These LIANG Chenghua
These LIANG Chenghua
These LIANG Chenghua
Thèse
pour obtenir le grade de
Docteur de l’Université du Littoral Côte d’Opale
En électronique
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
LIANG Chenghua
(Le 02 juillet 2010)
Rapporteurs :
M. Jean-Marc ROUTOURE Professeur, Université de Caen Basse-Normandie
Mme Valérie VIGNERAS Professeur, ENSCBP, Institut Polytechnique de Bordeaux
Président :
M. Jean-Claude CARRU Professeur, Université du Littoral Côte d’Opale
Examinateurs :
M. L.K.J. VANDAMME Professeur, Université d’Eindhoven (Pays-Bas)
M. Jean-Luc WOJKIEWICZ Maître de conférences, Ecole des Mines de Douai
Directeur de thèse :
M. Joël GEST Maître de conférences, HDR, Université du Littoral Côte d’Opale
Co-directeur de thèse :
M. Gérard LEROY Maître de conférences, Université du Littoral Côte d’Opale
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
A Lingling
A Mes Parents,
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
CARRU, Directeur du LEMCEL de m‟avoir accueilli dans ce laboratoire, ainsi que pour son
soutien constant durant ma thèse et pour l‟honneur qu‟il me fait en acceptant de présider le
jury de cette thèse.
De plus, ce travail n‟aurait pu être mené à bien sans l‟aide de la responsable du MEB
Lucie COURCOT à Wimereux, et de toute l‟équipe de la plate-forme de l‟IUT de Calais, plus
particulièrement Nathalie VERBRUGGHE. Je tiens à vous remercier tous.
Un clin d‟œil : merci à Alain COTREZ et Sophie SUEUR, bibliothécaires à l‟ULCO, qui
m‟ont aidé dans ma longue quête bibliographique.
Je ne peux terminer sans citer les amis du Master Recherche qui ont joué un rôle très
important depuis mon arrivée en France : Yves SAMA le futur docteur à l‟IEMN, bon
courage ! le petit Kirikou ! Manuel MASCOT, aujourd‟hui docteur et heureux papa du petit
Mahel, avec qui j‟ai partagé le même bureau pendant 5 ans. Les soirées, les sorties, les
JNRDM etc. Ces moments que l‟on a passés ensemble resteront inoubliables. Sans toi, mon
séjour au LEMCEL aurait été beaucoup plus difficile. Et Grégory HOUZET, mon meilleur
ami français, avec qui, en tant que binôme, j‟ai commencé mon aventure en France, il sera
jeune Maître de Conférences à Chambéry dès la rentrée, et il a fondé une famille très
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
heureuse avec Céline, ma meilleure amie française, et leur petit Thomas. Précisons que j‟ai
eu l‟honneur d‟être témoin à leur merveilleux mariage, leur « l‟entremetteur » et de pouvoir
être le professeur de chinois du petit Thomas. Enfin, je vais dire à tous un grand merci !!
« On se voit jeudi ! »
Avant le dernier merci, je n‟oublierai pas d‟associer à mon travail tous les amis que j‟ai
rencontrés et avec qui j‟ai passé des moments inoubliables en France. Merci à Vincent et Liu
Jia, Ren Fei et Sufen, Pan Xiang et Liu Lian, Mme et M. CHAU, Benjamin et Zhang Qian,
Jean-Michel et Sabine, Gautier et Léa, Benoît et Zheng Yan, Michel et Zhang Qin, Manuel et
Elodie, Grégory et Céline, M. LANGLET (Directeur de la résidence Michel Ange), M. DIEU
(Prof de Badminton), M. RENAULT (Prof de Ping-pong), Zhang Lingyan, Monir, Laurent et
tous ceux que j‟ai pu oublier.
Enfin, un énorme merci à toute ma famille, plus particulièrement à mes chers parents
pour être si formidables, ainsi qu‟à ma tante pour leurs soutiens permanents, à mon beau
frère cadet et à ma belle mère qui m‟a profondément touché depuis que je l‟ai rencontrée et
dont je suis très fier. Egalement à mon beau père qui malheureusement nous a quittés trop tôt,
mais avec lequel je peux ressentir sa présence au travers de la pensée de ma femme. Lingling,
cette très belle et merveilleuse femme est devenue Madame LIANG le 25 Juillet 2010, 23 jours
après ma soutenance (Je peux maintenant l‟appeler ma FEMME !). Je tiens tout
particulièrement à la remercier de tout mon cœur pour sa patience, son soutien inépuisable,
son aide et ses encouragements dont j‟avais fort besoin surtout dans la dernière ligne droite.
Qu‟elle trouve ici un témoignage de ma reconnaissance… même si aucun mot ne peut décrire
toute ma gratitude.
Table des matières
B [Wb/m2] induction magnétique
C[F] capacité
Cus[m2] paramètre caractérisé le bruit en 1/f d’une couche mince de surface unitaire
CX,Y() corrélation entre les valeurs des deux fonctions X(t) et Y(t)
D [C/m2] déplacement électrique
E [V/m] champ électrique
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
f[Hz] fréquence
Gk[S] conductance individuelle des îlots conducteurs (la longueur L du kième îlot)
H [A/m] champ magnétique
Lk[m] longueur individuelle des îlots conducteurs (la longueur L du kième îlot)
N nombre totale
n concentration de porteurs
P [C/m2] vecteur polarisation électrique
dp [Cm] moment dipolaire de l’élément de volume
i
PS[C/m2] polarisation statique
Q coefficient de qualité
s écart type
T[K] température
PU[F/m] permittivité de PU
ii
B [Wb] flux d’induction magnétique
ac[S/m]
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
conductivité alternative
constante de temps
iii
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
INTRODUCTION
INTRODUCTION
Ce travail de thèse a été effectué au sein du Laboratoire d’Etude des Matériaux et des
Composants pour l’Electronique (LEMCEL) de l’Université du Littoral Côte d’Opale dans le
cadre d’une Action de Recherche Concertée d’Initiative Régional (ARCIR) intitulée
« Polycond » en partenariat avec le Laboratoire Polymères Conducteurs (LPC) de l’Ecole des
Mines de Douai, et le groupe Télécommunications Interférences et Compatibilité
Electromagnétique (TELICE) de l’Institut d’Electronique Microélectronique et
Nanotechnologies (IEMN-Université de Lille 1).
l’état isolant, est obtenue soit par un dopage chimique, soit par l’ajout d’éléments
conducteurs. Ils offrent l’avantage des caractéristiques mécaniques modulables et flexibles
des matériaux plastiques que ne possèdent pas les matériaux conducteurs classiques. Les
polymères conducteurs ont de nombreuses applications potentielles telles que les écrans
flexibles, les batteries légères, la protection contre la corrosion, les blindages
électromagnétiques, etc.
Les polymères conducteurs intrinsèques ont été découverts dans les années 70 par
Shirakawa, Heeger et MacDiarmid [1]. En effectuant l’oxydation partielle d’un film de
polyacétylène par de l’iodine, ils ont mis en évidence la propriété de conduction du premier
polymère organique conducteur : le polyacétylène. En 2000, le prix Nobel de chimie fut
attribué à ces trois chercheurs pour cette découverte révolutionnaire et le développement de ce
matériau.
Afin de maîtriser le matériau polymère conducteur, il est nécessaire d’avoir une bonne
compréhension des paramètres qui gouvernent les mécanismes de transport. Ces paramètres
1
INTRODUCTION
dépendent directement du mode d'élaboration des composites conducteurs qui induit des
morphologies différentes et un désordre plus ou moins grand à l'échelle microscopique.
Ce travail se concentre principalement sur des caractérisations électriques des composites
du polymère conducteur polyaniline/polyuréthane (PANI/PU). Ces composites ont été
élaborés au laboratoire des polymères conducteurs de l’école des mines de Douai.
Le manuscrit est composé de 5 chapitres réunis en deux grandes parties distinctes selon le
type de caractérisation.
Le premier chapitre porte sur des généralités relatives aux polymères conducteurs et en
particulier à la polyaniline. Une première étude expérimentale par Microscopie Electronique à
Balayage (MEB) de la morphologie de composites PANI/PU est montrée. Cette étude est
importante car elle permet de mieux comprendre et interpréter les résultats issus des
caractérisations électriques.
La première partie de ce travail qui est composée des chapitres II et III est consacrée à
des caractérisations électriques au 1er ordre. Plus précisément, il s’agit de mesures de
conductivité et de permittivité en fonction de la fréquence sur des composites de PANI/PU de
faibles concentrations (0.5%, 1% et 5% de PANI dans le mélange). Trois bancs de mesure et
cellules adaptées sont développés et utilisés pour couvrir la gamme de fréquence du continu à
20 GHz. Nos résultats expérimentaux sont ensuite comparés à ceux obtenus par un modèle
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
théorique que nous avons conçu à partir d’un modèle initialement établi par A. N.
Papathanassiou et al. [4]. Enfin nous terminons cette première partie par une étude du
vieillissement prématuré de nos matériaux en utilisant un processus thermique.
La deuxième partie du travail qui est composée des chapitres IV et V est consacrée à des
caractérisations au 2ème ordre. Il s’agit ici d’effectuer une étude du bruit basse fréquence sur
les composites de PANI/PU de concentration élevée (5%, 10%, 20%, 50% et 100%). Pour
cette étude expérimentale nous avons été amené à mettre en place des méthodes de mesure
utilisant des configurations spécifiques. Ces méthodes permettent de s'affranchir du bruit des
contacts et de déterminer le bruit propre au polymère. Enfin, nous proposons un modèle basé
sur la morphologie des polymères de type « spaghetti » pour expliquer les valeurs de bruit
obtenues.
2
INTRODUCTION
3
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Chapitre I
5
Les polymères conducteurs : Généralités
[1]. Par la suite une cascade de travaux scientifiques, dont une maladresse de manipulation
faisait l’origine, a abouti 26 ans plus tard en 2000, à l’attribution à ces 3 chercheurs du prix
Nobel de chimie.
ce qui est comparable à celle du cuivre (5.7×107 S/m). Ce record a été atteint avec du PAc par
N. Theophilou et al. en 1987 [2], puis par Jun Tsukamoto et al en 1990 [3]. Malgré sa forte
conductivité, le PAc n’est pas un bon candidat pour concurrencer les métaux. Les
caractéristiques chimiques qui lui ont donné sa conductivité électrique sont malheureusement
responsables de son instabilité à l’oxygène de l’air.
A la suite de ces premiers travaux effectués sur le PAc, les recherches se sont orientées
sur le développement de nouvelles familles de polymères conducteurs électroniques stables en
atmosphère ambiante. Rapidement, d’autres polymères conjugués ont pris la relève : le
polyparaphénylène (PPP), le polypyrrole (PPy), le polythiophene (PTh) ou encore la
polyaniline (PANI). Malheureusement ces nouveaux systèmes n’atteignaient jamais la
conductivité électrique du PAc dopé. Au cours de ces deux dernières décennies, les efforts de
recherche ont porté :
(i). d’une part sur l’ingénierie et la synthèse de ces polymères de façon à en contrôler
les propriétés électriques, optiques et la mise en œuvre (solubilité en particulier),
ainsi que l’amélioration de la tenue au vieillissement,
(ii). d’autre part sur la compréhension des mécanismes fondamentaux de transport dans
les polymères conjugués au sens large.
Figure I-1 Formule topologique de principaux polymères conducteurs électroniques possédant un système
conjugué.
6
Chapitre I
coût de monomère aniline, les nombreux dopages potentiels existant pour faciliter la mise en
œuvre [4 à 8] et la facilité de contrôler la conductivité par le taux de dopage. Dans la figure
I-2, nous montrons les valeurs de conductivité électrique des principaux PCI en fonction de la
procédure de dopage. Toutes ces valeurs sont issues de la littérature. A des fins de
comparaisons est indiquée également la conductivité de matériaux plus « classiques » allant
de l’isolant au conducteur en passant par le semi-conducteur.
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Figure I-2 Conductivité électrique de divers PCI (en fonction de la procédure de dopage) et de matériaux
classiques [9].
7
Les polymères conducteurs : Généralités
8
Chapitre I
Figure I-4 Coupe micrographique d’un dépôt de polypyrrole (PPy)/Zn sur acier [18].
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Le plus grand intérêt des OLED à base de polymères conducteurs est de pouvoir produire
des écrans flexibles. La dernière génération d’écran flexible a été intégrée dans un ordinateur
portable et présentée par SONY pendant le CES 2009 (Consumer Electronics Show) à Las
Vegas [20 21]. Le concept de PC est entièrement basé sur l’utilisation d’un écran flexible
OLED, y compris le clavier. La dalle OLED mesure à peine 1 à 2 mm d’épaisseur (cf. Figure
I-6 ).
9
Les polymères conducteurs : Généralités
Figure I-6 Photo d’un PC portable basé sur le concept Sony OLED flexible [20].
10
Chapitre I
conduisent à des niveaux d’énergie discrets. Enfin le polyacètylène constitué d’un nombre
infini de motifs (-CH=CH-), fait apparaître un nombre infini de niveaux discrets qui se
confondent et engendre deux bandes d’énergie séparées. [23].
propriétés du plastique classique et celles du métal ont déjà ouvert la voie à une multitude
d’applications et s’introduisent peu à peu dans notre vie quotidienne. La volonté d’Alfred
Nobel est bien respectée : « la recherche récompensée ne restera pas confinée dans les
laboratoires. »
H
N H
Les recherches sur la PANI ont pris une nouvelle dimension dans les années 80. En 1985,
Mac Diarmid et al [30] ont montré que le sel d’éméraldine de la PANI possède des propriétés
conductrices intéressantes. Le nom de PANI est donné pour une famille de polymères
conducteurs, sa structure générale est montrée dans la figure I-9.
H H
N N N N
y 1-y
n
11
Les polymères conducteurs : Généralités
H H
N N
NH N
H
Figure I-10 Leucoéméraldine.
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
H
N N
NH N
N N
N N
Parmi ces 3 structures, l’éméraldine base est la seule à être stable dans l’air et peut être
conservée longtemps sans modification significative de ses propriétés. La PANI est différente
des autres polymères conducteurs dans le sens où elle présente non seulement des liaisons
dans le cycle aromatique, mais également en dehors du cycle par interactions avec un atome
d’azote. Par ailleurs, pour l’éméraldine base, les interactions sont relativement fortes entre les
groupes d’imine et d’amine. Ce phénomène explique la difficulté de la transformation de ce
polymère dans la forme basique. Les liaisons conjuguées et d’hydrogène causent non
seulement l’insolubilité dans les solvants communs mais aussi l’infusibilité. Malgré tout, la
dissolution partielle est possible quand l’interaction entre le solvant et la liaison hydrogène-
polymère remplace l’interaction entre les chaînes [31]. Les solvants généralement utilisés sont
le N-Methyl-2-Pyrrolidinone, le morpholine, le tétraméthylurea, le m-cresol et le
diaminocyclohexane etc.
12
Chapitre I
mélange
Figure I-14 Illustration du processus de mélange des deux solutions (PANI et PU dans l’acide dichloro-
acétique).
13
Les polymères conducteurs : Généralités
Figure I-16 Conductivité en fonction de la concentration du composite : la courbe notée (a) montre la
valeur de la PANI/Polyamide-11 et la courbe (b) celle de Carbone/Polyéthylène téréphtalate [36].
14
Chapitre I
1,0E+05
1,0E+03
Sigma (S/m)
1,0E+01
1,0E-01
1,0E-03
1,0E-05
0 10 20 30 40 50
% PAni/(PAni+PU+CSA)
L’objectif visé dans la fabrication de polymères conducteurs est de trouver une solution
de compromis entre la performance des propriétés mécaniques (celle de la matrice hôte) et
celle des propriétés électriques. Un système possédant un seuil de percolation faible permet
d’utiliser une faible dose des éléments conducteurs pour atteindre cet objectif.
I.6 Morphologie
L’observation des matériaux à l’échelle micrométrique et nanométrique peut nous aider à
mieux comprendre ses propriétés mécaniques et électriques. Pour ces études morphologiques,
on peut utiliser principalement deux types d’appareil :
(i) Le Microscope à Balayage Electronique (MEB) dont la résolution est de l’ordre de
la dizaine de nanomètre,
(ii) Le Microscope électronique en transmission (MET) ou à Force Atomique (AFM)
permet d’atteindre des détails de quelques dixièmes de nanomètres.
Dans cette partie, nous nous focalisons essentiellement sur l’étude de la polyaniline.
15
Les polymères conducteurs : Généralités
16
Chapitre I
Figure I-21 PANI/PU (20/80, v/v) [49] : structure confondue à la matrice hôte.
17
Les polymères conducteurs : Généralités
Dans le cadre de ce travail, nous avons élaboré 2 séries d’échantillons réalisés à partir de
polyaniline mélangée à du polyuréthane :
(i) 3 échantillons de 0.5%, 1% et 5% de PANI déposés sur de la fibre de verre et un
échantillon de PU pur. Pour ces échantillons, les compositions de PANI/PU sont
toutes proches du seuil de percolation (rapport massique de 0.2%). L’objectif visé
est de mesurer la permittivité complexe de ces polymères dans une large gamme de
fréquence (cf. Partie 1 : Caractérisations au 1er ordre).
(ii) Une dizaine d’échantillons de 5%, 10%, 20%, 50% et 100% de PANI déposés par
la voie sol-gel en film libre ou sur différents substrats comme du PVC, de la
céramique ou du Téflon. Leur conductivité varie entre 102 S/m et 104 S/m.
L’objectif visé sur ces échantillons est d’effectuer une caractérisation en bruit
électronique et de confronter les résultats obtenus à la morphologie des polymères
(cf. Partie 2 : Caractérisations dynamiques au 2ème ordre).
Nous montrons dans ce qui suit les résultats des analyses obtenus par MEB sur ces
échantillons.
dans la solution de PANI/PU. Ensuite on procède à un séchage d’abord sous une lampe
infrarouge à une température de 60°C puis dans le vide à la même température afin de faire
évaporer les solvants.
Sur la figure I-23 est montrée la morphologie du PU pur. Elle nous montre une surface
assez homogène avec des grains de 3 à 4 m (diamètre moyen) tous collés les uns aux autres
avec des joints de grains quasi inexistants. Lorsqu’on ajoute un peu de PANI (0,5% en rapport
massique), la morphologie générale ne change pas significativement, même si on commence à
apercevoir des petits bâtonnets dans les joints de grains (cf. Figure I-24). La quantité de petits
bâtonnets augmente avec le taux de PANI alors que les joints de grains deviennent de moins
en moins visibles (cf. Figure I-25 et Figure I-26). Concernant l’échantillon le plus dopé (5%
en rapport massique), on peut observer une grande quantité de petits îlots dispersés sur toute
la surface.
18
Chapitre I
Bâtonnet
Bâtonnet
19
Les polymères conducteurs : Généralités
20
Chapitre I
21
Les polymères conducteurs : Généralités
Espèce de chaîne
de PANI
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
I.6.1.3 Conclusion
Cette étude montre à quel point la morphologie des composites à une échelle
micrométrique peut être sensible à la façon de déposer le matériau et aux paramètres
technologiques utilisés au cours de l’élaboration. En effet, selon le mode d’élaboration,
l’étude morphologique à une échelle micrométrique fait apparaître des structures assez
différentes. Les premiers échantillons réalisés en mélangeant la PANI à de la fibre de verre
montrent une structure assez homogène alors que les échantillons réalisés en déposant la
PANI sur un substrat à l’aide d’une tournette font apparaître une structure totalement
différente composée de bâtonnets de différentes tailles et complètement désorientés. Une
structure très similaire composée de bâtonnets a également été observée par D. Verma et V.
Dutta [42] sur des échantillons composés de Pani et déposée par voie sol gel (cf. Figure I-32).
Dans cet article, les auteurs étudient l’impact de la vitesse de rotation de la tournette sur la
morphologie des échantillons. Les composites font apparaître une structure formée de
bâtonnets hexagonaux dont la densité diminue avec la vitesse de rotation de la tournette. Les
auteurs attribuent ce phénomène d’une part à l’interaction électrostatique entre la PANI, le
CSA et le solvant (m-cresol), et d’autre part à la force de Van der Waals entre les molécules
des composites.
22
Chapitre I
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Figure I-32 PANI(CSA) déposée par sol-gel. La vitesse de la tournette est de : (a) 800 tr/min (b) 1200
tr/min (c) 1500 tr/min (d) 2000 tr/min [42].
23
Les polymères conducteurs : Généralités
Figure I-33 MET de PANI/PU (20/80, v/v), les zones noires de 20 nm environ correspondent à la phase de
PANI [49].
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Figure I-34 MET de PANI(HCl/SmCl3), le diamètre des particules de PANI est de l’ordre de 30 à 50 nm
[52].
24
Chapitre I
Figure I-35 MET de PANI(PPA)/CA, p = 0.13% (PPA : acide phényl phosphonique ; CA : acétate de
cellulose), le diamètre des particules est de l’ordre de 10 à 20 nm [51].
Les chapitres qui suivent sont consacrés aux aspects expérimentaux. Cette image de
structure « spaghetti » joue un rôle très important dans toutes les explications liées aux
résultats obtenus. Les modèles développés sont aussi établis en considérant cette structure.
25
Les polymères conducteurs : Généralités
26
Chapitre I
27
Les polymères conducteurs : Généralités
[36] Qinghua Zhang, Huifen Jin, Xianhong Wang, Xiabin Jing, Morphology of conductive
blend fibers of polyaniline and polyamide-11 Synthetic Metals Volume 123, Issue 3,
(2001), pp. 481-485
[37] I. Balberg, Universal percolation-threshold limits in the continuum Phys. Rev. B 31,
4053–4055 (1985)
[38] Stuart H. Munson-McGee, Estimation of the critical concentration in an anisotropic
percolation network Phys. Rev. B 43, 3331–3336 (1991)
[39] Robert Murphy, Valeria Nicolosi, Yenny Hernandez, Denis McCarthy, David Rickard,
Daniel Vrbanic, Ales Mrzel, Dragan Mihailovic, Werner J. Blau, Jonathan N. Coleman,
Observation of extremely low percolation threshold in Mo6S4.5I4.5 nanowire/polymer
composites Scripta Materialia Volume 54, Issue 3, (2006), pp. 417-420
[40] N. H. Hoang, J.-L. Wojkiewicz, J.-L. Miane, R. S. Biscarro, Lightweight
electromagnetic shields using optimized polyaniline composites in the microwave band
Polymers for Advanced Technologies Volume 18 Issue 4, (2007), pp.257-262
[41] Chang He, Yiwei Tan, Yongfang Li, Conducting polyaniline nanofiber networks
prepared by the doping induction of camphor sulfonic acid Journal of Applied Polymer
Science, Volume 87 Issue 9, (2002), pp. 1537 - 1540
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
[42] Deepak Verma, V. Dutta, Novel microstructure in spin coated polyaniline thin films J.
Phys.: Condens. Matter 19, (2007), 186212
[43] Miroslava Trchová, Pavel Matějka, Jitka Brodinová, Andrea Kalendová, Jan Prokeš,
Jaroslav Stejskal, Structural and conductivity changes during the pyrolysis of
polyaniline base Polymer Degradation and Stability Volume 91, Issue 1, (2006), pp.
114-121
[44] Qunhui Sun, Yulin Deng, Morphology studies of polyaniline lengthy nanofibers formed
via dimers copolymerization approach European Polymer Journal Volume 44, Issue 11,
(2008), pp. 3402-3408
[45] Shuangxi Xing, Chun Zhao, Shengyu Jing, Yan Wu, Zichen Wang, Morphology and
gas-sensing behavior of in situ polymerized nanostructured polyaniline films European
Polymer Journal Volume 42, Issue 10, (2006), pp. 2730-2735
[46] Li-Jie Sun, Xiao-Xia Liu, Electrodepositions and capacitive properties of hybrid films
of polyaniline and manganese dioxide with fibrous morphologies European Polymer
Journal Volume 44, Issue 1, (2008), pp. 219-224
[47] M. -C. Su, J. -L. Hong, Morphology of conductive polyaniline blended with poly(4-vinyl
pyridine) Polymer Volume 42, Issue 7, (2001), pp. 3297-3300
[48] Donghua Zhang, Yangyong Wang, Synthesis and applications of one-dimensional
nano-structured polyaniline: An overview Materials Science and Engineering: B
Volume 134, Issue 1, (2006), pp. 9-19
[49] Hitoshi Yoshikawa, Tetsuo Hino, Noriyuki Kuramoto, Effect of temperature and
moisture on electrical conductivity in polyaniline/polyurethane (PANI/PU) blends
Synthetic Metals Volume 156, Issues 18-20, (2006), pp. 1187-1193
[50] Xinyu Zhang, Roch Chan-Yu-King, Anil Jose, Sanjeev K. Manohar, Nanofibers of
polyaniline synthesized by interfacial polymerization Synthetic Metals Volume 145,
Issue 1, (2004), pp. 23-29
[51] Jerôme Planès, Composites à base de Polymères Conducteurs Electroniques: Transport,
Microstructure, Propriétés Mécaniques, HDR de l’Université Joseph Fourier, (2000)
[52] Jinqing Kan, Su Zhou, Ya Zhang, Mishal Patel, Synthesisand characterization of
polyaniline nanoparticles in the presence of magnetic field and samarium chloride
European Polymer Journal Volume 42, Issue 9, (2006), pp. 2004-2012
[53] http://nobelprize.org/nobel_prizes/physics/laureates/1991/press.html
28
Chapitre II
29
Permittivité et conductivité complexe des PCI
V dA 0
B
S dl t B
E
S H dl I S tD
où QV [C] est la quantité de charge électrique libre dans un volume V, B [Wb] le flux
d’induction magnétique, D [V·m] le flux de déplacement électrique, et IS [A] le courant
électrique dû aux charges libres à travers une surface S.
30
Chapitre II
dQ
I C j KC0V KI C
dt
Le courant est K fois plus grand qu’avant, mais le déphasage par rapport à la tension est
encore de 90°.
Dans le cas d’un condensateur non idéal présentant des pertes, le courant obtenu est dû
également au courant de conduction : IR = V/R = VG où G = 1/R est la conductance [S]. Dans
ce cas, le déphasage entre le courant noté I* et la tension V est légèrement inférieur à 90°.
Cette situation est illustrée à la Fgure II-1 ci-dessous.
I*
IC = j CV
IR IC
Gp Cp
C0 Cp et Gp
tan = |IR/IC|
I* IR = GV
(a) (b) (c) (d)
Fgure II-1 (a) Cellule à vide, (b) cellule remplie, (c) schéma équivalent à la cellule remplie. (d)
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Représentation de Fresnel.
31
Permittivité et conductivité complexe des PCI
II.2.3.1 Définition
A l’échelle microscopique, la polarisation est liée à l’induction des moments dipolaires ou
à l’orientation des moments dipolaires spontanés (ou permanents). Afin de décrire la
polarisation électrique, on introduit un vecteur polarisation électrique P [C/m2] :
dp
P
dV
où dp [Cm] est le moment dipolaire de l’élément de volume dV. Dans ce cas, on peut aussi
écrire le déplacement électrique D avec la relation suivante :
D 0E P (II. 1)
où est la susceptibilité électrique (sans dimension) qui caractérise la polarisation créée par
un champ électrique. Avec les Eqs. II. 1 et D E , on peut relier et la permittivité
diélectrique :
0 1 (II. 3)
32
Chapitre II
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
33
Permittivité et conductivité complexe des PCI
matériaux possèdent des atomes, cette polarisation existe dans tous les matériaux.
les moments dipolaires ont tendance à s’aligner et à produire une somme des moments non
nulle (cf Figure II-2 « Par orientation »). Cette polarisation peut se manifester jusqu’à une
fréquence de 106 Hz en raison du moment d’inertie des molécules lourdes. L’agitation
thermique tend à s’opposer à ce phénomène et on peut constater une diminution de la
polarisation d’orientation lorsque la température augmente.
La figure II-4 montre l’effet des différentes polarisations que l’on peut observer sur la
34
Chapitre II
10-2 100 102 104 106 108 1010 1012 1014 1016
35
Permittivité et conductivité complexe des PCI
Durant l’application d’un champ électrique, plusieurs polarisations peuvent se faire en même
temps avec des temps de réponse plus ou moins rapides. En exemple, on montre sur la figure
II-5 l’évolution de la polarisation d’un système faisant apparaître une polarisation quasi-
instantanée (temps de réponse nul) notée P∞ et une autre avec un délai plus long notée Pds.
PS
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Figure II-5 Allure de la polarisation dans le domaine du temps en échelle arbitraire, avec PS la
polarisation maximale, P∞ la polarisation instantanée [3].
Avec les équations II. 2 à II. 4, on obtient l’expression de la vitesse de polarisation sous
un champ électrique alternatif E(t) = E0 exp(jt) :
dP t 1
S E0 exp jt P t
dt
La solution générale de cette équation différentielle donne l’expression de P(t) :
P t S E t
1 j
Le terme entre parenthèses représente la permittivité complexe * qui suit le modèle de
Debye, avec ∞ la permittivité à la fréquence infinie, s la permittivité statique et le temps de
relaxation.
S
et
S (II. 5)
1 2 2 1 2 2
Ces équations sont illustrées dans la figure II-6. On constate que les pertes ('') sont
maximales à une fréquence liée au temps de relaxation , où on a = 1. Il faut noter que le
36
Chapitre II
maximum de la tangente de perte tan ne se situe pas à la même fréquence que le pic des
pertes.
S
s
s
'
''
Tan
Log
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Figure II-7 Diagramme de Cole-Cole, '' en fonction de ' montrant un demi-cercle de rayon (s - ∞)/2 de
centre (s + ∞)/2 ; cas d’une relaxation de type Debye (temps de relaxation unique).
37
Permittivité et conductivité complexe des PCI
L’équation II. 6 peut être représentée sous la forme d’un circuit électrique comme
montrée à la figure II-8.
R
k k
C Rp
R s s
C∞
Rp
s
C C
k k
Figure II-8 Circuit électrique équivalent à l’équation II. 6, le paramètre k est un facteur géométrique.
Par ailleurs, dans les diélectriques réels, la polarisation est la somme de N processus avec
des temps de relaxation différents. Afin d’introduire tous les processus dans le modèle,
l’équation II. 6 devient :
n n
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
n N
* S j s
n 1 1 j n
où c est le temps de relaxation moyen et (0 < < 1) est la constante de distribution pour un
matériau donné.
Le paramètre permet d’ajuster la largeur de la dispersion. Lorsque = 0, la dispersion
est nulle, il existe une seule relaxation et on retrouve l’équation de Debye. A l’opposé le cas
où = 1 correspond à un nombre infini de relaxations distribuées dans toute la gamme de
fréquence. La permittivité reste alors constante à toutes les fréquences. La représentation de
ce paramètre sur le diagramme de Cole-Cole est liée à un angle entre deux rayons du cercle
(cf. Figure II-9).
38
Chapitre II
=0 (Debye)
Cole-Cole
·
·/2 ·/2
·
Figure II-9 Diagramme de Cole-Cole selon l’équation II. 7. Si = 0, on retrouve le demi-cercle de Debye ;
si ≠ 0, le centre du cercle descend en dessous de l’axe ' [2].
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
39
Permittivité et conductivité complexe des PCI
k 11 k11
l1 1 1
l
l2 2 2 k 22 k22
Figure II-10 condensateur en double couche et circuit équivalent. Les paramètres k1 et k2 sont des facteurs
géométriques, où k1 / k2 = l1 / l2.
Plus généralement, un autre modèle a été proposé par Wagner afin d’étudier le mélange
de deux phases : une phase composée de sphères de permittivité 1* dispersée dans une phase
continue (une matrice) de permittivité 2* (cf. Figure II-11). La formule de Wagner permet de
donner la permittivité * du mélange [6 et 7] :
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Matrice Sphères
* *
Figure II-11 Condensateur composé un mélange de deux phase : une phase dispersée (les sphères), une
autre phase continue (la matrice).
* 2* 1* 2* * 2 2* 2 P 1* 2*
P 2 *
* * 1
* 2 2* 1* 2 2* 1 2 2* P 1* 2*
où P est la fraction volumique de la phase dispersée et * la permittivité effective du mélange.
Cette formule peut aussi s’écrire sous la forme de Debye,
* s j
1 j
avec ∞, (s-∞) et données par :
2 2 P 2 1
2 2 1
2 2 1 P 2 1
9 21 1 2 P 1 P
2
s
2 2 1 P 2 1 2 2 1 P 2 1
2
2 2 1 P 2 1
2 2 1 P 2 1
40
Chapitre II
A noter que pour ces deux modèles, si 1/1 = 2/2, alors le terme (s-∞) devient nul.
Dans ce cas, la permittivité effective reste constante en fonction de la fréquence, le mélange
des deux phases est « accordé » et il n’y a pas de phénomène de relaxation.
41
Permittivité et conductivité complexe des PCI
de la méthode de mesure I-V. Cette méthode utilise deux voltmètres vectoriels : Vv permet
d'obtenir la tension VZ appliquée au DST (Dipôle sous test, noté Zx), et Vi permet d'obtenir le
courant IZ qui traverse le DST. La source de tension ainsi que les voltmètres vectoriels sont
fermés sur l'impédance caractéristique R0 = 50 . Le schéma fait apparaître que le courant
mesuré par l'intermédiaire de Vi aux bornes de R0/2 est bien le courant qui traverse le DST.
Par contre, la tension Vv mesurée ne correspond pas à la tension VZ aux bornes du DST. Ce
type de montage est plutôt adapté à la mesure d'impédances élevées. En effet, dans le cas où
Zx >> R0/2, on a Vi << VZ et Vv VZ. Dans ces conditions, on montre aisément que
l'impédance Zx est donnée par :
VZ R0 Vv R V
Zx 1 0 v
IZ 2 Vi 2 Vi
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
IZ , VZ
42
Chapitre II
S12 et S21 sont les coefficients de transmission du quadripôle de l’accès 2 vers l’accès 1 et
de l’accès 1 vers l’accès 2 respectivement. S11 et S22 sont les coefficients de réflexion des
accès 1 et 2 respectivement. Ces coefficients sont des grandeurs complexes et la mesure de
ces 4 grandeurs en module et en phase caractérise complètement le quadripôle sous test.
Pour atteindre ces paramètres S, on utilise un analyseur de réseaux (Agilent E8361A) qui
fonctionne jusque 67 GHz.
(a) (b)
Figure II-15 Cellule de mesure basses fréquences HP 16451B : (a) Vue en coupe de la cellule. Les
dimensions sont données en mm. (b) Schéma de connexion des câbles [11].
43
Permittivité et conductivité complexe des PCI
à la figure II-17. La cellule est constituée d’une partie active où est placé l’échantillon et
d’une ligne de transmission servant de transition entre le plan d’entrée de la cellule et sa partie
active. L’échantillon est placé en « sandwich » entre l’extrémité du conducteur central d’une
ligne coaxiale et un court-circuit placé à l’extrémité de cette ligne. Ce court-circuit est
appliqué contre l’échantillon à l’aide d’un système de piston, ce qui permet en même temps
de mesurer l’épaisseur en repérant des stries (cf. Figure II-16). Le cylindre est divisé en 36
stries dont chacune prend 10° (360°/36 stries). Un tour (360°) peut faire avancer le piston de
850 m, ce qui donne 2.36 m par degré (soit 23.6 m par strie).
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Figure II-16 Photos de la cellule conçue à partir d’une transition APC-7/SMA et du système à piston.
Plan de référence
Ligne de transmission
Figure II-17 Vue en coupe de la cellule réalisée. On représente la partie entre le plan de référence et
l’échantillon sous test par une ligne de transmission.
44
Chapitre II
Ligne de transmission :
(i) Relations générales
Pour une ligne de transmission réelle (avec pertes), l’expression ci-dessous donne son
impédance caractéristique.
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
R j L
Zc (II. 8)
G jC
Dans le cas d’une ligne sans perte, R et G sont nuls, alors l’expression se simplifie :
L
Zc
C
La constante de propagation pour une ligne avec perte est donnée par :
R j L G jC
Dans le cas d’une ligne sans perte, la constante de propagation devient :
j LC
Quand on met une impédance connue Zr au bout de la ligne, on peut calculer l’impédance Zm
mesurée à l’entrée de la ligne avec la relation suivante :
Z r Z cth l
Zm Zc (l : la longueur de la ligne) (II. 9)
Z c Z r th l
(ii) En court-circuit (CC) :
Pour placer la cellule en CC, on connecte directement le conducteur central avec le bout
du piston métallique. Dans ce cas, la partie active de la cellule présente une impédance nulle
(Zr = 0), l’équation II. 9 devient :
Z m Z c th l
Dans l’hypothèse où l = j l LC << 1, c’est-à-dire lorsque la fréquence reste
suffisamment faible, cette expression devient :
Zm Zc l Rl j Ll (II. 10)
45
Permittivité et conductivité complexe des PCI
6,E-09 0,14
5,E-09 0,12
Ls [H]
0,1
4,E-09
0,08
3,E-09
Rs [] 0,06
2,E-09
0,04
1,E-09 0,02
0,E+00 0
1,0E+06 5,0E+08 1,0E+09 1,5E+09 2,0E+09
Fréquence [Hz]
Figure II-19 Relevés de Rs [] et de Ls [H] de la cellule en CC : résultats expérimentaux en trait plein,
résultats théoriques en pointillés.
46
Chapitre II
2,5E-12 4,E-05
2,0E-12
Cp [F] 3,E-05
1,5E-12
2,E-05
1,0E-12
1,E-05
5,0E-13
Gp [S]
0,0E+00 0,E+00
0,0E+00
1,0E+06 5,0E+08 1,0E+09 1,5E+09 2,0E+09
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Fréquence [Hz]
Figure II-20 Relevés de Cp [F] et de Gp [S] de la cellule en CO : résultats expérimentaux en trait plein,
résultats théoriques en pointillés.
CC 1,8 GHz
CO
1 MHz 1 MHz
CC
1,8 GHz CO
(a) (b)
Figure II-21 Mesures du coefficient de réflexion de la cellule « APC-7 » en CC et CO : (a) sans
compensation, (b) avec compensation.
47
Permittivité et conductivité complexe des PCI
perturbation (cf . Eqs II. 13 et II. 14) [12]. Pour respecter les hypothèses initiales, la longueur l
de l’échantillon doit rester faible devant la longueur L de la cavité. De même, la variation
relative de la fréquence de résonance doit être de l’ordre de 0.1% dans le cas le plus favorable.
[13].
Échantillon inséré
(b)
(a)
Figure II-22 Cavité résonante : (a) photo de la cavité avec la fente, (b) descriptif de la cavité utilisée en
mode TE10p (ex : p = 3).
fr
Q (II. 12)
f3dB
f r1 f r 2 2aL
1 (II. 13)
f r1 L pl a e
l p sin L e sin a
1 1 f r1
tan (II. 14)
Q2 Q1 2 f r1 f r 2
où fri est la fréquence de résonance, Qi est le facteur de qualité (les indices 1 et 2
correspondent respectivement aux mesures sans et avec échantillon), f3dB correspond à la
largeur de la résonance à –3dB (cf. Figure II-23). e représente l’épaisseur de l’échantillon et a
la largueur de la cavité (cf. Figure II-22 (b)).
48
Chapitre II
S12 (dB) fr
3dB
f3dB
Cavité avec perturbation Cavité à vide
3dB f3dB
Nous avons effectué un test de nos bancs de mesure, composés par 3 appareils et 3
cellules différents, sur un matériau TMM3 (Thermoset Microwave Materials). Ce matériau est
fourni par le fabricant américain « Rogers » dont la ' est constante et égale à 3.27 (±0.032)
jusque 10 GHz et dont la '' est de 0.0065 [14]. L’échantillon a été mesuré avec l’ensemble de
nos 3 bancs de mesure jusque 20 GHz. Les résultats sont montrés dans la figure II-24. Les
résultats sont conformes à ceux attendus. On observe une valeur quasi constante de la '
jusque 20 GHz égale à celle indiquée par le fabriquant ; par contre, la '' présente de fortes
variations à cause de sa valeur faible, mais reste dans le même ordre de grandeur à celle
donnée par le fabriquant. L’accord entre nos résultats et ceux attendus nous permet de faire
confiance à nos différents bancs de mesure.
10 10
TMM3 ( ' = 3.27 et '' = 0.0065)
'
-1
3.27 10
" 10
-2
0.0065
-3
1 10
2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
10 10 10 10 10 10 10 10 10 10
Fréquence [Hz]
Figure II-24 Résultats de mesure de ' (f) et '' (f) pour l’échantillon TMM3 jusque 20 GHz. En trait plein
nous avons reporté les résultats expérimentaux. Les données fabriquant sont en pointillés.
49
Permittivité et conductivité complexe des PCI
(ii) une augmentation suivie d’une diminution de '' avec la fréquence en passant par
un maximum à une fréquence critique faisant penser à un domaine de relaxation.
Cette fréquence critique caractérise la constante de temps par la relation :
= 1/2fc.
De plus, on peut constater que l’effet de l’ajout de PANI dans le PU fait augmenter les
valeurs de ' et de '' et fait décaler la fréquence critique vers les hautes fréquences (cf.
Tableau II-1). En absence total de PANI (PU pur) le phénomène de relaxation a complètement
disparu montrant que le phénomène est dû à l’ajout de PANI. Plus on monte en fréquence,
moins l’effet de PANI se fait ressentir et les valeurs tendent à rejoindre celles du PU pur.
103
5%
102
1%
'
0,5%
1
10
PU
100
101 102 103 104 105 106 107 108 109 1010
Fréquence [Hz]
Figure II-25 Evolution de ' en fonction de la fréquence des échantillons de PANI/PU 0.5%, 1%, 5% et PU
pur.
50
Chapitre II
104
103
102 -1 5%
"
101
1%
100
0,5%
PU
10-1
101 102 103 104 105 106 107 108 109 1010
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Fréquence [Hz]
Figure II-26 Evolution de '' en fonction de la fréquence des échantillons de PANI/PU 0.5%, 1%, 5% et
PU pur. Les parties en gris correspondant à la contribution de la conductivité continue.
Les courbes de la conductivité ' (= 0'') en fonction de la fréquence sont données dans
la figure II-27. On peut remarquer que plus le taux de PANI est important, plus la conductivité
est élevée. En haute fréquence, on constate également que toutes les courbes tendent à
rejoindre celle du PU pur.
101
100
5%
10-1
Conductivité [S/m]
10-2
1%
10-3
10-4
10-5
10-6
0,5%
10-7
10-8 PU
10-9
101 102 103 104 105 106 107 108 109 1010
Fréquence [Hz]
Figure II-27 Evolution de ' (= 0'') en fonction de la fréquence : PANI/PU 0.5%, 1%, 5% et PU pur.
51
Permittivité et conductivité complexe des PCI
Dans le tableau II-1 nous indiquons les différents paramètres caractérisant le phénomène
de relaxation mis en évidence. La constante de temps est définie par la relation : = 1/2fc
où fc est la fréquence critique.
Tableau II-1 Valeurs de '' maximal, de la fréquence critique fc correspondante, et du temps de relaxation
= 1/2fc.
52
Chapitre II
100
Fréquence croisante
"
50
5%
0
0 50 100 150
60°
'
30
20 Fréquence croisante
"
10 1%
0,5%
0
0 10 20 30 40 50
'
38°
Figure II-29 Zoom de la figure II-28 sur les échantillons de 0.5% et 1%.
53
Permittivité et conductivité complexe des PCI
-40
Cavité vide
S21 [dB]
-50
-70 fr
-80
15,8 15,85 15,9 15,95
Fréquence [GHz]
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Figure II-30 Exemple de l’évolution de la résonance avant et après insertion de l’échantillon dans la
cavité (Mode TE1017, PANI/PU 5%).
Les relevés des mesures et les résultats calculés à partir de l’équation II. 13 et II. 14 sont
donnés dans le tableau II-2 et la figure II-31. Les résultats sont à interpréter avec précautions.
En effet, les mesures sont sensibles à la dimension de l’échantillon, la position de la fente sur
la cavité, la position de l’échantillon à travers la fente, etc. Toutefois, on peut estimer l’erreur
de mesure à environ 10%. Qualitativement, on peut tout de même constater qu’à ces
fréquences, la permittivité complexe des trois échantillons ne présente pas de dépendance en
fréquence significative. Pour les trois échantillons, la valeur de la permittivité ‟ tend
approximativement vers 3. Dans la gamme de fréquence étudiée, les échantillons ne
présentent pas de domaine de relaxation. Les pertes sont plus élevées pour l’échantillon avec
5% de PANI et du même ordre de grandeur pour les échantillons à 0.5% et 1% de PANI.
Tableau II-2 Résultats récapitulatifs des mesures en cavité résonante. fr est la fréquence de résonante, Q
est le facteur de qualité.
54
Chapitre II
5 10
PANI-PU 5%
4 ε' PANI-PU 1%
PANI-PU 0,5%
ε''
1
0 0
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
10 11 12 13 14 15 16
Fréquence (GHz)
Figure II-31 Evolution de la permittivité complexe ' et '' en fonction de la fréquence (10 GHz – 16 GHz)
des échantillons de PANI/PU 0.5%, 1% et 5%.
II.4.3 Conclusion
Les mesures de la permittivité complexe des trois échantillons de PANI/PU sont
effectuées à partir de trois appareils et trois cellules différentes. Chaque échantillon présente
une relaxation de type Cole-Cole. Cette relaxation est fortement liée à la concentration de
PANI. Lorsque le taux de PANI augmente, la relaxation devient plus importante et se déplace
vers les hautes fréquences.
Les figures II-32 et II-33 montrent les évolutions de '(f) et '(f) obtenues avec les 3
bancs de mesure (Cellule HP 16451B (20 Hz-1 MHz) + Cellule « APC-7 » développée
(1 MHz-1.8 GHz) + Cavité résonante (10 GHz-20 GHz)). En hautes fréquences, on constate
que les relaxations obtenues dans les composites de PANI/PU se terminent toutes pour tendre
vers les caractéristiques du PU pur. Les mesures dans la cavité jusqu’à 20 GHz donnent une
valeur de ‟ proche de 3 pour les trois échantillons. Cette valeur est cohérente avec la valeur
déterminée (inférieure à 5) par le demi-cercle de Cole-Cole (cf. §II.4.1.2).
Les évolutions de '(f) et '(f) montrent que la permittivité et la conduction électrique
dans les composites PANI/PU augmentent avec le taux de PANI. Mais cet effet reste visible
uniquement jusqu’à quelques GHz. Au-delà de cette fréquence, l’effet provenant de la PANI
finit par disparaître complètement au profit des caractéristiques du PU.
55
Permittivité et conductivité complexe des PCI
103
5%
2
10
'
1%
1
0,5%
10
PU
100
101 102 103 104 105 106 107 108 109 1010 1011
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Fréquence [Hz]
Figure II-32 Evolution de '(f) dans la gamme de fréquence 20 Hz – 20 GHz.
101
100 5%
-1
10
Conductivité [S/m]
10-2
1%
-3
10
10-4
10-5
10-6
0,5%
10-7
10-8 PU
10-9
101 102 103 104 105 106 107 108 109 1010 1011
Fréquence [Hz]
Figure II-33 Evolution de '(f) dans la gamme de fréquence 20 Hz – 20 GHz.
56
Chapitre II
[10] K.Kurokawa, Power Waves and Scattering Matrix, IEEE Trans. Microwave Theory and
Techniques, Vol.MTT-13, No.2, (1965)
[11] Agilent HP 16451B DIELECTRIC MATERIAL TEST FIXTURE Operation Manual
[12] Thomas, R., Dube, D.C., Extended technique for complex permittivity measurement of
dielectric films in the microwave region Electronics Letters, Volume 33, Issue:3,
(1997), pp. 218 - 220
[13] D. C. Dube, M. T. Lanagan, J. H. Kim, S. J. Jang, Dielectric measurements on substrate
materials at microwave frequencies using a cavity perturbation technique J. Appl. Phys.
63, 2466 (1988)
[14] Data sheet of Thermoset Microwave Laminates (Thermoset ceramic loaded plastic)
57
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Chapitre III
Enfin, nous terminons ce chapitre par une étude du vieillissement de ces polymères
conducteurs.
59
Permittivité et conductivité complexe des PCI
croissance plus ou moins forte (ac) en haute fréquence [2 à 4]. Ce phénomène a également
été observé sur nos échantillons et montré dans le chapitre II § II.4. La conductivité
alternative ac est due aux charges qui ne peuvent pas traverser complètement l’échantillon
sous test. Le modèle se limite à la description du mouvement des charges électriques sous
l’influence d’un champ alternatif externe. Deux paramètres sont mis en jeu :
(i) la géométrie du système qui fixe les frontières physiques où les charges électriques
doivent rester ;
(ii) les 2 propriétés électriques des charges qui limitent intrinsèquement le mouvement
des charges sous un champ alternatif : la mobilité et la densité de charges.
D’une manière qualitative, la structure d’un réseau polymère conducteur est constituée
par des îlots de polymères conducteurs de différentes longueurs, et orientés aléatoirement. La
densité de charge (par unité de longueur) est supposée en 1ère approximation constante [ 1].
Une charge électrique peut traverser toute une chaîne moléculaire et sauter sur une autre
chaîne qui se trouve à proximité. Un îlot peut ainsi être constitué de plusieurs chaînes
moléculaires. La longueur L de cet îlot est égale à la distance maximale que les charges
peuvent parcourir sur cet îlot (cf. Figure III-1).
Îlot de PANI
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
60
Chapitre III
v=vmaxsin( t)
Vitesse Aller
vmax
t Aller
0
Retour
-vmax
T/2 Retour
Figure III-2 Allure de la vitesse des charges en fonction du temps sous un champ alternatif.
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Pendant le temps où la vitesse est positive, les charges prennent le trajet « aller » et à
l’inverse où la vitesse est négative, les charges prennent le trajet « retour ». Pendant une
demie période, la surface formée par l’allure de v et l’axe t nous donne la distance l parcourue
par les charges :
vmax v
sin t dt cos t 0 2 max
T /2
l vmax
T /2
(III. 1)
0
Cette relation montre que si la vitesse maximale est fixée, la distance maximale que les
charges électriques peuvent parcourir est inversement proportionnelle à la fréquence du
champ alternatif.
A partir de cette relation III. 1 et à une fréquence de travail fixée c, on détermine une
distance critique Lc (= 2vmax/c). Selon la longueur individuelle Lk (la longueur L du kième îlot)
des îlots conducteurs, on peut considérer deux cas (cf. Figure III-3) :
(i) Si Lk > Lc, les charges peuvent évoluer librement le long de l’îlot conducteur qui se
comporte comme une conductance (cf. Figure III-3 (a)). Ainsi la conductance
mesurée fait apparaître non seulement une composante continue GDC due aux
chemins de percolation mais également une composante dépendante de la fréquence
due à tous ces îlots qui ont une longueur plus importante que Lk. En ignorant
l’irrégularité géographique des îlots, la conductance est inversement proportionnelle
à la longueur des îlots conducteurs : Gk (Lk)-1. L’expression de la conductance
totale est donnée par :
G GDC Gk Lk
Lk Lc
(ii) Si Lk < Lc, les charges ne peuvent plus évoluer librement. Sous l’effet du champ
électrique, les charges viennent s’accumuler à chaque extrémité de l’îlot qui se
polarise et se comporte comme une capacité (cf. Figure III-3 (b)). La valeur de cette
capacité est également inversement proportionnelle à la longueur : Ck (Lk)-1.
61
Permittivité et conductivité complexe des PCI
Lc = 2vmax/c
Lc Lc
_
+
Lk > Lc Lk < Lc
Mouvement libre des charges PANI Accumulation de charges
dans la chaîne en bout de chaîne
(Effet résistif) (Effet capacitif)
(a) (b)
Figure III-3 Mouvement des charges dans les îlots sous un champ alternatif de fréquence . (a) îlot
long : Lk > Lc = 2vmax/c l’îlot se comporte comme une conductance. (b) îlot court : Lk < Lc = 2vmax/c; l’îlot
se comporte comme une capacité.
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Comme proposé dans le modèle de A. N. Papathanassiou et al. [1], nous supposons que la
longueur des îlots suit une loi de probabilité logarithmique, et obéit à une distribution
gaussienne caractérisée par une longueur moyenne L0 et un écart type s (cf. Figure III-4) :
1 log L log L0 2
f log L exp
2 s 2 s 2
0,9 s = 0,5
s=1
0,8
s=2
0,7
0,6
f (logL )
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
-5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5
Log(L /L 0 )
Figure III-4 Quelques exemples de la fonction de distribution de la longueur L utilisée pour notre modèle.
Selon la valeur de s, les îlots les plus nombreux se situent plus ou moins autour de la
valeur moyenne L0.
62
Chapitre III
log log
0 d
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
1
G GDC
0
exp 2v
2 s
2s 2
max
(III. 3)
1 log log 0 2
GDC A exp d
0
2 s 2 s 2
où est la variable pour l’intégrale, la fréquence de travail, 0 = 2vmax/L0, et A [S·s] est
une constante égale à /2vmax, et dépendante de la conductivité , de la section effective S, du
nombre totale N des îlots, et aussi de la vitesse maximale vmax des charges électriques.
63
Permittivité et conductivité complexe des PCI
signal électrique passe par un îlot de PANI qui a une longueur inférieure à la distance entre les
deux électrodes de mesure, ce signal doit nécessairement passer par la matrice de PU pour
atteindre l’électrode opposée. La figure III-5 montre le couplage schématique de PANI/PU
entre les deux électrodes de mesure. On se propose ici d’améliorer le modèle en prenant en
compte l’effet de la propagation du signal à travers la matrice isolante.
Électrodes
Lk
L'k
Îlot de PANI Zone restante de PU
Figure III-5 Illustration du couplage de PANI/PU entre les deux électrodes de mesure.
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
M atrice de PU M atrice de PU
M atrice de PU M atrice de PU
Lmax
L'min
f log L'
log L
64
Chapitre III
Électrodes
L’admittance d’un tel parcours est donnée par la mise en série de la résistance due à la
PANI avec la capacité due au PU, son expression est donnée ci-dessous :
1
dY L, N f log L d log L (III. 6)
L L'
PANI S j PU S
où PANI est la conductivité des îlots de PANI, PU la permittivité de PU, S la section effective
et N le nombre total des îlots.
A partir de la relation III. 1, on effectue le changement de variable = 2vmax/L, et on
définit 0 tel que : L0 = 2vmax/ et L’0 = 2v’max/. En utilisant la relation III. 5, on obtient :
L L' 2v '
L' 0 0 max2
L 0
Donc, l’expression III. 6 devient :
65
Permittivité et conductivité complexe des PCI
1 d
dY , N f log (III. 7)
2vmax 2v
'
max
PANI S j S
2
0 PU
0 A2 4 C 204 2
b. Cas des îlots courts : L < Lc (= 2vmax/c).
Le signal électrique passe à travers un îlot de PANI qui se comporte comme une capacité,
puis à travers une zone restante de PU qui se présente également comme une capacité. Le
schéma équivalent d’un parcours est montré dans la III-8.
Électrodes
Dans ce cas, l’admittance est donnée par la mise en série de deux capacités
respectivement dues à la PANI et au PU. Son expression est donnée ci-dessous :
1
dY L, N f log L d log L
L L'
j PANI S j PU S
où PANI est la permittivité des îlots de PANI, PU la permittivité de PU, S la section effective et
N le nombre total des îlots.
En prenant le même raisonnement que celui utilisé dans le cas des îlots longs, on obtient :
j BC02
Y 2 2 f log d
B C 2 2
0
66
Chapitre III
A noter que les équations III. 8 et III. 9 permettent de décrire le parcours du signal
électrique composé d’îlots de différentes longueurs en série à des zones restantes de PU
correspondant aux espaces entre les îlots de PANI isolés ou l’espace restant entre l’électrode
de mesure et l’îlot de PANI. L’expression totale de Gp et Cp pour l’ensemble de l’échantillon
doit tenir compte de la contribution des chemins de percolation et de la matrice de PU seule.
Les chemins de percolation sont à l’origine de la conduction continue GDC, et la matrice de
PU est à l’origine d’une capacité de base CPU. Les expressions finales de Gp et Cp sont
données par :
AC 204 2
Gp GDC 2 4 f log d
0 A C 2 4 2
0
A2C02 BC02
C p CPU f log d 2 2 f log d
0 A2 4 C 204 2 B C 2 2
0
67
Permittivité et conductivité complexe des PCI
PU restant entre l’îlot de PANI et l’électrode, C = NSPU /2v‟max) sont donnés dans le tableau
III-1. A noter que les paramètres A et 0 augmentent lorsque le pourcentage de PANI
augmente, alors que le paramètre B diminue.
103
mesure calcul
5%
102
1%
'
0,5%
1
10
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
PU
100
100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 1010
Fréquence [Hz]
Figure III-9 Evolution de ' en fonction de la fréquence. Courbes continues : résultats expérimentaux,
courbes en pointillées : valeurs calculées.
104
mesure calcul
103
5%
102
"
1%
1
10
0,5%
100
PU
10-1
100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 1010
Fréquence [Hz]
Figure III-10 Evolution de '' en fonction de la fréquence : Courbes continues : résultats expérimentaux,
courbes en pointillées : valeurs calculées.
68
Chapitre III
Tableau III-1 Tableau récapitulatif des paramètres d’ajustement où 0 est la fréquence critique liée à la
longueur L0 par la relation L0 = 2vmax/0, s l’écart type de la loi de distribution, A et B sont liés aux
caractéristiques des îlots de PANI, C est lié aux caractéristiques de la zone de PU restant entre l’îlot de
PANI et l’électrode.
chemins de percolation. Ces îlots ne font plus partie des îlots isolés, et le nombre total N
d’îlots isolés peut éventuellement diminuer. En même temps, la section effective S des îlots
isolés de PANI augmente. En première approximation, nous supposons que pour cette gamme
de taux de PANI (0.5% - 5%), ces quantités N et S ne varient pas significativement et que le
produit NS reste constant.
(i) Paramètre C :
Le paramètre C = NSPU/2v‟max dépend du produit NS supposé constant et des
caractéristiques du PU indépendantes du taux de PANI. Ce paramètre C est de ce fait gardé
constant dans tous nos calculs.
(ii) Paramètre A :
Le paramètre A varie d’un facteur 17 pour un taux de PANI allant de 0.5 à 5%. Cette
variation peut s’expliquer par la variation de la concentration des charges lorsque le taux de
PANI varie. En effet, en prenant la relation = qn, le paramètre A peut aussi s’écrire
comme :
A NSqn / 2vmax
où q est la charge élémentaire, n la densité volumique des charges, et la mobilité des
charges.
Lorsque le taux de PANI augmente, les îlots isolés deviennent plus denses et la densité de
charge n augmente. Une illustration schématique de cet effet est montrée dans la figure III-11.
Les chaînes ajoutées dans l’îlot sont dessinées en pointillées. Lorsque le nombre de chaîne de
PANI augmente dans les îlots isolés, les chaînes de PANI se rapprochent les unes des autres et
la concentration des charges augmente. La vitesse étant proportionnelle à la mobilité, le
paramètre A ne dépend que la densité de charge et augmente avec le taux de PANI.
69
Permittivité et conductivité complexe des PCI
Îlot de PANI
L(allongé)
L
Figure III-11 Un îlot de PANI devient plus long et plus intense, quand le pourcentage de PANI augmente.
La plupart des obstacles se situent au niveau des contacts entre les chaînes de PANI.
(iii) Paramètre B :
Le paramètre B diminue d’un facteur 1000 pour un taux de PANI allant de 0.5 à 5%.
Cette variation peut s’expliquer par la variation de la mobilité des charges lorsque le taux de
PANI varie. En effet lorsque les chaînes conductrices se rapprochent les unes des autres, les
sauts des charges entre ces chaînes sont de plus en plus faciles et on peut s’attendre à voir une
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
augmentation de la mobilité globale des charges quand le taux de PANI augmente. Cette
variation de la mobilité en fonction de la densité de charge, dans les systèmes désordonnés
tels que les polymères conducteurs, a déjà été modélisée [5 6]. Par exemple dans une étude
concernant le Poly(3-hexyl thiophene) (P3HT), X. Jiang et al. [7] ont pu montrer que la
mobilité peut subir de fortes variations de plus d’un facteur 1000 lorsque le niveau de dopage
passe de 1% à 20%. Le paramètre B est inversement proportionnel à la vitesse des porteurs et
donc à leur mobilité. Lorsque le taux de PANI augmente, la mobilité des porteurs augmente et
le paramètre B diminue.
(iv) Paramètre 0 :
Le paramètre 0 (= 2vmax/L0) augmente avec le taux de PANI. Ceci peut s’expliquer d’une
part par l’augmentation de la vitesse des porteurs de charge déjà mentionnée au dessus, et
d’autre part par la diminution de la longueur moyenne des îlots isolés L0. Dans la théorie de
percolation, des modèles mettent en évidence ce phénomène : [8] :
- En dessous du seuil de percolation, les îlots se forment sans traverser complètement
l’échantillon. Lorsque le taux augmente, la longueur moyenne des îlots augmente
pour atteindre un maximum au seuil de percolation.
- Au delà du seuil de percolation les îlots isolés se connectent entre eux pour former
des chemins de percolation qui participent directement à la conduction continue.
Lorsque le taux augmente, ce phénomène s’accentue et la longueur moyenne L0 des
chemins isolés diminue.
La III-12 tirée de la référence [8] nous montre qualitativement cette dépendance de la
longueur moyenne des îlots isolés (notée (p) dans cette référence) par rapport au pourcentage
du mélange p. On peut également présenter ce phénomène d’une façon plus visuelle, en
dressant des schémas représentant l’évolution des îlots isolés dans un échantillon PANI/PU en
ajoutant plus de PANI (cf. Figure III-13). Les chemins de percolation et les îlots isolés sont
séparés de chaque côté du dessin. Quand le taux de PANI augmente, les îlots longs se
rejoignent pour créer des nouveaux chemins de percolation et la valeur moyenne des îlots
isolés restants diminue. Dans notre cas, les 3 échantillons étudiés se trouvent au delà du seuil
de percolation. Plus le pourcentage de PANI est élevé, plus la longueur moyenne L0 des îlots
isolés de PANI est petite. En combinant la décroissance de la longueur moyenne L0 et la
croissance de vitesse de charge vmax, on explique l’augmentation de 0 (= 2vmax/L0) avec le
taux de PANI.
70
Chapitre III
Figure III-12 Evolution de la longueur moyenne des îlots isolés en fonction du pourcentage p de mélange.
Les résultats sont obtenus par une simulation en considérant une matrice formée de 128128 pixels. Cette
figure est issue de la référence [8]. La longueur moyenne des îlots est notée (p) dans cette référence.
Îlots isolés de PANI Chemin de percolation
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
… État initial
Ajout
de
PANI
Nouveaux
chemins Élément
… ajouté
… État final
Figure III-13 Schémas représentant l’évolution des îlots isolés dans un échantillon de PANI/PU lorsqu’on
augmente le taux de PANI. Les chemins de percolation et les îlots isolés sont symboliquement séparés de
chaque côté du dessin. Des traits en pointillés représentent des éléments ajoutés. Les nouveaux chemins
sont pointés par des flèches.
III.3.3 Conclusion
La comparaison entre les résultats expérimentaux et théoriques donne un assez bon
accord tout du moins sur le plan qualitatif. Par l’ajustement de quelques paramètres, notre
modèle permet de décrire le comportement de nos échantillons de PANI/PU. L’évolution de
ces paramètres d’ajustement en fonction du taux de PANI est expliquée par l’évolution de la
concentration et de la mobilité des porteurs de charge dans les îlots isolés.
Grâce à ce modèle, l’effet de la relaxation diélectrique observée dans nos échantillons est
finalement expliqué par les longueurs différentes des îlots isolés de PANI qui suivent une
distribution gaussienne. Lorsque le taux de PANI augmente, le déplacement de cette
relaxation vers les hautes fréquences s’explique par la diminution des longueurs des îlots et
l’augmentation de la mobilité des charges.
71
Permittivité et conductivité complexe des PCI
un chauffage de 240 heures. Ceci nous permet d’affirmer la stabilité électrique de la matrice
du PU pendant le processus de vieillissement thermique. En conséquence, on peut considérer
que l’altération des composites de PANI/PU durant le vieillissement provient uniquement des
éléments de PANI.
La partie imaginaire de la permittivité '' avant et après avoir retranché la conductivité
continue est montrée dans les figures III-18 et III-19. On peut constater que la pente en 1/f due
à la conduction continue et qui apparaît en basse fréquence jusque 20 kHz environ, présente
une diminution significative de son niveau lorsque le matériau subit un vieillissement. On
constate également que les domaines de relaxation restent présents sur tous les échantillons
même après un vieillissement thermique de 10 jours. Au cours du processus de vieillissement,
les domaines de relaxation évoluent légèrement faisant apparaître une diminution d’amplitude
et un décalage vers les hautes fréquences.
72
Chapitre III
10-1
10-2
Conductivité [S/m]
10-3
10-4 s(0h)
s(2,5h)
-5 s(5h)
10 Durée du vieillissement
par ordre croissant de s(10h)
-6 haut en bas s(20h)
10
s(40h)
-7 s(80h)
10 s(160h)
PU s(240h)
0.5%
10-8 PU(0h)
PU(240h)
10-9
101 102 103 104 105 106 107 108 109 1010
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Fréquence [Hz]
Figure III-14 Conductivité en fonction de la fréquence jusqu’à 1.8 GHz, sous l’effet du vieillissement
thermique à 100°C pour le composite de PANI/PU 0.5%. Les mesures sur le PU servent de référence afin
de mettre en évidence l’effet d’ajout de PANI.
10-1
10-2
Conductivité [S/m]
10-3
10-4 s(0h)
Durée du vieillissement s(2,5h)
par ordre croissant de s(5h)
10-5 haut en bas
s(10h)
-6 s(20h)
10
s(40h)
1% s(80h)
10-7 s(160h)
s(240h)
10-8 PU PU(0h)
PU(240h)
10-9
101 102 103 104 105 106 107 108 109 1010
Fréquence [Hz]
Figure III-15 Conductivité en fonction de la fréquence jusqu’à 1.8 GHz, sous l’effet du vieillissement
thermique à 100°C pour le composite de PANI/PU 1%. Les mesures sur le PU servent de référence afin de
mettre en évidence l’effet d’ajout de PANI.
73
Permittivité et conductivité complexe des PCI
101
100
10-1
Conductivité [S/m]
10-2
10-3
Durée du vieillissement s(0h)
-4 s(2,5h)
10 par ordre croissant de
haut en bas s(5h)
10-5 s(10h)
s(20h)
10-6 s(40h)
s(80h)
10-7 5% s(160h)
s(240h)
10-8 PU PU(0h)
PU(240h)
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
10-9
101 102 103 104 105 106 107 108 109 1010
Fréquence [Hz]
Figure III-16 Conductivité en fonction de la fréquence jusqu’à 1.8 GHz, sous l’effet du vieillissement
thermique à 100°C pour le composite de PANI/PU 5%. Les mesures sur le PU servent de référence afin de
mettre en évidence l’effet d’ajout de PANI.
103
Durée du vieillissement par ordre croissant
de haut en bas
(0h-2.5h-5h-10h-20h-40h-80-160-240h)
102
5%
1%
'
101 0.5%
PU
100
102 103 104 105 106 107 108 109 1010
Fréquence [Hz]
Figure III-17 Evolution de ' en fonction de la fréquence jusqu’à 1.8 GHz, sous l’effet du vieillissement
thermique à 100°C pour les composites de PANI/PU 0.5%, 1% et 5%. Les mesures sur le PU servent de
référence afin de mettre en évidence l’effet d’ajout de PANI.
74
Chapitre III
104
102 5%
"
101
1%
0
10 0,5%
PU
-1
10
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
101 102 103 104 105 106 107 108 109 1010
Fréquence [Hz]
Figure III-18 Evolution de '' incluant la conductivité continue en fonction de la fréquence jusqu’à 1.8
GHz, sous l’effet du vieillissement thermique à 100°C pour les composites de PANI/PU 0.5%, 1% et 5%.
104
102 5%
"
101 1%
100 0,5%
PU
10-1
101 102 103 104 105 106 107 108 109 1010
Fréquence [Hz]
Figure III-19 Evolution de '' après avoir retranché la conductivité continue en fonction de la fréquence
jusqu’à 1.8 GHz, sous l’effet du vieillissement thermique à 100°C pour les composites de PANI/PU 0.5%,
1% et 5%. Les parties en gris correspondent à la contribution de la conductivité continue pour la mesure
avant le vieillissement.
75
Permittivité et conductivité complexe des PCI
1,0E-06
PANI/PU 0.5%
Modèle
[S/m]
1,0E-07
Valeurs expérimentales
1,0E-08
0 5 10 15 20
t -1/2 [h-1/2]
Figure III-20 Evolution de la conductivité continue en fonction du t –1/2 à 100°C pour le composite de
PANI/PU 0.5%. Les résultats expérimentaux sont représentés par des « ■ ».
76
Chapitre III
1,0E-05
PANI/PU 1%
Modèle
[S/m]
1,0E-06
Valeurs expérimentales
1,0E-07
0 5 10 15 20
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
t -1/2 [h-1/2]
Figure III-21 Evolution de la conductivité continue en fonction du t –1/2 à 100°C pour le composite de
PANI/PU 1%. Les résultats expérimentaux sont représentés par des « ■ ».
1,0E-05
PANI/PU 5%
Modèl
e
[S/m]
1,0E-06
Valeurs expérimentales
1,0E-07
0 5 10 15 20
t -1/2 [h-1/2]
Figure III-22 Evolution de la conductivité continue en fonction du t –1/2 à 100°C pour le composite de
PANI/PU 5%. Les résultats expérimentaux sont représentés par des « ■ ».
77
Permittivité et conductivité complexe des PCI
10
PANI/PU 0,5%
c (0h) c (240h)
"
1
2 3 4 5
10 10 10 10
Fréquence [Hz]
Figure III-23 Zoom sur les valeurs maximales de '' en fonction du temps de vieillissement thermique à
100°C pour le composite de PANI/PU 0.5%. La conductivité continue a été prise en compte et retranchée.
La variation de la fréquence critique est indiquée par les deux valeurs initiale et finale.
78
Chapitre III
10
PANI/PU 1%
"
c (0h) c (240h)
1
3 4 5 6
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
2
10 10 10 10 10
Fréquence [Hz]
Figure III-24 Zoom sur les valeurs maximales de '' en fonction du temps de vieillissement thermique à
100°C pour le composite de PANI/PU 1%. La conductivité continue a été prise en compte et retranchée.
La variation de la fréquence critique est indiquée par les deux valeurs initiale et finale.
2
10
PANI/PU 5%
"
c (0h) c (240h)
1
10
6 7 8 9
10 10 10 10
Fréquence [Hz]
Figure III-25 Zoom sur les valeurs maximales de '' en fonction du temps de vieillissement thermique à
100°C pour le composite de PANI/PU 5%. La conductivité continue a été prise en compte et retranchée.
La variation de la fréquence critique est indiquée par les deux valeurs initiale et finale.
79
Permittivité et conductivité complexe des PCI
100
et L0 (Unité arbitraire) PANI/PU 0.5%
10 Evolution de L 0
Evolution de dc
1
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
0 5 10 15 20
t -1/2 [h-1/2]
Figure III-26 Evolution de la longueur moyenne L0 et de la conductivité continue dc en fonction du t –1/2 à
100°C pour le composite de PANI/PU 0.5%. A des fins de comparaison, les courbes sont montrées avec les
valeurs en unité arbitraire.
100
PANI/PU 1%
et L0 (Unité arbitraire)
10 Evolution de L 0
Evolution de dc
1
0 5 10 15 20
t -1/2 [h-1/2]
Figure III-27 Evolution de la longueur moyenne L0 et de la conductivité continue dc en fonction du t –1/2 à
100°C pour le composite de PANI/PU 1%. A des fins de comparaison, les courbes sont montrées avec les
valeurs en unité arbitraire.
80
Chapitre III
100
PANI/PU 5%
et L0 (Unité arbitraire)
10
Evolution de L 0
Evolution de dc
1
0 5 10 15 20
t -1/2 [h-1/2]
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Figure III-28 Evolution de la longueur moyenne L0 et de la conductivité continue dc en fonction du t –1/2 à
100°C pour le composite de PANI/PU 5%. A des fins de comparaison, les courbes sont montrées avec les
valeurs en unité arbitraire.
III.5 Conclusion
Nous avons élargi un modèle qui permet d’expliquer l’évolution de la conductivité
alternative des polymères conducteurs en fonction de la fréquence du champ électrique. Ce
modèle a été initialement établi par A. N. Papathanassiou et al. Il suppose que le matériau est
composé d’îlots conducteurs isolés englobés dans une matrice isolante. La longueur de ces
îlots est supposée suivre une loi de distribution gaussienne. Nous avons étendu ce modèle en
tenant compte des différents espaces qui existent entre les îlots conducteurs.
Notre modèle permet de mieux comprendre l’origine de la relaxation observée sur les
échantillons de PANI/PU 0.5%, 1% et 5%. La comparaison entre les résultats expérimentaux
et théoriques donne un assez bon accord tout du moins sur le plan qualitatif. Comme attendu
sur nos composites PANI/PU, le modèle fait clairement apparaître une relaxation qui évolue
en fonction du taux de PANI.
Une étude de vieillissement thermique a ensuite été effectuée sur ces mêmes composites.
Pour cela les échantillons ont été chauffés à une température de 100°C à la pression
atmosphérique sous air ambiant durant 10 jours. Les résultats de mesure montrent une
diminution rapide de la conductivité continue dc suivie d’une diminution plus lente. Cette
évolution est conforme à celles observées dans la littérature et décrites par un modèle
universel de vieillissement. Notre modèle explique cette diminution de la conductivité par la
diminution de la longueur moyenne L0 des îlots isolés et de ce fait par une augmentation de la
fréquence critique de la relaxation diélectrique. Ces évolutions ont été clairement observées
expérimentalement au cours du processus de vieillissement.
De façon qualitative, notre modèle montre le lien qui existe entre les caractéristiques
physiques des îlots isolés et la relaxation diélectrique mise en évidence sur une échelle
macroscopique. En modifiant dans le modèle la structure microscopique de l’échantillon, on
peut connaître à l’avance les conséquences sur les mesures expérimentales. A l’inverse, quand
on observe une variation des caractéristiques du matériau sous certaine contrainte extérieure,
le modèle permet d’en expliquer l’origine éventuelle au niveau microscopique.
81
Permittivité et conductivité complexe des PCI
82
Chapitre IV
IV.2 Généralités
IV.2.1 Définition
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Au sens large, le bruit définit les signaux aléatoires et non désirés, voire parasites, se
superposant aux signaux utiles. Par exemple en électronique, la notion de bruit est directement
reliée à des fluctuations aléatoires de l’amplitude, de la fréquence et de la phase d’un
phénomène vibratoire. Il est à l’origine des limites des performances des dispositifs
électroniques en particulier dans le domaine des télécommunications. Par exemple en
téléphonie mobile, où la capacité de recevoir des signaux de très faible puissance revêt une
importance primordiale pour des communications longue distance depuis la cellule de base, il
est nécessaire de ne pas détériorer les signaux reçus en ajoutant du bruit lié aux composants
électroniques internes.
On espère toujours que les appareils électroniques peuvent faire plus tout en consommant
moins. L’attention s’appuie sur les circuits fonctionnant à faible puissance. A un certain
niveau de puissance trop faible, la contribution du bruit due aux fluctuations microscopiques
dans le composant devient importante.
La caractérisation du bruit offre la possibilité de connaître la limite de détection et de
mesure, elle permet également de mieux comprendre certaines limitations technologiques. En
effet, les résultats de mesure de la densité spectrale de bruit peuvent en principe être liés au
mode de préparation et aux traitements que l’échantillon a préalablement subi à la mesure.
Dans ces conditions, il devient possible de faire le choix d’une filière technologique en vue
d’une application ciblée (élaboration d’un capteur par exemple). Au-delà de cet aspect
appliqué, l’étude peut s’orienter vers l’investigation des mécanismes électroniques à l’origine
du bruit mesuré. Cet objectif à caractère plus fondamental, vise à connaître la nature intime du
bruit et à lier ses caractéristiques à celles du matériau qui le génère.
83
Bruit basse fréquence
Lorsque les deux fonctions sont indépendantes l’une de l’autre, la fonction de corrélation est
nulle.
On peut également étudier la corrélation croisée d’un signal par lui même. On parle dans
ce cas de l’autocorrélation. La fonction d’autocorrélation permet de mesurer les dépendances
temporelles d’un signal. Concrètement elle permet de détecter des régularités ou des profils
répétés dans un signal comme par exemple un signal périodique perturbé par beaucoup de
bruit. Lorsqu’il s’agit d’un signal aléatoire, la fonction d’autocorrélation permet de montrer
dans le domaine temporel le caractère plus ou moins prévisible de ce signal. A partir de
l’équation IV. 1, la fonction d’autocorrélation d’un signal aléatoire X pris à deux instants
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
V t SV f df
2 f2
(IV. 2)
f1
En supposant que la densité spectrale du signal est constante dans une petite bande de
fréquence f = f2 - f1 l’équation IV. 2 peut s’écrire :
V t
2
SV f
f
Dans le cas d’un signal de bruit, Sv(f) représente la puissance de bruit générée par le dispositif
sous test dans une bande de fréquence f autour de la fréquence d’analyse f.
84
Chapitre IV
Le processus de diffusion thermique des porteurs par les atomes, les impuretés et les
défauts du réseau cristallin, est à l’origine du bruit thermique connu aussi sous le nom de bruit
de Johnson ou de Nyquist. Dans le cas d’un échantillon purement résistif, la densité spectrale
de bruit en tension s’écrit :
SV (thermique ) f 4kBTR V 2 / Hz
où kB est la constante de Boltzmann, R la résistance de l’échantillon portée à la température T.
(ii). Bruit de diffusion [3]
Le bruit de diffusion est dû à la fluctuation de la vitesse des porteurs dans un système
physique. A l’équilibre thermodynamique, il correspond au bruit thermique.
(iii). Bruit de grenaille (Shot Noise) [4]
Le bruit de grenaille est dû au caractère granulaire de la matière, c’est à dire au caractère
discret du courant continu. Il est mis en évidence lorsque les porteurs subissent très peu de
collisions comme dans les composants courts ou les composants à jonction (diodes). En
général et dans le cas d’un matériau résistif, le bruit thermique l’emporte largement sur le
bruit grenaille.
SI ( grenaille ) 2qI 0 A2 / Hz
où q est la charge élémentaire et I0 représente le courant moyen qui traverse l’échantillon.
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
SV ( g r )
1
2
où N est la fluctuation du nombre de porteurs et est lié à la durée de vie des porteurs.
(v). Bruit en 1/f [7 à 10]
Le bruit en 1/f présente une densité spectrale de puissance qui varie à l’inverse de la
fréquence d’où son nom.
1
SV (1/ f )
f
avec proche de 1. Contrairement aux autres sources de bruit, son origine physique n’est pas
clairement établie.
Selon les matériaux utilisés, les modes de fabrication employés, le courant injecté, la
fréquence et la température d’analyse, le dispositif sous test peut faire apparaître ces
différentes sources de bruit avec plus ou moins d’importance. A titre d’exemple, on montre
dans la figure IV-1, les spectres de bruit mesurés sur des transistors à effet de champ à
hétérojonctions AlGaN/GaN [11]. Ces relevés font apparaître des pentes en 1/f en dessous de
10 Hz typiques du bruit en 1/f, suivies de pentes en 1/f 2 relatives au bruit (g-r). Au delà de
10 kHz, ces deux sources disparaissent pour laisser la place au bruit thermique.
85
Bruit basse fréquence
g-r
Thermal noise
Figure IV-1 Exemple de spectre de bruit obtenu sur des transistors HFETs à différentes températures.
[11]
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Dans la suite de cette étude, nous nous focalisons uniquement sur le bruit thermique et le
bruit en 1/f générés dans les matériaux polymères conducteurs.
86
Chapitre IV
limitations de cette méthode sont directement liées aux limites des performances des appareils
de mesure.
sur plusieurs personnes, la musique générée à partir d’un spectre en 1/f est beaucoup plus
agréable à entendre que celle montrant un spectre plat (1/f 0) ou un spectre en 1/f 2. De même,
K. Oguchi et al. ont montré [15] qu’un éclairage artificiel possédant un bruit en 1/f est plus
confortable et relaxant que celui généré avec un bruit blanc.
De nombreux physiciens sont convaincus qu’il doit y avoir une raison profonde à cette
ubiquité de spectre de bruit en 1/f, et beaucoup de chercheurs se sont lancés dans la recherche
d’une explication universelle [7 9].
En électronique, le bruit en 1/f a été mis en évidence par J. B. Johnson en 1925 dans les
triodes [16]. Dans un premier temps, J. B. Johnson et W. Schottky ont donné une explication
simple basée sur la physique du transport des électrons circulant dans un tube à vide [17]. Par
la suite, plusieurs modèles issus de la théorie quantique [18] ou basés sur l’hypothèse de la
fluctuation du nombre de porteurs [19], de la mobilité [8 20], ou encore de la température [21]
sont proposés pour expliquer l’origine physique du bruit en 1/f. Aujourd’hui les modèles sont
généralement adaptés à des cas particuliers, et il n’existe toujours pas de modèles universels
pour expliquer l’origine physique du bruit en 1/f.
Sur une échelle macroscopique, le bruit en 1/f est généralement attribué à des fluctuations
de la conductivité électrique [22]. En effet d’après la loi d’Ohm, les fluctuations en tension
mesurées aux bornes d’un barreau métallique présentant un comportement ohmique de
résistance R et parcouru par un courant continu I, ne peuvent provenir que des fluctuations de
cette résistance :
SV S R I 2 (IV. 3)
où SV et SR représentent respectivement la densité spectrale en tension et en résistance. A
partir de la loi d’Ohm, l’équation IV. 3 devient :
SV S R
V 2 R2
De ce fait, cette source de bruit de résistance peut être attribuée à des fluctuations du
nombre de porteurs ou de la mobilité. En effet, dans le cas simple d’un barreau métallique de
longueur L, on peut écrire sa résistance R par :
L2
R (IV. 4)
q N
87
Bruit basse fréquence
J d
88
Chapitre IV
89
Bruit basse fréquence
Y I2
SI f
V2
SV f
Figure IV-2 Représentation d’un dipôle passif bruyant suivant le modèle de Thévenin (a), de Norton (b).
90
Chapitre IV
Figure IV-3 Localisation des différentes sources de bruit parasites dans le cas du montage avec
l’amplificateur EG&G 5184.
En considérant que les différentes sources de bruit ne sont pas corrélées, on obtient à la
sortie du préamplificateur EG&G 5184 :
Z 2
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Ses f
g
Z Zg
Se f Z Sig f Seg f Gg2
2
avec Zg l’impédance de résistance Rg // capacité Cg, Gg le module du gain de l’amplificateur
en tension. Les caractéristiques de bruit du préamplificateur peuvent être préalablement
déterminées en plaçant un circuit-ouvert, un court-circuit et des résistances étalons à la place
du DST [28]. Le tableau IV-1 donne les caractéristiques de l’EG&G.
Tableau IV-1 Caractéristiques du préamplificateur faible bruit EG&G 5184 (déterminées à partir de
mesures) : densités de bruit équivalentes en tension Se f et en courant Si f , résistance d’entrée Rg,
g g
capacité d’entrée Cg, résistance de sortie Rs, gain en tension Gg, bande passante BP.
Le bruit en 1/f est révélé en présence d'un courant continu. Pour cela il faut ajouter au
banc de mesure un système de polarisation du dipôle sous test sans engendrer pour autant de
perturbations notables sur la mesure du bruit. Le dispositif de base pour la mesure en tension
est présenté sur la figure IV-4. Il inclue une série de batteries Nickel Hybride (Ni–MH) de 9 V
associées à une résistance métallique Rpol ne générant pas de bruit en 1/f (du moins pour f >
10 Hz) [29]. L’emploi de batteries est impératif pour éviter tout lien avec le réseau électrique
qui entraîne de manière systématique la présence dans les relevés de raies aux différents
harmoniques du 50 Hz et se traduit directement par une importante perte de sensibilité à
l’enregistrement [30]. Si on considère que le bruit mesuré est dû à des fluctuations de
résistance R(t) = R+R(t), et en supposant que tous les éléments de la chaîne de mesure sont
idéaux, on obtient :
2
SV SR Rpol
(IV. 8)
V 2 R 2 R Rpol
91
Bruit basse fréquence
où Sthermique(f), Sg-r(f), S1/f(f) sont respectivement les densités spectrales de bruit thermique, de
génération-recombinaison et en 1/f.
Le bruit en 1/f dans les contacts dépend très fortement des procédés de réalisation, de la
forme des contacts, des matériaux utilisés [32], et peut rapidement devenir prépondérant sur le
bruit mesuré. Sur un matériau de type GaSb, L. Gouskov et al. [31], ont montré que le niveau
de bruit de contacts d’or évaporé est 102 à 104 fois plus élevé que celui de contacts d’or
pulvérisé alors que la valeur de la résistance des contacts reste dans le même ordre de
grandeur. Ceci met en évidence la grande sensibilité du bruit basse fréquence sur la qualité
des contacts.
Sur le plan expérimental, pour mesurer le bruit de contact ou pour nous en affranchir afin
de déterminer le bruit du matériau, nous utilisons 4 méthodes de mesure différentes que nous
développons dans les paragraphes suivants.
92
Chapitre IV
déterminer la valeur de la résistance des contacts. La méthode standard consiste à déposer sur
un échantillon rectangulaire plusieurs contacts en forme de lignes parallèles. La distance entre
les contacts est différente afin de créer une échelle de résistance (cf. Figure IV-5 (a)). Dans le
cas d’un matériau homogène, la résistance réalisée varie linéairement en fonction de la
distance entre deux contacts de mesure, il est alors possible d’en extraire la valeur à l’origine
qui représente la somme des résistances des 2 contacts (cf. Figure IV-5 (b)).
1 2 3 4
L1 L2 L3
W
Rc Rij Rc t
d (a)
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
(b)
Figure IV-5 (a) Vue schématique de la structure TLM, (b) Caractéristique de la résistance totale en
fonction de la distance entre les contacts.
Nous montrons dans la figure IV-6, le schéma électrique équivalent de notre échantillon
muni de 4 contacts. Il comprend les 3 résistances propres au matériau Rij prises entre les plots
i et j, et les 4 résistances de contact Rci.
1 2 3 4
R 12 R23 R34
Figure IV-6 Schéma équivalent de l’échantillon munis de 4 contacts.
93
Bruit basse fréquence
I12 V
1 2 3 4
matériau R23. Cette configuration nous permet normalement de réduire la contribution du bruit
des contacts et d’obtenir directement le bruit de la couche du matériau.
Malheureusement dans cette configuration une partie du courant continu peut entrer et
ressortir des plots intermédiaires 2 et 3 (cf. Figure IV-8 (b)) et peut provoquer un bruit
excédentaire visible à travers la mesure du bruit entre 2 et 3.
1 2 3 4
I14
V
1 2 3 4
94
Chapitre IV
I23
1 2 3 4
Figure IV-9 Configuration N°3 pour mesurer la résistance et le bruit de la couche entre les contacts 2 et 3.
V
I13
1 2 3 4
Figure IV-10 Configuration N°4 pour mesurer la résistance et le bruit de la couche entre les contacts 2 et 3
Aucune de ces méthodes peut nous permettre d’être certain de mesurer effectivement le
bruit du matériau seul. Toutefois après avoir vérifié la bonne cohérence des résultats obtenus à
partir de ces 3 méthodes en fixant un courant constant, et après avoir mesuré le bruit des
contacts et s’être assuré qu’il est non significatif, on peut considérer que le bruit des contacts
est négligeable et que le bruit mesuré est bien celui généré par le matériau.
95
Bruit basse fréquence
s s s
y
x
t 2rt
1 2 3 4
Figure IV-11Schéma de principe de la mesure 4 pointes alignées (rt ≈ 90 m : rayon d’une
pointe, s = 1 mm : distance entre 2 pointes, et t : épaisseur de la couche).
électrodes intérieures (cf. Figure IV-12). Si on suppose que l’épaisseur de la couche t est très
inférieure à la distance s séparant les pointes, on peut considérer que les équipotentielles sont
cylindriques. La résistance de la couche Rsh est alors donnée par [34] :
V23
Rsh
ln 2 I14
A
I14
V y
s s s
t 2rt x
1 2 3 4
Figure IV-12 Vue schématique du dispositif avec 4 pointes alignées pour mesurer la résistance
et le bruit de matériau sous forme de couche mince.
96
Chapitre IV
pointes est très petit devant la distance qui sépare 2 pointes, ce qui est le cas. Il est supposé
également que les pointes se situent suffisamment loin des bords pour en négliger les effets.
Nous donnons dans le tableau IV-2 les facteurs de correction qui ont été montrés dans la
référence [34].
Tableau IV-2 Facteur de correction pour la méthode à 4 pointes alignées, reff est le rayon réel du contact
entre une pointe et la couche. Les valeurs du facteur de correction fco sont calculées avec ln(s/2reff) = 7.
Cette valeur a été estimée à partir de mesures effectuées sur des matériaux connus.
On peut constater qu’à priori le cas le plus favorable pour la mesure est le cas 2 où le
courant est injecté entre les électrodes 1 et 3, et où la tension de bruit est mesuré entre les
électrodes 2 et 4 car cette configuration présente le facteur de correction le plus élevé et donc
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
la sensibilité la plus élevée. Toutefois ce cas de figure est à prendre avec précaution. En effet
dans ce cas, les calculs montrent que le bruit mesuré provient essentiellement des zones se
situant autour des électrodes 2 et 3. Malheureusement, l’électrode 3 sert à faire passer le
courant continu et peut révéler un excès de bruit non négligeable qui va s’ajouter au bruit
mesuré.
Dans le cas 1, lorsque le courant est injecté sur les électrodes extérieures et le bruit en
tension est mesuré sur les électrodes intérieures, les calculs montrent que le bruit mesuré
provient également des zones se situant autour des électrodes 2 et 3. Par contre dans ce cas,
aucune source de bruit excédentaire due aux contacts ne peut être révélée puisqu’aucun
courant n’est supposé passer à travers ces électrodes de mesure. Etant donné la faible
différence de sensibilité entre ces 2 cas, la 1ère configuration nous paraît être le meilleur
compromis pour supprimer une éventuelle contribution de bruit de contact et déterminer le
bruit du matériau seul.
Le cas 3 est le plus défavorable car d’une part la sensibilité est beaucoup plus faible, et
d’autre part le contact 2 servant à l’injection du courant peut engendrer un excès de bruit non
négligeable puisqu’il se situe dans une zone de haute sensibilité pour la mesure du bruit.
Il est à noter que cette méthode de mesure n’est pas adaptée aux matériaux présentant des
résistivités trop élevées. En effet, dans ce cas le bruit thermique attendu entre les électrodes de
mesure peut s’avérer très élevé et rendre difficile l’apparition du bruit en 1/f. De plus cette
méthode permet de scruter des zones restreintes et bien particulières du matériau. En
conséquence dans le cas d’un matériau inhomogène, cette méthode peut donner des
informations statistiques sur le bruit qui y est généré à l’inverse d’un échantillon muni de 2
longs contacts métalliques parallèles où le bruit mesuré est à l’image de la valeur moyenne
des bruits qui y sont générés.
97
Bruit basse fréquence
contrairement à la méthode TLM, les électrodes sont toutes face à face deux à deux, et les
lignes de courant ne rencontrent pas directement d’obstacles dus aux contacts réalisés. De ce
fait, on peut penser que cette méthode permet de réduire considérablement les effets dus aux
contacts. De plus, cette configuration nous permet également d’effectuer des mesures de
concentration de porteurs de charges par effet Hall.
Cette configuration de mesure a été mise au point par Van Der Pauw [36] pour la
détermination de la résistivité de matériaux. La mesure consiste à injecter un courant I à
travers les 2 électrodes D se situant sur un même côté, et à mesurer la tension résultante entre
les 2 électrodes Q se situant sur le côté opposé (cf. Figure IV-14).
V
1 4
I12
2 3
Figure IV-14 Configuration de mesure dans le cas d’un échantillon carré avec 2 paires de contacts
opposés.
Dans le cas d’un échantillon carré et de faible épaisseur pour considérer que les
équipotentielles sont cylindriques, la résistance de la couche est donnée par :
V34
Rsh
ln 2 I12
où V34 est la tension mesurée entre les contacts 3 et 4, I12 est le courant injecté par les contacts
1 et 2.
98
Chapitre IV
calculé dans notre laboratoire [35] pour 2 configurations différentes en distinguant les
électrodes D permettant le passage du courant I des électrodes Q de mesure du bruit : (i) les
électrodes de mesure de la tension de bruit sont diamétralement opposées (Figure IV-13 (a1))
(ii) les électrodes de mesure de la tension sont sur un même côté (Figure IV-13 (b1)). A des
fins de comparaison, le facteur de correction a été également calculé pour ces mêmes cas de
figure, mais cette fois en considérant des mesures à 2 contacts en confondant les 2 types
d’électrodes D et Q (cf. Figure IV-13 (a2) et (b2)). La principale hypothèse faite pour ces
calculs est de considérer que le diamètre des plots est très petit devant la longueur L de
l’échantillon afin de considérer des contacts ponctuels. On suppose également que les lignes
de courant sont cylindriques. Nous donnons dans le tableau IV-3 les résultats de ces calculs.
Tableau IV-3 Facteur de correction pour le dispositif à 4 contacts déposés à chaque coin d’un échantillon
en forme de carré. A titre de comparaison, nous donnons le facteur de correction dans la configuration à 2
points. Ces valeurs ont été calculées en prenant L/l = 20 (L : longueur du côté du carré, l : rayon des
contacts).
(cf. Figure IV-13 (a1) (cf. Figure IV-13 (a2) (cf. Figure IV-13 (b1) (cf. Figure IV-13 (b2)
Facteur de
correction 2 2 L 8 L
2
8 L
2
fco f co1 ln f co 2 3 f co 4 3
2 2l l f co3 0.25 l
0.613 103.2 103.2
2 l L
Rapport
3 l
2 2
SV (4 points ) f SV (4 po int s ) f
SV (4 po int s ) co1 ln co 3
SV (2 points ) f co 2 4 L 2l SV (2 po int s ) f co 4 32 L
SV (2 po int s )
6 103 2.4 103
99
Bruit basse fréquence
pour mieux visualiser le bruit en 1/f. Cependant le courant doit être limité, d’une part
afin de ne pas créer d’échauffement du matériau qui pourrait générer des fluctuations
de résistance dues à la température, et d’autre part pour ne pas faire apparaître des
non linéarités de la caractéristique statique I/V pour conserver un comportement
ohmique du matériau sous test.
Les configurations à 4 électrodes sont une bonne solution pour supprimer le bruit des
contacts, car les électrodes de mesure sont éloignées des lignes de conduction et se trouvent
dans des zones où le bruit est peu détectable. Cependant comparativement à une configuration
à 2 électrodes, de telles configurations diminuent la sensibilité de mesure et peuvent rendre
difficile voire impossible l’apparition du bruit en 1/f au-delà du bruit thermique qui lui reste
toujours au même niveau.
Électrodes
y
Électrodes
2r 2r x
dx x
2b
(a) (b)
(a) (b)
Figure IV-15 (a) Dispositif de mesure intégrant 2 contacts circulaires de diamètre 2r, et séparés de la
distance 2b, (b) En traits discontinus sont représentées les équipotentielles cylindriques et en traits
continus les lignes de courant.
100
Chapitre IV
Rshb b
2
Rc ln 1 (IV. 12)
r r
où r est le rayon des contacts, et b la distance qui sépare les contacts.
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Cette équation peut être simplifiée dans le cas de petits contacts, où b/r >> 1 :
Rsh b
Rc ln(2 ) (IV. 13)
r
Dans l’hypothèse où les équipotentielles sont toutes décrites par des cercles centrés sur
les contacts (cf. Figure IV-16), la densité de courant peut simplement s’écrire comme
J = I/(2x) pour r < x < b. Cette approximation est valable essentiellement lorsque les
équipotentielles restent proches des contacts. Elle peut s’avérer intéressante dans le cas de
contacts ponctuels et proches l’un de l’autre. Dans ce cas, l’équation IV. 11 donne :
2
R I
b
Rsh b
Rc 2 sh2 2 x dx ln (IV. 14)
I r 2 x r
x x
dx dx
Figure IV-16 Cas où les équipotentielles circulaires sont centrées sur les contacts. En traits discontinus
sont représentées les équipotentielles cylindriques et en traits continus les lignes de courant.
Les expressions exactes et estimées pour la résistance Rc dans les équations IV. 11, IV. 13
et IV. 14 sont comparées dans la figure IV-17. On peut remarquer que l’hypothèse
simplificatrice concernant la petite taille des plots est valable dès que le rapport b/r est
supérieur à 3. Par contre la 2ème hypothèse simplificatrice concernant les équipotentielles
concentriques est valable dès que le rapport b/r est supérieur à 103 avec une erreur relative
inférieure à 10%.
101
Bruit basse fréquence
101
Rc
Rsh
100
10-1
100 101 102 103 104
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
b /r
Figure IV-17 Représentation de la résistance relative calculée entre 2 électrodes circulaires et en
négligeant la résistance des contacts en fonction de la géométrie du dispositif. Les 3 courbes de haut en bas
représentent respectivement l’expression estimée dans le cas de petits plots (Eq. IV. 13), l’expression
exacte (Eq. IV. 11) et l’expression estimée basée sur les équipotentielles concentriques (Eq. IV. 14).
102
Chapitre IV
b / 2r b / r 1 ln b / r b / r 1
2 2
R2 C 1
S Rc sh 3 us 2 (IV. 16)
4 f r b / r 1
2
Dans l’hypothèse simplificatrice de petits contacts où b/r >> 1, l’équation IV. 16 devient :
R 2 C b / r 2 ln 2b / r
2
S Rc sh 3 us (IV. 17)
8 f b2
Dans l’hypothèse où les équipotentielles sont toutes décrites par des cercles centrés sur
les contacts (cf. Figure IV-16), la densité de courant peut simplement s’écrire comme
J = I/(2x) pour r < x < b. Dans ces conditions, l’équation IV. 15 aboutit à :
107
8 3b 2 f
S Rc
Rsh2 Cus
105
103
101
10-1 0
10 101 102 103
b /r
Figure IV-18 Représentation du bruit en 1/f relatif calculé entre 2 électrodes circulaires et en négligeant le
bruit généré par les contacts en fonction de la géométrie du dispositif. Les 3 courbes de haut en bas
représentent respectivement l’expression exacte (Eq. IV. 16), l’expression estimée dans le cas de petits
plots (Eq. IV. 17), et l’expression estimée basée sur les équipotentielles concentriques (Eq. IV. 18).
103
Bruit basse fréquence
SR Ri 2
i
Ni f 2ni r ti f r 2
2
104
Chapitre IV
la géométrie est mal choisie puisque le bruit des contacts évolue en 1/r6 alors que
celui du matériau évolue en 1/r2.
Rsh b b i ti 1
R Rc ln ln (IV. 13) Ri 2 2 cont2 2 (IV. 19)
r r r 2
r r
1018
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
SRi r
-6
1013
108
S Rc r
-2
Ri r
-2
103
R c ln(b /r )
10-2 0
10 101 102 103
b /r
Figure IV-19 Evolutions des résistances des contacts Ri et de la couche Rc ainsi que de leurs densités de
bruit associées (SRi et SRc). Ces évolutions sont données en relatif et sont sans unité (cf. Tableau IV-4).
Ceci montre l’intérêt de cette étude pour mettre en évidence des problèmes dus aux
contacts électriques. La simple représentation du bruit en fonction de l’inverse du rayon des
plots de contacts permet de connaître l’origine du bruit mesuré : une évolution en 1/r2 signifie
que le bruit mesuré provient essentiellement du matériau et que les contacts sont de bonne
qualité, alors qu’une évolution en 1/r6 signifie que le bruit mesuré est dû essentiellement aux
contacts qui sont de mauvaises qualités.
La forte dépendance du bruit sur le rayon des contacts nous permet de distinguer les bons
et les mauvais contacts, et nous permet ainsi d’évaluer différents procédés technologiques
pour le dépôt des contacts électriques.
105
Bruit basse fréquence
IV.7 Conclusion
Nous avons décrit dans ce chapitre les différents outils nécessaires à l’obtention du
spectre de bruit généré dans un matériau. Du point de vue de la mesure, le dispositif sous test
se présente comme un dipôle comportant une impédance Z en série avec une source de tension
de bruit. D’une manière systématique, il est nécessaire pour obtenir la meilleure précision, de
tenir compte des éléments parasites de la chaîne de mesure de bruit. En pratique, l’élément le
plus critique est le préamplificateur en tension. Il doit être caractérisé avec un soin particulier
et contrôlé systématiquement pour éviter toute erreur de mesure. La gamme de mesure est
située entre les limites fixées par les enregistrements en C.O. et en C.C. et il existe de ce fait
une butée à l’investigation expérimentale du bruit. La gamme expérimentale de fréquence
s’étend de 1 Hz à 1 MHz.
Lors de la mesure du bruit de l’échantillon hors d’équilibre, le dépôt de contacts
électriques sur l’échantillon est nécessaire pour le passage d’un courant continu. Dans ces
conditions, le bruit en 1/f mesuré provient du matériau sous test mais également des contacts.
Le bruit généré par les contacts peut être très élevé et des précautions sont nécessaires pour
s’assurer de bien mesurer le bruit du matériau. A priori, il n’existe pas réellement de bonnes
méthodes pour s’affranchir complètement du bruit des contacts et être sûr de ne mesurer que
celui du matériau. Ces méthodes résultent généralement de compromis. Par contre, la
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
multiplication de différentes méthodes et leurs recoupements avec celles des mesures de bruit
des contacts permet de se rassurer et de pouvoir estimer le bruit du matériau.
106
Chapitre IV
[1] H. Nyquist, Thermal Agitation of Electric Charge in Conductors, Phys. Rev. 32, 110–
113 (1928)
[2] J. B. Johnson, Thermal Agitation of Electricity in Conductors, Phys. Rev. 32, 97–109
(1928)
[3] Lino Reggiani, Paolo Lugli, Vladimir Mitin, Generalization of Nyquist-Einstein
relationship to conditions far from equilibrium in nondegenerate semiconductors, Phys.
Rev. Lett. 60, 736–739 (1988)
[4] C. Dragonne, Analysis of thermal and shot noise in pumped resistive diodes, Bell. Syst.
Tech. J. 47 (1968) pp. 1883-1902.
[5] A. van der Ziel, Noise in Solid State Devices and Circuits, John Wiley & Sons Inc.,
chaps. 5 et 7 (1986).
[6] F.N. Hooge, L. Ren, On generation – recombination noise, Physica B, 191 (1993)
pp. 220-226.
[7] A. Van Der Ziel, On the noise spectra of semi-conductor noise and of flicker effect,
Physica Volume 16, Issue 4, (1950), pp. 359-372
[8] F. N. Hooge, 1/f noise is no surface effect, Physics Letters A Volume 29, Issue 3,
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
107
Bruit basse fréquence
[22] Hooge, F.N., 1/f noise sources, Electron Devices, IEEE Transactions on, Volume: 41,
Issue 11, (1994), pp. 1926 - 1935
[23] F N Hooge, T G M Kleinpenning, L K J Vandamme, Experimental studies on 1/f noise,
Rep. Prog. Phys, Volume 44, Number 5, (1981)
[24] Vandamme L.K.J.,Hooge F.N., What Do We Certainly Know About 1/f Noise in
MOSTs? Electron Devices, IEEE Transactions on, Volume 55, Issue 11, (2008), pp.
3070 - 3085
[25] Vandamme L.K.J., Noise as a diagnostic tool for quality and reliability of electronic
devices, Electron Devices, IEEE Transactions on, Volume 41, Issue 11, (1994), pp.
2176 - 2187
[26] Vandamme L.K.J., Trefan G., 1/f noise in homogeneous and inhomogeneous media,
Circuits, Devices and Systems, IEE Proceedings, Volume 149, Issue 1, (2002), pp. 3 -
12
[27] Vandamme L.K.J., Casier H.J., The 1/f noise versus sheet resistance in poly-Si is
similar to poly-SiGe resistors and Au-layers, Solid-State Device Research conference,
2004. ESSDERC 2004. Proceeding of the 34th European, (2004), pp. 365 - 368
[28] Gérard LEROY, Etude et réalisation d‟un banc de mesure de bruit basse fréquence de
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
108
Chapitre V
effectués sur la polyaniline datent de 1995 par O. Quadrat et al. [8]. Cette étude portait sur des
mesures de bruit en courant sur un système formé de particules de polyaniline de 100 nm de
diamètre et dispersées dans une matrice isolante de poly(vinyl alcohol). Ces mesures ont été
faites en dessous du seuil de percolation malgré le fort taux de PANI qui était de 25.7%. Plus
récemment, des résultats de mesure de bruit dans des mélanges de polyaniline au delà du seuil
de percolation ont été publiés par les équipes de Jérôme Planès [9] et Vitali Parkhutik [10].
Nous montrons dans ce chapitre les résultats de bruit obtenus sur des matériaux
composites de polyaniline et de polyuréthane. Pour ces caractérisations, des contacts en or ont
été préalablement déposés. Nous utilisons les différentes configurations de mesure décrites
dans le chapitre précédent et les comparons pour obtenir la méthode la mieux adaptée au
contexte. Pour caractériser en bruit nos échantillons polymères, nous nous appuyons sur la
relation empirique de Hooge initialement utilisée pour des matériaux métalliques et
semiconducteurs. Cette hypothèse basée sur la fluctuation de la résistivité est
systématiquement vérifiée pour les échantillons étudiés. Enfin, nous proposons un modèle
basé sur la morphologie des polymères de type « spaghetti » pour expliquer la
proportionnalité élevée entre le bruit en 1/f normalisé Cus et la résistance de couche Rsh.
109
Mesures de bruit en 1/f dans des composites de polyaniline / polyuréthane
2rt x
t
1 2 3 4
2 contacts circulaires métalliques 4 pointes alignées
50 5
45 Courant montant 4,5 Courant montant
40 Courant déscendant 4 Courant déscendant
35 3,5
30 3
I(mA)
I(mA)
25 2,5
20 2
15 1,5
10 1
5 0,5
0 0
0 100 200 300 400 0 2 4 6 8
V(mV) V(mV)
(a) Relevé sur un échantillon PANI100% déposé (b) Relevé sur un échantillon PANI100% déposé
sur Téflon avec 2 contacts circulaires ( = 5mm) sur PVC avec 4 pointes alignées
Figure V-1 Exemples des relevés de I = f(V) avec 2 types de contacts.
110
Chapitre V
Tableau V-1 Caractérisations statiques des échantillons étudiés : épaisseur t, résistance de couche Rsh,
résistivité , conductivité .
111
Mesures de bruit en 1/f dans des composites de polyaniline / polyuréthane
Électrodes
s
de
tro
s
ec
de
Él
tro
ec
Él
(1) (2)
Électrodes s
de
tro
ec
Él
(3) (4)
Figure V-2 Vue schématique des 4 configurations utilisées pour la mesure du bruit de l’échantillon N°7.
112
Chapitre V
conducteurs reste valable et peut être utilisée dans le cas de matériaux polymères
conducteurs :
S R f SV f
R2 V2 fN
où V = IR est la tension aux bornes de l’échantillon de résistance R due au courant continu I
le traversant.
10-14
I=3.6mA Polyaniline 100% (Téflon)
I = 3.6mA (diagonal)
I = 3.6mA (même côté)
1/f I = 0.9mA (diagonal)
10-15 I = 0.9mA (même côté)
I = 0 (diagonal)
SV(f) [V2/Hz]
I=0.9mA
I = 0 (même côté)
10-16
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
I=0mA
10-17
10-18
1 10 102 103 104
Fréquence [Hz]
Figure V-3 Spectres de bruit en 1/f obtenus entre les contacts (1, 2) et (1, 3) , les 2 courbes du bas
indiquent les bruits de fond (I = 0). Les courants injectés pour les 2 types de mesures (diagonal) et (même
côté) sont identiques.
10-14
Sv(1-2) (même côté)
Sv(1-3) (diagonal)
SV(f) [V2/Hz]
+2
-15
10
113
Mesures de bruit en 1/f dans des composites de polyaniline / polyuréthane
Pour un même courant injecté dans les 2 configurations de mesure à 2 contacts (en
diagonal ou sur le même coté), nous obtenons le même niveau de bruit en 1/f. Ceci est en
accord avec les calculs effectués dans le chapitre précédent où la densité de bruit pour les
configurations à 2 contacts en diagonal ou sur le même côté ne dépend que des propriétés du
matériau et du courant injecté (cf. Tableau IV-3) :
2
Cus I 2 Rsh2 8 L
SV f co où fco est un facteur de correction f co 3
L2 f l
Cette relation est obtenue en considérant que la largeur L du carré est beaucoup plus
grande que le rayon l du contact. Sur cet échantillon le rapport l/L est de 1/20 (cf. Figure
IV-13). Cette valeur semble être suffisante pour être en accord avec les calculs estimés.
De la même façon nous avons essayé de mesurer les spectres de bruit en utilisant la
configuration à 4 contacts. Malheureusement dans les conditions expérimentales « normales »
en utilisant des courants de même ordre de grandeur que ceux utilisés pour les mesures à 2
points, nous n’avons pas réussi à observer de bruit excédentaire au bruit de fond du dispositif.
Au delà d’un courant injecté de 8 mA, les mesures font apparaître des spectres différents du
bruit en 1/f et instables dans le temps. Cela est très probablement provoqué par un excès
d’échauffement dans le matériau.
Ces résultats montrent clairement que les mesures à 4 contacts sont beaucoup moins
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
sensibles que les mesures à 2 contacts. Ceci est d’ailleurs confirmé par les relations établies
dans le chapitre précédent (cf. Tableau IV-3) qui permettent d’établir le rapport
SV(4 contacts)/SV(2 contacts) :
f co1 2 l L
2
SV (4 points )
ln (bruit mesuré sur 2 contacts en diagonal)
SV (2 points ) f co 2 4 L 2l
f co 3 3 l
2
SV (4 po int s )
(bruit mesuré sur 2 contacts d’un même côté)
SV (2 po int s ) f co 4 32 L
Pour notre échantillon, le rapport l/L est de 1/20. Les rapports des spectres de bruit
SV(4 contacts)/SV(2 contacts) calculés sont de 0.006 pour la mesure de bruit sur 2 contacts en
diagonal, et de 0.0024 pour la mesure de bruit sur 2 contacts d’un même côté.
Ces rapports présentent une différence de plus de 2 décades sur une échelle
logarithmique. Cela signifie que pour avoir un même niveau de bruit SV(f) dans la
1
configuration à 4 points, le courant injecté doit respectivement être 13 ( )et 20
0.006
1
( ) fois plus élevé que celui utilisé pour les configurations à 2 contacts en diagonal
0.0024
ou sur le même côté.
Finalement, les résultats issus de cette configuration de mesure sont :
- Résistance de couche : Rsh = 8.3
- Coefficient de bruit Cus = 3.710-10 mm2
Ces valeurs restent à être vérifiées et comparées à celles obtenues par d’autres méthodes de
mesure.
114
Chapitre V
(a) Dispositif complet (b) Tête du dispositif munie des 4 pointes alignées
Figure V-5 Photos du dispositif de mesure sous pointes.
Pour ce dispositif, nous avons utilisé la 1ère configuration de mesure lorsque le courant est
injecté au travers des électrodes 1 et 4 et le bruit en tension est mesuré sur les électrodes 2 et 3
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
(voir §IV.6.2, cas 1 dans le Tableau IV-2). Les mesures sont effectuées à plusieurs endroits
autour du centre de l’échantillon.
Comme le montrent les figures V-6 et V-7, les mesures de bruit obtenues font apparaître
des spectres en 1/f et proportionnels au carré du courant injecté en accord avec la relation
empirique de Hooge. A partir de ces mesures, on obtient le paramètre de bruit Cus par
l’équation IV. 10 :
L2 f
Cus SV 2 2
I Rsh f co
Le facteur de correction fco qui tient compte de la non uniformité des lignes de courant est
proportionnel à ln(s/reff). Dans le cas où le courant est injecté entre les 2 pointes extérieures 1
et 4, et le bruit en tension est mesuré entre les 2 pointes intérieures 2 et 3, le facteur de
correction fco est donné par :
5 ln s / 2reff
f co
16 3
où reff est le rayon réel du contact entre les pointes et la couche. Une valeur de ln(s/reff) = 7 a
été proposée dans la référence [11]. Cette valeur a été obtenue avec le même dispositif de
mesure sous pointes sur une feuille de carbone dont le paramètre de bruit Cus a été
préalablement déterminé à l’aide d’une structure à champ électrique uniforme. Il faut noter
que selon la force appliquée sur le dispositif, les pointes peuvent être plus ou moins enfoncées
dans le matériau et engendrer une valeur différente du diamètre réel des contacts. Toutefois
cette éventuelle différence est fortement atténuée par la fonction logarithmique dans la
relation du facteur de correction.
115
Mesures de bruit en 1/f dans des composites de polyaniline / polyuréthane
10-14
Polyaniline 100% (Teflon)
I=3.58mA
I = 3.58 mA
-15 1/f
10 I = 1.78 mA
I=1.78mA I = 0.88 mA
SV(f) [V²/Hz]
I=0
I=0.88mA
10-16
I=0mA
10-17
10-18
1 10 102 103 104
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Fréquence (Hz)
Figure V-6 Spectres de bruit en 1/f obtenus en fonction de la fréquence. La courbe du bas indique le bruit
de fond (I = 0), les autres correspondent aux spectres relevés avec des courants différents.
10-15
+2
10-16
10-17
0,1 1 10
I [mA]
Figure V-7 Evolution de SV(f) à 4 Hz en fonction du courant continu injecté I
La valeur numérique du facteur de correction fco est égale à 710-2. Les résultats issus de
cette configuration de mesure sont :
- Résistance de couche : Rsh = 7.7
- Coefficient de bruit Cus = 1.310-10 mm2
Ces valeurs sont calculées par les moyennes des mesures à 3 endroits différents.
116
Chapitre V
pointes à ressort
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Ressorts
Dans cette étude, nous commençons par déposer une paire de contact de diamètre
1,5 mm. Après chaque mesure de bruit, nous augmentons progressivement le diamètre des
contacts en superposant les nouveaux contacts aux anciens. Les plots réalisés ont
respectivement les diamètres : 1.5 mm, 2 mm, 2.5 mm, 3.2 mm, 5 mm et 8 mm.
La dépendance fréquentielle de SV(f) et la dépendance quadratique avec le courant I
injecté ont systématiquement été vérifiées pendant les manipulations. Les figures V-9 et V-10
nous montrent les spectres en fonction de la fréquence et le niveau de bruit en fonction du
courant I.
117
Mesures de bruit en 1/f dans des composites de polyaniline / polyuréthane
10-17 I=0mA
10-18
2r = 1.5 mm
10-19
1 10 102 103 104
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Fréquence [Hz]
Figure V-9 Exemple de spectres obtenus avec la configuration à 2 plots (ici = 1.5 mm). La courbe du bas
concerne le spectre dû au bruit de fond (I = 0).
10-13 2r=1.5mm
2r=1.5mm
2r=2.0mm +2
2r=2.0mm
2r=2.5mm
SV(f) [V2/HZ@4Hz]
10-14 2r=2.5mm
2r=3.2mm
2r=3.2mm
2r=5.0mm
2r=5.0mm
10-15
10-16
1 10 102
I [mA]
Figure V-10 Evolution de SV(f) à 4 Hz en fonction du courant continu I. Pour chaque diamètre, les
mesures ont été répétées 2 fois en déplaçant les pointes sur les plots. Une pente (+2) est donnée à des fins
de comparaison.
Les résultats des mesures de la résistance et du bruit en 1/f sont respectivement donnés
par les marques triangulaires et carrées dans la figure V-11. A des fins de comparaisons, nous
118
Chapitre V
avons également tracé l’allure de ces 2 paramètres calculés avec les équations IV. 12 et IV. 16
(cf. chapitre IV §IV.6.4.1). Qualitativement on retrouve les résultats attendus : une diminution
monotone de la résistance et du bruit mesurés lorsque le rayon des plots augmente. Pour les
contacts de diamètre égal ou supérieur à 8 mm, les spectres de bruit SV deviennent de plus en
plus faibles et n’ont pu être observés, même en injectant un courant élevé supérieur à 50 mA.
Quantitativement, les valeurs de la résistance mesurée suivent la courbe théorique
obtenue à partir de l’équation IV. 12 en utilisant Rsh = 11.5 (cf. Figure V-11). De même le
bruit calculé à partir de l’équation IV. 16 peut être ajusté aux mesures effectuées en prenant
pour le coefficient de bruit Cus la valeur de Cus = 1.310-10 mm2. Ces valeurs sont tout à fait
en accord avec celles obtenues avec le dispositif à 4 pointes alignées. La cohérence entre les
valeurs expérimentales et les valeurs théoriques obtenues sans tenir compte de la contribution
du contact indique une bonne qualité de nos contacts circulaires.
Cette étude nous permet de conclure que la contribution de l’interface peut être
totalement négligée de la résistance et du bruit de cet échantillon.
10-8 102
R sh = 11.5 , C us = 1.3 x 10-10 mm2
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
10-9 R ()
-10
101
10
10-11 S R (2/Hz)
100
10-12
10-13 0 10-1
10 101 102
b /r
Figure V-11 Résistance R (en triangle, échelle de droite) et bruit de résistance SR (en carré, échelle de
gauche) en fonction de b/r. Les tracés correspondent aux valeurs attendues (équation IV. 12 pour la
résistance et équation IV. 16 pour le bruit).
119
Mesures de bruit en 1/f dans des composites de polyaniline / polyuréthane
50 50.3
41.7
40
30
24.5 27.6
R [ ]
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
20 19
10 10.4
2R C
0
0 10 20 30 40
L [mm]
Figure V-12 Evolution de la résistance totale mesurée en fonction de la distance entre les 2 contacts de
mesure
Une autre façon de procéder pour déterminer la résistance du contact 2 est d’injecter le
courant entre 1 et 2 et mesurer la tension entre 2 et 3 (cf. Chapitre IV §IV.6.1). On obtient :
RC2 = V23/I12 = 0.9
De même, on peut déterminer la résistance du contact 3 :
Rc3 = V23/I34 = 0.9
La résistance due au matériau seul entre les contacts 2 et 3 peut être directement obtenue
en injectant le courant entre 1 et 4 et en mesurant la tension entre 2 et 3. On obtient :
R23 = V23/I14 = 17.2 .
Ces résultats sont tout à fait conformes à ceux obtenus par l’échelle de résistance. En
effet, à partir de l’évolution de R en fonction de L, on obtient une pente (R/L) de 1.7, en
appliquant cette valeur dans la relation :
W
Rsh R (V. 1)
t L
On trouve Rsh = 8.6
De même, la mesure directe de la résistance entre les plots 2 et 3 est donnée par :
Rmesure(23) = RC2 + R23 + RC3 = 19
A partir de la géométrie de l’échantillon entre les contacts 2 et 3 (W = 5 mm, L = 10 mm),
on peut aussi déterminer la résistance de la couche par la relation V. 1. On obtient également
Rsh = 8.6
120
Chapitre V
10-14 I= 2 mA
I=2mA
I = 0.8 mA
I=0.8mA I = 0.45 mA
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
10-15 I= 0
1/f I= 2 mA
SV(f) [V²/Hz]
I = 0.8 mA
I=0.45mA
10-16 I = 0.45 mA
I= 0
I=0mA
-17
10
10-18
Polyaniline 100% (Teflon)
-19
10
1 10 102 103 104
Fréquence [Hz]
Figure V-13 Spectres de bruit en fonction de la fréquence : les 2 courbes du bas indiquent le bruit de fond
(I = 0), les autres correspondent aux spectres relevés avec des courants différents. (courbes noires : mesure
à 4 contacts sans influence des contacts ; courbes grises : mesure à 2 contacts avec influence des contacts.)
Nous pouvons également mesurer directement le bruit provenant des contacts 2 ou 3 par
la configuration à 3 contacts mentionnée dans le chapitre IV §IV.6.1.1 (I12, SV23 ou I34, SV23).
Dans la figure V-14, nous comparons le bruit du contact 2 à celui du matériau mesuré avec la
configuration à 4 points. Les spectres ont été établis à différents courants injectés. On peut
constater que pour un même courant, le spectre de bruit du contact est inférieur au spectre de
bruit du matériau, environ 50 fois plus faible. Il faut également noter que pour des courants
inférieurs à 2 mA, il a été difficile voire impossible de visualiser le bruit provenant des
contacts.
121
Mesures de bruit en 1/f dans des composites de polyaniline / polyuréthane
10-14 I= 2 mA
1/f I = 0,8 mA
-15 I = 0,45 mA
10
I= 2 mA
Matériau
SV(f) [V²/Hz]
I = 0,8 mA
I= 0
10-16 I= 0
Contact
10-17
10-18
10-19
1 10 102 103 104
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Fréquence [Hz]
Figure V-14 Comparaison des spectres de bruit du matériau et des contacts. La même série de courant a
été utilisée pour les 2.
Les résultats de cette étude montrent que le bruit provenant des contacts est très faible et
que le bruit mesuré dans une configuration à 2 points est celui du matériau. Du point de vue
électrique, les contacts en or déposés sur le polymère sont de bonne qualité et nous pouvons
totalement négliger leur influence. Dans cette configuration le champ électrique est uniforme,
et on peut directement accéder au coefficient de bruit Cus sans passer par un facteur de
correction :
S
Cus V2 fWL 5.11010 mm2
V
V.3.5 Récapitulatif
Nous avons montré dans ce paragraphe différentes méthodes de mesures de bruit adaptées
à un matériau polymère. Cette étude a porté essentiellement sur la configuration de la mesure
et en particulier sur la géométrie et la disposition des contacts. Les principaux résultats de
cette étude (Rsh et Cus) sont montrés dans le tableau V-2. En fonction de la méthode de
mesure, les valeurs de résistance restent à peu près identiques. Pour ce qui concerne le
coefficient de bruit, les résultats peuvent être plus dispersés. Les mesures de bruit sont très
sensibles aux défauts du matériau. Selon la méthode employée, la zone étudiée n’est pas
forcément la même, et le bruit mesuré peut être légèrement différent. Toutefois, on peut noter
que l’ordre de grandeur reste le même quelle que soit la méthode utilisée. Les différentes
méthodes de mesure ont permis chacune de mettre en évidence ou confirmer les points
suivants :
(a) Mesure avec 4 contacts d’un quart de cercle déposé à chaque coin. La
méthode à 4 points permet d’éliminer le bruit en 1/f des contacts. Ceci est dû à la faible
densité de courant où nous plaçons les contacts pour mesurer le bruit. Par contre, le
courant nécessaire à révéler le bruit en 1/f doit être très élevé, beaucoup plus élevé que
dans une configuration à 2 points. Dans notre cas, nous n’avons pas réussi à injecter un
courant suffisamment important pour obtenir un spectre de bruit en 1/f par la méthode à 4
122
Chapitre V
points. Les seules mesures exploitables ont été faites avec 2 points de mesure et donnent
une valeur de Cus = 3.710-10 mm2, qui semble correcte si on la compare à celles obtenues
par les autres méthodes.
(b) Mesure avec 4 pointes alignées. Cette méthode est la plus rapide et la plus
pratique car elle ne nécessite pas le dépôt préalable de contacts métalliques. De plus si le
matériau n’est pas trop dur, les pointes peuvent pénétrer une éventuelle couche isolante
oxydée et permettre la mesure. L’inconvénient majeur est qu’il est difficile de faire passer
un courant via les contacts ponctuels, si la couche est trop résistive. La conductivité de
nos échantillons polymères conducteurs est supérieure à celle des semi-conducteurs et
cette méthode s’est avérée très efficace pour déterminer le coefficient de bruit. De plus,
cette méthode permet d’analyser de faibles surfaces et d’effectuer une cartographie de
bruit du matériau.
(c). Mesure avec 2 contacts circulaires de rayon variable se situant au centre de
la couche. Les mesures utilisant uniquement 2 contacts dépendent fortement de la qualité
des contacts. Nous avons montré (chapitre IV §IV.6.4.2) que la contribution du bruit SRi
de l’interface décroît très vite en 1/r6 quand le rayon des contacts r augmente. La
représentation du bruit mesuré en fonction de r montre une évolution en 1/r2 relative au
bruit généré par le matériau. Pour diminuer le bruit des contacts, il est donc préférable
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
d’utiliser des contacts de grande taille car le bruit des contacts diminue beaucoup plus
vite que celui du matériau. Le coefficient de bruit obtenu par cette méthode est
comparable aux autres valeurs.
(d). Mesure avec 4 contacts rectilignes et parallèles. Cette méthode permet de
déterminer à la fois le bruit du matériau et le bruit des contacts. Cette configuration a
permis de montrer que le bruit des contacts est faible et que le bruit mesuré provient bien
du matériau. Dans cette configuration, le champ électrique est uniforme et la zone étudiée
est plus importante que dans le cas de la mesure à 4 pointes alignées où le champ
électrique n’est pas uniforme. Le bruit mesuré est de ce fait la résultante de toutes les
sources de bruit qui se situent entre les 2 contacts parallèles utilisés à la mesure du bruit.
On peut de ce fait obtenir des résultats différents de ceux obtenus précédemment.
Toutefois les ordres de grandeur restent comparables.
Tableau V-2 Récapitulatif des résultats obtenus par les différentes méthodes étudiées.
Cette étude a permis de valider des résultats de mesure de bruit en utilisant plusieurs
méthodes différentes. Les résultats montrent clairement que les contacts sont de bonne qualité
et que le bruit mesuré provient bien du matériau. Les 4 méthodes de mesure conviennent
toutes à nos matériaux conducteurs et convergent toutes vers la même valeur pour le
coefficient de bruit. Pour des raisons pratiques et pour la suite des caractérisations de bruit sur
les matériaux polymères conducteurs, nous utilisons la méthode à 4 pointes alignées.
123
Mesures de bruit en 1/f dans des composites de polyaniline / polyuréthane
caractéristiques électriques des polymères déposés. D’un point de vue plus fondamental et
pour nous aider à mieux comprendre les mécanismes de transport générés dans les polymères,
nous proposons un modèle de bruit qui tient compte de la morphologie de type « spaghetti »
de ces matériaux.
rapidement avec le taux de PANI. Ces chaînes forment des réseaux de fils conducteurs qui
peuvent se connecter les uns aux autres. Ceci est confirmé par Hitoshi Yoshikawa et al. [12]
qui ont montré que ce réseau électrique possédait des propriétés élastiques et était composé de
chaînes de 20 nm de diamètre. En particulier, les auteurs montrent que la conductivité de
PANI/PU ne change pas significativement lorsqu’on allonge l’échantillon d’un facteur 2 dans
un test de traction. Ces résultats sont attribués à la résistance de contact élevée entre les
chaînes conductrices qui ne varie pas lorsqu’on étire le matériau.
124
Chapitre V
Tableau V-3 Tableau récapitulative des caractéristiques obtenues sur les échantillons de PANI/PU
étudiés : t, Rsh, , Cus, K, et ]eff . A titre de comparaison, nous avons ajouté des caractéristiques de
matériaux tirés de la littérature.
125
Mesures de bruit en 1/f dans des composites de polyaniline / polyuréthane
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Figure V-15 Evolution du paramètre de bruit Cus en fonction de Rsh. Les numéros correspondent aux
échantillons donnés dans le tableau V-3. Une tendance est montrée pour les échantillons les moins
conducteurs.
Les valeurs de ]eff obtenues sur les couches de PANI/PU sont très élevées environ 109
fois plus grandes que les semi-conducteurs polycristallins qui présentent des réseaux
cristallins très homogènes (1.3107 cm2/Vs pour PANI/PU et 310-2 cm2/Vs pour poly Si
[13]). Dans le paragraphe suivant, nous montrons un modèle basé sur la microstructure des
couches de PANI/PU pour comprendre cette valeur excessive obtenue.
V.5 Modèle proposé pour expliquer les résultats dans les couches
inhomogènes
V.5.1 Description du modèle
Nous cherchons ici à établir un modèle qui permet d’expliquer d’une part la
proportionnalité observée entre le coefficient de bruit Cus et la résistance de couche Rsh et
d’autre part la valeur élevée du facteur K = Cus/Rsh = ]eff q obtenue sur nos couches de
PANI/PU par rapport aux autres matériaux homogènes polycristallins.
Dans notre cas, nous supposons que la conduction électrique dans les polymères
conducteurs se fait à travers un réseau de chaînes conductrices proches les unes des autres.
Une représentation d’une telle structure est montrée dans la figure V-16. Celle-ci a également
été utilisée dans les références [9 19 20]. Pour notre modèle, nous supposons que la
contribution principale de la résistance et du bruit mesurés provient des contacts entre les
chaînes de PANI. Selon cette description, le réseau de conduction de nos échantillons
PANI/PU peut être représenté par un réseau formé de chemins conducteurs en parallèles, eux-
mêmes formés de cellules en série (cf. Figure V-17). Chaque cellule de longueur l est
caractérisée par sa résistance r et son bruit en 1/f généré Sr. Ces cellules matérialisent
essentiellement chaque contact entre 2 chaînes de PANI où les porteurs de charge peuvent
passer par effet tunnel. Ces contacts engendrent des rétrécissements dans le chemin
conducteur et sont la principale cause de la résistance et du bruit mesurés.
126
Chapitre V
Figure V-16 (a) Morphologie des chaînes conductrices de PANI qui se relient par un simple contact
physique. Les points de contact sont indiqués par la lettre C. A chaque longueur l du chemin, nous
supposons qu’il y a un contact entre 2 chaînes. (b) Contact entre 2 chaînes de PANI qui se croisent. La
résistance dans la zone de contact peut être due à un effet tunnel ou au rétrécissement des lignes de
courant à l’interface du point de contact.
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
r, Sr r r r
r r r r
r r r r
k l cellules
en série
r r r r
Figure V-17 Réseau de conduction composé d’un nombre de cellules kl en série et de kd kb chemins de
conduction dans la largeur W et l’épaisseur t de notre échantillon. La longueur de l’échantillon est donnée
par : L = l kl . Chaque cellule représente une chaîne de PANI de longueur l et d’un contact avec une
autre chaîne (cf. Figure V-16 (a)) et est caractérisée par une valeur de résistance r et de bruit en 1/f Sr.
127
Mesures de bruit en 1/f dans des composites de polyaniline / polyuréthane
expressions pour la résistance totale R et le bruit en 1/f relatif SR/R2 du réseau sont données
par [21] :
kr L L
R l Rsh (V. 3)
kd kb tW W
SR 1 Sr C C1 f
2
2
us (V. 4)
R kl kd kb r fWL f
D’après l’expression V. 4, on peut constater que plus le nombre de source de bruit kl kd
kb est élevé, plus le bruit en 1/f est faible.
En ignorant les connexions entre les chemins de conduction, nous pouvons appliquer la
relation suivante à l’ensemble du réseau de PANI :
Cus eff ensemble qRsh (V. 5)
2
(V. 6)
r l2 f
A partir des équations V. 2, V. 3-V. 6, on peut déduire pour un échantillon de longueur
L = lkl :
fS R L
2
1 q eff cellule r kl l
2
128
Chapitre V
longueur l (cf. Figure VI.17) sont dominés par la zone de contact. Si nous décrivons le bruit
d’une cellule l comme un bruit généré par un échantillon homogène, nous devons utiliser la
valeur effective []eff et la relation devient :
Sr eff qr
2
r Nf l2 f
En utilisant les équations V. 5 V. 6 et V. 7, on aboutit à la relation suivante :
fS l 2 l2 eff l 2
eff 2r 2
r qr 20a 20a 2
Si la longueur d’une cellule est très grande devant le rayon du contact généré entre 2 chaînes,
le paramètre []eff mesuré peut devenir beaucoup plus grand que le paramètre du
matériau à cause du contact. Ceci explique pourquoi nous avons observé un coefficient de
proportionnalité Cus / Rsh = q[]eff aussi élevé dans nos échantillons de PANI/PU par rapport
à un matériau homogène.
r t2 (V. 8)
a
où t = ti ρinterface [ cm2] est la résistance tunnel, et ti est l’épaisseur de l’interface non
connue. Pour le bruit relatif Sr /r2 on a :
Sr
(V. 9)
r 2
nπ ti a 2 f
A partir des équations V. 8 et V. 9, on obient :
Sr r S C r
2r us avec Cus (V. 10)
r 2
nti ρt f r ρt f nti
Si nous décrivons le bruit d’une cellule l comme un bruit généré par un échantillon
homogène, nous devons utiliser la valeur effective []eff et la relation devient :
Sr eff qr
(V. 11)
r2 l2 f
En prenant les équations V. 8-V. 11, on obtient :
Sr eff qr qρ
r 2 2
l f nti a f ti ρti f
2
et nous déduisons :
2
l
eff
ti
Si la longueur d’une cellule est très grande devant la longueur de l’interface générée entre 2
chaînes, le paramètre []eff mesuré peut devenir beaucoup plus grand que le paramètre du
matériau à cause du contact. Ceci peut également expliquer pourquoi nous avons observé un
coefficient de proportionnalité Cus / Rsh = q[]eff aussi élevé dans nos échantillons de
PANI/PU par rapport à un matériau homogène.
V.5.4 Conclusion
En résumé, pour les 2 cas : (i) contact avec rétrécissement, (ii) contact par effet tunnel, le
129
Mesures de bruit en 1/f dans des composites de polyaniline / polyuréthane
(V. 13)
ti
La valeur de [eff obtenue sur nos échantillons de PANI/PU est à peu près égale à
1.3107 cm2/Vs et est un peu plus faible pour les échantillons de PANI 100%. En général cette
valeur est beaucoup plus faible. Par exemple pour l’or ou les semi-conducteurs polycristallins
Si et SiGe, ce coefficient est de l’ordre de 310-2 cm2/Vs [13]. Ces matériaux servent souvent
de références pour comparer le bruit généré dans des matériaux inhomogènes ou amorphes. Si
nous comparons nos échantillons à celui de l’or, le rapport [ ]eff / est de l’ordre de 107
108 ! Cette valeur extrêmement élevée montre clairement que le matériau présente des
inhomogénéités de la densité de courant à l’échelle microscopique.
En prenant 107 < []eff / < 108 dans les équations V. 12 et V. 13, on obtient :
Hypothèse d’un contact générant un rétrécissement :
Longueur d’une cellule : l ≈ 3-10 m
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Selon les bruits mesurés et la valeur []eff calculée, nous pouvons conclure que nos
couches de PANI/PU sont constituées de contacts très bruyants entre les chaînes conductrices.
Les échantillons de concentration extrême (PANI 100%) peuvent présenter des longueurs de
cellule l plus petites, et un rayon de contact a plus grand. En effet, lorsqu’on augmente le taux
de PANI, le nombre de contacts entre les chaînes conductrices augmente. Ceci a pour
conséquence de diminuer la longueur l d’une cellule ne présentant qu’un seul contact, et
d’augmenter cette surface de contact. Cela donne une valeur []eff plus petite. Pour les
échantillons de concentration plus faible et près du seuil de percolation, on peut s’attendre à
l’inverse à avoir des valeurs []eff plus élevées. Entre ces 2 cas extrêmes, cette valeur peut
rester constante comme nous avons pu l’observer dans nos échantillons entre 5 et 50%.
130
Chapitre V
[1] H. F. F. Jos, R. J. J. Zijlstra, J. L. de Boer, Noise in Physical system and 1/f noise, edited
by A. D’Amico and P. Mazzetti (Elsevier, Amsterdam, 1986), pp. 263
[2] Skaldin O. A., Selezneva O. A., Current noise in thin polymer films near an insulator-
metal transition, VOLUME 56, ISSUE 1, (1992), pp. 30
[3] Bruschi P., Cacialli F., Nannini A.,Neri, B., Low-frequency resistance fluctuation
measurements on conducting polymer thin-film resistors, Journal of Applied Physics,
Vol. 76, Issue 6, (1994), pp. 3640
[4] P. Bruschi, A. Nannini, B. Neri, Vapour and gas sensing by noise measurements on
polymeric balanced bridge microstructures, Sensors and Actuators B: Chemical,
Volume 25, Issues 1-3, (1995), pp. 429-432
[5] Bruschi Paolo, Nannini Andrea, Electrical properties of a new polymer/photoresist
composite, Journal of Applied Physics, Vol. 80, Issue 4, (1996), pp.2279
[6] P. Bruschi, A. Nannini, G. Serra, E. Stussi, Temperature behaviour and 1/f noise of
poly-alkoxythiophene and polypyrrole thin film microstructures, Thin Solid Films,
Volume 289, Issues 1-2, (1996), pp. 242-249
[7] Bruschi P., Nannini A., Navarrini D., Piotto M., Flicker Noise in Heterocyclic
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Conducting Polymer Thin Film Resistors, Fluctuation & Noise Letters, Vol. 2, Issue 1,
(2002), pp. R1
[8] O Quadrat, J Stejskal, C Klason, J Kubat, D H McQueen, The current noise and
conductivity behaviour of spherical polyaniline particles dispersed in a poly(vinyl
alcohol) matrix, Journal of Physics: Condensed Matter, Volume 7, Number 17, (1995)
[9] Jérôme Planès, Arnaud François, Percolation scaling, inhomogeneity, and defects in
polyaniline blends: A 1∕f noise diagnosis, Phys. Rev. B 70, 184203 (2004)
[10] Vitali Parkhutik, Rahul Patil, Yutaka Harima, Eugenia Matveyeva, Electrical
conduction mechanism in conjugated polymers studied using Flicker noise
spectroscopy, Electrochimica Acta, Volume 51, Issue 13, (2006), pp. 2656-2661
[11] Vandamme, L.K.J., Leroy, G., Analytical expressions for correction factors for noise
measurements with a four-point probe, Fluctuation and Noise Letters, Volume 6, Issue
2, (2006), pp. L161-L178
[12] Hitoshi Yoshikawa, Tetsuo Hino, Noriyuki Kuramoto, Effect of temperature and
moisture on electrical conductivity in polyaniline/polyurethane (PANI/PU) blends
Synthetic Metals Volume 156, Issues 18-20, (2006), pp. 1187-1193
[13] L. K. J. Vandamme and H. J. Casier, The 1/f noise versus sheet resistance in poly-Si is
similar to poly-SiGe resistors and Au-layers Proc. 34th ESSDERC ed. by R. P. Mertens
and C. L. Claeys (IEEE, Piscataway, NJ, 2004), IEEE Catalog No. 04EX851, pp. 365.
[14] G. Leroy, J. Gest, L. K. J. Vandamme and O. Bourgeois, Noise measurements on nbn
thin films with a negative temperature resistance coefficient deposited on sapphire and
on SiO2 Fluc. Noise Lett. 7, (2007) L19.
[15] S. Soliveres, J.Gyani, C. Delseny, A. Hoffmann and F. Pascal, 1/f noise and percolation
in carbon nanotube random networks Appl. Phys. Lett. 90, (2007) 082107-1.
[16] B.R. Conrad, W.G Cullen, W. Yan and E.D Williams, Percolative effects on noise in
pentacene transistors Appl. Phys. Lett. 91, (2007) 242110.
[17] L. K. J. Vandamme, R. Feyaerts, G. Trefan, and C. Detcheverry, 1/f noise in pentacene
and poly-thienylene vinylene thin film transistors J Appl. Phys. 91, (2002) 719.
[18] K. Mleczko, Z. Zawislak, A. W. Stadler, A. Kolek, A. Dziedzic, and J. Cichosz,
Evaluation of conductive-to-resistive layers interaction in thick-film resistors
Microelect. Reliability 48, (2008) pp. 881.
131
Mesures de bruit en 1/f dans des composites de polyaniline / polyuréthane
[19] Hitoshi Yoshikawa, Tetsuo Hino, Noriyuki Kuramoto, Effect of temperature and
moisture on electrical conductivity in polyaniline/polyurethane (PANI/PU) blends
Synthetic Metals Volume 156, Issues 18-20, (2006), pp. 1187-1193
[20] A. François, 1/f Noise Measurements of Poly(aniline) / Poly(methyl methacrylate)
blends, Thèse de l’université Joseph Fourier, (2003).
[21] L. K. J. Vandamme, Criteria of Low-Noise Thick-Film Resistors Electrocomponent
Science and Technology 4, (1977) 171.
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
132
CONCLUSION GENERALE
CONCLUSION GENERALE
Dans ce travail, nous avons cherché à accroître les connaissances fondamentales des
polymères conducteurs intrinsèques afin d’améliorer leurs propriétés électriques en vue
d’applications électroniques.
Les matériaux étudiés ont été réalisés à partir de polyaniline (PANI), mélangée à du
polyuréthane (PU). Pour rendre le composite conducteur, la polyaniline a été préalablement
dopée avec de l’acide camphor-10-sulfonic (CSA). Le polyuréthane est un polymère isolant
qui sert à renforcer les propriétés mécaniques de la structure. Le seuil de percolation des
mélanges est inférieur à 0,2% (en rapport massique) et la valeur maximale de la conductivité
est de l’ordre de 104 S/m. Tous les échantillons étudiés ici se trouvent au dessus du seuil de
percolation.
Dans un premier temps, nous avons effectué une étude morphologique de ces échantillons
à l’aide d’un microscope électronique à balayage (MEB). Cette étude a fait apparaître un
réseau désordonné formé de chaînes moléculaires de PANI pouvant être imagé par un plat de
« spaghetti ». Cette morphologie joue un rôle très important dans l’interprétation des
caractérisations électriques.
La suite de ce travail a été consacrée à l’étude de caractérisations électriques du premier
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
et du second ordre.
Dans la première partie, nous avons étudié les caractérisations diélectriques de 3
échantillons de faibles concentrations de PANI (0.5%, 1% et 5%) déposés sur de la fibre de
verre et un échantillon de PU pur. Pour couvrir une large gamme de fréquence jusque 20 GHz,
nous avons été amené à mettre en place 3 bancs expérimentaux, et développer une cellule de
mesure adaptée à nos échantillons. Des mesures préalables sur un matériau connu TMM3
(Thermoset Microwave Materials) fourni par le fabricant américain « Rogers », ont permis de
nous rassurer nos dispositifs de mesure.
Ces caractérisations diélectriques ont permis de déterminer la permittivité complexe et la
conductivité complexe de nos matériaux dans la gamme de fréquence allant de 20 Hz à
20 GHz.
Les résultats expérimentaux de nos échantillons ont mis en évidence une relaxation
diélectrique de type Cole-Cole qui dépend fortement de la concentration de PANI. Une
comparaison de ces résultats avec le PU pur montre que l’effet provenant de la PANI domine
en basse fréquence et disparaît complètement au profit des caractéristiques du PU en haute
fréquence. Pour mieux comprendre l’origine physique de ce phénomène, nous avons
développé un modèle préétabli par A. N. Papathanassiou et al. Ce modèle suppose que la
structure étudiée est composée d’îlots conducteurs mélangés dans une matrice isolante. Ces
îlots conducteurs sont composés des chaînes de PANI et ont des longueurs différentes et
dépendantes d’une loi de distribution gaussienne.
Qualitativement les calculs issus du modèle sont en accord avec les résultats
expérimentaux. Le modèle introduit des paramètres d’ajustement qui permettent de remonter
à des propriétés physiques du matériau. On peut connaître à l’avance les conséquences sur les
mesures expérimentales, quand une modification a lieu dans le modèle sur la structure
microscopique de l’échantillon. A l’inverse, quand on observe une variation des
caractéristiques du matériau sous certaine contrainte extérieure, le modèle permet d’en
expliquer l’origine éventuelle au niveau microscopique.
Par la suite, nous avons entrepris une étude de la dégradation des polymères. Pour cela,
nous avons prématurément vieilli nos échantillons par un traitement thermique à 100°C durant
10 jours à l’air ambiant et sous pression atmosphérique. Nous avons pu observer d’une part
une diminution de la conductivité continue, et d’autre part une augmentation de la fréquence
critique de la relaxation. Ces observations ont été confirmées et expliquées par notre modèle
133
CONCLUSION GENERALE
qui montre que les chemins de percolation et les îlots isolés se cassent au cours du processus
de vieillissement, ce qui entraîne une diminution de la longueur moyenne des îlots.
Dans la deuxième partie, nous avons effectué des caractérisations de bruit basse
fréquence sur des composites de concentration 5%, 10%, 20%, 50% et 100% déposés sous
forme de couche mince. Les échantillons étudiés se trouvent tous à l’état conducteur. Pour la
mesure du bruit des polymères conducteurs, nous avons été amené à développer différentes
méthodes en utilisant des configurations spécifiques. Ces méthodes ont été validées et
comparées en mettant en avant les limites de mesure de chacune d’elles. La méthode à 4
pointes alignées s’est avérée être la plus pratique et bien adaptée aux couches minces et a été
choisie pour mesurer le bruit de tous nos échantillons.
Les résultats de mesure ont donné des valeurs extrêmement élevées par rapport à celle de
l’or par exemple qui sert souvent de référence. Pour expliquer ces forts excès de bruit en 1/f,
nous avons proposé un modèle basé sur la morphologie des polymères de type « spaghetti ».
Notre modèle a montré que le bruit mesuré provenait principalement des résistances de
contact entre les chaînes de PANI. Ces résistances de contact génèrent en effet des
étranglements dans les chemins de conduction, ce qui a pour conséquence d’y augmenter la
densité de courant. Le bruit mesuré étant proportionnel à la densité de courant à la puissance
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
4, l’origine de la valeur extrême de bruit a pu être expliquée par la densité de courant très
élevée au niveau des contacts interchaîne. Ces résultats montrent clairement la pertinence de
la mesure du bruit pour l'étude physique des mécanismes de transport.
Pour la suite de ce travail, il serait intéressant d’utiliser la forte sensibilité des mesures de
bruit pour étudier le vieillissement des échantillons et obtenir de plus amples informations
concernant les chemins de conduction. Ces résultats pourront être comparés aux résultats
issus des mesures diélectriques, mais également des modèles. Enfin d’un point de vue plus
appliqué, il serait nécessaire de caractériser les échantillons à plus haute fréquence de manière
à anticiper certains besoins dans le domaine électronique.
134
LISTE DES PUBLICATIONS ET COMMUNICATIONS
Publication :
[1] C. Liang, G. Leroy, J. Gest, L.K.J. Vandamme, J-L. Wojkiewicz, 1/f Noise in polyaniline
/ polyurethane (PANI/PU) blends, Synthetic metals. Vol. 159, n° 1-2, pp. 1-6 (2009).
Communications :
[1] J.L. Wojkiewicz, B. Demoulin, S. Baranowski, L. Koné, B. Slimen, J-C Carru, J. Gest,
C. Liang, et G. Leroy, Synthèse et caractérisation de polymères conducteurs pour des
applications CEM, Télecom'2007 & 5ème JFMMA, 14-16 Mars 2007, Fès, Maroc.
[2] C. Liang, G. Leroy, J. Gest, J-L. Wojkiewicz, J-C. Carru, Mesure de la permittivité
complexe de polymères conducteurs intrinsèques Polyaniline/Polyuréthane du continu
jusqu‟à 20 GHz, JNRDM 2007 (Journées Nationales du Réseau Doctoral en
Microélectronique), 14-16 mai 2007, Lille
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
[3] C. Liang, G. Leroy, J. Gest, L.K.J. Vandamme, J-L. Wojkiewicz, Mesure du bruit basses
fréquences sur des films polymères conducteurs Polyaniline/Polyuréthane, MNPC2007
(Matériaux et Nanostructures - Conjugués), 17-21 Septembre, à Montpellier
[4] C. Liang, G. Leroy, J. Gest, L.K.J. Vandamme, J-L. Wojkiewicz, Excès du bruit 1/f lié au
défaut du chemin de conduction dans les films polymères conducteurs
Polyaniline/Polyuréthane (PANI/PU), JNRDM 2008, (Journées Nationales du Réseau
Doctoral en Microélectronique), 14-16 mai, à Bordeaux
[5] C. Liang, G. Leroy, J. Gest, L.K.J. Vandamme, J-L. Wojkiewicz, 1/f Noise in polyaniline
/ polyurethane (PANI/PU) blends, UpoN2008 (Unsolved Problems on Noise and
Fluctuations in Physics, Biology & High Technology) 2-6 Juin, 2008, à Lyon
[6] C. Liang, G. Leroy, J. Gest, J-C. Carru, J-L. Wojkiewicz, Percolation et relaxation
diélectrique dans le composite Polyaniline/Polyuréthane, JNRDM 2009, (Journées
Nationales du Réseau Doctoral en Microélectronique), 18-20 mai, à Lyon
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
Résumé :
L’objectif général de ce travail est d’accroître les connaissances fondamentales des
Polymères Conducteurs Intrinsèques (PCI), et plus particulièrement de la Polyaniline (PANI)
mélangée à du polyuréthane (PU), afin d’améliorer leurs propriétés électriques.
Une étude morphologique montre que ces matériaux sont composés de chaines
conductrices de type « spaghetti » mélangées dans une matrice isolante. Une première partie
de ce travail est consacrée à la caractérisation diélectrique d’échantillons composés de 0.5%,
1%, 5% de PANI déposés sur de la fibre de verre dans une gamme de fréquence de 20 Hz à
20 GHz. Les résultats font apparaître une relaxation diélectrique qui évolue fortement avec la
concentration du mélange. Ce phénomène est expliqué par un modèle théorique basé sur une
distribution gaussienne des longueurs des îlots conducteurs. Une étude de vieillissement par
voie thermique montre que les chemins de percolation finissent par se casser au cours du
tel-00596089, version 2 - 26 May 2011
temps, ce qui entraine une diminution de la longueur moyenne des îlots et une dégradation des
propriétés électriques des polymères conducteurs.
La 2ème partie de ce travail concerne des mesures de bruit en 1/f sur des échantillons de
5%, 10%, 20%, 50% et 100% de PANI déposés en couche mince. Pour ces mesures, nous
avons été amenés à mettre en place des méthodes utilisant des configurations spécifiques et à
choisir la mieux adaptée à nos échantillons. Les résultats de cette étude montrent un fort excès
de bruit en 1/f comparativement à ceux obtenus sur des matériaux homogènes. Ces excès de
bruit sont expliqués par un modèle développé à partir de la morphologie de type « spaghetti ».