Sages Femmes Été 2018 Compres

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RAPPORT D'ACTIVITÉ

-
STAGE AU CMS DE TCHANNADE

Amélie, Lucie, Julie & Marie


Étudiantes sages-femmes de Tours

Juillet - Août 2018


Introduction
Nous sommes 4 étudiantes sages-femmes de
l’école de Tours. Dans le cadre de nos études, nous
avons eu la chance de pouvoir partir en stage durant 3
semaines au Togo dans le CMS Saint-Luc de
Tchannadè, en collaboration avec l’association
humanitaire Tawaka.

Nous étions donc 2 binômes: Amélie et Lucie, parties du


23 juin au 14 juillet 2018, ainsi que Julie et Marie,
parties du 28 juillet au 21 août 2018.

Voici donc le résumé de nos expériences.

De gauche à droite: Amélie, Julie, Lucie et Marie

I. L’activité à la maternité
Durant notre stage à la maternité, notre organisation était la suivante: l’une de nous allait en
consultations avec Fawzia ou Soeur Marie-Odile, les sages-femmes, tandis que la deuxième circulait, selon
l’activité du centre, entre la PMI, les suites de couches et la salle d’accouchement.

A gauche: Amélie et Lucie avec le personnel de la maternité / A droite: bâtiment de la maternité

✗ LES CONSULTATIONS

Les consultations avec la sage-femme se déroulent tous les matins. La majorité des rendez-vous sont
des consultations prénatales afin d’assurer le bon suivi de la grossesse. Souvent, la première consultation a
lieu tardivement. C’est le moment au cours duquel le personnel soignant apporte une information éclairée à
la patiente au sujet du suivi de grossesse. Cette consultation met aussi en évidence d’éventuels facteurs de
risques.

Pendant notre stage, nous avons remarqué le rôle majeur de l’entourage (féminin quasi-exclusivement) dans
la grossesse de la femme togolaise. Il peut être source de bons conseils comme de moins bons, d’où
l’importance de la prévention réalisée par les soignants au sein des centres de santé.
Marie assistant à la consultation prénatale Une consultation postnatale

Le corps soignant a une place très respectée par les patientes ce qui parfois peut rompre la discussion et le
dialogue entre patiente et sage-femme. C’est cette relation de soin avec les patientes qui nous a demandé le
plus d’efforts d’adaptation. La parole de la sage-femme n’est jamais remise en cause. Il y a le sachant d’un
côté et la patiente qui ignore tout de l’autre… C’est donc parfois très difficile d’échanger avec certaines
patientes qui restent muettes pendant toute la consultation.

Il y a également des consultations d’urgence, permettant de diagnostiquer une grossesse ou de soigner les
diverses maladies pouvant toucher les femmes enceintes.

Enfin, les consultations post-natales, prévues une semaine après la naissance de l’enfant, sont aussi
réalisées par une sage-femme du CMS. L’intérêt de cette consultation est de refaire le point sur l’alimentation
du nouveau né, sa prise de poids, mais aussi de vérifier la bonne santé de la mère, répondre à ses
interrogations…

L’échographie :

Depuis quelques années, la maternité est équipée d’un échographe pour pratiquer les échographies
pendant la grossesse. Tous les mardis après-midi, un échographiste vient réaliser les échos. C’est un réel
plus pour le centre et pour la prise en charge des patientes qui y ont ainsi accès plus facilement.

Cependant, le manque de moyens financiers de


certaines femmes peut parfois les empêcher de
réaliser ne serait-ce qu’une échographie au troisième
trimestre. L’objectif de cette échographie est avant
tout de localiser la position du placenta et la
présentation du foetus afin d’écarter certaines
complications obstétricales.

Marie et Julie ont pu montrer à Soeur Marie-Odile les


bases de l’échographie pour pouvoir faire le
diagnostic de présentation du foetus en cas de doute
et repérer le placenta. Cet échographe est donc de
plus en plus utilisé pour la maternité mais il faut
continuer à former le personnel afin que cela soit
Marie expliquant quelques rudiments de l’échographie encore plus optimal !
à Soeur Marie-Odile
Le paludisme :

Durant notre stage au CMS qui s’est déroulé


au moment de la saison des pluies, nous avons
constaté une très forte incidence du paludisme chez
les femmes enceintes.

Parmis les différents examens de début de


grossesse prescrits aux femmes suivies au CMS, il y
a l’examen de la goutte épaisse permettant le
dépistage du paludisme.

Lors des consultations prénatales, les sages-


femmes ou les accoucheuses du CMS donnent aux
femmes enceintes un Traitement Préventif
Intermittent (TPI) à base de Sulfadoxine-
Pyriméthamine pour limiter la survenue du paludisme. Injection anti-paludique

Pour que ce traitement de prévention soit efficace, il faut un minimum de 3


doses pendant la grossesse, prises à un mois d’intervalle.
La prévention passe également par le fait de dormir sous moustiquaire
imprégnée de répulsif.
La maternité distribue gratuitement des moustiquaires à des femmes ayant peu
de moyens.

Lorsque la mère a été infectée par le paludisme, une goutte épaisse est
effectuée chez le nouveau né lors de son premier jour de vie. Si le prélèvement
s’avère positif, une injection anti paludique est réalisée chez l’enfant.

Affiche de prévention contre


le paludisme

✗ LES CAUSERIES

Les cours de préparation à l’accouchement,


appelés causeries, ont lieu environ une fois par
semaine selon le nombre de patientes présentes et
disponibles. C’est l’occasion de discuter de
l’importance de venir accoucher au CMS et non à
domicile, de repérer les signes de début de travail,
d’expliquer l’anatomie et la physiologie du travail aux
femmes… Ces causeries se déroulent dans une
ambiance bon enfant et participative pour les
femmes.

Séance de causeries avec Soeur Marie-Odile


✗ LES ACCOUCHEMENTS

Femme courant pour faire avancer le travail Nouveau-né dans les bras de Julie

Nous avons participé à une dizaine d’accouchements pendant notre séjour. Bien que la technique
reste la même, l’environnement autour de la femme qui accouche est totalement différent de ce que l’on a pu
voir en stage jusqu’alors. Nous avons dû faire face à des situations pour lesquelles nous ne nous serions
jamais posées de questions en France. En effet, nous avons dû par exemple, nous adapter au peu de
matériel disponible et à la pertinence de son utilisation.

Chaque femme va payer pour son accouchement un


“pack d’accouchement” sans lequel la sage-femme ou
l’accoucheuse ne peut pratiquer l’accouchement. Il
contient :
● des gants à usage unique,
● 2 paires de gants stériles,
● 1 sonde urinaire
● 1 ampoule de spasfon
● 2 ampoules d’Oxytocine 5UI
● 1 ampoule de Gluconate de Calcium
● 1 ampoule de Vitamine K
● 2 aiguilles IM
Marie en suites de couches après un
accouchement de nuit

Nous avions donc un stock de matériel pré-établi qui nous imposait de jongler entre les règles minimales
d'hygiène et de gaspillage. Cela nous a fait réfléchir sur le gâchis du matériel à usage unique en France.

D’autre part, le rapport à la douleur des femmes pendant l’accouchement et sa prise en charge nous ont
particulièrement marquées. Par exemple, il n’y a pas d’accès à la péridurale au CMS tandis qu’en France,
nous avons l’habitude d’accompagner des patientes bénéficiant d’une anesthésie.
L’accouchement sans péridurale est une chose mais lorsqu’il s’agit d’effectuer des gestes médicaux invasifs
(reprise de déchirure périnéale, révision utérine), la souffrance devient alors plus compliquée à gérer. Nous
avons été admirablement surprises par la force et le courage de ces femmes qui avaient à vivre ces
moments là.
Nous avons beaucoup discuté avec l’équipe du CMS
quant à leur vision de la douleur en per partum. Ils nous
ont expliqué que les douleurs étaient un passage obligé
dans la vie d’une femme. Cette représentation, tellement
différente de la nôtre, peut expliquer nos difficultés
d’échange avec le personnel de la maternité concernant
sa prise en charge.

Mais n’est-ce pas plus simple de s’intéresser à la


question de prise en charge de la douleur lorsque l’on en
a les moyens ?

Lucie discutant avec une femme en travail

Photo de l’entrée de la Amélie et Lucie portant dans leurs bras des jumeaux
salle de naissance accouchés le jour même

✗ LES SUITES DE COUCHES

Lors de la réunion de transmission qui a eu lieu


entre le retour de Lucie et d’Amélie et le départ de Marie
et Julie, nous avons eu l’occasion de discuter des
besoins et des demandes émises par l’équipe. Amélie
et Lucie ont fait part de l’envie de l’assistant médical,
Jean, de mettre en place des “recommandations” au
sein des suites de couches. Suite à cette information,
Marie et Julie ont donc décidé dans un premier temps
de faire un constat de l’organisation du service, et suite
à ces observations, de rédiger avec l’accord et l’aide de
Jean des recommandations concernant les
surveillances du post partum.

Lucie en suites de couches


Organisation des suites de couches au CMS :

Immédiatement après l’accouchement, la mère et


l’enfant sont transférés en suites de couches. Ils y restent
entre un et trois jours sous la surveillance de la famille.
Une fois par jour, la sage-femme, en général en début
d’après-midi, va prendre une température à la mère et à
l’enfant, et réalise une surveillance de l’allaitement. Notre
inquiétude s’est portée sur la surveillance du risque
hémorragique dans les suites de couches immédiates (2
heures post-accouchement) notamment chez les
multipares.

Toilette d’un nouveau-né

En effet, le risque hémorragique est majeur durant les 2 premières heures du post-partum et il reste présent
pendant 24h. D’où la nécessité selon nous d’élaborer en collaboration avec les sages-femmes et Jean une
surveillance accrue du post partum, avec surveillance des constantes, de l’involution utérine et des
saignements. Nous avons également souligné l’importance d’une bonne surveillance des signes d’infection
chez la mère et l’enfant, ainsi qu’une surveillance accrue de la mise au sein et de la bonne élimination des
selles et des urines de l’enfant.

Proposition de surveillance du post-partum :

Nous avons donc rédigé une fiche de recommandations concernant la prise en charge maternelle et
infantile en suites de couches, fiche que voici:

Les suites de couches immédiates (2 heures après la naissance) :

• 1H puis 2H après la naissance : Expression utérine (en empaumant le fond utérin, surveillance des
saignements et de la tonicité utérine), prise de tension (+/- prise de pouls) et prise de température

Les suites de couches à long terme 2-3 jours post-accouchement / Temps de l’hospitalisation :

Une fois par jour:


• Prise de tension (anormale si supérieure à 140/90 mmHg)
• Prise du pouls (anormal si supérieur à 110-120 bpm au repos)
• Prise de température (anormale si supérieure à 37,5°C)
• Vérification de la tonicité et de l’involution utérine et surveillance des saignements
• Surveillance des signes infectieux : lochies (pertes sanguines) nauséabonds ou verdâtres, fièvre,
douleurs pelviennes

Surveillance du nouveau-né

Une fois par jour:


• Surveillance de l’alimentation et de la mise au sein
• Température
• Surveillance de la bonne élimination (les premières selles et urines doivent être émises dans les 48h
après la naissance)
Nous avons proposé ce support à Jean, mais
malheureusement nous n’avons pas trouvé le temps
pour en discuter avec l’équipe de la maternité. Ceci
reste donc un objectif pour les prochaines étudiantes
sages-femmes qui partiront à Tchannadè. Il sera
important de vérifier la possible applicabilité de ces
recommandations dans la pratique quotidienne au
CMS.

Julie réalisant un examen pédiatrique d’un


nouveau-né en suites de couches

II. L’accès aux soins

Pharmacie du CMS St-Luc

Il est difficile au Togo d’obtenir une assurance maladie, c’est pourquoi l’accès aux soins est
compliqué… Cela entraîne parfois des lacunes dans le suivi des patientes. C'est un problème financier mais
aussi de proximité. Se déplacer dans un centre n’est pas toujours évident car beaucoup de personnes n’ont
pas de moyens de locomotion. Le but des centres de santé comme celui de Tchannadè ou de Kétao est de
pallier en partie à ce manque d’accès aux soins en proposant un service de proximité.
III. Projet PTME - Hépatite B
✗ CONTEXTE

La prévalence de l'hépatite B au Togo est de 5 à 14%, et


le taux de femmes enceintes infectées est supérieur à 10%.

Quand une femme a été contaminée par le virus de l'hépatite B


au cours de sa vie, elle encourt le risque de contaminer son
enfant au moment de l'accouchement, d'autant plus si la charge
virale est élevée. Si c'est le cas, le risque de contamination de
l’enfant en l’absence de vaccination est élevé, ce qui les expose
plus tard au risque de cirrhose et de cancer du foie. La prise en
charge de la transmission de l'hépatite B est donc un réel
problème de santé publique dans ce pays endémique.

Denise, responsable de la PMI,


vaccinant un nourrisson

✗ PROJET TAWAKA
Pour prévenir cette contamination, l'idée est de :
• Dépister la présence de l'AgHbs chez les femmes enceintes
• Vacciner les enfants de mère AgHbs + à la naissance
• Contrôler le taux d'AgHbs chez l'enfant au 9ème mois pour vérifier la protection.

Tawaka est indispensable à la mise en place de ces mesures : le système de santé du Togo, victime de la
pauvreté du pays, ne permet pas aux familles de bénéficier de produits ou d'examens médicaux sans les
financer personnellement. C'est ce facteur qui est responsable du mauvais suivi de beaucoup de patientes et
de soins de mauvaise qualité. L'association Tawaka finance donc le dépistage de l'AgHbs pendant la
grossesse ainsi que la vaccination du nouveau-né.

Problèmes :
• Actuellement, 100% des femmes dépistées AgHbs + et accouchant au CMS de Tchannadè profitent
de la vaccination de leur nouveau-né. Mais qu'en est-il des femmes perdues de vue accouchant
ailleurs ?
• A savoir également que sur 250 enfants vaccinés entre juillet 2010 et décembre 2016, 237 enfants de
plus de 9 mois (74%) ayant bénéficiés d’une vaccination à la naissance ont été contrôlés. C'est un
bon chiffre, mais qu'en est-il des 26% perdus de vue ne se présentant pas au contrôle ?

✗ NOTRE PROJET
Notre objectif était de trouver une solution à ce problème.
Registre unique:
Pour garder une trace des femmes dépistées AgHbs + et par la suite de leur nouveau-né, le
personnel de la maternité tient d'une part un registre écrit des patientes infectées, en parallèle un registre des
nouveaux-nés vaccinés, puis enfin un registre des contrôles réalisés à 9 mois de vie.

Il était donc très difficile de faire le lien entre les mères, leur nouveau-né, et le jour du contrôle, ces
informations étant toutes recensées sur différents supports. C'est cette difficulté qui était donc responsable
du nombre important de perdus de vue car non évidents à pister.

La première idée était donc de tout réunir sur un unique registre, comme suivant :

Nom & prénom de l'enfant


Nom & prénom de la mère

Âge

Parité

Adresse

Sexe

Date & heure de vaccination

Contrôle
Date présumée d'accoucht
Date de découverte

Date & heure de naissance


Terme à la découverte

Date

Résultat
Chronologie:
Le deuxième problème du registre était la façon de le tenir. En effet, leur registre principal qui était
celui des femmes dépistées AgHBs + était rempli par
chronologie de dépistage. C'est à dire qu'une fois une
femme dépistée positive, elle était inscrite à la suite des
autres dans ce cahier. Mais les découvertes étant plus
ou moins tardives dans la grossesse, les femmes
n'étaient pas toutes dépistées au même terme. Ce qui
signifie qu'au final, l'ordre dans lequel nous les avions
dépistées ne correspondait en rien à l'ordre dans lequel
elles allaient probablement accoucher. Donc une fois
qu'une patiente a accouché, il fallait la retrouver dans le
registre afin de cocher la vaccination, ce qui n'était en
général pas fait, mais écrit seulement sur le registre des
vaccinations des nouveaux-nés.
Registre mis en place par Lucie et Amélie

Il fallait alors trouver une solution pour remplir ce registre de façon à


retrouver facilement les femmes et pouvoir cocher la vaccination et
le contrôle.

Après réflexion, il nous a semblé plus logique de classer les femmes


par ordre de date prévue d'accouchement, afin de la retrouver
aisément une fois en travail, et également lors du contrôle.

Amélie au travail en train de remplir le registre


Nous nous sommes donc lancées dans la création d'un nouveau registre unique, en consacrant chaque
double page à un mois particulier. Une femme dépistée, quel que soit le terme au dépistage, est inscrite sur
la page du mois correspondant à sa date prévue d'accouchement. Ainsi, lorsqu'elle accouche, on la retrouve
facilement dans ce registre et on peut ainsi inscrire la vaccination de l'enfant.

9 mois plus tard, quand elle reviendra pour le contrôle, il suffira de reprendre la page du mois correspondant
à sa date prévue d'accouchement pour retrouver les informations qui lui sont relatives.

De cette façon, les perdues de vue concernant le contrôle à 9 mois seront également facile à pister, car
logiquement classés dans un ordre chronologique.

Moyen de contact :
Enfin, une fois les perdues de vue repérées, le but est de prendre contact avec elles pour savoir si
elles ont réalisé la vaccination ailleurs, ou pour leur rappeler de venir au contrôle des 9 mois.

Pour cela, il a fallu sensibiliser l'équipe au fait de demander à chaque femme AgHbs + ses coordonnées
(adresse ou numéro de téléphone), afin de les inscrire dans le registre et ainsi contacter facilement les
femmes pour savoir ce qu'il en est.

✗ MISE EN PLACE
Le nouveau registre a pris place au milieu du séjour d’Amélie et Lucie. L'équipe était très contente de
notre proposition et était d'accord quant aux avantages qu'elle apportait. Il a fallu reprendre tous les anciens
registres afin d'inscrire dans le nouveau toutes les femmes n'ayant pas encore accouché ou n'ayant pas
encore fait le contrôle, en remettant tout dans l'ordre. Une fois cela fait, le registre a pu définitivement être
utilisé comme unique support du suivi.

Marie et Julie ont constaté la bonne appropriation de ce nouveau registre par l’équipe.

Denise, l’aide soignante qui s'occupe de la PMI, est très rigoureuse sur le suivi des vaccinations des
nouveaux-nés et plus globalement sur les problèmes de santé publique. Elle surveille le registre avec un œil
très vigilant. C’est donc elle qui s’occupe de repérer les perdues de vue et qui les contacte. Un lien entre la
maternité et la PMI est primordial.

III. PMI
La PMI (Protection Maternelle et Infantile) est le lieu où se
déroule la prévention pour les nourrissons et les femmes enceintes.
Cela concerne essentiellement la vaccination. L’accès à la
vaccination est un atout essentiel du CMS Saint-Luc puisqu’il
délivre de nombreux vaccins pour les nourrissons : BCG,
Poliomyélite, Diphtérie, Tétanos, coqueluche, hépatite B, fièvre
jaune… Cela permet de prévenir des maladies graves encore trop
courantes au Togo et de passer des réels messages de prévention.

Denise, expliquant aux femmes


les principes de la vaccination

A la PMI, les enfants sont également suivis pour leur courbe de poids et leurs mensurations pour s’assurer
de leur bon développement. Nous garderons toujours cette image de la pièce remplie de femmes qui parlent
entre elles, de bébés qui pleurent… Un vrai brouhaha !
IV. Kétao
Au cours de notre séjour à Tchannadè, nous
avons eu la chance de partir 2 jours au dispensaire
de Kétao, un petit village situé à une heure de route
du CMS. C’est un dispensaire situé dans une région
très rurale, la population y est plus modeste. Le but
de notre passage à Kétao était de faire un état des
lieux des pratiques concernant les dépistages et les
vaccinations hépatite B dans le cadre de la
prévention de la transmission mère-enfant.

Professionnels travaillant au dispensaire de Ketao


avec Julie et Marie
Au sein de la maternité, une sage-femme et une accoucheuse sont présentes la journée, mais la nuit, seule
une accoucheuse est de garde. L’organisation y est globalement la même qu’au CMS St Luc, avec le
laboratoire d’analyse, la pharmacie, la maternité et les soins (lieu d’hospitalisation des malades).

Nous avons pu suivre et réaliser les consultations de suivi de grossesse, les consultations d’urgence, ainsi
que les soins aux femmes enceintes (traitement antipaludique par exemple…). Amélie et Lucie ont eu
l'opportunité de participer à un accouchement pendant leur séjour. En effet, l’activité au centre de Kétao est
moins importante qu’à Tchannadè. Il y a moins d’accouchements.

Prévention de la transmission mère-enfant hépatite B :

Lucie et Rose, la sage-femme de Kétao

En début de grossesse, un dépistage hépatite B est systématiquement proposé aux femmes.


Malheureusement nous avons fait le constat que sur les 124 premières consultations prénatales réalisées
depuis janvier (de janvier à août), seules 87 femmes ont réalisé le dépistage hépatite B. Sur ces 87 femmes,
7 étaient positives à l’AgHbs.
Après discussion avec l’équipe de la maternité, il semble que le manque de moyens financiers de certaines
femmes peut gêner au dépistage.

En revanche sur les 7 femmes dépistées positivement, toutes ont fait vacciner leur nouveau-né. Selon Soeur
Cécile (l’infirmière du centre), cette vaccination onéreuse peut mettre des familles dans une situation
financière précaire.

Nous avons pu mettre en place au sein de la maternité de Kétao, le même cahier de suivi que celui utilisé à
Tchannadè. Ce cahier semble convenir parfaitement à l’équipe qui était très contente de cette petite
nouveauté.

A partir de ces observations, une question s’est rapidement posée: serait-il intéressant de mettre en place à
Kétao un système de financement des dépistages hépatite B et des vaccinations des nouveau-nés, dans le
cadre de la prévention de la transmission materno-foetale ?

Un projet est en cours de réflexion au sein de l’association humanitaire Tawaka.

V. Le projet buanderie
A l’heure actuelle, les femmes qui accouchent au CMS Saint Luc nettoient leurs pagnes souillés par
l’accouchement dans une bassine à même le sol. Elles sont donc contraintes de se mettre dans des positions
inconfortables et peu compatibles avec la période des suites de couches. De plus, l’évacuation des eaux
usées est peu hygiénique.

C’est pour répondre à cette problématique que l’association Tawaka, en collaboration avec plusieurs
étudiantes sages-femmes de Tours ont monté un projet de construction d’une buanderie. Cette année, nous
avons complété la cagnotte des étudiantes de l’année dernière afin d’atteindre l’objectif financier du devis.

Les résultats de la cagnotte ont été très positifs. En effet, les dons récoltés ont dépassé l’objectif fixé au
départ. Les travaux de la buanderie ont pu commencer le jour du départ de Marie et Julie.

Soeur Marie Odile devant les premiers parpaings


apportés au début des travaux
Le surplus de la cagnotte nous a permis de réfléchir à un projet annexe dans le but d’améliorer les conditions
de séjour des patientes ainsi que les conditions de travail des soignants.

VI. Le projet de réaménagement du lavoir à bassin


Au CMS, lorsqu’une femme est prise en charge en salle de naissance pour son accouchement, la
sage-femme utilise un bassin sur lequel elle installe la patiente pour faire les examens.

Ce bassin est également utilisé pour effectuer les sondages urinaires ou pour récolter les pertes sanguines
en post-partum. Ces liquides biologiques sont ensuite évacués dans un vidoir situé à même le sol dans une
salle attenante à la salle d’accouchement. Le bassin est rincé avec de l’eau présente dans un bac.

Actuellement les bassins sont vidés dans ce vidoir à même le sol

Cet aménagement pose plusieurs problèmes. D’abord d’un point de vue hygiénique, cela expose à des
risques de projections de liquides biologiques sur le personnel ou sur l’environnement direct. D’autre part, le
vidoir étant à même le sol, les soignants sont contraints de se plier en deux pour effectuer cette tâche.

Suite à ces différentes observations, nous avons donc proposé à l’équipe du CMS d’aménager un bidet avec
chasse d’eau afin d’évacuer les excrétas de manière plus hygiénique ainsi que l’aménagement d’un plan de
travail comprenant 2 éviers assez larges et profonds pour rincer le bassin dans des conditions limitant au
maximum le risque de projection.

Les objectifs de ce projet sont donc d’améliorer les conditions de travail du personnel soignant, de limiter les
risques infectieux, d’améliorer les conditions d’hygiène et de moderniser la salle d’accouchement.

Un maçon est venu faire un devis pour ce projet durant le séjour de Marie et Julie. Le devis a été validé par
Jean. Les travaux commenceront une fois que le projet sera voté par l’association et lorsque l’intégralité de la
somme sera obtenue.
VII. Vécu des étudiantes sages-femmes

MARIE :

« Ce stage restera pour moi une expérience incroyable, humainement,


professionnellement et personnellement parlant. C’est quelque chose qui est
difficilement descriptible avec des mots, je pense qu’il faut le vivre pour le ressentir.
Nous avons rencontré des personnes extraordinaires, accueillantes qui nous ont
transmis énormément sur tous les plans. Je me suis sentie professionnelle, sage-
femme avant l’heure. Dans ces études qui ne sont pas toujours simples, ce stage
m’a reboostée et m’a confirmé mon envie de devenir un jour une grande sage-
femme ! »

AMELIE :

« En écrivant ce rapport, j’en ai encore des souvenirs pleins la tête… Ca a été


une expérience riche en émotions, en découvertes et rencontres. Des rencontres que
je n’oublierais pas, qui m’ont fait voir le monde autrement, sous un angle nouveau
qu’on ne peut pas imaginer tant qu’on ne l’a pas vu de nos yeux. Il faut voyager et le
voir pour le comprendre… Même si en trois semaines, il y a encore énormément de
choses qui m'échappent et que j’aurais aimé découvrir ! On arrive avec nos yeux
européens et on repart avec des yeux brouillés (et non pas des oeufs !). Brouillés car
nous avions forcément des représentations avant d’y aller et qu’en revenant en
France on revient dessus, on n’est plus aussi sûr de nous.
Par exemple, ce qui m’a beaucoup questionnée et mise parfois mal à l’aise c’est la
représentation des togolais sur nous, femmes blanches européennes. On a été tellement bien accueilli que
parfois ça en devenait presque trop, un peu gênant. Parce qu’on ne se voyait pas comme eux nous voyaient.
Parce qu’on n’avait pas l’impression d’être si exceptionnel. On est arrivé naïve avec la soif de découvrir alors
qu’on en attendait beaucoup de nous qui venons de si loin…
Je remercie mille fois toutes les personnes qui ont permis ce projet possible. C’est une réelle opportunité
dans nos études. »

JULIE :

« Ce stage restera une expérience inoubliable. Nous sommes arrivées en terre


inconnue avec Marie et avons été accueillies chaleureusement. Chaque jour qui
passait était rempli de découvertes culturelles, de rencontres, d’émotions fortes…
Nous étions à l’abri du stress ambiant de notre vie quotidienne, de nos études, nous
étions sereines, nous étions bien.
Ce qui m’a le plus touchée, c’est la soif d’apprendre de l’équipe du CMS:
constamment à remettre en question leurs pratiques afin de pouvoir assurer des
prises en charge optimales pour leurs patientes.
Et puis l’équipe nous a rapidement fait confiance, nous avons donc été très vite autonomes. Cette autonomie
m’a, je pense, fait gagner en maturité, autant sur le plan professionnel que sur le plan personnel. J’ai gagné
en confiance en moi, j’ai appris à observer le corps des femmes, à l’écouter, à faire confiance à la clinique,
j’ai appris à développer mon esprit critique.
Ce stage aura contribué à donner encore plus de sens à mon choix professionnel. »

LUCIE :

« Ce voyage est une opportunité sans égale : A peine atterie sur le sol
togolais, chaque rencontre était chargée d'histoires, de savoirs et d'émotion. Chaque
personne avec laquelle nous avons pu échanger a été formidable, accueillante et
incroyablement humaine. Le fait de séjourner dans un petit village nous a permis
d'être au plus proche de la population locale et ainsi d'être réellement immergées
dans la culture du pays. Culture avec laquelle nous n'avons pas eu de difficulté à
nous familiariser, bien au contraire, il ne nous a pas fallu longtemps pour nous sentir
comme chez nous...
Pour le côté professionnel, je pense que ce stage est d'une certaine manière celui qui
m'aura le plus appris. Il m'aura apporté le recul qu'on se doit d'avoir en tant que professionnel sur nos
pratiques qu'on ne pense plus à remettre en question. L'équipe nous a d'emblée vues comme de réelles
professionnelles, ce qui peut être légèrement déroutant au début mais il faut avouer que c'est aussi ça qui
fait grandir. J'ai appris que la barrière de la langue et la différence de culture n'étaient pas un obstacle à
l'accompagnement des femmes quand on ne voulait pas qu'il en soit un. L'accompagnement, l'altruisme et
l'empathie sont des valeurs universelles, et c'est ce qui nous permet d'exercer notre métier comme on sait le
faire dans nimporte quel coin du monde.
Ces trois semaines dans un environnement si humain et riche m'ont permis de faire une réelle parenthèse
dans ma vie, et ce stage a été comme une bouffée d'air frais au milieu de ces études pas toujours simples,
qui m'a permis de laisser les angoisses du quotidien de côté et de vivre pleinement notre profession, sans
stress, et seulement avec plaisir, et ça ça n'a pas de prix.
Aujourd'hui, j'ai encore toutes nos découvertes, tous nos souvenirs et tous nos sourires de là-bas en tête.
Tchannadè est devenue notre deuxième maison, et il est impossible de dire si c'est l'arrivée au Togo ou le
retour en France qui a été le plus dépaysant.»
Remerciements

Nous souhaitons enfin remercier toutes les personnes qui nous ont soutenues dans
ce projet :

L'association Tawaka et tout particulièrement Marie-Christine et Frédéric Dubois

L'école Régionale de sages-femmes de Tours

Tous les donateurs et l'association InnerWheel pour leur soutien au projet buanderie

Nos parents et nos ami(e)s pour nous avoir fait confiance !

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