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Le stress : un objet d’étude pertinent pour les sciences

sociales ?

Le mot stress trouve ses origines dans l’ancien français « estrece » ou « estresse » du verbe «
estrecier ». Le stress est lié à un processus d’envahissement émotionnel, conséquence d’une
pression externe ou interne, ressentie comme une tension à réduire.

Définition :

C’est l’ensemble de réactions biologiques, physiologiques et psychologique d’alarme, de


mobilisation et de défense de l’individu face à une agression, une menace ou une situation vécue
comme telle. Un état de stress intervient lorsque ‘il y a déséquilibre entre la perception qu’une
personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a dès ses
propres ressources pour y faire face.

Le stress un objet de recherche controversé 

Au cœur de l’actualité et des débats, le concept de stress dans le monde a fait l’objet de
nombreuses recherches en psychologie, en médecine mais aussi en sociologie.

L’intérêt d’une approche macro-sociale :

Le stress ne dépend plus seulement des contraintes extérieures, mais il est médiatisé par des
problèmes émotionnels, sociaux et cognitifs. Le stress dépend de la façon de faire face à la
situation, autrement dit il dépend du coping possible et mis en place.

1. L’appel au modèle du claim making proccess :

Ce processus d'institutionnalisation progressive du haut du mot « stress » nous guide pour


appréhender ce phénomène dans une perspective macro-sociale pour comprendre les bases
historiques de sa propagation.

La théorie du claim making processmobilisée par M. Loriol met en avant que l'institutionnalisation
d’un phénomène peut se comprendre en trois étapes :

1ére étape : le phénomène est découvert par un professionnel ou par un mouvement associatif.

2éme étape: consiste en une entreprise de morale, c’est à dire une popularisation du phénomène
pour l’imposer peu à peu comme problème social majeur, pour diffuser le phénomène et lui
donner une légitimité nous appuyons sur L’organisation de congrès, le lancement d’enquêtes et de
protocoles de recherche ou encore le lobbyingauprès d’expertset des pouvoirs public.

3éme étape :repose sur l’institutionnalisation de la nouvelle définition : où elle devient stable,


prévisible, consensuelle, voire objectivée dans des textes à caractère officiel (inscription dans une
liste officielle, introduction dans les manuels de médecine, …). La nouvelle définition fait alors
partie intégrante de la réalité sociale et s’impose aux acteurs. L’institutionnalisation est aussi
souvent une phase de fermeture des débats sur la nature du problème en question.

2. Application du terme « stress » au modèle

Hans Selye publie, en 1956, « The stress of life » (Le Stress de la vie) et y décrit le mécanisme du
syndrome d’adaptation, c’est-à-dire « l’ensemble des modifications qui permettent à un organisme
de supporter les conséquences d’un traumatisme naturel ou opératoire ».

Il dépeint un syndrome réactionnel endocrinien comportant trois phases consécutives :

- La phase d’alarme 
- La « phase de réaction »
- La « phase d’épuisement »

C’est ce qu’il appelle le syndrome général d’adaptation ou le stress.

Poursuivant ses recherches, il développe le concept d’ « Eustress ». Ce terme inventé se compose


de deux parties : le préfixe « eu », vient du mot grec qui signifie « bien » ou « bon ». Accolé au
mot stress, il signifie littéralement « bon stress ».

Hans Selye montre finalement que le phénomène de stress est un dispositif de vigilance salvatrice
et que la sur-vigilance est dommageable lorsque la quantité de demandes dépasse la capacité de
réponse du sujet.

L’apport d’Hans Selye est majeur : il parle de stress négatif (défavorable) et de stress positif
(favorable) et laisse entrevoir que par le développement des compétences individuelles et
collectives, il est possible de transformer un stress négatif en stress positif.

3. La base documentaire de l’OIT

Tablau1 : La diffusion du mot « stress » dans les écrits liés au travail

années Avant 1960 1960 1970 1980 1990 2000


occurrences 9 67 139 418 534 320
Base de données Labordoc (OIT).
L’émergence du mot a commencé sa véritable poussée dans les dernières années, augmentant
rapidement à partir des années 1980 pour ralentir son ascension dans les années 2000. La baisse de
son occurrence dans les années 2000 correspond à son apparition au sein des politiques publiques
nationales.

L’apport d’une enquête microsociale

Objectif : mettre en évidence les conséquences à l’échelle locale de l’utilisation grandissante d’un
terme perçu comme intrinsèquement subjectif.

1. Conditions de l’enquête et méthodologie

France Télécom faisait la une de tous les médias après le suicide de plusieurs de ses salariés et
sept anciens dirigeants de l’entreprise étaient poursuivis pour harcèlement moral.C’est dans ce
contexteune série d’entretiensau cours desquels ont été interrogés les différents acteurs de cette
politique(direction et management, ressources humaines, cabinetd’experts, médecin du travail,
syndicats)cette étude développe l’idée que le terme stress, est avant tout une construction sociale
que les acteurs utilisent pour défendre leurs enjeux propres.

2. Description de la perception du stress des différents acteurs et comment le gérer

La direction et le management :le stress est un phénomène social que le salarié doit apprendre à
gérer, maîtrisé, et contrôlé.

Pour la direction, le stress étant un phénomène social général,

- L’organisation de l’entreprise n’est pas à remettre en question, Ainsi le stress doit-il être
géré en interne car le sujet est « confidentiel »
- Grande adversité, l’audace invraisemblable et l’agressivité ces résultats produisent
nécessairement un stress colossal

Les ressources : parlent de manière récurrente de stress positif et de stress négatif et insistent sur
l’aspect subjectif du phénomène Insistent sur l’aspect a du phénomène :

- C’est propre à chacun, c’est-à-dire qu’on ne va pas avoir, percevoir la même chose, vous
pouvez faire une remarque à quelqu’un, il va être stressé et vous pouvez faire une
remarque à quelqu’un d’autre, ça ne va pas la stresser du tout quoi.  
- Chaque individu a ses propres limites […] Ce n’est pas à nous, entreprise, de décider, on
ne maîtrise pas en fait le niveau de stress des gens.
Les experts :Pour eux, lestress est une notion floue mais efficace pour gérer les problèmes car elle
peut faire consensus. Ils considèrent qu’il faut agir à la fois sur le plan organisationnel et sur le
plan individuel, mais sont dépendants de la volonté des directions. En cela se positionnent-ils en
organe de morale 

Le médecin du travail : la médecine est à la source de la théorisation de phénomène. Cependant,


pour lui, la définition du stress, lorsqu’elle est liée au travail, reste éminemment subjective. Agir
sur l’axe organisationnel est nécessaire pour résorber le stress.

Les syndicatsinsistent davantage sur l’aspect médical pour définir le stress comme une maladie
automatiquement négative.

Les syndicats préconisent donc d’agir sur l’organisation pour réduire ce qui provoque le stress et
considèrent, par conséquent, la gestion officielle de l’entreprise axée sur l’individuel, comme
mauvaise voire lamentable.

Les entretiens montrent que la construction sociale du stress est différente selon les acteurs.
En ce qui concerne les manières de le gérer, les avis divergent nettement et la définition du stress
devient encore plus mouvante quand il s’agit de la lier au travail. Certains vont penser qu’il faut
agir sur l’organisation, d’autres vont penser que l’individu peut s’adapter à ce stress.

Apport de la méthode proposée

Un approfondissement de l’enquête macrosociale apparaît d’autant plus important pour mieux


comprendre les causes de la diffusion du mot « stress » et ainsi mieux envisager les enjeux
recouvrant son utilisation actuelle.

La subjectivité en question

Le stress est un phénomène subjectif. Cependant, de très nombreux symptômes subjectifs sont
aujourd’hui couramment et rigoureusement mesurés par les médecins. Il existe désormais un large
consensus pour considérer que de telles mesures sont utiles pour définir les problèmes à résoudre,
les hiérarchiser et décider des actions les plus pertinentes.

Envisager ce mot uniquement en termes de construction sociale participerait d’une certaine


déconnexion avec la réalité du corps, déconnexion qui ferait alors le jeu des acteurs dits
dominants.

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