GAUSSEN L'antichrist
GAUSSEN L'antichrist
GAUSSEN L'antichrist
L’
A
N
T
I
C
H
R
I
S
T
ou
Le
Souverain
Pontificat
Dévoilé
dans
l’Écriture
Par
L.
GAUSSEN
Professeur
et
docteur
en
Théologie
1
Au
lecteur
Ce
discours
du
professeur
Gaussen
a
été
prononcé
en
1843
et
publié
la
même
année.
Nous
l’avons
réédité
à
Bâle
une
première
fois
en
1889,
et
une
deuxième
en
1900.
Une
troisième
édition
quelque
peu
abrégée
a
paru
à
Gland,
suisse,
en
1921.
Cette
quatrième
édition
posthume
reproduit
le
texte
intégral
de
M.
Gaussen,
accompagné
des
notes
historiques
explicatives
insérées
dès
l’édition
de
1889.
Voici
le
titre
complet
de
l’édition
originale
:
Le
souverain
Pontife
et
l’Église
de
Rome,
soutiens
de
la
vérité,
par
l’accomplissement
des
Écritures
;
ou
considérations
sur
l’article
XXXIème
de
la
confession
de
foi
des
Églises
réformée
de
France.
–
Discours
prononcé
dans
l’École
de
Théologie
de
Genève,
à
sa
rentrée
du
3
octobre
1843,
par
M.
Gaussen.
L’opuscule,
imprimé
à
Toulouse
chez
K.
Cadaux,
porte
l’imprimatur
suivant
:
À
Genève,
chez
Mmes
V.
Béroud
et
Suzanne
Guers.
1843.
Au
milieu
de
l’incohérence
qui
règne
aujourd’hui
dans
les
esprits
sur
la
question
prophétique
où
la
papauté
joue
le
rôle
central
–
comme
du
reste
dans
l’histoire
des
douze
derniers
siècles
–
la
lecture
de
cette
étude
magistrale
du
professeur
Gaussen
s’impose
de
plus
en
plus.
Les
Éditeurs.
2
L’ANTICHRIST
ou
Le
Souverain
Pontificat
Dévoilé
dans
l’Écriture
-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐
Messieurs,
Nous
avons
coutume,
à
la
rentrée
de
l’École,
(1)
d’appeler
vos
regards
sur
les
circonstances
générales
de
l’Église
de
Dieu,
et
de
vous
y
signaler
quelqu’une
des
erreurs
dont
elle
peut
paraître
menacée.
Le
frère
excellent
(2)
dont
nous
sentons
l’absence
en
ce
jour,
vous
entretint,
l’an
dernier,
de
l’hérésie
d’Oxford
(3).
Aujourd’hui,
Messieurs
(et
vous
m’aurez
prévenu
dans
cette
pensée),
l’hérésie
menaçante
pour
nous,
non
pas
tant
par
les
séductions
de
son
erreur,
que
par
la
violence
de
ses
intentions
et
le
progrès
de
ses
forces,
c’est
l’hérésie
de
Rome.
Pendant
les
deux
cents
dernières
années,
Rome
et
le
protestantisme
ont
formé
plutôt
deux
camps
qui
s’observaient
de
loin,
et
ne
se
combattaient
plus
que
par
quelques
controverses
d’avant-‐poste.
Dans
l’un
est
l’autre
camp,
on
était
plutôt
préoccupé
de
guerres
intérieures.
–
Rome,
dans
le
sien,
s’est
débattue
deux
siècles
contre
un
reste
de
vérité
et
de
vie,
qui
s’y
voulait
faire
place
sous
les
noms
de
jansénisme
(4)
et
de
gallicanisme
(5)
;
mais,
dans
cette
lutte
intestine,
par
ses
victoires
mêmes,
elle
a
fait
encore
deux
chutes,
qui
l’ont
fait
descendre
plus
bas
dans
l’abîme
de
son
apostasie.
Ses
premiers
triomphes
sur
le
jansénisme
l’ont
fait
(en
1713)
arriver
au
plein
pélagianisme
(6)
de
la
bulle
Unigenitus
;
comme
ses
succès
plus
récents
contre
le
gallicanisme,
au
plein
-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐
1.
École
de
Théologie
de
l’oratoire
à
Genève.
(Note
de
l’éditeur)
2.
M.
Merle
d’Aubigné.
3.
Mouvement
inauguré
vers
1833
par
Pusey
–
delà
son
nom
de
puseyisme
ou
ritualisme
–
et
tendant
à
ramener
l’Église
anglicane
au
catholicisme.
Le
nouveau
culte
adopta
les
crucifix,
les
clergés,
les
processions,
les
prières
pour
les
morts,
le
signe
de
la
croix,
etc.
(Note
de
l’éditeur).
4.
Doctrine
de
Cornélius
Jansénius,
évêque
d’Ypres
(1585-‐1638),
qui,
en
se
rapprochant
de
la
Bible,
s’écarte
de
la
doctrine
de
Rome
sur
le
péché,
la
grâce
et
la
rédemption.
Professée
par
un
grand
nombre
de
membres
du
haut
clergé,
cette
doctrine
fut
persécutée
avec
acharnement
par
le
pape
pendant
tout
un
siècle.
Il
reste
des
églises
jansénistes
en
Hollande.
(Note
d’l’éditeur).
5.
On
donne
ce
nom
au
système
ecclésiastique
dont
Gerson
et
Bossuet
ont
été
les
plus
illustres
représentants,
et
qui,
jusqu’en
1870,
réclamait
pour
l’Église
catholique
de
France
une
certaine
indépendance
vis-‐à-‐vis
du
pape,
dont
il
repoussait
tant
l’infaillibilité
que
a
suprématie
spirituelle
et
temporelle.
(Note
de
l’éditeur).
3
6.
Doctrine
de
Pélage,
moine
breton
qui
mourut
à
Jérusalem
vers
432.
Vivement
combattu
dans
l’Église
au
cinquième
siècle,
notamment
par
Augustin,
et
condamné
par
plusieurs
conciles,
le
pélagianisme
est
au
fond
de
la
doctrine
actuelle
du
catholicisme.
Pélage
niait
le
péché
originel,
et
affirmait
que
l’homme
pouvait
faire
le
bien
par
ses
propres
forces.
(Note
de
l’éditeur).
Ultramontanisme
(7)
de
la
bulle
Unam
Sanctam,
au
Marianisme
(8)
de
saint
Liguori,
et
aux
immoralités
du
probabilisme
(9).
Dans
le
camp
des
protestants
aussi,
on
s’était
également
dépensé
en
luttes
domestiques,
d’abord
contre
Arminius
(10),
ensuite
contre
Socin
(11),
plus
tard
contre
la
doctrine
des
hommes
qui
ne
veulent
point
de
doctrine.
Cependant,
il
est
arrivé,
durant
ce
double
combat
intérieur,
que
le
protestantisme
s’est
divisé
et
affaibli,
tandis
que
le
romanisme,
dont
la
force
est
charnelle,
s’est
étendu
et
affermi.
Dans
le
premier
camp,
vous
ne
voyez
presque
plus
d’Église
nationale
que
vous
puissiez
appeler
vivante,
organisée,
propagatrice
;
-‐
la
vie
s’est
réfugiée
ou
dans
des
dissidences
ou
dans
des
individualités
;
on
y
professe
plus
que
jamais
un
christianisme
d’isolement
;
on
y
semble
admettre
que
le
fidèle
peut
accomplir
sa
profession
chrétienne
en
la
renfermant,
si
ce
n’est
dans
le
cabinet
de
la
prière,
au
moins
dans
le
cercle
étroit
de
sa
famille
ou
de
quelques
amis.
La
doctrine
sur
l’Église
s’est
partout
relâché
;
et
si
la
secte
nouvelle
qui
‘attache
à
renverser
le
saint
ministère,
a
trouvé
tant
d’adhérents
dans
nos
contrées,
c’est
que
son
hérésie
se
trouvait
correspondre
aux
mauvaises
tendances
de
notre
siècle.
Dans
le
romanisme,
au
contraire,
l’individualité
s’efface,
pour
s’absorber
dans
la
corporation.
–
Vous
ne
verrez
plus
de
jansénistes,
bientôt
même
plus
de
gallicans
;
désormais
il
n’y
a
plus
d’Alpes
;
toutes
ultramontain
;
et
c’est
la
France
elle-‐même
qui
donne
aujourd’hui
le
branle
à
toute
l’Europe,
pour
qu’on
se
jette
aux
pieds
du
pape
avec
la
société
de
Jésus,
et
qu’on
se
dispose
à
de
nouveaux
combats.
De
cette
condition
nouvelle
des
deux
camps,
on
peut
donc
conclure
avec
certitude
qu’il
se
prépare
une
grande
lutte,
où
l’armée
romaine,
enhardie
par
notre
désunion,
viendra
se
jeter
sur
nous.
Une
première
victoire
lui
sera
facile
;
elle
entrera
dans
notre
-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐
7.
Ce
mot
désigne
aujourd’hui
la
tendance
ecclésiastique
que
la
curie
romaine
et
particulièrement
les
Jésuites
ont
fait
prévaloir
au
sein
de
l’Église
catholique,
en
opposant
victorieusement
dans
tous
les
domaines
le
système
de
l’infaillibilité
et
de
la
suprématie
papale,
au
gallicanisme
et
en
général
au
système
épiscopal.
(Note
de
l’éditeur).
8.
Ou
mariolâtrie
(culte
de
Marie,
mère
du
Seigneur),
qui
date
du
cinquième
siècle,
et
qui
n’a
dès
lors
cessé
de
se
développer
dans
l’
Église
romaine,
pour
aboutir,
en
1854,
à
la
promulgation
par
Pie
IX
du
dogme
de
l’immaculée
conception.
La
proclamation
de
ce
dogme
a
surtout
été
préparée
par
Alphonse-‐Marie
de
Liguori,
fervent
adorateur
de
Marie
(1696-‐1787),
canonisé
en
1899.
Dans
son
libre
:
Les
Gloires
de
Marie,
il
dit
que
«
toutes
les
grâces
sot
dispensée
par
la
seule
Marie
»
;
qu’il
faut
passer
par
Marie
pour
arriver
au
paradis,
que
Christ
ne
suffit
point.
(Note
de
l’Éditeur).
9.
Nom
donné
à
la
morale
des
Jésuites.
(Note
de
l’éditeur).
10.
jacques
Arminius,
né
en
Hollande
en
1560,
a
été
le
promoteur
d’une
tendance
nouvelle
dans
l’Église
réformée
des
Pays-‐Bas,
tendance
qui
se
réduisait
à
l’origine
à
un
mouvement
d’opposition
à
la
doctrine
de
la
prédestination
telle
que
l’avait
formulée
Calvin.
Cette
tendance,
qui
fut
d’abord
persécutée,
pris
le
nom
d’arminianisme.
(Note
de
l’Éditeur).
4
11.
Fauste
Socin,
né
à
Sienne
en
1539
et
mort
en
Pologne
en
1604,
a
donné
son
nom
à
la
doctrine
socinienne.
Il
repoussait
toute
idée
de
mystère
dans
la
Révélation,
et
par
conséquent
la
rédemption
par
la
mort
de
Christ
;
Jésus-‐Christ,
quoique
né
par
l’opération
du
Saint-‐Esprit,
était
d’après
lui,
un
homme
comme
les
autre
;
sur
le
péché
et
la
grâce,
Socin
professait
les
idées
de
Pélage.
(Note
de
l’éditeur.).
camp,
comme
César
dans
celui
de
Pompée
après
la
déroute
de
Pharsale
;
elle
nous
trouvera
dans
le
désordre,
et
nous
aura
bientôt
foulés
au
pieds.
Je
ne
parle
pas
ici,
Messieurs,
d’une
guerre
d’arguments
et
de
controverses,
mais
d’une
lutte
de
la
violence
contre
la
patience
et
la
foi
des
saints.
–
Il
me
paraît
évident
que
nous
sommes
très
près
des
temps
où,
comme
nos
pères,
il
nous
faudra
reprendre
notre
vie
dans
nos
mains,
pour
l’offrir
à
Jésus-‐Christ.
–
L’Église,
vaincue
en
apparence,
dissipée,
réduite
à
un
petit
nombre,
devra
recommencer
à
vaincre
par
la
prédication
de
la
croix,
par
la
patience
et
par
la
foi.
Dans
le
douzième
chapitre
de
l’Apocalypse,
quand
le
«
grand
dragon,
le
diable,
qui
séduit
le
monde
»,
est
précipité
en
terre,
Jean
entend
une
grande
voix
qui
lui
dit
:
«
Ils
l’ont
vaincu,
à
cause
du
sang
de
l’Agneau
et
à
cause
de
la
parole
de
leur
témoignage,
et
ils
n’ont
point
aimé
leur
vie,
même
jusqu’à
la
mort.
»
Telles
sont
les
trois
forces
dont
nous
aurons
à
faire
usage
pour
sortir
vainqueurs
de
la
lutte
:
un
esprit
de
renoncement,
de
sacrifice
et,
s’il
le
faut,
de
martyre
(Ils
n’ont
point
aimé
leur
vie,
même
jusqu’à
la
mort)
;
un
esprit
de
foi
que
se
concentre
surtout
dans
la
mort
de
notre
grand
Rédempteur
(Ils
ont
vaincu
à
cause
du
sang
de
l’Agneau)
;
un
hardi
témoignage
de
la
vérité
de
Dieu
(Ils
ont
vaincu
à
cause
de
la
parole
de
leur
témoignage).
Un
esprit
de
renoncement
!
–
Ah
!
Voilà
ce
qu’il
faut
à
de
vrais
disciples,
et
surtout
à
de
vrais
ministres
de
Jésus-‐Christ.
On
l’oublie
trop
aisément
dans
ces
jours
de
calme,
on
contracte
des
habitudes
de
relâchement,
d’indolence,
de
conformité
au
siècle
!
–
On
se
laisse
trop
aller
à
réduire
la
vocation
des
chrétiens
évangéliques
à
la
profession
franche
d’un
système,
au
lieu
de
l’envisager
comme
un
combat
contre
le
monde,
contre
le
diable,
contre
soi-‐même
!
–
Il
faudrait
nous
rappeler
plus
souvent
que
nous
ne
subsistons
que
par
le
sang
du
grand
Martyr
livré
pour
nous
aux
souffrances
de
la
croix
;
il
faudrait
consentir
à
souffrir
avec
Lui
pour
régner
avec
Lui
;
il
faudrait
bien
reconnaître
que
notre
vie
est
une
guerre
étrangère
pour
la
conquête
d’un
royaume,
et
que
notre
Maître
a
dit
:
«
Si
quelqu’un
ne
renonce
à
soi-‐même,
ne
charge
sa
croix
et
ne
veut
haïr,
pour
l’amour
de
moi,
ses
biens,
son
repos,
ses
parents
et
sa
vie
même,
il
ne
peut
être
mon
disciple.
»
Nous
sommes
beaucoup
trop
devenus,
comme
on
l’a
dit,
«
des
chrétiens
du
beau
temps.
»
Il
faudrait
que
nous
pensassions
plus
souvent
aux
renoncements
et
aux
douleurs
volontaires
de
nos
pères
pour
ce
même
Évangile
que
nous
voulons
professer
après
eux.
«
Ils
n’aimèrent
pas
leur
vie,
même
jusqu’à
la
mort
».
Je
vous
recommande
la
lecture
de
leurs
martyres.
Rien
n’est
plus
propre
à
nous
mettre
dans
les
dispositions
de
la
vraie
obéissance
chrétienne,
que
de
nous
replacer
quelquefois,
par
la
pensée,
devant
le
dilemme
si
souvent
écrit
sur
leur
chemin.
«
Laisser
Christ
ou
mourir
!
!
…
J’aime
mieux
mourir
!
»
-‐
Étudions-‐nous
tous,
Messieurs,
à
nous
considérer
comme
continuant
ici
cette
ancienne
«
École
de
Genève
»
d’où
l’on
voyait,
il
y
a
trois
siècles,
sortir
chaque
année
pour
la
France
jusqu’à
trente
ministres
qui
s’en
allaient
affronter
tous
les
jours
des
dangers
de
mort
pour
Jésus-‐Christ,
et
dont
on
publiait
ici,
de
mois
en
mois,
les
souffrances
sanglantes
;
parce
que
leurs
amis,
dans
chaque
ville
de
France,
recueillant
avec
soin
leurs
actes
dans
les
prisons
et
sur
l’échafaud,
les
envoyaient
à
Crespin
et
à
nos
réformateurs,
pour
être
imprimés
à
mesure
dans
l’Histoire
des
Martyrs.
5
Cependant,
ce
n’est
pas
du
martyre
que
je
me
propose
de
vous
entretenir
aujourd’hui
;
c’est
plutôt
de
cette
«
parole
du
témoignage
»
par
laquelle,
à
la
fin,
Rome
doit
être
vaincue.
–
Mon
but
même,
en
ce
moment,
est
de
vous
signaler
un
seul
point
de
ce
témoignage.
L’ange
dit
à
Jean
:
«
Ils
ont
vaincu
par
la
parole.
»
Vous
serez
forts,
Messieurs,
si,
vous
aussi,
vous
êtes
assez
persuadés
de
la
force
de
cette
parole
que
Dieu
met
entre
vos
mains
pour
la
victoire.
Vous
la
manierez
avec
puissance,
cette
épée
de
l’Esprit,
si
vous
savez
en
tout
attendre,
si
vous
la
brandissez
avec
foi.
–
Vous
serez
irrésistibles,
si
vous
vous
souvenez
de
la
vertu
de
ce
mot
de
notre
Maître
:
«
Il
est
écrit
!
»
-‐
«
Arrière
de
moi,
Satan,
car
il
est
écrit
!
»
-‐
Voilà
qui
renversa,
dans
l’ancien
monde,
Jupiter,
Mercure,
Mars,
Diane
et
tous
ces
dieux
qui
le
possédaient
depuis
tant
de
siècles.
Voilà
qui
détruisit
l’antique
puissance
des
papes
dans
une
moitié
de
l’Europe,
il
y
a
trois
cents
années.
–
Voilà
qui
fera
tomber
les
confessionnaux,
les
saints-‐sièges,
les
images
taillées
et
toutes
les
idoles
de
la
Rome
moderne,
comme
elle
fit
des
augures,
des
autels,
des
Jupiter
et
des
statues
de
l’ancienne
;
-‐
La
Parole
maniée
avec
foi
!
Or,
dans
le
témoignage
de
cette
Parole,
j’appelle
aujourd’hui
votre
attention
sur
un
point
important
qui
doit
être
constamment
sous
vos
yeux,
quand
vous
avez
affaire
avec
Rome
;
je
veux
parler
d’un
dogme
précieux
et
sacré
pour
nos
pères,
mais
trop
négligé
et
souvent
même
méconnu
dans
nos
églises,
bien
que
Dieu
nous
ait
donné
pour
en
apprécier
la
valeur,
beaucoup
de
raisons
nouvelles
que
nos
pères
n’avaient
pas.
Ce
dogme,
c’est
que
Rome
est
la
Babylone
dont
a
parlé
saint
jean
;
le
pape,
l’homme
de
péché,
le
fils
de
perdition,
dont
a
parlé
saint
Paul
;
la
papauté,
la
petite
corne
dont
à
parlé
Daniel.
Je
pourrais
vous
montrer
que
cette
doctrine,
continuellement
professée
dans
l’Église
de
Dieu
depuis
près
de
mille
deux
cents
années,
n’y
fut
méconnue,
comme
celle
d’un
ange
tentateur,
que
dans
des
temps
de
relâchement
et
d’incrédulité.
Quand
le
pieux
Valdo
répandit
les
Écritures
en
France,
il
y
a
sept
cents
ans,
on
entendit
bientôt
ce
cri
:
sortons
de
Babylone
!
–
Quand
le
grand
Wicklef
prêcha
la
réforme
en
Angleterre,
il
y
a
cinq
cents
ans,
on
regarda
bientôt
de
toutes
parts
le
pontife
de
Rome
en
s’écriant
:
Voilà
l’homme
de
péché
!
–
Quand
le
généreux
Huss,
et
quand
Jérôme
de
Prague
firent
entendre
leur
voix,
cent
ans
avant
Luther,
ce
fut
contre
les
vices
de
«
la
grande
Prostituée
»
prédite
par
saint
Jean.
–
Quand
nos
pères
se
réformèrent
à
Genève,
l’un
de
leurs
premiers
soins
fut
d’appliquer,
sur
la
muraille
extérieure
de
notre
hôtel
de
ville,
une
plaque
d’airain
(dont
il
ne
reste,
hélas
!
que
le
cadre),
et
sur
laquelle
ils
remerciaient
Dieu
«
de
les
avoir
délivrés
de
la
tyrannie
de
l’Ante-‐Christ.
»
-‐
Quand
les
père
de
la
plupart
d’entre
nous,
Messieurs,
eurent
fait,
à
la
Rochelle,
leur
admirable
confession
de
foi,
ils
eurent
soin,
dans
leur
dix-‐septième
synode
national
(tenu
à
Gap
sous
Henri
IV,
l’an
1603)
de
décréter
qu’à
la
suite
du
30ème
article
on
insérerait
la
déclaration
suivante,
sous
le
titre
31ème
(je
le
transcris
en
toutes
lettres)
:
«
Et
puisque
l’évêque
de
Rome,
s’étant
dressé
une
monarchie
dans
la
chrétienté,
en
s’attribuant
une
domination
sur
toutes
les
églises
et
les
pasteurs,
s’est
élevé
jusqu’à
se
nommer
Dieu,
à
vouloir
être
adoré,
à
se
vanter
d’avoir
toute
puissance
au
ciel
et
en
terre,
à
disposer
de
toutes
choses
ecclésiastiques,
à
décider
des
articles
de
foi,
à
6
autoriser
et
interpréter
à
son
plaisir
les
Écritures,
à
faire
trafic
des
âmes,
à
dispenser
des
vœux
et
serments,
à
ordonner
de
nouveaux
services
de
Dieu
;
-‐
et,
pour
le
regard
de
la
police,
à
fouler
aux
pieds
l’autorité
légitime
des
magistrats,
en
ôtant,
donnant
et
changeant
les
royaumes
;
-‐
nous
croyons
et
maintenons
que
c’est
proprement
l’Antechrist
et
le
fils
de
perdition,
prédit
dans
la
Parole
de
Dieu
sous
l’emblème
de
la
prostituée,
vêtue
d’écarlate,
assise
sur
les
sept
collines
de
la
grande
cité
qui
avait
son
règne
sur
les
rois
de
la
terre
;
et
nous
nous
attendons
que
le
Seigneur
le
déconfissant
par
l’Esprit
de
sa
bouche,
le
détruira
finalement
par
la
clarté
de
son
avènement,
comme
Il
l’a
promis
et
déjà
commencé
de
le
faire.
».
Durant
plus
de
cinquante
années,
les
ministres
et
les
protestants
de
France
furent
persécutés
par
les
rois
et
par
les
gouverneurs
de
province,
à
cause
de
cet
article
31ème.
Toutefois,
on
aime
à
entendre
cette
voix
de
fidélité
qu’ils
firent
encore
entendre,
dans
leur
vingt-‐neuvième
et
dernier
synode
national,
tenu
sous
Louis
XIV,
à
Loudun
(en
1659),
après
qu’o
leur
eut
refusé
quinze
ans
d’en
avoir
aucun.
«
Le
commissaire
du
roi
ayant
demandé
qu’on
n’employât
plus
de
pareilles
expressions
(Antéchrist,
en
parlant
du
pape
;
idolâtre,
en
parlant
des
romanistes)
»
dans
les
serments
que
l’on
prêterai
en
ce
synode,
le
modérateur
fut
chargé
de
répondre
en
ces
termes
:
(12)
«
Mais
à
l’égard
de
ces
parole
d’Antéchrist
qui
sont
dans
notre
liturgie,
et
celle
d’idolâtrie
et
de
tromperie
de
Satan,
qui
se
trouvent
dans
notre
confession
de
foi,
ce
sont
des
mots
qui
déclarent
les
raisons
et
le
fondement
de
notre
séparation
d’avec
l’Église
romaine,
et
la
doctrine
que
nos
pères
ont
maintenue
dans
les
plus
cruels
temps,
et
que
nous
avons
résolu,
à
leur
exemple,
de
ne
jamais
abandonner,
avec
la
grâce
de
Dieu,
mais
de
les
conserver
fidèlement
et
inviolablement
jusqu’au
dernier
moment
de
notre
vie.
»
Eh
bien,
Messieurs,
voilà
la
déclaration
de
vos
père
que
je
viens
mettre
aujourd’hui
devant
vos
yeux,
et
sur
vos
consciences
:
-‐
devant
vos
yeux,
pour
que
vous
l’étudiiez
avec
soi
;
-‐
sur
vos
consciences,
pour
que
vous
la
prêchiez
avec
force
«
dans
les
plus
cruels
temps
et
(comme
vos
pères)
fidèlement,
inviolablement,
jusqu’au
dernier
moment
de
votre
vie.
»
Cette
importante
doctrine
nous
est
enseignée
par
trois
prophètes
:
par
Daniel,
dans
ses
chapitres
II,
VII
et
XI
;
par
saint
Paul,
dans
sa
deuxième
épitre
aux
Thessaloniciens
et
sa
première
à
Timothée
;
et
enfin
par
saint
Jean,
soit
dans
sa
première
épître,
soit
dans
les
chapitres
IX,
XI,
XII,
XIII,
XVII,
et
XVIII
de
son
Apocalypse.
(13)
-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐
12.
On
avait
renoncé
précédemment
à
mettre
le
31ème
article
dans
les
exemplaires
imprimés.
13.
Dans
cette
énumération
des
prophéties
qui
se
rapportent
au
pape,
j’ai
voulu
m’abstenir
de
citer
les
trois
seuls
versets
où
l’Écriture
parle
de
l’Antéchrist
(1
Jean
II,
18,
22
;
IV,
3
;
2
Jean
7
ne
parle
pas
de
l’Antéchrist,
mais
d’un
séducteur
et
d’un
antéchrist.)
;parce
que
plusieurs
interprètes
protestants
(tout
en
reconnaissant
dans
le
pontife
romain
l’homme
de
péché,
le
fils
de
perdition
qu’a
décrit
saint
Paul,
la
petite
corne
romaine
dont
a
prophétisé
Daniel,
et
le
faux
prophète
de
cette
Babylone
dont
l’apocalypse
a
tant
parlé)
ont
paru
disposés
à
croire
que
l’Antéchrist
de
saint
Jean
désignait
plutôt
un
ennemi
de
Dieu
qui
s’associera,
dans
les
derniers
temps,
à
l’apostasie
romaine,
pour
tomber
avec
elle.
–
Sans
partager
cette
opinion,
nous
pensons
y
devoir
mettre
très
peu
d’importance
;
parce
que
c’est
une
question
de
mots
et
non
de
dogme.
–
Que
l’homme
de
péché
s’appelle
ou
ne
s’appelle
par
l’Antéchrist,
peu
importe,
pourvu
qu’il
s’appelle
le
pape
(et
là-‐dessus
nous
sommes
tous
d’accord).
–
Voilà
le
dogme
:
tandis
que
les
trois
seuls
versets
de
l’Écriture
qui
nomment
l’antéchrist
sont
trop
isolés
et
trop
concis
pour
former
une
doctrine
(saint
jean
paraît
plutôt
s’y
référer
à
des
prophéties
antérieures).
–
Pour
nous
donc,
il
nous
paraît
que
le
pape,
en
anéantissant
(par
sa
doctrine
de
la
messe)
la
nature
humaine
de
Jésus-‐Christ,
répond
très
exactement
à
la
définition
donnée
de
l’antéchrist
par
l’apôtre
saint
jean
(1
Jean
IV,
21,
mais
nous
n’insistons
pas
;
et,
malgré
nos
convictions,
pour
ne
point
mêler
inutilement
un
terme
qu’on
conteste
avec
une
doctrine
qu’on
ne
conteste
pas,
nous
nous
abstenons
ici
de
l’employer.
7
Je
voudrais
vous
donner
quelque
idée,
Messieurs,
de
l’admirable
clarté
que
le
Saint-‐Esprit
a
répandue
sur
ce
sujet
;
et
je
vais
me
contenter
pur
cela
de
vous
esquisser
en
peu
de
mots
ce
qu’en
dit
un
seul
de
ses
prophètes,
le
plus
ancien,
Daniel,
et
encore
dans
un
seul
de
ses
chapitres
(le
VIIème).
Je
prierai
d’abord
l’un
de
nos
frères
de
vouloir
bien
vous
en
lire
les
quatorze
premiers
versets.
«
La
première
année
de
Belsçatsar,
roi
de
Babylone,
Daniel
vit
un
songe
;
et,
étant
dans
son
lit,
il
eut
des
visions
en
sa
tête
;
puis
il
écrivit
le
songe,
et
il
en
dit
le
sommaire.
Daniel
donc
parla,
et
dit
:
Je
regardais
de
nuit
en
ma
vision
;
et
voici
les
quatre
vents
des
cieux
se
levèrent
avec
impétuosité
sur
la
grande
mer.
Puis,
quatre
grandes
bêtes
montèrent
de
la
mer,
différentes
l’une
de
l’autre.
–
La
première
était
comme
un
lion
;
et
elle
avait
des
ailes
d’aigle
;
et
je
la
regardai
jusqu’à
ce
que
les
plumes
de
ses
ailes
furent
arrachées,
et
qu’elle
se
fut
levée
de
terre
et
dressée
sur
ses
pieds
comme
un
homme,
et
il
lui
faut
donné
un
cœur
d’homme.
–
Et
voici
une
autre
bête,
la
seconde,
semblable
à
un
ours,
laquelle
se
tenait
sur
un
côté,
et
avait
trois
crocs
dans
la
gueule
entre
ses
dents
;
et
on
lui
disait
ainsi
:
Lève-‐toi,
mange
beaucoup
de
chair.
–
Après
celle-‐là,
je
regardai,
et
voici
une
autre
bête,
semblable
à
un
léopard,
qui
avait
sur
son
dos
quatre
ailes
d’oiseau
;
et
cette
bête
avait
quatre
têtes,
et
la
domination
lui
fut
donnée.
–
Après
celle-‐là,
je
regardait
dans
les
visions
de
la
nuit
;
et
voici
la
quatrième
bête,
qui
était
épouvantable,
affreuse
et
très
forte
;
elle
avait
de
grandes
dents
de
fer
;
elle
mangeait
et
brisait,
et
elle
foulait
à
ses
pieds
ce
qui
restait
;
elle
était
différente
de
toutes
les
bêtes
qui
avaient
été
avant
elle,
et
avait
dix
cornes.
Je
considérais
ces
cornes,
et
voici,
une
autre
petite
corne
montait
entre
elles,
et
trois
des
premières
cornes
furent
arrachées
devant
elle
;
et
voici,
il
y
avait
en
cette
corne
des
yeux
semblables
aux
yeux
d’un
homme,
et
une
bouche
qui
disait
de
grandes
choses.
Je
regardai
jusqu’à
ce
que
les
trônes
furent
roulés,
et
que
l’Ancien
des
jours
s’assit
;
son
vêtement
était
blanc
comme
la
neige,
et
les
cheveux
de
sa
tête
étaient
comme
la
laine
nette
;
son
trône
était
comme
des
flammes
de
feu,
et
ses
roues
un
feu
ardent.
Un
fleuve
de
feu
sortait
et
se
répandait
de
devant
lui
;
mille
milliers
le
servaient,
et
dix
mille
millions
assistaient
devant
lui
;
le
jugement
se
tint,
et
les
livres
furent
ouverts.
Et
je
regardai
à
cause
de
la
voix
des
grandes
paroles
que
cette
corne
proférait
;
je
regardai
donc
jusqu’à
ce
que
la
bête
fût
tuée,
et
que
son
corps
fût
détruit
et
donné
pour
être
brûlé
au
feu.
La
domination
fut
aussi
ôtée
aux
autres
bêtes,
quoique
une
longue
vie
leur
eût
été
donnée
jusqu’à
un
temps
et
un
temps.
Je
regardais
encore
dans
les
visions
de
la
nuit
;
et
voici
comme
le
Fils
de
l’homme,
qui
venait
avec
les
nuées
des
cieux,
et
il
vint
jusqu’à
l’Ancien
des
jours
et
se
tint
devant
lui.
Et
il
lui
donna
la
seigneurie,
et
l’honneur
et
le
règne
;
et
tous
les
peuples,
les
nations
et
les
langues
le
serviront
;
sa
domination
est
une
domination
éternelle
qui
ne
passera
point
à
d’autres,
et
son
règne
ne
sera
point
dissipé.
»
Vous
devez
vous
rappeler,
Messieurs,
que,
dans
son
chapitre
2,
Daniel,
sous
l’image
d’une
statue
métallique
avait
déjà
décrit
à
grands
traits
l’histoire
de
tout
l’avenir
des
nations,
jusqu’au
second
avènement
de
notre
Seigneur
Jésus-‐Christ.
–
Suivant
lui,
quatre
grandes
monarchies
devaient
successivement
apparaître
sur
la
scène
du
monde,
maitriser
tous
les
autres
peuples
et
fouler
aux
pieds
Jérusalem.
La
dernière,
après
avoir
cruellement
asservi
toutes
les
contrées
de
la
terre
prophétique,
devait
être
divisée
en
dix
royaumes
(par
l’invasion
des
barbares),
et
durer,
sous
cette
forme
nouvelle,
jusqu’au…
règne
des
saints.
8
Maintenant,
dans
ce
chapitre
septième,
vous
revoyez
encore
la
même
suite
des
quatre
grandes
monarchies
;
mais
elle
ne
vous
est
présentée
que
dans
le
but
de
vous
révéler
et
le
temps
et
le
lieu
d’une
affreuse
apostasie,
qui
devait
affliger
l’Église
durant
un
grand
nombre
de
siècles,
et
qui,
prenant
naissance
dans
l’empire
des
Latins,
peu
après
sa
division
en
dix
royaumes
distincts,
ne
devait
être
anéantie
que
par
le
second
avènement
de
notre
Seigneur
Jésus-‐Christ.
Mais
voyez,
que
toute
cette
conception
symbolique
de
l’avenir
est
sublime
et
majestueuse
!
–
Ces
quatre
grands
empires,
qui
renferment
dans
leurs
destinées
toutes
les
gloires
de
ce
monde
durant
vingt-‐quatre
siècles,
se
présentent
aux
regards
de
l’homme
de
Dieu
sous
l’aspect
de
quatre
bêtes
féroces,
s’élevant
l’une
après
l’autre
du
sein
de
la
grande
mer
qu’agitent
les
tempêtes
!
Ces
quatre
monarchies
seront
également
cruelles
et
tyranniques
:
elles
opprimeront
le
peuple
de
Dieu
;
elles
dévasteront
la
terre,
et
leur
gloire
sera
celle
des
destructeurs
de
l’humanité
!
–
La
première,
l’empire
des
Babyloniens,
est
un
lion
aux
ailes
d’aigle.
–
La
seconde,
l’empire
des
Perses
et
des
Mèdes,
un
ours
féroce
des
montagnes,
auquel
il
est
dit
:
Lève-‐toi,
et
mange
beaucoup
de
chair
!
–
La
troisième
vous
dépeint
admirablement
en
quelques
traits
Alexandre
et
son
histoire
:
ce
n’est
pas
seulement
un
léopard
rapide
et
terrible
;
il
a
quatre
ailes
d’oiseau,
mais
il
a
quatre
têtes
;
la
domination
lui
est
ôtée,
et
son
empire
est
bientôt
partagé
vers
les
quatre
vents
des
cieux.
–
La
quatrième
enfin,
l’empire
des
Latins,
n’aura
point
de
nom,
tant
elle
est
terrible
:
elle
foule
tout
au
pieds
;
mais
(comme
dans
la
prophétie
de
la
statue
métallique),
elle
finit
par
se
partager
en
dix
;
ses
dix
cornes
sont
les
dix
royaumes
des
nations
goths
qui,
vers
le
cinquième
siècle,
toutes
à
la
fois
(comme
si
l’on
se
fût
donné
le
mot,
des
bords
de
la
Vistule
aux
frontières
romaines),
envahirent,
pour
le
continuer
sous
une
forme
divisée,
le
vaste
empire
des
latins
:
les
Visigoths,
les
Hérules,
les
Ostrogoths,
les
Francs,
les
Bourguignons,
les
Vandales,
les
Alains,
les
Suèves,
les
Gépides,
les
Lombards
!
Maintenant,
écoutez
:
Vous
avez
ici
déjà
le
lieu
de
l’apostasie
prédite,
et
vous
avez
aussi
son
temps.
–
Son
lieu
:
c’est
une
apostasie
romaine,
c’est
tout
le
territoire
de
la
monarchie
des
Latins
;
son
temps
:
ce
seront
les
siècles
qui
suivront
l’invasion
de
cet
empire
par
les
dix
rois
barbares.
–
Vous
aurez
aussi
toute
sa
carrière
;
car,
en
quelques
traits
de
pinceau,
sur
cette
toile,
toute
étroite
qu’elle
est,
le
Saint-‐Esprit
va
vous
en
décrire
et
le
caractère
et
les
destinées
avec
la
plus
étonnante
précision.
–
Voici
le
verset
8
:
Je
considérais
ces
cornes
:
et
voici,
une
autre
petite
corne
montait
entre
elles
;
et
trois
des
premières
cornes
furent
arrachées
devant
elles
;
et
voici,
il
y
avait
en
cette
corne
des
yeux
semblables
aux
yeux
d’un
homme,
et
une
bouche
qui
disait
de
grandes
choses.
Puis
(aux
versets
24
et
25),
dans
l’interprétation
que
l’ange
donne
de
ces
symboles
à
Daniel,
il
est
dit
que
cela
signifie
qu’un
autre
roi
s’élèvera
après
les
dix
rois,
et
qu’il
sera
différent
des
dix
premiers,
et
qu’il
abattra
trois
rois
:
-‐
et
de
plus,
-‐
qu’il
profèrera
des
paroles
contre
le
Très-‐Haut,
et
qu’il
pensera
pouvoir
changer
les
temps
et
la
loi.
Il
faudrait
de
longues
heures,
Messieurs,
pour
rendre
justice,
par
nos
interprétations,
à
la
divine
beauté
de
ce
tableau.
La
papauté
s’y
trouve
entièrement
décrite
par
treize
ou
quatorze
caractères.
Je
vais
essayer
de
vous
faire
comprendre
comment,
pour
chacun
de
ces
traits,
on
est
obligé
de
s’écrier,
non
seulement,
«
C’est
bien
le
pape
!
»
mais,
«
il
n’est
rien
sous
le
9
ciel,
ni
dans
toute
l’histoire
des
siècles,
à
quoi
l’on
puisse
appliquer
ces
descriptions
divines,
si
ce
n’est
pas
le
pape
!
–
Ce
ne
peut
être
que
le
pape
!
».
Premier
caractère
–
La
NATURE
même
de
ce
pouvoir
préfiguré
par
la
petite
corne.
–
Évidemment,
d’après
cette
prophétie,
ce
doit
être
un
ROI-‐PRÊTRE.
C’est
un
ROI
;
car
il
est
écrit
:
La
petite
corne
poussa
entre
les
dix
autres
:
…
et
un
autre
roi
s’élèvera
après
les
dix.
C’est
un
ROI-‐PRÊTRE
;
car
il
est
écrit
qu’il
sera
différent
des
autres
rois
;
et
tout
ce
qui
suit
cette
parole
est
destiné
à
nous
dire
en
quoi
il
sera
différent,
et
à
nous
le
montrer
tout
à
la
fois
dans
l’ordre
politique
et
dans
l’ordre
religieux.
–
Que
fait-‐il
?
Il
blasphème,
il
persécute
les
saints,
il
prétend
pouvoir
changer
les
temps
et
la
loi.
–
Comme
ROI,
il
est
faible
et
petit,
c’est
une
petite
corne,
mais
comme
PRÊTRE-‐ROI,
il
est
haut
et
puissant,
il
a
le
pouvoir
d’opprimer
les
saints
durant
des
siècles,
il
tient
de
grandes
paroles,
il
gouverne
le
monde.
–
Or
(je
le
demande
déjà
pour
ce
premier
caractère),
où
trouverez-‐
vous
sous
le
ciel
un
roi-‐prêtre,
si
ce
n’est
à
Rome,
ou
peut-‐être
dans
les
montagnes
de
la
Haute-‐Asie,
chez
le
Grand
Lama
(14)
Où
trouverez-‐vous
dans
toute
l’histoire
de
ce
monde,
si
ce
n’est
dans
la
papauté,
un
roi-‐prêtre
qui
ait
prétendu
changer
les
temps
et
la
loi,
qui
ait
régné
avec
puissance,
et
qui
ait
fait
une
guerre
séculaire
au
peuple
des
saints
?
Second
Caractère
:
vous
avez
encore
ici
la
GÉOGRAPHIE
de
ce
pouvoir.
–
Où
faut-‐il
chercher
la
petite
corne
?
–
Où
est
son
«
saint-‐siège
»
?
–
Où
doivent
être
pour
elle
ses
terres,
son
patrimoine,
les
«
terres
de
l’Église
»
?
–
Où
faudra-‐t-‐il
placer
le
théâtre
de
ses
méfaits
?
Quoi
de
plus
clair,
dans
cette
prophétie
?
Elle
vous
est
donnée
tout
exprès
pour
vous
mener
dans
la
monarchie
romaine,
pour
vous
y
faire
placer
ce
saint-‐siège
dans
Rome
;
ces
terres
de
l’Église
en
Italie
;
et
ce
théâtre
d’une
puissance
malfaisante,
dans
le
vaste
empire
des
dix
royaumes
latins.
–
Vous
n’ignorez
pas
avec
quel
soin
saint
jean
d’ailleurs
nous
le
montre
dans
Rome,
la
ville
aux
sept
montagnes,
la
cité
maîtresse,
la
Babylone
des
derniers
temps.
Vous
savez
également
que
les
catholiques
romains,
aussi
bien
que
nous,
reconnaissent
tous
que
Babylone,
dans
saint
Jean,
ne
peut
être
que
Rome.
–
Si
donc
ce
pouvoir
est
un
État
territorial,
ce
territoire,
d’après
Daniel,
est
un
État
romain
;
si
c’est
une
Église,
cette
Église,
d’après
Daniel,
est
une
Église
romaine
;
si
c’est
un
pontife,
ce
pontife,
d’après
Daniel,
est
un
pontife
romain
;
et
si
c’est
une
grande
apostasie,
cette
apostasie
s’étend,
d’après
Daniel,
entre
le
Rhin,
le
Danube,
les
terres
de
l’empire
grec,
l’Adriatique,
le
Mont-‐Atlas
et
le
Grand
Océan
;
c’est-‐à-‐dire,
dans
tout
le
territoire
de
«
la
quatrième
bête
».
En
d’autres
termes,
il
faut
l’aller
chercher
en
France,
en
Belgique,
en
Espagne,
en
Portugal,
en
Savoie,
en
Italie,
en
Bavière,
en
Autriche
et
dans
une
partie
de
la
Hongrie.
Troisième
caractère.
–
L’ORIGINE
de
ce
pouvoir
et
la
nature
de
ses
accroissements.
–
Comment
vient-‐il
au
monde
?
Lentement,
petit
à
petit,
par
des
progrès
continus,
comme
croît
une
corne
sur
la
tête
d’un
jeune
taureau.
–
Remarquez
bien
que
les
dix
premières
cornes
(ou
les
dix
royaumes
établis
par
les
barbares
dans
l’empire
des
Romains)
avaient
apparu
aux
regards
du
prophète
comme
déjà
toutes
formées
;
mais
il
n’en
est
point
ainsi
de
la
onzième
corne
;
elle
se
présente
à
lui
venant
après
les
autres,
en
silence
et
sans
éclat,
comme
grandit
une
corne.
–
Et
demandez
maintenant
à
tous
les
historiens
si
ce
-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐
14.
Souverain
pontife
du
lamaïsme
ou
bouddhisme
du
Thibet
(Tibet),
le
Grand
Lama
ou
Dalay-‐Lama
(Dalaï-‐
Lama)
est
à
la
fois
roi
et
prêtre.
Ses
sectateurs
le
considèrent
comme
revêtu
d’une
nature
divine,
et
l’adorent
comme
tel.
(Note
de
l’éditeur).
10
n’est
pas
là
l’histoire
exacte
des
origines
de
la
tyrannie
papale
;
et
si
elle
n’est
pas
devenue
menaçante,
bruyante
et
terrible,
sans
qu’il
leur
soit
possible
de
dire
l’année
où
elle
a
commencé.
Quatrième
caractère.
–
La
CHRONOLOGIE
de
cette
apostasie
;
par
où
je
veux
dire
le
temps
de
son
commencement
et
celui
de
son
terme.
–
Quand
a-‐t-‐elle
dû
commencer
d’après
Daniel
(ce
trait
est
saisissant)
?
–
Selon
la
vision,
c’est
d’abord
après
le
partage
de
l’empire
des
Latins
en
ses
dix
royaumes
goths
;
c’est-‐à-‐dire,
vers
le
sixième
ou
septième
siècle.
–
Et,
d’après
la
même
vision,
cet
état
divisé
doit
continuer
jusqu’à
la
venue
de
Jésus-‐Christ
!
–
Or,
je
demande
s’il
est
possible
de
donner,
en
dehors
de
la
papauté,
la
moindre
solution
à
un
problème
si
clair
et
si
précis.
Je
demande
si
tous
les
historiens
des
papes
ne
nous
montrent
pas
ce
pouvoir
s’élevant
des
ruines
de
l’empire
romain
vers
le
sixième
ou
septième
siècle,
et
prenant
naissance
du
milieu
même
de
ces
dis
royaumes
formés
de
ses
débris,
aux
jours
des
Clovis,
des
Justinien,
des
Bélisaire
!
Je
demande
qu’on
me
montre,
dans
le
monde
entier
(mais
surtout
dans
l’empire
romain
et
dans
Rome),
un
roi-‐prêtre
qui
ait
commencé
de
régner
il
y
a
1200
années,
et
qui
cependant
règne
de
nos
jours,
pour
durer
encore
jusqu’au
dernier
avènement
de
notre
Seigneur
Jésus-‐Christ
!
Cinquième
caractère.
–
Les
ACQUISITIONS
TERRITORIALES
de
ce
pouvoir.
–
Voici
qui
devient
merveilleux
!
–
Trois
des
premières
cornes
(a
dit
Daniel
au
verset
8)
furent
arrachées
devant
la
petite
corne
;
et
ces
cornes
saint
Jean
nous
les
représente
comme
portant
chacune
sa
couronne.
–
Prenez
maintenant
une
carte
d’Italie
;
cherchez-‐y
les
domaines
du
papes,
et
demandez-‐vous
de
combien
des
dix
royaumes
primitifs
le
territoire
pontifical
occupe
aujourd’hui
la
place.
–
Vous
verrez
qu’il
en
a
supplanté
trois
:
les
Hérules,
les
Ostrogoths
et
les
Lombards.
Et
si
vous
voulez
ensuite
vous
rendre
à
Rome,
pour
le
voir
passer,
cette
année
encore,
lorsque,
sur
les
rives
du
Tibre,
en
ses
pompes
pontificales,
il
foule
les
cendres
de
Romulus,
dans
la
basilique
de
Saint-‐Pierre
ou
son
palais
du
Vatican,
vous
lui
verrez
porter
sur
sa
tiare
babylonienne
(car
il
est
le
seul
roi
de
l’univers
qui
plante
aujourd’hui
sur
sa
tête
cette
coiffure
prophétique),
vous
lui
verrez,
dis-‐je,
porter
sur
sa
tiare
babylonienne
les
trois
couronnes
des
cornes
arrachées
de
devant
sa
face,
les
couronnes
d’Odoacre,
de
Théodoric
et
d’Alboïn.
–
Trouvez-‐moi
sur
la
terre
un
autre
prince
qui
ceigne
sa
tête
de
trois
couronnes
!
Et
celui-‐ci
est
un
roi-‐
prêtre
;
celui-‐ci
est
dans
Rome,
celui-‐ci
a
grandi
comme
grandit
une
corne
;
celui-‐ci
a
commencé
vers
le
sixième
ou
septième
siècle
;
celui-‐ci
dure
encore
!
–
Il
est
donc
écrit
:
Trois
des
premières
cornes
furent
arrachées
de
devant
elle,
-‐
et,
Il
abattra
trois
rois
!
Sixième
caractère.
–
La
CLAIRVOYANCE
extraordinaire,
l’habileté
consommée,
la
politique
incomparable,
la
vigilance
continuelle
de
ce
pouvoir.
–
Voyez
que
ce
trait
si
caractéristique
est
admirablement
décrit
dans
les
symboles
de
la
vision
!
D’où
peut
venir,
d’après
Daniel,
la
puissance
exercée
par
la
petite
corne,
pour
régenter
toute
la
catholicité
de
l’empire
des
romains,
et
pour
remuer
le
monde
pendant
tant
et
tant
de
siècles
;
puisque,
venue
après
les
dix
autres,
elle
en
est
aussi
la
plus
petite
?
–
Écoutez
:
elle
avait
des
yeux,
nous
dit
Daniel,
comme
les
yeux
d’un
homme
!
-‐
Ses
yeux,
voilà
le
secret
de
sa
puissance
!
–
Une
corne
qui
porte
des
yeux
!
C’est
une
conception,
certes,
très
étrange.
Mais
qu’elle
se
montre
admirable,
quand
on
en
a
saisi
le
sens
!
–
Depuis
1200
années,
ce
qui
fait
dominer
Rome,
c’est
cette
clairvoyance
surhumaine,
cette
habileté
séculaire
dont
les
yeux
sont
l’emblème
;
c’est
cette
vigilance
qu’elle
exerce
sur
11
toute
la
terre
par
ses
prêtres,
par
ses
ordres
religieux,
par
ses
Jésuites,
par
ses
préfets
apostoliques,
et
surtout
par
ses
confessionnaux
;
c’est
cet
œil
pénétrant,
toujours
ouvert
et
qui
ne
dort
jamais
;
c’est
cette
connaissance
consommée
qu’elle
a
des
faiblesses
humaines,
et
dont
le
confessionnal
est
pour
elle
la
grande
école
depuis
800
années
;
ce
sont
ses
ruses
et
ses
habiletés
profondes,
«
ces
profondeurs
de
Satan,
comme
ils
parlent,
»
a
dit
saint
Jean
(Apocalypse
II,
24).
Septième
caractère.
–
Ses
TROMPERIES,
ses
faux
actes,
ses
faux
miracles.
–
C’est
ici
un
trait
étonnant
et
sans
pareil
dans
l’histoire.
–
J’aurais
pu
le
rapporter
au
chef
précédent
;
mais
saint
Paul
l’a
si
bien
décrit
dans
sa
seconde
épître
aux
Thessaloniciens,
lorsqu’il
a
dit,
de
l’homme
de
péché,
que
«
son
avènement
est
selon
l’efficace
de
Satan,
en
prodiges,
en
miracles
de
mensonge,
et
en
toute
tromperie
d’iniquité
(II,
9,
10),
»
que
j’ai
cru
devoir
lui
donner
une
place
à
part.
C’est
ici
qu’il
faudrait
rapporter
ses
fausses
légendes,
ses
faux
livres,
ses
fausses
visions,
ses
fausses
reliques,
ses
médailles
miraculeuses,
ses
fausses
guérisons,
ses
faux
actes,
et
très
particulièrement
ses
Fausses
Décrétales
(15),
cet
étonnant
mensonge
qui
n’eut
jamais
son
pareil
dans
le
monde
par
sa
hardiesse
et
ses
succès
;
puisqu’il
trompa
toute
l’Europe
durant
500
années,
et
qu’il
a
pu
seul
rendre
possibles
les
usurpations
gigantesques
des
papes.
Huitième
caractère.
–
Ses
POMPES
plus
que
royales.
–
Daniel
nous
dit
(au
verset
20)
que,
bien
que
cette
corne
fût
«
la
plus
petite
»,
son
apparence
était
plus
grande
que
celle
de
ses
compagnes.
–
Certes,
le
faste
des
Charlemagne,
des
Charles-‐Quint,
des
Louis
XIV,
des
Bonaparte,
s’est
élevé
très
haut,
mais
fut-‐il
jamais
comparable
à
celui
du
pontife
romain
?
Il
a
fallu
que
les
plus
grands
rois
lui
tinssent
l’étrier,
le
servissent
à
table,
(que
dis-‐je
?)
se
prosternassent
devant
lui,
et
lui
baisassent
les
pieds
;
on
l’a
vu
même
leur
mettre
sur
la
nuque
ce
pied
superbe
!
Allez
encore
cette
année
le
contempler
au
Vatican,
comme
je
l’ai
fait
moi-‐même.
Vous
verrez
étalé
dans
«
la
salle
royale
»,
où
passent
tous
les
ambassadeurs
de
l’Europe,
le
tableau
qui
représente
le
grand
empereur
Henri
IV,
nu
devant
Grégoire
VII.
Vous
verrez,
dans
une
autre
tableau,
l’héroïque
et
puissant
empereur
Frédéric
Barberousse,
sur
ses
genoux
et
sur
ses
coudes,
devant
le
pape
Alexandre
III,
dans
la
place
publique
de
Venise
;
le
pied
du
pape
sur
son
épaule
;
son
sceptre,
jeté
là
par
terre
;
et,
sous
le
tableau,
ces
mots
:
Fredericus
supplex
adorat,
fidem
et
obedientiam
pollicitus
!
(16)
–
Il
faut
avoir
vu
de
ses
yeux
ce
roi-‐prêtre
dans
ses
palais
et
ses
basiliques,
pour
se
faire
une
idée
de
ses
pompes,
et
pour
comprendre
tout
le
sens
de
ces
paroles
de
Daniel
:
Son
apparence
était
plus
grande
que
celle
de
ses
compagnes.
Quel
est
le
roi
de
l’Occident
qui
ne
se
soit
jamais
fait
porter
sur
les
épaules
des
hommes,
entouré
de
plumes
de
paon
?
On
l’encense
comme
une
idole
;
on
se
prosterne
à
deux
genoux
devant
lui,
on
baise
la
pantoufle
de
ses
pieds
;
on
l’adore
!
–
Venite,
adoremus
!
(17)
s’écrient
les
cardinaux
en
se
rendant
auprès
de
lui.
–
Le
pape
actuel
faisait
encore
vendre
dans
Rome,
cette
année,
parmi
ces
nombreuses
médailles
que
les
pontifes
ont
fait
successivement
frapper,
pour
écrire
sur
le
bronze
les
fastes
de
leur
histoire,
une
-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐
15.
Collection
de
lettres
papales
dont
la
publication
fut
attribuée
à
Isidore
de
Sicile,
mort
en
636.
Ces
lettres
parurent
dans
la
première
moitié
du
IXème
siècle.
Dans
ces
décrets,
forgés
en
vue
d’établir
la
toute-‐
puissance
des
papes,
on
voit
les
évêques
de
Rome
du
IIème
au
IIIème
siècle
citer
la
traduction
de
Jérôme
qui
ne
parut
qu’au
IVème
siècle,
et
faire
allusion
à
des
faits
ou
à
des
écrits
du
VIème
et
du
VIIème
siècle,
tout
cela
dans
le
latin
du
IXème
siècle
!
Les
Centuries
de
Magdebourg
dévoilèrent
enfin
cette
fraude
inouïe.
(Note
de
l’éditeur).
16.
Frédéric
suppliant
adore,
ayant
promis
foi
et
obéissance.
17.
Venez,
adorons.
12
médaille
que
je
tenais
il
y
a
peu
de
jours
dans
mes
mains
et
où
vous
lisez
ces
mots,
au-‐
dessus
de
l’effigie
d’Adrien
VI
couronné
par
ses
cardinaux
:
Quem
creant,
adorant
!
(18)
–
Que
de
fois,
en
le
voyant
de
mes
yeux
au
milieu
de
ses
pompes,
n’ai-‐je
pas
entendu
retentir
en
mon
âme
cet
oracle
du
Saint-‐Esprit
:
Il
s’assiéra
comme
un
Dieu
dans
le
temple
de
Dieu,
voulant
passer
pour
un
dieu
!
Neuvième
caractère.
-‐
Son
LANGAGE,
ses
grandes
paroles.
–
La
Petite
corne
avait
une
bouche
(a
dit
Daniel),
et,
cette
bouche
proférait
de
grandes
choses.
–
Il
paraît
que
rien,
dans
la
vision,
ne
frappa
plus
vivement
le
prophète
que
la
violence,
la
superbe
fierté
et
la
haine
de
ce
langage.
Il
en
exprime
plus
d’une
fois
son
étonnement
:
Et
je
me
rendis
attentif
(dit-‐il
au
verset
10),
à
cause
de
la
voix
des
grandes
paroles
que
cette
corne
proférait.
–
Et
je
voulus
savoir
la
vérité
(ajoute-‐t-‐il,
au
verset
19
et
20),
touchant
cette
bouche
qui
proférait
de
grandes
choses.
–
Certainement,
Messieurs,
il
suffirait
de
ce
trait
tout
seul
pour
caractériser
le
pontife
de
Rome.
–
Que
répondrait,
dans
un
de
nos
collèges,
le
moindre
écolier
de
l’histoire,
quand
on
lui
demanderait
:
Quel
a
été
sur
la
terre,
à
le
chercher
dans
tout
le
cours
des
900
ans
du
moyen
âge,
et
des
400
ans
de
l’histoire
moderne,
le
pouvoir
qui
n’a
cessé
de
remplir
le
monde
du
bruit
de
ses
grandes
paroles,
paroles
de
menace,
paroles
d’orgueil,
paroles
de
commandement,
paroles
de
malédiction,
et
aussi
paroles
de
feu,
pour
ordonner
à
tous
les
peuples
de
son
obédience
des
expéditions
lointaines
et
des
guerres
d’extermination
?
–
Est-‐il
un
écolier
qui
ne
se
hâte
de
répondre
:
C’est
le
pape
;
ce
ne
peut
être
que
le
pape
!
Par
cet
endroit
donc,
le
pape
est
sans
pareil
dans
l’histoire
des
hommes.
–
Pendant
1200
années,
la
terre
a
retenti
de
ses
grandes
paroles
;
paroles
de
menace
et
d’anathème
:
lui-‐même
les
appelle
«
des
foudres
»
;
Grégoire
XVI,
aujourd’hui
régnant,
quand
il
en
parle
dans
son
livre
«
sur
les
triomphes
de
l’Église
»,
empruntant
le
lange
d’un
Jupiter,
dit
encore
qu’il
les
fulmine
;
-‐
paroles
de
commandement
et
de
violence
:
il
interdit
les
rois,
il
les
condamne,
il
les
dépose,
il
les
maudit
;
paroles
de
haine
et
d’homicide
:
durant
deux
siècles
il
renversa
sur
l’Asie,
par
ses
croisades,
toutes
les
nations
de
l’Occident
;
il
détruisit
plus
tard
l’empire
chrétien
des
Grecs
;
il
accomplit
ensuite,
pendant
27
ans,
par
des
croisades
de
chrétiens
contre
chrétiens,
l’extermination
du
midi
de
la
France
;
-‐
parole
d’orgueil
:
tous
les
historiens
croyants
ou
incrédules
vous
diront
également
que,
par
ses
grandes
paroles,
le
pontife
n’eut
jamais
son
pareil
sur
la
terre.
–
Combien
Daniel
n’avait-‐il
donc
pas
raison
de
dire
:
Je
regardai
à
cause
de
la
voix
des
granges
paroles
que
cette
corne
proférait.
Dixième
caractère.
-‐
La
DURÉE
DE
CE
LANGAGE.
–
D’après
Daniel,
il
doit
aller
jusqu’à
la
venue
du
Fils
de
l’homme
sur
les
nuées
du
ciel
;
et
vous
le
voyez,
Messieurs,
il
dure
encore
!
Qui
l’eût
pu
croire
à
l’avance,
qu’en
Europe,
après
tant
de
civilisation,
après
la
bienheureuse
Réformation,
après
mille
deux
cents
années
de
scandale,
un
roi-‐prêtre
dans
Rome
pourrait
continuer
impunément
un
tel
langage
au
milieu
des
nations
?
–
Dieu
est
grand
!
Onzième
caractère.
–
Ses
BLASPHÈMES.
–
Daniel
a
dit
(au
verset
25)
:
Il
proférera
des
blasphèmes
contre
le
souverain.
–
Or
y
a-‐t-‐il
rien
de
plus
blasphématoire
que
les
prétentions
et
que
les
titres
du
pontife
romain
?
Se
dire
«
le
Père
Saint
»
(c’est
le
nom
que
Jésus
donne
à
son
Père)
!
«
Le
Père
très
saint
!
»
«
L’Époux
de
l’Église
!
»
«
La
tête
de
l’Église
universelle
»
(c’est
le
nom
incommunicable
du
fils
unique
de
Dieu)
!
–
Se
dire
«
Sa
Sainteté
!
»
«
Le
vicaire
de
Jésus-‐Christ
»,
«
Le
vice-‐Dieu
»,
«
Dieu
sur
la
terre
»,
Deus
18.
Ils
adorent
celui
qu’ils
créent.
13
in
terra,
sanctissimus
Pater,
sua
sanctitas
!!!
(19)
–
Se
déclarer
infaillible
;
oser
mettre
ses
décrets
au-‐dessus
même
de
la
Parole
de
son
Dieu
;
prétendre
dispenser
les
hommes
des
commandements
de
son
Créateur
!
Soutenir
que
lui
seul
crée
les
prêtres,
lesquels
seuls
à
leur
tour
créent
leur
Dieu
dans
un
fragment
de
pain,
par
trois
paroles
latines,
pour
le
faire
manger
au
peuple
!!!
Pardonner
les
péchés
commis
contre
le
Seigneur
des
seigneurs
;
ouvrir
aux
hommes
à
son
gré
les
portes
du
ciel
!
–
Est-‐ce
assez
de
blasphèmes,
de
la
part
d’un
ver
de
terre
?
–
Y
eut-‐il
jamais
sous
le
ciel
aucun
pouvoir
qui,
par
cet
endroit,
fût
comparable
au
pape
?
–
Trouverez-‐vous
nulle
part
son
pareil
dans
l’histoire
des
folies
et
des
orgueils
de
l’homme
?
-‐
Et
que
dire
encore
quand
on
sait
(et
tout
le
monde
en
convient)
que
les
prêtres
capables
de
ces
excès
d’audace,
furent
pour
la
plupart,
durant
un
grand
nombre
de
générations,
le
scandale
de
l’univers,
par
leur
luxure,
leurs
débordements
et
leurs
cruautés
!
Douzième
caractère.
–
Sa
HAINE
homicide
et
ses
persécutions
CONTRE
LES
VRAIS
CHRÉTIENS.
–
Daniel
nous
dit
(au
verset
21)
:
J’avais
regardé
comment
cette
petite
corne
faisait
la
guerre
contre
les
saints
et
les
surmontait
;
et
il
ajoute
(au
verset
25)
:
Elle
détruira
les
saints
du
Souverain.
–
Hélas
!
Ici
la
voix
de
l’histoire
répond
à
grands
cris
à
celle
de
la
prophétie.
Toutes
ses
pages,
jusqu’au
siècle
dernier,
quand
elles
parlent
des
papes,
vous
les
montrent
poursuivant
à
outrance
les
hommes
qui
voulaient
vivre
selon
la
Parole
de
Dieu
;
et
ceux-‐ci,
mis
à
mort
en
leur
nom
comme
des
brebis
de
tuerie.
Les
paroles
manquent
pour
décrire
ce
qu’a
été
la
papauté
par
ce
caractère
durant
des
siècles.
–
Qui
pourra
faire
le
récit
de
ce
qui
s’est
passé
pendant
six
cents
années
dans
tous
les
souterrains
et
dans
les
autodafé
de
la
«
Sainte
Inquisition
»,
de
ce
tribunal
incomparable
dont
tous
les
actes
pendant
ces
six
cents
années
furent
dirigés
et
réglementés
par
des
bulles
de
la
Cour
de
Rome
?
–
Les
autres
pouvoirs
de
la
terre
ont
fait
mourir
des
hommes
par
milliers
(car
l’homme
naturel
a
les
pieds
légers
pour
répandre
le
sang)
;
mais
le
pontife
de
Rome
a
fait
mourir
les
saints.
–
Ses
décrets
maudissaient
et
condamnaient
au
feu
tout
homme
surpris
à
lire
sa
Bible
en
une
langue
vulgaire.
–
Et
remarquez
bien
ici
qu’il
ne
servirait
à
rien,
pour
infirmer
le
témoignage
de
l’histoire
dans
ce
signalement
des
pontifes
romains,
d’alléguer
des
cruautés
commises
ailleurs
pour
cause
de
religion.
On
les
désavoue,
on
les
condamne,
on
les
déleste
aujourd’hui,
dans
toutes
les
communions,
ces
cruautés
;
mais
il
n’en
peut
être
ainsi
dans
celle
du
pape,
car
elles
ne
sont
pas
écrites
seulement
dans
son
histoire,
elles
le
sont
dans
son
dogme
!
Le
devoir
de
faire
mourir
les
hérétiques
est
écrit
parmi
les
décrets
infaillibles
et
irrévocables
de
ses
conciles
généraux
(20),
comme
ceux
de
la
messe
et
du
purgatoire
;
et
quand
Luther
eut
osé
dire
«
qu’il
est
contre
la
volonté
du
«
Saint-‐Esprit
qu’on
brûle
au
feu
les
hommes
convaincus
d’erreurs
»,
la
cour
de
Rome,
dans
sa
bulle
Exsurge,
mit
cette
sentence
au
nombre
des
quarante-‐et-‐une
propositions
pour
lesquelles,
condamnant
Luther,
elle
ordonnait,
sous
des
peines
sévères,
qu’on
le
saisît
(personaliter),
et
qu’on
l’envoyât
au
pape.
Treizième
caractère.
–
Ses
HÉRÉSIES
audacieuses.
–
Voici
peut-‐être
encore
ce
qu’il
y
a
de
plus
frappant
;
et,
par
ce
nouveau
trait,
le
pontife
romain
n’eut
jamais
son
pareil.
–
Daniel
a
dit
de
la
petite
corne
:
Le
roi
différent
des
dix
autres,
prétendra
pouvoir
changer
les
temps
et
la
loi.
–
Or,
c’est
ici
l’attentat
inouï
que
le
pape
à
commis
contre
la
loi
de
son
Dieu
:
il
a
prétendu
pouvoir
la
changer
dans
sa
souveraineté,
dans
sa
sanction,
dans
son
usage,
dans
son
contenu,
dans
sa
morale
et
dans
son
dogme.
-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐
19.
Dieu
sur
la
terre,
le
très
saint
Père,
sa
sainteté.
20.
Le
3ème
et
le
4ème
de
Latran.
14
–
J’ai
dit
dans
sa
souveraineté
:
seul
sur
la
terre,
se
proclamant
infaillible,
il
a
osé
mettre
ses
décrets
et
ses
traditions
au
niveau
et
au-‐dessus
des
Écritures.
J’ai
dit
dans
sa
sanction
:
seul
sur
la
terre,
il
a
prétendu
pardonner
les
péchés
que
cette
loi
condamne,
et
dispenser
des
devoirs
que
cette
loi
commande.
J’ai
dit
dans
son
usage
:
seul
sur
la
terre,
depuis
six
cent
quatorze
ans
(je
veux
dire,
depuis
le
concile
de
Toulouse,
1229),
il
a
défendu
au
peuple
de
Dieu
la
lecture
des
livres
saints.
Jamais
rien
de
semblable
ne
s’est
vu
dans
la
chrétienté.
Les
Églises
d’Orient,
toutes
corrompues
qu’elles
sont,
ont
mis
les
Écritures
sur
un
trône
dans
tous
leurs
conciles
;
le
pape
est
le
seul
prêtre
qui
ait
osé
publiquement
interdire
aux
autres
hommes
la
Parole
de
son
juge
et
de
son
Dieu.
–
J’ai
dit
dans
son
contenu
:
seul
sur
la
terre,
il
a
voulu,
dans
son
concile
de
Trente,
ajouter
des
livres
d’hommes
aux
oracles
de
l‘Ancien
Testament
(par
exemple,
les
Maccabées,
tenus
pour
livres
humains
aux
jours
de
Jésus-‐Christ).
–
J’ai
dit
dans
sa
morale
:
-‐
Lisez
celle
que
propagent
les
jésuites
;
lisez
les
directions
données,
encore
cette
année,
aux
confesseurs
de
Fribourg,
de
Grenoble,
de
Strasbourg
et
de
toute
la
papauté
;
lisez
ces
trois
cent
vingt-‐
six
auteurs
de
la
société
de
Jésus,
qui
ont
été
condamnés
au
siècle
dernier
par
les
tribunaux
de
tous
les
peuples
européens
comme
encourageant
tous
les
crimes,
et
que
le
parlement
de
Paris
a
fait
brûler
en
1762
par
la
main
du
bourreau
(21).
Toutes
ces
abominations
viennent
d’être
accueillies,
recommandées,
sanctionnées
par
le
pontife
romain
;
soit
dans
le
rétablissement
solennel
de
la
société
de
Jésus
en
1814
;
soit
dans
la
béatification
par
Pie
VII
du
jésuite
Liguori,
le
grand
promoteur
des
immoralités
du
probabilisme
;
soit
dans
sa
pompeuse
canonisation
plus
récente
encore
par
le
pape
aujourd’hui
régnant,
qui
canonisait
ainsi
des
maximes
détestables,
si
vainement
flétries
par
Pascal,
il
y
a
deux
cents
ans,
et
si
vainement
brûlées
par
le
bourreau
de
Paris,
il
y
a
quatre-‐vingts
ans
sur
la
«
restriction
mentale
»,
sur
«
la
probabilité
»
et
sur
«
le
péché
philosophique
».
–
J’ai
dit
enfin
dans
son
dogme
:
-‐
Quand
il
a
proclamé,
de
son
autorité
plénière,
les
hérésies
les
plus
opposées
à
la
parole
de
Dieu,
sur
le
culte
des
images,
sur
l’exaltation
des
prêtres,
sur
leur
célibat
forcé,
sur
la
confession
auriculaire,
sur
un
sacerdoce
ecclésiastique
et
un
sacrifice
dans
la
messe,
sur
l’invocation
des
morts,
sur
l’usage
d’une
langue
inconnue
dans
le
culte,
sur
l’adoration
de
Marie,
sur
les
reliques,
sur
le
purgatoire,
sur
un
épiscopat
universel
du
pape
:
…
mais
surtout
(remarquez
bien
ceci),
quand
il
a
professé
précisément
les
quatre
doctrines
que
saint
Paul
avait
signalées
comme
la
marque
de
l’homme
de
péché
:
1°
Les
miracles
de
mensonge
;
2°
le
culte
des
demi-‐dieux,
ou
morts
déifiés,
qu’on
adorait
chez
les
Romains
et
les
Grecs
sous
le
nom
de
démons
;
3°
la
doctrine
du
célibat
ecclésiastique
;
4°
l’interdiction
des
viandes.
–
Voici
les
paroles
de
saint
Paul
(1
Timothée
IV,
1,
3)
:
«
L’Esprit
dit
expressément
(il
le
disait
dans
Daniel),
qu’aux
derniers
temps,
quelques-‐uns
se
révolteront
de
la
foi,
s’adonnant
à
des
esprits
séducteurs
et
à
la
doctrine
des
démons,
enseignant
des
mensonges
par
hypocrisie,
et
ayant
une
conscience
cautérisée,
défendant
de
se
marier
et
d’user
des
viandes
que
Dieu
a
créées
pour
les
fidèles
!
».
-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐
21.
Du
Jésuitisme
ancien
et
moderne,
par
M
;
L’archevêque
de
Malines
(p.
212).
De
ces
326
publications,
approuvées
toutes
par
trois
théologiens
jésuites,
à
ce
commis,
17
encouragent
l’impudicité
;
28,
le
parjure
;
33,
le
vol
;
36,
l’homicide
;
68,
le
régicide
;
14,
la
simonie,
etc.
15
Quatorzième
et
dernier
caractère.
–
La
durée
exacte
de
ses
persécutions
contre
le
peuple
de
Dieu.
–
Daniel
et
saint
Jean
déclarent
plusieurs
fois
que
ce
sera
jusqu’à
un
temps,
des
temps
et
la
moitié
d’un
temps,
ou
mille
deux
cent
soixante
jours
prophétiques,
que
l’on
prend,
avec
de
fortes
raisons,
pour
autant
d’années.
–
Qui
pouvait
croire
à
l’avance
qu’un
roi-‐prêtre
si
violent,
si
fastueux,
si
cruel,
si
blasphémateur,
si
contraire
aux
Écritures
et
si
bien
décrit
par
elles,
si
outrageux
contre
les
peuples
et
contre
les
rois,
durerait
douze
ans
?
Et
le
Saint-‐Esprit
nous
dit
qu’il
en
durera
douze
cent
soixante
!
Et
cela
s’est
vu
!
–
Je
n’essaiera
pas,
Messieurs,
de
vous
dire
aucun
des
calculs
qu’on
a
faits
sur
son
commencement
et
sur
son
terme
;
mais
je
demanderai
seulement
qu’on
admire
encore
ce
quatorzième
caractère
prophétique
du
pontife
romain,
comme
on
doit
admirer
tous
les
autres.
Enfin,
Messieurs,
les
mêmes
prophéties
ont
prédit
également
son
JUGEMENT
ET
SA
RUINE.
–
Je
ne
veux
pas
entrer
dans
ce
sujet
;
mais
j’aime
à
vous
le
rappeler
en
finissant,
pour
vous
donner
courage.
Voici
les
paroles
de
Daniel
:
Le
jugement
se
tiendra,
et
on
lui
ôtera
la
domination,
en
le
détruisant
et
le
faisant
périr,
jusqu’à
en
voir
la
fin,
afin
que
le
règne
et
la
domination
et
la
grandeur
des
royaumes,
qui
sont
sous
tous
les
cieux,
soient
donnés
au
peuple
des
saints
du
Souverain.
Son
royaume
est
un
royaume
éternel,
et
tous
les
empires
lui
seront
assujettis
et
lui
obéiront.
Messieurs,
cette
esquisse
du
seul
chapitre
septième
de
Daniel
suffira,
je
l’espère,
pour
faire
entrevoir
avec
quelle
abondance
de
lumière
les
Écritures
établissent
le
dogme
dont
j’ai
désiré
vous
entretenir.
Des
éclats
bien
plus
brillants
encore
jailliraient
des
prophéties
de
saint
Paul
et
de
saint
Jean
sur
le
même
sujet.
J’y
pourrai
revenir
quelque
jour.
–
Mais
que
faut-‐il
conclure
de
tout
cela
?
1°
Que
nos
pères
étaient
bien
fondés,
quand
ils
écrivirent
ce
dogme
dans
leurs
confessions
de
foi
;
2°
que
vous
devez,
à
votre
tour,
l’étudier
avec
soin,
pour
vous
disposer
à
le
prêcher
;
3°
Qu’il
n’est
pas
seulement
une
arme
de
controverse,
mais
qu’il
renferme,
pour
l’âme
fidèle,
une
immense
consolation.
Le
pape
nous
y
prêche
Jésus-‐Christ
;
puisque
au
terme
du
règne
de
l’homme
de
péché,
les
Écritures
nous
montrent
toujours
celui
de
notre
Rédempteur,
son
avènement
glorieux,
notre
commun
rassemblement
auprès
de
lui
(hêmôn
episunagôgên
ep
auton,
2
Thessaloniciens
II,
1),
…
et
le
règne
des
saints.
4°
Que
rien
n’est
plus
puissant
que
cette
doctrine
pour
combattre
Rome
directement.
–
De
même
que
nous
perdrions
du
temps,
si,
pour
prêcher
Jésus,
nous
nous
contentions
de
décrire
ses
vertus,
au
lieu
de
dire
:
C’est
le
Christ
!
–
ainsi
nous
perdons
beaucoup
de
temps,
si,
pour
réfuter
le
pape,
nous
nous
contentons
de
montrer
ses
hérésies
et
ses
crimes
au
lieu
de
dire
:
C’est
l’homme
de
péché
!
5°
Que
la
prédication
de
cette
vérité
devient
très
utile
pour
établir
dans
la
foi
les
âmes
des
troupeaux.
–
Dans
la
controverse
vulgaire,
vous
ne
faites
que
démolir
;
vous
renversez,
il
est
vrai,
la
messe,
le
purgatoire,
les
indulgences
;
c’est
bien,
mais
c’est
tout.
–
Ici,
nous
prêchons
la
divinité
de
la
Bible
;
car,
en
montrant
le
pape,
nous
montrons
un
miracle
:
et
ce
miracle
crie
:
Croyez
la
Bible
!
–
Considéré
par
cet
endroit,
l’endurcissement
des
romanistes,
comme
l’endurcissement
des
Juifs,
édifie
16
merveilleusement
l’Église,
parce
qu’il
a
été
prédit
;
et
c’est
ainsi
que
cette
doctrine
change
pour
nous
les
scandales
de
Rome
en
une
éloquente
prédication.
Nous
l’avons
dit
dans
notre
titre,
par
là
le
souverain
pontife
et
l’Église
romaine
deviennent,
à
leur
manière,
d’admirables
soutiens
de
la
vérité.
6°
Que
l’usage
de
cette
doctrine
sera
très
précieux
encore
pour
réveiller,
pour
désabuser
et
pour
effrayer
à
salut
bien
des
consciences
malades.
–
Combien
d’hommes
de
nos
jours,
tout
en
voyant
les
abominations
de
Rome,
voudraient
composer
avec
ce
système
impur,
et
prétendraient
demeurer
innocemment
dans
Babylone,
en
faisant
abstraction
de
ses
hérésies
et
en
spiritualisant
ses
rites
idolâtres
!
Cette
doctrine
leur
criera
:
«
Rompez,
rompez
tout
pacte
avec
l’iniquité
!
»
-‐
«
Sortez,
sortez
de
Babylone,
mon
peuple
!
De
peur
qu’ayant
part
à
ses
péchés,
vous
n’ayez
part
à
ses
plaies
(Apocalypse
XVIII,
4)
!
».
7°
Que,
par
la
méditation
de
cette
vérité,
vous
vous
affermirez
pour
votre
tâche
;
vous
vous
préparerez
pour
les
jours
difficiles
qui
s’approchent
;
vous
entendrez
la
trompette
prophétique
qui
sonne
pour
encourager
la
sainte
armée
de
Dieu
;
vous
vous
armerez
contre
la
persécution,
et,
s’il
le
fallait,
pour
le
martyre
!
–
Ce
n’est
pas
une
lutte
ordinaire
que
celle
du
chrétien
évangélique
contre
ce
pouvoir
que
les
Écritures
lui
ont
signalé
depuis
tant
de
siècles,
et
que
son
Maître
doit
anéantir
bientôt
par
la
splendeur
de
son
avènement.
–
On
raconte
que
cette
pensée
fit
la
force
de
nos
réformateurs.
Elle
soutint
le
courage
de
Wicklef
;
elle
fit
la
sainte
audace
de
Luther
;
et
le
grand
Knox,
de
même
que
Hamilton,
son
jeune
et
noble
devancier,
l’avait
toujours
devant
les
yeux
;
elle
le
rendit
intrépide,
elle
endurcit
sa
face
comme
un
caillou
devant
le
visage
irrité
des
princes
et
devant
la
colère
des
peuples.
8°
Enfin,
par
la
prédication
de
cette
doctrine,
vous
réjouirez
le
peuple
de
Dieu
vous
le
préparerez
à
la
venue
de
son
Rédempteur
;
et
vous
appellerez
ses
regards
vers
les
scènes
qui
s’approchent
;
-‐
car
les
chrétiens
sont
toujours
définis
par
ce
trait
:
«
Ils
attendent
Jésus-‐Christ
»
;
ils
ont
«
aimé
son
avènement
»
;
ils
lui
disent
:
«
Seigneur,
souviens-‐Toi
de
moi
quand
dans
ton
règne
Tu
viendras
!
»
-‐
«
Il
ne
vous
manque
aucun
don
(disait
saint
Paul
aux
Corinthiens),
pendant
que
vous
attendez
des
cieux
la
manifestation
de
notre
Seigneur
Jésus-‐Christ,
qui
vous
affermira
jusqu’à
la
fin,
pour
être
irrépréhensibles
en
la
journée
de
notre
Seigneur
Jésus-‐Christ
!
».
*
*
*
17
Appendice
-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐
Le
sens
du
terme
Antichrist
dans
la
langue
grecque
(Seul
dans
toute
la
Bible,
saint
Jean
appelle
antichrist
le
roi
théologien,
l’ennemi
de
Dieu
décrit
par
le
prophète
Daniel.)
Ne
dites
pas
l’Antéchrist,
ni
l’Antechrist
:
c’est
un
barbarisme
qui
n’a
point
de
sens
en
grec
!
–
Il
y
a
dans
le
texte
Antichrist,
mot
composé
de
anti,
qui
signifie
à
la
place
de,
ou
contre,
et
de
Christ,
qui
signifie
Messie.
Antichrist
(veut
dire
sans
doute)
un
adversaire
du
Christ.
Ce
peut
être
là
le
sens
secondaire
de
ce
mot
;
mais
c’est
aussi
quelque
chose
de
plus.
–
Prenez
bien
garde
à
ce
point
;
…
car
l’emploi
nouveau
et
singulier
de
cette
épithète
composée
tout
exprès
par
le
Saint-‐Esprit
pour
désigner
cet
ennemi
futur
de
Jésus-‐Christ
n’a
pas
été
inspiré
à
saint
jean
sans
une
intention
divine
qu’il
faut
étudier.
D’après
l’usage
constant
de
la
langue
hellénique,
quand
«
anti
»
entre
en
composition
avec
un
terme
désignant
une
fonction
quelconque,
le
mot
ainsi
formé
signifie
nécessairement
ou
l’un
des
deux
sens
que
je
vais
dire,
ou
tous
les
deux
à
la
fois
:
savoir,
ou
une
fonctionnaire
vicaire,
ou
un
fonctionnaire
rival,
ou
un
fonctionnaire
vicaire
et
rival
tout
ensemble
;
mais
toujours
un
fonctionnaire,
et
jamais
un
rival
qui
ne
soit
pas
fonctionnaire
de
la
même
espèce.
Par
exemple,
on
dit
basiléus,
un
roi
:
antibasiléus
signifiera
ou
un
roi
vicaire
(un
vice-‐roi)
ou
un
roi
rival,
mais
toujours
un
roi.
–
On
dit
en
grec
pappas,
un
père
ou
un
pape
:
un
antipappas
signifiera
donc
tout
à
la
fois
un
pape
vicaire
(un
pape
tenant
la
place
du
pape)
et
un
pape
rival
;
mais
jamais
un
rival
qui
ne
serait
pas
un
pape
à
sa
manière,
vrai
ou
faux,
n’importe.
-‐
Encore
:
on
dit
frouros,
un
garde
:
antifrouros
signifiera
ou
un
homme
«
qui
tient
lieu
de
garde
»
ou
«
un
garde
ennemi
»,
mais
toujours
un
garde.
–
Hypatos,
un
consul
:
antihypatos
signifiera
un
consul
vicaire,
ou
proconsul
(et
c’est
aussi
de
ce
titre
que
saint
Luc
désigne
et
Serge
Paul,
et
Gallien,
et
les
proconsuls
d’Asie.
Actes
XIII,
7,
8-‐12
;
XVIII
12
;
XIX,
38.)
–
On
dit
tamias,
un
questeur,
antitamias
un
vice-‐questeur
;
antifylax,
une
sentinelle
ennemie,
mais
toujours
une
sentinelle
;
antiagonistès,
un
combattant
ennemi,
mais
toujours
un
combattant
;
antisynclétos,
un
sénat
rival,
mais
toujours
un
sénat.
Par
conséquent,
antichristos
doit
signifier
nécessairement
ou
un
remplaçant
du
Christ
ou
un
Christ
rival,
ou
tous
les
deux
ensemble
;
mais
toujours
un
Christ,
vrai
ou
faux,
n’importe
;
et
l’usage
constant
du
grec
ne
saurait
jamais
permettre
qu’on
entende
par
Antichristos
un
ennemi
de
Christ
qui
ne
serait
pas
en
même
temps
un
vice-‐Christ
(vrai
ou
faux,
n’importe),
et
qui
ne
se
donnerait
pas
pour
le
Christ,
ou
pour
le
vicaire
de
Christ
;
tout
comme
un
antipape
est
bien
sans
doute
un
ennemi
du
pape,
mais
un
ennemi
qui
se
donne
pour
le
pape.
18
Nous
voici
donc
encore
parvenus
à
un
treizième
caractère
de
la
petite
corne,
son
titre.
–
Oh
que
ce
trait
est
remarquable
!
–
Le
Saint-‐Esprit
en
vient
ici
jusqu’à
nous
donner
son
nom
cinq
siècles
à
l’avance,
comme
Ésaïe
avait
prononcé
celui
de
Cyrus,
deux
cent
quarante
ans
avant
qu’il
fût
né
!
–
Voici,
nous
dit-‐il,
le
titre
que
portera
la
Petite
Corne
dans
les
terres
romaines,
son
titre
officiel
et
distinctif
:
ce
sera
l’antichristos,
le
Vice-‐Christ.
–
Il
s’assiéra
comme
Dieu
dans
le
«
temple
de
Dieu,
voulant
se
faire
passer
pour
un
Dieu
»,
car
il
s’appellera
«
Vice-‐Christ
!
»
…
Sans
doute
qu’en
conséquence
il
voudra
substituer
sa
personne
et
son
œuvre
à
la
place
de
Christ
et
de
son
œuvre
;
à
la
place
de
sa
parole,
une
autre
parole
;
de
son
sacerdoce,
un
autre
sacerdoce
;
de
son
sacrifice,
un
autre
sacrifice
;
de
son
intercession,
d’autres
intercessions
;
de
son
autorité,
une
autre
autorité.
–
Un
pape
n’a
pas
de
plus
malfaisant
ennemi
que
son
antipape,
parce
que
celui-‐ci
se
met
à
sa
place
:
Christ
n’aura
donc
pas
de
plus
malfaisant
ennemi
que
son
Antichrist,
parce
que
celui-‐ci
se
voudra
mettre
à
sa
place.
Quoi
donc
de
plus
admirable,
de
la
part
de
saint
Jean,
et
de
plus
hardi,
je
vous
le
demande,
que
de
signaler
ainsi
l’Homme
de
péché
aux
yeux
de
toutes
les
églises
de
l’avenir
!
–
Surtout,
quand
ce
titre
étrange
est
de
telle
nature
qu’aucune
autre
créature
sous
le
ciel
n’osera
le
porter
!
Où
serait,
hormis
l’Homme
de
péché,
le
fils
d’Adam
assez
audacieux
pour
se
dire
«
Vicaire
du
Christ
»
;
pour
s’asseoir
comme
Christ
dans
l’Église
de
Christ,
comme
s’il
était
Christ,
l’époux
de
l’Église,
la
sainteté
même,
le
nom
dont
on
dira
:
«
Hors
de
lui
point
de
salut
!!
»
-‐
Tandis
que
Jésus-‐Christ
Lui-‐même
ne
s’était
donné
d’autre
vicaire
que
le
Saint-‐Esprit,
lorsqu’il
avait
dit
:
«
Je
ne
vous
laisse
point
orphelins
;
«
je
vous
laisse
un
autre
moi-‐même,
«
un
autre
consolateur,
le
Saint-‐Esprit
!
».
Comment,
après
un
tel
signalement,
ne
pas
reconnaître
la
petite
corne
quand
elle
aura
paru,
s’il
se
trouve
que
son
nom
même
nous
ait
été
réellement
donné,
et
qu’elle
s’appelle
en
effet
«
l’Antichristos
»,
«
le
Vice-‐Christ
!
»
(GAUSSEN,
Daniel
le
Prophète,
Paris,
1849.
Vol.
3,
pp.
109-‐112).
19