ons de l ’anti qui té ter r estr e, c omme c el l e des Inc as, attei gni r ent un
ni v eau tec hni que assez i mpor tant (ar c hi tec tur e, opér ati ons c hi r ur gi c al es av ec sutur es) sans
pour c el a av oi r songé à uti l i ser sy stémati quement l a r oue.

20- Dans l a Gr èc e anti que l a b eauté étai t un él ément de séduc ti on en mati èr e de pol i ti que.
Mai s l e c onc ept de b eauté semb l e c hez l ’U mmi te dénué de toute si gni f i c ati on.

21 - Mai s i l est pr éc i sé que « c elles -c i ne s ont ni douloureus es ni dom m ageables pour s on


anatom ie ».

22- Sel on l es doc uments, l ’U mmi te l e pl us âgé, l or s de l a pr emi èr e ex pédi ti on sur Ter r e,
n’aur ai t pas été pas l e c hef du gr oupe.
23- Les c apac i tés des i ndi v i dus, dans tous l es domai nes, ay ant été év al uées av ec pr éc i si on,
l a soc i été ne l ui demander ai t pas pl us que c e qu’i l ser ai t c apab l e de f ai r e. Mai s en r ev anc he i l ne
pour r ai t pas f ai r e moi ns. Le sur doué et l e moi ns doué, dont l es c ontr i b uti ons ser ai ent
néc essai r ement tr ès di ssemb l ab l es, aur ai ent dr oi t au même tr ai tement (dans tous l es sens du
ter me).

24- Par « tr av ai l » i l f aut entendr e par ti c i pati on à l a v i e soc i al e.

25- Du pai n et des jeux .

26- C’est à c e ni v eau que l es di f f ér enc es av ec l ’homme ter r estr e ser ai ent l es pl us ac c usées.

27 - Mai s c omme nous sommes i nc apab l es de c ontr ôl er notr e démogr aphi e pl anétai r e, nous,
i ndi v i dus pr i v i l égi és à tr ès f ai b l e taux de f éc ondi té, c onsi dér ons pl us ou moi ns i nc onsc i emment
que c ette mi sèr e du ti er s monde nous pr otège c ontr e sa démogr aphi e potenti el l ement gal opante.

28- La tec hni que de f i x ati on des i mages aur ai t été f ondée, dès l e dépar t, sur un pr oc édé
él ec tr ostati que assez v oi si n de c el ui qui est uti l i sé dans nos photoc opi euses, et où l e pi gment
aur ai t été c onsti tué par des pol l ens. A ujour d’hui l eur s « photogr aphi es » ser ai ent stér éosc opi ques
et l eur f i x ati on sur un suppor t pl an se f onder ai t sur des tr ansmutati ons et des mani pul ati ons des
mol éc ul es, qui pr odui r ai ent un ef f et de r el i ef « di r ec t », av ec une r ésol uti on c hr omati que et un
pouv oi r sépar ateur angul ai r e ex c édant c el ui de l ’œi l .

29- Dans un de l eur s tex tes l es U mmi tes par l ent d’une ethni e ex tr ater r estr e dont l a
denti ti on ser ai t dépour v ue de mol ai r es (donc c ar nassi èr e ou f r ugi v or e, v oi r e… v ampi r i que).
Chapitre 8
Du lard ou du cochon ?

Le dossier Ummo est immense. Dans cet ouvrage nous


n’avons fait une nouvelle fois qu’entrouvrir quelques dossiers,
pas tous. Le lecteur notera, dans ce qui précède, que je ne
cautionne nullement, a priori, la véracité des contenus des
documents : je me suis contenté de faire une analyse de ces
textes, du point de vue de leur cohérence, sur la base de
quelques connaissances scientifiques. Au stade où nous en
sommes j’aurais envie de lui demander :
– Alors, qu’en pensez-vous ?
Il pourrait aussitôt me retourner la question, en me
disant :
– Croyez-vous que ces documents, que vous exploitez,
émanent réellement d’extraterrestres ?
Je répondrais, comme j’ai toujours répondu : que le verbe
croire ne fait pas partie du vocabulaire du scientifique. En
science, le possible et l’impossible sont des choses mouvantes
au cours du temps. Pour juger, il faudrait disposer de preuves
irréfutables, tangibles. Un scientifique ne peut et ne doit
jamais répondre qu’en fonction d’un savoir donné, des
éléments dont il dispose, en traduisant sa réponse en termes
de probabilités.
Après vingt ans de travail (déjà), je serais tenté de
répondre que la probabilité pour que cette affaire ait
réellement une origine extraterrestre me semble néanmoins
élevée. Les hypothèses développées par certains auteurs,
ufologues ou journalistes : farce montée par des scientifiques,
manipulation issue de services secrets, me semblent
compliquées à défendre.
Ces hypothèses ont été abordées sur un plateau de
télévision de la Cinq. Le journaliste a même tenu à présenter
un dossier où on voyait deux vieux Anglais qui montraient
comment ils avaient fait des « ronds dans les blés » pendant
vingt ans, « pour se distraire ». J’avais répondu :
– Si un jour se présentent les « pépés cosmologistes et
spécialistes de la physique des plasmas » qui me feraient ainsi
courir depuis vingt ans, et s’il s’agissait bien d’une farce de leur
part, je leur tirerais mon chapeau. Mais j’ai peur de ne jamais
les rencontrer.
L’affaire Ummo dure depuis bien longtemps (trente ans).
Elle est trop riche, trop complexe, trop cohérente, malgré la
multiplicité des domaines abordés, pour que l’hypothèse
terrestre s’impose comme une évidence.
D’un simple point de vue scientifique, l’hypothèse
extraterrestre doit être envisagée avec sérieux.
À ce sujet, considérons un argument, que les scientifiques
produisent parfois, et qui mérite d’être analysé. Mon ami le
mathématicien Jean-Marie Souriau l’a repris à son compte lors
d’un débat public auquel j’ai participé durant l’été 1994.
– Le principal obstacle, disait Jean-Marie, qui se dresse
face au problème d’une rencontre entre ethnies issues de deux
systèmes différents est la barrière-temps. En effet il existe des
étoiles d’âge très varié. S’il se trouve, comme nous le pensons,
autour de ces étoiles, des planètes susceptibles d’abriter la vie,
alors celles-ci seraient aussi d’âge très différent. On ne voit pas
comment, dans ces conditions, nous pourrions être synchrones
vis-à-vis de proches voisins, disons à mille ou dix mille ans
près, ce qui reste très bref vis-à-vis de l’âge d’une planète, qui
se chiffre en milliards d’années.
Je lui ai répondu :
– Jean-Marie, connais-tu les mécanismes qui président à
l’apparition et au développement de la vie sur une planète ?
– Non…
– Sais-tu ce qui déclenche l’explosion de la vie sur une
planète et quand ce phénomène se produit ?
– Non plus.
– Alors, sur quoi fondes-tu ton calcul de probabilité ?
Souriau n’avait su quoi répondre.
Certains pensent que si des êtres nous visitent, ceux-ci
pourraient, étant donné l’état avancé de leur évolution, n’avoir
plus forme humaine. Ce que les témoins disent avoir vu :
soucoupes, pilotes humanoïdes, ne seraient que des leurres,
des robots. Les textes ummites eux-mêmes pourraient avoir
été fabriqués dans la même optique par d’authentiques
extraterrestres, non humains. C’est une possibilité que je
n’exclus pas a priori.
Effectivement, ce qui étonne, c’est que des parties de ce
message soient intelligibles, exploitables. On peut hasarder
l’hypothèse la plus simple, au cas où ces Ummites existeraient
vraiment : qu’ils soient réellement comme ils se décrivent,
qu’ils habitent une planète plate comme la main, etc.
Les textes indiquent que, sur le simple plan de la
technologie, l’avance des Ummites par rapport à nous
représenterait quatre siècles terrestres. C’est peu. Si nous
étions confrontés à nos ancêtres de cette époque, nous les
surprendrions peut-être beaucoup, mais nous aurions des tas
de choses à nous dire. Cette distance est faible. Cela dit, en
considérant notre état technologique actuel on peut se dire
qu’en quatre cents ans, on peut faire du chemin et découvrir
pas mal de choses.
Quinze années-lumière est une distance ridicule,
comparée au diamètre de notre galaxie, qui est de cent mille
années-lumière. Or, si on en croit leurs écrits, les Ummites
nous disent que nous aurions plein de petits copains à
proximité, dans un rayon de moins de cent cinquante années-
lumière (le millième du diamètre de notre galaxie). Il y en
aurait des plus avancés que nous, des moins avancés, qui
barboteraient encore dans des marais, avec des doubles
paupières et de la peau écailleuse1 . Beaucoup de voisins des
Ummites auraient une science et une technologie similaires à
la leur.
S’il en est ainsi, c’est qu’une grande horloge cosmique
réglerait l’évolution du vivant sur les planètes, que nous ne
connaîtrions pas. Mais nous restons assez ignorants des choses
du ciel : nous ne savons même pas pourquoi nous sommes là et
à quoi nous servons.
Comment, me direz-vous, le cosmos pourrait-il contrôler
le timing de la vie sur une planète ?
Vous savez à quoi sert un réfrigérateur ? Quand on
refroidit des aliments, on ralentit les réactions chimiques de
décomposition. En principe, plus on refroidit et plus on gèle les
réactions biochimiques. Des mammouths ont pu ainsi être
consommés par des chiens, dans la taïga russe, des dizaines de
milliers d’années après avoir été pris dans les glaces. Donc, en
principe, plus on baisse la température et plus on ralentit les
réactions chimiques, au point de les stopper totalement.
Mais cela n’est pas tout à fait vrai : des chercheurs russes
ont montré que certaines réactions chimiques, qu’on peut
stopper en abaissant la température, repartent tout d’un coup
en dessous d’un certain seuil, vers quelques degrés Kelvin
(donc dans des conditions très voisines du zéro absolu) par
« effet tunnel2. »
Supposons alors, en faisant nôtre la vieille théorie de la
« panspermie » (ni plus bête, ni moins bête qu’une autre :
nous ne savons pratiquement rien des origines de la vie,
puisque nous n’avons jamais été capables de la recréer en
laboratoire), qu’une réaction chimique clé, verrou de la
naissance de la vie, ne puisse se produire, disons, qu’en
dessous de 7° absolus, dans le grand vide intersidéral.
Tant que le rayonnement cosmologique aurait une
température supérieure, cette réaction clé ne pourrait
démarrer et tout resterait en stand by : les autres molécules,
prêtes à s’assembler, les planètes, prêtes à recevoir ces
éléments prébiotiques, etc.
Il y aurait des planètes d’âge très différent. Mais cette
contrainte ferait que le « top départ » ne pourrait avoir été
donné qu’il y a 4 milliards et demi d’années (précisément
lorsque, dans tout l’univers, la température du fond de
rayonnement serait descendue en dessous de ce seuil
hypothétique).
Ce thème de l’inhibition de certains processus à l’échelle
de l’univers entier ne concerne pas que le vivant. Ce même
rayonnement cosmologique, tant que la température du four
cosmique ne descend pas en dessous de 3 000° (en
maintenant l’hydrogène à l’état ionisé) empêche toute
condensation de matière3. C’est aussi ce rayonnement
primordial qui inhibe le démarrage des réactions nucléaires
dans les proto-étoiles, à travers tout l’univers et non dans telle
ou telle galaxie. Certains phénomènes sont globaux et non
locaux.
Pourquoi la vie, que nous connaissons si mal, ne serait-elle
pas rythmée par quelque chose qui pour l’instant nous
échappe ?
Je ne prétends pas détenir la vérité, ou la solution, mais
simplement inciter les scientifiques à garder une attitude
prudente en toute chose, en ne concluant pas à la hâte, tel
l’académicien Evry Schatzman, il y a vingt ans. Nous sommes
face à un phénomène qui nous interpelle, le phénomène ovni.
Étudions-le sans a priori et sans tirer sans cesse de conclusions
hâtives.

S’ils existent, qui sont ces gens ?


– Tu sais, j’ai passé quelques semaines à relire les
documents. Une chose semble se dégager.
– Laquelle ?
Jean-Jacques Pastor paraissait avoir découvert quelque
chose.
– Supposons que ces types soient effectivement des
extraterrestres. Ils pourraient donner des tas d’informations
les concernant, mais dans une certaine limite, dans la mesure
où cela ne compromettrait pas leur sécurité.
– Oui, je me souviens. Les textes mentionnaient
l’existence d’une tache pigmentée.
– Je pense qu’il s’agit d’une espèce de mœurs nocturnes,
d’une espèce nyctalope4.
– Pourquoi ?
– Il y a de nombreux indices. Même le plus malin des
extraterrestres peut faire des erreurs, laisser filtrer des
informations par inadvertance. Je me suis replongé dans leur
prose. Les Ummites disent par exemple que leurs villes
s’animent à la tombée de la nuit et que c’est à ce moment-là
que leurs maisons sortent de terre, sur leur pédoncule.
– Oui, ça, je me souviens.
– Or, sortir leurs maisons de leurs logements équivaut,
pour eux, à ouvrir les volets. Ça ne cadre pas avec des mœurs
diurnes. Il y a des tas d’autres choses du même genre. Quand
ils parlent de leurs horaires, ils se plantent plusieurs fois. Il me
paraît de plus en plus évident que ce sont des gens qui
s’activent la nuit et qui dorment le jour. Rappelle-toi ce texte
datant de 1967 où ils évoquaient ce produit qu’ils pulvérisaient
sur leur cornée et qui fonçait à la lumière du jour. À cette
époque les lunettes de soleil de ce genre n’avaient pas encore
été inventées, il me semble.
– Des êtres qui auraient des mœurs nocturnes devraient
être ainsi équipés, pour ne pas être éblouis. Cela cadrerait en
outre avec deux sens qui seraient chez ces individus très
développés : l’olfaction et la sensibilité à l’infrarouge. Par
contre la vision resterait pour eux un sens assez secondaire.
D’où cette totale absence de sens de l’esthétique.
– Certes : on voit mal une taupe réagissant devant un
tableau de Rembrandt.
Jean-Jacques arpentait son salon de Digne, tel Sherlock
Holmes, en lissant sa moustache. Cela devenait passionnant.
– Tu sais, en outre, qu’ils disent qu’ils ne fixent pas la
mélanine, que leur peau est blanche.
– Une espèce nocturne n’a pas besoin de bronzer.
– Reprends les textes sur l’habitat et sur leur histoire. La
promiscuité ne les gêne guère. Dans un passé ancien ce sont
des humains qui vivaient entassés par centaines dans des
terriers.
– Dans ces conditions la vision ne serait guère utile, du
moins dans la gamme du visible, pas plus que la voix. On ne
joue pas les Caruso dans des couloirs. L’olfaction aurait été
plus utile pour retrouver son chemin dans des galeries, de
même que la sensibilité à l’infrarouge. Ce sens pourrait
d’ailleurs avoir été accentué par manipulation génétique, ou
par sélection. Cela n’est pas absurde a priori.
– Mais c’est une chose qu’ils devaient cacher à tout prix.
Une odeur, ça se masque. Une peau, ça peut se tatouer, des
cheveux, cela peut se teindre et même s’implanter. Mais va
donc modifier la structure d’une rétine !
– Dans un aéroport on coincerait en cinq minutes un type
qui posséderait une prothèse cornéenne. Il suffirait de lui faire
un « fond de l’œil ».
– Il me semble.
Pastor commençait à voir les choses sous un angle tout à
fait nouveau.
– Mais pourquoi une espèce humaine, puisque ces
Ummites disent qu’ils seraient des êtres humains, se serait-
elle développée la nuit et non le jour ? demandais-je.
– Pourquoi la chouette est-elle nocturne et l’épervier
diurne ?
Ces choses-là sont liées aux conditions de vie. L’homme
primitif n’était après tout qu’un petit prédateur minable, un
charognard. Sur Terre, l’Homo sapiens aurait très bien pu
dériver d’une espèce nocturne et cela ne l’aurait nullement
empêché de développer une technologie, d’avoir une histoire.
– On peut remarquer qu’il y a des régions du globe où la
vie diurne est pratiquement inexistante. Dans les déserts, par
exemple. Au Kenya on travaille la nuit. Le jour, les lions
somnolent. Les touristes doivent se lever aux aurores pour
voir les fauves chasser. Le matin, la plupart des animaux
rentrent du boulot. À la tombée du jour, ils partent travailler.
Jean-Jacques poursuivait le fil de ses idées, en continuant
de parcourir la pièce de long en large.
– J’ai repensé à une chose. Tu sais que sur Ummo, la
punition suprême est la nudité. Selon les textes, c’est ce que
les ressortissants de cette planète semblent avoir le plus de
mal à supporter.
– Paradoxal, puisque les textes indiquent que sur cette
planète le sentiment de pudeur est inconnu.
– La pudeur est un sentiment d’espèce diurne. Tu ne vas
pas mettre un cache-sexe à une taupe. Par contre, que faisait-
on, dans le temps, chez nous, pour punir un galopin ?
– On le mettait au coin, on lui mettait un bonnet d’âne ?
– Mais non, on le mettait au cabinet noir !
– Pourquoi cela serait-il alors ressenti comme une
punition ?
– Cela priverait l’Ummite de son repère le plus
important : la vision. Son espace vital s’en trouverait aussi
réduit.
– Tu veux dire que sur cette planète, quand on voudrait
punir quelqu’un, on le mettrait au contraire en pleine
lumière ?
– Exactement. Dans nos civilisations, quand on veut
exclure quelqu’un de sa tribu, on l’enferme, on le met au
cachot. Sur Ummo, quand on voudrait exclure un type, on le
mettrait… dehors, en plein lumière. On le virerait du terrier.
– Les documents disent que les condamnés seraient dans
des cages transparentes.
– Cela aurait à mon avis deux fonctions. Primo, ceux-ci
recevraient de plein fouet la lumière du jour, vis-à-vis de
laquelle ils n’auraient aucune protection. Il est même possible
que leur épiderme ait développé un phototropisme négatif, et
qu’ils craignent carrément la lumière. Ils ne supporteraient
par exemple pas l’ultraviolet. Secundo, la cage transparente
les priverait des deux informations qui sont pour eux
essentielles : l’infrarouge et l’olfaction.
– Pour nous vient d’abord la vision, puis l’audition, enfin le
toucher. L’obscurité plus le silence, c’est stressant.
– Pour l’Ummite, le stress maximal serait la lumière que
nous nommons « visible », plus la privation d’informations
olfactives et infrarouges.
Les textes insistent sur la similitude morphologique entre
l’être humain et l’habitant de la planète Ummo. La théorie de
Jean-Jacques débouchait sur d’autres perspectives et il était
passionné par son sujet.
– Tu sais, on se fait des tas d’idées sur ce à quoi
pourraient ressembler des extraterrestres humanoïdes.
Primo, on a déjà sur Terre des échantillons de ce que la nature
peut produire, par exemple vis-à-vis de la taille.
– Recense ensuite toutes les bizarreries que nous
nommons ici tératologiques, mais qui dans d’autres biotopes,
d’autres conditions géophysiques, pourraient s’imposer
comme normales.
– Exact. Il y a eu des êtres humains recouverts de poils,
totalement ou partiellement. D’autres n’avaient au contraire
pas la moindre pilosité. D’autres encore avaient des écailles,
comme les serpents, sur certaines parties de leur corps. Des
types avec un sacrum hypertrophié, une queue, ont vécu tout
à fait normalement. Les albinos sont effectivement dépourvus
de mélanine.
– Si nous débarquions sur cette planète et si nous
pouvions voir ces gens dans leur milieu naturel, nous
tomberions peut-être sur une population d’albinos.
– Je crois que si on allait faire un tour sur d’autres
planètes, on aurait des surprises. Finalement, nous devrions
peut-être accorder plus d’attention aux récits des rencontres
du troisième type.
– Pense à la première histoire de ce genre, dans le
Kentucky, en 1955, aux États-Unis.
– Là où une famille de fermiers disait avoir été assaillie
toute une nuit par des petits bonshommes dotés d’énormes
oreilles ?
– Oui.
– Tu veux dire qu’il pourrait exister une sorte d’espèce
humaine extraterrestre, dotée d’oreilles immenses. Mais pour
quoi faire ?
– Les extraterrestres, s’ils nous visitent, déboulent
toujours chez nous la nuit. Soit ils chercheraient à passer
inaperçus, soit ce seraient tous des nocturnes.
– Si nous, Terriens, débarquions sur une planète, avant
de partir en exploration, on attendrait que le jour se lève. Pour
des nocturnes, ce serait l’inverse. Mais alors, cela pourrait
signifier que…
– Que nous serions, en tant qu’espèce humaine diurne,
une exception.
– Ça promet !
– Pense aux Ummites. Quand ils appellent, c’est toujours
vers 3 heures du matin.
– Tu suggérerais qu’ils appellent simplement « aux
heures de bureau » ? Mais quid du gars de tout à l’heure, avec
ses grandes oreilles ?
– Dans les espèces animales développées, il y a des tas de
variantes. Un loup, une souris peuvent être considérés comme
des représentants d’une espèce relativement développée. Or il
existe (pour la souris) et il a existé (pour le loup5) deux
v ar iant es, l’une mammifère placentaire et l’autre non
placentaire6. Les humains constituent une espèce mammifère
placentaire. Les femmes ont un utérus, un vagin et des seins.
Mais on pourrait très bien imaginer qu’il existe quelque part,
sur une autre planète, une espèce humaine marsupiale, où les
femmes trimbaleraient leur fœtus dans une poche et où celui-
ci, après un temps de gestation très court, serait allaité par du
lait qui suinterait le long de poils, à l’intérieur de la poche,
comme chez les kangourous.
– Bref, sur une telle planète, un représentant en soutien-
gorge n’aurait aucun succès.
– Si on reprend l’histoire de la créature aux longues
oreilles, on peut se demander, si ce témoignage est
authentique, si celle-ci, de mœurs nocturnes, n’aurait pas opté
pour un système de perception style chauve-souris.
– Quelle horreur !
– Ce qui est plus extraordinaire encore, c’est d’imaginer la
façon dont ces êtres nous percevraient.
– Que veux-tu dire ?
– Le réel aurait pour ces êtres un aspect totalement
différent. Tout ce qui réfléchirait les ultrasons serait « blanc »
et tout ce qui les absorberait serait « noir ». Ils verraient le
monde comme des cambrioleurs qui éclairent un décor avec
une lampe torche. Quand un de leurs copains approcherait, ils
« verraient la lumière de sa lampe torche », ou le reflet de
celle-ci sur les objets, c’est-à-dire qu’ils recevraient sa propre
émission ultrasonore, ou sa réflexion sur des obstacles. La
fraction du spectre absorbée se traduirait pour eux par une
« couleur », qui est une impression par essence subjective. De
plus ces « couleurs » seraient altérées par l’effet Doppler. Ce
qui s’approcherait tirerait vers le « violet », alors que ce qui
s’éloignerait glisserait vers le « rouge ».
– Ces gens percevraient non seulement la position des
objets, mais aussi leur vitesse, en temps réel. Donc leurs
schémas mentaux seraient incroyablement différents des
nôtres.
– Mais tu oublies une chose : ils pourraient voir à
l’intérieur de nos corps.
– Comment cela ?
– L’échographie, ça ne te dit rien ?
– Ouah ! Ces être verraient notre squelette à travers nos
masses de chair. Ils sauraient si notre estomac est plein ou
vide. Ils verraient les bébés dans le ventre des femmes
enceintes !
– Fantastique !
– Finalement, ces différences sont peu de chose en regard
des architectures mentales qui en découleraient. Si un jour il
nous était donné de rencontrer, en chair et en os, ces fameux
Ummites, s’ils existent, ce qui nous déconcerterait le plus n’est
pas leur aspect extérieur, mais ce qu’ils auraient dans la tête…
– Que veux-tu dire par là ?
– Que leur « soft » pourrait se révéler beaucoup
déconcertant que leur « hard ». Les structures mentales
d’êtres humains nyctalopes ne se développeraient pas
nécessairement comme les nôtres. Il pourrait y avoir des
différences phénoménales. Plus je lis leurs textes et plus j’en
suis convaincu : si ces êtres existaient, ils n’auraient pas de
vraie personnalité, au sens où nous l’entendons. À mon avis
nous pourrions être face à un être collectif, qui serait plus
comparable à une termitière qu’à une communauté humaine.
Leur sensibilité, s’ils en ont une, pourrait être totalement
différente de la nôtre. Ils disent qu’ils se séparent très tôt de
leur progéniture et qu’ils perdent alors tout contact avec elle.
C’est un comportement plus proche de l’animal que de
l’humain. Une chatte, dès que ses petits sont capables de se
débrouiller par eux-mêmes, cesse de s’y intéresser. Elle a fait
son travail de génitrice, c’est tout.
– Tu veux dire qu’il n’y aurait pas de liens familiaux sur
cette planète ?
– Les liens familiaux sont déjà très différents d’une ethnie
à l’autre, chez nous. Il y a beaucoup de tribus africaines où la
famille s’efface presque totalement devant l’appartenance
clanique.
– Ce que tu veux dire, c’est qu’il en serait de même sur
cette planète, sauf que le clan compterait alors 2 milliards
d’âmes.
– Mais le sentiment collectif serait tout aussi intense.
Staline a dit un jour : « Un mort, cela m’émeut. Un million de
morts, c’est de la statistique. » À l’opposé, un Ummite dirait
« Un million de morts, cela m’émeut, un mort c’est du détail. »
– Bref il s’agirait d’un monde parfaitement totalitaire.
– Totalitaire, moins les inégalités. C’est le Meilleur des
mondes, mais sans distinctions sociales7 .

Une symbiose homme-machine


Les textes abondent en détails concernant la structure
sociale de cette hypothétique planète. Historiquement, celle-ci
aurait connu une phase paroxystique, où une femme aurait
exercé un pouvoir absolu sur des centaines de millions d’êtres
humains. Ce régime dictatorial aurait été particulièrement
atroce, laissant loin derrière ce que nous avons pu connaître
sur Terre. Les Ummites se seraient finalement débarrassés de
ce tyran en l’assassinant. Puis une réflexion globale se serait
amorcée, pour tenter de jeter les bases d’une société plus
juste, d’une société « idéale », optimale. Les habitants de la
planète Ummo auraient alors pris des mesures extrêmes. Ils
auraient séparé les enfants de leurs « géniteurs », dès le plus
jeune âge, pour les soustraire à toute « contamination
idéologique ». Ils auraient ensuite mis en place un système
social hyper-organisé, qui puisse déboucher sur quelque chose
d’enfin stable, harmonieux à leurs yeux.
En faisant la synthèse du système évoqué dans ces textes,
plusieurs idées semblent se dégager.
– Ces gens s’estimeraient capables d’évaluer les individus
en analysant leurs cerveaux, neurone par neurone, connexion
synaptique par connexion synaptique, avec « un haut niveau
de fiabilité ».
– Ils auraient développé, à l’aide d’une « logique
tétravalente », une intelligence artificielle extrêmement
performante, autonome, qui n’aurait strictement rien à voir
avec ce que nous sommes actuellement capables de faire.
– Ils penseraient avoir découvert la fonction de l’homme
dans l’univers8 et les « lois morales » du cosmos.
Le mélange de ces trois concepts donnerait alors une
mixture redoutable. En effet la gestion de la planète pourrait
dans ces conditions être entièrement confiée à un ordinateur,
« capable de s’autoprogrammer », c’est-à-dire, stricto sensu,
intelligent. Ces êtres, s’ils existent, auraient sous-traité la
« fonction intelligence », de même que nous avons sous-traité
nombre de nos facultés à l’aide de notre technologie. Cela fait
déjà bien longtemps que nous ne marchons plus, ou dans de
rares occasions, pour nous rendre d’une automobile à un
ascenseur, ou vice versa.
Le visionnaire Kubrik, dans 2001, avait évoqué un
ordinateur intelligent, Hal, qui, à la fin du film, se mettait à
dérailler. Percevant les membres de l’équipage comme des
entraves à sa mission, il tentait de les éliminer l’un après
l’autre. Ce risque serait en principe jugulé dans le Xanmoo, le
super-ordinateur évoqué dans les documents ummites,
puisque celui-ci contiendrait les « lois morales » (selon
lesquelles l’homme est fondamentalement nécessaire pour
l’évolution normale d’une planète).
Quand on analyse tous les textes, on voit se dessiner une
vision à côté de laquelle celle de Huxley, dans son Meilleur des
mondes, ressemble à une nouvelle écrite par un collégien. Sur
Ummo l’ordinateur gérerait tout : la démographie, la
procréation, la justice. On a vu plus haut que la maîtrise
technologique aurait fait disparaître toute intervention
manuelle, dans quoi que ce soit. Le concept de travail perdrait
toute signification. Les problèmes des matières premières, de
l’énergie et des déchets n’existeraient plus. Les problèmes
économiques non plus.
Que fait l’habitant d’un tel Éden technologique ? Il joue au
tennis ? Non, puisqu’il est incapable de se servir de ses mains.
Il se livrerait, selon les documents, à des activités méditatives,
que l’on pourrait qualifier de transcendantes (les seules que la
machine ne serait pas capable d’assumer). L’habitant de
Ummo informerait le psychisme collectif planétaire en continu.
Ce serait son seul boulot. Les machines s’occuperaient du
reste. Si on voulait comparer les êtres vivants à la surface
d’une planète à des cellules, l’être humain en tant que tel, sur
cette planète Ummo, serait parvenu au stade ultime de son
développement. Il se comporterait comme un « neurone », un
système de captation et de transfert d’information.
Un individu habitant une telle planète pourrait-il ressentir
une forme de révolte face à un tel système ? Non, dans la
mesure où cette machinerie, qui représenterait une véritable
symbiose homme-ordinateur, aurait contrôlé sa propre
évolution, pour éviter toute révolte. Elle serait
merveilleusement autostable. On pense au principe énoncé par
Sa Forderie, dans Le Meilleur des mondes :

Identité = stabilité

Imparable : on ne peut pas se révolter contre soi-même.


Sur cette planète, l’éducation se fonderait sur un
conditionnement très serré, dès le plus jeune âge. Ces êtres
seraient totalement endoctrinés, standards, passés au moule.
Toute déviance serait immédiatement détectée et traitée. Les
textes montrent clairement que le lavage de cerveau serait
opéré non seulement par le langage, mais de manière concrète,
« en agissant sur les formations amygdaliennes de
l’encéphale ». Au fil de sa croissance, l’Ummite garderait ainsi
un cerveau parfaitement clean. Les déviants incurables
seraient d’ailleurs déchus de leur statut d’êtres humains et
traités comme des cobayes : celui qui ne serait pas « comme
tout le monde » ne mériterait pas le statut d’être humain.
L’enseignement porterait sur une connaissance rationnelle des
choses de l’univers. La culture ummite, par rapport au sens
que nous donnons à ce nom, n’existerait tout simplement pas.
Si ces êtres existent, ces principes seraient vécus par eux
comme des choses naturelles. Pourquoi tenter de se révolter
contre l’intérêt collectif, qui prime toute chose ? Cela
équivaudrait à se révolter contre soi-même.
Tout cela ne serait tolérable que si on ne possède ni
imagination, ni véritable personnalité. Si on se fonde sur le
contenu des textes, la marge de manœuvre des
expéditionnaires, ou des ressortissants de la planète, ne
laissait guère de place à l’initiative ou à l’imagination
personnelle. Avant l’apparition d’ordinateurs « capables de
s’autoprogrammer », selon les textes, le progrès des
connaissances aurait été sur cette planète beaucoup plus lent
que sur Terre. Pourquoi ? Parce que les Ummites,
essentiellement pragmatiques, ne posséderaient pas nos
capacités imaginatives. Les machines, qu’ils auraient inventées
au fil de leur histoire technologique, auraient possédé très vite
des capacités supérieures aux leurs.
Ne rions pas. Qui s’amuserait, de nos jours, à rivaliser
avec un robot-usineur, pour tailler une pièce ?
Quel portraitiste serait assez fou pour se mesurer avec un
appareil photographique ?
Qui chercherait à calculer plus vite qu’un ordinateur ?
Bien sûr, il est bien difficile d’imaginer un ordinateur doté
d’une intelligence réellement autonome. Je pense connaître
assez bien le domaine de l’intelligence artificielle, ayant conçu
et commercialisé des programmes de conception assistée par
ordinateur et construit un programme de jeu d’échecs. Dans ce
domaine, nous savons maintenant programmer un ordinateur
en lui donnant une masse de séquences comportementales
pré-engrammées, qu’il peut activer en les incorporant dans
son programme (à la manière dont une cellule active ses
« gènes dormants »). Mais il serait incapable de les concevoir
ex nihilo, par lui-même. Ces machines ne sont pas autonomes.
On peut au demeurant parfaitement concevoir que des
ordinateurs puissent un jour le devenir, au prix d’un saut
conceptuel important 9.
Quelle définition peut-on donner de l’intelligence ? Elle
comporte une part de stratégie. L’être intelligent sait adapter,
modifier son comportement dans un but précis. En ce sens les
programmes de jeu d’échecs possèdent, de manière très
primitive, cet attribut mental.
Un second attribut est la créativité. C’est le pendant de la
faculté d’analyse. Le créatif sait, à partir de la masse de
données qu’il a captées, inventer un modèle interprétatif du
phénomène dont il est témoin, éventuellement à caractère
prédictif. Les ordinateurs, sur cette planète Ummo, auraient
atteint un tel stade. Cela expliquerait la faiblesse de l’effectif
du corps expéditionnaire (de 4 à 20 individus, 16 aujourd’hui)
pendant les trente années écoulées. Ce ne seraient pas ces
expéditionnaires qui auraient « compris » comment fonctionne
la Terre (notre biotope, plus l’ensemble de notre réseau social
planétaire), mais… leurs ordinateurs.
Les documents indiquent avec quelle rapidité le corps
expéditionnaire a été à même de décoder les langages terriens.
Comment une poignée d’individus aurait-elle pu mener à bien
un tel travail en aussi peu de temps, à moins de posséder des
« super-cerveaux » ? On peut hasarder une hypothèse :
l’ordinateur aurait lui-même effectué ce travail de saisie des
données linguistiques, d’interprétation et de décodage. Les
expéditionnaires se seraient contentés, pendant trente années,
de mettre en place des systèmes de captation de données, de
manière à alimenter leur fantastique machine à comprendre.
Comme on le verra plus loin, tous les gens impliqués dans
cette affaire Ummo semblent suivis en permanence (« à
travers leurs verbalisations et leurs écrits »). Si ces Ummites
existaient vraiment, ils devraient nécessairement, pour suivre
en continu l’évolution de notre Terre, capter tout ce qui se
passe au jour le jour dans toutes les chancelleries et
laboratoires de la planète. On voit mal comment tout ceci
pourrait être assuré et géré par 16 personnes. L’hypothèse qui
vient alors à l’idée est que tout serait saisi en temps réel par
un système d’intelligence artificielle, capable de
« s’autoprogrammer », qui décoderait ce qu’il engrange (de
manière alors parfois assez fantaisiste).
Le Terrien possède un imaginaire puissant, qui lui permet
de se projeter dans l’avenir le plus lointain. Celui-ci est basé
sur ses structures mentales inconscientes. L’intuitif est celui
qui « réfléchit sans s’en rendre compte ». L’homme terrestre
est à la fois rationnel et irrationnel. Sur certains plans, c’est un
handicap certain. Mais du point de vue imagination, c’est
r edout able. Cela permet de transgresser, d’envisager
l’impensable, l’impossible, le « vrai et faux », le paradoxal, bref
l’irrationnel. Pas mal de grandes découvertes ont été faites par
des hommes qui avaient emprunté des voies « déraisonnables,
absurdes, illogiques ».
En matière de recherche, la rationalité est indispensable
pour marquer les points. Mais les idées, on les trouve en
général ailleurs. Ce qui n’empêchera pas, plus tard, que ces
nouvelles idées puissent être à leur tour insérées dans un
paradigme étendu, dans une « nouvelle rationalité » où elles
deviendront alors de nouvelles « évidences logiques ».
S’il existe, l’Ummite ne semble pas posséder
d’inconscient. Ce serait un être « totalement rationnel ».
Jamais, sur cette hypothétique planète, ne se seraient, selon
les textes, manifestés les phénomènes que nous appelons art
et religion. Dans cette planète Ummo, même les conceptions
métaphysiques auraient des bases concrètes, rationnelles,
tangibles. La croyance n’y aurait pas droit de cité. Le
psychisme se… mesurerait !
Notre inconscient de Terriens nous donne une imagination
exceptionnelle, mais nous permet également d’héberger les
engrammes de peurs ancestrales, celles-là mêmes qui font que
les scientifiques, les politiques et les militaires ont si peur du
phénomène ovni, même s’ils n’en sont pas conscients.
Vis-à-vis du progrès des connaissances, il y a là du bon et
du mauvais. Les textes disent que le Terrien éprouverait une
peur inconsciente vis-à-vis de la connaissance, qui freinerait
son développement. L’habitant de Ummo ne subirait pas cette
contrainte, puisqu’il n’aurait pas d’inconscient. En revanche
son imaginaire serait… inexistant. Il ne penserait pas plus loin
que le bout de son nez, ce qui constituerait quand même une
sorte de handicap. Les documents stipulent que le progrès des
connaissances, bien que fondamentalement rationnel, aurait
été beaucoup plus lent que sur Terre. Être irrationnel peut
avoir du bon.
Pour pallier cette carence imaginative, les habitants de la
planète Ummo se seraient tout simplement dotés d’un
imaginaire artificiel1 0.
Vous trouvez cela fou ? Vous avez tort. Que croyez-vous
que fait le compositeur Xénakis lors qu’il utilise un ordinateur
pour créer de la musique aléatoire ? Il simule la créativité
musicale.
L’homme a créé une fantastique machinerie créative dont
il est devenu prisonnier sans le savoir : sa médiasphère avec le
redoutable système de l’audimat. À travers ce bouclage, cette
machinerie est devenue autonome. Par exemple : elle sécrète
de la violence en image, modèle les esprits, qui en
redemandent. D’où un feed-back redoutable. Les gens
d’images s’imaginent qu’ils utilisent cet outil de
« communication », alors qu’en fait ils n’en sont plus que les
rouages.
Notre médiasphère n’est contrôlée par aucun système de
lois morales internes. Vous cherchiez une « machine
autonome », je vous en montre une. Il y en a d’autres.
Que ferait l’habitant de Ummo lorsqu’il serait confronté à
une situation donnée ? Selon les textes, il consulterait
immédiatement son ordinateur de poche, relié au système
central planétaire, au « Xanmoo », pour que celui-ci lui
suggère une conduite à tenir.
– Dois-je porter mon choix sur cette femme-là ? Notre
union va-t-elle dans le sens de l’amélioration du patrimoine
génétique ? Comment fonctionne cette planète ? Quels sont les
risques de guerre nucléaire à l’instant ? Saddam Hussein
attaquera-t-il le Koweit ? Quelle est le coefficient d’intelligence
abstraite de Jean-Pierre Petit ? Quelle chance y a-t-il de
tomber sur un Terrien qui réussisse à utiliser les données que
nous dispersons à travers cet astre froid ?
Pour chaque question, la machine fournirait une réponse
chiffrée, précise : 27 %, 2,9.106, et un éventail de suggestions,
assorti de probabilités de réussites.
Ne nous leurrons pas. Si cette affaire n’est pas la plus
fantastique blague de l’histoire humaine, la plus coûteuse, la
plus sophistiquée et la plus absurde, alors nous ne sommes pas
face à une autre espèce humaine, mais à un… ordinateur,
auquel on a dévolu la tâche de nous comprendre et de nous
gérer.

1 - N e haussez pas l es épaul es : l a peau éc ai l l euse f ai t par ti e des mutati ons c l assi ques des
« monstr es » ter r estr es.

2- U ne des mul ti pl es di ab l er i es de l a méc ani que quanti que.

3- Pour c ompr endr e c ec i pr éc i sément, l i r e ma BD Mille Milliards de s oleils , Édi ti ons Bel i n.

4- Qui v oi t l a nui t.

5- Le l oup mar supi al , ou thy l ac i ne, de N ouv el l e-Zél ande, s’est étei nt au déb ut du si èc l e.

6- Le pl ac enta est une i nv enti on de l a natur e qui ser t d’« i nter f ac e » entr e l a mèr e et son
f œtus.

7 - Dans l e monde i magi né par Hux l ey , l ’humani té ser ai t c onsti tuée d’« al pha pl us » (l es
« i ntel l os ») et de « b éta moi ns » (l es OS).

8- Dont i l ser a questi on dans un pr oc hai n ouv r age.

9- Les U mmi tes pr éc i sent que c e saut c onc eptuel i mpl i que l e passage d’une l ogi que
di v al ente à une l ogi que tétr av al ente (que nous nous ef f or ç ons de dév el opper en c e moment).

1 0- La l ogi que tétr av al ente, dont l es quatr e pr oposi ti ons sont « v r ai -v r ai », « f aux -v r ai »,
« f aux -f aux » et « v r ai -f aux », est, en soi , un « si mul ateur d’i nc onsc i ent ».
Chapitre 9
Sur le fichier

J’avais été évidemment étonné, pendant quinze années,


étant donné les efforts méritoires que j’avais déployés pour la
compréhension de ce dossier, que les auteurs de ce document,
quels qu’ils soient, ne se soient pas mis directement en contact
avec moi. Périodiquement je devais aller à la source espagnole.
Rafael Farriols recevait de temps en temps des courriers où
mes travaux se trouvaient mentionnés et parfois commentés.
Mais pourquoi, me disais-je, ces gens ne m’écrivent-ils pas,
alors qu’ils ont souvent envoyé des messages aux Espagnols
qui ont montré quelque intérêt pour cette affaire ?
Les textes ummites sont une belle machine à penser. Ils
ont suscité nombre de travaux scientifiques de valeur. Depuis
vingt ans, sans préjuger de l’origine exacte de ces textes, nous
avons tenté de discerner leur logique sous-jacente. Des
documents reçus ultérieurement ont semblé fournir un début
d’explication. Selon leurs auteurs… tous ces textes n’auraient
pas été conçus pour être compris, et encore moins exploités
scientifiquement !
La lettre que je reçus en 1992 de Ryad, et qui figure à la
fin de l’ouvrage, témoigne d’une certaine perplexité. Suivant
mes efforts et travaux depuis le début, les auteurs des
documents y avouaient leur surprise d’être tombés sur un
Terrien particulièrement têtu et perspicace, apparemment
plus doué que la moyenne de ses congénères.
En 1988, il y avait eu cette étrange nuit, à l’hôtel Sandvy
de Madrid, contée dans Enquête sur des extraterrestres…,
sous le titre de « Souvenir ou rêve ». Bien sûr, ça n’est qu’un
témoignage. Nous n’avons aucune preuve que cela se soit
réellement produit. Dans cette lettre de 1992 les auteurs
disent en clair qu’ils avaient « passé mon cerveau au scanner »
pour étudier une architecture encéphalique qui apparemment
les déroutait passablement.
Je reçus une première lettre en 1990, en français,
adressée à mon domicile. Ses auteurs se contentaient de
donner des commentaires sur un ouvrage que je venais de
publier. Dès que j’avais été mis en contact avec les textes
ummites, j’avais été très intrigué par l’évocation d’une
« logique tétravalente », sans équivalent terrestre.
À l’automne 1992 je trouvais enfin le premier angle
d’attaque de cet édifice logique1 . Alors le « réseau ummite »
réagit avec une rapidité tout à fait surprenante. Quelques
jours plus tard, je reçus une lettre de Ryad. Elle évoquait, en
clair, les travaux que je poursuivais à l’époque dans ce
domaine. Ce qui m’étonna tout de suite, c’est que personne
n’en connaissait l’existence, à part… mon ordinateur
Macintosh, mon seul confident en la matière. Je précise tout de
suite qu’à l’époque ma machine n’était connectée à aucun
réseau à travers un modem (elle ne l’est toujours pas
d’ailleurs).
Je savais très bien que j’avais mis le doigt sur quelque
chose d’essentiel en matière de logique. Les indications
données dans la lettre étaient d’ailleurs directement liées à ces
travaux, et avaient un sens pour moi.
Aussi je choisis de prendre cette missive au sérieux. Quels
que fussent ses auteurs, elle émanait bien de « la source ». La
première chose que je fis fut d’aller rendre visite à mon ami
Jean-Jacques Pastor, à Digne, sans l’avertir de cette lettre par
téléphone. Lorsque nous fûmes ensemble je lui proposai une
promenade à la campagne et c’est loin de tout œil indiscret que
je lui montrai la lettre, qui me demandait de joindre un des
contactés, Jordàn Peña. Elle précisait que celui-ci avait joué un
rôle central dans les contacts avec l’Espagne.
– Alors, qu’en penses-tu ?
– Si cette lettre est authentique, on dirait qu’on passe à la
vitesse supérieure.
– Il faudrait donc que je me mette en contact avec José-
Luis Jordàn Peña. Mais ce qui m’embête, c’est que Rafael soit
dans ce coup-là. Je l’adore, mais j’ai peur qu’il ne bavarde
inconsidérément, ne crois-tu pas ?
– Écoute, si ces gens ont mentionné son nom dans la
lettre, c’est que tu peux avoir confiance. Rafael a reçu de très
nombreuses missives d’eux et leur a parlé souvent au
téléphone.
– Bon, je vais me mettre en contact avec Rafael.
Jean-Jacques insistait.
– Contacter directement Jordàn serait une grave erreur
psychologique. Rafael a toujours considéré qu’il était au centre
de cette affaire. Si tu contactais Peña sans le prévenir, il
risquerait de le prendre mal, je pense.
Je lui tendis un petit ordinateur de poche, que j’avais
acheté à son intention.
– À tout hasard, pour maintenir une certaine
confidentialité et pour jouer le jeu, je l’ai configuré en y
introduisant un programme de codage. J’ai été officier du
chiffre, pendant mon service militaire, et je sais composer un
tel programme. Il nous permettra de communiquer pour des
choses importantes.
– Comment ferai-je ?
– Tu as des jeunes, dans le foyer social dont tu t’occupes.
Si je t’envoie une lettre où je dis : « Voilà les quelques
problèmes de mathématiques que tu m’avais demandés pour
les jeunes de ton foyer », par exemple :

6,302456 X – 0,7982456 Y + 5,234001 (3,765009 – Y)


=0

etc., il te suffira de ne retenir que la séquence numérique,


en oubliant tout le reste, les signes, les virgules et les lettres.
– Et qu’est-ce que je fais avec tout cela ?
– Tu prends l’ordinateur et tu fais simplement RUN. Cela
lancera le programme. La machine te demandera alors une clef
numérique que nous aurons en commun. Tu l’apprendras par
cœur et tu ne la noteras nulle part. Comme cela, elle sera
« dans ta tête ». Puis tu entreras la suite des nombres.
L’ordinateur décodera automatiquement le message qui
s’affichera sur la petite fenêtre à cristaux liquides, pendant dix
secondes. Une message du genre : « Rendez-vous le 12 janvier
8 h 45 à Marignane pour le vol Ibéria 612. » Puis l’ordinateur
effacera automatiquement la suite numérique et la clef. Pour
finir, tu brûleras la lettre, c’est tout.
– OK.
Nous convînmes de continuer à parler de cette affaire
Ummo au téléphone, comme si de rien n’était, au cas où des
services secrets auraient écouté nos conversations. Quand on
veut cacher quelque chose, il faut la noyer dans un « bruit de
fond ».
Quel rôle jouait Peña dans toute cette histoire ? Nous n’en
avions pas la moindre idée, mais nous avions supposé
longtemps qu’il avait pu être l’auteur des illustrations qui
accompagnaient les documents ummites. En effet nous savions
qu’il dessinait et avions trouvé une certaine ressemblance
entre ses dessins et ceux des rapports ummites. Était-ce lui, le
mystérieux dactylo ? Ça ne collait pas avec une enquête que
nous avions faite sur ce sujet. Quels que fussent les gens qui
tiraient effectivement les ficelles de toute cette histoire il y
avait peut-être le dactylo qui tapait et Peña qui se chargeait
des illustrations. Nous nous perdions en conjectures.
Pastor pensait qu’il avait été mentionné sur la lettre parce
qu’il pourrait servir d’interprète entre Peña et moi. En effet, il
parlait couramment l’espagnol, et moi, pas du tout.
– Ce qui est étrange, remarqua pourtant Jean-Jacques,
c’est que Lou (Hiltrud Franz) n’ait pas été aussi mentionnée.
Pourtant elle a bénéficié apparemment de la confiance des
auteurs des documents, de longue date.
De retour à Aix j’essayai d’établir le contact avec Rafael,
par lettre. J’évoquai ce courrier en termes vagues, lui disant
qu’il était en français. Rafael me demanda aussitôt, par fax,
d’envoyer la lettre.
Après bien des hésitations, je la postai d’une localité située
à quelque distance d’Aix, par précaution.
La suite fut complètement catastrophique. Lou me
téléphona dans les jours qui suivirent :
– Allô, Jean-Pierre, nous sommes très contents que tu
aies reçu cette lettre des Ummites et elle semble très
intéressante…
Et elle se mit à évoquer son contenu en clair au téléphone.
Je fus atterré. En fait, dès que Rafael avait reçu la photocopie
de cette lettre, il avait réuni son groupe à son domicile, la leur
avait lue et leur avait distribué des photocopies. Puis il avait
écrit une longue lettre à Peña en lui disant :
« Cher José-Lui s.
J’ai été tr ès heur eux d’appr endr e que tu av ai s été depui s tant d’années
l ’i nter médi ai r e pr i nc i pal v i s-à-v i s des U mmi tes, et j’ai une l i ste de questi ons à te poser :
– Comment se sont-i l s mi s en c ontac t av ec toi ?
– Les as-tu r enc ontr és ? etc . etc . »
La l ettr e se ter mi nai t par : « Réponds-moi par f ax , ç a i r a pl us v i te. »

Peña répondit à Rafael :


« Cher Raf ael ,
Tu sai s, c ette hi stoi r e U mmo n’a jamai s été pour moi qu’une af f ai r e par mi toutes l es
autr es af f ai r es d’ov ni s et el l e ne m’a jamai s par ti c ul i èr ement i ntér essé… »

Rafael, interloqué, me transmit ce courrier par fax en me


demandant si j’avais une explication.
Lou m’appela :
– Alors, Jean-Pierre, que penses-tu de cette étrange
réponse de Peña ?
– C’est simple : c’est un « message sicilien ». Cela veut
dire que toute l’opération est annulée. Peña s’est replié au fond
de sa coquille comme un escargot parce que vous avez été trop
bavards (j’ignorais à l’époque à quel point).
Je retournai voir Jean-Jacques, à Digne. Il était de mon
avis. Nous décidâmes que j’écrirais moi-même à Peña, à
Madrid. C’était une lettre où je proposais de venir le voir. Il
me répondit :
« 26 janv i er 1 993
Cher Jean-Pi er r e,
J’ai appr i s par notr e b on ami Far r i ol s l ’entr ev ue qui se ti endr a pr oc hai nement à
Madr i d. Je doute de l ’uti l i té de ma pr ésenc e, étant donné ma di f f i c ul té à m’ex pr i mer
or al ement 2. En ef f et mon v oc ab ul ai r e demeur e aussi r estr ei nt que l a der ni èr e f oi s que
nous nous v î mes3. Cependant j’appr éc i e l ’i ntér êt que tu por tes aux messi eur s de Ry ad.
À mon av i s l es U mmi tes ne mér i tent pas d’i ntér êt, c ar i l s’agi t d’un gr and montage
gér é sur Ter r e, en dépi t du c r édi t que tu appor tes à c es ensei gnements.
Le dossi er U mmo n’est pas pl us i mpor tant que l ’ensemb l e du dossi er Ov ni , di sc r édi té
par l a sc i enc e of f i c i el l e. Je pr ends néanmoi ns ac te de l a pr oposi ti on f ai te par Raf ael
Far r i ol s, c onc er nant c ette r enc ontr e.

Avec toute mon affection


José-Luis Jordàn Perña. »
Même type de réponse qu’à Farriols.
– Stand by, conclut Jean-Jacques.
Les mois passèrent. Rafael reçut un appel téléphonique
des Ummites, de Cuba. La communication était mauvaise.
Comme d’habitude ces gens lui fournirent des « clefs
d’identification ». C’est un procédé qu’ils utilisent toujours.
Quand ils écrivent à quelqu’un, ils n’omettent jamais
d’évoquer quelque information que la personne est en principe
seule à connaître. Quand ils s’adressent à moi, il s’agit de
références scientifiques très « pointues », qui excluent toute
intervention d’un farceur, ou d’une information scientifique
clé, utile pour mes recherches. À Rafael, ils parlèrent d’un
placement bancaire qu’il se proposait de faire, et qu’il était,
nous dit-il par la suite, seul à connaître.
Au téléphone il leur demanda si la lettre que j’avais reçue
était authentique. Ils répondirent par l’affirmative et
souhaitèrent alors que Farriols organise rapidement une sorte
de colloque. Une lettre suivit peu après, mentionnant toute
une liste de gens. Les Ummites doublèrent cet appel par un
courrier où ils insistaient pour que Peña soit présent et puisse
nous dire « tout ce qu’il savait ».
– C’est complètement idiot, remarqua aussitôt Jean-
Jacques. Ces types n’ont qu’à nous envoyer directement des
rapports.
Les gens mentionnés étaient par ailleurs de parfaites
« passoires ». La liste était longue et s’y trouvaient
mentionnés un certain nombre de journalistes connus pour
leur indiscrétion notoire. La lettre précisait que ces gens, s’ils
le souhaitaient, pourraient éventuellement amener leurs
femmes…
– À mon avis, dit Jean-Jacques, il s’agit d’une nouvelle
manœuvre de désinformation. Vas-y si tu veux. Moi je préfère
rester chez moi. Jouer à ce jeu-là ne m’intéresse guère.
– Ces gens sont réellement impossibles !
– Oui, mais si ce sont réellement des extraterrestres, ce
sont les seuls qu’on ait sous la main. Il faut faire avec et, si tu
veux mon avis, les autres sont peut-être franchement pires.
J’étais agacé par la tournure que prenaient les choses.
Dans cette dernière lettre, les auteurs se faisaient insistants et
Rafael répercutait leurs demandes. Ils souhaitaient que la
réunion se tienne à Madrid en donnant une fourchette de
dates : entre le 28 février et le 29 avril 1993.
Une des phrases les plus mystérieuses de cette lettre
disait qu’ils auraient la possibilité de participer à cette réunion
en étant mimetizado. Cet adjectif, un néologisme de leur
invention, n’existe pas en espagnol. On pourrait le traduire par
« mimétisé ».
J’avais ma fille avec moi pendant une semaine, à l’époque
des vacances de Pâques. Je dis à Farriols, par l’intermédiaire
de Lou :
– Toute cette histoire ne tient pas debout et ressemble
fort à une grossière opération de désinformation. Je n’ai pas
envie de faire le voyage à Madrid, car j’estime que nous
perdrions notre temps. Par contre, comme il avait été prévu
de longue date que ma fille et moi viendrions chez Rafael pour
les vacances, celui-ci n’a qu’à organiser la réunion chez lui,
pendant cette période.

La réunion de Barcelone
La réunion se tint donc à Barcelone, pendant la période de
Pâques 1993, dans la vaste demeure de Rafael. Le jour dit, les
différentes personnes convoquées arrivèrent et les palabres
commencèrent. Mais, très vite, Rafael apporta une nouvelle
information. Il avait insisté auprès de Jordàn Peña pour qu’il
vienne, lui offrant même de lui payer son voyage. Mais José-
Luis, malade, avait décliné l’invitation ; par contre il avait
répondu à Rafael en lui envoyant une longue lettre, dont celui-
ci nous donna lecture (Lou me la traduisit au fur et à mesure).
Peña y déclarait tout simplement que c’était lui, le
véritable et seul auteur de la manipulation Ummo. Il ajoutait
qu’il avait lancé cette opération en 1965, dans le but de voir
comment pourrait se créer et s’entretenir un mythe et
précisait qu’il avait, pendant toutes les phases de cette
opération, agi seul, et à l’insu de ses proches. Pour la partie
scientifique, disait-il, « il s’était servi d’ouvrages de science-
fiction ».
Il disait qu’il avait ainsi régulièrement alimenté les
différents réseaux et contacté jusqu’à la fin des années 80, où
l’affaire lui avait échappé, d’autres personnes s’étant mises à
envoyer à leur tour des rapports, dont, selon lui, « une secte
indienne ».
Rafael soupira et nous dit :
– Caraï ! Je m’étais toujours demandé si Peña était fou.
Maintenant, j’en suis sûr !
L’affaire Ummo est bien déconcertante. On a déjà dit que
Ummo, c’était un tiers Einstein, un tiers Spielberg, un tiers
Marx Brothers. Là, nous nagions dans la soupe au canard.
Tout cela paraissait effectivement totalement
abracadabrant. Comment un homme seul aurait-il pu, ne
serait-ce que faire envoyer des rapports de très nombreux
pays différents : Zimbabwe, Mongolie, Australie, etc. Se faire
envoyer des documents par une personne résidant à l’étranger
est une chose facile, mais cela demande une complicité qui, à
terme, peut se révéler dangereuse. Or Peña prétendait avoir
agi totalement seul.
Passons sur cet aspect technique de cette
« manipulation ». Pour le scientifique que j’étais, il
m’apparaissait impossible et insoutenable qu’un psychologue
espagnol ait pu construire, à partir de bribes glanées dans des
ouvrages de science-fiction, un ensemble d’informations liées
les unes aux autres qui auraient pu produire un édifice
scientifique cohérent.
Rafael, en dépit de cette boutade à l’égard d’un homme
qui avait été son compagnon de marche pendant un quart de
siècle, était quand même profondément touché par cette
lettre. Peña avait beau multiplier les excuses, Rafael avait
l’impression d’avoir été pris par lui pour un imbécile. Il appela
José-Luis pour lui demander des explications, de vive voix,
devant nous. C’est alors que Peña lui fit cette réponse :
– Ne te fâche pas comme ça ! Ce sont les Ummites qui
m’ont demandé d’agir ainsi…
Depuis le début, les auteurs des documents nous avaient
habitués à des opérations de désinformation, par ailleurs
annoncées en clair dans leurs rapports et « jugées parfois
nécessaires pour contrôler le niveau de crédibilité des Terriens
face à leur existence ». Il y eut les fausses photos apportées à
la presse au moment de l’affaire de l’atterrissage de San José
de Valdeiras, puis le message radio que nous devions capter en
braquant nos radiotélescopes, etc. Je passe sur de nombreuses
affaires de ce style, qu’il serait lassant de raconter. Mais là,
cela dépassait les bornes. Les « révélations » d’un Peña
mettaient tous les contactés espagnols fort mal à l’aise, en
suggérant qu’il ait pu ainsi se jouer d’eux pendant vingt-huit
années.
Peña, par la suite, multiplia les déclarations, qui furent
reçues avec enthousiasme par ceux que l’affaire Ummo
dérangeait le plus : les « ufologues ». Parmi eux un nommé
Renaud Marhic, qui se rendit aussitôt en Espagne pour mener
une enquête. Il publia par la suite un livre : Ummo, les
extraterrestres qui venaient du froid, reprenant la thèse de la
manipulation par le KGB, puis un article dans une petite revue,
Phenomena, éditée par un groupuscule « ufologique » français.
Le texte, dithyrambique, commençait par : « Ça y est, il a
avoué ! L’affaire Ummo n’appartient plus à l’ufologie, elle
appartient à l’histoire ! »
Les « ufologues » se sont constitués en communauté
internationale, communiquent fréquemment entre eux, se
rencontrent, s’écrivent. Le livre de Marhic, qui était ennuyeux
à périr, n’eut aucun succès, mais sema un doute profond chez
tous ces gens. Les aveux de Peña, on peut le dire, eurent un
effet radical dans cette « communauté ufologique » : pour tous,
l’affaire Ummo était désormais « classée ».
Mais revenons à cette époque de la réunion chez Farriols.

L’ordinateur espion
En prenant la route de Barcelone, une chose me
tracassait. Comment diable les auteurs des documents
avaient-ils pu suivre mes travaux, puisque je n’en avais parlé
à personne ? Le seul suspect était mon ordinateur. En effet, si
quelqu’un voulait espionner efficacement mon activité
scientifique, le plus simple aurait été de doter ma machine
d’un système renvoyant à distance, par exemple, les frappes-
clavier.
Je tenais dans ma machine une sorte de journal
scientifique où je notais au fur et à mesure mes réflexions et
mes idées. Je décidai, avant mon départ, de poser à tout
hasard des questions précises, simplement en les consignant
dans ce journal. Devais-je, par exemple, interrompre mes
travaux de cosmologie, qui me semblaient à l’époque
susceptibles de déboucher assez rapidement et me lancer tête
baissée dans des travaux de logique, beaucoup plus
aléatoires ?
Pendant que la réunion battait son plein, le fax de Farriols
crépita : un message des Ummites. La feuille ne portait pas
d’en-tête téléphonique, mais je suppose qu’il n’est pas
nécessaire d’être extraterrestre pour pouvoir faxer un
message « anonymement ». Les Ummites y exprimaient leur
satisfaction de voir que le dossier Ummo était désormais cité
dans les « congrès ufologiques » et dans les livres écrits par les
« ufologues » (comme Jacques Vallée, déjà cité) comme
l’exemple d’une affaire inintéressante, qui devait être rangée
au niveau d’un canular de scientifiques ou d’une manipulation
émanant de services secrets. Puis il y avait un message à mon
attention : « Dites à Jean-Pierre Petit qu’il faut absolument
qu’il concentre ses efforts sur la logique tétravalente… nous
savons que nous l’avons placé dans une situation
“tantalisante”. »
La première phrase apportait la réponse à la question que
j’avais posée dans mon ordinateur. La seconde trahissait une
erreur de jugement monumentale.
Tantalisado (nouveau néoligisme) vient de « Tantale ».
Les dieux avaient condamné le roi de Lydie, Tantale, à souffrir
d’une soif et d’une faim dévorantes, qu’il ne pouvait assouvir.
En transposant, les auteurs des documents s’étaient-ils
imaginé, en me faisant miroiter la démonstration du théorème
de Fermat, qu’ils me mettraient dans les affres ? Si c’était le
cas, c’était bien mal me connaître. La science m’intéresse, mais
pas au point d’en perdre le sommeil. De plus, j’ai toujours eu
horreur de l’arithmétique.
Je restai plusieurs jours chez Rafael. Comme il fallait s’y
attendre, rien n’émergea de cette « réunion de travail ». Les
Espagnols décidèrent simplement que je devais m’atteler à
construire la logique tétravalente, pendant qu’ils compteraient
les points4. Rafael eut beaucoup de mal à comprendre ce que
j’essayais de lui expliquer au fil des jours : c’est-à-dire qu’il
avait peut-être fait une bêtise de taille. Le jour de mon départ,
je lui dis :
– Rafael, tu es un de mes meilleurs amis et j’ai beaucoup
d’estime et d’affection pour toi. Mais vois : j’ai essayé de
t’initier à la manipulation d’un programme de codage, que ton
fils est en train de rentrer… sur l’ordinateur du salon. Donc, ce
programme est grillé. Il faudra que j’en fasse un autre. Je t’ai
donné l’adresse d’une personne qui, à Aix, pourrait servir de
boîte aux lettres. Or cela fait trois jours que son nom et son
adresse sont étalés, bien à plat, sur ton bureau : une
couverture fichue. Par ailleurs la CIA et le KGB doivent
connaître, depuis au bas mot vingt ans, le numéro de ton
coffre, lequel, je le parierais à dix contre un, doit être la date de
naissance de ta fille, ou quelque chose du même genre.
Franchement, le secret et vous, ici, ça fait deux. Ton gendre
vient de m’expliquer pendant des heures que plus on cachait
les choses et plus les services secrets s’y intéressaient et que
donc la meilleure façon de cacher un document était de le
laisser traîner, bien en vue.
Petit à petit, Rafael réalisait. À la fin, il finit par me dire,
en plein désarroi :
– Mais nous avons traité, ici, cette lettre comme toutes les
autres lettres…
– Oui, mais elle contenait quelque chose de différent. Pour
la première fois un projet de contact direct était évoqué. Cela
n’a pas attiré ton attention ?
J’avais l’impression d’être un pêcheur qui aurait attendu
patiemment au bord d’un lac, pendant quinze ans, que le
poisson monte du fond. Et, quel que fût ce « poisson », lorsque
celui-ci aurait lentement commencé à monter de l’abysse, un
ami se serait mis à trépigner sur la berge en criant : « Le
voilà ! le voilà ! » Et j’ajoutai :
– Nous sommes amis pour la vie, mais je suis venu te dire
une chose : si jamais je recevais encore une lettre du même
genre, même si ton nom y était mentionné, je ne t’en parlerais
pas. Je n’en parlerais à personne. Je ne sais pas si ces gens
sont extraterrestres ou pas. Mais si tel était le cas, cette affaire
serait trop importante, conviens-en, pour prendre un risque
quelconque de la voir échouer bêtement.
Je rentrai à Aix. Que fallait-il penser de cette histoire ? Je
n’en avais pas la moindre idée. Je vivais les choses de manière
complètement différente des Espagnols. Ces documents me
faisaient travailler. Me concentrant sur la fonctionnalité
scientifique des textes, j’avais toujours quelque chose à faire.
La moindre phrase de ces documents me donnait de l’ouvrage
pour des années. Eux, entre deux lettres, tournaient en rond
comme des ours dans une fosse.
Je suis chercheur au CNRS. Payé par le contribuable
français, j’ai toujours eu à cœur de produire avec régularité des
résultats scientifiques concrets, publiables. En 1988-1989
j’avais sorti trois publications en cosmologie théorique, dans
une revue de haut niveau, Modern Physics Letters A5. Je
disposais à l’époque de travaux personnels assez avancés pour
pouvoir être soumis aux referees de journaux scientifiques.
J’estimai plus rentable de concentrer mes efforts dans cette
direction.
De nouvelles lettres se mirent néanmoins à arriver à mon
domicile, avec régularité, comme si ces gens s’étaient dit :
« Bon, il préfère retourner à la cosmologie, envoyons-lui des
tuyaux dans ce domaine. »

Le contenu des derniers messages


S’établit alors, entre eux et moi, un étrange mode de
communication. Je continuais de poser de temps à autre des
questions, en utilisant mon ordinateur, et ils répondaient.
Quand ils le faisaient, c’était toujours très rapidement. Les
informations tournaient en général autour de problèmes de
physique théorique et de cosmologie. Je reçus en tout une
douzaine de lettres, le dernier envoi datant de l’automne 1994.
Les Espagnols, qui n’avaient rien reçu depuis la dernière
lettre venant de Cuba, datant du printemps 1993, se
polarisèrent, comme d’habitude, sur le caractère
« authentique » ou « inauthentique » de ces missives. Lors
d’une réunion récente, en novembre 1994, que nous eûmes au
domicile de Rafael, un des membres du groupe, un biologiste,
me dit :
– Pourrais-tu nous faire un résumé de ces lettres et nous
présenter les arguments sur lesquels tu te fondes pour
affirmer qu’elles sont authentiques ?
– Mon cher Vicente, nous, les Français, nous réagissons
différemment. Vous, vous examinez le papier, l’encre, le
timbre, le cachet de la poste. Nous, on s’en fiche éperdument.
Ce qui nous intéresse, c’est l’éventuel contenu scientifique du
texte, la fonctionnalité du document, qui nous indique à terme
s’il émane ou non de la même « source », c’est tout.
– Alors, que penses-tu du contenu scientifique de ces
nouvelles lettres ?
– Je n’en pense rien. À mon avis cela nous oriente vers
une théorie unitaire, fondée non sur deux univers, mais sur
deux paires d’univers. Il n’y aurait pas deux univers, mais
quatre et cet aspect des choses me semble lié à la logique
tétravalente.
– Que veux-tu dire ?
– Mes travaux de 1994, ceux que j’ai publiés dans la
r e v u e Nuovo Cimento, ont montré que la structure
géométrique de l’univers pouvait être plus compliquée que
nous ne l’avions cru jusqu’à présent et qu’avec deux univers,
cela marchait apparemment mieux qu’avec un seul. Mais il
subsiste en cosmologie un problème de taille.
– Lequel ?
– On ne sait pas gérer dans un même modèle, dans un
même contexte géométrique, à la fois la gravitation et
l’électromagnétisme. Si on savait le faire, cela déboucherait sur
ce qu’Einstein avait appelé, dans les années 50, une « théorie
des champs unifiés », qu’il n’a jamais pu construire.
– Tu veux dire que les Ummites t’ont donné dans ces
textes des éléments permettant de construire une telle
théorie ?
– Ils suggèrent une nouvelle extension du contexte
géométrique de la cosmologie, en indiquant clairement que ceci
permet d’introduire les charges électriques et d’enfin
comprendre leur « signification ». C’est une impression que
j’ai, mais, comme d’habitude, la conclusion ne pourra être tirée
que si j’arrive à faire, à partir de cela, des travaux scientifiques
solides et à les publier dans des revues de haut niveau. D’ici là
ces documents ne sont… que du papier et de l’encre.
Il y avait des tas d’autres choses dans ces lettres,
concernant en particulier le transfert hyperspatial et la façon
dont les nefs passaient dans l’univers jumeau. Mais dans un
document de fin juillet 1993, les Ummites m’avaient écrit :
« Mons ieur,
L’env oi des différents doc um ents a pour objet un trans fert dos é et progres s if de
c onnais s anc es s c ientifiq ues d’origine extraterres tre et s ’ins c rit dans le c adre de la
deuxièm e ph as e dite “de préparation” du program m e général élaboré par l’UMMOAELEWE6
en v ue de l’établis s em ent d’un c ontac t offic iel entre nos deux c iv ilis ations galac tiq ues
(1950-2050). La prem ière ph as e dite “d’études ”, q ui v a bientôt s ’ac h ev er, a été m enée de
m anière très c onc luante puis q u’elle a perm is de s toc k er s ur m ém oire de titane l’es s entiel
des inform ations tec h nic o-c ulturelles de v otre ric h e et pas s ionnante c iv ilis ation terrienne,
s ans q ue, globalem ent, l’objet d’étude s oit perturbé.
La s ec onde étape du program m e (1970-2000) dite “de préparation” q ui a pour but
une s ens ibilis ation et une m aturation progres s iv e des élites politiq ues , m ilitaires , puis
s c ientifiq ues , s oc iales et religieus es , v is e à rendre rationnellem ent adm is s ible et tolérable
l’idée m êm e d’une prés enc e extraterres tre s ur Terre et à fav oris er la diffus ion progres s iv e à
l’éc h elle m ac ro-s oc iale de c e nouv eau paradigm e.
La réalis ation de c ette s ec onde ph as e es t as s urée par une intens ific ation des
s urv ols des z ones h abitées , des atterris s ages et des renc ontres diurnes , l’intens ific ation des
c ontac ts téléph oniq ues et des env ois pos taux et l’exéc ution inév itable d’opérations de
dés inform ation jugées m alh eureus em ent indis pens ables .
La trois ièm e étape, dite “de c ontac t”, a pour objet la rév élation m ac ro-s oc iale
offic ielle, l’établis s em ent de c ontac ts offic iels entre v os gouv ernem ents et l’UMMOAELEWE
et le dév eloppem ent program m é et c onc erté d’une év olution bic ulturelle de nos deux
c iv ilis ations .
Cette trois ièm e ph as e dev rait pouv oir en toute logiq ue interv enir au début du
trois ièm e m illénaire (s ous rés erv e de m odific ations tenant à l’év olution des c onditions
s oc iopolitiq ues régnant s ur Terre et à l’abs enc e de c h oc c ulturel par trop préjudic iable pour
v ous , pouv ant rés ulter d’un trans fert exc es s if de c onnais s anc es ), probablem ent entre 2030
et 2050, s elon le niv eau d’im m unité et de rés is tanc e ps y c h ologiq ue m anifes té par les
m as s es terriennes . »

La lettre sur les nébuleuses toroïdales


Cette lettre apportait de nouveaux éclaircissements sur la
politique suivie par les auteurs des documents. Mais ce texte,
s’il était réellement d’origine extraterrestre, trahissait une
attitude claire : le refus de tout dialogue, de toute concertation.
Le ton était résolument paternaliste. En gros : « On vous
contactera, si vous êtes suffisamment sages. » Comment ? En
promenant des soucoupes au-dessus de vos campagnes. Enfin,
en 2030 ou 2050, sauf événement imprévu venant contrarier
ce plan, nous atterrirons et nous prendrons contact avec vos
représentants officiels.
S’il s’agissait réellement de la manifestation de la présence
d’une ethnie extraterrestre sur notre sol, ce plan me semblait
complètement irréaliste.
Ainsi, pour réaliser le contact entre deux planètes, un
siècle suffirait. Mais qu’espéraient ces gens ? Que les Terriens
évolueraient en un laps de temps aussi court ?
Les civilisations terrestres, les conceptions humaines et
métaphysiques évoluent, sur Terre, extrêmement lentement
et ces processus n’ont rien à voir avec l’évolution exponentielle
du « progrès » scientifique et technique. Sur Terre cohabitent
une multitude d’ethnies vivant à des époques différentes,
allant de la préhistoire au XXe siècle. Les auteurs des
documents seraient-ils assez naïfs pour penser que les arcanes
mentales d’un musulman, d’un juif, d’un chrétien ou d’un
bouddhiste pourraient évoluer aussi rapidement ? Pourrait-
on, impunément, débarquer chez tous ces gens et leur dire :
– Vous êtes dans l’erreur. Vos conceptions métaphysiques
sont erronées. Prenez vos crayons, nous allons vous expliquer
tout cela.
Pour ce faire il suffirait de sillonner le ciel avec des engins,
d’envoyer quelques lettres et de donner quelques coups de
téléphone ? Il faut vraiment être tombé d’une autre planète
pour penser une chose pareille. En vérité, dans dix ans, dans
un siècle ou dans cinq, toute prise de conscience de la réalité
d’une présence extraterrestre par les Terriens, si celle-ci était
bien réelle, serait vécue comme extrêmement angoissante et
déstabilisante, quel que soit le niveau intellectuel de l’individu,
si celui-ci était imprégné, consciemment ou inconsciemment,
d’une idéologie religieuse quelconque.
Toutes nos civilisations s’effondreraient comme des
châteaux de cartes, séance tenante, et la planète serait plongée
dans le chaos le plus complet. Décidément ces rationalistes
d’Ummites, qui croyaient si bien comprendre les Terriens, s’ils
étaient réellement extraterrestres, semblaient désespérément
confondre culture et folklore. Quarante-cinq années après leur
arrivée ils n’avaient toujours pas l’air d’avoir compris que nos
cultures, nos croyances religieuses, en tout cas pour l’immense
majorité d’entre nous, de manière consciente ou inconsciente,
sont le ciment qui tient le bâtiment et que, sans lui, tout
s’écroulerait.
Jouant le jeu, je « répondis », toujours à l’aide de mon
ordinateur, que ce plan me semblait irréaliste, étant convaincu
que cette procédure de contact ne pourrait être négociée qu’à
travers une collaboration entre extraterrestres et Terriens
responsables. Je suggérais que la seule façon de procéder était
d’injecter des informations dosées dans la sphère scientifique,
choisies de manière à ne pas engendrer de catastrophe, mais
assez solides pour susciter une évolution dans notre vision du
monde, une prise de conscience, « de l’intérieur ».
La réponse arriva une semaine après, sous la forme d’une
autre lettre dont la phrase importante était :
« La formation que vos spécialistes ont détectée
récemment dans la nébuleuse d’Orion à l’aide du télescope de
Hubble, qu’ils nomment “proplyd” et qu’ils croient être une
nébuleuse protoplanétaire est en fait la première nébuleuse
toroïdale que vous détectez. »
La lettre était accompagnée de données techniques
concernant l’objet. Je courus à l’observatoire dont je dépendais
et je m’informais. Il y a plusieurs mois le télescope de Hubble,
malgré sa myopie (récemment corrigée par la NASA grâce à la
pose d’un « verre de lunette » par les astronautes), avait pris
une photographie en couleur étonnante d’un fragment de la
nébuleuse d’Orion.
Le « proply d » q ui s e détac h e s ur fond de la nébuleus e d’Orion, ph otograph ié en 1993 par le s atellite
Hubble

La nébuleuse d’Orion est un immense nuage de gaz dont


la température superficielle avoisine les 7 000° et qui se
trouve à 1 500 années-lumière de la Terre. C’est une véritable
pépinière d’étoiles qui naissent en son sein et entretiennent
cette température élevée en chauffant le gaz par
rayonnement. La photo montrait, sur l’avant-plan, un petit
confetti sombre, aux contours flous. De toute évidence, c’était
un mini-nuage de gaz ou de poussières.
Qu’est-ce qu’une nébuleuse protoplanétaire ? Les
astronomes pensent que lorsque les étoiles, à leur naissance,
vagissent dans l’infrarouge, elles sont entourées d’un cocon de
poussières qui est censé, selon nos modèles théoriques, donner
par la suite naissance aux futures planètes. Mais si un tel cocon
entoure l’étoile, celle-ci doit le porter à une température
voisine de sa propre température superficielle, de l’ordre de
1 000 degrés.
Inversement, que sont ces nébuleuses toroïdales décrites
dans une lettre ummite datant de 1967 et reproduite
intégralement en fin d’ouvrage ? Ce sont des objets froids, le
plus froid possible, puisque leur température est voisine de
3° absolus, ce qui est celle du « four cosmique » où tout
baigne7 . Je pense (et ceci correspond à des travaux en cours)
que cette masse gazeuse froide pourrait être la masse en
excès, abandonnée par une étoile à neutrons déstabilisée,
laquelle aurait filé dans l’univers jumeau. Devenue une « anti-
étoile », celle-ci resterait « tapie » dans cet « autre côté » de
l’univers et, ayant alors acquis un caractère répulsif,
empêcherait cet anneau de gaz de se contracter. Dans cette
optique, cet anneau de gaz serait un « corset », léger, qui
enserrerait l’étoile à neutrons, invisible. Une situation en
quelque sorte symétrique du couple galaxie-anti-galaxie, où,
cette fois, le « corset » serait visible et l’objet enserré invisible.
La nébuleus e toroïdale froide, c entrée s ur l’anti-étoile à neutrons (pas s ée dans l’univ ers jum eau)

N’étant plus alimenté en énergie, ce tore de gaz se


refroidirait radiativement et « prendrait la température du
four ambiant », c’est-à-dire 3 °K.
Cela donne immédiatement un moyen de savoir si
l’information est vraie, ou si c’est une énième manœuvre de
désinformation (confer la stratégie récemment adoptée par
Jordàn Peña). Pour ce faire, il faudrait disposer d’un télescope
travaillant dans l’infrarouge, qui peut mettre en évidence
d’aussi basses températures. C’était le cas du satellite IROS,
dont les capteurs devaient être refroidis par de l’hélium
liquide : IROS a été lancé avec une provision d’hélium liquide
lui permettant de fonctionner pendant deux ans, ce qu’il a fait.
Mais hélas il y a belle lurette que son stock est épuisé et qu’il
n’est plus qu’un objet inerte tournant autour de la Terre. Il
n’avait par ailleurs qu’un pouvoir séparateur assez faible8.
Les Américains projettent de mettre en orbite une
nouvelle plate-forme, ISO, vers 1995, fonctionnant sur le
même principe. Les scientifiques sont très intrigués par ce
type d’objet et, dès qu’ils pourront le faire, ils chercheront à
savoir quelle est sa température superficielle. Le tout est que
la résolution angulaire de ce télescope infrarouge soit assez
élevée pour pouvoir viser avec efficacité un objet aussi petit
que le « proplyd » d’Orion. Si l’objet est chaud, exit la
nébuleuse toroïdale. S’il est froid, alors cela deviendra
passionnant.
En effet, le texte sur ces nébuleuses indique que ce sont
ces objets qui auraient permis aux Ummites de comprendre
que l’univers avait un petit frère, un jumeau. Selon les
documents, lorsque le cosmos subirait de vastes plis, intitulés
par leurs auteurs des « oscillations extracosmologiques », la
température dans ces nébuleuses chuterait à un centième de
degré absolu et le champ magnétique qui y régnerait
tomberait à zéro9. Ce champ polariserait fortement la lumière
qui traverse l’objet. Nous savons mettre en évidence cette
polarisation, même si c’est assez délicat 1 0.
Si les scientifiques effectuaient un suivi de cette
polarisation pendant, disons, un an, et s’ils constataient sa
disparition extrêmement brutale, alors ceci soulèverait un
problème scientifique formidable, un de plus. Au passage, il
deviendrait réellement important de se préoccuper de l’origine
des textes ummites. On verrait mal, si ceci se confirmait,
comment un Terrien, aussi savant soit-il, et « travaillant pour
le compte du KGB de Tomsk », aurait pu imaginer un
phénomène aussi singulier. Si, d’ici-là, j’arrivais à mettre au
point un modèle crédible du transfert hyperspatial de l’étoile à
neutrons, qui laisserait en principe sur place un excès de gaz,
sous forme d’une nébuleuse annulaire, laquelle se refroidirait
rapidement par radiation, la confirmation observationnelle
serait déjà « en place », de même que celle d’une éventuelle
théorie rendant compte des « oscillations extra-
cosmologiques »1 1 .
J’aurais personnellement tendance à croire que si ces
nébuleuses toroïdales existent, elles devraient être d’assez
petite taille. Hélas on ne voit pas comment évaluer la distance
qui nous sépare d’objets flous. Le satellite Hipparcos, utilisant
la méthode de la parallaxe, est capable d’apprécier les
distances des étoiles jusqu’à mille années-lumière. Mais ce
déplacement angulaire reste extrêmement faible et la mesure
n’est possible que parce que les étoiles sont des objets quasi
ponctuels.
Si des informations nous parviennent sur ce « proplyd »
de la nébuleuse d’Orion, il nous manquera sa distance par
rapport à nous1 2. Donc nous ne pourrons mesurer son
diamètre. Il sera seulement « quelque part entre nous et la
nébuleuse d’Orion », qui est à 1 500 années-lumière de la
Terre.
Affaire à suivre.

Un cobaye de plus
Les Espagnols s’étaient toujours comportés comme des
disciples passifs. On ne trouvait chez aucun d’eux la moindre
trace d’une initiative quelconque, ni même d’une réflexion. Ils
attendaient les consignes, les ordres, espérant je ne sais quoi,
peut-être une assistance médicale en cas de maladie grave1 3…
À moins que toute cette histoire n’ait jamais été pour eux
qu’une façon de tuer le temps ?
Je me demandais ce que je représentais pour ces gens qui
nous envoyaient des courriers. Ceux-ci continuaient d’arriver
à mon domicile, en provenance de différentes parties du globe,
des États-Unis, du Canada, entre autres. Dans une de leurs
lettres on me demanda de détruire les enveloppes. Décidé à
continuer de jouer le jeu, je le fis. Le fait de tenir secrètes les
villes d’origine me paraissait par ailleurs de peu d’importance.
À quoi cela rimait-il, maintenant ? Maintes fois je repris la
lettre de Ryad, de 1992. En supposant que ce qui était inscrit
soit vrai, ce qui restait à démontrer, quel était le sens de cette
missive ?
En en prenant connaissance, Lou avait dit :
– À mon avis, les Ummites ont voulu te permettre de
faire une grande découverte scientifique, pour te dédommager
des inconvénients que ton intérêt pour le dossier t’a valus dans
ta vie professionnelle.
C’était mal me connaître et, si cela avait été simplement
cela, c’était très décevant. Mais cela cadrait avec ce néologisme
employé dans un précédent courrier1 4, lorsqu’ils évoquaient,
me concernant, une situation « tantalisante ». Comme si le fait
de sentir à ma portée un théorème brillant ou une découverte
essentielle aurait pu faire de moi un moderne Tantale.
Franchement, j’ai d’autres soucis et d’autres aspirations dans
la vie.
Si les auteurs de ces lettres sont réellement des
extraterrestres, nous comprennent-ils vraiment ?
Comment analyseraient-ils notre psychologie ? Si on se
fonde sur leurs écrits : en se concentrant sur notre
architecture encéphalique, en faisant analyser par leurs
appareils, une à une, nos connexions neuronales. La machine
procéderait alors par reconnaissance de forme. Telle
architecture encéphalique, tel mode de câblage : telle
personnalité. Mais ce système serait-il fiable ?
Notre cerveau possède une zone correspondant à
l’inconscient, qui n’aurait pas d’équivalent chez des êtres qui
en seraient dépourvus. Dans ces conditions, comment
pourraient-ils la localiser, l’identifier, en apprécier la
fonctionnalité, faute de disposer de patrons de référence ?
Il existe un texte assez savoureux où les auteurs
prétendent qu’au début de leur séjour sur notre planète ils ont
été intrigués par la présence de plis sur les pantalons des
hommes. Ils auraient alors cherché à cet aspect vestimentaire
une explication rationnelle. La seule qui leur serait venue à
l’esprit aurait été que ceci « permettait de réduire la traînée
aérodynamique, pendant la marche ».
À travers cette anecdote, qui prête à sourire, on découvre
l’abîme qui pourrait séparer deux ethnies issues de planètes
différentes, pourtant biologiquement et morphologiquement
très semblables. Nous sommes à la fois rationnels et
irrationnels, donc nous pouvons imaginer comment se
comporterait quelqu’un qui fonctionnerait de manière
exclusivement rationnelle. Mais des êtres purement rationnels
pourraient-ils comprendre notre irrationalité ?
Si des extraterrestres nous visitent et s’ils correspondent
à ce qui semble se dégager de ces documents, en contemplant
l’infinie diversité de nos cultures, toutes ces choses « non
fonctionnelles » devraient leur sembler « bien inutiles ».

Les risques encourus


Ça va mal, sur Terre, tout le monde s’en rend compte.
Mais sait-on à quel point ?
Dans un texte datant de 1967, les auteurs prétendent
avoir pu visiter une autre planète que la nôtre, qui aurait été le
siège d’une fantastique autodestruction, avec de terribles
« armes au plasma ». D’exceptionnelles conditions
« météocosmiques » leur auraient permis, au prix d’un voyage
qui aurait duré deux années, de se rendre sur ce système,
distant de 2 000 années-lumière du leur. Comme pour la
Terre, cette planète étrangère aurait révélé sa présence avec
un message radio, émis donc 2 000 ans plus tôt. En arrivant
sur les lieux les expéditionnaires auraient découvert un monde
ravagé, mort, où toute vie aurait déserté un sol vitrifié et
couvert de substances radioactives à longue période.
À partir de 1978, les textes continrent des avertissements
concernant l’émergence proche de telles armes sur notre
planète. Il était précisé qu’elles étaient basées sur la synthèse
directe d’antimatière, lors de compressions obtenues à l’aide
de systèmes thermonucléaires.
Cette idée n’est pas a priori absurde. Il suffit pour cela de
jeter un œil sur la montée exponentielle de la puissance des
armes depuis des décennies. En 1967 les Soviétiques ont fait
exploser, en Nouvelle-Zemble, des engins d’une puissance de
100 mégatonnes (chiffre indiqué par Andréi Sakharov dans
ses mémoires). Gain en puissance, par rapport aux engins
lâchés sur Hiroshima et Nagasaki en 1945 : un facteur dix
mille.
Pourquoi cette course à la puissance des engins de
destruction aurait-elle subitement plafonné à partir de 1967 ?
Dans une lettre des années 80, il était précisé que de tels
engins seraient devenus pratiquement opérationnels, aux
USA, à la suite d’essais menés dans des expériences
souterraines au Nevada, et que ce projet porterait le nom de
code DSP 32 (Défense Support Program 32).
On peut décider de croire ou de ne pas croire à cette
affaire Ummo. Quoi qu’il en soit, elle nous amène à réfléchir
sur notre propre condition de Terriens, passablement
inquiétante. À titre indicatif, un seul de ces engins à
antimatière pourrait vitrifier le sol d’un continent entier.
Rappelons qu’un demi-kilo d’antimatière équivaut à lui seul à
la puissance de tous les engins thermonucléaires actuellement
stockés sur notre planète.
Nous n’évoquons ici, brièvement, que le développement
probable des armes nucléaires et « post-nucléaires », mais les
armes biotechnologiques pourraient s’avérer encore plus
dommageables et incontrôlables que les précédentes. J’ai dans
ma bibliothèque un rapport émanant de l’Institut des hautes
études de la défense nationale française, qui date déjà de cinq
ans, et qui traite des « armes cancérigènes ».
Sans commentaire.

L’étrange galaxie des médias


Le 13 janvier 1995, je participai à une émission de
télévision. J’avais accepté dans la mesure où celle-ci devait
être un vrai débat scientifique. On me l’avait promis. Pellat,
directeur du CNES (après avoir été président du CNRS),
devait venir. Il se décommanda au tout dernier moment et fut
remplacé par un scientifique de qualité : M. Gillot-Pétré,
docteur en météorologie.
L’émission était longue, mais l’animatrice avait prévu de
nombreux « intervenants » : vingt-huit au total ! L’émission se
poursuivit de 22 h 30 à minuit et demi. Nous eûmes droit au
festival habituel. L’équipe de télévision avait déniché une
femme qui avait pris des cours de pilotage sur soucoupe
volante pendant deux semaines et un bonhomme qui avait
subi « plusieurs dédoublements astraux contrôlés », qui
l’avaient mené dans les chambres de plusieurs personnalités
du show-biz, dont la chanteuse Mireille Mathieu.
Il n’y a qu’en France qu’on procède ainsi. Je suis passé à
la télévision dans d’autres pays, comme la Belgique, le Canada.
Jamais on n’y a essayé de discréditer le sujet abordé en
utilisant de telles méthodes, en peuplant systématiquement le
plateau de gens douteux, d’hystériques en tous genres,
d’ufologues fumeux, destinés à discréditer le débat, sous
prétexte « qu’il faut bien donner la parole à tout le monde ».
Tout cela ne fait pas honneur à notre pays.
Lors de la dernière émission, de janvier 1995 :
– Jean-Claude Ribes, astronome, directeur de
l’Observatoire de Lyon1 5, tenta de vanter le travail du SEPRA,
organisme qui, on l’a vu, dans le sein du CNES, a pris en 1985
la suite du GEPAN. Cet organisme existe depuis maintenant
dix-huit ans, et continue de « collecter les données ». On y
salarie à plein temps depuis dix-huit années des gens qui ne
feraient pas la différence entre une intégrale et une brouette.
– Jean Heidmann, astrophysicien à l’Observatoire de
Meudon, nous expliqua, une fois de plus, que le problème de la
vie extraterrestre et des écoutes radio de civilisations
lointaines n’avait rien à voir avec le sujet des ovnis. Cachez ces
ovnis que ne saurais voir.
– Pierre Lagrange, sociologue, était là en tant que porte-
parole de la « communauté ufologique française ». Ce qui est
étrange c’est que les ufologues, ou plutôt ceux qui s’affublent
de ce titre creux, sans consistance, suivent des trajectoires
semblables à celles de leurs prédécesseurs. Il y a quinze ans
Allen Hynek écrivait en effet : « Toute la confusion vient du
fait que les gens se sont mis à associer automatiquement ovnis
et extraterrestres. » Les ufologues français ne croient plus que
le phénomène ovni corresponde à des incursions
d’extraterrestres. Mais il ne s’agit pas de croire ou de ne pas
croire. Il s’agit d’instruire correctement ce dossier. Pour cela il
y a du travail à faire. S’il est une impression que le lecteur aura
peut-être retirée de la lecture de ce livre, c’est au moins que le
sujet ovnis envoie les scientifiques vers des domaines de
pointe. On ne peut pas traiter ces questions avec un diplôme
d’ingénieur maison, trouvé dans une pochette-surprise, et a
fortiori avec des compétences d’ufologues1 6.
Combien de temps les Français accepteront-ils de se
laisser aussi ouvertement leurrer, berner, mener en bateau ?
Franchement, je me le demande. Cela dure déjà depuis dix-
huit ans…

1 - En uti l i sant l es « enti er s de Gauss ».

2- Résul tant de l ’attaque c ar di aque qu’i l a sub i e au mi l i eu des années 80.

3- À Madr i d, en 1 988, à l ’hôtel Sandv y .

4- Si mpl e r emar que : auc un Espagnol n’a jamai s l ai ssé son nom dans l ’hi stoi r e des sc i enc es.
C’est l a nati on tec hnol ogi quement dév el oppée l a moi ns sc i enti f i que du monde.

5- Mod. Ph y s . Lett A 3 (1 988), 1 527 ; A 3 (1 988), 1 7 33 ; A 4 (1 989), 2201 .

6- U MMOA ELEW E : « Gouv er nement génér al de U mmo ».

7 - L’uni v er s b ai gne dans un « r ay onnement pr i mi ti f » qui est en quel que sor te l a « c endr e »
de l ’ex pl osi on i ni ti al e et dont l a tempér atur e est de – 27 0 °C, c ’est-à-di r e 3 degr és ab sol us.
8- Si je me souv i ens b i en, i l ne pouv ai t v i ser que des ob jets de l a tai l l e de l a Lune.

9- La r el ati on de c ause à ef f et est en f ai t i nv er se : l ’osc i l l ati on « ex tr ac osmol ogi que »


engendr er ai t des phénomènes él ec tr omagnéti ques dans l e tor e de gaz, donc un c hamp magnéti que.
Quand c el ui -c i , en s’i nv er sant, passer ai t par une v al eur nul l e, l a tempér atur e de l a néb ul euse
c huter ai t à une f r ac ti on de degr é Kel v i n, par ef f et de r ésonanc e magnéti que nuc l éai r e.

1 0- Le tex te pr éc i se que l a néb ul euse pol ar i ser ai t l a r ai e D du sodi um de 0,8 r adi an.

1 1 - Pour l e spéc i al i ste, i l s’agi r ai t de « f l uc tuati ons de jauge » c onjoi ntes, af f ec tant l es deux
uni v er s jumeaux .

1 2- On ne peut év al uer , par l a méthode de l a par al l ax e, que des di stanc es d’ob jets ponc tuel s,
c omme l es étoi l es.

1 3- Lou m’av ai t c onf i é qu’el l e aur ai t b énéf i c i é de l ’ai de médi c al e des U mmi tes, qui
l ’aur ai ent guér i e d’un l upus par ti c ul i èr ement gr av e. Toujour s sel on el l e, Peña aur ai t l ui aussi
b énéf i c i é d’une assi stanc e médi c al e de l a par t des U mmi tes, i mmédi atement apr ès son ac c i dent
c ar di ov asc ul ai r e.

1 4- Quel ques moi s apr ès l a r éc epti on de l a l ettr e de Ry ad, dans un nouv eau message éc r i t
r eç u par Far r i ol s.

1 5- Co-auteur , av ec l ’astr onome G. Monnet, de l ’ouv r age La Vie extraterres tre, op. c it.

1 6- Les « uf ol ogues » f r anç ai s sont « dans l e c i v i l » gar di en de nui t, r etr ai té des P et T,


v i gi l e, pi on dans un c ol l ège, etc .
Épilogue

Que faut-il croire, conclure ? Le lecteur sera tenté de se


dire : « Par rapport à l’ouvrage précédent, l’auteur change de
ton et semble parler maintenant des Ummites comme si ces
gens étaient réellement extraterrestres ! Il a basculé dans le
monde de la croyance. »
Non. Ça ne serait pas scientifique. Le débat n’est pas clos.
La question n’est pas tranchée et l’instruction continue, c’est
tout.
Lors de l’exécrable émission de télévision que j’ai citée, la
réalisatrice tint à présenter, dans les toutes dernières minutes,
un petit monsieur anglais qui s’était un jour dénoncé comme
l’auteur des « ronds dans les blés ». On les a vus partout, lui et
son acolyte, couchant les épis avec un matériel très simple : un
bout de bois et une ficelle. Un mystère était élucidé, disait-on.
Pendant dix ans ces deux pépés farceurs (l’un s’appelant Doug
Bower) auraient occupé nombre de leurs nuits à créer ces
étranges formations dans les champs. Doug précisait qu’il
aurait couvert 25 000 kilomètres par an, pendant dix ans,
pour faire cet étrange travail et que c’est en relevant le
kilométrage de sa voiture que son épouse aurait découvert ses
activités nocturnes.
– Nous avions, disait Doug avec un air malicieux,
commencé par un rond chaque vendredi.
Quelle chance ont les Anglais d’avoir du blé haut, chaque
vendredi, à longueur d’année !
Lorsque je le questionnai après l’émission, l’homme, qui
prétendait avoir vécu, avant cela, « de différents métiers »,
dont la peinture à l’huile1 , me dit qu’il s’était inspiré des ronds
qui étaient apparus, antérieurement, en Australie : le
problème se déplaçait !
Je lui dis :
– Ayant habité en milieu rural, je n’aurais
personnellement jamais pris le risque de faire de tels dégâts
dans des blés près d’être moissonnés. C’est un coup à prendre
un coup de fusil ! Les paysans, dans tous les pays, ne
plaisantent guère avec ces choses-là.
– Nous étions très prudents, me répondit Doug. Nous
montions cela comme de véritables opérations de commando
(…), en n’opérant que par les nuits sans lune.
Diable, combien y a-t-il de nuits sans lune en Angleterre,
quand les blés sont hauts ? Et comment, pendant ces rares
nuits, couvrir 25 000 kilomètres par an ?

Vous n’avez pas encore vu l’homme qui a été à l’origine de


toute la vague belge. Je l’ai rencontré, à Bruxelles. Il s’appelle
Michel Kuznek. Il construit des ballons en vinyle de 10 mètres
de long, emmenant une nacelle faite de tiges d’alliage léger,
trop fines pour être détectées par les radars. Remplissage :
hélium (très coûteux). Téléguidage visuel, à l’aide d’une mini-
caméra embarquée sur l’engin, de la taille du petit doigt.
Pilotage : sophistiqué. Vitesse maximale : 70 kilomètres à
l’heure. Propulsion assurée par une trentaine de moteurs
électriques de la taille d’un bouchon, actionnant des mini-
hélices de modèle réduit, en plastique. Source d’énergie : une
batterie linéaire de mini-accus, d’un centimètre de diamètre.
Tout cela totalement indétectable au radar. Tout sauf un
travail d’amateur. Positivement ruineux.
Dans quel but ? Dégonfler l’affaire belge, d’un coup, en la
présentant comme une « farce ». Kuznek, que j’ai rencontré en
1991, m’a dit qu’il avait déjà procédé à des essais avec succès.
Pour simuler le mouvement rapide de l’objet, il utilisait, m’a-t-
il confié, trois ballons, transportés par trois semi-remorques
de quinze tonnes, avec une équipe au sol importante.
– C’est simple, il suffisait d’éteindre un des ballons et d’en
allumer un autre quelques kilomètres plus loin.
Trois semi-remorques, une forte équipe au sol et trois
remplissages à l’hélium. Infiniment plus coûteux que la manip
« ronds dans les blés ».
Vous imaginez le montage : les médias avertis, Science et
Vie en tête. L’« ovni » revenant, se laissant complaisamment
filmer, puis se posant au milieu des témoins éberlués. Kuznek,
ou un autre, peut-être plus fiable, jouant le rôle du farceur,
dévoilant le pot-aux-roses devant les caméras.
– Oui, c’est moi qui me suis amusé, avec mes trois ballons
et mes trois quinze-tonnes, pendant deux ans…

Tout récemment, on vient d’apprendre qu’un cinéaste de


l’Air Force allait rendre public, cet été, un film qu’il avait pris
lors de la célèbre affaire du « crash de Rosewell » (il prétend
qu’il aurait, à l’époque, fait pour son propre compte une copie
pirate de ce document, top secret).
Hum… Cet homme ne va-t-il pas à son tour se
transformer en cinéaste-mystificateur ?

Ne cherchez plus. Les ovnis sont des farces. Ici on passe


dix ans de sa vie à tracer des ronds dans les blés, au risque de
prendre un coup de fusil d’un paysan, là on s’amuse avec des
ballons high tech. Ailleurs des scientifiques du plus haut
niveau s’amusent pendant trente ans à titiller une vingtaine
d’Espagnols, simulent des traces au sol (San José de
Valdeiras), apportent des fausses photos à un journal,
récupèrent adroitement des faits divers bien réels (l’affaire de
la main coupée), font envoyer des textes des quatre coins du
monde, parlent au téléphone avec une voix déformée par
ordinateur. Avec une remarquable suite dans les idées, ils
« s’amusent » ainsi depuis plus de trente années. Pour ce faire
ils touchent à tout, inventent une nouvelle cosmologie, une
nouvelle logique, s’abstiennent de publier ces travaux pour
leur propre compte : c’est tellement plus amusant de voir un
chercheur le faire à leur place !
La farce devient alors si compliquée, puisqu’elle nécessite
des écoutes téléphoniques ou même le piégeage d’un
ordinateur, que les farceurs doivent travailler la main dans la
main avec les services secrets d’une grande puissance. À
moins que ceux-ci soient à l’origine de cette obni (opération à
but non identifié). Auquel cas ces mêmes services secrets
auraient rétribué à prix d’or pendant trente ans ces
collaborateurs, au plus haut niveau scientifique, pour obtenir
que ces gens fassent cadeau d’idées brillantes, en s’abstenant
de les exploiter pour leur propre compte et en gardant le
secret à vie.
Cette dernière thèse est celle du journaliste Jean-Claude
Bourret, qui prétend même avoir localisé la source de cette
manipulation : la ville de Tomsk, en Sibérie. À l’entendre, il
aurait là-bas des contacts « qu’il ne pourrait griller ». Étrange
manipulation, émanant d’un KGB féru de métaphysique,
décrivant un univers totalitaire somme toute peu engageant.
Je verrai peut-être un jour se pointer les tontons farceurs
cosmologistes, sans doute un peu défraîchis : soixante-dix,
quatre-vingt ans, minimum. Bien sûr, il faudrait qu’il s’agisse
d’authentiques scientifiques, et non de membres des services
secrets déguisés en farceurs. Alors je ferai amende honorable.
Je confesserai publiquement ma crédulité. Mais, franchement,
j’en doute.
À moins que Jordàn Peña, qui prétend depuis le
printemps 1993, être à l’origine de cette manipulation,
parvienne à justifier la cohérence de ses étonnantes
connaissances scientifiques2.
Bien sûr, tout est possible, y compris qu’il s’agisse d’une
manipulation montée par d’authentiques extraterrestres,
gaffeurs, dans le genre Shaddock (« pourquoi faire simple,
quand on peut faire compliqué ? »), continuant d’interroger
leurs ordinateurs intelligents avec perplexité :
– Alors, avec ces Terriens, si déconcertants, que fait-on ?
On attend un demi-siècle de plus ?
L’avenir le dira. Je vais retourner à mes travaux, à mes
calculs. J’aimerais bien avoir un poste de chercheur pour
Frédéric, afin qu’il puisse travailler avec moi sans avoir à se
cacher. Cela permettrait d’avancer. Mais c’est sans doute un
rêve. On préférera continuer de payer grassement, à
Toulouse, des gens dont René Pellat 3 disait, quand il était mon
directeur de recherche au CNRS :
– Crois-tu que si on avait réellement voulu élucider cette
affaire d’ovnis, on aurait pris des gens pareils4 ?

Au lecteur de se forger sa propre idée, sa propre opinion


sur ce qui lui a été présenté, pièces à conviction à la clef (les
annexes scientifiques et les publications faites dans des revues
de haut niveau, à comité de lecture).
L’affaire Ummo correspond-elle à une authentique
tentative de contact entre une ethnie extraterrestre et nous,
pauvres Terriens, fort occupés à nous entretuer ? Réponse
non évidente, mais affaire intéressante, à suivre.

Trois hypothèses
Soyons clairs. Le dossier ovni ne se prête qu’à trois
interprétations possibles.
1. Il s’agit de farces, d’hallucinations, d’interprétations
erronées de phénomènes naturels, éventuellement mal connus
ou, pour rendre la chose plus actuelle, d’incursions d’avions
furtifs, capables de véritables prodiges. On prête à ces
machines toutes les vertus. Elles devraient, pour coller avec
les récits de témoins, pouvoir faire du sur-place ou évoluer à
très faible vitesse sans le moindre bruit, puis s’envoler à des
vitesses fantastiques, en silence.
Vous ne tarderez pas à voir, sur vos écrans, un des
derniers-nés de la technologie américaine : une plate-forme
d’observation de forme torique, mue par un moteur
conventionnel (bruyant), capable de se faufiler entre les
branches des arbres. Les progrès du pilotage automatique
permettent de nos jours de contrôler un engin aussi instable.
Cette première thèse correspond à la vérité officielle, celle
des scientifiques, des militaires et des politiques. Libre à vous
d’y adhérer. Deux ans après la création du GEPAN, c’est-à-
dire en 1979, le gouvernement français fit voter une loi
imposant un black-out de soixante années sur les rapports de
gendarmerie ayant trait aux ovnis.
Sans commentaire…
2. Le phénomène ovni est de nature « transcendante ».
C’est la thèse à laquelle adhèrent la majorité des « ufologues »,
Jacques Vallée en tête. Essayer d’en percer les mystères serait
une démarche vaine. Ce phénomène « nous dépasserait
irrémédiablement ». Tout ce qui nous serait donné à voir ne
serait que leurre. Les motivations des « entités » qui seraient
à la base des ovnis seraient « au-delà de notre
compréhension ».
3. Le phénomène ovni correspond à des incursions
d’ethnies extraterrestres, utilisant des engins capables de se
déplacer d’une étoile à l’autre, et dont les passagers seraient
des créatures humanoïdes, conformément aux récits des
témoins.
Le dossier Ummo s’inscrit dans cette troisième
hypothèse.
Les deux premières thèses soulèvent un problème de
nature astronomique. Rares sont les scientifiques qui, de nos
jours, persistent à penser que nous serions les seules créatures
vivantes et intelligentes dans l’univers, et dans notre simple
galaxie, la Voie lactée, peuplée de quelque 200 milliards
d’étoiles. La majorité d’entre eux, au contraire, a tenté
d’évaluer le nombre de systèmes susceptibles d’abriter une
vie intelligente.
Si on s’inspire de ce que nous croyons savoir de l’histoire
de la vie sur Terre, il faut une étoile ayant une longévité assez
importante, au minimum cinq milliards d’années, ce qui exclut
les étoiles massives, dotées d’une existence trop brève. Il faut
ensuite que l’étoile « solaire » possède un cortège de planètes,
bien situées, et que l’une d’entre elles, au moins, soit à bonne
distance pour que l’eau puisse s’y trouver à l’état liquide.
Il convient enfin que ces orbites planétaires soient stables
sur de longues périodes de temps, ce qui exclut les systèmes
stellaires binaires où les étoiles sont trop proches.
Un certain nombre de scientifiques ont conclu que, dans
notre galaxie, la Voie lactée pourrait abriter un million de
planètes susceptibles d’accueillir une vie intelligente. C’est-à-
dire une sur deux cent mille. Ceci permet de conclure que,
dans notre « proche banlieue », il ne serait pas déraisonnable
d’en trouver quelques-unes.
À ce stade, il n’y a que deux options possibles, qui
débouchent précisément sur les thèses 2 et 3.
– Soit la vie apparaît au hasard, au petit bonheur la
planète. Dans ces conditions, des écarts évolutifs se chiffrant
en dizaines de millions d’années (durée brève par rapport à
l’âge des planètes) seraient monnaie courante. Il serait donc
improbable, comme l’a suggéré Jean-Marie Souriau, que deux
planètes proches soient dans des états évolutifs comparables.
Alors, de deux choses l’une : ou bien une planète porteuse de
vie, notre voisine, aurait dix millions d’années de retard sur
nous et, dans ces conditions, les créatures qui l’habitent
seraient incapables de nous rendre visite, faute de disposer
d’une technologie ad hoc, ou bien elle aurait dix millions
d’années d’avance.
– Soit un mécanisme, ignoré de nous, imposerait un
synchronisme dans les évolutions planétaires.
Le dossier Ummo, si on le prend à la lettre, suggère un tel
synchronisme. En effet, les auteurs des rapports prétendent
que leur science et leur technologie ne seraient en avance sur
les nôtres que de quatre siècles, ce qui est extrêmement bref,
vis-à-vis de l’âge des deux planètes.
Il pourrait alors s’agir, si ces textes émanent réellement
d’extraterrestres, d’un hasard absolument providentiel, pour
que deux planètes, distantes de seulement quinze années-
lumière, soient aussi synchrones.
Sortez de chez vous. Abordez la première personne que
vous trouverez et demandez-lui sa date, son jour et son heure
de naissance. La probabilité pour que celle-ci soit née la même
année, le même jour et à la même heure que vous est du
même ordre. C’est effectivement très improbable, mais non
impossible a priori.
Les documents Ummo font mention de plusieurs ethnies,
tout aussi voisines, qui seraient situées, selon ces textes, dans
des états évolutifs comparables. S’il en était ainsi, la
probabilité serait tout aussi faible que de trouver, dans une file
d’autobus, des personnes qui soient toutes nées la même
année, le même jour et à la même heure !
D’où cette seconde thèse, celle de la transcendance. Ceux
qui y adhèrent pensent que la Terre est effectivement l’objet
de visites, ou d’une sorte de manipulation, mais que celle-ci
émane d’« entités » n’ayant plus rien à voir avec des êtres
humains. Selon eux, les ovnis, leurs « passagers », les
phénomènes dont certains prétendent avoir été les témoins,
ne seraient que des illusions. Certains ufologues se fondent sur
le caractère hautement déconcertant du phénomène. L’un
d’eux note qu’un témoin, qui aurait pénétré au sein d’un ovni,
aurait constaté « que son intérieur était plus vaste que son
extérieur ». Preuve irréfutable, selon lui, que ce phénomène
ne peut être appréhendé par notre science contemporaine.
Hélas les ufologues n’ont qu’un maigre bagage
scientifique. Que d’illusions ne saurions-nous pas créer, pour
des Terriens des époques antérieures, avec notre technologie
contemporaine ! Dans le cas pré-cité, il suffirait de présenter,
sur la paroi interne de la machine, une image de synthèse
stéréoscopique.
On sait qu’on peut solliciter le nerf auditif humain avec un
pinceau de micro-ondes, modulé dans une fréquence audible.
Alors le sujet « entend » un son, ou une voix, qui ne
correspond ni à un ébranlement gazeux, ni à une vibration de
son tympan.
Au plan visuel, nous avons aussi les hologrammes. Nous
saurions afficher, en tapissant une machine de cristaux
liquides, des images qui la feraient changer de forme et de
couleur à volonté. Un livre entier ne suffirait pas à recenser
ces « miracles » destinés à faire prendre aux hommes des
vessies pour des lanternes. Et que dire de ceux que nous
saurons créer dans un siècle ou deux ?
Pourquoi ?
Pour désinformer, pour pouvoir continuer de travailler en
paix, en maintenant les braves gens « au-dessous de leur seuil
de crédibilité ».
Les pouvoirs publics désinforment à tour de bras. Si des
extraterrestres nous visitent, ils font peut-être de même, et
avouons que cela marche depuis un demi-siècle.
Les frères Leahy, aventuriers australiens, avaient fait de
même en 1933, avec les Papous de Nouvelle-Guinée, pour
pouvoir continuer tranquillement à prospecter l’or dans leurs
vallées.
Le fait qu’un phénomène soit « hautement déconcertant »
ne signifie pas automatiquement qu’il soit « transcendant ».
Nous ne disposons pas d’argument en faveur de la
troisième thèse, quand bien même le dossier Ummo se
révélerait, un jour, être d’origine non terrestre. En effet,
comme suggéré par l’astronome Pierre Guérin, ce phénomène
Ummo pourrait être dû à des « entités », correspondant à la
deuxième hypothèse.
Le lecteur fera lui-même son choix, mais, sans attribuer
de jugement de valeur a priori à aucune des trois, on peut se
demander à quoi elles conduisent.
La première hypothèse représente un gel de notre
réflexion scientifique et traduit une attitude simplement
conservatrice.
La deuxième hypothèse ne mène, pour l’instant, à rien de
tangible, sinon à une sorte d’obscurantisme. Elle permet, bien
sûr, à des ufologues de se valoriser.
Seule la troisième hypothèse fait progresser la science.
D’où son intérêt. À notre avis, c’est sur elle que devraient se
concentrer nos efforts, ce qui met, malheureusement pour
eux, nos braves ufologues « hors jeu ». Elle nous incite à
considérer une situation qui en déconcertera plus d’un.
Étant donné que, si la vie se développe au hasard dans
l’univers, il devient extrêmement improbable de trouver de
proches voisins dans un état évolutif tel que la discussion soit
possible, on est conduit à envisager l’hypothèse
diamétralement opposée. En supposant que « quelque chose »
rythme l’évolution de la vie sur les planètes, imposant
synchronisme et similitudes, alors tous les êtres intelligents de
l’univers, ou du moins de notre galaxie, seraient peut-être au
même niveau en matière de sciences et de techniques, à cinq
cent, mille ou dix mille ans près. C’est-à-dire… pratiquement
zéro !
Ce soir, en sortant sur le pas de votre porte, vous
contemplerez le ciel. Vous y verrez des dizaines de milliers
d’étoiles. Vous vous demanderez peut-être si, sur une planète
orbitant autour de l’une d’elles, se trouvent par hasard des
êtres assez semblables à nous, un peu en avance ou un peu en
retard. Et, peut-être, au même moment, là-bas, un
humanoïde, nain ou géant, poilu ou albinos, sera-t-il en train
de se poser la même question.

Que faire ?
Au-delà, le sujet ovni relève-t-il des « sciences dures » ou
des « sciences humaines » (auquel cas il pourrait être assimilé
à des affabulations, hallucinations, phénomènes de rumeurs,
ou interprétations erronées de phénomènes naturels) ? Bonne
question.
Pour trancher, les deux approches devraient,
logiquement, être menées simultanément. D’un côté, une
armée de psychologues et de sociologues devrait voir si le
témoin d’ovni ne prend pas des vessies pour des lanternes.
Mais de l’autre, pour que l’analyse soit complète, des
physiciens, des biologistes, des « exo-biologistes », des
spécialistes de l’évolution, des astronomes, des spécialistes de
la Relativité générale, de la structure du cosmos, etc. devraient
se pencher sérieusement sur le problème, tels de bons juges
d’instruction, en se posant la question :
« Serait-il possible, compte tenu de nos connaissances
actuelles, éventuellement extrapolées, que ce phénomène
ovni, si dérangeant, puisse correspondre à des incursions
d’ethnies extraterrestres ? »
La question a-t-elle été abordée avec sérieux ? Je
réponds catégoriquement : NON. Le GEPAN, créé en 1977,
puis son successeur, le SEPRA, chargés de « collecter les
données », ne correspondent pas à une démarche d’étude
sérieuse, mais au souhait de « classer ces affaires » au plus vite
et d’enliser toute recherche civile sérieuse. Pour s’en
convaincre, lire mon livre Enquête sur les OVNIS.
Le sujet ovni fait-il l’objet de débats médiatiques sérieux ?
Même réponse. Depuis vingt ans ce sujet a été
systématiquement tourné en dérision, lors de caricatures de
débats télévisés.
La télévision, le Centre national d’études spatiales (dont
relève le SEPRA), le CNRS, ne sont pas des entités
indépendantes. Ces organismes sont financés par les
contribuables et sont censés concrétiser l’aspiration légitime
du citoyen français de voir nos connaissances scientifiques
s’accroître et d’être informé sur ces progrès.
Face à cette carence, c’est donc au public, aux citoyens, de
faire pression sur ces mêmes organismes pour que des études
sérieuses soient enfin initiées. Ils peuvent le faire en
s’adressant à leurs élus, à leurs députés, voire au président de
la République lui-même5.
Je propose donc cette démarche au lecteur. Des projets
sont à votre disposition au GESTO6.

1 - Mal i c i eusement, Fr édér i c l ui di t al or s : « Je sui s pei ntr e à mes heur es. Mai s je n’ai me pas
l a tér éb enthi ne. Je pr éf èr e pei ndr e à l ’essenc e or di nai r e. » Et l ’A ngl ai s l ui r épondi t aussi tôt
« Moi aussi ». Si ngul i èr e r éponse, v enant d’un « ar ti ste pr of essi onnel ».

2- Il f aut v r ai ment êtr e uf ol ogue pour av al er un tr uc par ei l …

3- A c tuel l ement di r ec teur du Centr e nati onal d’études spati al es (CN ES).

4- N ous nous appr êti ons à r enc ontr er tous l es deux Mi c hel Comb ar nous, di r ec teur du
dépar tement Sc i enc es phy si ques de l ’i ngéni eur , au si ège de l a di r ec ti on génér al e, en 1 983.

5- Comme me l e f ai sai t r emar quer mon ami Per r i n de Br i c hamb aut, appr ouv ant c ette
démar c he : dans c e c as i l n’est pas néc essai r e d’af f r anc hi r l a l ettr e !

6- Gr oupe d’étude des tr ac es l i ées au phénomène ov ni , assoc i ati on l oi de 1 901 , 9, tour


d’A y gosi , 1 31 00 A i x -en-Pr ov enc e.
Annexes
1
Quelques lettres ummites

La lettre de Ryad, automne 1992


Commentaire
Cette lettre mentionne le célèbre « théorème de
Fermat ». En 1630 ce mathématicien français prétendit avoir
trouvé la démonstration du théorème suivant :
Il n’existe pas d’ensemble de quatre entiers (a, b, c, n > 2)
tels que :

an + bn = cn
Pour n = 2 il existe une infinité d’entiers qui satisfont
cette équation très simple, par exemple :

32 + 42 = 5 2

Mais, bizarrement, ça ne marche pas pour n > 3. Et on ne


sait pas le démontrer, du moins pour n quelconque. Les plus
grands mathématiciens du monde se sont cassé les dents
pendant des siècles sur cet agaçante conjecture, surnommée
« le dernier théorème ». Bien évidemment, celui qui trouverait
la démonstration deviendrait immédiatement célèbre dans le
monde entier et entrerait dans le panthéon des
mathématiques. Le choix ummite est donc judicieux.
Mais en 1993, après réception de cette lettre, le
mathématicien anglais Wiles a prétendu avoir trouvé cette
fameuse démonstration, qui lui aurait valu séance tenante la
« médaille Fields », équivalent du prix Nobel en
mathématiques1 . Par la suite on a trouvé des erreurs dans sa
démonstration. Au moment où j’écris ces lignes, le bruit court
qu’il y aurait trouvé remède. Mais la chose n’a pas encore été
éclaircie. Alors, de deux choses l’une : ou Wiles a effectivement
trouvé une démonstration (volumineuse), auquel cas la
démonstration « tétravalente » perdrait beaucoup de son
impact, ou bien ce théorème n’est démontrable qu’avec les
outils de la logique tétravalente, comme semble le suggérer
cette lettre. Affaire à suivre.

Une lettre plus technique


Ce second texte se réfère à des questions touchant à
l’astrophysique et à la cosmologie et est daté du 25 juillet 1967.
UMMOALEWEE, le 25-VI I -1967
Nom bre de c opies : 1
Langue : Es pagnol
Madrid

Mons ieur,
Lors d’une c onv ers ation téléph oniq ue q ue nous av ons eue av ec v ous , v ous
s ollic itiez l’env oi de doc um ents c onc ernant les th èm es as tronom iq ues .
La diffic ulté c ons is te à c h ois ir dans la gam m e de nos c onnais s anc es dans c e
dom aine les faits ou les th èm es q ui s oient les plus ac c es s ibles pour v ous , dans le dom aine
de l’as troph y s iq ue analy s ée par les s c ientifiq ues de la Terre.
Dans c e q ui v a s uiv re, nous allons v ous donner des rens eignem ents c onc ernant les
c arac téris tiq ues de q uelq ues s truc tures s ituées dans notre galaxie, et pratiq uem ent
inc onnues des s c ientifiq ues de la Terre. Du m oins nous n’en av ons pas trouv é trac e dans
les différents bulletins et public ations périodiq ues des obs erv atoires .
Nous c om m enç ons aujourd’h ui par les I AGI AAI AOO. I l s ’agit de c ertaines
nébuleus es q ue v ous n’av ez pas répertoriées , et dont la form e, dans les c as q ue nous
c onnais s ons , es t annulaire (en réalité toroïdale). Ceux d’entre v ous q ui ne s eraient pas
s péc ialis és dans les th èm es touc h ant à l’as troph y s iq ue auront peut-être une v ague idée
des div ers es nébuleus es étudiées par les Terriens . Ces nébuleus es -c i s ont intra-
galac tiq ues 2. I l exis te de nom breux ty pes de nébuleus es intra-galac tiq ues . Ains i par
exem ple à q uelq ue m ille pars ec de la Terre 3, dans l’axe q ui unit v otre planète à la
c ons tellation du S agittaire (axe q ui pas s e très près du c entre de notre Galaxie) exis te une
nébuleus e dont la plus grande dim ens ion es t 0,00017 année-lum ière 4, et q ui es t c om pos ée
de glac e et d’h y drogène, la dim ens ion m oy enne des élém ents étant de 0,43 m m .
D’autres nébuleus es s ont form ées de m oléc ules . Le gaz peut être s i raréfié q ue dans
un c entim ètre c ube on ne trouv era en m oy enne q ue 26 m oléc ules .
Dans le c as le plus fréq uent les nébuleus es s ont des c onglom érats de partic ules
s olides , dont la granulom étrie s ’étend de 0,00003 Enm o à 0,08 Enm o5.
Un ty pe de nébuleus es dont les as tronom es s ubodorent l’exis tenc e tout en en
ignorant la c om pos ition es t form é de grandes m as s es raréfiées d’am m oniac à s i bas s e
tem pérature q ue les partic ules s ont c ris tallis ées s ous form e de petits filam ents
pris m atiq ues . Ces nuages polaris ent fortem ent la lum ière 6.
Dans le c as q ui nous intéres s e aujourd’h ui il s ’agit d’objets dont l’étude nous a
perm is de détec ter l’influenc e de notre c os m os jum eau, l’UWAAM, s ur notre propre c os m os ,
le WAAM. Depuis de nom breux XEE7 nos experts av aient loc alis é une s érie de c onglom érats
affec tant la form e de tores , de s ec tion elliptiq ue, et très turbulents .
Nos s péc ialis tes , en analy s ant la lum ière q ui les trav ers ait, purent rapidem ent
déterm iner q u’elles étaient c ons tituées d’h y drogène à l’état s olide, s ous form e de très petits
c ris taux, à une tem pérature proc h e du z éro abs olu. Quelq ues XEE plus tard on déc ouv rit la
prés enc e d’un faible c h am p m agnétiq ue dont les lignes de forc e s e s ituaient dans des
plans perpendic ulaires à la s ec tion toroïdale.
Nous s uppos âm es q ue c e c h am p m agnétiq ue était dû au m ouv em ent des c h arges
élec triq ues portées par c es fines partic ules d’h y drogène s olidifié. Mais les analy s es fines
(la plus proc h e de c es nébuleus es s e trouv e à 7,884 années -lum ière de Um m o) m ontrèrent
q ue c e flux partic ulaire était inexis tant. On c ons tata en outre q ue le plan de polaris ation de
la raie D ém is e par le s odium 8 était polaris é s elon un angle de 0,8 radian. Par c ontre une
q uelc onq ue longueur d’onde ne s ubis s ait pas de polaris ation.
Au s ein de la nébuleus e furent loc alis és des c onglom érats lentic ulaires q ui
ém ettaient des ondes grav itationnelles s elon une fréq uenc e de 5,833 KC/s 9. Par c ontre nous
ne pûm es détec ter auc une ém is s ion de ty pe radioélec triq ue, de q uelq ue puis s anc e q ue c e
s oit. Toute l’inform ation q ue nous dégagions de c es objets prov enait de l’analy s e du
ray onnem ent q ui les trav ers ait.
On déc ouv rit ens uite q ue le c h am p m agnétiq ue, q ui d’ordinaire s e m aintenait dans
des plans perpendic ulaires au toroïde lui-m êm e, s e m odifiait ins tantaném ent, s on plan
os c illant s ans q ue s on intens ité ne v arie, de m anière apériodiq ue et anar-c h iq ue. Puis c es
os c illations allaient en s ’am ortis s ant et finis s aient par dis paraître.
Ce fut I UDI I 24, fils de I UDI I 23, q ui m ontra q ue c es os c illations s e produis aient
toujours q uelq ues m ois après q ue n’apparais s ent c es énorm es c ourbures de l’es pac e
tridim ens ionnel q ui s ont par ailleurs utilis ées par nos v ais s eaux pour s e déplac er d’un
point à un autre de notre Galaxie. De telles altérations s e produis aient en m oy enne tous les
2 XEE (env iron c inq m ois ).
À c ette époq ue notre s y s tèm e de déplac em ent intra-galac tiq ue, bas é s ur l’inv ers ion
des s ubpartic ules , balbutiait et nous env oy ions des s ondes exploratric es autom atiq ues ,
dotées d’un program m e préalablem ent ins c rit dans leurs m ém oires de titane. Nos
v ais s eaux n’étaient pas guidés c om m e les v ôtres par le m oy en d’ondes radioélec triq ues ,
parc e q ue c es ondes n’atteignent pas le v ais s eau, une fois q ue c elui-c i a inv ers é s es
s ubpartic ules atom iq ues . Toute c om m unic ation par ondes élec trom agnétiq ues av ec le
v ais s eau dev enait im pos s ible pendant c ette ph as e du v oy age, jus q u’à c e q u’il
réapparais s e dans notre es pac e ph y s iq ue et il ne fallait pas s onger à un pilotage par
ondes grav itationnelles (q ue v ous ne s av ez pas enc ore produire) c ar l’énergie de c es
ém is s ions es t infinités im ale.
Une de nos nefs autom atiq ues , de nos UAAWOLAE UEWALM, s e déplaç a donc
jus q u’à la prem ière nébuleus e toroïdale détec tée en ay ant à s on bord des ins trum ents de
m es ure. Ce q ue c es ins trum ents rév élèrent lais s èrent nos s c ientifiq ues perplexes . La
tem pérature de c ette nébuleus e était de m oins 270 °C, légèrem ent s upérieure à trois degrés
abs olus 1 0 . Durant 0,7 XEE (s ept s em aines ) c ette tem pérature res ta c ons tante, puis elle s ubit
une c h ute brutale jus q u’à m oins 273,15 °C1 1 . Ces altérations s e produis aient de m anière
périodiq ue. On c ons tata q u’il exis tait une c orrélation entre c es c h utes de tem pérature et les
grands plis s em ents de l’es pac e tridim ens ionnel, dus à l’ac tion du c os m os jum eau,
l’UWAAM. Malh eureus em ent l’interv alle q ui s éparait c es deux ph énom ènes (c h utes de
tem pérature et plis s em ents ) était v ariable de 0,4 à 3,3 XEE (de un à h uit m ois ).
Ce ph énom ène, q ui s e produit s eulem ent dans c e ty pe de nébuleus e, c ons titue,
m algré s on extrêm e im préc is ion, l’uniq ue m oy en s c ientifiq ue de prév is ion des pos s ibilités
de nos v oy ages .
Nous pouv ons m aintenant v ous rév éler av ec q uel s y s tèm e nous m es urions jadis
l’ins tant où s e produis ait la c h ute de tem pérature dans la nébuleus e. S a c ons truc tion es t à
v otre portée.

Nous utilis ons une petite barre de tantale, q ui a la propriété de dev enir
s uprac onduc teur en des s ous de la tem pérature de 4,4 °K. La barre es t entourée par un
bobinage plac é dans une enc einte is oth erm e et produis ant un c h am p de 500 Œrs teds . La
barre de tantale es t s ituée dans de l’h y drogène s olidifié q ui es t à la tem pérature de 3,66 °K.
À c aus e de la prés enc e du c h am p m agnétiq ue le tantale s e c om porte alors c om m e un
c onduc teur ordinaire 1 2. Mais s i la tem pérature des c end en des s ous de 3 °K le tantale
retrouv era brutalem ent s es propriétés s uprac onduc tric es et le c ourant pas s era. Cec i
perm ettra de détec ter toute bais s e de tem pérature dans le m ilieu am biant.
Aujourd’h ui nous n’utilis ons plus c e ty pe d’appareil, q ue nous c ons idérons c om m e
dém odé et nous déterm inons la tem pérature au m oy en du c ontrôle m oléc ulaire au s ein
d’un c ris tal de c h lorure de c érium .
Ces nébuleus es toroïdales , fonc tionnant par rés onanc e, s ont s y nc h ronis ées av ec le
début de la dis tors ion s patiale. Cet effet es t le s eul q ui trah is s e dans notre es pac e
tridim ens ionnel l’effet des plis s em ents extrac os m ologiq ues . Vous ne tarderez pas à les
détec ter.
2
Comment le CNRS perçoit
le chercheur Jean-Pierre Petit

Dans les premières pages du livre, j’ai décrit une


rencontre avec la Direction générale du CNRS, suite à une
convocation de celle-ci, au siège parisien. Mais, les mois
passant, des bruits de grincements de dents assez
désagréables me venaient aux oreilles, émanant de collègues
chercheurs. Le mot « discrédit scientifique » revenait souvent.
Berroir, directeur du département Sciences de l’Univers, qui
m’avait si gentiment reçu, me fournit la solution :
– Vous n’avez qu’à demander à être évalué officiellement
par vos pairs, c’est-à-dire par la section du comité national
dont vous dépendez, la section 14. C’est votre droit le plus
strict et c’est dans les statuts du CNRS.
Je fis donc une démarche en ce sens, fortement appuyée
par la direction de l’observatoire où j’étais affecté depuis
quinze années. La section réalisa ce qu’on appelle un audit
scientifique. Pour ce faire, le président de la section 14
(astrophysique et cosmologie), M. Dominique Le Quéau,
s’adressa à un certain nombre d’experts « considérés comme
des autorités indiscutées » dans les différents domaines que
j’avais abordés au cours de mes vingt-cinq années de carrière.
Il en résulta un premier document, reproduit intégralement
ci-après. Mais celui-ci n’était guère satisfaisant. Il y avait des
choses inexactes, concernant mes travaux de mathématiques
pures. Si mes travaux de MHD étaient jugés favorablement
(bien que les avis des « experts incontestés », sollicités par Le
Quéau, s’y contredisent parfaitement), les conclusions du
rapporteur, concernant la cosmologie théorique, étaient très
négatives. Le Quéau, se fondant sur les avis de ses experts
(puisqu’il n’était lui-même nullement compétent dans ce
domaine) concluait à mon non-professionalisme. Les travaux
publiés en 1988-1989 dans Modern Physics Letters A étaient
qualifiés de « canular ». Le Quéau reprenait à son compte
l’avis d’un expert cosmologiste étranger qui qualifiait mes
publications de « travail d’amateur ». Le coup était dur.
À peu près à la même époque, le hasard me fit tomber sur
mon dossier CNRS qu’un responsable avait amené avec lui à
l’observatoire où je travaillais. Je n’avais jamais eu accès à ce
document, volumineux, condensé de ma vie professionnelle, et
j’appris avec surprise que je pouvais le consulter. J’y trouvai
une suite affligeante d’avis émanant de rapporteurs successifs,
au fil des années. Ce que j’y découvris me laissa pantois. Toute
une vie de recherche, des milliers d’heures de travail et
d’efforts insensés, des dizaines d’idées se trouvaient évalués à
la va-vite par des gens en général incompétents. Je compris
alors pourquoi mes projets de recherche, mes demandes de
crédits étaient restés lettre morte pendant tant d’années : ils
avaient simplement été examinés par des gens qui ne les
avaient pas compris ! C’était bête comme chou, mais j’avoue
que je n’avais jamais envisagé les choses sous cet angle, ni
imaginé que cela pût être à ce point.
Dans ce lot je sélectionnais deux rapports
particulièrement incisifs, émanant d’un certain Véron,
directeur de l’Observatoire de Haute-Provence. Je lui
téléphonais :
– Allô, professeur Véron ?
– Lui-même.
– Professeur, j’ai lu les deux rapports que vous avez fait
sur moi ces dernières années. Il me semble qu’il y a là un
malentendu scientifique qu’il conviendrait de lever. Pour ce
faire je vous propose de venir faire à l’Observatoire de Haute-
Provence un séminaire sur mes travaux scientifiques.
Véron était embêté et tenta de prendre la tangente :
– Je ne suis plus à la section, vous savez…
– Je sais, mais il s’agit d’un point de déontologie. Nous
nous devons de lever les malentendus d’ordre scientifique.
– Mais, vous savez, pour votre séminaire, vous n’aurez
pas grand-monde.
– L’essentiel est que vous soyiez là.
– Je serai là.
– Alors c’est parfait. Convenons d’une date.
Le jour dit, la salle de séminaire était comble. Personne
n’aurait voulu rater un face-à-face Véron-Petit. J’exposai mes
travaux de cosmologie théorique en essayant de les rendre
accessibles à mon auditoire. Puis je lus les deux rapports,
extrêmement critiques, rédigés par Véron sur ces travaux, et
ajoutai :
– Professeur Véron, êtes-vous spécialiste de cosmologie
théorique ?
– Pas le moins du monde. Je n’y connais strictement rien.
– Quand on vous a demandé d’écrire un rapport sur mes
travaux, avez-vous songé à consulter un spécialiste pour que
celui-ci puisse vous aider à évaluer les publications qui vous
étaient soumises ?
– Non, j’avoue que cette idée ne m’a pas traversé l’esprit.
– Il me semble que c’est une faute.
Véron verdit devant ses ouailles, mais ne pouvait rien
ajouter à ma phrase, qui ne faisait que sanctionner une
consternante réalité. Je croyais que mon séjour à
l’Observatoire de Haute-Provence touchait à son terme. Mais
la coutume était que tout intervenant restât pour déjeuner
avec les chercheurs. Je pris donc place à la droite de Véron,
directeur. L’ambiance était à couper au couteau. Celui-ci finit
par attaquer :
– En tout cas, je n’ai pas du tout apprécié votre livre sur
les Ummites !
– Pourquoi donc ?
– Mais parce que c’est un tissu d’âneries !
– Pourquoi ?
– Mais parce que !
– Parce que quoi ?
–…
Le dialogue tourna court. À l’autre bout de la table,
Charles Ferrembach, académicien et retraité, revint sur ce
sujet :
– Je voudrais savoir comment le mathématicien Souriau a
réagi lorsque vous avez publié votre livre Enquête sur les
OVNIS.
– Il a trouvé que je posais bien les problèmes.
– Ah… Alors je ne regrette pas d’avoir voté contre lui
lorsqu’il a été candidat pour entrer à l’Académie des Sciences !
– Il est regrettable qu’un homme aussi brillant se soit vu
barrer l’accès à l’Académie par des gens tels que vous.
Fin de la discussion.

Les lecteurs se font de grandes illusions sur la façon dont


fonctionne le milieu de la recherche. C’est une structure
médiévale, cousue d’irrationalité.
Le rapport de Le Quéau n’était pas de nature à dissiper
cette mauvaise impression. Lorsqu’il était venu à Marseille me
le remettre, il l’avait fait en présence de mon directeur
d’observatoire, lors d’un déjeuner. Ce que j’entendis m’avait
stupéfié. Je reproduis le dialogue :
Le Quéau – En tout cas, je peux confirmer une chose :
c’est bien l’armée qui a stoppé les recherches de Petit en
MHD, sur l’annihilation des ondes de choc.
Baluteau – Pourquoi, ça ne les intéressait pas ?
Le Quéau – Au contraire et je peux vous dire qu’ils
continuent plein pot dans leurs laboratoires secrets en
confidentiel défense et je suis bien placé pour le savoir : j’ai des
rapports privilégiés avec la DRET. J’ai aussi longuement
travaillé avec René Pellat.
L’armée avait donc délibérément étouffé mes recherches
de MHD, pendant quinze années, pour deux raisons. La
première était qu’elle voyait dans mon « aérodyne MHD » un
missile de croisière supersonique1 3. La seconde est qu’elle ne
tenait nullement à ce que cette expérience d’annihilation
d’ondes de choc, si elle avait réussi, n’attire irréversiblement
l’attention du public sur le dossier Ovni, soigneusement
discrédité par les politiques, les scientifiques, les journalistes et
même les… ufologues.
J’ai effectivement levé les pouces pour la MHD en 1987,
après quinze années de combat sans espoir, et je me suis
reconverti vers le papier-crayon, la théorie pure, grâce aux
tuyaux des Ummites. Par chance je ne me débrouille pas trop
mal dans ces eaux-là.
En ce printemps 1994, Le Quéau avait par inadvertance
brisé l’omertà. Un homme comme René Pellat 1 4 (au courant de
tout depuis le début) n’aurait jamais commis une telle erreur.
Le président de la section 14 avait mangé le morceau en deux
phrases.
Averti, mon ami le mathématicien Jean-Marie Souriau fit
ce commentaire :
– Ce qui est choquant, ça n’est pas que l’armée ait voulu
développer des recherches secrètes à partir de tes idées. Le
confidentiel défense, au fond, c’est son métier. Ce qui est par
contre inadmissible, c’est que le CNRS n’ait pas cherché à te
faire comprendre, d’une manière ou d’une autre, que tu
perdais ton temps et que personne ne t’aiderait jamais à
concrétiser tes idées.
Dans son rapport, Le Quéau avait eu le culot d’évoquer,
me concernant, un « sentiment de persécution », alors qu’il
savait tout de A à Z, quand il écrivit ces lignes.
Je protestai et consignai les phrases en question dans ma
fiche documentaire (sorte de rapport d’activité annuel
succinct, reproduit in extenso plus loin). Ce document,
contresigné par le directeur de ma formation de recherche,
confirmant ainsi son propre témoignage, constitue la pièce à
conviction de cette affaire, unique, mais incontestable.

Premier audit de M. Le Quéau Président de la


section 14 du CNRS, printemps 1994
Centre National
de la Recherche (printemps 1994)
scientifique
Section : 14

Nom du chercheur : PETIT Jean-Pierre

Nom du rapporteur désigné : D. LE QUÉAU

Avis du rapporteur : M. Jean-Pierre PETIT est né en


1937 (57 ans)

Diplômé de l’École nationale supérieure de l’Aéronautique


(1961), il a été recruté comme ingénieur CNRS en 1966, à
l’Institut de mécanique des fluides de Marseille. Il y a été
affecté comme attaché de recherche en 1969. Il dépend alors
de la section de mécanique (04) du comité national. Après
avoir été affecté au Laboratoire de dynamique des systèmes
réactifs (1971) et soutenu sa thèse d’État, en 1972
(« Applications de la théorie cinétique des gaz à la physique
des plasmas et à la dynamique galactique »), il est promu
chargé de recherche en 1974. Depuis 1975, date à laquelle son
dossier a été transféré à la section d’astronomie (07), il est
affecté à l’observatoire de Marseille. En 1982 son dossier a été
de nouveau transféré, cette fois-ci vers la section
d’« Électronique, électrotechnique et optique », à la demande
de son directeur de recherche, dans la perspective d’une
intensification de son activité dans le domaine de la MHD. Sa
promotion comme maître de recherche date de 1983. Celle-ci
résulte d’une recommandation de la commission transversale
chargée d’examiner ses activités de vulgarisation et de
transfert des connaissances (ISD). Suite à l’impossibilité de
développer ses projets de MHD, M. Petit décide de consacrer,
à l’avenir, ses activités à la cosmologie et à l’hydrodynamique
des galaxies et obtient son transfert à la commission 18, en
1988, puis à la section 14 en 1991.
L’aperçu « administratif » de sa carrière montre que
M. Petit est un chercheur éclectique, à l’activité multiforme. Il
laisse également supposer son originalité, voire son non-
conformisme, en même temps que sa puissance de travail,
attestée par le volume de son œuvre écrite et/ou dessinée.
L’examen de son dossier montre également la grande diversité
des avis qualitatifs émis par les rapporteurs successifs sur ses
travaux, reflet manifeste de la perplexité de la communauté
scientifique à son sujet. En 1992, suite aux remous
médiatiques provoqués par la parution, sous la signature de J.-
P. Petit, de deux livres « grand public » sur les
« extraterrestres », et à la demande du directeur général du
CNRS, j’avais déjà été saisi du dossier et avais fait appel, à titre
confidentiel, à plusieurs rapporteurs indépendants, non
français, et reconnus par leurs pairs comme des autorités
internationales indiscutables. Le présent rapport est
largement issu de ce premier travail d’évaluation, même s’il
inclut un bref examen des travaux de cosmologie théorique
réalisés depuis par J.-P. Petit.
Le premier axe des travaux scientifiques de J.-P. Petit
concerne l’étude des écoulements magnétohydrodynamiques.
Tout d’abord dans le domaine des convertisseurs MHD : dans
les années 1969-1970, il a étudié et fait fonctionner un
prototype de générateur linéaire de Faraday, alimenté par un
tube à choc, développé au laboratoire de mécanique des fluides
de Marseille. Sur le plan théorique, M. J.-P. Petit s’est alors
plus particulièrement attaché à étudier le développement et la
stabilisation de l’instabilité électrothermique (ou instabilité
d’ionisation de Vélikhov), qui apparaît lorsque la température
électronique excède la température du gaz, et limite les
performances de ces dispositifs, en segmentant le canal
d’écoulement du courant. Il a repris des activités
expérimentales, ou plus précisément « technologiques »,
autour des années 80, en étudiant le rôle d’une alimentation
séquentielle des électrodes, puis celui du confinement
magnétique des canaux de courant, sur une décharge spirale
qu’il avait construite à l’observatoire de Marseille avec du
matériel de récupération. Le second volet de cette activité, qui
est très lié au premier, concerne la régulation de l’écoulement
d’un gaz par les forces de Lorentz, autour d’un mobile doté
d’un générateur de champ magnétique et se déplaçant dans un
fluide conducteur (la mer) ou non conducteur (l’air), s’il est
alors muni d’un ionisateur. Cette régulation peut, selon J.-
P. Petit, aller jusqu’à la suppression des ondes de choc
produites par le mouvement du mobile. Cette idée a été
étudiée théoriquement, à l’occasion de la thèse de docteur
ingénieur de B. Lebrun, que J.-P. Petit a encadrée, et qui a été
soutenue en 1987. Ce travail permet d’envisager l’existence de
mouvements supersoniques silencieux. Il a notamment valu à
J.-P. Petit d’être associé au GEPAN (groupe d’études sur les
ovnis, qui a fonctionné de 1977 à 1988, sous la houlette du
CNES). Il lui a également permis de bénéficier d’un appui,
d’abord de la part du CNES, puis de celui du secteur SPI à
partir de 1982, pour tenter de concrétiser expérimentalement
ses idées dans un laboratoire rouennais, dans le cadre d’une
collaboration entre le CNRS, le MRT et la DRET. Le contexte
de cet effort français civil en matière de propulsion MHD n’a
cependant pas évolué de manière très claire, malgré l’intérêt
porté par les tutelles, et celui-ci semble avoir été peu à peu
abandonné. En 1992, M. Petit semblait décidé à continuer ses
travaux dans ce domaine, puisqu’il m’avait fait part de son
souhait de participer au pôle « PAMIR », dédié à l’étude de la
MHD. Outre de nombreux comptes rendus à l’Académie des
Sciences, ils ont fait l’objet de trois articles dans des revues à
comité de lecture. Ses derniers travaux sur l’annihilation des
ondes de choc par les forces de Laplace ont été présentés dans
le cadre d’une conférence invitée, organisée en Chine en 1992.
Examinés par les différents rapporteurs « extérieurs », les
différents articles de M. Petit, dans ce domaine, suscitent des
réserves. Les principaux reproches (rapporteur 1), outre des
insuffisances scientifiques manifestes (équations
inexpliquées…), concernent la discussion physique des effets
annoncés, voire la rédaction même de certains articles jugés
par l’un des rapporteurs mal référencés et finalement « … to
be effectively incomprehensible ». Un autre rapporteur (2) est
moins sévère et déclare, à propos des travaux de J.-P. Petit
sur la suppression des ondes de choc qu’il s’agit d’un « …
important problem and is well treated using classical methods
of solution along characteristics ».
Je dois dire que c’est également mon avis, à
partir de la lecture de la thèse de B. Lebrun,
effectivement beaucoup plus facile à appréhender
que dans les articles cités : il y a là un travail
apparemment sérieux de modélisation théorique des
écoulements supersoniques, étayé par des
simulations numériques qui me semblent
correctement réalisées. Il aurait pu constituer le
début d’une ligne de travail plus approfondie,
relevant du domaine des « sciences pour
l’ingénieur », si le sujet – possibilité de mouvement
supersonique sans onde de choc – avait fait l’objet, à
l’époque, d’un soutien renouvelé de la part du CNRS.
Le deuxième travail que M. Petit a développé, durant les
années 1972-1975, touche à la théorie cinétique des plasmas. Il
est dédié au développement d’une technique mathématique
classique (développements asymptotiques raccordés, à
plusieurs paramètres) pour déterminer les coefficients de
transport d’un gaz ionisé dominé par les collisions. Outre qu’ils
étendent quelque peu les résultats de Chapman-Enskog, les
deux articles que M. Petit a publiés sur le sujet, dans des
revues à comité de lecture, font preuve de bonnes
connaissances mathématiques, mises en œuvre dans le
contexte d’un calcul perturbatif relativement sophistiqué.
Le troisième ensemble de sujets abordés par J.-P. Petit au
cours de sa carrière scientifique concerne la cosmologie. Sa
réflexion a débuté dans les années 1975-1978, par une étude
des solutions elliptiques particulières du système Vlasov-
Maxwell, vérifiant simultanément une équation de Poisson,
pour des systèmes à la fois chargés et autogravitants.
L’objectif était de comprendre quelques aspects de la
dynamique des galaxies, dans le cadre d’un modèle d’univers
euclidiens « gémellaires et énantiomorphes », permettant
d’inclure la description simultanée de la matière et de l’anti-
matière. Ces travaux ont fait l’objet de cinq comptes rendus à
l’Académie des Sciences. Bien que des idées au contenu proche
aient pu être énoncées par des chercheurs très reconnus en
matière de cosmologie (A. Sakharov), les points de vue des
rapporteurs extérieurs sur cette partie des travaux de J.-
P. Petit sont extrêmement sévères : « None of the obvious
difficulties (of this model)… are treated », « The subsequent
discussion seems incoherent and verges to fantasy… »
(rapporteur 1) ; « … I can affirm that the content of these two
articles makes no sense to me, and I cannot see why they were
accepted for publication » (rapporteur 3). Dans la continuation
de ces travaux, le dossier actuel (1993) de J.-P. Petit contient
un texte non publié relatif au « problème de la masse
manquante », dont l’effet résulterait – si j’ai bien compris – de
l’interaction gravitationnelle avec l’anti-matière située dans
l’univers jumeau. Pour décrire ces effets, M. Petit propose une
modification substantielle de l’équation d’Einstein, fondée sur
un a priori concernant la topologie de l’espace-temps et de son
« jumeau ». Bien que n’étant pas spécialiste reconnu de
cosmologie théorique, il me semble que les idées avancées ici,
pour révolutionnaires qu’elles puissent apparaître, ne sont pas
plus étayées que les précédentes et recevraient, de la part des
mêmes rapporteurs, qui eux sont des spécialistes de ces
questions, un accueil des plus sceptiques.
Récemment, M. Petit a également travaillé à un modèle
cosmologique « à vitesse de la lumière et constante de
gravitation variables », continuation des idées présentées par
Milne, qui a fait l’objet de trois articles dans la revue Modern
Physics Letters. Pour le rapporteur initial de ce travail la
proposition de M. Petit est « … au moins aussi cohérente que
beaucoup d’autres ». La solution exhibée par J.-P. Petit,
quoique mathématiquement correcte, est physiquement sans
intérêt, puisque correspondant à un univers vide et que,
vraisemblablement, il s’agit là d’un « … canular… », ou bien
résulte d’une confusion entre carte locale de la variété
d’espace-temps, confusion liée au choix d’une représentation
non standard de la coordonnée temporelle. Comme le déclare
un autre rapporteur (3) : « This article contains various rather
arbitrary and unoriginal suggestions for laws of time variations
of parameters such as the speed of the light… My impression
is that there is little in any of these articles of sufficent interest
to justify their publication. »
Il ne me semble donc pas que les travaux
cosmologiques de J.-P. Petit puissent actuellement
alimenter positivement les évolutions de la
recherche en ce domaine. Cela est probablement dû à
la conséquence de son isolement scientifique dans ce
sujet difficile, isolement que ne compense pas une
opiniâtreté certaine.
Une autre série de travaux ont été consacrés à des études
de géométrie et de topologie, dans les années 1978-1981. En
collaboration avec B. Morin, professeur de mathématiques à
l’Université de Strasbourg, il a mené une étude sur le
retournement de la sphère et du tore, par des chaînes
d’immersions génériques (5 CRAS, dont une version originale
du retournement du tore).
Ce travail, en partie « graphique », suppose un
sens remarquable de la vision dans l’espace, qui a
fait l’admiration des mathématiciens étrangers (cf.
l’appréciation d’A. Phillips dans le dossier de 1978 de
J.-P. Petit) mais ne me semble pas constituer par lui-
même un apport original.
Ces dons de dessinateur sont à l’origine de la dernière
activité, cette fois-ci proprement technique, de J.-P. Petit, qui
l’a amené à construire un logiciel de CAO, probablement très
performant, au cours des années 79 à 85, où il effectuait des
enseignements pilotes de mathématiques, d’informatique et de
statistiques à la faculté des lettres d’Aix-Marseille et était
responsable du centre de calcul de cette institution. Son
approche concrète, peut-être un peu trop métaphorique, de
problèmes complexes, en faisait un enseignant très apprécié
des étudiants. Elle n’est pas pour rien dans la très brillante
réussite de son action de vulgarisation. Je pense que chacun
connaît cette dernière, dont la prise en compte lui a valu sa
promotion au grade de DR2, et je ne m’y arrêterai pas plus
avant, sinon pour rappeler qu’il a publié une vingtaine
d’ouvrages de vulgarisation, principalement des bandes
dessinées, traduites principalement en allemand, portugais,
anglais, italien, et parfois en japonais, russe et polonais, avec
des tirages supérieurs à 10 000 exemplaires.
C’est peut-être ce succès commercial, largement
répercuté par les médias, et qui répond tout à fait à la
demande d’ouverture vers le public, à laquelle nous invitent
souvent les autorités dirigeantes du CNRS, qui a provoqué la
rédaction de deux grands ouvrages « grand public », parus
en 1990 et 1991 : Enquête sur les OVNI et Enquête sur des
extraterrestres qui sont déjà parmi nous. L’impact
médiatique de ces livres, qui touche à des sujets sur lesquels
les rationalistes n’aiment pas beaucoup s’étendre, ne permet
pas qu’on passe complètement sous silence leur propos.
Dans le premier, J.-P. Petit, d’une manière que je trouve
personnellement quelque peu embrouillée, révèle sa
perception des difficultés qu’il a rencontrées pour tenter de
faire aboutir concrètement ses idées sur la MHD, et
notamment des démêlés avec les institutions qu’il a côtoyées
au cours de cette longue quête. Parmi celles-ci, il y a le
GEPAN, dont il a été question plus haut et dont M. Petit
conteste fortement les méthodes de travail… Dont acte ! Il
s’agit là d’un ouvrage d’humeur et si l’on peut regretter que
l’anonymat des personnes citées n’y soit pas mieux respecté,
comme il est d’usage dans les romans à clés, on peut
comprendre que M. Petit, dont la forte personnalité ne fait pas
de doute, ait parfois pu rencontrer quelques difficultés dans
ses relations professionnelles. Il y développe également
quelques-unes de ses idées philosophiques, d’une manière qui
semble à la fois trop confuse et trop métaphorique pour
convaincre aussi bien le public scientifique que le grand public.
Dans le second il aborde également un sujet à controverse,
puisqu’il évoque l’idée que certains de ses travaux
scientifiques aient pu lui être inspirés par la lecture de
documents dactylographiés transmis aux Terriens par des
extraterrestres, les Ummites. On sort là du débat scientifique,
si ce n’est pour remarquer que, quels que soient les actes de
foi qui peuvent présider aux hypothèses que l’on peut faire sur
l’origine de ces documents, J.-P. Petit se contente, dans ce
livre, de rapporter les résultats d’une « analyse de texte »,
qu’il aurait certes pu rendre plus convaincante en s’adjoignant
les services des spécialistes en la matière. Ceux-ci existent au
CNRS. Dans ses deux ouvrages, M. Petit, qui se déclare
instruit par son expérience, exprime que, pour lui, la Science
est avant tout un système organisé de croyances, a priori
nullement supérieur aux autres. Cette position philosophique,
ni plus ni moins qu’une autre, n’est cependant pas
incompatible ni avec le travail, ni avec la déontologie
scientifique.

Pour résumer, sur l’ensemble de sa carrière, il me


semble que J.-P. Petit s’est montré un grand
travailleur et un chercheur non conformiste mais
raisonnablement productif, même s’il s’est
insuffisamment exprimé dans des revues à comité de
lecture, de niveau international, et s’il a peu
participé à l’encadrement doctoral. C’est ce peu
d’attention à la publication qui, vraisemblablement,
fait dire à l’un des rapporteurs que j’avais désignés
en 1992 : « The work [of J.-P. Petit] frequently strikes
me as mediocre and amateurish at best. » Cependant
son “sens de l’Espace” lui a permis de faire, semble-t-
il, des interventions intéressantes dans le domaine
de la topologie. Dans ses travaux de
magnétohydrodynamique et de physique des
plasmas il a su allier l’intuition, de bonnes
connaissances mathématiques et un sens manifeste
du concret technique. Ses travaux sur la cosmologie
sont beaucoup plus critiquables selon les standards
en usage dans cette discipline. Ils ne me semblent
pas relever du professionnalisme, ni même des
connaissances théoriques minimales qui sont
nécessaires dans cette discipline, certes difficile. Ils
ne sont, par ailleurs, manifestement pas appuyés sur
une grande connaissance des observations, ni de
l’évolution récente de cette discipline.
Sans doute, pour l’institution scientifique, son
sens de la diplomatie n’a pas toujours été à la
hauteur de sa forte personnalité, ni sa prudence à la
hauteur de son opiniâtreté… Peut-être a-t-il
également rencontré des situations
institutionnellement difficiles dont la responsabilité
ne doit pas lui être entièrement imputée… Cela l’a
visiblement conduit à s’isoler vis-à-vis de la
communauté scientifique à laquelle il devrait se
rattacher et, très vraisemblablement, à développer
un certain sentiment de persécution : comme l’a déjà
déclaré un des rapporteurs particulièrement attentif
à son dossier, « … il fait partie de ces chercheurs
dont la carrière ne s’est pas déroulée normalement et
qui, de ce fait, se sentent dans la nécessité de trouver
quelque chose d’exceptionnel, pour que tout cela
vaille la peine ».
Il me semble qu’au regard des critères qui sont en
vigueur, à la fois dans notre section et dans la section
de physique théorique où ses travaux de cosmologie
« fondamentale » devraient être évalués, M. Petit
aurait été difficilement promu dans le corps des
Directeurs de Recherche si cette recommandation
n’avait été effectuée par la section transversale de la
valorisation de la recherche. A fortiori, il ne me
semble donc pas possible d’émettre un avis favorable
à sa demande de promotion à la 1 re classe des
directeurs de recherche. »
Dominique Le Quéau m’adressa six mois plus tard, en
décembre 1994, le correctif de son audit, que je lui réclamais.
Il est intégralement reproduit après. L’originalité de mes
travaux de mathématiques y est reconnue. L’auteur de l’audit
n’a pas pris la peine de se renseigner à propos de la
bibliographie, sinon on lui aurait rétorqué :
– Comment voulez-vous que Petit cite des travaux liés à
cette question, puisqu’ils ont tous découlé de son travail !
Antérieurement à sa note sur l’équation de la Boy, le problème
était au point mort depuis 1902.
On ne trouve plus trace du qualificatif de « non-
professionnel » en matière de cosmologie théorique. Par contre
l’auteur du document confond par deux fois énantiomorphie et
gémellité, signe qu’il n’a pas vraiment compris les travaux qu’il
était chargé d’expertiser.
Le moins que l’on puisse dire c’est que ses explications,
concernant ses confidences du printemps 1994, sont peu
claires. Le terme « sentiment de persécution » est annulé.
Le paragraphe de conclusion mérite un commentaire.
Ouvrez un dictionnaire ou un ouvrage consacré à l’histoire de
l’astronomie. Cherchez les grands noms français. Vous y
trouverez Laplace, Le Verrier, Lagrange, Fizeau1 5. C’est tout.
La France est restée pratiquement hors jeu dans toutes les
découvertes majeures en astronomie et en cosmologie. Tout
s’est joué en Allemagne, en Angleterre, aux États-Unis. Les
autres marquaient les buts, nous, nous comptions les points.

Faut-il être « standard » ?


Lisez l’audit de Le Quéau. On y fait mention « des
standards en usage dans la discipline », de « cosmologie
standard », de « modèle standard ». J’avais, quatre ans plus
tôt, été qualifié par le directeur du département Sciences de
l’Univers de « chercheur non standard ».
Un chercheur ne devrait-il pas être « non standard », par
définition, sous peine de n’être qu’un fonctionnaire sans
imagination, un petit cartographe du cosmos ?
Qu’est-ce que la « cosmologie standard », fondée sur le
« modèle standard » ? Une construction vacillante, qui subit,
année après année, les conséquences catastrophiques de
l’observation. On a perdu dès le départ la moitié de l’univers :
l’absence d’observation d’antimatière cosmologique est
devenue une question si gênante qu’on évite maintenant tout
simplement d’en parler. Tout le reste est à l’avenant. De la
bouche d’Hubert Reeves, chantre du Big Bang, nous apprenons
que les récentes mesures de la constante de Hubble
conduisent à rajeunir l’univers en ne lui attribuant plus que
sept milliards d’années, au lieu de douze, alors qu’on connaît
des étoiles qui sont vieilles de seize milliards d’années1 6. La
solution consistera-t-elle à cesser d’étudier ces étoiles,
considérant qu’étant « non standard », elles n’existent pas.

Deuxième audit de M. Le Quéau


Centre National
Année : Automne
de la Recherche
1994
scientifique

Section : 14

Nom du chercheur : PETIT Jean-Pierre

N
om du rapporteur désigné : D. LE QUÉAU
Avis du rapporteur :

« Une fois de plus, le dossier de M. Petit est transmis pour


examen, au titre des “cas particuliers de chercheurs”. J’avais
déjà rédigé, au printemps 1994, un rapport circonstancié sur la
carrière et l’activité passée et actuelle de M. Petit, que l’on
trouvera en annexe du présent document. Entre-temps, ce
chercheur a obtenu officiellement communication de ce
rapport, et j’ai moi-même pu le rencontrer directement, ce qui
a permis d’engager un dialogue ouvert, dont j’espère beaucoup
quant à l’évolution future de ses activités scientifiques et de
son intégration dans une communauté de recherche élargie.
Les éléments de ce dialogue sont contenus dans la fiche
documentaire que M. Petit a transmise au CNRS (voir points 5
et 12 de la fiche annexée au dossier au titre de l’année 93-94)
et dans une lettre (datée du 14/06/94) que celui-ci a transmis
au Directeur du département SDU. M. Petit conteste certains
termes de mon rapport et je suis heureux d’avoir ici l’occasion
de répondre à certaines de ses interrogations.
1) L’activité mathématique de J.-P. Petit est étalée, à ma
connaissance, entre 1978 et 1981, date de publication d’une
série de CRAS dédiés à ces travaux – réalisés en partie avec
B. Morin et J. Souriau. Elle est consacrée pour l’essentiel à une
approche géométrique du retournement des surfaces
régulières plongées dans R3 (sphère et tore) par une
succession d’immersions particulières dont la combinaison
ordonnée constitue une homotopie régulière. Ce travail prouve
les capacités remarquables de J.-P. Petit à « voir dans
l’espace » et à organiser dans un schéma ordonné une série de
déformations topologiques, bref à « algébriser »
rationnellement, mais empiriquement, une opération
géométrique complexe. Il faut ajouter à cela un intéressant
travail numérique sur la construction de la surface de Boy.
Tout en étant personnellement séduit par cet ensemble de
travaux, dont je veux bien donner acte à M. Petit de leur
caractère original – tout en restant prudent, car je ne suis pas
un spécialiste de topologie algébrique –, je suis tout de même
amené à m’interroger sur l’incidence de ces travaux sur la
communauté mathématique. En effet, les listes
bibliographiques annexées aux articles de M. Petit ne font pas
référence à d’autres travaux menés, durant la même période,
par d’autres chercheurs, ce qui laisse à penser que les efforts
de M. Petit et de ses collaborateurs ne se sont pas insérés dans
une réflexion internationale sur le sujet.
2) En ce qui concerne les travaux récents de J.-P. Petit en
matière de cosmologie (ou plutôt de modèles non standards
d’Univers), il faut lui donner acte, également, d’avoir publié en
1994 un article dans Nuovo Cimento, consacré à un
développement de ses idées (déjà annoncées par un CRAS au
milieu des années 70) sur « l’énantiomorphie » de l’Univers :
grâce à une extension non standard des équations d’Einstein
(une nouvelle équation de champ), et à une série de postulats
sur la physique des interactions gravitationnelles et
électromagnétiques, il introduit une description de l’univers à
deux feuillets (ce qui formellement peut se ramener à
l’introduction d’une 5 e dimension, à la structure un peu
particulière, dans l’esprit des modèles non standards du type
Kaluza-Klein). La répartition de masse à grande échelle résulte
alors à la fois des effets de la matière située dans le feuillet
observable et de l’influence de « celle » qui évolue dans le
second feuillet. Des simulations numériques (2D) menées dans
le cadre de ce modèle donnent une répartition à grande échelle
de la matière qui présente des ressemblances avec les
répartitions observées. À plus petite échelle, l’utilisation d’un
tel modèle semble également rendre compte d’une
organisation de la matière semblable à la morphologie
reconnue de certaines galaxies : c’est un résultat intéressant
qui ne préjuge pas a priori de la validation du modèle, comme il
se doit dans un contexte de « saine réfutabilité scientifique ».
Par ailleurs il me semble que l’argument standard sur
l’existence d’une matière sombre au sein des galaxies porte
plus sur la nature de leur courbe de rotation que sur leur
morphologie ou leur confinement, comme semble l’affirmer J.-
P. Petit dans sa lettre. Un autre article, consacré à des modèles
cosmologiques énantiomorphes avec « variation des
constantes fondamentales » a également été soumis. Il me
semble que l’ensemble de ces travaux présente des
ressemblances avec des tentatives de généralisation – ou de
modification – des équations d’Einstein qui ont été mises en
œuvre durant plusieurs décennies par l’école française de la
Relativité générale (essentiellement le groupe de l’Institut
Henri-Poincaré). Cette évolution notable des travaux de J.-
P. Petit est de nature à lui permettre de participer plus
étroitement que par le passé aux réflexions qui sont menées
dans cette direction par quelques chercheurs français et à
sortir de l’isolement scientifique dans lequel il était enfermé
jusqu’à présent. Je souhaite personnellement que les choses
évoluent dans cette direction et persiste à penser que les
travaux devraient également être évalués par la section 02, où
les compétences scientifiques nécessaires à l’évaluation de tels
travaux (modèles non standards d’Univers notamment) sont
mieux représentées qu’en section 14.
3) En ce qui concerne la troisième remarque formulée par
J.-P. Petit, ma réponse peut être décomposée en deux
parties :
a) À propos de l’arrêt du programme expérimental de
MHD qu’il avait essayé de mettre en place dans un laboratoire
de Rouen (en 1987, je crois), sur la suppression des ondes de
choc d’un mobile en mouvement dans un milieu ionisé, il me
semble qu’il faut distinguer les évaluations scientifiques qui en
avaient été faites à l’époque qui n’avaient pas à mon avis de
raisons d’être définitivement négatives et le choix qui a été fait
par l’ensemble des contractants potentiels, qui a été de ne pas
poursuivre, comme c’est leur droit, compte tenu de leur
appréciation du contexte général, qui, me semblait-il, prévalait
à l’époque en matière de dispositifs utilisant des technologies
MHD (et notamment le peu d’intérêt de la communauté
scientifique pour les opérations de ce type). Je ne peux porter
un jugement sur la décision qui a été prise, si ce n’est pour
confirmer qu’il m’a été rapporté – par des personnalités dont
je tairai le nom ici – que des expérimentations sur ce type de
problème avaient continué quelque temps, dans un contexte
de réalisation semble-t-il confidentiel. Je ne peux cependant
reprendre à mon compte les termes « étouffé » et « contacts
privilégiés » que me prête J.-P. Petit à la suite d’une
discussion informelle que j’ai pu avoir avec lui ;
b) À propos du terme « sentiment de persécution » que
j’ai effectivement employé dans mon rapport du printemps
1994, je reconnais qu’il s’agit là de l’utilisation abusive d’un
terme médical, qui en droit ne devrait être évoqué que dans le
cadre d’une expertise effectuée par des spécialistes
assermentés.
Il n’en reste pas moins la constatation, qui cette fois-ci
relève de ma compétence, que toute la carrière scientifique de
J.-P. Petit s’est effectuée jusqu’à maintenant dans un contexte
d’isolement scientifique dont je ne peux croire qu’il n’ait pas
nui à sa prise de conscience de l’évolution des disciplines, des
problèmes majeurs qui se posaient à la communauté
scientifique dans les différents domaines qu’il a abordés et
finalement à l’insertion de ses travaux dans la démarche
collective sans laquelle, à mon avis, il n’y aurait pas de métier
scientifique possible. Bref, je dois constater que, peut-être par
un souci d’originalité que je considère personnellement comme
excessif, il n’a jamais pu insérer ses travaux dans un solide
réseau de collaborations ni participer activement à un débat
scientifique contradictoire. J’espère sincèrement que le
dialogue que nous permettront d’ébaucher les divers rapports
que j’ai pu réaliser, à la demande du CNRS, sur la situation de
M. Petit, permettra à l’avenir de faire évoluer positivement
cet état de fait.
3
Note technique sur l’état de la MHD
dans le monde

Comme en témoigne un article récemment publié par la


revue Fusion, dans son numéro de novembre-décembre 1994,
la MHD est en train de prendre un nouveau départ en de
nombreuses régions du monde. Son essor est essentiellement
lié au développement de puissants solénoïdes à
supraconduction. La vedette Yamato 1 est, par exemple, la
première réalisation d’envergure en matière de propulsion. La
Russie a très probablement construit et expérimenté des
submersibles à propulsions MHD (thème du film Octobre
rouge) dont l’allure générale pourrait être celle-ci :
S ous -m arin nuc léaire à propuls ion 100 % MHD

Cette image a déjà été reproduite par de nombreuses


revues, dont Science et Vie, et, plus récemment, la revue
Fusion, déjà citée. Les principes de la propulsion MHD sont
décrits dans ma bande dessinée Le Mur du silence ; pour plus
de détails, s’y référer. Le Yamato 1, construit pour étudier la
faisabilité de la propulsion MHD avec supraconduction,
fonctionnait avec un champ de 4 teslas (40 000 gauss). La
faiblesse de ce champ faisait que le rendement propulsif de
cette machine restait très faible. Seule une part minime de la
puissance électrique correspondant au courant de décharge,
entre les électrodes, servait effectivement à propulser l’engin,
le reste… chauffant l’eau de mer.
La force de propulsion MHD est proportionnelle au
produit I B où I est le courant de décharge (dans l’eau) et B
l’intensité du champ magnétique. Une bonne analogie consiste
à assimiler I à la vitesse de rotation de l’arbre d’une hélice et B
à l’angle de calage de ses pales. Plus le champ est intense et
plus l’« angle de calage des pales » croît. Le calcul montre que
le rendement propulsif (fraction de l’énergie consacrée à la
propulsion sur énergie totale dépensée) atteindrait 50 % pour
un champ de 10 teslas. Les solénoïdes supraconducteurs du
Yamato 1 étaient de plus des dispositifs « conventionnels »,
refroidis à l’hélium liquide (1 à 4 °Kelvin ou – 269 °C). Les
nouveaux supraconducteurs, fonctionnant dans l’azote liquide,
seraient évidemment plus intéressants sur tous les plans. Long
de 30 mètres, l’engin japonais a coûté 40 millions de dollars.
Cette entreprise a été menée par la fondation Ship and Ocean,
sous la direction du professeur Seizo Motora.
Conceptuellement il est identique à la petite maquette que
j’avais fait évoluer en 1975 sur un plateau de télévision de
TF1.
Pesant 280 tonnes, doté de deux propulseurs développant
800 kilos de poussée, et calculé pour atteindre la vitesse de 8
nœuds, le Yamato 1 a atteint 7,5 nœuds, valeur modeste, mais
proche des prévisions théoriques. La fondation envisage de
construire une seconde unité, le Yamato 2, plus puissante et
plus grande.
La propulsion MHD réellement efficace ne se fonde pas
sur des propulseurs internes, où l’eau de mer est accélérée
dans des tuyères, mais sur un système de propulsion externe,
où l’eau se trouve entraînée sur toute la « surface mouillée »,
telle qu’elle est décrite dans ma bande dessinée. La vitesse
atteinte serait alors virtuellement illimitée, avis que partage
également le professeur Motora, puisque la « traînée de
frottement » serait alors totalement éliminée. Les projets
japonais comportent des unités submersibles conçues pour
dépasser les 100 nœuds (180 km/h), vitesse que ne saurait
atteindre aucun sous-marin conventionnel. Elle est silencieuse,
puisque toute turbulence est éliminée. D’où l’intérêt porté par
les militaires à ce type d’engin.
Pour la petite histoire, Gilbert Payan, déjà cité plus haut,
en découvrant en 1983 mon ouvrage Le Mur du silence, avait
dit :
– Eh bien, voilà les plans du sous-marin de chasse français
du XXI e siècle divulgués dans une bande dessinée !
La MHD a encore bien d’autres applications, évoquées
dans le numéro de la revue Fusion. Il est possible, à l’aide de
générateurs MHD, de produire du courant électrique avec des
rendements nettement plus importants que dans les systèmes
conventionnels (turbines à gaz), où celui-ci dépasse à peine les
40 %. Nous ne nous étendrons pas sur le principe des
générateurs MHD, qui sont, dans leur conception, aussi
simples que les accélérateurs : ils sont aussi exempts de toute
pièce mobile et extrêmement compacts. Quand vous prenez
une dynamo et que vous y injectez du courant, l’arbre tourne.
Une dynamo est un moteur électrique « inversé ». De même,
en faisant circuler un fluide conducteur de l’électricité dans
une « tuyère MHD », semblable aux accélérateurs du Yamato
1, une fraction de l’énergie cinétique de celui-ci est convertie
en électricité, récupérable à l’aide d’électrodes. En 1979 les
laboratoires Argonne, aux USA, ont ainsi fait fonctionner un
générateur MHD avec un rendement de 60 %. De tels
systèmes peuvent théoriquement atteindre un rendement de
80 %, soit double de celui des systèmes conventionnels.
L’URSS fut longtemps leader en matière de générateurs MHD
(Institut Kurtchatov). Tout cela pose évidemment des
problèmes technico-scientifiques fort complexes, sur lesquels
nous n’allons pas nous étendre. Mais le générateur MHD est
infailliblement inscrit dans notre futur technologique. C’est lui
qui permettra, par exemple, d’exploiter au mieux l’énergie de
fusion, comme évoqué dans l’article de la revue Fusion. Mais le
lecteur pourra retrouver une description d’un moteur MHD
d’aérodyne MHD dans un article que j’avais fait paraître en
1975 dans la revue Science et Vie, intitulé « Un moteur à
plasma pour OVNI ».
Doté d’un tel moteur à la fois compact et léger, l’aérodyne
MHD (décrit dans l’article de 1975), volant à vitesse
hypersonique sans onde de choc, et utilisant l’énergie de
fusion, deviendra un jour une réalité bien terrestre.
En France il existe des équipes qui travaillent de nouveau
sur la MHD. Les Grenoblois étudient, pour le compte de
l’armée, la propulsion MHD sous-marine. Au CEA, Marbach se
préoccupe de pompes au sodium. Ces activités disparates ont
été regroupées dans une sorte de « club », le PAMIR ou « Pôle
des applications de la MHD à l’industrie et à la recherche ».
Marbach en est le secrétaire. J’ai démarché auprès de lui, y
compris publiquement, lors d’un congrès international de
MHD qui s’était tenu au centre nucléaire de Cadarache en
1991, en demandant à être admis dans ce groupe. Réponse,
devant les chercheurs étrangers médusés (beaucoup me
connaissaient) :
– C’est impossible, vous n’appartenez pas à un laboratoire
faisant régulièrement de la MHD.
Des sous-marins, oui. Mais des sous-marins qui volent,
sans onde de choc, non, du moins hors du secret des
sanctuaires militaires.
4
Dernières publications scientifiques

The missing mass problem


Jean-Pierre Petit, Observatory of Marseille, France (Il
Nuovo Cimento, B, Vol. 109, July 1994, pp. 697-710)

Abst ract
A new field equation is proposed, associated to a S3 x R1
topology. We introduce a differential involutive maping A
which links any point of space σ to the antipodal region A(σ).
According to this equation the geometry of the manifold
depends both on the energy-momentum tensor T and on the
antipodal tensor A(T). Considering time-independent metric
with low fields and small velocities, we derive the associated
Poisson equation, which provides cluster-like structures
interacting with halo-like antipodal structures. The second
structure helps the confinement of the first. It is suggested
thaAnnée : Automne 1994ain the missing mass effect
and the large scale structure of the universe.

1) Int roduct ion


The equilibrium of a galaxy is studied through a certain
set of non-relativistic equations, as for example, Vlasov
equation coupled to Poisson equation, which comes from the
general Einstein field equation
(1)
S=χ T

plus a steady-state hypothesis in which we take weak


fields and small velocities. It is well known that the
gravitational field due to the visible mass of our galaxy cannot
balance the centrifugal and the pressure forces. Some people
assume that some invisible mass, dark matter, may contribute
to the field and balance the centrifugal force. In the following
we are going to propose another model, based on a new field
equation.

2) A new field equat ion


We assume that the universe has the topology of S3 x R1 .
The Gaussian coordinates are
(2)
x = (x°, σ)

where x° is a time-marker and the vector a represents


the spatial markers. Space-time is oriented. It is possible to
define a differential involutive maping linking a given point to
σ the antipodal point σ*.
(3)
σ* = A (σ)
Consider two tensor fields S and T, defined on the
manifold. Suppose that they are linked in the following field
equation
(4)
S = χ (T – A (T))

With
(5)
A (T) = T* = T (x°, σ*)

We assume that the light follows the geodesics of space-


time. g is the metric tensor. R is the Ricci tensor, so that
(6)
g* = g (x°, σ*)
R* = R (x°, σ*)

We can write the field equation in the more explicit form


(7)

Let us write the tensors T and T* as


(8)
(9)

with
ρ* = ρ (x°, σ*)
p* = p (x, σ*)
If we take the zero-divergence condition, the fluid obeys
the following conservation equations
(10)
δT =0

3) Time independent condit ions wit h weak fields and small


velocit ies. The Poisson equat ion.
We can apply the classical method, taking a quasi-
Lorentzian metric
(11)
g=η+εγ

where η is the Lorentzian metric and ε is a small


parameter.
In three-dimensional notations
(12)

The Newtonian law applies over ail space. In addition the


gravitational potential is
(13)

Conversely, given the gravitational potential ψ, the


motion of a particle will be along a four-dimensional geodesic if
the g∞, terms of the metric tensors has the form
(14)

we get
(15)

By identification we get the following Poisson equation


(16)
Δψ = 4 π G (ρ – ρ*)

If we consider a spherically symmetric System


(17)

Where
(18)
ρ = ρ (σ*)

From (17)
(19)
ψ=–ψ

4) Spherically sy mmet ric solut ion


In 1916 Eddington derived a spherically symmetric
steady-state solution, combining the Vlasov and the Poisson
equations. He assumed that the ellipsoid of the velocities was
spherically symmetric and pointed towards the center of the
System.

Fig. 1 : Ellips oid of v eloc ities c orres ponding to an Eddington-ty pe s olution

Eddington derived the following relation between the


mass density and the gravitational potential
(20)

which represents a steady-state distribution of matter in


a collision-free gas, in a gravitational potential in which the
gravitational force balances the pressure force. Let us take the
same kind of a solution for the antipodal region
(21)

So that we have to solve the following equation


(22)

Take
(23)

Introduce the following adimensional quantities :


(24)

We get
(25)

which can be solved by numerical computation. We can


take the following initial conditions
Fig. 2 : S ph eric ally s y m m etric Eddington-ty pe s olution. Th e grav itational potential
Fig. 3 : S ph eric ally s y m m etric Eddington-ty pe s olution
Mass densi ti es. If a c l uster ex i sts i n one f ol d, an assoc i ated di f f use hal o ex i sts i n the c onjugated
r egi on of the sec ond f ol d

5) The large size st ruct ure of t he universe


From the equation (24) we see that if a cluster exists in
one fold, an associated diffuse halo-structure exists in the
conjugated region of the second fold. If this model is correct we
should find halo-structures in our fold of the universe. With
the help of Dr Pierre Midy, from the university of Orsay,
France, we have performed numerical simulations, using a
Cray-1 computer. We consider two distributions of 350 points.
The first is represented by little circles and the second by
small crosses. At the beginning the points are randomly
distributed on the screen and are supposed to represent two
uniform gazes. Each mass owns a random velocity
corresponding to an isotropic Maxwellian distribution with an
averaged thermal velocity <V>. Call m1 the elements of the
first population and m2 the elements of the second population.
We apply the Newton law with
m1 attracts m1 : gravitational effect
m2 attracts m2 : gravitational effect
m1 and m2 repel each other : antigravitational effect

We consider this two-dimensional system as periodic over


space. In other terms the upper boundary is linked to the
lower one and the right to the left (Euclidean 2D torus). So
that we can compute the sum of the mutual actions of the
particles. For each interval of time Δt we compute the
acceleration of each particle and determine the trajectory by
Taylor expansion. Each particle that comes out through the
right boundary reappears through the left one, and same thing
for the upper and lower boundaries. This makes possible to
study the gravitational instability of these two coupled
systems in a finite portion of space (with toroidal topology).
The interval of time is determined in order to get significant
computational results. In other terms we demand the
trajectory of a particle to be approximatively regular. The
following figures show the typical behaviour of the System
after 4 000 intervals of time. In figures 4 and 5 we find both
clusters and cellular patterns. This is enhanced in the figures 7
and 8.
We suggest that such a mechanism could explain the large
scale structure of the universe and the observed distribution
of galaxies. Suppose that our fold of the universe corresponds
to the population 1. In the right lower part of the screen this
matter is arranged around large « empty » bubbles. These
bubbles correspond to a cluster arrangement in the population
2, supposed to be located in the second fold of the universe (in
fact the antipodal region), according to our theory. But, as seen
on the figure 8, for a given population, in some places the
matter can be arranged as a Swiss « gruyère » cheese and in
other places as an emulsion.

Fig. 4 : Effec t of th e grav itational ins tability on th e S y s tem 1


Fig. 5 : Effec t of th e grav itational ins tability on th e S y s tem 2
Fig. 6 : S uperpos ition of th e tw o
Fig. 7 : Enh anc ed s pac ial dis tribution of th e tw o populations
Fig. 8 : Wh ite : population 1. Grey : population 2

These first crude numerical simulations have to be


developped with a larger number of points and in a three-
dimensional representation. We know that the three-
dimensional’s behaviour of a system can be somewhat
different from the two-dimensional’s one. But we expect the
conclusions to be similar. We think that with a larger number
of points we could get a fractal system, as suggested in the
figure 14, but we precise that this peculiar computation has
not yet been done, but are under study. According to this idea
the galaxies should be located in the holes of the associated
anti-matter cloud, which would ensure their confinement, as
suggested earlier.
6) The int erpret at ion of t he solut ion
From the figure 2 we see that the potential ψ tends to a
constant at the infinite. In the classical Eddington solution the
potential owns a logarithmic growth. The figure 3 shows the
association of a cluster of matter, located in the region a,
sourrounded by a smooth hollow located in the region σ*.
In both regions matter attracts matter. But the negative
sign, from the field equation and the Poisson equation, makes
the matter and the « antipodal matter » to repel each other.
This helps the confinement of the cluster. For a given thermal
velocity the necessary quantity of matter to balance the
pressure force is smaller. The smooth halo acts like a corset.
A field equation provides a macroscopic description of the
universe. It does not take account of the corpuscular nature of
matter. The model implies that particles and antipodal-
particles live in very distant, antipodal portions of space. In
fact their natures are identical. The physical meaning of the
field equation is the following : the particles and antipodal-
particles interact by gravitational effect, but not by
electromagnetic effect. We assume that the antipodal particles,
clusters, rings, are not observable with a telescope, or a
radiotelescope. The observation of antipodal structures should
require some sort of gravitational telescope.
From equation (22) clusters can be located in the
antipodal region. Then, associated large halos, surrounding
wide rarefied regions, should exist in the observable universe
too. In fact they do, for it corresponds, in our mind, to the
observed large scale structure of the universe : the galaxies
seem to be arranged around large rarefied bubbles. According
to our model, large clouds of antipodal matter should exist in
the corresponding associated antipodal regions.
The universe was assumed to have a S3 × R1 topology.
The reader has probabily some difficulties to understand this
strange three-dimensional geometry. In fact the sphere S3 is
simply shaped as the double cover of a projective space P3. In
such arrangement each point σ of the sphere is associated to
its antipode A(σ). The situation is similar for a sphere S2
covering a projective space P2, which can be represented in
our space R3 as the well known Boy surface.

Fig. 9 : A c ouple of antipodal points on a s ph ere S 2 and th e Boy s urfac e, im age of th e projec tiv e
s pac e P2

On the figure 10 we have figured the equator of a sphere


and its location on the Boy surface.
Fig. 10 : Th e v ic inity of th e eq uator of a 2-s ph ere and its loc ation on a Boy s urfac e

The figure 11 shows how the equator of a S2 sphere can


be glued on itself along a three half-turns Möbius belt. Locally
the surface can be assimilated to a bundled manifold whose
bundle owns two values, + 1 and – 1.
In a 3-sphere S3, if one follows a geodesic, the antipodal
point is at the half-way. If the 3-sphere is immersed in a four-
dimensional space it is possible to make any point and its
antipode to coincidate. These couples of points are associated
through the antipodal diffential involutive maping A, but not
identified.
Fig. 11 : Enatiom orph ic im age c orres ponding to th e c ov er of a Möbius belt
Fig. 12 : Tw o-dim ens ional im age of th e global large s truc ture of th e univ ers e

As shown on the figure 12 we can proceed continously


from a « gruyère » structure to a cluster structure. This
peculiar feature was illustrated before, through 2d numerical
simulations. When a region of space is put « in front » of the
antipodal region, as suggested in the figure 12, the clusters
nest in the holes.
Fig. 13 : Th e interac tion betw een tw o antipodal regions

This effect could act at the level of the galactic structure,


as suggested in the figure 14, each galaxy nesting in a « hole »
of the conjugated antipodal region.
Fig. 14 : S m aller s iz e s truc ture

7 ) Some comment s about t he axioms


The classical General Relativity proposes a macroscopic
description of the universe, shaped by the gravitational field.
But, basically, the electromagnetic phenomena is not taken
into account. In order to link this classical model to the
observations, one has to bring the following additional axioms :
– The universe is filled by particles : neutral particles with
a mass equal to m, and photons. Both contribute to the field.
– These particles move along geodesics of space-time.
– A particle may send electromagnetic signal.
– Another particle may receive this electromagnetic
signal.
– This electromagnetic signal, carried by photons, follows
the null geodesics of space-time.
– A massive particle may send a gravitational signal,
which is supposed to follow a null geodesic.
– A massive particle may receive this gravitational signal.
So that, for an observer composed by matter, the
universe becomes optically perceptible, according to these
axioms. The photons are the go-between bringing an optical
message from a massive particle to another one.
In the present model the universe is considered as a cover
of a S3 sphere, locally we have a structure similar to a bundled
manifold, whose bundle should be limited to two values : + 1
and – 1. Then we introduce the new following axioms.
– The universe is filled by particles : neutral particles
whose mass is equal to m, and by photons. Both contribute to
the field.
– The massive particles and the photon move along the
geodesic of space time and cannot cross from a region to the
conjugated antipodal region of S3.
– A massive particle may send electromagnetic and
gravitational signals, which can be received by another
massive particle.
– The gravitational signal travels along the geodesics of
space-time, but also along the geodesics of the « adjacent folds
of the universe », « through the bundle structure » so that the
gravitational signal owns some sort of ubiquity, because it acts
both in a region of the manifold and in the antipodal region (or
in other terms in the « adjacent region », if we choose the
bundled manifold image).
– The structure of the new field equation brings the
following features.
If a gravitational signal is emitted and received by two
particles which « belong to the same fold » the phenomenon
identifies with the classical description.
But a gravitational signal emitted by a massive particle
can be received by another particle located is the adjacent
region (the antipodal region), in other terms « through the
bundle structure », the negative sign in the second member of
the field equation changing the nature of the signal, as if it was
emitted by a « negative mass ».
– The electromagnetic signal follows the ordinary null
geodesics of the manifold, but does not own this property of
ubiquity. It cannot cross from a fold to the « adjacent fold
through the bundle structure ». To travel from a region of the
manifold to the antipodal region, light has to do a complete
half-turn of the S3 sphere.
We confess that this proposed geometric description
remains primitive and somewhat unclear. A correct
description should imply a more refined model, including the
gravitational and electromagnetic phenomena, i.e. an unified
theory, which does not exist presently.
The bundled manifold local description is similar to a 5d
Kaluza model, in which the fifth dimension would be limited to
two values + 1 and – 1, as suggested earlier by Alain Connes.

8) Est imat ion of t he « missing mass effect »


Apply a perturbation method to the Euler equations :
(25)

with the first order solution :


(26)
The Poisson equation gives :
(27)

(28)

Lj is the classical Jeans length


(29)

(30)
This is the well known Helmoltz equation.
In classical steady-state approach we had
(31)

The interaction with the antipodal region shortens the


Jeans length by a factor 1 414 so that we have a confinement
effect. If we have a positive concentration of matter δ ? in our
space-time fold, we will find a negative δ ?* in the associated
antipodal region, and vice-versa. The confinement of the mass
due to the action of the antipodal region should reduce the
necessary mass to balance pressure or centrifugal force by a
factor :

9) Writ ing t he equat ion int o a complex form


Write
(32)
The équation (4) can be written
(33)

As suggested previously by Penrose, the quantification of


the gravitation could be due to the complex form of the field
equation. The equation (33) could perhaps bring a new insight
on the problem.

10) Conclusion
We propose a new field equation, from which, with the
classical approximation : steady-state, weak fields, low
velocities, we derive the associated Poisson equation. Coupled
Eddington solutions give a set of clusters, associated to a
interacting ring-like clouds, located in the antipodal region.
The antipodal halo-like structure repels the cluster and helps
its confinement. The reduction factor is roughly evaluated. It
is suggested, through 2d numerical simulations, that this
model could explain the large scale structure of the universe.
In addition, the interaction between a cluster and its
associated antipodal structure could provide spiral structure.
A collision of a cluster with an anti-cluster could also explain
the very irregular galaxies.

References
(1) A.D. Sakharov, ZhETF Pis’ma 5 : 32 (1967) ; JETP
Lett. 5 : 24 (1967) ; trad. Preprint R2-4267, JINR, Dubna.
(2) D. Novikov, ZhETF Pis’ma 3 : 223 (1966) ; JETP Lett.
3 : 142 (1966) ; trad. Astr. Zh. 43 : 911 (1966), Sov. Astr. 10 :
731 (1967).
(3) J.-P. Petit : « Univers énantiomorphes à temps
propres opposés », CRAS du 23 mai 1977, t. 284, série A, pp.
1315-1318.
(4) J.-P. Petit : « Univers en interaction avec leur image
dans le miroir du temps », CRAS du 6 juin 1977, t. 284, série
A, pp. 1413-1416.
(5) J.-P. Petit : Le Topologicon, éditions Belin, Paris,
1984.

Twin Universes cosmology


Jean-Pierre Petit, Observatory of Marseille, France ;
accepté pour publication par la revue Astrophysics and Space
Cosmology le 8 février 1995

Abstract
Starting from the field equation S = χ (T – A(T)),
presented in a former paper, we present last results, based on
numerical simulations, giving a new model applying to the
very large structure of the Universe. A theory of inverse
gravitational lensing is developped, in which the observed
effects could be mainly due to the action of surrounding
« antipodal matter ». This is an alternative to the explanation
based on dark matter existence. Then we develop a
cosmological model. Because of the hypothesis of homogeneity,
the metric must be solution of the equation S = 0, although the
total mass of the Universe is non-zero. In order to avoid the
trivial solution R = constant x t, we consider a model with
« variable constants ». Then we derive the laws linking the
different constants of physics : G, c, h, m in order to keep the
basic equations of physics invariant, so that the variation of
these constants is not measurable in the laboratory : the only
effect of this process is the red shift, due to the secular
variation of these constants. All the energies are conserved,
but not the masses. We find that all the characteristic lengths
(Schwarzschild, Jeans, Compton, Planck) vary like the
characteristic length R, whence ail the characteristic times
vary like the cosmic time t. As the energy of the photon h ? is
conserved over its flight, the decrease of its frequency v is due
to the growth of the Planck constant h ≈ t. In such conditions
the field equations has a single solution, corresponding to a
negative curvature and to an evolution law : R ≈ t 2/3.
The model is no longer isentropic and s ≈ Log t. The
cosmologic horizon varies like R, so that the homogeneity of
the Universe is ensured at any time which constitutes an
alternative to the theory of inflation. We refind, for moderate
distances, the Hubble’s law. A new law : distance = f(z) is
derived, very close to the classical one for moderate red shifts.

1) Int roduct ion


In a former paper [1] a cosmological model was
presented, based on a new field equation :
(1)
S = χ (T – A(T))
which follows from the Lagrangian (R+ – R–).
The Einstein equation :
(2)
S=χ T

is a local equation, meaning that the local geometry of the


universe (tensor S) is determined by the local content of
energy-matter (tensor T). In the equation (1) we assumed
that space-time hypersurface had a S3 x R1 topology and that
the local geometry of the universe was determined both by the
local content of energy-matter and by the content of energy-
matter of the associated antipodal fold, through the
antipodality relationship A.

Fig. 1 : Th e c oordinate-inv ariant antipodality relations h ip


If σ represents the space coordinates, two geodesics
starting from M focus at the antipodal point M*, or A(M). A is
an involutive mapping. We can give a didactic image in order
to schematize the physical meaning of the equation (1).
Consider a S2 hollow sphere made of some opaque
material. We suppose that, in this medium, the heat does not
propagate, but causes dilatation. If we deposit thermal energy
in some places, the surface will be shaped by dilatation. In
such a model, the heat represents the energy (tensor T). The
dilatation materializes the impact of the local energy content
on the local geometry. Light does not propagate in this
medium, as assumed. But we can assume that sonic waves can
propagate and may carry the information, from a point to
another point.
In classical General Relativity, light is not « contained » in
the model, for the electromagnetic energy is not explicitly
present in the energy tensor (although radiative pressure
terms can be present in the tensor T), so that the propagation
of light along null-geodesics is nothing but an hypothesis, well-
confirmed by the observations and experiences. The analogue
of the sonic waves, in the classical RG model, are the
gravitational waves, that we can build, perturbing the field
equation. However, we cannot build electromagnetic waves
from the equation (2) and we assume that they follow the null-
geodesics of the manifold, as the gravitational waves do.
In the equation (1) we assumed that light also follow the
null-geodesic. Moreover, we assumed that the local geometry
S was determined both by the local energy-matter content T
and by the associated antipodal content A(T). In our former
paper [1], using the classical low field and small velocities
approximation, we have shown that the « antipodal matter »
(located in σ*) acted on the matter (located in σ) as « a
repulsive negative mass distribution », due to the presence of
the minus sign of the field equation (1).
We can schematize that in the following 2d model. Take a
plane and put masses on the two sides, symbolized by small
disks.
Two masses can collide, and exchange photons, if they are
located in the same side. They cannot if they are located on
different sides. Two masses located on the same side attract
each other through Newtonian law. Two masses located on
opposite sides repel each other, through a Newtonian law.
Particles located on the same side can exchange photons, but
not particles located on opposite sides (the plane is opaque).
See figure 2.
In our former paper we have shown, through analytic
solution, that this mechanism provided a « missing mass
effect », for an observer located on one side, if he ignores the
existence of the particles located on the other one. Some
results of 2d numerical simulations were presented [1]. They
provided, at large scale, a non-homogenous pattern. See
reference [1], figure 7.
But this does not look like the known Universe, which
appears to be fairly spongy. In 1970 Zel’dovich proposed his
well-known theory of the pancakes [2]. The pancake effect
was first demonstrated in numerical models for the evolution
of the three-dimensional mass distribution by Doroshkevich
and al. (1980), Klypin and Shandarin (1983), and Centrella and
Mellot (1983) [3, 4, 5]. Mellot and Shandarin (1990) gave an
elegant demonstration of the effect by using two-dimensional
computations that afforded considerably better resolution for
given particle number, see reference [6]. Shandarin (1988)
and Kofma, Pogosyan and Shandarin (1990) presented a
powerful semianalytic method for predicting the positions of
pancakes from the initial conditions [7 and 8]. More recently
(1992) Mellot used a 3d set of 643 particles, with periodic
boundary conditions. From Mellot, the density fluctuations
remains small. As pointed out by Peebles in 1993 [9] : « This
cannot be the whole story, for the pancakes found are a
transient effect : with increasing time the mass in the
pancakes drains into clumps that are concentrated in all the
three dimensions. This means that if the local sheet of galaxies
were a pancake, it must have been formed recently. » Then
Peebles asked : « Could there be a second generation of
pancakes that form by the collective collapse of the groups of
the clumps that formed out of the first generation ? » But he
concluded immediatly : « This does not follow from the
analysis given, for it depends on the continuity of the velocity
field that allows to write down a series expansion for the
evolution of the relative positions. After the formation of the
first generation of clumps, which might be the galaxies or their
progenitors, the velocity field in general does not have the
coherence length, and the analysis from the continuity does
not apply. »
Fig. 2 : Tw o-dim ens ional im age of th e s y s tem of forc es
If the par ti c l es ar e on the same si de, they attr ac t eac h other , ac c or di ng to the N ew ton l aw . If they
b el ong to opposi te si des they r epel eac h other , ac c or di ng to the r epul si v e N ew ton l aw . Photons φ
c an tr av el f r om A to B and f r om C to D and v i c e-v er sa, f or they ar e l oc ated on the same si de. The
c annot tr av el f r om E to F, and v i c e-v er sa.

As a conclusion the pancake theory cannot describe, in its


present state, the observed large scale structure.

2) Large scale st ruct ure and « t win universe model »


We assumed in the previous paper [1] that the Universe
had a S3 x R1 geometry. Any region of the universe interacts
antigravitationaly with its associated antipodal region, through
equation (1). There is a single kind of positive matter m, filling
the S3 sphere. Then the total mass of the Universe is non-
zero. In the reference [1] several didactic 2d images
(figures 10, 11 and 12) were given, in order to explain the
mechanism of the interaction of the two adjacent folds.
Using a boosted HP work-station and a set of 2 x 5 000
interacting points, F. Lansheat confirmed the work of Pierre
Midy (reference [1], figure 8). Then he focussed on a smaller
region, indicated on the figure 3, in which the density of the
matter in the « adjacent fold » was much higher that in the
other fold.
As expected the gravitational instability still occurs and
provides new conjugated structures. See figures 4 and 5.
The matter of the twin fold forms big stable clumps, which
repel the matter of our fold of the universe, this last taking
place in the remnant space. By opposition to the pancake
model numerical simulations, this pattern is fairly non-linear.
After its formation, corresponding to the Jeans time of the
high density system (2 109 years), there is no significant
evolution of the general pattern over a time comparable to the
age of the Universe so that this model could be a good
candidate to explain the observed spongy aspect of our fold of
the Universe, at large scale.
Fig. 3 : Dotted s q uare : foc us s ing on s om e portion of th e v ery large s c ale s truc ture in w h ic h th e
dens ity of m atter in th e firs t fold (s uppos ed to be ours , grey c olor) is s uppos ed to be s m aller th at th e
dens ity of m atter in th e adjac ent fold (w h ite c olor)
Fig. 4 : Res ults of s im ulations perform ed by F. Lans h eat, s h ow ing th e large s truc ture of th e
Univ ers e, due to th e interac tion of th e tw o adjac ent folds .
Mean v al ue of ρ * = 50 ti mes the mean v al ue of ρ (l ef t).
Lef t : c el l ul ar str uc tur e. Ri ght : c l uster str uc tur e
Fig. 5 : Th e s am e, s uperpos ed

3) 2d and 3d simulat ions


From the results of the 2d simulation, F. Lansheat
performed a 2 point correlation and compared to the 2d
correlation obtained from a grey distribution of points (Poisson
distribution). The result is shown on the figure 6. The left hand
of the curve is not relevant, for the distance between the
points becomes comparable to the mean distance of the
random distribution. The growth on the right hand is just an
artefact due to the border of the field (periodic boundary).
This result cannot be compared directly to the empirical law
derived from observational data (slope – 1.8), see the surveys
of Bahcall (1988) [31], Bahcall and Soneira (1983) [32], Bahcall
and West (1992) [33], Luo and Schramm (1992) [34]. Three-
dimensional simulations have to be performed, with a larger
number of points. If possible, the fitting with the observational
data would provide the ratio of the mass densities of the two
universes.
How to outline a scenario for the formation of large-scale
cosmological structure in this model ? As long as the coupling
between mass and light remains strong (t < 105 years), the
Universe remains homogeneous and all the processes linked to
the gravitational instability (formation of clumps, galaxies,
stars and spongy structure) are frozen. When the Universe
becomes transparent we can assume that all these processes
occur, with their proper characteristic times of formation and
evolution. All that we can say is that the suggested very large
structure forms in 2 109 years.

4) Inverse gravit at ional lensing


The problem of the gravitational lensing must be
reconsidered. As suggested in the previous paper [1], in the
present model the confinement of the galaxies is mainly due to
the action of the surrounding antipodal matter, located in the
twin fold, to be consistent to the strong missing mass effect.
Numerical simulations provided some description of a galaxy,
surrounded by halos of antipodal matter [1]. See figure 7.
As a confirmation of this confinement effect, if we remove
the antipodal matter from the System, the central object
dissipates immediatly. Although this figure concentrate on the
surrounding halo, ail the surrounding antipodal matter
contributes to this confinement effect, so that we can figure
schematically the galaxies as nested in some sort of holes of
the antipodal matter, as suggested the figure 8. The intensity
of the confinement effect depends obviously on the density ρ*
of the antipodal matter distribution, which should be at least
ten times larger than ρ.
Fig. 6 : Th e s lope of th e c urv e of th e 2-points c orrelations ratio
N umer i c al si mul ati on v er sus Poi sson r andom di str i b uti on
Fig. 7 : Conc entration of m as s c onfined by th e ac tion of th e s urrounding antipodal m atter from 2d
num eric al s im ulations
Fig. 8 : Galaxies nes ting in a w ide antipodal m atter c loud
The gal ax y and the anti podal matter r epel eac h other .

Classically, matter « attracts » photons and produces


gravitational lensing. The trajectory of photons, bent by the
presence of a positive point-mass can be computed from a
Schwarzschild solution :
(3)
Notice that m is an arbitrary constant of integration. For
weak fields and slowly miving bodies we can link the g00 term
of the metric to the gravitational potential ψ through :
(4)

The gravitational potential, due to a mass M, is :


(5)

whatever this mass M would be positive or negative. If M


is negative, it repels the test particle. Then
(6)

whence :
(7)
If M is positive the characteristic Schwarzschild length is
(8)

As pointed out above, m is nothing but an arbitrary


constant of integration is the Schwarzschild solution. If we take
m < 0 then the associated mass M becomes negative. We can
define a characteritic length, positive (the Schwarzschild
radius Rs) from :
(9)

The trajectory, in polar coordinates, corresponds to :


(10)
See reference [10] page 203. For the photon, following the
null-geodesics, we get
(11)

φ is the polar angle for this plane trajectory. u = 1/r


A positive mass (M > 0 ; m > 0) produces a positive
gravitational lensing :
Fig. 9 : Clas s ic al (pos itiv e) grav itational lens ing

For a test particle, located in one fold, a mass located in


the adjacent fold behaves like a repulsive negative mass (M
< 0 ; m < 0) and then produces a negative lensing effect. (See
Fig. 10.)
Notice that these hyperbolic pathes are familiar to the
specialists of plasma physics (e-e or p-p scatterings).
Let us schematize the situation. Consider an homogeneous
distribution of antipodal matter. In this distribution we find, in
some places, holes in which the galaxies nest.
Fig. 10 : Negativ e lens ing effec t due to a « negativ e » m as s
Fig. 11 : A galaxy nes ting in an h om ogeneous c loud of antipodal m atter

A hole in a distribution of negative mass produces a


positive gravitational lensing effect.
Fig. 12 : I nduc ed pos itiv e grav itational lens ing effec t

Qualitatively this equivalent to the effect due to an


homogeneous sphere of positive mass. See figure 13.
Classically one use the gravitational lensing to evaluate
the so-called invisible mass contained in a galaxy. People uses
to say : « The dark matter exists in our galaxy : we measure
it, through the missing mass effect. » In this twin cosmological
model a strong lensing effect should not be a proof of the
existence of invisible mass in a galaxy, but could be due to the
action of the invisible surrounding antipodal matter, which
could be evaluated from the measured effects. See the
figure 14.
In our galaxy the mass necessary to prevent the
explosion by centrifugal force is about 10 times higher that the
observed mass. If the confinement effect is due to the action of
surrounding invisible antipodal matter, it means that the effect
of this invisible matter is important. This could be general in
the region of the universe we live in. Then all the neighbour
galaxies could be surrounded by dense halos of antipodal
matter, and the observed gravitational lensing should be
mostly due to the antipodal material than to the galaxies
themselves.
The model based on the equation (1) gives a new insight
on the missing mass problem [1] and on the very large
structure of the Universe. This work was based on the low
field and weak velocities hypothesis and refered to a quasi-
steady Universe, at cosmologic scale, with respect to space and
time. In order to complete this cosmological model we have
now to study the evolution of the Universe as a whole.
Fig. 13 : Pos itiv e grav itational lens ing effec t due to th e dis tribution of antipodal m atter (ac ting lik e a
negativ e m as s ) (Fig. 13a)
W e hav e r epl ac ed the hol l ow b y an equi v al ent amount of posi ti v e mass. Compar ed posi ti v e
l ensi ng due to a gal ax y (Fi g. 1 3b )

5) About t he const ancy of G and c


Consider the two quantifies G (gravitation) and c (velocity
of the light). They are involved in the constant of Einstein χ.
This last is classically determined as the following :
The metric is expressed as :
(12)
where gµv (L) is the Lorentz metric tensor and ε ?μν
represents a very small time-independant perturbation
(nearly Lorentzian metric tensor). Furthermore, in order to
make a close connexion with classical theory, one supposes
that the velocity of a particle along a geodesic is much less than
c, i.e :

Fig. 14 : Com bination of th e tw o pos itiv e grav itational lens ing effec ts due to th e galaxy and to th e
s urrounding antipodal m atter

(13)
One next applies the same approximation to the
differential equation of a geodesic :
(14)

And then we get


(15)

Beyond the steady state conditions, one uses to write :


(16)
dx° = c dt

which introduces both the light velocity c and the time


t. In addition :
(17)
The geodesic equation becomes :
(18)

If we identify to the Newtonian model, we can relate the


gravitational pertubation potential to the metric through :
(19)

If we consider a medium with low density ρ0 and low


velocity, the matter energy tensor reduces to :
(20)

whose trace is ρ0 Then the second member of the field


equation becomes
(21)
Still in steady hypothesis condition, we get :
(22)

Identifying with Poisson equation, we determine the


unknown constant χ of the field équation :
(23)

If χ is not considered as an absolute constant, the zero-


divergence of the field equation (1) is no longer ensured,
according to the hypothesis δT = 0, which provides
conservations equations of physics. But let us point out that
the constancy of χ does not require separately the constancy
of G and c, for we determined (23) from a time-independent
metric (12). Then we can shift towards the less restrictive
condition :
(24)
This idea was suggested by the author in 1988-89 in the
papers [12, 13, 14]. But, as far as we know, the idea of a
secular variation of the light velocity, was introduced earlier
by V.S. Troistkii [11].

6) The Roberst on-Walker met ric


Assuming that the Universe is isotropic and can be
described by a Riemanian metric we get the classical
Robertson metric :
(25)

If the Universe is assumed to be homogeneous, then T


= A(T) and the spatially homogeneous cosmological solution
comes from :
(26)
S = χ (T – A(T)) = 0

This metric must be introduced in the equation (1), with a


zero second member. Then we get the following set of two
equations :
(27)
(28)

From (27) and (28) we get


(29)
k = 1 (negative curvature) and R = x°

x° is a « chronological marker ». Notice that one have a


single solution (k = – 1). If we identify, classically, x° to ct, c
being considered as an absolute constant, we get the well-
known trivial solution R = ct. Doing that, we define somewhat
arbitrarily the cosmic time t. But it can be defined differently,
in a non-standard way, as will be shown in the following.

7 ) A model wit h « variable const ant s »


The hypothesis of the constancy of the so-called constants
of physics was first challenged by Milne [15]. Then others
authors : P.A. Dirac [16 and 17], F. Hoyle and J.V. Narlikar
[18], V. Canuto and J. Lodenquai [19], T.C. Van Flandern [20],
V. Canuto and S.H. Hsieh [20], A. Julg [21], developped ideas
mainly based on the variation of G. Time-dependent G has
also considered by Brans and Dicke [22] ; time dépendent e by
Ratra [23]. Guth [24], Sugiyama and Sato [25] and Yoshii and
Sato [26] considered a time-variable cosmological constant. In
general these approaches focus on the variation of a certain
number of « constants », not of ail the constants, in a combined
fashion, as developped is the present paper. H. Reeves [27]
studied the impact of the separate variation of the constants,
one after the other. V.S. Troistkii [28] first suggested in 1987
the possible variation of c, and, in general, of all the
« constants », but, after choosing a leading parameter he just
tried to adjust the different exponents, associated to a priori
polynomial empiric laws, to fit with observational features.
In the present paper we are going to build a cosmological
where ail the « constants » vary conjointly. This will be made
consistent with the field equation (1). We are going to search
laws that let the equations of physics invariant, so that these
variations cannot be evidenced in local lab’s experiments.
These equations are the following :
The Schrödinger equation :
(30)

The Boltzmann equation :


(31)

where f is the distribution function of the velocity v, r


= (x, y, z), t the time, (g, a, ω) the classical impact parameters
of a binary collison. The (new) Poisson equation for gravitation
(see fererence [1]) is :
(32)

ρ is the mass density in our fold of the Universe and ρ*


the mass density in the twin fold.
The (new) field equation
(33)
S = χ (T – T*)

where :
(34)

is the Einstein constant, G the « constant » of gravity and


c the velocity of the light.
The Maxwell equations are :
(35)

(36)
(37)

(38)

E and B are respectively the electric and magnetic fields.


We consider the Maxwell equation for a neutral medium, for
we assume that the Universe is electrically neutral. Thèse
equations are not all independent. For an example the Poisson
equation, for gravitation (32), comes from the field equation
(33), see [1].
Introducing a characteristic length R and a characteristic
time T we can write these characteristic equations into an
adimensional form : The Schrödinger equation (30), with :
(39)

(40)
becomes :
(41)

The Boltzmann equation (31), with :


(42)
v =cζ r=Rξ g=cγ a=Rα
(43)

(44)

(45)
becomes :
(46)

The Poisson equation for the gravitational potential (32),


with :
(47)

(48)

becomes :
(49)
The Maxwell equations (35), (36), (37), (38), with :
(50)

where e is the electric charge (we assume that the


number of electric charges is conserved) become :
(51)

(52)

(53)
δ.β=0
(54)

In these equations we find a certain number of physical


constants :
(55)
h, m, c, G

The invariance of the Schrödinger equation is ensured if :


(56)

The Boltzmann equation is invariant if :


(57)

The Poisson equation for gravitation arises no peculiar


problem and just becomes
(58)
δ2φ = 4 π (ω - ω*)
From the Maxwell equations we get :
(59)

(60)
which is consistent to the definition of an electric field due
to an electric charge.
From the Einstein equation, as pointed out earlier, we
get :
(61)

If not, the equation is no longer divergenceless.


If the quantities :
(62)
h, m, c, G, R, T

obey these relations, it will not be possible to have


evidence of their variations in any lab experiment.
So what ?
From (57) we get immediately :
(63)

which is nothing but the characteristic Schwarzschild


length, so that :
(64)

Examine now the Jeans’ length :


(65)

where :
(66)
<V> = c <ζ>

(67)
Lj ≈ R
Combine the equations (56) and (57), we get :

(68)
The Compton length varies like R :
(69)
Rc ≈ R
The Planck length is :
(70)

Lp ≈ R
The Planck time is :
(71)

The Jeans time is :


(72)

Combining (61) and (63) we get :


(73)
m≈R
The variation of the constants does not conserve the
mass.
If we conserve the number of species, the mass density ρ
is found to obey :
(74)

Same law for the contribution pr of the radiation to the


density ρ. The conservation of the radiative energy gives :
(75)
ρr R3 = constant
Then :
(76)

8) The variat ion of t he const ant s of phy sics in t he Framework of an


hy pot hesis of generalized conservat ion of t he energies
In the standard model of the Universe the mass is
conserved, but not the energy. The energy-matter is
composed both by massive particles and by photons. Each
owns a mass-density, respectively : ρm and ρr. Today :
(77)
ρm » ρr
The pressure is a density of energy. Today we have :
(78)
ρm « ρr
In the standard model we impose the conservation of the
mass mc2, not the conservation of the energy of the cosmic
background photons h ?, which varies like 1/R. Let us consider
the opposite hypothesis and conserve the energy, but not the
mass. Then :
(79)
mc2 = Cte
whence :
(80)

We get a model where the velocity of the light is no longer


considered as an absolute constant. But, we insist, from
above, cannot be evidenced in a laboratory, for the
« constants » involved in the considered phenomena,
according to our hypothesis, follow this process too.
In addition :
(81)

(82)
Anyone of the considered parameters : G, c, m, R, h, T can
be chosen as an evolution parameter. If we take T as an
evolution parameter (V.S. Troistkii [28] considered c as an
evolution parameter), we get :
(83)
R ≈ t⅔
G ≈ t –⅔
m ≈ t⅔
h≈t
c ≈ t –⅓
ρ ≈ t –4/3
v ≈ t –⅓
Lj (Jeans) ≈ Lp (Planck) ≈ Lc ≈ (Compton) ≈ Rs
(Schwarzschild) ≈ R All thèse lengths vary like t 2/3 In
addition we have :
(84)
t j (Jeans) ≈ t p (Planck) ≈ T
And :
(85)

We get a model in which ail the characteristic lengths vary


like R and ail the characteristic times vary like T.
For an example, if we consider a two-bodies System,
orbiting around their common center of gravity, we find that
the radius of the orbit varies like R and the orbitation period
varies like T.
Now, what could be the observational consequencies of
such a model ?
This process cannot be evidenced in lab. The only
observable effect is the red shift.

9) The red shift as an observat ional effect due t o t he secular


variat ion of t he const ant s of phy sics. The quest ion of t he expansion
of t he Universe.
We will identify the parameter T to the cosmic time t,
running the events of the Universe. According to our
hypothesis, the energy of a travelling photon is conserved, but
as
h≈t
then (86)

This idea was first introduced by E. A. Milne [15]. In an


astronomical observatory we measure the frequency of the
received photon and we find a red shift, that we interpret in
term of the variation of its energy, due to an expansion
process. But if we consider that the energy is conserved over
its long flight this red shift effect can be reinterpreted in term
of the secular variation of the Planck constant.
Then if we ask « Is the Universe expanding ? » this
questions falls, for ail the objects of the Universe follow the
above process : the massive bodies, the stars, the galaxies, and
the Universe itself.
Fig. 15 : S tandard m odel : th e c ontaining expands , not th e c ontents

Fig. 16 : Prés ent m odel, both expand (th e c onc ept of an expans ion loos es its s ignific anc e, for th ere is
no longer a referenc e s c ale)

If we consider that the Universe is expanding, it implies


that its content (the particles, the galaxies) does not expand in
time, in order to have a reference scale. If the contents of the
Universe undergoes the same process than the Universe itself
(a gauge process) the question of the expansion becomes
irrelevant
In the present model, in the laboratory, the instruments
vary like any length we want to measure, for both follow the
process. The question of the expansion becomes irrelevant and
the only observable phenomenon, evidencing the cosmic
evolution is the red shift, which is no longer connected to the
Doppler-Fizeau effect, but to the secular variation of h,
combined to the hypothesis of the conservation of the photon
energy hv during its flight.

10) The problem of t he cosmological horizon


Classically this the cosmologie horizon is defined as is ct.,
which arises a paradox. The observed Universe is very
homogeneous, at large scale. If we compare any characteristic
distance R (t) (for an example the mean distance between
particles), with the horizon, we get :

Fig. 17 : Com pariz on of th e ev olution of th e c h arac teris tic length of th e Univ ers e w ith th e
c os m ologic al h oriz on, in an Eins tein-de S itter m odel

In the présent model the cosmological horizon becomes


the following integral :
(87)
Fig. 18 : Com pariz on of th e ev olution of th e c h arac teris tic length R of th e Univ ers e w ith th e
c os m ologic al h oriz on, in th e prés ent m odel.
They hav e the same v ar i ati on i n ti me

If the Universe was homogeneous at the begining, the


collisional process, always present, tends to maintain this
homogeneity. If it was not, it tends to smooth it. This
constitues an alternative to the theory of inflation.
This law between R ≈ t ⅔ must not be considered as an
expansion process but as a consequence of the secular
variation of the constants of physics, a gauge process, whose
single observable effect is the red shift.

11) The link wit h t he Robert son-Walker geomet ry


All this is compatible with the solution (34) if we give the
following non-standard définition of the cosmic time :
(88)
t = constant (x°)3/2

The dimension of the constant is :

In the standard definition of the cosmic time from

t = constant x° (x° = ct)

the dimension of the constant is

12) Ent ropy as a bet t er chronological marker


The detailed calculation of the entropy per baryon, as
defined by :
(89)

where f is the velocity distribution function, was given in a


former paper, with « variable constants ». See [13], section 2.
As a resuit, we found :
(90)
If R(t) is an increasing function of t, the cosmic entropy
grows like the cosmic time. In lab’s experiments we usually
relate entropy with time and consider that, according to the
second principle, there is no possible strictly isentropic
phenomenon. We consider that the time flux depends on the
e nt r opy change. In the classical model it is somewhat
paradoxal to notice that such enormous change in time would
go with zéro entropy variation. In the present model when the
time t tends to zero, s tends – ∞
We have s = constant Log t. If we change the measure of
the entropy (modifying the value of the constant) and write :
(91)

we get :
(92)
dt = 3/2t dσ

Let us return to the Robertson-Walker metric.


We get, with R = 3/2 ct :
(93)

In the representation {entropy, space variables} the


metric becomes conformally flat and we have :

Fig. 19 : Th e ev olution of th e c urv ature radius R of th e Univ ers e v ers us th e entropy

In the classical description (t, σ) the physicist, when t


tends to zéro, has some difficulty to define any material clock,
for the velocities of the particles tend to c. In a « variable
constant cosmologie model » the entropy per baryon (99) is no
longer constant and never fails to describe the events of the
Universe. Notice that in a (s, σ) description, the problem of the
origin of the Universe falls down. In addition, if we describe
the Universe in a phase space (position plus velocity) we found
that the associate characteristic hypervolume R3c3 varies like
t.

13) The red shift and t he Robert son-Walker met ric wit h a variable
light velocit y
The derivation of the distance from the red shift z, with
« variable constants », has already been presented. See
reference [13], sections 3 to 7. The indix 1 refers to the emiter
and the indix 2 to the receiver. For an example c2 is the
today’s value of the velocity of the light, as measured in the
observatory. It is assumed that the Rydberg constant
(ionization energy of the hydrogen) follows
(94)
Ei ≈ Rγ
Then we find :
(95)

The value γ = l is chosen in order to fit with the classical


value. Then, expanding the function 1/R(t) into a series with
respect to
(96)

we get :
(97)
Which is nothing but the Hubble’s red shift law, which still
applies in this variable light velocity conditions. From
mesurement of d2, c2 and z we can derive the so called
Hubble’s constant, i.e. the age of Universe.
(98)

identical to the standard value. Then the distance to the


objet d2 is evaluated :
(99)

When z tends to infinite we find the cosmological horizon


3/2 c2t 2, which is twice smaller than the standard value 3
c2t 2. If we compare the present model to the EdS model, we
get, for the distances, the ratio :
(100)
They are similar for weak z values, as shown on the next
figure. For weak z values, the distances, as derived from the
present model, are a weakly larger. η is close to unity for z
= 1.5. Then η tends to 0.5 when z tends to infinite. For z < 2.5
the difference of the two distance evaluation is less than 5 %.

Fig. 20 : Th e dis tanc es for th e pres ent m odel and for th e Eins tein-de S itter m odel, and th e ratio η of
th es es dis tanc es , v ers us th e red s h ift

If the reference [13], section 3, the evolution of the


angular size of a distant object, versus z, was computed. For
the EdS model and constant size objects, the law is :
(101)
This function of z has a minimum for z = 1.25 and then Φ
tends to grow linearly versus z. The figure 21 explains why it
provides an overestimation of Φ, for large z values.

Fig. 21 : Wh y th e c las s ic al m odel ov eres tim ates th e angular s iz e of large red s h ift objec ts
The mesur e, at the r ec epti on ti me, c or r esponds to a “f ossi l ” angul ar si ze, w hen the ob jec t w as
c l oser

In the present model, the situation is basicly different for


the objets are supposed to expand with the Universe. See
figure 22.
Fig. 22 : Pres ent m odel : th e ligh t m ov es along geodes ic s .
The angul ar si ze i s unc hanged

The corresponding formula is :


(102)

When z tends to infinite, tends to be constant.


Notice that in our model :
In the reference [13] this was used to compare the
present model to the EdS model, applying to radio-QSO data
(Barthel and Miley, 1988 [35]), giving a slight advantage to the
first. Obviously, a single test, implying many assumptions
about the nature of the observed objects, could not valid the
model. See the discussion in reference [13].

14) The light emission problem


Assume the energy production of light sources would
proceed through collisions. The collision frequency may be
written as :
(103)
ν =nQv

n is the number density, Q is the collision cross-section


and v the thermal velocity. Assume ail these quantifies follow
our set of relations, i.e :
(104)

which gives :

Assume now that the characteristic amount of energy Ei,


for this energy production reaction, would vary like R(t).
The energy émission rate varies like :
(105)

Such as the emission rate would have been higher in the


past. As, in this model, the energy is saved during the photon
flight, the receiver would measure a higher luminosity, which
would vary like (1 + z)1/2.
If we look at the data presented by Barthel and Miley
when and plot Log (P) – 0.5 Log (1 + z) when find something
quite constant.

15) Some remarks about ot her possible comparizon t o observat ional


mat erial

15.1) Local relativistic effects


From the classical model of General Relativity have been
imagined a large number of tests. The first were devoted to
local tests, like the precession of the perihelia of Mercury or
the time-delay of radar echos. There is no a priori
incompatibility between these test and the present model. In
effect, according to the results of the numerical simulations,
the matter density in the region of the twin fold corresponding
to the vicinity of the sun is highly rarefied, for the antipodal
mass is pushed away by the mass. Then the second term of
the second member of the equation (1) can be neglected :
(106)
S = χ (T – A (T) ) ≈ χ T
so that, locally, the Einstein equation would become an
approximate form of the equation (1). In such conditions, from
the equation (1) we refind the classical local observational
features, like the advance of the perihelia, etc.

15.2) About the strong field test from binary pulsars


A pulsar is supposed to be an object located in our galaxy.
If we suppose again that the antipodal matter is very rarefied
in the conjugated adjacent fold, the field équation becomes :
(107)
S ≈ χT

i.e. the Einstein equation. Then the observed effects [30]


fit both the équation (1) and (2).

16) The problem of elect romagnet ism and ot her feat ures of phy sics
We propose a new cosmological model. As said before,
basicly, this model does not contain the electromagnetic nor
strong or weak interaction phenomena and this is the same for
the classical model. Only a fully unified field theory could deal
with. In such conditions is it licit to try to apply the gauge
analysis to the charged particle, i.e. to see how could vary the
Bohr radius versus R ? This is questionable (whence this
question was examined by the author in the formal paper [13],
section 9). Same thing for the strong and weak interactions
and their associated characteristic lengths (in order to give a
new and complete description of the cosmic evolution,
including the nucleosynthesis, one should introduce, in this
constant energy model, corresponding time-dependant
« constants »).
Personnaly I would think that the cosmological model is
far to be achieved.
For an example the so-called cosmological constant Λ
could be added, through (suggestion of J.M. Souriau) :
(108)
S = χ (T + Λ g – Λ Α(g) )
or :
(109)
S = χ (T + Λ g – T* Λ g*)
where T* and g* = A(g) are respectively the stress tensor
and the metric tensor associated to the conjugated antipodal
region.
This work just suggests that the geometry of the Universe
could be some-what different from our standard vision.
Perhaps an unified model (gravitation plus electromagnetism)
could be built, by introducing complex tensors S, T and A(T) in
the equation (1). On another hand, one can shif from a S3 x R1
geometry towards a twin geometry based on the cover of a
projective P4 by a sphere S4. Then it could perhaps be
possible to deal with CPT symmetry and then to take account
of the matter-antimatter duality (the antipodal matter would
behave like antimatter and become the lost « cosmological
antimatter », as suggestd by Andréi Sakharov and Novikov in
1967 [36,37] and the authors [38, 39 and 40]). But this we
confess that is a hard mathematical task.
In a Kaluza model we consider a 5 dimensional manifold.
Then the electromagnetism can be introduced, whence nobody
knows what this fifth dimension represents exactly. Notice
that, locally, the model is équivalent to a Kaluza model with a
fifth dimension limited to the values .
In this model the statute of the Klein-Gordon equation is
the same than in the classical General Relativity.
Conclusion
Starting from the field equation presented in a former
paper [1] we have presented new results, based on numerical
simulations, performed by F. Lansheat. This provides a
possible explanation of the spongy very large structure of the
Universe and is an alternative to the classical pancakes theory,
for our structures are stable over a period of time comparable
to the age of the Universe. Then we developped a theory of
inverse gravitational lensing : the observed lensing effects
could be mainly due to the effect of surrounding antipodal
matter, acting like a distribution of negative mass, than to the
action of the galaxy itself. This challenges the dark matter
concept. Then, starting from the field equation S = χ (T
– A(T)) we have developped a cosmological model with
« variable constants ». Because of the hypothesis of
homogeneity (T = A (T) = constant over space) the metric
must be solution of the equation S = 0, although the total mass
of this closed universe is non-zero (T # 0). In order to avoid
the triviality of the classical subsequent solution R ≈ t, we have
built a solution with « variable constants ». We have derived
the laws linking the different constants of physics : G, c, h, m in
order to keep the basic equations invariant, so that the
variation of these constants is not measurable in the
laboratory. The only effect of this process is the red shift, due
to the secular variation of these constants.
Ail the energies are conserved, but not the masses. We
have found that ail the characteristic lengths (Schwarzschild,
Jeans, Compton, Planck) vary like the characteristic length R,
whence ail the characteristic times vary like the cosmic time t.
As the energy of the photon hv is conserved over its flight,
the decrease of its frequency is due to the growth of the Planck
constant h ≈ t.
In such conditions the field equations have a single
solution, corresponding to a negative curvature and to an
evolution law : R ≈ t 2/3.
The model is no longer isentropic and s ≈ Log t. The
cosmologie horizon varies like R, so that the homogeneity of
the Universe is ensured at any time, which challenges the
inflation theory. We refind, for moderate distances, the
Hubble’s law. We find a new law : distance = f(z), very close to
the classical one for moderate red shifts.
An observational test is suggested, based on the values of
the angular sizes of distant objects. Comparing the available
data to the predictions of our model and to those of the
(peculiar) Einstein-de Sitter model, we find a slight advantage
for the first. Obviously, a single test cannot valid such a model.

References
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Lett., 3 : 142 (1966), trad. Astr Zh.43 : 911 (1966), Sov. Astr.
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dans le miroir du temps », CRAS du 6 juin 1977, t. 284, série
A, pp. 1413-1416.
(40) Petit J. P., Le Topologicon, éd. Belin, Paris, 1983.

Acknowledgment : The author thanks professor


Oaxiiboo F. for useful suggestions and critic.

1 - N ob el , f ondateur du c él èb r e pr i x qui por te son nom et i nv enteur de l a dy nami te, ne


v oul ut jamai s qu’i l y ai t un pr i x attr i b ué à un mathémati c i en, par c e que sa f emme l ’av ai t tr ompé
av ec l ’un d’eux .
2- Si tuées à l ’i ntér i eur même de l a V oi e l ac tée et non dans d’autr es gal ax i es.

3- Mi l l e c i nq c ents années-l umi èr e.

4- 1 ,6 1 0 1 2 k i l omètr es.

5- 1 Enmo = 1 ,87 mètr e. Donc l es gr ai ns mesur er ai ent entr e 5 c enti èmes de mi l l i mètr e et 1 5
c enti mètr es.

6- Tout photon possède un pl an de pol ar i sati on. On peut c ompar er c e pl an à c el ui sel on


l equel se pr opager ai t l ’osc i l l ati on d’une c or de. Cer tai ns mi l i eux , tr av er sés par l a l umi èr e, ne
l ai ssent passer que des osc i l l ati ons él ec tr omagnéti ques (l a l umi èr e) dans un pl an donné. On par l e
al or s de l umi èr e pol ar i sée.

7 - A nnée ummi te, équi v al ant à 2,5 moi s ter r estr es.

8- Il s’agi t d’une l umi èr e émanant d’une sour c e si tuée der r i èr e l a néb ul euse.

9- 5,8 k i l oc y c l es.

1 0- C’est-à-di r e que l a néb ul euse aur ai t l a même tempér atur e que l e f ond de r ay onnement
c osmol ogi que. L’uni v er s étant un « f our » à 3 °K, auc un ob jet, l ai ssé à l ui -même, ne peut desc endr e
en dessous de c ette tempér atur e, si non i l ser ai t i mmédi atement r éc hauf f é par l e r ay onnement
amb i ant.

1 1 - La tempér atur e c or r espond au zér o ab sol u étant de – 27 3,1 5 °C c el a r epr ésente donc une
tempér atur e ab sol ue d’un c enti ème de degr é Kel v i n.

1 2- On sai t depui s l ongtemps que l e f ai t d’i mmer ger un c or ps dans un c hamp magnéti que a
pour ef f et d’ab ai sser l a tempér atur e en deç à de l aquel l e i l dev i ent supr ac onduc teur .

1 3- Tous l es mi ssi l es de c r oi si èr e ac tuel s sont sub soni ques, pour une r ai son b i en si mpl e : l a
c r oi si èr e super soni que en ai r dense ser ai t tr op c oûteuse en éner gi e.

1 4- Mon anc i en di r ec teur de r ec her c he du CN RS. Par f ai tement au c our ant de tout c e qui
touc he à l a MHD. Memb r e du c onsei l sc i enti f i que du GEPA N , dès sa c r éati on. Tr ès l i é aux
mi l i tai r es. A été pr ési dent du CN RS. A c tuel l ement di r ec teur du CN ES.

1 5- Pi er r e Si mon de Lapl ac e, mathémati c i en et astr onome (1 7 49-1 827 ) ; U r b ai n Le V er r i er


déc ouv r eur d’U r anus (1 81 1 -1 87 7 ) ; Loui s Lagr ange, mathémati c i en et astr onome (1 7 36-1 81 3) ;
Hi ppol y te Fi zeau : pr emi èr e mesur e de l a v i tesse de l a l umi èr e (1 81 9-1 896).

1 6- On c onnaî t b eauc oup mi eux l es étoi l es que l e c osmos l ui -même.


Chronologie

En se fondant sur une analyse des textes, mon ami


Gérard Morin, physicien à l’université de Poitiers, a essayé de
reconstituer quelle aurait pu être la chronologie du début de
cette exploration de la planète Terre, en temps terrestre,
évidemment :

4 février 1934 : Émission d’un signal radio sur Terre.

4 juillet 1948, soit 14,42 années plus tard : Réception du


message sur Ummo (la distance « luminique » Terre-Ummo
serait variable et ces 14,42 années correspondent à la valeur
qu’elle aurait eue cette époque-là).

10 juillet 1948 : Après une semaine d’étude du


message, départ de la première expédition en direction de la
Terre (deux vaisseaux).

10 janvier 1949 : Après six mois de trajet, arrivée au


voisinage de Mars et de la Terre.

12 janvier 1949 : Après deux jours de séjour dans le


système solaire et étude sommaire de la Terre, retour vers
Ummo (six nouveaux mois de voyage).
28 septembre 1949 : Après deux mois d’étude des
données collectées, départ d’une seconde expédition en
direction de la Terre (six vaisseaux).

28 mars 1950 : Après six mois de trajet, arrivée sur


Terre. Dépôt de six expéditionnaires et retour immédiat des
nefs vers la planète Ummo.
Du même aut eur

Aux Éditions Albin Michel


Enq uête s ur les OVNI S , v oy age aux frontières de la s c ienc e.
Enq uête s ur des extraterres tres q ui s ont déjà parm i nous .
Les Enfants du Diable. La guerre q ue nous préparent les s c ientifiq ues .

Dans la série Les Aventures d’Anselme Lanturlu

Ces ouv r ages peuv ent êtr e c ommandés au pr i x uni tai r e de 57 F di r ec tement aux Edi ti ons Bel i n, 8,
r ue Fér ou, 7 5006 Par i s, qui pr endr ont à l eur c har ge l es f r ai s d’ex pédi ti on.
1 . Le Géom étric on : Géométr i e des espac es c our b es
2. S i on v olait ? Méc ani que des f l ui des sub soni ques
3. L’inform agiq ue : Inf or mati que
4. Tout es t relatif : Rel ati v i té r estr ei nte
5. Le Trou noir : Rel ati v i té génér al e
5. Big bang : Genèse de l ’U ni v er s
7 . À q uoi rêv ent les robots : Rob oti que
8. Le Mur du s ilenc e : Magnétohy dr ody nami que
9. Elle c ourt, elle c ourt, l’inflation : Éc onomi e
1 0. Énergétiq uem ent v ôtre : N uc l éai r e
1 1 . Cos m ic s tory : Hi stoi r e des i dées en c osmol ogi e
1 2. Le Topologic on : Topol ogi e
1 3. Mille m illiards de s oleils : A str ophy si que
1 4. Et pour q uelq ues am pères de plus : Él ec tr omagnéti sme

Dans la série des Nouvelles Aventures d’Anselme Lanturlu

Ces ouv r ages peuv ent êtr e c ommandés di r ec tement aux Édi ti ons Pr ésenc e, Sai nt-V i nc ent-sur -
Jab r on, 04200 Si ster on, qui pr endr ont à l eur c har ge l es f r ai s d’ex pédi ti on.
Le Logotron : Langage, l ogi que, th. de Gœdel (55 F)
Le Ch ronologic on : Le temps en c osmol ogi e (55 F)
Joy eus e Apoc aly ps e : A r mements (51 F)
Opération Herm ès : A v entur e spati al e (51 F)
Le Logotron et Le Ch ronologic on entr ent dans l a c atégor i e « Lantur l u seni or » tandi s que Joy eus e
Apoc aly ps e et Opération Herm ès , ac c essi b l es à par ti r de di x ans, sont en c atégor i e « Lantur l u
juni or ».

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