0947 EnerBat2014
0947 EnerBat2014
0947 EnerBat2014
FÉ DÉ R A LE D E L A U SAN NE
ÉNERGÉTIQUE DU
BÂTIMENT
Chauffage
pour A.
Zone de confort
A: bon bâtiment
B: bâtiment inadapté
Longue période de chauffage pour B C: climat extérieur
1
1 - INTRODUCTION ET RAPPELS DE PHYSIQUE DU BÂTIMENT
Un bâtiment inadapté à son climat, (un exemple typique est un hôtel d'une grande chaîne
internationale quelconque) a tendance à surchauffer en saison chaude et à être glacial en
saison froide. Ces bâtiments consomment de grandes quantités d'énergie pour assurer un
confort acceptable.
2
ENERGETIQUE DU BATIMENT
mesures d'économie d'énergie seront les plus efficaces et les mieux à même d'offrir un confort
élevé.
La connaissance des flux d'énergie au travers d'un bâtiment est nécessaire à la prise de déci-
sions ou à la planification de travaux, notamment pour les tâches suivantes:
Tenir compte de tous les critères voulus dans le choix de stratégies possibles lors de réno-
vation ou de construction d'ensemble d'immeubles. Parmi les critères à envisager, il y a
non seulement le coût, l'esthétique ou l'habitabilité, mais aussi la consommation d'énergie.
dimensionner correctement les installations énergétiques, en calculant la puissance de
pointe minimum nécessaire;
prévoir la consommation annuelle et la minimiser en choisissant la variante la plus éco-
nomique globalement, tout en tenant compte du confort et des contraintes architecturales.
Diminuer la consommation d'énergie primaire en minimisant tous ces flux, en les faisant
passer aux bons endroits et en captant au mieux la chaleur de l'environnement (énergie so-
laire, pompes à chaleur) est un problème où la physique a déjà apporté des solutions et qui
continue à être étudié. Les solutions à ce problème particulier peuvent entraîner des pro-
blèmes ailleurs, et en tous cas ont une influence sur les diverses caractéristiques du bâtiment.
De ce fait, il ne faut pas se restreindre à des examens sectoriels pour résoudre des problèmes
dans le bâtiment, mais toujours envisager toutes les conséquences d'une modification.
Le but premier de ce cours est de présenter des modèles physiques du bâtiment, de ses instal-
lations et des occupants, permettant de mieux comprendre l'écoulement des flux d'énergie au
travers du bâtiment.
3
1 - INTRODUCTION ET RAPPELS DE PHYSIQUE DU BÂTIMENT
Ce dernier phénomène implique une migration combinée de chaleur et d'eau. Il peut être la
source de problèmes d'humidité (moisissures, gel, dégâts) rencontrés dans des bâtiments.
Le transfert de chaleur implique un flux de chaleur (en Watt) qui exprime la quantité d'énergie
passant chaque seconde au travers d'une surface quelconque, ou, localement, une densité de
flux de chaleur (en W/m²) qui exprime la quantité d'énergie transmise chaque seconde au
travers d'une surface unité.
Les modèles mathématiques utilisés pour décrire le transfert de chaleur dans le bâtiment sont
décrits dans les chapitres où ils sont utilisés.
Rayonnement solaire
1,0 - au niveau de la mer.
Ciel serein, soleil à 30°
au-dessus de l'horizon
0,5 -
UV visible IR
0-
0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5
Longueur d'onde [µm]
Figure 1.3: Spectre du rayonnement solaire
Au niveau du sol, le rayonnement direct, provenant en droite ligne du soleil est donc diminué
en intensité et son spectre est modifié. De plus, une composante diffuse apparaît, provenant du
ciel bleu par temps ensoleillé, et des nuages plus ou moins gris par temps couvert. L'intensité
de ces deux composantes doit être prise en compte pour le calcul des gains solaires.
La puissance totale du rayonnement solaire reçu par la Terre est de l'ordre de 170'000 TW,
mais une partie de ce rayonnement est directement réfléchie vers l'espace. A la surface de la
Terre, les endroits les plus ensoleillés, comme le sud du Sahara, reçoivent annuellement envi-
4
ENERGETIQUE DU BATIMENT
ron 2000 kWh/m2. En région tempérée, on en reçoit encore plus de la moitié. Par exemple en
Suisse, la station la plus ensoleillée, Zermatt, reçoit annuellement 1480 kWh/m2, et la région
la moins favorisée, Lucerne, reçoit tout de même 1109 kWh/m2.
Aux altitudes usuelles (proches du niveau de la mer) et dans la zone tempérée, le rayonnement
global (la somme de la composante directe et de la composante diffuse) est au maximum de
l'ordre de 1000 W/m2 sur une surface perpendiculaire au rayonnement solaire. Dans ces
mêmes conditions, l'intensité du rayonnement diffus représente environ le quart ou le tiers du
rayonnement global. Dans le cas de ciels couverts, il n'y a plus de composante directe, et la
composante diffuse, dont la distribution est d'autant plus isotrope que le ciel est plus couvert,
devient bien plus faible, par exemple de l'ordre de 100 W/m2 sur une surface horizontale pour
un ciel bien couvert.
θ = 0° θ = 60°
Figure 1.4: Incidence du rayonnement solaire sur une surface
La puissance incidente sur la surface Is [W/m2], en ne tenant compte que de la composante
directe perpendiculaire du rayonnement Ib [W/m2], est égale à:
Is = Ib · cos(θ) (1.2)
Lorsqu'un rayon est intercepté par une surface, il peut être réfléchi, transmis et/ou absorbé.
Une surface polie (miroir) réfléchit la lumière de façon ordonnée alors qu'une surface dépolie
(feuille de papier) réfléchit la lumière en la dispersant.
La couleur perçue d'un objet se compose des radiations réfléchies par sa surface. Certaines
longueurs d'ondes sont réfléchies, d'autres sont absorbées par le matériau.
5
1 - INTRODUCTION ET RAPPELS DE PHYSIQUE DU BÂTIMENT
Le rayonnement absorbé par une surface est immédiatement transformé en chaleur. Un mor-
ceau de charbon absorbe toutes les longueurs d'ondes et a tendance à s'échauffer car il reçoit
beaucoup de chaleur. On le voit noir (= absence de radiations) puisqu'il ne réfléchit aucune
onde visible. La neige réfléchit les ondes de toutes les longueurs et on la voit blanche (=
toutes les ondes du spectre visible). Une cerise ne réfléchit que les ondes de la longueur
d'onde correspondant au rouge (= 759,4 nm).
Certains corps n'interceptent pas les ondes visibles du rayonnement solaire; ils les transmet-
tent: ils sont transparents. Un vitrage à verre simple transmet 85 % du rayonnement solaire.
6
ENERGETIQUE DU BATIMENT
7
1 - INTRODUCTION ET RAPPELS DE PHYSIQUE DU BÂTIMENT
Réponse:
De l’équation1.4, on déduit :
Hv [h]=Hs [h]- ∆H[h]-Long/15 + F = 12-(-14/60) – 6,62/15 + 1= 12,79 ; soit environ 12h47.
Angles solaires
Les angles solaires suivants sont utilisés dans les calculs de rayonnement solaire.
L'angle horaire ω est l'angle décrit par le soleil dans son mouvement apparent, projeté sur un
plan perpendiculaire à l'axe de rotation de la Terre. Pour midi solaire, il vaut zéro, et est néga-
tif le matin et positif l'après-midi.
ω = 15° · (Hs - 12) (1.5)
Hs étant l'heure solaire par rapport au midi solaire (Hs < 12 le matin, Hs > 12 l'après-midi)
L'angle zénithal θz est l'angle que fait la direction du soleil avec la verticale.
cos θz = sin δ sin φ + cos δ · cos φ · cos ω (1.6)
δ est la déclinaison (voir ci-dessus), φ la latitude du lieu (comprise entre -90 ° au pôle sud et
+90 ° au pôle nord, zéro à l'équateur), et ω l'angle horaire. On utilise parfois aussi la hauteur
du soleil, qui est égale à 90° - θz. Un angle zénithal plus grand que 90° correspond au fait que
le soleil est en-dessous de l'horizon.
8
ENERGETIQUE DU BATIMENT
1. Sachant que chaque Suisse occupe environ 50 m² de plancher chauffé, estimer le poten-
tiel d'économie d'énergie des bâtiments en Suisse. L'indice de dépense d'énergie moyen
en Suisse est actuellement 700 MJ/m² environ.
2. Calculer la quantité de chaleur nécessaire pour chauffer l'eau d'une douche (environ 20
litres à 40°C) et la puissance qu'il faut pour un débit de 6 litres par minute.
9
2 - LES BESOINS DE L'OCCUPANT
2.1 Confort
Le confort est un état de bien être général. Il est mesuré a contrario par le taux d'insatisfac-
tion des occupants. Indépendamment des conditions propres à l'individu (métabolisme,
activité, habillement), il est reconnu que les paramètres suivants interviennent dans le con-
fort, en plus des paramètres qui caractérisent l'individu lui-même (taux d'activité, habille-
ment, etc):
Conditions thermiques: Température de l'air
Sources de rayonnement (radiateurs, poêles, soleil)
Température des surfaces environnantes
Perméabilité thermique des surfaces en contact avec le corps
Qualité de l'air: Vitesse relative de l'air par rapport au sujet
Humidité relative de l'air
Pureté ou pollution de l'air, odeurs
Acoustique: Niveau de bruit, nuisance acoustique
Temps de réverbération (durée d'écho)
Visuel: Éclairage naturel et artificiel
Couleurs
Volumes intérieur et distribution des volumes
Autres influences: Degré d'occupation des locaux
"Ambiance"
etc.
Nous nous limiterons ici essentiellement aux conditions thermiques et aérauliques.
10
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
o Son habillement
Les facteurs liés à l'environnement:
o Températures de l'air et des surfaces environnantes
o Vitesse relative de l'air et le degré de turbulence
o Pression de vapeur d'eau ou humidité relative
En effet, la chaleur dégagée par le métabolisme, plus ou moins grande selon l'activité, est
éliminée, directement ou au travers des habits, par convection et conduction vers l'air am-
biant, par rayonnement vers les surfaces voisines et par évapotranspiration dans l'air (Figure
2.1). On notera que, dans la zone confortable, les échanges par rayonnement, convection -
conduction et évapotranspiration se répartissent en trois parts approximativement égales.
Ainsi, contrairement à ce qui est généralement admis, il est erroné de vouloir satisfaire ces
critères de confort par une simple régulation de la température de l'air intérieur de l'habita-
tion.
180
160
140
Flux de chaleur [W]
120
100 Évapo-transpiration
80 Convection
60 Conduction
40
Rayonnement
20
0
10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36
Température ambiante [°C]
Figure 2.1: Répartition des échanges de chaleur d'une personne en fonction de la tempéra-
ture ambiante, supposée homogène.
Il est usuel de quantifier la sensation de confort en utilisant l'échelle suivante [Fanger, 1982;
EN ISO 7730]:
-3 très froid
-2 froid insatisfait parce que trop froid
-1 frais
0 confortable satisfait
1 tiède
2 chaud insatisfait parce que trop chaud
3 très chaud
Une autre méthode consiste à compter le pourcentage de personnes insatisfaites des condi-
tions de confort. Ce pourcentage est directement lié au vote moyen d'une population donnée.
On a ainsi deux paramètres permettant de mesurer le confort thermique:
Le vote moyen prévisible, appelé PMV (Predicted Mean Vote), qui est l'appréciation
moyenne d'une population dans un environnement donné, sur l'échelle de -3 à + 3. Le con-
fort optimal correspond à un PMV nul.
Le pourcentage prévisible d'insatisfaits, appelé PPD (Predicted Percentage of Dissatis-
fied) qui exprime la part des sujets insatisfaits dans une condition donnée. La Figure 2.2
11
2 - LES BESOINS DE L'OCCUPANT
montre la relation entre le PPD et le PMV, qui peut être calculée par la relation empirique
suivante:
PPD = 1 - 0,95 exp(-0,03353 PMV4 - 0,2179 PMV2 ) (2.1)
90%
80%
Figure 2.2: Relation
70%
entre le pourcentage
PPD
L'équation de Fanger est donnée ci-dessous. Dans cette équation, toutes les variables sont
exprimées en unités SI.
PMV = (0.303 exp(-0.036 m) + 0,028)
[m-w - 0,00305 (5733 - 6.99 (m-w) - p) - 0,42 (m-w - 58.15) (2.2)
- 0,000017 m (5867 - p) - 0,0014 m (307 - Ta) - F]
où la fonction d'habillement F est donnée par:
F = 3.96 10-8 f(Tcl4 - Tmrt4) + f h (Tcl - Ta) (2.3)
12
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Pour le coefficient h de transfert thermique des habits, on prend celle des deux expressions
ci-dessous qui donne la valeur la plus grande:
h = 2,38 (Tcl-Ta)1/4 ou h = 12,06 v (2.4)
La température (absolue) des habits Tcl est donnée en résolvant l'équation implicite:
Tcl = 308,9 - 0, 028 (m - w) - R F (2.5)
où
a = 0,5 + 0,25v (2.8)
Table 2.2 : Taux de métabolisme moyen correspondant à diverses activités [EN ISO 7730]
13
2 - LES BESOINS DE L'OCCUPANT
Pour utiliser l'équation de Fanger, il faut connaître les valeurs des différentes variables. Les
températures, l'humidité et la vitesse de l'air se mesurent sur place ou se calculent au moyen
de modèles. On utilisera la Table 2.2 pour les taux de métabolisme et la Table 2.3 pour
l'habillement. Ces valeurs ont été mesurées en laboratoire.
Le taux de métabolisme ou l'activité peut être rapporté à un taux conventionnel, par exemple
celui d'un individu assis tranquille. L'unité est alors le met, qui correspond à une puissance
de 58 W dissipée par mètre carré de surface du corps.
14
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
15
2 - LES BESOINS DE L'OCCUPANT
Vitesse d'air
0,5
0,4 Figure 2.4: Vitesse d'air dans un
0,3 écoulement turbulent, mesurée avec un
0,2 anémomètre rapide.
0,1
0,0 Temps
0 5 10 15 20
La vitesse de l'air par rapport au sujet varie en fonction du temps à cause de la turbulence. A
partir de nombreuses mesures de la vitesse considérée comme une variable aléatoire, on peut
définir la vitesse moyenne, v, et l'écart standard σ de cette vitesse,:
N (2.9)
∑v i
1 N
v= i =1
σ = ⋅ ∑ (v i − v ) 2
2
N N − 1 i =1
L'intensité de turbulence est définie par le rapport σ/v. Le pourcentage d'insatisfaits est alors
donné par la relation empirique [Fanger et al, 1988]:
0, 6223
0
PD=max (3,143 + 36,96 ⋅ σ ) ⋅ (34 − θ a ) (2.10)
v − 0,05
où θa est la température de l'air.
On peut déduire de cette relation la température nécessaire pour limiter le pourcentage
d'insatisfaits à une valeur donnée:
PD
θ a ,min =34 − 0, 6223
0 (2.11)
max (3,143 + 36,96 ⋅ σ ) ⋅
v − 0,05
Cette relation est à la base de la Figure 2.5. On voit par exemple que, pour limiter le pour-
centage d'insatisfaits à 10% si la vitesse de l'air est de 0,4 m/s, il faut une température d'au
moins 28°C en régime laminaire (turbulence nulle) ou 33°C par forte turbulence.
0.5
Vitesse moyenne de l'air [m/s]
Intensité de turbulence:
0.4
20% 50% 100%
Risque de
0.3 plaintes Figure 2.5: Combinaisons de
vitesse moyenne, d'intensité de
0.2 turbulence et de température qui
Zone cause 10% d'insatisfaits .
0.1
confortable
0.0
15 20 25 30 35
Température [°C]
En règle générale, on évite de causer des courants d'air dont la vitesse excède 0,2 m/s dans la
zone occupée. Il est même recommandé de ne pas dépasser 0,1 m/s.
16
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Pourcentage d'insatisfaits
Plafond chaud
Paroi froide
Plafond froid
10 10
Paroi chaude
1 1
0 10 20 30 0 2 4 6 8 10
Assymétrie de température radiante [K] Ecart de température tête-pieds [K]
Figure 2.6: Effet de l'asymétrie de tempéra- Figure 2.7: Effet d'une différence de tempéra-
ture radiante (Fanger,1983) ture entre la tête et les chevilles
100 12
température opérative .
Augmentation de
10 0.5
0.6
8
0.7
10 6 0.8
4 0.9
2
0
1
0 100 200 300 400 500 600
10 15 20 25 30 35 40
Température du sol [°C] Rayonnement solaire [W/m²]
Figure 2.8: Effet de la température du sol, Figure 2.9: Effet du rayonnement solaire sur la
pour une personne munie de chaussures température ressentie (GRES, 1985)
légères (Fanger, 1983)
17
2 - LES BESOINS DE L'OCCUPANT
Un écart de température de 4 K entre la tête est les pieds génère déjà 10% d'insatisfaits,
comme le montre la Figure 2.7, où l'on représente le pourcentage d'insatisfait parmi des
personnes assises présentant un écart de température entre la tête (1.1 m) et les chevilles
(0.1 m).
La température du sol est ressentie au travers des semelles des chaussures. Son effet est
particulièrement important si l'on porte des chaussures légères (Figure 2.8)
L'influence du rayonnement solaire incident sur un occupant est importante. Il modifie
sensiblement la température ressentie, comme on peut le voir sur la Figure 2.9, qui repré-
sente l'augmentation de la température opérative due au rayonnement solaire incident et
absorbé par les habits.
Forte Fumeurs
10 Figure 2.10: Risque moyen
Exposition de mort prématurée (en
au radon Automobile pourcent) estimés pour
Mine d'uranium divers polluants. Le risque
1
Faible Accidents domestiques le plus élevé est le taba-
gisme.
Fumée, solvants 0,1
Radon extérieur
Amiante
0,01
Toutefois, ce ne sont pas les sources de pollution qui manquent, comme le montre la Table
2.4. En général, l'air intérieur est plus pollué que l'air extérieur. Le rôle de l'aération est
précisément de remplacer l'air intérieur pollué par de l'air extérieur, en principe plus propre.
18
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Air extérieur
Chauffages, transports, industrie SO2, NOx, CO, hydrocarbures, poussières,
Nature bactéries, spores, pollens
Occupant Odeurs, CO2, vapeur d'eau, particules, bactéries
Tabac, feux ouverts CO, aldéhydes, particules
Combustion de gaz CO, CO2, vapeur d'eau, NOx, particules
Matériaux Aldéhydes, amiante, solvants
Produits divers
Sprays, nettoyage, papier, encre, etc. Odeurs, solvants, composés organiques
Terrain Radon, méthane
Table 2.4: Quelques sources de pollution.
= S − ρ eV (C − C e )
dC
ρ iV (2.12)
dt
En régime permanent, la concentration est constante, et le membre de gauche est nul. On
obtient donc:
S = ρ eV (C − C e ) (2.13)
On déduit la concentration résultant d'une source d'intensité S dans une zone ventilée avec
un débit V et le débit nécessaire pour limiter la concentration de polluant en dessous d'une
valeur limite Clim:
S S
(C-Ce) = et V =
ρ e (Clim − Ce )
(2.14)
ρe V
Le débit d'air nécessaire dépend donc:
de l'intensité S de la source de polluant principale 1
de la concentration limite admise
de la concentration du polluants dans l'air extérieur.
Les polluants à considérer sont la vapeur d'eau, les odeurs, et divers composés gazeux (CO,
CO2, NOx, composés organiques volatils, etc.). La concentration de chacun de ces polluants
ainsi que l'intensité des sources s'expriment souvent de manière différente. C'est pourquoi
nous allons les passer en revue dans les sections suivantes.
1 La source principale est celle qui demande le débit d'air le plus élevé. Ce débit suffira à éliminer aussi les autres polluants.
19
2 - LES BESOINS DE L'OCCUPANT
constituant la molécule. Par exemple la molécule d'azote de l'air, N2, contient deux atomes
d'azote de poids atomique 14. Elle a donc un poids moléculaire de 2 × 14 = 28 g.
La loi des gaz parfaits relie la pression p et le volume V occupé par n moles de gaz à tempé-
rature T:
pV=nRT (2.15)
où R = 8,31396 J/(mole·K) est la constante des gaz parfaits.
Cette loi signifie que tout gaz parfait occupe un volume ne dépendant que du nombre de
moles, de la pression et de la température, et indépendant de la nature du gaz:
n RT
V= (2.16)
p
La masse volumique ρ de ce gaz peut aussi se déterminer à partir de la loi des gaz parfaits.
Si M est la masse molaire du gaz considéré:
m Mn M p
ρ= = = (2.17)
V V RT
L'air à la température ambiante, avec les impuretés qu'il contient en faibles quantités peut
être assimilé à un gaz parfait. On trouve alors les relations entre la concentration massique,
Cm, la concentration molaire, CM, et la concentration volumique, Cv du composé x.:
mx M x nx Mx Mx
Cm = = = CM = CV (2.18)
∑ mi ∑ M i ni M M
i i
∑ M i ni
avec: M= i (2.19)
∑ ni
i
On notera que la concentration molaire et la concentration volumique sont égales, car, à
pression et température donnés, une mole de gaz occupe toujours le même volume. Ce vo-
lume molaire vaut 22,4 litres à 0°C et 1013 milliBar (une atmosphère standard).
La masse molaire apparente de l'air sec est 28,96 g/mole.
Si les polluants sont présents sous forme de traces, on donne souvent la concentration en
ppm (parts par million) ou ppb (parts par billion). Ce sont des concentrations molaires ou
volumiques: 1 ppm signifie qu'il y a une molécule de polluant pour 1 million de molécules
d'air, ou 1 cm³ de polluant pour 1 m³ d'air.
La pression partielle, px, s'obtient en supposant que le composant x occupe à lui seul tout le
volume à disposition. Cette pression s'exprime en pascals (Pa). La pression atmosphérique
est égale à la somme des pressions partielles de tous les composants de l'air (azote, oxygène,
vapeur d'eau, gaz carbonique, argon, etc.). La pression partielle est directement proportion-
nelle à la concentration molaire ou volumique:
px = pa CM = pa CV (2.20)
où pa est la pression atmosphérique.
20
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
A chaque température correspond une pression partielle de vapeur d'eau maximum, appelée
pression de vapeur saturante. C'est la pression de vapeur à laquelle l'évaporation et la con-
densation à la surface de l'eau s'équilibrent à une température donnée. La part d'eau en excès
se condense sous forme de liquide ou de glace, suivant la température. La pression de vapeur
saturante est donnée dans les diagrammes psychrométriques (Figure 2.11). Elle peut se
calculer à l'aide des formules approchées suivantes, qui sont applicables de - 40 à + 150 °C:
si θ < 0 22,5 ⋅θ
p sat = 610.5 exp ( 2.21)
273 + θ
17,27 ⋅θ
si θ ≥ 0 p sat = 610.5 exp ( 2.22)
237,3 + θ
Le point de rosée θr (°C) ou Tr (K) est la température à laquelle la pression partielle de
vapeur d'eau existant dans l'air serait égale à la pression de vapeur saturante. Son nom pro-
vient du fait qu'une surface en contact avec l'air et refroidie à cette température se couvre de
rosée.
psat
4000 90%
Pression de vapeur [Pa]
80%
70%
3000
60%
50%
2000
40%
30%
1000
20%
10%
Point de rosée
0
-10 -5 0 5 10 15 20 25 30
Température [°C]
21
2 - LES BESOINS DE L'OCCUPANT
p
273 ⋅ ln e
si pe < 610,5 Pa θr = 610,5 ( 2.23)
p
22,5 − ln e
610,5
p
237,3 ⋅ ln e
si pe ≥ 610,5 Pa θr = 610,5 ( 2.24)
p
17,27 − ln e
610,5
L'humidité relative ϕ est le rapport entre la pression partielle de vapeur d'eau de l'air exami-
né à la pression de vapeur saturante à la température de cet air. L'humidité relative est ex-
primée généralement en pour-cent:
pe p (θ )
ϕ = 100 = 100 s r ( 2.25)
ps ps
Réciproquement, la pression de vapeur pe peut être obtenue à partir de l'humidité relative:
pe = 0,01 ϕ ps ( 2.26)
x Ce
Ce = ou x= ( 2.28)
1− x Ce + 1
La masse volumique de l'air humide peut se calculer par:
( pa − pe ) ⋅ (1 + x )
ρ= ( 2.29)
287,055⋅ T
L'air sec en conditions normales (0 °C et 101.32 kPa) présente une masse volumique de
1.292 kg/m³.
22
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Enfin, on utilise aussi l'humidité absolue ve [kg/m3], qui est la masse d'eau contenue dans un
volume d'air donné. Elle est liée à la pression de vapeur par:
M e pe
ve = ( 2.30)
RT
Le rapport R/Me vaut 461,64 [ Pa m3/(K kg) ].
2.2.4 Odeurs
Les odeurs proviennent de quantités minimes de milliers de composés divers, souvent en
mélange, et rarement tous identifiés. Il n'est donc pas possible de quantifier une odeur par
une masse ou un volume. A l'heure actuelle, le nez reste l'instrument de référence pour
détecter, qualifier et même quantifier les odeurs.
Les odeurs peuvent être quantifiées de la manière suivante [Fanger 1988]: on définit l'olf
comme la quantité d'odeurs corporelles émises par un individu moyen, se lavant pratique-
ment chaque jour et changeant de linge régulièrement. Le pol est la concentration en odeurs
corporelles résultant d'une émission permanente d'un olf dans un débit de 1 l/s d'air pur.
100 100
Pourcentage d'insatisfaits
Pourcentage d'insatisfaits
80 80
60 60
40 40
20 20
0 0
Débit d'air [l/(s.olf] Charge polluante [pol]
0 10 20 30 40 50 0 1 2 3
Figure 2.12: Pourcentage d'insatisfaits de la qualité de l'air dans une population entrant
dans un local, en fonction de sa charge polluante et du débit d'air spécifique (par olf)
Le pourcentage d'insatisfaits (PD) de l'odeur de l'air parmi les personnes entrant dans un
local est lié à la concentration en odeurs corporelles dans ce local par la relation empirique:
− 1,83
PD = min 100 ; 395 exp 0, 25 ( 2.31)
C
Cette relation est illustrée dans la Figure 2.12.
Pour éviter de dépasser 10 % d'insatisfaits parmi les visiteurs, il convient donc d'assurer un
niveau de pollution inférieur à 0,06 pol environ, que l'on obtient en réalisant un débit d'air
frais d'au moins 17 l/(s·olf.) ou 60 m³/(h·olf). Notons que:
a) les odeurs désagréables peuvent provenir d'autres sources que les personnes: mobilier,
matériaux de construction, cuisine, fumeurs, etc. Pour quantifier ces odeurs, on admet
qu'un pol dû à ces odeurs est équivalent à un pol provenant d'une personne, et que l'on
peut ajouter ces concentrations. Cette hypothèse d'additivité reste discutable et discu-
tée.
b) Ceci étant admis, il apparaît qu'un fumeur représente en moyenne une source d'odeurs
désagréables d'environ 6 olf, et cette intensité monte à 25 olf pendant qu'il fume.
23
2 - LES BESOINS DE L'OCCUPANT
c) Les impuretés non odorantes (radon, CO, etc.) ne sont pas mesurés par l'insatisfaction
des usagers. La satisfaction des usagers n'est donc pas la seule condition à prendre en
compte.
2.3 Aération
2.3.1 Nécessité de l'aération
Le but de l'aération est d'assurer un environnement intérieur confortable, maintenant les
occupants en bonne santé. Un air sans cesse renouvelé à l'intérieur des bâtiments est néces-
saire, non pour assurer l'apport d'oxygène indispensable à la vie, mais surtout pour éliminer
au fur et à mesure les divers polluants générés dans le bâtiment et qui rendent l'atmosphère
malodorante et toxique.
En l'absence d'aération, l'oxygène est la dernière chose qui manque. Les occupants seront
incommodés en premier lieu par une concentration trop élevée en polluants divers, dont
notamment les odeurs, la vapeur d'eau et la chaleur (Figure 2.13).
Ces nuisances sont essentiellement générées par l'activité des occupants. Elles sont notam-
ment:
les odeurs, auxquelles les personnes entrant dans les locaux sont très sensibles,
la vapeur d'eau, qui augmente l'humidité relative, donc le risque de moisissures,
le gaz carbonique, qui, en trop grande concentration, rend les occupants léthargiques,
les poussières, aérosols et gaz toxiques provenant des activités et du bâtiment lui-même.
la chaleur en excès, provenant des activités humaines, qui augmente la température et
doit donc être évacuée.
Figure 2.13: Débit d'air requis pour évacuer les divers polluants produits par une personne
assise ayant une activité de bureau (voir 2.3.2).
En principe, le bâtiment (les matériaux de construction et les installations techniques) ne
devrait pas être une source de nuisances. Ce n'est malheureusement pas toujours le cas.
S = V (C lim − C e ) = V∆C
S
V = ou ( 2.32)
C lim − C e
24
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Si plusieurs polluants sont émis dans le volume étudié, le débit requis est celui nécessaire
pour éliminer le polluant le plus exigeant et non la somme des débits. En effet, qui peut le
plus peut le moins, et chaque mètre cube d'air contient le mélange des polluants.
Elle transpire environ 72 g d'eau par heure. L'air extérieur, à 4 °C et 100 % HR, contient 5
g/kg d'air sec. L'air intérieur, à 21 °C et 50 % d'humidité relative contient 8 g/kg d'air sec.
72 g/h
Débit nécessaire = = 24 kg/h ou 20 m 3 /h
(8 - 5) g/kg
car la masse spécifique de l'air intérieur est d'environ 1,2 kg/m³.
Le débit minimum est le plus grand des trois, donc celui nécessaire pour éliminer les odeurs.
Ces calculs présupposent que, dans chaque zone, le mélange est total.
25
2 - LES BESOINS DE L'OCCUPANT
26
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
les composés organiques combustibles pour les locaux de réunion avec fumeurs.
La teneur en gaz carbonique se mesure par absorption de rayonnement infrarouge, alors que
l'humidité relative est aisément mesurée avec un hygromètre. Le capteur de composés com-
bustibles (dit aussi capteur multigaz) est un semi-conducteur chauffé, qui mesure le courant
d'électrons libérés par la combustion de composés se déposant sur la surface du capteur.
La détection de monoxyde de carbone a été longtemps utilisée pour les parcs automobiles.
L'avènement des catalyseurs, supprimant ce composant dans les gaz d'échappement, a rendu
ce type de détecteur caduc.
2. Peut-on satisfaire les exigences de confort de tous les spectateurs dans un théâtre?
3. Est-il possible d'assurer les conditions de confort idéales pour une place de travail?
4. Estimer la quantité d'eau perdue par jour par un être humain ayant une activité normale
(environ 120 W) dans le Sahara à une température de 37 °C à l'ombre d'un parasol. La
chaleur latente d'évaporation de l'eau est 2.5 MJ/kg.
6. On obtient les votes suivants relatifs au confort thermique d'une salle de réunion: 2
votes "+2", 15 votes "+1", 14 votes "0", 5 votes "-1" et 1 vote "-2". Déterminer le vote
moyen et la fraction prévisible d'insatisfaits (PPD).
27
2 - LES BESOINS DE L'OCCUPANT
pérature de surface de la fenêtre est telle que l'asymétrie de température radiante est 8
°C?
8. En supposant un habillement de 1 clo, une activité de 1.4 met et une humidité relative
moyenne, on mesure au confort-mètre un PMV de +1 dans une chambre à 20 °C (tem-
pérature de l'air) chauffée par le sol. Que faire pour améliorer cette situation ?
28
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
A quelques exceptions près (voir 3.1.4.8) la conductivité thermique apparente ne peut pas être
inférieure à celle de l'air immobile, à savoir 0,024 W/(m·K). Pour un matériau isolant donné,
elle varie avec la densité apparente (Figure 3.1): les matériaux très légers permettent une part
appréciable de rayonnement et de convection, mais présentent une faible conduction dans le
solide. Les matériaux plus denses sont totalement opaques au rayonnement et la convection y
est négligeable, mais la conduction dans le solide (fibres et parois) devient importante.
29
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
3.1.2 Isolants et conducteurs de la chaleur
Le rapport entre la conductivité thermique du matériau de construction le plus conducteur de
la chaleur (l'aluminium) et celle d'un isolant courant est 5000! Ce rapport vaut 50 pour le
béton et 4 pour le bois (Figure 3.2). Il s'ensuit qu'une interruption de la couche isolante par du
bois n'est pas catastrophique, mais qu'une feuille aluminium de 0,1 mm d'épaisseur traversant
une couche isolante conduit autant qu'une bande de 50 cm de large d'isolant!.
30
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
L'absorption de la lumière par la fumée produite par la combustion est indiqué par un chiffre
arabe: 1: forte absorption, fumées opaques; 2: absorption moyenne et 3: faible absorption
(mois de 50%).
31
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
en offrant une certaine résistance, ce qui permet d'absorber les ondes acoustiques par frotte-
ment de l'air contre les composants (fibres, parois de bulles ouvertes) du matériau.
Résistance à la chaleur
Applications
Absorption acoustique
Absorption acoustique
Résistance à la diffu-
sion de vapeur d'eau
Résistance à 10% de
Résistance à la trac-
compression [kPa]
Résistance à l'eau
Résistance au feu
Étanchéité à l'air
Pouvoir isolant
bruits de choc
bruits aériens
tion [kPa]
Densité
Matériau
µ
Laine minérale légère + -- ++ -- 0 -- -- -- + ++
Laine minérale dense ++ - ++ -- 0 0 - -- ++ ++ +
Mousse de verre + + ++ ++ ++ ++ ++ ++ ++ --
Béton cellulaire -- ++ ++ - - ++ + + ++ --
PUR ++ - 0 - 0 + + 0 ++ - --
Urée Formaldéhyde + -- + -- - -- -- -- 0
PS expansé + -- + + 0 + + 0 0 - --
PS extrudé ++ 0 + ++ + + ++ 0 0 - --
Fibres de bois 0 + 0 0 -- + -- - + + ++
Paille et ciment 0 ++ + 0 -- + 0 - + 0 +
Liège + + + + - + 0 + ++ + -
++ très élevé, + élevé, 0 moyen/acceptable, - bas, -- très bas, case vide: ne s'applique pas
(d'après "Essais comparatifs", OFQC 1983)
32
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
3.1.4.3 Mousses inorganiques
La mousse de verre (FOAMGLAS, CORIGLAS) est
obtenue en faisant cuire au four un mélange de
fine poudre de verre avec un peu poudre de gra-
phite, placé dans un moule rectangulaire. La sur-
face supérieure du mélange fond en premier et
empêche le gaz carbonique résultant de la combus-
tion du carbone de s'échapper. Ce gaz reste alors
occlus dans des bulles de verre et le mélange lève
comme un cake.
Ce matériau, relativement cher, est totalement étanche à l'eau et présente d'excellentes qualités
mécaniques. Il est utilisé en toiture plate et pour l'isolation de fondations et de dalles soumises
à de fortes charges.
Le béton cellulaire autoclavé (YTONG) est expansé par addition de
poudre d'aluminium à un mortier. L'aluminium réagit avec l'eau et
le ciment et dégage de l'hydrogène. La mousse ainsi obtenue est
durcie à l'autoclave, puis découpée en blocs. Ce matériau est utilisé
d'une part comme béton léger, et d'autre part pour construire des
parois homogènes. Il est sensible à l'eau, et au gel lorsqu'il est
humide.
3.1.4.6 Liège
33
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
Il existe d'autre matériaux isolants moins présents sur le marché, tels que les isolants naturels
comme la laine, la fibre de chanvre, la cellulose, etc.
34
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
L'isolation sous vide consiste à évacuer l'air d'un support fibreux ou cellulaire emballé dans
une feuille étanche. La conduction de l'air est ainsi supprimée (Figure 3.3), et le rayonnement
ne passe pas au travers de l'enchevêtrement des fibres ou des parois des cellules. Il ne reste
que la conduction des parois des cellules ou des fibres. Le support est indispensable pour
éviter que l'emballage ne s'écrase sur lui-même sous l'effet de la pression atmosphérique (10
t/m²!). Un getter (absorbant physico-chimique) maintient le vide malgré le dégazage et la
diffusion de gaz au travers de l'enveloppe. La conductivité thermique de tels matériaux est
nettement plus basse q que celle des isolants traditionnels (table 3.2).
faire des parois. Ce sont la brique alvéolée, la brique en terre cuite porosi-
à la vapeur d'eau
35
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
Le bois massif présente de bonnes qualités tant statiques que thermiques, et a été largement
utilisé pour les chalets. Cette solution est toutefois trop coûteuse actuellement.
Intérieur Intérieur
Figure 3.4: Dalles toiture plates classiques, à gauche sans protection, à droite avec
protection de l'étanchéité.
In
éri
hoc.
t
Ex
Intérieur
36
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
3.1.5.5 Isolation entre deux parois
Dans ces éléments, l'isolant est bien protégé, et
pratiquement n'importe quel isolant convient.
Pour des raisons pratiques, on préfère des pan-
neaux de moyenne densité.
En principe, il est préférable de poser l'isolant à
l'extérieur de la structure porteuse, car cette
disposition évite de nombreux ponts thermiques,
diminue les risques de condensation et aug-
mente l'inertie thermique interne du bâtiment.
L'ancienne méthode consistant à poser l'isolant à
Extérieur
Extérieur
Intérieur
Intérieur
l'intérieur de la structure porteuse et à le proté-
ger par un galandage (à gauche sur la Figure
3.7), ne se justifie plus avec les épaisseurs d'iso-
lant posées actuellement.
Figure 3.7: Isolation entre murs.
Certains matériaux se prêtent bien à l'injection
après coup d'espace d'air inaccessibles autrement. Ainsi, d'anciens murs doubles et des toi-
tures comportant des espaces vides peuvent être isolés après coup en injectant, suivant les cas,
des flocons de fibres minérales ou des mousses organiques (polyuréthanne, urée-
formaldéhyde). Il est important, pour assurer le succès de ces opération, de les faire effectuer
par des spécialistes ayant de l'expérience.
Intérieur
Intérieur
ciment-colle. Des clous de matière plastique sont parfois utilisé pour fixer
l'isolant. L'isolant est ensuite enduit d'un crépis synthétique armé d'un treillis
de fibre de verre pour le protéger des intempéries et lui donner son aspect
final. Figure 3.10:
Des systèmes d'isolation extérieure compacte existent pour tous les isolants Isolation
principaux (fibres minérales, mousses organiques et inorganiques), mais les extérieure
systèmes utilisant polystyrène expansé dominent actuellement. Il est essentiel, compacte
37
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
pour la durabilité du système, que toutes les couches, depuis le revêtement de façade jusqu'au
crépis final soient posées par des spécialistes ayant de l'expérience dans le système. Tous les
matériaux utilisés doivent faire partie du système proposé par le fabricant. Le bricolage dans
ce domaine est pratiquement voué à l'échec.
Ce mode de faire est relativement bon marché, mais certainement plus fragile et moins du-
rable que l'isolation entre murs.
38
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Ce tableau montre, dans chaque colonne:
le type de norme appliqué;
le coefficient U de transmission thermique des parois et des vitrages;
le coefficient g de transmission énergétique totale des vitrages;
les déperditions thermiques brutes pendant la saison de chauffage;
les gains solaires par les vitrages;
le facteur d'économie par rapport aux anciennes normes.
L'effet de l'isolation seule se remarque en colonne 5, qui donne les déperditions thermiques
brutes pendant la saison de chauffage. Elles ne baissent que d'un facteur 1,7 entre les anciens
bâtiments et les exigences de la norme SIA 180:1988, qui ne vise qu'à éviter les dégâts et à
apporter un confort acceptable. Les recommandations de la SIA 380/1:1988 diminuent les
déperditions d'un facteur 2,5, et une isolation économiquement optimale permet de les dimi-
nuer d'un facteur 6 au moins!
39
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
Si l'on cherche à minimiser soit le coût total (investissement et coût du chauffage sur la durée
de vie totale de l'élément considéré), soit la consommation d'énergie totale (fabrication, mon-
tage et chauffage sur la durée de vie totale de l'élément considéré), on peut trouver une épais-
seur optimale, eopt pour un isolant donné. Les expressions ci-dessous donnent les deux for-
mules correspondant au coût énergétique Cener [J] et au coût financier Cfin [CHF], ainsi que les
épaisseurs optimales correspondantes eopt,ener et eopt,fin:
1
C ener = Ei ⋅ e + T ⋅ DJ ⋅ 86400 / η ch ⋅
Ri + e / λ
(3.1)
λ
eopt ,ener = T ⋅ DJ ⋅ 86400 / η ch ⋅ − Ri ⋅ λ
Ei
P
C fin = Pi ⋅ e + T ⋅ DJ ⋅ 86400 / η ch ⋅
Ri + e / λ
(3.2)
P⋅λ
eopt , fin = T ⋅ DJ ⋅ 86400 / η ch ⋅ − Ri ⋅ λ
Pi
où:
e = épaisseur d'isolant [m]
Ei = coût énergétique de 1 m3 d'isolant [J/m3]
λ = conductivité thermique du matériau isolant considéré [W/mK]
Pi = prix du m3 d'isolant [CHF/m3]
Ri = résistance initiale de l'élément de construction "nu", sans l'isolant [m2K/W]. Ri · λ est
l'épaisseur d'isolant équivalant à l'élément nu.
DJ = nombre de degrés-jour pour le climat considéré, à savoir la somme, sur tous les jours où
elle est positive, des différences entre les températures intérieure et extérieure
moyennes, durant une année:
DJ = ∑ θ i − θ e (3.3)
θ i >θ e
Quelques épaisseurs optimales, pour les conditions climatiques indiquées, sont données dans
la table 3.4 ci-dessous.
40
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Figure 3.13: Épaisseurs optimales de divers matériaux, du point de vue financier et énergé-
tique, et pour les conditions de calcul données dans la table 3.4. On remarque que l'épaisseur
de 20 cm est dépassée pour tous les matériaux.
Notons que l'épaisseur optimale augmente avec la racine du prix de l'énergie. Or, on connaît
le prix actuel de l'énergie, mais quel sera-t-il dans 20 ans, alors que l'élément de construction
sera toujours utilisé? Un centimètre d'isolant en plus ne coûte pas cher à l'installation, mais
peut coûter cher s'il manque à l'exploitation.
41
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
Figure 3.14: Coût total, financier ou énergétique, pour divers matériaux. Ce coût comprend
le coût de construction et le coût du chauffage pendant une durée de vie du bâtiment de 50
ans. Ces coûts ne tiennent pas compte des variations de prix au cours du temps. Le coût supé-
rieur de la brique est compensé par le fait que la structure du bâtiment y est incluse.
42
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Cette norme contient une méthode simplifiée pour le calcul d'éléments plans non homogènes
qui n'est applicable que moyennant des concessions sur la précision.
Les effets d'une pose incorrecte des matériaux ou des éléments sur les propriétés thermiques
des composants dépendent du type de construction et des combinaisons des matériaux. On
peut en tenir compte soit en utilisant des données de base incluant un facteur de correction,
soit en appliquant un facteur de sécurité sur le résultat du calcul. En Suisse, un tel facteur est
inclus dans les conductivités thermiques données dans SIA 381/1.
43
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
∆θ 1
Rs = = (3.8)
q hr +hc
La densité de flux de chaleur émise sous forme de rayonnement par un corps est proportion-
nelle à la quatrième puissance de la température absolue:
qr = ε σ T4 (3.9)
où σ est la constante de Stefan - Bolzmann, égale à 5,6696 10-8 W/m2K4, et ε est l'émissivité
de la surface, qui vaut 1 pour un corps "noir", et 0 pour un corps "blanc". L'annexe 11.1 donne
quelques valeurs pour divers matériaux. Les termes "noir" et "blanc" s'appliquent au rayon-
nement émis, dont les longueurs d'onde se répartissent selon la loi de Planck autour d'un
maximum donné par la loi de Wien:
2898
λ max = (3.10)
T
avec λ exprimé en micron (10-6 m). L'essentiel du rayonnement émis se situe entre ¼ λmax et
4 λmax
Notre peau, à 35 °C ou 308 K émet ainsi 510 W/m2 entre 2,5 et 40 micron de longueur d'onde,
et reçoit 400 W/m2 des surfaces environnant qui sont à 20°C ou 293 K. Le soleil, à 5800 K
environ, émet lui-même 64 MW/m2 entre 0,1 et 2 micron.
L'échange net de chaleur par rayonnement entre deux surfaces se faisant face est, si T1 et T2
sont les températures absolues des deux surfaces:
où ε' est une émissivité effective combinée. ε' est égal à 0 si l'une des deux émissivités est
nulle, et ne vaut un que si les deux surfaces sont "noires". Pour des surfaces planes et paral-
lèles:
1
ε' =
1 1 (3.12)
+ −1
ε1 ε 2
Si T2<< T1, T2 peut être négligé à cause de la puissance 4. Par exemple, si T2 vaut le tiers de
T1, le rapport des quatrièmes puissances est alors de 1:100.
Si T1 et T2 sont proches, on peut poser T1= T, T2 = T - ∆T, et développer en série autour de T.
En négligeant les termes d'ordre supérieur à 2 en dT, on obtient:
q1, 2 ≅ 4ε 'σ T 3 ∆T (3.13)
44
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
A l'extérieur, l'effet du vent prédomine. L'approximation suivante est proposée dans prEN
ISO 6946-1:
hc = 4 + 4 v (3.15)
où v est la vitesse du vent près de la surface en m/s. Notons que hc dépend aussi de la rugosité
de la surface.
Les résistances de transfert superficielles ont relativement peu d'importance dans la résistance
totale d'un élément de construction bien isolé thermiquement. C'est pourquoi, pour les calculs
de transfert de chaleur, on adopte souvent les valeurs conventionnelles suivantes, valables
pour des surfaces émissives (ε >0,8), incluant convection et rayonnement, et valables quelle
que soit l'orientation:
A l'intérieur, hi = 8 W/(m²·K) Rsi = 0,13 m²K/W
A l'extérieur, he = 25 W/(m²·K) Rsi = 0,04 m²K/W
Notez que des valeurs différentes, adaptées à la réalité du cas étudié, doivent être prises pour
le calcul du risque de condensation ou de moisissures (voir SIA 180).
45
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
résistance thermique égale à la moitié de la valeur calculée selon l'équation (3.16) ou (3.17),
mais d'au moins 0,15 m²K/W.
...découpé en sections,...
46
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
R'T =
∑ Am où Um =
1
(3.22)
∑ U m Am ∑ Rmi
i
1 R'
ε max = T" − 1 (3.27)
2 RT
A titre d'exemple, si le rapport de la limite supérieure à la limite inférieure est égal à 1,5,
l'erreur maximum possible est 25 %. L'erreur réelle est généralement inférieure.
Le fait que le rapport soit très différent de 1 signifie que la structure présente des ponts ther-
miques importants. Il est évident que ces ponts thermiques se trouvent dans les sections de
plus basse résistance Rm.
47
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
Un pont thermique est constitué par toute discontinuité dans la couche isolante, par tout en-
droit où la résistance thermique présente une faiblesse. Au voisinage d'un pont thermique, les
lignes de flux se resserrent: plus de chaleur passe par unité de surface. Les isothermes se
déforment en s'écartant les unes des autres. Les lignes de flux restent néanmoins perpendicu-
laires aux isothermes. Ces ponts ne causent pas seulement des pertes de chaleur inutiles, mais
peuvent être sources de dégâts: moisissures, taches de poussière.
Selon la norme SIA 180 [SIA, 1999 #61], "les composants d'enveloppe assurant l'isolation
thermique (murs, plafonds et planchers, ainsi que les fenêtres et les portes) doivent envelop-
per entièrement le volume chauffé. Les espaces non chauffés peuvent être inclus dans le vo-
lume chauffé. Les jardins d'hiver et vérandas doivent être l'objet d'une attention particulière.
Le mode de construction choisi doit permettre d'éviter autant que possible les ponts ther-
miques. Les ponts thermiques résiduels doivent toujours être pris en compte dans le calcul du
coefficient de transmission thermique.
Dans des conditions normales, les valeurs maximales du coefficient de transmission ther-
mique des éléments de construction des locaux chauffés permettent de satisfaire les exigences
de confort thermique et d'absence de condensation superficielle. De plus, l'absence de con-
densation aux ponts thermiques doit être assurée."
Figure 3.16: Pont thermique géométrique: angle d'un bâtiment. A gauche, en plan, à droite,
isothermes (zones colorées) et lignes de flux.
La Figure 3.17 montre un pont thermique géométrique typique, constitué par un angle entre
deux parois, le mur étant constitué de briques avec de la laine minérale et un doublage exté-
rieur en plots de ciment. Le rouge correspond à 20°C et le bleu à 0°C. La teinte change à
chaque degré. Les lignes minces sont des lignes de flux, tracées tous les W/m. On voit que la
températures intérieure et extérieure du coin sont légèrement inférieures à celles en pleine
paroi. On constate aussi que les lignes de flux sont un peu plus serrées vers l'intérieur du coin
qu'en pleine paroi.
Les ponts thermiques géométriques n'ont en général pas des effets importants, notamment sur
les déperditions, parce que la couche isolante n'est pas interrompue, elle n'est que déformée.
Toutefois, lorsque les conditions sont critiques, l'abaissement de température à la surface
intérieure peut être suffisant pour favoriser l'apparition de moisissures.
48
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Les ponts thermiques matériels se trouvent à tout endroit où la couche isolante est interrom-
pue ou traversée par un matériau plus conducteur. La Figure 3.17 montre un pont thermique
matériel constitué d'une dalle reposant sur un mur avec isolation intérieure. Le rouge corres-
pond à 20°C et le bleu à 0°C. La teinte change à chaque degré. Les lignes minces sont des
lignes de flux, tracées tous les W/m. On voit très bien que les lignes de flux se concentrent
fortement au travers du pont, comme une rivière dans une gorge, et que les isothermes s'écar-
tent, comme le niveau de l'eau baisse près d'une rupture de digue. On observe un net refroidis-
sement et une concentration des lignes de flux de chaleur près du pont thermique. Les ponts
thermiques matériels ont souvent des conséquences plus graves que les ponts géométriques.
Figure 3.17: Pont thermique matériel: dalle posée sur un mur porteur avec isolation intéri-
eure. A gauche, coupe, à droite, isothermes (tous les 2 K) et lignes de flux (tous les W/m).
Du point de vue des déperditions thermiques, l'exemple ci-dessus peut être modélisé (ou
représenté) par une fuite de chaleur supplémentaire localisée le long d'une ligne horizontale
insérée dans une paroi. C'est un pont thermique linéaire, auquel on peut attribuer un coeffi-
cient de déperdition linéique (en W/(m·K)) et une longueur.
Une barre de fixation métallique traversant une paroi peut être modélisée par une déperdition
supplémentaire ponctuelle, localisée c'est un pont thermique ponctuel, auquel on attribue un
coefficient de déperdition (en W/K).
Figure 3.18: Pont thermique linéique (bal- Figure 3.19: Pont thermique ponctuel (po-
con) teau)
49
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
mique, notamment un pont ponctuel, existe en dehors de cette section. Plus la construction est
compliquée, plus la probabilité d'y trouver des ponts thermiques est élevée.
Sur un bâtiment existant, le pont thermique se détecte avant tout par ses effets: apparition de
moisissures (voir 8.1), de condensation, de zones froides ou chaudes. Il peut aussi se détecter
à l'aide de la thermographie. La thermographie est une image de la température de surface
extérieure (voir 7.3). Comme cette température est d'autant plus élevée que la surface exté-
rieure est mieux chauffée, notamment par les ponts thermiques, c'est aussi, dans une certaine
mesure, une image des ponts thermiques.
Figure 3.20: A gauche, thermographie de la partie habitation d'une ferme. A droite, photo-
graphie.
Dans la Figure 3.20, les ponts thermiques de la dalle, des allèges et des fenêtres sont bien
visibles. Le radiateur est enclenché contre l'allège de la deuxième fenêtres du rez-de-chaussée
depuis la gauche et sous les deux fenêtres à droite de l'étage. Par contre, le toit près de la
cheminée n'est pas un pont thermique, il est chauffé par la cheminée!. Remarquez le refroidis-
sement du coin du bâtiment (pont thermique géométrique). On notera aussi les fortes déperdi-
tions par le sous-sol, qui sont souvent observées dans les anciens bâtiments, où l'on n'isolait
pas le sous-sol parce qu'il n'est pas chauffé et on n'isolait pas la dalle du rez-de-chaussée parce
qu'elle ne donne pas sur l'extérieur.
Les ponts thermiques doivent donc être évités, mais cela n'est pas toujours possible et dans ce
cas, il faut en tenir compte dans le bilan thermique du bâtiment.
50
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Cette équation s'obtient en combinant l'équation de Fourier avec la conservation de la chaleur
en tout point. En absence de source de chaleur et en régime stationnaire, l'équation de la
chaleur se réduit à l'équation de Poisson, :
∇ 2θ = 0 (3.29)
qui permet de calculer la répartition de température dans une structure comprenant un pont
thermique. Connaissant alors le champ de température, on peut calculer la densité de flux en
tout endroit par l'équation de Fourier (3.4) et l'intégrer pour trouver le flux Φ. Il existe des
programmes d'ordinateur permettant de faciliter ces calculs (voir 3.2.2.4).
Les déperditions thermiques (en Watt) d'une paroi plane sans pont thermique sont calculées
en multipliant l'aire de cette paroi par son coefficient U et par la différence de température
entre l'intérieur et l'extérieur:
Φ = A U (θi – θe) (3.30)
Une méthode simplifiée permettant de tenir compte des ponts thermiques dans le calcul des
déperditions de chaleur consiste à attribuer aux ponts thermiques de ce type un coefficient de
transmission thermique linéique ψ (prononcer psi), en W/(m·K), qui, multiplié par la longueur
du pont thermique (par exemple le périmètre de la dalle), s'ajoute aux déperditions des parois:
Φ' = [A U + l ψ ](θi – θe) (3.31)
Le coefficient ψ du pont thermique de notre exemple vaut 0,60 W/(m·K) pour 5 cm d'épais-
seur d'isolant, et 0,52 W/(m·K) avec 20 cm d'isolant. On notera que cette épaisseur a peu
d'effet sur le coefficient de transmission linéique de ce type de pont thermique.
La norme SIA 380/1 donne une valeur maximale pour le coefficient linéique de transmission
thermique ψ des ponts thermiques (Table 3.6). On notera que notre exemple est totalement
hors norme.
Limite
Coefficient linéique de transmission thermique ψ W/(m·K)
Type 1: dalle de balcon, avant-toit, etc. 0,30
Type 2: liaison entre éléments d'enveloppe massifs 0,20
Type 3: arête horizontale ou verticale telle que faîte, corniche, socle 0,20
Type 4: châssis de fenêtre ou caisson de store 0,30
(si pas déjà dans la valeur U de la fenêtre)
Type 5: appui de fenêtre contre mur 0,10
(embrasure, tablette, linteau)
Élément ponctuel traversant l'isolation thermique (coefficient χ) 0,30 W/K
(piliers, supports, consoles, etc.)
Table 3.6: Valeurs limites données dans SIA 380/1 pour les coefficients linéiques de transmis-
sion thermique des ponts thermiques.
51
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
Ce coefficient HT est la puissance nécessaire pour compenser les déperditions par transmis-
sion au travers de l'enveloppe lorsqu'il y a 1 degré de différence entre l'intérieur et l'extérieur.
52
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
140 120%
Déperdition supplémentaire
120 Sans pont thermique
Déperditions [W/m] .
100%
Avec pont thermique
100 80%
80
60%
60
40%
40
20%
20
0%
0
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Epaisseur d'isolant [cm] Epaisseur d'isolant [cm]
Figure 3.21: Déperditions pour une hauteur d'étage, avec ou sans le pont thermique illustré à
la Figure 3.17.
L'importance relative des déperditions de chaleur supplémentaires résultant du pont thermique
augmente fortement avec l'épaisseur d'isolant, comme le montre la Figure 3.21 à droite. Elles
passent de quelques pour cent s'il n'y a pas d'isolation à 60% pour 10 cm et presque 100%
avec 20 cm d'isolation, qui est en fait l'épaisseur économique optimale pour le Plateau Suisse
et au coût actuel de l'énergie. Ainsi, aux épaisseurs d'isolant installées actuellement, les dé-
perditions par le pont thermique constitué par une dalle traversant l'isolation intérieure sont
comparables à celles de la paroi pleine ou, en d'autres termes, et si on tient compte des ponts
thermiques, 20 cm d'isolation intérieure ne sont pas plus efficaces que 10 cm d'isolation exté-
rieure, qui ne présente pas de pont thermique de ce type.
53
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
Les ponts thermiques ont l'inconvénient de refroidir la surface intérieure, comme l'illustrent
les deux thermographies de la Figure 3.22. Cet abaissement de la température superficielle
intérieure peut causer des problèmes de condensation et de moisissure, à l'origine de taches,
de coulures, voire d'efflorescences.
Figure 3.23: Exemple de moisissures se développant près d'un pont thermique. A gauche en
haut, on distingue le pourtour d'une plaque d'isolant posée en fond de coffrage de la dalle.
Il faut réunir tout un ensemble de conditions pour que les moisissures se développent: Il faut
des spores et de la nourriture, ce qui ne pose aucun problème, les spores étant omniprésentes
et les moisissures se nourrissant de n'importe quoi. D'autre part, il faut que l'humidité relative
locale dépasse 80% pendant une longue durée. Cette humidité superficielle dépend de l'humi-
dité de l'air et de la température de la surface.
L'humidité de l'air se contrôle en réduisant les sources d'humidité et en aérant suffisamment.
La température de surface des parois extérieure est contrôlée, pour un climat donné, par le
niveau d'isolation thermique.
En hiver, les parois donnant sur l'extérieur présentent une température de surface d'autant plus
basse que l'isolation est moins forte. Si l'isolation est faible et que l'humidité de l'air intérieur
est relativement élevée, deux types de dégâts peuvent apparaître:
Dès que la température de surface intérieure est égale ou inférieure au point de rosée de
l'air intérieur, l'humidité de l'air condense sur la surface, rendant celle-ci humide. A
l'extrême, des coulures et des taches se produisent.
Si l'humidité relative de l'air dépasse environ 80% près de la surface pendant une longue
période, alors des moisissures peuvent croître sur cette surface, sans qu'il y ait condensa-
tion.
Ces dégâts apparaissent lorsque l'isolation est trop faible pour une aération donnée, ou lorsque
l'aération est trop faible pour une isolation donnée.
Pour estimer les risques liés à la condensation et aux moisissures, la norme SIA 180 utilise le
facteur de température superficielle fRsi, qui est le rapport de la différence de température
54
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
entre la surface intérieure, d'un élément d'enveloppe et la température extérieure θsi - θe, à la
différence de température entre les deux ambiances, θi - θe,:
θ si − θ e
f Rsi = (3.33)
θi −θe
Ce facteur est calculé par tous les programmes de calcul résolvant l'équation de Poisson. Il
quantifie le niveau d'isolation thermique à tout endroit d'un pont thermique. S'il vaut 1, l'isola-
tion est parfaite, alors qu'elle est nulle s'il vaut zéro. Pour les surfaces planes et homogènes:
f Rsi = 1 − U Rsi (3.34)
où Rsi est la résistance thermique superficielle, soit 0,1 à 0,3 m²K/W suivant les endroits.
Toujours pour notre exemple, on notera (Figure 3.25) que si le degré d'isolation est excellent
en pleine paroi, il est loin d'être suffisant près du pont thermique.
Pour éviter le risque de moisissure, la norme SIA 180 exige que l'humidité superficielle (hu-
midité relative de la couche d'air proche de la surface) ne dépasse pas 80% pendant une pé-
riode prolongée. Si l'aération est suffisante, cette exigence est remplie lorsque:
les coefficients de transmission thermique U maximaux (voir table 3.7) sont respectés
pour les composants en partie pleine et les ponts thermiques géométriques;
le facteur de température superficiel fRsi est plus grand ou égal à 0,75 en tout endroit de
l'enveloppe du bâtiment, notamment au droit des ponts thermiques, à l'exception des fe-
nêtres.
55
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
Figure 3.26: A gauche, isolation intérieure: de nombreux ponts thermiques sont inévitables à
chaque étage. A droite, isolation extérieure, entourant complètement la structure.
L'isolation extérieure présente de nombreux autres avantages:
Augmentation de l'inertie thermique intérieure, donc amélioration du confort d'été et
meilleure utilisation de gains solaires passifs en hiver.
Stabilisation de la température de la structure, donc vieillissement plus lent de celle ci.
Diminution, et dans la plupart des cas élimination totale des risques de condensation
dans les éléments de construction.
Chaud
Froid
Froid
Chaud
Chaud
Froid
Figure 3.27: Mesures à prendre pour diminuer les effets néfastes des ponts thermiques
La place de l'"emballage" isolant le bâtiment doit être prévue dès le début de la conception,
chaque détail de l'enveloppe devant être pensé en fonction de cet emballage. On évitera ainsi
de devoir rattraper, par des artifices souvent compliqués et coûteux, les défauts d'isolation
d'un projet conçu sans penser à son isolation thermique.
Pour éviter qu'un pont thermique s'avérant inévitable cause des dommages, il est indiqué de
prendre des mesures qui augmenteront sa température superficielle intérieure. Ceci revient à
le diviser, à le chauffer, ou à l'allonger (Figure 3.27). Ces opérations augmenteront souvent la
consommation d'énergie mais diminueront le risque de condensation ou de moisissures.
En résumé, les ponts thermiques
Perdent de la chaleur et refroidissent les surfaces intérieures.
56
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Augmentent le risque de moisissures.
Sont donc à éviter autant que possible et à prendre en compte dans le cas contraire.
Pour les éviter, placer l'isolation à l'extérieur, la structure porteuse étant à l'intérieur de
la couche isolante.
Si nécessaire, traiter les ponts thermiques de manière à augmenter leur température su-
perficielle intérieure, quitte à perdre de l'énergie.
0.2
0.1
0 1 2 3
[W/(m²·K) ψc=0,06 W/(m2K)
57
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
Figure 3.29: Effet du profil écarteur des vitrages isolants sur le coefficient de déperdition
global de la fenêtre.
Le troisième terme dans l'équation (3.32) tient compte de ce pont thermique. La conductance
linéique ψc vaut entre 0,03 et 0,1 W/(m⋅K) suivant le type d'écarteur, et la longueur Lv à intro-
duire est le périmètre de tous les vitrages. Par exemple, pour les trois fenêtres de la Figure
3.29 on aurait approximativement, si H est la hauteur totale des vitrage et l leur largeur totale:
Lv = 2(H + l) pour la première fenêtre, à un seul vitrage
Lv = 2(2H + l) pour la deuxième fenêtre, à deux battants
Lv = 2(2H +3l) pour la troisième fenêtre, à petits bois
L'annexe 11.8 donne des valeurs pour les vitrages et les cadres.
58
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
SIA 180 SIA 380/1 Modèle d'ordonnance MINERGIE
Neuf et transformations Neuf Transform. Neuf seul.
Air libre:
toit 0,4, 0,2* 0,3 (0,2) 0,3 0,4 0,2
paroi verticale 0,4 0,3 (0,2) 0,3 0,5 0,25
plancher 0,4 0,3 (0,2) 0,3 0,4 0,25
porte 2,4 2,0 2,0 2,0
Fenêtre 1,7 1,7 (1,2) 2,0 (1,2) 2,0 (1,2) 1,5
Enterré à moins de 2m de
la surface:
toit 0,4 0,3 (0,2) 0,3 0,4 0,3
paroi verticale 0,4 0,3 (0,2) 0,4 (0,3) 0,6 (0,5) 0,3
plancher 0,4 0,3 (0,2) 0,4 (0,3) 0,5 (0,4) 0,3
Enterré à plus de 2m de
la surface:
toit 0,6 0,4 (0,3) 0,3 0,4 0,3
paroi verticale 0,6 0,4 (0,3) 0,4 (0,3) 0,6 (0,5) 0,3
plancher 0,6 0,4 (0,3) 0,4 (0,3) 0,5 (0,4) 0,3
Local non chauffé:
toit 0,5 0,4 (0,3) 0,3 0,4
paroi verticale 0,6 0,4 (0,3) 0,4 (0,3) 0,6 (0,5)
plancher 0,6 0,4 (0,3) 0,4 (0,3) 0,5 (0,4)
porte 2,4 2,0 2,0 2,0
fenêtre 2,4 2,0 (1,6) 2,0 (1,2) 2,0 (1,2)
( ) désigne les valeurs pour les éléments chauffants (chauffage par le sol, plafond radiatif, fenêtre avec corps de
chauffe placé juste devant, etc.)
* pour les toitures légères (voir 3.3.7.2)
Table 3.7: Coefficients de transmission thermiques maximaux admissibles selon diverses
normes appliquées en Suisse
59
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
Ce calcul des caractéristiques des parois est effectué selon la norme EN ISO 13 786, Perfor-
mance thermique des composants de bâtiment - Caractéristiques thermiques dynamiques -
Méthodes de calcul.
Comme la chaleur spécifique de la plupart des matériaux de construction est d'environ 1000
J/(kg·K), et que la conductivité thermique augmente en général avec la masse volumique des
matériaux, l'effusivité thermique est étroitement corrélée avec la masse volumique, comme le
montre la Figure 3.30.
2500
Béton, pierre
2000
Effusivité thermique
Eau
1500
Mortier
Verre
Adobe
1000 Plots ciment
Neige
Plâtre
Torchis
Bois Brique
500
Béton cellulaire
Isolants
0
0 500 1000 1500 2000 2500 3000
Masse volumique [kg/m³]
60
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
λ
a= (3.37)
ρc
Elle s'exprime en m²/s. La grandeur:
δ = at (3.38)
0.9
0.8
0.7
0.6
theta/theta0
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
-10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10
t [h]
61
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
θ x
= 1 − erf ( )
θ0 a ⋅t
y
(3.39)
2
∫e
−t 2
avec erf ( y ) = dt
π 0
0.9
0.8
0.7
0.6
theta/theta0
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2
x/sqrt(a*t)
Figure 3.32: Comportement de la réponse indicielle d'une paroi semi-infinie à un saut unité
de température en x=0. Le graphe représente θ/θ0 en fonction de x / a ⋅ t , soit x / δ, où δ est
la profondeur de pénétration définie au paragraphe 3.3.2.
62
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
1
x=0.001m->k=1.1547
0.9 x=0.01m->k=11.547
x=0.1m->k=115.4701
0.8
x=1m->k=1154.7005
0.7
0.6
theta/theta0
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
t [h]
Figure 3.33: Réponse indicielle d'une paroi semi-infinie à un saut unité de température en
x=0, pour diverses valeurs de la profondeur x (1mm, 1cm, 10 cm et 1m). Le paramètre k est
égal à x/sqrt(a), et le matériau considéré est du béton (a=0.75e-6 m2/s).
1
x=0.001m->k=1.1547
0.9 x=0.01m->k=11.547
x=0.1m->k=115.4701
0.8
x=1m->k=1154.7005
0.7
0.6
theta/theta0
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
t [h]
Figure 3.34: Identique à la figure 3.33 mais avec une échelle du temps plus grande.
63
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
tions sinusoïdales du temps. En utilisant la notation en nombres complexes, la température de
la zone n dans l'élément considéré est décrite par:
θ n (t ) = θ n + θˆn cos(ωt + ϕ ) = θ n +
2
[
θ + n e jωt + θˆ−n e − jωt
1 ˆ
] (3.40)
Φ n (t ) = Φ n + Φˆ n cos(ω t + φ ) = Φ n +
2
[
Φ + n e jωt + Φˆ − n e − jωt
1 ˆ
] (3.41)
où:
θ n et Φ n sont les valeurs moyennes de la température et du flux thermique,
Les zones m et n peuvent être distinctes ou non. Lmn donne donc l'influence des variations de
température dans une zone sur le flux de chaleur apporté à la même zone ou à une zone diffé-
rente.
Les capacités thermiques donnent la quantité de chaleur que l'on peut accumuler en une
demi-période dans l'élément de construction, lorsque la température sur la face correspon-
dante varie d'un degré. Elles ne sont en général pas les mêmes sur les deux faces d'une paroi.
Par analogie avec les circuit électriques, elles sont définies par l'inverse de la partie imagi-
naire de la conductance thermique périodique vue d'un côté de l'élément, divisé par la fré-
quence angulaire:
1 T
Cm = =
1 θˆ (3.44)
ω ℑ 2 πℑ m
Lmm Φˆ
m
L'admittance thermique est une quantité complexe définie comme le rapport de l'amplitude
complexe de la densité de flux thermique à travers la surface du composant adjacent à la zone
m, à l'amplitude complexe de la température dans la même zone. Le flux thermique est comp-
té positivement pour un flux entrant dans le composant.
L qˆ
Ym = mm = − m (3.45)
A θˆm
La capacité thermique surfacique est la capacité thermique d'un élément divisée par sa sur-
face:
Cm
χm = (3.46)
A
64
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Cette définition n'a de sens que pour les éléments plans formés de couches parallèles et ho-
mogènes.
Il existe deux admittances thermiques et deux capacités thermiques pour un composant sépa-
rant deux zones. Toutes dépendent de la période des variations thermiques.
θ n ( x, t ) = θ ( x ) +
1 ˆ
2
[
θ + n e jωt + θˆ− n e − jωt ] (3.47)
q ( x, t ) = q ( x ) +
1
2
[ ]
C
qˆ + ( x)e jωt + qˆ − ( x)e jωt χ m = m
A
(3.48)
avec:
θ ± ( x) = θˆ( x) e ± jϕ (x) et qˆ ± (x) = qˆ(x) e ± jφ( x ) (3.49)
Les variations de température et de densité de flux s'entendent autour des valeurs moyennes
θ et q de ces variables, qui sont liées par:
q = U (θ i − θ e ) (3.50)
2) Voir par exemple Carslaw et Jaeger, Conduction of Heat in Solids, Clarendon, 1959, section 3.7.
65
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
5. multiplier les matrices de transfert des différentes couches, y compris celles des couches
limites, dans l'ordre où elles se trouvent pour obtenir la matrice de transfert du composant.
Température relative .
rée est la profondeur à laquelle l'ampli-
1.0
tude des variations de température est
réduite dans le rapport e (base des loga- 0.5
rithmes naturels, e = 2,718…), dans un
matériau homogène d'épaisseur infinie 0.0
soumis en surface à une variation de -0.5
température harmonique. Elle se calcule
à partir de ses propriétés thermiques et -1.0
de la période P au moyen de l'équation: -1.5
0 1 2 ξ 3
λP
δ= (3.52)
πρc
Cette définition de la profondeur de pénétration δ est la même que celle de l'équation 3.35,
dans laquelle on a remplacé le temps caractéristique t par P/π.
Le rapport de l'épaisseur de la couche d à cette profondeur de pénétration est alors:
d
ξ= (3.53)
δ
Les éléments Zmn de la matrice se calculent comme suit:
66
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
La résistance thermique de la lame d'air est calculée selon EN ISO 6946 (voir 3.2.1.3)
67
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
Les conductances thermiques périodiques sont alors:
AZ11 − 1 AZ 22 − 1
L11 = AY1 = et L22= AY2 = (3.61)
Z12 Z12
L'avance pour l'admittance Yi ou pour la conductance thermique périodique Li est alors:
T
∆tY = arg(Yi ) (3.62)
2π
l'argument étant évalué dans l'intervalle de 0 à π.
Les capacités thermiques se calculent par:
Le facteur d'amortissement d'un élément plan formé de couches parallèles est donné par:
1
f = (3.65)
Z12 U
où le coefficient de transmission thermique, U, est calculé selon EN ISO 6946. Le facteur
d'amortissement est toujours inférieur à 1.
Le retard correspondant au facteur d'amortissement vaut
T
∆t f = arg( Z12 ) (3.66)
2π
l'argument étant évalué dans l'intervalle de 0 à π.
Conséquence importante: Alors que la transmission thermique d'une paroi en régime sta-
tionnaire est indépendant de l'ordre des couches, les caractéristiques thermiques dynamiques
68
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
dépendent fortement de cet ordre. Une paroi lourde à isolation extérieure présentera un facteur
d'amortissement et une capacité thermique intérieure beaucoup plus grands que si l'isolation
est placée à l'intérieur. Cette propriété est bien modélisée par le produit matriciel, qui n'est pas
commutatif.
69
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
La capacité thermique d'un composant entièrement situé dans la zone thermique considérée se
calcule comme étant la somme des capacités thermiques calculées à partir des deux faces du
composant.
Cette méthode simplifiée peut surestimer la capacité thermique de certains matériaux tels que
le bois ou le béton cellulaire et peut donner des résultats quelque peu différents de ceux don-
nés par une méthode exacte.
χ2
χ '= (3.71)
4π 2 2 2
1+ 2
χ ( R + Rs2 )
P
où Rs est la résistance superficielle et χ est la capacité thermique de la couche massive. Notez
que cet effet peut être très important, surtout si le composant nu présente une forte capacité
(Figure 3.34).
1'000
Capacité thermique apparente [kJ/m²K]
Béton
100
Brique Figure 3.36: Effet d'un revê-
Epicéa tement ou de la résistance
superficielle sur la capacité
thermique apparente.
10
Isolant
1
R & Rs [Wm²K]
0.01 0.1 1 10
3.3.7 Exemples
70
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
3.3.7.1 Paroi en béton, isolée
Une paroi de béton est isolée à l'extérieur avec 10 cm de mousse de polystyrène, protégée par
un crépi adéquat. Les propriétés thermiques des matériaux sont données dans la table 3.9. Les
résultats des calculs se trouvent dans la table 3.10 et les suivantes.
λ ρ c d R δ ξ
Matériau W/(m·K) kg/m³ J/(kg·K m m²·K/ m -
) W
Surface intérieure - - - - 0,130 - -
Béton 1,80 2 400 1 100 0,200 0,111 0,137 1,46
Polystyrène expansé 0,036 30 1 400 0,100 2,778 0,153 0,65
Crépi 1,00 1 500 1 000 0,005 0,005 0,124 0,04
Surface extérieure - - - - 0,040 - -
Table 3.9: Propriétés thermiques des matériaux
71
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
3.3.7.2 Toiture légère
Examinons le cas d'une toiture plate ayant la structure suivante: Tôle d'acier 3 mm, isolation
en verre cellulaire 15 cm collée au bitume, étanchéité de toit plat.
Le coefficient de transmission thermique, en régime stationnaire, est légèrement inférieur à
0,4 W/m²K, ce qui satisfait les exigences des normes SIA 180 et 380/1. Toutefois, son coeffi-
cient de transmission thermique dynamique vaut 0,36 W/m²K, ce qui est insuffisant pour une
bonne protection thermique d'été. La SIA 180 exige en effet une valeur inférieure à 0,2
W/m²K. Pour obtenir ce résultat, il faut soit augmenter l'épaisseur d'isolation à 23 cm, soit
couler une chape de mortier de 6 cm d'épaisseur entre la tôle et l'isolation, pour augmenter la
masse interne.
3.4 Aération
3.4.1 Effets de l'aération
72
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
déterminer ce débit), soit le débit d'air qui traverse le bâtiment. Ce dernier peut dans certains
cas largement dépasser le débit minimum nécessaire, et est estimé à l'aide d'un modèle ma-
thématique.
Les masses d'air traversant le bâtiment sont mues par trois types de forces:
1. le vent, ayant pour effet d'augmenter la pression sur la façade au vent, et d'abaisser la
pression sur les autres façades et sur le toit,
2. la différence entre les densités d'air intérieur et extérieur, qui cause un tirage (effet de
cheminée) faisant monter l'air chaud et humide et descendre l'air froid et/ou sec,
3. les ventilateurs des installations aérauliques, si elles existent.
Ces forces créent des différences de pressions entre les différents volumes du bâtiment et
l'extérieur, et induisent des débits au travers des ouvertures, des canalisation et des fissures.
Ces trois forces sont équivalentes dans la plupart des bâtiments. Font exception les bâtiments
équipés de système de ventilation mécanique à double flux (pulsion et extraction), où l'effet
des ventilateurs doit dominer, ainsi que les bâtiments en zone très ventées (côtes de l'océan,
cols alpins).
Un modèle de ventilation comprend donc des modèles donnant la différence de pression
résultant de chaque force, et un modèle de bâtiment et d'installation, qui décrit les relations
entre les débits d'air et les différences de pression. Ce modèle est complété par une équation
de conservation: la masse d'air entrant dans le bâtiment est égale à la masses d'air qui en sort.
Les modèles peuvent être classés en deux grandes catégories:
1. les modèles numériques résolvant les équations de dynamique des fluides (Navier-Stokes)
dans le volume étudié. Pour cela le volume étudié est découpé en éléments homogènes.
Une équation de conservation est écrite pour chaque élément, et toutes ces équations sont
liées entre elles par des lois de conservation. Elles sont d'autre part soumises à des condi-
tions aux limites décrivant l'effet des parois, des ouvertures, des bouches de ventilation et
des grilles d'extraction. Cette technique requiert des ordinateurs puissants, et un investis-
sement en travail important pour décrire le problème posé en détail.
2. Les modèles nodaux, dans lesquels le bâtiment est représenté par un ensemble de zones
homogènes, symbolisées par un nœud (Figure 3.35). Ces nœuds sont liés par des conduc-
tances qui modélisent les différents passages que l'air peut emprunter. Les nœuds exté-
rieurs sont soumis à des pressions dues au vent et aux différences de densité.
Vent
Niveau neutre
pe pi
20 °C
∆pp 0°C
Figure 3.37: Modélisation nodale d'un bâtiment a deux zones.
La pression différentielle due au vent, ∆pv, est la pression dynamique du vent:
1
∆p v = C p ρv 2 (3.72)
2
73
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
où
Cp est un coefficient de pression, qui dépend de la direction du vent et de l'endroit (au
vent, sous le vent, sur le toit, etc.) sur l'enveloppe du bâtiment,
ρ est la masse volumique de l'air [kg/m3]
v est la vitesse du vent [m/s]
La différence de pression due à la différence de densité de l'air entre l'intérieur et l'extérieur,
∆p, résulte des différences de température et d'humidité. Elle se calcule par:
∆p(z) = - (ρi - ρe) g z (3.73)
où
ρ est la masse volumique de l'air [kg/m³] (voir 2.2.3)
g est l'accélération de la pesanteur (9,81 m/s²)
z est la hauteur [m] au dessus de celle du niveau neutre défini par le niveau auquel la
différence de pression est nulle.
Les indices i et e représentent respectivement l'intérieur et l'extérieur, et le niveau neutre est le
niveau auquel la différence de pression entre l'intérieur et l'extérieur est nulle.
Ces deux différences de pression s'ajoutent algébriquement en chaque endroit de l'enveloppe
du bâtiment et poussent l'air au travers des ouvertures de ventilation et des nombreuses fis-
sures existant dans l'enveloppe du bâtiment. Le débit d'air au travers de ces fissures et ouver-
tures est souvent modélisé empiriquement par la relation:
V = D·(∆p)n (3.74)
D coefficient de débit en m³/(h Pan)
∆p différence de pression en Pa, comprenant les effets du vent, du tirage thermique et des
ventilateurs.
n exposant, compris entre 0,5 (régime turbulent) et 1 (régime laminaire).
Les courbes caractéristiques des éventuels ventilateurs donnent le débit d'air en fonction de la
différence de pression. Dans chaque zone, les débits causés par les différents moteurs (vent,
différences de densité et ventilateurs) s'équilibrent, car les masses d'air entrant dans chaque
zone sont exactement compensées par celles qui en sortent. Ces relations d'équilibre fournis-
sent un certain nombre d'équations qu'il suffit de résoudre pour obtenir les pressions en
chaque zone et les débits au travers de chaque fuite.
74
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Figure 3.38: La différence de densité de l'air entre l'intérieur et l'extérieur d'un bâtiment
induit une différence de pression. C'est l'effet de cheminée.
La quantité d'air qui entre dans le volume est égale à celle qui en sort, car le bâtiment ou le
fourneau ne se gonfle ni se dégonfle.
Les pressions sur l'enveloppe s'ajustent donc de manière à équilibrer les débits entrant et
sortant. Le niveau auquel la différence de pression entre l'intérieur et l'extérieur est nulle est le
niveau neutre.
A2 Ti
h Figure 3.39: Détermination du niveau neutre
h H dans le cas de deux ouvertures.
Te
A1
2∆ p
p∞ = p + ½ ρ u2 soit u= (3.77)
ρ
75
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
où l'on a admis que les deux ouvertures présentent le même coefficient de décharge. Ici, Ti est
la température de l'air sortant du volume et Ti est la température moyenne dans le volume .
Si la ventilation a lieu au travers d'une ouverture unique, le niveau neutre se situe approxima-
tivement à mi - hauteur de cette ouverture. Si H est la hauteur de l'ouverture et W sa largeur,
le débit massique se calcule par:
76
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
1 gH (Ti − Te )
m = ρ ext HWC d (3.82)
3 Te
77
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
78
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Il faut mentionner ici que, pour permettre les débits élevés sous faibles pertes de charge requis
pour la ventilation passive, il est nécessaire que ces conduits aient une grande section. D'autre
part, ces conduits vont de pair avec des ouvertures de ventilation, permettant l'entrée d'air
remplaçant l'air évacué par les conduits.
2. Quelle est l'épaisseur d'isolant cohérente avec un vitrage double sélectif moderne?
8. Les parties pleines d'une façade sont composées des couches suivantes:
Matériau Épaisseur d Conductibilité thermique Résistance R=d/λ
[cm] λ W/(m K)
·
m2K/W
Crépi intérieur 1 1 0.01
Brique creuse 22 0,44 0.5
Isolant ? 0,036
Brique creuse 22 0,44 0.5
Crépi extérieur 2 1 0.02
79
3 - BILAN THERMIQUE D'ÉLÉMENTS DU BÂTIMENT
Quelle épaisseur d'isolant mettre pour obtenir un coefficient de transmission thermique
de 0,2 W/m² K ?
Aération
9. On entend souvent dire que l'isolation excessive nuit à la qualité de l'air dans un bâti-
ment. Qu'en pensez vous?
10. Faut-il enlever les joints des fenêtres modernes pour assurer une aération convenable
dans un logement?
12. Calculer le débit d'air passant au travers d'une porte intérieure ouverte de 1 m de large et
2 m de haut, lorsque la différence de température entre les deux pièces attenantes est de
2 degrés (pas de vent).
13. Un bâtiment a deux ouvertures. L'ouverture basse, à hauteur zéro, est carrée de 1 m de
côté. L'ouverture haute, placée à 5 m de haut, mesure 1 m de large et 2 m de haut. Où se
trouve le niveau neutre? Quel est le débit d'air si la différence de température entre
l'intérieur et l'extérieur est de 2 degrés (pas de vent).
80
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Figure 4.1: Le bâtiment est un tonneau des Danaïdes: on maintient le confort grâce à un flux
d'énergie. A gauche, bâtiment mal isolé, à droite, bâtiment correct.
Le bilan énergétique est une comptabilité des entrées et des sorties d'énergie du bâtiment
pendant une période de temps donnée. Ce bilan doit évidemment être équilibré, par conserva-
tion de l'énergie. Le bilan énergétique détaille donc toutes les pertes et tous les gains, les
sommes des gains et des pertes étant égales si la période de consommation est suffisamment
grande (par exemple une année, voire un mois s'il n'existe pas de capacité de stockage particu-
lièrement grande).
Déperditions Gains
Transmission de chaleur au travers de Rayonnement solaire entrant par les fenêtres
l'enveloppe et autres systèmes de captage passifs
Transmission de chaleur au travers du sol Chaleur métabolique des habitants
Pertes de chaleur dans l'air vicié Capteurs solaires
Pertes de chaleur dans les égouts (eau chaude)
Chaleur accumulée dans la structure Chaleur restituée par la structure
Apport d'énergie: électricité
Déperditions des installations techniques
combustibles
Total des pertes = Total des gains
Table 4.1: Bilan énergétique d'un bâtiment
Le bâtiment reçoit de l'énergie sous différentes formes:
Les combustibles: mazout, gaz, charbon, bois
L'électricité
Le rayonnement solaire et le rayonnement thermique de l'extérieur
81
4 - BILAN THERMIQUE DU BÂTIMENT
La chaleur de l'air externe et la chaleur métabolique des habitants, éventuellement de la
chaleur d'une centrale de chauffage, etc.
Toutes ces formes d'énergie sont transformées en d'autres formes utilisables. Or pratiquement
toute l'énergie transformée dans le bâtiment finit sa carrière en chaleur, et cette chaleur passe
tôt ou tard à l'extérieur de l'enveloppe.
82
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
l'eau chaude
la cuisson
l'électroménager
l'éclairage
la climatisation
les transports et télécommunications
etc.
Ces divers systèmes interagissent entre eux: ce qui peut être perte pour un système (par
exemple les pertes thermiques du four de cuisson) peut être gain pour l'autre (ici pour le
chauffage pendant l'hiver). Sans délimiter le système, on ne pourra pas définir les gains et les
pertes.
Les vecteurs énergétiques à considérer sont:
les combustibles (mazout, charbon, gaz, bois, etc)
la chaleur à distance
l'électricité
le soleil
la chaleur humaine et animale
etc.
Le besoin brut du bâtiment est la quantité d'énergie nécessaire pour maintenir, pendant une
période de temps donnée, un climat intérieur convenable et satisfaire les autres prestations du
bâtiment (eau chaude, cuisson, éclairage, etc). Ces besoins bruts peuvent être satisfaits en
partie par des sources d'énergie "gratuite" telles que rayonnement solaire et chaleur de l'envi-
ronnement, le complément étant le besoin net.
Ce besoin net est couvert par une transformation d'énergie finale, impliquant des pertes. Cette
énergie finale provient elle même d'énergie primaire transformée, impliquant d'autres pertes.
La Figure 4.3 illustre l'ensemble des flux d'énergie traversant un bâtiment (frontière en poin-
tillé) ainsi que les flux d'énergie primaire et de pertes correspondants.
83
4 - BILAN THERMIQUE DU BÂTIMENT
tique consiste à corriger les hypothèses les moins sures, de façon toutefois qu'elles restent
plausibles.
Apports non utilisés
Q
s
Apports Récupération
solaires
de chaleur
Qg
Chaleur métabolique η Qg Apports Q Déperditions
Gains provenant d'appareils Apports internes utiles V par ventilation
Energie de chauffage
Limite du bâtiment
Energie récupérée Pertes techniques
84
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Le bilan thermique instantané du bâtiment exprime que, à tout instant:
Toutefois, cette procédure est complexe, nécessite une importante quantité de données, et,
compte tenu de la précision de ces données, ne fournit pas la consommation moyenne de
manière plus précise que la méthode simplifiée décrite ci-dessous.
85
4 - BILAN THERMIQUE DU BÂTIMENT
4.1.5 Déperditions
Les déperditions totales Ql d'un bâtiment à une seule zone, donc à température intérieure
constante et uniforme pour une période donnée peuvent s'exprimer en fonction de la diffé-
rence de température moyenne entre l'intérieur et l'extérieur:
Q = H (θi - θ ) t
l e
(4.4)
où
θi est la température intérieure moyenne;
θe est la température extérieure moyenne;
t est la durée de la période de calcul (en principe le mois);
H est le coefficient de déperditions du bâtiment :
H = HT + HV (4.5)
où
HT est le coefficient de déperditions par transmission à travers l'enveloppe (voir 4.2)
HV est le coefficient de déperditions par renouvellement d'air (voir 4.3).
86
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
HN est le coefficient de déperditions par transmission à travers les espaces non chauffés,
défini par l'équation (4.8), en W/K.
Limite d’application
Non chauffé
de l’EN ISO 13370
87
4 - BILAN THERMIQUE DU BÂTIMENT
88
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
déperditions par le sol en régime permanent, HS.
QS
= (4.11)
(θi − θe )Δt
H
S
Les déperditions par le sol des espaces non chauffés sont prises en compte en multipliant les
déperditions par le sol des espaces non chauffés par le facteur b défini par la formule (4.8.
La méthode données dans la norme européenne EN 13370 tient compte des variations saison-
nières de température. L'exposé ci-dessous se borne au calcul de la valeur moyenne, suffisante
pour déterminer la consommation annuelle d'énergie d'un bâtiment.
Cette méthode empirique représente un compromis entre la recherche de la simplicité et la
capacité de tenir compte des diverses situations.
Elle est basée sur une grandeur caractérisant le bâtiment:
2A
B= (4.12)
P
où A est l'aire du sol situé sous le bâtiment et P le périmètre en contact avec le sol. Cette
grandeur entre dans le calcul d'un coefficient de transmission thermique apparent, U0, qui lui-
même entre dans le calcul du coefficient de déperditions par transmission au travers du sol:
Hs = A U0 (4.13)
Le coefficient de transmission thermique apparent, U0, se calcule à l'aide de formules empi-
rique adaptées à chaque situation.
dt = dm + λ Rf (4.14) Rf
où dm est l'épaisseur de la paroi verticale
constituant le périmètre, λ la conductivité
thermique du sol (2 W/(m·K) à défaut de
meilleure donnée) et Rf la résistance thermique Figure 4.5: Dalle sur sol.
totale de la dalle, incluant les résistances
superficielles intérieure et extérieure.
Le coefficient de transmission thermique apparent, U0, dépend de l'isolation de la dalle.
Si la dalle est mal isolée, c'est-à-dire si dt<B, alors:
2λ πB
U0 = ln + 1 (4.15)
πΒ + d t d t
Si, par contre, la dalle est bien isolée, donc si B < dt::
λ
U0 = (4.16)
0,457 B + d t
Ce résultat est valable pour une dalle sans isolation sur son pourtour. Dans le cas contraire, un
terme correctif est introduit (voir EN ISO 13370, clause 9).
4.2.4.2 Dalle sur vide sanitaire
Dans ce cas, les déperditions par le sol sont celles de la dalle chauffée la plus basse. Elles
comprennent non seulement les déperditions par le sol, mais aussi les déperditions par ventila-
89
4 - BILAN THERMIQUE DU BÂTIMENT
tion du vide sanitaire:
1 1 1
= + (4.17)
U0 U f U g +U x
où:
Uf est le coefficient de transmission thermique
de la dalle du rez-de-chaussée, entre l'es-
pace chauffé et le vide sanitaire
dm
Ug est le coefficient de transmission thermique Rm
au travers du terrain, et
Ux est un coefficient de transmission ther- Rf
mique équivalent tenant compte des déper-
ditions de chaleur du vide sanitaire vers
h
l'extérieur par ventilation et transmission.
Uf est calculé de la manière usuelle. Le coeffi- Figure 4.6: Dalle sur vide sanitaire
cient de transmission thermique au travers
du terrain, Ug se calcule comme pour la dalle sur sol, l'épaisseur équivalente dépendant
alors de la résistance d'une éventuelle dalle sur sol.
2λ B
Ug = ln + 1 (4.18)
B + dt dt
Le coefficient de transmission thermique équivalent, Ux, se calcule selon:
2hU w +1450ς v f v
Ux = (4.19)
B
où:
h est la hauteur moyenne du vide sanitaire,
Uw est le coefficient de transmission thermique de la paroi verticale du vide sanitaire
ς est le rapport de la surface totale des ouvertures de ventilation au périmètre de paroi
verticale (m²/m)
v est la vitesse moyenne du vent à 10 m de hauteur, et
fv est le facteur de protection au vent: 0,02 pour un endroit abrité , tel que le centre ville,
0,05 pour les faubourgs et 0,1 pour les endroits exposés.
90
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
2λ B
U ef = ln + 1 (4.22)
B + dt +
z z
dt +
2 2
Si, par contre, la dalle est bien isolée, donc si B ≥ dt + ½ z::
λ
U ef = (4.23)
z
0,457 B + d t +
2
Le coefficient de transmission thermique équivalent pour la paroi verticale enterrée se déter-
mine de la manière suivante:
On calcule d'abord l'épaisseur équivalente correspondant à cette paroi:
dem = λ Rm (4.24)
où Rm la résistance thermique totale de la paroi, incluant les résistances superficielles inté-
rieure et extérieure. Alors:
λ dt z
U em = 2 + ln + 1 (4.25)
z d t + z d em
91
4 - BILAN THERMIQUE DU BÂTIMENT
QV est la consommation d'énergie pendant la période de temps considérée, [J]
m la masse d'air ayant traversé le bâtiment [kg]
∆H la différence d'enthalpie entre l'air intérieur et l'air extérieur, à savoir la quantité d'éner-
gie qu'il faut pour varier sa température et son degré d'humidité [J/kg] (ne pas confondre
H, enthalpie en J/kg avec H, coefficient de déperditions en W/K)
ρ est la masse volumique de l'air [kg/m3]
V est le débit d'air [m3/h]
t la durée de la période de temps considérée
ηr est le rendement de récupération de chaleur sur l'air évacué.
La différence d'enthalpie ∆H entre l'air intérieur et l'air extérieur peut être déterminée à l'aide
d'un diagramme de Carrier. A titre d'exemple, si l'air extérieur est à 0°C et 100% d'humidité
relative, il contient 4 g d'eau par kg d'air. L'air intérieur, à 20°C et 60 % d'humidité relative,
en contient 9 g/kg. Pour passer 1 kg d'air d'un état à l'autre, il faut le chauffer de 20°C, ce qui
nécessite 20·1000 J, et évaporer 5 g d'eau, ce qui requiert approximativement 0,005
kg·2'500'000 J/kg = 12'500 J. Il faudra donc au total 32'500 J pour chaque kg d'air (soit ap-
proximativement 30 kJ pour chaque mètre cube à 20°C).
Si on refroidit l'air extérieur, la dépense peut être plus forte. En effet, l'air extérieur doit
d'abord être asséché en le refroidissant au point de rosée de l'air souhaité et en évacuant la
chaleur de condensation de la vapeur condensée, puis être réchauffé à la température souhai-
tée (voir 5.5) .
La quantité d'énergie nécessaire pour mouvoir l'air dans les installations de ventilation n'est
pas négligeable. Dans les bâtiments climatisés, il n'est pas rare que cette énergie représente 20
à 30% de l'énergie nécessaire à la climatisation. L'installation de climatisation est aussi sou-
vent un des gros consommateurs d'électricité dans les bâtiments.
Dans les bâtiments non climatisés, en hiver, l'apport d'humidité est largement assuré par les
activités humaines, et les humidificateurs sont souvent superflus. De plus, la ventilation est
souvent naturelle. Dans ce cas, la demande d'énergie se restreint à celle nécessaire au chauf-
fage:
QV = m c p ∆θ (1 − ηr ) = ρ V t c p ∆θ (1 − ηr ) (4.28)
92
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Il est important de noter ici que ηr est le rendement global de récupération de chaleur, qui est
toujours inférieur à l'efficacité de récupération de l'échangeur seul, mesuré en usine. Selon des
mesures faites par l'auteur, le rendement global réel est au mieux 85% de l'efficacité théo-
rique, et peut être nul dans les pires des cas. Seule la chaleur de l'air extrait qui passe au tra-
vers de l'échangeur est récupérée. En effet la chaleur contenue dans l'air perdu par exfiltration
au travers de l'enveloppe du bâtiment, ou dans l'air qui re-circule par des fuites entre le canal
d'extraction et le canal de pulsion n'est pas récupérée. De plus, la re-circulation augmente le
débit d'air pulsé sans améliorer la qualité de l'air. Tous calculs faits on obtient la relation
suivante entre efficacité de récupération de l'échangeur, εHR, et rendement global de récupéra-
tion de chaleur:
ηr ≅
(1 − γ exf )(1 − Re ) ε (4.30)
1 − Re γ exf
HR
où:
γexf est le rapport d'exfiltration, à savoir la part de l'air frais entrant dans le bâtiment qui est
en sort par les fuites de l'enveloppe,
Re est le taux de re-circulation, à savoir la part de l'air extrait qui est re-circulée
100% Recirculation
0%
Rendement global de
80%
20%
récupération.
60% 40%
40% 60%
20% 80%
0% 100%
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Taux d'exfiltration
Figure 4.8: Rendement global de récupération, ηG , en fonction des taux respectifs de re-
circulation interne et d’exfiltration.
Cette relation est illustrée dans la Figure 4.8, et la Figure 4.9 compare les rendement réels de
récupération de chaleur comparé à l'efficacité de l'échangeur, mesurés dans 9 gros et 3 petits
systèmes de ventilation.
100%
Rendement global de
Petites unités
60%
40%
20%
0%
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Rendement nominal de l'échangeur
93
4 - BILAN THERMIQUE DU BÂTIMENT
94
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
du système de chauffage. Des systèmes de contrôle prévisionnels peuvent pallier aux dé-
fauts des chauffages à grande inertie, comme le chauffage par le sol.
95
4 - BILAN THERMIQUE DU BÂTIMENT
96
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Aw aire des fenêtres dans la paroi séparatrice; I
Ae, aire de l'enveloppe de l'espace ensoleillé.
En outre, il convient d'évaluer les données suivantes: Qsd
gw
Aj aire de chaque surface j absorbant le rayonne- Qes
ment solaire dans l'espace ensoleillé (sol, murs A w
i His s Hse
opaques; la partie opaque de la paroi sépara- e
trice est désignée par l'indice p) gp ge
αSj facteur d'absorption solaire moyen de la sur- (1-b)Q si Ap
Ae
face absorbante j dans l'espace ensoleillé; αp Aj αj
Ii ensoleillement reçu par la surface i pendant Figure 4.12: serre attenante avec
chaque période de calcul; apports et coefficient de déperditions,
Up coefficient de transmission thermique de la avec réseau électrique équivalent
partie opaque de la paroi séparatrice;
Upe coefficient de transmission thermique entre la surface absorbante de cette paroi et l'es-
pace ensoleillé.
Si l'espace ensoleillé est chauffé, ou s'il existe une ouverture permanente entre l'espace chauf-
fé et l'espace ensoleillé, il doit être considéré comme faisant partie de l'espace chauffé. L'aire
à prendre en compte pour les déperditions et les apports solaires est l'aire extérieure totale de
l'espace ensoleillé, et la méthode présentée ici ne s'applique pas.
Si une paroi sépare le volume chauffé de l'espace ensoleillé et si ce dernier n'est pas chauffé,
les déperditions sont calculées selon 4.2.3, page 88 pour l'espace non chauffé. Les apports
solaires, provenant de l'espace ensoleillé et pénétrant dans l'espace chauffé, QSs, sont la
somme des apports directs à travers la paroi de séparation, QSd, et des apports indirects, QSi,
provenant de l'espace ensoleillé chauffé par le soleil :
QSs = QSd + QSi (4.34)
On suppose, en première approximation, que les surfaces absorbantes sont toutes ombragées
dans la même proportion du fait des écrans extérieurs et de l'enveloppe externe de l'espace
ensoleillé.
Les apports solaires directs QSd, sont la somme des apports provenant des parties transpa-
rentes (w) et opaques (p) de la paroi de séparation :
Up
QSd = Ip FS FFe ge FFw g w Aw + α Sp Ap (4.35)
U
pe
Les apports indirects sont calculés en additionnant les apports solaires de chaque surface
absorbante j dans l'espace ensoleillé, mais en déduisant les apports directs pénétrant à travers
la partie opaque de la cloison :
Up
Qsi = (1-b) FS FFe ge ∑ I Sj αSj A j - I p αSp Ap (4.36)
j U
pe
Le facteur de pondération (1-b) est la fraction du flux solaire absorbé par l'espace ensoleillé
qui pénètre dans l'espace chauffé via la paroi séparatrice. Le facteur b est défini dans 4.2.3,
page 88.
97
4 - BILAN THERMIQUE DU BÂTIMENT
Isolation transparente
Une grande partie du rayonnement solaire incident tra- solaire
verse l'isolation transparente et se transforme en chaleur Gains de
à la surface absorbante située sous cette isolation. Ainsi, chaleur
Surface absorbante
la majeure partie de la chaleur pénètre à l'intérieur du Réflexion
bâtiment.
Les déperditions sont calculées comme pour les parois Déperditions
extérieures ordinaires. Les apports solaires d'une paroi
opaque avec isolation transparente ayant l'orientation j,
se calculent par :
U Figure 4.13: Principe d'utilisation
Qs = A FS FF α gTI Is (4.37)
Ue de l'isolation transparente.
où
A aire totale de la paroi;
U coefficient de transmission thermique de la paroi;
Ue coefficient de transmission thermique externe de paroi; à l'extérieur de la surface absor-
bant le rayonnement solaire;
FF facteur d'ombre des encadrements;
FS facteur d'ombrage de l'environnement;
gTI coefficient de transmission énergétique solaire de l'isolation transparente;
α coefficient d'absorption de la surface absorbant le rayonnement solaire;
Is énergie solaire reçue par unité de surface pendant la période de calcul.
98
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Δθer écart moyen entre la température de l'air extérieur et la température apparente du ciel;
t durée de la période de calcul.
Le coefficient de rayonnement extérieur hr est donné par:
hr = 4 ε σ (θss+273)3 (4.40)
où:
ε est l'émissivité pour le rayonnement thermique de la surface extérieure,
σ est la constante Stefan-Boltzmann: σ = 5,67×10-8 W/(m2·K4)
θss est la moyenne arithmétique entre la température superficielle et la température du ciel.
En première approximation, hr peut être pris égal à 5 ε W/(m2·K), ce qui correspond à une
température moyenne de 10 °C.
Si la température du ciel n'est pas disponible dans les données climatiques, il convient de
prendre, pour la différence Δθer entre la température de l'air extérieur et la température du ciel,
9 K en Europe du nord, 11 K dans les régions méditerranéennes et 10 K dans les zones inter-
médiaires.
Pour les parois opaques sans isolation transparente, les apports sont soustraits des déperdi-
tions, le taux d'utilisation étant pris égal à 1.
Table 4.2: Puissance thermique dégagée par les habitants, selon [SIA, 2001 #328]
La puissance fournie par les appareils est généralement calculée à partir de la puissance élec-
trique Pel consommée par les appareils :
99
4 - BILAN THERMIQUE DU BÂTIMENT
100
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Qg
γ = (4.45)
Ql
et une constante de temps, τ, caractérisant l'inertie thermique intérieure de l'espace chauffé:
C
τ= (4.46)
H
où C est la capacité thermique intérieure effective, c'est-à-dire la chaleur stockée dans la
structure du bâtiment si la température intérieure varie de manière sinusoïdale avec une pé-
riode de 24 heures et une amplitude de 1 K . Ce chiffre peut être approximatif ; une précision
relative 10 fois moindre que celles des déperditions est suffisante.
La méthode décrite dans la section 3.3.5 peut être utilisée pour le calcul de la capacité ther-
mique du bâtiment entier, mais l'effort de calcul est disproportionné avec la précision requise.
Il est plus simple d'utiliser Le calcul simplifié (voir 3.3.6) qui se résume comme suit: La
capacité thermique est la somme des capacité thermiques efficaces de tous les matériaux en
contact avec l'ambiance intérieure :
C = ΣjΣi ρij cij dij Aj (4.47)
où:
ρij est la masse volumique du matériau i dans l'élément j
cij est la chaleur spécifique du matériau i dans l'élément j (1000 J/kg K pour pratiquement
tous les matériaux de construction à part le bois)
dij est l'épaisseur de la couche de matériau i dans l'élément j
La somme porte sur toutes les couches de chaque élément de construction, en partant de l'inté-
rieur et en s'arrêtant à la première couche isolante. L'épaisseur totale ne doit toutefois ni dé-
passer la moitié de l'épaisseur de l'élément, ni dépasser 10 cm, qui correspond à la profondeur
de pénétration en 24 heures de période pour la plupart des matériaux de construction.
La variation du taux d'utilisation avec ces variables est bien décrite par la relation empirique
suivante:
1−γ a a
η= si γ ≠1 et η= si γ = 1 (4.48)
1 − γ a +1 a +1
101
4 - BILAN THERMIQUE DU BÂTIMENT
a0 τ0
Type de bâtiment h
Bâtiment chauffé en permanence (plus de 12 heures par jour) comme
les bâtiments résidentiels, les hôtels, les hôpitaux, etc.
1 15
I
Pour une période de calcul mensuelle
Pour une période de calcul saisonnière 0,8 30
Bâtiments chauffés de jour seulement (moins de 12 heures par jour)
II 0,8 70
tells que les écoles, les bureaux, les salles de réunion, etc.
La Figure 4.14 donne les taux d'utilisation pour des périodes de calcul mensuelles et pour
plusieurs constantes de temps.
η 1.0
0.8
τ [h]
0.6
∞
0.4 168
48
0.2 24
8
0.0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 γ 3
η 1.0
0.8
0.6
∞
0.4 168
48 τ [h]
0.2 24
8
0.0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 γ 3
Figure 4.14 Taux d'utilisation en fonction du rapport gains/déperditions pour des constantes
de temps de 8 h, 1 jour, 2 jours, 1 semaine et infinie, valables pour une période de calcul
mensuelle. En haut, bâtiments chauffés en permanence, en bas, bâtiments chauffés de jour
seulement (EN ISO 13'390).
Le taux d'utilisation donné ci-dessus est défini indépendamment des caractéristiques du sys-
tème de chauffage, en supposant une régulation parfaite de la température et une souplesse
infinie. Les effets de l'inertie du système de chauffage et des imperfections du système de
102
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
régulation peuvent être importants et dépendent du rapport apports/déperditions. Il convient
de les prendre en compte dans le rendement de régulation dans la partie du calcul consacrée
au système de chauffage (voir 5.1.4.3).
103
4 - BILAN THERMIQUE DU BÂTIMENT
De façon générale, les phénomènes physiques suivants doivent être considérés pour l'élabora-
tion d'un modèle.
(a) Processus de transfert de chaleur:
• conduction
• convection naturelle (air)
• convection forcée (air/eau), transfert de chaleur par un fluide caloporteur
• échanges radiatifs
(b) Sources de chaleur:
• rayonnement solaire
• système de chauffage/refroidissement
• personnes
• appareils
• ...
(c) Stockage de chaleur (sensible/latente)
104
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
couplages thermiques entre noeuds sont représentés par des conductions équivalentes. Cer-
tains noeuds reçoivent des sources de chaleur.
La méthode peut être considérée comme une méthode de type "éléments finis", l'ensemble du
bâtiment étant décomposé en un réseau d'éléments de taille variable. L'élaboration d'un réseau
nodal équivalent requiert une bonne compréhension de la physique du bâtiment. C'est pour-
quoi de nombreux logiciels effectuent cette élaboration de façon automatique, mais avec le
risque de ne pas parvenir à une décomposition optimale du bâtiment.
L'exemple ci-dessous montre une décomposition très simple d'un bâtiment au moyen d'un
réseau nodal comportant 2 noeuds (noeuds #1 et #2) à température inconnue, et un noeud
(noeud #3) dont la température est assignée à une fonction du temps. Les 2 noeuds à tempéra-
ture inconnue correspondent respectivement à l'air intérieur et aux éléments lourds de la cons-
truction qui assurent le stockage thermique. Le 3me noeud représente la température de l'air
ambiant.
De façon générale, un schéma nodal équivalent peut être représenté de la manière suivante:
Dans ce diagramme, les noeuds 1,...,m sont les noeuds dont la température, inconnue, doit être
calculée en fonction du temps (dans l'exemple précédent, m = 2). Les noeuds m+1,...,n sont
les noeuds dont la température est donnée en fonction du temps, et correspondent aux condi-
tions aux limites, par exemple la température ambiante ou la température du sol.
105
4 - BILAN THERMIQUE DU BÂTIMENT
Le flux de chaleur du noeud i (à température Ti [°C]) au noeud j (à température Tj [°C]) est
donné par l'équation suivante:
qij = hij · (Ti - Tj) [W]
dans laquelle hij [W/K] est la conductance équivalente du noeud i au noeud j. Il peut s'agir
d'une conductance pure, ou encore d'une conductance équivalente à un couplage thermique
plus complexe (par exemple couplage radiatif ou par transfert de masse).
Les noeuds 1,...,m reçoivent chacun une source de chaleur Sj (j = 1,...,m), certaines de ces
sources pouvant évidemment être nulles. Ces sources de chaleur correspondent par exemple
aux gains solaires ou à la chaleur délivrée par le système de chauffage.
Enfin, chaque noeud est pourvu d'une capacité thermique Cj [J/K], correspondant typiquement
à la chaleur sensible de stockage (les matériaux à changement de phase, pour lesquels une
chaleur latente de transition de phase doit être prévue, sont plus compliqués à traiter et ne sont
pas pris en compte dans un modèle simple tel que celui présenté ici).
Dans ces conditions, les équations de conservation de l'énergie pour chaque noeud peuvent
être écrites de la manière suivante:
dT j n
Cj ⋅
dt
= ∑h
i =1,i ≠ j
ij ⋅ (Ti − T j ) + S j ( j = 1,..., m)
dT j 1 m 1 n 1 1 n
dt
=
Cj
∑ hijTi −
C ∑ hij T j +
Cj
Sj +
Cj
∑h T ij i ( j = 1,..., m)
i =1 j i =1 i = m +1
dT/dt = A · T + B · U
S1
S
T1 2
T .
2
T = . U = Sm
Tm +1
.
Tm .
T
n
106
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
1 n h2,1 hm ,1
− C ∑ hi ,1 C1
. .
C1
1 i =1
n
h1, 2 1 hm , 2
C2
−
C2
∑h i,2 . .
C2
A= i =1
. . . . .
. . . . .
h1,m h2,m 1 n
. . − ∑ hi ,m
Cm Cm Cm i =1
1 1 1
C 0 0 0 0 hm +1,1 . hn ,1
C1 C1
1
1 1 1
0 0 0 0 hm +1, 2 . hn , 2
C2 C2 C2
B=
. . . .. . . .
. . . .. . . .
0 hn ,m
1 1 1
0 0 0 hm +1,m .
Cm Cm Cm
107
4 - BILAN THERMIQUE DU BÂTIMENT
où g = conductance globale vers tous les autres noeuds [W/K]
C = capacité thermique du noeud considéré [J/K]
F peut être interprété comme le rapport de l'énergie transmise par conduction au noeud consi-
déré, à l'énergie stockée dans la capacité thermique de ce noeud, pour le pas de temps ∆t.
La condition de Fourier, qui doit être respectée pour que le système d'équations ne diverge
pas, consiste à vérifier que F < ½ pour tous les noeuds (à température inconnue).
(b) Schéma implicite
La dérivée est évaluée par différence arrière de premier ordre:
T'(t0) = (T(t0)-T(t0-∆t))/∆t + ε(∆t)
l'erreur ε(∆t) est d'ordre ∆t, comme pour le schéma explicite.
Comme précédemment, on insère l'expression de la dérivée dans le système d'équations, et on
obtient finalement:
T(t0+∆t) = (I - ∆t · A)-1 (T(t0) + ∆t · B · U(t0+∆t))
I étant la matrice unité. L'avantage de ce schéma est la stabilité (pas de risque de divergence,
mais le calcul est un peu plus lourd (inversion matricielle). Si la matrice A est constante, cet
inconvénient n'est pas significatif car il suffit d'effectuer le calcul de la matrice inverse une
seule fois pour tous les pas de simulation.
(c) Schéma de différence centrale
La dérivée est évaluée par différence centrale, au moyen de l'expression suivante:
T'(t0) = (T(t0+ ½ ∆t)-T(t0- ½ ∆t))/(∆t) + ε(∆t2)
l'erreur ε(∆t2) est d'ordre ∆t2: diviser ∆t par 2 signifie que l'erreur est divisée approximative-
ment par 4.
Comme précédemment, on insère l'expression de la dérivée dans le système d'équations, et en
effectuant l'approximation
T(t0+∆t/2) = (T(t0+∆t)+T(t0))/2
on obient finalement:
T(t0+∆t) = (I - ½ ∆t · A)-1 ((I + ½ ∆t · A) · T(t0) + ∆t · B · U(t0+½ ∆t))
La méthode est connue sous le nom de Crank-Nicholson. Elle présente l'avantage d'une bonne
convergence et d'une meilleure précision que les deux autres méthodes, mais comme précé-
demment l'inconvénient de devoir effectuer une inversion matricielle. Comme précédemment,
si la matrice A est constante, cela ne représente pas un inconvénient réel.
108
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Sud
109
4 - BILAN THERMIQUE DU BÂTIMENT
110
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
40
30
20
10
-10
90 100 110 120 130 140 150 160 170 180
3000
2000
1000
0
90 100 110 120 130 140 150 160 170 180
111
4 - BILAN THERMIQUE DU BÂTIMENT
30
20
10
-10
90 100 110 120 130 140 150 160 170 180
4000
3000
2000
1000
0
90 100 110 120 130 140 150 160 170 180
1. Quelles sont les déperditions thermiques pour le mois de février, d'une fenêtre à deux
battants de 2 m² munie d'un cadre en bois dur de 68 mm d'épaisseur qui occupe 25 % de
cette surface et d'un vitrage double avec couche sélective ? Le bâtiment est situé à Lau-
sanne.
2. Calculer la puissance nécessaire pour chauffer un débit d'air de 10 m³/h (débit minimum
convenable pour une personne) de 0 à 20°C. Calculer l'énergie nécessaire pour mainte-
nir l'air intérieur à 20°C, toujours avec le même débit, pendant la saison d'hiver à Lau-
sanne (température extérieure moyenne 4 °C, durée 7 mois).
3. Quels sont les gains solaires bruts (sans correction pour l'utilisation) d'une fenêtre orien-
tée au sud, d'une surface totale de 2 m² munie d'un cadre en bois dur de 68 mm d'épais-
seur qui occupe 25% de cette surface et d'un vitrage double avec couche sélective ? Le
bâtiment, non ombragé, est situé à Lausanne. Calculer les gains pour le mois de février.
4. Calculer les gains solaires d'une paroi de béton armé de 15 cm d'épaisseur recouverte
d'une isolation transparente de 10 cm en nid d'abeilles derrière un simple vitrage (voir
page 236), placée dans la même situation que la fenêtre de l'exercice 1. La couche ab-
sorbante placée derrière l'isolation transparente a un coefficient d'absorption pour le
rayonnement solaire de 90%.
112
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
6. Calculer le bilan thermique d'une pièce située au milieu de la façade sud d'un immeuble
lausannois. La paroi de 5 m sur 3 a un coefficient de transmission thermique de 0,4
W/m²K dans sa partie opaque et comporte deux vitrages isolants doubles sélectifs avec
cadre en bois de 1,5 m sur 2 m. La pièce est un bureau de 60 m3 occupé par une per-
sonne pendant 8 heures par jour. Cette personne utilise un ordinateur consommant 300
W. La saison de chauffage dure 203 jours, à une température extérieure moyenne de 3,9
°C. La façade sud reçoit, pendant cette saison, 1630 MJ/m². Caractéristique du vitrage
isolant double sélectif: U = 1,6 W/m²K, g = 0,6. Pourcentage de cadre: 20 %, transmis-
sion thermique du cadre: 2 W/m²K. Faire une hypothèse raisonnable pour le taux de re-
nouvellement d'air.
113
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
5 INSTALLATIONS TECHNIQUES
5.1 Introduction
5.1.1 De l'énergie finale à l'énergie utile
Dans le chapitre précédent, nous avons vu comment déterminer les besoins en énergie utile
pour le chauffage du bâtiment. Les installations techniques ont pour but de transformer l'éner-
gie finale en une forme permettant d'assurer les différentes prestations du bâtiment, en parti-
culier le chauffage et l'eau chaude. L'énergie finale comprend l'énergie disponible à l'entrée du
bâtiment, sous toutes ses formes (mazout, gaz, électricité, etc.)
Quelle que soit la source d'énergie utilisée, il est nécessaire de disposer d'installations spéci-
fiques afin de transformer cette dernière en une énergie utile de chauffage, c'est-à-dire en
chaleur. Une liste des principaux moyens de production de chaleur dans le bâtiment est pré-
sentée dans la Table 5.1.
114
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
(1)
0,8-0,9 kg/m3N
(2)
propane 2,0 kg/m3N, butane 2,6 kg/m3N
(3)
350-500 kg/stère (1 stère = 1 m3 apparent)
(4)
0,25 t/m3
Table 5.2: PCI de quelques combustibles et carburants courants
5.1.2.1 Electricité
Energie de réseau par excellence, l'électricité est une énergie secondaire. C'est la forme
d'énergie la plus noble car elle permet toutes les utilisations (éclairage, travail, chauffage à
haute et basse températures, processus chimiques). D'utilisation aisée, elle est sans risque dès
lors que les prescriptions applicables aux installations et à l'exploitation sont respectées.
L'énergie électrique doit être consommée lorsqu'elle est produite et il n'est pas possible de la
stocker à l'échelle des utilisations domestiques. La production doit par conséquent être cons-
tamment adaptée à la demande. Pour obtenir des conditions de production plus favorables, on
cherche à aménager la demande en particulier en réduisant l'importance des pointes et en
remplissant les creux de consommation, et ainsi tirer le meilleur parti technique et écono-
mique des installations de production, de transport et de distribution. Du point de vue du
consommateur, l'électricité est disponible dans le bâtiment à partir d'un coffret sous forme de
courant alternatif à basse tension (380 V triphasé, 220 V monophasé).
Le prix moyen de l'électricité se situe en Suisse, pour le consommateur, à 15-25 cts/kWh; une
politique tarifaire incitative permet d'en orienter les utilisateurs en fonction du moment de la
consommation (jour/nuit, week-end/semaine) et de la nature de l'application (chauffage, eau
chaude, cuisson, force, éclairage).
Les tarifs appliqués peuvent alors varier entre 5 et 50 cts/kWh. Ainsi la nuit, pendant les
heures creuses, la demande d’électricité est faible et le prix le sera également c'est-à-dire entre
5 et 10 cts/kWh, alors que pendant les heures pleines, le prix est sensiblement plus élevé.
L'utilisation de l'électricité pour le chauffage des locaux, qui paraît avantageuse du point de
vue de la commodité et du confort, ne peut être appliquée à grande échelle sans inconvénient.
En effet, la consommation correspondante est concentrée sur la période de chauffage (en
Suisse, région du Plateau : 210 à 240 jours/an) et principalement pendant la journée. Si ce
procédé devait être généralisé, il en résulterait des pointes de consommation qui exigeraient
un dimensionnement non économique de l'appareil de production et de distribution
d’électricité. Pour éviter cette situation, on a recours à une utilisation d'installations de chauf-
115
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
fage électrique à accumulation nocturne qui offre un débouché intéressant pour l'électricité
produite pendant la nuit (heures creuses), et à une dissuasion tarifaire par laquelle d'autres
agents énergétiques peuvent être avantageux (coût de l'énergie et taxe de puissance).
Actuellement, le chauffage électrique, direct ou avec accumulation, est parmi les modes de
chauffage les plus onéreux.
5.1.2.3 Gaz
Il s'agit actuellement exclusivement du gaz naturel (méthane), donc une énergie fossile appar-
tenant à la famille des hydrocarbures. Le gaz naturel, très abondant dans le monde, est cepen-
dant produit en un nombre limité de gisements et doit être transporté sur de grandes distances
par mer ou sur terre (méthaniers, gazoducs) avant de parvenir chez le consommateur (énergie
de réseau).
Les possibilités de stockage du gaz sont très limitées à l'échelle saisonnière, mais il est aisé de
prévoir des compensations à l'échelle de la journée, soit dans des sphères de stockage
(quelques bars de pression), soit en faisant varier la pression dans les gazoducs. Le stockage
du gaz chez le consommateur est cependant exclu et pour celui-ci, la situation du gaz est la
même que celle de l'électricité à cet égard.
Le souci d'assurer globalement une fourniture de gaz aussi constante que possible correspon-
dant à l'utilisation optimale des installations de production et de transport, peut conduire à
interrompre l'approvisionnement en gaz de certains gros consommateurs industriels (clients
interruptibles) de façon à réserver une part suffisante pour répondre à la demande des mé-
nages pour le chauffage des locaux et l'énergie de cuisson. Le gaz est un combustible relati-
vement propre (pratiquement pas de SO2). Par contre, comme tout processus de combustion, il
y a, entre autres émissions, un dégagement de CO2 et de NOx, ce qui tend à augmenter l'effet
de serre.
Les pertes de gaz sont pratiquement nulles dans les gazoducs mais peuvent devenir impor-
tantes au niveau de la distribution selon l'état des réseaux de conduites. Elles peuvent être
réduites à moins de 5% en moyenne dans les réseaux en bon état. Pour un réseau donné, les
pertes sont pratiquement constantes en valeur absolue et par conséquent d'autant plus impor-
tantes, en valeur relative, que la consommation est faible.
116
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Le prix du gaz pour la consommation est de 4 à 10 cts/kWhth selon les utilisations et les
formes de contrat. A côté du gaz naturel, on trouve aussi l'utilisation de gaz extraits du pétrole
en raffinerie, soit le butane et le propane.
5.1.2.4 Mazout
Les huiles de chauffage sont la forme d'énergie la plus répandue pour le chauffage décentrali-
sé des bâtiments. Elles peuvent être facilement stockées puisqu'il s'agit de liquides présentant
un pouvoir calorifique élevé (PCI : 40-43 MJ/kg). Il n'est, par conséquent, pas nécessaire de
créer des réseaux de conduites pour la distribution. L'huile de chauffage la plus utilisée est la
qualité extra-légère (E.L.) ou mazout (PCI : 42-43 MJ/kg).
L'approvisionnement en produits pétroliers est tributaire d'un nombre limité de sites de pro-
duction. L'importance des réserves et des ressources en produits pétroliers, la relativement
grande diversité des pays producteurs, les économies et les efforts de substitution d'autres
agents énergétiques aux produits pétroliers, contribuent à renforcer la sécurité
d’approvisionnement. Cependant, des crises liées à des circonstances politiques particulières
dans certaines régions du monde peuvent se produire à l'avenir et, couplées à des retards
d’investissement en prospection et capacité de raffinage, peuvent favoriser des tensions sur
les prix des produits pétroliers. L'utilisation du mazout est aisée mais les installations deman-
dent un entretien régulier et cette utilisation des produits pétroliers est responsable d'une part
importante de la pollution atmosphérique dans les pays grands consommateurs. Les accidents
de transport ou de transbordement sont responsables de nombreux cas de pollution du sol et
des eaux de surface et souterraines. Son prix dépend beaucoup du prix du pétrole.
5.1.2.5 Charbon
Dans les pays industrialisés, le charbon n'est pratiquement plus utilisé pour le chauffage direct
des bâtiments. Bien qu'il s'agisse d'un agent énergétique abondant et relativement bon marché,
les inconvénients liés à sa manutention et à son stockage lui font généralement préférer les
produits pétroliers ou le gaz pour les installations de chauffage décentralisées.
5.1.2.6 Bois
L'utilisation du bois pour le chauffage des locaux est généralement limitée aux poêles à bois
dans les habitations anciennes ou dans les bâtiments dont une partie seulement des locaux est
chauffée. Dans la mesure où le bois utilisé est le produit de forêts saines et exploitées ration-
nellement, le bois est une énergie renouvelable. Son pouvoir calorifique est de l'ordre de 10 à
15 MJ/kg, variable suivant l'essence et le taux d'humidité.
Le prix du bois rapporté à l'énergie thermique qu'il peut produire, est comparable à celui des
autres agents énergétiques (bois à brûler en grandes quantités).
117
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
L'intensité du rayonnement solaire en-dehors de l'atmosphère terrestre est de 1.36 kW/m2.
Cette valeur est réduite à 1 kW/m2 à la surface de la Terre, par temps clair, du fait de l'absorp-
tion du rayonnement solaire par l'atmosphère. Rappelons que l'énergie solaire est un rayon-
nement électromagnétique de longueur d'onde très courte. On trouve 95 % de l'énergie du
rayonnement solaire dans le domaine de longueurs d'onde allant de 300 à 2600 nm.
La puissance moyenne du rayonnement solaire à la surface de la terre est de 160 W/m2
(moyenne annuelle, jour et nuit), soit 1'400 kWh/m2.an (soit 140 litres de mazout E.L.)
Cette énergie est diffuse, et demande des surfaces considérables pour être exploitée. Par
contre, elle a l'avantage, en tant qu'énergie primaire, d'être gratuite et renouvelable (indéfini-
ment à l'échelle qui nous intéresse); elle est cependant considérée comme "coûtante" du fait
de l'investissement des installations de captage, de stockage et de distribution.
Le rayonnement solaire reçu par temps ensoleillé est le rayonnement direct. Par temps cou-
vert, les nuages diffusent un rayonnement plus faible et non directionnel, dit rayonnement
diffus. Ce dernier peut également être exploité pour les besoins thermiques du bâtiment.
Gains internes
Energie de et solaires
l'environnement
Chaleur utile
Distribution
n
io
at
m
or
Energie finale
secondaire
Pertes de
distribution
Pertes de Stockage
transformation
Pertes de stockage
Figure 5.1: Flux de chaleur dans une installation de chauffage
118
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
L'énergie utile étant égale à la somme des énergies fournies au transformateur moins les
pertes nettes, on peut donc calculer le rendement global à partir des pertes, en prenant garde
au fait qu'une partie de ces pertes peut être récupérée sous forme de chaleur utile. Par exemple
la cheminée de la chaudière peut contribuer au chauffage du bâtiment si elle passe au travers
du volume chauffé.
119
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
5.1.4.3 Rendement du système de chauffage
Les besoins d'énergie du bâtiment peuvent également être calculés comme suit:
Qch + Qec
Q + Qr = (5.4)
η ch
où le rendement du système de chauffage, ηch, est défini par:
Qch + Qec
η ch = (5.5)
Qch + Qec + Qt
120
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Le brûleur doit être adapté au genre de combustible utilisé. Les centrales de chauffe fonction-
nant au mazout sont le plus souvent équipées de brûleurs à pulvérisation. Ces brûleurs com-
portent un dispositif d'injection de mazout sous pression et un ventilateur qui sont réglés de
façon à introduire dans la chambre de combustion un mélange de mazout pulvérisé en fines
gouttelettes et d'air dans des quantités et des proportions correspondant à la puissance deman-
dée et aux meilleures conditions de combustion (combustion aussi complète que possible,
faible teneur résiduelle en monoxyde de carbone, faible NOx).
Pour avoir le meilleur rendement possible, la puissance de la chaudière (c'est-à-dire sa taille)
doit être adaptée aux besoins (conditions extrêmes) et fonctionner à une température aussi
basse que possible (compatible avec le risque de corrosion de la chaudière) du caloporteur et
des gaz brûlés (voir paragraphe 5.2.3).
Pour les petites puissances (jusqu'à 60 kW), la puissance des brûleurs est constante et l'appa-
reil fonctionne en régime tout ou rien. Lorsque la puissance demandée par la chaudière est
inférieure à celle du brûleur, celui-ci fonctionne de façon intermittente (Figure 5.3a). On
définit alors le taux de charge annuel moyen τ du brûleur comme étant le rapport de sa durée
de service à la période de chauffe totale. Pour une installation bien dimensionnée, et dans des
conditions d'utilisation normale, ce taux de charge (chauffage uniquement) varie entre 25% et
35 %, soit environ 1'800 heures de fonctionnement du brûleur par année.
Figure 5.3: Allures d'un brûleur (i.e. évolution de la puissance en fonction du temps)
a. Brûleur à puissance constante
b. Brûleur modulant
Pour les puissances plus élevées, on réalise des brûleurs à deux allures, par exemple 40% et
100%. Pour les grandes puissances (>500 kW), des brûleurs modulants permettent d'adapter la
puissance de façon continue en fonction de la demande, entre 30% et 100% de la puissance
nominale (Figure 5.3b).
121
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
Le processus de combustion implique l'oxydation de tous les éléments oxydables du combus-
tible. C'est une réaction exothermique, c'est-à-dire accompagnée d'un dégagement de chaleur.
Considérons par exemple la réaction simple suivante :
C + O2 CO2
12 g + 32 g 44 g + 393 kJ
Cette équation signifie qu'une mole de carbone réagit avec une mole d'oxygène pour former
une mole de dioxyde de carbone (CO2). Par conservation de la masse, 12 g de carbone (12 =
masse atomique du C) et 32 g d'oxygène forment 44 g de CO2, tout en dégageant 393 kJ sous
forme de chaleur.
L'oxygène nécessaire à la combustion est fourni par l'air qui contient approximativement 79%
d'azote (N2) et 21% d'oxygène (O2); donc pour chaque mole d'oxygène impliquée dans une
combustion, 3.76 (79/21) moles d'azote y sont associées.
Par exemple, pour la combustion du méthane, il vient :
CH4 + 2 O2 + 2x3.76 N2 CO2 + 2 H2O + 7.52 N2
16 g + 64 g + 105 g 44 g + 36 g + 105 g + 802 kJ
Jusqu'à ce point, on avait supposé une combustion théorique complète (combustion stoechio-
métrique) c'est-à-dire que chaque molécule de carbone, d'hydrogène ou d’azote trouvaient
exactement la quantité d'oxygène nécessaire.
On imagine facilement que dans la pratique cette condition est rarement remplie : déficit d'air,
conditions de combustion non-homogènes et mélange air-combustible pas assez intime. Dans
le cas où il y a un manque localisé d'oxygène, on parle de combustion incomplète; on observe
alors la formation de monoxyde de carbone (CO), et éventuellement même d'hydrocarbures
imbrûlés (HC). Afin d'éviter ces phénomènes, on introduit un excès d'air dans la chambre de
combustion.
Tout le problème du réglage d'un brûleur consiste à déterminer cet excès d'air optimal. En
effet, si la quantité d'air est insuffisante, la combustion est incomplète, on observe alors des
pertes de nature chimique; d'un autre côté, avec une quantité d'air excessive, on réchauffe
inutilement l'air qui s'échappe ensuite par la cheminée, d'où des pertes de nature physique
(dilution).
L'expérience montre que l'on obtient une combustion réelle optimale lorsque l'on introduit
juste suffisamment d'air pour éviter l'apparition d'imbrûlés.
En résumé, dans le cas d'une combustion stoechiométrique (ou neutre ou théorique), les fu-
mées ne contiennent ni oxygène, ni CO et ni HC; de plus, pour un combustible donné, la
teneur en CO2 est bien définie (11.6 % volume de CO2 pour le gaz naturel, 15.3 % CO2 pour
le mazout domestique). Cette composition des fumées est importante; c'est en effet à partir
d'elle que le brûleur (ou le carburateur de votre voiture) pourra être réglé. Dans le cas d'un
mélange trop riche (i.e. déficit d'air), il y aura apparition de CO, voire même d'imbrûlés. Dans
le cas inverse d'un mélange pauvre (i.e. excès d'air), la teneur relative en CO2 va diminuer. A
noter qu'en pratique, même lors d'un mélange pauvre, il y aura apparition de CO et d'imbrûlés,
dans des proportions faibles cependant.
Les agents polluants émis par une chaudière sont dus tant à la nature du combustible qu'aux
conditions d'exploitation. Par exemple, les cendres et l'anhydride sulfureux (SO2) sont exclu-
sivement dus à la structure du combustible; leurs émissions sont régies quantitativement par la
teneur initiale en composés organo-métalliques et en soufre du combustible. D'un autre côté,
les imbrûlés solides ainsi que les oxydes d'azote (NO-NO2) dépendent en grande partie de la
conception et des conditions d'exploitation de l'installation, tout en étant favorisés par la
122
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
structure complexe du combustible. Enfin, un mauvais réglage du brûleur peut conduire à la
formation d'imbrûlés gazeux dont le plus toxique est le CO.
Les exigences fixées par l'Opair (2005) concernant les émissions d’oxydes d’azone (NOx) et
de monoxyde de carbone (CO) sont précisées dans la Table 5.3, selon le type de chaudière
considéré.
NOx CO
Combustible Type d’installation
[mg/kWh] [mg/kWh]
Mazout Brûleur à évaporation, < 30 kW 120 150
Brûleur à évaporation, > 30 kW 120 60
Gaz naturel Brûleur à air pulsé au gaz (test G20) 80 100
Autres appareils fonctionnant au gaz (test G20) 80 100
Brûleur à air pulsé au gaz (test G31) 120 100
Autres appareils fonctionnant au gaz (test G31) 120 100
Table 5.3: Exigence de qualité de l’air selon l’annexe 4 Opair (état 2005)
Maintien en température
"Rayonnement"
Ventilation
Fumées
Marche
Attente
Combustible
Chaleur fournie
Chaleur dans
la chaudière
123
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
5.2.3.1 Les pertes par les gaz brûlés
Ces pertes ont lieu dans les chaudières à
combustion, pendant la combustion
(Figure 5.5). Elles correspondent à l'éner-
gie contenue dans les gaz de combustion
sous forme de chaleur et sous forme de
combustible imbrûlé. Les premières
dépendent fortement de la qualité, de la
dimension et de la propreté de l'échangeur
de chaleur de la chaudière, et les secondes
dépendent essentiellement du réglage du
brûleur. En principe, le réglage devrait
être tel qu'aucune molécule de combus-
Figure 5.5: Pertes par les gaz brûlés
tible et aucune trace de suie ne soit pré-
sente dans les gaz de combustion.
Cependant, même avec le meilleur réglage possible, une partie des produits de combustion
n'est pas complètement oxydée. En particulier, il est inévitable de perdre par la cheminée une
certaine quantité de CO (monoxyde de carbone), qui pourrait être brûlé en CO2.
Les pertes de combustion augmentent donc avec la température des gaz brûlés Tg, (mesurée
dans le tube de fumée, à environ 50 cm de la sortie de la chaudière) et diminuent avec la
teneur en CO2 (en % volume), qui est plus facilement mesurable que la teneur en CO. La
puissance Φg perdue dans les gaz brûlés peut être calculée par:
CS (Tg − Ta )
=Φg ⋅ Φn (5.6)
100CCO2
La norme OPair indique les rendements de combustion minima recommandés pour les chau-
dières à combustibles. Ces valeurs sont résumées dans la Table 5.5.
124
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Table 5.5 : Normes énergétiques pour installation selon l’art.20 Opair (OFEV 2005)
Il est possible, avec de bonnes installations bien réglées, d'atteindre des valeurs plus élevées,
dépassant parfois 95 % pour les chaudières à mazout, et 100 % (!) pour les chaudières à gaz à
condensation.
Ce rendement surprenant s'explique par le fait que la chaleur contenue dans le combustible est
calculée sur la base du pouvoir calorifique inférieur PCI qui ne tient pas compte de la chaleur
de condensation de la vapeur d'eau contenue dans les gaz de combustion.
La récupération de la chaleur de condensation est rendue difficile dans les chaudières à ma-
zout, à cause du soufre qu'il contient, et qui produit de l'acide sulfureux, corrosif, à la conden-
sation. Le gaz naturel ne contient généralement pas de soufre. En sur-dimensionnant l'échan-
geur de la chaudière et en utilisant le fluide caloporteur à basse température (moins de 60 °C)
on abaisse suffisamment la température des fumées pour condenser la vapeur d'eau sur
l'échangeur et récupérer la chaleur latente de vaporisation. On récupère ainsi une grande partie
(mais pas la totalité) du pouvoir calorifique supérieur PCS du combustible, qui peut être supé-
rieure au PCI. Si on calculait, pour ces chaudières, le rendement de combustion sur la base du
PCS, on obtiendrait des valeurs proches, mais inférieures à 100 %.
L'énergie perdue par les gaz de combustion pendant une durée de temps t dépend de la durée
tc de combustion. Si la puissance Φg est constante (brûleurs à mazout et à gaz):
Qg = Φ g t c = Φ g ⋅τ ⋅ t (5.8)
où τ = tc/t est le taux de charge de la chaudière (voir paragraphe 5.2.4) si celle-ci comporte
un brûleur à une seule allure (la puissance du brûleur est réglée en tout ou rien).
125
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
5.2.3.2 Pertes thermiques externes
Ces pertes, qui sont aussi appelées pertes
par rayonnement, se produisent sur toutes
les chaudières tant que celles-ci sont
chaudes (en fonctionnement). Ce sont les
pertes par transfert de chaleur de la chau-
dière à l'air de la chaufferie (Figure 5.6).
Elles dépendent de la différence entre la
température de service de la chaudière et
la température de la chaufferie; de la
qualité de l'isolation thermique de la
chaudière et de la surface de l'enveloppe
de la chaudière.
La puissance Φr perdue de cette manière
est difficile à mesurer in situ, et n'est
généralement pas donnée par les fabri- Figure 5.6: Pertes thermiques externes
cants de chaudières. Elle peut varier,
suivant le type de chaudière, de 0,2% à
10% de la puissance consommée.
126
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
5.2.3.4 Pertes de maintien en température
Les deux pertes précédentes sont diffici-
lement mesurables séparément. On peut
par contre mesurer aisément les pertes de
maintien en température qui représentent
la quantité de chaleur nécessaire pour
maintenir la chaudière (ou la chaufferie)
en service (Figure 5.8). Ces pertes com-
prennent les pertes thermiques internes et
externes et les pertes par les gaz de com-
bustion pendant la durée de combustion
nécessaire à maintenir la chaudière en
service.
Ces pertes se mesurent sur place en dé-
terminant la quantité de combustible Figure 5.8: Pertes de maintien en température
nécessaire à compenser ces pertes.
Pour ce faire, on maintient la chaudière à sa température de service mais on supprimer toute
prestation (on ferme les vannes de circulation de fluide caloporteur partant de la chaufferie)
pendant un temps suffisant.
Le rapport de l'énergie Qm consommée pendant ce temps à sa durée donne la puissance
moyenne Φm pour maintenir la chaudière en température:
Qm
Φm = = ς m ⋅Φ n (5.9)
t
où ζm est le rapport entre la puissance de maintien en température Φm et la puissance nominale
de la chaudière à pleine charge Φn.
127
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
et dans laquelle τ est le taux de charge annuel moyen, soit le rapport de durée pendant laquelle
le brûleur fonctionne, à la durée de service, ou durée pendant laquelle la chaudière est à sa
température de service.
128
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Dans la pratique, cependant, on écrit souvent plus simplement (en négligeant les pertes de
transformation Φt et la puissance annexe Φa pour les pompes) :
Φm +Φ f = Φu (5.16)
Le cycle thermodynamique d'une telle machine peut être représenté dans un diagramme tem-
pérature - entropie ou T-S (Figure 5.11).
129
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
130
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
On voit que la quantité de chaleur disponible varie avec le rapport Tf/Tu; plus la température
de la source froide Tf est élevée et plus celle de la source chaude est basse, meilleure en est
l'efficacité du cycle théorique de Carnot (Figure 5.12).
Cette efficacité théorique suppose que le rendement des échangeurs (condenseur + évapora-
teur) est égal à 1, que les pertes au compresseur et au détendeur sont nulles, que le réfrigérant
est un fluide thermodynamique parfait, qu'il n'y a pas de pertes de charge dans le circuit, etc.
Dans la pratique, ces hypothèses ne sont pas justifiables et on observe différentes pertes qui
ont pour conséquence de diminuer l'efficacité d'une PAC réelle.
30
25
Efficacité de Carnot
20
15
10
0
0 20 40 60 80
Température utile, T u [°C]
Tu (5.20)
COP = ⋅ η PAC
Tu − T f
Sous ce rendement technique se cachent les pertes dues aux différents composants, mais
également la diminution de l'efficacité de Carnot due à la différence de température nécessaire
au bon fonctionnement des échangeurs. En effet, tout transfert de chaleur nécessite un gra-
dient de température. En d'autres termes, la température Tf du médium environnant (air, eau,
sol) doit être plus élevée que la température Te du réfrigérant en phase d'évaporation. De
même, la température Tu du fluide à chauffer doit être inférieure à la température du fluide
dans le condenseur Tc (Figure 5.13).
131
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
Exemple:
Les sources froide et chaude d'une PAC fonctionnant selon un cycle idéal sont de 10 et 45°C
respectivement. Déterminez la diminution d'efficacité due à la chute de température néces-
saire aux échangeurs (∆T=8°C).
L'efficacité théorique maximale serait, selon la formule de Carnot :
Tu 45 + 273
εc = = =9
Tu − T f 45 − 10
Et avec les échangeurs:
Tu 45 + 273
=ε c' = = 6, 2
Tu − T f + 2∆T 45 − 10 + 16
Le compresseur constitue une autre source de pertes. Tout d'abord, le rendement de ce dernier
est inférieur à l'unité, mais de plus, pour des raisons de sécurité d'exploitation (i.e. ne pas
aspirer du liquide), une légère surchauffe est prévue avant l'aspiration. Ceci s'accompagne
d'une augmentation de la puissance à dépenser, accompagné cependant d'un accroissement de
la puissance disponible.
En fait, les pertes qui se produisent lors de la compression, se transforment en chaleur et
peuvent ainsi être, en grande partie, récupérées. Cette énergie ne bénéficie cependant pas de
"l'effet multiplicatif" du coefficient de performance; l'énergie mécanique est simplement
dégradée en chaleur.
132
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Le passage du fluide dans la vanne de détente, dont le rôle est d'en réduire la pression, se
traduit également par des pertes irréversibles partiellement récupérables sous forme de cha-
leur.
On observe aussi des pertes de charge thermique dans l'ensemble de la tuyauterie composant
la PAC.
En plus, il faut inclure les pertes dues aux appareils auxiliaires tels que pompes et ventilateurs
dont le rôle est de véhiculer la chaleur entre la PAC et le milieu environnant; ces pertes sont,
en valeur relative, loin d'être négligeables, spécialement pour des installations de taille mo-
deste.
Le cumul de tous ces effets amène à des valeurs concrètes de ce rendement technique de
l'ordre de 40-60%. Dans la pratique, ce dernier est difficilement calculable et est généralement
obtenu expérimentalement.
Cette façon de déterminer l'efficacité d'une PAC en régime stationnaire représente le COP
instantané. A cause des pertes liées au fonctionnement de l'installation (dégivrage et régime
de fonctionnement variable) et aux fluctuations de température, cette valeur n'est jamais at-
teinte dans la pratique; il est plus judicieux alors d'utiliser son COP annuel moyen mesuré,
défini comme étant le rapport de l'émission annuelle de chaleur à la somme annuelle de toutes
les énergies payantes fournies à l'installation.
La Table 5.6 donne quelques valeurs indicatives de COP annuel mesuré pour des installa-
tions correctement dimensionnées et exploitées de façon optimale.
Température utile, Tu
Source froide
45°C 55°C
Air : 15 kW 2,3 2,0
40 kW 2,5 2,2
Collecteur souterrain 2,6 2,3
(avec régénération)
Eau lac/rivière 2,8 2,4
Nappe phréatique : 40 kW 3,3 2,9
400 kW 3,6 3,2
Table 5.6: Valeurs indicatives de COP mesuré
En pratique, la température utile des PAC utilisées pour le chauffage est limitée à 50 °C. Les
fabricants donnent généralement une table des coefficients de performance de leurs modèles
en fonction des températures au condenseur, Tc, supérieure à Tu et à l'évaporateur, Te, infé-
rieure à Tf. Toute chute de température aux échangeurs entraînera donc un COP effectif infé-
rieur à celui annoncé en catalogue.
Diverses sources de chaleur sont utilisables pour une installation. Le choix de la source dé-
pend essentiellement des circonstances locales (disponibilité) et des restrictions légales impo-
sées pour certaines sources. On peut utiliser:
des chaleurs de rejet industrielles
un cours d'eau ou un lac
133
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
une nappe phréatique
le sol
des capteurs solaires
l'air vicié évacué du bâtiment
l'air ambiant extérieur
Toutes ces sources présentent généralement une température qui varie au cours du temps, ce
qui entraîne d'une part une variation du COP et d'autre part d'éventuelles périodes de non
fonctionnement de la PAC. En effet, si la source est trop froide, le COP peut être inférieur à 1,
L'exemple typique est l'air extérieur qui peut présenter des conditions de givrage à l'évapora-
teur.
Les eaux souterraines (nappes phréatiques), les eaux de surface (rivières et lacs) et le terrain
(environ un mètre de profondeur) représentent des sources froides idéales, à température quasi
constante. Malheureusement, leur utilisation est soumise à des autorisations et doit respecter
des prescriptions très strictes relatives au risque de pollution. De plus, le coût d'investissement
pour de telles installations est généralement élevé spécialement pour de petites unités indivi-
duelles. Ainsi, pour des raisons principalement économiques (faibles investissements), on
utilise généralement en Suisse l'air atmosphérique comme source froide. Or la température de
cette dernière est justement la plus basse lorsque la puissance nécessaire demandée est la plus
élevée (c'est-à-dire en hiver). Ceci amène soit à sur-dimensionner la PAC (afin de couvrir la
pointe), soit à utiliser une énergie d'appoint (Figure 5.14). De plus, le refroidissement de l'air
par la PAC provoque la condensation de la vapeur d'eau contenue dans celui-ci avec un risque
important de formation de givre dès que la température de l'air ambiant est inférieur à + 5°C.
Il y a lieu alors de prévoir un dispositif de dégivrage intermittent (par fonctionnement inversé
de la PAC ou au moyen de résistances électriques), ce qui réduit l'efficacité globale de l'instal-
lation de 10 % environ.
Figure 5.14: Part des besoins calorifiques annuels couverts par une PAC en fonctionnement
bivalent
Un tel type de PAC air-eau peut se placer soit directement à l'extérieur (attention au problème
de bruit) soit à l'intérieur. Dans ce dernier cas, il ne faut pas oublier de prévoir des conduites
d'amenée et de rejet d'air. Les dimensions de ces dernières sont loin d'être négligeables; pour
une petite PAC (10 kW), le débit d'air nécessaire est de l'ordre de grandeur de 6 à 9000 m3 par
heure (soit 4 à 5°C de différence entre Tin et Tout). Si on limite la vitesse de l'air dans ces
conduites à 5 m/s (problèmes de bruit et de perte de charge), leur diamètre doit être d'environ
80 cm.
134
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
L'énergie mécanique nécessaire à l'entraînement du compresseur de la PAC est généralement
fournie, dans des petites installations, par un moteur électrique (rendement de la conversion
énergie électrique - énergie mécanique : environ 90 %).
L'entraînement des PAC à compresseur mécanique peut se faire soit par un moteur électrique
(cas des installations de petite taille), soit par un moteur à combustion à gaz ou diesel (instal-
lations de plus grande taille). Le rendement relativement faible de ces moteurs, soit 30 à 35 %,
peut être compensé en récupérant la chaleur rejetée par ces moteurs (eau de refroidissement,
radiateur à huile, gaz d'échappement). Dans de telles pompes, l'utilisation du combustible est
nettement meilleure que dans un brûleur, comme le montre la Figure 5.15, qui présente les
flux d'énergie autour d'une PAC entraînée par un moteur à combustion (gaz ou diesel).
Pertes
e
u stibl Chaleur
b
Com
Energie de
l'environnement
Figure 5.15: Flux d'énergie autour d'une PAC entraînée par un moteur à combustion
135
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
diminuer les pertes de chaleur qui ne seraient pas transmises au fluide et pour augmenter le
niveau de température.
Ayant augmenté sa température, l'absorbeur va également dissiper une partie de son énergie
thermique vers l'extérieur; afin de diminuer ces pertes et d'augmenter le niveau de tempéra-
ture, l'absorbeur est généralement placé dans une enceinte vitrée tel que schématisé sur la
Figure 5.17.
Le verre, qui ferme cette enceinte, présente cette particularité d'être transparent au rayonne-
ment solaire mais quasiment opaque à la chaleur (rayonnement infrarouge de grande longueur
d'onde).
Figure 5.16:
Schéma de principe d’un
capteur solaire plan
136
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Les critères présidant au choix d'un capteur peuvent être les suivants :
Le niveau de température désiré peut-il être fourni dans de bonnes conditions ?
Est-il possible d'intégrer facilement les capteurs sur le site envisagé (sur un toit plat, inté-
gré en toiture, posé sur le sol, etc.)?
Le capteur a-t-il de bonnes performances, soit un bon coefficient d'absorption global ou
coefficient d'échange rayonnement solaire-fluide caloporteur et un faible facteur de pertes
à la température envisagée?
Les matériaux de l'absorbeur sont-ils compatibles avec le fluide caloporteur?
Les matériaux de couverture et du boîtier résisteront-ils à l'environnement prévu?
La durée de vie estimée est-elle suffisante? Quelles sont les garanties?
Le prix est-il acceptable?
D'autres propriétés doivent être connues et examinées au niveau de la conception:
Le capteur résiste-t-il à la pression prévue dans le circuit solaire?
Les pertes de charge du capteur sont-elles compatibles avec la pompe prévue?
La capacité thermique du capteur est-elle assez faible?
137
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
Le rapport entre le flux solaire transformé en chaleur par l'absorbeur
et le flux solaire incident est le coefficient d'absorption α du capteur
ou rendement optique. Ce coefficient dépend de l'angle d'incidence Φs
Φu
i. Ce coefficient vaut αo à incidence normale et αdiff pour un flux
solaire diffus, provenant de toutes les directions du ciel. Φr
Φb
Les pertes thermiques Φp + Φb sont inévitables, mais on peut en Φp
diminuer l'importance en prenant une ou plusieurs des mesures
suivantes:
faire opérer le capteur à la température la plus basse possible ;
diminuer la surface de l'absorbeur par rapport à la surface de cap-
tage (capteurs à concentration) ;
isoler avec un matériau convenable la face arrière et les côtés de Figure 5.19:
l'absorbeur ; Les flux d'énergie
diminuer les pertes au travers de la couverture en doublant celle- dans un capteur plan
ci ou en utilisant un revêtement sélectif sur l'absorbeur et/ou la couverture ;
faire le vide d'air autour de l'absorbeur (capteurs à vide).
En première approximation, on peut décrire le flux de pertes par:
Φ b + Φ p = K ⋅ (Tc − Te ) ⋅ A (5.22)
où K est le facteur de pertes, qui augmente un peu avec la température moyenne du capteur Tc,
Te la température de l'air extérieur et A la surface utile.
On peut donc décrire la puissance transmise au fluide caloporteur par mètre carré de surface
utile de captage par :
q = α 0 ⋅ q s − K ⋅ (Tc − Te ) (5.23)
où qs est l'intensité du flux solaire incident [W/m²]. Dans cette équation, toutes les variables
dépendent du temps.
1
0.9 Capteur évacué
0.8 Bon capteur plan
0.7 Capteur plan non sélectif
Rendement
138
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
où
θ −θ
x= c e (5.25)
qs
est une variable météorologique si l'on admet que la température du capteur est constante.
La Figure 5.21 présente les courbes de rendement de quelques capteurs. On notera que:
Le rendement diminue avec x, donc avec la température du capteur. Il y a intérêt à faire
fonctionner les capteurs solaires à la plus basse température possible, compatible avec
l'utilisation de la chaleur. Par exemple, il est plus rentable de chauffer l'eau chaude pour
des douches à 40°C que de la chauffer à 100°C pour la mélanger ensuite avec de l'eau
froide.
A basse température, l'absorbeur nu sélectif a un meilleur rendement que les autres cap-
teurs, alors qu'à très haute température, seul le capteur évacué a un rendement acceptable.
Sachant que le prix des capteurs augmente avec leur complexité (l'absorbeur nu est le
meilleur marché, vient ensuite le capteur plan, puis le capteur évacué), il est important
d'adapter le capteur à l'utilisation prévue: absorbeurs nus pour le chauffage des piscines ou
de l'eau chaude, capteur plan pour l'eau chaude sanitaire et l'eau industrielle à température
moyenne, et capteur évacué ou à concentration pour les hautes températures.
139
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
140
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Capteurs
le
Soupape
tr ô
Clapet
n
Mitigeur
Co
Eau chaude
Pompe
Vase Soupape
d'expansion
Eau froide
Figure 5.22: Schéma de principe d'un chauffe-eau solaire de conception simple
Dans sa conception la plus simple, le chauffe-eau solaire schématisé à la Figure 5.23 com-
prend:
Le capteur solaire proprement dit. Celui-ci transforme le rayonnement solaire en chaleur.
Le stock ou accumulateur de chaleur. Les besoins en eau chaude peuvent aussi bien se
présenter lorsqu'il y a du soleil que lorsqu'il n'y a en a pas (de nuit, ou par temps couvert).
Un accumulateur de chaleur sous forme de réservoir d'eau chaude est donc nécessaire. Il
joue un rôle de tampon, permettant d'adapter les apports d'énergie par le soleil aux besoins
en eau chaude de l'utilisateur.
Le circuit de transfert de la chaleur; deux conduites principales relient le capteur au stock
thermique. Une pompe de circulation permet l'entraînement du fluide caloporteur, un mé-
lange d'eau et d'antigel permettant de passer l'hiver sans risque de dégâts. Le transfert de
chaleur au stock se fait par l'intermédiaire d'un échangeur, généralement un serpentin héli-
coïdal.
Un corps de chauffe auxiliaire (résistance électrique, échangeur de chaleur couplé à une
chaudière) installé dans la partie supérieure de l'accumulateur, permet de suppléer à un
trop faible ensoleillement ou de satisfaire une forte demande occasionnelle en chaleur.
Le module de régulation électronique qui n'enclenche la pompe de circulation que lorsque
le capteur est à température plus élevée que l'eau contenue dans la partie inférieure du
stock.
Lorsque le stock peut être placé au-dessus du niveau des capteurs, il est possible de se passer
de la pompe de circulation et de la régulation, à condition que la longueur des conduites aller
141
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
et retour n'excède pas quelques mètres (Figure 5.24). Par temps ensoleillé, le liquide calopor-
teur se met à circuler sous l'effet de sa différence de densité entre la partie chaude du circuit
(le capteur) et la partie plus froide. On parle alors de chauffe-eau à thermosiphon.
Figure 5.23: Chauffe-eau solaire à thermosiphon. La distance minimum entre le haut des capteurs
et le bas de l'accumulateur est comprise entre 30 et 80 cm.
De nombreuses variantes de ces deux types fondamentaux de chauffe-eau solaires sont envi-
sageables.
142
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
5.4.3.4 Stockage saisonnier
La chaleur solaire captée en été est accumulée dans un stock de grandes dimensions pour être
restituée en hiver. Ce type d'installation est économiquement justifiable si sa dimension est
importante (grands bâtiments ou bâtiments groupés). Plusieurs installations de ce type existent
en Suisse. En climat tempéré, le stockage saisonnier est la seule solution utilisable pour cou-
vrir une grande partie (voire la totalité) des besoins en chaleur par l'énergie solaire.
5.5.1 Réseau
Le réseau de chauffage à distance représente l'élément principal d'un tel système. Il en existe
de différentes sortes, dépendant de leur géométrie, du fluide caloporteur, du nombre de con-
duites, etc. Mais la problématique reste toujours la même; comment transférer, à moindre
coût, le maximum d'énergie d'un point à un autre ?
L'équation de transfert de chaleur par un fluide s'écrit :
Φ = m ⋅ ∆h (5.26)
où m est le débit massique [kg/s]
∆h est la variation d'enthalpie entre l'aller et le retour [J/kg]
143
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
Dans le cas d'un liquide, on a :
Φ = m ⋅ c p ⋅ ∆T (5.27)
où cp est la chaleur spécifique du caloporteur [J/kg.K]
∆T est la différence de température entre l'aller et le retour [K]
Afin d'accroître ce transfert de chaleur Φ, on voit qu'il faut soit augmenter le débit m , soit
augmenter cette différence d'enthalpie, qui dépend de la différence de température et de la
nature du caloporteur. Deux types de fluides sont généralement utilisés : de la vapeur où l'on
profite de l'énergie importante de condensation, ou un liquide. A titre d'exemple, l'énergie de
vaporisation (donc récupérable lors de la condensation), est de l'ordre de 2,3 · 106 [J/kg] pour
l'eau, alors que sa chaleur spécifique n'est que de 4,18 · 103 [J/kg.K], soit pour une différence
de température de 50°C, 0,2 · 106 [J/kg]. D'où un avantage certain pour la vapeur du point de
vue de la densité d'énergie transportable. Mais pour des raisons pratiques (température et
pression élevées, quantité d'eau à renouveler, etc.) la vapeur n'est pratiquement plus utilisée
dans les réseaux modernes; cela n'empêche pas le plus grand réseau CAD du monde, celui de
New-York, d'être alimenté par de la vapeur d'eau.
De par ses qualités (chaleur spécifique élevée, abondance, coût, impact sur l'environnement),
l'eau surchauffée est le caloporteur le plus utilisé actuellement. Dans ce cas, d'après la formule
ci-dessus, on voit que l'on a avantage à augmenter au maximum la différence de température
entre l'aller et le retour. D'un autre côté, pour des raisons économiques (taille des échangeurs,
pertes) et constructives (température maximale limitée), cette différence est de l'ordre de 50°C
pour les réseaux à haute température (130-180°C) et de 30°C pour ceux à basse température
(60-90°C).
La différence de température étant fixée, on en déduit alors le débit m correspondant à la
puissance thermique à transférer.
Reste à déterminer le diamètre optimal des conduites; une diminution de ce dernier abaisse les
coûts d'investissement, mais augmente les frais d'exploitation (pertes de charge élevées). Ceci
est typiquement un problème d'optimisation, traité dans le cadre d’un autre cours, « Méthodes
d’analyse et de dimensionnement des réseaux ».
Chez le consommateur, le CAD se résume principalement à un échangeur de chaleur et éven-
tuellement à un accumulateur pour l'eau chaude sanitaire (Figure 5.26).
144
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
145
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
Un moyen de circonvenir à ce problème est de fermer l'ouverture du foyer par une plaque de
verre résistant au choc thermique et d'utiliser des récupérateurs de chaleur. La cheminée ainsi
fermée est alors assimilable à un poêle individuel. L'efficacité instantanée de telles installa-
tions est satisfaisante (entre 40 et 60 %), mais leur mauvaise régulation (chargement tout ou
rien) induit des pertes supplémentaires; l'énergie utilisée pour chauffer au-delà de la tempéra-
ture de consigne (surchauffe) est perdue en termes d'efficacité du système.
En améliorant encore le procédé, on arrive aux chaudières à bois à chargement manuel ou
automatique; leur principe de base est identique à celui des chaudières à mazout ou à gaz,
mais où le brûleur aurait été remplacé par un foyer de combustion.
146
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
ouvertures ad hoc.
Filtres Diminue la teneur en poussières dans l'air, en premier lieu
pour éviter que cette poussière s'accumule dans l'installation
et les conduites, et parfois pour purifier l'air, notamment
pour en éliminer les pollens et les microbes.
Clapets Règlent la répartition des débits d'air, notamment entre les
différentes conduites menant aux différentes zones du bâti-
ment, et le taux de re-circulation.
Récupérateur de chaleur En hiver, puise la chaleur dans l'air extrait pour la céder à
l'air pulsé. En été, et dans les bâtiments climatisés, refroidit
l'air pulsé en cédant la chaleur à l'air évacué. Certains
échangeurs (les échangeurs rotatifs) peuvent aussi transférer
l'humidité, donc humidifier l'air en hiver et le sécher partiel-
lement en été.
Batterie de refroidissement Échangeur de chaleur dont l'intérieur des tubes est parcouru
par un débit contrôlé d'eau refroidie. Refroidit l'air et, au
besoin, le sèche en le refroidissant au-dessous du point de
rosée de l'air extérieur. L'eau condensée d'écoule dans un
collecteur, puis dans les égouts.
Batterie de chauffage Échangeur de chaleur dont l'intérieur des tubes est parcouru
par un débit contrôlé d'eau chaude. Réchauffe l'air pour
l'amener à la température souhaitée.
Humidification Augmente l'humidité de l'air, notamment en hiver. L'humi-
dification n'est nécessaire que dans les régions très froides
ou pour maintenir une hygrométrie stable pour des raisons
techniques (musées, industries sensibles à l'humidité, etc.)
En climat tempéré ou chaud, elle est inutile, voire nuisible.
En climat tempéré et froid, le chauffage de l'air est indispensable en hiver. Par contre le re-
froidissement n'est pas toujours nécessaire. Dans les bâtiments bien construits, il ne sert qu'à
évacuer un excès de charge internes (taux d'occupation élevé dans les salles de réunion,
charge thermique élevée provenant d'un éclairage intense ou de machines. Suivant l'objectif
poursuivi, l'installation de ventilation est donc munie d'un conditionnement de l'air ayant ou
non les fonctions suivantes:
refroidissement de l'air ;
assèchement de l'air ;
humidification de l'air.
La Figure 5.28 montre, sur un diagramme de Carrier, l'évolution de la température et de la
pression de vapeur dans l'air dans deux situations, aboutissant toutes deux à un air à 20°C et
50% d'humidité relative:
lors du chauffage et de l'humidification en situation d'hiver, partant d'un air à –1°C et 80%
d'humidité relative,
lors du refroidissement et de l'assèchement effectués dans une installation de climatisation
en été, partant d'un air à 30°C et 70% d'humidité relative. On notera que pour assécher
l'air, il faut le refroidir au point de rosée correspondant à la teneur en eau souhaitée, puis le
réchauffer car cette température est en général inférieure à la température de l'air désirée.
On notera aussi qu'il est impossible de refroidir un air au dessous de son point de rosée dans
l'assécher.
147
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
Psat
4000 90%
80%
Refroidissement
Pression de vapeur [Pa] 70%
3000
60%
Séchage 50%
2000
40%
30%
1000 20%
Chauffage Humidification
10%
0
-10 0 10 20 30
Température [°C]
148
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
5.8.2.4 Transport
La puissance mécanique fournie à l’air par le ventilateur est le produit du débit d’air volu-
mique V par la différence de pression ∆p entre l’aval et l’amont du ventilateur.
Φ mec = V ⋅ ∆p (5.30)
elle augmente donc avec le débit et la différence de pression. Pour un circuit d'air donné, cette
différence de pression augmente elle même avec le carré du débit , donc la puissance méca-
nique à fournir à l'air pour le mouvoir augmente avec le cube du débit!
149
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
Une plus grande dimension de conduite implique aussi une plus grande surface de déperdi-
tions, donc de plus grandes pertes de chaleur, ou la nécessité d'augmenter l'épaisseur d'isola-
tion sur une plus grande surface.
Pour toutes ces raisons, le transport de chaleur (ou de froid) avec de l'air devrait être évité
autant que possible.
5.8.2.7 Re-circulation
Le débit d'air nécessaire pour transporter de la chaleur au travers d'un bâtiment peut être un
multiple du débit nécessaire à assurer une bonne qualité d'air. D'autre part, la consommation
d'énergie nécessaire à conditionner l'air extérieur est souvent nettement plus grande que celle
nécessaire à ajouter ou soustraire de la chaleur à l'air intérieur.
Pour réduire la consommation d'énergie dans les installations de chauffage et de conditionne-
ment d'air, on re-circule une partie de l'air intérieur, en le mélangeant à l'air neuf. Le débit
d'air neuf doit être dimensionné pour assurer une qualité d'air intérieur acceptable. Il dépend
donc de l'intensité des sources de pollution intérieures, à l'exception de la chaleur ou du froid.
Le débit d'air pulsé est dimensionné en fonction des besoins en chaleur ou en froid, et de la
différence de température acceptable entre l'air pulsé et l'air extrait (ou l'air intérieur). Le débit
d'air extrait est égal, ou légèrement inférieur au débit d'air pulsé.
Le taux de re-circulation est la part de l'air extrait qui est mélangée à l'air pulsé.
Dans les installations modernes, on évite la re-circulation car celle-ci distribue les polluants
provenant de diverses zones dans tout le bâtiment, donc nuit à une bonne qualité d'air. Il faut
donc réduire les besoins en froid et en chaleur, et éviter de transporter la chaleur avec de l'air.
150
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Enfin, s'il existe des zones mortes dans la pièce, ce qui va de pair avec des courts-circuits
entre les bouches de pulsion et les grilles d'extraction, le rendement peut descendre en dessous
de 50%.
Le rendement de ventilation ne peut pas excéder 50% dans les installations à taux de re-
circulation élevé (dépassant 50%).
151
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
Il convient de veiller à maintenir une ambiance acoustique confortable malgré le coefficient
d'absorption acoustique relativement bas des surfaces radiantes.
Figure 5.28: Plafond climatique dans une salle de conférence (Photo ESSA)
152
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
a) b)
Figure 5.29: Les deux périodes du refroidissement passif
a) période de refroidissement
b) période de protection
Le refroidissement passif par ventilation nocturne permet généralement d'atteindre des tempé-
ratures plus basses ou d'éliminer plus de chaleur que la ventilation diurne (Figure 5.31). Il
n'est cependant applicable qu'aux bâtiments ayants une inertie thermique suffisante.
Figure 5.30: Température dans deux bureaux identiques. L'un est aéré pendant la journée,
l'autre pendant la nuit. L'abaissement de la température maximale dépasse 4
degrés! La ligne fine est la température extérieure.
Figure 5.31:
Conditions nécessaires pour un
refroidissement passif efficace
153
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
Ces conditions sont détaillées ci-dessous.
Les gains de chaleur doivent être limités de manière à éviter la surchauffe et à ne pas dé-
passer la quantité de chaleur qu'il sera possible d'évacuer pendant la période de refroidis-
sement suivante. Ceci signifie:
la présence et l'utilisation adéquate
de protections solaires efficaces,
donc extérieures; α
α
un équipement (machines, éclai- g
la généralisation de l'éclairage
naturel, contrôlé par des disposi-
tifs rejetant la lumière en excès à Figure 5.32:
l'extérieur du bâtiment. Les protections solaires efficaces sont à l'extérieur
Si les gains sont trop importants du bâtiment. Le rayonnement solaire inévitablement
pour assurer le confort par la seule absorbé par le dispositif de protection se trans-
ventilation naturelle, il est possible forme en chaleur. Si le dispositif et à l'intérieur, la
d'assister celle-ci par un refroidis- chaleur y est aussi!
sement artificiel.
La température extérieure moyenne, sur 24 heures, ne doit pas être trop élevée.
Le climat doit être tel que la déshumidification de l'air ne soit pas nécessaire.
Pour le refroidissement par ventilation nocturne, l’amplitude des variations circadiennes 3
de la température de l’air extérieur doit être importante (minimum 5 degrés).
Ces conditions sont facilement remplies en Suisse, en tous cas au nord des Alpes.
154
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
5.9.2.4 Règles constructives concernant la ventilation
Plusieurs configurations sont possibles pour la ventilation nocturne (Figure 5.34). Les
ouvertures de ventilation doivent être correctement dimensionnées et leur position doit
être adaptée à la configuration prévue.
155
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
a B c
Figure 5.35: Moyens disponibles pour refroidir les derniers étages (voir aussi Figure 5.34d)
a) Grande ouverture haute
b) Ventilation du dernier étage
c) Ventilateur d’appoint
5.10 Dimensionnement
5.10.1 Principes généraux de dimensionnement
Le dimensionnement d'un composant est toujours un compromis entre plusieurs exigences
contradictoires, les plus utilisées étant d'une part le coût, poussant au sous-dimensionnement,
et les exigences que le composant doit remplir, pouvant pousser à un sur-dimensionnement.
156
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Un préliminaire à tout dimensionnement est donc la définition des exigences à remplir. Une
dimension correcte du composant sera celle qui permet de remplir ces exigences à moindre
coût global. Nous entendons par coût global le coût total à supporter par le propriétaire, voire
par la société, qui inclut non seulement les coûts de fabrication, de transport et de montage,
mais aussi les coûts d'exploitation.
Lorsque les exigences ou les performances du composant varient dans le temps, il faut aussi
définir quand le composant remplira les exigences, ce qui aura une influence directe et sou-
vent importante sur sa dimension (Figure 5.37):
Dimensionnement minimum: le composant remplit les exigences minimales. Il fonction-
nera toujours à plein rendement, mais ne remplira pas toutes les exigences.
Dimensionnement moyen: le composant remplit les exigences en moyenne. Pendant une
partie du temps, le composant est sur-dimensionné et fonctionnera à allure réduite ou in-
termittente, et pendant l'autre partie il fonctionnera à plein régime sans assurer la totalité
des exigences.
Dans les deux cas ci-dessus on doit soit réduire les exigences, soit ajouter un composant
auxiliaire qui assure le complément. Si on désire que les exigences soient remplies par un seul
système, il faut alors lui appliquer un
Dimensionnement maximum: le composant remplit les exigences en toute circonstance.
En règle générale, il faut éviter un surdimensionnement, qui non seulement augmente inutile-
ment le coût, mais souvent aussi diminue le rendement du système. Une marge de sécurité
n'est pas un surdimensionnement, elle peut faire partie des exigences.
Le diagramme des fréquences cumulées d'une performance requise ou d'une condition clima-
tique peut grandement aider au dimensionnement correct d'une installation. Un tel diagramme
représente le temps (ou la portion de temps) pendant lequel une valeur donnée est dépassée.
Par exemple, la Figure 5.38 montre le diagramme de fréquences cumulées de la température à
l'intérieur d'un immeuble administratif sans et avec protections solaires automatiques.
Figure 5.37:
Diagramme de fréquence cumulées de la
température à l'intérieur d'un immeuble
administratif sans (courbe du haut) et
avec (courbe du bas) protections so-
laires automatiques.
(Diagramme préparé par Amstein et
Waltert AG dans le cadre du projet
européen Joule OFFICE)
157
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
On voit sur ce diagramme que, si on désire que la température intérieure ne dépasse pas 26°C,
il faudra soit installer un système de refroidissement qui fonctionnera environ 300 h par an,
soit poser des protections solaires et tolérer que la consigne soit dépassée pendant environ 30
heures, sans jamais dépasser 28°C. Un tel diagramme est particulièrement pratique pour
optimiser le dimensionnement d'installations "midi".
où Vec est le débit d'eau chaude à garantir (en m3/s) ; si le chauffage se fait "en ligne",
(sans accumulation), c'est le débit d'eau chaude maximum pour l'ensemble des ro-
binets d'eau chaude, atténué par un coefficient de non simultanéité (les robinets ne
sont jamais tous ouverts en même temps) ; s'il y a accumulation, le débit à assurer
est le rapport de la capacité de stockage au temps disponible pour le stockage.
ρ⋅c est la chaleur volumique de l'eau, soit 4.18 MJ/(m3·K) ;
θec est la température de l'eau chaude ;
θef est la température de l'eau froide.
La puissance à fournir par le générateur de chaleur sera alors comprise entre
Φ c = max(Φ h ,Φ ec ) + Φ d (5.37)
et Φ c = Φ h + Φ ec + Φ d (5.38)
où Φd représente les déperditions de la distribution de chaleur.
En effet, l'usager peut décider entre deux extrêmes:
a) dimensionner sa chaudière au plus juste selon l'équation (5.37), en partant du principe que
la production d'eau chaude est momentanée et que, pendant ce temps, il peut se passer de
chauffage. Cette solution est meilleur marché et assure un meilleur rendement annuel, mais
présente le risque de manquer d'eau chaude ou de chauffage si les besoins d'eau chaude et
de chauffage sont importants au même moment.
b) soit de garantir les deux prestations en toute circonstance selon l'équation (5.38), ce qui
résultera en une baisse du rendement annuel et une hausse du coût de la chaufferie.
158
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
La puissance consommée par ce générateur sera alors
Φc
Φ= = Φc −Φ r +Φt (5.39)
ηc
pour une chaudière dont les pertes sont représentées par Φt, et
Φc
Φ= = Φc −Φ r +Φt (5.40)
COP
pour une pompe à chaleur.
159
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
a B c
Figure 5.38: Dimensionnement du dispositif de chauffage solaire de l’eau
(Source : OFEN 2001, Dimensionnement d’installations à capteurs solaires)
Le taux de couverture solaire est le rapport de l'énergie solaire utilisée à l'énergie totale con-
sommée pour assurer le service demandé. Un chauffe-eau solaire bien dimensionné, exempt
de défauts et auquel on soutire de l'eau chaude toute l'année permet, dans les climats tempé-
rés, un taux de couverture solaire annuel de 50 à 70% se décomposant ainsi :
90 % ou davantage durant la belle saison,
10 à 40 % sur l'ensemble de la saison de chauffage, suivant l'ensoleillement local (essen-
tiellement lié à la présence ou non de brouillard).
160
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
température de la piscine de 2 à 3°C, ce qui permet d'en doubler la durée d'utilisation, c'est à
dire de doubler la durée pendant laquelle la température dépasse 22°C.
Il n'en reste pas moins qu'une couverture transparente flottante, que l'on n’ouvre que pour la
baignade, reste le moyen le plus efficace et le meilleur marché d'augmenter la température des
piscines privées.
161
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
perturbation
Installation réglée
grandeur
grandeur
réglée
de réglage
La grandeur réglée (par exemple la température mesurée dans une pièce) est comparée à la
température de consigne, en principe ajustable par l'utilisateur, et le système de réglage four-
nit une commande à l'installation réglée (par exemple la puissance de chauffage). De façon
générale, de tels systèmes peuvent présenter des problèmes de stabilité (risques d'oscillations),
et la conception doit prendre en compte ce risque de manière correcte (pour des réglages
linéaires, il est possible d'étudier la stabilité et l'efficacité d'un tel réglage en utilisant les
notions théoriques disponibles).
(b) réglage en boucle ouverte
perturbation grandeur
Installation réglée réglée
grandeur
de réglage
Réglage consigne
La perturbation agit à la fois sur l'installation réglée et sur le système de réglage, qui doit en
principe contenir un modèle de l'installation réglée. Il n'y a pas de feedback, ce qui permet
d'éviter les risques d'instabilités.
Types de réglages
Une autre distinction est à faire suivant la relation entre les variables du système. On dis-
tingue ainsi les catégories suivantes:
• Réglage tout ou rien (on/off): la grandeur de réglage n'a que 2 états (en fonction/hors
fonction).
• Réglage linéaire: la grandeur de réglage est en relation linéaire avec la grandeur ré-
glée. Les variantes usuellement rencontrées sont le réglage proportionnel (P), le ré-
glage proportionnel / intégrateur (PI) et le réglage proportionnel / intégrateur / diffé-
rentiateur (PID). Les deux dernières variantes (PI et PID) sont en général introduites
dans des réglages en boucle fermée pour des raisons liées au statisme (voir ci-dessous)
et à la stabilité.
• Réglage non linéaire: la grandeur de réglage a une relation quelconque avec la gran-
deur réglée et toutes les autres variables du système.
162
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
pièce
ventilateur
réglage (horloge)
on/off consigne
Il s'agit d'un réglage tout ou rien en boucle ouverte. La consigne est donnée par une horloge,
qui compare le temps actuel au temps programmé pour la ventilation.
Exemple 2: Chauffage électrique réglé en tout ou rien par la température de l'air
T
pièce
radiateur Tair
réglage
on/off Tconsigne
La sonde de température mesure la température de l'air dans la pièce, et la compare avec une
température de consigne. La grandeur de réglage (on/off) est produite par le système de ré-
glage en utilisant une hystérèse, afin d'éviter les oscillations qui auraient lieu s'il n'y avait
aucune différence entre la température d'enclenchement et la température de déclenchement:
on/off
163
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
Exemple 3: Chauffage central à circuit hydraulique commandé par un réglage à
"courbe de chauffage"
On effectue les hypothèses simplificatrices suivantes:
• Le besoin de chauffage du bâtiment est donné par une fonction simple:
Pch = (T0-Text) · G (pour Text ≤ T0);
• Les radiateurs fournissent à la pièce dans laquelle ils sont placés une puissance propor-
tionnelle à la température de l'eau du circuit aller (en fait, proportionnelle à la diffé-
rence de température circuit aller - circuit retour);
• On ne tient pas compte des gains solaires et autres gains "gratuits";
Dans ces conditions, on peut commander le chauffage en réglant la température de l'eau déli-
vrée aux radiateurs, en suivant une "courbe de chauffage" (ici il s'agit d'une droite):
Teau-aller
70°C
20°C
Text
-15°C 15°C
Pour que le système fonctionne correctement, les points de fonctionnement doivent être soi-
gneusement choisis, et les radiateurs correctement dimensionnés.
En réalité, le réglage d'un chauffage central conventionnel à circuit hydraulique est un peu
plus complexe:
• Il comporte une deuxième boucle de réglage (boucle fermée), chargée de contrôler la
température de l'eau du circuit aller au moyen de l'enclenchement ou le déclenchement
du brûleur (c'est un réglage tout ou rien, en boucle fermée);
• Les vannes thermostatiques fréquemment associées aux radiateurs (voir exemple sui-
vant) constituent une boucle de réglage supplémentaire, individuelle à chaque radia-
teur, et fonctionnant (du moins en dehors de leurs positions extrêmes) en réglage li-
néaire proportionnel à boucle fermée.
On a donc à faire à un réglage en cascade à 3 étages.
Exemple 4: Vanne thermostatique (approximation linéaire)
vers radiateur
vanne
arrivée T
eau
Tair
Une vanne thermostatique est un système de réglage en boucle fermée, qui ouvre plus ou
moins une vanne située sur l'arrivée d'eau chaude dans le radiateur, en comparant la tempéra-
164
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
ture de l'air (mesurée en général par un bi-lame) et une température de consigne fictive. Il
s'agit d'un dispositif purement mécanique.
La courbe de réglage, dans l'approximation linéaire, ressemble au graphe ci-dessous:
débit
Dmax
0.5 · Dmax
Tair - Tconsigne
-3°C 0°C +3°C
Ce graphe permet de comprendre la notion de statisme. Supposons que la vanne thermosta-
tique soit réglée pour une température de consigne de 20 °C, et que dans des conditions don-
nées de demande de chaleur le débit d'eau chaude nécessaire soit alors égal à 0.5 · Dmax, Dmax
étant le débit pour une vanne complètement ouverte.
Si la température extérieure baisse de telle sorte qu'un débit égal à 0.75 · Dmax devient néces-
saire pour chauffer, alors Tair-Tconsigne = -1.5 °C: au lieu d'avoir 20 °C dans la pièce, on n'a
plus que 18.5 °C.
Il y a plusieurs remèdes possibles à ce problème:
• Augmentation du gain (pente de la droite de réglage), mais attention au risque d'insta-
bilité !
• Introduction de réglages linéaires PI ou PID.
Exemple 5: Vanne thermostatique (cas général non linéaire)
Dans la réalité, une vanne thermostatique ne présente pas une caractéristique aussi idéalisée
que dans l'exemple 4. Une telle vanne, en pratique, sera donc mieux modélisée par un réglage
non linéaire. On reste cependant dans le cas d'un système à boucle fermée, et l'analyse de
stabilité doit être effectuée, par exemple en considérant des morceaux de courbe de réglage
dans lesquels on peut approximer la fonction par une droite.
165
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
Les principes mis en oeuvre pour des réglages avancés peuvent être résumés par quelques
principes de base:
• Bio-inspiration (le bâtiment est considéré de façon analogue à un être vivant); on
donne ainsi la capacité d'adaptation (aux préférences des utilisateurs et aux caractéris-
tiques du bâtiment), et une telle approche permet d'inclure facilement des connais-
sances expertes, par exemple en utilisant la logique floue.
Au-delà de ces quelques principes de base, les systèmes de réglage avancés se caractérisent
par une grande diversité de techniques. Plutôt qu'une énumération systématique des systèmes
de réglage avancés, nous avons choisi de donner quelques exemples typiques correspondant à
des projets de recherche menés au LESO-PB/EPFL. Dans tous les cas, un développement
théorique a été suivi d'une mesure sur un bâtiment réel (avec des personnes réelles), permet-
tant d'estimer à la fois les gains énergétiques et l'augmentation du confort, et de quantifier
l'acceptation des systèmes de réglage automatique par les utilisateurs.
166
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Pour la prévision des conditions météo, on pourrait notamment utiliser les variantes suivantes:
• prévisions météo disponibles sur les médias (Institut suisse de météo, etc);
• prévision stochastique (probabilité de transition I(t1) → I(t2));
• prévision au moyen d'un réseau de neurones artificiels (ou tout autre méthode adapta-
tive);
Dans ce projet, une prévision stochastique a été considérée: au moyen d'une étude sur les
conditions météo locales durant de nombreuses années, on peut extraire la probabilité de
transition d'un type de météo vers un autre type (par exemple ciel clair → ciel couvert), dans
un horizon temporel donné (par exemple 6 heures).
L'optimisation de la séquence de commandes s'effectue au moyen d'un algorithme appelé
"programmation dynamique". Cet algorithme permet en l'occurence de minimiser une fonc-
tion de coût sur un intervalle de temps donné (par exemple une journée complète). La fonc-
tion de coût J utilisée dans le réglage considéré ici est la suivante:
J(t) = C1 · P + C2 · f(inc) (inc = inconfort thermique)
J([t1,t2]) = ∫ J(t) dt (intégration sur la période [t1,t2])
Dans cette expression, P(t) est la puissance de chauffage, la fonction f(inc) prend en compte le
PPD (on a donc besoin de savoir quelle sera l'évolution de la température dans le futur, ce qui
nécessite un modèle thermique), et les coefficients C1 et C2 doivent être soigneusement choi-
sis de façon à bien équilibrer les exigences en matière de confort et celles en matière de con-
sommation d'énergie. C'est le coût intégré J([t1,t2]) qui est minimisé sur la période [t1,t2] con-
sidérée.
L'expérimentation d'un tel réglage stochastique sur le bâtiment LESO a démontré une écono-
mie d'énergie de l'ordre de 20 % par rapport à un bon réglage conventionnel. Une étude par
simulation a également montré les résultats suivants:
167
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
Dans ce tableau, les mentions "dalle" et "air" signifient respectivement chauffage par dalle et
chauffage à air pulsé. Le facteur f est le rapport Afenêtre/Aplancher (rapport surface de fenêtres /
surface de plancher). Les 4 variantes considérées sont un réglage standard (courbe de chauf-
fage et vannes thermostatiques sur les radiateurs), un réglage thermostatique sur l'air intérieur,
le contrôle stochastique optimal, et le même contrôleur mais avec une prévision exacte (ce
n'est évidemment possible que par simulation, puisqu'on a accès aux conditions météo en
avance).
Exemple 2: NEUROBAT
Le réglage de chauffage NEUROBAT est un réglage prévisionnel auto-adaptatif, dont le
principe est similaire au régulateur prévisionnel stochastique de l'exemple 1, mais qui pré-
sente les différences suivantes:
• La prévision des conditions météo futures est effectuée au moyen d'un réseau neuronal
artificiel (corrélation), plutôt que par la méthode stochastique;
• Contrairement à au réglage prévisionnel stochastique, le modèle thermique du bâti-
ment, qui est également réalisé au moyen d'un (second) réseau neuronal artificiel, est
continuellement auto-adapté aux mesures réalisées.
La fonction de coût minimisée est très similaire à celle utilisée dans le régulateur prévisionnel
stochastique.
Le réglage permet de pallier une mise en service mal effectuée: le régulateur comporte des
paramètres qui s'adaptent peu à peu au cours des premières semaines de fonctionnement,
notamment le modèle thermique du bâtiment ou le modèle météo.
Ce système permet également une adaptation au comportement et aux préférences des utilisa-
teurs.
Le schéma ci-dessous donne un aperçu de la structure du système de réglage.
168
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Température pièce
Température extérieure,
ensoleillement
Température aller
Prévision méto
Température
Kp
- retour
-
T_int Popt U
0.8 0.8
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
0 0
15 20 25 30 15 20 25 30
0.8 0.8
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
0 0
-3 -2 -1 0 1 2 3 -3 -2 -1 0 1 2 3
Une analyse comparative avec davantage de variantes a été effectuée par simulation. Le résul-
tat figure ci-dessous.
169
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
120.0
104.2
100.0
83.0
Indice de dépense d'énergie [MJ/m2]
67.2
Chaleur
60.0
Electricité
49.0 47.7
46.7 46.7 46.7 46.7 46.7
40.0
20.0
0.0
Régulation Régulation Régulation Régulation Régulation Neurobat Régulation Neurobat
conventionnelle conventionnelle conventionnelle conventionnelle très (+ contrôle Delta du
standard évoluée performante performante store)
Exemple 3: AdControl
De façon générale, les systèmes de contrôle des installations techniques du bâtiment ont suivi
une évolution qui peut être représentée par le graphique ci-dessous.
Contrôle manuel
AdControl, qui se situe parmi les systèmes de la dernière catégorie dans cette évolution, est un
régulateur adaptatif et intégré qui permet de contrôler les stores, l'éclairage électrique et le
chauffage. Ce système a été testé expérimentalement sur 15 bureaux individuels du bâtiment
LESO. Il permet une adaptation
• aux préférences des utilisateurs;
• aux conditions environnementales et aux caractéristiques du bâtiment.
Les principes suivants ont été adoptés dans le développement de l'algorithme:
170
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Sensors Actuators
Expert control system
Adaptive models
adjustable param
controlled variables
Adaptation algorithms
user's wishes
Dans ce cas, l'adaptation est effectuée par un module utilisant des algorithmes génétiques
(voir paragraphe sur les outils mathématiques) pour adapter les paramètres significatifs de la
base de règles à logique floue.
Fonctionnement de la base de règles à logique floue: protections solaires
Lorsque l'utilisateur n'est pas présent, le régulateur doit optimiser les gains solaires au moyen
des stores (maximum d'acceptation en hiver, rejet en été). L'éclairage artificiel est évidem-
ment déclenché. Les variables floues d'entrée sont la saison (donnée par la moyenne de la
171
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
température extérieure sur les dernières 24 heures) et la puissance de chauffage actuelle; la
variable floue de sortie représente les gains solaires directs souhaitables.
Par contre, lorsque l'utilisateur est présent, c'est le confort visuel qui a la priorité, avec un
réglage adaptatif des stores et un réglage de l'éclairage électrique visant à complémenter
l'éclairage naturel lorsque ce dernier n'est pas suffisant. Les variables floues d'entrée considé-
rées sont l'éclairement sur le plan de la façade, l'éclairement sur un plan horizontal et la posi-
tion du soleil par rapport à la façade (risques d'éblouissement par le rayonnement solaire
direct, en fonction des angles solaires). La variable floue de sortie est la position du store.
Fonctionnement du régulateur: éclairage électrique et chauffage
Les deux autres systèmes techniques considérés sont l'éclairage électrique et le chauffage.
Pour le premier, il s'git simplement, lorsque l'utilisateur est présent, de compléter la lumière
naturelle si celle-ci n'est pas suffisante. Comme le niveau d'éclairement intérieur est égale-
ment susceptible d'adaptation en fonction des préférences personnelles (certaines personnes
préfèrent une ambiance lumineuse, d'autres une ambiance plus sombre), les paramètres sont
également adaptés au moyen des interactions des utilisateurs.
Le chauffage est traité de manière plus conventionnelle, l'utilisateur pouvant directement
donner une température de consigne. Aucune adaptation n'est prévue ici. Il serait bien entendu
possible, et même souhaitable, de régler le chauffage de manière plus optimale, par exemple
au moyen d'un réglage prévisionnel.
Adaptation aux préférences des utilisateurs
L'adaptation aux préférences des utilisateurs est au centre du système de réglage. Cette adap-
tation s'effectue en stockant les interactions des utilisateurs (effectuées au moyen des réglages
manuels disponibles en permanence) et en utilisant ces interactions comme une base de con-
naissance associant un type d'interaction à une situation donnée des variables du système. Il
s'agit en quelque sorte d'apprendre au système à réagir de façon la plus proche possible de ce
que ferait l'utilisateur, et ceci dans toutes les situations qui peuvent se présenter. Le schéma
ci-dessous explique ce fonctionnement.
172
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
L'adaptation s'effectue au moyen d'algorithmes génétiques (AG):
• Un "individu" (au sens des AG) est un contrôleur caractérisé par un jeu de paramètres
donné, chaque gène étant un paramètre de la base de règles à logique floue;
• La fonction à optimiser (maximiser dans notre cas) est donnée par l'expression symbo-
lique "fitness function" = 1/[consommation + niveau d'inconfort];
• Le niveau d'inconfort est supposé égal à zéro lorsque l'utilisateur ajuste lui-même les
actuateurs (stores, chauffage, lumière électrique).
Les résultats expérimentaux (9 mois de mesures dans 15 bureaux, permettant de comparer un
réglage manuel, un réglage "intelligent" mais sans fonction d'adaptation, et un réglage "intel-
ligent" avec adaptation, sont résumés par le tableau ci-dessous.
Algorithme 25 % 84 % 88 % 25 %
avancé, non
adaptatif
Algorithme 24 % 86 % 89 % 5%
avancé, adap-
tatif aux voeux
de l'utilisateur
On constate que l'adaptation permet de conserver l'économie d'énergie produite par un algo-
rithme "intelligent" mais non adaptatif, tout en améliorant considérablement l'acceptance du
système par les utilisateurs (le taux de rejet passe de 25 % à 5 %).
173
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
Degree of membership
1 winter mid-season summer
0.8
0.6
0.4
0.2
0
-10 0 10 20 30
Average Outside Temperature [°C]
Si la température moyenne est de 8 °C, alors le degré d'appartenance à la saison "hiver" est de
0.4, à la saison "mi-saison" de 0.6, et à la saison "été" de 0.
L'étape suivante consiste à construire des bases de règles (systèmes experts) exprimées au
moyen de règles SI ... ALORS. Par exemple, les assertions suivantes sont des règles de lo-
gique floue permettant de donner la puissance de chauffage nécessaire:
• IF outside temperature = medium THEN heating = unchanged
• IF window opening = frequent THEN heating = reduced
• IF heating power = positive AND season = winter THEN desired window heat balance
= positive high
Lorsqu'on a une base de règles complète, il suffit de donner la valeur des variables floues en
entrée de la base, d'effectuer des inférences (il existe plusieurs algorithmes possibles), et on
obtient à la sortie la variable recherchée.
wn
xn
174
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Les coefficients wi sont les poids des entrées x1,...,xn. En général on ajoute une entrée fictive
x0 = -1 pour introduire une "polarisation" ("bias"), avec un poids w0. La fonction f est la
"fonction d'activation" du neurone. Suivant l'application, diverses fonctions d'activation sont
possibles. Une des plus fréquemment utilisées dans le cas des réseaux multicouches est la
fonction sigmoïde (y = tanh(x)):
0.5
-0.5
-1
-2 -1 0 1 2
De nombreux types de réseaux de neurones artificiels (RNA) ont été proposés et utilisés. Le
perceptron multi-couches peut être représenté par le schéma ci-dessous.
Le nombre de neurones de chaque couche, ainsi que le nombre de couches, doivent être choi-
sis soigneusement. L'utilisation d'un RNA comporte deux phases distinctes: l'apprentissage
(supervisé), et l'utilisation/exploitation à proprement parler. Dans la phase d'apprentissage, on
impose une entrée et une sortie, et on compare la sortie proposée à la sortie du RNA. Le si-
gnal d'erreur obtenu sert à ajuster les poids, ce qui représente l'apprentissage du réseau.
Il est évidemment possible d'intercaler des phases d'apprentissage et des phases d'utilisation
normale: dans ce cas, le RNA apprend peu à peu à partir de situations existantes, et sa sortie
représente de mieux en mieux la sortie souhaitée. On a à faire dans ce cas à une auto-
adaptation continue.
175
5 - INSTALLATIONS TECHNIQUES
Il faut finalement mentionner le fait qu'un RNA ne représente qu'une manière d'approximer
une fonction de n variables (les variables d'entrée xi). D'autres approximations mathématiques
peuvent être utilisées dans le même but.
L'intérêt d'utiliser des RNA pour la régulation réside dans le fait qu'un RNA peut être utilisé
comme modèle, comme par exemple un modèle thermique du bâtiment dans lequel le régula-
teur est implémenté. On évite de cette façon de devoir élaborer un modèle précis du système à
régler, puisque le RNA s'ajuste automatiquement, et présente une grande souplesse.
Algorithmes génétiques
Les algorithmes génétiques permettent de trouver un maximum (ou un minimum) d'une fonc-
tion, en utilisant les opérations analogue de celles qui se passent dans l'ADN des êtres vivants:
sélection, croisement et mutations. D'autres méthodes permettent d'effectuer une telle optimi-
sation, telles que le recuit simulé ou les méthodes classiques de descente du gradient, mais les
algorithmes génétiques présentent l'avantage de résister assez bien aux minimums locaux et
présentent des avantages de temps de calcul par rapport au recuit simulé.
Les algorithmes génétiques peuvent être résumés par la figure ci-dessous (extraite d'un cours
de Moshe Sipper, EPFL):
5.13 Exercices
Chaudières et pompes à chaleur
1. Quelle quantité d'énergie faut-il annuellement pour chauffer l'eau chaude consommée par
une personne ?
2. Une petite chaudière à mazout moderne présente les caractéristiques mesurées sui-
vantes:Température des fumées: 220°C , température ambiante dans la chaufferie: 20°C,
concentration de gaz carbonique dans les fumées: 8%. Quel est son rendement de com-
bustion? Est-il suffisant?
176
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
3. Cette chaudière présente des pertes en fonctionnement égales à 5% de sa puissance nomi-
nale, et ses pertes de maintien en température représentent 3% de sa puissance nominale.
Quel est le rendement de la chaudière ηch?
4. Cette chaudière a une puissance de 30 kW et consomme 3000 l de mazout par an. Quel
est son rendement annuel si elle n'est utilisée que pour le chauffage d'un bâtiment à Lau-
sanne?
5. Une pompe à chaleur a un rendement technique ηPAC de 50%. Quel sera son COP si on
l'utilise pour chauffer de l'eau de chauffage à 30°C en puisant la chaleur dans la nappe
phréatique (10°C). Que devient-il si on désire produire de l'eau chaude (55°C) en puisant
la chaleur dans l'air extérieur (0°C) ?
Installations solaires
7. A quelle température doivent pouvoir résister les matériaux des capteurs mentionnés ci-
dessus et les conduites de raccordement? En d'autres termes; quelle est la température
maximale que peuvent atteindre, en été, les trois capteurs ci-dessus ?
Conditionnement d'air
8. Combien d'énergie faut-il pour conditionner un mètre cube d'air extérieur à 0°C et 90°
d'humidité et l'amener à 20°C et 60% d'humidité relative? Même question avec de l'air
extérieur à 30°C et 70% d'humidité relative.
9. Montrer que le rendement de ventilation vaut 100 % pour la ventilation par déplacement,
où l'air neuf entre par une extrémité (ou le bas) de la pièce, et pousse l'air vicié comme un
piston, pour sortir par l'autre extrémité (ou par le haut). Montrer qu'il vaut 50 % en cas de
mélange total entre l'air frais et l'air de la pièce.
Dimensionnement
177
6 - OPTIMISATION ÉCONOMIQUE
6 OPTIMISATION ECONOMIQUE
6.1 Introduction
Lors de la conception d'un bâtiment, la contrainte principale à respecter est la garantie du
maintien d'un certain confort à l'intérieur de l'habitat.
Devant la multitude de solutions techniques à ce problème, il se peut que le concepteur ren-
contre certaines difficultés à effectuer les choix appropriés, et ceci malgré les contraintes
imposées par les normes et par les directives architecturales.
Une possibilité est d'avoir recours à l'optimisation technico-économique des paramètres
influençant le comportement thermique du bâtiment. Cette méthode, qui fait l'objet du présent
chapitre, représente un outil performant d'aide à la décision.
L'optimisation sur un seul de ces paramètres, comme par exemple l'épaisseur de l'isolation, est
relativement triviale. Par contre, il peut être intéressant d'optimiser plusieurs paramètres si-
multanément; faut-il mieux utiliser des fenêtres à triple vitrage, ou des modèles plus simples,
donc moins chers et investir cette économie dans un autre élément ? Ce problème revient à
chercher l'extremum d'une fonction multi-variables.
La théorie de l'optimisation ne date pas d'aujourd'hui; il faut en fait remonter jusqu'à l'époque
de Newton, Cauchy et Lagrange pour voir poindre les premières esquisses de cette science.
Mais ce n'est que récemment, depuis que les progrès des ordinateurs ont permis d'exécuter des
algorithmes suffisamment performants que cette science est réellement devenue actuelle pour
des applications techniques.
Comme on le voit, le mot "optimiser", qui signifie faire au mieux au sens d'un critère de
jugement objectif, est très vague. Au sens mathématique du terme, cela signifie trouver
l'extremum (maximum ou minimum) d'une fonction.
Les critères de jugement peuvent être de diverses natures; énergétique, écologique, artistique,
économique, etc. Un critère très utilisé dans le domaine technique, mais ce n'est pas le seul,
est le critère économique; en d'autres termes, on cherche à obtenir une certaine prestation à
moindre coût. Dans le domaine du bâtiment, cette optimisation technico-économique peut
s'appliquer à trois niveaux différents; le choix des composants du système, l'optimisation du
dimensionnement et celle de la gestion de l'énergie.
Une fois le système choisi, l'optimisation du dimensionnement consiste à définir les para-
mètres de ces éléments, c'est-à-dire l'épaisseur de l'isolation, le type de fenêtres, la taille de
l'installation de chauffage, etc. de façon à minimiser le coût de l'ensemble investissement-coût
énergétique. Comme indiqué sur la Figure 6.1, une amélioration du système énergétique
occasionne une économie d'énergie, donc une diminution des frais d'exploitation, mais s'ac-
compagne d'une augmentation de l'investissement financier initial. Ce surinvestissement est
économiquement rentable si, et seulement si, il est compensé par les économies réalisées sur
la consommation d'énergie.
Coût
tal
Coût to
ion
isolat Figure 6.1:
Coût
178
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Finalement, le rôle de l'optimisation de la gestion de l'énergie, qui fait appel plutôt aux tech-
niques dynamiques d'optimisation, est de gérer le système de façon à minimiser les coûts
d'exploitation (abaissement nocturne de la température, gestion d'un stock, ...).
Ces niveaux d'optimisation ne sont pas totalement indépendants, et il apparaît judicieux de les
étudier ensemble. Pour des installations complexes, les mathématiques ne peuvent traiter ces
différents niveaux d'optimisation de façon rigoureuse et complète, c'est-à-dire l'évaluation
combinée du choix du système, de son dimensionnement et de sa gestion; ceci est plutôt du
ressort des méthodes de l'intelligence artificielle (système expert).
Par la suite, nous nous concentrons uniquement sur le problème de l'optimisation du dimen-
sionnement d'un système.
179
6 - OPTIMISATION ÉCONOMIQUE
jeu d'une somme présente et certaine contre l'espérance de revenus futurs, à des échéances
plus ou moins lointaines. Cela comporte donc un certain risque et l'investisseur escompte en
général un revenu sur le capital engagé; il s'agit des intérêts. En outre, il attend à plus ou
moins long terme le retour de cet investissement. En règle générale, ce remboursement s'ef-
fectue par tranches (annuités); on parle d'amortissement.
L'intérêt non remboursé à la fin d'une période de prêt s'ajoute au capital emprunté. La période
suivante, l'intérêt sera donc calculé sur le nouveau montant emprunté, égal au capital augmen-
té de l'intérêt de la première période; on parle d'intérêt composé.
On peut facilement calculer la valeur future F d'un capital initial P placé pendant n années à
un taux d'intérêt de i [%]. En effet, à la fin de la première année, le montant cumulé F1 de
l'investissement et de l'intérêt vaut :
F1 = P + P ⋅ i = P ⋅ (1 + i ) (6.1)
Et à la fin de la seconde année :
F2 = P ⋅ (1 + i ) + P ⋅ (1 + i ) ⋅ i
F2 = P ⋅ (1 + i ) ⋅ (1 + i )
F2 = P ⋅ (1 + i )
2
Exemple : A la naissance de mon neveu, je place Sfr. 1'000.- sur un compte d'épargne à un
taux de 5 %. Quelle somme pourra-t-il retirer à l'âge de 20 ans ?
La somme à débourser chaque année afin de rembourser le capital et les intérêts composés à
la fin d'une période de n années s'appelle une annuité ; elle peut être variable
ou constante. Dans le cas d'une annuité A constante, la somme à verser chaque
année vaut :
A = P⋅
(1 + i )n ⋅ i = P ⋅ i
= P ⋅ Fr (6.3)
(1 + i ) − 1
n
1 − (1 + i )
−n
Exemple : Afin de financer l'achat d'une voiture, j'emprunte Sfr. 20'000.- à un taux de 15 %
(petit crédit). Sa durée de vie étant estimée à 5 ans, quelle somme dois-je rem-
bourser chaque année ?
Soit environ Sfr. 500.- par mois, et cela uniquement pour couvrir les charges
financières dues au capital engagé.
180
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Par ce dernier exemple, on voit que les charges financières dues au capital engagé peuvent
vite devenir conséquentes. Si on prend le cas d'une centrale nucléaire (5 milliards Sfr.) amor-
tie en 30 ans à un taux de 6%, on voit que cette annuité est de :
0.06
A = 5 ⋅ 10 9 ⋅ = 3.6 ⋅ 10 8 Sfr., soit 360 millions Sfr.
1 − (1 + 0.06 )
−30
Toutes les considérations abordées jusqu'à ce point supposent une valeur temporelle constante
de l'argent. Or, à cause de l'inflation, la "valeur de l'argent diminue avec le temps". Cette
inflation se présente sous la forme d'une variation généralisée des prix entraînant une crois-
sance nominale des valeurs de l'entreprise sans contrepartie physique de la production ou de
l'actif économique. Le taux d'inflation I est basé sur des indicateurs généraux tels l'indice des
prix de production, de construction ou l'indice des prix de gros.
En fait, l'inflation peut s'assimiler à un intérêt négatif; elle est donc préjudiciable à l'épar-
gnant; mais bénéfique pour les personnes endettées.
La valeur actuelle en francs P d'une somme prévue F dans n années peut se déduire par une
formule similaire à l'équation (6.2).
F
P= (6.4)
(1 + I )n
où I est le taux d'inflation moyen sur la période considérée.
Dans une comptabilité purement mathématique (i.e. sans tenir compte du facteur temps),
l'inflation a pour conséquence de donner une image favorable du capital, alors qu'en réalité il
y a appauvrissement de ce dernier et diminution du pouvoir d'achat.
Pour limiter les effets combinés des intérêts et de l'inflation, il faut introduire la notion d'ac-
tualisation. Tout gain différé dans le temps a un coût d'opportunité puisqu'il empêche de
réaliser des projets dans l'immédiat. Par symétrie, toute dépense différée possède une valeur
d'opportunité puisqu'elle libère une marge de manoeuvre financière dans l'immédiat.
Cette méthode d'actualisation requiert le choix d'un facteur d’actualisation sur la base duquel
on calcule la valeur actuelle, à une date de référence donnée, des flux des dépenses et des
recettes à attendre pendant la durée de vie du projet; ce facteur dépend du taux d'actualisa-
tion.
Lorsqu'on observe des valeurs élevées du taux d'inflation (typiquement certains pays du Tiers-
Monde), il est judicieux d'utiliser, comme taux d'actualisation, le taux de rendement réel i*,
qui correspond au taux d'intérêt corrigé de l'inflation :
1+ i
i* = −1 (6.5)
1+ I
où i est le taux d'intérêt et I le taux d’inflation.
Dans les pays stables avec une inflation modérée, les analyses économiques sont générale-
ment effectuées en francs constants, c'est-à-dire en faisant abstraction de l'inflation. Les
justifications d'une telle simplification proviennent, entre autres, du fait que l'inflation s'ap-
plique aussi bien aux recettes qu'aux dépenses. De plus, le taux du marché financier (taux
d'intérêt) est fixé de telle sorte qu'il inclut non seulement une rémunération pour la cession du
capital, mais aussi une compensation pour la perte du pouvoir d'achat imputable à l'inflation.
Et de toute façon, les durées d'amortissement admises sont longues et dépassent considéra-
blement les capacités de prévision des taux d'inflation avec une certitude suffisante.
Ces quelques notions élémentaires d'économie nous permettent maintenant d'introduire di-
verses méthodes de calcul de rentabilité. Chacune de ces méthodes représente une fonction
objectif-coût possible.
181
6 - OPTIMISATION ÉCONOMIQUE
6.3.2 Méthodes de calcul de rentabilité
En fonction de la complexité du problème à résoudre et de la précision attendue, il s'agira de
choisir la méthode la plus adéquate.
Comme déjà expliqué, dans le cas du système énergétique d'un bâtiment, on considère les
coûts dus à l'amélioration comme des dépenses et les économies d'énergie qui en découlent
comme des recettes.
Les annuités totales de dépenses AD d'une installation se calculent alors comme suit :
AD = Fc + I 0 ⋅ Fr (i, n ) (6.8)
L'étude comparative des annuités de dépenses tenant compte des intérêts composés fournit des
valeurs plus précises que le calcul comparatif des coûts, surtout si les durées d'amortissement
des différents projets sont très différentes.
Ces deux méthodes ne tiennent pas compte des recettes; il est donc impossible d'évaluer la
rentabilité d'un projet. Par contre, du point de vue de l'optimisation, il est parfaitement conce-
vable de vouloir déterminer le coût minimum, donc d'utiliser une de ces méthodes pour la
détermination de la fonction objectif-coût.
Les deux méthodes suivantes tiennent compte des recettes et permettent, en plus de la déter-
mination d'une fonction objectif, de calculer la rentabilité d'un projet.
182
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
6.3.2.3 Méthode de la valeur actuelle nette (VAN)
Cette méthode tient pleinement compte du fait que toute entrée ou sortie (flux) de liquidités
peut avoir, dans le moment présent, une valeur très différente selon la date à laquelle est
effectué le paiement.
Par valeur actuelle, on entend la valeur à attribuer aujourd'hui (t = 0) à un versement effectué
dans le passé ou devant être effectué dans l'avenir. Elle se calcule par l'actualisation des flux
financiers à l'aide d'un facteur d'actualisation Fa dépendant du taux d'intérêt i (si on néglige
l’inflation) et du laps de temps t existant entre la date du paiement et le temps t = o.
Ce facteur d'actualisation Fa déjà présenté implicitement auparavant est égal à :
Fa = (1 + i )
−t
(6.9)
La valeur actuelle nette ou VAN (en anglais "net present value" ou NPV) d'un projet au
moment t = 0 est égale à la somme des valeurs actuelles de toutes les dépenses et recettes liées
à ce projet. Dans le but de simplifier les calculs, on utilise généralement le solde des dépenses
et recettes courantes, c'est-à-dire le cash-flow courant annuel 5:
n
VAN = ∑ (C t − I t ) ⋅ Fa (6.10)
t =0
5 Cash-flow courant : excédent des recettes sur les dépenses courantes dans une période, c'est-à-dire la différence entre les recettes (vente
d'énergie, commercialisation de biens, ...) et les dépenses courantes (frais du personnel, d'entretien, énergétique, administratifs, impôts et
redevances, etc.)
183
6 - OPTIMISATION ÉCONOMIQUE
n
avec Ac = ∑ C t ⋅ Fa ⋅ Fr (i, n ) (6.14)
t =1
et AI = I 0 ⋅ Fr (i, n ) (6.15)
Si on admet des cash-flow courants C constants pendant toute la durée de vie de l'installation,
l'équation (6.13) devient :
A = C − I 0 ⋅ Fr (i, n ) (6.16)
Exemple: L'investissement initial d'un petit groupe diesel de production d'électricité est
évalué à Sfr. 100'000.-, pour une durée de vie de 8 ans. Les cash-flows annuels
sont constants et valent fr. 20'000.-, sauf pendant la 5ème année où une révision
importante est planifiée; pendant cette période, on prévoit un cash-flow de Sfr.
10'000.- seulement. Déterminez la valeur actuelle nette (VAN) et les annuités d'un
tel projet. On utilisera un taux d’intérêt de 8%.
Ce genre de problème nécessite la saisie la plus complète possible de toutes les
dépenses et recettes liées à l'investissement prévu; pour ce faire, il est recomman-
dé d'établir un échéancier tel que décrit ci-dessous.
Selon la formule (6.10), la valeur actuelle nette de l'investissement vaut :
8
VAN = ∑ (C t − I t ) ⋅ Fa = 7'800 [Sfr.]
t =0
t 0 1 2 3 4 5 6 7 8
It 100’000 - - - - - - - -
Ct - 20’000 20’000 20’000 20’000 10’000 20’000 20’000 20’000
Ct-It -100’000 20’000 20’000 20’000 20’000 10’000 20’000 20’000 20’000
Fa 1.00 0.92 0.86 0.79 0.73 0.68 0.63 0.58 0.54
(Ct-It)Fa -100’000 18’400 17’200 15’800 14’600 6’800 12’600 11’600 10’800
6.3.3 Investissements
Quelle que soit la méthode utilisée pour l'établissement de la fonction coût, le volume des
investissements constitue un paramètre essentiel et il importe d'apporter le plus grand soin à la
saisie et à la quantification de tous les éléments du coût total.
Les investissements initiaux constituent le montant total des capitaux à mobiliser pour la
réalisation projetée. C'est donc la totalité des sommes engagées avant la mise en fonction des
installations.
Tout d'abord, il y a le coût proprement dit des travaux, qui représente l'essentiel des investis-
sements. Il se compose des coûts des constructions (bâtiments, aménagements tels que bar-
184
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
rages, conduites, ouvrages portuaires, etc.) et des équipements (machines principales, système
de commande, etc.). Chacun de ces grands groupes peut être encore décomposé jusqu'à at-
teindre des éléments ou des groupes d'éléments dont le coût est connu (soumission, tarif SIA,
comparaison avec une réalisation existante, prix catalogue).
Ces coûts des travaux comprennent également ceux dus aux liaisons routières, aux liaisons
énergétiques (lignes électriques, oléoducs) et aux installations pour le personnel (bureaux,
logements, parcs à véhicules, etc.).
A cela vient s'ajouter une multitude d'autres petits investissements dont l'ensemble ne peut
être négligé. Il s'agit notamment des frais de prospection et d'étude, de mise en service, de
composition d'un stock et des frais financiers durant les travaux.
Pour des aménagements conséquents, ces derniers sont loin d'être négligeables. Dès le mo-
ment où des sommes sont engagées, des intérêts doivent être payés; ces derniers vont crois-
sant à mesure que les sommes engagées augmentent. Ces intérêts, appliqués sur une période
allant du début des études jusqu'à l'entrée en service normal, constituent les intérêts interca-
laires iint. En supposant un engagement linéaire dans le temps des investissements, ces intérêts
peuvent être estimés à l'aide de la formule suivante :
1
iint ≅ I 0 ⋅ i ⋅ nt (6.17)
2
où Io est l’investissement initial total (y compris iint)
i est le taux d'intérêt
nt est la durée des travaux (y compris études)
Exemple : Estimez les intérêts intercalaires d'une centrale nucléaire. On peut estimer les
coûts de cette dernière à 5 milliards de francs et une durée des travaux (y compris
études) de 8 ans. A cause des procédures de mise à l'enquête, de demande de con-
cessions, d'oppositions etc., cette période est effectivement très longue. En pre-
nant un taux d'intérêt de 6 %, ces intérêts intercalaires valent :
1
iint ≅ ⋅ 5 ⋅ 10 9 ⋅ 0.06 ⋅ 8 = 1.2 ⋅ 10 9 [Sfr.]
2
On voit qu'il s'agit d'une part très appréciable du coût total; d'où l'intérêt évident à raccourcir
au maximum la durée des travaux, notamment par une bonne planification.
185
6 - OPTIMISATION ÉCONOMIQUE
Les frais d'entretien et de réparation peuvent être à la fois fixes et variables, et il est parfois
difficile de différencier entre une action d'entretien courante et une réparation; de plus, un
entretien minutieux et régulier limite fortement les risques de panne. Et il est encore plus
difficile de prédire la fréquence et l'importance des réparations. Néanmoins, les constructeurs
fournissent une valeur d'orientation, exprimée le plus souvent en pourcentage des frais
d'investissement, et fondée sur leur expérience d'installations identiques ou comparables.
Dans les installations de production d'énergie, la plus grande partie des frais proportionnels
(ou variables) provient du combustible consommé. Ce dernier dépend de la quantité d'énergie
produite et du rendement de l'installation de transformation.
Les charges annuelles dues au combustible Cc, (exprimées en [Sfr./an], sont égales à :
Pc ⋅ P0 ⋅ u
Cc = (6.18)
η ch ⋅ G
où Pc est le prix du combustible [Sfr./kg]
Po est le puissance nominale [W]
u est le nombre d'heures d'utilisation annuelle [h/an]
ηch est le rendement annuel moyen [-]
G est le pouvoir énergétique du combustible [Wh/kg]
On voit que ces charges Cc dépendent du prix du combustible, grandeur difficile à prévoir à
moyen et à long termes pour des combustibles tels que le pétrole ou l'uranium (problèmes
politiques).
Il faut encore inclure, dans le prix du combustible, le coût dû au traitement ou à l'élimination
des déchets. Il peut s'agir de cendre, comme dans le cas de centrales au charbon, ou d'isotopes
radioactifs inutilisables provenant des centrales nucléaires. Le total de ces frais courants vient
en diminution du total des recettes dans le calcul du cash-flow annuel courant.
186
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Les paramètres libres représentent les paramètres du système sur lesquels l'optimisation est
effectuée. En pratique, afin que l'optimisation ait un sens, on essaie d'avoir le plus grand
nombre possible de paramètres libres. Tout paramètre de la fonction coût peut être considéré
comme libre, sauf si il est défini par une grandeur extérieure (par exemple le prix du pétrole)
ou s'il est fixé (taille d'une fenêtre).
Comme relevé dans l'introduction, l'optimisation technico-économique d'un bâtiment s'ap-
plique soit lors de son dimensionnement, soit lors de la gestion de son énergie. Pour des
motifs déjà invoqués précédemment, nous nous bornerons à étudier la première de ces appli-
cations.
Afin de rendre l'analyse plus fine, l'optimisation est appliquée au système "énergétique" uni-
quement. Dans ce genre de problème, la fonction coût se compose des charges financières
ainsi que des frais d'exploitation, c'est-à-dire les frais occasionnés par la consommation
d'énergie et par l'entretien. Concrètement, cette fonction-coût se calcule selon l’organigramme
présenté sur la Figure 6.3.
Investissement [CHF]
Frais d’exploitation [CHF/an]
187
6 - OPTIMISATION ÉCONOMIQUE
.
100 kW Q [kW]
.
Qél. Qut él.
.
QPAC Qut PAC
6’000
t [heures]
On fournit également les données suivantes :
Fonction-coût PAC : IPAC = 15’000 + 1’000 ⋅ Q PAC [CHF]
Fonction-coût chauffage électrique : IEl. = 2’000 + 100 ⋅ Q El. [CHF]
Taux d’intérêt : 8%
Durée de vie de l’installation : 20 ans
6.5 Exercices
1. Une villa, d’une surface au sol de 150 m2 et munie d’une chaudière à gaz, possède un
indice de dépense énergétique de chauffage de 500 MJ/m2.an. L'investissement de la
chaudière étant de 12’000 Sfr. et celui de la cheminée de 6’000 Sfr., quel est le prix de
revient du kWhth utile ?
A quelle différence (au niveau de la structure du prix de revient du kWh) pourrait-on
s’attendre dans le cas d’une installation industrielle ?
Données :
Amortissement de la chaudière : 15 ans
Amortissement de la cheminée : 30 ans
Taux d’intérêt : 7%
Prix du combustible : 0,036 Sfr./kWh
188
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
7 DIAGNOSTIC
7.1 Introduction
7.1.1 Objets et objectifs des mesures
Une fois le bâtiment réalisé ou pour un bâtiment existant à réhabiliter, des mesures sont né-
cessaire autant pour savoir si le bâtiment fonctionne comme prévu que pour contrôler sa
bonne marche au cours du temps. Ces mesures peuvent avoir plusieurs buts et peuvent être
classées par objectif de la mesure ou par objet mesuré:
OBJECTIFS OBJETS
Analyse statistique grossière Environnement (météorologie)
Première analyse du bâtiment Bâtiment dans son ensemble
Analyse détaillée du bâtiment Enveloppe du bâtiment
Mise en service Prestations aux usagers
Contrôle de fonctionnement Systèmes énergétiques complets
Recherche Sous systèmes
L'ensemble des mesures possibles pour ces différents buts est important . Il faut admettre qu'à
l'heure actuelle (2001), la plupart des mesures nécessaires, en particulier lors de la mise en
service, ne sont pas vraiment effectuées.
Il est important, avant d'effectuer une mesure, de définir l'objectif ou le but de la mesure ainsi
que l'objet à mesurer. Sans cette précaution, on risque d'effectuer des mesures inutiles ou
d'obtenir des résultats inutilisables.
La mesure donne la réponse, mais quelle est la question?
Dans ce chapitre, nous allons passer rapidement en revue quelques méthodes de mesure spéci-
fiquement utiles pour le contrôle de fonctionnement d'une habitation du point de vue énergé-
tique ou souvent envisagées, voire utilisées pour le diagnostic de défauts de fonctionnement.
189
7 - DIAGNOSTIC
7.1.3 Mesures pour la mise en service
Ces mesures sont nécessaires pour vérifier si les installations techniques sont correctement
montées et fonctionnent convenablement. Notons que seul un cahier des charges joint à la
mise en soumission, clair et précis en ce qui concerne les performances requises des installa-
tions permet ensuite d'exiger que ces exigences soient remplies. Ce cahier des charges devrait
notamment mentionner les performances qui doivent être mesurées lors de la mise en service.
Mentionnons notamment:
Sur l'installation d'eau chaude classique, le contrôle de la température de l'eau (50 à 55 °C)
qui doit être ni trop basse, ni trop haute (plus de pertes, plus de corrosion).
On demandera au responsable du brûleur à mazout ou à gaz de procéder à un réglage op-
timum, et de fournir la mesure du rendement de combustion (température des gaz de fu-
mée et taux de CO2). Ce rendement doit être conforme aux prescriptions fédérales.
On lui demandera aussi de procéder au litrage du brûleur à mazout, de façon à connaître
son débit, pour pouvoir mesurer la consommation au moyen du compteur d'heures de
fonctionnement branché sur la vanne d'admission de combustible.
En mesurant la consommation de la chaudière sans connecter ni l'eau chaude, ni le chauf-
fage, on peut déterminer les pertes de maintien en température. Ces pertes devraient être
négligeables par rapport à la puissance consommée moyenne.
Dans le cas d'un chauffage central à eau, on fera procéder à l'équilibrage du réseau de dis-
tribution par l'installateur. En principe, cet équilibrage est compris dans les prestations de
l'installateur, mais il est utile de contrôler qu'il est réellement effectué.
Une mesure des débits réels et la détection de fuites et de court circuits est utile dans les
installations de ventilation, surtout si elles sont de grande dimension.
190
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
consommation effective permet de détecter des défauts de fonctionnement, et une interpréta-
tion subtile permet de placer un diagnostic sur les causes des défauts.
15%
10%
5%
0% IDE
0 250 500 750 1000 1250 1500 1750 2000 2250 2500
Figure 7.1: Distribution des IDE en Suisse pour les villas, des immeubles locatifs, des écoles
et des hôpitaux en Suisse.
Cette mesure simple a surtout un but statistique servant en première analyse. La comparaison
de cet indice avec les valeurs statistiques connues permet de savoir si le bâtiment est un gros
ou un petit consommateur.
191
7 - DIAGNOSTIC
Les maisons suisses ont un indice moyen de 800 à 900 MJ/m². Une maison bien isolée devrait
atteindre la moitié de ce chiffre. Une maison solaire passive bien conçue ne devrait pas dépas-
ser 300 MJ/m² et se situer plutôt autour de 200 MJ/m².
P0
Pente Hg
θ lim
Pb
θe
0
192
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
193
7 - DIAGNOSTIC
7.3 Thermographie
7.3.1 Principe
Une thermocaméra, ou caméra infrarouge, permet de montrer sur un écran une image du
rayonnement thermique émis par les surfaces observées dans la bande de 2 à 40 microns de
longueur d'onde, donc, dans une certaine mesure, d'en déterminer la température. La thermo-
graphie est utilisée dans le bâtiment pour détecter les défauts d'isolation, l'emplacement des
conduites de chauffage (notamment de chauffage par le sol) et la détection des fuites.
1.6 °C 11.6 °C
Figure 7.5: Humidité dans un coin de pièce, refroidis-
Figure 7.4: Thermographie de la sant la paroi par évaporation
façade d'un immeuble.
Figure 7.6: Vue vers le coin formé par les Figure 7.7: Même vue, l'intérieur étant en
façades et le plafond - toiture d'une villa, dépression. Le refroidissement à l'endroit des
pression normale . fuites est très net.
194
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Notons qu'il est pratiquement exclu de mesurer l'isolation thermique à l'aide d'une caméra
thermographique. En effet, la température de surface dépend non seulement du flux de chaleur
traversant la paroi, mais aussi du transfert de chaleur entre la surface et l'ambiance, qui peut
être très variable, car il dépend du vent. Il dépend aussi de la géométrie de cette surface (rugo-
sité, angles).
qr 4 εσT 4 4
Tc = = =T ε
4 (7.7)
σ σ
C'est donc une image de la température de couleur ou température apparente de la surface.
Une zone à faible émissivité (surface métallique par exemple) apparaîtra donc plus froide
qu'elle n'est en réalité. De plus, une surface polie réfléchit le rayonnement qu'elle reçoit, et ce
rayonnement réfléchi, qui apparaît aussi sur l'image, n'a aucune relation avec la température
de la surface. L'interprétation des terminographies demande donc une certaine expertise, et en
tous cas une compréhension des phénomènes en cause. Pour obtenir une bonne image, il est
nécessaire de peindre les surfaces métalliques (peu importe la couleur) ou de les recouvrir de
feuille plastique autocollante avant de les observer.
La température de la surface observée peut dépendre de nombreux phénomènes: sources de
chaleur sous-jacentes, défaut d'isolation, évaporation d'eau, rayonnement solaire ou autre
incident sur la surface, etc. Il convient donc, dans l'interprétation, de différencier ces causes et
de ne pas prendre une cause pour une autre. Par exemple, une façade ventilée apparaît tou-
jours froide, vue de l'extérieur, car le bardage est ventilé par l'air extérieur. Ceci ne signifie
pas du tout qu'elle est bien isolée ou exempte de défauts (qui devraient être visibles de l'inté-
rieur).
Enfin, cette méthode est relativement chère, autant par le coût du matériel (de l'ordre de
100'000 Fr.) que du temps de travail nécessaire. Ce n'est pas une panacée, et son utilisation
peut être comparée à celle du scanner en médecine: il sert à confirmer un diagnostic ou détec-
ter des défauts supposés.
195
7 - DIAGNOSTIC
1. Si on est sûr que l'exécution et les matériaux d'isolation sont conformes aux plans, le coef-
ficient U s'obtient aisément par le calcul selon SIA 180.
2. La structure réelle de l'élément de construction, à savoir l'épaisseur des différentes couches
et les matériaux utilisés pour chaque couche peut être déterminée par un sondage. On peut
par exemple forer un trou de 10 mm de diamètre et examiner les couches au moyen d'un
endoscope. On est alors ramené au cas précédent, et on détermine le coefficient U par le
calcul. Cette méthode donne peu de renseignements sur la qualité réelle des matériaux iso-
lants.
3. Enfin, si les méthodes 1) et 2) ne peuvent pas s'appliquer, on peut mesurer simultanément
le flux de chaleur et les températures intérieure et extérieure, et en déduire le coefficient U.
Le calcul du coefficient U sur la base de plans ou d'un sondage ne pose pas de difficultés
particulières et est décrit en détail dans SIA 180 ou au § 3.1. Cette méthode est la plus rapide
et la plus proche des règles donnant des valeurs limites. Il est recommandé de l'utiliser chaque
fois que c'est possible, c'est-à-dire tant que l'on peut s'assurer de la composition de l'élément
de construction par témoignages dignes de foi ou par un sondage. Cette méthode ne s'applique
pas si l'on a des doutes sur la qualité ou l'état des matériaux isolants.
La méthode décrite ci-dessous est la méthode fluxmétrique, qui peut être utilisée dans les
autres cas.
7.4.2.1 Le fluxmètre
Un fluxmètre: est une sonde servant à mesurer la densité de flux thermique. Les sondes les
plus utilisées actuellement sont formées d'une plaque relativement mince et de senseurs per-
mettant de mesurer la faible différence de température apparaissant entre les deux côtés de la
plaque lorsque celle-ci est traversée par un flux de chaleur (Figure 7.8). Le signal électrique
délivré par les senseurs croît avec le flux de chaleur.
20 à 300 mm de diamètre ou de côté
2 à 5 mm
Plaque de matériau
d'épaisseur
Thermomètre différentiel
196
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
au travers des parois de la boîte est nul, et toute la puissance de chauffage part dans l'élément
mesuré.
7.4.3 Mesure
On enregistre le signal donné par le fluxmètre et les températures de surface intérieure et
extérieure. Il peut être utile d'enregistrer simultanément les températures d'air intérieur et
extérieur et éventuellement l'ensoleillement de la façade ainsi que le vent. Ces mesures sup-
plémentaires permettent d'obtenir des informations sur les résistances de transfert superfi-
cielles.
197
7 - DIAGNOSTIC
dessous permettent toutefois d'obtenir des résultats malgré les fluctuations de flux et de tem-
pératures.
Si ce calcul est opéré après chaque mesure, on observe une convergence du coefficient U ainsi
obtenu vers une valeur quasi constante au fur et à mesure que la durée de mesure, donc le
nombre de mesures n augmentent.
Cette convergence ne signifie pas forcément que la valeur obtenue est égale au coefficient U
réel de l'élément. Seuls les critères ci-dessous permettent de s'assurer de la fiabilité du résul-
tat:
Pour les éléments légers, par exemple les vitrages, les panneaux-sandwich de façade et les
toitures légères, la moyenne des mesures prises entre quelques heures après le coucher du
soleil et le lever du soleil (que le ciel soit couvert ou non) donne un meilleur résultat que la
moyenne de toutes les mesures. En effet, le régime stationnaire peut s'établir pendant la nuit et
donner de bonnes valeurs. Pendant le jour, le rayonnement solaire peut perturber la mesure de
température sur la surface extérieure (sonde de température de teinte différente à celle de la
surface) et changer le coefficient de transfert superficiel.
Cette méthode ne convient pas pour les éléments lourds. En effet, dans les éléments à
moyenne ou haute inertie thermique, la durée de la nuit (où les températures sont relativement
stables) est insuffisante pour que le régime stationnaire s'établisse. Par contre, les variations
des conditions extérieures sont fortement amorties à l'intérieur et n'ont que peu d'action sur le
fluxmètre. Dans ce cas, seules des mesures de longue durée permettent d'obtenir des résultats
fiables. La durée nécessaire dépend des fluctuations de température intérieure (voir tableau 1).
Le seul critère intrinsèque (critère provenant de la mesure elle-même) permettant de s'assurer
de la fiabilité du résultat peut être obtenu de la manière suivante:
découper l'intervalle de mesure de durée t en plusieurs intervalles (par exemple 5) de du-
rée t/2, commençant à des instants différents (par exemple t = 0, t/8, t/4, 3/8 t et t/2)
calculer les diverses valeurs de U pour ces diverses périodes
si ces valeurs sont proches les unes des autres, la mesure est fiable. L'incertitude peut être
déterminée par l'intervalle de confiance de ces mesures.
Ce critère nécessite une période de mesure double du minimum théorique nécessaire mais
augmente nettement la confiance dans le résultat.
Pour les éléments lourds, il est essentiel que l'interprétation porte sur des mesures faites du-
rant un nombre entier de jours, c'est-à-dire durant un multiple de 24 heures.
198
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Les méthodes d'interprétation dynamiques utilisent un modèle dynamique de paroi (tel que le
modèle de Heindl), qui décrit la réponse de la paroi (les flux de chaleur) en fonction de l'évo-
lution des températures intérieure et extérieure. La structure de la paroi n'étant pas connue,
celle-ci est modélisée par plusieurs paramètres (capacité et résistances thermiques, constantes
de temps, etc.), l'un d'entre eux ou la combinaison de plusieurs d'entre eux étant le coefficient
U. Tous ces paramètres sont ajustés à l'aide des mesures enregistrées de manière à minimiser
la différence entre le flux de chaleur prédit par le modèle et celui mesuré au cours du temps.
Le coefficient U est l'un d'entre eux. L'expérience a montré que cette méthode permet d'obte-
nir, pour les parois lourdes, une mesure suffisamment précise en nettement moins de temps
que la méthode des moyennes.
199
7 - DIAGNOSTIC
V ln[C (t1 ) − C (t 0 )]
nL = = (7.9)
V t1 − t 0
où
nL est le taux de renouvellement d'air [h-1], à savoir le rapport du débit d'air neuf au volume
d'air dans la zone ventilée (c'est l'inverse de la constante de temps nominale)
ln le logarithme naturel ou népérien
C(t0) la concentration initiale en traceur
C(t1) la concentration après un temps t1-t0.
Méthode de la concentration constante de gaz traceur: Le gaz traceur est ici injecté en quanti-
té juste suffisante à maintenir la concentration C constante dans l'espace mesuré, supposé bien
brassé. Cette injection est donc contrôlée par un régulateur qui compare la concentration
mesurée dans la chambre à une consigne. Ainsi, le flux d'air frais est directement proportion-
nel au débit S de gaz injectée [m3/h]:
S
V = (7.10)
C
La méthode de l'injection constante est analogue à la précédente, la concentration pouvant
toutefois varier alors que le taux d'injection de traceur est maintenu constant. Cette dernière
méthode est très utile dans les installations de ventilation, dans lesquelles le débit peut facile-
ment être maintenu constant. En injectant le gaz traceurs à divers endroits (deux à 4 endroits,
suivant les besoins et le type d'installation) et en analysant la concentration de gaz traceurs en
plusieurs autres endroits, on peut déterminer tous les débits d'air traversant l'installation de
ventilation, y compris les fuites et les court-circuits éventuels (Figure 7.10).
On peut dire que la méthode la plus précise est la méthode à concentration constante, qui
demande toutefois du personnel qualifié et un matériel coûteux. Les méthodes du "decay" et à
injection constante sont plus simples et meilleur marché. L'utilisation simultanée de plusieurs
traceurs permet de mesurer non seulement le flux d'air frais mais aussi des flux d'air allant
d'une zone à l'autre (par exemple de la cuisine au salon). En tout état de cause, le prix du
matériel nécessaire est de l'ordre de Fr 10'000.- à 100'000.-, ce qui restreint actuellement
l'utilisation de ces méthodes.
Figure 7.10: Schéma d'une unité de traitement d'air, ainsi que du réseau nodal qui la modé-
lise. Les flèches représentent les flux d'air, les étoiles les endroits où l'on doit injecter des gaz
traceurs, et les cercles numérotés les endroits où l'air doit être analysé pour pouvoir détermi-
ner tous ces débits.
200
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
7 3.0
1200
Taux de renouvellement
6
1000 2.9
Log(débit) [m³/h]
5
Débit [m³/h]
800 2.8
d'air [/h]
4
600 3 2.7
400 2
2.6
200 1
0 0 2.5
0 20 40 60 1.0 1.2 1.4 1.6
Pression [Pa] Log(pression) [Pa]
Figure 7.12: Résultats des mesures et courbe ajustée en échelle logarithmique (à gauche) et
naturelle (à droite)
La relation entre le débit d'air et la différence de pression est représenté par l'équation de débit
empirique suivante:
V ln[C (t1 ) − C (t 0 )]
nL = = (7.11)
V t1 − t 0
V = D∆p n (1)
D coefficient de débit en m³/(h Pan)
∆p différence de pression en Pa
n exposant, compris entre 0,5 (régime turbulent) et 1 (régime laminaire).
201
7 - DIAGNOSTIC
Pour une pression de 4 Pa, le débit de fuite en m3/h est approximativement égal à l'aire équi-
valente exprimée en cm2.
La perméabilité spécifique de l'enveloppe est le débit d'air sous conditions normales et 4 Pa
de pression différentielle, rapporté à l'aire de l'enveloppe
V4
va,4 = (7.13)
Ae
où:
V débit d'air sous 4 Pa de pression différentielle, l'atmosphère étant aux conditions nor-
males (101 300 Pa et 0°C)
Ae aire de l'enveloppe entourant le volume chauffé, mesuré à l'extérieur, en m²
La
va,4,max [m3/h·m2] Table 7.1 donne les valeurs
li- Catégorie valeur limite valeur cible mite et les valeurs cible don-
nées par SIA 180 pour la
Bâtiments neufs 0,75 0.5 perméabilité à l'air des enve-
Bâtiments rénovés 1,5 1 loppes des bâtiments. Les
bâ- timents équipés de ventilation
mécanique à double flux doivent respecter les valeurs cibles.
va,4,max [m3/h·m2] Table 7.1: Valeurs limite
re- Catégorie valeur limite valeur cible commandées pour la perméa-
bi- lité à l'air des enveloppes des
bâ- Bâtiments neufs 0,75 0.5 timents. (SIA 180:1999)
Bâtiments rénovés 1,5 1
Un critère souvent utilisé (notamment dans l'ancienne version de SIA 180) est le débit d'air
traversant le bâtiment lorsque celui-ci est artificiellement pressurisé à une pression de 50 Pa,
divisé par le volume ainsi ventilé:
V (∆p = 50 Pa) Débit d' air sous 50 Pa de sur - ou sous - pression
n50 = = (7.14)
V Volume ventilé
202
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Pour estimer la perméabilité d'une enveloppe de bâtiment, nous ouvrons une porte ou une
fenêtre, par un jour sans vent, le bâtiment étant chauffé. A l'aide de petites bouffées de fumée
ou d'une flamme de bougie, nous examinons le courant d'air de bas en haut de l'ouverture. Au
niveau neutre, la flamme sera verticale et la fumée ne se déplacera pas. Dans un bâtiment sans
aucune fuite, dont l'enveloppe est parfaitement étanche, le niveau neutre se placera de lui
même à mi-hauteur de l'ouverture. Dans la moitié inférieure de l'ouverture , de l'air froid entre
et dans la moitié supérieure, de l'air chaud sort (Figure 7.13, gauche).
Figure 7.13: Illustration schématique de la méthode du niveau neutre. A gauche, pas de fuite,
à droite, fuite au-dessus de l'ouverture.
S'il existe une fuite au-dessus du niveau de l'ouverture, une partie de l'air entrant dans le
bâtiment le quittera par cette fuite, et ne ressortira donc pas par l'ouverture de mesure. Le
niveau neutre montera de manière à équilibrer les débits: l'aire de la partie de l'ouverture
située entre le niveau neutre et la mi-hauteur correspond à l'aire équivalente de la ou des
fuites. Si les fuites sont petites, on peut augmenter la sensibilité de la méthode en entrouvrant
la porte ou la fenêtre.
Si le niveau neutre est au-dessus ou au-dessous de l'ouverture de mesure, même lorsqu'elle est
grande ouverte, c'est que l'aire équivalente des fuites situées respectivement au-dessous ou au-
dessous de l'ouverture est supérieure à l'aire de l'ouverture.
7.7 Exercices
1. Quelles sont les valeurs de l'indice de dépense d'énergie (pour des logements) qui cor-
respondent à la moyenne suisse, à un bâtiment énergivore et à un bâtiment énergétique-
ment correct?
2. En interprétant une signature énergétique, que peut-on déduire d'une forte pente? d'une
grande dispersion des points? de la température sans chauffage?
3. Vous questionnez le propriétaires d'un bâtiment de 2 étages sur rez (300 m2 de surface
habitable brute) qui vous donne les indications suivantes: "Il restait 1000 litres de ma-
zout avant l'hiver précédent, j'ai acheté 9000 litres et il me restait 3000 l à la fin de la
saison de chauffage". Sa facture d'électricité pour une année se monte à Fr. 5'000.-. La
compagnie vous indique qu'elle pratique un tarif binôme comprenant une taxe fixe de
Fr. 1'000.- et un prix du kWh de 16 centimes. En ce qui concerne la consommation
d'énergie, que pouvez-vous déduire de ces informations et que proposez-vous au pro-
priétaire?
203
7 - DIAGNOSTIC
200
Puissance
moyenne
150
[kW]
100
50
-10 0 10 20
Températureextérieuremoyenne
5. Des mesures sur un bâtiment situé à Lausanne donnent une signature décrite par une
puissance à 0°C de 175 ± 5 kW et une pente de –14 ± 1 kW/K. Prédire la consommation
annuelle et son incertitude. Dans quelles conditions faut-il arrêter le chauffage?
6. Un bâtiment a été pressurisé au moyen d'un ventilateur, et on a mesuré les débits néces-
saires pour obtenir différentes pressions. Les résultats sont donnés ci-dessous:
Calculer les coefficients de perméabilité à l'air. Quel est le taux de renouvellement d'air
de ce bâtiment de 400 m3 si la différence de pression entre l'intérieur et l'extérieur est
de 5 Pa?
204
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
8 SYNTHESE, INTERACTIONS
Le bâtiment forme un tout incluant la structure, les installations et les occupants. Une action
sur l'un de ses composants peut avoir des effets secondaires sur d'autres composants. Dans ce
chapitre, nous examinons quelques-unes de ces interactions.
205
8 - SYNTHÈSE, INTERACTIONS
fRsi est le coefficient de température superficiel (voir 3.2.2), qui peut se calculer en tout
endroit et en tout temps en résolvant l'équation de la chaleur.
Pour éviter que l'humidité relative à la surface dépasse 80%, la pression de vapeur de l'air
intérieur ne doit pas dépasser 80% de la pression de vapeur saturante à la température de
surface intérieure:
pi,max = 0,8·ps(θs,i) [Pa] (8.2)
La pression de vapeur à l'extérieur est :
pe = ϕe psat(θe) [Pa] (8.3)
En admettant que l'humidité relative extérieure varie linéairement avec la température exté-
rieure, ce qui est approximativement le cas en Suisse:
ϕe = 75- 0,25·θe [%] (8.4)
la pression partielle de vapeur d'eau de l'air extérieur ne dépend plus que de sa température.
On en déduit le rapport de mélange:
Mw pe pe
xe = = 0.62198 [kg/kg] (8.5)
M a pa − p e pa − p e
où:
M est la masse molaire (indice e pour l'eau, a pour l'air)
pa est la pression atmosphérique (101'300 Pa en condition normale au niveau de la mer).
Le débit d'air minimum Vmin permettant d'éviter le risque de croissance de moisissures est:
S e,i
Vmin = [m³/h] (8.6)
ρ a ( xi − x e )
où:
Se,i est le débit de production de vapeur d'eau à l'intérieur [kg/h]
ρa est la masse volumique de l'air intérieur [kg/m²]
en résolvant cette équation, on obtient le rapport de mélange de l'air intérieur pour un débit
d'air et un débit de production d'humidité donnés:
S e ,i
xi = + xe [kg/kg] (8.7)
ρ V
a
6 Un débit d'air plus important peut être nécessaire pour éliminer la vapeur d'eau provenant d'autres sources (cuisine, lessive, etc.).
206
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Lors d'apparition de moisissures dans les appartements, il arrive souvent que le propriétaire
accuse le locataire de produire trop d'humidité ou de ne pas assez aérer, et le locataire attribue
les moisissures au manque d'isolation de l'immeuble.
La norme SIA 180 permet de départager facilement entre ces deux opinions contradictoires. Il
est en effet admis dans cette norme que l'humidité dans les logement ne devrait pas dépasser
une valeur limite, dépendant de la température (Figure 8.2). Cette limite est telle que le risque
de moisissure est nul si le bâtiment est correctement isolé, c'est à dire si, en aucun endroit de
l'enveloppe, le facteur de température est inférieur à 0,75.
40 1.0
Débit d'air minimum/personne
20
15 0.4
10 0.2 Température 16 °C
intérieure 20 °C
5 24 °C
0 0.0
-10 0 10 20 -20 -10 0 10 20
Température extérieure [°C] Température extérieure [°C]
Figure 8.1: Conditions permettant d'éviter les moisissures sur les parois extérieures.
Gauche: Débit d'air minimum par personne, à 20°C de température intérieure.
Droite: Facteur de température fRsi minimal à 15 m3/h et par personne.
90%
Humidité relative [%]
Température
80% extérieure
70% 17
15
60% 10
5
50% 0
-5
-10
40% -15
-20
30%
17 18 19 20 21 22 23
Température intérieure [°C]
Figure 8.2: Humidité maximale admissible dans les bâtiments en fonction des températures
intérieure et extérieure [d'après SIA 180]
Ainsi, si, en moyenne journalière, l'humidité relative intérieure dépasse régulièrement cette
limite, on peut attribuer à l'habitant la responsabilité des moisissures. Si, par contre, les moi-
sissures apparaissent en des endroits où le facteur de température superficiel est inférieur à
0,75, les moisissures résultent d'une isolation insuffisante.
207
8 - SYNTHÈSE, INTERACTIONS
l'extérieur. La vapeur d'eau tend donc à sortir du bâtiment pour rétablir l'équilibre. Les pas-
sages possibles sont
la convection au travers des fissures ou autres ouvertures
la diffusion au travers des matériaux poreux.
Pendant la saison froide, la vapeur allant vers l'extérieur se trouve dans un environnement de
plus en plus froid et l'air environnant peut se trouver à une température égale ou inférieure à
son point de rosée: la vapeur d'eau en excès condense soit en brouillard en suspension dans
l'air, soit en gouttelettes sur les surfaces proches.
Cette eau de condensation peut entraîner des dégâts (taches, moisissures, gel). Il est donc
important que la structure de l'enveloppe du bâtiment soit conçue de manière à éviter un excès
d'eau de condensation.
Pour éviter le transport de vapeur d'eau par convection, il est essentiel que l'enveloppe soit
étanche, et que la couche d'étanchéité se trouve dans une zone suffisamment chaude pour que
la vapeur d'eau ne condense pas sur cette couche. Cette "barrière à air" est essentielle dans les
constructions en bois, où le travail du bois peut facilement créer des fissures entre les élé-
ments de construction.
Sous-toiture
Crépi extérieur perméable
à la vapeur d'eau
ur
rie
ur
té
rie
In
té
Ex
Extérieur
Intérieur
Etanchéité à l'air
nécessaire
208
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
8.2.1 Énergie et matériaux
Chaque produit a besoin d'énergie pour passer du stade de matière brute à celui de produit
fini, transporté et posé. Le contenu énergétique du matériau est donc la quantité d'énergie
nécessaire pour extraire la matière première, la transformer en produit fini et pour les trans-
ports intermédiaires, rapportée à l'unité de poids ou de volume du matériau.
Chaque usine ou unité de production consomme de l'énergie sous deux formes:
sous forme directe, (carburants, électricité) pour le processus de fabrication
sous forme indirecte dans les matières premières, dans les machines de production (il a
fallu de l'énergie pour les fabriquer) et pour le transport et la vie de tous les jours des ou-
vriers.
La difficulté majeure dans la détermination du contenu énergétique est la délimitation du
système. En effet, suivant la méthode de calcul de ce contenu, on délimite plus ou moins
implicitement le système, avec des frontières dépendant de la méthode de calcul. Le choix de
la méthode de calcul dépend du but recherché, en particulier de la délimitation souhaitée.
Par exemple, pour calculer le contenu énergétique de la laine de verre (isolant de construc-
tion), on peut suivre plusieurs voies:
Méthode statistique : on suppose que le coût du matériau est en partie dû à la consommation
d'énergie. On peut déterminer grossièrement la part énergétique en divisant la consommation
d'énergie d'un pays par son produit national brut. On obtient ainsi un certain nombre de MJ/Fr
que l'on peut reporter sur tel ou tel produit. En Suisse, on a consommé (en 1982) 667'290 TJ
(1012J) pour un PNB de 107'500 MFr. Ceci nous donne 6.21 MJ/Fr (soit 0,58 Fr/kWh). Ainsi,
un mètre cube de laine de verre légère pesant 14 kg, coûtant Fr 100.- contiendrait donc 620
MJ.
Cette méthode, pour aisée qu'elle soit est cependant très grossière, la part énergétique dans le
produit final variant beaucoup d'un produit à l'autre. On peut l'améliorer en déterminant un
coefficient (MJ/Fr) pour chaque secteur industriel.
Méthode input-output : Dans les pays développés, on connaît statistiquement la quantité de
services, vecteurs énergétiques compris, provenant de chaque secteur industriel pour obtenir
directement une certaine quantité d'un bien ou d'un service donné. On a ainsi les données
nécessaire pour détailler la méthode statistique secteur par secteur. On peut alors obtenir le
contenu énergétique direct et indirect d'un produit donné (provenant d'un secteur industriel
donné) en sommant les parts énergétiques directes de tous les services entrant dans la fabrica-
tion de ce produit.
Méthode du processus : On peut enfin suivre le processus de production du produit du début à
la fin et comptabiliser les besoins énergétiques de chaque étape. Cette méthode est fastidieuse,
mais permet de délimiter exactement le système de production. De cette manière, on a obtenu
pour notre laine de verre 250 MJ/m3 ou 5 kWh/kg.
Ainsi, les valeurs des contenus énergétiques d'un matériau donné peuvent varier d'un facteur
deux, voire plus, suivant les méthodes utilisées.
209
8 - SYNTHÈSE, INTERACTIONS
Où:
Em = Σ Vi ei est le contenu énergétique des divers matériaux bruts utilisés dans le bâtiment.
Pour chaque matériau i de contenu énergétique ei, on a utilisé un volume Vi de matériau.
Er est l'énergie de réparation. C'est le contenu énergétique des matériaux devant être
remplacés pendant la durée de vie du bâtiment.
Ec est l'énergie nécessaire à la mise en place des matériaux ou énergie de construction.
Ed est l'énergie de destruction du bâtiment, à la fin de sa durée de vie. Ceci représente
environ 200 à 400 MJ par mètre carré de plancher ou 4 à 10 % de EI.
Erec est l'énergie récupérable après démolition. Cette énergie varie beaucoup suivant le
matériau. Il peut être réutilisé tel quel (tuiles, parquets), transformé (planches, poutres),
recyclé (acier, aluminium, verre), brûlé (bois, plastiques) ou simplement jeté (béton,
brique).
Le coût énergétique total varie beaucoup suivant le mode de construction. Pour les construc-
tions courantes, l'énergie indirecte est généralement plus faible que l'énergie directe, mais peut
être du même ordre de grandeur pour les immeubles à faibles besoins en chauffage. Les varia-
tions de consommation d'un extrême à l'autre sont très importantes: un facteur 10 pour l'opé-
ration et un facteur 3 pour l'énergie indirecte. Enfin, l'amélioration thermique (isolation, étan-
chéité, rendement d'installations) ne coûte pas cher en énergie.
210
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
8.3.2 Énergie et pollution
Toute activité engendre des déchets. De plus, un sous-produit devient un déchet s'il reste
inutilisé. En particulier, la consommation d'énergie, qui est en fait la transformation d'une
forme d'énergie en une autre, entraîne d'une part des pertes d'énergie, et produit d'autre part
des sous-produits non énergétiques qui peuvent modifier l'environnement de façon nuisible.
Les pertes d'énergie constituent une pollution thermique, qui entraîne une modification locale
du climat si cette pollution est de grande puissance (centrales thermiques, villes).
Les sous-produits entraînent une pollution chimique, qui a souvent des conséquences plus
graves que la pollution thermique. Il est difficile de comparer des pollutions chimiques diffé-
rentes entre elles. En effet, on peut aisément affirmer qu'un moteur diesel produit, à puissance
égale, moins de pollution par le plomb qu'un moteur à explosion. Par contre, il est difficile de
comparer une pollution par le CO2 ou le SO2 provenant d'une centrale à charbon à une pro-
duction de déchets radioactifs, par exemple, parce que les conséquences de ces deux pollu-
tions, très différentes l'une de l'autre, ne sont pas comparables.
En ce qui concerne les bâtiments, il faut mentionner que:
les fumées de toute combustion dans l'air contiennent du gaz carbonique, du monoxyde
de carbone, des oxydes d'azote et des imbrûlés toxiques.
Les fumées de mazout et de charbon contiennent en plus du SO2.
la transformation d'énergie primaire en énergie finale entraîne une pollution au niveau de
l'usine de transformation (raffinerie, centrale thermo-électrique) et qu'il en est de même du
transport.
Des pollutions sont causées par la fabrication de matériaux de construction.
De ce fait, l'utilisation rationnelle de l'énergie s'impose non seulement pour des raisons finan-
cières ou politiques (dépendance de l'étranger), mais encore plus à cause des dégâts causés à
l'environnement dans lequel nous devons vivre. Il est fort probable que la contrainte écolo-
gique soit plus forte que la contrainte économique ces prochaines années.
211
8 - SYNTHÈSE, INTERACTIONS
L'isolation des conduites permet d'amener la chaleur là où on en a besoin et au niveau de
température souhaité, donc d'assurer une meilleure répartition de la chaleur tout en dimi-
nuant les pertes de distribution.
D'autres exemples peuvent être cités (Table 8.1), mais on constate que l'on a déjà fait le tour
des conditions nécessaires pour utiliser au mieux l'énergie finale entrant dans le bâtiment, et
qu'à chaque étape on améliore les conditions de confort.
212
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
8.4 Exercices
Humidité, isolation et aération
1. Pourquoi, en hiver, la buée se dépose-t-elle plus facilement sur des vitrages simples que
sur des vitrages doubles?
2. Quelle isolation faut-il donner à une cave à fromages pour éviter la condensation sur les
parois? Les fromages doivent être à 12°C et 95% d'humidité relative. La température
minimale extérieure à considérer est 0°C..
3. Un propriétaire vous demande une expertise visant à déterminer les causes d'apparition
des moisissures dans son immeuble locatif. Vous enregistrez température et humidité
pendant une semaine et observez les résultats suivants:
Endroit de mesure Température moyenne Humidité relative moyenne
Extérieur 0 70%
Locataire 1 23 55
Locataire 2 20 48
Des moisissures s'observent chez ces deux locataires dans les embrasures de fenêtres et
aux coins des pièces. Qu'en déduisez-vous?
5. L'acier inoxydable coûte actuellement environ 4.-/kg. Comparer son contenu énergé-
tique obtenu par la méthode statistique avec le contenu donné ci-dessus, obtenu par la
méthode du processus.
213
9 - SOLUTIONS DES EXERCICES
2. Calculer la quantité de chaleur nécessaire pour chauffer l'eau d'une douche (environ 20
litres à 40°C) et la puissance qu'il faut pour un débit de 6 litres par minute.
La chaleur spécifique de l'eau est 4180 J/(kg·K). L'eau froide arrive à environ 10 °C, et doit
donc être chauffée de 30 K. pour chauffer 20 litres (donc 20 kg) , il faut:
Q = 20·4180·30 = 2.5 MJ ou 0,7 kWh
6 l/minute correspondent à 0,1 kg/s. La puissance nécessaire est alors
Φ = 0,1·4180·30 = 12'540 W soit environ 12,5 kW.
2. Peut-on satisfaire les exigences de confort de tous les spectateurs dans un théâtre?
Non. Il restera en moyenne environ 5 % d'insatisfaits, dans le meilleur des cas. 2.5% auront
trop froid et 2.5 % auront trop chaud.
3. Est-il possible d'assurer les conditions de confort idéales pour une place de travail?
Oui. Pour cette personne, on peut (et il faut) ajuster les conditions à sa demande.
4. Estimer la quantité d'eau perdue par jour par un être humain ayant une activité nor-
male (environ 120 W) dans le Sahara à une température de 37 °C à l'ombre d'un para-
sol. La chaleur latente d'évaporation de l'eau est 2,5 MJ/kg.
Dans ces conditions externes, la seule solution pour éliminer les 120 W est de transpirer. 120
W correspondent à 120 J/s, donc:
120 J / s
Quantité d'eau de transpiration = = 48 10-6 kg/s,
2'500'000 J / kg
soit 173 g/heure ou plus de 4 litre par jour.
214
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
de rosée (à 11.5°C environ), et on doit condenser 0,7 g/kg d'air refroidi, soit environ 0,6 g/m3
d'air refroidi, puisque cet air a une masse volumique de 1.2 kg/m3.
6. On obtient les votes suivants relatifs au confort thermique d'une salle de réunion: 2
votes "+2", 15 votes "+1", 14 votes "0", 5 votes "-1" et 1 vote "-2". Déterminer le vote
moyen et la fraction prévisible d'insatisfaits (PPD).
2 ⋅ 2 + 15 ⋅ 1 + 14 ⋅ 0 − 5 ⋅ 1 − 1 ⋅ 2
La moyenne vaut: = 0,32 et le PPD correspondant est de 7%
2 + 15 + 14 + 5 + 1
(voir Figure 2.2)
8. En supposant un habillement de 1 clo, une activité de 1.4 met et une humidité relative
moyenne, on mesure au confort-mètre un PMV de +1 dans une chambre chauffée par le
sol et dont l'air est à 20 °C . Que faire pour améliorer cette situation ?
A un clo et 1.4 met, la température opérative idéale est de 20°C. L'inconfort n'est donc pas du
à un air trop chaud ou froid, mais à une température opérative trop élevée, qui résulte de la
haute température du sol. Pour l'améliorer, il suffit d'abaisser cette température, ce qui abais-
sera aussi, une fois l'équilibre atteint, la température de l'air.
215
9 - SOLUTIONS DES EXERCICES
L'augmentation de teneur en eau tolérée est la différence entre celle de l'air intérieur (7,6 g/kg
à 1,15 kg/m3 soit 8,7 g/m3) et celle de l'extérieur (3 g/kg ou 3,7 g/m3), donc 5 g/m3. Comme la
source a une intensité de 2·60 g/h, le débit d'air frais nécessaire est de 2·60/5 = 24 m3/h.
Le débit le plus élevé est nécessaire pour éliminer les odeurs. Cet air éliminera aussi bien le
CO2 que la vapeur d'eau. Il faut donc un débit d'air frais de 1650 m3/h. La moquette est la
grande coupable. En supprimant moquette et fumée, on n'aurait besoin que de 34 l/s ou 122
m3/h.
2. Quelle est l'épaisseur d'isolant cohérente avec un vitrage double sélectif moderne?
Selon la
Type de vitrage Simple Double Triple Confort HIT
Transmission thermique [W/m²K] 6à8 2,5 à 3 2à3 1,6 à 2 0,6 à 0,7
Épaisseur d'isolant cohérente [cm] 1à3 6 à 10 10 à 15 15 à 20 Optimal
Table 3.5 (redonnée ci-dessous), 15 à 20 cm, soit presque l'épaisseur optimale (économique).
4. Les coefficients de transmission thermiques d'un vitrage simple et d'un vitrage isolant
double sont respectivement 6 et 3 W/m²K, en tenant compte d'un coefficient de transfert
superficiel intérieur de 8 W/m²K. Pour des températures intérieure et extérieure respec-
tives de 20 °C et 0°C, à quelles sont les humidités relatives intérieures limites aux-
quelles on observera de la condensation sur ces vitrages?
La température de la surface intérieure du vitrage, θsi sera, à l'équilibre thermique, telle que le
flux de chaleur qui entre dans la paroi soit égal au flux qui la traverse:
hi (θi - θsi) = U (θi - θe)
si θi et θe sont respectivement les températures ambiantes intérieure et extérieure. On en tire:
216
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
θ si = θ i −
U
(θ i − θ e )
hi
ce qui donne respectivement 5°C et 12.5°C pour nos deux vitrages. A la limite de la conden-
sation, ces températures correspondent au point de rosée de l'air ambiant. En utilisant le dia-
gramme psychrométrique, on trouve qu'il y aura donc condensation à partir de 40% d'humidi-
té relative pour le vitrage simple, et 65% pour le vitrage double.
217
9 - SOLUTIONS DES EXERCICES
La moyenne des deux résistances extrêmes vaut ½*(2,778+2,607)=2,692
Le coefficient U final vaut donc 0,37 W/(m²·K), et non pas 0,32 qui est la valeur pour la
partie isolée.
8. Les parties pleines d'une façade sont composées des couches suivantes:
Matériau Épaisseur d Conductibilité ther- Résistance R=d/λ
[cm] mique λ [m2K/W]
[W/(m·K)]
Crépi intérieur 1 1 0,01
Brique creuse 22 0,44 0,5
Isolant ? 0,036
Brique creuse 22 0,44 0,5
Crépi extérieur 2 1 0,02
9. On entend souvent dire que l'isolation excessive nuit à la qualité de l'air dans un bâti-
ment. Qu'en pensez-vous?
218
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Il ne faut pas confondre isolation thermique et étanchéité. Une bonne isolation thermique ne
peut qu'améliorer la qualité de l'environnement intérieur. Une étanchéité correcte de l'enve-
loppe permet de contrôler les débits d'air et d'éviter les courants d'air. Il faut toutefois veiller à
assurer l'aération du bâtiment au moyen d'ouvertures ou de systèmes de ventilation (mais ces
systèmes ou ouvertures n'ont aucune relation avec l'isolation).
10. Faut-il enlever les joints des fenêtres modernes pour assurer une aération convenable
dans un logement?
Non, car, pour contrôler l'aération, l'enveloppe doit être aussi étanche que possible. Par contre,
il faut prévoir des ouvertures de ventilation ad hoc.
12. Calculer le débit d'air passant au travers d'une porte intérieure ouverte de 1 m de large
et 2 m de haut, lorsque la différence de température entre les deux pièces attenantes est
de 2 degrés (pas de vent).
En utilisant l'équation (3.79), et en admettant que la température ambiante est de 20°C (293
K), on obtient:
1 gH (Ta − Text ) 1 9,81 ⋅ 2 ⋅ (2 )
m = ρ ext HWC d = 1,16 ⋅ 2 ⋅ 1 ⋅ 0,6 = 0,16 kg/s
3 Text 3 293
soit 530 m³/h. Notons que ce débit augmente avec la racine de la différence de température.
13. Un bâtiment a deux ouvertures. L'ouverture basse, à hauteur zéro, est carrée de 1 m de
côté. L'ouverture haute, placée à 5 m de haut, mesure 1 m de large et 2 m de haut. Où
se trouve le niveau neutre? Quel est le débit d'air si la différence de température entre
l'intérieur et l'extérieur est de 2 degrés (pas de vent).
Les ouvertures ont respectivement 1 et 2 m² d'aire. En utilisant l'équation (3.77), et en admet-
tant que la température ambiante est de 20°C (293 K), on obtient:
H 5,5
h= 2
= 2
= 1,1 m
T A 291
2
1 + e 2 1+
Ti A1 293 1
Le niveau neutre est donc 1,1 m sous le milieu de la fenêtre haute, donc à 4,9 m de hauteur.
Le débit est calculé en utilisant l'équation (3.78):
219
9 - SOLUTIONS DES EXERCICES
2. Calculer la puissance nécessaire pour chauffer un débit d'air de 10 m³/h (débit mini-
mum convenable pour une personne) de 0 à 20°C. Calculer l'énergie nécessaire pour
maintenir l'air intérieur à 20°C, toujours avec le même débit, pendant la saison d'hiver
à Lausanne (température extérieure moyenne 4 °C, durée 7 mois)
Puissance nécessaire pour chauffer de 0 à 20°C
kg J m³ h
P = ρ c V ΔT = 1,2 ·1000 ·20 K·10 · = 6,67 W
m³ kg·K h 3600 s
Pour chauffer de 4 à 20°C, la puissance ne sera que le 4/5 de la valeur précédente, soit 5,33
W. Pour toute la saison, qui dure 7 mois·30,5 jours/mois·24h/jour·3600 s/h = 18'446'400 s, on
consommera 98,38 MJ ou 27,3 kWh.
3. Quels sont les gains solaires bruts (sans correction pour l'utilisation) d'une fenêtre
orientée au sud, d'une surface totale de 2 m² munie d'un cadre en bois dur de 68 mm
d'épaisseur qui occupe 25% de cette surface et d'un vitrage double avec couche sélec-
tive? Le bâtiment, non ombragé, est situé à Lausanne. Calculer les gains pour le mois
de février.
L'aire réceptrice équivalente d'une fenêtre, est calculée par:
As = A FS FF g = 2·1·0,75·0,67= 1 m²
en admettant qu'il n'y ait ni rideaux ni ombrage. Le coefficient g se trouve en 11.10.
Le rayonnement solaire total reçu en façade sud février à Lausanne est 216 MJ/m². Comme
cette fenêtre a une surface équivalente de 1 m², les gains bruts se montent à 216 MJ ou
60kWh, soit plus que les déperditions (voir exercice 1).
220
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
couche absorbante placée derrière l'isolation transparente a un coefficient d'absorption
pour le rayonnement solaire de 90%.
Le coefficient de transmission thermique Ue de l'isolation transparente vaut 0,9 W/(m²K), y
compris la résistance superficielle extérieure (voir 11.10.1). Le coefficient U du mur complet
vaut:
1
U= = 0,76 W/(m²K).
0,15 1
0,13 + +
1,8 0,9
Les apports solaires d'une paroi opaque avec isolation transparente se calculent alors par :
U 0,76
Qs = A FS FF α gTI Is= 2·1·1· 0,9 0,8 216 = 262 MJ
Ue 0,9
6. Calculer le bilan thermique d'une pièce située au milieu de la façade sud d'un immeuble
lausannois. La paroi de 5 m sur 3 a un coefficient de transmission thermique de 0,4
W/m²K dans sa partie opaque et comporte deux vitrages isolants doubles sélectifs avec
cadre en bois de 1.5 m sur 2. La pièce est un bureau occupé par une personne pendant
8 h par jour. Cette personne utilise un ordinateur consommant 300 W. La saison de
chauffage dure 203 jours, à une température extérieure moyenne de 3.9 °C. La façade
sud reçoit, pendant cette saison, 1630 MJ/m². Caractéristique du vitrage isolant double
sélectif: U = 1.6 W/m²K, g = 0,6. Pourcentage de cadre: 20 %, transmission thermique
du cadre: 2 W/m²K. Faire une hypothèse raisonnable pour le taux de renouvellement
d'air.
La saison de chauffage dure 203 jours, à une température extérieure moyenne de 3.9 °C. La
façade sud reçoit, pendant cette saison, 1630 MJ/m².
Caractéristique du vitrage isolant double sélectif: K = 1.6 W/m²K, g= 0,6
Pourcentage de cadre, 20%, transmission thermique du cadre: 2 W/m²K
Pertes spécifiques par la paroi opaque (5·3 - 2·1.5·2)·0.4· = 3.6 W/K
Pertes par le vitrage 6 m² (1.6 0,8 + 2·0.2)W/m²K = 10.8 W/K
Pertes par transmission = 14.4 W/K
Aération: pour une personne, il faut au minimum 17 l/s ou 61 m3/h, ce qui correspondrait à un
débit spécifique de 1/h si le bureau a 60 m3, c'est à dire 4 m de profondeur. Adoptons ce débit.
Dans ce cas, les pertes spécifiques par ventilation sont:
0.017 m3/s*1200 J/m3 = 20.4 W/K
soit des pertes spécifiques totales de 34 W/K. Sur la saison de chauffage, ceci correspond à un
besoin en chaleur de:
34 (20-3.9) 203·24·3600 =9601 MJ
Les gains solaires représentent 6 m²·0.6·0.8·1630 = 4695 MJ
Et les gains internes: (120 + 300) W 8 h/j· 210 j ·3600 s/h = 2540 MJ
221
9 - SOLUTIONS DES EXERCICES
Total des gains 7235 MJ
Le rapport gains/pertes vaut 0,72 ce qui, dans un bâtiment lourd avec une bonne régulation
correspond à un facteur d'utilisation de 0,9. Le besoin annuel net en chaleur vaut donc
9601 - 0,9·7235 = 3490 MJ
ou 174 MJ/m² si le bureau a bien 20 m² de surface de plancher. Notons que le besoin réel en
énergie onéreuse est plus élevé, si on inclut les 1750 MJ provenant de l'ordinateur.
Si l'on réduisait le débit de ventilation de moitié, ce qui correspond à un débit d'air spécifique
de 0,5 par heure, les pertes ne seraient que de 7029 MJ, le facteur d'utilisation vaudrait 0,8 et
le besoin en chaleur net serait de 7029 - 0,8·7235 = 1240 MJ
Il faut toutefois remarquer que, dans ce cas, un plus grand pourcentage des visiteurs de ce
bureau serait incommodé par l'odeur de l'occupant.
2. En interprétant une signature énergétique, que peut-on déduire d'une forte pente? d'une
grande dispersion des points? de la température sans chauffage?
Une forte pente correspond à une forte dépendance de la température extérieure, donc à une
mauvaise isolation ou une mauvaise étanchéité à l'air.
Une grande dispersion des points révèle des influences sur la consommation d'énergie qui ne
sont pas prises en compte dans le modèle, donc autres que la température extérieure. Ce peut
être le rayonnement solaire (bâtiment solaire passif), le vent (bâtiment peu étanche), des
occupants versatiles, un concierge maladroit dans la conduite de sa chaufferie.
La température de non chauffage est d'autant plus basse que la température intérieure de
consigne est plus basse et que les gains (internes et solaires) sont plus élevés.
3. Vous questionnez le propriétaire d'un bâtiment de 2 étages sur rez (300 m2 de surface
habitable brute) qui vous donne les indications suivantes: "Il restait 1000 litres de ma-
zout avant l'hiver précédent, j'ai acheté 9000 litres et il me restait 3000 l à la fin de la
saison de chauffage". Sa facture d'électricité pour une année se monte à Fr. 5'000.-. La
compagnie vous indique qu'elle pratique un tarif binôme comprenant une taxe fixe de
Fr. 1'000.- et un prix du kWh de 16 centimes. En ce qui concerne la consommation
d'énergie, que pouvez-vous déduire de ces informations et que proposez-vous au pro-
priétaire?
La consommation annuelle de mazout est de 1'000 + 9'000 - 3'000 litres, soit 7'000 litres,
correspondant à 252'000 MJ. A ceci s'ajoute sa consommation d'électricité, soit 5000 - 1000 =
Fr. 4000.- pour Fr. 0,16 par kWh, soit 25'000 kWh ou 90'000 MJ. L'indice de dépense d'éner-
gie vaut donc:
252' 000 + 90' 000MJ = 1140 MJ/m²
300 m²
222
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Il est nettement trop élevé, et une étude supplémentaire s'impose afin d'en déterminer les
raisons et y remédier.
200
Puissance
moyenne
150 [kW]
100
50
-10 0 10 20
Températureextérieuremoyenne
La puissance à -10°C, qui est la température minimale à Lausanne, vaut environ 170 kW. La
chaudière de 300 kW est donc nettement trop grosse. L'indice de dépense d'énergie vaut:
25'000 × 42.7
= 1334 MJ/m²
4 × 10 × 20
ce qui est nettement exagéré.
La consommation d'été, en moyenne 25 kW, sert en principe à produire de l'eau chaude. Cet
immeuble peut avoir 8 appartements (deux par étage), soit environ 32 personnes (4 par appar-
tement), qui consomment en moyenne 50 l/j chaque, ou 32·50/86400 = 0,0185 l/s, qu'il faut
chauffer de 10 à 50 °C. La puissance nécessaire vaut:
Peau chaude = 0,0185[kg/s]·(50-10)[K]·4180[J/(kg·K)] = 3096 [J/s] ≈ 3 kW
La différence entre la consommation réelle (25 kW) et la puissance utile (3 kW) représente
des pertes exagérées, notamment pour maintenir la trop grosse chaudière en température.
La signature énergétique illustrée correspond à une consommation à 0°C de 100 kW et une
pente de 5 kW/K. Cette pente correspond aux pertes spécifiques de l'immeuble, qui valent:
H = Σ Ui Ai + ρ c n V
où A représente les surfaces des éléments d'enveloppe de transmission thermique U, ρ et c
respectivement la masse volumique et la chaleur spécifique de l'air (1200 J/(m3·K) ensemble),
n le débit d'air spécifique et V le volume habité.
Le volume est approximativement de V = 20·10·4·2.5 = 2000 m3 et la surface d'enveloppe
vaut
A = (10·20) + 4·2.5·2(10+20) = 800 m².
On a donc H = 5000 = <U> 800 + 1200 n 2000/3600 = <U> 800 + n·667
Si le coefficient de transmission thermique moyen <U> est raisonnable, soit moins de 1
W/m²K, le taux de renouvellement d'air n doit être d'au moins 6/h pour satisfaire l'équation.
Un tel débit n'est pas raisonnable. Si, par contre, on adopte un débit d'air spécifique de 1/h,
qui est à la limite du raisonnable dans les logements, le coefficient <U> devrait valoir 5.4
W/m²K, ce qui est pratiquement impossible (c'est celui d'une serre horticole à simple vitrage).
Ce bâtiment peut avoir des problèmes d'isolation et d'étanchéité, mais ces défauts ne peuvent
pas tout expliquer. Le faible rendement d'été fait porter les soupçons sur la chaudière, qui doit
avoir un faible rendement. Ceci est corroboré par son surdimensionnement.
223
9 - SOLUTIONS DES EXERCICES
On notera les nombreux enseignements que l'on peut tirer d'une simple signature et de
quelques renseignements sommaires. Toutefois, une étude plus détaillée du bâtiment s'im-
pose, pour déterminer les mesures à prendre.
5. Des mesures sur un bâtiment situé à Lausanne donnent une signature décrite par une
puissance à 0°C de 175 ± 5 kW et une pente de –14 ± 1 kW/K. Prédire la consommation
annuelle et son incertitude. Dans quelles conditions faut-il arrêter le chauffage ?
En intégrant la puissance au cours de l'hiver, on obtient la consommation annuelle
E = [Po Jch - S (<Ti> Jch - DJ)] en kWjour
Lausanne présente 203 jours de chauffage et 3268 degrés-jour. La consommation prévisible
vaut donc:
E = (175 ± 5 [kW])·203 -(14 ±1 [kW/K])·(203·20 - 3268) [K jour]
= (24 500 ± 1800) kWjour
En multipliant par 24 [h/jour], on obtient le résultat final:
E = 590 000 ±40 000 kWh.
ou encore, en multipliant par 3,6 (il y a 3,6 MJ dans un kWh):
E = 2'120'000 ± 140'000 MJ
La température de non chauffage est obtenue lorsque la puissance de chauffage est nulle, à
savoir quand:
175
0 = 175 - 14 Te donc Te = = 12,5 °C
14
La puissance minimale nécessaire à Lausanne doit permettre de chauffer le bâtiment par une
température extérieure de - 10 °C, soit:
P = 175 - 14*(10) = 315 kW
Toutefois, si la température extérieure moyenne, vaut -10°C, elle peut être nettement plus
basse en pointe (par exemple -15°C). De ce fait, il est prudent d'ajouter une marge de sécurité
de 20%, donc d'adopter une puissance de 380 kW.
Il faut remarquer que ce dimensionnement expérimental se base sur les performances d'un
bâtiment existant, avec sa chaudière actuelle, qui peut être elle même très peu performante. En
conséquence, la signature énergétique permet d'indiquer si la chaudière existante est sur di-
mensionnée, mais ne donne qu'une estimation de la taille de la chaudière idéale. Si la chau-
dière est de forte puissance (donc si son coût le justifie) un calcul complet de dimensionne-
ment, selon les normes en vigueur, reste nécessaire.
6. Un bâtiment a été pressurisé au moyen d'un ventilateur, et on a mesuré les débits néces-
saires pour obtenir différentes pressions. Les résultats sont donnés ci-dessous:
Calculer les coefficients de perméabilité à l'air. Quel est le taux de renouvellement d'air
de ce bâtiment de 400 m3 si le ∆p entre l'intérieur et l'extérieur est de 5Pa?
L'équation caractéristique est Q = C ∆pn, où C et n sont les coefficients de perméabilité à
déterminer. En prenant le logarithme, on a ln Q = ln C + n ln ∆p, soit, pour les trois mesures:
ln 300 = ln C + n ln 10 soit 5,7 = ln C + n·2,3
ln 500 = ln C + n ln 20 6,21 = ln C + n·2,99
ln 800 = ln C + n ln 50 6,68 = ln C + n·3,91
Ce système surdéterminé peut être résolu par la technique des moindres carrés et donne:
224
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
n = 0,6 et C = 77 m3/h.
1000
Débit [m3/h]
800
600
400
200
0
0 10 20 30 40 50
Pression [Pa]
Les mesures et la courbe qui en résulte sont illustrées ci dessus. A 5 Pa le débit vaut 77·50.6 =
177 m3/h, soit un débit d'air spécifique de 177/200=0,88 m/h, soit moins que la limite donnée
2. Quelle isolation faut-il donner à une cave à fromages pour éviter la condensation sur
les parois? Les fromages doivent être à 12°C et 95% d'humidité relative. La tempéra-
ture minimale extérieure à considérer est 0°C..
Le point de rosée de l'air à 12°C et 95% d'humidité relative est de 11,2 °C (Figure 2.11 ou
application successive des équations ( 2.22), ( 2.26)et ( 2.24)). Il faut donc que le facteur de
température superficie (voir 3.2.2 page 47) soit supérieur à:
θ si − θ e 11, 2 − 0
f Rsi = ≥ =0,918
θi − θ e 12 − 0
en utilisant la valeur conventionnelle Rsi = 0,13 m²K/W. pour avoir une petite marge, on
posera une isolation telle que U = 0,5 W/m²K.
3. Un propriétaire vous demande une expertise visant à déterminer les causes d'apparition
des moisissures dans son immeuble locatif. Vous enregistrez température et humidité
pendant une semaine et observez les résultats suivants:
225
9 - SOLUTIONS DES EXERCICES
Des moisissures s'observent chez ces deux locataires dans les embrasures de fenêtres et
aux coins des pièces. Qu'en déduisez-vous?
En examinant la Figure 8.2 page 207, on voit que l'humidité relative est trop élevée chez le
locataire 1. On peut en déduire que les moisissures proviennent de son comportement inadé-
quat: il n'aère pas assez ou humidifie trop. Toutefois, l'humidité relative est juste correcte chez
le locataire 2. Il s'ensuit que les moisissures résultent d'un défaut d'isolation du bâtiment
(ponts thermiques), ce qui n'excuse pas le comportement du locataire 1.
5. L'acier inoxydable coûte actuellement environ 4.-/kg. Comparer son contenu énergé-
tique obtenu par la méthode statistique avec le contenu donné ci-dessous, obtenu par la
méthode du processus.
En utilisant les statistiques de 1982 (page 85 du polycopié), on consomme en Suisse 6,21 MJ
par franc de PNB. En utilisant ce ratio, l'acier inoxydable contiendrait 4·6,21 MJ = 24.8
MJ/kg ou 6.9 kWh/kg. Ce chiffre est relativement proche du contenu de 9 kWh/kg obtenu par
la méthode du processus. Ce n'est de loin pas le cas pour n'importe quel matériau. Le mazout,
par exemple, coûte Fr 0,40 par kg, ce qui donnerait un contenu énergétique de 0,7 kWh/kg,
alors qu'en réalité le mazout "contient" 10 kWh/kg.
226
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
10 BIBLIOGRAPHIE
Cette bibliographie ne prétend pas être exhaustive. Elle ne contient que les documents impor-
tants que l'auteur a consultés pour rédiger cet ouvrage.
10.1 Généralités
Roulet C.-A., Énergétique du bâtiment I et II. Presses Polytechniques et Universitaires Ro-
mandes, Lausanne, 1987
Collectif: Énergie au futur. Éditions d'En bas, Lausanne, 1997
Collectif Renewable Energy: A Ressource Pack for Tertiary Education, édité en 1994 par
The Open University, Walton Hall, Milton Keynes MK7 6AA, UK
LESO Cours d'énergétique du bâtiment, module e-learning, 2006 (http://leso.epfl.ch,
sélectionner "Cours bachelor et master", puis "enerbat")
227
10 - BIBLIOGRAPHIE
EN ISO 10077 Fenêtres, portes et fermetures - Coefficient de transmission thermique -
Méthode de calcul.
EN ISO 10211-1 Ponts thermiques - Calcul des températures superficielles et des flux ther-
miques - Partie 1: Méthodes de calcul générales
EN ISO 10211-2 Ponts thermiques - Calcul des températures superficielles et des flux ther-
miques - Partie 2: Calcul des ponts thermiques linéaires.
EN ISO 13370 Performance thermique des bâtiments - Échanges thermiques avec le sol -
Méthode de calcul.
EN ISO 13786 Thermal performance of building components - Dynamic thermal character-
istics - Calculation method
EN ISO 13789 Thermal performance of buildings - Transmission heat loss coefficient -
Calculation method
EN ISO 14683 Ponts thermiques dans les bâtiments - Calcul des flux thermiques et des
températures superficielles - Méthodes simplifiées et valeurs utiles conven-
tionnelles.
Les normes européennes et ISO peuvent s'obtenir auprès de l'Association Suisse de Normali-
sation (ASAN/SNV) à Zurich ou auprès de la SIA.
SIA 180, Isolation thermique dans le bâtiment. SIA, Zurich, 1999
SIA 380/1, Energie dans le Bâtiment. SIA, Zurich, 2000
SIA 381/1, Caractéristiques des matériaux de construction. SIA, Zurich, 1981
228
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
11 ANNEXES
11.1 Pression de saturation de la vapeur d'eau en Pa
v température
g/m³ °C .0 .1 .2 .3 .4 .5 .6 .7 .8 .9
0.6 -25 63 63 62 61 61 60 59 59 58 58
0.6 -24 70 69 68 68 67 66 66 65 64 64
0.7 -23 77 76 76 75 74 73 73 72 71 70
0.7 -22 85 84 83 82 82 81 80 79 79 78
0.8 -21 94 93 92 91 90 89 88 87 87 86
0.9 -20 103 102 101 100 99 98 97 96 95 95
1.0 -19 113 112 111 110 109 108 107 106 105 104
1.1 -18 125 124 122 121 120 119 118 117 116 115
1.2 -17 137 136 134 133 132 131 129 128 127 126
1.3 -16 150 149 148 146 145 144 142 141 140 138
1.4 -15 165 164 162 161 159 158 156 155 153 152
1.5 -14 181 179 178 176 174 173 171 170 168 167
1.7 -13 198 196 195 193 191 189 188 186 184 183
1.8 -12 217 215 213 211 209 207 206 204 202 200
2.0 -11 237 235 233 231 229 227 225 223 221 219
2.1 -10 259 257 255 253 250 248 246 244 242 239
2.3 -9 283 281 279 276 274 271 269 266 264 262
2.5 -8 309 307 304 301 299 296 294 291 289 286
2.7 -7 338 335 332 329 326 323 320 318 315 312
3.0 -6 368 365 362 359 356 353 350 347 344 341
3.2 -5 401 398 394 391 388 384 381 378 375 371
3.5 -4 437 433 430 426 422 419 415 412 408 405
3.8 -3 475 471 467 464 460 456 452 448 444 441
4.1 -2 517 513 508 504 500 496 492 488 483 479
4.5 -1 562 557 553 548 544 539 535 530 526 521
4.8 -0 610.5 605 600 596 591 586 581 576 571 567
4.8 0 610.5 615 619 624 629 633 638 642 647 652
5.2 1 656 661 666 671 676 681 685 690 695 700
5.6 2 705 710 716 721 726 731 736 741 747 752
5.9 3 757 763 768 774 779 785 790 796 802 807
6.4 4 813 819 824 830 836 842 848 854 860 866
6.8 5 872 878 884 890 897 903 909 915 922 928
7.3 6 935 941 948 954 961 968 974 981 988 995
7.7 7 1001 1008 1015 1022 1029 1036 1043 1051 1058 1065
8.3 8 1072 1080 1087 1094 1102 1109 1117 1125 1132 1140
8.8 9 1148 1155 1163 1171 1179 1187 1195 1203 1211 1219
9.4 10 1227 1236 1244 1252 1261 1269 1278 1286 1295 1303
10.0 11 1312 1321 1330 1339 1347 1356 1365 1374 1384 1393
10.7 12 1402 1411 1421 1430 1439 1449 1458 1468 1478 1487
11.3 13 1497 1507 1517 1527 1537 1547 1557 1567 1577 1588
12.1 14 1598 1608 1619 1629 1640 1651 1661 1672 1683 1694
12.8 15 1705 1716 1727 1738 1749 1760 1772 1783 1794 1806
13.6 16 1818 1829 1841 1853 1864 1876 1888 1900 1912 1925
14.5 17 1937 1949 1962 1974 1987 1999 2012 2025 2037 2050
15.4 18 2063 2076 2089 2102 2116 2129 2142 2156 2169 2183
16.3 19 2196 2210 2224 2238 2252 2266 2280 2294 2308 2323
17.3 20 2337 2352 2366 2381 2396 2411 2426 2440 2456 2471
18.3 21 2486 2501 2517 2532 2548 2563 2579 2595 2611 2627
19.4 22 2643 2659 2675 2692 2708 2724 2741 2758 2774 2791
20.5 23 2808 2825 2842 2860 2877 2894 2912 2929 2947 2965
21.7 24 2983 3001 3019 3037 3055 3073 3092 3110 3129 3148
23.0 25 3166 3185 3204 3223 3243 3262 3281 3301 3320 3340
24.3 26 3360 3380 3400 3420 3440 3461 3481 3502 3522 3543
25.7 27 3564 3585 3606 3627 3648 3670 3691 3713 3735 3756
27.2 28 3778 3800 3823 3845 3867 3890 3912 3935 3958 3981
28.7 29 4004 4027 4050 4074 4097 4121 4145 4169 4193 4217
30.3 30 4241 4266 4290 4315 4340 4364 4389 4415 4440 4465
229
11 - ANNEXES
Le tableau précédent et l'annexe 11.2 ont été calculés à l'aide des formules suivantes:
4000
90%
3500
Pression de vapeur [Pa]
80%
3000 70%
60%
2500
50%
2000
40%
1500
30%
1000
20%
500
0
-10 -5 0 5 10 15 20 25 30
Température [°C]
Exemple : L'air à 20°C et 50% d'humidité relative a une pression de vapeur d'eau de 1170 Pa
environ; son point de rosée est à environ 9.3°C.
230
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
Profondeur de
Conductance
Conductivité
pénétration
dynamique
Capacité de
Diffusivité
volumique
spécifique
spécifique
thermique
thermique
thermique
stockage
Chaleur
Masse
Matériau kg/m³ J/kg.K W/m.K mm²/s mm W/m²K kJ/m²
Béton 2400 1000 1,80 0,75 144 17,7 487
Béton cellulaire 600 1000 0,17 0,28 88 2,70 75
Mortier 1900 1000 1 0,53 120 11,7 320
Plot de ciment 1200 1000 0,70 0,58 130 7,8 215
Brique 1100 940 0,44 0,43 108 5,8 160
Plâtre 1200 830 0,58 0,58 130 6,5 180
Molasse 2200 940 2,0 0,97 160 17,3 480
Acier 7850 830 58 8,89 490 165 4560
Aluminium 2750 830 204 89,4 1570 184 5060
Verre 2500 720 0,81 0,45 110 10,3 280
Sapin 500 2500 0,15 0,12 57 3,7 100
Laine minérale 100 1000 0,04 0,40 100 0,5 15
Polystyrène expansé 20 1370 0,04 1,46 200 0,3 8
Eau 1000 4180 0,59 0,14 62 13,4 370
Neige 500 2000 0,69 0,67 140 7,1 200
Air immobile 1 1000 0,03 21 772 0,1 1
Pour les grandeurs dynamiques, la période est 24 heures ou 86'400 secondes.
231
11 - ANNEXES
232
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
11.6.1 BERNE
11.6.2 LAUSANNE
233
11 - ANNEXES
11.6.3 LUGANO
Altitude 276 m Jours de chauffage : 176
Température mini. pour le dimensionnement des installations : - 2 °C
Te DJ Ih Is Ie Io In Ts
Janvier 1,9 561 166 323 109 109 47 8,4
Février 3,9 451 235 327 145 145 59 7,8
Mars 7,3 394 381 385 214 214 79 7,9
Avril 11,5 255 486 331 257 257 104 8,9
Mai 15,4 143 589 306 292 292 126 10,9
Juin 19,1 27 665 313 326 326 148 12,9
Juillet 21,4 0 702 351 350 350 140 14,0
Août 20,4 0 588 382 308 308 122 15,9
Septembre 17,6 72 417 376 239 239 79 14,9
Octobre 13 217 279 349 167 167 65 12,9
Novembre 7,3 381 160 269 103 103 32 10,9
Décembre 2,8 533 134 293 103 103 36 9,4
Hiver 5,2 2597 1421 1875 862 862 399
11.6.4 SION
Altitude 549 m Jours de chauffage : 195
Température mini. pour le dimensionnement des installations : - 7 °C
Te DJ Ih Is Ie Io In Ts
Janvier -0,6 639 122 237 80 80 47 6,4
Février 2,1 501 204 284 126 126 60 5,8
Mars 5,5 449 333 336 187 187 90 5,9
Avril 10,4 288 488 332 258 258 112 6,9
Mai 14,3 177 555 288 275 275 134 8,9
Juin 18,0 62 581 273 285 285 141 10,9
Juillet 19,5 16 593 296 295 295 144 12,9
Août 18 62 519 337 272 272 118 13,9
Septembre 15,7 129 400 360 229 229 85 12,9
Octobre 10,8 285 257 321 154 154 73 10,9
Novembre 4,9 453 152 256 98 98 32 8,9
Décembre -0,4 632 103 225 79 79 35 7,4
Hiver 3,7 3185 1513 1809 893 893 503
11.6.5 ZURICH
Altitude 569 m Jours de chauffage : 219
Température mini. pour le dimensionnement des installations : - 8 °C
Te DJ Ih Is Ie Io In Ts
Janvier -1,1 654 114 222 75 75 36 5,4
Février 0,9 534 187 260 115 115 47 4,8
Mars 3,7 505 336 340 189 189 90 4,9
Avril 8,6 342 448 305 237 97 5,9
Mai 12,2 242 584 304 290 290 122 7,9
Juin 15,8 126 654 307 320 320 137 9,9
Juillet 17,5 77 660 330 329 329 126 11,9
Août 16,4 112 582 378 304 304 108 12,9
Septembre 14,3 171 390 351 223 223 83 11,9
Octobre 9,8 316 234 293 140 140 54 9,9
Novembre 4,2 474 113 189 72 72 25 7,9
Décembre -0,9 648 78 171 60 60 25 6,4
Hiver 3,5 3615 1739 1868 999 999 420
234
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
pente
Mars
Août
Nov.
Dec.
Avr.
Fev.
Sep.
Oct.
Juin
Part
Mai
Jan.
Jul.
20% 31,0 2,08 1,60 1,46 1,08 0,95 0,82 0,94 1,07 1,39 1,67 2,16 2,41
46,5 2,42 1,75 1,52 1,06 0,87 0,74 0,86 1,04 1,45 1,84 2,52 2,86
61,0 0,61 1,8 1,49 0,98 0,77 0,65 0,77 0,96 1,41 1,91 2,73 3,15
40% 31,0 1,82 1,47 1,38 1,05 0,93 0,80 0,92 1,03 1,31 1,53 1,94 2,11
46,5 2,11 1,58 1,41 1,02 0,85 0,73 0,84 1,00 1,34 1,66 2,22 2,46
61,0 2,25 1,61 1,37 0,94 0,76 0,65 0,75 0,92 1,30 1,70 2,37 2,67
60% 31,0 1,63 1,33 1,29 1,01 0,91 0,79 0,90 1,00 1,24 1,39 1,71 1,82
46,5 1,81 1,40 1,30 0,98 0,84 0,72 0,83 0,97 1,25 1,48 1,91 2,06
61,0 1,89 1,41 1,25 0,90 0,69 0,64 0,74 0,89 1,20 1,49 2,02 2,21
80% 31,0 1,40 1,21 1,21 0,97 0,90 0,82 0,89 0,97 1,17 1,25 1,49 1,67
46,5 1,51 1,24 1,19 0,93 0,82 0,71 0,82 0,93 1,16 1,30 1,62 1,67
61,0 1,54 1,22 1,13 0,86 0,74 0,64 0,73 0,85 1,10 1,28 1,67 1,73
235
11 - ANNEXES
Type de vitrage Uv gp gg τ
Vitrage simple VS 5,6 0,82 0,84 0,9
Vitrage simple VS, avec couche sélective IR 4,3 0,66 0,69 0,73
Double vitrage (DV) avec air sec 2,9 0,69 0,75 0,81
Double vitrage (DV) avec argon 2,7 0,69 0,75 0,73
Double fenêtre (2 SV) 2,7 0,69 0,75 0,81
DV avec vitrage absorbant la lumière 1 2,9 0,44 0,48 0,4
DV avec vitrage absorbant la lumière 2 2,8 0,29 0,31 0,18
DV avec vitrage absorbant la lumière 3 2,5 0,19 0,21 0,07
DV avec vitrage réfléchissant 1 2,9 0,3 0,33 0,4
DV avec vitrage réfléchissant 2 2,8 0,26 0,28 0,18
DV avec vitrage réfléchissant 3 2,5 0,15 0,16 0,07
HIT: deux films #55 entre deux simples vitrages 0,44 0,14 0,16 0,27
HIT: deux films #77 entre deux simples vitrages 0,63 0,3 0,34 0,51
HIT: deux films #88 entre deux simples vitrages 0,69 0,42 0,48 0,63
DV avec couche sélective et air sec 1,6 0,62 0,67 0,78
DV avec couche sélective et argon 1,3 0,62 0,67 0,7
DV avec couche sélective et xénon 0,9 0,58 0,63 0,76
DV avec couche sélective et réfléchissante 1 1,9 0,3 0,33 0,4
DV avec couche sélective et réfléchissante 2 1,8 0,26 0,28 0,18
Double, double vitrage DV 1,5 0,59 0,53 0,66
Triple vitrage (TV) avec air sec 2 0,62 0,7 0,74
Triple vitrage (TV) avec argon 1,9 0,62 0,7 0,71
TV avec 2 couches sélectives et air sec 1,1 0,43 0,5 0,68
TV avec 2 couches sélectives et argon 0,9 0,43 0,5 0,56
TV avec 2 couches sélectives et xénon 0,4 0,42 0,48 0,64
Pavé de verre 3 0,6 0,65 0,75
Uv:coefficient de transmission thermique pour un vitrage placé entre l'intérieur chauffé et
l'extérieur
gp:coefficient de transmission global pour le rayonnement solaire perpendiculaire au vitrage
gg:idem, pour le rayonnement solaire global, climat européen.
Fr:facteur de réflexion.
Type d'isolation Ue gp gg
5 cm isolation nid d'abeille derrière SV 1,4 0,75 0,83
10 cm isolation nid d'abeille derrière SV 0,9 0,72 0,8
20 cm isolation nid d'abeille derrière SV 0,55 0,66 0,73
5 cm isolation nid d'abeille derrière DV 1,4 0,67 0,74
10 cm isolation nid d'abeille derrière DV 0,9 0,64 0,71
Ue:coefficient de transmission thermique de l'isolation transparente seule
gp:coefficient de transmission global pour le rayonnement solaire perpendiculaire à la paroi
gg:idem, pour le rayonnement solaire global, climat européen.
Fr:facteur de réflexion.
(LESO-EPFL, 1996)
236
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
237
11 - ANNEXES
238
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
239
12 - INDEX
12 INDEX
coefficients ...................... 43 de chauffage .................. 112
A combustible ..... 83, 113, 215 finale .............................. 107
concentration ............. 18, 19 solaire ...................... 96, 152
absorption (facteur d') ...... 98 concentration constante . 178 utile ................................ 107
accumulateur de chaleur 134 condensation .................... 53 énergie et
acoustique ........................ 38 conditions harmoniques ... 65 confort. .......................... 189
admittance thermique 66, 69 matériaux ....................... 187
conductance thermique pollution ........................ 189
aération ................ 23, 74, 93 périodique ............. 66, 69
âge de l'air ...................... 143 enthalpie .......................... 94
conduction, ........................ 3 enveloppe du bâtiment .... 26
air . .................................. 23 conductivité thermique .... 43
air (qualité de l') ............... 17 épaisseur efficace ............ 71
apparente ......................... 28
aire de fuite équivalente. 179 épaisseur optimale d'isolant
conduits de ventilation..... 80
aire réceptrice équivalente97 .................................... 39
confort ............................... 9
apports solaires ................ 96 équation
thermique .......................... 9
approximation quasi- de Bernoulli ..................... 78
constante de temps......... 103 de Fanger ......................... 11
stationnaire .................. 87 nominale ........................ 143 de la chaleur .................... 50
asséchement de l'air ....... 142 constante des gaz parfaits 19 de Poisson........................ 50
contrôle des débits ........... 25 équipement de mesure ... 167
B convection ................... 3, 44 espaces non chauffés ....... 90
Bernoulli (équation de) .... 78 couche.............................. 43 étanchéité à l'air ......... 26, 36
besoin brut ....................... 85 couches homogènes ......... 45 évaporation-condensation.. 3
besoin net ......................... 85 courants d'air ................... 14
béton cellulaire ................ 32 F
bibliographie .................. 205 D
facteur
bilan énergétique ............. 83 débit d'air ....................... 177 d'amortissement ............... 70
bilan radiatif................... 100 pur ................................... 23 d'amplitude ...................... 69
boîte chaude ................... 174 décrément logarithmique177 de conversion................. 213
bords des vitrages ............ 58 délimitation de température superficielle
budget énergétique global du système ....................... 84 .................................... 54
................................... 186 spatiale ............................ 84 Fanger (équation de)........ 11
temporelle........................ 84 fenêtres .................... 57, 213
C densité de flux de chaleur .. 4 fibres minérales ............... 35
déperditions ............... 83, 88 fluide caloporteur .......... 113
capacité thermique .... 66, 70, au travers du sol .............. 90 flux
103 par renouvellement d'air .. 93 de chaleur ................ 46, 111
caractéristiques thermiques par transmission .............. 88 d'énergie .......................... 85
dynamiques ................. 62 détection des fuites d'air 173 fluxmètre ....................... 174
chaleur ..................... 3, 4, 24 diagramme
chaudières ...................... 113 de Sankey ........................ 85
psychrométrique .............. 20
G
chauffage
de l'air............................ 141 diffusion de vapeur d'eau. 30 gains ................................ 83
de piscines ............. 135, 153 diffusivité thermique . 50, 63 internes .......................... 101
chauffe-eau à thermosiphon dimensionnement........... 150 solaires ....................... 96, 97
................................... 135 durée de vie ................... 216 gaz
chauffe-eau solaire. 133, 153 carbonique ....................... 23
coefficient E parfaits ............................. 19
d'absorption ................... 131 traceur ............................ 177
de décharge ..................... 78 eau chaude ..................... 112 gradients de température . 16
de déperditions par échangeur de chaleur94, 113
transmission ............... 89 effet de cheminée....... 75, 77 H
de pression ...................... 76 efficacité de la ventilation
de Siegert ...................... 117 ................................... 143 habillement ...................... 14
de transmission énergétique effusivité .......................... 63 Heindl (matrice de).......... 67
.................................... 97 éléments de construction . 42 H-m ............................... 171
de transmission thermique émissivité ......................... 43 humidité relative.............. 19
...................... 42, 46, 173
énergétique du bâtiment .... 1
U . ........................ 46, 173
énergie
240
ENERGÉTIQUE DU BÂTIMENT
I O quasi-stationnaire ............ 87
IDE .................... 2, 169, 217 occupant .................... 9, 101
R
impureté........................... 17 odeurs .................. 22, 23, 24
indice de dépense d'énergie olf .................................... 22 rapport de mélange .......... 21
...................... 2, 169, 217 ombrage ........................... 98 rayonnement ................ 3, 43
inertie thermique .... 96, 103, ouvertures de ventilation . 79 diffus ............................. 129
146, 147 oxygène ........................... 23 direct ............................. 129
injection constante ......... 178 rayonnement solaire ..... 128,
installation P 213
de chauffage ...................111 récupération de chaleur ... 94
solaire ............................133 paroi réflexion (facteur de)....... 98
installations techniques . 107 homogènes ...................... 35 réfrigération................... 152
intensité de turbulence..... 15 radiantes ........................ 144 refroidissement de l'air .. 141
ventilées .......................... 36
irradiance ......................... 97 refroidissement passif ... 145
perméabilité
isolant .............................. 28 à l'air.............................. 179
régime stationnaire .......... 43
isolation de l'enveloppe ............... 179 rendement...................... 113
extérieure .........................56 spécifique ...................... 180 de ventilation ................. 143
extérieure compacte .........37 pertes rendement
intérieure ....................53, 56 de maintien en température global............................. 112
transparente ............100, 214 .................................. 120 rendement
moyennes ...................... 120 de combustion ............... 117
L par les gaz brûlés ........... 117 rendement
thermiques externes ...... 119 annuel ............................ 120
lame d'air ................... 45, 68 rendement
thermiques internes ....... 119
lames d'air piscines .......................... 153 de chaudière .................. 120
ventilées ...........................45 rendement
liège ................................. 32 plancher ........................... 36
PMV ................................ 10 optique........................... 131
loi des gaz parfaits ........... 19 rénovation ......................... 3
point de rosée .................. 20
pol.................................... 22 résistance
M polluant...................... 18, 25 à la chaleur ...................... 30
masse volumique ............. 19 polyéthylène .................... 32 au feu ............................... 29
mécanique ....................... 30
matériau polystyrène ................ 32, 35 superficielle ............... 43, 72
d'isolation .........................28 polystyrène extrudé ......... 35 thermique .................. 43, 46
fibreux..............................31 polyuréthanne ............ 32, 35
matrice de Heindl ............ 67 pompes à chaleur ........... 121
mélange total ................. 144 S
pont thermique ................ 47
mesures.......................... 167 géométrique .................... 48 Sankey (diagramme) ....... 85
de consommation ...........169 linéaire ............................ 49 serres ............................... 98
en cours d'exploitation ...168 matériel ........................... 48 SIA 180 .... 2, 26, 55, 58, 59,
pour la mise en service ..168 ponctuel ........................... 49 60, 61, 62, 180, 205, 206
métabolisme .................... 12 pourcentage prévisible SIA 180/4 ...................... 217
météorologiques ............ 211 d'insatisfaits................. 10 SIA 380/1 55, 58, 59, 60, 61,
Méthode H-m ................ 171 pouvoir calorifique 118, 215 62, 101, 206
MINERGIE ........................ 58 PPD ................................. 10 Siegert ........................... 117
modèle ppm.................................. 19 signature énergétique .... 170
de ventilation ...................75 pression solaire passif.................... 96
d'ordonnance ....................58 atmosphérique ................. 19
nodal ................................75
solaires (gains) ................ 97
de vapeur saturante ......... 20
moisissure........................ 53 stabilité dimensionnelle... 30
partielle ........................... 19
mole ................................. 18 Stefan Bolzmann ............. 43
profondeur de pénétration
mousse Stockage saisonnier ....... 136
.............................. 64, 68
de verre ............................32 Surfaces de captage ......... 97
protection
isolante .......................32, 35 incendie ........................... 38 surfaces inclinées .......... 213
multicouches ................... 42 solaire ...................... 96, 147
puissance nominale ....... 117 T
N PVC ................................. 32 taux
niveau neutre ................... 77 de charge ....................... 121
Q de couverture solaire ..... 153
de renouvellement d'air . 178
qualité de l'air ............ 17, 74 d'utilisation .................... 102
241
12 - INDEX
température transport de chaleur ....... 142 ventilation nocturne ....... 146
de couleur ...................... 173 turbulence ........................ 15 vérandas........................... 98
du sol ............................... 17 vitrages .......................... 214
opérative.......................... 12 U volume molaire................ 19
radiante............................ 12 vote moyen prévisible ..... 10
thermographie ................ 172 urée-formaldéhyde..... 32, 36
thermosiphon ................. 135 W
tirage .......................... 75, 77 V
toiture Weiersmuller ................. 120
inversée ........................... 35
vapeur d'eau ......... 19, 23, 24
plate................................. 35 vecteur énergétique.......... 85
Z
ventilée ............................ 36 vent .................................. 75
transmission (facteur de) . 98 ventilateur ........................ 75 zones mortes .................. 144
transmission thermique .... 42 ventilation en piston ...... 144
242