Fascicule Cous Géographie Terminale

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GEOGRAPHIE – TERMINALE – Année 2009

Leçon 1 : LE SYSTEME-MONDE : DES ESPACES INTERDEPENDANTS


Introduction
Il existe dans le monde des inégalités de grande ampleur qui se lisent à différentes
échelles. Ces disparités permettent de distinguer des inégalités entre les pays du Nord
industrialisés ou pays développés et les pays du Sud ou pays en développement.
Cependant, aucun pays ne vit replié sur lui-même du fait de la généralisation et de
l’extension des flux de toutes sortes et de l’interdépendance des économies. Cependant,
cette mondialisation est source de problèmes car elle s’est accompagnée de
déséquilibres qui perturbent profondément l’économie mondiale.
I. Un monde polycentrique
1. Un centre dominant
Ce monde est constitué par les pays développés ou pays du Nord qui concentrent les
pouvoirs de décisions et de commandements économiques et financiers. Ils ne
représentent que 20 % de l’Humanité mais produisent 80 % des richesses mondiales,
détiennent 90 % des firmes transnationales et occupent les premiers rangs dans le
classement de l’indicateur de développement humain (I.D.H.). Ce centre est dominé par la
Triade, c’est-à-dire les trois pôles majeurs de l’économie mondiale (Etats-Unis, Japon
et Union européenne).
2. Des périphéries multiples
Les périphéries se caractérisent par leur important poids démographique (80 % de
l’humanité), leur niveau de développement nettement plus faible, la faiblesse de leur
autonomie de décision et de leur production (moins de 20 % de la production mondiale),
la fourniture de main-d’œuvre et de matières premières au centre. On y trouve :
- des périphéries intégrées subdivisées en périphéries associées comme les NPI d’Asie,
le Mexique, le littoral de la Chine, le Sud de l’Australie et en périphéries exploitées comme
les pays pétroliers, les pays de l’Asie du Sud-Est ;
- des périphéries marginalisées, peu intégrées au marché mondial (les PMA,
l’Amérique centrale, l’Asie centrale, etc.). Les disparités sont très frappantes dans le Sud.
II. Des espaces interdépendants
1. Un monde de plus en plus ouvert aux échanges
a) Les facteurs de l’internationalisation des échanges
La mondialisation ou globalisation est le mouvement d’internationalisation des
économies induit par le développement des échanges transfrontaliers. Depuis la fin de la
Seconde Guerre mondiale, on observe une croissance forte et régulière des échanges de
produits, de capitaux, de services, de main-d’œuvre et d’informations à l’échelle planétaire.
Cette augmentation s’explique par la croissance de la population, l’amélioration du niveau
de vie, les progrès technologiques, les politiques libérales négociées dans le cadre des
organisations internationales (CNUCED, OMC, accords UE/ACP) et surtout le rôle
déterminant des firmes multinationales dans le processus de globalisation. Tous ces
facteurs ont fait franchir une nouvelle étape à l’interdépendance.
b) Diversité et explosion des échanges internationaux
* Les flux de population : Ces flux concernent surtout les migrations de population et
le tourisme. Les migrations sont multiples et variées. Cependant, ces flux migratoires
vont surtout dans une direction Sud-Nord. Les pays du Sud sont les principales zones
de départ (réservoirs de main-d’œuvre) et les pays du Nord sont les principales zones
d’accueil (pôles récepteurs). Ces migrations ont des incidences souvent positives pour les
zones de départ (transferts d’argent, réduction du chômage, élévation du niveau de vie de
la population, investissements) et dans les pays d’accueil (ralentissement du vieillissement
de la population, accroissement de la population totale, etc.). Le tourisme international
participe pleinement aux mécanismes qui régissent l’économie mondiale. Le tourisme

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apporte un supplément de devises non négligeable que seules les ressources tirées du
pétrole dépassent. Il représente une part importante du PIB des territoires d’accueil.
1. Inégalités de développement
On ne peut parler de mondialisation de l’économie réussie lorsque les trois personnes les plus riches du monde
sont aussi riches que les 48 pays les plus pauvres de la planète, que près de 3 milliards d’individus vivent avec
moins de 3 dollars par jour et que les 225 personnes les plus riches du monde possèdent l’équivalent de l’avoir de 2
milliards de personnes.
Dans la plupart des pays dits développés, dont l’Allemagne, l’Angleterre, la France, les Etats-Unis et le Canada, le
produit national brut augmente pendant que la qualité de vie continue à baisser aussi bien à l’intérieur de ces pays
que dans ceux du Tiers-Monde…
Ce néolibéralisme est en train de conduire l’humanité dans la catastrophe.
Professeur Omar Aktouf, Conférence à l’Institut supérieur de management (ISM) de Dakar, le 27 décembre 2007 - Thème :
« Mondialisation et post-mondialisation : vision critique tiers-mondiste ».

2. Les migrations sont un atout.


"Au niveau mondial, le nombre d'immigrants [...] a explosé ces dernières années, passant, selon les estimations de
75 millions en 1965 à 175 millions en 2004. [...] Les migrants ne représentent que 3% de la population mondiale, ce
qui veut dire que 97% de la population demeure d'une grande stabilité. [...]
Ces immigrants sont souvent la première source de revenus pour leur pays d'origine : l'Organisation internationale
pour les migrations (OIM) évalue le montant annuel des transferts [envois de capitaux] à plus de deux cents
milliards de dollars. [...] Ces transferts sont particulièrement bénéfiques pour vingt pays qui en concentrent 88%
(Philippines, Inde, Mexique, Turquie, Egypte, Maroc, Bangladesh, etc.). Ainsi, les 4,7 millions d'immigrés
philippins ont transféré plus de 90 milliards de dollars entre 1995 et 2003. [...] Les conséquences de ces transferts
sur l'essor des économies sont par conséquent considérables, grâce aux capitaux réinvestis (construction de puits,
écoles, électrification, dispensaires, etc.) et à la diffusion de nouvelles connaissances techniques et de nouvelles
valeurs."
Laurent Carroué, La mondialisation en débat, Paris, La Documentation photographique, n° 8037, 2004, p. 40.

* La mondialisation des échanges commerciaux : Le rythme de croissance du


commerce mondial dépasse celui de la production. La valeur des échanges
commerciaux a été multipliée par dix dans les cinquante dernières années. Le
commerce maritime représente les ¾ des exportations d’où le rôle économique important
des régions portuaires (Singapour, Amsterdam, Rotterdam, Anvers, Osaka-Kobe,
Philadelphie, Baltimore, Hongkong, New York, etc.) Les flux d’échanges commerciaux
s’organisent selon les règles multilatérales et à l’intérieur de plusieurs grands ensembles
régionaux (OMC, ALENA, MERCOSUR, UE, ASEAN, etc.). Les échanges entre les centres
et les périphéries sont faibles.
c) La mondialisation des flux d’informations et de capitaux
Les capitaux sont très mobiles dans le monde. L’espace financier et monétaire mondial est
« réseaux » formé d’un petit nombre de nœuds reliés par des routes électroniques, par
câbles ou satellites, sur lesquels l’information circule à la vitesse de la lumière. Ces nœuds
qui sont les pôles de la finance mondiale se situent au cœur des villes majeures qui
constituent « l’archipel métropolitain mondial ».
Pour les opérations de change et les bourses de valeur, Londres, New York et Tokyo
arrivent en tête. Toutes ces places boursières ont des rôles complémentaires. Les échanges
financiers sont surtout orientés dans les sens Nord-Nord, Nord-NPI et Nord-
Amérique latine, prouvant l’intégration de ces espaces au système – monde. Les
relations financières Nord-Sud empruntent trois voies principales : l’aide publique au
développement, les crédits bancaires et les investissements directs privés.
La maîtrise de la circulation de l’information permet celle de tous les autres flux.
Aujourd’hui, les réseaux spécialisés dans l’acheminement des informations (Internet,
routes électroniques, autoroutes de l’informatique) permettent de relier toutes les parties
du monde : c’est pourquoi on parle de « village planétaire ». Aujourd’hui, les distances
ne sont plus un obstacle à la diffusion des idées et aux échanges de toutes sortes.

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Ce sont quelques grandes métropoles, véritables « centres nerveux » de l’espace


mondial comme New York, Tokyo, Londres, Paris, qui attirent les hommes les mieux
formés, drainent les richesses, orientent les capitaux, diffusent les innovations et modes de
vie, commandent souvent les armées les plus puissantes. Grâce à la qualité des réseaux qui
les unissent, les milieux dirigeants des grandes métropoles entretiennent des relations
continues.
2. Les effets de l’interdépendance
La progression importante des flux de toutes sortes a créé une économie – monde faite
d’inégalités, de solidarités et de concurrences. L’ouverture tous azimuts des marchés a
avivé la concurrence. Il en résulte une division internationale du travail en fonction
des avantages de chaque pays. Les nations les plus avancées ont renforcé leurs positions
dans les produits de haute technologie et les services, les pays semi-industrialisés dans le
textile, la papeterie par exemple. La concurrence accentue les menaces de protectionnisme
partiel.
L’interdépendance conduit à un nouvel ordre économique mondial marqué par :
- une économie multipolaire avec la spécialisation des pays dans les secteurs qui sont
aussi des points forts dans les échanges mondiaux. Au Nord, les Etats-Unis sont leaders
dans les services, l’industrie, l’informatique, la communication, la banque, l’agro-industrie.
La Japon domine dans les secteurs de l’électronique, de l’automobile, des constructions
navales, etc. L’Allemagne s’impose dans la construction mécanique, les machines-outils et
la chimie. La France occupe une bonne place dans l’aérospatial et les biens de
consommation de luxe. Au Sud, les NPI sont compétitifs pour le textile, le montage
électronique, la construction mécanique ;
- une absence de multipolarité monétaire avec la toute puissance du dollar qui reste
la monnaie universelle de transaction et de référence ;
- une instabilité croissante du système économique mondial à cause de
l’indépendance du marché financier (la géofinance) vis-à-vis des Etats, des spéculations,
des fluctuations des changes et de l’impuissance des Etats et des organisations
internationales face à certains problèmes, de l’internationalisation des crises, des chocs de
l’inflation et des taux d’intérêts, des chocs pétroliers, du problème du remboursement de la
dette.
En outre, les réseaux d’interconnexion du monde n’atteignent pas tous les coins de la
planète. Dans l’espace mondial, on note la présence d’espaces qui sont des perdants de la
mondialisation. Ce sont des lieux qui ne comptent pas beaucoup en raison de la faiblesse
de leur poids économique ou de leur instabilité. Ces pays ne constituent pas un enjeu
important pour les grandes puissances : c’est le cas de plusieurs pays de l’Afrique
subsaharienne et de l’Asie centrale. Donc il y a des espaces oubliés ou exclus de la
mondialisation.
Conclusion
Le système – monde est donc ce maillage indissoluble de produits, de capitaux, de
services et surtout de personnes qui produisent, vendent, achètent, transportent et enfin
consomment. Mais le système – monde, c’est aussi des idées qui circulent, des modes de
consommation qui se répandent, qui peuvent compromettre la diversité culturelle des
peuples. Comme tout système, le système – monde a sa propre dynamique, sans cesse
réactualisée en fonction des événements. Les tensions, les crises, les bouleversements
politiques et économiques imposent aujourd’hui la recherche de nouveaux équilibres.
Idée : « La liberté des mouvements des capitaux et des marchandises ne suffit pas. La mondialisation ne méritera son
nom que lorsqu’elle comprendra la libre circulation des personnes, et le partage du travail sans frontières qui profitera
aussi bien à qui le donne qu’à celui qui l’accepte. »
Carlos FUENTES, « L’Amérique latine, en mal d’Europe », Le Monde diplomatique, n° 596, novembre 2003, p. 36.
Idée : « La mondialisation, (c’est) cette économie aussi nouvelle que merveilleuse, qui fait grimper les actions des
possédants mais laisse crever tous ceux qu'on n'admet pas à bord tout en leur expliquant que c'est de leur faute. »
Immanuel WALLERSTEIN, « C’était quoi, le Tiers Monde ? », Le Monde diplomatique, août 2000.

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4. Les méfaits de la mondialisation


La mondialisation continue d’entretenir les inégalités dans le monde d’aujourd’hui. Et pourtant, à en
croire certains, elle est censée y mettre un terme. Le fossé est évident entre les pays qui sont
industrialisés et ceux qui ne le sont pas. Il se creuse en raison de l’attitude inique du monde
industrialisé, qui rechigne à renoncer à protéger des pans entiers de son économie comme l’agriculture
ou l’industrie textile, secteurs qui constituent les points forts des pays riches dans des domaines où les
nations pauvres disposent d’un avantage relatif qu’un climat hostile s’est créé à l’encontre de la
mondialisation. Tous ces facteurs la font apparaître comme une forme de néocolonialisme ou
d’impérialisme sous un autre nom. Ce qui soulève également l’indignation, c’est le fait que les pays
industrialisés ont abusé de la règle du consensus en vigueur de l’OMC au détriment des pays en
développement ou non industrialisés. Tout cela forme le revers de la médaille, qui a rendu la réalité peu
ragoûtante et peu éthique en regard des idéaux proclamés. Les Etats industrialisés devraient renverser
cette tendance déplorable en mettant en pratique les grandes idées de la mondialisation afin d’assurer
réellement l’égalité des chances entre tous les pays, qu’ils soient riches ou pauvres.
D’après le journal Post Express (Lagos), in Le Courrier International, n° 11523 du 9 nov. 2000.

5. L’axe du mal
La mondialisation libérale attaque désormais les sociétés sur trois fronts. […] Le premier front est celui
de l’économie. Il demeure placé sous la conduite de ce qu’il faut vraiment appeler l’ « axe du Mal »,
constitué par le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l’Organisation mondiale
du Commerce (OMC). Cet axe maléfique continue d’imposer au monde la dictature du marché, la
prééminence du secteur privé, le culte du profit, et de provoquer, dans l’ensemble de la planète, de
terrifiants dégâts. […] Il est scandaleux que les chefs d’Etat et de gouvernement, en particulier ceux de
l’Union européenne, refusent d’adopter en faveur du développement, les indispensables mesures qui,
seules, peuvent sauver de la misère les deux tiers de l’humanité.
On peut en retenir dix : annuler totalement la dette des pays pauvres, mettre en place un système de
règlement généreux, juste et équitable ; définir des garanties pour que les futurs financements soient
engagés dans des conditions satisfaisantes et utilisés en faveur du développement durable ; obtenir des
pays riches qu’ils s’engagent à consacrer au moins 0,7 % de leur richesse au financement du
développement ; rééquilibrer les termes de l’échange entre le Nord et le Sud ; garantir la souveraineté
alimentaire dans chaque pays ; contrôler les mouvements irrationnels de capitaux ; interdire le secret
bancaire ; déclarer hors-la-loi les paradis fiscaux ; mettre en place enfin une taxation internationale des
transactions financières.
Ignacio Ramonet, Le Monde diplomatique, n° 576, mars 2002, page 1.

Manifestation contre l'OMC


(Seattle, 1999)
Les opposants à l'Organisation mondiale du
commerce (OMC), fondée en 1993, luttent
contre sa politique de mondialisation et de
libre-échange, qui profite selon eux aux
nations les plus riches et les plus puissantes,
et revendiquent des réformes qui prennent
davantage en considération les
consommateurs, les travailleurs et
l'environnement. En décembre 1999, ils sont
plusieurs milliers à se rassembler à Seattle
alors que la ville accueille le troisième
sommet de l'OMC. Ces manifestations, qui
donnent lieu à des scènes d'émeutes,
provoquent le report de l'ouverture de la
conférence et sont considérées comme un
succès majeur par les « antimondialisation ».
Source : Tim Matsui/Liaison Agency,
Microsoft Encarta, 2008.

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1re Partie : L’ESPACE NORD-AMERICAIN ****** Chapitre I : PRESENTATION


Leçon 2 : L’ESPACE NORD-AMERICAIN : ATOUTS ET HANDICAPS DE LA NATURE
Introduction
L’espace nord-américain, dans son sens le plus large, regroupe les trois pays : les Etats-Unis,
le Canada et le Mexique. Le Canada, au nord, couvre une superficie de 9 976 000 km2 (2e
plus grand pays du monde par la superficie derrière la Russie), les Etats-Unis au centre avec
9 630 000km2 (4e) et le Mexique au Sud avec 1 973 000km2 (13e) soit plus de 21 millions de
km2 au total. Cet ensemble est limité à l’est par l’océan Atlantique, au nord par l’océan Glacial
Arctique, à l’ouest par l’océan Pacifique et au Sud par l’isthme de Tehuantepec, au Mexique,
qui le sépare de l’Amérique centrale. Il se caractérise par la massivité du relief, l’étendue des
espaces, la brutalité et la rigueur des manifestations climatiques. Les conditions naturelles de
l’espace nord-américain présentent à la fois de nombreux atouts et des contraintes parfois
difficiles à surmonter.
I. Les atouts de la nature
1) L’immensité, un atout à maîtriser
L’immensité de l’espace nord-américain offre de grandes potentialités agricoles et forestières.
Cet ensemble est ouvert aussi sur deux océans (le Pacifique et l’Atlantique), ce qui favorise
l’exploitation des espaces maritimes et l’implantation de ports très actifs comme à New York,
Baltimore, San Francisco, Los Angeles, etc. L’espace nord-américain présente aussi deux
versent montagneux : les Appalaches au voisinage de l’Atlantique et les montagnes Rocheuses
au voisinage du Pacifique qui enferment une riche région de Plaines centrale et la gouttière du
Mississipi. D’est en ouest, l’espace nord-américain s’articule autour de quatre grands domaines
riches en ressources naturelles.
2) Des milieux naturels généreux
a) A l’Est, le massif appalachien
C’est un ensemble montagneux ancien formé à l’ère primaire, large de 200 à 400 km et
s’étirant du nord au sud sur 2 000 km. Des plateaux et les collines y dominent avec comme
point culminant le mont Mitchell (2 038 m). Le bourrelet appalachien ne pose pas de
grands obstacles aux communications. Il offre des ressources hydrauliques importantes et
recèle un fort potentiel énergique (charbon, pétrole, hydroélectricité) qui a assuré dés le XIX e
siècle le développement de la Manufacturing Belt.
b) Au nord-est, le Bouclier canadien ou plateau laurentien
C’est un vaste ensemble d’immenses plateaux et de collines qui occupent la majeure partie du
territoire canadien (7 millions de km2).C’est un vieux socle constitué de roches d’origine
cristalline rabotées par les glaciers du quaternaire et par l’érosion. La marque de ces glaciers a
favorisé la mise en place des Grands Lacs [Supérieur (82 100 km2, 2e lac le plus vaste du
monde), Michigan (57 757 km2), Ontario (19 011 km2), Huron (59 570km2) et Erié (25 700
km2)] ainsi que du Grand Lac de l’Ours (31 153 km2) et du lac d’Athabasca (7 900km2) en
territoire canadien. Le Bouclier canadien offre un double intérêt économique : * abondance du
potentiel hydroélectrique ; * diversité du potentiel forestier et minéral (fer, uranium, or, nickel,
etc.).
c) Au centre et au sud-est, l’espace vital des Grandes Plaines dépressionnaires
Les Grandes Plaines sont plus étroites au Canada (plaine du Mackenzie, Prairie canadienne).
Mais elles s’élargissent aux Etats-Unis pour atteindre 2 000 km de large, donnant naissance
aux Grandes Plaines centrales (Central Lowlands), drainées par d’importants cours d’eau tels
que le Mackenzie (1 700 km) au Canada, le Mississippi (3 780 km) et le Missouri (4 370
km) aux Etats-Unis et le Rio Grande ou "Rio Bravo" (3 100 km) au sud des Etats-Unis et à
la frontière américano-mexicaine.
Les Grandes Plaines se terminent au Mexique par une étroite plaine marécageuse. Les dépôts
de lœss font de cette zone une riche région agricole et pastorale. Ce bassin central est aussi
riche en minerais de fer (à l’ouest du lac Supérieur) et en hydrocarbures (au Texas, en
Louisiane et dans le golfe du Mexique).

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1. Le relief de l’espace nord américain


L’Amérique du Nord peut être divisée en cinq grandes régions géologiques. La moitié orientale du
Canada… et quelques sections du Minnesota, du Wisconsin, du Michigan et de l’État de New York aux États-
Unis, font partie du Bouclier canadien (ou plateau laurentien), dont la couche inférieure est constituée
d’anciennes roches cristallines. Le sol de cette région est pauvre, et une forêt dense couvre une vaste étendue
de sa partie méridionale.
La deuxième région est constituée d’une plaine côtière qui occupe la plus grande partie de l’est des États-
Unis et le Mexique.
Aux États-Unis, la plaine côtière est bordée à l’ouest par une troisième région, comprenant une cordillère
relativement étroite de montagnes et de collines, notamment le massif érodé des Appalaches.
La partie centrale de cette masse continentale forme une quatrième région, du sud du Canada au sud-
ouest du Texas, englobant une vaste dépression soumise à des périodes successives de submersion à
proximité de la mer et de soulèvement, d’où ses importantes couches de roches sédimentaires. Cette région
n’est pas uniformément plate, mais comprend des plateaux, comme le plateau Ozark. La partie ouest
constitue les Grandes Plaines, qui s’élèvent jusqu’au pied des montagnes Rocheuses.
Cinquième région d’Amérique du Nord — la plus occidentale —, les montagnes Rocheuses englobent la
plus grande partie du Mexique. Zone de formation montagneuse active, son histoire géologique récente est
dominée par les mouvements de l’écorce terrestre et par l’activité volcanique. Les Rocheuses,
géologiquement reliées à la Sierra Madre orientale du Mexique, bordent les Grandes Plaines aux États-Unis.
À l’est, se situe une zone constituée de quelques bassins et plateaux élevés, dont le plateau de la Colombie-
Britannique au Canada, les plateaux du Colorado et le Grand Bassin aux États-Unis et le vaste plateau central
du Mexique. Quelques systèmes montagneux élevés longent la côte du Pacifique, s’étendant de la chaîne de
l’Alaska à la Sierra Madre occidentale et la Sierra Madre del Sur au Mexique. Entre ces deux massifs se
trouvent, du nord au sud, la chaîne Côtière en Colombie-Britannique, la chaîne des Cascades, les Coast
Ranges et la Sierra Nevada aux États-Unis. Ces massifs sont entrecoupés de quelques régions basses,
notamment la Grande Vallée de Californie, particulièrement fertile. Le plus haut sommet des États-Unis, le
mont McKinley (6 194 m), se situe dans la chaîne de l’Alaska ; le point le plus bas des États-Unis, à 86 m en-
dessous du niveau de la mer, est la vallée de la Mort, en Californie, région appartenant au Grand Bassin.
Source : Microsoft Encarta, 2008.

d) A l’ouest, les hautes terres des Rocheuses


Ce complexe montagneux se développe sur plus d’une tiers de l’espace nord-américain. Il se
compose de plusieurs ensembles : les chaînes de l’Alaska culminent au mont McKinley (6 194
m), les chaînes Rocheuses à plus de 4 000 m d’altitude, les chaînes montagneuses du littoral
pacifique des Etats-Unis (Sierra Nevada, chaîne des Cascades, Chaînes côtières), les
plateaux intérieurs arides (Oregon, Columbia, Grand Bassin, Colorado). Au Mexique, on
retrouve également des altitudes élevées dépassant 5 000 m au pic d’Orizaba (5 569 m) et au
Popocatépetl (5 452 m). L’ouest de l’espace nord-américain est riche en minerais (uranium,
argent, or, etc.) et en ressources énergétiques (hydrocarbures de Californie méridionale, de
l’Alaska, du Wyoming ; hydroélectricité des bassins du Colorado et du Columbia). L’important
ensoleillement du sud-ouest (la Sun Belt) est un puissant facteur d’attraction (tropisme du
Soleil).
En résumé, l’espace nord-américain offre à l’homme plusieurs faveurs (forêts, minerais divers,
ressources énergétiques, réserves d’eau considérables, terres agricoles de qualité, voies d’eau,
etc.). Toutefois la nature érige parfois de grands obstacles devant les hommes avec la présence
de très hauts reliefs, les tremblements de terre, le volcanisme (surtout en Californie), la
brutalité des manifestations climatiques.
II. Les handicaps de la nature
1) Les séismes et le volcanisme
L’ouest de l’espace nord-américain est sous la menace du volcanisme et des séismes. En effet,
les Rocheuses et les Sierras mexicaines sont des montagnes jeunes très hautes surplombant
des vallées très profondes. De fréquents tremblements de terre et de nombreux volcans
rendent instable l’ouest de l’espace nord-américain. Depuis un demi-siècle, on a dénombré
plus de 8 000 séismes importants en Californie. Le volcanisme concerne plus particulièrement
la chaîne des Cascades où l’on a recensé plus d’une centaine de sommets volcaniques.

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2) La brutalité et la rigueur des manifestations climatiques


Les climats sont souvent excessifs dans l’espace nord-américain. Les domaines climatiques
sont d’une grande variété du fait de l’étirement en latitude (de 18°N à 83°N) et de la
disposition du relief. La brutalité du climat est une contrainte majeure.
Le jeu alterné des masses d’air concerne l’air polaire arctique en provenance du Nord Canada,
l’air tropical humide originaire du golfe du Mexique, les vents d’ouest sur la côte pacifique.
L’influence des masses d’air polaire d’une part et des masses d’air tropical d’autre part modifie
les conditions climatiques habituelles avec des manifestations extrêmes comme les vagues de
chaleur ou les vagues de froid.
L’influence des courants marins se fait également sentir dans plusieurs régions côtières de
l’espace nord-américain. Par exemple, sur la côte pacifique, on observe des remontées d’eau
froide le long de la Californie (courant de Californie), un courant tiède en bordure de la
Colombie Britannique (au Canada) et de l’Alaska (dérive Nord-Pacifique). Sur la côte
atlantique, un courant froid longe les côtes du Canada et du nord-est des Etats-Unis (courant
du Labrador), tandis que le courant de dérive Nord-Atlantique baigne les côtes
mexicaines et la côte sud-est des Etats-Unis. Enfin, l’importance des masses d’air continental
ainsi que la disposition du relief empêchent la pénétration vers l’ouest des influences
océaniques adoucissantes du Pacifique.
Il résulte du jeu complexe de tous ces facteurs de nombreuses nuances allant du polaire
arctique à l’extrême nord du Canada jusqu’au climat tropical au Mexique.
3) Les nuances climatiques
a) Au Canada
Sur la côte, dans les provinces du Yukon et de la Colombie britannique, le climat est tempéré
plutôt marqué par des étés frais et des hivers doux. Dans la zone intérieure du Canada
(Alberta, Saskatchewan, Manitoba) domine le climat continental aux hivers froids et aux étés
très courts avec une rareté des précipitations. Dans le sud-est (Ontario et Québec), on retrouve
des étés chauds, des hivers doux et d’abondantes précipitations qui tombent toute l’année.
Enfin, dans îles du Nord et une grande partie des Territoires du Nord-Ouest, le climat polaire
est constant avec des hivers très longs, des températures souvent inférieures à 0°C et des
précipitations très faibles.
b) Aux Etats-Unis
Le climat des Etats-Unis est caractérisé par de fortes différences de températures entre l’été et
l’hiver, la continentalité et l’opposition entre les régions humides de l’est du 100 e méridien
ouest (100°W) et les régions plus sèches de l’ouest de ce même méridien. On peut distinguer
cinq grandes zones climatiques : le climat continental humide au nord-est, le climat
subtropical au sud-est, les climats arides de l’ouest intérieur, le climat tempéré
océanique au nord-ouest et, enfin, le climat méditerranéen plus au sud-ouest, en
Californie.
c) Au Mexique
Le climat du Mexique est caractérisé par l’aridité des hauts plateaux intérieurs et des plaines
côtière au nord du tropique du Cancer tandis qu’au sud de ce même tropique on retrouve les
régions pluvieuses tempérées et tropicales. Les terres arides et semi-arides représentent plus
des ¾ de la superficie du Mexique. Les Mexicains relèvent avec difficulté le défi de la maîtrise
de l’eau grâce au lancement d’un vaste programme de grands barrages.
Conclusion
Il résulte de l’immensité de l’espace nord-américain de nombreux atouts comme les terres
agricoles fertiles, un sous-sol riche, un gros potentiel hydrographique et d’importantes
ressources énergétiques. Toutefois l’immensité entraîne aussi des contraintes réelles
comme l’obstacle des distances, le décalage horaire, les difficultés liées à la maîtrise de l’espace
et les multiples ravages de l’action de l’homme préoccupé par la rentabilité immédiate.

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Leçon 3 : L’ESPACE NORD-AMERICAIN : POPULATIONS, VILLES ET SOCIETES

Introduction
L’espace nord-américain compte 454 millions d’habitants soit 7 % de la population
mondiale. La population des Etats-Unis (308 millions d’habitants) est la plus importante
par le nombre. Le Mexique est le pays le plus densément peuplé avec une densité de 56
habitants au km². Le Canada est largement moins peuple que ses deux voisins (3,4
habitants au km²).
Ce vaste ensemble est peuplé par des vagues successives d’immigrants venus surtout
d’Europe. Cette population se caractérise par sa diversité, ses dynamismes
démographiques très différents et les contrastes liés à sa géographie urbaine. De même,
les inégalités sociales sont très frappantes avec des nuances.
I. Les aspects de la population de l’espace nord-américain
1. L’historique du peuplement
Lorsque Christophe Colomb découvrit l’Amérique en 1492, il y trouva des Amérindiens.
A partir du XVe siècle, des populations européennes viennent se greffer à la
composante autochtone indienne. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, des Britanniques, Français,
Espagnols en quête de mines d’or, d’argent ou de refuges convergent en masse vers
l’Amérique considéré comme une terre de cocagne ou un nouvel eldorado. A ces vagues
d’immigrants vont s’ajouter, des Africains réduits en esclavages.
Aujourd’hui, l’immigration provient essentiellement des pays du tiers-monde : Africains,
Latino-Américains (Mexicains surtout) et Asiatiques (Coréens, Philippins,
Vietnamiens). Dans les années 1990, un nouveau courant migratoire s’est développé en
provenance des anciens pays de l’Europe communiste. L’immigration clandestine est
probablement plus importante, aujourd’hui, que l’immigration légale. Elle a encore
augmenté depuis 1990, en raison de la crise économique que traverse l’Amérique latine.
Plus de la moitié des clandestins viennent en effet du Mexique.
2. Une population hétérogène minée par des revendications identitaires
On distingue dans l’espace nord américain un fond de population constitué par les Blancs
et de minorités (Indiens, Amérindiens, Africains-Américains ou Noirs, Hispaniques ou
Latinos, Asiatiques, etc.).
* Les Blancs : La communauté blanche non hispanique, descendant des anciennes vagues
d’immigration européenne, reste très fortement majoritaire, mais connaît une baisse
relative par rapport à la population totale (80 % en 1980, 75 % en 1990, 70 % en 2006).
Les descendants de la première grande vague d’immigration, anglo-saxonne et
germanique, antérieure à 1890, constituent la majorité WASP (White Anglo-Saxon
Protestant). Les Blancs ne constituent pas toujours un groupe homogène. Au Canada par
exemple, la coexistence sur le sol d’une minorité de francophones (3/4 de la population
totale) et d’une majorité britannique a pendant longtemps constitué une menace pour la
Confédération car les Canadiens français refusent l’assimilation anglo-saxonne avec
notamment le Parti québécois (P.Q.) fondé octobre 1968 par René Lévesque.
* Les Amérindiens, premiers habitants de l’espace nord-américain, ont été victimes du
génocide des colons blancs. Ils vivent dans des réserves aux Etats-Unis (2,5 millions) et au
Canada (600 000). Au Mexique (35 millions d’Indiens), la question indienne se pose avec
acuité dans les Etats pauvres du Sud du pays (Guerrero, Chiapas, Veracruz, Oaxaca). Dans
la province du Chiapas en particulier, depuis 1994, l’Armée zapatiste de Libération
nationale (EZLN) a déclenché une vive guérilla contre l’autorité centrale.

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* Les Noirs ou Africains-Américains, descendants d’esclaves venus d’Afrique, forment


aujourd’hui une forte colonie. Aux Etats-Unis par exemple, ils constituent la première
minorité (12,5 % de la population totale). Dans les grandes villes, ils vivent dans des
ghettos de grands quartiers comme Harlem à New York, Watts à Los Angeles, Loop à
Chicago, etc. Du fait de la marginalisation économique et sociale, le mécontentement des
Noirs aboutit souvent à des révoltes ou des émeutes comme à Los Angeles en 1992.
* Les Hispano-américains ou Latinos : cette communauté est très importante (13 % de
la population des Etats-Unis et 30 % de celle du Mexique). Les Latinos constituent une
communauté grandissante que l’on retrouve au Mexique et au sud des Etats-Unis (Texas,
Californie, Nouveau Mexique, Floride). Certains d’entre eux pénètrent aux Etats-Unis en
traversant le fleuve Rio Grande à la nage, d’où leur surnom de "Wet Backs" (Dos Mouillés).
A ces groupes minoritaires, il faut ajouter les Asiatiques dans les villes de la côte
pacifique et les Inuits dans le Grand Nord canadien.
3. Une population inégalement répartie
La densité moyenne de l’espace nord-américain est d’environ 21 habitants au km2.
Cependant la population est inégalement répartie avec 56,7 habitants au km2 au Mexique,
33 habitants au km2 aux Etats-Unis et 3,4 habitants au km2 au Canada. Les zones côtières
sont les plus densément peuplées. En effet, les régions nord-est des Etats-Unis et du sud
du Canada sont les premières régions densément peuplées. Au Canada par exemple, 60 %
de la population se concentrent le long de l’axe économique du fleuve Saint-Laurent, de
Montréal à Toronto. Cependant la population se déplace progressivement vers l’ouest et le
sud devenus une ceinture du soleil ou "Sun Belt" attractive (Texas, Floride, Californie,
stations balnéaires mexicaines). Par contre, au centre des Etats-Unis et dans le Grand
Nord canadien, les densités sont très faibles. Les conditions naturelles, la position
géographique et l’histoire du peuplement expliquent l’inégale répartition de la population
de l’espace nord-américain.
4. Des dynamismes démographiques différents
Les trois pays de l’espace nord-américain ont des poids démographiques différents : 308
millions d’habitants aux Etats-Unis, 34 millions d’habitants au Canada et 112 millions
d’habitants au Mexique. Le rythme d’évolution de la population n’est pas le même
également.
a) Une croissance démographie ralentie aux Etats-Unis et au Canada
Avec une densité de 3,4 habitants au km2 et un taux d’accroissement naturel de 0,4 %, le
Canada connaît une croissance démographique très faible. Les Etats-Unis enregistrent
depuis la fin du « baby boom » de l’après-guerre (1945-1960), une natalité en recul très net
(« baby crash ») et une croissance démographique de 0,6 %.
Le développement des comportements malthusiens au Canada et aux Etats-Unis s’explique
par les méfaits de la société de consommation (coût élevé de l’élevage de l’enfant), les
progrès du chômage, l’essor du travail féminin, la diffusion très large des méthodes
contraceptives.
Cette chute importante de la fécondité et de la natalité compromet le renouvellement des
générations. Cette évolution accentue également le vieillissement de la population du fait
de l’allongement de l’espérance de vie (78 ans aux Etats-Unis et 81 ans au Canada).
b) Une croissance démographique galopante au Mexique
A l’opposé des deux pays anglo-saxons, le Mexique a connu une accélération de sa
croissance démographique qui commence en 1940 et culmine dans la décennie 1960-1970,
approchant les 4 % annuellement. Les autorités ont réagi à partir de 1977 en lançant un
vaste programme de planning familial. Dès lors, la croissance démographique baisse
considérablement (1,5 % aujourd’hui). Mais compte tenu de la jeunesse de la population,
l’élan démographique ne pourra être stoppé que vers l’an 2015. Dans ces conditions, on
comprend mieux la gravité du problème agraire, du sous-emploi, de la misère dans les

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campagnes, de l’exode rural massif vers Mexico, des disparités sociales avec notamment la
marginalisation de plus en plus nette de plusieurs millions d’Indiens et de Métis.

1. Le problème de la dénatalité : le cas du Canada


... Les effets combinés de la dénatalité et de l’ouverture élargie à l’immigration internationale soulèvent des
enjeux fondamentaux à toutes les échelles… Le déficit des naissances pose un premier problème,
fondamental sur le plan strictement économique, soit celui du renouvellement de la main-d’œuvre… La
période actuelle de faible natalité, suivant immédiatement l’époque du baby-boom, se répercute fortement
sur la structure de la population en créant un déséquilibre entre les groupes d’âges mûrs et ceux plus jeunes.
Ce renversement de la pyramide des âges soulève un autre défi, celui de la cohésion intergénérationnelle.
Au Canada, les charges sociales découlant du vieillissement de la population inquiètent les générations
montantes, parfois au point où les baby-boomers aussi nombreux que vieillissants se font pointer du doigt.
Aux défis associés à la dénatalité s’ajoutent ceux liés aux flux migratoires, dont, au premier chef, celui de
l’intégration de nouveaux arrivants plus nombreux et aux origines culturelles plus diversifiées. Ce défi de
l’intégration se vit autant sur le plan professionnel (reconnaissance des formations acquises à l’étranger,
segmentation ethnique du marché de l’emploi [aux immigrant les emplois dont ne veulent pas les natifs ?],
modifications des rapports entre employés et employeurs, etc.) que social (structures d’accueil, accessibilité
aux services publics, ségrégation, etc.) ou culturel (langue, religion, consommation, etc.). Enfin, dénatalité et
migrations remettent en question les cohésions territoriales, en accentuant la différenciation entre les
espaces locaux et régionaux, tant pour ce qui est de leurs attributs humains (effectifs, caractéristiques) que
pour les relations qu’ils entretiennent (poids relatif, capacité d’accueil, de rétention ou d’attraction).
Marc St-Hilaire, « Synthèse : La géographie d’une population en mouvement », Cahiers de géographie du Québec, vol.
50, n° 141, 2006, p. 417-419.

2. Reconversion du tissu des villes américaines


Au cours du XXe siècle, le développement urbain américain a principalement suivi un schéma de séparation
classique : les pauvres vivaient dans la ville « intra muros », c’est-à-dire dans les quartiers voisins du centre-
ville, tandis que les classes moyennes et supérieures vivaient dans les banlieues. Victimes de discriminations
en matière d’aide financière et de prêts, les Noirs et les Latinos ne peuvent plus vivre au centre. Ainsi
s’explique l’expression « villes chocolat, banlieues vanille ». La situation a changé de façon spectaculaire
depuis 10 ans. Les villes ne pouvant plus vivre de l’industrie, les municipalités privilégient « l’économie de
l’information » et cherchent à attirer les « cols blancs ». Les maires de New York, Chicago, Baltimore,
Cleveland et San Francisco échafaudent une nouvelle philosophie urbaine : transformer les espaces naguère
occupés par les usines en zones résidentielles dotées de parcs, cafés, « lofts », « copropriétés » et destinés aux
nouveaux riches. On programme dont la reconversion des « taudis » et des quartiers dévastés où logeaient les
Noirs et les Latinos en quartiers embourgeoisés qui accueilleront les nouveaux sauveurs blancs de la ville.
Les premières salves de cette guerre de classes et de races sont tirées sous couvert de stratégies de la « loi de
l’ordre » : « décrets antigang », mesures « antivagabondage », couvre-feux, répression des délinquants.
Shudir Alladi Venkatesh, Professeur à l’Université de Columbia, « Fin des « villes chocolat, banlieues vanille »
américaines », Le Monde diplomatique, n° 596, novembre 2003, pp. 4 et 5.

II. Une population de citadins


1. Une croissance urbaine remarquable
Les trois Etats de l’espace nord-américain ont des taux d’urbanisation élevés : 80 % au
Canada et aux Etats-Unis ; 75 % au Mexique. Depuis le début des années 1950, les villes
abritent la majorité de la population nord-américaine. Cette forte croissance urbaine est
liée à plusieurs facteurs : la généralisation de l’automobile qui a permis l’étalement
des agglomérations et la formation d’énormes régions urbaines appelées "mégalopoles" ; le
développement des activités industrielles et des services ; dans le cas particulier
du Mexique, les causes de la forte urbanisation sont la centralisation de l’Etat et la
croissance du secteur tertiaire favorisant l’exode rural vers Mexico.
Les villes de l’espace nord-américain se sont constituées sur un modèle uniforme avec un
centre dominé par le Central Business District (C.B.D.) et tout autour un premier noyau
formé de quartiers anciens souvent dégradés. Mais aujourd’hui, par une nouvelle politique
d’aménagement urbain, ces quartiers commencent de plus en plus à être rénovés,
notamment aux Etats-Unis. Il y a ensuite un second noyau qui comporte des immeubles
d’habitation et d’immenses banlieues de maisons individuelles qui se sont développés dans

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les années 1960 et 1970. En outre, la forte croissance urbaine de l’espace-américain a


entraîné un déficit des équipements collectifs, le manque d’espace et de logement, la
pollution, l’alcoolisme et la drogue, l’insécurité et la criminalité.

2. Un réseau urbain inégalement dense


Les États-Unis se caractérisent par un phénomène de métropolisation très poussé. Le
pays une quarantaine de métropoles de plus d’1 million d’habitants (contre 14 en 1950) ;
ces 39 aires métropolitaines regroupent 124,8 millions de personnes, soit près de la moitié
de la population totale.
Aux Etats-Unis, la croissance urbaine a abouti à la constitution de vastes mégalopoles :
- la mégalopole1 atlantique ou Megalopolis, au nord-est, de Washington à
Boston qui concentre plus de 65 millions d’habitants dans une succession de
métropoles (Washington, Baltimore, Philadelphie, New York, Boston) ;
- la mégalopole des Grands Lacs avec Detroit, Cleveland, Pittsburgh et Chicago ;
- la mégalopole de la côte pacifique avec San Francisco, Los Angeles, San Diego ;
- la mégalopole du nord-ouest ou Putgetpolis autour de Seattle et Portland ;
- la concentration urbaine du Sud intérieur autour de Dallas et de San Antonio et
dans le littoral sud-est autour de Miami et Houston.
Au Canada, les principales villes se trouvent au sud et sont réparties en trois catégories :
les grandes agglomérations de plus de 3 millions d’habitants (Toronto et Montréal) ;
les villes moyennes d’environ 2 millions d’habitants (Vancouver et Ottawa) ; les petites
villes de moins d’un million d’habitants (Edmonton, Québec, Victoria, Calgary, etc.).
Au Mexique, on note une concentration de la population sur le haut plateau central du
Mexico (50 % de la population totale sur 15 % du territoire). Portant, en 1950, la ville de
Mexico ne comptait que 3 millions d’habitants ; aujourd’hui elle est l’une des grandes villes
du monde (2e agglomération du monde derrière Tokyo) avec 23 millions d’habitants.
En plus, Mexico concentre plus de 50% de la production industrielles et des
investissements publics, rassemble tous les pouvoirs et la vie culturelle. L’importance de la
population et la ségrégation sociale entraînent la formation de plus grandes bidonvilles du
monde (les "ciudades perdidas") autour de Mexico. Très loin derrière Mexico, on trouve
d’autres grandes villes comme Guadalajara (4,2 millions d’habitants), Monterrey (4
millions d’habitants) et Puebla (3 millions d’habitants), etc.
III. Une société fragmentée
1. Des disparités sociales frappantes
Dans la société, les disparités sont frappantes. Des communautés sont écartées de la
société d’abondance, de consommation et de très haut niveau de vie. Au Canada et aux
Etats-Unis, les Blancs descendants de la première grande vague d’immigration, anglo-
saxonne et germanique, antérieure à 1890, constituent la majorité WASP (White Anglo-
Saxon Protestants). Ces Blancs se caractérisent par leur réussite personnelle et leur statut
social élevé ("self made men"). Au bas de l’échelle sociale, on trouve les exclus de la société
d’abondance : Amérindiens, Noirs, Hispaniques, etc. Les minorités sont, dans l’ensemble,
économiquement et socialement défavorisées. Cette situation remet en cause le melting-
pot (« creuset ») américain qui a bien fonctionné, mais n’aboutit pas pour autant à
l’assimilation ou à l’homogénéité de la population.
2. Les stratégies de lutte des minorités nationales
Les différentes communautés conservent leurs spécificités culturelles et de graves rivalités
les opposent (comme en témoignent les émeutes de Los Angeles en 1992). Le recensement

1
Mégalopole : Le terme de mégalopole a été créé par le géographe français Jean Gottmann pour désigner l’ensemble
urbain du nord-est des États-Unis qui, sur 800 km du nord au sud, s’étend de Boston (Nouvelle-Angleterre) à
Washington, dernière métropole avant le Sud.

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de 1990 montre un renforcement notable des minorités ethniques, notamment


hispaniques et asiatiques, et une diminution de la majorité blanche. Toutes les minorités
ont développé des stratégies de lutte pour améliorer leurs conditions de vie. Aux Etats-
Unis par exemple, chez les Noirs trois stratégies de lutte furent adoptées :
- le gradualisme avec la National Association for the Advancement of Colored People
(NAACP) créée en 1909 par William E. B. Du Bois afin de combattre la ségrégation par des
moyens légaux ;
- l’intégrationnisme avec le Congress for Racial Equality (CORE) créé en 1942 par
Martin Luther King (né le 15 janvier 1929 à Atlanta – assassiné le 4 avril 1968 à Memphis) ;
- le séparatisme prôné par Malcolm X (né en 1925 à Omaha dans le Nebraska – assassiné le
21 février 1965 à New York). Ce mouvement défend presque la même position que
l’expression "Black Power" (pouvoir noir) popularisé en 1966 par Stokely
Carmichael (président du Student Non-Violent Coordinating Committee) et l’action du Black
Panther Party fondé en 1966 par Huey P. Newton et Bobby Seale qui propose de
s’opposer par les armes à la domination blanche.

3. Exclusion et misère des minorités


Les minorités ethniques sont particulièrement touchées par la pauvreté. Aujourd’hui, le taux de
chômage est double pour les Noirs, et triple pour les jeunes hommes noirs, de celui observé pour
l’ensemble de la population (7,5 % au printemps 1992). Le taux de pauvreté des Noirs et des
Hispaniques est également triple de celui des Blancs. La proportion des naissances hors mariage était
de 62 % en 1987 pour les Noirs, contre 16 % pour les Blancs, et près de 50 % des enfants noirs de moins
de 6 ans vivent aujourd’hui dans la pauvreté. Un Noir avait, en 1987, 6,5 fois plus de chances d’être
victime d’un homicide, une probabilité 8 fois plus forte d’en commettre un, qu’un Blanc. Les écarts de
rémunérations salariales avec l’ensemble de la population se sont accrus, au détriment des jeunes
hommes noirs et hispaniques, au cours des années 80.
F. Hatem, Les Etats-Unis : l’underclass au cœur de la crise urbaine, 1992.

Au Canada, on note les revendications des autochtones amérindiens qui portent sur la
poursuite de l’utilisation et de l’occupation traditionnelles des terres et étendues d’eau.
Elles ont pour objet de protéger et promouvoir le sentiment d’identité des autochtones tout
en favorisant leur participation de manière significative à la société contemporaine et à
l’essor économique de leurs territoires.
En résumé les minorités ont souffert et à la place du "melting-pot", on parle aujourd’hui du
"salad bowl" (saladier). Les conditions identiques des groupes minoritaires favorisent
l’émergence de coalition « arc-en-ciel » ; c’est-à-dire des mouvements de revendications
associant toutes les minorités.
Les minorités ont fait des conquêtes économiques et sociales importantes (business,
musique, cinéma, sport) et des percées politiques avec des maires noirs, des congressistes
noirs, des sénateurs noirs etc. Au Canada, Madame Michaelle Jean est depuis le 27
septembre 2005, la première personne de couleur à devenir chef de l’Etat. Le 4 novembre
2008, Barack Obama est élu premier président noir des Etats-Unis.

Conclusion
La population de l’espace nord-américain se caractérise donc par des comportements
démographiques contrastés, une grande diversité raciale et une forte urbanisation.
Cependant les problèmes d’intégration des groupes minoritaires menacent sérieusement la
stabilité et la cohésion des Etats de l’Amérique du Nord.

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4. Martin Luther King « La force d’aimer »


Le révérend Martin Luther King, né à Atlanta, États-Unis le 15 janvier 1929 et mort assassiné le 4 avril 1968 à
Memphis, était un pasteur baptiste afro-américain, militant non violent pour les droits civiques des Noirs aux
États-Unis, pour la paix et contre la pauvreté.
Il organise et dirige des actions pour le droit de vote, la déségrégation, l'emploi des minorités, et d'autres droits
civiques élémentaires pour les Noirs-Américains tel que Boycott des bus de Montgomery. Il prononce l'un des plus
célèbres discours le 28 août 1963 devant le Lincoln Memorial à Washington durant la marche pour l'emploi et la
liberté : « I have a dream » (J'ai un rêve). Il est soutenu par John F. Kennedy dans la lutte contre la discrimination
raciale et la plupart de ces droits ont été promus par le « Civil Rights Act » et le « Voting Rights Act » sous la
présidence de Lyndon B. Johnson. Martin Luther King devient le plus jeune lauréat du prix Nobel de la paix en
1964 pour sa lutte non violente contre la ségrégation raciale et pour la paix. Il commence alors une campagne
contre la guerre du Viêt Nam et la pauvreté qui prend fin en 1968 avec son assassinat par James Earl Ray dont la
culpabilité et la participation à un complot sont toujours débattus.
Il se voit décerner à titre posthume la Médaille présidentielle de la liberté par Jimmy Carter en 1977, la médaille
d'or du Congrès en 2004 et est considéré comme l'un des plus grands orateurs américains. Depuis 1986, le Martin
Luther King Day est un jour férié aux États-Unis.
Source : www.wikipédia.org, site visité le 20 septembre 2009.

5. Malcolm X, combattant infatigable pour la cause des Africains Américains


Malcolm X, combattant intransigeant pour les droits des Noirs et ennemi juré de la politique impérialiste de
Washington dans le monde, a connu une évolution politique rapide. Après un anticapitalisme mûrement réfléchi,
il a adopté, durant la dernière année de sa vie, des positions proches du camp socialiste. Le processus fut stoppé
net par son assassinat, le 21 Février 1965. Malcolm X a été tué alors qu’il amorçait une évolution que son sens de
l’action conduisait du langage mystique d’Elijah Muhammad vers un réalisme plus politique. A son retour de La
Mecque, il déclarait à Jeune Afrique (1 juin 1964): ―Si j’ai quitté le mouvement des Black Muslims, c’est parce que
j’estimais qu’il était trop sectaire et que ce sectarisme finissait par paralyser son action militante. (...) Mais au
moment où l’obsession raciste démentielle de l’Amérique l’entraîne dans la voie du suicide et de la destruction, je
veux croire que la nouvelle génération de blanc comprendra ce message que nous allons lui porter.
Ce parcours personnel place Malcolm X aux côtés de Fidel Castro, Ernesto Che Guevara, Maurice Bishop, Nelson
Mandela, Thomas Sankara, Carlos Fonseca. Ces leaders, chacun à leur manière, ont mené de dures luttes de
libération nationale, dans une perspective internationaliste et pour une action révolutionnaire plus large. Ce
faisant, ils ont conduit des millions de travailleurs et de paysans à changer le monde. Tel a été le processus de la
révolution mondiale depuis la fin de la guerre en 1945. Malcolm X a été jusqu’ici le représentant le plus
remarquable de ce processus à émerger de la classe ouvrière aux Etats-Unis.
Mohamed ROUABHI, Les Acharnés

6. La question noire aux Etats-Unis : quelques repères chronologiques


1861 - La sécession de onze États esclavagistes du Sud des États-Unis provoque une guerre civile (guerre de
Sécession) qui va durer quatre ans.
18 décembre 1865 - Approbation officielle du 13e amendement à la Constitution, qui abolit l’esclavage aux États-
Unis. À cette date, 95 % des Noirs américains sont analphabètes.
1866 - Fondation, dans le Tennessee, du Ku Klux Klan, société secrète rassemblant des partisans de l’esclavage et
visant à terroriser la population noire.
1909 - William E. B. Du Bois crée la National Association for the Advancement of Colored People (N.A.A.C.P.) afin
de combattre la ségrégation par des moyens légaux.
1954 - L’arrêt Brown de la Cour suprême condamne la ségrégation raciale en milieu scolaire.
1956 - Le pasteur Martin Luther King obtient la déségrégation dans les transports de l’Alabama.
1957 - Le président Eisenhower envoie l’armée à Little Rock (Arkansas) pour permettre à des enfants noirs de
fréquenter une école réservée aux Blancs.
28 août 1963 - Marche pour les droits civiques à l’appel de Martin Luther King, qui prononce, à cette occasion,
son célèbre discours « I have a dream ».
1964 - Tandis que Martin Luther King reçoit le prix Nobel de la paix, le président Johnson fait voter une série de
lois sur les droits civiques, visant à faire disparaître toute forme de pratique ségrégationniste et discriminatoire.
1965 - Malcolm X, leader noir issu de la tendance islamique du mouvement noir (Black Muslims), est assassiné.
Durant l’été, le soulèvement du quartier noir de Watts, à Los Angeles, inaugure une vague d’émeutes urbaines.
1966 - Stokely Carmichael, président du Student Non-Violent Coordinating Committee, popularise l’expression
Black Power (pouvoir noir). Huey P. Newton et Bobby Seale fondent le Black Panther Party, qui propose de
s’opposer par les armes à la domination blanche.
1973 - Alors que la guerre du Vietnam s’achève, les Noirs – 11 p. 100 de la population totale – ont fourni 31 p. 100
des combattants.
1988 - Pour la première fois dans l’histoire des États-Unis, un Noir, le pasteur Jesse Jackson, est candidat à la
présidence de la République.
Avril 1992 - Quatre policiers blancs de Los Angeles, jugés pour avoir brutalisé un automobiliste noir en
infraction, sont acquittés par un jury composé de Blancs. Des émeutes éclatent, qui feront une cinquantaine de
morts. L’année suivante, deux des quatre policiers sont finalement condamnés.
Olivier Compagnon, Encyclopedia Universalis, version numérique, 2002.

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GEOGRAPHIE – TERMINALE – Année 2009

- 19 mai 1925 : Naissance de Malcolm Little à Omaha, Nebraska


- Février 1946 : Condamné dans le Massachusetts à 10 ans
d'emprisonnement pour vol qualifié ; il purgera 6 ans et demi de sa peine
- 1949-1949 : Il se convertit à l'Islam
- Août 1952 : Libéré sur parole
- 1953 : Devenu "Malcolm X", il est nommé adjoint du pasteur du Temple
numéro 1 de la
Nation de l'Islam, situé à Détroit
- Juin 1954 : Il devient pasteur du temple de Harlem, New-York
- 1959 : Premier voyage au Moyen-Orient et en Afrique
- Avril 1963 : Il s'oppose à Elijah Muhammad, coupable d'adultère
- Décembre 1963-Février 1964 : Elijah Muhammad condamne Malcolm
au silence, soi-disant à cause de remarques personnelles acérées qu'il a
faîtes sur l'assassinat du président
Kennedy. - Malcolm se trouve isolé à l'intérieur du mouvement.
- Mars 1964 : Il annonce la fondation de la Muslim Mosquee
- Avril-Mai 1964 : Deuxième voyage en Afrique et au Moyen-Orient
- Juin 1964 : Premier meeting de l'Organisation de l'Unité afro-américaine
- Juillet-Novembre 1964 : Troisième voyage en Afrique
- 14 février 1965 : Une bombe incendiaire ravage sa maison
- 21 Février 1965 : Malcolm X est assassiné à New-York

1929 : Naissance de Martin Luther King.


1955 : Condamnation de la ségrégation raciale dans les trains et les
autobus. Martin Luther King appelle à ne pas utiliser les autobus de
Montgomery (Alabama) en vertu de cette condamnation.
1956 : 27 noirs sont refusés à l'inscription dans les écoles de Little Rock
(Arkansas)
1957 : - le tribunal ordonne à l'université d'Alabama d'accepter l'étudiante
noire Autherine Lucy. - Les parents d'élèves blancs de Little Rock
empêchent l'inscription des élèves noirs à L'école. - Le Sénat vote une loi
protégeant les noirs. - Le gouverneur de l'Arkansas empêche par la force la
rentrée scolaire des noirs à Little Rock. - Manifestations de blancs contre les
noirs. - Le président Eisenhower envoie mille parachutistes à Little Rock
pour protéger 6 élèves noirs. - Appel du Président contre la discrimination
1958 : La cour suprême des Etats-Unis (le tribunal le plus haut) ordonne
aux écoles de Little Rock d'accepter les noirs. Les écoles ferment pour ne pas
obéir.
1959 : Les écoles rouvrent et acceptent 40 noirs.
Martin Luther King (1929-1968)
1960 : Loi antiraciste : « loi des droits civiques » Après 1960 : les violences
continuent
1968 : Assassinat de Martin Luther King.

En 1955, Rosa Parks fut arrêtée


pour avoir refusé de céder sa place
dans le bus à un Blanc. Son procès
entraîna un fort mouvement de
protestation, et notamment le
boycottage des transports en
commun par la communauté noire,
pendant trois cent quatre-vingt deux
jours ; cette action fut soutenue par
Martin Luther King.

Source : Microsoft Encarta, 2008.

Dans un hall de gare, une salle


d’attente pour gens de couleur, à
Jackson, Missouri (Etats-Unis) dans Rosa Parks
les années soixante.

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GEOGRAPHIE – TERMINALE – Année 2009

Leçon 4 : LA CONSTRUCTION DE L’ESPACE ECONOMIQUE ENTRE


LES ETATS-UNIS, LE CANADA ET LE MEXIQUE
Introduction
Aujourd’hui, l’économie se mondialise ; c’est-à-dire qu’elle n’a plus pour cadre le territoire
des Etas, mais le monde dans son ensemble. On assiste à une uniformisation des modes de
vie. De plus en plus, la fabrication d’un produit, les investissements, la main-d’œuvre, les
transports et le commerce s’organisent à l’échelle du globe. Cette mondialisation se
traduit par la montée en puissance d’organisations régionales et sous-régionales associant
plusieurs Etats géographiquement proches et ayant des intérêts communs : Union
européenne, ASEAN ou ANSEA, MERCOSUR, CEDEAO, UEMOA, SADC, etc.
C’est dans ce contexte que s’inscrit la conclusion, le 12 août 1992, d’un accord pour la
création d’un accord économique multilatéral nord-américain. Il s’agit de l’Accord de Libre
Echange Nord-Américain (ALENA ou NAFTA). L’ALENA est le prolongement de l’accord
de libre-échange américano-canadien entré en vigueur en 1989 et destiné à réduire les
barrières tarifaires entre le Canada et les États-Unis.
Après plusieurs années de discussions, le traité de l’ALENA a été conclu par les
représentants des trois pays : George Bush, le président américain, Carlos Salinas de
Gortari, le président mexicain et Bryan Mulroney, le premier canadien. Après
ratification par chacun des pays signataires, la zone de libre-échange a été mise en
application le 1er janvier 1994. Quels sont les objectifs et les fondements de l’ALENA ?
Quels sont ses problèmes ?
I. Les fondements de l’ALENA :
1. Pourquoi l’arrimage du Canada et du Mexique aux Etats-Unis ?
Plusieurs liens géographiques, humains et surtout économiques unissent les trois pays de
l’espace nord-américain. Le Canada et le Mexique partagent respectivement 6 000 km et
3 000 km de frontières avec les Etats-Unis. Les échanges et les avancées de l’intégration
se traduisent nettement par la formation de régions économiques transfrontalières dans le
cadre de la mondialisation de l’économie.
Le long de la frontière mexicaine, du Pacifique à l’Atlantique, on trouve une trentaine de
villes jumelles transfrontalières ("twin cities") : San Diego– Tijuana, Calexico –
Mexicali, Nogales – Nogales, El Paso – Ciudad Juarez, Eagle Pass –Piedras Negras, Laredo
– Nuevo Laredo, Bronwnsville – Matamoros, etc. Ces métropoles binationales sont à
l’origine de la formation d’une nouvelle zone économique transfrontalière dynamique : la
"Mexamérique".
Dans la façade pacifique, la région voisine de Vancouver au Canada et le nord-ouest des
Etats-Unis s’organisent également en une nouvelle région économique transfrontalière : la
"Cascadie".
Les trois pays de l’espace nord-américain ont des intérêts politiques, économiques et
stratégiques certains dans leur adhésion à l’ALENA.
2. Les objectifs libre-échangistes de l’ALENA
L’ALENA vise à favoriser l’accroissement des échanges commerciaux et des
investissements entre les pays membres et à donner naissance à un vaste marché
commun nord-américain. Pour les trois pays, ce traité s’est révélé être l’occasion
d’entamer une véritable intégration économique, avec l’objectif de créer des économies
d’échelle, d’améliorer les niveaux de vie de la population et d’assurer une croissance
économique. Il prévoit non seulement la disparition progressive des barrières tarifaires et
autres entraves à la libre circulation de la plupart des marchandises produites et vendues
en Amérique du Nord, mais aussi l’élimination des obstacles à l’investissement
international et la défense des droits de propriété intellectuelle. Il vise la libre circulation
des capitaux, des marchandises et des services. Mais à la demande expresse des Etats-
Unis, la libre circulation ne s’applique pas aux personnes.

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C’est une association économique créée en 1994 qui a pour but l’abaissement des tarifs
douaniers entre trois pays : Canada, Etats-Unis, Mexique. Il s’agit de faciliter la circulation
des capitaux et des marchandises afin d’accroître les échanges entre les partenaires, mais
aussi de permettre aux firmes transnationales de réorganiser librement leurs activités au
sein de l’espace nord américain. L’ALENA permet de tirer profit des avantages de chacun
des trois pays : le faible coût de la main d’œuvre mexicaine, la grande productivité
canadienne et le dynamisme du marché américain.
II. Les impacts positifs de l’ALENA sur l’économie nord-américaine
Le premier constat est celui de l’importance des échanges entre les trois partenaires : le
Canada réalise 64,4% de ses importations avec les Etats-Unis et y exporte 87,3 % de ces
exportations. Le Mexique réalise 73,3 % de ses importations avec les Etats-Unis et 88,8 %
de ses exportations. L’accroissement des exportations mexicaines dépasse 140 % et le
Mexique est le deuxième partenaire commercial des Etats-Unis après le Canada et devant
le Japon. L’ALENA est donc parvenu à dynamiser les échanges dans le cadre d’une
économie régionale. Enfin l’espace économique de l’ALENA attire les IDE américains mais
aussi européens et japonais. L’ALENA accentue l’intégration de cet espace à l’économie
mondiale. Sur le plan économique l’ALENA donne aux producteurs et aux consommateurs
canadiens la possibilité de profiter du marché nord-américain. Lié aux Etats-Unis par un
accord de libre-échange, le Canada tire de gros avantages de son adhésion à l’ALENA.
Le Mexique, dont le niveau de vie reste inférieur à celui de ses deux partenaires, réalise
néanmoins une bonne opération. Après avoir rompu avec une longue tradition nationaliste
et protectionniste (qui remonte à la révolution de 1911), le Mexique connaît un décollage
économique certain. Enfin, les Etats-Unis, en tant que superpuissance, réussissent à
imposer leurs règles à leurs deux partenaires et à créer un bloc économique solide, capable
de faire face à la montée en puissance du marché commun européen qui s’agrandit et du
bloc asiatique. L’ALENA a donc eu des effets bénéfiques sur l’économie des trois pays
membres. Les flux d’investissement et les échanges ont nettement augmenté depuis 1994.
Le commerce total des marchandises dépasse les 800 milliards de dollars. Toutefois
l’ALENA doit faire face à un certain nombre de problèmes.
III. Les problèmes de l’ALENA
Même après avoir été approuvé, l’ALENA continue d’être l’objet de controverses. Aux
Etats-Unis par exemple, les opposants au traité sont d’avis que l’augmentation des
importations a provoqué des pertes d’emplois.
Ensuite l’ALENA ne constitue pas un marché commun (en raison de l’absence d’un tarif
douanier extérieur commun et d’une politique commerciale commune à
l’égard des autres pays). Il crée toutefois un espace regroupant 454 millions de
consommateurs, soit la deuxième zone d’échanges après l’Union européenne. Une des
particularités de l’ALENA réside dans le contraste entre les pays qui le composent :
d’une part deux pays riches et développés appartenant au « Nord » (le Canada et les Etats-
Unis) ; d’autre part un pays en développement du « Sud » (le Mexique). Le poids de la
première puissance économique mondiale américaine pèse considérablement dans cet
ensemble. Les niveaux de vie et de développement des trois pays sont très différents. Dans
le PIB global de l’ALENA qui est 17 000 milliards de dollars ; la part des représente 85 %
du total contre 9 % pour le Canada et 6 % seulement pour le Mexique.
L’effondrement de la bourse mexicaine, à la suite de la dévaluation du peso
effectuée en décembre 1994, a mis en lumière les faiblesses structurales et l’insuffisance
de la modernisation des systèmes économiques et politiques mexicains. En outre, les
interférences économiques2 sont à l’origine de graves problèmes. Par exemple aux
Etats-Unis, un relèvement des taux d’intérêts américains par la Federal Bank provoque
immédiatement une fuite des capitaux mexicains.
2
Interférence économique : conjonction d’une forte économie et d’une faible économie

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Par ailleurs, la prospérité attendue de l’ALENA tarde à se concrétiser pour des millions de
Mexicains. De nombreuses PME-PMI mexicaines résistent difficilement à la
concurrence des sociétés étatsuniennes. Et les Mexicains de constater avec raison
qu’« au lieu du partenariat promis, c’est une situation de dépendance grave qui s’est
installée ». La libéralisation des échanges ne s’est pas accompagnée d’une libre circulation
des personnes. Chaque année en effet, les agents fédéraux américains refoulent 1 à 2
millions d’immigrés clandestins en provenance du Mexique.
Conclusion
L’ALENA vise la mise en place d’une grande zone de libre-échange associant des espaces
hétérogènes, très contrastés par leurs niveaux de croissance et de développement, par leurs
cultures et leurs comportements de consommation. La réussite économique est certes une
réalité mais les restrictions aux échanges et à la circulation des personnes subsistent
encore. Malgré tout, l’ALENA est considéré comme une étape vers la construction d’une
gigantesque zone de libre-échange (ZLEA) englobant tout le continent américain – à
l’exception de Cuba. Le Chili et la Colombie frappent en effet depuis 1995 aux portes de
l’ALENA.
Accord de libre-échange nord-américain [Alena]
L’ALENA (en anglais, North American Free Trade Agreement, NAFTA) est un accord économique multilatéral de libre-
échange signé par le Canada, le Mexique et les États-Unis le 18 décembre 1992.
L'Alena prévoit non seulement la disparition progressive des barrières tarifaires et autres entraves à la libre circulation de
la plupart des marchandises produites et vendues en Amérique du Nord, mais aussi l’élimination des obstacles à
l’investissement international et la défense des droits de propriété intellectuelle. Après ratification par chacun des pays
signataires, la zone de libre-échange a été mise en application le 1er janvier 1994. (…) L’accord prévoit l’élimination des
barrières à l’échange tant tarifaires (les droits de douane) que non-tarifaires (quotas ou licences d’exportation) dans un
délai de quinze ans à compter de son entrée en vigueur. Il contient également des dispositions relatives aux échanges de
services. (…)
Source : Microsoft Encarta, 2008

Les bénéfices de l’adhésion à l’ALENA sur l’économie et le commerce du Mexique


… En ce qui a trait aux investissements directs étrangers (IDE), Washington se situe également au premier rang en
s’accaparant 63 % des IDE au Mexique. La création de l’ALENA place ainsi le Mexique comme l’un des principaux pays
en développement récepteurs d’investissements.
Par ailleurs, cet accord de libre-échange a poussé les entreprises (tant américaines que canadiennes) à relocaliser une
partie de leur production au Mexique pour profiter de l’abondance relative de main-d’œuvre et du coût plus faible des
salaires réels. Ces caractéristiques se reflètent dans le secteur d’exportation mexicain, notamment avec le développement
de l’industrie maquiladora (usine d’assemblage), localisée surtout dans le Nord, étant donné que la production de ces
entreprises est destinée essentiellement au marché américain. Après l’entrée en vigueur de l’ALENA en 1994, on constate
en effet que le nombre de maquiladoras ainsi que celui des personnes qu’elles emploient présentent une tendance à la
hausse. De ce fait, cet accord a entraîné une participation accrue des maquiladoras au commerce extérieur du pays : la
part des exportations est passée de 19 à 43% (de 5 milliards à 26 milliards de dollars américains) et celle des importations
de 21 à 26% (de 3 milliards à 21 milliards de dollars américains) de 1994 à l’an 2000. Assurément, le succès manifeste de
l’ALENA en matière de promotion des échanges et des flux d’investissements en a fait la pierre angulaire de la politique
commerciale mexicaine. D’une part, il y a un renforcement important des relations entre le Mexique et les États-Unis,
principalement dans le Nord du territoire mexicain. D’autre part, la libéralisation économique et commerciale du
Mexique avec la signature de cette entente ne s’est jamais arrêtée, et même, au contraire, elle s’est accentuée. En ce sens,
le pays a poursuivi des négociations en vue de la signature d’accords de libre-échange avec d’autres pays. Également,
l’entrée en vigueur de l’ALENA a permis le développement d’un nouveau mode de production, d’échange et de
spécialisation de la main-d’œuvre entre le Mexique et les États-Unis.
Marie-France Doire, « ALENA, Panorama général des impacts sur le Mexique »,
Centre d’Etudes interaméricaines, 17 décembre 2004.

L’ALENA, source de problèmes pour le Mexique


Parallèlement aux bienfaits de l’ALENA sur la croissance économique du Mexique, cet accord est à la base d’une
restructuration profonde dont font l’objet la plupart des activités économiques mexicaines, y compris l’agriculture,
l’industrie manufacturière et les services. Effectivement, depuis 1994, bon nombre d’entreprises mexicaines sont
exposées à la concurrence de leurs homologues américains ; en revanche, d’autres sont incapables de survivre au
démantèlement des arrangements protectionnistes grâce auxquels elles s’étaient développées au fil des années.
Qui plus est, les quelques années suivants la signature de ce traité ont vu un renforcement de la tendance de polarisation
et une accentuation du clivage Nord-Sud observé au courant des années 1980.
Marie-France Doire, ibidem.

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Chapitre II : LES ETATS-UNIS D’AMERIQUE DU NORD

Leçon 5 : LE MODELE ECONOMIQUE AMERICAIN :


CARACTERISTIQUES ET PROBLEMES

Introduction

Depuis 1945, les Etats-Unis occupent une position de superpuissance sûre grâce à leur
place dans de nombreux secteurs et au volume de leurs échanges extérieurs. Leur primauté
politique et économique est incontestable. Cette puissance est fondée sur l’abondance
des ressources naturelles dans un vaste territoire, sur le dynamisme de la
population, sur un régime de libre concurrence favorisant l’efficacité des milieux
d’affaires. Cependant la foi et l’optimisme débordants des Américains s’effritent à cause de
nombreux problèmes comme les crises, la montée en puissance de concurrents et les
déficits commerciaux et budgétaires.

I. Les caractéristiques du modèle économique américain

Le système capitaliste est toujours le fondement de l’organisation économique des


Etats-Unis. Plusieurs conditions favorables ont permis l’émergence du capitalisme
américain :
- le désir de faire fortune qui animé les colons et les migrants du XIXe siècle ;
- les protestants considèrent le fait de s’enrichir comme une protection divine ;
- enfin, le manque de bras face à l’immensité des ressources à mettre en valeur (en un
mot du "défi américain"), appelait à une organisation économique capitaliste.
L’entreprise privée est ainsi devenue le moteur principal de l’activité économique. Dans
ce cadre, l’amélioration de la productivité, la rationalisation du travail, le développement
de la production et, par voie de conséquence, de la consommation de masse sont les
objectifs prioritaires. Seules les grandes entreprises multinationales ou les
conglomérats disposent de ressources financières suffisantes pour relever ces défis. C’est
pourquoi la réussite économique des Etats-Unis dépend dans une large mesure de la
grande entreprise ou « big business ». Ces grandes entreprises sont surtout soutenues
par une puissante organisation financière assurée par des holdings ou des banques.
Près de 45 % des 600 plus grandes firmes multinationales du monde sont
américaines On trouve ces FMN aussi bien dans l’industrie avec General Motors, Ford
Motors et Chrysler, dans les services avec Disney, dans l’aéronautique avec Boeing,
Lockheed Martin et Textron, dans la chimie avec Dupont de Nemours et Dow Chemical,
dans l’agroalimentaire avec Philip Morris, Conagra, Coca Cola, McDonalds, dans la grande
distribution avec Wall Mart, etc.
La tendance aujourd’hui est aux conglomérats, qui sont des types de sociétés résultant
du mouvement de concentration et de fusion des entreprises depuis les années 1980 dans
des domaines très variés. Pour être moins vulnérables, certaines entreprises ont diversifié
leurs activités. Ainsi International Telegraph and Telephone (ITT) ne limite plus ses
activités au domaine des télécommunications. Le conglomérat possède également des
compagnies d’assurances, des boulangeries, la chaîne d’hôtels Sheraton, des parkings
payants, des hectares de bois, etc. Aux côtés du « big business », on trouve 13 millions de
PME-PMI ou "small business", qui jouent un rôle important dans l’économie et sont
liées aux grandes entreprises par le biais de la sous-traitance. Ces petites et moyennes
entreprises jouent le rôle de sociétés de distribution pour les grandes multinationales ou
d’amortisseurs pour les sociétés géantes en cas de crise.

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II. L’efficacité du modèle économique américain

Les Etats-Unis sont la première puissance économique (PIB de 14 600 milliards de dollars
en 2011) et le premier pôle de la Triade. La puissance des États-Unis repose sur des
instruments variés qui lui permettent d'opérer sur l'ensemble de la planète et dans de
nombreux domaines. C'est une puissance globale. L’efficacité du modèle économique
américain peut se mesurer à travers sa réussite exceptionnelle. Avec moins de 5 % de la
population de la planète, les Etats-Unis produisent plus du quart du PIB mondial.

1. La première agriculture de la planète


Grace à un climat et à des sols favorables, l’agriculture américaine est la première du monde.
Avec 1,6 % des actifs, l’agriculture américaine assure 40 % de la valeur de la production
agricole de la planète et 25 % des exportations mondiales de produits agro-alimentaires. Les
Etats-Unis dominent dans plusieurs secteurs (1er producteur mondial pour le maïs et le soja,
2e pour le coton, le tabac, les agrumes, les produits laitiers, la viande et les céréales, 3e pour le
blé ; la betterave à sucre et les arachides, etc.). L’agriculture est bien intégrée à l’industrie
("agrobusiness"). Elle permet aux Etats-Unis d’avoir un véritable pouvoir alimentaire
souvent utilisé comme arme diplomatique : c’est la "Food Power" ou "Arme verte".

2. La première industrie du monde

Le secteur industriel emploie 20,6 % des actifs, fournit 22 % du PIB et réalise 20 % de la


production industrielle mondiale contre 30 % en 1960. Malgré la concurrence étrangère et un
recul relatif, l’industrie américaine reste la première du monde grâce à plusieurs facteurs : - un
marché très étendu ; - de grandes firmes multinationales, véritables vecteurs de la
puissance américaine, qui permettent une présence planétaire ; - des ressources
abondantes ; - et, surtout, une recherche très dynamique. La recherche-développement
intègre les entreprises aux universités et aux grands laboratoires.
Les États-Unis se caractérisent par le dynamisme des industries de pointe (informatique,
électronique, biotechnologies, robotique, etc.). Employant une main-d’œuvre hautement
qualifiée et utilisant des technologies très sophistiquées, elles constituent l’un des secteurs à
plus forte croissance de l’économie américaine. Elles sont concentrées dans des technopoles à
proximité des grandes villes, des campus universitaires et des grands aéroports (hubs) : la
Silicon Valley et l’université Stanford à San Francisco en Californie, l’université Harvard,
la Route 128 et la Route 495 à Boston, la Route 202 à Philadelphie, le Sunset Corridor à
Portland, , l’université de Princeton à New Jersey, etc.
Entre 1901 et 1993, les scientifiques américains ont reçu 165 des 315 Prix Nobel attribués.
Plus du tiers des 500 premières entreprises industrielles mondiales sont américaines.

3. La première puissance commerciale du monde

Les Etats-Unis assurent 13 % du commerce mondial. Ils sont les premiers importateurs
mondiaux (18 % du total mondial) en particulier de produits manufacturés et de matières
premières comme le pétrole. Les Etats-Unis importent 12 millions des 20 millions de barils
de pétrole qu’ils consomment chaque jour (soit 27 % de la consommation mondiale). Avec une
part de 8 %, ils occupent le troisième rang mondial pour les exportations (produits
agroalimentaires, aéronautiques, électroniques, etc.). Le poids des Etats-Unis dans le
commerce mondial est si important qu’une crise américaine se mondialise très vite. Ils jouent
un rôle prépondérant dans les négociations internationales sur le commerce, notamment dans
le cadre de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), où leur puissance leur permet
d’imposer les règles du jeu et d’imposer l’ouverture des marchés. Cette puissance commerciale
s’exprime par l’hégémonie du dollar, monnaie de référence internationale. D’ailleurs, sur le
plan financier, les États-Unis dominent avec Wall Street, première place boursière de la

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planète. C'est à la Bourse de Chicago que sont fixés les cours mondiaux des matières
premières, en particulier ceux des céréales. Cependant la position de domination des Etats-
Unis sur le commerce mondial est de plus en plus contestée par les pays asiatiques et ceux de
l’Union européenne.

4. L’efficacité du rôle de l’Etat

Le système économique américain n’est plus un capitalisme de "laissez-faire" ou "laissez-


passer". En effet, depuis la crise de 1929, la non-réglementation du monde des affaires et le
respect absolu du libéralisme sont des mythes dépassés. Les transformations sont introduites
dans les années 1930 par la politique d "New Deal" de Franklin Roosevelt. L’intervention
de l’Etat dans l’activité économique se fait sous trois formes principales : le rôle de soutien, le
rôle de client et le rôle d’organisateur.
Par son rôle de soutien, l’Etat fédéral peut accorder des aides financières à des sociétés
industrielles en difficultés (c’est le cas de Chrysler en 1979 et de General Motors en 2009),
des subventions aux agriculteurs, des aides aux couches sociales défavorisées (le Medicaid) et
des assurances maladie aux personnes âgées (le Medicare).
Par son rôle de client, l’Etat fédéral peut passer des commandes à certains secteurs de pointe
comme les industries aéronautiques, aérospatiales et d’armement qui assurent 75 % de leurs
chiffres d’affaires avec celui-ci.
Par son rôle d’organisateur, l’Etat fédéral peut financer la recherche scientifique et
technique grâce à des structures comme la NASA (fondée en octobre 1958). Les pouvoirs
peuvent protéger de la concurrence par des restrictions aux échanges internationaux à
travers le contingentement3 et la prohibition4. Pour lutter contre les situations de
monopole et les concentrations excessives, l’Etat fédéral a souvent adopté une législation
antitrust comme la loi Sherman de 1890 (Sherman Silver Purchase Act) ou la loi Clayton
de 1914 (Clayton Antitrust Act). L’Etat décide de la politique monétaire des Etats-Unis et des
variations des taux d’intérêts à travers la Federal Bank. Enfin il mène une politique
rigoureuse de protection des consommateurs.

III. Les problèmes du modèle économique américain

1. Le poids des crises

Depuis le début du XXe siècle, l’économie américaine a connu des crises plus ou moins
longues. Ces crises ont eu des effets dévastateurs sur les industries traditionnelles comme la
sidérurgie et le textile. Elles ont été plus affectées par la désindustrialisation. Les crises se
sont traduites par une baisse de la production, des pertes de parts de marchés et des
fermetures d’usines. La surproduction agricole est également source de problèmes. Cette
évolution est en grande partie liée à l’émergence de nouveaux concurrents sur le marché
mondial.
Depuis août 2007, une crise d’une grande ampleur dite « crise des subprimes » a
sévèrement touché les Etats-Unis. Elle a d’abord commencé dans le secteur immobilier avant
s’étendre ensuite au secteur bancaire et de toucher enfin l’économie réelle.

2. La montée en puissance des concurrents

L’hégémonie américaine est de plus en plus contestée par la montée en puissance du Japon, de
l’Union européenne, du Brésil et des Nouveaux Pays Industrialisés d’Asie (NPIA). Sur le plan

3 Contingentement : action de contingenter, de fixer une quantité autorisée, établissement de quotas.


4 Prohibition : interdiction légale de l’importation, de l’exportation, de la fabrication et de la vente (d’un produit ou
d’une marchandise).

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agricole, les "révolutions vertes" dans certains pays en développement entraînent l’arrivée
sur le marché de nouveaux grands exportateurs de céréales comme la Thaïlande ou le Brésil.
La rivalité avec l’Union européenne est forte : les Américains qui voudraient complètement
libéraliser les marchés agricoles accusent les Européens de pratiquer le protectionnisme du fait
de la "préférence communautaire".
Sur le plan industriel les Etats-Unis doivent faire face à la productivité élevée et au prix de
revient plus bas des produits asiatiques, notamment dans l’industrie manufacturière. On note
les tensions avec l’Union européenne liées à l’aéronautique, en particulier à la confrontation
entre les deux géants du secteur : Boeing pour les Etats-Unis et Airbus pour l’Europe. Dans
le secteur de l’électronique, Motorola est sérieusement concurrencée par des firmes
étrangères comme Nokia (Finlande), Samsung (Corée du Sud), Sony (Japon) ou Siemens
(Allemagne). Les Etats-Unis perdent des parts de marchés aussi bien à l’intérieur qu’à
l’étranger d’où l’aggravation du déficit de leur balance commerciale, source de fragilité pour
l’économie.

3. Les déficits commercial et budgétaire

Le déficit commercial se creuse d’année en année. Depuis 1990, il dépasse toujours les 100
milliards de dollars. Ce déficit s’explique par la surconsommation américaine et par une
baisse de la compétitivité des entreprises étatsuniennes. Ce pays est déficitaire vis-à-vis de
la plupart de ses partenaires commerciaux en particulier la Chine et le Japon. Le déficit
commercial atteint aujourd’hui plus de 800 milliards de dollars.
Le déficit budgétaire est également énorme (plus de 400 milliards de dollars, soit près de 4
% du PIB) et explique les difficultés du fonctionnement du système économique américain.
Pour combler ce déficit budgétaire, les Etats-Unis se sont lourdement endettés vis-à-vis
surtout du Japon, de la Corée du Sud et de la Chine. La dette publique américaine était de
2 100 milliards de dollars en 2004, soit 18 % du PIB.
A ces problèmes, il faut ajouter le poids des groupes de pression (lobbies). La logique du
productivisme amène souvent les entreprises à desservir les intérêts des consommateurs et à
agresser l’environnement à travers la surexploitation des ressources et la forte pollution. La
puissance des lobbies a conduit les observateurs de parler de "Troisième Chambre". Ces
groupes de pressions agissent pour infléchir les décisions de la puissance publique dans le sens
le plus conforme à leurs intérêts. Les principaux lobbies sont :
- l’AFL-CIO (American Federation of Labour-Congress of Industrial Organisations), centrale
syndicale de 13 millions d’adhérents ;
- la coalition "Change To Win" qui regroupe 7 syndicats et compte 6 millions d’adhérents ;
- le Lobby juif qui compte plus de 5 millions de membres, etc.
Pour maintenir leur leadership et lutter contre la concurrence internationale, les entreprises
américaines adoptent des politiques de reconversions, de délocalisation, de
restructurations. Dans cette logique, la montée du chômage constitue le revers de la
médaille.

Conclusion

La puissance américaine est la seule puissance complète aujourd’hui. Complète parce qu’elle
est non seulement économique comme la puissance japonaise ou allemande, mais
également parce qu’elle est diplomatique, culturelle et militaire. Elle repose sur une
force de frappe économique sans équivalent dont les puissantes firmes multinationales
(FMN) sont les plus grands vecteurs dans le monde. Certes les Etats-Unis ont dû compter avec
la concurrence des autres puissances de la Triade. Leur part respective dans tous les
domaines a baissé en pourcentage mais pas en valeur absolue. Aucune puissance n’est encore
parvenue à rassembler les attributs de la superpuissance dont disposent les Etats-Unis
d’Amérique du Nord.

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1. L’hyperpuissance américaine
La puissance des Etats-Unis ne cesse de fasciner. On la constate et on l’observe ; on l’analyse. Parfois, on la
subit et on la dénonce. Mais le fait est là, incontestable : cette hyperpuissance est réelle et on ne peut la
remettre en cause. A l’aube du XXIe siècle, les Etats-Unis exercent en effet dans de nombreux domaines un
leadership. En matière politique, militaire, stratégique, scientifique ou culturelle, la domination américaine
est telle qu’on qualifie bien souvent ce pays d’empire dont la sphère d’influence s’étend à la planète toute
entière... (Nombreux sont les) éléments constitutifs de la puissance : les hautes technologies et la recherche
scientifique, les firmes multinationales et les investissements américains dans le monde, la puissance
commerciale et le rôle politique de la dette, l’agrobusiness et la stratégie de l’aide au développement. La
dimension culturelle n’est pas oubliée : les industries culturelles (cinéma, musique, alimentation) imposent
un modèle culturel dominant et les églises américaines s’immiscent dans les consciences du monde entier.
Cet impérialisme tel qu’il est décrit donne à voir la mondialisation sous un jour nouveau : l’image habituelle
de la Triade est mise à mal par le poids écrasant des Etats-Unis dans tous les domaines par rapport à
l’Europe et au Japon.
Yann Calbérac, Compte rendu de l’ouvrage de Gérard Dorel, Atlas de l’empire américain. Etats-Unis : géostratégie de
l’hyperpuissance, éditions Autrement, 2006, 79 p.

2. Répartition de l’activité économique par secteur


Répartition de l’activité économique par secteur Agriculture Industrie Services
Valeur ajoutée (croissance annuelle en %) 7,3 3,0 3,2
Valeur ajoutée (en % du P.I.B.) 1,2 22,8 76,0
Emploi par secteur (en % de l’emploi total) 1,6 20,6 77,8
Source : Banque mondiale – World Development Indicators, février 2009.
3.

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4. Principaux produits échangés par les Américains


Principaux postes d’exportations (% des exportations) Principaux postes d’importation (% des importations)
Machines et appareils mécaniques 17,6 % Carburants minéraux, pétrole 18,0 %
Machines et équipement électrique 14,1 % Machines et appareils mécaniques 13,0 %
Véhicules (hors trains et tramway) 8,9 % Machines et équipement électrique 12,2 %
Avions, engins spatiaux 6,4 % Véhicules (hors trains et tramway) 11,4%
Instruments photographiques,
cinématographiques, médicaux et de mesure 6,0 % Source : US Bureau of Census, 2006

5. De la crise des subprimes à la crise financière


Les premières conséquences de la crise dite des subprimes sont déjà visibles sur la croissance et l’inflation…
L’origine de la crise est à rechercher dans le développement des marchés financiers, qui a ouvert la porte à
toutes les innovations financières, et a modifié en profondeur le modèle bancaire traditionnel… Dès lors, les
difficultés qui surgissent dans l’une des sphères ne tardent pas à se répercuter dans l’autre.
La crise financière actuelle est la première crise due aux limites du nouveau modèle bancaire… Cette crise a
été provoquée par le refus des établissements de crédit de croire à la réalité de la bulle immobilière, et à leur
recherche de l’extension de leurs activités de prêt, fort rentables, sans considération de la solvabilité des
emprunteurs… Dans un second temps, les conséquences de la globalisation des marchés financiers et les liens
entre les différents marchés, ont étendu la crise hors des Etats Unis... De crise locale, la crise des subprimes
est devenue une crise majeure dont le coût est évalué à la fin du premier trimestre 2008 à 1 000 milliards de
dollars environ…
Source : Cahiers Lasaire, n° 35, avril 2008, Site Internet : www.lasaire.net.

6. L’hyperpuissance ébranlée
Les Etats-Unis peuvent encore prétendre à une domination tous azimuts. C’est la première économie
mondiale. Leurs dépenses militaires sont plus importantes que celles des quatorze pays suivants réunis. Sa
culture populaire, du cinéma en passant par les fast-foods, est sans rivale dans le monde. Des entreprises
américaines ont révolutionné la technologie de l’information. Après leur victoire dans la guerre froide, il n’y a
pas d’alternative cohérente aux idées politiques et économiques (démocratie et capitalisme) associées aux
Etats-Unis. La plupart des institutions les plus importantes du monde sont soit basées aux Etats-Unis (ONU,
FMI, Banque mondiale), soit dominées par les Américains (OTAN).
Et pourtant, chacune de ces formes de domination est contestée. Le défi le plus évident est économique. Les
progrès de la Chine sont si rapides que Goldman Sachs revoyait récemment ses estimations du moment où
l’économie chinoise dépasserait celle des Etats-Unis. La banque estime désormais que ce sera en 2027 (en
termes de dollars réels) plutôt qu’en 2035 comme initialement prévu. L’empire du Milieu est déjà la
quatrième économie du monde. En 2020, elle sera plus importante que celle de tous les membres du G8,
exceptés les Etats-Unis.
(…) L’érosion de la puissance américaine est amorcée. Mais ce serait une erreur de croire que le leadership
américain prendra fin le jour – dans vingt ans – où l’économie de la Chine dépassera celle des Etats-Unis. La
taille n’est pas tout. Mais quand l’économie chinoise sera plus importante que celle des Etats-Unis,
l’Américain moyen sera encore beaucoup plus riche que le Chinois moyen. Richesse plus liberté politique : il
est probable que le « rêve américain » restera beaucoup plus attirant que la réalité chinoise pendant encore
de longues années – qu’il renforcera la puissance intellectuelle et culturelle qui est une des bases de la
capacité de l’Amérique à mener le jeu.
Gideon Rachman, Financial Times et Jeune Afrique, 10 juillet 2007.

7. Les chiffres du commerce international américain


Indicateurs du commerce extérieur 2003 2004 2005 2006 2007
Importations de biens (millions USD) 1 264 344 1 447 127 1 681 809 1 861 409 1 964 593
Exportation de biens (millions USD) 716 704 811 010 898 457 1 026 854 1 153 265
Importations de services (millions USD) 250 328 292 214 315 632 342 817 372 281
Exportation de services (millions USD) 301 053 346 240 384 612 418 848 475 094
Balance commerciale (hors services) - 547,640 - 666,117 - 783,352 - 834,554 - 811,328
(millions USD)
Balance commerciale (services inclus - 496,915 - 612,091 - 714,372 - 758,524 - 708,515
(millions USD)
Commerce extérieur (en % du P.I.B.) 23,7 25,5 26,8 n.c. n.c.
Source : Banque mondiale – World Development Indicators, février 2009.

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8. Principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis


Principaux clients (% des exportations) Principaux fournisseurs (% des importations)
Canada 22,2 % Canada 16,0 %
Mexique 12,9 % Chine 15,9 %
Japon 5,8 % Mexique 10,4 %
Chine 5,3 % Japon 4,9 %
Royaume-Uni 4,4 % Allemagne 4,8 %
Source : US Bureau of Census, 2006

SYNTHESE : Les données du territoire américain

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2e Partie : L’ESPACE EUROPEEN ***** Chapitre I : PRESENTATION GENERALE


Leçon 6 : L’ESPACE EUROPEEN : MILIEUX NATURELS ET POPULATION
Introduction
Limitée au sud par la mer Méditerranée, à l’ouest par l’Océan Atlantique et au nord par
l’Océan Glacial arctique, l’Europe n’a pas de limite naturelle à l’est. On donne
habituellement comme limite conventionnelle de l’Europe à l’est les montagnes de l’Oural,
la mer Caspienne et le massif du Caucase qui la séparent de l’Asie. Ainsi délimitée, l’Europe
est un continent très petit (10 500 000 km2, soit 6,75 % des terres émergées, 1/3 de
l’Afrique et la moitié de l’ALENA), au relief très varié, aux milieux bioclimatiques
contrastés. L’Europe politique (Russie d’Asie incluse) couvre une superficie de 23
millions de km2. Avec 730 millions d’habitants (environ 586 millions sans la
Russie), l’Europe regroupe 11,4 % des habitants de la planète. Véritable mosaïque
humaine, linguistique, religieuse et culturelle, elle est également le continent le plus divisé
politiquement (découpée en 45 États).

1. L’Europe vue par trois géographes


L’Europe vue par Edgar Morin
« L’Europe se dissout dès qu’on veut la penser de façon claire et distincte ; elle se morcelle dès qu’on veut
reconnaître son unité.
[…] L’Europe est une notion géographique sans frontière avec l’Asie, et une notion historique aux frontières
changeantes. »
Edgar Morin, Penser l’Europe, Gallimard, 1990.
Une analyse classique
« La petite Europe n’est qu’une péninsule de l’Asie. Aussi est-il difficile de lui donner une limite du côté du
continent asiatique. Nous la fixerons à l’Oural comme il est classique de le faire aujourd’hui. On pourrait
s’attarder dans les discussions interminables sur la légitimité de cette coupure et, de fait, la colonisation
russe dès le XVIe siècle, et la politique actuelle de l’Union soviétique […] ont effacé la frontière de l’Oural. »
Max Derruau, L’Europe, Hachette, 1971.

Une vision élargie


« Mais ces dix millions de km2 (pour simplifier, 20 fois la France), dont la moitié pour la Russie d’Europe,
comment ne pas leur adjoindre les 780 600 km2 de la Turquie (23 500 km2 pour la Turquie d’« Europe »), ce
pays musulman laïc, aujourd’hui aussi peuplé que la France, membre du Conseil de l’Europe, dont le passé
comme l’avenir sont inséparables de l’histoire européenne ?
Comment ne pas leur adjoindre aussi la totalité des territoires soviétiques, 22,4 millions de km 2 dont les ¾
en Asie ?
Comment ne pas prendre en compte la place minuscule – mais de si grand enjeu – d’Israël, comme celle si
décisive des neuf autres Etats non européens du bassin méditerranéen, du Maroc des portes espagnoles à la
Syrie des voisinages turcs ?
Avec l’URSS, dans la totalité nécessaire de son territoire, l’« Europe » couvre 28 millions de km2, avec le
Groenland, 30 millions, surface à rapprocher des 30 millions de l’Afrique, des 42 millions de l’Amérique
entière, des 44 millions de l’Asie (moins de 30 sans les territoires soviétiques)… »
J.-P. Ferrier, texte inédit, 1989.

I. Le cadre naturel
1. L’architecture du relief : trois grands ensembles
L’Europe présente d’ouest en est trois grands ensembles de relief : les massifs anciens au
nord, les montagnes jeunes au sud et les basses terres de plaines à l’est et au centre :
- les massifs anciens : Ce sont des montagnes qui datent de l’ère primaire et qui ont des
sommets arrondis à cause de l’érosion glaciaire du quaternaire. Les glaciers quaternaires
ont creusé des vallées en U ou en auge, envahies par la mer et transformées en "fjords". Par
ailleurs, d’immenses dépôts de moraines (débris de graviers, de sables et de cailloux)
barrent l’écoulement des eaux, donnant naissance à de nombreux lacs (35 000 en
Finlande). Les principaux massifs anciens sont le Massif central et le Massif armoricain en

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France, les massifs hercyniens allemands (Harz, Massif de la Forêt Noire), le Bouclier
scandinave, les monts Oural en Russie, les monts Grampians en Ecosse, etc. ;

- les montagnes jeunes : Dans la partie sud de l’Europe, de la péninsule Ibérique au


Caucase, en passant par la mer Noire, se succèdent de hautes montagnes datant de l’ère
tertiaire, lors du plissement alpin et dépassant 3 000 m d’altitude. Ces hautes montagnes
dominent des plaines étroites. Les points culminants de l’Europe se trouvent dans cette
zone : le Mont Blanc dans les Alpes (4 807 m), le mont Elbrouz dans le Caucase (5 461
m). Ces hautes montagnes, malgré leur altitudes élevées, sont des zones anciennement
peuplés et donc très humanisées ;
- les basses terres de plaines : les bassins sédimentaires résultent d’un empilement de
couches de sédiments dans les parties les plus déprimées des massifs anciens. On les
rencontre surtout dans l’Europe moyenne : Bassin parisien, Plaine germano-polonaise,
Bassin de Londres, Plaine hongroise, Plaine de l’Ukraine, etc. Ces plaines sont recouvertes
de fins dépôts très fertiles. La végétation est formée de landes sur le littoral et d’une forêt à
feuilles caduques un peu plus à l’intérieur.
2. Les milieux bioclimatiques
Située dans la zone tempérée, l’Europe présente quatre grands domaines bioclimatiques :
le milieu océanique, le milieu continental, le milieu méditerranéen, le milieu montagnard :
- le milieu océanique : Il concerne les côtes de l’Atlantique et de ses mers bordières (la
Manche, la mer du Nord, la mer de Norvège). C’est un climat doux et humide avec des
températures modérées en toutes saisons. L’hiver n’est jamais très froid (8 °C en
moyenne) alors que l’été est plutôt frais (18 à 20 °C en moyenne). La neige et le gel sont
des phénomènes exceptionnels. Les avantages agricoles, pastoraux et touristiques de ce
domaine sont énormes. L’Europe océanique est peuplée et très urbanisée ;
- le milieu continental : Le climat continental est marqué par des hivers très froids
(moins de 0 °C) et souvent très longs et des étés très chauds (plus de 22 °C) et courts
accompagnés d’orages très violents. Les fleuves sont souvent pris par les glaces en hiver
(embâcle) alors qu’en été la débâcle provoque des crues et des inondations importantes.
Cependant, il y a des nuances dans ce même milieu aussi bien au niveau des températures
et des précipitations qu’au niveau de la végétation (la toundra au nord sur les sols
pauvres, la taïga au sud, la forêt mince à l’extrême sud, la prairie naturelle à l’est vers
la Hongrie) ;
- le milieu méditerranéen : Le climat méditerranéen est doux et humide en hiver et
chaud et sec en été. Les forêts cèdent de plus en plus la place au maquis et à la garrigue.
Les principales contraintes de ce milieu sont le problème de la gestion de l’eau, le
ravinement des pentes par l’érosion hydrique, la fréquence des séismes et des éruptions
volcaniques (Portugal, Italie, ex- Yougoslavie, Turquie). Cependant dans les régions
ensoleillées, le tourisme est une activité importante et prospère de même que les
cultures spécialisées arbustives, légumières et florales. Mais l’ingratitude du milieu
méditerranéen, la pénurie d’industrie et même le relatif sous-développement ont
longtemps fait des trois péninsules du sud de l’Europe des terres d’émigration. Depuis une
trentaine d’années toutefois, ces régions s’intègrent dans l’économie moderne et
industrielle ;
- le milieu montagnard : Il est plus arrosé et son climat est plus frais que celui des
dépressions environnantes. Les précipitations abondantes ont donné naissance aux grands
fleuves européens : le Rhin (1 320 km) qui coule vers le nord-ouest, le Rhône (812 km)
vers le sud, le Danube (2 850 km), surnommé « fleuve des capitales », vers l’est. La
végétation est étagée. C’est un milieu rude qui s’est peu à peu dépeuplé au profit des
régions de plaines et des vallées intérieures.
Au total, la diversité des paysages, des genres de vie et des activités humaines permet de
distinguer plusieurs milieux dans l’espace européen.

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II. La population de l’Europe


Sur 6,75 % de la superficie des terres émergées, l’Europe compte 730 millions
d’habitants. La population se caractérise par sa diversité, ses fortes densités, sa
croissance très faibles et sa forte urbanisation.
1. La diversité des Européens
La mise en place du peuplement de l’Europe est très ancienne. Elle remonte à la dernière
glaciation quaternaire (celle du Würm), il y a 10 000 ans. Ce continent présente une
mosaïque de peuples. Les Européens sont presque tous des leucodermes (de race
blanche). Cependant, on distingue quatre grands groupes de peuples : les Nordiques en
Europe du Nord, en Grande-Bretagne et en Allemagne, les Slaves en Europe centrale et
orientale, les Méditerranéens en Europe méridionale et, enfin, les groupes alpins. A
ces peuples d’origine indo-européenne s’ajoutent des Noirs, des Arabes, des Asiatiques,
etc.
2. Une population inégalement répartie
L’Europe est le plus densément peuplé des continents (69,5 hab./km2).Toutefois des
domaines très peuplés s’opposent à des zones presque vides. L’Europe de l’Ouest, avec une
densité de 200 hab./km2, correspond à la région densément peuplée s’étendant de
l’Angleterre et l’Italie du Nord, en passant par l’Axe rhénan (Suisse, France, Pays-Bas,
Belgique). L’Europe vide correspond à celle du froid et des montagnes. Ainsi les densités
de l’Europe scandinave et de la Russie dépassent rarement 50 hab./km2.
3. Une croissance démographique très faible
La population européenne est passée de 544 millions d’habitants en 1950 à 730
millions d’habitants en 2005, soit un accroissement total de 186 millions. Cette
population représentait 22 % de l’humanité en 1950 contre 12 % en 2005. En 2050, elle
ne représentera que 7 %. A cette date, l’Amérique comptera deux fois plus d’habitants que
l’Europe et l’Afrique trois fois plus. Le taux de croissance qui était de 1 % en 1950 diminue
régulièrement pour atteindre 0,3 % aujourd’hui. L’indice synthétique de fécondité (ISF)
est de 1,42 enfants par femme et l’espérance de vie de 73 ans en moyenne ; ce qui
explique le vieillissement de la population. En plus, pour l’ensemble de l’Europe, on
enregistre plus de décès que de naissances. Cette évolution bouleverse les grands
équilibres démographiques. Le renouvellement des générations n’est plus assuré. Par
conséquent, l’immigration semble indispensable.
4. Le plus urbanisé des continents
Aujourd’hui, trois Européens sur quatre vivent en ville (75 % de la population).
L’urbanisation est un phénomène très ancien. On enregistre 80 % de citadins aux
Pays-Bas et 90 % au Royaume-Uni. La ville européenne est devenue une agglomération
voire même une conurbation comme la Randstad Holland (Amsterdam – Rotterdam
– Utrecht – La Haye) ou l’ensemble Rhin – Ruhr (Duisburg – Essen – Dortmund –
Leverkusen – Düsseldorf – Cologne – Bonn). Une autre conurbation du sud du Royaume-
Uni au nord de l’Italie donne naissance à une concentration urbaine exceptionnelle.
Plusieurs agglomérations dépassent 5 millions d’habitants (Londres, Paris, Moscou,
Madrid, Bruxelles, etc.). En outre, la rurbanisation, c’est-à-dire l’aménagement de
villes nouvelles dans les campagnes voisines d’une grande métropole, se généralise.
Conclusion
Continent très petit et considéré comme un cap de l’immense Asie, l’Europe se caractérise
par la diversité de ses paysages naturels et de sa population. Malgré les nombreuses
guerres et conflits religieux du passé, la diversité des langues et des traditions nationales,
l’unification politique et économique de l’Europe disposent de fondements réels.

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Leçon 7 : LA CONSTRUCTION EUROPEENNE : REALITES ET PERSPECTIVES


Introduction
L’Europe, ruinée et affaiblie après la Seconde Guerre mondiale, tente de se reconstruire
pour faire face au déclin de sa puissance dans un monde alors dominé par les Etats-Unis et
l’URSS. Par construction européenne, il faut entendre l’ensemble du processus de
rapprochement économique et politique de l’Europe par la mise sur pieds
d’organisations sous-régionales. La construction européenne a débuté en 1948 et sa
première phase s’est achevée en 1958, suivie d’une période de stabilisation jusqu’au milieu
des années 1980. La fin de la logique bipolaire puis l’élargissement aux pays d’Europe
centrale et orientale (PECO) placent la construction européenne devant des défis
déterminants pour son avenir.
I. Les débuts de la construction européenne
1. La construction européenne, fruit de la guerre froide
L’idée que l’Europe devait s’unir remonte au XVIIe siècle. Elle est ensuite l’objet de
réflexions et gagne les responsables politiques conscients de l’affaiblissement du continent.
L’élément déterminant dans la construction européenne est le début de la guerre froide
avec la division de l’Europe en deux blocs. L’impulsion définitive est venue des Etats-Unis
par le biais du « plan Marshall ». Les 16 pays bénéficiaires de l’aide américaine se
regroupent en 1948 au sein de l’Organisation européenne de Coopération économique
(OECE). En 1949, un compromis politique a permis d’aboutir à la mise sur pied du
Conseil de l’Europe, qui est une Assemblée aux attributions consultatives. Dès lors, la
mainmise de l’URSS sur le bloc de l’Est se renforce et aboutit à la création en janvier 1949
du Conseil d’Assistance économique mutuelle (CAEM), chargé de développer les échanges
entre les pays socialistes.
2. La naissance de l’Europe des Six
Aux yeux des hommes politiques, il fallait dépasser l’antagonisme franco-allemand
pour construire une Europe occidentale forte. Les plus ardents défenseurs de cette union
furent le Belge Paul Henri Spaak, l’Italien Alcide De Gasperi, le chancelier allemand
Konrad Adenauer et le Français Robert Schuman.
C’est ce dernier qui proposa dans une déclaration historique (préparée par le ministre du
Plan Jean Monnet le 9 mai 1950) la mise en commun de la commercialisation franco-
allemande du charbon et de l’acier. Ce projet aboutit à la création le 18 avril 1951 de la
Communauté européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) avec la participation des trois
pays du BENELUX (Belgique, Pays et Luxembourg) et de l’Italie.
3. La naissance de la Communauté économique européenne (CEE)
La tentative de la création d’une Communauté européenne de Défense (CED) ayant
échoué, les dirigeants des Six se réunissent à Messine (Italie) en juin 1955 pour lancer la
construction européenne. Ces efforts aboutissent à la création de la communauté
économique européenne (CEE) par la signature du Traité de Rome le 25 mars 1957
qui abandonne la supranationalité pour la réalisation d’un marché commun par
rapprochement des politiques économiques sectorielles. Le traité de Rome donne
également naissance à la Communauté européenne de l’Atome (CEEA) ou Euratom.
La CEE avait pour but la mise en place d’un tarif extérieur commun (TEC), la suppression
progressive des barrières douanières et la libre circulation des personnes, des
marchandises, des capitaux et des services. Les pays qui refusent l’Union douanière
fondent en 1959 l’Association européenne de Libre Echange (AELE) sous la houlette de la
Grande-Bretagne qui s’associe à six autres Etat (Autriche, Suède, Norvège, Portugal,
Suisse, Danemark). Au sein de la CEE, le pouvoir est transféré à un Conseil des
Ministres tandis qu’une Commission préparait et faisait exécuter les décisions. A la fin
des années 1950, les principaux éléments de la construction européenne étaient en place
autour du CAEM d’une part et de la CEE d’autre part.
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II. La stabilisation de la construction européenne (1958-1986)


1. L’émergence d’un pôle économique de premier plan
Cet émergence se manifeste par :
- la poursuite de la construction européenne avec l’instauration d’un marché
commun le 1er janvier 1959, l’achèvement de l’Union douanière le 1er juillet 1959 et
l’affirmation de la CEE comme un pôle économique de premier plan qui négocie avec les
Etats-Unis sur un pied d’égalité ;
- la Politique agricole commune (PAC) ou « Europe verte » largement
subventionnée à travers le Fonds européen d’Orientation et de Garantie Agricole
(FEOGA). Première politique communautaire lancée en 1962, la PAC a pour objectif de
créer un espace protégé pour l’agriculture et un système de prix communs. Une politique
assez semblable est appliquée dans le domaine industriel ;
- la politique monétaire avec la création en 1972 du « serpent monétaire
européen » pour échapper aux fluctuations du dollar. Ce « serpent monétaire » est
remplacé le 13 mars 1979 par le Système monétaire européen (SME) qui instaure une
unité monétaire de référence : l’Unité de compte européenne ou European Currency Unit
(ECU). L’ECU servait à calculer les prix agricoles et les tarifs extérieurs à la Communauté ;
- l’élargissement de la CEE d’abord au Royaume-Uni, au Danemark et à la République
d’Irlande en 1973, puis aux pays méditerranéens (la Grèce en 1981, l’Espagne et le
Portugal en 1986). A partir de 1992, la CEE qui devient l’Union européenne s’élargit en
1995 à l’Autriche, à la Finlande et à la Suède. Le 1er mai 2004, dix nouveaux pays
adhèrent à l’Union (Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Hongrie, République tchèque,
Slovaquie, Slovénie, Malte et Chypre), suivis de la Bulgarie et de la Roumanie le 1er
janvier 2007. Ainsi l’Union européenne à 27 membres couvre près de 4,5 millions de
km2 et compte 498 millions d’habitants. L’Union européenne représente 30,42 % du
produit brut mondial en 2008, c'est-à-dire 18 285 milliards de dollars, ce qui en fait la
première puissance économique de la planète, à la fois en PIB nominal et en parité de
pouvoir d'achat. L’élargissement complète la dimension géographique de la construction
européenne, ouvre de nouveaux marchés pour les grandes entreprises de l’Ouest et donne
aux pays d’Europe centrale et orientale (PECO) un moyen d’accéder à la prospérité.
2. Une construction politique au ralenti
L’objectif de départ était la réalisation de l’Union politique mais les avis divergeaient sur la
nature même de cette union. Aujourd’hui, l’Union européenne apparaît comme une union
avec des voix multiples. Sous l’impulsion de Jacques Delors, l’Acte unique européen
avait été signé le 1er février 1986 pour la création d’un marché unique européen et une
coopération politique élargie en matière de politique étrangère. Devant assumer des
responsabilités mondiales, l’Union européenne devait se faire sur le plan politique. Cette
nouvelle dimension s’est exprimée à travers la décision prise en 1991 de bâtir une
Politique étrangère et de sécurité commune (PESC).

Signature du traité de Rome par les représentants des six États membres, en 1957.
Source : Commission européenne, 2008

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Conférence de Christian Grataloup, 24 avril 2008, FASTEF, Dakar : « Le temps long de la mondialisation ».

III. La fin de la logique bipolaire et ses conséquences sur la construction


européenne
L’éclatement de l’URSS, la réunification de l’Allemagne et la situation politique en Europe
de l’Est ont incité la CEE à réfléchir sur son statut dans la nouvelle Europe. Le traité de
Maastricht signé en février 1992 et en vigueur le 1er novembre 1993 constitue une
tentative de relance. Ce traité modifie tous les traités signés depuis 1951. Il crée une
Union économique et monétaire (UEM), étend les pouvoirs du Parlement européen,
renforce la coopération intergouvernementale entre les Etats membres et projette
d’instituer une union politique.
Après plusieurs étapes, l’UEM a abouti en 1999 à l’instauration d’une monnaie unique
(l’euro) et à la création de la Banque centrale européenne. Désormais, pour
appartenir à a zone euro, les Etats membres doivent respecter des critères de
convergence imposant une rigueur budgétaire.
Dans le domaine politique, le projet de Constitution européenne proposé en 2002 n’a pas
abouti à cause surtout du « non » de la France le 29 mai 2005. Cependant par sa
prospérité et son dynamisme, l’Union européenne est un grand pôle d’attraction d’où la
multiplication des demandes d’adhésion comme celles de la Croatie, de la Turquie et de la
Bosnie.
Il faut signaler que l’Union européenne avait signé une série d’accords avec plusieurs pays
ou groupes de pays notamment les Accords de coopération avec les pays ACP (Convention
de Yaoundé de 1963 puis de Lomé de 1984 à 1995) et des accords bilatéraux avec des
pays en développement dans plusieurs domaines (agriculture, éducation, santé etc.).

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GEOGRAPHIE – TERMINALE – Année 2009

Nombre de membres au
Parlement européen
(eurodéputés) par pays
2007-2009
Pays Nombre
Allemagne 99
Autriche 18
Belgique 24
Bulgarie 18
Chypre 6
Danemark 14
Espagne 54
Estonie 6
Finlande 14
France 78
Grèce 24
Hongrie 24
Irlande 13
Italie 78
Lettonie 9
Lituanie 13
Luxembourg 6
Malte 5
Pays-Bas 27
Pologne 54
Portugal 24
Rép. tchèque 24
Roumanie 35
Royaume- 78
Uni
Slovaquie 14
Slovénie 7
Suède 19
TOTAL 785

IV. Les problèmes de l’Union européenne


Les pays européens n’ont pas tous adhéré à la CEE à sa création à cause du refus des
Britanniques et de l’opposition des pays de l’Est qui se sont regroupés autour du CAEM.
Les grands pays comme l’Allemagne, la France ou le Royaume-Uni sont souvent critiqués
pour leur attitude dans la prise de décisions sans consulter les « petits pays ». La
convention Schengen signée en 1985 et effective en 1995 n’est pas encore signée par le
Royaume-Uni et l’Irlande. La monnaie unique, l’euro, n’est utilisée que par 17 pays de
l’Union5. L’Union européenne a également montré son incapacité à lutter efficacement
contre certains problèmes : la maladie de la « vache folle », la « grippe aviaire », la fièvre
« aphteuse », la guerre en ex-Yougoslavie. La xénophobie constitue une entrave à la
solution des problèmes liés au vieillissement de la population. La construction européenne
connaît la crise la plus grave de son histoire, du fait de l’impossibilité de fonctionner à
27 pays avec des institutions prévues pour 15. C’est ce qui a conduit le Conseil européen de
décembre 2006 à décréter une pause dans les élargissements à venir.
L’Europe agricole connaît également de sérieux problèmes dans le contexte de la
mondialisation comme le montre la contestation des altermondialistes incarnée par
José Bové. La défense commune connaît un retard à cause de la suprématie américaine au

5
Les 16 pays de la zone euro sont : Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-
Bas, Portugal, Grèce, Slovénie, Chypre, Malte et Slovaquie

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sein de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Les gouvernements et les


populations de certains pays ont du mal à accepter l’élargissement qu’ils estiment coûteux.
L’échec du projet de Constitution européenne et les divergences à propos de l’invasion de
l’Irak par les Etats-Unis constituent des obstacles à la réalisation de l’Europe politique.

Indicateurs économiques et démographiques de l’Union européenne

Indicateurs Superficie Population PIB (en PIB / hab. Zone Membre


(en km2) Convention
ETATS (en millions milliards (en Euro
Schengen
d’habitants) d’euros) euros) (17) (25)

De la C.E.C.A. à la C.E.E. : Membres fondateurs (1957)


1. Allemagne 357 030 81 500 000 3 315,00 40 700 oui oui
2. Belgique 30 150 10 584 534 298,97 28 750 oui oui
3. France 551 500 62 793 432 1 674,70 28 220 oui oui
4. Italie 301 340 60 017 677 1 391,77 24 140 oui oui
5. Luxembourg 2 586 480 222 23,10 51 110 oui oui
6. Pays-Bas 41 530 16 463 879 463,98 28 370 oui oui
La C.E.E. passe de 6 à 9 membres en 1973
7. Danemark 43 090 5 532 531 191,11 35 360 non oui
8. Irlande 70 270 4 492 412 119,85 29 730 oui non
9. Royaume-Uni 242 910 61 524 872 1 852,98 31 100 non non
La C.E.E. passe de 9 à 10 membres en 1981
10. Grèce 131 960 11 213 785 170,25 15 890 oui oui
La C.E.E. passe de 10 à 12 membres en 1986
11. Espagne 505 990 46 063 511 805,45 19 510 oui oui
12. Portugal 91 980 10 707 924 133,01 13 020 oui oui
La C.E.E. devient l’Union européenne en 1992 et passe de 12 à 15 membres en 1995
13. Autriche 83 860 8 199 783 241,03 29 800 oui oui
14. Finlande 338 150 5 320 891 149,01 29 940 oui oui
15. Suède * 450 000 9 276 509 357,6 * 39 636 * non oui
L’Union européenne passe de 15 à 25 membres en 2004 avec l’adhésion des 10 PECO
16. Chypre 9 250 1 044 327 12,08 15 620 oui oui
17. Estonie 45 100 1 340 021 8,22 6 100 non oui
18. Hongrie 93 030 9 905 596 77,37 7 660 non oui
19. Lettonie 64 600 2 248 469 11,67 5 080 oui oui
20. Lituanie 65 200 3 349 872 18,40 5 345 non oui
21. Malte 320 401 880 4,92 12 240 oui oui
22. Pologne 323 000 38 112 212 225,70 5 910 non oui
23. Slovaquie 49 010 5 410 371 32,24 5 980 oui oui
24. Slovénie 20 250 2 050 289 26,58 13 700 oui oui
25. R. Tchèque 78 870 10 446 157 83,00 8 160 non oui
L’Union européenne passe de 25 à 27 membres en 2007
26. Bulgarie 110 910 7 204 687 17,86 2 300 non oui
27. Roumanie 238 390 21 524 042 56,30 2 550 non oui
* NB : Pour la Suède, les données sont en milliards de dollars US pour le PNB et en dollars US pour le PNB/hab.

Conclusion
Suscitée au départ par des initiatives américaines, la construction européenne a été reprise
par les Européens eux-mêmes. Aujourd’hui, l’Union européenne constitue une réussite
économique remarquable et s’impose comme un des pôles de la Triade. En revanche, sur le
plan politique, l’essentiel reste encore à accomplir.

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Leçon 8 : L’ECONOMIE ALLEMANDE (Ce cours est fait quand le Bac a lieu lors d’une année paire)

Problématique : Comment s’explique l’extraordinaire dynamisme économique allemand ?

L’Allemagne en chiffres (année 2006) Sources : Atlas éco, 2006 ; Encarta 2008 ; L’Etat du monde, 2006.

Population : 81,5 millions d’hab. Pop. active :


Superficie : 357 000 km2. 40 millions de personnes.
Densité : 228 hab./ km2. Agriculture : 3 % des actifs.
Capitale : Berlin. Industrie : 33,4 % des actifs.
PIB total : 3 315 milliards d’euros. Services : 63,6 % des actifs.
PIB/hab. : 27 750 euros

Import. de marchandises : 575,4 milliards d’euros Excédent :


Export. de marchandises : 731 milliards d’euros 155,6 milliards d’euros

Introduction
Au centre du vieux continent, entre la France et l’Europe centrale, l’Allemagne, avec ses
357 000 km2 et ses 81 500 000 habitants, s’articule autour du fleuve Rhin à l’ouest
jusqu’à la frontière avec la Pologne et la République tchèque. Par sa position géographe et
son dynamisme économique, elle s’est solidement ancrée au cœur de l’Europe et
s’affirme comme la première puissance industrielle, financière et
commerciale de ce continent et comme le quatrième géant de l’économie
mondiale derrière les Etats-Unis, la Chine et le Japon. La réunification de 1990
(la troisième de l’histoire allemande) a mis fin à une longue période d’instabilité
territoriale. La réussite allemande repose sur un capitalisme à forte orientation
productive, le consensus social et une puissance organisation financière et
commerciale. Cependant l’économie allemande est fragilisée par le double choc de la
réunification et de la mondialisation, par les disparités et les clivages régionaux.
Aussi ce pays doit-il faire face à un triple défi : une réunification qui coûte cher, une
société ébranlée et une nouvelle organisation sociale.

I. Les fondements de la puissance économique allemande

1) Les raisons du miracle économique allemand

Vaincue partiellement et détruite en 1945, la RFA est dès 1965 la première puissance
économique de l’Europe occidentale. Son PIB de 3 315 milliards d’euros est
l’équivalent de ceux de l’Espagne et de l’Italie réunis. Aujourd’hui, l’Allemagne réunifié est
la quatrieme puissance économique mondiale. Quelles sont les raisons du « miracle
allemand » ?
D’abord le modèle économique allemand est un capitalisme à forte orientation
productive. L’Allemagne assoit sa réussite sur la stabilité politique et sur la
recherche de la productivité en conciliant économie de marché et paix sociale.
En effet, la cogestion des entreprises avec la participation des salariés et la négociation
pour traiter les conflits sociaux permettent la rareté des grèves. Ensuite, la réussite
allemande repose sur une forte concentration avec de grandes entreprises comme
Siemens, Daimler-Benz, BMW, etc., sur une liaison banques-industries qui limite
la pénétration du capital étranger, sur des produits de qualité irréprochable
respectant des normes très sévères (Deutsche Industrie Normen, D.I.N. ), sur la
formation en alternance entre apprentissage et enseignement technique et sur
une place financière très solide. A cela, il faut ajouter l’interpénétration des
réseaux bancaires et industriels, la puissance organisation commerciale et la
présence de puissants pôles urbains et économiques reliés par un réseau de
transports dense et efficace.

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1. L’Allemagne : une grande puissance


La puissance économique allemande, en pleine renaissance, fait qu’on respecte ce pays qualifié de « nain
politique » depuis la Seconde Guerre mondiale. Pays malade de l’Europe depuis 1990, depuis que Helmut
Kohl avait choisi, pour des raisons politiques, de fusionner le deutsche mark et le mark est-allemand à parité,
l’Allemagne est sortie de sa léthargie et a surmonté le fardeau financier de sa réunification.
Sa croissance (+ 2,7 %) a dépassé celle de la France (+ 2 %) en 2006, pour la première fois depuis quatorze
ans. En un an et demi, le nombre de ses demandeurs d’emploi est tombé de 5,2 millions à 4 millions (soit 9 %
des actifs). Les déficits publics se réduisent à toute allure et devraient représenter 1,5 % du produit intérieur
brut (PIB), contre 3,9 % en 2003. Début juin 2007, Bruxelles a clos la procédure qui avait été engagée contre
Berlin en 2003 pour déficit excédant les 3 % requis par le traité de Maastricht. L’équilibre budgétaire est en
vue pour 2010, peut-être même avant. Alain Faujas, Jeune Afrique, n° 2423, du 17 au 23 juin 2007, p. 55.

2.

2) Une agriculture performante malgré les contraintes


L’agriculture est handicapée par la rigueur des hivers et la médiocrité des sols du Nord et
des montagnes. Cependant la plaine des Börde et les bassins abrités du sud offrent de
bonnes terres aux agriculteurs allemands. La réussite de l’agriculture s’explique par un
environnement scientifique et industriel performant et les subventions de la
Politique agricole commune (P.A.C.) de l’Union européenne.
Les productions sont très variées. La production animale est de loin la plus importante
avec un quatrième rang mondial occupé par le cheptel porcin (24 millions de têtes). La
production céréalière est dominée par le blé (7e rang mondial) et l’orge (3e rang). Les
autres cultures sont la pomme de terre (7e rang), les fruits et légumes et les vignobles (8e
rang), la betterave à sucre (2e rang).
La forêt couvre 27 % du territoire mais la production de bois reste secondaire. La pêche n’a
qu’une importance toute relative. Deux types d’exploitations se partagent l’espace
agricole :
- à l’ouest, les exploitations sont de type familial (90 % des exploitations font moins de 50
ha) ;

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- à l’est dominent les coopératives ou sociétés commerciales (2/3 de la S.A.U.) et les


exploitations individuelles.

3) Un colosse industriel

L’Allemagne est la 4e puissance industrielle du monde derrière les Etats-Unis, la


Chine et le Japon. Les ressources minières et énergétiques sont abondantes (charbon de
la Ruhr, de la Sarre et de la Saxe, lignite dont l’Allemagne est le premier producteur
mondial, fer, uranium, potasse, le pétrole, l’énergie nucléaire et hydroélectrique,
etc.). L'industrie est l'épine dorsale de l'économie allemande. Elle emploie encore
33,4 % de la population active (le chiffre le plus élevé des grands pays développés) et
fournit 31 % des richesses dans le pays (20 % aux États-Unis, 24,5 % en France).
Les impératifs industriels dominent l’organisation sociale et imprègnent les mentalités et
les modes de vie en dépit d’une tertiarisation rapide. L’usine est partout présente.
L’industrie allemande s’adapte constamment à la demande mondiale. Elle occupe des
positions dominantes dans plusieurs secteurs :
- Les industries de biens d’équipement : Fers de lance de l’industrie allemande, elles
regroupent les constructions mécaniques, électriques, électroniques, automobiles et
chimiques. Elles placent l’Allemagne parmi les principaux producteurs mondiaux : 1er pour
les machines-outils, 3e pour la chimie, les médicaments, l’électricité, l’électronique et
l’automobile. Quelques groupes privés et fortement multinationalisés (les Konzern)
dominent ces branches : l’automobile avec 5,45 millions d’unités produites en 2002 par
BMW, Volkswagen, Porsche, Daimler-Benz ; la chimie avec Hoeschst, Bayer,
BASF, Henkel ; l’électronique et l’électricité avec Siemens, Bosch, AEG, Grundig ; la
sidérurgie avec Thyssen, etc. Les PME-PMI forment un tissu très dense et souple et
concentrent 45 % de l’emploi.
- L’industrie alimentaire occupe la 4e place pour le chiffre d’affaires devant la chimie.
Elle est exportatrice avec des firmes comme Herta et Bahlsen.
- Les industries traditionnelles (sidérurgie, textile, houille), en crise, se restructurent
par des reconversions et des déconcentrations.
- Dans d’autres secteurs également, l’Allemagne domine : les articles de sports
(Adidas, Puma), l’optique (Zeiss et Leitz), la porcelaine, la céramique et les cristaux
(Villeroy et Bosch), les industries de musique (Hohner).

4) Une puissance commerciale et financière exceptionnelle

L’Allemagne est la 4e puissance commerciale du monde avec 9,2 % du commerce


international de marchandises. L’Allemagne enregistre des excédents commerciaux depuis
1951 (+ 177 milliards de dollars en 2004). Les exportations reposent sur des produits
manufacturés (chimie, automobiles, machines-outils surtout, soit 85 % du total), des
produits agricoles, des matières premières énergétiques et des produits semi-finis. Les
importations concernent essentiellement des produits finis, des matières premières
énergétiques et des produits semi-finis.
L’Allemagne réalise ¾ de ses transactions commerciales avec les pays de l’Union
européenne, au premier rang desquels figure la France (environ 10 %). Les atouts de la
puissance allemande sont : l’exportation de capitaux (investissements industriels à
l’étrangers), l’équilibre de la balance des paiements, la participation au budget
des organismes internationaux, les dépenses importantes effectuées par les
touristes allemands de plus en plus nombreux dans le monde et enfin la vie de relations
allemande repose sur des infrastructures de transports denses et efficaces.
Pour leur financement, les sociétés allemandes peuvent faire appel à la bourse (notamment
celle de Francfort, le DAX) ainsi qu'à un très solide système bancaire. Les banques

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allemandes (Deutsche Bank, Dresdner Bank, Commerzbank…) ont d'ailleurs


longtemps investi massivement dans les grandes entreprises industrielles.

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Un grand pays exportateur : la réputation du « made in Germany »


L’Allemagne est redevenue le champion du monde des exportations devant les Etats-Unis et la Chine,
s’offrant un excédent commercial de 164 milliards d’euros en 2006, alors que la France, elle, affiche un déficit
de 29 milliards d’euros. Les raisons de ce succès sont à chercher dans l’extrême spécialisation de l’industrie
allemande dans l’automobile, la chimie-pharmacie, l’électronique et les machines-outils.
La recherche de l’excellence, de la fabrication jusqu’à l’après-vente, font que la réputation du « made in
Germany » surpasse celle des autres pays exportateurs, notamment celle du Japon. Une machine allemande
ne tombe pas en panne et se revend d’occasion au même prix que neuve.
Alain Faujas, Jeune Afrique, n° 2423, du 17 au 23 juin 2007, p. 55.

III. Les défis de la nouvelle Allemagne

1) Une réunification qui coûte cher


La réunification de l’Allemagne avec ses 16 Länder est un véritable défi pour les
dirigeants allemands. Aujourd’hui, le PNB/hab. de l’Ouest est encore le double de
celui de l’Est. Les mentalités sont également différentes et l’Allemagne est « un Etat
qui a deux peuples ». La réunification se traduit par une série de chocs à la fois
financiers, psychologiques et économiques. Pour redresser l’économie de l’ex-RDA, il a
fallu investir massivement. C’est une gigantesque perfusion financière qui dure et
absorbe 5 % du PNB. L’endettement public a connu une hausse importante. Aussi la
réunification est-elle considérée comme « le mariage le plus coûteux du XXe
siècle ».

2) Une société en proie au doute


La pauvreté et le chômage gagnent de plus en plus du terrain. Pour la première fois
depuis 1945, l’Allemagne redevient un pays de chômage massif (10,6 % de la population
active en 2004). La géographie du chômage permet de distinguer trois Allemagnes : une
zone prospère au sud (taux moyen : 7 %), une Allemagne orientale sinistrée (18 %) et une
vaste zone intermédiaire.
Le vieillissement de la population est également source d’inquiétudes et le financement
des retraités s’avère problématique. Le déficit budgétaire se creuse. A cela, il faut
ajouter le risque d’une rupture avec l’économie sociale de marché et la
crispation des relations sociales à l’Est.
L’euphorie de l’unification a cédé la place aux désillusions :
- les ex-Allemands de l’Est apprécient la "liberté", mais regrettent certains avantages
sociaux et une façon de vivre dans l’ex-RDA ; ils se sentent étrangers dans leur propre pays
et traités de « citoyens de seconde zone » ;
- le démantèlement des combinats et des coopératives à l’Est a brisé l’organisation
sociale qu’ils assumaient. L’introduction du marché a rompu les solidarités. La
réunification est perçue à l’Est comme une « colonisation » ou une « absorption » ;
- les femmes sont les grandes perdantes de la réunification car elles découvrent le
chômage, le retour au foyer et se trouvent pratiquement sans aide ;
- réunifiée, l’Allemagne inspire des craintes. Paradoxalement, le pays paraît plus divisé
que jamais. Comme le remarque l’ancien chancelier Helmut Kohl, « l’unité es faite,
reste à unifier les Allemands ».
3) De grandes inégalités régionales
Comme dans tous les pays suffisamment vastes, des inégalités régionales existent en
Allemagne, récemment renforcées par la réunification du pays. A l’inégal dynamisme entre
le Nord et le Sud, s’ajoute le retard d’équipement de l’ancienne Allemagne de l’Est. On peut
ainsi distinguer une Allemagne « solide » (Sud et monde rhénan) et une Allemagne « en
marge » (Allemagne du Nord et de l’Est).

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4) Un rôle international à forger


Plus que jamais ancrée à l’Europe, l’Allemagne unie a besoin du cadre communautaire
pour faire accepter sa nouvelle dimension. Elle penche pour une Europe fédérale et a
joué un rôle déterminant dans l’élargissement de l’Union européenne aux pays
d’Europe centrale et orientale (PECO). Pour la diplomatie américaine, l’Allemagne,
« devenue la nation la plus importante en Europe », est naturellement l’interlocuteur
principal et occupe une place d’intermédiaire entre l’Est et l’Ouest. L’Allemagne
entend assumer une responsabilité internationale en adéquation avec sa
situation économique et géopolitique.
Pour asseoir sa crédibilité internationale, elle a demandé, à juste raison, un siège de
membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU dont elle est, depuis 1973, le
3e contributeur (9 % du budget onusien). Elle réclame également l’implantation de
nouvelles institutions internationales sur son territoire. Malgré un élargissement
de son rayonnement intellectuel, plusieurs attributs d’une superpuissance
manquent à l’Allemagne. L’allemand, langue parlée par 120 millions de personnes,
n’est pas une langue de travail de l’ONU, ni une langue officielle du Conseil de l’Europe.
Enfin, l’Allemagne ne dispose pas de points d’appui outremer.
Conclusion
L’Allemagne s’affirme comme une grande puissance économique mondiale.
Cependant elle est confrontée à des problèmes résultant de la réunification.
Aujourd’hui, l’Allemagne montre un attachement profond à l’Europe
communautaire. Comprendre les destins étonnants de ce pays permet de mieux saisir
les enjeux actuels de sa puissance.

Handicaps à l’Est
Aujourd’hui encore, les nouveau Länder (régions) de l’Est affichent de piètres résultats économiques : leur
productivité ne représente que 60 % de celle de l’Ouest. Le chômage demeure dramatiquement élevé (18 %)…
Même Berlin, pourtant capitale fédérale, n’est pas épargné par ce phénomène : 17 % de la population active y
est sans emploi – trois fois plus qu’à Munich. Dans l’ex-Allemagne de l’Est, malgré les aides massives
provenant de l’Ouest, le PIB par habitant ne dépasse pas, en moyenne, 60 % de celui de l’Ouest. Et les
salaires y sont, quant à eux, inférieurs de près d’un quart.
Tariq Zemmouri, Jeune Afrique, n° 2423, du 17 au 23 juin 2007, p. 60.

Les deux Allemagne.


Le décollage (Aufschwung) ne saurait pourtant faire oublier une autre réalité, moins reluisante : celle de la
persistance de fortes inégalités entre l’Ouest et l’Est… Une frontière invisible demeure entre Wessis
(habitants de l’Ouest) et Ossis (habitants de l’Est)… A l’Est, les retombées de la réunification se sont traduites
par un bouleversement économique et social sans précédent… Mais pas dans le sens espéré. Le passage d’une
économie communiste à une économie de marché a entraîné la restructuration, voire la fermeture de
nombreuses entreprises.
Face aux problèmes économiques rencontrés à l’Est, plus de 1,2 million d’Ossis – souvent les mieux formés –
ont tenté leur chance à l’Ouest… Vétustes et peu productives, mais aussi incapables de soutenir la
concurrence de leurs voisins slaves chez qui le coût de la main-d’œuvre est quatre fois moins élevé, de
nombreuses entreprises mettent la clé sous la porte…
Face à une telle situation, de nombreux Ossis se sentent orphelins d’un pays aujourd’hui disparu. S’estimant
être considérés comme des citoyens de seconde zone, ils regrettent un système – et un mode de vie – qui, en
fin de compte, leur assurait la sécurité de l’emploi, la gratuité des soins et la garantie d’un logement bon
marché, à défaut de leur offrir la liberté de s’exprimer et de se déplacer.
Cette nostalgie de l’Est est appelée Ostalgie. A l’Ouest, c’est le coût de la réunification qui est pointée du doigt
avec force. Car, malgré les aides massives apportées par les Länder occidentaux depuis 1991 (en moyenne
100 milliards d’euros par an, soit plus de 4 % de leur PIB annuel), l’Est ne parvient pas à rattraper son retard
économique. Ces transferts d’argent ont grandement contribué à plomber la croissance du pays depuis
quinze années. Au point que de nombreux Allemands de l’Ouest s’interrogent sur le bien-fondé d’une telle
aide pour un résultat aussi médiocre.
Tariq Zemmouri, Jeune Afrique, n° 2423, du 17 au 23 juin 2007, pp. 60-61.

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Leçon 8 : L’ECONOMIE FRANÇAISE (Ce cours est fait quand le Bac a lieu lors d’une année impaire)

Introduction
Située au cœur de la zone tempérée, la France jouit d’une situation géographique
privilégiée avec une superficie de 551 500 km2, c’est un pays de taille moyenne, au 48e
rang dans le monde. La Russie est 31 fois plus vaste, les Etats-Unis 17 fois plus et le Brésil
16 fois plus. En revanche, la France est le 3e pays le plus vaste d’Europe derrière l’Ukraine.
La Belgique est 18 moins étendue et l’Allemagne 1,5 fois plus petite. Avec une population
de 63 000 000 habitants, elle se place au 21e rang mondial et au 2e rang de l’Union
européenne derrière l’Allemagne. La France appartient au groupe des pays les plus riches
de la planète. Sa puissance économique repose sur une agriculture dynamique qui
bénéficie de climats et de sols favorables et sur une vieille tradition agricole, industrielle et
commerciale. Cependant l’économie française montre quelques signes de faiblesse.
I. Une économie mixte
La France est un des rares pays d’économie libérale où le rôle de l’Etat est très important.
1. L’importance du rôle de l’Etat
Le rôle de l’Etat s’est accru presque constamment, avec comme points forts trois grandes
périodes de nationalisations :
- sous le Front populaire (1936-1937), la création de la SNCF ;
- à la Libération (1944-1946), la nationalisation des charbonnages, du gaz, de
l’électricité, des usines Renault, des banques de dépôt et des compagnies d’assurances ;
- en 1982, la nationalisation de neuf groupes d’industries et de 36 banques.
Malgré les privatisations de 1986 et de 1987 avec le retour au privé des entreprises
nationalisées, l’Etat demeure, en France, le premier producteur, le premier employeur (5
millions de salariés) et le premier investisseur grâce à la gestion du budget national.
2. Un secteur privé hétérogène
Le secteur privé est très diversifié et la plupart des entreprises sont individuelles.
Longtemps, les PME ont dominé les structures françaises de production. Aujourd’hui
encore, les PME sont les plus nombreuses. Mais à côté, et sous l’effet de la concurrence
internationale, se sont développés de grands groupes industriels ou financiers, actifs à
l’échelle du monde : Peugeot-Citroën, Paribas, Saint-Gobain (verrerie, fonte,
céramique, plastiques), Suez, etc. Chacun de ces groupes emploie plusieurs milliers de
personnes.
3. Une économie néo –industrielle
Sous l’effet de la concurrence, l’économie française a été fortement bouleversée.
L’agriculture qui, longtemps, employa la majorité des Français, ne fournit plus que 2,7 %
des actifs. L’industrie, qui employa 39 % des actifs en 1975, recule à son tour (24,5 %
aujourd’hui. C’est le secteur tertiaire (les services) qui a profité du déclin des deux autres
secteurs et qui, aujourd’hui, emploie la majorité des Français (72,8 % des actifs). Ce sont
les caractéristiques d’une économie néo – industrielle, c’est-à-dire d’une économie
dans laquelle l’industrie n’est plus le principal employeur, mais qui continue de jouer un
rôle important.
II. La France, une grande puissance économique
La France constitue la 5e puissance économique mondiale (derrière les Etats-Unis, la
Chine, le Japon et l’Allemagne). Ses succès économiques sont néanmoins incontestables :
5e puissance commerciale du monde, 4e producteur industriel mondial, 2e fournisseur de
services de la planète, 2e exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires…
Son produit intérieur brut s’élève à 1 800 milliards d’euros (5e rang mondial). Son PIB /
hab. de 28 000 euros (16e rang mondial) place la France parmi les pays très riches de la
planète. Malgré un contexte de crise économique durable, le niveau de vie des Français est
l’un des plus élevés du monde.

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1. Une puissante agriculture modernisée


Avec seulement 0,7 % des terres agricoles du monde, la France st la première puissance
agricole de l’Union européenne (28 % de la production) et le 2e exportateur mondial
de produits agroalimentaires. Elle se place au 1er rang mondial pour la production de
vins et de betteraves à sucre, au 3e rang pour le lait, au 5e rang pour la production de
céréales. Ces résultats spectaculaires sont obtenus seulement par 3 millions
d’agriculteurs qui ne représentent que 2,7 % des actifs. Cette mutation est réalisée au
prix d’une véritable « révolution agricole » accompagnée par l’Etat et surtout pilotée par
l’Union européenne à travers le Fonds européen d’Orientation et de Garantie agricole
(FEOGA).
L’agriculture produit aujourd’hui de plus en plus pour le marché. Elle n’est plus
désormais que le seul maillon d’une chaîne agroalimentaire qu’elle ne contrôle pas car, en
amont, c’est l’industrie qui lui fournit les machines, les engrais et les semences qui lui sont
nécessaires et, en aval, ce sont les entreprises qui transforment et commercialisent les
productions. La répartition géographique des productions montre deux grands types
d’espaces agricoles :
- les espaces de forte production qui donnent à la France sa puissance agricole : les
céréales et les betteraves dans le Bassin parisien et dans le Nord, la production laitière en
Bretagne et en Normandie, la production légumière et fruitière dans la Vallée du Rhône, le
Languedoc, la Vallée de la Garonne et le Roussillon, les grands vignobles de l’Alsace, de
Bourgogne, du Bordelais, de Champagne… ;
- les espaces à faible production mais qui contribuent à entretenir le paysage rural,
principalement dans la France du Sud (Alpes, Massif central, Pyrénées…).
2. La quatrième industrie du monde
L’industrie qui emploie 24,5 % des actifs demeure un atout essentiel dans la compétition
internationale. Près de 90 % de la valeur des exportations du pays reposent sur les
produits de l’industrie. La France possède de grands groupes industriels : Atofina dans la
chimie, Renault et Peugeot-Citroën dans la construction automobile, Snecma dans la
conception des moteurs d’avions, Airbus dans l’aéronautique, TotalFinaElf dans le
secteur du pétrole, Alcatel dans les télécommunications, Carrefour dans le grand
commerce, EDF dans l’électricité, etc.
La dure concurrence internationale pousse la France, vieux pays industriel, à moderniser
ce secteur. Cette modernisation a fait que l’industrie ne cesse de perdre des emplois depuis
1974, au rythme de 150 000 par an. On distingue trois types d’industries :
- les industries en crise : la sidérurgie, le textile, la construction navale et le secteur de
la machine-outil ;
- les industries en restructuration : la construction automobile, traditionnellement
un des points forts de l’industrie française ;
- les industries en développement, c’est-à-dire les industries de la troisième
révolution industrielle comme l’électronique, l’informatique, les constructions
aéronautiques et aérospatiales, les biotechnologies…
Une partie de ces industries tend à se regrouper dans des zones industrielles situées dans
un environnement favorable, généralement dans les villes à fort dynamisme (les
technopoles).
L’industrie française fait également apparaître deux espaces séparés par la ligne Le
Havre – Marseille : à l’est, c’est la France industrielle mais qui connaît une grave
crise ; à l’ouest, c’est la France sous industrialisée à l’exception de quelques foyers
isolés (Nantes, Bordeaux, Toulouse…), constitués principalement d’industries récentes.
Aujourd’hui, on assiste à une redistribution vers l’ouest et le midi (sud) de la France.

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Dans le domaine de l’énergie, la consommation est importante. L’insuffisance des


ressources nationales pousse la France à recourir aux importations, à mener une politique
d’économie de l’énergie et à donner la priorité à l’électricité d’origine nucléaire (2e rang
mondial). Aujourd’hui, la France dispose d’excédents d’énergie qu’elle vend à ses voisins.

Source : A. Houot, Université d’Aix-Marseille

PRODUCTIONS AGRICLOLES FRANÇAISE (2004) Productions Rang mondial

Blé 39,461 5e
Produits agricoles (en millions Maïs 15,743 5e
de tonnes) Orge 10,999 5e
Pommes de terre 6,9 10e
Vin 4,8 1er
Elevage (en millions de têtes) Bovins 19,187 14e
Ovins 8,95 25e
Porcins 15,189 10e

Source : Atlaséco, 2006.

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3. Une grande puissance commerciale


La France est la 5e puissance commerciale du monde grâce à la compétitivité de ses
produits. Le solde des échanges de la balance commerciale est positif (+ 7 milliards de
dollars en 2004).
Les exportations portent sur les produits d’équipement et de transports (20 % du total),
les produits pharmaceutiques (13 %), les équipements électriques et électroniques (12 %),
l’acier et les équipements mécaniques (8 %), les produits de l’agriculture (5 %), les
parfums et les vêtements (4 %)… La France réalise l’essentiel de ses transactions
commerciales avec les autres pays de l’Union européenne (49 % des exportations et 60 %
des importations).
Les principaux produits importés sont les hydrocarbures, l’uranium, les produits
électroniques, les produits agricoles tropicaux…
Les Etats-Unis, l’Espagne, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie sont les cinq
premiers clients de la France. Le Maroc, premier partenaire commercial africain, pointe
au 18e rang des clients de la France.
4. Le tourisme
En France, l’activité touristique est très ancienne. Ce pays est la première destination
touristique mondiale (81 millions d’arrivées en 2010). Il s’y ajoute le tourisme des
Français en France. Désormais, le tourisme est le meilleur produit français à
l’exportation, qui dégage plus d’excédents commerciaux (+ 13 milliards d’euros en
2010) que l’agroalimentaire, l’industrie ou la construction aéronautique. Le secteur
touristique, à l’origine de 7 % du PIB, est un important pourvoyeur d’emplois (1
million en prenant en compte les transports) et offre une grande variété de produits
(tourisme en ville, tourisme culturel, tourisme « vert » en espace rural, tourisme sportif…).
Paris est de très loin le premier lieu touristique devant la Côte d’Azur, les Alpes du
Nord et les littoraux.

III. Les problèmes de l’économie française


D’une manière générale, l’économie française souffre chroniquement de deux maux : le
chômage et le déficit budgétaire
1) La flambée du chômage
La croissance ne profite pas à tout le monde. La montée continue du chômage, qui se
maintient à un taux très élevé (10 % de la population active), malgré les politiques
publiques successives d’aide à l’emploi, s’est accompagnée d’un développement
dramatique de la précarité, de la pauvreté et de l’exclusion. Les incertitudes sur l’avenir et
la persistance d’un fort taux de chômage ont incité les Français à maintenir une épargne
élevée. Celle-ci empêche une reprise de la consommation et fragilise les entreprises.
2. Un déficit budgétaire qui se creuse
L’ampleur du chômage menace le système de protection sociale (assurances
chômage, maladie et vieillesse, revenu minimum d’insertion – RMI –, politique familiale,
insertion des jeunes…) auquel la France consacre plus d’un quart de son PIB (28 %). La
lutte contre le chômage accroît le déficit budgétaire et, inversement, la lutte
contre le déficit budgétaire aggrave le chômage. En fin juin 2002, le déficit
budgétaire de la France s’élevait à 16 milliards d’euros, soit 3,4 milliards de plus qu’en
l’an 2000.

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3. Une influence internationale qui dégringole


La fin du bloc communiste modifie les atouts de la diplomatie française, qui ne peut
résister que plus difficilement à l'influence américaine.
a) Avec ou contre les États-Unis ?
L'Alliance atlantique avec les Etats-Unis reste le ciment de l'action internationale de la
France. A l'ONU, c'est l'accord entre les cinq grandes puissances qui permet d'aider à
l'organisation d'un monde multipolaire (création de l'Organisation mondiale du
commerce, OMC, interventions dans les zones de tension, création d'une cour pénale
internationale).
Pourtant, refusant d'accepter certains aspects de la politique extérieure américaine, la
France prend parfois la tête des pays qui s'y opposent : ainsi, elle critique l'appui trop
manifeste donné à Israël au détriment des Palestiniens, elle cherche à unifier une politique
étrangère européenne rivale de celle des Etats-Unis, et, en 2003, elle s'oppose à
l'intervention militaire en Irak. Cette attitude provoque l'hostilité des Américains, qui
comprennent mal les choix français, et, dans l'opinion française, le développement de
l'anti-américanisme.
b) Vis-à-vis des pays émergents
L'influence traditionnelle exercée par la France dans les pays issus de son ancien empire
colonial peine à se maintenir. L'Afrique compte moins dans les flux économiques
mondiaux, et l'économie française ne peut plus suffire à la soutenir. Quelques signes le
montrent : la dévaluation du franc CFA en 1994, le plafonnement de l'aide économique, les
difficultés rencontrées lors des interventions militaires (Rwanda, 1994 ; Côte d'Ivoire,
2003). Au Moyen-Orient et dans le monde arabe, l'influence française ne contrebalance
plus la puissance américaine. Et la diplomatie française n'est pas la mieux placée dans les
deux zones en croissance rapide que sont l'Europe de l'Est et l'Asie.
Conclusion
La France reste une puissance moyenne, mais qui bénéficie de son passé de grande
puissance et de son héritage culturel. L’économie française tient son rang et figure aux
places d’excellence. Puissance agricole et industrielle, la France possède quelques uns des
mastodontes les plus performants de l’économie mondiale. En contrepoint de ce tableau
plutôt flatteur, les signes de faiblesse de l’économie française sont légion (chômage, déficit
budgétaire, xénophobie latente). La France a du mal à rattraper le retard accusé depuis
longtemps sur le tiercé dominant de l’économie mondiale (Etats-Unis, Japon, Allemagne).

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3e Partie : L’ASIE – PACIFIQUE


Chapitre I : PRESENTATION GENERALE
Leçon 9 : L’ASIE PACIFIQUE : LES FACTEURS D’EMERGENCE ET LEURS
LIMITES
 Introduction
L’Asie – Pacifique correspond à la façade asiatique de l’Océan Pacifique. Cette région du
monde a été secouée par quarante années de guerres dévastatrices causées par le
militarisme et l’expansionnisme japonais et, depuis 1945, par des mouvements de
décolonisation plus ou moins violents. La Corée, le Vietnam et le Cambodge ont
dramatiquement subi les conséquences de la guerre froide. Au début du troisième
millénaire, l’Asie – Pacifique reste la région la plus peuplée du monde. Elle a connu,
au cours des années 1980 et 1990, une remarquable dynamique de développement et
de modernisation, une réussite exemplaire, d’où la référence au « miracle
asiatique ». Mais, à partir de 1997, l’Asie – Pacifique est profondément secouée par une
crise économique dont les effets persistent encore. Cet effondrement économique et social
fait penser à la fin du « miracle asiatique » et, en tout cas, remet en cause le modèle de
développement de l’Asie – Pacifique.

I. Les facteurs d’émergence de l’Asie – Pacifique


La réussite économique spectaculaire de l’Asie – Pacifique repose sur l’Asiatisme, sur une
industrie puissante qui fournit une grande part du PNB et des emplois, sur la
constante intervention de l’Etat et sur une main-d’œuvre abondante et
disciplinée.
1) L’industrialisation à tout prix
Les pays de l’Asie - Pacifique sont passés d’un stade d’économies agraires de subsistance à
celui d’économies industrielles. C’est le cas en particulier des Nouveaux Pays
industrialisés (NPI) appelés aussi « pays – ateliers ». Les activités industrielles
reposent sur trois domaines principaux : la construction navale, l’industrie textile
(confection) et l’industrie électronique. Toutes les activités industrielles sont
dépendantes des firmes multinationales américaines, européennes ou japonaises qui
assurent 80 % des investissements. Les firmes multinationales profitent aussi des
avantages proposés par les Etats par le biais des politiques de déréglementations avec la
multiplication des Zones franches industrielles (ZFI) ou des Zones économiques
spéciales (ZES). L’étroitesse du marché intérieur de la plupart des pays de l’Asie –
Pacifique les oblige à exporter leurs productions, donc à mettre en place des économies
extraverties.
2) Le rôle de l’Etat
L’intervention de l’Etat est presque partout constante à travers la définition des choix
économiques, les financements des entreprises publiques, les mesures fiscales destinées à
favoriser l’implantation de sociétés étrangères. L’Etat contribue aussi au contrôle des
syndicats à faire accepter aux jeunes et aux femmes des salaires bas et imposer de dures
conditions de travail aux salariés (longue durée du travail hebdomadaire, vacances
réduites). Aussi les régimes politiques de nature autoritaire ont-ils longtemps
prospéré en Asie – Pacifique. Par exemple, Taiwan a vécu 38 ans de loi martiale.
D’autres pays comme Singapour, la Malaisie, la Chine, l’Indonésie, la Birmanie
(Myanmar) connaissent également des régimes despotiques.

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www.carto-gh.com/Cartographie/Asie-orientale/Asie-Orientale_aire-de-puissance.htm

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3) Un énorme réservoir démographique


L’espace Asie – Pacifique est le plus grand réservoir de population du monde (plus de 2
milliards d’habitants). Par ailleurs, la croissance économique et démographique a
provoqué une explosion urbaine qui représente un défi immense pour les sociétés
asiatiques. La population urbaine de l’Asie – Pacifique passera de 991 millions
d’habitants en 1990 à 2,24 milliards en 2020. Le développement durable de
l’Asie – Pacifique doit alors résoudre un problème essentiel : prévenir la destruction
de l’environnement tout en évitant des crises sociales incontrôlables. Par
conséquent, la maîtrise de la démographie doit passer par des politiques énergiques
s’appuyant sur une large information, sur la contraception, la libéralisation de
l’avortement et de la stérilisation, la lutte contre l’immigration. Des pays comme
la Chine, le Japon, l’Indonésie, Singapour se sont déjà engagés résolument dans cette voie.
En résumé, l’Asie – Pacifique est une région du monde qui semblait promise à un avenir
radieux compte tenu des taux de croissance élevés des pays de la zone, de leur rapide
industrialisation, de l’amélioration rapide du niveau de qualification de la
population et de leur dynamique de développement soutenue. Les nations de
l’Asie – Pacifique sont sur le point de rejoindre le club très fermé des pays les plus
développés. Mais leurs stratégies de développement basées sur une croissance sauvage,
le recours aux firmes multinationales, l’exploitation et une forte ouverture vers
l’extérieur montrent actuellement leurs limites. En effet, depuis juillet 1997, une crise
aussi profonde que la grande dépression économique des années 1930 d’après la
Banque mondiale a fait vaciller toute l’Asie – Pacifique.
Les moteurs du dynamisme en Asie orientale.
L'Asie participe de plus en plus au commerce mondial. Les années 1990 ont vu le volume des exportations de
cette partie du monde progresser rapidement [...]. Or cette progression s'accompagne d'une évolution
qualitative des produits exportés [...]. La croissance en Asie a été très largement « tirée » par la promotion
des exportations industrielles ou de services. La population abondante, la faiblesse des ressources naturelles
orientaient le développement vers les exportations manufacturières. Il s'agissait dans un premier temps de
répondre aux demandes mondiales de biens industriels de grande consommation [...]. L'exemple japonais a
beaucoup influencé les pays libéraux de l'Asie mais le commerce extérieur tient aussi une place de choix dans
la stratégie des pays d'économie socialiste. La Chine profite d'un contexte différent dans la mesure où elle
dispose, à la différence de Taiwan, de la Corée du Sud, de Singapour ou de Hongkong, d'un vaste marché
intérieur [...]. Les cas de Hongkong et de Singapour sont très particuliers dans la mesure où l'activité
d'entrepôt(1) et le commerce ont toujours été la vocation majeure. La position de ces villes-États(2), sur des
routes maritimes essentielles prédisposait les cités à des fonctions commerciales.
Jean-Pierre Paulet, L'Asie et la mondialisation : croissance et crises, Ellipses, 1999.
(1.) Activité d'entrepôt : activité qui s'articule autour du stockage et de la redistribution des marchandises échangées.
(2.) Depuis 1997, Hongkong est rattachée à la Chine ; seule Singapour est indépendante.

II. Les limites des modèles de développement de l’Asie – Pacifique


1) Sur le plan économique
La survie des pays de l’Asie – Pacifique passe une adaptation permanente à
l’économie – monde. Les économies sont vulnérables et dépendantes des
marchés extérieurs. L’âge d’or de l’Asie – Pacifique, fondé sur une croissance
exponentielle, un développement industriel accéléré et le consensus social, est
révolu. La crise structurelle des économies, fondées sur des branches exportatrices, semble
évidente. Par exemple, la Corée du Sud exporte 30 % de sa production, Taiwan 55 %.
Or les exportations de ces pays sont toujours à la merci des mesures protectionnistes
de certains clients comme le Japon ou les Etats-Unis. En ce qui concerne les
exportations, les pays de l’Asie – Pacifique sont en général soumis aux fluctuations des
cours des matières premières (exemple : les contrecoups des chocs pétroliers). Enfin,
l’extraversion économique accentue la dépendance technique, commerciale et
financière de même que la concurrence entre pays à évolutions comparables.

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2) Sur le plan social


Les transformations économiques rapides ont été génératrices de difficultés sociales
majeures. En effet, l’élévation du niveau de vie et d’instruction de la population encourage
l’aspiration à la démocratie et au respect des droits de l’homme. Ainsi
l’autoritarisme et le caractère répressif des pouvoirs politiques sont moins bien
acceptés par les populations aujourd’hui. La multiplication des revendications
démocratiques en Thaïlande, en Indonésie, en Birmanie (Myanmar), en Chine,
prouve que sans démocratie, la croissance et le développement ne peuvent être
durables.
Par ailleurs, les nouvelles exigences des citoyens ont renchéri de façon notable le coût du
travail. Ce processus encourage le capital à aller se placer dans d’autres régions du monde.
On observe aussi une hausse vertigineuse de chômage urbain et de la pauvreté. Le
« miracle asiatique » est en train de se transformer en cauchemar pour des millions de
travailleurs qui découvrent le chômage de masse. Entre 1997 et 1998, le taux de chômage
est passé de 2,6 % à 5,2 % en Malaisie, de 2,2 à 6 % en Thaïlande, de 2,3 à 8,1 % en en
Corée du Sud, de 4,9 à 11 % en Indonésie.
Sans la moindre convention sociale, les licenciements massifs font augmenter la
pauvreté et la xénophobie (exemple : la minorité chinoise en Indonésie). Le modèle
asiatique a donc besoin d’une dimension sociale et démocratique, de politiques de
développement permettant d’éradiquer la corruption et d’atténuer les inégalités sociales.
3) Sur le plan sur le plan de l’environnement
La croissance économique à tout prix et l’explosion urbaine posent le problème du
développement durable de l’Asie – Pacifique. De plus en plus, cette région du monde se
distingue par la pauvreté, la pollution de l’air, de l’eau, des sols et la destruction
de la biodiversité. Le prix humain et écologique du décollage économique est donc
extrêmement élevé.
Le modèle de développement asiatique secrète dans les villes et les régions industrielles
pollution, déchets et nuisances de toutes sortes. En outre, on observe une
destruction à grande échelle des forêts en Thaïlande, en Indonésie, aux Philippines.
Le cas de Taiwan est également très préoccupant. En 1950, on comptait dans ce pays
6 000 usines, il y en avait 95 000 en 1996. La pollution constitue un sérieux problème
pour les nations de l’Asie-pacifique. Par exemple, Bangkok (capitale de la Thaïlande),
Pékin (capitale de la Chine), Manille (capitale des Philippines), Taipei (capitale de
Taiwan) rivalisent avec les grandes villes industrielles européennes et américaines dans le
domaine de la pollution.
 Conclusion
L’Asie – Pacifique a connu près de trois décennies de remarquables dynamiques de
développement et de modernisation. Cette évolution a fait surgir des économies
industrielles à la place d’économies agraires de subsistances. En plus, elle a catalysé des
évolutions sociales notables avec la naissance de classes moyennes urbaines. Cette
émergence de l’Asie – Pacifique apportait un démenti cinglant à la fatalité du sous-
développement. Mais cet élan économique qui faisait penser au « siècle asiatique »
vient d’être brisé et le déclin économique s’est doublé d’une régression sociale
d’une ampleur énorme. La faillite du capitalisme asiatique montre bien que l’Asie –
Pacifique, dans sa plus grande partie, est loin de disposer de toutes les garanties
pour devenir un nouveau centre. Pour l’avenir, l’Asie – Pacifique doit consolider des
Etats de droit, donnant la priorité à la justice sociale, à la démocratie, aux droits de
l’homme et non aux seuls marchés.

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Chapitre II : LE JAPON
Leçon 10 : LE MODELE ECONOMIQUE JAPONAIS : CARACTERISTIQUES ET
PROBLEMES

 Introduction
La réussite économique spectaculaire du Japon a été souvent qualifiée de miracle. En
effet, entré tardivement dans l’ère industrielle, écrasé en 1945, le Japon a rattrapé son
retard avec une rapidité impressionnante. Aujourd’hui, le Japon est la 3e
puissance économique et la 1re puissance technologique du monde. Ses
performances industrielles, ses excédents, son poids financier font du Japon une grande
puissance économique. On peut ajouter à cela que le Japon dispose d’une population
nombreuse, dynamique, cohérente et bien formée. Ensuite, on peut relever
l’organisation de ses structures économiques et l’efficacité de ses stratégies de
croissance évolutive. Cependant, le Japon révèle encore des signes de fragilité
comme la dépendance extérieure, les déséquilibres spatiaux, l’absence
d’influence politique et culturelle majeure. En plus, les problèmes qui ont secoué
l’Asie – Pacifique ont plongé le Japon dans la plus grave récession économique de
l’après-guerre. Une réforme de fond du système économique nippon a permis une
reprise depuis le début du troisième millénaire.

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I. La deuxième puissance économique du monde

1. Une grande puissance industrielle et technologique

La manifestation la plus évidente de la puissance japonaise est la place de son industrie qui
fournit 13 % de la production industrielle mondiale. Dans beaucoup de domaines, le Japon
a un palmarès exceptionnel grâce à des productions massives et de qualité.
En premier lieu, le Japon dispose de puissantes industries lourdes comme la
sidérurgie, classée au premier rang mondial grâce à Nippon Steel, les constructions
navales pour lesquelles le rôle de premier plan du « Pays du Soleil Levant » est
manifeste. La chimie lourde se classe au 2e rang mondial derrière celle des Etats-Unis.
Ensuite, dans les années 1960 et 1970, l’Etat japonais a privilégié l’industrie
automobile et les constructions mécaniques. D’ailleurs, la construction automobile
japonaise a occupé la première place mondiale de 1980 à 1994, grâce à un vaste marché
intérieur, à des technologies modernes et à des modes de gestion efficaces.
Parmi les grandes firmes automobiles, on peut citer Toyota (1er rang mondial) et Nissan
(4e). Dans le domaine des textiles synthétiques, le Japon a également réussi des percées
remarquables.
Les industries de pointe et de haute technologie constituent l’orientation essentielle
pour ce troisième millénaire : constructions électriques et électroniques, informatique,
robotique, biotechnologies. Dans ce domaine, on peut citer de grands groupes de renom
comme Sony, Toshiba, Hitachi… Toutefois, pour les industries aéronautiques et
aérospatiales ainsi que pour la production de logiciels, les capacités du Japon paraissent
encore insuffisantes.
2. Une grande puissance commerciale et financière
Le Japon réalise le premier excédent commercial du monde. En 2011, par exemple,
le Japon a réalisé un excédent de plus de 200 milliards de dollars. Les exportations
portent exclusivement sur les produits industriels comme les automobiles, les navires,
les textiles, les produits électriques et électroniques. Le Japon se présente comme
un « vendeur surdoué et agressif » grâce à des sociétés de commerce (les Sogo
Shosha) qui collectent les informations et commercialisent les produits. Ces Sogo
Shosha constituent les fers de lance des exportations japonaises. Cette stratégie
commerciale repose sur deux principes : l’étude des besoins du marché mondial et
la protection du marché national malgré l’appartenance du Japon à l’Organisation
mondiale du Commerce (OMC). En outre, le consommateur japonais a un
comportement très nationaliste, c’est-à-dire une habitude de consommer d’abord
japonais.
Premier créancier de la planète, le Japon est aussi devenu la première puissance
financière du monde à travers ses excédents commerciaux et son importante épargne
intérieure. La Bourse de Tokyo (le Kabuto Cho) est la deuxième place boursière du
monde (l’indice Nikkei). De même, le yen est devenu l’une des monnaies les plus solides
du monde.
3. Le Japon et la région Asie – Pacifique
Actuellement, le Japon effectue un recentrage sur la région Asie – Pacifique et tente
de structurer autour de lui l’activité économique de cet espace pour mieux faire face à
l’ALENA et à l’Union européenne. Ainsi, la création de l’Asian Pacific Economic
Cooperation (APEC) en 1989 et le projet de mise en place d’une Zone de Libre
Echange avec notamment la Corée du Sud et la Chine pour 2020 entrent dans le
cadre de cette stratégie. Dans l’Asie – Pacifique, le Japon intervient principalement par ses
investissements. Ainsi, 60 % de l’aide publique japonaise au développement sont
réservés à cette région. Malgré les réticences culturelles et politiques de ses partenaires

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en raison du passé impérialiste de l’ « Empire du Soleil Levant », notamment la Chine, le


Japon arrive de plus en plus à construire un espace économique intégré et de
partenariat en Asie – Pacifique.
Au total donc, le Japon est incontestablement parvenu au stade de géant économique
qui étonne et inquiète. Quels sont les instruments de la puissance japonaise ?

La puissance de l’industrie automobile japonaise


12 millions de véhicules produits en 2007, le Japon passe devant les États-Unis (2ème) et la Chine (3ème).
Nissan et Toyota passent encore pour les plus rentables (www.oica.org). Les majors de l’industrie automobile
mondiale sont en 2007 : 1. GMC, 2. Toyota et 3. Ford. En 1998, le classement était GMC, Ford, Toyota. Pour
2008, le classement est Toyota, GMC et Ford. La voiture qui s’est le mieux vendue au monde est la Toyota
Corolla (35 millions) devant la Golf VW (25 millions). En 2005, le Japon est le premier exportateur avec une
balance excédentaire supérieure à la RFA. Les Etats-Unis sont le premier importateur. Le marché japonais
actuel ne progresse plus. Le taux de motorisation au Japon est de 600‰ en 2005 (800‰ aux Etats-Unis). Il
était de 0,5% en 1960. La croissance actuelle se fait sur les marchés extérieurs (60% des véhicules produits).
D’après La conquête du monde par Toyota ?, Yves Boquet, Professeur université Bourgogne.

"Le Japon, nouvelle référence du consommateur asiatique."

La "pop culture" japonaise fait vendre. Alors que l'économie japonaise sort à peine d'une longue crise, sa
culture populaire ne s'est jamais aussi bien exportée. Au point, en Asie, de l'emporter sur la référence
américaine. Les spécialistes en marketing appellent cela le J-Sense- le sens japonais issu du monde des
mangas (BD), des jeux vidéo, en passant par la musique populaire et les dessins animés. Les grandes
marques qui se lancent à l'assaut de l'Asie, particulièrement du marché chinois, se mettent au diapason de
cette nipponemania pour séduire la jeunesse locale (...). Seul pays, avec les Etats-Unis, à générer une culture
de masse exportatrice, le Japon des années de crise récolte à travers le monde les produits de son "produit
national cool". "En dix ans les exportations culturelles du Japon - incluant la science et la technologie, c'est-
à-dire les brevets - ont été multipliées par trois, alors que les exportations de produits, elles n'ont augmenté
que de 21 %, observe Tsutomu Sugiura, spécialiste des industries culturelles à l'institut de recherche
Marubeni (...)".
Le Monde, 8 décembre 2003.

II. Les instruments de la puissance japonaise


1. La population, premier atout du Japon
Le territoire japonais porte sur ses 377 800 km2 une population de 127 000 000
habitants, soit une densité de 336 hab/km2. Le Japon est la 10e puissance
démographique du monde. Il dispose d’un précieux capital humain. En effet, la
population active est nombreuse et très bien formée. Le niveau professionnel à
l’embauche est très élevé et tout cela représente un atout pour les entreprises. L’ardeur
au travail caractérise aussi la main-d’œuvre japonaise. On peut même parler de « religion
du travail » se manifestant par 44 heures par semaine, de nombreuses heures
supplémentaires et seulement 20 jours de congé payés contre 36 en France. Par
ailleurs, la société japonaise a un niveau de vie parmi les plus élevés du monde. Elle
est la première société de consommation d’Asie et la deuxième du monde après les
Etats-Unis. Avec le critère du PNB/hab, comme celui de l’IDH, le Japon se classe des les
dix premiers. La quête du consensus et la solidarité demeurent les principaux
fondements la société japonaise. Presque partout, la priorité est donnée au consensus
plutôt qu’aux querelles, à l’intérêt collectif plutôt qu’à l’intérêt individuel. En plus, les
Japonais accordent une importance fondamentale aux liens communautaires
(famille, entreprise, Etat) et au respect de la hiérarchie hérités de la religion
shintoïste et de l’influence confucéenne. Cette soumission au groupe et au
patron explique que les travailleurs n’hésitent pas à porter l’uniforme de l’entreprise, à

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chanter l’hymne de l’entreprise ou à se plier aux séances de gymnastique au sein de


l’entreprise.
2. Une organisation économique originale et efficace
En premier lieu, les structures de l’économie sont largement concertées. Par
exemple, dans la majorité des entreprises, les « cerces de qualité » réunissent les
employés d’un même service pendant des heures pour étudier collectivement les moyens
d’améliorer la qualité du produit et de la productivité. La concertation s’effectue aussi
entre les dirigeants des entreprises organisés dans le Keïdanren, les milieux
d’affaires (Zaïkaï) et le pouvoir politique.
D’ailleurs, l’Etat joue un rôle très actif dans l’organisation économique du
Japon. Cette tradition interventionniste remonte à l’ère Meiji (1868).
L’intervention de l’Etat s’effectue par l’intermédiaire du ministère du Commerce
international et de l’Industrie ou MITI (Ministry of International Trade and
Industries). Grâce à cet organe, l’Eta planifie de façon souple l’économie, définit les
objectifs prioritaires, oriente la politique financière, etc.

Les recettes inattendues de la reprise japonaise


La reprise s’est amorcée il y a quatre ans, mais nombreux sont les observateurs étrangers qui n’en ont pas
encore reconnu la réalité. Peut-être préfère-t-on, par une sorte de joie maligne, entendre parler des malheurs
de ce pays. Peut-être cette reprise apparaît-elle controversée, voire chimérique, parce qu’elle elle va à
l’encontre de la « sagesse » conventionnelle…
De 1990 à 2001, le Japon a connu un marasme…
Durant cette période, l’économie américaine, elle, surfait sur le haut de la vague. Pour les experts, les
Japonais n’avaient donc qu’une voie à emprunter, celle des Etats-Unis. Les remèdes proposés pour relancer
la croissance nippone contenaient exactement les ingrédients censés avoir remis sur pied l’économie
américaine dans les années 1990 : déréglementation, entrepreneuriat, rôle prépondérant des dividendes et de
la valeur « actionnariale ».
Si la reprise japonaise n’est pas due à un changement institutionnel profond, à quoi l’attribuer ? A la Chine,
devenue le premier partenaire commercial, devant les Etats-Unis, et qui représente un facteur important de
ce redressement. Il y a aussi d’autres raisons. Les entreprises investissent dans toute l’Asie et ont développé
de nouveaux liens commerciaux, notamment avec l’Inde. Autre facteur : la confiance retrouvée des
consommateurs et l’optimisme des investisseurs (ce que John Maynard Keynes appelait les « esprits
animaux »), qui s’autoalimentent et génèrent de la croissance. Sans oublier les fusions bancaires pilotées par
le gouvernement, qui ont remis sur pied le secteur financier ; une politique monétaire moins stricte dirigée
par le gouverneur de la Banque du Japon Toshihiko Fukui, qui a poursuivi, jusqu’à ces dernières semaines,
une politique de taux d’intérêt zéro.
Stanford M. Jacoby, Le Monde diplomatique, mai 2006, pages 1 et 18.

Dans l’organisation de la production, on observe une coexistence entre conglomérats


géants (Mitsubishi, Sumitomo, Nippon Steel, Honda, Toyota, etc.) et une foule de
PME – PMI. Ces dernières sont à la pointe de l’innovation technologique et font preuve
d’un dynamisme remarquable. Les PME agissent en général comme sous-traitants
d’entreprises plus importantes et, lors des périodes de récession (crise), amortissent les
chocs des fluctuations économiques. Dans les PME, la mobilité des travailleurs est plus
grande, les salaires plus bas, les avantages sociaux moins importants. Les employés sont
souvent des femmes, des retraités et des paysans qui travaillent à temps partiel.
3. Des stratégies de croissance évolutive
a)Une situation catastrophique après 1945
Après sa capitulation en 1945, le Japon était dans une situation économique difficile
en raison des pertes démographiques, territoriales et économiques
considérables. Les Américains avaient décidé en plus de démanteler les Zaibatsu
(littéralement « cliques financières », remplacées par les Zaïkaï) hérités de
l’impérialisme japonais. L’empereur est réduit à un rôle symbolique. Mais la victoire du
communisme en Chine et en Corée conduit les Etats-Unis à signer le Traité de Paix de

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San Francisco avec le Japon le 8 septembre 1951 (en vigueur le 28 avril 1952), à
cesser l’occupation militaire et à faire de ce pays un allié dans la guerre froide. Ainsi, les
commandes américaines pendant la guerre de Corée ont relancé l’économie japonaise.
b) La période de haute croissance japonaise de 1955 à 1973
Cette période d’une vingtaine d’années a à peu près suffi au Japon pour se hisser au rang
de grande puissance. C’est la demande intérieure qui a joué un rôle moteur dans cet
essor. Le Japon utilise aussi le contexte d’ouverture du commerce international pour
conquérir des marchés extérieurs. Pendant la période de haute croissance, le PNB du
Japon a triplé et les taux de croissance ont atteint 15 % en moyenne.
c) Le rôle des deux chocs pétroliers et la hausse du yen
Les chocs pétroliers (1973 et 1979) ont conduit le Japon à adopter de nouvelles
stratégies. Dès lors, le MITI est devenu le chef d’orchestre des restructurations
industrielles, des délocalisations d’activités et du redéploiement du commerce
extérieur. Contrairement aux autres grands pays industriels, le Japon fait figure de
relative exception car il a réussi à renouer avec la croissance plus rapidement. Dès lors, le
yen a supplanté le dollar à la fin des années 1980. Mais cette hausse du yen a renchéri
les exportations japonaises et a amené les entreprises à faire de nouveaux efforts. On
évoque souvent l’économie et la société du Japon comme un modèle de cohésion et
d’organisation. Pourtant, le Japon subit un certain nombre de contraintes réelles. En
outre, depuis la crise asiatique de 1997, le Japon a du mal à redresser la situation
économique difficile (système bancaire sinistré, forte contraction du crédit, stigmatisation
de la demande intérieure, chômage et déchirure sociale).

III. Les limites de la puissance et du modèle économique japonais


1. Un espace déséquilibré

2. La dépendance extérieure
a) Une dépendance énergétique et alimentaire
Les insuffisantes ressources du sol et du sous-sol placent le Japon dans une
situation de dépendance énergétique, minière et alimentaire. Dans le domaine
énergétique, 85 % de l’énergie consommée par le Japon sont importés. Pour réduire cette
forte dépendance énergétique, le Japon oriente son choix vers le nucléaire. Pour les
ressources minières, les importations sont également massives : 100 % de la bauxite, 98
% du fer, 75 % du nickel, etc. Sur le plan alimentaire, la production agricole ne
couvre que 50 % des besoins du pays. Le Japon est ainsi devenu le premier
importateur mondial de produits alimentaires (blé, viande, sucre, soja, etc.). Seules
les productions de riz et de la pêche sont relativement suffisantes. Au total, l’agriculture
japonaise ne réalise que 2 % du PIB avec 5 % de la population active. Beaucoup de
contraintes pénalisent l’agriculture du Japon : la taille très petite des parcelles, la
diminution rapide du nombre des agriculteurs à temps partiel, l’hégémonie de la culture
du riz au détriment des fruits et légumes, etc.
b) La dépendance vis-à-vis du marché américain
Bien que le nationalisme du consommateur japonais soit réel, le marché intérieur est
très étroit pour les capacités de production et d’investissement du Japon.
Ainsi, les Etats-Unis sont devenus le premier partenaire commercial de
l’archipel nippon. D’ailleurs, la croissance du Japon s’aligne presque sur celle des Etats-
Unis. De plus, la baisse du cours du yen est en général la conséquence de la baisse du
dollar. Cette situation explique pourquoi le Japon accepte de subir les contraintes
commerciales ou autres pressions économiques de la part des Etats-Unis.

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3. Une société qui s’interroge

La panne de la croissance japonaise, due à des effets conjoncturels et structurels, a affecté


la société. En premier lieu, le vieillissement de la population pose un problème de
pénurie de main-d’œuvre. Plus de 25 % de la population on plus de 65 ans contre 20 %
en France et 16 % en Allemagne. En second lieu, la récession économique fait
apparaître le phénomène de la pauvreté. Les « trois trésors » (emploi à vie, salaire à
l’ancienneté, syndicat d’entreprise) sont incompatibles avec la nouvelle situation
économique du Japon. Ainsi, les suppressions d’emplois se multiplient et on observe
dans le même temps la montée du chômage.
4. Le Japon demeure un nain politique et culturel

La Constitution du Japon de 1946 lui interdit de déployer l’armée à l’extérieur et


d’entrer en guerre. L’arme nucléaire est bannie. Le budget de la Défense ne dépasse
pas 1 % du PIB. Ainsi donc, le Japon ne peut être un acteur majeur de la scène
diplomatique mondiale. Sur les plans politique et culturel également, l’influence du Japon
n’est pas dominante. Pourtant, le Japon est le 2e contributeur de l’ONU (19 % du
budget de l’ONU). La contribution du Japon à la gouvernance mondiale n’est pas
reconnue à sa juste valeur.

Le Japon dans le concert des nations ?


Le Japon, qui se distingue par l’importance de son apport financier au budget de l’Organisation des Nations
unies, ne cesse de la répéter : en tant que deuxième puissance économique mondiale, il a la capacité
d’assumer les plus grandes responsabilités à travers sa contribution active au travail de l’institution, en
particulier au sein du Conseil de sécurité. Depuis son admission en 1956, sa coopération avec les Nations
unies constitue la pierre angulaire de la politique étrangère nippone. L’archipel, en effet, s’investit plus que
n’importe quel Etat membre dans les principaux problèmes planétaires. Avec une coopération financière
d’environ 20 %, il est le deuxième contributeur au budget général de l’Organisation derrière les Etats-Unis
(22 %). Seule sa cotisation dépasse celle – cumulée – des quatre autres membres permanents du Conseil de
sécurité : la France, la Chine, le Royaume-Uni et la Russie (17 %).
Aussi le pays du Soleil-Levant est-il très présent sur la scène internationale. De la reconstruction de
l’Afghanistan à la lutte contre le terrorisme, Tokyo joue un rôle non négligeable.

Coumba Diop, Jeune Afrique, n° 2300, du 6 au 12 février 2005, pp. 68-69.

 Conclusion

Le Japon demeure donc de façon paradoxale un géant économique mais un nain


politique, militaire et culturel. Sur le plan économique, le Japon dispose d’atouts
considérables lui permettant de participer pleinement à la mondialisation. Cependant,
depuis la crise de 1997, les plans de relance de l’économie japonaise traduisent
l’opposition entre le libéralisme occidental et le conservatisme nippon. Le Japon a initié
une alternative à la crise à travers la politique néolibérale de l’ancien Premier Ministre
Junichiro Koizumi.

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Chapitre III : LA CHINE


Leçon 11 : LA CHINE : LES PROBLEMES DEMOGRAPHIQUES

 Introduction

La Chine est, avec une superficie de 9 600 000 km2, un Etat – continent, le 3e du monde
par sa superficie. Elle est aussi le premier pays de la planète pour la population avec 1,3
milliard d’habitants, soit 21 % de l’humanité et une densité de 134 hab/km2. C’est
pourquoi la Chine est souvent appelée « l’Empire du Milliard ». Cette masse humaine
se caractérise par une croissance démographique assez forte mais en baisse
depuis le début des années 1980, par une occupation inégale de l’espace, par une
grande diversité ethnique source de revendications identitaires. Ainsi, la Chine
doit relever un triple défi : ralentir la croissance démographique, réduire les
inégalités de peuplement et réaliser l’intégration intelligente des nationalités
minoritaires.

I. Croissance et politiques démographiques

1. Le triomphe de la thèse optimiste

De 1949 jusqu’au début des années 1990, la Chine a connu des hésitations, voire une
absence totale de politique démographique. Mao Zedong aimait déclarer : « plus on est
nombreux, mieux l’ouvrage se fait ».
Dès lors, pendant la plus grande période maoïste, la limitation des naissances était vue
comme un instrument des pays capitalistes pour mieux dominer le Tiers Monde. La Chine,
cumulant alors la plupart des aspects du sous-développement, avait besoin de bras
nombreux pour accroître la production et le bien-être social. C’est la raison pour laquelle
les politiques antinatalistes tentées entre 1955 et 1957 et en 1962 n’ont pas été
durablement appliquées.
En effet, des campagnes de limitation des naissances ont été interrompues par des
politiques encourageant la natalité comme pendant le « Grand bond en avant » et
la « Grande Révolution culturelle prolétarienne ». Ainsi, de 1949 à 1976, la
population chinoise n’a cessé de croître avec un taux proche de 3 %. Le taux de natalité
dépassait régulièrement 35 %o. Pendant toute la période maoïste, la croissance
démographique a été plus rapide que celle de la production alimentaire d’où
l’importation annuelle de 10 à 20 millions de tonnes de céréales. En plus, le
chiffre énorme de la population provoquait également des difficultés dans le logement,
l’éducation, l’emploi, les transports, etc. A partir de 1979, pour faciliter le
développement économique de la Chine, une politique antinataliste ferme a été mise
en œuvre. L’explosion démographique est désormais comme incompatible avec la
modernisation socialiste de l’économie chinoise.

2. La politique de l’enfant unique

Amorcée à partir de 1979, cette politique avait pour objectif d’encourager l’enfant
unique et d’empêcher plus de deux naissances par famille. La politique de l’enfant
unique est l’une des politiques démographiques plus contraignantes et les plus
volontaristes du monde. La politique de l’enfant unique prévoit des avantages sociaux
pour les couples avec un seul enfant comme bonus sur le salaire des parents, un congé
de maternité de 6 mois, la priorité dans les crèches et les magasins
d’alimentation. Par contre, pour les couples récalcitrants, sont prévues des sanctions

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telles que la diminution des salaires des parents de 10 %, la suppression du congé


de maternité, la suppression des subventions, etc.
Par ailleurs, on note d’autres mesures d’encouragement comme le recul de l’âge au
premier mariage (25 ans pour les filles et 28 pour les garçons en milieu urbain ; 23 et
25 ans respectivement en milieu rural), la légalisation de l’avortement et de la
stérilisation, la généralisation de la contraception. Cette politique draconienne
de limitation des naissances a conduit à la baisse du taux de natalité (15 %o en 2000)
et du taux de mortalité (6 %o en 2000).
Aujourd’hui, il est de plus en plus question d’une humanisation de la politique de
l’enfant unique car les conséquences sont dramatiques (avortements nombreux,
infanticides multiples, non déclaration à l’état civil, etc.). En outre, la politique
de l’enfant unique ne réussit pas dans les campagnes où on peut rencontrer
des familles de 3 ou 4 enfants. Ainsi, la politique de l’enfant unique insiste de plus en
plus sur l’information chez les femmes et tolère depuis 1984 deux enfants par
couple. Ce revirement de la politique de l’enfant unique entraîne un fléchissement de la
croissance démographique : de 2 % en 2000, le taux d’accroissement naturel est descendu
à 0,62 % en 2004. Aujourd’hui, les indicateurs démographiques ont
sensiblement baissé et l’indice synthétique de fécondité (ISF) de 1,8 ne permet
aucunement le renouvellement des générations. La Chine a presque achevé sa
transition démographique. Par conséquent, les autorités sont obligées de jouer aux
équilibristes car toute réduction des naissances se répercute immédiatement sur
l’accroissement naturel.

II. La répartition inégale de la population

La densité moyenne de la population chinoise est de 134 hab/km2 ; mais celle-ci n’a
aucune signification réelle car la Chine est l’un des pays du monde qui présentent
les contrastes de densités les plus énormes. On peut opposer la Chine de l’Est (ou
Chine du plein) avec des densités supérieures à 1 000 hab/km2 à la Chine de
l’Ouest et celle du Nord (ou Chine du vide) caractérisées par des densités faibles.
Les zones fortement peuplées correspondent aux régions de plaines, aux bassins
sédimentaires et aux zones côtières orientales. En général, ces régions de peuplement très
dense correspondent à des zones d’agriculture céréalière intensive, notamment la
riziculture. En effet, le riz est considéré comme une céréale qui attire les populations. Par
contre, les régions faiblement peuplées sont les déserts de l’Ouest, le plateau du Tibet
et la Mongolie intérieure. Les conditions naturelles très défavorables de ces régions
limitent le développement de l’agriculture et de l’industrialisation. Ces inégalités criardes
de la répartition de la population constituent un frein au développement de la Chine. C’est
pourquoi l’Etat définit une politique pour corriger cette répartition ancienne et
déséquilibrée : construction de logements collectifs en ville ; création de foyers industriels
isolés pour maintenir la population dans les campagnes (« politique du quitter la
terre sans quitter la campagne ») et lutter contre l’exode rural en subordonnant tout
déplacement à une autorisation administrative.

III. Le problème des minorités nationales

La République populaire de Chine dispose d’une population nombreuse mais également


très hétérogène. En effet, aux côtés de la majorité Han qui représente 94 % de la
population totale, on trouve de nombreuses nationalités minoritaires. Officiellement, on
dénombre 55 nationalités minoritaires qui se distinguent des Han par leurs cultures,
leurs langues et leurs religions. Les minorités nationales dont le chiffre dépasse 1 million
de personnes sont les Ouïgours, les Mongols, les Tibétains.

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Les Ouïgours sont des musulmans sunnites d’origine turque, des éleveurs nomades ou
des agriculteurs d’oasis. Ils peuplent principalement les régions désertiques du nord-ouest
de la Chine.
Les Mongols sont aussi des nomades de religion lamaïste qui occupent leur territoire
historique, la Mongolie intérieure.
Les Tibétains sont installés sur les hauts plateaux du Tibet. Ils représentent la minorité
nationale qui manifeste le particularisme ethnique, linguistique et religieux le plus vivace
sous la direction de leur chef spirituel, le Dalaï Lama.
Par rapport à la question des minorités nationales, l’Etat chinois a proclamé l’égalité
théorique de toutes les nationalités. En plus, sur le plan politique, l’autonomie
nationale est appliquée dans toutes les régions où les minorités vivent en
groupe important. On peut citer en exemple la Région autonome ouïgour du
Xinjiang, la Région autonome du Tibet, etc.
Sur le plan économique, l’Etat tente de promouvoir la mise en valeur agricole et
industrielle et le désenclavement des régions habitées par les minorités nationales.
Sur le plan social et culturel, l’enseignement des langues nationales des minorités
ainsi que la valorisation de leurs cultures sont presque généralisés.

 Conclusion

La nombreuse population ainsi que les réussites économiques confèrent à la Chine un


statut de géant (géant spatial, géant démographique, géant culturel, géant
politique, géant militaire). Cependant, la maîtrise de la démographie constitue un défi
majeur pour ce pays, de même que l’intégration des minorités nationales.

Pays les plus peuplés du monde en 2008 - Source : www.ined.fr, Atlas de la population.

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Leçon 12 : LE MODELE DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL DE


LA CHINE
 Introduction
Le développement économique et la maîtrise de la démographie vont de pair. Pour sortir
des centaines de millions de Chinois de la pauvreté et de la misère, la Chine a choisi des
voies de développement différentes. D’un modèle communiste adopté à partir de
1949, la Chine s’est progressivement ouverte à l’ « économie de marché », non sans
réussite. En effet, le pays connaît une croissance économique extraordinaire à deux
chiffres, au point qu’on considère aujourd’hui que « la Chine bouscule l’ordre
mondial ». L’ « Empire du Milieu » accorde également une grande importance au
développement social.

Ouverture et inégalités de développement en Chine


D'après Bureau national de statistiques de Chine, 2002

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 I. La nouvelle politique économique chinoise


Les modèles de développement chinois sont caractérisés par l’adoption de solutions
successives fortement contrastées : la gestion centralisée, la planification, la
recherche d’une base industrielle lourde par la création de grandes entreprises
d’Etat, la collectivisation du travail agricole et l’autarcie économique. Mais,
depuis l’administration de Deng Xiaoping, en 1997, la Chine adopte une voie
économique très différente, caractérisée par une orientation vers l’ « économie
socialiste de marché » : la collectivisation de l’agriculture est complètement
abandonnée ; la libéralisation entreprise donne naissance à une agriculture familiale
qui peut vendre ses surplus dans un marché où les prix sont libres ; dans l’industrie, le
gouvernement encourage l’entreprise privée (50 % de la production industrielle) ;
l’économie s’ouvre au commerce international et aux investissements étrangers. Dans
cet élan, sont créées quatre zones franches d’exportation appelées Zones Economiques
Spéciales (ZES) sur la façade pacifique et d’une super ZES à Hainan. Il s’y ajoute la
mise en place de Zones à Statut Spécial : 14 villes et 3 régions côtières sont
ouvertes.
Cette volonté d’ouverture se renforce de plus en plus. Ainsi à partir de l’été 1998, le
Président de la République Jiang Zemin (élu le 29 mars 1998) et son Premier Ministre
Zhou Rongji (successeur de Li Peng en mars 1998) accélèrent la libéralisation et la
modernisation du secteur productif. Les modifications apportées à la Constitution en
mars 1999 prévoient la reconnaissance du secteur privé comme un pilier du
développement économique au même titre que le secteur public. En avril 1999,
les autorités chinoises décident de signer avec les Etats-Unis un protocole relatif à
l’adhésion de la Chine à l’OMC, effective en 2002. Selon les engagements pris, la plupart
des barrières tarifaires et non tarifaires existantes devraient disparaître dans un
délai de cinq ans ; objectif non encore atteint. La Chine s’est engagée, en mi-mai 1999, à
apporter des restructurations importantes favorables au développement de ses marchés
financiers. La Chine est aujourd’hui la 2e puissance économique mondiale avec
un PIB global de 6 300 milliards de dollars.
La politique de Deng Xiaoping
Sur 1,3 milliard d’habitants, quelque 900 millions ne peuvent accéder au temple de la consommation, l’objectif
suprême. Ce que résume un responsable de la mission économique française avec cette image : « Nous sommes
dans un système où, sur un immeuble de dix étages, seuls trois seraient occupés. » Reste à savoir si les autres
étages seront un jour occupés, si certains ne risquent pas l’expulsion, et si une soudaine éruption volcanique ne va
pas menacer les fondations de l’immeuble.
La Chine, qui a connu plusieurs désastres (invasions occidentales, occupation japonaise, folie dictatoriale du
maoïsme…), a sauté la révolution industrielle des XIXe et XXe siècles. Désormais, elle doit relever le défi de la
révolution informationnelle du XXIe siècle et celui de la révolution sociale. Le tout en des temps record.
Classiquement si l’on peut dire – et à défaut d’un modèle alternatif –, la Chine a fait siennes les lois du marché. En
1987, lors du XIIIe congrès du PCC, Deng Xiaoping théorisait ainsi cette conversion : « La planification et le
marché ne constituent pas les différences essentielles entre le socialisme et le capitalisme. Une économie planifiée
ne définit pas le socialisme puisqu’il y a de la planification dans le capitalisme ; l’économie de marché existe dans
le socialisme. Planification et marché sont donc deux façons de contrôler l’activité économique. » La
planification (qui apportait une certaine égalité, mais dans la pénurie) est en voie de disparition. Le marché a
triomphé, permettant une accumulation du capital qui a fait décoller le pays. Toutefois, la Chine n’a pas encore
rejoint les pays développés et son PIB représente moins de la moitié du PIB japonais, par exemple.
Martine Bulard, Le Monde diplomatique, janvier 2006, pp. 12-13.

Tigre de papier
La réussite économique chinoise a été fortement exagérée. Ce pays ne représente encore qu’une faible part du
commerce mondial, et il est encore loin d’occuper une position dominante en Asie orientale. Seuls 9 % des produits
importés dans la région viennent de Chine, alors que 17 % viennent du Japon et 18 % des Etats-Unis. Bien sûr,
l’afflux d’investissements étrangers dont elle bénéficie incite à la considérer comme une championne de l’avenir,
mais il faut bien voir que la plupart de ces investissements sont le fait des Chinois de la diaspora. Et que le nombre
d’entre eux qu’on s’imagine à tort venir d’Asie orientale sont en réalité originaires de Chine : ils transitent par
Hong Kong – ou ailleurs – à la seule fin d’obtenir le statut d’« investisseur étranger » et de bénéficier des avantages
fiscaux afférents.

Mamadou M. FALL – Professeur d’Histoire-Géographie - Lycée Moderne de Rufisque – moustaphaby2000@yahoo.fr 60


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Jonathan Power, Jeune Afrique, n° 2320, du 26 juin au 2 juillet 2005, p. 21.


La Chine bouscule l’ordre mondial
Les autorités chinoises ont tiré parti de la crise financière qui a secoué l’Asie dans les années 1997-1998. Seul pays
à avoir gardé le contrôle des changes et à refuser les pressions du Fonds monétaire international (FMI), la Chine
est aussi la seule à avoir préservé ses chances de croissance quand tous, Japon compris, s’affaissaient. Mieux, avec
le yuan arrimé au dollar, elle a contribué à asseoir une certaine stabilité dans une région en pleine débâcle
financière. Elle s’est même permis d’accorder des prêts à intérêts réduits, ou des aides, à plusieurs des « dragons »
alors en difficulté, gagnant ainsi leur confiance.
Au fil du temps, la nouvelle génération au pouvoir a bâti une doctrine stratégique autour des « quatre non »
énoncés par le président Hu Jintao : « Non à l’hégémonisme, non à la politique de la force, non à une politique de
blocs, non à la course aux armements. » Il s’agit de « construire la confiance, atténuer les difficultés, développer
la coopération, et éviter les confrontations ». Conscient de ses faiblesses face au géant américain et à ses
concurrents de la zone asiatique, Pékin déploie ce que l’on pourrait appeler une « diplomatie asymétrique », très
mobile, qui privilégie les relations bilatérales tout en participant activement aux organisations régionales, et qui
noue des liens économiques tous azimuts tout en réduisant les tensions territoriales d’hier…
Certes, la Chine occupe quelques créneaux très pointus (comme les fibres optiques ou les téléphones portables), et
elle s’attache à monter en gamme, en attirant des centres de recherche étrangers, en rachetant des entreprises pour
acquérir des marques connues et bénéficier de transferts de technologie... Pour l’heure, sa croissance – forte mais
néanmoins fragile avec un système financier vulnérable – reste très dépendante des pays de l’ANASE et du Japon
pour la production, et des pays occidentaux pour ses exportations. Le moindre accroc avec les Etats-Unis, par
exemple, donnerait de facto un coup de frein à son dynamisme et se révélerait alors politiquement explosif.
Martine Bulard, Le Monde diplomatique, août 2005, pp. 1 ; 8 et 9.

La Chine menace économiquement l’Europe


… Le savoir scientifique récemment acquis, multiplié par la masse, crée les conditions d’une nouvelle civilisation,
au rayonnement irrésistible. Des textiles à l’espace, toute la gamme des biens d’équipement textiles, machines-
outils, électronique ménagère et industrielle, ordinateurs, chimie, matériels ferroviaires, automobiles, avions,
fusées, satellites etc. peuvent être fabriqués en Chine, en grande quantité, à un faible coût durant encore une
longue période.
Assez longue pour condamner à l’inaction et à la faillite les principaux centres de recherche et de production des
pays anciennement industrialisés. Les Etats-Unis, l’Europe, la France ressentent sévèrement les premiers effets de
la puissance créatrice et productrice de la zone Asie-Pacifique : baisse des niveaux de vie, chômage accru, extension
de la précarité avant d’en venir, pour un nombre croissant, à la misère.
Attirés par le vaste marché d’Extrême-Orient, et plus particulièrement par celui que constitue la Chine, les
entreprises occidentales se hâtent d’y faire commerce, d’y investir et d’y exporter leurs technicités, précipitant ainsi
leur propre déconfiture ultérieure. Ainsi le tsunami industriel d’abord, puis commercial et financier chinois
recouvre-t-il aisément les deux autres si bien qu’il ne restera que leur Histoire aux peuples ainsi inondés et écrasés
par le poids de ces trois vagues.
Loin d’élever des digues retardatrices la Vème République ouvre la voie à ces gigantesques flux. Les civilisations sont
mortelles. Les événements contemporains en font la démonstration.
Pierre Marie Gallois, « Une civilisation submergée », tiré de : http://forumpourlafrance.org. le 22/03/2007.

Le détail qui peut ralentir la Chine


Jusqu’où ira la formidable montée en puissance chinoise ? Peut-elle s’arrêter ? Ces questions taraudent les experts
occidentaux. C’est grâce à un chiffre officiel de croissance de 9,5 % et un chiffre réel plus proche de 13 %, que la
Chine explique aujourd’hui 40 % du commerce mondial. Dire cela, c’est saisir la difficulté à ralentir la machine
comme le souhaitent les Occidentaux exposés à l’offensive des produits chinois. Chacun sait que, en l’absence d’un
marché intérieur suffisamment solvable, la croissance chinoise repose avant tout sur les exportations (+ 27 %
depuis janvier 2005) et les gains de parts de marché qu’elles génèrent. On pourrait imaginer que les Chinois
s’exposent de ce fait à des mesures protectionnistes. Si l’on rappelle que la moitié du commerce entre les Etats-
Unis et la Chine repose sur des échanges intrafirmes, on peut en déduire que Washington n’a pas intérêt à protéger
son territoire, ce qui reviendrait à pénaliser ses entreprises.
(…) La perspective d’un ralentissement est d’autant moins probable que, avec un taux d’épargne égal à 50 % de
leurs revenus, les Chinois ont de la réserve. L’évolution démographique laisse aussi prévoir l’émergence d’un
nombre croissant de consommateurs solvables comme le montrent le déclin des populations rurales et la hausse
continue de l’emploi urbain. Il faut aussi relativiser un éventuel goulet d’étranglement que représenterait pour la
Chine l’accès aux matières premières. Le pays consomme 7 % de la production mondiale de pétrole et a adopté une
stratégie de sécurisation de ses approvisionnements en multipliant les accords commerciaux, comme c’est le cas au
Brésil, en Afrique du Sud ou encore en Iran.
Reste un phénomène, peu connu, qui pourrait ralentir le boom : l’incapacité du pays à contrôler les surcapacités
industrielles sur son territoire, dues notamment à de petits producteurs que Pékin ne sait pas contrôler. On voit
cette évolution dans le chiffre d’inflation de 1,5 %, peu élevé au regard de la croissance. Cela montre que les prix
industriels baissent et qu’il devient moins rentable de produire dans une Chine fabriquant de la surcapacité et
réduisant ainsi le profit de ses entreprises. Cette réalité pourrait à terme peser sur le bond en avant chinois.
Mark Artus, extrait de l’hebdomadaire français Challenges, cité dans Jeune Afrique, n° 2345, du 18 au 24 décembre 2005, p. 77.

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 II. La politique sociale


Le premier défi que la Chine doit relever est celui de la maîtrise de la
démographie. La nécessité d’un contrôle des naissances est sentie dès le début des
années 1960. Au cours des années 1970, des pratiques autoritaires pour limiter la
fécondité sont mises en place : sanctions financières, sanctions pénales, sanctions
professionnelles pour les parents de plus d’un ou deux enfants. Ces mesures autoritaires
ont été plus inégalement appliquées et se sont heurtées à des résistances, mais elles ont
joué un rôle important dans la réduction des taux de fécondité et de natalité. En raison de
la jeunesse de la population, la croissance démographique se maintient. Alors que les
Chinois étaient environ 540 millions en 1949, ils sont 1 340 millions aujourd’hui.
Leur nombre pourrait cependant se stabiliser autour de 1 500 millions dans les
premières décennies du XXIe siècle.
En 2010, la croissance démographique n’était que de 0,6 % tandis que la croissance
économique dépassait 10 %. Cette croissance économique a des effets sur les niveaux de
vie. Ce développement renforce les revendications en faveur d’une libéralisation politique
jusqu’alors très limitée. Un grand pas est franchi en ce sens en mars 1999 par les
modifications constitutionnelles mais qui n’ont pas encore fait de la Chine un Etat de droit.
Face à la forte pression démographique dans les campagnes, les experts chinois estiment
qu’il faudrait réduire la population agricole chinoise de 150 millions
d’individus. L’exode rural qui s’en est suivi a poussé les autorités à développer l’emploi
dans les villes surtout grâce aux industries de biens de consommation. Cette politique
permet à la fois de décongestionner les campagnes et de trouver une solution au
chômage. Dans le domaine sanitaire, les progrès sont sensibles : la Chine est passée
d’un médecin pour 2 000 habitants en 1975 à 3 médecins pour 2 000
personnes en 2001. Dans le domaine de l’éducation, des efforts sont également faits.
Même si le nombre de femmes analphabètes est encore élevé (25,5 %), il n’en demeure pas
moins que le taux a fortement baissé car il était de 56,2 % en 1975.
 Conclusion
La Chine a tiré un grand profit du passage à l’ « économie socialiste de marché ». La
libéralisation est certes très loin de la gestion communiste qui a suivi la révolution de
1949, mais elle ne se revendique pas aussi du capitalisme américain car elle accorde une
grande importance au volet social.
La Chine, une chance pour l’Afrique ?
Désormais arrimée à une croissance exponentielle, la Chine d’aujourd’hui entend redevenir une puissance
mondiale. A la conférence de Bandung version 2005, le président Hu Jintao a appelé de ses vœux un nouvel
élan dans les échanges entre les pays africains et la Chine. Loin de supposées sympathies idéologiques, c’est
désormais le pragmatisme qui domine. Pour son développement, la Chine compte avec le réservoir des
matières premières africaines. En posant un pied en Afrique, elle entend aussi contourner les barrières
douanières qui menacent la zone Europe. De surcroît, des entreprises chinoises souhaitent s’installer sur le
continent. A petits pas, en exportant d’abord leurs produits, mais avec l’ambition d’y installer à moyen terme
des unités industrielles souples et mobiles. Couplée avec l’envoi de techniciens, cette stratégie est déjà en
marche.
Quel en est l’intérêt pour l’Afrique ? La Chine s’offre-t-elle comme un nouveau partenaire ? D’entrée de jeu, le
renchérissement du prix des matières premières lié à la croissance chinoise répond à la très ancienne
revendication de mettre fin à la dégradation des termes de l’échange. Certes, tous les pays africains ne sont
pas logés à la même enseigne, mais, d’ores er déjà, l’augmentation du cours des matières premières est à
l’origine d’un regain de croissance, notamment en Afrique australe. Plus encore, grâce à la compétitivité des
produits chinois, l’Afrique peut s’équiper à moindre coût, sautant ainsi l’étape des infrastructures lourdes à la
rentabilité hasardeuse. C’est vrai dans le domaine informatique comme pour les produits « essentiels »
(industrie pharmaceutique). Dans ce dernier cas, leur accessibilité favorise une amélioration de l’état
sanitaire et, par là, le développement économique. In fine, le coût opérationnel des coopérants chinois est
quatre fois moins élevé que celui des Occidentaux. A critères techniques égaux, mieux vaut donc les recevoir.
François de la Chevalerie (président de China Messengers) et Mohamadou Kâ (Conseiller municipal à Dakar), in
Jeune Afrique, n° 2320, du 26 juin au 2 juillet 2005, p. 21.

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5e Partie : L’AMERIQUE LATINE


Chapitre I : PRESENTATION GENERALE
Leçon 13 : L’AMERIQUE LATINE : MILIEUX NATURELS ET POPULATION

 Introduction
On entend par Amérique latine, la partie de l’Amérique qui s’étend de la frontière Nord
du Mexique au Cap Horn, sur 10 000 km, couvre une superficie de 22,5 millions de
km2, comprend 27 pays (sans les petites îles des Antilles) et compte environ 500
millions d’habitants. On appelle cette région Amérique latine parce qu’elle fut
anciennement colonisée par l’Espagne et le Portugal qui s’étaient partagé le Nouveau
Monde par le Traité de Tordesillas de 1494. L’Amérique présente des caractères
originaux qui la différencient de l’Amérique anglo-saxonne (du Nord) particulièrement le
morcellement territorial et le retard de la plupart des pays. L’Amérique latine peut être
divisée en trois parties :
- l’Amérique centrale, constitué d’un isthme étroit inséré entre les océan Pacifique à
l’ouest et Atlantique à l’est et qui sont reliés par le canal de Panama ;
- l’archipel des Antilles qui s’étire de la Floride au Venezuela, sous la forme d’un arc de
cercle ;
- l’Amérique du Sud, qui se présente sous la forme d’un immense triangle qui se rétrécit
vers la Terre de Feu au Sud.
Par leurs indicateurs économiques, les pays appartiennent pour l’essentiel au monde en
développement. L’étirement en latitude confère à ce sous-continent une diversité de
milieux naturels. Sa population est très hétérogène du fait des différents apports.
 I. Les paysages naturels
1. A l’Ouest, des montagnes, de hauts plateaux tropicaux et des volcans
Les montagnes Rocheuses de l’Amérique du Nord se prolongent au Mexique par la
Sierra Madre et en Amérique du Sud par la Cordillère des Andes. Au Mexique comme
en Bolivie, ces hautes chaînes de montagnes s’élargissent en encerclant de hauts plateaux
intérieurs (altiplanos) secs, caillouteux ou poudreux : c’est le pays des steppes.
Les alignements volcaniques dont les sommets dépassent souvent 6 000 m semblent
créer les ruptures (Aconcagua, plus haut sommet des Andes et du continent américain : 6
960 m). La rencontre des plaques pacifique et américaine est à l’origine de la fréquence
des éruptions volcaniques, des tremblements de terre, des coulées de lave et des
nuées ardentes, témoins de la grande instabilité de l’écorce terrestre.
Les hauts plateaux intérieurs abritent de grands lacs comme le lac Titicaca au Pérou.
Dans ces régions, l’aridité est quasi générale à cause du courant marin froid de
Humboldt, qui longe les côtes, du Chili au Pérou. Dans les hautes terres, la sécheresse
prolongée donne des broussailles et de petites herbes qui constituent le signe distinctif de
la puna bolivienne.
2. A l’Est, une région de plaines et de plateaux tropicaux
A l’exception de l’archipel antillais qui est un alignement montagneux fortement morcelé
dans les Petites Antilles, la partie Est du bourrelet andin correspond à de vastes régions
monotones. Le relief oppose les plateaux de Guyane et du Brésil à la vaste cuvette de
l’Amazonie.
Ces plateaux descendent en pentes douces vers les puissants fleuves que sont l’Orénoque
(2 650 km), l’Amazone (6 400 km)et ses nombreux affluents (le Madeira, le Rio Negro,
etc.), le Sao Francisco (2 900 km), le Paraná (3 940 km) et le Paraguay (2 550
km). A l’Est, les rebords du Plateau brésilien présentent de vigoureux reliefs sous forme

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de blocs surélevés, de fossés et de vastes baies parfois dominées par des buttes « pains de
fune ».
C’est la Sierra Do Mar qui surplombe la ville de Rio de Janeiro. La cuvette
amazonienne au centre est formée de terrains tertiaires et quaternaires qui s’étalent de
l’embouchure de l’Amazone à l’Est aux pieds des Andes à l’Ouest.
L’Amazone (6 400 km de long), dont la plus grande partie se trouve au Brésil, est le
fleuve le plus important du monde par l'étendue de son bassin (7 millions de km2), par
le nombre d'affluents (plus de 100) et par le volume des eaux débitées (120 000
m3/seconde).
Le climat introduit des contrastes réels. Les alizés du Nord-Est et du Sud-Est sont porteurs
d’humidité et ainsi occasionnent d’abondantes précipitations (2 000 à 3 000 mm) et
permettent le développement d’une luxuriante végétation (forêt amazonienne) qui est
fortement attaquée par l’homme. C’est le climat équatorial typique.
La diminution des précipitations entraîne une modification des paysages végétaux puisque
l’arbre se raréfie dans les Llanos du Nord (Venezuela) et le Campos (Brésil intérieur) ;
c’est le domaine des savanes herbeuses découpées par de jeunes forêts-galeries. Le
Nordeste (nord-est du Brésil) qui se dérobe aux effets humides des alizés du sud-est,
souffre de sécheresse catastrophique.
3. Les régions tempérées au sud du Tropique du Capricorne
Dans les régions du Sud, les paysages naturels perdent de plus en plus de leur vigueur.
Tout se rapetisse et le continent s’étire en pointe en direction de la Terre de Feu.
Les contrastes sont notables entre l’Ouest et l’Est. La côte pacifique, toujours dominée par
la chaîne andine et ses volcans, est fortement morcelée en un chapelet d’îles au sud du
Chili. Cependant, les vents d’ouest apportent des perturbations atténuées par les effets du
courant froid de Humboldt ainsi que la vallée côtière chilienne qui est recouverte d’une
forêt tempérée de type méditerranéen. A l’Est, cette forêt cède la place à la plaine herbeuse
de la pampa, entre l’Uruguay et le Paraguay. Le plateau Patagonie se dresse comme une
région froide, parcourue par des vents violents et couverte de steppe.
II. Les aspects humains
1. Une population jeune, inégalement répartie et mobile
Les Indiens ont été les premières populations à occuper l’Amérique latine. Venus d’Asie
par le détroit de Béring, ils ont été à l’origine des brillantes civilisations de l’Amérique
précolombienne (Mayas et Aztèques en Amérique centrale, Incas sur les hauts
plateaux andins). Ces florissantes civilisations furent anéanties en moins d’un siècle par les
conquérants portugais et espagnols à partir du XVIe siècle. A côté des Espagnols et des
Portugais, Italiens, Allemands, Danois et Français ont afflué vers l’Amérique latine,
surtout au XIXe siècle où ils se sont fixés dans les terres de plantations, les régions
tempérées puis les villes.
La conquête s’est accompagnée d’une très forte action missionnaire et d’une
exploitation économique (minière et agricole) qui a participé à l’importation
d’Afrique, entre le XVIe et le XIXe siècle, de plusieurs millions d’esclaves noirs.
L’arrivée des Asiatiques est plus récente.
Il faut reconnaître que ces races ont fini par connaître un important brassage donnant à
la population « bigarrée » de « Métis » (mélanges d’Européens et d’Indiens), de
« Mulâtres » (mélange d’Européens et de Noirs) et de « Zambos » (mélange de Noirs et
d’Indiens).
2. Une population jeune, inégalement répartie et mobile
La croissance démographique est forte. En passant de 156 millions d’habitants en
1950 à 279 millions en 1970 puis à 450 millions en 1995 et enfin à 500 millions
aujourd’hui la population de l’Amérique latine a triplé en un demi-siècle.
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Aujourd’hui, le rythme de croissance se décélère et la région est entrée dans la deuxième


phase de la transition démographique. La fécondité a considérablement baissé.
Cependant la population demeure jeune. Plus de la moitié des habitants ont moins de 20
ans.

La population est inégalement répartie puisque d’immenses espaces ont des densités
inférieures à 5 hab/km2 (forêt amazonienne, régions désertiques, hauts plateaux, hautes
montagnes). La population reste concentrée surtout sur les régions périphériques,
particulièrement la côte Est. Les villes sont nombreuse et croissent rapidement : Mexico,
Sao Paulo, Rio de Janeiro, Buenos Aires, Bogota, Lima, La Paz, Santiago, etc..
Dans la plupart de ces villes, la pauvreté est le lot quotidien des populations. C’est cela
qui favorise les migrations intérieures vers les régions industrielles, minières,
portuaires ou de plantations, mais surtout les migrations extérieures vers le grand
voisin du Nord, les Etats-Unis d’Amérique. Cette situation fait de cette population une
main-d’œuvre abondante et bon marché.

 Conclusion

Majoritairement comprise dans la zone chaude, l’Amérique latine regroupe tous les Etats
de l’Amérique à l’exception du Canada et des Etats-Unis (Amérique anglo-saxonne). En
plus de son morcellement politique, l’Amérique latine se caractérise également par de
grands écarts entre riches et pauvres, par le développement de la culture et du
trafic de drogue (Colombie, Pérou notamment), par la grande pauvreté d’une
bonne partie de ses habitants. Dans ce groupe de pays en développement, le Brésil
fait figure de grande puissance et de locomotive.

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Chapitre II : ETUDE MONOGRAPHIQUE

Leçon 14 : LE BRESIL : UNE PUISSANCE DU TIERS MONDE

Problématique : Quels sont les atouts et les failles de la puissance économique brésilienne ?
Introduction
Peuplé de 192 000 000 d’habitants (5e rang mondial), le Brésil était, il y a quelques
décennies, un pays dépendant et pauvre. Aujourd’hui, il est figure au 6e rang mondial
pour son PIB (2 240 milliards de dollars en 2011). Grâce à son poids
démographique et politique et à une forte croissance économique qui a favorisé l’industrie
et les exportations de produits agroalimentaires, le Brésil apparaît de plus en plus comme
un pays puissant et émergent, une puissance régionale à l’échelle du continent sud-
américain. Mais les fortes inégalités sociales, la dépendance et les difficultés financières
témoignent encore des faiblesses du Brésil.
I. Le Brésil : une grande puissance en devenir
1. Un géant territorial
Le Brésil a les dimensions d’un continent, avec 4 500 km d’Est en Ouest et du Nord au
Sud et une superficie de 8 547 500 km2 (5e rang mondial). Sa superficie fait 16 fois celle
de la France et plus de 40 fois celle du Sénégal. En outre, pour les habitants du pays,
« Dieu est brésilien » ("Deus e brasileiro") car il a doté le Brésil d’une nature généreuse.
Le soleil et l’eau sont très souvent en abondance. Frontalier avec dix pays de
l’Amérique latine, le Brésil bénéficie d’une large façade atlantique qui l’ouvre au
commerce mondial. En plus, le Brésil occupe les premiers rangs mondiaux pour toute une
gamme de produits miniers (fer, bauxite, manganèse, étain, or, etc.). Le Brésil apparaît
donc comme un véritable eldorado minier. Il y a aussi la grande réserve forestière de
l’Amazonie qui constitue la première réserve de la biosphère mondiale.
2. Une superpuissance agricole
Disposant de surfaces cultivables énormes, le Brésil est un grand producteur agricole et le
3e exportateur mondial de produits agroalimentaires. Santos est le plus grand
port d’exportation de grains de toute l’Amérique. Le Brésil occupe notamment le 1er rang
mondial pour le café, la canne à sucre, les oranges et l’élevage bovin, le 2e rang
pour le soja, le 3e rang pour le maïs et les porcins, le 5e rang pour le cacao, le coton,
etc. Le Brésil a le plus grand cheptel bovin du monde évalué à 192 millions de têtes.
Grâce à cette production agricole diversifiée, le Brésil a pu se doter d’un vaste complexe
agro-industriel. Des firmes étrangères interviennent dans ce secteur : c’est le cas de
Danone (Italie), de Nestlé (Suisse), etc.
3. La 8e puissance industrielle du monde
Désormais, le Brésil se range du côté des nouveaux pays industrialisés (N.P.I.). Le
Brésil dispose d’une puissance industrielle impressionnante et diversifiée. L’énergie
hydroélectrique est abondante car le Brésil est arrosé par des cours d’eau parmi les plus
puissants du monde. Les industries agroalimentaires et textiles représentent plus de
25 % de la production industrielle. Les industries lourdes contrôlées par l’Etat
figurent parmi les plus modernes du monde. Par exemple, le Brésil est le 9e producteur
mondial d’acier, le 8e pour le caoutchouc, le 6e pour l’aluminium, etc. Le Brésil est
également un grand producteur d’éthanol, un alcool fabriqué à partir de la canne à sucre
pour les automobiles (moteurs Flex). Dans trois autres domaines également, le Brésil a
enregistré des succès éclatants : la construction automobile, l’armement et les
constructions aéronautiques et aérospatiales.

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4. Une grande puissance régionale


Sur le plan démographique, le Brésil compte 192 000 000 habitants (en 2010), d’où
son rang de 5e puissance démographique du monde (derrière la Chine, l’Inde, les Etats-
Unis et l’Indonésie). Ce poids démographique ainsi que la taille du pays permettent au
Brésil de se conduire comme le chef de file du continent sud-américain. D’ailleurs, le
Brésil organise l’espace économique de l’Amérique latine à son profit avec la mise sur pied,
en 1991, du MERCOSUR (Marché commun de l’Amérique du Sud).
Au total donc, le Brésil apparaît comme un pays puissant et riche voire comme une
menace économique potentielle pour les Etats-Unis. Pourtant, le Brésil doit encore
faire à de grosses difficultés.
II. Les faiblesses du Brésil
1. Des inégalités sociales criardes
Le Brésil est un des pays les plus inégalitaires et les plus injustes du monde.
Fernando Henrique Cardoso, ancien président de 1994 à 2002, a raison en disant que
« le Brésil est un pays injuste ». En effet, les 10 % des Brésiliens les plus riches
possèdent 50 % du revenu national, tandis que 37 % vivent en dessous du seuil de
pauvreté (moins de 2 dollars par jour). Dans cette catégorie des pauvres, il y a 20 % de
pauvres absolus. Il s’agit de l’immense masse des sous-prolétaires et de sans emploi qui
vivent en marge de la croissance et du « miracle » brésiliens (Indiens d’Amazonie,
habitants des favelas, habitants du Sertão, etc.). Pour ces derniers, la drogue, la
prostitution, la criminalité et le travail des enfants sont des phénomènes fréquents.
Par ailleurs, pour le contrôle de la terre, les tensions sont également aiguës car la
question agraire n’est pas encore résolue. Depuis l’élection de Lula en 2002, les
réformes se font attendre.
2. De forts contrastes régionaux
On dit souvent qu’il y a plusieurs Brésil, tant les disparités régionales sont
importantes. On dit qu’il y aurait au Brésil « la Suisse, le Pakistan et le Far West
réunis ». Cette formule permet de désigner les régions riches, les régions pauvres et les
régions pionnières du Nordeste, ancien centre économique du Brésil et maintenant en
crise. Par contre, le Sudeste constitue le poumon économique du Brésil actuel, avec
notamment le « triangle utile » constitué par São Paulo, Belo Horizonte et Rio de
Janeiro. L’Ouest intérieur, avec Brasilia (devenue capitale en 1960), représente la zone
des fronts pionniers vers l’Amazonie.
3. Une cruelle dépendance économique
L’économie brésilienne est dépendante et extravertie. En effet, 40 % des exportations
de produits manufacturés sont le fait des firmes étrangères implantées au Brésil. 500
sociétés françaises emploient 200 000 Brésiliens. En plus, la situation financière du
Brésil est catastrophique, comme le prouve l’endettement colossal du pays, évalué à
151 milliards de dollars en 1995. Le Brésil est l’un des pays les plus endettés de la
planète. Le service de la dette (remboursement de la dette) accapare une part importante
des recettes, laissant les autorités à la merci des créanciers privés et des institutions
internationales. Pour asseoir sa puissance économique, le Brésil est à la quête
permanente de marchés et d’investisseurs. C’est ce qui explique la campagne menée
par le président Lula pour promouvoir la coopération Sud-Sud.
 Conclusion
Le Brésil est, à coup sûr, une solide puissance intermédiaire et apparaît même en
situation de devenir une grande puissance. Mais le Brésil demeure une terre de
contrastes, d’injustices sociales et de déséquilibres régionaux. En réalité donc, le
Brésil est un pays contradictoire, un « géant aux pieds d’argiles » pour certains ou
« un mendiant assis sur une mine d’or ».

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5e Partie : L’AFRIQUE
Chapitre I : PRESENTATION GENERALE
Leçon 15 : LES PROBLEMES ET PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT
DU CONTINENT AFRICAIN
 Introduction
Regroupant 53 pays, le continent africain est situé de part et d’autre de l’Equateur. Il est
délimité à l’est par l’océan Indien et la mer Rouge, au nord par la mer Méditerranée,
à l’ouest par l’océan Atlantique ; la pointe sud du continent marque la séparation entre
les océans Indien et Atlantique. L’Afrique est séparée de l’Asie par le canal de Suez et de
l’Europe par le détroit de Gibraltar. Le continent africain couvre une superficie d’environ
30 millions de km2 et comptait (en 2004) une population d’environ 1 milliard
d’habitants (15% de la population mondiale). L’Afrique est à la traîne. Son poids dans
l’économie mondiale est insignifiant. La traite négrière atlantique et la colonisation
européenne ont complètement désorganisé sa vie sociale et économique. L’Afrique est
aujourd’hui confrontée à de nombreux problèmes (chaos politiques multiples, guerres
nombreuses et meurtrières, agriculture extravertie, industrialisation embryonnaire,
endettement très lourd, pauvreté, pandémies, chocs de la mondialisation). Ces lourds
handicaps empêchent le décollage du continent. Ainsi, l’Afrique doit faire à de nombreux
défis et non des moindres.
Pourquoi l’Afrique est en retard
Dans un monde qui ne cesse de s’enrichir, l’Afrique continue de s’appauvrir. De 1975 à 2002, le PIB de
l’Afrique subsaharienne, c’est-à-dire l’ensemble de ses richesses nationales, a diminué chaque année de 0,8
%, alors que celui de l’ensemble des pays en développement progressait de 2,3 %. La moitié de sa population
vit avec moins de 0,6 dollar par jour. En trente ans de recul, (parmi) les causes profondes de cette misère, (on
peut noter) la criminalité et sa complice inséparable, la corruption.
Henri Marque, Jeune Afrique/L’Intelligent, n°2345, du 18 au 24 décembre 2005, p. 39.

Afrique plurielle
… Il est difficile de porter sur le continent africain un regard synthétique tant il est hétérogène. Certains pays
sont enlisés dans la souffrance, les violences. L’économie du Zimbabwe s’effondre, la catastrophe
humanitaire du Darfour persiste, les conflits en Côte d’Ivoire et en RD Congo ne s’éteignent pas. Voilà
l’Afrique des drames, dont les frontières sont mouvantes. Elle appelle au renforcement des interventions
préventives et correctives des pays africains, comme la communauté internationale. Récemment, plusieurs
conflits ont pris fin en Angola, en Guinée-Bissau, en RD Congo ou en Sierra Leone. Il pourrait en être de
même pour d’autres dans un proche avenir. Signe encourageant, les organisations régionales, telles l’Union
africaine et la CEDEAO, jouent un rôle croissant dans les efforts de paix.
Mais il existe aussi une Afrique du succès. Un petit nombre de pays obtiennent des performances
remarquables. Le Botswana, le Mozambique ou encor l’île Maurice ont su engendrer, ces deux dernières
décennies, une croissance économique supérieure à 4 % par habitant et par an en moyenne. Le Cap-Vert et le
Lesotho ont tenu un rythme de plus de 3 %, tout comme les Seychelles jusque récemment, ou encore
l’Ouganda depuis quinze ans.
Si nombre de pays subsahariens connaissent des situations intermédiaires, il ne faut sous-estimer ni leurs
défis ni leurs progrès. Une croissance par tête, lente mais régulière, s’est installée dans plusieurs espaces
africains, même dans une des zones qui doit surmonter des contraintes particulièrement difficiles comme le
Sahel : Bénin, Burkina Faso, Mali. Au plan politique, les avancées de la gouvernance démocratique et du
multipartisme ont été importantes depuis la fin de la guerre froide.
La Commission des Nations unies pour l’Afrique considère déjà comme crédibles et légitimes une vingtaine
de systèmes électoraux au sud du Sahara. La décentralisation a souvent stimulé les sociétés civiles. Les
opinions publiques s’expriment plus librement. La proportion de jeunes qui savent lire et écrire a plus que
doublé ces vingt dernières années. Une classe moyenne émerge.
Kemal Dervis (Administrateur du PNUD) et Jean-Michel Severino (Directeur général de l’AFD),

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Jeune Afrique/L’Intelligent, n° 2343, du 4 au 10 décembre 2005, p.77.

 I. Les problèmes économiques

 1. Les problèmes de l’agriculture


L’agriculture emploie environ 60 % de la population active africaine et fournit 35 % du
PIB du continent. La colonisation européenne a contribué au recul des cultures
vivrières de subsistance avec la monétarisation de l’économie africaine. Les cultures
commerciales sont pratiquées à outrance et les cultures de subsistance reléguées au second
plan. Ce qui conduit aux problèmes d’autosuffisance alimentaire. Le manque de
moyens techniques et le faible niveau de recherche agricole sont à l’origine de la médiocrité
des rendements.

 2. Une faible industrialisation


Le faible niveau technologique et l’équipement industriel vétuste empêchent toute
possibilité d’industrialisation. L’Afrique ne participe que pour moins de 1 % de la
production industrielle mondiale à cause de la faible compétitivité de ses produits, de
l’étroitesse des marchés et de la mauvaise gestion. Le taux de croissance industrielle
a chuté de 14,6 % au début des années 1960 à 1,4 % dans les années 1980. De là,
l’explication de la pauvreté et de la dépendance extérieure. L’Afrique devient ainsi la
consommatrice des produits conçus par l’Occident et la principale pourvoyeuse de
matières premières.

 3. Les problèmes des échanges


Le manque d’infrastructures routières, ferroviaires, portuaires et aéroportuaires empêche
le développement des échanges commerciaux. La détérioration des termes de l’échange,
avec la chute des cours des matières premières, a entraîné un véritable malaise
économique. La part de l’Afrique dans le commerce mondial n’est que de 2 %.
L’organisation du système commercial mondial est très défavorable pour l’Afrique. Le
protectionnisme agricole dans les pays industrialisés réduit l’accès aux
marchés pour les produits des pays africains alors que les subventions
occidentales à l’agriculture font du tort aux producteurs du continent noir.
Ainsi, pour la période 1997-2001, on a noté une baisse de 53 % des exportations
africaines par rapports aux biens manufacturés importés. Cette dégradation des termes de
l’échange provoque une raréfaction des devises nécessaires aux investissements et pousse à
l’endettement.

 4. Le fardeau de la dette
La régression économique a conduit à l’endettement. Le poids de la dette de l’Afrique est
lourd. Cette dette n’a pas toujours servi à l’investissement productif. Le service de la
dette a englouti l’essentiel des maigres recettes d’exportation. Quant à l’aide, elle est
considérablement réduite. Dans la décennie 1990-2000, l’aide publique au
développement (APD) octroyée par les pays de l’OCDE a chuté de 29 %. L’aide reçue par
l’Afrique, elle, est passée de 32 $/hab à 19 $/hab pendant la même période. La situation
est rendue plus difficile par le choc de la mondialisation.

 5. Les problèmes contextuels : l’Afrique et la mondialisation


Avec une certaine ouverture sur l’économie de marché mondiale, l’économie africaine a
pris du plomb dans l’aile. Elle traîne un handicap de plus de 350 milliards de dollars en
l’an 2000, soit près de 230 000 milliards de francs CFA, ce qui est l’équivalent du
produit intérieur brut (PIB) du continent africain, et qui s’accroît de 12 % par an. Son

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GEOGRAPHIE – TERMINALE – Année 2009

équipement industriel demeure le plus archaïque et ne participe que pour moins de 1 % de


la production mondiale, au moment où ses transactions commerciales font seulement 2 %
des échanges mondiaux alors qu’elle n’attire que 1,2 % des flux d’investissements
mondiaux. Parmi les méfaits de la mondialisation pour l’Afrique, on peut citer un chapelet
de maux endémiques tels les famines, maladies, trafics d’armes et de munitions,
commerce de la drogue, etc. La plupart des pays africains sont exclus des bénéfices de
la mondialisation.

 II. Les problèmes politiques et sociaux

 1. Les problèmes politiques


Le premier problème est la « balkanisation » du continent, avec des Etats souvent très
petits et aux frontières artificielles. Au sortir des indépendances, la plupart des pays
d’Afrique connaissent des régimes politiques dictatoriaux. Ce manque de tradition
démocratique est souvent à l’origine d’une grande instabilité (coups d’Etat à répétition,
guerres civiles et interétatiques réelles ou larvées, etc.). Cette instabilité entraîne des
déplacements massifs de populations (les réfugiés). Au début des années 1990, les
fortes aspirations démocratiques ont donné naissance à un grand mouvement de
contestation qui prit souvent la forme de rébellions entretenues pour la plupart des cas
par les grandes puissances. Dans cette situation, les activités économiques sont ralenties et
les ressources du sous-sol sont utilisées pour l’armement. C’est le cas dans plusieurs pays :
Sierra Leone, Soudan, RD Congo, Liberia, etc.

 2. Les problèmes sociaux


Ils sont très nombreux et sont repérables dans plusieurs domaines : la santé,
l’éducation, l’alimentation, la criminalité, le chômage, etc. Le taux de scolarisation
est le plus bas du monde (71 % dans le primaire). Aucun pays africain n’a encore réussi à
généraliser l’enseignement primaire. En plus, l’enseignement et la formation ne sont pas
de qualité en raison des difficultés financières des Etats et des choix souvent mal
faits. Face à la nudité scientifique et technique du continent, les gens bien formés
préfèrent aller grossir les rangs de l’élite intellectuelle occidentale.
Par ailleurs, l’Afrique doit faire face à des problèmes au niveau de la santé. On note un
nombre important de maux endémiques : les maladies récurrentes, l’abandon
d’une bonne politique médicale, la propagation du paludisme et du Sida, etc.
Sur les 40 millions de personnes vivant avec le VIH/Sida dans le monde, 26,6
millions habitent en Afrique d’après l’ONUSIDA.
L’autosuffisance alimentaire n’est pas assuré ; d’où les nombreuses famines et
l’élargissement de la pauvreté. La croissance démographique très rapide aggrave les
problèmes de couverture des besoins des besoins alimentaires. A cela, il faut ajouter les
problèmes des villes africaines (logement, sécurité, assainissement, emploi,
électricité, eau potable, pollution, etc.).

 III. Que faire pour sortir l’Afrique du sous-développement ?

En ce début de 3e millénaire, l’Afrique, pourtant très riche en ressources agricoles,


minières et énergétiques, cherche encore sa voie. Les Programmes d’Ajustement
Structurel et le Plan de Lagos (pour répondre aux problèmes de croissance au début
des années 1980) n(ont pas donné des résultats probants. Quelles sont alors les
solutions ? Il y a de multiples voies de salut pour l’Afrique. Il faut :
- promouvoir l’autonomie intellectuelle permettant aux Africains de prendre en charge
leur propre destin ;

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GEOGRAPHIE – TERMINALE – Année 2009

- rechercher la paix et la stabilité à l’intérieur des pays et au niveau des frontières, en


luttant contre les rébellions, guerres, tensions ethnoclaniques et religieuses ;
- consolider et protéger les axes prioritaires du développement (agriculture,
industrie, éducation, santé) pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le
développement (OMD) avant 2015 ;
- obtenir l’annulation de la dette, voire son allègement ;
- développer la coopération Nord-Sud mais également la coopération Sud-Sud ;
- concrétiser l’Union africaine en renforçant l’intégration régionale déjà existante
(UEMOA, CEDEAO, UDEAC, CEMAC, SADC, UMA, etc.).
L’intégration n’est pas une solution, mais elle est la solution pour sortir l’Afrique
de sa situation économique difficile. En effet, comme l’affirmait le Professeur Cheikh Anta
Diop, « même l’égoïsme le plus lucide milite pour une fédération des
peuples ». Aujourd’hui, les dirigeants africains ont compris la nécessité de promouvoir
l’intégration. C’est que le président Abdoulaye Wade considère que « le
développement séparé ne peut plus marcher ». Ainsi, il propose, en 2001, le plan
Oméga, qui vise surtout à « gommer les différentiels dans les secteurs
stratégiques que sont les infrastructures routières, l’éducation, la santé,
l’agriculture et la bonne gouvernance, en vue d’une gestion globale en lieu et
place des gestions nationales ». De son côté, le président sud-africain, Thabo
Mbeki, propose le Millenium African Recovery Plan (MAP), qualifié de « Plan
Marshall » pour l’Afrique, qui prévoit le prévention des conflits et la lutte contre les
maladies comme le Sida dans une dimension continentale et le développement
économique au niveau régional. Ces deux plans, présentés au Forum économique mondial
de Davos (Suisse), en février 2001, sont à l’origine du Nouveau Partenariat pour le
Développement de l’Afrique ou NEPAD (New Partnership for Africa’s Development),
associant les présidents Abdelaziz Bouteflika (Algérie), Olusegun Obasanjo (Nigeria) et
Hosni Moubarak (Egypte). Cependant la mise en œuvre du NEPAD pose problème.

Afrique : tout ne va pas si mal


Huit cents millions d’Africains, dont la moitié ont moins de 20 ans, sont bien décidés à améliorer leur niveau
de vie. La croissance économique sera, cette année (2005), sur le continent, de 5 % - deux fois plus forte
qu’en Europe.
La démocratie et ses institutions font des progrès lents, mais réguliers. Ces cinq dernières années, les deux
tiers des pays d’Afrique subsaharienne ont connu, sous une forme ou sous une autre, des élections
pluripartites, quoique certaines aient été manifestement plus libres que d’autres.
Il est exact que 11 millions d’enfants de moins de 5 ans meurent chaque année en Afrique, et que 350 millions
d’Africains vivent avec moins de 1 dollar par jour. Mais cela ne doit pas faire oublier que de grandes parties
du continent ont fait d’énormes pas en avant.
Si nous ne parlons de l’Afrique que lorsqu’elle est victime de catastrophes, nous perpétuons l’image d’un
continent en crise permanente. Et cette image ne correspond pas à la réalité.
Niall FitzGerald, président de l’agence Reuters, International Herald Tribune, Paris, cité par Jeune
Afrique/L’Intelligent, n°2322, du 10 au 16 juillet 2005, p. 69.

 Conclusion

L’Afrique semble croule sous les problèmes : pauvreté, dépendance, guerres, massacres,
coups d’état, crises politiques et sociales, dictatures, maladies, exodes... Les défis que
l’Afrique doit relever sont nombreux. Et pourtant, la comme ailleurs, des femmes et des
hommes luttent pour leurs droits et leur dignité, des associations à caractère civique se
multiplient, des expériences démocratiques se prolongent, les sociétés de plus en plus
urbanisées bougent, se transforment et se projettent avec confiance vers l’avenir.

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Chapitre II : ETUDE MONOGRAPHIQUE : LE SENEGAL


Leçon 16 : LE SENEGAL : MILIEUX NATURELS ET POPULATION

 Introduction
Le Sénégal est un petit pays (196 722 km2), situé à l’extrême ouest du continent africain
(entre les méridiens 11° 30 ouest et 17° 30 ouest), dans la zone tropicale (entre les
parallèles 12° 30 nord et 16° 30 nord) et présentant une large ouverture sur l’océan
Atlantique avec 700 km de côtes. Le cadre physique est un peu contrasté. Avec 13
000 000 d’habitants, la population sénégalaise se caractérise par sa diversité
ethnique, linguistique et religieuse, sa jeunesse, sa croissance rapide, son
inégale répartition et sa mobilité.

 I. Le milieu naturel
 1. Le relief
Le relief du Sénégal est très peu accidenté. Les plaines et les plateaux dominent. Les
altitudes dépassent rarement 100 m, à l’exception de quelques massifs au sud-est du pays
(Mont Bassari, 581 m) et à l’ouest du pays (Plateau de Thiès : 130 m ; les Mamelles :
105 m ; le Massif de Ndiass : 100 m). Quatre grands ensembles de relief
s’individualisent :
- le Sud-Est, région la plus élevée du Sénégal qui abrite le point culminant (Mont
Bassari) ;
- le Centre-Ouest et le Ferlo, ensemble de vastes plateaux sableux allant de la vallée du
fleuve Sénégal à la Casamance ;
- la vallée alluviale du fleuve Sénégal qui entaille les plateaux et les dunes fixées et
décrit un arc de cercle de 600 km de Bakel à Saint-Louis. Elle se caractérise par un micro-
relief complexe ;
- les régions littorales (700 km de côtes entre Saint-Louis et le Cap Roxo), avec des
côtes basses et sableuses entre Saint-Louis et Dakar (la Grande Côte), des côtes
rocheuses à falaises dans la Petite Côte et, enfin, des côtes à rias dans le Bas-Saloum, la
Basse-Gambie et le Bas-Sénégal.
 2. Le climat
Situé dans la zone intertropicale, le Sénégal est soumis à l’alternance de deux saisons : la
saison sèche de novembre à juin et la saison des pluies ou hivernage de juillet à
octobre. Les températures présentent de grandes différences entre les régions côtières et
l’intérieur (23,8 °C en moyenne à Dakar contre 29 °C à Matam). L’amplitude
thermique, assez faible sur la façade maritime, est très forte dans le reste du pays. Le
Sénégal est soumis à l’influence de plusieurs vents : la mousson, vent humide venant de
l’océan Atlantique à partir de l’hémisphère Sud, l’alizé nord-atlantique ou alizé
maritime qui souffle au nord-ouest du pays et abaisse les températures sur la Grande
Côte et, enfin, l’harmattan ou alizé continental, vent chaud et sec en été et frais et sec
en hiver venant du désert souvent accompagné de sable et de poussières.
Les précipitations, qui tombent durant l’hivernage, diminuent du sud vers le nord :
Ziguinchor : 1 500 mm/an, Kaolack : 800 mm, Thiès : 600 mm, Dakar : 500
mm, Saint-Louis : 300 mm. La distribution des températures et des pluies fait
apparaître plusieurs régions climatiques : la Grande Côte aux températures basses
(influence de la mer), le région sahélienne soumise à l’harmattan et aride, le Fouladou
(Haute et Moyenne Casamance) bien arrosé, le Boundou autour de Tambacounda aux
températures très élevées, la Basse-Casamance région la plus arrosée du pays, la région
de la Petite Côte et le Saloum (à l’ouest de Kaolack).

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 3. Les sols et la végétation


Les sols, d’une grande variété, présentent des possibilités agricoles diverses. On distingue :
les sols bruns et pauvres de régions sahéliennes, les sols ferrugineux tropicaux
lessivés et les sols ferrugineux tropicaux non lessivés ou sols « joor » dans le
domaine soudanien, les sols rouges dans le domaine soudano guinéen, les sols
hydromorphes le long des fleuves et dans la cuvette des Niayes (cultures irriguées), les
sols halomorphes le long de côtes à rias, les sols calcaires sur la Petite Côte.
Le climat détermine la répartition des paysages végétaux. Le couvert végétal se dégrade du
sud vers le nord. On distingue :
- la forêt dégradée en Casamance et au Sénégal oriental ;
- la savane boisée (2/3 du territoire) constituée de grands arbres et d’un tapis herbacé ;
- la steppe sahélienne dans la partie nord du pays, domaine des arbustes à épineux ;
- les groupements azonaux ayant des conditions hydrologiques particulières : forêt-
galerie dans la vallée inondable du fleuve Sénégal, groupements de palmiers dans les
Niayes, palétuviers (mangrove) dans les estuaires des fleuves.

 4. L’hydrographie

Le réseau hydrographique sénégalais comprend :


- des fleuves comme le Sénégal long de 1 750 km avec un bassin versant de 350 000
km2 et un débit moyen de 780 m3/s, la Gambie avec 1 150 km et un bassin versant de
80 000 km2, la Casamance avec 300 km ;
- des bras de mer comme le Sine et le Saloum navigables respectivement jusqu’à Fatick
et jusqu’à Kaolack ;
- des lacs qui ont tendance à se dessécher (lac de Guiers, lac Tanma, lac Rose ou lac
Retba)
- des eaux souterraines dont les nappes deviennent de plus en plus profondes à cause
de la diminution des pluies.

 II. La population

 1. La composition de la population (peuples, langues et religions)

La population sénégalaise est estimée en 2011 à 13 000 000 habitants. Malgré les
mélanges et les brassages de plus en plus fréquents, la population demeure
multiethnique. On distingue :
- les Wolofs majoritaires (44 % de la population), répartis sur tout le territoire ;
- les Sérères (13 %) dans les régions de Thiès, Kaolack, Fatick et Diourbel ;
- le groupe Halpulaar (23 %) dans toutes les régions, mais surtout présents au Ferlo, au
Fouladou et le long de la vallée du fleuve Sénégal ;
- les Diolas (6 %) en Basse-Casamance ;
- les Mandingues (6 %) dans les départements de Sédhiou et de Kolda ;
- les autres ethnies (6 %) sont les Soninkés, les Mandjacks, les Bambaras, les
Balantes, les Bassaris, les étrangers africains et non africains.
On note une grande diversité de langues. Le wolof reste la langue traditionnelle la plus
parlée. Le français est la langue officielle employée dans l’enseignement, l’administration
et les affaires.
Les Sénégalais sont en majorité des musulmans (94 % environ), répartis en plusieurs
confréries. Les chrétiens représentent 5 % de la population, avec une majorité de
catholiques et une minorité de protestants.

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Les animistes constituent moins de 1 % de la population. La cohabitation entre les


ethnies et entre les personnes de religions différentes est bien vécue au Sénégal.
 2. Evolution, répartition et structures par âge de la population

La croissance démographique est rapide du fait du mouvement naturel de la population


(natalité de 37 %o et mortalité de 11 %o) et de l’apport migratoire. Le taux
d’accroissement naturel moyen est de 2,6 %.

Evolution de la population sénégalaise de


1960 à 2004
Année Population en millions d’habitants
1960 3 110 000
1970 3 620 000
1976 5 100 000
1986 7 000 000
2000 9 000 000
2004 10 239 000
2011 13 000 000

La densité moyenne de la population sénégalaise est de 65 hab/km2. La population


sénégalaise est inégalement répartie. Les fortes densités sont enregistrées dans les régions
de Dakar (4 500 hab/km2), de Diourbel (250 hab/km2) de Thiès (235 hab/km2),
Fatick (85 hab/km2), Kaolack (75 hab/km2), Ziguinchor (65 hab/km2). Les plus
faibles densités sont enregistrées dans les régions de Saint-Louis (38 hab/km2), Louga
(30 hab/km2), Matam (17 hab/km2) et surtout Tambacounda (12 hab/km2).
La population est très jeune (44 % des Sénégalais ont moins de 15 ans et 2,7 % ont plus
de 65 ans).
 3. Les migrations

La population sénégalaise est extrêmement mobile. Trois types de migrations


l’affectent :
- l’exode rural est la migration interne la plus importante et concerne surtout les jeunes.
Les causes sont d’ordres naturel (pauvreté des sols et aridité), économique (insuffisance
des revenus agricoles), social (pression démographique) et psychologique (attrait de la
ville). Les principaux pôles d’attraction sont Dakar et sa banlieue ;
- les migrations interrégionales, liées à la recherche de terres fertiles et de pâturages
(déplacements saisonniers des paysans vers les terres riches de Tambacounda,
transhumance des éleveurs peuls) ;
- les migrations internationales, avec comme principales régions de départ la vallée du
fleuve Sénégal, Louga et Diourbel et comme principaux pays d’accueil : * en Afrique, la
Côte d’Ivoire, le Gabon, le Nigeria, le Maroc, l’Afrique du Sud, la Mauritanie, la Libye, etc. ;
* en Europe, la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, l’Allemagne, la Belgique, etc. ; * en
Amérique, les Etats-Unis et le Canada ; * en Asie, les pays du golfe Persique.
Les retombées financières des migrations internationales sont très importantes.
Certains parmi les 2 millions d’émigrés sénégalais sont confrontés à des problèmes
dans les pays d’accueil. Le « pays de la Teranga » accueille un nombre important

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d’étrangers originaires des pays frontaliers et du reste du monde (immigrants volontaires,


réfugiés, experts).

 4. La poussée urbaine

Le Sénégal demeure un pays rural. Les ruraux représentent la moitié de la population


(50%). Le taux d’urbanisation est de 50 % fait du Sénégal l’un des plus urbanisés
d’Afrique. Dakar est, de loin, la région la plus urbanisée, avec un taux de 98 %, suivie de
Thiès (47 %), Ziguinchor (45 %) et Saint-Louis (37 %). Les plus faibles taux
d’urbanisation sont enregistrés dans les régions de Kolda (13 %), Fatick (14 %), Matam
(14 %), Diourbel (16 %) et Tambacounda (17 %).
Il y a plusieurs villes qui se distinguent par le nombre d’habitants et les fonctions :
- les grandes villes assez peuplées et attractives (plus de 100 000 habitants) :
Dakar, Thiès, Saint-Louis, Kaolack, Diourbel, Ziguinchor, etc. ;
- les villes secondaires qu’on peut diviser en deux sous-groupes : * les villes
commerçantes et religieuses (Bakel, Touba, Tivaouane, etc.) ; * les centres urbains
semi-ruraux (Vélingara, Kaffrine, Koungueul, etc.).
Le phénomène urbain s’accélère depuis 1960 à cause de l’exode rural. Toutes les villes
dépendent pratiquement de l’agglomération dakaroise (macrocéphalie de Dakar). Les
problèmes d’urbanisation sont très nombreux : insalubrité, problèmes de logement, de
transport, d’insécurité, d’emploi…

 Conclusion

Le Sénégal est un pays aux traits physiques assez simples. Sa population est à l’image de
celles des pays africains (population composite, croissance démographique forte, jeunesse
et mobilité importantes). Les conditions physiques déterminent les activités des
populations

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Leçon 17 : LA QUESTION DE L’EAU AU SENEGAL


Introduction
« L’eau est, pour un Etat et pour un peuple, la souveraine richesse », dit Jean
Brunhes (1864-1930) dans son ouvrage Géographie humaine (1910). L’eau est une
ressource vitale pour tous les êtres vivants en général et l’espèce humaine en particulier.
Elle intervient dans tous les domaines de la vie. L’eau est donc une importante source de
vie et moteur essentiel du développement. Pourtant, ce bien précieux peut créer des
problèmes par sa rareté ou par son excès. Dans les pays arides ou semi-arides comme le
Sénégal, se pose une question de l’eau. Pour mesurer l’acuité du problème de l’eau, il est
nécessaire de faire l’inventaire des ressources hydriques, de voir les contraintes qui
limitent sa disponibilité, l’importance des déficits et les solutions mises en œuvre pour
régler ce problème.
I. Les ressources en eau du Sénégal
1. La pluviométrie
Le premier élément qui régit le problème de l’eau est la pluviométrie. Le Sénégal est un
pays tropical où l’année climatique est divisée en deux saisons. La tranche d’eau qui
tombe sur le Sénégal en un an est comprise entre 300 mm et 1 500 mm et le nombre de
jours de pluies varie entre 20 et 85. Les précipitations diminuent du sud vers le nord et
sont inégalement réparties sur le territoire. La moitié septentrionale (nord) du pays accuse
un grand déficit pluviométrique. La moyenne des précipitations au Sénégal est d’environ
600 mm, ce qui représente pour e Sénégal un volume de 130 milliards de m3.
2. Les eaux de surface
Trois bassins, auxquels on peut ajouter quelques marigots intermittents (temporaires),
constituent l’essentiel des eaux du Sénégal. Il s’agit des fleuves Sénégal (le Lac de Guiers
en faisant partie), Gambie et Casamance. Ces cours d’eau ont des régimes tropicaux, qui
suivent le rythme des saisons avec une période de hautes eaux (de juillet à octobre) et une
période de basses eaux (de novembre à juin.
Situé dans la région de Louga le lac de Guiers constitue la principale source
d’approvisionnement en eau de la capitale sénégalaise plus de (73%).
Au total, on admet que l’ensemble des eaux douces de surface traversant le Sénégal ou
existant en permanence peut se situer entre 40 et 50 milliards de m3 par an.
3. Les eaux souterraines
Le Sénégal renferme de nombreuses nappes souterraines utilisables réparties en trois
catégories :
- les nappes phréatiques superficielles localisées au Cap-Vert, sur le littoral Nord, au
niveau des bassins des fleuves et dans les Niayes. Les potentialités sont estimées à
270 000 m3 par jour ;
- les nappes peu profondes avec des puits villageois de 30 à 100 m. les potentialités
sont estimées à 700 000 m3 par jour ;
- la nappe maëstrichtienne, peu profonde, dans tout le bassin sédimentaire qui couvre
la quasi totalité du territoire. Elle est atteinte par forage entre 100 et 400 m de
profondeur et l’eau remonte jusqu’à quelques mètres de la surface. Son volume théorique
est de 100 milliards de m3 de réserve d’eau douce, soit environ 500 000 m3 par jour.
Au total, un bilan général des ressources souterraines donne un potentiel théoriquement
mobilisable de 2 600 000 m3 par jour pendant 2000 ans. Ce bilan optimiste doit
tenir compte des contraintes techniques et économiques liées à leur exploitation. Il en est
de même pour les autres ressources.
II. Les contraintes limitant la disponibilité de l’eau au Sénégal
Elles sont de plusieurs ordres : mécanique (ruissellement, infiltration), climatique
(évaporation), conjoncturel (sécheresse), sanitaire (maladies liées à l’eau), technique
et financier.

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1. Les difficultés de conservation des ressources


La conservation des ressources est rendue difficile par trois phénomènes : l’évaporation,
l’infiltration et le ruissellement.
L’évaporation est fonction de la surface d’eau et des facteurs climatiques (température,
vents, nébulosité). Elle est maximale au milieu de la saison sèche quand l’insolation est
importante et les précipitations inexistantes.
L’infiltration est très importante même si une récupération est possible avec les nappes
phréatiques. Les sols sénégalais absorbent l’eau plus ou moins lentement. Le surplus, qui
est considérable, cherche aussitôt des possibilités d’écoulement.
L’écoulement s’effectue de deux façons :
- dans un bassin fermé où l’eau vient se rassembler en mares que l’on peut retrouver un
peu partout au Sénégal ;
- vers la mer, notamment par l’intermédiaire des fleuves.
2. La sécheresse
Au Sénégal, les pluies sont irrégulières. Pendant certaines périodes, on assiste à un grand
déficit en eau. La sécheresse n’est pas un phénomène nouveau au Sénégal. Aussi des
périodes de sécheresse ont-elles été enregistrées durant le XXe siècle : 1910-1914 ; 1939-
1949 ; 1941-1942, 1950-1967 ; 1972-1973 ; 1983-1984. Depuis 1968, la sécheresse est
de plus en plus persistante. Mais depuis 1998, les pluies sont redevenues normales ; ce qui
donne espoir au ponde rural.
III. Les problèmes techniques, financiers et politiques
Le Sénégal est un pays en développement, caractérisé par une insuffisance des moyens
techniques et financiers. La profondeur des nappes les plus importantes et l’éloignement
des ressources en eau de surface par rapport aux principaux centres de consommation
nécessitent d’importants moyens techniques et financiers. Le coût d’un forage de 100 à
300 m de profondeur est estimé entre 20 et 30 millions de francs CFA. Si l’on y
ajoute l’équipement en pompes et réservoirs, on s’approche de 40 millions. Les projets
de doublement de la conduite du Lac de Guiers et du Canal du Cayor sont estimés
entre 92 et 220 milliards de francs CFA.
Il y a également les problèmes politiques liés à l’exploitation et la gestion commune de
certaines ressources en eau, principalement le fleuve Sénégal. Un projet vital, celui de la
revitalisation des vallées fossiles du Sénégal a été finalement abandonné à cause de
l’opposition de la Mauritanie.
A ces problèmes, il faut ajouter les méfaits de l’excès de l’eau. En effet, cette ressource
tant désirée livre parfois un lot massif de sinistrés, par exemple les hivernages de 1992 et
2000 à Dakar, Kaolack et Saint-Louis, les pluies hors saison de mi-janvier 2002 et
les inondations de Dakar en 2005 et 2006.
IV. Les politiques de l’eau
Le Sénégal a entrepris une série d’actions visant à trouver des solutions au problème de
l’eau. Pour rentabiliser le réseau hydrographique, la Société d’Aménagement et
d’exploitation des Eaux du Delta (SAED) développe l’agriculture irriguée sur le
bassin du Sénégal. La construction du barrage de Diama participe de cette volonté
d’irrigation. Un vaste programme de réseau hydrographique national est lancé. Les
principaux axes de ce programme sont :
- l’aménagement des bassins de rétention d’eau (138 déjà mis au point) pour
empêcher l’écoulement et la perte des eaux et en même temps limiter les dégâts causés par
les inondations ;
- la désalinisation des eaux de Basse-Casamance, avec la construction de digues et
de barrages sur les fleuves Gambie et Casamance.
Concernant l’approvisionnement en eau potable, des efforts sont fournis. Outre les efforts
de la Société des Eaux (SDE), la Coopération japonaise a permis la construction

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d’une centaine de châteaux d’eau. La production d’électricité hydraulique grâce au barrage


de Manantali est effective.
Pour renforcer l’alimentation de Dakar en eau potable, c’est le Projet Sectoriel Eau
(PSE) qui a été retenu avec deux phases.
La 1re phase (entre 1997 et 1999) concerne la pose d’une conduite de 1 000 à 1 200
mm de diamètre entre Guéoul et Dakar, la réalisation et l’équipement de 11 forages
dans la zone du littoral nord, la rénovation et l’extension de la station de Gnith pour
porter sa capacité de 39 000m3/j à 64 000 m3/j.
La 2e phase (entre 1999 et 2001) porte sur la construction d’un réservoir aux Mamelles
à Dakar, la réalisation de deux forages pour la ville de Thiès, la construction et la
réhabilitation des stations de chloration.
Déjà, en mai 2000, le PSE aura permis d’injecter 65 000 m3/j supplémentaires ; ce qui
a permis de couvrir totalement les besoins en eau de Dakar pendant la saison normale et
de réduire les déficits de 30 % à 10 % en saison chaude.
Après 2001, il est prévu le projet d’alimentation en eau potable de Dakar à long
terme jusqu’à l’an 2011.
Les projets essentiellement hydrauliques sont complétés par de grands projets
d’aménagements hydro – agricoles : celui du développement intégré de la rive gauche
de la vallée du Sénégal qui concerne 250 000 ha de terres cultivables et celui
d’aménagement hydro – agricole du bassin de l’Anambé qui concerne 2 000 ha.
Le manque d’eau potable et d’assainissement touche l’ensemble du pays. Le Sénégal s’est
saisi du problème en mettant en place le Programme d’eau potable et d’assainissement du
millénaire (PEPAM). Objectif : atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement
à l’horizon 2015. Si presque tous les habitants des villes ont désormais l’eau potable, un
tiers des Sénégalais n’ont toujours pas accès à des systèmes d’assainissement. Dans les
campagnes, beaucoup de femmes continuent à aller puiser l’eau dans les puits à la force de
leurs bras. Au-delà des infrastructures, l’implication de la population est indispensable.
Adopter des bons gestes, éviter les gaspillages sont les messages que font passer les
autorités sénégalaises pour une meilleure utilisation de l’eau.
Accès à l’eau : un véritable casse-tête pour les Dakarois
En effet, dans ces banlieues dakaroises, beaucoup de familles n'ont pas accès à l'eau potable... A
Diamaguene,… la plupart des maisons n'ont pas de branchements d'eau de la SDE. La population dans cette
localité est obligée de se déplacer avec des bidons pour aller dans les autres quartiers environnants chercher
de l'eau à boire et pour faire le ménage.
A Cambérène par contre, une autre banlieue située à 10 kilomètres du centre-ville, beaucoup de familles se
retrouvent avec des canalisations et des branchements d'eau potable dispersés un peu partout. Des tuyaux
d'eau potable ne sont pas loin parfois de ceux de l'assainissement ou des toilettes. Ce qui non seulement n'est
pas conforme, mais peut causer des risques énormes en cas de cassure des tuyaux…
Cependant, la direction de la Sénégalaise des eaux rassure que le problème d'accès à l'eau potable sera réglé
bientôt. Le directeur général de la SDE, Mamadou Dia, a indiqué que… les deux objectifs étaient d'améliorer
la qualité de l'eau et d'accroître la quantité, en particulier dans les banlieues.
… Les besoins de Dakar sont de 295.000 mètres cubes tandis que l'offre est de 300.000 mètres cubes et que
la moindre perturbation, même une fourniture d'électricité, suffit à créer un déficit dans la distribution de
l'eau.
D'autres stations de traitement d'eau sont en construction et les travaux seront terminés en décembre 2009,
selon le directeur général de la SONES, Cheikh Fall, dont la société publique est chargée de la planification et
des investissements dans le secteur de l'eau…
Selon les archives de la SDE, un Sénégalais reçoit au minimum 35 litres d'eau par jour, et tous les usagers ne
payent pas l'eau au même prix. Si le coût moyen de l'eau est de 419 FCFA (environ un dollar) le mètre cube, il
est facturé en moyenne à 268 FCFA (0,64 dollar) aux maraîchers, 372 FCFA (environ 0,89 dollar) aux
usagers domestiques et 639 FCFA (1,5 dollar) aux usagers industriels. La distribution de l'eau courante est
également liée à la disponibilité de l'électricité qui active les pompes, mais avec les délestages intempestifs,
les puits des banlieues de Dakar risquent de voir s'allonger la queue des usagers pour rechercher patiemment
l'eau, cette denrée précieuse.
Koffigan E. Adigbli, Inter Press Service (IPS), 26 juillet 2009.

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GEOGRAPHIE – TERMINALE – Année 2009

La privatisation du secteur de l’eau au Sénégal


A l’instar d’autres pays en Afrique, la privatisation de l’eau a été choisie comme de réforme pour atteindre un
gain d’efficacité afin de couvrir les coûts et assurer l’autonomie financière du secteur et une plus grande
autonomie vis à vis du gouvernement.
C’est ainsi que le secteur hydraulique sénégalais a subi une mutation institutionnelle en 1995, avec la réforme
de l'ancienne S.O.N.E.E.S. (Société Nationale d'Exploitation des Eaux du Sénégal) qui a donné naissance à
trois organismes distincts :
- la S.O.N.E.S., société publique de patrimoine, responsable de la propriété des avoirs du secteur, de la
planification et du financement des investissements (exceptés ceux réalisés par la SDE) et le suivi des
activités de la SDE ;
- la S.D.E. (Sénégalaise des Eaux, filiale de la SAUR), société privée chargée de l'exploitation du réseau, en
charge d’un part des investissements chaque année, et ;
- l'O.N.A.S (Office National d'Assainissement) a la charge de tous les travaux d'assainissement liquide (eaux
usées domestiques, industrielles et pluviales) ainsi que de l'assainissement gazeux (fumées d'usines...). Au
Sénégal, seuls 8% des ménages sont branchés au réseau d'égout (32% à Dakar), et 95% des ménages ruraux
évacuent leurs eaux usées dans la nature.
Un Conseil Supérieur de l'Eau (CSE), a été crée en juin 1998, présidé par le Premier Ministre, il est chargé de
décider des grandes options d'aménagement et de gestion des ressources en eau, d'arbitrer d'éventuels
conflits nés de l'utilisation de l'eau, de veiller au respect de la réglementation relative à la gestion des eaux
internationales, et de statuer sur toute autre question liée à la gestion et à la maîtrise des ressources en eau. Il
est assisté dans sa tâche par le Comité technique de l'Eau (CTE), créé par arrêté du Ministre chargé de
l'Hydraulique.
Une agence a été créée en octobre 2000 pour réaliser un programme de petits barrages et de retenues
collinaires. Il s'agit de l'Agence de Promotion du Réseau Hydrographique National (APRHN, statut
parapublic), placée sous la tutelle du Ministère de l'Hydraulique. Sa mission principale est d'œuvrer à
l'aménagement et à la réhabilitation du réseau hydrographique sénégalais, de façon à apporter l'eau à toutes
les populations et pour tous les types de besoins.
Avec la privatisation de certains secteurs de l’hydraulique, une frange importante de la population,
notamment les plus démunis continuent à accéder difficilement à l’eau potable. Les coûts pour accéder à une
eau salubre demeurent des plus prohibitifs, hors de la portée de la bourse de nombreuses personnes.
Par Dr. Abou THIAM, Institut des Sciences de l’Environnement Université C.A.Diop de Dakar (Sénégal), intervention
la World Citizens Assembly on Water (WCAW), Kuala Lumpur (Malaysia), 27-30 octobre 2005.

Conclusion

Le Sénégal est relativement bien pourvu en eau. Les ressources sont inégalement réparties
sur le territoire. La moitié septentrionale (Nord) du pays souffre d’un déficit
pluviométrique combiné à une quasi absence d’eau de surface. Le grand
problème de l’eau au Sénégal est celui de sa bonne maîtrise. Les actions entreprises jusqu’à
maintenant, quoique louables, n’ont pas réglé définitivement le problème de l’eau. La
question de l’eau risque de se poser encore et compromettre du coup le développement du
pays.

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Leçon 18 : LES PROBLEMES ECONOMIQUES


ET LES POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT AU SENEGAL
Introduction
Pays sahélien à vocation agricole, le Sénégal fait partie de l’Afrique subsaharienne,
considérée comme l’une des régions les plus sous-développées de la planète. Classé parmi
les pays les moins avancés (PMA), le Sénégal est confronté à de réels problèmes
économiques liés à des facteurs historiques, géographiques et conjoncturels. Mais, l’Etat,
par la mise en place de politiques de développement, cherche à s’adapter au contexte
de mondialisation.
I. Les problèmes économiques
Productions agricoles

Production en tonnes Variation en %

2002/2003 2003/2004 (b)/(a) (c)/(b)


CAMPAGNES 2001/2002 (a) (b) (c)
Arachide huilerie 887356 260 733 440 709 -71 69
Coton 34237 34 131 54 964 -0,3 61
Céréales 961 562 785 396 1 451 893 -18 85
Mil 470105 414 820 628 426 -12 51
sorgho 140297 116 929 189 787 -17 62
Maïs 106444 80 372 400 909 -24 399
Riz 243907 172 395 231 805 -29 34
Fonio 809 880 966 8,8 10
Tubercules
Niébé 31720 12 805 34 703 -60 171
Manioc 138188 106 960 181 721 -23 70
Autres cultures
Pastèque 127294 220 891 398 549 74 80
Sésame 3591 2 543 15 912 -29 526
Bissap 1584 2 374 3 525 50 48
Gombo 14046 11 121 34 050 -21 206
Courge 26100 25 640 20 100 -1,8 -22
Diakhatou 7680 3 892 2 068 -49 -47
Voaandzou 91 11 4 -88 -64
Tomate 16785 3 465 2 580 -79 -26
Béref 1621 2 576 3 536 59 37
Aubergine 4063 4 868 6 201 20 27
Source: DAPS
Evolution des effectifs du cheptel de 1994 à 2003 (en milliers de têtes)
Camelin
Année Bovins Ovins Caprins Porcins Equins Asins s Volaille Volaille
industrielle familiale
1997 2 898 000 4 198 000 3 578 000 191 000 444 240 375 000 4 000 4 956 000 13 118 000
1998 2 912 490 4 344 930 3 703 230 213 919 445 128 375 749 3 960 5 287 000 15 055 283
1999 2 927 052 4 497 003 3 832 843 239 590 446 018 376 501 3 920 4 710 000 18 276 779
2000 2 986 000 4 542 000 3 879 000 269 000 471 000 399 000 4 000 5 595 000 18 900 000
2001 3 061 000 4 678 000 3 995 000 280 000 492 000 407 000 4 000 6 115 317 19 542 600
2002 2 996 937 4 540 380 3 899 972 291 450 496 095 399 547 4 000 5 174 255 20 207 048
2003 3 017 513 4 613 508 3 968 737 303 368 500 225 399 547 4 008 5 261 866 20 813 260

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1. L’agriculture
L’agriculture constitue la principale activité économique en milieu rural et
contribue pour un peu moins de 10 % du PIB. Elle est caractérisée par une très faible
productivité qui se traduit par une baisse importante des revenus des producteurs.
*La prééminence de la culture arachidière : L’agriculture sénégalaise a longtemps
souffert de la monoculture qui a régné en maître absolu, aussi bien pour les surfaces
emblavées que pour les productions et les exportations du pays. Cette situation est d’autant
plus grave que l’arachide est concurrencée sur le marché des oléagineux par le tournesol, le
colza et le soja.
*Le déficit de la production vivrière : Il entraîne des importations massives de
denrées alimentaires qui grèvent la balance commerciale. Et ce déficit a pour conséquence
le recours à l’aide alimentaire.
*Les aléas climatiques : Le Sénégal est frappé depuis plusieurs décennies par la
sécheresse, malgré une reprise de la pluviométrie notée ces dernières années. Les
précipitations sont devenues très déficitaires et la saison des pluies s’est généralement
écourtée. Ce qui entraîne des conséquences néfastes sur les productions et sur les revenus
des paysans et de l’Etat (devises). Le phénomène de l’exode rural s’accentue avec les
dures années de sécheresse et entraîne un dépeuplement des campagnes.
*Les problèmes de la dégradation des sols, de l’intensification de l’activité
humaine et animale sur le couvert végétal (charbon de bois, bois de chauffe) : Le
déficit des précipitations, en plus de dégrader les formations végétales, augmente la
salinité des eaux et des sols qui rend difficiles voire impossibles les cultures.
*Les difficultés d’accès aux crédits par le biais de la Caisse nationale de Crédit
agricole (CNCA). Il s’y ajoute le manque d’infrastructures de stockage, la cherté des
facteurs de production (semences, engrais, machines, etc.).
*L’élevage constitue une composante essentielle de l’économie sénégalaise et occupe une
place importante dans la recherche de l’autosuffisance alimentaire. En 2002, ce secteur a
représenté 35 % du PIB du secteur primaire et 4,8 % du PIB total. Mais ce secteur est
confronté à une insuffisance des pâturages liée à une péjoration climatique et à la faible
production en viande et en lait.
2. La pêche
La pêche est une activité très importante de l’économie sénégalaise. Elle constitue une des
principales sources de recettes en devises. Sa part dans le PIB tourne autour de 3 %.
La pêche est confrontée à problème principal, à savoir la rareté des produits halieutiques.
On remarque ces dernières années une baisse des quantités débarquées due à la pollution
marine, aux méthodes de pêche non sélectives, à l’accroissement de l’effort de pêche et à la
vétusté de la flotte nationale.
L’autre obstacle qui peut compromettre les exportations de ce secteur, c’est la qualité et
l’hygiène des produits transformés.
Evolution des débarquements de la pêche maritime (en milliers de tonnes)
Année 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003* 2003/200
2 (%)
Pêche artisanale 352,9 325,1 313,6 338,2 332,4 311,5 385,6 23,8
- Poissons 340,2 308,1 288,2 322,2 318,2 292,8 368,2 25,7
- Crustacés 2,2 1,7 2,3 3,6 2,5 1,7 1,7 0
- Mollusques 10,5 15,3 23,1 12,4 11,7 17,0 15,7 -7,6
Pêche industrielle 100,3 83,8 81,3 52,1 63,7 62,4 56,0 -10,0
Dont :- Sardinière 9,5 7,4 4,4 1,4 1,7 1,5 1,5 0
- Chalutière 63,2 47,4 56,3 37,9 43,7 43,0 38,7 -10,0
- Thonière 27,6 28,9 20,6 12,8 18,3 17,9 15,9 -11,2
Total débarquement 453,2 408,9 395,0 390,3 396,0 373,9 441,7 18,1
Source : DPM / MP , * Données provisoires.

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3. Les problèmes de l’industrie


Les difficultés de l’industrie sénégalaise sont nombreuses :
*le manque de capitaux et l’absence d’industries lourdes ;
*la pauvreté du sous-sol : les ressources minières et énergétiques sont modestes et souvent
réduites à l’état d’indices ou de potentiel. Le Sénégal consacre la moitié de ses recettes
d’exportations à des approvisionnements énergétiques, donnant lieu à des problèmes pour
la politique de réinvestissement, pour la stabilité de la balance commerciale et de la
balance des paiements ;
*l’inégale répartition des unités industrielles à l’échelle nationale traduit le déséquilibre
entre Dakar (qui concentre 90 % des industries) et le reste du pays ;
*la faible compétitivité des produits industriels sénégalais et la rude concurrence
internationale ;
*la cherté des coûts des facteurs de productions techniques (eau, électricité, téléphone,
transports, etc.) ;
*l’étroitesse du marché (population peu importante, faiblesse des revenus) ;
*l’artisanat est handicapé par la faible qualification des artisans et le problème des
débouchés ;
*le tourisme, 2e source de devises derrière la pêche, souffre aussi de nombreux problèmes :
faiblesse des moyens financiers pour la promotion, dépendance vis-à-vis de la saisonnalité,
inégale répartition des infrastructures hôtelières, rapatriement des bénéfices vers les pays
développés, etc.
II. Les politiques de développement
Depuis une décennie, nous assistons à un établissement de bases d’une politique
économique plus adaptée aux grands courants de l’économie mondiale actuelle. Depuis
1960, les politiques de développement peuvent se résumer en deux grandes périodes.
1. La période de l’intervention étatique
Au lendemain de son indépendance, le Sénégal a choisi une voie intermédiaire entre le
capitalisme et le socialisme : le socialisme démocratique. Pour parvenir à cette voie
médiane, l’Etat a eu recours à une planification souple, à la création de sociétés d’économie
mixte (association entre l’Etat et des partenaires privés), de coopératives dans le monde
rural et en encourageant l’initiative privée.
Durant cette période, l’Etat est le principal inspirateur, exécutant et évaluateur de la
politique économique. A partir de 1966, par le biais de l’Office national de Coopération,
d’Assistance au Développement (ONCAD), encadre le monde rural, contrôle les
coopératives, s’occupe de la commercialisation de l’arachide et de son transport ainsi que
de l’importation de riz.
D’autres établissements sont créés : la SAED (Saint-Louis), la SODEVA (Bassin
arachidier), la SOMIVAC (Casamance) et la SODEFITEX (Tambacounda).
Au plan industriel, il y a la création de la société Dakar Marine et le projet d’exploitation
des mines de fer du Sénégal oriental (MIFERSO). A la fin des années 1970, cette politique
de développement est abandonnée pour deux raisons :
-l’inadaptation des structures d’encadrement (coopératives) ;
-l’absence de participation des producteurs (paysans) aux prises de décisions.
En plus, cette politique a montré ses limites (lourdeurs administratives, méfiance des
bailleurs de fonds, politisation de l’action économique, etc.).

2. La période du désengagement de l’Etat

Les nouvelles politiques économiques voient leur application à partir de mars 1984.
-Au plan agricole, le Nouvelle Politique agricole (NPA) repose sur le désengagement de
l’Etat, la responsabilisation des paysans, la mise en place d’une politique de prix pour
encourager la culture des céréales locales, la prise en charge de l’approvisionnement par

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les privés et la réadaptation du mode d’encadrement. Certaines sociétés de développement


rural sont dissoutes (ONCAD, STN, SOMIVAC) et d’autres redimensionnées (SAED).
La NPA n’a pas atteint ses objectifs et l’Etat a mis en œuvre un Programme
d’Investissement du Secteur agricole (PISA), pour la période 1995-2000. Ce programme
vise à assurer une croissance agricole dans la vallée du fleuve Sénégal et à préserver les
ressources.
Depuis 2000, le gouvernement libéral a mis en place un programme d’urgence visant à
relancer les cultures vivrières avec une dominance du maïs, suite aux difficultés
rencontrées par la culture de l’arachide.
-Au plan industriel, la Nouvelle Politique industrielle (NPI) a été initiée en 1986. Elle vise
la poursuite du désengagement, l’accroissement de la compétitivité des entreprises
industrielles, la promotion des PME-PMI, la réduction des coûts des facteurs de
productions techniques.
Le bilan de la NPI a été négatif. Cependant, l’Etat poursuit la politique de libéralisation à
outrance avec la privatisation des grandes entreprises, l’incitation à la création de PME-
PMI, la libéralisation du secteur commercial.

Conclusion

Le Sénégal, comme tout pays en développement, fait face à des difficultés économiques.
Des stratégies de développement ont été engagées par l’Etat pour faire du Sénégal un pays
émergent. Néanmoins, les problèmes persistent.

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