Les Abandons de Créances

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Les abandons de créances

Une entreprise peut être conduite à renoncer volontairement à encaisser une


créance. Dans le langage des affaires, cette opération est qualifiée « d’abandon de
créance »
Exemples
Une société mère abandonne une créance de 1000 000 € sur une filiale ayant perdu
plus de la moitié de son capital, afin de lui permettre de le reconstituer.
Une société industrielle française, dont la stratégie est de conquérir de nouveaux
marchés, abandonne une créance de 500 000 € sur un distributeur californien afin de
garder des débouchés commerciaux sur le marché américain en lui permettant de
poursuivre ses activités

Ce type d’opération soulève plusieurs interrogations d’ordre juridique, comptable et


fiscale :
- La renonciation à la créance ne constitue –t-elle pas un acte anormal de
gestion 
- Quelles en sont les conséquences en matière de TVA et d’imposition des
résultats
- Comment comptabiliser l’abandon, chez la société qui le consent et chez le
bénéficiaire
- Que se passe –t-il si l’entreprise bénéficiaire de l’abandon se redresse

Les réponses à ces questions dépendent des motifs et des circonstances de


l’abandon. Il convient de distinguer les abandons à caractère financier et les
abandons à caractère commercial, en différenciant, dans les deux cas, ceux effectués
avec ou sans contrepartie et ceux prévoyant ou non une clause de retour à meilleure
fortune, cette clause ayant pour objet de contraindre le bénéficiale de l’abandon à
régler sa dette antérieure en cas de redressement financiers.
1 les abandons de créances et la TVA
La société qui consent l’abandon peut recevoir de la société bénéficiaire un service
en contrepartie. L’abandon peut également constituer le complément de prix d’une
opération imposable à la TVA. Cette contrepartie ou ce complément de prix
constituent des charges pour la société qui accorde l’abandon et des produits pour
celle qui en bénéficie. Dans ces circonstances, l’abandon de créances est soumis à la
TVA. Cette dernière sera exigible chez le bénéficiaire de l’abandon et déductible pour
la société qui a consenti l’abandon, sous réserve que les conditions de fond et de
forme de déductibilité de la TVA soient respectées, en particulier l’existence d’une
pièces justificative (facture)
En dehors de ces situations, l’abandon n’entre pas dans le champ d’application de la
TVA.

Exemple
La société Capar abandonne, le 01 /06 /n, une créance de 100 000 € sur la société
Enseme. En contrepartie de cet abandon, la société Enseme fait figurer le nom et le
logo de la société Capar sur son site Internet et dans ses catalogues publicitaires
pendant six mois.
L’abandon consenti par la société Capar lui permet de bénéficier d’un service de
publicité, dont la valeur est estimée, par hypothèse, à 100 000 € TTC
L’abandon est donc soumis à la TVA et se décompose en 83 612,04 € HT et 16 387,96
€ de TVA, une facture mentionnant la TVA est établie par la société Enseme

Enregistrement de l’abandon chez Enseme

401 Société Capar 100 000


4457 Etat, TVA collectée 16 667
7788 Produits exceptionnels divers 83 333

Enregistrement de l’abandon chez Capar

6788 Charges exceptionnelles divers 16 667


4456 Etat, TVA déductible 83 333
411 Société Enseme 100 000

Traitement comptable des abandons de créances à caractère commercial


A- Détermination du caractère commerciale de l’abandon
La détermination du caractère commercial de l’abandon procède de l’examen des
motifs et des circonstances qui ont conduit à sa réalisation :
- S’il s’agit uniquement de maintenir des débouchés commerciaux, l’abandon
est qualifié d’abandon à caractère commercial,

- Si, une fois la créance abandonnée, les liens unissant les deux sociétés
concernées et les motivations de l’abandon sont exempts de toute raison
commerciale, l’abandon est qualifié d’abandon à caractère financier ;

- Lorsque les deux sociétés ont des relations commerciales et également des
liens capitalistiques, en particulier du type société mère et filiale, il convient
de déterminer si le caractère commercial est prépondérant ; si tel est le cas,
l’abandon est commercial, sinon il est financier

Aspect fiscal des abandons de créances à caractère commercial


Pour le bénéficiaire, l’abandon de créance entraine un accroissement de son actif
net, au sens fiscal. Par conséquent, il imposable (code général des impôts – article
38). Du côté de la société qui consent l’abandon, celui-ci déductible s’il relève d’une
gestion normale, c’est-à-dire s’il n’est pas contraire à l’intérêt propre de la société.
En revanche, s’il l’opération procédé d’une gestion anormale, sa déductibilité n’est
pas admise

Exemple
Selon la jurisprudence fiscale, relève d’une gestion normale, l’abandon partiel de
créance consenti à un locataire pour ne pas avoir à supporter des charges élevées
inhérentes à son expulsion et à la recherche d’un autre locataire
A été considéré en revanche comme un acte anormal de gestion l’abandon d’une
créance commerciale consenti par une SARL à une SA constituée entre les même
associes, alors qu’elles exerçaient la même activité et qu’il n’a pas été établi que là
SA assurait des débouchés commerciaux à la SARL,

B- Traitement comptable
La société qui consent l’abandon s’appauvrit. Elle constate une charge
exceptionnelle au titre de l’exercice au cours duquel se produit l’abandon.
Corrélativement, l’abandon, qui constitue un enrichissement pour son
bénéficiaire, est enregistré en produit exceptionnel.

Exemple
Le 05/01/N, la société Charigno vend 100 000 € TTC de produits à la société
Favet. Le 27 /07/N ; la société Charigno, dans le but de maintenir des
débouchés commerciaux, abandonne sa créance. Par hypothèse, l’abandons
est soumis à la TVA

Chez Charigno, les écritures suivantes comptabilisées :


05/01/N

411 Client Favet 100 000


4457 Etat, tva colléctée 16 667
701 Ventes de produits finis 83 333

27 /07/N
6788 Charges exceptionnelles diverses 83 333
4456 Etat, tva déductible 16 667
411 Client Favet 100 000

L’abandon de créance est déductible. Aucun traitement fiscal n’est pas à


effectuer

Chez Favet, les écritures suivantes comptabilisées :


05/01/N

607 Achat de marchandises 83 333


4456 Etat, TVA déductible 16 667
401 Fournisseurs Charigno 100 000

27 /07/N

401 Fournisseurs Charigno 100 000


4457 Etat, TVA collectée 16 667
7788 Produits exceptionnels divers 83 333

L’abandon de créance est Imposable. Aucun traitement fiscal n’est pas à


effectuer

Traitement comptable des abandons de créances à caractère financier

A- Détermination du caractère financier


Un abandon de créance à caractère financier ne peut se justifier (sauf cas très
particuliers) qu’au sein d’un groupe entre une société mère et une de ses
filiales ou une de ses participations.

En effet, dans toute autre situation, la société qui consentirait l’abandon


n’aurait aucun intérêt propre, hormis éventuellement un intérêt commercial.
Il s’agirait alors d’un abandon à caractère commercial, et non pas financier.

Toutefois, tous abandon consenti par une société mère à une de ses filiales
n’est pas nécessairement financier. Des motivations commerciales peuvent le
justifier, par exemple le maintien d’une filiale constituant le débouché
principal des produits fabriqués par la société mère. Il convient donc
d’examiner précisément les circonstances de l’abandon pour déterminer sa
qualification.

Exemple
Ces exemples sont tirés de la jurisprudence fiscale

Est commercial l’abandon de créance consenti par une société française à


une de ses filiales allemandes qui constitue un instrument important de sa
stratégie de développement commercial en Allemagne.

Est en revanche financier l’abandon de créance consenti par une société


française à une de ses filiales en l’absence de relations commerciales
significatives.

Aspect fiscal des abandons de créances à caractére financiers


Pour rappel, un abandon de créance relevant d’une gestion anormale n’est
pas déductible chez la société qui l’a consenti. En revanche, il est imposable
au niveau de la société bénéficiaire. Les développements qui suivent se
situent dans le cadre d’une gestion normale.

Traitement au niveau de la société qui consent l’abandon


Principes
Pour les exercices clos à compter du 4 juillet 2012 les aides accordées à une
autre

Application

1. Un abandon de créance entre deux sociétés appartenant au même


groupe:
 peut être qualifié d’abandon commercial ou d’abandon financier selon les
motifs et les circonstances qui ont conduit à sa réalisation.

2. Lorsque les deux sociétés ont des relations commerciales et également


des liens capitalistiques, en particulier du type « société mère et filiale » :
 si le caractère commercial est prépondérant, l’abandon est commercial,
sinon il est financier.

3. Un abandon à caractère commercial relevant d’une gestion normale :


 est imposable pour la société qui en bénéficie.
 est déductible pour la société qui le consent.

4. Un abandon de créance à caractère commercial relevant d’une gestion


normale :
 est enregistré en charge exceptionnelle dans la comptabilité de la société
qui le consent.
 est enregistré en produit exceptionnel dans la comptabilité de la société
qui en bénéficie.
5. Un abandon de créance commerciale relevant d’une gestion anormale :
 est imposable au niveau de la société qui en bénéficie.
 n’est pas déductible au niveau de la société qui le consent.

6. Le traitement fiscal d’un abandon de créance à caractère financier


accordé
à une société soumise à une procédure collective ou de conciliation et
relevant d’une gestion normale :

 varie, au niveau de la société qui consent l’abandon, selon le montant de


la situation nette de la société qui bénéficie de l’abandon.

7. La situation nette déterminée à partir des valeurs comptables est égale :


 au montant des capitaux propres définis par le PCG (article 934-1) sous
déduction des frais d’établissement.

8. S’il existe un écart significatif entre la situation nette comptable et la


situation nette réelle :
 l’entreprise qui consent l’abandon est autorisée à retenir la situation nette
réelle si elle est inférieure à la situation nette comptable.
 l’administration peut retenir la situation nette réelle si elle est supérieure
à la situation nette comptable.

9. Si la situation nette de la société qui bénéficie de l’abandon est négative


avant et après l’abandon :
 l’abandon est totalement déductible pour la société qui l’av consenti si le
bénéficiaire est soumis à une procédure collective.
 l’abandon n’est pas du tout déductible pour la société qui l’a consenti si
le bénéficiaire n’est pas soumis à une procédure collective ou de
conciliation.

10. Un abandon de créance à caractère financier, relevant d’une gestion


normale :
 est enregistré en produit exceptionnel dans la comptabilité de la société
qui en bénéficie.

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