08 Les Principes Directeurs Du Procès Pénal

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THEME_08_ LES PRINCIPES DIRECTEURS DU PROCES PENAL


CAMILLE GEFFROY & AUDREY RIZZARELLO

THEME 8 :
LES PRINCIPES DIRECTEURS
DU PROCES PENAL

INTRODUCTION

Les principes directeurs du procès ont connu un avenir


exceptionnel. C’est HENRI MOTULSKY (1905 – 1971) et GERARD
CORNU (1926 – 2007) qui ont introduit les premières dispositions
relatives aux principes directeurs du procès.

Si nous feuilletons aujourd’hui ces textes, nous nous rendons


compte qu’ils n’ont pas pris une ride ! Bien qu’ils aient plusieurs
décennies d’activité, ces principes directeurs n’ont absolument
pas vieilli.

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Qui est maître du procès ?


Quel est le rôle du Juge ?
Quelle est la position des parties vis-à-vis des faits ?
Quelle est leur positition vis-à-vis de la preuve ? Etc.

Les principes directeurs du procès sont faits pour permettre aux


parties et aux juges de connaître leur « rôle » et leurs
« pouvoirs » respectifs afin d’équilibrer le procès.
Il existe plusieurs principes directeurs du procès pénal. Nous
vous en avons sélectionné quelques uns…

I. LE PRINCIPE D’EGALITE DES ARMES

Le « procès » est un débat dans lequel deux parties au


moins sont contraires en faits et peut être en droit . Ces
parties doivent pouvoir exposer à la fois leur conception en
faits, leurs éléments de preuve et le droit.
Dans le procès, les juges (collégialement le plus souvent), vont
puiser pour construire une vérité c’est à dire qu’ils doivent
déterminer comment cela s’est passé. C’est une obligation pour eux.
Ils vont retenir (ou pas) des éléments de preuve. Ils vont
appliquer la loi et en déduire une solution : il s’agit-là de la
condamnation ou du rejet de la demande.
Le principe de l'égalité des armes constitue un des éléments
inhérents à la notion de procès équitable. L'égalité des armes veut
que chaque partie se voie offrir une possibilité raisonnable de
présenter sa cause dans des conditions qui ne la placent pas dans
une situation de désavantage par rapport à son adversaire.

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Cette notion d’égalité des armes a connu un avenir


encore meilleur grâce à l’influence du Droit
européen.

Celui-ci a introduit des notions beaucoup plus


générales voire même plus fluctuantes avec par
exemple le PRINCIPE DU CONTRADICTOIRE.

Ce dernier aussi appelé PRINCIPE DE LA CONTRADICTION


prévoit que chacune des parties est en mesure de
discuter l'énoncé des faits et les moyens juridiques
que ses adversaires lui ont opposés.

II. LE PRINCIPE DE SEPARATION DES POUVOIRS

C’est grâce à LOCKE (1632-1704) et


MONTESQUIEU (1689-1755) que le
principe de la séparation des pouvoirs
a vu le jour. A ce jour, il est inscrit dans
la norme la plus élevée dans la
hiérarchie des normes, celle de la
« Constitution ».

Le principe de la séparation des pouvoirs législatifs et judiciaires


vise à séparer les différentes fonctions de l’Etat en vue de :
➢ Limiter l’arbitraire ;
➢ Empêcher les abus liés à l’exercice des missions
souveraines.

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A l’époque , MONTESQUIEU avait distingué trois pouvoirs :

▲ Le Pouvoir LEGISLATIF qui est


constitué par le Sénat (les
représentants du Peuple) et
l’Assemblée Nationale ;

▲ Le Pouvoir EXECUTIF qui a pour fonction de mettre en œuvre


les lois créées par le pouvoir législatif ;

▲ Le Pouvoir JUDICIAIRE qui, quant à lui, applique ces lois.

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Ainsi, cette relation triangulaire entre le pouvoir législatif,


exécutif et judiciaire permet à la société d’atteindre un certain
équilibre et d’éviter la corruption.

III. LES PRINCIPES D’INDEPENDANCE ET DE NEUTRALITE


DES JUGES

Lorsqu’un juge prend une décision, il doit appliquer les règles


fixées par la loi sans subir de pression. Le juge doit donc juger de
manière « impartiale ».
Il s’agit d’une garantie essentielle, primordiale pour le justiciable.
Le PRINCIPE D’IMPARTIALITE permet au juge d’appliquer une règle de
droit sans se laisser influencer par une quelconque pression sur
lui qui proviendrait de l’extérieur (Ex : pressions politiques) ou de
l’intérieur (Ex : ses préjugés, ses propres opinions)

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IV. LE PRINCIPE DE LA LEGALITE CRIMINELLE

En 1748, Montesquieu formule le PRINCIPE DE LA LEGALITE


CRIMINELLE dans l’Esprit des Lois :
« Les juges de la Nation ne sont que la bouche qui
prononce les paroles de la loi »

A son tour, le père de la criminologie, en 1765,


Cesare Beccaria, développera ce principe
directeur du procès pénal en disant :

« Nullum Crimen, Nulla poena sine lege » →

En 1789, la célèbre Déclaration des Droits de l’Homme et du


Citoyen puis suivie par la Convention européenne dans son
article 7 et enfin les articles 111-2 et 111-3 du Code pénal français
prévoient le grand principe de la légalité criminelle en ces termes :

« La loi détermine les crimes et les délits et fixe les peines


applicables à leurs auteurs. Le règlement détermine les
contraventions et fixe, dans les limites et selon les distinctions
établies par la loi, les peines applicables aux contrevenants.
Nul ne peut être puni pour un crime ou pour un délit dont les
éléments ne sont pas définis par la loi, ou pour une
contravention dont les éléments ne sont pas définis par le
règlement. Nul ne peut être puni d’une peine qui n’est pas
prévue par la loi, si l’infraction est un crime ou un délit ou par
le règlement, si l’infraction est une contravention ».

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Ainsi, ce principe de la légalité constitue une protection contre


l’arbitraire du pouvoir judiciaire. Effectivement, il garantit la
séparation des pouvoirs en donnant au PARLEMENT le pouvoir de
définir les infractions et les peines.

Parfois, une loi peut être imprécise.


Dans ce cas-là, il reviendra au juge de
l’interpréter. Toutefois, ce POUVOIR
D’INTERPRETATION DE LA LOI octroyé au juge est
encadré. Le juge pénal a l’obligation
d’interpréter la loi de manière « stricte »
comme le dispose l’article 111-4 du Code
pénal :
« La Loi pénale est d’interprétation stricte ».
Cette expression peut se dire comme :
« Rien que la loi pénale mais toute la loi pénale ».

En droit pénal, les PRINCIPES DE LA LEGALITE ET DE STRICTE NECESSITE


DES PEINES impliquent ceux de :

o La non-rétroactivité de la loi pénale plus sévère ;


o Et de la rétroactivité de la loi pénale plus douce.
En effet, l’article 8 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du
Citoyen prévoit que :
« La loi ne doit établir que des peines strictement et
évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni qu’en vertu
d’une loi établie et promulguée antérieurement au délit et
légalement appliquée ».

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V. LE PRINCIPE DE PRESOMPTION D’INNOCENCE

Selon le principe de présomption d’innocence prévu à l’article 9


de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen :
« Toute personne accusée d’une
infraction est présumée innocente jusqu’à
que sa culpabilité ait été légalement
établie ».
Ainsi, toute personne se voyant reprocher
une infraction, est réputée « innocente »
tant que sa culpabilité n’a pas été
légalement démontrée et donc, décidée par
le verdict du procès.

VI. LE PRINCIPE DE LA GRATUITE DE LA JUSTICE

Selon le principe de la gratuité de la justice, nous avons tous accès


au droit et à la justice. Attention, cela ne signifie pas que nous
n’aurons rien à débourser dans le cadre d’un procès…
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Auparavant, le Code pénal prévoyait que l’ensemble des frais de


procédure étaient à la charge du condamné. En 1993, une loi du 4
janvier a supprimé cette disposition en la remplaçant par un droit
fixe de procédure dû par chaque condamné :
▲ 22€ pour les décisions des Tribunaux de Police ;
▲ 90€ pour les décisions des Tribunaux Correctionnels ;
▲ 120€ pour les décisions de Cour d’Appel ;
▲ 375€ pour les décisions des Cour d’Assises ;
▲ 150€ pour les décisions de la Cour de Cassation.

De plus, la loi du 4 janvier 1993 a créé également une aide


financière de prise en charge des frais de justice pour permettre
aux personnes sans ressources ou de ressources modestes d’avoir
accès à la justice. Cette aide financière s’appelle : L’AIDE
JURIDICTIONNELLE. Elle couvre les frais d’huissier de justice, d’avocat
et d’expert judiciaire.

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VII. LE PRINCIPE DU DOUBLE DEGRE DE JURIDICTION : LES


VOIES DE RECOURS

1) La voie de recours ordinaire : l’Appel


Pour assurer la bonne justice, la procédure pénale française prévoit
la règle du double degré de juridiction. Cette dernière implique
un examen successif « au fond ».
Cette expression signifie que la voie de recours ordinaire engendre
un examen sur les faits et sur le droit de la même affaire par deux
juridictions de degré différent :
➢ Une juridiction de première instance (Tribunal de Grande
Instance, Tribunal d’Instance, Prud’hommes, etc…) ;
➢ Une juridiction de seconde instance (Cour d’Appel).
Ainsi, selon l’article 2 de la Convention Européenne des Droits de
l’Homme indique que :
« Toute personne déclarée coupable d’une infraction pénale
par un Tribunal a le droit de faire examiner par une juridiction
supérieure la déclaration de culpabilité ou la condamnation.
L’exercice de ce droit, y compris les motifs pour lesquels il peut
être exercé, sont régis par la loi ».

Cette « possibilité » de double examen par des juges de degré


différent, hiérarchiquement supérieurs, donc a priori plus
expériméntés, permet d’éviter les erreurs judiciaires et d’obtenir
un jugement plus conforme à la vérité.

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2°) La voie de recours extraordinaire : le Pourvoi en


Cassation
A la différence de l’Appel qui constitue une voie de recours
ordinaire, le Pourvoi en Cassation est quant à lui, une voie de
recours extraordinaire.
Celui-ci ne peut être exercé que devant la Cour de cassation en
invocant un violement à la loi. En effet, la Cour de Cassation ne
juge pas un procès :
Elle juge exclusivement au regard du Droit le jugement
(Juridiction du premier degré) ou l’arrêt (Juridiction du second
degré : Cour d’Appel) auquel le pourvoi a donné lieu.
➢ Si la Cour de Cassation estime que la loi a été correctement
appliquée par les juges du fond, elle rejette le Pourvoi.

➢ Si, au contraire, la Cour de Cassation estime que la loi a été


violée, elle « casse » la décision qui a été attaquée et renvoie
l’affaire devant une autre Cour d’Appel pour que cette
dernière rejuge l’affaire entièrement : en faits et en droit.

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« On ne peut prétendre faire œuvre de justice en punissant le mal par le


mal ». Samuel Ferdinand-Lop

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