Psycholinguistique I
Psycholinguistique I
Psycholinguistique I
INTRODUCTION A LA PSYCHOLINGUISTIQUE
1. La psycholinguistique est l'étude des processus cognitifs mis en œuvre dans le traitement et la
production du langage. Fondée dans les années 1950, la psycholinguistique fait appel à de nombreuses
disciplines, telles les sciences du langage, la neurologie et la neurobiologie, la psychologie et les sciences
cognitives.
Neurologie : est la discipline médicale clinique qui étudie l’ensemble des maladies du système nerveux,
et en particulier du cerveau.
1.1.1. Piaget (1946): La formation du symbole chez l’enfant. Il se demande comment l'intelligence se
développe. Il n'a pas d’intérêt pour le langage en tant que tel: le langage n’est qu’une des manifestations
d’une capacité cognitive plus générale: la fonction sémiotique (signe) ou symbolique. Le langage est (donc)
essentiellement un moyen de représentation (interne) et aussi un objet de réflexion: métalinguistique: ce que
l'enfant sait à propos du langage.
1.1.2. L’école soviétique : Vygotsky et Luria : Ils s'intéressent au langage comme instrument de
socialisation et comme produit des interactions sociales. Ils étudient la relation entre le langage et la pensée
ainsi que le rôle des interactions sociales.
1.1.3. Skinner (1957) - Verbal Behavior (gros livre de 400 pages). Il rejette tout vocabulaire mental.
Tout ce qu'on ne peut pas voir est banni. Tout est construit sur l'observable. Pour lui, le « comportement
verbal » s’explique comme les réponses de l’organisme aux stimulations (internes ou externes) et l’histoire
de leurs renforcements. La théorie de Skinner a servi de repoussoir, la psycholinguistique s'est construite en
opposition a la théorie behavioriste du langage.
La théorie de Skinner était un projet ambitieux, il voulait appliquer les concepts de l’apprentissage par
conditionnement pour expliquer un comportement complexe, le langage. C'est un projet de recherche qu'il
a fait, un travail théorique qui ne repose sur aucune observation.
Psycholinguistique: Une sorte d’hybride, sa problématique est celle de la psychologie du langage, mais
bon nombre de ses outils théoriques et méthodologiques sont issus de la linguistique...
2. Domaines d'étude
La psycholinguistique est une branche toute jeune qui date des années 70 (trente ans). En cela c’est
une science nouvelle. Elle étudie les processus cognitifs mis en œuvre dans le traitement et la production
du langage. C’est une pratique interdisciplinaire par nature. Elle est étudiée tant par les domaines de la
psychologie, des sciences cognitives, que par ceux de la linguistique.
Son sujet est de mieux appréhender, lors d’un accompagnement thérapeutique, les pathologies
neurologiques qui affectent les capacités linguistiques, telles que les aphasies ; la dyslexie, les
dyspraxies…etc.
Elle se penche aussi, et par ailleurs sur ce que l’on appelle les ALS (Analyse des Logiques
Subjectives). En effet, les mécanismes de productions de langage sont tellement complexes et rapide
qu’il est parfois nécessaire de s’intéresser à tout ce qui est en amont de cette production qu’il s’agisse de :
La phonétique et la phonologie qui s'intéressent à l'étude des sons de la parole. Autrement dit,
comment le cerveau fait-il pour produire et comprendre ces sons ?
La morphologie ;
La syntaxe ;
La sémantique ;
La pragmatique.
Elle est composée des domaines suivants :
Les troubles du langage: Troubles lies à des lésions du cerveau, Troubles du développement,
Troubles du vieillissement
Langage et pensée: Est-ce qu’il y a une vie (mentale) sans le langage? Est-ce que le langage
détermine notre vision du monde?
Le langage dans ses différentes modalités: la lecture et la production écrite, les langues visuelles
des communautés sourdes.
3. Théories :
Un des psycholinguistes les plus connus est Noam Chomsky. Chomsky pense que les humains ont
une grammaire universelle innée. Cette grammaire universelle contiendrait les règles grammaticales
permettant de parler toutes les langues. C'est un point de vue récusé notamment par le courant du
connexionnisme.
Apprendre à parler c’est parvenir a une certaine maîtrise de l’expression orale et écrite ; en gros, c’est
savoir alternativement nommer, décrire, raconter, répondre, questionner, ajouter, reformuler modifier, expliciter,
argumenter, comparer etc. dans une langue donnée. Il s’agit là d’une activité spécifiquement humaine dans
laquelle les conduites langagières, la prononciation, l’articulation, le lexique et les structures syntaxiques tiennent
une place importante pour la maîtrise d’une langue qu’elle soit maternelle ou étrangère. Á ce titre nous présentons
dans cette partie du cadre théorique les approches et les théories générales ainsi que les principales étapes
d’acquisition du langage chez l’enfant. Nous essayons aussi d’expliquer comment l’enfant passe de sa langue
maternelle à une langue seconde. En d’autres termes, comment il acquiert de nouvelles capacités langagières qui
lui permettent de communiquer et de s’exprimer dans une autre langue qui n’est pas celle dans la quelle il accède
au langage.
la naissance et trois ans. Á partir de l’observation concrète de l’acquisition du langage chez l’enfant, on peut
se poser la question, par exemple, de savoir si les enfants acquièrent le langage par imitation ou si au contraire,
ils le réinventent de l’intérieur : y a-t-il des théories générales du fonctionnement universel de l’acquisition ?
Quels sont les différents stades de ce processus et les facteurs biologiques qui y entre en jeu ?
1.1. Théories générales d’acquisition
L’apprentissage d’une langue maternelle par un enfant est un phénomène encore peu compris : plusieurs
théories ont été écrites depuis l’époque des pharaons et même avant, chez les peuples asiatiques. Les théories
aujourd’hui sont plus scientifiques mais guère plus informatives. Nous verrons ici un ensemble d’observations et
un résumé des hypothèses récentes du domaine.
« Extraordinaire rapidité avec laquelle l’enfant apprend à parler, son aptitude remarquable à se construire un
système cohérent à travers des données le plus souvent lacunaires et chaotiques (reprise, hésitation, ruptures,…)
ont conduit certains linguistes et psycholinguistes à émettre l’hypothèse d’un dispositif inné du langage. »
Dans cette perspective, Noam Chomsky affirmait au milieu des années 50 qu’il est impossible que
l’enfant apprenne sa langue maternelle par imitation et qu’il existe dans le cerveau humain un dispositif inné
d’acquisition du langage appelé LAD (Language Acquisition Device) grâce auquel l’individu produit un nombre
indéfini de phrases à partir d’un nombre limité de règles. Chomsky basait ses affirmations sur le fait que les
enfants apprennent correctement à partir d’énoncés contenant des erreurs et des phrases incomplètes. De plus
l’enfant produit des phrases qu’il n’a jamais entendu et commet des erreurs qu’il n’a jamais entendu mais qui
suivent les règles générales de sa langue. En résumé; se sont des principes universels qui organisent le
développement du langage, principes innés, communs à toutes les langues (ce qui détruit l’hypothèse de
l’imitation). Il faut cependant mentionner que ce LAD n’a jamais pu être trouvé dans le cerveau humain. Une
majorité importante de linguistes et de psychologues soutiennent tout de même les fondements de l’hypothèse
innéiste de Chomsky
Selon ces théories le développement de la pensée est lié de façon inséparable au développement du langage
« Le langage est ainsi soumis à des processus complexes de traitement des données, processus qui filtrent,
sélectionnent, organisent, structurent, transforment et catégorisent, qui, en d’autre termes, mettent en ordre les
matériaux linguistiques »
Il est donc important d’étudier le fonctionnement de la pensée et de comprendre les mécanismes internes, les
procédés, les stratégies et les règles suivies par l’esprit humain, si l’on veut comprendre comment les processus
d’acquisition du langage se produisent.
Nous avons vu avec l’acquisition du langage comment les linguistes et les psychologues pensent qu’un
enfant acquiert sa langue maternelle, mais qu’en est- il d’une seconde langue ? Les théories et les processus
d’acquisition sont ils les mêmes ? Y a-t-il des moyens d’intervenir dans ces processus ? Des méthodes pour
l’accélérer ou les rendre plus performants ?
Certains théoriciens, sous l’influence de Noam Chomsky, ont proposé de faire une distinction entre «
l’acquisition » processus par lequel un enfant acquiert sa langue maternelle et « l’apprentissage » processus
par lequel un enfant (ou un adulte) apprend une seconde langue. Dans le premier cas, on pose que l’acquisition se
fait en grande partie de manière inconsciente et dans l’ignorance qu’il existe des règles de la langue.
« L’acquisition de sa langue maternelle se fait chez tout homme rapidement, sans efforts et, inconsciemment. Elle
diffère donc de façon patente d’autres cas d’apprentissage […] l’apprentissage de leur langue maternelle n’est pas
quelque chose que font les enfants mais leur arrive »
Dans le second cas il s’agit d’un apprentissage conscient, où la perception des règles joue un grand rôle.
Beaucoup de spécialistes estiment que l’acquisition de la langue est un processus qui s’effectue dans une période
critique. On suppose également que les conditions qui président à la réalisation de ce processus ne se
présentent qu’une seule fois dans la vie de l’individu. Cela expliquerait peut être pourquoi nous avons tant de
difficultés, parvenus à l’âge adulte, à apprendre une langue étrangère.
La didactique, quant à elle, mise sur l’hypothèse qu’il est possible d’intervenir de façon significative
dans le processus «naturel» qu’est l’acquisition d’une langue, particulièrement d’une langue étrangère. On peut
donc acquérir une langue étrangère dans des conditions et à des âges très différents, en sachant déjà parfaitement
sa langue maternelle ; ou en étant encore entrain de l’acquérir. On peut faire l’acquisition d’une langue étrangère de
façon plus ou moins guidée.
« Plus l’apprentissage est précoce, mieux est efficace pour l’enfant qui possède à partir de trois ans la souplesse
intellectuelle pour imiter, apprendre, et se fondre dans la langue et la culture de l’autre.»
C’est pour cela nous avons choisi de faire porter notre recherche sur une population d’enfants algériens âgés de
cinq à huit ans apprenant le français. Bien entendu (toujours selon A .SEDIKKI), il ne suffit pas de commencer
à apprendre la langue à l’enfant dès l’âge de trois ans, il faut poursuivre cet apprentissage au même titre que la
langue maternelle tout au long du cursus primaire où il est disponible pour emmagasiner de nombreuses
connaissances.
En effet la construction et l’apprentissage d’une langue ne peuvent être isolés du contexte social de l’apprenant et
de ses relations interpersonnelles, culturelles et sociales avec les pairs, l’enseignant, les membres de la société…
L’enfant apprend une langue parce qu’il est plongé dans un monde de paroles : l’apprentissage se fait du
social vers l’individuel, d’où l’importance de l’interaction sociale. Cela se fait avec l’aide et la coopération de
l’adulte qui lui fournit les éléments linguistiques adaptés. Le développement d’une langue est donc conditionné par
la socialisation. Ainsi L’élève, qui apprend le français langue seconde en France, contrairement à un autre
qui l’apprend dans un autre pays, bénéficie de l'avantage du bain linguistique dans lequel il se trouve. Il est
continuellement en interaction avec tout ce qui l’entoure. En Algérie par exemple, l’influence de l’environnement
social est remarquable dans la mesure où une bonne partie d’élèves algériens arrive à l’école avec un certain
bagage linguistique en français ; compte tenu de l’environnement socioculturel un nombre assez important d'élèves
habitant la ville parle quelque peu le français avant sa scolarisation.