Chapitre 4
Chapitre 4
Chapitre 4
4.1 INTRODUCTION
Dans les chapitres précédents, on s'est intéressé à la réponse d'un oscillateur à un degré de
liberté soumis à des sollicitations appliquées directement à la masse M. Une autre forme de
sollicitation est celle constituée par un mouvement du support. C'est en particulier le cas de
sollicitations provenant par le sol comme les vibrations ambiantes ou les sollicitations
sismiques; dans ce cas, le support de l'oscillateur simple représente le sol. Ce chapitre est
plus particulièrement consacré à l'étude de la réponse sismique puisque la réponse aux
vibrations ambiantes relève du domaine de la dynamique stochastique.
On rappelle brièvement qu'une sollicitation sismique provient d'une rupture s'initiant dans le
manteau terrestre; cette rupture donne naissance à des ondes qui se propagent dans le milieu
et atteignent éventuellement la surface du sol où elles se manifestent par une vibration
ressentie dans les trois directions de l'espace. Les appareils enregistreurs, les sismographes,
recueillent ces vibrations sous la forme d'accélérations du sol en fonction du temps. C'est
sous cette forme que la sollicitation du support est définie dans ce chapitre.
La figure 4.1 schématise le système à étudier. La masse M repose sur un support soumis à
une accélération y (t) fonction du temps. On supposera, dans un premier temps, que
l'accélération y( t ) est connue par sa variation en fonction du temps.
La masse est reliée à son support par un élément développant une force F(u, u ) fonction du
déplacement et de la vitesse relatifs de la masse par rapport à celui ci. On considère que cette
liaison est de type viscoélastique linéaire et s'écrit :
(4.1) F = k u + c u
55
u(t)
M
•
F(u, u)
ÿ(t)
ÿ(t)
L'équation d'équilibre est obtenue par exemple en identifiant les forces s'exerçant sur la
masse (figure 4.2). Ces forces sont constituées par :
y(t) u(t)
fD
fI
fS
X
O
La force d'inertie s'exerçant sur la masse est égale au produit de la masse par l'accélération
absolue de celle-ci.
(4.2) v =u+y
56
L'équilibre du système s'obtient en écrivant la nullité de la résultante des efforts, soit :
(4.3) fS + fD + fI = 0
(4.4) + y
M (u ) + c u + k u = 0
(4.5) + 2ξω u + ω2 u = − y
u ( t)
(4.6) p eff ( t) = −M y
(t)
L'équivalence donnée par l'équation (4.6) indique que les solutions obtenues au chapitre 2
restent applicables en remplaçant p(t) par − My( t ) .
• analyse fréquentielle
2i π k
∞
2πk t
u(t) = ∑ ck H(
Tp
(4.7) )e
k =−∞ Tp
• analyse temporelle
57
1 t
(4.8) u( t) = −
ωD ∫ 0
( τ) e −ξ ω(t−τ) sin [ ωD(t − τ)] dτ
y
Exemple :
3
Accélération (m/s2)
-1
-2
Temps (s)
-3
0 5 10 15 20
L'examen de la figure 4.4 montre que l'amplitude, la durée et la forme du signal dépendent
fortement de la période propre de l'oscillateur. Celui-ci répond de façon quasi harmonique
avec une période égale à celle de l'oscillateur. Ce résultat est très général pour une
sollicitation possédant un large contenu fréquentiel et peut être démontré par la théorie des
vibrations aléatoires.
On observe également que parmi les trois oscillateurs, celui avec la période la plus longue
possède la réponse en déplacement la plus élevée. Il ne faut cependant pas faire une règle
générale de cette constatation qui n'est valable que pour une certaine gamme de périodes,
comme on le verra au paragraphe suivant. La comparaison des réponses pour T = 0.5 s et
T = 1 s dément d'ailleurs cette proposition.
58
0.4
T=2s
0.2 ξ=2%
Déplacement
0
-0.2
temps
-0.4
0 10 20 30 40
0.4 0.4
T=1s T = 0.5 s
0.2 ξ=2% 0.2 ξ=2%
Déplacement
0 0
-0.2 -0.2
temps temps
-0.4 -0.4
0 10 20 30 40 0 10 20 30 40
0.4
T = 0.5 s
0.2 ξ=0%
Déplacement
-0.2
temps
-0.4
0 10 20 30 40
0.4 0.4
T = 0.5 s T = 0.5 s
0.2 ξ=2% 0.2 ξ=5%
Déplacement
0 0
-0.2 -0.2
temps temps
-0.4 -0.4
0 10 20 30 40 0 10 20 30 40
59
4.4 CALCUL DES EFFORTS
Une fois la réponse de l’oscillateur déterminée, par exemple par l’équation (4.8), l’effort
élastique dans le système s’obtient simplement par :
(4.10) fS = M ω2 u( t) = M A( t)
(4.11) + y
(u ) = −ω2 u − 2ξ ω u
De façon équivalente, on peut définir une pseudo-vitesse relative de la masse V(t), donnée
par :
1 1
(4.13) u = − ωu − + y
(u )
2ξ 2ξ ω
(4.14) A = ω V = ω2 u
60
4.5 RÉPONSE MAXIMALE DE L’OSCILLATEUR
L’équation (4.8) fournit la réponse de l’oscillateur à tout instant, à partir de laquelle les
efforts se développant dans le système peuvent être calculés. Pour le dimensionnement d’une
structure, la connaissance de la variation temporelle de l’effort n’est pas obligatoirement
nécessaire et seule la valeur maximale de cette grandeur est requise.
( t) permet d’accéder
L’introduction de la notion de spectre de réponse de la sollicitation y
directement à cette grandeur.
Umax = 0.25 dm
0.4
T=2s
ξ=2%
dm))
Déplacement ((dm
0.2
-0.2
-0.4
0 10 20 30 40
Temps
61
entendu d’un oscillateur simple soumis à la sollicitation de la figure 4.3. Ces courbes,
établies une fois pour toutes pour une sollicitation ÿ(t) donnée, permettent d’obtenir
directement, sans autre calcul, la réponse maximale de tout oscillateur simple de
caractéristiques (T, ξ ) ; ceci est illustré sur la figure 4.7 pour l’oscillateur T = 2s, ξ = 2%
de la figure 4.6.
On a vu au paragraphe 4 que les efforts élastiques dans le système pouvaient être obtenus à
partir du produit de la masse par la pseudo-accélération. Il est donc intéressant d’introduire
un spectre de réponse en pseudo-accélération SA (T, ξ ), défini par :
0.12
Déplacement relatif (m)
ξ = 0%
0.1
ξ = 2%
0.08 ξ = 5%
0.06
0.04
0.02 SD = 0.25 dm
0
0 1 2 3 4 5
Période (s)
Les spectres de la figure 4.7 sont présentés sur la figure 4.8 en termes de pseudo-accélération
calculée par la relation (4.17).
Il convient de réaliser que les figures 4.7 et 4.8 contiennent la même information qui
caractérise la sollicitation ÿ(t) de la figure 4.3.
62
25
Pseudo--accélération (m/s2) 20 ξ = 0%
15
10
Pseudo
5
ξ = 5%
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Période (s)
Le produit MSA est la force statique équivalente qu’il convient d’appliquer à l’oscillateur
pour l’obtention de l’effort élastique maximal qui s’y développera sous l’action de
l’accélérogramme de la figure 4.3.
L’introduction de cette grandeur permet de définir, dans une zone sismique, une sollicitation
enveloppe pour le système, ce que ne permet pas de faire la donnée y ( t) . En effet, tant du
point de vue du contenu fréquentiel que du point de vue des amplitudes, la variabilité du
mouvement sismique est grande et parmi un ensemble de sollicitations y i ( t) , une
j ( t) peut être la plus défavorable pour une structure, alors que pour une autre
sollicitation y
k ( t) . Par contre, en
structure la sollicitation la plus défavorable sera représentée par y
calculant les spectres de réponse SAi (T, ξ ) de ces sollicitations, il est possible de définir un
spectre enveloppe qui, en vertu de l’équation (4.18), conduira aux efforts les plus élevés. Il
est cependant important de réaliser que ce spectre enveloppe n’est représentatif d’aucun
mouvement sismique y i ( t) et il est vain de rechercher dans une banque de données de
séismes enregistrés, un enregistrement possédant un spectre de réponse identique, ou même
voisin, d’un spectre enveloppe.
63
Par contre, la définition d’un spectre enveloppe est très utile pour les règlements de
construction parasismique. Ces spectres y sont définis à partir de traitements statistiques des
spectres d’enregistrement réels et possèdent généralement tous des formes identiques
(figure 4.9).
10
ξ =2%
Pseudo--accélération (m/s2)
8
ξ =5%
6 ξ =10%
ξ =20%
4
2
Pseudo
TB TC TD
0
0 1 2 3 4 5
Période (s)
• Entre les périodes TC et TD, la pseudo-vitesse relative est constante, ce qui signifie
que la pseudo-accélération décroît en 1/T (équation 4.17) ;
• Au delà de TD, le déplacement relatif est constant, ce qui signifie que la pseudo-
accélération décroît en 1/T2 (équation 4.17).
Il est intéressant d’examiner les deux extrémités du spectre, à période nulle et à période
infinie :
64
tout se passe comme si la masse n’était plus connectée au support; par suite, lors
de l’excitation de celui-ci, elle reste immobile. Son mouvement relatif par
rapport au support est donc égal au mouvement du support. En pratique,
l’examen des spectres de réponse d’enregistrements réels montre que la réponse
devient égale au déplacement du sol pour des périodes TF de l’ordre de 10s.
0.40
Déplacement relatif (m)
ξ =2%
0.30 ξ =5%
ξ =10%
0.20 ξ =20%
0.10
TC TD TE TF
0.00
0 2 4 6 8 10 12
Période (s)
65
66