Faire La Ville

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FAIRE LA VILLE

Lecture croisée des méthodes et outils de l’urbanisme


en France et au Viêt-Nam

Capitalisation des expériences de la coopération


décentralisée
Région Île-de-France/Hanoi
Région Rhône-Alpes/Grand Lyon/Hô Chi Minh-Ville

Editeù par le Centre de Prospective et


d’Etudes Urbaines (PADDI)
et l’Institut des Meùtiers de la Ville (IMV)
FAIRE LA VILLE
Lecture croisée des méthodes et outils de l’urbanisme
en France et au Viêt-Nam

Capitalisation des expériences de la coopération


décentralisée
Région Île-de-France/Hanoi
Région Rhône-Alpes/Grand Lyon/Hô Chi Minh-Ville
Contributeurs

Contributeurs
Faire la ville
Lecture croisée des méthodes et outils de l’urbanisme en France et au Viêt-Nam
Capitalisation des expériences de la coopération décentralisée
Région Île-de-France/Hanoi
Région Rhône-Alpes/Grand Lyon/Hô Chi Minh-Ville

Édition française

Auteurs et coordination éditoriale


Fanny Quertamp, co-directrice, PADDI
Laurent Pandolfi, chargé de mission Asie-Océan Indien, Région Île-de-France
Emmanuel Cerise, co-directeur, IMV
Laura Petibon, PADDI/IMV

Relectures
Patrice Berger/Agence d’urbanisme de l’agglomération lyonnaise ; Jean-Charles
Castel/CERTU ; Gilles Antier/IAU-IdF ; Jean-Claude Gaillot/Région Île-de-France ;
Pierre Peillon/Union Sociale pour l’Habitat ; Yann Maublanc/IMV ; Patrick Brenner/
Région Île-de-France ; Nguyen Trong Hoa/Directeur de l’Institut de Recherche et
de Développement de HCMV ; Vo Kim Cuong/Ex-directeur adjoint du Département
de la Planification Urbaine et de l’Architecture de HCMV ; Nguyen Thi Cam Van/
Département des Ressources Naturelles et de l’Environnement de HCMV ; Truong
Trung Kien/Responsable du bureau de planification du centre-ville au Département
de la Planification Urbaine et de l’Architecture de HCMV ; Nguyen Thi Xuan Ha/
Département de la Planification Urbaine et de l’Architecture de HCMV ; Ly Khanh
Tam Thao/ Département de la Planification Urbaine et de l’Architecture de HCMV ;
Do Nguyen Phong/Institut d’urbanisme de HCMV

Traduction
Huynh Hong Duc

Édition
Iconographie
Laura Petibon, PADDI-IMV

Relecture typographique
Catherine Weyl
Agathe Ramsamy

Conception et mise en page


Nguyen Nguyet, avec un grand merci à Bernard Favre pour ses précieux conseils

MAISON D’EDITION LAO DONG – XA HOI


Ruelle Hoa Binh 4, Minh Khai – Hai Ba Trung – Hanoi
Tél : 04.036246913 / 04.36246917 – Fax : 04.36246915

Responsable de la publication
Nguyen Hoang Cam

Imprimé à 1000 exemplaires, au format 18x24, par la société TNHH MTV ITAXA
Numéro d’enregistrement : 336-2014/04-23/LĐXH
Décision de publication n° : 65/QĐ-NXBLĐXH. ISBN : 978-604-65-1615-7
Achevé d’imprimer et depôt légal au 3ème trimestre 2014

2|
Sommaire

INTRODUCTION
06

CHAPITRE 1
LA PLANIFICATION URBAINE
17

CHAPITRE 2
LE FONCIER URBAIN
41

CHAPITRE 3
LES TRANSPORTS COLLECTIFS URBAINS
63

CHAPITRE 4
LE LOGEMENT
83

CHAPITRE 5
LE PATRIMOINE
103

Faire la ville |3
Preface

Réalisé par la région Rhône-Alpes et le Grand Lyon, la région Île-de-France


avec le soutien de l’Agence Française de Développement

4|
Avant-propos
e livre est né de notre souhait de répondre, par un ouvrage synthétique et volontaire-

C ment orienté vers l’action, aux questions que nous adressent régulièrement nos col-
lègues urbanistes vietnamiens et français sur l’histoire, l’organisation administrative,
les méthodes et les outils de planification ou encore les mécanismes socio-économiques
des grandes aires urbaines dont nous animons le partenariat : Hanoi, Hô Chi Minh-Ville, la
Laurent Pandolfi et
Fanny Quertamp
1
L’Institut des Métiers
de la Ville (IMV) et le
Centre de prospective
région Île-de-France, la région Rhône-Alpes et le Grand Lyon1. Le lecteur trouvera ainsi de et d’études urbaines
nombreuses informations sur l’organisation de ces métropoles et les moyens techniques et (PADDI) ont été créés
juridiques dont disposent leurs urbanistes pour en améliorer le fonctionnement et le déve- respectivement en
loppement. 2001 et 2006 dans
le cadre des accords
Nous souhaitions également pouvoir rendre compte de la richesse des échanges entre profes- de coopération
décentralisée entre la
sionnels des deux pays, que ce soit à l’occasion d’ateliers de formation ou de missions d’exper-
région Île-de-France
tise, et les faire partager au plus grand nombre au-delà des livrets et des rapports auxquels et le Comité populaire
ils donnent habituellement lieu. On retrouvera la teneur de ces échanges et débats dans le de Hanoi et entre la
regard qui est porté sur le mouvement d’urbanisation en cours au Viêt-Nam, mais aussi dans région Rhône-Alpes et
la recherche commune de solutions qui ne soient pas la simple réplication d’un modèle mais le Comité populaire de
plutôt une démarche qui place l’intérêt public et les biens communs au cœur de la construc- Hô Chi Minh-Ville. Les
ateliers, contextualisés
tion de la ville et de ses réseaux. Cet ouvrage vise ainsi à capitaliser les échanges menés dans
à partir de cas
le cadre de la coopération décentralisée à Hô Chi Minh-Ville et à Hanoi. d’études vietnamiens,
sont animés par des
La sélection des thèmes a été guidée par leur forte récurrence dans les besoins de forma- experts de la région
tion et d’expertise exprimés par les partenaires vietnamiens. Ainsi, la planification urbaine et Île-de-France et de la
régionale, la thématique foncière et celle de la mobilité et des transports ont naturellement région Rhône-Alpes
émergé. Les autorités publiques de Hanoi et Hô Chi Minh-Ville doivent faire face à d’impor- et débouchent sur
la formulation de
tants défis liés à l’urbanisation accélérée. Les réponses à apporter necessitent de s’appuyer recommandations
sur des méthodes et outils éprouvés en matière de planification et de gestion urbaine. Le ou de pistes de
logement et le patrimoine correspondent à des préoccupations plus récentes. Ils illustrent réflexion (techniques,
en creux les lacunes d’un mode de construction de la ville déséquilibré au profit d’opérateurs juridiques, etc.) qui
fonciers et immobiliers peu soucieux de proposer des logements à la population la moins sont restituées sous
aisée et encore moins de préserver le patrimoine architectural et urbain des centres anciens. forme de livrets dans
le cas du PADDI. Par
ailleurs, l’IMV et le
Chaque chapitre suit la même structure et débute par une présentation de la situation et des PADDI soutiennent
grands enjeux actuels de la thématique au Viêt-Nam. Une deuxième partie est consacrée aux des projets
concepts, aux outils et aux méthodes utilisés en France pour répondre à des problématiques d’assistance technique
similaires. Enfin, la dernière partie revient sur les débats qui ont animé les ateliers de forma- (études de faisabilité,
tion et sur les études et travaux réalisés souvent à titre expérimental et pilote. De nombreuses expertise, etc.) et,
pour l’IMV, des projets
illustrations permettent aux lecteurs des deux pays de mieux cerner la réalité urbaine et les
pilotes de réalisation
techniques utilisées. Une rubrique « pour aller plus loin » présente tout au long de l’ouvrage d’infrastructures.
des références bibliographiques sur les différents sujets abordés.

Bien qu’il se concentre sur Hanoi et Hô Chi Minh-Ville, cet ouvrage propose des outils et des
méthodes à tous les praticiens des villes vietnamiennes pour guider leurs actions et améliorer
leurs compétences dans les études et la gestion urbaine, tout comme il permet aux observa-
teurs étrangers de mieux cerner les enjeux de l’urbanisme contemporain au Viêt-Nam.

Faire la ville |5
Introduction

Introduction
n 1986, le Viêt-Nam initie le Doi Moi, une politique d’ouverture économique progressive

E afin de moderniser le pays via le passage d’une économie centralisée à une « économie
de marché à orientation socialiste». Depuis, le pays s’est considérablement développé :
durant deux décennies, et malgré un ralentissement à 6,7% en 2011, le taux de croissance de
son PIB a atteint 7,5% par an. La croissance urbaine se concentre majoritairement sur les deux
métropoles de Hanoi et de Hô Chi Minh-ville (HCMV) et, dans une moindre mesure, sur les
villes de taille moyenne. Cette dynamique entraîne de profondes recompositions territoriales
à l’échelle nationale et locale, qui se traduisent par la densification des centres historiques,
l’extension des villes sur les espaces périurbains et la construction massive d’infrastructures
et d’équipements publics.

HCMV et Hanoi ont ainsi changé d’échelle en moins de dix ans. Moteurs de la croissance éco-
nomique du pays avec 27% des IDE et 33% du PIB national, ces deux villes constituent des ter-
ritoires privilégiés pour expérimenter de nouvelles politiques publiques et mesurer les effets
de la politique de transition. Le Plan de développement socio-économique pour 2011-2020,
document stratégique qui oriente la politique nationale sur les dix années à venir, réaffirme
le rôle indispensable de l’urbanisation dans la modernisation et l’industrialisation du pays. La
diffusion des différents modèles de développement des villes asiatiques et la diversification
des bailleurs de fonds désormais internationaux jouent un rôle important dans le processus
de métropolisation des deux villes, de plus en plus intégrées dans la compétition économique
mondiale.

Mais la croissance économique et démographique a pour revers une urbanisation accélérée


sur les espaces périphériques. L’attractivité économique des villes a renforcé les concentra-
tions des populations migrantes tant dans les centres historiques que sur les franges urbaines
transformant la structure et la morphologie des villes. Cela se traduit par le développement
des constructions illégales sur les terrains agricoles et sur les berges des canaux, empiétant
par ailleurs sur les réserves foncières. Le rythme du développement oblige les pouvoirs pu-
blics comme les professionnels de l’urbain à travailler dans l’urgence et malgré les mesures
prises, les autorités publiques ne parviennent pas à maîtriser l’étalement urbain. Des défis
importants sont à relever pour restructurer la ville et orienter son developpement afin d’offrir
un environnement favorable au développement socio-économique et améliorer la qualité de
vie des habitants.

Par ailleurs, la gouvernance et le développement durable constituent aujourd’hui deux grands


enjeux transversaux dans la fabrication de la ville vietnamienne. Passant d’un système cen-
tralisé où l’État contrôlait le processus d’urbanisation à une diversification des acteurs (État,
provinces et districts, bureaux d’études privés, grandes entreprises de construction vietna-
miennes, consultants et bailleurs de fonds internationaux), les autorités publiques s’efforcent

6|
de clarifier les rôles de chacun et de coordonner leurs plans et leurs actions, qui s’inscrivent encore largement dans
une logique sectorielle. De plus, le pays, considéré comme l’un des plus vulnérables au changement climatique,
s’industrialise et voit les inégalités sociales augmenter, malgré une réduction globale de la pauvreté, ce qui rend la
question de la durabilité écologique, économique et sociale des politiques urbaines de plus en plus pressante.
L’urbanisme vietnamien, en pleine effervescence, est en quête de méthodes et d’outils nouveaux. Malgré les réformes
législatives majeures de ces dernières années - loi sur la planification urbaine en 2009 et révision de la Constitution et
de la loi foncière en 2013 - le cadre règlementaire et opérationnel de la planification et de la gestion urbaine est en
décalage avec les réalités du terrain - notamment avec la demande foncière et immobilière - et devient rapidement
obsolète.

Au Viêt-Nam, la planification urbaine constitue l’une des étapes stratégiques dans le processus de développement
urbain. Sous la direction du Comité central du Parti elle vise à définir le périmètre, la nature, les fonctions et les orien-
tations de développement urbain. Aujourd’hui, les autorités locales cherchent à rendre la planification urbaine plus
efficace. Plus stratégique et plus flexible, celle-ci aurait pour enjeux de fixer de grandes priorités, de coordonner les
actions entre les différents départements ou encore de renforcer la maîtrise d’ouvrage publique. Le foncier constitue
une autre variable stratégique de l’action des pouvoirs publics : il s’agit de constituer des réserves foncières, de garan-
tir les droits fonciers et de financer les équipements et les infrastructures. La construction et l’intégration des futurs
réseaux de transports urbains collectifs des deux métropoles (métro, lignes de BRT, etc.), réponses au défi de la mobi-
lité dans les villes vietnamiennes, joueront également un rôle structurant majeur dans le développement urbain de
ces dix prochaines années. Par ailleurs, pour suivre le rythme de la croissance urbaine, les autorités sont confrontées
à la nécessité de diversifier l’offre de logements, notamment le parc de logements abordables. L’urbanisation insuffi-
sament maîtrisée constitue également un facteur de destruction des espaces culturels et historiques. Les experts et
gestionnaires doivent répondre aux enjeux de conservation et de restauration du patrimoine architectural et urbain,
notamment dans les villes riches en identités culturelles, sans pour autant freiner leur développement.

Face à l’urbanisation des grandes métropoles au Viêt-Nam depuis le Doi Moi, en se basant sur les expériences, les mé-
thodes et les outils de développement urbain de la région Île-de-France, de la région Rhône-Alpes et du Grand Lyon,
plusieurs solutions et recommandations sont formulées par les experts nationaux et internationaux. La démarche de
cet ouvrage est donc de proposer des outils opérationnels et des pistes de réflexions à travers une vision transversale
des enjeux de l’urbanisme dans les domaines de la planification urbaine, du foncier, des transports collectifs, du
logement et du patrimoine.

Faire la ville |7
Introduction

Le Viêt-Nam et la France en quelques chiffres


République socialiste du Viêt-Nam République française
Population : 89 710 000 (1) Population : 66 000 000 habitants (1)
Superficie : 331 698 km2 Superficie : 632 734,9 km² (2)
IDH : 0,617 ; 127ème rang mondial (2) IDH : 0,893 ; 20ème rang mondial (3)
Densité moyenne : 268 hab/km2 (3) Densité moyenne : 102 hab/km2 (2)
Part de la population urbaine : 32,36 % (1) Part de la population urbaine : 77,5% (4)

Démographie Démographie
Taux de croissance annuel (2000-2013) : 1,2% (1) Taux de croissance annuel (1999-2010) : 0,7% (2)
Structure par âge : 25% de 0-14 ans / 68,4% de Structure par âge : 22% de 0-17 ans / 61% de 18-64
15-64 ans / 6,6% de plus de 65 ans (4) ans / 17% de 65 ans et plus (2)
Âge médian : 27,4 ans (4) Âge médian : 38,8 (2)
Espérance de vie : 75,4 (2) Espérance de vie : 83 ans (5)
Taux de fécondité : 2,1 enfants par femme (1) Taux de fécondité : 2,01 enfants par femme (6)

Économie Économie
PIB (en milliards de dollars) : 156 (2) PIB (en milliards de dollars) : 2 611 (8)
PIB par habitant en dollars : 1 755 (2) PIB par habitant en dollars : 39 746 (8)
Taux de croissance du PIB 2012-2013 : 4,2% (1) Taux de croissance du PIB : +0,3% en 2012 (7)
Taux de chômage au sens du BIT : 2,9% (1) Taux de chômage au sens du BIT : 10,1% (9)
Taux de pauvreté (% de population en dessous du Taux de pauvreté (% de population en dessous du
seuil de pauvreté national) : 9,9 % (1) seuil de pauvreté national, seuil à 50% du revenu
Inflation (en % annuel) : 9% en 2012 (1) médian) : 7,9% (10)
Emploi selon les secteurs de l’économie : Inflation (en % annuel) : 1,5 % (11)
primaire : 46,9% / secondaire : 21,1% / tertiaire : Emploi selon les secteurs de l’économie :
32% (1) primaire : 3% / secondaire : 21% / tertiaire : 74,2% (11)

Culture et environnement Culture et environnement


Utilisateurs d’internet (16-74 ans) : 39,49% (2) Utilisateurs d’internet (16-74 ans) : 71,5% (3)
Accès à une source d’eau améliorée : 95% (2) Émissions de CO2, en tonne métrique par habitant :
Accès aux équipements sanitaires : 75% (2) 6,02 tonnes (3)
Émissions de CO2, en tonne métrique par hab. :
1,73 tonne (2)
Sources :
(1) : INSEE, estimation janvier 2014
(2) : INSEE, RGP 2010
Sources : (3) : ONU - Banque Mondiale, Rapport sur le développement
(1) : GSO, 2013 humain, 2013
(2) : ONU - Banque Mondiale, Rapport sur le développement (4) : INSEE-INED, 2007
humain, 2013 (5) : Banque Mondiale, 2012
(3) : GSO, 2012 (6) : INSEE, 2011
(4) : GSO, 2009 (7) : INSEE - comptes nationaux, 2013
(8) : Banque Mondiale, 2013
(9) : INSEE, 2014
(10) : INSEE-DGI, 2011
(11) : INSEE - tableau de l’économie française, 2014

8|
L’organisation administrative du Viêt-
Pour aller plus loin :
• AFD, Agence
Française de

Nam : un pays centralisé Développement,


Albrecht D., Hocquard
H. Papin P., oct. 2010,
Le Viêt-Nam est une République socialiste Les acteurs publics
des infrastructures, la santé et l’éducation,
centralisée, de régime parlementaire. Selon locaux au cœur du
la distribution de l’eau, l’assainissement et la développement urbain
la Constitution de 1992, qui organise les ins- gestion des déchets. Les échelons inférieurs vietnamien. Moyens,
titutions et la répartition du pouvoir, le Parti voient souvent leur rôle limité à des interven- limites et évolution
communiste vietnamien constitue la force « qui tions de proximité. de l’action publique
dirige l’État et la société ». locale, Focale n°5,
Ainsi, dans les districts ruraux et urbains, le 90 p.
La structure territoriale se décline sur quatre http://www.
Comité populaire du district délivre les petits afd.fr/webdav/
niveaux : l’État, la province, le district (urbain permis de construire, le certificat d’usage site/afd/shared/
ou rural) et le quartier (urbain) ou la com- du terrain et le certificat de propriété du PUBLICATIONS/
mune (rurale). logement pour les particuliers. Il collecte des RECHERCHE/
impôts sur le transfert du droit d’usage du Scientifiques/
La structure administrative et territoriale terrain lors des transactions entre deux parti- Focales/05-Focales.
est fortement hiérarchisée, le contrôle des pdf
culiers. Dans le domaine de l’éducation, il est
administrations centrales est important et compétent pour l’enseignement primaire et
les prises de décisions finales reviennent secondaire du premier cycle.
fréquemment aux ministères. Les pouvoirs
locaux bénéficient pourtant dans les faits de Les quartiers et les communes assurent des
prérogatives plus importantes et d’une cer- services de proximité dans le domaine du
taine autonomie vis-à-vis de l’État. Ce dernier droit et de la construction (déclaration de
reconnaît implicitement que le niveau local réparation de logement, vérification de la
est mieux placé pour prendre certaines déci- conformité des constructions aux permis de
sions : une pression centrale s’exerce donc construire). Ils collectent les impôts fonciers
sur les pouvoirs locaux qui doivent assurer payés par les particuliers et assurent la ges-
des services publics performants ou conduire tion des collecteurs privés de déchets.
de grands projets d’aménagement.

Les compétences des pro-


« Le classement des villes
Les villes vietnamiennes sont classées par l’administration centrale en six ca-
vinces, districts et quartiers tégories, dont dépendent leurs prérogatives, leur autonomie et le niveau des
investissements de l’État (décret n°42/2009/ND-CP). Ce classement s’appuie
Entre ces différents acteurs, les compétences sur six critères principaux : la « fonction urbaine » (plateforme internationale ;
s’articulent suivant un principe de délégation centre administratif, économique et culturel ou simple chef-lieu) ; la popu-
partielle des autorités supérieures aux infé- lation (4 000 hab. minimum) ; la densité de population ; la part de l’emploi
non agricole dans la zone urbaine (65% minimum) ; le système des infras-
rieures. tructures (niveau de cohérence et d’achèvement) et l’« architecture et le
paysage urbain » : respect des règlements d’urbanisme, aménagement des
La province est chargée d’assurer la majorité espaces publics et intégration des problématiques environnementales.
des services publics locaux comme les trans-
Source : décret n°42/2009/ND-CP
ports publics, la construction et l’entretien

Niveau étatique État

Niveau provincial Villes-provinces (5) - Thanh Pho Provinces (58) - Tinh

Niveau du district Districts urbains - Districts ruraux - Capitales provinciales et villes - Districts ruraux - Huyen
Quan Huyen Thanh Pho
Niveau communal Quartiers urbains - Communes rurales Quartiers urbains et communes Communes rurales et
Phuong et bourgs - Xa rurales - Phuong et Xa bourgs - Xa

Faire la ville |9
Introduction

La France : une administration territoriale dé-


centralisée et déconcentrée
La France est une République de régime
«
semi-présidentiel. La Constitution de 1958
Le processus de déconcentration et de décentralisation en France
La déconcentration est le transfert du pouvoir de décision des services ad-
fonde la Vème République et régit ses insti-
ministratifs centraux de l’État vers leurs relais locaux. Le préfet de région
tutions. Le Parlement est composé de deux ou le sous-préfet du département sont les représentants de l’État sur ces
chambres : l’Assemblée nationale et le Sénat. territoires.
Le Président de la République est élu au suf- La France, État très centralisé, a amorcé « l’acte I » de sa décentralisation
frage universel direct, il nomme un Premier en 1982-1983 : les régions sont devenues des collectivités territoriales et
ministre et forme un gouvernement en fonc- leurs exécutifs sont désormais élus. La tutelle administrative et financière
tion de la couleur politique majoritaire du exercée par le préfet a été supprimée et de nombreuses compétences ont
été transférées.
Parlement.
En 2003-2004, de nouveaux transferts ont été opérés de l’État aux collectivi-
tés, même si le volet financier n’a pas toujours suivi le transfert des compé-
La structure territoriale française se décline tences. Désormais, l’article 1 de la Constitution déclare que « l’organisation
principalement en quatre niveaux : l’État, la [de la France] est décentralisée ». Le principe de libre administration des
région, le département et la commune. On collectivités territoriales est garanti par l’article 34. Les relations entre ces
évoque cependant un « millefeuille territo- dernières ne sont pas hiérarchiques, bien que leurs actions doivent être
rial », de nombreux échelons intermédiaires compatibles.
se superposant à ces quatre derniers.

Les régions, les départements et les com-


munes sont à la fois des circonscriptions ad- Les régions sont principalement chargées
ministratives, relais de l’État au niveau local d’élaborer un schéma régional de dévelop-
(avec des directions locales déconcentrées pement économique, soutenu par des aides.
des différents ministères), et des collectivi- Elles conçoivent également des schémas
tés locales, entités juridiques autonomes de régionaux pour l’aménagement et le déve-
l’État, légitimées par des assemblées locales loppement du territoire intégrant le schéma
élues (respectivement le Conseil régional, le régional des transports. Pour les grands pro-
Conseil général et le conseil municipal) et dis- jets (infrastructures, aménagement), des
posant de compétences propres. contrats de plan entre l’État et les régions
(CPER) sont établis. Enfin, ces dernières
assurent le fonctionnement des musées ré-
Communes, départements et gionaux et sont responsables de l’inventaire
général du patrimoine culturel.
régions : des compétences
complémentaires Les départements s’occupent essentiellement
de l’action sociale et sanitaire. En matière
Les collectivités territoriales ont des compé- d’aménagement du territoire, ils sont res-
tences précises et bénéficient d’une clause ponsables de la voirie, des transports publics
générale de compétence qui leur permet non urbains ou encore des politiques de
d’intervenir sur les objets d’intérêt local. protection de l’environnement. Quant aux
Leurs attributions peuvent être complémen- communes, on distingue les compétences
taires, par exemple en matière d’éducation, traditionnelles du maire comme représen-
les régions sont en charge des lycées, les tant de l’État (état civil, voirie, etc.) des
départements des collèges et les communes compétences décentralisées. La commune
des écoles. Une réforme des collectivités ter- délivre les permis de construire et rédige son
ritoriales est en discussion actuellement afin plan local d’urbanisme (PLU). Elle s’associe à
de clarifier ce qui est du ressort de chacune d’autres communes pour rédiger le Schéma
et d’améliorer l’efficacité de leurs actions. de Cohérence Territoriale (SCoT).

10 |
Le renforcement des 27 Régions
structures intercommunales
Les communes françaises, au nombre de 36 682, 1
peuvent se regrouper en Établissement Public
de Coopération Intercommunale (EPCI) afin
de mutualiser leurs moyens et d’améliorer
la cohérence de leurs stratégies territoriales.
En effet, les limites administratives tradition- 2
nelles de la commune, du département et de
la région peuvent difficilement intégrer les
logiques et les dynamiques d’une agglomé-
ration urbaine. Les communes peuvent donc,
selon leur poids démographique, coopérer 1. Région Île-de-France
2. Région Rhône-Alpes
au sein de trois types de communautés, cha-
cune étant dotée d’un régime fiscal et de
compétences obligatoires et facultatives spé-
cifiques. 95 Départements

Les communautés de communes corres-


pondent à des territoires ruraux ou faible-
ment urbanisés. L’aménagement de l’espace
et le développement économique consti-
tuent leurs deux compétences obligatoires.
Les communautés d’agglomération doivent
compter plus de 50 000 habitants dont 15 000
agglomérés au chef-lieu. Elles exercent des
compétences obligatoires supplémentaires :
les transports, les équipements sociaux,
l’habitat et la politique de la ville. Les com-
munautés urbaines comportent quant à elles
plus de 500 000 habitants et sont en charge,
en plus des compétences déjà évoquées, de
l’organisation des services d’intérêt collectif
(eau, déchets, etc.…) et de la valorisation de Déconcentraon
l’environnement et du cadre de vie. Services déconcentrés dans
Administraon Foncon
Centrale et les Régions et Départements Publique
Ministères (Préfectures, DREAL, DDT1) d’Etat
« L’action internationale des collectivités fran-
çaises
Etat
Les collectivités françaises peuvent mener Régions
des actions de solidarité internationale, par Foncon
le biais de soutiens aux projets de la société Collecvités Publique
Départements
civile. Elles peuvent également développer des Territoriales Territoriale
partenariats d’expertise avec des collectivités
Regroupement
étrangères dans le cadre de la coopération Communes
de communes
décentralisée, définis par les lois Oudin-Santini
(2005) et Thiollière (2007). C’est dans ce cadre
que travaillent les structures de l’Institut des
Décentralisaon
Métiers de la Ville (IMV) à Hanoi et du PADDI
à HCMV.
1
Les DREAL (Direcons Régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) et DDT (Direcons
Départementales des Territoires) sont des services de l’Etat sous la tutelle respecve du préfet de région et du
préfet de département. Elles parcipent à l’élaboraon des poliques de l’Etat en maère de développement
durable, de logement et d’aménagement du territoire et peuvent intervenir en tant qu'assistantes à la maîtrise
d’ouvrage auprès des collecvités territoriales.

Faire la ville | 11
Introduction

Ville de Hanoi
Population : 6,7 M d’habitants soit 6,9% de
la population du pays, 43% d’urbains, crois-
sance démographique de 1,7% par an
Superficie : 3 329 km², 28 districts dont 18
ruraux
Contribution au PIB national : 12%

L’ambition d’une métropole


internationale
En 2008, l’absorption par Hanoi de l’ancienne
province de Ha Tay lui a permis de renforcer,
grâce au triplement de sa superficie et au
doublement de sa population, son statut de
région-capitale. L’ambition de Hanoi est de
devenir une métropole régionale et inter-
nationale, en développant à la fois l’attrac-
tivité économique pour les investissements
étrangers et les entreprises de haute valeur
ajoutée, et l’accueil de conférences ou de
sommets internationaux (Apec en 2006,
Asean en 2010). La ville souhaite à cet effet
mettre en valeur son patrimoine urbain et na- devrait être canalisée par le développement
turel, tels son vieux quartier, ses lacs, les vil- de cinq villes satellites et de trois « éco-cités ».
lages des métiers ou les montagnes de Ba Vi. L’établissement d’un « corridor vert » entre la
ville-centre et les nouveaux pôles devrait per-
L’agglomération devrait atteindre dix millions mettre de maîtriser l’urbanisation, de préser-
d’habitants en 2030. Cette nouvelle dimen- ver l’agriculture périurbaine et de limiter les
sion métropolitaine s’exprime déjà au travers inondations. Des voies rapides et idéalement
des défis auxquels elle fait face. Les taux de des lignes de transport en commun relieront
croissance économique et démographique ces nouveaux pôles urbains « mixtes » (loge-
ont pour conséquence un développement ments, commerces, industrie et tertiaire)
urbain peu contrôlé, la saturation des infras- à la ville centre. Quatre des huit lignes de
tructures dans le domaine des transports métro inscrites dans le schéma sont finan-
(congestion et pollution), de l’énergie, de cées et deux sont actuellement en travaux.
l’eau et des équipements publics. Par ailleurs, Par ailleurs, la création de zones industrielles
le risque d’inondation est accru par l’imper- et d’équipements publics (hôpitaux, écoles,
méabilisation des sols et une trop faible prise parcs, etc.) est planifiée afin de soulager les
en compte de ce risque dans l’implantation infrastructures existantes.
des constructions.
Le schéma intègre également l’élaboration
et la mise en œuvre de règlementations spé-
Le développement de villes cifiques pour la préservation des quartiers
satellites historiques de Hanoi, des monuments et des
villages de métiers des alentours.
Le nouveau schéma directeur pour 2030 à vi-
sion 2050, dont la devise est « une ville verte,
culturelle et moderne » a été approuvé en
2011. La croissance urbaine, qui s’est princi-
palement effectuée ces dernières années vers L’extension urbaine de l’agglomération hanoienne en 1870,
1940, 2000 et 2011
l’ouest et le long des axes de communication,
12 |
Hô Chi Minh-ville
Population : 7,94 M d’habitants soit 8,9% de Densité du centre-ville (dis-
tricts 1 et 3 ) : 32 405 hab./
la population vietnamienne ; 81% d’urbains ; km2 (2013)
croissance démographique de 3% par an Revenu mensuel moyen :
entre 2005 et 2013 (GSO, 2013) 3,4 M de VND (2013)
Croissance économique sur
Superficie : 2 096 km², 24 districts, dont 5 la période 1996-2010 :
ruraux 10,8%
Contribution au PIB national : 21,3% 13 zones industrielles

Un changement d’échelle
radical
Depuis le début des années 1990, parallèle-
ment à la politique d’ouverture économique
(Doi Moi) et en partie grâce à elle, la métro-
pole sud-vietnamienne a changé d’échelle.
Elle est désormais en quête de nouveaux
modèles urbains, qu’elle puise essentielle-
ment en Asie. HCMV ambitionne ainsi de de-
venir l’une des principales métropoles d’Asie
du Sud-Est. Sa très forte croissance urbaine
(3,2% par an), sa vitalité économique, ses
grands projets en cours et son urbanisme le projet de nouvel aéroport international et
opérationnel très actif s’accompagnent de vers le sud-ouest, le long du boulevard Vo Van
nombreux défis à relever. Il s’agit notamment Kiet). L’urbanisation de 90 000 à 100 000 hec-
d’améliorer les réseaux urbains, d’étendre tares de terre est prévue, dont 49 000 hectares
le parc de logements, d’appliquer l’urba- situés dans le centre de l’agglomération. De
nisme règlementaire ou encore de protéger grands projets urbains, dans le centre-ville, à
l’environnement. Les politiques de dévelop- Thu Thiêm (657 hectares), Cu Chi ou sur les
pement urbain doivent également s’adapter berges de la rivière Saigon, devraient attirer
pour tenter de réduire l’impact du chan- les investisseurs et structurer le développe-
gement climatique dans une ville qui subit ment urbain, ainsi que les pôles scientifiques
des inondations périodiques et dont 65% du et technologiques projetés dans le district 9
territoire est situé à une altitude inférieure à et à Thu Duc. Ces nouvelles centralités ur-
1,50 mètre au-dessus du niveau de la mer. baines seront reliées grâce à la création d’un
réseau de huit lignes de métro, dont une est
actuellement en chantier, et à la construction
Les principales orientations de quatre périphériques autoroutiers ainsi
du schéma directeur que de voies radiales et de voies rapides suré-
levées. Dans le domaine des grandes infras-
Le schéma directeur à l’horizon 2025, ap- tructures, le port de HCMV sera transferé à
prouvé en 2010, projette une population Hiep Phuoc et à Cat Lai, et un nouvel aéroport
de 10 millions d’habitants sur un périmètre international devrait voir le jour.
élargi intégrant les provinces limitrophes de
HCMV. Ce schéma, plus stratégique que les Par ailleurs, les espaces verts feront l’objet
précédents, propose un modèle de ville po- d’une attention particulière avec la création
lycentrique dans un rayon de 15 km autour de ceintures et de trames vertes le long des
du centre (centre historique et future ville rivières Saigon, Nha Be et Dong Nai ou en-
nouvelle de Thu Thiêm). Les quatre pôles de core avec la préservation des mangroves de
L’extension urbaine de
développement se répartiront selon deux Can Gio. La gestion des inondations constitue l’agglomération saigonnaise
axes principaux (vers la route de Hanoi à l’est un enjeu d’aménagement majeur pour un en 1900, 1965, 2000 et
et vers le sud) et deux axes secondaires (vers territoire plus résilient. 2007

Faire la ville | 13
Introduction

Région Île-de-France
Population : 11,6 M d’habitants soit 19% de
la population française
Superficie : 12 000 km2
Contribution au PIB national : 29%

La région, qui comprend 1 281 communes


et huit départements, possède des com-
pétences particulières en raison de sa forte
urbanisation et de son poids démographique.
Elle est par exemple responsable de la ges-
tion des transports collectifs et son schéma
directeur régional s’impose aux documents
locaux de planification.

Une métropole internationale


La région francilienne est une métropole au
rayonnement économique et culturel inter-
national. Deuxième région au monde par le
nombre d’organisations internationales et
de sièges sociaux de grandes entreprises,
elle accueille aussi un des premiers quartiers
d’affaires européens, la Défense. Les activités
et l’emploi y sont essentiellement tertiaires banisation sur des zones limitées. Le nouveau
(83%). Elle héberge également sept pôles de schéma directeur, intitulé « Objectif : Île-de-
compétitivité dans les domaines des logiciels France 2030 », a été approuvé en 2012 à la
et des systèmes complexes, de la santé, de suite d’une large concertation entre région,
l’automobile, de l’image et du multimédia État, collectivités, acteurs clés du territoire et
ainsi que du développement durable. Son habitants. L’accent y est mis sur le contenu,
patrimoine architectural, urbain et culturel mais aussi sur le processus d’élaboration et
en fait par ailleurs la région la plus visitée au de réalisation du document. Ce schéma en-
monde. tend répondre à des objectifs ambitieux dans
différents domaines : construire 70000 loge-
Pour l’Île-de-France, les grands défis à rele- ments par an pendant vingt-cinq ans avec à
ver sont de contrôler la croissance urbaine et terme 30% d’habitat social ; créer 28000 em-
l’utilisation du territoire, tout en préservant plois, améliorer les transports en commun
les espaces ruraux et naturels, de corriger les par le renforcement des services existants et
disparités spatiales, sociales et économiques la création de nouveaux réseaux (tel le métro
de la région, et d’améliorer l’offre de mobilité automatique Grand Paris Express) ; valoriser
(transports en commun). les espaces agricoles pour assurer la sécurité
alimentaire. Ces objectifs s’accompagnent
Les perspectives de d’orientations fortes en matière d’aménage-
ment du territoire : maîtrise du foncier et de
développement l’étalement urbain, densification autour des
Le schéma directeur de 1965 a fortement gares et des pôles de centralité, valorisation
structuré l’aménagement de la région dans un des réseaux et des circuits courts pour amé-
contexte de forte croissance démographique liorer la résilience du territoire et la gestion
et économique. Il offrait une vision métropo- de proximité.
litaine et polycentrique inédite avec la créa-
tion de villes satellites et le renforcement de
centralités urbaines de banlieue. L’attention L’extension urbaine de l’agglomération parisienne en 1900,
s’est ensuite déplacée vers la maîtrise de l’ur- 1960, 1994 et 2003

14 |
Région Rhône-Alpes et Grand Lyon
Région Rhône-Alpes
Population : 6,3 M d’habitants soit 9,8% de la
population française (INSEE, 2012)
Superficie : 43 698 km2
Contribution au PIB national : 9,8% (INSEE,
2012)

La configuration géographique de la région


s’appuie sur le triangle Lyon-Grenoble-Saint-
Étienne et sur le Sillon alpin, qui s’étend de
Genève à Valence. La région Rhône-Alpes est
la deuxième région de France en termes de
population et de production de richesses. La
région, industrialisée depuis le 19ème siècle,
bénéficie d’un tissu d’entreprises dynamiques
et accueille des activités de haute valeur ajou-
tée dans le domaine de l’énergie, de l’élec-
tronique ou du numérique, des nouveaux caux. Cependant, la limitation de l’étalement
matériaux, des industries liées à la santé ou urbain et le renforcement des centralités
utilisatrices des biotechnologies. Dotée de secondaires, la diversification de l’habitat et
structures d’excellence dans l’enseignement le développement des activités économiques
supérieur et la recherche, elle est reconnue demeurent des préoccupations majeures.
comme un territoire porteur d’innovations. Afin d’accroître le rayonnement de la mé-
tropole, le « SCoT 2030 », nouveau schéma
Grand Lyon L’extension urbaine de directeur approuvé en 2010, propose des
l’agglomération lyonnaise actions visant à améliorer la qualité de vie
Population : 1,3 M d’habitants (INSEE, 2012) en 1955, 1975 et 1999 (équipements, logements, etc.), l’accessibi-
Superficie : 58 communes, 520 km² lité (interconnexions trains à grande vitesse/
aéroport, nouvelles lignes de métro et de
La communauté urbaine de Lyon, appelée bus), l’offre en immobilier tertiaire supérieur
Grand Lyon, est la deuxième agglomération ou encore l’excellence des pôles universi-
française par sa population et son pouvoir taires et de recherche. Ce schéma directeur
économique. Le territoire du Grand Lyon est met l’accent sur l’articulation entre le déve-
un bassin de vie et d’emploi attractif, tradi- loppement urbain et le réseau de transports
tionnellement tourné vers l’industrie et qui en commun par la promotion de quartiers de
évolue vers les nouvelles technologies. Le logements denses à proximité des stations de
Grand Lyon ambitionne de devenir une mé- métro et de tramway. Afin de loger les 150
tropole européenne majeure. 000 habitants supplémentaires attendus d’ici
2030, l’objectif est de construire 7 500 loge-
Le développement d’une ments par an et d’atteindre le taux de 30% de
logements sociaux sur l’agglomération. Par
métropole polycentrique ailleurs, les espaces urbanisés ne devraient
Avec son schéma directeur « Lyon 2010 », ap- pas représenter plus de 50% du territoire.
prouvé en 1992, le Grand Lyon a participé à la Enfin, en novembre 2011, le Grand Lyon,
création d’une nouvelle manière de planifier les communautés d’agglomération de Saint-
la ville, plus partagée, stratégique et trans- Étienne métropole, de Vienne et de la porte
versale (déplacements urbains, plan uni- de l’Isère ont créé une structure de coopé-
versitaire, gouvernance économique, etc.). ration intercommunale afin de coordonner,
De grands projets urbains emblématiques, pour l’ensemble de leurs deux millions d’ha-
comme le quartier de Lyon Confluence, ont bitants, les politiques en matière d’économie,
ainsi permis de structurer le développement d’enseignement supérieur, de recherche, de
de la ville, une réussite, selon les acteurs lo- culture, de mobilité et d’aménagement des
territoires.
Faire la ville | 15
Introduction

IMV, Institut des métiers de la transports, la planification urbaine, les services Pour aller plus loin :

ville urbains, le foncier et la construction durable. • www.imv-hanoi.com


L’angle d’approche peut être technique, insti- • www.paddi.vn
L’IMV a été créé en mars 2001 par le Comité tutionnel, opérationnel ou scientifique. La mé-
thode repose sur le principe de la capitalisation • www.paddi-
populaire de Hanoi et la Région Île-de-France
dans le cadre de leur accord de coopération in- d’expérience : il s’agit de transfert de connais- expositions.org
ternationale. Il a pour vocation d’améliorer les sances, mais surtout d’adapter au contexte • www.afd.fr
compétences de la maîtrise d’ouvrage munici- institutionnel, technique et économique vietna-
pale dans le domaine de l’urbanisme (planifica- mien des méthodes et des outils tirés d’expé-
tion, règlementation, méthodologie de projet) riences françaises. Une assistance technique
et de la gestion des services urbains (régulation, peut intervenir dans un second temps.
contractualisation avec des délégataires, qua- La diffusion de ressources documentaires et
lité de services, information aux usagers…). l’appui à la recherche font également partie
L’action de l’IMV est fondée sur le partage d’ex- intégrante des missions du PADDI à travers son
périences et de savoir-faire entre professionnels centre de ressources, la diffusion de ses pro-
des deux collectivités. L’IMV organise des sémi- ductions (livrets de capitalisation des ateliers,
naires pour les décideurs ou pour les cadres ouvrages scientifiques et de vulgarisation), la
techniques, réalise des études sur des problé- réalisation et la diffusion d’études ou encore
matiques nouvelles au Viêt-Nam et mène des l’aide à la publication en français et en vietna-
projets pilotes d’infrastructures. Par le biais des mien.
expertises et des projets pilotes, l’IMV promeut
un urbanisme responsable fondé sur de bonnes AFD, Agence Française de
pratiques. Par ailleurs, il assure une importante Développement
mission de diffusion des savoirs grâce à son
centre de documentation et en traduisant puis Établissement public, l’Agence Française de
publiant des ouvrages professionnels français Développement (AFD) agit depuis soixante-dix
ainsi que des travaux de recherches urbaines ans pour combattre la pauvreté et favoriser le
menés au Viêt-Nam. développement dans les pays du Sud et dans
Les actions de l’IMV concernent principalement l’Outre-mer. Elle met en œuvre la politique défi-
l’urbanisme et l’aménagement régional, les nie par le Gouvernement français. Présente sur
transports en commun (bus, métro, train régio- quatre continents où elle dispose d’un réseau
nal), l’accès à l’eau et l’assainissement en zone de 70 agences et bureaux de représentation
périurbaine ainsi que le traitement et la valo- dans le monde, l’AFD finance et accompagne
risation des déchets, et enfin la protection du des projets qui améliorent les conditions de vie
patrimoine bâti et sa valorisation touristique. des populations, soutiennent la croissance éco-
nomique et protègent la planète : scolarisation,
PADDI, Centre de Prospective santé maternelle, appui aux agriculteurs et aux
et d’Études Urbaines petites entreprises, adduction d’eau, préserva-
tion de la forêt tropicale, lutte contre le réchauf-
Le PADDI a été créé en 2006 dans le cadre de fement climatique…
la coopération décentralisée entre la Région Les financements de l’AFD au Viêt-Nam se sont
Rhône-Alpes, Hô Chi Minh-ville et le Grand élevés à 785 millions d’euros au cours de la
Lyon. Son objectif est de renforcer les capacités période 2006-2012 et ont bénéficié à plusieurs
techniques et institutionnelles des services du millions de personnes. Le Viêt-Nam est l’un des
Comité populaire dans les champs de l’urbain. premiers bénéficiaires des financements de l’AFD
Bénéficiant d’un statut juridique vietnamien, le dans le monde. Dans le cadre de sa stratégie sur
PADDI est placé directement sous l’autorité du la période 2013-2015, l’AFD articulera son action
Comité populaire. autour de trois objectifs : promouvoir des villes
Le PADDI a pour principales activités la forma- performantes, équipées pour répondre durable-
tion continue, l’assistance technique ainsi que ment à leur inéluctable développement ; accom-
l’appui à la recherche dans les domaines de pagner une croissance non seulement créatrice
l’urbanisme. Il a organisé une cinquantaine de d’emplois, mais aussi intensive, équitable et éco-
sessions de formation sur des sujets définis par nome en ressources naturelles ; et poursuivre
les services vietnamiens en fonction de leurs l’appui à la stratégie vietnamienne de lutte contre
priorités. Les thématiques principales sont les le changement climatique.

16 |
LA PLANIFICATION URBAINE
A
u Viêt-Nam, les villes sont devenues le moteur de la croissance économique, contribuant
pour une part majeure au revenu national. Le développement du secteur industriel et
des services, des activités scientifiques et techniques a attiré de nombreux migrants.
Cependant, la croissance démographique a conduit à la création de quartiers informels et sous-
équipés entraînant un étalement urbain qui pose de nombreux problèmes de gestion urbaine.
De plus, la croissance économique a stimulé les marchés fonciers et immobiliers, et a entraîné
la mutation des espaces centraux et périurbains. Les autorités publiques, avec des moyens
humains et financiers limités, doivent ainsi relever de nouveaux défis pour répondre aux besoins
croissants en matière de logement, d’emploi, de services urbains, etc. Leurs schémas directeurs
proposent de nombreux projets de rénovation urbaine, de villes nouvelles, d’infrastructures ou
de réseaux de transports en commun. Cependant, leur difficile mise en oeuvre réinterroge les
espaces, les échelles et les modes de planification tout en questionnant les rôles des différents
acteurs. Par conséquent, pour mieux s’adapter aux réalités socio-économiques et parer à
l’urbanisation spontanée, dans un contexte où les effets du changement climatique sont de plus
en plus significatifs, Hanoi et Hô Chi Minh-ville cherchent à rendre leur mode de planification plus
stratégique, plus flexible et efficient.

Le schéma directeur de
HCMV à horizon 2025
Chapitre 1 : La planification urbaine

LES DÉFIS DE LA PLANIFICATION AU VIÊT-NAM


Comment rendre la planification plus efficiente ?

fin de mener à bien une planifica-

A
Pour aller plus loin :
tion plus stratégique, les autorités « Principales dates de la planification urbaine
de HCMV : • Banque asiatique de
publiques sont amenées à coor- développement, 2010,
- 1993 : Décision 20/1993/QĐ-TTg du Premier « Hô Chi Minh City
donner les politiques sectorielles et à coo- Ministre approuvant le Schéma directeur de Adaptation to Climate
pérer avec les provinces environnantes. HCMV. Change », 36 p.
http://www.adb.org/
Les défis à relever concernent l’amélio- - 1998 : Décision 123/1998/QĐ-TTg du Premier publications/ho-chi-
ration des infrastructures lourdes (voirie, Ministre approuvant la révision du Schéma minh-city-adaptation-
directeur de HCMV à l’horizon de 2020. climate-change-
drainage, égouts, digues), des services summary-report
urbains et des équipements sociaux, ainsi - 2010 : Décision 24/2010/QĐ-TTg du Premier
• PADDI, 2012,
Ministre approuvant la révision du Schéma
que leur développement en périphérie : Livret « Approche
directeur de HCMV à l’horizon de 2025.
raccorder la population aux réseaux d’ap- intégrée des risques
provisionnement en eau ; construire des d’inondation : vers
une planification
systèmes de traitement des eaux usées ; pour constituer des réserves foncières, d’éléments
organiser celui des déchets ou encore ont entraîné un important mitage urbain systémiques »,
accroître l’offre en écoles, hôpitaux et et la formation de conurbations autour http://www.paddi.vn/
espaces verts. des deux villes. • Projet de
recherche Megacity,
L’amélioration des réseaux de transports Dans cette perspective, des politiques de Brandenburg
collectifs et leur articulation avec le déve- résorption de l’habitat insalubre et de University of
loppement urbain constituent un autre construction de logements abordables Technology, Cottbus
enjeu majeur de la planification pour les sont nécessaires pour limiter l’urbani- http://www.megacity-
hcmc.org/
deux métropoles. La motorisation crois- sation spontanée. Par ailleurs, la préser-
sante des ménages, un urbanisme opéra- vation du patrimoine exceptionnel du
tionnel très actif combiné aux difficultés centre-ville de Hanoi, la protection de
rencontrées par les autorités publiques l’environnement, notamment des zones

18 |
de mangroves à HCMV, passent par leur La transition vers une planification plus
intégration dans la planification urbaine. stratégique
Enfin, la vulnérabilité aux inondations des
La planification a suivi jusqu’à présent une approche très normative
deux métropoles impose également une
et arithmétique (ratios) : ses objectifs techniques, fixés au niveau poli-
planification urbaine plus intégrée, se
tique, étaient peu réalisables et hiérarchisés, ils ne tenaient pas assez
traduisant par des mesures strictes de compte des besoins et des réalités socio-économiques. Ces ratios,
protection des terres inondables, en par- applicables sur l’ensemble du pays, ne sont pas compatibles avec les
ticulier des berges des cours d’eau. particularités des collectivités locales, en particulier à Hanoi et HCMV.
Pourtant, depuis une dizaine d’années, les schémas directeurs pro-
posent une vision plus stratégique du territoire, dans la mesure où
leur méthode d’élaboration et la conception même de la planification
ont évolué au contact des acteurs internationaux (bailleurs de fonds,
entreprises, coopération décentralisée, consultants).
Structuration
territoriale de
HCMV par Nikken
Sekkei

Le schéma directeur de Nikken Sekkei pour le centre-ville


de HCMV

« Une planification en décalage avec la réalité


Ces écarts concernent entre autres :
- la différence entre le poids de population
attendu dans les districts et son importance
réelle ;
- la différence entre les équipements planifiés
et ceux effectivement construits ; Ainsi l’organisation de consultations et de concours internationaux a
- l’urbanisation de zones agricoles, naturelles entraîné une professionnalisation des services municipaux qui sont
ou inondables dites non constructibles ;
- le dépassement des hauteurs autorisées des
désormais mieux armés pour réaliser des diagnostics, élaborer des
bâtiments ; scénarios et les traduire dans des plans. Malgré ces progrès, la pla-
- l’absence de respect des plans initiaux (grands nification reste encore déclinée en normes techniques trop précises,
projets) et la non réalisation des équipements notamment quant à l’usage des sols à l’échelle du grand territoire. Il
publics programmés ; en ressort que la « vision » du territoire proposée n’est pas suffisam-
- la destruction du patrimoine ordinaire à pro- ment claire et partagée. A HCMV, le DUPA, les Comités populaires
téger. des districts et les consultants travaillent de façon concertée dès le

La planification par ratios dans quelques districts de HCMV

Raos Réglementaon District 4 District 6 District 8 Binh Tan Binh Chanh


Terrains résidenels (m2/hab) 22-23 6,97 13,41 14,5 38,02 52
Equipements publics (m2/hab) 1,5-2 3,14 1,77 3 2,99 4,2
Espaces verts (m2/hab) 2-2,5 2,3 1,88 5,2 5,18 9,1
Transports (m2/hab) 5 3,04 5,2 6,8 16,48 14,5

Faire la ville | 19
Chapitre 1 : La planification urbaine

début du processus d’élaboration des plans


de secteur. Grâce à cette collaboration, tous
les plans de secteur a l’échelle 1/2000 de
HCMV ont fait l’objet d’une expertise.

Mettre en œuvre la planification


La planification reste difficile à mettre en
oeuvre. Ainsi l’urbanisme règlementaire,
parce qu’il peine à suivre les évolutions ra-
pides du marché immobilier, est de fait peu
appliqué. En outre, la méthode des ratios
semble peu adaptée : grâce à eux, les plans
détaillés fixent, à l’échelle des districts, les
droits des sols, l’emprise des infrastructures,
les objectifs de poids de population et les
niveaux de couverture en réseaux urbains et
en équipements publics. Mais ces ratios sont l’ouest de l’agglomération, les ponts enjam- Le grand projet de Thu
fondés sur des statistiques qui ne prennent bant le Fleuve rouge au nord n’ayant pas
Thiêm et la vue satellite du
district 1 de HCMV, 2011
pas en compte les populations flottantes, ce été construits. La même situation s’observe
qui conduit à une sous-estimation chronique à HCMV : le développement des logements
des besoins en équipement. et des activités prévu au nord de l’agglomé-
ration, où les prix des terrains sont les plus
« Principaux lois et règlements élevés, s’est effectué dans le sud où le foncier
était moins onéreux.
- 2003 : Loi sur la construction, définit le cadre
de la planification des constructions pour les L’absence de maîtrise foncière publique rend
trois échelles régionale, urbaine et rurale.
- 2005 : Décret 08/2005/ND-CP du Gouver-
donc peu probable l’orientation du déve-
nement sur la planification des constructions. loppement urbain dans le sens des sché-
- 2008 : Décision 03/2008/QD-BXD du Ministère mas directeurs. Seuls les très grands projets
de la Construction, définit le contenu des docu- dépendant de l’autorité publique sont en
ments d’urbanisme dont les documents gra- général réalisés : grandes zones d’activité,
phiques (entrée en vigueur en avril 2008). délocalisation des ports, grandes infras-
- 2009 : Loi sur la planification urbaine, définit tructures par exemple. Ces opérations se
le cadre juridique de la planification: planifica-
tion régionale, planification générale (schéma
caractérisent par leur lenteur, un manque
directeur) des villes/provinces, planification de directivité face aux investisseurs et d’anti- L’urbanisation des
thématique, planification de secteur et plani- cipation, notamment foncière. Néanmoins, périphéries dans le quartier
fication détaillée (entrée en vigueur en janvier certains projets privés se révèlent de vraies de Ha Dong, Hanoi, 2012
2010). réussites, comme le quartier de Phu My Hung
- 2010 : Décret 37/2010/ND-CP du Gouver- à Saigon South, HCMV.
nement sur l’élaboration, l’expertise, l’appro-
bation et la gestion des plans d’aménagement
urbain (entrée en vigueur en mai 2010). À ces différents obstacles s’ajoute un contexte
- 2010 : Circulaire 10 du ministère de la où la règle est mal acceptée et où les moyens
Construction sur la constitution du dossier
d’aménagement (entrée en vigueur en sep-
tembre 2010).

De même, la réalité du développement


urbain ne suit pas forcément les grands ob-
jectifs définis par le plan. Ainsi, le schéma
directeur de 1998 prévoyait pour Hanoi une
expansion vers le nord et l’ouest ; or la ville a
connu, durant sa période d’application, une
croissance urbaine uniquement concentrée à
20 |
le développement urbain à travers une pla- Pour aller plus loin :
nification centralisée1. Elles sont cependant • Banque mondiale,
aujourd’hui confrontées à une diversification 2011, « Viêt-Nam
des acteurs et une fragmentation des respon- urbanization review,
technical assistance »,
sabilités dans ce domaine. 238 p.
http://documents.
D’une part, les collectivités locales ont vu worldbank.org/
urated/11/15817674/
leurs prérogatives se renforcer progressive- vietnam-urbanization-
ment en matière d’urbanisme, comme en review-technical-
attestent les orientations de la nouvelle loi assistance-report
sur la planification urbaine de 2009. Ce pro- • Banque mondiale,
cessus de décentralisation, s’il permet une 2006, « Urban
gestion plus proche des réalités du terrain, development
strategy; Meeting the
exige également une coordination accrue challenges of rapid
entre les différents acteurs et échelons de urbanization and the
la planification. Les provinces ont délégué transition to a market
oriented economy »,
certaines compétences d’urbanisme aux dis- 73 p.
tricts (plans détaillés, délivrance de petits http://siteresources.
Le schéma du district 9 d’HCMV permis de construire). Ceci a entraîné des worldbank.org/
effets de compétition pour l’aménagement INTEAPINFRASTRUCT/
Resources/Urban.pdf
de zones résidentielles et économiques,
de la faire appliquer restent faibles. Ainsi pro- • Patrick Gubry,
qui permettent de développer le territoire
moteurs et particuliers ont tendance à peu « L’urbanisation au
et d’accroître dans le même temps le poids Viêt-Nam, que sait-on
respecter les règles d’usage du sol, même démographique d’un district, dont dépend de la population
lorsque des plans de détails ont été réalisés, une partie de son budget. Ce phénomène de flottante ? »,
et les contrôles en la matière sont insuffi- concurrence entre le pouvoir central et les http://recherche-
sants. iedes.univ-paris1.fr/
autorités locales se révèle particulièrement IMG/pdf/201101Gub
à HCMV. ryLeThiHuongNguye
De même, les nombreuses opérations pri- nThiThiengUrbanisat
vées (lotissements, immeubles de grande ionViet-namPopulati
D’autre part, les acteurs de l’urbanisme (pro- onFlottantePresentat
hauteur) manquent de cadrage de la part des moteurs privés, entreprises publiques, entre- ion.pdf
autorités et ne font pas l’objet de participa- prises étrangères, joint-venture et habitants)
tions financières pour contribuer à la mise en • PADDI, Agence
se sont multipliés au cours de la période de « d’urbanisme de
place des réseaux techniques. transition » qui a suivi le Doi Moi. Les politiques l’agglomération
de « socialisation », terme utilisé au Viêt-Nam lyonnaise, 2012,
La distinction des métiers d’aménageur et de « Comment rendre la
pour qualifier les privatisations des années planification urbaine
promoteur ainsi que la définition précise des 1990, ont impliqué la sollicitation directe au Viêt-Nam plus
cahiers des charges permettra de proposer des acteurs privés pour le financement et la efficace ? »,
des programmes et des plannings réalistes. construction des infrastructures, des zones http://www.paddi.vn/
La mise en place de structures de gestion de industrielles, des centres commerciaux, de
projets opérationnels, dotées d’une capacité services ainsi que des équipements (éduca-
d’emprunt réelle, d’un pouvoir décisionnel et tion/santé). Des entreprises de construction
de compétences bien ciblées devrait à l’ave- ont été privatisées, les joint-ventures et les
nir permettre de faire face à la complexité partenariats public-privé se sont développés. 1
La répartition des
technique et financière croissante des opéra- Les investisseurs élaborent les plans détail- compétences entre
tions (décret 11/2013/NĐ-CP). lés de leurs projets d’aménagement confor-
collectivités locales et
échelons déconcentrés de
mément aux plans des échelons supérieurs l’État relève au Viêt-Nam
Des compétences et des approuvés par les autorités compétentes. d’un système hybride
entre déconcentration et
responsabilités très Les projets stratégiques font l’objet de pré- décentralisation.
cédures spécifiques, où les plans détaillés
fragmentées doivent être approuvés par l’Etat.
Historiquement, les institutions vietna-
A cela s’ajoutent des responsabilités insti-
miennes se sont structurées de manière à
tutionnelles très fragmentées, en matière
gérer un système où seul l’État construisait
de planification urbaine entre les différents
la ville et où il pouvait tenter de maîtriser
Faire la ville | 21
Chapitre 1 : La planification urbaine

Workshop organisé par le


PADDI sur l’implantation
d’une ligne de BRT sur
le boulevard Vo Van Kiet
(HCMV) réunissant le DoT, le
DUPA, l’Agence d’urbanisme
de l’agglomération
lyonnaise et la Banque
mondiale

ministères et les échelons administratifs. En leur élaboration et des études prospectives


effet, le développement urbain est encadré préalables. À HCMV, le Hô Chi Minh City
par trois types de plans. Le Plan de déve- Institute for Development Studies (HIDS) Pour aller plus loin :
loppement socio-économique, dirigé par le regroupe les instituts d’urbanisme, d’écono-
mie et de sciences sociales. Il élabore le Plan • CEFURDS, LPED,
ministère du Plan et de l’Investissement, AFD, PADDI, IMV,
fixe pour quatre ans les orientations des de développement socio-économique de la Région Rhône-Alpes,
politiques publiques à l’échelle nationale. Il ville, réalise des études sur les mécanismes 2012, Trends of
est décliné localement par les provinces, les institutionnels et financiers et prodigue des urbanization and
villes et les districts. Les schémas directeurs, recommandations techniques. suburbanization in
Southeast Asia, 324 p.
appelés également plans des constructions,
doivent être compatibles avec ce dernier. Ils Ce contexte institutionnel explique que la • UN Habitat, 2012,
sont , quant à eux, élaborés sous la responsa- concertation entre les acteurs publics - État, « Urban planning for
ministères, organisations déconcentrées de city leaders », 176 p.
bilité du ministère de la Construction (MoC). http://www.
Enfin, les différents plans sectoriels (foncier, l’État, pouvoirs locaux - soit longue et com-
unhabitat.org/pmss/li
transport, réseaux, etc.), placés sous la res- plexe, et qu’elle reste trop faible avec les stItemDetails.x?public
acteurs privés. Les habitants sont consultés ationID=3385
ponsabilité de leurs ministères respectifs,
par le biais d’expositions où leurs commen-
sont tenus d’être compatibles avec les plans • ISET, 2012,
taires sont recueillis, mais leur participation
précédents. Cette hiérarchie n’est pourtant « Changing Cities and
demeure encore minime. Le manque de Changing Climate:
pas systématiquement respectée, ce qui
structures de discussion entre les différents Insights from shared
réduit considérablement la cohérence de la départements et l’insuffisance de « mana- Learning dialogues
planification urbaine. gement urbain » au sein des Comités popu- in Thailand and Viêt-
laires rendent plus difficile la formation d’un Nam », 33 p.
La majorité de ces plans sont élaborés au consensus sur les politiques à mettre en http://www.i-s-e-t.
niveau central par le Viêt-Nam Institute of org/images/pdfs/
œuvre. Le même problème de gouvernance isetinternational_
Architecture and Urban Planning (VIAP) et se pose lorsque les limites administratives se sandchangingclimate_
par le Southern Institute for Spatial Planning trouvent dépassées par le développement nistpassandtei_2012.
(SISP) dans le sud du Viêt-Nam. Les villes do- urbain. Un premier pas a été effectué vers la pdf
tées des ressources financières et humaines planification régionale pour HCMV et ses sept
suffisantes peuvent élaborer leur propre provinces limitrophes, ainsi que pour Hanoi
schéma directeur, même si, exception due à et ses huit provinces, en se limitant toutefois
son intérêt stratégique, celui de Hanoi a été à une planification spatiale indicative et sans
financé par l’État. Le DUPA (département structure institutionnelle spécifique de mise
d’Urbanisme et d’Architecture) de Hanoi a en œuvre. La maîtrise de l’urbanisation de
été associé à son élaboration, dirigée par le Hanoi et d’HCMV, métropoles d’un pays en
VIAP, alors que le schéma directeur de HCMV développement, est complexe, ce qui invite
en 2010 a quant à lui été entièrement dirigé à privilégier une planification stratégique. Sa
par le DUPA de la ville. Les DUPA sont éga- mise en œuvre effective passera essentielle-
lement responsables de la mise en œuvre ment par l’amélioration de la gouvernance
des schémas directeurs, tandis que les ins- urbaine.
tituts d’urbanisme locaux sont chargés de
22 |
Multiples plans, quelle hiérarchie ?
Organisme
Niveau de Couverture Organisme Organisme
Contenu responsable
planification territoriale d’évaluation d’approbation
de l’élaboration
Plan de Pays/ Objectifs et moyens de MPI /DPI Ministères/Comités Premier ministre/
développement région/ croissance, réduction populaires de Conseils populaires
socio- province/ de la pauvreté… province, villes, des villes/provinces
économique ville/district districts
Planification Inter Grandes orientations MoC sous MoC Premier ministre
régionale provinces d’aménagement : zones pilotage du
urbaines, industrielles, Premier ministre
réserves foncières

Province, Définition de la structu- Comité populaire MoC Premier ministre


ville re du développement de province,
Schéma (1/25 000e ou spatial de la ville-centre ville
directeur/plan 1/50 000e) et de l’agglomération ;
d’aménagement orientations des réseaux
général d’infrastructures
Ville nouvelle techniques et sociales MoC et MoC Premier ministre
située sur deux majeures ; programmes Comités
provinces d’investissements priori- populaires des
(1/10 000e ou taires et ressources pour provinces et
e
1/25 000 ) villes concernées
leur mise en oeuvre ;
évaluation stratégique
de l’environnement

Planification Pays/ Objectifs, orientations, Ministères et Ministères/Services Premier ministre/


thématique province/ projets et règlements départements techniques des villes Comités populaires
(transports, ville/district des politiques foncières, techniques ou des provinces de provinces/villes/
réseaux) des transports, des ré- districts
seaux, du logement, etc.
Schéma de District Définition des fonctions Comité populaire DUPA/DoC Comité populaire
district (1/10 000e ou et des droits des sols, du district du district
1/25 000e) des orientations paysa-
gères et architecturales
pour chaque zone ; ratios
des catégories de terrains
et d’infrastructures tech-
niques pour chaque îlot ;
évaluation stragégique de
l’environnement
Schéma de Zones inter- Définition des périmè- Comité populaire DUPA Comité populaire de
secteur districts ou tres, des fonctions et de province, ville province, ville
à l’intérieur des droits des sols, de ou de district
d’un district la taille de population ;
(1/2 000 ou ratios des catégories de
1/5 000) terrains et d’infrastructu-
res techniques ; principes
de la planification de
secteurs

Plan d’aménage- Quartier, Détail des Bureau de gestion Comité populaire du


ment détaillé commune, constructions, urbaine du district district ou de la ville
au 1/500 interquartier, des infrastructures
intercommune techniques à réaliser ; Comité populaire
droit des sols pour du district
chaque parcelle ; DUPA ou Bureau Comité populaire du
Composition
règlement du design de gestion urbaine district ou de la ville
urbaine/
urbain du district
design urbain

Faire la ville | 23
Chapitre 1 : La planification urbaine

LA PLANIFICATION URBAINE EN FRANCE


Une approche flexible et de puissants outils opérationnels
a France est marquée par une forte tradition planificatrice, qui s’est essentielle-

L ment manifestée à l’issue de la Seconde Guerre mondiale avec l’effort de recons-


truction. La planification des années 1960-1970 était rigide, fondée sur des pré-
visions démographiques et économiques qui se sont révélées surestimées. Une démo-
graphie en forte croissance impliquait des politiques d’aménagement du territoire
expansives et volontaristes. Aujourd’hui, l’État n’intervient plus que rarement dans
la gestion urbaine, désormais confiée aux collectivités locales et à leurs groupements
dans le cadre de la décentralisation. La faible croissance actuelle explique en partie
la différence des problématiques de planification et d’outils entre le Viêt-Nam et la
France.

Le nouveau schéma directeur du Grand Lyon et sa vision de la


La combinaison des politiques « cohérence territoriale »
publiques et du marché
La France et les pays occidentaux en géné-
ral considèrent le développement urbain
comme une combinaison de décisions pu-
bliques (infrastructures, grands projets) et
de lois du marché sur lesquelles la puissance
publique influe de façon variable et parfois
limitée, suivant qu’il s’agit de règles d’auto-
risation ou d’interdiction, de mécanismes
d’orientation ou d’incitation.

La planification urbaine et les outils d’amé-


nagement dont disposent les collectivités
publiques ont pour rôle de réguler le dévelop-
pement urbain. Tantôt ils servent à corriger
les déséquilibres et les ségrégations produits
par le marché, tantôt ils soutiennent des dy-
namiques d’expansion pour les favoriser et en
tirer parti. La planification française propose
une vision à long terme qui se traduit par
le SCoT (Schéma de cohérence territoriale)
ainsi qu’un projet territorial qui s’exprime via
le SCoT d’une part, le PADD (Projet d’Aména-
gement et de Développement Durable) des
PLU d’autre part (Plan local d’urbanisme qui
détermine les règles d’urbanisme au niveau
des propriétés). Il s’agit soit d’orientations qui
constituent un cadre de coordination et de
référence pour l’action, soit de règles précises
pour l’instruction des permis de construire.

La planification qualifiée de stratégique fait


appel à une méthode plus visionnaire et
plus interactive. En Europe, la planification
fonctionne mieux lorsqu’elle vise à protéger

24 |
plutôt qu’à inciter. Les règlements et les outils actions à mettre en oeuvre pour la réaliser. Pour aller plus loin :
de protection concernent entre autres l’envi- Aujourd’hui, les politiques publiques tentent • Éco-quartier de la
ronnement, le patrimoine et la séparation des généralement de favoriser la construction de caserne de Bonne à
activités industrielles lourdes du tissu urbain nouveaux quartiers plus denses, d’urbaniser Grenoble, premier
normal. Les mécanismes d’incitation, eux, les terrains vacants en zone dense et de struc- éco-quartier français,
sont essentiellement fiscaux ; ils dépendent turer l’urbanisation autour des axes et des http://www.debonne-
grenoble.fr/
en grande partie des marchés et sont plus stations de transport en commun afin de di-
difficiles à mettre en oeuvre, ce qui explique minuer la part des déplacements individuels
qu’ils soient moins efficaces que les précé- motorisés. La préservation des espaces verts
dents. L’État peut parfois intervenir par le et agricoles des agglomérations, la valorisa-
biais de structures opérationnelles telles que tion des cours d’eau (la trame verte et bleue)
les Établissements Publics d’Aménagement et l’aménagement d’espaces publics sont au-
(EPA) pour des projets considérés comme tant d’objectifs qui sont largement partagés
stratégiques. par les services d’urbanisme des collectivités Des appels à projets publics
françaises. La planification se veut elle aussi incitent les collectivités à
Concertation et ajustement durable, tant dans le processus, via la mise en construire des quartiers
place d’une concertation avec les différents plus écologiques et
permanent, des pratiques en durables
acteurs et la participation des habitants, que
développement dans le contenu. Un diagnostic environne-
mental est intégré au PLU et à chaque projet
Dans l’approche « bottom up » de la planifica- urbain. Les plans sectoriels comme le Plan de
tion, la ville est conçue comme la somme des Déplacement Urbain (PDU) et le Programme
actions collectives. Cette approche engage Local de l’Habitat (PLH) visent par exemple à
les élus et les techniciens des collectivités réduire la pollution atmosphérique en préfé-
locales à prendre en compte les réalités du rant le fret au transport routier de marchan-
terrain et les demandes des habitants. Elle se dises ou en créant des mesures favorables à
développe peu à peu en France, mais coexiste la mixité sociale.
avec l’approche classique dominante dite «
top-down » ou descendante, qui privilégie le
poids de l’action publique et de la planifica- Les différents plans/acteurs :
tion dans la construction de la ville.
à la recherche d’une échelle
En Europe, les ratios servent d’indicateurs, métropolitaine à Lyon et à Paris
d’outils d’aide à la décision, et non d’objectifs
à atteindre, et la planification est ajustée en Le ministère de l’Écologie, du Développement
permanence. En France, la mise en œuvre des durable et de l’Énergie comprend les direc-
tions de l’aménagement du territoire et de
Schémas de Cohérence Territoriale (SCoT)
l’urbanisme. Celles-ci produisent des études,
fait désormais l’objet d’un suivi continu et
lancent des appels à projet (éco-quar-
d’une évaluation six ans après l’élaboration
tier, grand territoire, aménagement numé-
du document, qui peut mener à sa révision.
rique). Sur le terrain, seuls les grands projets
Les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) sont
des Directives Territoriales d’Aménagement,
modifiés environ tous les six mois et révisés
des Opérations d’Intérêt National ou des
tous les cinq ans. Ces plans sont fermes sur
Établissements Publics d’Aménagement sont
les interdits, mais plus souples sur les préco-
pilotés par l’État. Les plans d’aménagement
nisations de développement.

Une préoccupation nouvelle :


le développement durable
La ville doit désormais essayer d’être « durable », L’élaboration d’un
schéma directeur
dans les trois dimensions (écologique, éco- demande la consultation
nomique et sociale) du terme. Les définitions et la coordination des
de la « ville durable » sont nombreuses et ne acteurs institutionnels,
économiques et des
font pas toujours consensus, pas plus que les habitants

Faire la ville | 25
Chapitre 1 : La planification urbaine

aux différentes échelles sont liés par le prin- elle est forcée de se soumettre à la volonté
cipe de compatibilité. Les directions régio- de l’État, dans la mesure où c’est le gou-
nales et départementales de l’aménagement, vernement qui fixe, en général, les grandes
les services techniques de l’urbanisme des orientations en matière d’aménagement
intercommunalités et des communes, et les du territoire (Pôles de compétitivité écono-
agences d’urbanisme sont chargés d’élaborer mique, Lignes à Grande Vitesse, etc.). Dans
les documents d’orientation et de planification. ce cadre, la Société du Grand Paris, créée par
la loi du 3 juin 2010, a pour mission principale
Les collectivités peuvent par ailleurs faire ap- de concevoir et de réaliser de grandes infras-
pel à des bureaux d’études privés pour réali- tructures de transport, en particulier le ré-
ser ces documents. seau de métro automatique du « Grand Paris
Express », long de 130 km, qui reliera notam-
ment les aéroports de Roissy CDG, d’Orly et
La planification à l’échelle du Bourget, en passant par la Défense, le pla-
régionale et le défi de la teau de Saclay, la grande banlieue Est et le
Quelques unes des centre de Paris.
gouvernance métropolitaine en structures qui composent
Île-de-France le millefeuille de la
gouvernance francilienne Enfin, un syndicat mixte d’études, nommé
« Paris Métropole », a été créé en 2009 pour
Le schéma directeur de la région Île-de-
favoriser les échanges et les études com-
France (SDRIF) est un document d’urbanisme
munes entre les collectivités franciliennes. Il
à l’échelle de la région qui vise à contrôler la
repose sur une coopération volontaire entre
croissance urbaine et l’utilisation du terri-
plus d’une centaine de collectivités d’Île-de-
toire, tout en garantissant la préservation des
France de différents échelons (communes,
espaces ruraux et naturels.
intercommunalités, départements, région).
Paris Métropole associe à ses travaux, au sein
Dans la hiérarchie des normes d’urbanisme,
d’un Comité des partenaires, les grands syn-
il se situe à un niveau intermédiaire, entre les
dicats techniques, les chambres consulaires,
lois qui s’imposent à lui (Loi du Grand Paris)
les représentants des milieux socio-écono-
et les documents locaux d’urbanisme tels
miques et universitaires, les dix équipes de
les SCoT ou les PLU. L’Île-de-France, région
la consultation internationale sur le « Grand
capitale, est aussi la seule région française à
Pari de l’agglomération parisienne » et des
disposer d’un « quasi pouvoir règlementaire ».
acteurs de la société civile.
Elle élabore, en association avec l’État, les
orientations règlementaires du SDRIF. Mais
Des démarches de planification
et de gouvernance innovantes
dans la métropole lyonnaise
La généralisation de
l’intercommunalité Pionnière, l’agglomération de Lyon s’engage
est un enjeu majeur
pour l’Île-de-France.
dans un nouveau type de planification au
De nombreux projets cours des années 1980, peu après les grandes
d’extension et de création lois de décentralisation. Auparavant descen-
d’intercommunalités dante, rigide et essentiellement spatiale, cette
sont en cours (en orange
les communautés de planification nouvelle prend en compte désor-
communes existantes, en mais la dimension métropolitaine de l’agglo-
rose les communautés mération de Lyon et propose une vision plus
d’agglomération et
en vert les Syndicats partenariale et prospective, fondée sur de
d’agglomération nouvelle) grands projets d’agglomération et sur l’inté-

Rencontre des présidents


des syndicats mixtes
porteurs de SCoT de
l’agglomération lyonnaise

26 |
gration, entre autres, des enjeux de déve-
loppement économique et universitaire. Le
schéma directeur « Lyon 2010 » est approuvé
en 1992 à la suite d’un processus novateur de
concertation entre les acteurs publics, privés
et la société civile, au moyen de nombreuses
auditions et groupes de travail. Ce schéma se
distingue par sa souplesse et sa déclinaison
en secteurs, échelons territoriaux informels
qui détaillent ses orientations stratégiques.
Ce document a donc eu une grande influence
sur la création d’une « culture d’aggloméra-
tion », et sa vision prospective de la métro-
pole a été considérée comme une référence
par les acteurs aussi bien publics que privés.

La structure institutionnelle de la planifica-


tion est aujourd’hui particulière dans l’agglo-
mération de Lyon. Son territoire, en raison
de son intérêt stratégique, est couvert par
une Directive Territoriale d’Aménagement
d’encadrement étatique. Le SCoT du Grand
Lyon touche en pratique un périmètre plus
large que celui de l’intercommunalité. Il
est élaboré par le Syndicat mixte d’Études
et de Programmation de l’Agglomération
Lyonnaise, le SEPAL. Une démarche dénom-
mée inter-SCoT rassemblant treize SCoT de
l’aire métropolitaine lyonnaise a été conçue afin
de raisonner à l’échelle de la « grande région en 2000 dans la loi Solidarité et Renouvelle- Les orientations
stratégiques du schéma
» formée par les agglomérations fortement ment Urbain (trois volets : urbanisme, habitat directeur Lyon 2010
liées de Lyon, Grenoble, Saint-Étienne, Vienne, et transport) et renforcé par les lois Grenelle.
Villefranche, Bourgoin... Un « chapitre com- Les PLU doivent comporter un Projet d’Amé-
mun métropolitain » tient ainsi lieu de préam- nagement et de Développement Durable La carte de synthèse des
bule pour chacun de ces SCoT. Le « SCoT 2030 (PADD). Les documents règlementaires ne se orientations majeures du
» de l’agglomération lyonnaise qui a été contentent plus d’édicter des normes et des schéma directeur de la
région Île-de-France
approuvé en 2010 insiste entre autres sur la
densification autour des axes de transport en
commun et sur la valorisation des bassins de
vie.

La combinaison de la
planification, de la « stratégie »
et des grands projets
Afin de rendre sa mise en œuvre plus aisée,
la planification règlementaire peut s’articuler
avec le développement de grands projets et
des stratégies globales et sectorielles (éco-
nomie, foncier, logement, transport, envi-
ronnement...). Pour renforcer les liens entre
l’urbanisme règlementaire et les pratiques
opérationnelles réelles (urbanisation diffuse,
incohérence des fonctionnalités, rigidité du
zonage), l’« urbanisme de projet » a été inscrit
Faire la ville | 27
Chapitre 1 : La planification urbaine

interdits, puisque les collectivités y exposent tion d’actions en fonction de leur faisabilité,
désormais au préalable des orientations et sur un partenariat entre l’autorité publique
d’aménagement et de programmation. Les et les autres acteurs clés de l’agglomération
grands projets ne dérogent pas aux règles et (développeurs, promoteurs, entreprises du
peuvent les alimenter : le PLU peut être mo- bâtiment et des travaux publics, grandes entre-
difié lors du développement d’un projet de prises, associations importantes, etc.). Ce sché-
Zone d’Aménagement Concerté (ZAC). ma dessine le « squelette » de la ville future. Ce
squelette environnemental (protection de la
trame verte, zones naturelles non construc-
« Développer des outils opérationnels en com-
plémentarité des plans d’urbanisme
tibles) et structurel (centres, centres secon-
daires reliés par la charpente de transports
Si les orientations majeures sont du ressort du en commun) définit les orientations de déve-
schéma directeur, et la gestion quotidienne de loppement pour le long terme. Dans le reste
l’urbanisme du ressort des documents locaux du tissu urbain, le SCot privilégie en général
(plans détaillés), il est intéressant de dévelop-
une mixité de fonctions, sauf dans les zones
per une batterie d’outils adaptés à des pro-
blématiques spécifiques. En France, les AVAP d’activités industrielles et de logistique.
(Aires de mise en Valeur de l’Architecture et
du Patrimoine) et les « secteurs sauvegardés »
permettent une politique de protection et de Une planification règlementaire
valorisation du patrimoine bâti urbain. Les
OPAH (Opérations Publiques d’Amélioration claire
de l’Habitat) permettent de réhabiliter les
logements dégradés, les PLH (Programmes
Le PLU précise les grandes orientations défi-
Locaux de l’Habitat) de fonder une poli- nies dans le schéma directeur. Il fait l’objet
tique territoriale de logement social, les PDU d’une concertation entre les acteurs clés,
(Plans de Déplacements Urbains) et les PLD publics et privés, du territoire ainsi que d’une
(Plans Locaux de Déplacements) d’organiser enquête publique. Le document final est
les déplacements, les PNR (Parcs Naturels rendu public, consultable en mairie et sou-
Régionaux) ou les zones « Natura 2000 » de vent publié sur internet. Le droit des sols, qui
protéger des zones naturelles.
peut être connu de tous, est accepté et les
interdits sont largement respectés. Le docu- Des catégories de zonage
simples et claires : zone
ment est composé de quatre volets : le dia- agricole, à urbaniser,
La définition de la stratégie gnostic, le projet de la collectivité (PADD), le naturelle et urbanisée
règlement et enfin les documents graphiques
Les orientations stratégiques définies par la (zonage). Ce zonage définit les catégories
collectivité s’expriment par des plans secto- d’usage du sol : zones naturelles (N), agri-
riels et par le SCoT, qui constitue une syn- coles (A), urbanisées (U) et à urbaniser (AU).
thèse territoriale de ces objectifs. Celui-ci Combiné avec le règlement du PLU, il définit
repose sur une vision générale, sur une sélec- l’attribution des permis de construire. Ces
plans détaillés se limitent à l’essentiel : indi-
cation et réservation des emprises de projet
Un exemple de vision stratégique : la charpente du réseau
de transport en commun à HCMV urbain, voirie, transports, réseaux et équipe-
ments ; prescriptions relatives aux construc-
tions, aménagements et activités écono-
miques (localisation, implantation) ; terrains
à protéger (trame verte et bleue, risques na-
turels ou industriels).

Les grands projets urbains


structurants
Inscrits au schéma directeur, ils bénéficient
Trame verte TCSP
d’un encadrement et d’un financement pu-
blic, et servent de catalyseurs pour attirer les
Corridors Aérorpot
investissements privés. Le développement
Port
Sites de développement stratégiques
du projet s’effectue en général en partena-
28 |
Pour aller plus loin :
« L’élaboration de la stratégie et du schéma directeur 2
• Agence d’urbanisme
La première étape de l’agglomération
a pour objectif d’es- Information Faisabilité Durabilité lyonnaise,
quisser une vision « La planification
DIAGNOSTIC
du territoire, qui sera stratégique, de Lyon
détaillée par la suite FACTEURS DE EVALUATION 2010 aux métropoles
dans les cartes et CHANGEMENT d’aujourd’hui », 47 p.
les documents de IDENTIFICATION http://www.
planification. VARIABLES urbalyon.org/
Incertitude STRATEGIQUES
Une évaluation de Document/Colloque_
la mise en œuvre IDENTIFICATION la_planification_
CONFLITS &
du précédent sché- strategique_-_de_
OPPORTUNITES
ma directeur est Lyon_2010_aux_
menée avant de dé- CONSTRUCTION metropoles_d-
buter l’élaboration SCENARIOS aujourd-hui_-_19_
VALIDATION
du nouveau, en col- CHOIX mai_-_Les_actes-2912
laboration avec les
• Schéma Directeur
acteurs institution-
de la Région Île-de-
nels et économiques du territoire. Ces scénarios sont traduits en grandes orientations
France,
Le diagnostic critique - atouts et faiblesses - com- territoriales. Le passage du croquis à la carte s’effec-
www.sdrif.com/
prend notamment une évaluation environne- tue progressivement, avec l’identification de zones
mentale et doit reposer sur des données fiables, prioritaires d’un point de vue économique, environ- • SCOT de
qui pourront par la suite faire l’objet de mises à nemental ou d’urbanisation préférentielle. l’agglomération
jour pour le suivi du document. Ce diagnostic est lyonnaise,
ensuite croisé avec les facteurs de changement La carte de synthèse finale résulte de la superpo- http://www.scot-
(démographie, croissance économique, chan- sition des cartes des différents thèmes du schéma agglolyon.fr/
gement climatique) pour identifier les grandes directeur : zones d’urbanisation et de densification, • ISTED, AFD, MAE,
variables stratégiques. zones de développement urbain contrôlé, infras- MEDAD, Ville en
Un schéma qui synthétise les forces, les fai- tructures routières et de transport en commun, devenir, 2007, 79 p.
blesses, les opportunités et les risques, (analyse pôles d’excellence. Il s’agit, à cette échelle, d’indi- http://www.isted.
« SWOT » - strenghs, weaknesses, opportunities quer des zones de développement préférentiel et com/villesendevenir/
and threats) permet d’identifier les scénarios de non des localisations précises. html/accueil_html/
développement. index.html
• PADDI, 2006, Livret
« Planification et
Le nouveau quartier de la ZAC Lyon Confluence, 2011
riat avec des acteurs privés, à travers des gestion des ressources
Sociétés d’Économie Mixte (SEM), ou des foncières »
partenariats public-privé. Les grands projets
urbains peuvent être un moyen de revalo-
riser une zone, en créant ou rénovant un
quartier, de créer de nouvelles dynamiques
économiques, comme le rapprochement des
pôles universitaires et des entreprises de
nouvelles technologies. Ils peuvent être
développés à l’occasion de grands événe- 2
Atelier IMV sur les
ments, tels les projets de Barcelone, Beijing « Stratégies des grandes
ou Londres en vue de l’accueil des Jeux olym- métropoles », animé par
Gilles Antier, mars 2011
piques. Leur succès dépend fortement de la
volonté politique et du suivi des réalisations.
A cette fin, la Zone d’Aménagement Concerté
offre un encadrement juridique, technique et
financier public, et permet l’instauration d’un
régime de participation spécifique pour le
financement des équipements et des infras-
tructures publiques.

Les initiateurs publics (État, Établissements


publics, collectivités) réalisent des études

Faire la ville | 29
Chapitre 1 : La planification urbaine

pour définir le projet et son bilan financier. et supervise la construction des équipements Pour aller plus loin :
La maîtrise d’ouvrage est confiée à un amé- publics. Les autres terrains sont cédés par • CERTU, Guide « Outil
nageur qui peut être un établissement pu- vente, location ou concession d’usage. Des de l’aménagement »,
blic (10% des cas), une Société d’Économie orientations architecturales et paysagères http://www.
Mixte (80%) ou une compagnie privée (10%). précises sont imposées aux constructeurs. outil2amenagement.
L’aménageur et l’initiateur public définissent certu.developpement-
durable.gouv.fr/
leur participation financière au potentiel dé-
ficit de l’opération. L’aménageur acquiert une La mise en œuvre de la • FNAU, Fédération
partie ou la totalité du foncier du périmètre Nationale des Agences
par des acquisitions à l’amiable, par droit de planification stratégique d’urbanisme, 2010,
« La planification
préemption et parfois par expropriation. Il
Les objectifs du schéma directeur doivent stratégique au service
réorganise le parcellaire, viabilise les terrains du développement
être clairs et faciles à lire par tous les acteurs
durable ; l’expérience
publics et par les partenaires privés. Le long
des agences françaises
processus de dialogue métropolitain, de l’éla- d’urbanisme »,
1 boration en concertation à la mise en œuvre http://www.fnau.org/
(projet partagé, ajustements), est aussi im- index.asp
portant que le document du schéma direc-
teur en lui-même. Ses objectifs doivent faire
l’objet d’une campagne de communication
auprès de ceux qui vont l’appliquer.

Les grands investissements publics d’infras-


tructures et d’équipements et les opérations
stratégiques d’aménagement (par exemple
les ZAC) demandent une maîtrise d’ouvrage
forte pour coordonner l’investissement pu-
blic et cadrer l’investissement privé.

Afin de faciliter la mise en œuvre, la structure


administrative et technique peut se caler sur
les plans d’action proposés dans le schéma
directeur : chaque stratégie est conduite par
2
un pilote technique sous l’autorité d’un pilote
politique, chaque grand projet bénéficie de
la même organisation (autorité de gestion,
ZAC…). Au Grand Lyon, les communes ont été
regroupées en cinq grands secteurs géogra-
phiques. Ces échelons intermédiaires de tra-
vail ont permis de préciser les orientations du
SCoT dans des plans de secteurs. Plus généra-
lement, l’organisme responsable du SCoT as-
socie les communes à son élaboration et peut
les conseiller lors de la conception des PLU.

Une évaluation doit être menée six ans au


plus tard après l’approbation du schéma di-
recteur. Les outils d’évaluation peuvent être
décidés dès l’approbation (indicateurs sur
l’occupation des sols, sur les pratiques de
déplacement des habitants, sur le tissu éco-
Urbanisme règlementaire et de projets se combinent dans nomique de l’agglomération ou encore sur la
les documents de planification, ici dans le PLU de Lyon. Les production de logements).
zones UA concernent le centre-ville et les quartiers centraux.
Les zones UC1 concernent les zones mixtes à dominante
d’habitat collectif (1). Le périmètre de projet, en jaune, se
superpose aux zones règlementaires du PLU (2).

30 |
Les principales caractéristiques des systèmes de planification vietnamien
et français

Mise en perspective Planification vietnamienne Planification française


Règlementée de manière précise par les lois et les textes Définie par le Code de l'urbanisme, le contenu est déterminé
Orientation règlementaires (loi foncière, loi sur la construction et sur la par les collectivités locales.
générale planification urbaine).

Planification socio-économique au niveau régional, provincial. Aménagement du territoire, documents ou démarches


élaborés par l’État : la Directive Territoriale d'Aménagement
Planification foncière au niveau national, provincial, du district,
communal par le MoNRE et le DoNRE. (DTA), l’Opération d'Intérêt National (OIN) et l'Établissement
Public d'Aménagement (EPA).
Planification des constuctions : quatre plans (régional, général,
zonage, détaillé) par le VIAP (MoC), les instituts d’urbanisme Aménagement et planification urbaine : le SRADT élaboré par
(Hanoi et HCMV) en concertation avec les différents les régions, le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT), élaboré
Les différents
départements techniques (DUPA, DoT, etc.). à l'échelle du groupement intercommunal qui couvre une
documents
agglomération ou un bassin de vie et le Plan Local d'Urbanisme
Planification thématique : logement, transports, santé, etc. (PLU) qui couvre généralement une commune (création récente
des PLU intercommunaux).
Planification par thème : élaboration à l'échelle régionale
(économie), départementale (affaires sociales) et concertée
avec le SCoT et le PLU articulé avec le Programme Local de
l'Habitat (PLH), le Plan de Déplacement Urbain (PDU), etc.

Type de relation Hiérarchique, conformité avec le document supérieur Indépendance mais obligation de compatibilité avec le
entre les documents document supérieur
Repose sur des objectifs des collectivités locales, des orienta- La loi donne les grands principes généraux à respecter.
tions des plans de l’échelon supérieur, des ratios et normes Certaines contraintes peuvent être imposées par l’État, à
techniques (taille de population, etc). Les objectifs chiffrés à propos des ouvrages nationaux notamment (passage d’une
atteindre ont un caractère impératif. autoroute par exemple). Les prévisions démographiques ont un
caractère indicatif.
Schémas régionaux : orientation de développement socio-éco-
nomique, liens régionaux, mise en cohérence des infrastruc- SRADT au niveau régional : prospective à moyen terme, charte
tures (transports, réseaux, éducation, etc.), valorisation des d'aménagement et de développement durable. Non prescriptif.
Contenu de la potentialités économiques de chaque territoire dans la région.
SCoT : mise en cohérence des politiques publiques en matière
planification d’urbanisme, d’habitat, de développement économique et de
Schéma directeur (Master plan) : concrétisation des orienta-
tions du schéma régional, zoning fonctionnel, définition de la déplacements. Contient un rapport de présentation (diagnostic,
surface à urbaniser. notamment environnemental), un projet d'aménagement et de
développement durable (PADD), des documents graphiques.
Plans de secteur : concrétisation du schéma directeur et Evaluation tous les six ans et possibilité de révision avant-terme
définition des droits des sols pour chaque «unité d’habitation». (normalement entre dix et quinze ans).
Plans détaillés : définition des constructions urbaines, des PLU : contient un rapport de présentation et un PADD, un
travaux d’infrastructures techniques à réaliser et des normes de règlement et des documents graphiques qui fixent les droits des
construction, ainsi que du droit des sols pour chaque parcelle. sols et les droits à construire de chaque parcelle, zone par zone.
C’est sur cette base que sont délivrés les permis de construire.
Pas de plan détaillé, sauf dans les projets publics pilotés par la
collectivité (par ex. les ZAC). Pour le reste, ce sont les investis-
seurs qui font des propositions de plans d’aménagement.

Outil contraignant Plan détaillé des districts PLU


Elaboration des plans d’urbanisme en 2 étapes : définition des Élaboration du PLU et du SCoT par les services d'urbanisme en
termes de la planification et plan de planification. La procédure concertation avec la société civile et le public. Pour le PLU, le
Les étapes de est la même pour chaque étape : les collectivités font appel à projet est voté par le conseil municipal. Les personnes publiques
la planification des consultants pour l’élaboration du plan en tenant compte de donnent leur avis (Conseil Général, Chambre de commerce...).
l’avis de la population concernée. Le plan est ensuite présenté Un commissaire indépendant mène une enquête publique.
aux organismes compétents (MoC, DUPA, etc.) pour expertise et Après avis de la commission d'enquête, certaines modifications
approbation (Premier ministre, Comité populaire de peuvent être apportées au document, soumis à l'approbation du
ville/province ou district). conseil municipal. Révision du PLU tous les six ans, modifications
légères tous les ans. La procédure d’enquête publique pour le
SCoT est moins contraignante.

Principales Urbanisation rapide engendrant de nombreux problèmes Forte croissance des prix fonciers et immobiliers, production de
difficultés sociaux, de logement et environnementaux. Rigidité d’une logements sociaux ou abordables, mouvement NIMBY (« Not in
planification trop normative, nombreux règlements à appliquer, my backyard », soit le refus de logements sociaux ou
gestion foncière à améliorer, compétences des autorités locales d’infrastructures à proximité de chez soi ou dans sa commune),
à renforcer. difficile maîtrise de l’étalement.

Planification intégrée et transversale, coordination des Tentative de mise en cohérence des politiques sectorielles
Principales nouvelles planifications hiérarchisées, prise en compte de la composition dans les SCoT, concertation (conseil de développement), démocra-
orientations urbaine et des problèmes environnementaux. tie participative, « gouvernance », simplification du code de
l’urbanisme, urbanisme de projet, gouvernance métropolitaine,
pôle métropolitain.

Faire la ville | 31
Chapitre 1 : La planification urbaine

LES RÉFLEXIONS ET PROJETS DE LA


COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE
La planification interdistrict
La planification interdistrict à Les interrogations sur la de l’axe du boulevard Vo
HCMV 3 définition du « secteur » Van Kiet, HCMV

Le schéma directeur d’HCMV approuvé en Or, la loi sur la planification urbaine de 2009
janvier 2010 propose une vision pour 2025. et le décret d’application (n°37/2010/
Ses grandes orientations consistent en l’élar- NĐ-CP) ne précisent pas si les
gissement du centre-ville qui sera alors com- secteurs sont définis selon
posé du centre-ville actuel et du nouveau des critères géogra-
quartier de Thu Thiêm, projet urbain phare phiques, fonc-
sur l’autre berge de la rivière Saigon ; le déve- tionnels,
loppement de polarités secondaires (Saigon
South, Cu Chi) ; le renforcement du réseau de ou
transports collectifs (sept lignes de métros, les deux,
Bus Rapid Transit, amélioration des lignes de ni quelle est l’éten-
bus existantes) ou encore la protection des due de leur périmètre.
zones naturelles telles que les mangroves de Ils sont définis comme
« des territoires qui peuvent com-
Can Gio.
porter plusieurs districts mitoyens qui ont
les mêmes problèmes et orientations de
La vision stratégique, qui devrait se décliner
développement ». Les plans de secteur sont
dans les schémas de district approuvés en
élaborés à l’échelle 1/2 000eou 1/5 000e. Les
décembre 2012, s’y retrouve pourtant diffi- périmètres peuvent également être définis
cilement. Ceux-ci forment à HCMV un « pat- en fonction des axes de transport ou selon les 3
Ateliers du PADDI sur
chwork » qui se traduit par des différences caractéristiques principales de la zone (à voca- la planification urbaine
dans la qualité du rendu, dans les règlements tion écologique, industrielle, etc.). Le plan de de juin 2010 et 2011,
animés par Patrice
ou par la compétition entre les districts pour secteur se compose des unités d’habitation Berger, Gauthier Rouhet
attirer les investissements. Les projets (im- urbaine et des zones fonctionnelles. et Xavier Laurent
mobiliers, zones industrielles) se multiplient Les ratios pour chaque unité d’habitation
au détriment des orientations du schéma di- sont définis par les normes techniques au ni-
recteur. Les récentes dispositions de la loi sur veau national et comprennent : des ratios sur
l’urbanisme de 2009 imposent l’élaboration l’usage des sols (terrain résidentiel, terrain
de plans par secteurs afin de concrétiser les
orientations du schéma directeur. Ceux-ci ne
correspondent pas forcément aux limites ad-
ministratives du district, ce qui invite à repen-
« La loi sur la planification urbaine de 2009 et les secteurs (article 29. Plans
de secteurs)
ser les relations des districts entre eux, mais 1. Les plans de secteurs doivent définir l’usage attribué à chaque zone
aussi avec la ville et les quartiers, échelons de terrain, le principe d’organisation de l’espace, de l’architecture et du
administratifs inférieurs. Ainsi les plans de paysage urbains de la zone à planifier ; les normes de population, de droits
des sols, d’infrastructures techniques pour chaque îlot. Ces plans doivent
secteurs pourraient faciliter la mise en œuvre aussi disposer les ouvrages d’infrastructures sociales de façon adéquate par
du schéma directeur, à condition de définir pré- rapport à leur usage ; orienter le réseau d’infrastructures techniques vers
cisement la notion de secteur. les axes principaux, en synchronisation avec les étapes du développement
urbain ; inclure une évaluation stratégique de l’environnement.
2. Les plans de secteurs sont réalisés à l’échelle 1/5 000e ou 1/2 000e.
3. La visée d’une planification par secteurs dépend de celle du schéma
directeur dont elle relève, ainsi que des exigences de la gestion et du
développement urbains.
4. Les plans de secteurs, une fois approuvés, servent de base à l’élaboration
du projet d’investissement ainsi qu’aux planifications détaillées.

Source : loi sur la planification urbaine janvier 2010, Viêt-Nam

32 |
pour les équipements publics, terrain pour Une déclinaison plus efficace Pour aller plus loin :
les espaces verts) et des ratios sur les infras- • PADDI, 2010, Livret
tructures techniques (cote remblai, évacua-
des orientations de la
« Mise en œuvre de la
tion des eaux, électricité). De plus, le design planification stratégique planification urbaine à
urbain et les orientations stratégiques en HCMC »
matière environnementale sont aussi deux La planification par secteur peut être l’oc- • PADDI, 2011,
éléments importants du plan de secteur. Le casion de décliner le schéma directeur de Livret « Planification
règlement de gestion fait partie intégrante du manière plus précise et de développer la urbaine, urbanisme
plan approuvé selon la loi de 2009. cohérence interdistrict, ainsi que le travail règlementaire et
partenarial entre le système central et les opérationnel, enjeux
districts. fonciers et intégration
de l’économie dans la
planification urbaine »
Les schémas des districts sont actuellement
Les limites de la planification à établis selon leur effectif démographique qui
l’echelle des districts définit les ratios en termes d’équipement ou
de voirie. Il serait possible de partager ces
Afin de répondre aux objectifs économiques équipements entre districts proches : par
fixés par les autorités provinciales, chaque exemple les habitants du district 3 pourraient
district cherche à favoriser le développe- profiter des espaces verts du district 1 qui
ment économique de son territoire et tente est limitrophe. Les bénéfices de la présence
d’attirer davantage de population (le budget d’une zone industrielle ou commerciale
attribué par le Comité Populaire étant fonc- pourraient également faire l’objet d’une pé- 4
Consultants
tion des effectifs démographiques). Cela peut réquation. La répartition des équipements, internationaux sur ces
conduire à des inégalités entre les districts de la population ou des activités serait ainsi plans : Nikken Seikkei et
Sasaki
qui bénéficient d’une forte attractivité et do- mutualisée. Les schémas de districts ne se
tés d’un potentiel de développement et ceux concurrenceraient plus ni entre eux, ni avec
qui doivent conjuguer développement terri- le schéma directeur, dont les orientations
torial et protection de leur milieu naturel. se déclineraient plus facilement sur chaque
grand secteur.
Suite à la répartition des projets à l’échelle de
l’agglomération, des conflits pourraient voir
le jour entre la ville et les districts. En effet, La planification par secteur au Grand Lyon
ces derniers sont aujourd’hui compétents
pour développer des projets sur leur terri- Les communes sont regroupées par aire géographique : tous les
toire. Dans cette optique, réaliser une plani- maires d’un secteur se réunissent en appui à l’élaboration du schéma
fication par secteur pourrait porter atteinte directeur et discutent ensemble au sein de « conférences de maires
à leurs prérogatives et à leur budget, mais », sans autorité ni budget. Cette démarche permet une mise en
aussi les conduire à modifier leurs habitudes commun des compétences, une optimisation des moyens et des res-
pour travailler davantage entre eux et avec le sources, et évite le gaspillage : il n’est pas nécessaire par exemple que
comité populaire de HCMV. chaque commune possède sa piscine ou son parc.

Une planification interdistrict est déjà appli-


quée pour l’élaboration des plans d’axes
routiers, les grands projets ou le schéma
d’aménagement du centre-ville 4 . Ces plans,
présidés par le DUPA, sont approuvés par
le Comité populaire et les districts n’inter-
viennent pas dans le processus de validation.
Une des solutions pour l’amélioration de la
planification interdistrict pourrait être l’octroi
de compétences élargies à l’organisme qui
présiderait ces plans, comme le DUPA pour le
projet d’aménagement du centre-ville.

Les secteurs du schéma directeur Lyon 2010

Faire la ville | 33
Chapitre 1 : La planification urbaine

Vers une meilleure cohérence


interdistrict à HCMV ?
Pour les experts du Grand Lyon, les péri-
mètres des secteurs devraient être établis
selon des critères géographiques et non thé-
matiques, comme évoqué plus haut. L’échelle
administrative des districts est à conser-
ver car ils permettent une gestion urbaine
générale en relation avec la province et une
gestion de proximité pour les habitants. La
création d’une structure informelle de réu-
nion par secteur pourrait améliorer la cohé-
rence hiérarchique et interdistrict entre le
schéma directeur et les plans de districts. Il
serait enfin intéressant de créer la possibilité
d’une péréquation financière et d’une mu-
tualisation des équipements entre districts.
À l’échelle provinciale, il manque peut-être
à HCMV et à Hanoi une sorte de « chef
d’orchestre technique » sous la tutelle du
Comité populaire, afin de relayer les informa-
tions et d’effectuer la liaison
entre ce dernier et les dif-
férents départements et
districts.
Le schéma directeur de
ler le développement urbain et de servir les Hanoi, 2011
ambitions métropolitaines de la capitale. Le
nouveau schéma directeur, rédigé suite à la
fusion entre les deux provinces et approuvé
en 2011, prévoit entre autres le développe-
ment de cinq villes satellites, situées dans un
rayon de 40 km autour de Hanoi. La planifi-
cation urbaine de la capitale passera par son 5
IMV, missions de contre-
expertise du schéma
intégration régionale, son réseau de trans- directeur de Hanoi de
port collectif et la valorisation de ses espaces janvier à septembre 2010
Prospective pour une planification par secteur à HCMV, 2010 ouverts. par les experts de la
région Île-de-France : J-C.
Gaillot, V. Mancret-Taylor,
V. Fouchier, A. Rossi et N.
La contre-expertise du schéma Le lien entre transport et Rolland.

directeur de Hanoi, 2010 5 et urbanisme dans 6


IMV, missions
du schéma directeur régional l’agglomération de Hanoi d’assistance pour
l’élaboration du schéma
en 2005 6 régional de Hanoi en
Dans cette agglomération qui s’étend et dont trois volets : « Études
Longtemps contenue dans ses arrondisse- le parti-pris d’aménagement est une struc- de projet général du
schéma directeur » par
ments centraux, la ville de Hanoi connaît ture polycentrique, il est important de pra- F. Damette et H. Leroux,
depuis les années 1990 une forte croissance tiquer un urbanisme dense, bien limité et 2004-2005, « Stratégie
urbaine. Les projets urbains et industriels s’appuyant sur un réseau de transports en de développement des
transports » par
se sont multipliés, contribuant à une impor- commun performant. Le développement de R. Maubois , 2005, et
tante extension aux dépens des marges ce dernier constitue une priorité pour relier « Analyse cartographique
rurales densément peuplées. La fusion en les nouvelles aires urbaines entre elles ainsi et statistique » par
F. Quertamp et Mai Linh
2008 des provinces de Hanoi et de Ha Tay qu’au centre de l’agglomération. Les plans Cam, 2005.
avait ainsi pour objectif de mieux contrô- des villes nouvelles peuvent suivre les prin-
34 |
cipes du « Transit Oriented Development », La qualité de la liaison entre les villes satellites et l’agglomération
en favorisant l’urbanisation autour des sta- centre est également déterminante, tant en matière d’infrastructures
tions. Ainsi, le dessin du plan de la ville nou- routières que de réseau rapide de transport en commun. Ainsi, par
velle de Hoa Lac pourrait rayonner autour de exemple, l’ouverture d’une ligne de métro entre Beijing et la ville sa-
sa gare. Le choix de la localisation des sta- tellite de Yi Zhuang, initialement mal desservie par les transports en
tions est stratégique dans la mesure où elles commun, a permis d’y attirer de nouvelles populations et entreprises.
constituent un moteur du développement En effet, des villes trop lointaines ou mal reliées freinent l’attractivité
urbain. Les équipements majeurs (univer- et le développement de ces nouvelles zones urbaines, comme ce fut
sité, hôpital, mairie) pourraient se situer à le cas des villes nouvelles du Caire dans les années 1970. À l’inverse,
proximité de ces stations. Cette articulation des villes trop proches provoquent la création d’un continuum urbain
du transport et de l’urbanisme serait éga- et le mitage des espaces naturels et agricoles.
lement l’occasion de poser des limites phy-
siques claires à l’urbanisation, en utilisant
par exemple le 4ème périphérique et la ligne
de chemin de fer qui le longe comme front
d’urbanisation.
« Le Schéma Directeur de la Région Île-de-France (SDRIF)
Le SDRIF a été adopté par la région en 2008 et devrait être approuvé sous une
forme révisée en 2013. Le SDRIF constitue à la fois un projet d’aménagement
et un document d’urbanisme. Il comprend à ce titre une carte indiquant la des-
tination générale des différentes parties du territoire. Les enjeux sont, entre
Les villes satellites : une autres, la réduction des inégalités socio-spatiales et le rééquilibrage territorial
politique ambitieuse du développement économique, actuellement très concentré à l’ouest ; la
limitation de l’étalement urbain, l’affirmation du polycentrisme et la création
d’axes de transports en commun structurants. De grands objectifs pour le déve-
Le développement de villes satellites sup- loppement durable de la région ont été fixés en matière de construction de
pose une lourde stratégie d’aménagement logements, d’accueil de nouveaux emplois, de préservation et de valorisation
reposant sur la coordination des politiques de l’environnement, ainsi que d’intégration des politiques d’urbanisme et de
dans différents domaines : maîtrise du fon- transport. Ainsi, la densification préférentielle autour des stations de transport
cier, programmation et planification du ré- en commun est favorisée. La nouvelle ligne de métro en rocade améliorera les
seau routier et des transports collectifs. liaisons de banlieue à banlieue. Les « espaces ouverts » de la région devraient
être préservés et de nouveaux espaces verts créés.
La mise en œuvre des orientations du SDRIF passe par l’obligation juridique
Il est important que ces villes ne soient pas de compatibilité pour les SCoT et les PLU et la coordination avec les diffé-
monofonctionnelles, qu’elles ne soient pas rents acteurs publics (contrats de plan État-Région, Établissements Publics
réservées à l’habitat ou à une activité éco- d’Aménagement, Établissements Publics Fonciers, syndicat des transports
nomique particulière. Y développer des em- de la région, etc.).
plois, des commerces et des équipements est
une condition de leur réussite.

Le relatif succès des villes nouvelles


franciliennes
Planifiées par le schéma directeur de 1965 dans un contexte de
forte croissance démographique et économique, ces villes nouvelles
avaient pour objectifs de décongestionner l’agglomération pari-
sienne (logements et activités), d’orienter la croissance urbaine
qui s’effectuait jusque-là en « tache d’huile » et de structurer un
espace régional polycentrique. Situées dans un rayon de quinze à
quarante kilomètres autour de la capitale, elles y sont reliées par des
trains express régionaux (RER), construits à la même époque (années
1970-80). Il s’agissait de créer des pôles relativement indépendants
de l’agglomération et de tenter de préserver une ceinture verte, tout
en assurant la possibilité de liaisons rapides avec l’agglomération
centre. Dans chaque ville nouvelle, une structure étatique, l’Établis-
Le schéma stratégique de Hanoi et son principe de villes
sement Public d’Aménagement, dirigeait les opérations d’urbanisa-
satellites et de corridor vert tion et une autre était en charge de la gestion administrative.

Faire la ville | 35
Chapitre 1 : La planification urbaine

Ces objectifs initiaux très ambitieux ont été


revus en cours de projet, avec le passage de
huit à cinq villes et la réduction de leur dimen-
sionnement. Ces villes nouvelles deviennent
aujourd’hui progressivement des intercom-
munalités classiques. Totalisant 900 000 habi-
tants sur 11 millions de Franciliens en 2010,
elles sont devenues des pôles d’emploi et ont
contribué au desserrement des activités éco-
nomiques de l’agglomération parisienne. Par
exemple, 50% des habitants des villes nou-
velles y travaillent, contre 20% seulement dans
l’agglomération centrale. Le statut de centra-
lité urbaine de certaines de ces villes (Marne-
la-Vallée, Cergy-Pontoise) s’est affirmé, grâce
notamment aux universités, aux préfectures Le Schéma Directeur
ou aux activités tertiaires de pointe. Le réseau structuration de l’actuel développement ur- d’Aménagement et
de transport, qui sera complété par la ligne bain en continuité de la ville centre, notam- d’Urbanisme de la
Région de Paris en 1965
régionale en rocade du Grand Paris Express, ment entre le 3ème et le 4ème périphérique à proposait la création de
est efficace, bien que saturé. l’ouest, afin de promouvoir une urbanisation huit villes nouvelles afin de
compacte (proximité, efficacité des trans- déconcentrer la ville centre
et de maîtriser l’étalement
ports publics, mixité fonctionnelle).
urbain. Des hachures
Une politique trop ambitieuse représentent les zones
d’urbanisation nouvelle et
à Hanoi ?
Protéger le corridor vert les zones de transition à
organiser
Au regard de l’expérience française, des
nuances peuvent être apportées aux orien- Le corridor vert inscrit dans le schéma direc-
tations pour l’aménagement des cinq villes teur de 2011, à l’ouest de Hanoi, a pour ambi-
satellites autour de l’agglomération de Hanoi. tion de limiter le développement urbain en
Leur nombre est peut-être trop important, tache d’huile de l’agglomération. Il devrait
ainsi que celui de la population attendue, assurer la préservation de l’agriculture (péri)
au regard des prévisions de croissance de urbaine, des couloirs d’évacuation des crues
l’agglomération et des ressources financières de la rivière Nhué et des tissus urbains fra-
mobilisables. Si un dimensionnement flexible giles des villages de métiers. Ces derniers et
et un phasage des opérations sont rendus
nécessaires par l’importance du projet, l’ac-
quisition rapide de foncier par les autorités « Protéger et développer les zones rurales fragiles
La France compte quarante-six Parc Naturels Régionaux (PNR), dont quatre
publiques pourrait permettre de le lancer et
situés en Île-de-France.
de rassurer les investisseurs. L’attention des
L’objectif du PNR est d’allier sur des territoires ruraux habités des actions
aménageurs peut également se porter sur la d’aménagement, de développement et de protection des espaces naturels
jugés sensibles. Le PNR est géré par un syndicat mixte au sein duquel toutes
Le principe de répartition des terres agricoles et urbaines à les collectivités du territoire du parc s’engagent à respecter pendant douze
Hanoi selon le schéma directeur ans une charte élaborée collectivement. Le PNR met en œuvre les objectifs
définis dans la charte par la concertation entre les partenaires (commune,
intercommunalité, département, région, etc.). Bien que cette charte n’ait
pas de valeur juridique, les SCoT et les PLU doivent être compatibles avec
les orientations et les zonages du parc. Les modifications de ces documents
doivent être obligatoirement soumises pour avis au PNR.
Un premier volet des actions d’un PNR concerne la valorisation du patrimoine
naturel et culturel et le développement économique, avec la promotion de
l’agriculture durable, des produits agricoles et artisanaux locaux ou la prise
en compte des enjeux environnementaux par les entreprises du territoire.
Dans un deuxième volet, un PNR doit favoriser la découverte du territoire
et sensibiliser la population aux enjeux environnementaux par le biais
d’activités éducatives ou en développant une filière de tourisme vert.
Les quatre parcs franciliens ont ainsi permis de préserver des espaces
naturels remarquables situés aux franges de l’agglomération.

36 |
les espaces ouverts sont appelés à devenir, à une structure de gouvernance pour sa mise
terme, des « parcs urbains » destinés aux loi- en oeuvre et son suivi. Donnée nouvelle, le
sirs des citadins et des touristes. La mise en périmètre d’étude devrait inclure les pro-
œuvre de ce concept de corridor vert appelle vinces de Quang Ninh et de Hai Phong.
pourtant certaines interrogations. L’absence
de règlementation particulière à cette zone Certaines problématiques mériteraient d’être
rend difficile la préservation des espaces na- particulièrement prises en compte lors du
turels et risque de ne pas limiter l’étalement futur exercice de planification régionale.
urbain. Il est également probable que cet L’effort de planification, reporté vers l’ouest
environnement privilégié fasse l’objet d’une de l’agglomération, a entraîné l’oubli du lien
forte pression foncière (habitations pour avec la façade maritime située à l’est (port de
classes aisées ou résidences secondaires). Hai Phong, Ha Long). Cette région deltaïque
requiert l’intégration des risques liés au
Un plan spécifique pour ce territoire, à inté- changement climatique et le renforcement
grer au schéma directeur, pourrait clairement des aménagements hydrauliques pour gérer
différencier les zones urbanisables de celles le risque d’inondation. Les constructions en
strictement interdites à toute construction. zones hautes seraient à privilégier.
En effet, le risque est de voir se développer
de nombreux pôles urbains (villes satellites, L’amélioration de la liaison par transport
cluster, etc.) et des voies routières au sein du ferré, routier et fluvial entre Hanoi, le litto-
corridor qui favoriseraient l’émergence d’un ral et ses ports, mérite également des études
continuum urbain. Une solution serait de limi- approfondies. Les routes entre Hanoi, Ha
ter, dans la zone du corridor vert, les intersec- Long et Hai Phong sont saturées, sujettes à
tions entres les voies rapides, les routes locales d’importants encombrements (flux locaux et
et les arrêts des lignes de transport en com- de transits mélangés, passage par les agglo-
mun, afin de prévenir la construction autour mérations, desserte de nombreuses zones
de ces nœuds. Un autre type d’outil, le « Parc industrielles, diversité des modes de trans-
Naturel Régional », permettrait de protéger et port présents sur la voirie). Le chemin de fer,
de valoriser des espaces naturels fragiles, sans sous-utilisé dans ce corridor, serait alors à
pour autant geler tout développement. valoriser, notamment pour le fret.

L’identification d’un niveau régional de ré-


L’intégration régionale de seau ferroviaire, jusque-là manquant entre
l’agglomération de Hanoi le réseau ferré national existant et le futur
réseau métropolitain de Hanoi, est largement L’urbanisation grignote le
« corridor vert » de Hanoi
L’aménagement, la gestion et la compétitivité
des grandes métropoles sont liés à la capa-
cité des acteurs du territoire métropolitain
à travailler ensemble. La combinaison des
pouvoirs étatiques, locaux et métropolitains
sur des territoires plus ou moins étendus est
très variée dans les grandes métropoles du
monde. L’imbrication des échelles de la pla-
nification est également complexe à Hanoi.
La province de Hanoi s’insère plus largement
dans le bassin de développement écono-
mique du nord du Viêt-Nam. Débutée en
2004 pour Hanoi et sept provinces alentour,
la réflexion sur l’aménagement a abouti en
2008 à l’approbation du schéma directeur
de la région de Hanoi. En 2013 débutera la
révision du Schéma directeur régional en vue
de mieux intégrer les orientations du nou-
veau schéma directeur de Hanoi, approuvé
en 2011. Il faudra également mettre en place

Faire la ville | 37
Chapitre 1 : La planification urbaine

justifiée. La densité Pour aller plus loin :


démographique et • IMV, Maubois R.,
le développement 2005, « Schéma
polycentrique de la directeur de la région
de Hanoi ; stratégie de
région entraînent développement des
l’intensification des transports », 24 p.
échanges et des dé- http://www.imv-
placements intraré- hanoi.com/Uploads/
Documents/05CE%20
gionaux 7 . rapport%20
Raymond%20
A l’heure actuelle, MAUBOIS%2007.pdf
un important désé- • IMV, Damette F.,
quilibre existe entre Leroux H., 2005,
la route et le rail, au « Présentation
générale du schéma
plan régional avec directeur de la région
une offre minimale de Hanoi », 39 p.
de transport par train, et ce malgré un Le schéma régional de Hanoi en 2008, vers un bassin intégré ? http://www.
imv-hanoi.com/
linéaire de voies relativement important. fr-FR/Home/
La desserte des villes intermédiaires, des mentdehanoi-137/88/
ports et du futur aéroport international par L’intégration de l’économie Etude-de-projet-
general-de-schema-
un réseau régional pourrait s’appuyer sur dans la planification urbaine 8 directeur-de-la-region.
la rocade ferroviaire autour de Hanoi et sur aspx
les voies radiales existantes. L’efficacité de L’intégration de ce domaine à la planification
• IAU-IdF, Institut
ces trois réseaux hiérarchisés pourrait être est récente. Les collectivités territoriales ten- d’aménagement et
optimale avec l’intégration physique multi- tent de développer les activités économiques d’urbanisme de la
modale à des nœuds stratégiques tels que la sur leur territoire afin d’encourager l’emploi, région Île-de-France,
de bénéficier de revenus ou d’attirer de la po- Dossier sur les villes
gare centrale de Hanoi, les stations de rocade nouvelles,
ferroviaires et les villes intermédiaires. pulation. Leurs services économiques contri- http://www.iau-idf.fr/
buent à l’élaboration d’une stratégie pour nos-etudes/theme/
l’agglomération, qui est par la suite intégrée villes-nouvelles.html
« La diversité des types de gouvernance
métropolitaine dans le monde
aux documents de planification urbaine. Au
Viêt-Nam, cette intégration au schéma direc-
• Établissement Public
d’Aménagement de
teur demeure encore théorique. En effet, la la ville nouvelle de
Du point de vue institutionnel, l’État est Marne-la-vallée,
souvent très présent dans les métropoles, planification économique des villes vietna- http://www.epa-
en raison de leur importance stratégique. Il miennes est conçue comme la réalisation marnelavallee.fr
administre alors directement le territoire ou des objectifs de croissance prédéfinis dans
nomme le maire. Des coopérations peuvent le plan décliné à chacun des échelons de
voir le jour entre les autorités locales et l’État, l’administration territoriale. Elle est marquée
mais il est rare que les pouvoirs de gestion par les ratios et ne prend pas vraiment en
soient entièrement délégués à un élu. La 7
Cette analyse reprend
gouvernance peut enfin être fragmentée entre
compte les enquêtes socio-économiques ni le diagnostic et les
une multitude de pouvoirs locaux. les besoins des investisseurs. C’est pourquoi recommandations de
L’étendue territoriale de l’exercice de ces les axes d’implantation préférentielle des en- R. Maubois formulés en
2005 pour l’expertise
pouvoirs dans les grandes métropoles est treprises inscrits dans les schémas directeurs
du Schéma directeur de
également très variable. Une autorité métro- sont régulièrement contredits par la réalité la région de Hanoi par
politaine peut ainsi s’exercer sur l’ensemble de l’essor économique et urbain. l’IMV pour le VIAP (volet
de la métropole. Ou bien le territoire métro- transport ) : « Stratégie
politain peut être reconnu, avec des politiques de développement des
publiques menées à cette échelle, sans qu’il transports ».
existe pour autant à son niveau de structure Le rôle des services 8
Atelier PADDI sur la
institutionnelle. Une troisième possibilité économiques des collectivités « Planification urbaine,
consiste à créer une autorité métropolitaine
sur un territoire plus restreint que toute la territoriales en France urbanisme règlementaire
et opérationnel, enjeux
métropole (ville centre, part plus ou moins fonciers et intégration
importante du périurbain, parfois un peu Ces services assurent la veille et les diagnos- de l’économie dans la
d’arrière-pays). Enfin, dans le cas de pouvoirs tics, la coordination entre les acteurs écono- planification urbaine »,
locaux fragmentés, il n’existe aucune structure miques privés ou encore la prospective et co-animé par Xavier
Laurent, juin 2010
de gouvernance métropolitaine. l’accueil pour l’installation d’entreprises.

38 |
L’Observatoire Partenarial Lyonnais en
Économie (OPALE) fédère l’ensemble des
« Les critères d’attractivité d’une ville
L’observatoire économique du Grand Lyon se fonde sur un sondage réa-
producteurs de données socio-économiques lisé à l’échelle internationale concernant les critères d’attractivité des villes
(Institut de la statistique, Chambres de com- auprès des entreprises (classement non officiel) :
merce, représentants d’université, agence - Facilité d’accès du marché au client ;
pour l’emploi, etc.). Son rôle est d’observer - Qualité de main d’œuvre ;
les problématiques socio-économiques sur - Accessibilité externe en transport (aéroport, grande gare) ;
l’agglomération afin de contribuer à la plani- - Qualité des transports en commun ;
- Coût de la main d’œuvre ;
fication et au développement de projets.
- Environnement des affaires ;
- Coût de l’immobilier ;
L’équipe « économie » au sein de l’Agence - Pratique des langues étrangères ;
d’urbanisme du Grand Lyon assure des acti- - Accessibilité des locaux ;
vités de diagnostic et de veille : diagnostics - Accessibilité interne en transport (desserte, réseau de transport en com-
économiques sectoriels ou territoriaux sur mun) ;
les volets économiques, veille économique - Qualité de vie ;
- Critère environnemental.
conjoncturelle, études sur l’emploi, obser-
vation des zones d’activités, benchmarks
(positionner l’attractivité de l’agglomération Le logo « ONLYLYON »
représente le territoire pour
lyonnaise à l’échelle européenne et interna- attirer habitants, touristes
tionale). Elle organise aussi des rencontres et investisseurs
avec les partenaires économiques.

Site économique
métropolitain existant
Cartographie des
Site économique
métropolitain projeté entreprises selon leur
activité et leur effectif dans
Espace métropolitain le quartier d’affaires de la
d’interface
Part Dieu à Lyon , réalisée
Polarité urbaine par l’observatoire OPALE
Les stratégies économiques
dans l’espace
Différentes stratégies spatiales peuvent per-
mettre la valorisation des activités écono-
miques. Les pépinières d’entreprises mettent
Les services d’urbanisme de la ville proposent des orientations à disposition leurs locaux pour de jeunes
sur les sites de développement économique métropolitains,
Grand Lyon structures innovantes. La politique des pôles
de compétitivité ou « clusters » vise à inten-
sifier, grâce à une proximité physique et un
Le marketing territorial soutien financier public, les relations entre
universités, laboratoires de recherche et Secteur d’activités
L’objectif de l’agglomération lyonnaise est de entreprises. Les différents pôles du Grand
Industrie, énergie,
se situer parmi les métropoles européennes Lyon sont spécialisés en recherche et deve- environnement
les plus attractives. Les études de « bench- loppement en chimie/pharmacie, systèmes BTP
marking » participent à l’élaboration d’une de transport, loisirs numériques, image et
Commerce de gros et de
stratégie de différenciation par la qualité du multimédia, ou encore textiles nouvelle détail
service, afin d’attirer durablement les entre- génération. Les autorités locales peuvent y Transports - logistique
prises. Une offre globale d’accueil est propo- encourager certaines activités ou en interdire Services aux entreprises,
sée : sites d’implantation, amélioration de la d’autres. Dans certains quartiers en difficulté finance, immobilier
desserte par les transports en commun, gui- sociale et économique, des « Zones Franches Autres services
chet unique. L’OPALE intervient dans l’iden- Urbaines » offrent aux entreprises qui s’y im-
tification des grandes sociétés par une veille plantent une fiscalité favorable à la condition Effectif salarié
active, en prospectant les investisseurs et en qu’elles recrutent de la main d’oeuvre locale. 0 salarié ou inconnu
suivant les stratégies d’entreprises - notam- De 1 à 9 salariés
De 10 à 99 salariés
ment par la presse et par les remontées Dans les villes européennes, la tendance De 100 à 249 salariés
d’informations fournies émanant des déve- actuelle est de mélanger, à l’échelle de l’ag-
250 salariés ou plus
loppeurs territoriaux du Grand Lyon. glomération, les zones résidentielles et les

Faire la ville | 39
Chapitre 1 : La planification urbaine

activités économiques, à l’exception de celles des PLU. La priorité est donnée à l’exploita- Pour aller plus loin :
qui, présentant des nuisances, ont des sites tion de l’existant, à la densification des zones • PADDI, 2011,
propres. Ainsi, le SCoT 2030 de l’aggloméra- d’activité et à leur desserte par les transports Livret « Planification
tion lyonnaise établit des orientations spéci- en commun ; urbaine, urbanisme
fiques par secteurs d’activités, en privilégiant - la localisation des pôles de développement règlementaire et
celles de dimension internationale sur neuf préférentiel ; opérationnel, enjeux
sites, les activités de dimension métropoli- - un raisonnement par bassin de vie afin de fonciers et intégration
de l’économie dans la
taine sur vingt-et-un sites et l’offre de proxi- tendre vers un équilibre habitat/emploi à planification urbaine »
mité sur tout le reste du territoire. Pour l’échelle de la métropole ;
autant, les orientations développées par la - des schémas sectoriels d’aide à la décision, • OPALE, Observatoire
partenarial de
collectivité ne demeurent que des incitations sans valeur juridique, dans les domaines du l’agglomération
pour les investisseurs. C’est le marché qui commerce, du tourisme ou de l’hôtellerie. Le lyonnaise en
oriente l’implantation des entreprises sur les PLU localise les différentes aires d’activité et économie,
différents sites. différencie les commerces que l’on souhaite http://www.opale-
ou non accueillir. lyon.com/site/
• Antier G., Les
Ces documents sont flexibles et résultent d’un stratégies des
compromis entre les attentes de la collectivi- grandes métropoles.
té et le marché. Les documents d’urbanisme Enjeux, pouvoirs et
peuvent être révisés si un grand projet est aménagement, Paris,
Armand Colin, 2005,
développé, en suivant une procédure d’en- 253 p.
quête publique. Ces modifications sont assez
rapides pour un projet de taille modeste. • Maurice Goze
(coord) Schéma
et règlement
d’urbanisme de
Les pôles de compétitivité constituent à la fois une politique Hanoi et HCMV, futures la ville de Sapa,
Lao Cai VIETNAM,
industrielle et d’aménagement du territoire, Grand Lyon
métropoles à l’échelle de Coopération
l’Asie du Sud-Est ? décentralisée
L’intégration des probléma- IATU -Province de
Les plans de développement socio-écono- Lao Cai-Région
tiques économiques dans les miques pourraient être rendus plus opéra- Aquitaine, 02/2011,
documents de planification tionnels si le dialogue avec les représentants 5 tomes : 1- Projet
d’aménagement et
des acteurs économiques et les chambres de de développement
Les stratégies économiques ont un impact commerce et d’industrie était renforcé. Un durable, 2- Règles
sur l’organisation du territoire. Elles doivent observatoire partenarial, comprenant des générales, règles
donc être en cohérence avec la planification services de l’État, des services des villes de particulières par
urbaine et ses différents documents, à la fois Hanoi et de HCMV (économie, urbanisme), zones, 3- Charte de
en termes de réservation d’espaces pour l’Institut des statistiques, des représentants qualité architecturale
des infrastructures ou des zones d’activité, et paysagère, 4- Plan
des chambres de commerce et d’autres ins-
d’embellissement et
d’insertion d’activités dans les tissus urbains titutions à caractère économique pourrait de sauvegarde du
résidentiels ou dans les campus universi- être créé dans chacune des villes. Un accom- centre-ville, 5-Schéma
taires, comme de prévention des nuisances pagnement de la planification par l’étude de directeur des réseaux.
et de gestion des risques technologiques. Le marché permettrait de programmer l’immo- Versions française et
réseau de transport en commun doit égale- bilier d’entreprise afin d’être plus en phase vietnamienne.
ment intégrer la desserte des pôles d’emplois avec les investisseurs qui souhaitent s’ins-
majeurs. taller sur le territoire. Le suivi des filières
économiques d’excellence (ou à enjeu) dans
Le schéma directeur du Grand Lyon com- l’élaboration des plans de développement so-
prend notamment : cio-économiques, avec des documents secto-
- une évaluation pour 2025 de la capacité de riels sans valeur juridique, alimenterait par la
l’agglomération lyonnaise à accueillir de nou- suite les documents officiels de planification.
velles activités. Ce programme d’immobilier La poursuite du « benchmarking » dégagerait
d’entreprise est élaboré grâce à l’évaluation la spécificité des territoires de Hanoi et de
des besoins des entreprises (surface à urba- HCMV par rapport aux autres métropoles du
niser) et à partir des données et prévisions Sud-Est asiatique.
40 |
LE FONCIER URBAIN
L
’ État vietnamien, depuis la Constitution de 1959, est propriétaire de l’ensemble
des terres au nom du peuple. À la fin des années 1970, les faibles rendements
des coopératives agricoles et l’insécurité foncière ont engendré une crise du
monde rural. L’État s’est alors engagé dans une réforme foncière rurale, puis urbaine,
constituant l’un des piliers de la politique de transition du Viêt-Nam, où le foncier
est considéré comme un outil de développement économique et urbain majeur.
Cependant, les grands projets d’aménagement et d’infrastructures s’inscrivent dans un
système complexe : planification cloisonnée du foncier et des constructions ; double
système de prix ; lourdes procédures de récupération des terrains, d’indemnisation
et de relogement des populations. Dans ce contexte, comment constituer les réserves
foncières nécessaires aux grands projets ? Comment garantir les droits fonciers et une
utilisation efficace des terrains ? Comment mettre également cette dernière au service
du financement des infrastructures et de l’aménagement urbain ?

Le quartier de An Phu à
HCMV, 2012

Faire la ville | 41
Chapitre 2 : Le foncier urbain

LE FONCIER URBAIN AU VIÊT-NAM


Un outil de développement inscrit dans un système complexe
e foncier a constitué, dans les pre- cole, non-utilisé. Le droit d’usage acquis pour

L mières années du Doi Moi, un des


principaux domaines d’investisse-
ment pour de nombreux ménages et en-
un terrain résidentiel est définitif, il reste
limité à cinquante et soixante dix ans pour les
autres types de terrains (industriel et com-
mercial).
treprises. Des certificats de droit d’usage
ont été remis à partir de la loi foncière de
Le foncier est désormais considéré par l’État
1988 mais c’est celle de 1993 qui recon- et les autorités locales comme un outil de dé-
naît explicitement aux individus le droit veloppement au service de l’industrialisation
d’usage des terres et de ses dérivés, les et de l’urbanisation du pays. Depuis le Doi
droits de cession, de location, de succes- Moi, la demande croissante et l’ouverture
sion ou d’hypothèque. Cette réforme, en aux investisseurs étrangers ont contribué
sécurisant les investissements des par- à l’augmentation de la construction et des
ticuliers et des entreprises sur leurs ter- prix du foncier, notamment à Hanoi où l’offre
rains, a permis l’émergence d’un marché était plus réduite. La terre est ainsi devenue
des droits d’usage du foncier dans les l’un des investissements les plus convoités et
villes. rentables, générant de multiples stratégies
spéculatives. Si le sol demeure la propriété
Une deuxième phase de la réforme est inter- collective de l’État, les cessions des droits
venue avec la loi foncière de 2003 afin de d’usage des sols représentent une source
pallier, entre autres, le déficit de logements. substantielle de revenus pour les collectivi-
Celle-ci facilite les investissements industriels tés locales. La maîtrise du foncier, la fisca-
et commerciaux des entreprises privées ainsi lité qui y est attachée et le financement des
que le développement du marché immobilier équipements constituent dans ce domaine
et des droits d’usage fonciers. Le foncier est les grands défis à relever par les autorités
aujourd’hui classé selon de grandes catégo- publiques.
ries d’usage, notamment agricole, non-agri-

Le quartier de My Dinh
à Hanoi, vu de la tour
Keangnam, 2012

42 |
La forte pression foncière et Foncier et construction, deux Pour aller plus loin :
• PANDOLFI, L., Une
l’étalement urbain planifications différentes terre sans prix, thèse
Les villes de Hanoi et de HCMV présentent Les planifications foncière et urbaine sont de doctorat, Paris :
Université de Paris
des densités urbaines parmi les plus fortes dissociées à la fois dans l’exercice et dans 8, Institut Français
au monde, qui atteignent 840 hab./ha dans le temps. Le plan foncier élaboré par le dé- d’Urbanisme, 2001,
le vieux quartier de Hanoi et 500 hab./ha partement des Ressources Naturelles et de 567 p.
dans le quartier de Cholon à HCMV. Depuis l’Environnement (DoNRE) établit l’usage des
le milieu des années 1990, la ville de Hanoi, sols pour dix ans et doit être compatible avec
longtemps contenue dans des limites admi- le schéma directeur des constructions établi
nistratives, connaît une forte extension ur- par d’autres organismes. Il est ensuite décli-
baine. De son côté, l’agglomération de HCMV né en plans de détail par les districts. Or la
se caractérise par un important étalement mobilisation des ressources foncières par la
urbain, qui s’étend sur les provinces voisines puissance publique pour la réalisation d’équi-
du Dong Nai et de Long An, et par un déve- pements ou d’infrastructures suit des procé-
loppement sur des territoires marécageux au dures complexes qui allongent la durée des
sud. opérations et augmentent leur coût. Par ail-
leurs, les outils et le budget manquent pour
Ces densités urbaines élevées et cette crois- conduire les grands projets prévus (infras-
sance s’inscrivent dans un environnement ru- tructures, zones industrielles, etc.). Ces diffé-
ral également densément peuplé : les densités rents obstacles créent un décalage temporel
des deltas du Fleuve rouge peuvent atteindre entre les planifications foncière et urbaine,
jusqu’à 1 120 hab./km² et celles du delta du sans compter que, dans l’attente de l’aboutis-
Mékong 1 000 hab./km². Pourtant, entre 2001 sement de ce long processus de planification,
et 2010, près d’un million d’hectares de les transactions se déroulent à leur propre Carte foncière de la province
terres agricoles (4% de celles-ci en 2000) ont rythme, suivant les opportunités et les cycles de HCMV, 2005
été convertis pour un usage résidentiel ou immobiliers.
commercial. La pression sur ces terres et le
mitage urbain sont si étendus qu’en 2008 le
gouvernement a décidé de geler plus d’un
million d’hectares de rizières et de limiter
la superficie des terrains agricoles attribués
gratuitement. Si la superficie des terrains
dépasse le seuil fixé, l’acquéreur doit alors le
louer à l’Etat pour éviter la spéculation.

« Les réformes foncières


ͳ 1981 et 1986 : Libéralisation du secteur
agricole et attribution de baux limités dans le
temps.
ͳ 1988 : Loi foncière, première reconnaissance
limitée des droits d’usage des sols.
ͳ 1992 : Constitution, réaffirmation que la terre
appartient au Peuple sous gestion de l’État
mais reconnaissance des droits d’usage du sol.
ͳ 1993 : Loi foncière, libéralisation du marché
foncier et immobilier, cession onéreuse des
droits d’usage du sol pour 20 à 50 ans (trans-
formation, transfert, bail, héritage, hypo-
thèque et droit à des compensations en cas
d’expropriation).
ͳ 2003 : Loi foncière, création des centres de
développement foncier, règlementation des
indemnisations et de la procédure de reloge-
ment.
ͳ 2013 : Révision de la loi foncière.

Faire la ville | 43
Chapitre 2 : Le foncier urbain

La cohabitation d’une grille « L’expertise des consultants et des banques :


Pour aller plus loin :

officielle des prix et de ceux Les consultants spécialisés dans l’évaluation


• Banque mondiale,
Ambassades du
du marché foncière Danemark et de
Les entreprises de conseil se multiplient au Suède, 2011,
Les procédures foncières (acquisition, com- Viêt-Nam et se sont fédérées en association. « Recognizing and
Elles doivent être accréditées par le ministère reducing corruption
pensation, etc.) entre l’État et la population risks in land
du Plan et de l’Investissement.
sont fondées sur une grille officielle des prix Des branches de groupes multinationaux, tels management in Viêt-
établie dans l’objectif de les réguler. Définis DTZ Real Estate, Savills ou CB Richard Ellis Nam (Reference
par les services du ministère des Finances book) », Hanoi, 75 p.
publient des analyses sur le marché foncier et http://www.
au niveau national et par les départements immobilier, entretiennent des bases de don- worldbank.org/en/
des Finances (DoF) au niveau provincial, ils nées, conseillent les investisseurs et mettent country/vietnam
tendent pourtant à se rapprocher progressi- en vente ou en location des biens. • Consultant
vement des prix du marché. Les autres tran- immobilier DTZ,
Les banques http://www.dtz.com/
sactions foncières, entre particuliers, suivent Une base de données de la branche immobi- Vietnam
ces derniers. Les prix du marché sont déjà lière de la banque Sacom, Sacom Real, recense • Consultant
utilisés par les autorités locales pour calculer les transactions au prix du marché. L’agence immobilier Savills,
le « tiền sử dụng đất », « l’argent de l’usage du prend en compte le prix annoncé par le ven- http://www.savills.
sol», c’est-à-dire la somme - payable en une deur pour élaborer ses statistiques. com.vn/
fois - que les usagers doivent verser à l’État en • Association
contrepartie de l’attribution d’un terrain. Les des entreprises
d’évaluation des prix
filiales immobilières des banques ou encore Un marché marqué par fonciers,
des cabinets de consultants commencent à http://www.vvfc.vn/
renseigner des bases de données sur les prix des prix élevés et par la • Musil C., Labbé M.,
réellement pratiqués. La cohabitation de la spéculation 2011, « L’extension
des limites
grille officielle avec les règles du marché gé- administratives de
nère un flou qui crée des problèmes d’équité Un mètre carré de terrain vacant en péri- Hanoi : un exercice
et de la spéculation. phérie coûte environ 500 USD à Hanoi et à de recomposition
HCMV, mais, dans les centres-villes, les prix territoriale en
tension », Cybergéo,
Depuis décembre 2009, un décret permet peuvent atteindre jusqu’à 4 000 (HCMC) voire http://cybergeo.
aux autorités de HCMV de fixer les prix fon- 7 000 USD le mètre carré (Hanoi), la capitale revues.org/24179
ciers en se fondant sur ceux du marché. Elles étant plus touchée par la hausse des prix. En • AFD, MAEE, Mellac
font appel à des cabinets de consultants pour effet, les autorités y gardent une meilleure M., Fortunel F. et Tran
évaluer le montant à payer lors du change- maîtrise de l’offre foncière qu’à HCMV, ou- Dac Dan, juin 2010,
« La réforme foncière
ment de droits d’usage du sol ainsi que le verte depuis plus longtemps à d’autres types au Viêt-Nam ; Analyse
montant du prix plancher pour les terrains d’acteurs. Les centres-villes, les quartiers de des jeux d’acteurs
mis en vente par la ville par adjudication. logements précaires bien situés dont la pro- et du processus
de transformation
babilité de destruction est importante, ou des institutions aux
encore les terrains situés le long des grands échelons central et
Les prix officiels des terrains sont fixés par tronçons de rues, projets d’infrastructures souffrent de prix provincial », 195 p.
ici dans le district 2 de HCMV http://www.foncier-
developpement.fr/
travaux-recherche/
BẢNG GIÁ ĐẤT ĐÔ THỊ Ở QUẬN 2 la-reforme-fonciere-
au-viet-nam-analyse-
(Ban hành kèm Quyết định ssos 89/2008/QĐ-UBND ngày 20 tháng 2 năm 2008 des-jeux-dacteurs-
của UBND thành phố Hồ Chí Minh) et-du-processus-
de-transformation-
STT Tên đường Đoạn đường (Tronçon) Giá des-institutions-aux-
echelons-central-et-
(Rue) (Prix) provincial/
Từ Đến
1 2 3 4 5 • Foncier &
Développement,
1 An Phú, phường An Phú Xa lộ Hà Nội Cuối đường 4,600 http://www.foncier-
developpement.org
2 Bình Trưng, phường Bình Trưng Đông Lê Văn Thịnh Bến đường Trâu 1,800 • Lincoln institute of
land policy,
3 Đặng Hữu Phó, phường Thảo Điền Đường 39 Thảo Điền 3,900 http://www.
lincolninst.edu
4 Đặng Tiến Đông, phường An Phú Đoàn Hữu Trung Cuối đường 3,300

44 |
fonciers et immobiliers élevés qui entravent
l’accès au logement des classes moyennes et
populaires.

En effet, au Viêt-Nam, le foncier représente


une valeur refuge pour les investissements
car il offre des placements plus fiables que
la monnaie, par exemple, et qu’il n’est pas
soumis à une taxation des plus-values. Aussi
les terres agricoles des franges urbaines font-
elles l’objet de spéculation en attendant de
devenir urbanisables. Quant à celles qui le
sont déjà, elles sont souvent rachetées par
des individus ou des groupes bien informés
qui les revendent lorsque les projets d’amé-
nagement sont rendus publics. Les annonces
concernant la construction de nouveaux
axes, le tracé des lignes de métro ou les
élargissements de voirie entraînent une aug-
mentation progressive du prix de ces terrains Le quartier de Trung Hoa, à la périphérie Sud-Ouest de Pour aller plus loin :
à mesure de l’avancée des travaux. Enfin, la Hanoi, est appelé à devenir une polarité urbaine importante
complexité des procédures administratives • Banque mondiale,
« Land administration
foncières favorise la corruption.
tribunal. Ils n’opposent pourtant pas toujours project »,
http://www.
l’administration aux habitants. A l’inverse, les
worldbank.org/
L’amélioration de la sécurité conflits naissent parfois de la volonté de cer- projects/P096418/
tains propriétaires de spéculer, par exemple, land-administration-
foncière et du respect des sur des terrains connus pour être sur le tracé project?lang=en
plans d’une future route. Par ailleurs, les construc- • Banque mondiale,
tions d’édifices sans permis de construire, 2012, « Revising
De fait, les processus d’attribution des droits ainsi que les dérogations aux droits d’usage the land law to
d’usage du sol et des permis de construire inscrits dans les documents de planification, enable sustainable
sont complexes, ce qui entraîne une série notamment dans les zones périurbaines, sont development in
d’insécurités juridiques pour les habitants. courantes. Viêt-Nam : summary
À HCMV, on estime que la quasi totalité des of priority policy
recommendations
certificats d’usage des sols est enregistrée. L’amélioration de la sécurité foncière repose- drawn from World
Cela renforce la sécurisation des droits fon- ra donc sur une meilleure identification des Bank studies », 26p.
ciers des habitants face à l’administration usagers des parcelles, sur le renforcement de http://documents.
lorsque celle-ci veut les reprendre. Les pro- la solidité juridique des droits attachés aux worldbank.org/
cédures de récupération restent assez confi- actes de transactions et enfin sur l’existence curated/9/16890215/
dentielles et le montant des indemnisations revising-land-law-
diffère fortement selon qu’elles sont versées enable-sustainable-
development-
par le public ou le privé, bien que la loi fon-
Ce certificat (livret rose) confère des droits immobiliers et vietnam-summary-
cière de 2003 et son décret d’application de garantit, avec le livret rouge, une meilleure sécurité foncière priority-policy-
2009 en améliorent l’encadrement. Ces récu- recommendations-
pérations de terrain sont particulièrement drawn-world-bank-
problématiques lorsqu’elles touchent des studies
populations rurales qui perdent leur outil de
travail et leurs sources de revenus. De plus,
ces terres sont indemnisées en tant que
terres agricoles puis couramment revendues
plusieurs fois le montant des indemnisations,
après une viabilisation souvent sommaire et
leur qualification en terrain urbain construc-
tible. En 2009, les conflits liés au foncier ont
ainsi représenté 70% des plaintes portées au

Faire la ville | 45
Chapitre 2 : Le foncier urbain

d’un registre comprenant l’ensemble des


actes juridiques pour tous les biens et pour
tous les propriétaires.

L’émergence d’acteurs privés


aux côtés des départements
des Ressources Naturelles et
de la Construction
Les pouvoirs publics jouent un rôle central en
fixant les usages des sols. Les terrains sont attri-
bués par l’État dans le cas d’équipements pu-
blics, ou loués par le biais d’un bail de cinquante
à soixante dix ans dans le cas des entreprises
commerciales.

Le ministère des Ressources Naturelles et de


l’Environnement (MoNRE) rédige le plan fon-
Plan du droit d’usage des
cier à l’échelle nationale. Le DoNRE gère les sols du centre-ville d’HCMV, de la Ville, pour les terrains des organismes.
hypothèques et le plan cadastral. Il s’occupe mêlant usages existants et Un plan foncier est élaboré à cet échelon et
futurs, 2005 à celui du quartier mais, en pratique, c’est le
plan détaillé des constructions qui s’applique
le plus souvent.

La libéralisation des transactions foncières


a permis l’émergence de nouveaux acteurs
privés ou semi-publics : promoteurs immobi-
liers, filiales immobilières de banques, entre-
prises de consultants en évaluation foncière
et entreprises semi-publiques. La séparation
entre les sphères publique et privée demeure
pourtant floue au Viêt-Nam : les grandes
entreprises financiarisées peuvent avoir des
origines publiques. Dans le même temps,
l’intégration du Viêt-Nam dans l’économie
mondiale renforce le rôle d’acteurs interna-
Informations figurant dans tionaux telle la Banque mondiale, porteuse
des transactions officielles réalisées par les le plan foncier du district 4 de propositions sur la gestion et l’adminis-
personnes morales, de l’attribution ou de la de HCMV :
tration du foncier. L’institution a lancé en
location de terrains aux projets d’investisse- - Population actuelle et
prévue à 2015 et 2020 2008 le « Land administration project » afin
ment et de la réalisation du plan foncier. Le - Limites des quartiers d’améliorer le fonctionnement de l’adminis-
DoNRE délivre aussi le certificat qui confère les (phuong) ; tration foncière à travers, entre autres, la
droits d’usage des sols (livret rouge). - Infrastructures (routes
modernisation du système d’enregistrement
existantes, routes à
élargir ou nouvelles, des actes et de délivrance des titres d’usage.
Le département de la Construction (DoC), lui, nouveaux ponts, principaux
délivre les permis de construire des grands carrefours, transports en
commun) ;
projets. Les districts délivrent les permis de - Secteur résidentiel à - Zone industrielle ; administration ; centres
construire pour les constructions des parti- développer ou renouveler - Industrie légère et zone religieux ; armée ; espaces
culiers. (indications des hauteurs artisanale ; verts existants ou à
de bâtiments minimum et - Commerce et services ; développer (2015, 2020),
maximum, immeubles de - Équipements publics : espaces publics.
Les services techniques des districts ins- grande hauteur), liste des établissements scolaires et
truisent les procédures de récupération des projets en cours ; crèches ; centres sanitaires
- Secteur de mixité des et hôpitaux ; sport ; culture,
terrains, d’indemnisation et de relogement patrimoine, tourisme ;
fonctions ;
pour les particuliers et les services techniques services municipaux,

46 |
LE FONCIER EN FRANCE
Des dispositifs règlementaires, opérationnels et
fiscaux au service de l’action foncière publique
n France, le droit de propriété est C’est pourquoi les autorités publiques pro-

E inscrit dans la Constitution, l’intérêt


public est défini par la loi et présente
les mêmes critères sur tout le territoire.
cèdent à des acquisitions foncières. Celles-ci
se font de manière discrète, à l’amiable, sans
affichage public, ce qui donne plus de liberté
à la collectivité et évite de donner un signal
Trois types de leviers d’action sont com-
aux spéculateurs. La transparence exigerait
binés par les autorités publiques dans le
que l’affichage du projet urbain précède la
domaine du foncier : règlementaire, opé- politique foncière. Il est pourtant fréquem-
rationnel et fiscal. ment nécessaire de conduire les acquisitions
foncières stratégiques avant de dévoiler les
Les collectivités territoriales élaborent une projets urbains afin de rester maître du prix
politique d’acquisition ou de vente du foncier des terrains.
et mettent en œuvre les documents de pla-
nification.
La segmentation des marchés
Afin de disposer d’un impact significatif sur le foncier et immobilier
marché foncier, il est nécessaire pour les au-
torités publiques de posséder une part majo- A la différence de ce qui se pratique au Viêt-
ritaire de l’offre des terrains à bâtir, comme Nam, les marchés foncier et immobilier sont Les cadastres recensent
c’est le cas aux Pays-Bas. Or telle n’est pas tou- segmentés, par exemple entre les terres agri- toutes les propriétés
immobilières dans chaque
jours la situation en France. L’agglomération coles, les nouveaux terrains à bâtir ou ceux commune grâce à une carte
de Lyon, par exemple, ne maîtrise que 15% situés en milieu déjà urbanisé. et des informations sur
du foncier sur son territoire. chacune des parcelles (date
d’acquisition, propriétaire,
etc.)

Parcelle : données générales


Commune 69266 Parcelle CII90

Données générales
Adresse parcelle 24 Rue Emile Appartenance 0
Decorps à PDL
Surface parcelle 2187 m2 Préfixe de la parcelle
Préfixe de section de référence
Lettre de série rôle A Section de la parcelle
de référence
Date de l’acte 23/07/2003 Numéro de plan de
la référence
Caractère urbain Numéro de parcelle 0128
de la parcelle primitive
Indicateur A Code du CDIF 4121
d’arpentage
Parcelle non figurée 1 Code du CDIF 4121
au plan
Propriétaire principal
Nom Sa Centre Europeen Cinématographique Rhône-Alpes
Adresse 24 rue Emile Decorps
69100 Villeurbanne

Faire la ville | 47
Chapitre 2 : Le foncier urbain
Les différents marchés fonciers sont consti-
tués par :
1. l’espace naturel comme bien de production ;
2. l’espace naturel comme bien de consom-
mation (résidences secondaires, loisirs…) ;
3. l’espace naturel comme matière première ;
4. le marché des terrains neufs (à bâtir en
périphérie) ;
5. le marché des terrains d’occasion (renou-
vellement urbain) ;
6. le marché des droits à bâtir (marché urbain
classique), qui varie selon le marquage social
(50 % de l’explication du prix), l’accessibilité
en transport et les aménités urbaines.

Il n’existe pas de méthode scientifique ni de Secteur prioritaire pour le développement ur- Réseau de transports collectifs :
démarche absolue pour estimer la valeur bain et la réalisation d’équipements (polarités)
d’un bien foncier ou immobilier. Différentes Secteur prioritaire bien desservi (gares du ré- réseau express de l’aire mé-
seau express, corridors urbains ) tropolitaine
méthodes peuvent être croisées.
Secteur prioritaire pour la réalisation de réseau d’agglomération
grandes opérations d’aménagement mixte
La méthode de comparaison directe avec le (sites de projet)
gare de niveau euro-régional
marché détermine le prix de vente selon les autre gare
possibilités règlementaires de construction
et les caractéristiques physiques du sol. La La méthode par le revenu est essentiellement
valeur des biens est estimée par référence au applicable aux exploitations agricoles. Elle Les secteurs d’intervention
foncière et d’urbanisation
marché et par comparaison avec les prix pra- conduit à une évaluation en valeur « occupée » préférentielle dans
tiqués pour des biens similaires. Les termes et permet de recouper une valeur obtenue par l’agglomération de Lyon se
de comparaison sont collectés (prix global, d’autres méthodes d’estimation. Le revenu brut situent à proximité des axes
de transport en commun
surface, descriptif, règles d’urbanisme, proxi- du bien est retenu et un taux de capitalisation
mité des équipements et des infrastructures y est appliqué. La capitalisation est un calcul
de transport). Le prix obtenu par m² est appli- qui permet notamment de connaître la valeur
qué au terrain à évaluer. future d’une somme placée à un taux d’intérêt
connu dès le départ.
« Les principaux dispositifs de l’action publique
dans le domaine foncier La méthode dite du compte à rebours est
Dispositifs règlementaires : utilisée par les professionnels de l’immobi-
- Plan Local d’Urbanisme (PLU), document lier. Elle permet d’évaluer les terrains à bâtir
contraignant qui identifie les zones agricoles, en milieu urbain. Elle établit à partir du prix
naturelles, urbanisées et à urbaniser ; potentiel de commercialisation d’un bien
- Lois sur des espaces particuliers : loi Mon- immobilier neuf le bilan économique de
tagne, loi Littoral, loi sur les Installations à risque. l’opération de construction projetée. Toutes
Dispositifs opérationnels :
les dépenses relatives à cette construction
- La Déclaration d’Utilité Publique (DUP) et la doivent être prises en compte. Elle suppose
préemption facilitent les acquisitions foncières de connaître :
des collectivités ; - la constructibilité du terrain en fonction des
- Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) et Zone règlements d’urbanisme ;
d’Aménagement Différé (ZAD) constituent des - les contraintes liées à la qualité du sol et du
périmètres d’intervention ; sous-sol ;
- Établissements Publics Fonciers (Locaux) (EPF
ou EPFL) et Sociétés d’Aménagement Foncier et
- l’état de la demande (logements de luxe, ac-
d’Établissement Rural (Safer), conduisent sur cession sociale, bureaux, locaux d’activité) et de
le terrain les politiques d’acquisition foncière la solvabilité de la clientèle potentielle (réalités
pour le compte de leurs collectivités locales. économiques, possibilités de financement).

Dispositifs financiers et fiscaux : taxes fon- Les évaluations par comparaison et par le
cières, sur la plus-value, mécanismes de finan-
revenu peuvent être appliquées aux biens
cement des équipements, etc.
immobiliers.
48 |
Mener des politiques « L’acte de vente et le notariat

volontaristes : quels sont L’acte de vente est un document obligatoire pour devenir propriétaire d’un
bien foncier ou immobilier. Il peut comporter quelques dizaines de pages et
les outils opérationnels à doit être rédigé par un notaire. Quant à l’administration, elle peut, si elle le
la disposition des autorités souhaite, rédiger des actes administratifs pour acheter ou vendre ses biens.
Une collectivité vendeuse d’un terrain et désireuse que la construction res-
publiques? pecte certaines règles les inscrit dans l’acte. Des sanctions peuvent être
appliquées en cas de non-respect de ces règles.
L’achat à l’amiable est la procédure majori-
Le notariat est une profession libérale privée avec un rôle de service public.
tairement privilégiée et employée par la col- Le notaire est agrémenté par l’État, son rôle est de sécuriser la transaction,
lectivité pour acquérir des terrains. Dans le notamment en s’assurant que le vendeur est en droit de vendre. L’acte de
Grand Lyon, cette procédure représente 75% vente est rédigé par le notaire, qui engage sa responsabilité, puis signé par le
des transactions réalisées. vendeur et l’acquéreur. Chacun peut être représenté par son propre notaire.
L’acte signé est envoyé à la conservation des hypothèques pour publication,
puis au cadastre et enfin au centre des impôts fonciers de chaque partie pour
s’assurer qu’elles n’ont pas de dettes vis-à-vis de l’État en matière de fiscalité.
Le droit de préemption urbain
Le droit de préemption urbain est une procé-
dure qui permet à une organisation publique proposition du détenteur du droit ou par fixa-
d’acquérir en priorité, dans certaines zones tion judiciaire par le juge de l’expropriation.
définies par les documents d’urbanisme, des Le vendeur qui refuse la contre-proposition
biens fonciers ou immobiliers afin de réaliser peut renoncer à vendre (le bien reste soumis
une opération d’aménagement. L’autorité com- au droit de préemption en cas de nouvelle
pétente en urbanisme (commune, inter- aliénation) ou demander la fixation judiciaire
communalité, institution étatique) définit un du prix. Si le bien préempté n’est pas utilisé
périmètre, dans les zones urbanisées ou à ur- dans le cadre de l’opération ayant motivé sa
baniser, sur lequel elle est titulaire du droit de préemption, le vendeur ou l’acquéreur évincé
préemption. Ce droit peut être délégué à un peuvent user de leur droit de rétrocession.
établissement public ou à une Société d’Éco-
nomie Mixte (SEM). Toute la commune d’Évry
(Île-de-France) est couverte
Lorsqu’un propriétaire souhaite vendre un par un droit de « préemption
simple » (en vert), qui
bien immobilier situé dans un périmètre où concerne tous les types de
s’exerce un droit de préemption, il doit noti- biens (logements, terrains,
fier au titulaire de ce droit son intention de locaux professionnels…) à
l’exception des immeubles
vendre ainsi que le prix de son bien par une de moins de dix ans et
« déclaration d’intention d’aliéner ». Celle-ci des immeubles isolés
doit être rédigée par un notaire et l’acte de en copropriété. Le droit
vente ne peut être signé avant que la décla- de préemption renforcé
touche les secteurs que les
ration ne soit déposée à la mairie et que le autorités locales souhaitent
titulaire du droit de préemption ait renoncé requalifier, il concerne
à exercer ce droit. tous les types de biens
(périmètre jaune). Un droit
de préemption sur les
Le titulaire peut donc acquérir prioritaire- fonds et baux commerciaux
ment des biens immobiliers et fonciers lors (périmètre rouge) a pour
objectif de favoriser la
de leur mise en vente, à condition de faire présence et la diversité des
connaître son intention de préempter dans commerces.
un délai de deux mois. La collectivité n’a pas
l’obligation de communiquer ses intentions
lors de transactions amiables, mais les projets
Le droit de préemption en
d’opérations ou de réserves foncières doivent Zone d’Aménagement Différé
répondre aux critères d’intérêt général. Le
titulaire du droit motive formellement sa dé- Dans les Zones d’Aménagement Différé, l’au-
cision de préemption sous peine de recours torité publique dispose d’un droit de pré-
en justice. L’achat peut être règlé au prix emption sur toutes les ventes et cessions à
déclaré par le vendeur, au prix de la contre- titre onéreux de biens immobiliers ou fon-
ciers. Celui-ci s’exerce durant quatorze ans.
Faire la ville | 49
Chapitre 2 : Le foncier urbain
Sa création relève de la compétence de l’État marché, parce qu’inconstructible, ne peut Pour aller plus loin :
et nécessite l’accord de la commune ou de être revendu très cher et devenir construc- • ADEF, Association
l’intercommunalité. tible sans qu’au préalable les travaux de via- Des Études Foncières,
bilisation nécessaires n’aient été réalisés. Les http://www.adef.org/
expropriés peuvent attaquer la décision en site/
L’expropriation demandant un recours auprès de l’organisme • CERTU, Actions
décideur. foncières et projets
Cette procédure est rare (moins de 5% des d’aménagement,
http://www.certu.
transactions réalisées par le Grand Lyon), fr/fr/Urbanisme_et_
relativement violente, mais se révèle parfois Des leviers fiscaux qui freinent habitat-n24/Action_
utile. Elle nécessite beaucoup de rigueur et fonci%C3%A8re_et_
de volonté politique. Si le droit de propriété
la spéculation amenagement-n36-s_
thematique.html
est considéré comme sacré en France, la pro- Les taxes foncières sur la propriété bâtie et
cédure d’expropriation indique que l’on peut • CERF, Centre
sur la propriété non bâtie sont prélevées une d’Échanges et de
être contraint de céder son bien « pour cause fois par an sur les propriétaires. La somme Ressources Foncières
d’utilité publique, et moyennant une juste et récoltée est partagée entre les communes, Rhône-Alpes,
préalable indemnité ». Les projets d’infras- Fiches techniques sur
les intercommunalités, les départements et les Établissements
tructures, d’espaces publics ou encore de les régions. La fiscalité des mutations com- Publics Fonciers,
Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) sont en porte les droits d’enregistrement, les frais de la méthode du
général considérés comme d’utilité publique. notaire et la taxation de la plus-value. Celle-
compte à rebours de
l’aménagement et
ci concerne les résidences secondaires et les de l’immobilier, et
Les organismes habilités à exproprier sont investissements locatifs et non les résidences sur le levier foncier
l’État, les collectivités, les établissements principales. En 2012, son montant était de dans les Plans Locaux
de coopération intercommunale tels que le d’Urbanisme,
32,5% de la plus-value pour une période de http://www.cerfra.
Grand Lyon, les concessionnaires de ZAC et détention du bien de moins de six ans. Une org/
les concessionnaires d’opération d’aména- décote de 2% est appliquée à partir de la http://www.paddi.vn/
gement. Tous les actes sont pris au nom de sixième jusqu’à la dix-septième année, puis
(en vietnamien)
l’État, seule autorité habilitée à déclarer un de 6%, pour atteindre 8% entre la vingt-
projet d’utilité publique. cinquième et la trentième année. Ce n’est
qu’après trente ans de détention du bien que
La phase administrative comprend deux en- les propriétaires sont finalement exonérés de Sur le périmètre déclaré
quêtes. Dans un premier temps, l’enquête l’acquittement de cette taxe. Certaines taxes d’utilité publique (DUP)
publique s’appuie sur une étude d’impact permettent de financer la construction et
pour ce projet urbain à
et recueille l’avis de toutes les personnes Annemasse (Rhône-Alpes),
l’entretien d’équipements publics lors d’opé- il reste encore des parcelles
concernées par le projet. Un commissaire rations d’aménagement. à acquérir par les autorités
enquêteur examine les avis et formule des locales
conclusions favorables ou non au projet.
Lorsque l’avis est favorable, les autorités
prononcent par décret ou arrêté ministériel
(ou préfectoral si le projet est moins impor-
tant), la Déclaration d’Utilité Publique (DUP)
qui permet de procéder aux expropriations.
Par la suite, l’enquête parcellaire permet
d’identifier les biens et les propriétaires à
exproprier. Elle débouche, après avis du com-
missaire enquêteur, sur l’arrêté de cessibilité
pris par le préfet.

Lors de la phase judiciaire, le juge, saisi par le


préfet, prononce l’ordonnance d’expropria-
tion. Il constate alors les accords amiables
intervenus durant la procédure ou fixe les
indemnités, suivant le prix du marché et en
fonction de la nature du bien, de sa qua-
lité et de ce qu’autorise ou non le Plan Local
d’Urbanisme (PLU). Un terrain acheté bon

50 |
Les outils fonciers vietnamien et français à disposition des collectivités
locales (HCMV et Grand Lyon)
Grand Lyon HCMV
Statut de propriété Droit de propriété du foncier et de l’immobilier, Propriété du sol au peuple, ges on par l’État. Droit d’usage du terrain cessible
défini f et transmissible. à tre onéreux, gratuit ou sous forme d’hypothèque.
Cession défini ve pour le terrain résiden el ou avec délai (maximum 50 ans)
pour le terrain d’ac vités.

Ac on foncière Favoriser le développement de l’aggloméra on Générer des rece„es pour le budget public.
objec f principal (économie, habitat) dans le respect du droit et des règles Ges on des terrains conformément à la planifica on.
d’urbanisme.

Élabora on du Programma on budgétaire présentée aux élus qui Par le Centre de Développement Foncier, pour des terrains qui ne sont pas encore
programme l’approuvent ou demandent des ajustements, votent a„ribués aux projets d’inves ssement. Le Comité populaire de la ville prend les
d'acquisi ons le budget nécessaire pour la réalisa on du programme décisions de récupéra on de terrains, en fonc on de ses capacités financières.
foncières d'inves ssement dans le cadre du budget du Grand
Lyon.
Phasage Les sites stratégiques sont acquis en priorité. Les acquisi ons et les ventes se font par phasage. Les sites à récupérer sont
iden fiés par le Comité populaire de la ville.

Mise à disposi on Terrains des nés aux projets d’intérêt général. La Terrains mis en vente aux enchères conformément au plan d’urbanisme ou des nés
des terrains acquis collec vité peut me„re en vente ces terrains pour des aux projets d’u lité publique.
projets non-conformes à l’intérêt général à l’issue
d'un délai de cinq ans. Si la vente intervient pendant
ce délai, les anciens propriétaires peuvent demander
la rétrocession.
Modes d'acquisi on Acquisi ons amiables pour tous les projets. Acquisi ons amiables pour les projets purement économiques.
du foncier par la
puissance publique
Droit de préemp on Dans les zones urbanisées et à urbaniser pour les projets Pas de droit de préemp on.
d’intérêt général.
Expropria on / Pour les projets d’intérêt général déclarés d’u lité Récupéra on du terrain avec indemnité pour les projets d’intérêt général.
Récupéra on publique.
Indemnités Fixées par le juge au prix du marché au moment de Fixées soit par le district, soit par le Comité populaire de la ville sur la base des
l’acquisi on évalua ons des valeurs immobilières effectuées par des consultants avec examen
des services techniques (dont le montant est souvent inférieur aux prix du marché).
Modes de De gré à gré : priorité aux occupants puis aux À l’acquéreur désigné au cas où il n’y ait pas de candidat à l’adjudica on, dans le
cession des propriétaires voisins. cadre d’un échange contre des équipements, ou dans celui du programme de
terrains publics déplacement des usines polluantes.
Concurrence Par mise en concurrence. La concurrence s’exerce sur le prix des droits d’usage mais pas encore sur le
programme.

Bail / Adjudicaon Par bail à construcon. Par bail sur le long terme.

Ges on PLU révisé tous les 6 ans (mandat d’un maire) ou modifié Modificaon tous les 5 ans, élaboraon de nouveaux plans tous les 10 ans.
fréquence des pour apporter des retouches ne portant pas a€einte à
révisions l’esprit du document.
Informaons Fichier des hypothèques mis à jour dès qu’il y a un Le cadastre et les informaons cadastrales ne sont pas à jour de manière complète.
cadastrales et transfert de propriété. Les documents graphiques du
conservaon cadastre peuvent être consultés sur internet.
des hypothèques
Enregistrement Par le service fiscal de l’État. Par le bureau d’enregistrement du droit d’usage du terrain du DoNRE des provinces
des actes de (grands projets) ou par le bureau des Ressources Naturelles et de l’Environnement
vente et mise des districts (parculiers).
à jour des fiches
hypothèques
Instuon La direcon Foncier et Immobilier assure les acquisions Le DoNRE assure la geson administrave : formalités administraves pour les
responsable de du foncier par négociaon amiable, expropriaon ou opéraons d’a€ribuon, récupéraon, mise en locaon, changement d’affectaon
la geson du préempon. Le foncier acquis constue le patrimoine du terrain et délivrance des cerficats d’usage pour les professionnels. Les districts
foncier privé du Grand Lyon en a€ente de l’affectaon à un réalisent ces tâches pour les parculiers.
projet d’intérêt général. Les opéraons se clôturent avec
l’acte de vente chez le notaire.
Observatoires Missions : veille et étude des prix du marché (foncier et Pas d’observatoire des transacons foncières et immobilières.
immobiliers immobilier) mais aussi connaissance des volumes de
transacons par catégorie de biens.
Bases de données Les citoyens peuvent s’adresser aux notaires ou à des Pas de bases de données fiables, d’où l’émergence de spécialistes de l'immobilier.
experts immobiliers pour connaître la valeur de leur
patrimoine.

Avantages du Ouls mis en œuvre bien définis, clairs et stables. L’État est le propriétaire du terrain, ce principe facilite sa récupéraon. Le calcul des
système Transparence. Plusieurs modes d’acquision, les indemnités ne ent pas compte de la planificaon dans le futur.
propriétaires sont peu nombreux à se plaindre en jusce.
Réserves foncières prêtes à être mises à disposion pour
les projets d’intérêt général.
Inconvénients La propriété privée du terrain peut rendre les Les ouls efficaces et les plannings à long terme font défaut. Les formalités ne sont
du système négociaons plus longues. Le prix d’achat dépend des pas encore transparentes. Les indemnités sont plus basses que le prix du marché, les
règles d’urbanisme et du marché. détenteurs de droits sont nombreux à se plaindre en jusce. Il n’y a pas suffisam-
ment de réserve foncière pour des projets d’ulité publique.

Faire la ville | 51
Chapitre 2 : Le foncier urbain

LES RÉFLEXIONS ET PROJETS DE LA


COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE
La création de référentiels et d’observatoires fonciers1

Les bases de données, qu’elles se présen- Les observatoires fonciers et


tent sous la forme d’un cadastre mis à jour,
d’un référentiel foncier ou d’un observatoire immobiliers
immobilier, permettent de faciliter l’élabo-
Un observatoire est un outil d’aide à la
ration des politiques foncières et des plans
décision permettant de suivre l’évolution
d’usage des sols. Les observatoires des prix
du foncier, notamment les prix pratiqués,
fonciers et immobiliers et les référentiels
les volumes des transactions et la typolo-
fonciers offrent aux autorités locales une
gie des biens échangés. Les observatoires
connaissance fine de leur territoire. Ces ou-
contribuent à la réalisation de diagnostics
tils techniques de compréhension et d’aide
et émettent des hypothèses sur l’évolution
à la décision peuvent aussi jouer le rôle de
du marché, en vue de la réalisation et de la
plans d’action foncière admis et partagés.
gestion d’aménagements publics. Le Grand
Lyon dispose d’un Observatoire de l’Immo-
bilier d’Entreprise (OIE), d’un Observatoire
des Transactions Immobilières et Foncières
(OTIF) et d’un inventaire historique urbain.
« La cartographie des transactions et des prix

L’Observatoire de l’Immobilier
d’Entreprise
Le Grand Lyon travaille en partenariat avec
le Cecim, une association créée à l’initiative
de professionnels de l’immobilier désireux de
connaître de manière fiable le marché et ses
acteurs.

Le Cecim gère l’OIE, un observatoire chargé


du suivi du stock existant et de la commer-
cialisation des bureaux, des locaux d’activité,
L’Observatoire des Transactions Immobilières de la logistique et du foncier en zone d’acti-
et Foncières est couplé à un Système d’Infor- vité. Les objectifs de l’observatoire sont de
mation Géographique (SIG) permettant de permettre la localisation à la parcelle et la
localiser les transactions sur le plan cadastral description du foncier (échéance de disponi-
(base Access des professionnels de l’immo- bilité, constructibilité). Il permet d’anticiper
bilier) et de les croiser avec d’autres couches les tendances du marché notamment en as-
d’information telles que celles du PLU.
surant une surveillance de la consommation
La carte ci-dessus indique la répartition des foncière annuelle et du montant des transac-
prix des maisons dans le Grand Lyon en 2003. tions lors des ventes ou des mises en loca-
Les quartiers situés à l’ouest sont plus chers tion. Cet observatoire a par exemple permis 1
Atelier du PADDI, sur les
(bleu foncé) que les quartiers à l’est (bleu de dresser une cartographie de tous les ter- « Observatoires fonciers
clair). Ces informations peuvent également rains situés en zone d’activité et non utilisés. et immobiliers », animé
être cartographiées à l’échelle de la parcelle par Robert Wacheux,
cadastrale. mai 2010
Les sources sont fournies par les profes-
sionnels de l’immobilier, dans le cadre d’un
partenariat fondé sur la confiance. La base
de données prend en compte la valeur des
52 |
loyers, des prix de vente et la grandeur des des sols selon l’usage futur. En effet, selon
volumes. Cette dernière valeur est la plus le Code de l’Environnement, le vendeur doit
importante car le volume de biens achetés effectuer une déclaration des activités pol-
(quantité des ventes en nombre et en m²) luantes qui ont eu lieu sur le terrain qu’il vend.
permet de mesurer l’activité et d’estimer les Une négociation a lieu afin de déterminer qui
besoins dans toutes les zones urbaines réser- prendra en charge le coût de la dépollution.
vées aux activités économiques ou dans les Les activités et les produits utilisés sur ces
zones à urbaniser du PLU. terrains sont recensés à partir des archives
départementales ; ces données sont ensuite
enregistrées dans un SIG et cartographiées.
L’Observatoire des
Transactions Immobilières et
Quelques pistes d’action pour
Foncières
la création d’un observatoire
Suite à une crise immobilière, la collectivité
lyonnaise a créé en 1989 l’OTIF afin de dis- Pour créer un observatoire durable, il est
poser d’outils de suivi des flux immobiliers déterminant d’agir sur le long terme et à
et fonciers, voire d’anticipation des grandes l’échelle de l’agglomération plutôt qu’à celle
tendances. Les objectifs de l’observatoire de l’îlot ou du quartier. Il est préférable que
sont de présenter des informations précises les collectivités entretiennent de bonnes
et aussi exhaustives que possible, quel que relations avec les différents professionnels
soit le type de bien et d’acteur en présence ; du foncier et de l’immobilier, notamment,
de disposer rapidement de prix de référence ; au Viêt-Nam, avec des structures comme les
enfin, de mettre ces informations à la dispo- Établissements Publics Fonciers locaux ou les
sition des opérateurs fonciers du Grand Lyon Centres de Développement Foncier. Ces pro-
et des services œuvrant dans le domaine du fessionnels peuvent également se regrouper
développement urbain. Cet observatoire est au sein d’une association. Le DoNRE pourrait,
couplé à un Système d’Information Géo- par exemple, rassembler les données sur les
graphique (SIG) permettant de localiser les transactions, en se fondant à la fois sur la
transactions sur le plan cadastral et de les grille officielle et sur les prix du marché. Des
croiser avec d’autres couches d’informations partenariats pourraient être engagés à cette
comme le PLU par exemple. fin avec les agences privées de conseil et
d’immobilier (Sacom Bank, DTZ, CB Richard
L’observatoire permet un travail en parte- Ellis) et avec les consultants d’évaluation des
nariat avec les professionnels de l’immobi- prix agréés par le ministère des Finances.
lier (les notaires, les associations : la Cecim
locale et la FNAIM nationale, qui rassemblent
tous les professionnels de l’immobilier), Les référentiels fonciers
les observatoires d’autres agglomérations, Dans le cadre d’un projet d’urbanisme dont
l’Association Des Études Foncières et les uni- les autorités publiques veulent garder la maî-
versitaires. Les données sont achetées à la trise, ils permettent d’identifier les parcelles
Chambre des notaires dans le cadre d’une jugées stratégiques. Leur cadre est élaboré de
relation partenariale ou à des professionnels manière transversale par les services concer-
de l’immobilier. nés (urbanisme, économie), ce qui requiert
une validation politique et la mise en place
de moyens financiers spécifiques. Le réfé-
L’inventaire historique urbain rentiel est valable dans les zones urbanisées,
L’inventaire historique urbain est un outil de les zones d’urbanisation future ou les zones
connaissance des utilisations industrielles ou rurales en frange des agglomérations ; étant
artisanales des sols de 1850 à aujourd’hui. Le un outil de travail, il n’est pas consultable par
recensement des activités potentiellement le public. Le référentiel foncier de Lyon com-
polluantes est une préoccupation récente, prend ainsi le constat de l’existant, des pro-
liée aux impératifs sanitaires et à la législation positions d’action et de gestion et un contrat
qui impose différents niveaux de dépollution (accord, convention) entre les acteurs.

Faire la ville | 53
Chapitre 2 : Le foncier urbain

Le constat de l’existant comporte : d’uniformisation. Cependant, aucune pro-


ͳ la position du site dans l’agglomération, vince ne dispose encore d’une base complète
dans la commune ; et les autorités manquent toujours d’infor-
ͳ la maîtrise foncière privée et publique, mations sur les transactions foncières. Les référentiels fonciers
permettent d’identifier les
l’identité des propriétaires ; potentiels de mutation des
ͳ l’occupation du site, l’identité des occupants À HCMV, entre 50 et 70% des districts ont terrains pour des projets
et le type d’occupation (logement, activité) ; une base de données papier et numérique à urbains ou d’implantation
d’activités économiques,
ͳ la nature et la qualité du bâti, sa valeur ar- jour. Grand Lyon
chitecturale ;
ͳ les règles d’urbanisme applicables, les ser-
vitudes d’utilité publique et les servitudes
privées ;
ͳ la présence d’installations classées, de pa-
trimoine historique ou de mesures pour la
protection de l’environnement ;
ͳ l’historique des mutations foncières surve-
nues depuis cinq à dix ans ;
ͳ la mutabilité potentielle des biens.

Les référentiels fonciers comportent des


propositions d’action et de gestion foncière
conformes au PLU. Certaines zones peuvent
être gelées le temps de réaliser la maîtrise
foncière afin d’éviter toute spéculation qui
rendrait le projet irréalisable financièrement.
Les propositions d’achats volontaires, à court,
moyen ou long terme, réalisés à l’amiable
ou par préemption, sont également inscrites
dans le document et un plan financier est éta-
bli. Le référentiel prévoit aussi éventuellement
la surveillance des déclarations d’intention
d’aliéner et de leur opportunité. La gestion
d’un projet en cours peut être renseignée par
des informations concernant : la démolition
ou la conservation des bâtiments, la dépollu-
tion des sols, le pré-verdissement ou la prépa-
ration environnementale du site, ou encore la
mise à disposition temporaire du terrain.

Unifier et actualiser les bases


de données à HCMV et à
Hanoi Légende

Pour Hanoi et HCMV, les bénéfices d’un tel Parcelle


outil seraient d’établir clairement la légalité Bâment cadastral
des parcelles et des propriétaires, de simpli-
Secon cadastrale
fier le traitement des dossiers fonciers et leur
intégration aux SIG. Propriété Grand Lyon
Potenel de mutaon élevé pour acvité économique
En 2004, un plan national de numérisation Potenel de mutaon élevé pour projet urbain
des bases de données a été lancé au Viêt- E Cible stratégique pour acvité économique (évaluée)
Nam. L’utilisation des SIG s’est rapidement P Cible stratégique pour projet urbain
répandue et elle est aujourd’hui en cours

54 |
La ville de HCMV met actuellement en place Pour aller plus loin :
une base de données foncière numérique « Exemple des champs à renseigner pour un
référentiel foncier en France • PADDI, 2010, Livret
dont les objectifs principaux sont d’établir la « Observatoires
légalité de chaque parcelle et du titulaire du Date : année, mois ; fonciers et
Vendeur et acquéreur : typologie – non nomi- immobiliers »,
droit d’usage, ainsi que d’unifier les données natif (promoteur, particulier, investisseur, mar-
cadastrales à l’échelle de la ville, en adéqua- http://www.paddi.
chand de biens, collectivité territoriale, État), vn/fr/centre-de-
tion avec le système national. Celle-ci devrait origine (lieu de résidence, nationalité), année de ressources/livrets-
devenir la référence en matière de gestion et naissance ou date de la création de la société ; des-ateliers-de-
de politique foncières. Depuis 1975 en effet, Commune et cadastre : code de la commune formation
plusieurs fonds cadastraux différents ont (code postal), section du cadastre, numéro de
la parcelle ; • Fnaim,
servi de base à la délivrance des certificats à http://www.fnaim.fr/
Caractéristiques du bien vendu :
HCMV (cartes de titres de propriété, cartes - nature : terrain nu ou encombré ; • Cecim,
de bandes et parcelles 299/ TTg, cartes ca- - usage : terrain à bâtir, terrain urbain remis à http://www.cecimobs.
dastrales 02/CT-UB, plans de fonds, etc.). neuf, etc. ; net/
- surface en m² ;
• ORF, Observatoire
De cette cohabitation résulte aujourd’hui - destination (prévue par l’acquéreur) : à bâtir,
à urbaniser ; régional du foncier en
une certaine confusion : ainsi, les adresses Île-de-France,
inscrites sur les certificats délivrés ne corres- - projet : logement, industrie, commerce ;
- capacité Surface hors-œuvre nette (SHON) en m² http://www.orf.asso.
pondent plus toujours aux cartes cadastrales (surface sans les murs, les combles, etc.) ; fr/
officielles numérisées, qui ont été récem- - code du zonage d’urbanisme du PLU ;
ment dressées et mises à la disposition des - occupation du terrain : libre, occupé avec titre,
services fonciers. Ces dernières ne sont pas occupé sans titre ;
encore systématiquement utilisées : certains Logement : nombre d’étages, de logements,
districts ont encore recours à des bases de confort, capacité de m² SDPHO (Surface
Développée Pondérée Hors Œuvre, indice où
données papier et les données cadastrales
les surfaces des différentes pièces sont pondé-
qui y sont attachées sont très dispersées. rées selon leur usage, par exemple le salon et
une terrasse n’auront pas le même coefficient),
De la même manière, les logiciels de traite- surface plancher.
ment des données ne sont pas encore unifor- Montant de la vente : fiscalité (TVA, droits de
misés. Le délai de délivrance des certificats mutation), prix toutes taxes comprises, prix
étant long, les changements de droit d’usage, hors taxe, prix du m² de terrain (toutes taxes
comprises), prix/m² SHON (toutes taxes com-
de propriétaire ou de division des parcelles
prises), prix/m² SDPHO s’il s’agit d’un logement.
ne sont pas intégrés en temps réel dans la
base. Les cartes cadastrales sont rapidement
obsolètes, particulièrement dans les districts
périurbains, et ne permettent pas de repré- Les structures spécifiques
senter les nouvelles zones résidentielles pla- de gestion : les Centres de
nifiées.
développement foncier (CDF)
Une base de données pilote a été réalisée et les Établissements Publics
dans le district 6 de HCMV en 2009 : fonds Fonciers Locaux (EPFL)
et dossiers cartographiques ont été fusion-
nés et 256 champs sont à renseigner. Dans ce
français 2 2
Atelier du PADDI sur
les « Outils et dispositifs
cadre, le logiciel Vilis est utilisé pour vérifier fonciers et immobi-
La volonté politique doit être extrêmement liers », animé par Robert
les relevés de terrain, actualiser les chan-
forte pour mener une action foncière ayant Wacheux, mars 2009
gements fonciers et obtenir des références
un impact sur le développement urbain. En
directes aux textes légaux.
France, les collectivités peuvent acquérir
directement des terrains en se finançant par
l’impôt ou par des emprunts. Cette solution
est efficace, bien qu’elle soit coûteuse pour la
collectivité et que la gestion foncière repré-
sente un risque financier. Les services fonciers
et immobiliers des collectivités territoriales
peuvent alors s’appuyer sur de puissants

Faire la ville | 55
Chapitre 2 : Le foncier urbain
organismes opérationnels : les Établissements des terrains et de constituer des réserves fon-
Publics Fonciers Locaux (EPFL). cières pour le compte des autorités publiques
ou d’investisseurs privés. L’objectif de ces
Un outil semblable, le Centre de Développe- centres est d’offrir un « guichet unique » pour
ment Foncier, émerge actuellement au Viêt- les démarches d’obtention de terrain et d’au-
Nam. Si les deux institutions sont chargées torisation d’investissement, qui concernaient
d’acquérir des terrains, la finalité peut diffé- auparavant les départements des Ressources
rer. En France, les terrains acquis ne peuvent Naturelles et de l’Environnement (DoNRE), de
être utilisés que dans le cadre de projets la Construction (DoC) et du Plan et de l’Inves-
d’« intérêt général ». Au Viêt-Nam, ils sont tissement (DPI). Ils ont été créés par la loi fon-
destinés aussi bien à la réalisation d’infras- cière de 2003 et assurent un service d’intérêt
tructures et d’équipements publics qu’à la public. Le statut d’établissement public facilite
revente à des investisseurs privés après leur les relations avec les différents organismes pu-
viabilisation. blics, tandis que le statut d’entreprise publique
offre d’avantage d’autonomie de financement
Les EPFL français sont des établissements et de fonctionnement. Les CDF sont placés
publics à caractère industriel et commer- sous la tutelle des DoNRE et peuvent être ad-
cial créés par des collectivités territoriales ministrés à l’échelle des districts ou de la ville.
(régions, départements, intercommunalités).
Leurs salariés sont des experts en finance, Des plans annuels et quinquennaux sont éta-
prospective, acquisition et gestion foncière. blis par les CDF, à la fois pour les terrains à
Ils sont financés par diverses taxes sur les acquérir et pour les terrains à revendre par
constructions et les équipements, par des adjudication. Au CDF de HCMC, qui dépend du
contributions émanant de l’État et des col- DoNRE, ces derniers sont choisis de deux ma-
lectivités membres, par des emprunts et par nières différentes. Dans le premier cas, l’initia- Des terres agricoles ou
les produits de leur activité. Une structure tive revient au Centre qui définit un périmètre des terrains de quartiers
étatique avec des missions similaires, l’Éta- de récupération en fonction du plan d’usage d’habitat insalubre sont
récupérés pour accueillir le
blissement Public Foncier, peut être créée des sols et le soumet pour approbation au développement de quartiers
pour travailler en contractualisation avec DoNRE puis au Comité populaire. Le budget de résidentiels modernes ou
les collectivités locales (au nombre de treize l’achat provient du fond général de HCMV et de grandes infrastructures,
HCMV
en 2010). Les EPLF - 15 en 2010 - se substi- les transactions dépassant un certain montant
tuent aux collectivités en se voyant déléguer nécessitent la validation du ministère du Plan
la négociation ou les droits de préemption. et de l’Investissement. Afin de fixer le
Ce ne sont ni des aménageurs ni des promo- montant de la mise en vente d’un
teurs : leur rôle est de développer la maîtrise terrain par adjudication,
foncière en fonction des objectifs prédéfinis des consultants im-
par les collectivités, en matière d’habitat, de mobiliers privés
transport et d’environnement. Les EPFL ac- évaluent sa
quièrent des terrains ou des immeubles pour valeur au prix du Les aires violettes signalent
les terrains industriels
constituer des réserves foncières et des opé- marché, en-
vacants qui présentent un
rations d’aménagement. Ils gèrent ensuite les suite le service potentiel de mutation sur
biens acquis sur une durée prédéterminée des finances donne son le boulevard Vo Van Kiet,
avant de les rétrocéder aux collectivités. Les accord, puis la ville valide cette HCMV
différents membres de l’EPFL doivent donc valeur plancher. Le Centre de
réussir à ordonner leurs projets urbains selon Développement Foncier élabore les proposi-
leur degré de priorité et à les coordonner. tions d’indemnisation des habitants et assure
la maîtrise d’ouvrage des projets de reloge-
ment. Ces indemnisations suivent en théorie
Les Centres de les prix du marché mais la lourdeur des pro-
Développement Foncier (CDF) cédures administratives les rendent souvent
caduques au moment du règlement.
vietnamiens
Les CDF sont des établissements publics à ca- Dans le second cas, la récupération d’un ter-
ractère industriel et commercial ou des entre- rain peut faire suite à la proposition d’un
prises publiques. Leur mission est de récupérer investisseur privé, vietnamien ou étranger.
Cette seconde situation est la plus courante
56 |
en raison du faible budget des collectivités tion de la situation sociale et de l’état du bâti. Pour aller plus loin :
pour l’achat, comme c’est le cas à HCMV. Le Comité populaire récupére sur proposition • PADDI, 2006, Livret
du DoNRE, des terrains attribués à des inves- « Planification et
tisseurs si les travaux n’ont pas commencé ou gestion des ressources
Un cadre d’intervention limité sont suspendus. foncières »,
http://www.paddi.
La lourdeur des procédures administratives vn/fr/centre-de-
ressources/livrets-
et son budget limité entravent la réactivité du
CDF de HCMV pour mener les acquisitions et Diversifier les outils des-ateliers-de-
formation
les reventes de terrain, alors que celui-ci évo- opérationnels et encadrer les
lue dans un contexte d’économie de marché. • PADDI, 2009,
projets d’aménagement Livret « Outils et
Les délais entre l’achat du terrain, sa viabilisa- dispositifs d’une
tion et sa commercialisation sont longs et les La faible maîtrise publique du foncier fragilise politique foncière et
retours sur investissement sont donc tardifs. la mise en œuvre des orientations urbaines immobilière »
définies dans les schémas directeurs. La récu- • EPF Île-de-France
La dispersion des compétences de planifica- pération de terrains apparaît comme le seul http://www.epfif.fr/
tion et la superposition des plans émanant levier des collectivités locales pour mener • Agence d’urbanisme
du DoC, du DoNRE et du DUPA rendent éga- des actions foncières, et celles-ci semblent y de la région
lement difficile la gestion foncière de la ville. voir davantage une source de recettes qu’un grenobloise,
Ainsi, le CDF peine à rassembler des informa- outil au service du développement urbain de exemple de statut
tions concernant la planification urbaine, gé- l’agglomération. C’est pourquoi le DoNRE de d’un EPLF,
rée par le DUPA. L’ensemble du territoire n’est HCMV conduit actuellement une réflexion http://www.aurg.org/
pas couvert par un plan d’aménagement, et ressource/activites/
sur l’opportunité de mettre en œuvre des
une même zone peut l’être en revanche par foncanex.pdf
outils semblables au droit de préemption
des plans fonciers et des constructions dont français, en les adaptant au contexte règle-
les orientations ne sont pas similaires. Le CDF mentaire vietnamien.
doit alors éclaircir quels sont les droits qui
s’appliquent sur cette zone avec les différents
services et le Comité populaire afin de pou- Le « circuit court » des
voir réaliser le projet.
opérations d’aménagement
Une fois les projets arrêtés, les procédures Si l’État vietnamien a conservé depuis le Doi
manquent de souplesse pour faire face à Moi ses prérogatives en matière de fixation
d’éventuels imprévus. Dans le cas où les des droits d’usage du sol, il ne parvient plus
investisseurs se retirent de la procédure de aujourd’hui à financer les différents projets
récupération de terrains, la ville refuse de re- d’infrastructures et d’aménagement. Ainsi,
découper le parcellaire en de plus petits lots ce sont des emprunts souscrits auprès des
qui pourraient trouver des acheteurs plus bailleurs de fonds internationaux qui per-
facilement. Les terrains sont alors gelés dans mettent notamment de financer la construc-
l’attente d’autres investisseurs. Un règlement tion de routes et des réseaux de métro de
récent permet aux habitants des périmètres Hanoi et de HCMV.
bloqués de continuer à construire ou amélio-
rer leur logement, évitant ainsi une dégrada- Par ailleurs, l’aménagement de nouvelles aires
urbaines se fait en général selon un « circuit
court », par désignation des investisseurs. La
collectivité cède par grands lots des terrains
urbanisables aux investisseurs (entreprises
publiques, investisseurs privés et étrangers)
qui vont ensuite diviser les lots et les aména-
ger ou céder certains lots viabilisés à d’autres
promoteurs immobiliers.

Les réserves foncières du De nouvelles formes de partenariat public-


district 8 de HCMV : en
vert les terrains agricoles privé ont ainsi vu le jour pour assurer la
et naturels, en marron les construction des nouveaux quartiers urbains :
terrains viabilisés non bâtis

Faire la ville | 57
Chapitre 2 : Le foncier urbain
dans le système dit « terre contre infrastruc-
ture », les droits d’usage du sol sont cédés
à des investisseurs privés en échange de la
construction d’équipements et d’infrastruc-
tures publiques, qui sont rétrocédés aux col-
lectivités. Ce système permet aux autorités
publiques d’aménager et de développer leur
territoire en n’apportant que très peu de ca-
pital. Les négociations se font au cas par cas
entre les investisseurs et les autorités dans
un cadre légal qui reste encore flou, malgré
la promulgation en 2010 de la décision du
Premier ministre 71/2010/QD-TTG relative à
la clarification de l’organisation des partena-
riats public-privé au Viêt-Nam.

L’opération intégrée de Phu


Des projets au coup par
coup et une réalisation des
« Les freins à l’investissement dans le foncier
et l’immobilier
My Hung (HCMV) a été
financée par un consortium
d’investisseurs privés
équipements problématique D’après le consultant immobilier Savills, les étrangers et vietnamiens
freins particuliers dans les domaines foncier
Ce système favorise une diffusion de l’urba- et immobilier sont :
nisation et une réalisation des projets d’amé- ͳ Les difficultés pour accéder au foncier ;
ͳ Le temps nécessaire pour s’acquitter de la
nagement au coup par coup, en dehors d’une 1
récupération, des indemnisations et du relo-
vision cohérente véhiculée par un schéma gement qui est trop long et ne permet pas
directeur. La qualité des infrastructures réali- d’anticiper les mouvements du marché ;
sées est variable. Par exemple, certaines des ͳ Le décret 69/2009/ND-CP qui indexe les
infrastructures confiées à l’investisseur ne montants d’indemnisation et d’achat des
se situent pas dans le même périmètre que droits du sol sur les prix du marché et qui crée
l’opération immobilière, et celui-ci n’a alors une incertitude, le niveau du montant étant
connu tard dans le processus d’acquisition ;
plus d’intérêt direct à livrer une construction
ͳ L’environnement institutionnel et légal qui
de qualité. est instable et confus ;
ͳ Les disparités entre les prix du foncier et les
2
Plus généralement, les terrains revendus par attentes de retour sur investissement ;
les collectivités aux investisseurs ne sont pas ͳ La faible attractivité des baux de cinquante
soumis à un cahier des charges précis défini ans en comparaison avec d’autres pays ;
par celles-ci. En théorie, pour que le permis ͳ Le manque d’un statut de copropriété.
de construire soit délivré, l’investisseur doit
accepter de construire certains équipements
publics et les transférer aux autorités locales. bution les investisseurs. En effet, leur parti-
cipation aux équipements est calculée selon 3
En pratique, l’investisseur se contente sou-
vent de vendre les logements et ne réalise la superficie du terrain et non les m² de plan-
pas les équipements prévus dans les délais. cher, ce qui entraîne un manque de recettes.
Ces nouveaux quartiers souffrent alors d’un
déficit d’équipements publics, tels des parcs, En France, en revanche, les communes do-
ou sont desservis par une voirie en mauvais tées d’un PLU, les intercommunalités ou les
état. départements peuvent bénéficier de la taxe
d’aménagement qui est prélevée lors des
Quelques pistes pour financer opérations d’aménagement, de construction, 4
la réalisation des équipements
Différents modes de développement urbain à HCMV vus
à travers leur parcellaire : un quartier central de ruelles
La réalisation d’infrastructures et d’équi- denses dans le district 3 (1) ; un quartier périphérique
pements publics (écoles, parcs) est problé- au développement moins organisé à Tan Binh (2), un
matique au Viêt-Nam car il n’existe pas de développement urbain greffé au tissu villageois à Thu Thiêm
mécanismes suffisants pour mettre à contri- (3) et un quartier périphérique planifié à Binh Tan (4)

58 |
sur le financement par ces derniers d’une Pour aller plus loin :
partie des équipements publics nécessaires • Banque mondiale
aux futurs habitants et usagers de l’opéra- - PPIAF, Peterson G.
tion. Les équipements sont alors réalisés par E., 2009, « Unlocking
les autorités publiques. land values / Exploiter
la valeur du foncier
pour financer les
Dans la procédure de ZAC, les équipements infrastructures
sont réalisés par l’aménageur et leur coût est urbaines », 139 p.
répercuté lors de la vente des bâtiments. http://www.
worldbank.org/en/
Il existe d’autres manières de financer la country/vietnam
réalisation des équipements, par exemple
• IAU-IdF, 2009,
en taxant la plus-value réalisée lors de la re- « Valorisation foncière
vente d’un bien immobilier. Plus spécifique- et financement des
ment, les riverains d’un nouvel équipement infrastructures de
peuvent être mis à contribution en fonction transport », Note
du coût des travaux. Cela engendre toutefois rapide Mobilité,
des problèmes d’équité, dans la mesure où n° 477, 4 p.
de reconstruction ou d’agrandissement de http://www.iau-idf.
d’autres habitants peuvent également profi-
bâtiments qui font l’objet d’une autorisation fr/detail/etude/
ter de ces équipements. valorisation-fonciere-
d’urbanisme. Elle finance les dépenses pour
les équipements liés à l’urbanisation. et-financement-des-
Pour la Banque mondiale, les systèmes de infrastructures-de-
financement des infrastructures par le fon- transport.html
Par ailleurs, les différentes procédures de di-
cier constituent des pistes intéressantes et • PADDI, 2012,
vision et d’aménagement foncier impliquent
actuellement privilégiées par de nombreuses Livret « Les mesures
plus ou moins les collectivités publiques dans
collectivités dans le monde, à la fois dans les d’acquisitions
le financement des équipements et ne re- et de réserves
pays en développement (Inde, Colombie) et
quièrent pas toujours de faire appel à la puis- foncières dans le
dans les pays développés (États-Unis, etc.).
sance publique pour obtenir des terrains, ce cadre de projets de
qui permet de limiter les coûts. réaménagement
La part de l’investissement privé pour la réalisation des urbain à composante
La simple division d’un terrain sans réalisa- équipements varie selon les différentes procédures transport »
d’aménagement (lotissement en haut et ZAC en bas), Île-
tion d’équipements est une procédure de de-France • PADDI, 2012,
droit commun qui ne nécessite pas de de- Livret « Montage
mande d’autorisation, une simple déclaration d’une opération
d’aménagement »
suffisant.
• PADDI, 2012, Livret
La division d’un terrain avec aménagement « Les Partenariats
public-privé »
(routes et réseaux, même s’ils sont privés)
est appelée lotissement. Les terrains ont été
acquis à l’amiable ou par succession et les
équipements sont à la charge de l’aména-
geur. Cette procédure nécessite une autori-
sation, la collectivité impose alors un cahier
des charges de normes techniques pour la
réalisation des équipements, car même s’ils
peuvent être privés dans un premier temps,
il est fréquent que la collectivité les reprenne
à sa charge. Cette procédure peut être réa-
lisée aussi bien par une organisation privée
que publique, pour des terrains destinés au
logement ou à des activités économiques.

Dans le Projet Urbain Partenarial, la collecti-


vité conclut avec des propriétaires, des amé-
nageurs ou des constructeurs une convention

Faire la ville | 59
Chapitre 2 : Le foncier urbain
Ces montages public-privé se font essentiel- Lors de « cessions par bail à construction », le
lement selon trois formes de partenariat : bail à long terme (de 18 à 99 ans) comporte
- Le don de terrains publics au promoteur pri- l’obligation de construire et d’entretenir un
vé en contrepartie d’investissements dans les immeuble dont les caractéristiques sont
infrastructures publiques se rapproche du mon- connues à la date de signature du bail. La du-
tage « terre contre infrastructure » vietnamien. rée du bail est calculée en fonction du temps
- Dans la vente de terrains publics à des pro- nécessaire à un retour sur investissement.
moteurs privés, la recette est affectée au Au terme du bail, la collectivité récupère son
financement d’infrastructures publiques. terrain et devient propriétaire des construc-
- Enfin, le partage des plus-values foncières tions, sans reverser d’indemnités au preneur
engendrées par les investissements en infras- du bail. Cette dernière procédure est utilisée
tructures publiques (par exemple la valorisa- dans l’agglomération lyonnaise où le foncier
tion immobilière due à la construction d’une est cher et parfois difficile d’accès pour les
nouvelle station de métro) se fait par le biais organismes de logement social. Le Grand Lyon
de taxations, comme vu plus haut. peut céder un terrain « par bail à construction »
à un investisseur, qui se consacre à la construc-
La Banque mondiale souligne cependant que tion du bâtiment sans être freiné par le prix
ces montages engendrent des recettes consi- du foncier et peut par la suite pratiquer des
dérables, favorisant les risques de corruption loyers plus accessibles pour les ménages.
et d’abus de pouvoir. Ces recettes sont donc
à affecter de manière privilégiée à un budget
d’investissement pour les équipements et
non au budget général des collectivités.
Les SIG offrent des
domaines d’utilisation très
variés, de la planification
à la gestion des permis de
construire, du foncier et de
l’immobilier, en passant par
l’assainissement

La vente ou la location des Les applications des systèmes


biens immobiliers et fonciers d’information géographique
de la collectivité en France dans la gestion urbaine 3
En France, les collectivités locales sont libres Les SIG sont des outils informatiques qui or-
de vendre leur patrimoine privé. Ces ventes ganisent la correspondance entre différentes
constituent également au Viêt-Nam une im- données numériques spatialement référen-
portante source de revenus. Certaines pro- cées. Ce sont des outils de connaissance et 3
Atelier du PADDI sur les
cédures de cession permettent aux autorités de gestion des caractéristiques d’un terri- « Applications SIG dans la
françaises d’orienter le développement des toire, qui facilitent le partage des données gestion urbaine », animé
par Anne Lesvignes,
terrains vendus. et la communication entre ses différents ac- janvier 2010
teurs. Enfin, ils constituent des outils d’aide à
Les « cessions de gré à gré » se font à l’amiable, la décision et de prospective.
entre la collectivité et le citoyen, et le bien
est vendu à l’occupant au prix du marché. Le Le périmètre d’utilisation des outils SIG dans
projet doit être intéressant économiquement la gestion urbaine est large et recouvre :
pour la ville, conforme à sa politique urbaine l’élaboration de la planification (aide à la
et aux dispositions du PLU. Lors des « cessions conception intellectuelle de la planification
par mise en concurrence », un appel d’offre et fabrication du document papier, seul do-
est lancé sur la base d’un cahier des charges cument juridique opposable) ; l’information
rédigé par la collectivité. Celui-ci précise la sur la planification (renseignement sur le
programmation, la conformité aux règles droit à construire et diffusion du document
d’urbanisme, la qualité architecturale, la qua- sur internet) et enfin le contrôle du respect
lité environnementale. des règles lors des demandes d’autorisation
de construire.
60 |
Outil de Les objectifs du centre de SIG Pour aller plus loin :
Communication Outil de Gestion
de HCMV • PADDI, 2010,
Livret « Applications
En 2004, un centre de SIG a été créé à SIG dans la gestion
urbaine »,
HCMV par le département des Sciences et
http://www.paddi.
Technologies (DoSTE). Sa vocation est au- vn/fr/centre-de-
jourd’hui d’assembler les données sur HCMV, ressources/livrets-
ainsi que de former les cadres des services des-ateliers-de-
techniques aux outils SIG. Des applications formation
sont déjà utilisées avec succès, dans les • Portail SIG d’HCMV,
Outil d’Analyse domaines de l’eau et de l’assainissement ou www.hcmSIGportal.vn
Le SIG, un outil d’analyse, de gestion et de communication encore de la gestion des bornes à incendie.
La volonté de la ville est entre autres de
développer des applications pour la gestion
Une utilisation étendue des des infrastructures souterraines et la ges-
SIG au Grand Lyon tion urbaine. Le centre SIG collabore avec le
DoNRE, le DUPA et le DoC pour constituer les
Le SIG du Grand Lyon a été créé en 1985 bases de données au service de l’élaboration
pour faire face à l’éparpillement des données des plans d’aménagement sur le territoire
entre les différents services. Il implique trois d’HCMV.
grands groupes d’acteurs.

Le service de l’information géographique Données


saisit, met à jour et diffuse les données de des services
référence communes et accessibles à tous les Système de
autres services (géologie, cadastre, popula- Coordonnées :
tion) et forme les utilisateurs. - Système
LAMBERT 2
Le service informatique développe les appli- Fonds de plan :
cations spécifiques à chaque service, gère la - Cadastre
maintenance technique des données et des - Fond de plan PLU
réseaux. Ces applications peuvent également - Cartes IGN
être développées par un prestataire externe. - Orthophoto
- Plans topos

Enfin, les utilisateurs principaux du SIG et des Références


applications développées sont les services de localisantes :
- Voies et adresses
l’urbanisme, de l’eau et de l’assainissement, - Lieux et édifices
de la voirie, de la propreté et du foncier. Ces
Données de base
services renseignent et mettent à jour les
données spécifiques à leur champ de métier
La base du système : un seul et unique référentiel de
(comme l’usage des sols pour le service d’ur- localisation
banisme) et décident de les diffuser ou non.

Un plan SIG des hauteurs dans le Grand Lyon renseigne sur


les hauteurs des îlots et des voies (vert : inférieur à 20 m ;
Les perspectives de
bleu : 20-22 m ; violet : 22-25 m, rose : supérieur à 25 m) développement d’un SIG
La constitution d’un SIG à l’échelle de la ville
se heurte à l’émiettement des compétences,
des données et des applications utilisées. Les
données sont sectorisées selon les différents
départements et districts et il n’existe donc
pas de données de référence communes. Le
centre de SIG ne pouvant pas imposer l’usage
des mêmes applications à l’ensemble des dis-
tricts, ceux-ci, tout comme les départements

Faire la ville | 61
Chapitre 2 : Le foncier urbain

techniques, font souvent appel à des logiciels


différents développés par des prestataires
« Quelques suggestions pour la création d’un SIG dans un district
L’approfondissement de l’état des lieux
extérieurs. La centralisation et la coordina- - identifier les missions/les activités des districts ;
tion des informations s’en trouvent compli- - identifier les moyens matériels et humains en présence (compétences,
quées. taux de renouvellement et stabilité de la compétence), pour savoir si les
districts peuvent supporter l’implantation d’un SIG ;
Afin que les applications développées soient - recueillir les attentes des utilisateurs ;
vraiment efficaces, la prise en compte de - recenser et analyser les données dont les districts disposent (numériques
ou non, modalités de collecte, de saisie et de mise à jour des données) et
leurs utilisateurs est nécessaire : elles ne
celles dont ils ont besoin ;
doivent pas s’adresser à des spécialistes mais - décrire les processus et les méthodes de travail : l’objectif est de bien
être accessibles, dans le cas d’un service connaître les processus de travail d’un district (même non informatisé) et de
d’urbanisme, aussi bien aux agents de sai- les « confronter » à ceux d’autres districts afin de tester la standardisation
sie qu’aux ingénieurs et urbanistes. Il s’agit des procédures et donc des applications SIG.
dans un premier temps de démontrer l’uti-
lité des SIG avec des applications simples et Les propositions d’organisation
Il serait possible de proposer un plan de développement du SIG fondé sur
réutilisables d’un district à l’autre puis de les
des phases courtes et opérationnelles. Il s’agirait alors d’étudier les condi-
enrichir progressivement. Les techniciens du tions d’informatisation pour un SIG en identifiant :
centre de SIG de HCMV pourraient accom- - les compléments d’analyse nécessaires : articulation des outils en pré-
pagner les services dans le développement sence ou choix de logiciels ;
et l’utilisation des bases de données thé- - les applications à mettre en œuvre en priorité, définition des fonctionna-
matiques. L’allocation de moyens financiers lités, de la structuration des données et des formats d’échange ;
spécifiques, ainsi que le recrutement ou la - les données à saisir et les méthodologies de saisie à mettre en œuvre.
Un phasage réaliste pourrait ensuite être proposé et une évaluation des
formation de personnel qualifié assureraient
moyens nécessaires, financiers et humains, serait menée.
la qualité et la maîtrise technique de l’outil.
À l’issue de ces deux premières étapes, si les conditions favorables au dé-
Une structure de pilotage associant les « ser- veloppement du SIG sont réunies - volonté politique et technique, moyens
vices techniques SIG » aux services utilisa- financiers -, la réalisation de ces opérations pourrait débuter par :
teurs des différents départements et districts - des études détaillées des fonctionnalités d’une application pilote d’intérêt
(urbanisme, construction, foncier, trans- général ;
- un développement informatique (structuration des données, outils néces-
port) pourrait avoir pour mission de diffuser
saires à la solution, saisie des données et mise en œuvre des traitements) ;
l’usage des SIG au sein de ces derniers. Cette - un test de l’application par les utilisateurs pour vérifier l’adéquation des
structure de pilotage permettrait ainsi de fonctionnalités à leur besoin-métier et le bon fonctionnement ;
fédérer les différents acteurs et de favoriser - une formation des utilisateurs ;
des accords sur le partage des données et des - un accompagnement au-delà de la formation ;
applications ainsi que la standardisation des - et un déploiement de la solution.
procédures d’échange de données.

La ville d’HCMV possède un portail SIG sur internet ainsi


qu’un WebSIG administratif

62 |
LES TRANSPORTS
COLLECTIFS URBAINS
L
a croissance urbaine de HCMV et de Hanoi s’est accompagnée d’une augmentation
des déplacements par des moyens de transports individuels. Ainsi, plus de 80% des
déplacements s’y effectuent à moto, ce qui a longtemps permis une bonne fluidité
du trafic. Pourtant, les très fortes densités urbaines, la faiblesse de l’offre en transport
en commun et un usage croissant de la voiture (plus 400% de véhicules enregistrés à
Hanoi entre 2005 et 2010) entraînent aujourd’hui une congestion problématique pour
la mobilité urbaine et la qualité de l’environnement.
Les autorités publiques ont donc initié des plans ambitieux de développement des
transports collectifs. Des réseaux de métro complétés par des lignes de bus à haut
niveau de service (BRT) et des lignes de tramways devraient d’ici une décennie desservir
les deux métropoles. Plusieurs projets sont d’ores et déjà en phase de construction et
les premières lignes devraient ouvrir en 2017-2018.
L’intégration physique (création de pôles d’échanges) et technique (notamment
billettique) de ces futurs réseaux sera une condition nécessaire à leur efficacité
et donc à leur succès. La mise en place de réseaux de transport collectifs unifiés et
complémentaires devra passer par une réorganisation institutionnelle du secteur avec
pour objectif la création d’autorités organisatrices. L’articulation urbanisme-transport
sera également indispensable pour assurer une fréquentation optimum des transports Le pôle d’échanges de bus
en commun. de Long Bien à Hanoi
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains

LES TRANSPORTS COLLECTIFS URBAINS AU


VIÊT-NAM
Lutter contre la congestion et développer un réseau
attractif et diversifié de transport collectif
es niveaux de pollution atmosphé- Répartition modale 1995 - 2008 en %

L rique et sonore importants dans les


villes vietnamiennes, s’ils n’atteignent
pas ceux de Bangkok ou de Manille,
tendent à s’en rapprocher. Les effets
90
80
70
conjugués du fort accroissement démo- 60
graphique, de l’augmentation du pouvoir 50
d’achat et de la rapide motorisation des 40
ménages entraînent un phénomène de
congestion préoccupant pour la mobilité 30
urbaine. Le report modal du vélo vers la 20
moto initié dans les années 1990 a été ra- 10
pide. La part du transport en deux-roues
motorisé est écrasante et représente en- 0
1995 1999 2003 2004 2008
viron 80% des déplacements à Hanoi et à Transport Public Voitures Motos Bicyclettes Autres
HCMV, tandis que celle des déplacements
en voiture individuelle, estimée à 8%, croît L’évolution de la répartition
rapidement. Totalisant moins de 5% des modale à Hanoi entre 1995 Enfin, le nombre d’accidents de la route
déplacements à HCMV et 11% à Hanoi, et 2008
est élevé. On recense en 2009 trente à
les bus sont actuellement le seul moyen trente-cinq tués par jour dans tout le pays
de transport public existant. L’importante (contre douze en France) et environ trois
flotte de taxis - plus de trente-quatre com- tués par jour à HCMV en 2010. Autant de
pagnies à HCMV - et les nombreux motos- Le partage de la voirie est paramètres qui plaident en faveur d’un
taxis - un pour soixante-dix habitants - ne particulièrement conflictuel essor des transports en commun.
pallient que partiellement cette carence. aux heures de pointe, ici vu
d’un bus à HCMV
L’extension urbaine et le développement de
la motorisation sont étroitement corrélés.
L’existence de modes de transport rapides
permet la réalisation de projets urbains de
plus en plus éloignés du centre, qui favorisent
à leur tour la motorisation des habitants.
Dans les quartiers centraux, les infrastruc-
tures routières ne suivent pas cette mobilité
croissante. L’espace destiné à la voirie est
faible, ainsi 70% des rues mesurent moins de
onze mètres de large à Hanoi et à HCMV la
voirie ne représente que 5,8% de la surface
de l’agglomération. Cette étroitesse entraîne
des conflits de partage de plus en plus impor-
tants entre piétons, motos, voitures, bus et
parkings. Les possibilités de stationnement
restent également très faibles, surtout pour
le parc automobile, malgré le fort accroisse-
ment des surfaces dédiées.

64 |
Le renouveau du transport en Des politiques de transport en
commun à Hanoi et son essor commun ambitieuses
à HCMV Le plan directeur des transports de Hanoi
Au milieu des années 1990, la société des prévoit que 50% des déplacements s’effec-
transports publics de Hanoi, Transerco, a été tueront par les transports collectifs en 2030.
créée à partir des cinq anciennes régies de Huit lignes de métro, dont quatre actuelle-
transport de la ville, y compris celle du tram- ment financées, sont inscrites dans les plans
way datant de l’époque coloniale. Le service des transports et le schéma directeur. L’aide
chargé de la gestion des réseaux de bus, le publique au développement japonaise (JICA)
« Transport Management and Operation finance par prêts concessionnels la ligne n°1
Center » (Tramoc), a été créé en 1998. À par- (Yen Vien/Ngoc Hoi) pour 1,5 milliard de dol-
tir du milieu des années 2000, de nouvelles lars et la ligne n°2 (Nam Thang Long/Tran
lignes ont été octroyées à d’autres exploi- Hung Dao/Thuong Dinh) à hauteur de 1,9 mil-
tants, publics ou privés, afin d’introduire liard de dollars. De leur côté, l’aide publique
de la concurrence dans l’attribution des au développement française, la Banque
contrats d’exploitation. Durant cette période, Européenne d´Investissement, la Banque
le transport public à Hanoi s’est modernisé, Asiatique de Développement et le gouver-
notamment grâce aux projets de coopéra- nement vietnamien financent la ligne n°3
tion qui comprenaient la création de pôles (Nhon/Gare de Hanoi/Hoang Mai) pour un
d’échanges, d’un dépôt de maintenance, l’ex- coût estimé à environ 1,1 milliard d’euros. La
tension du réseau (70 lignes de bus en 2012) Chine finance via un prêt à taux préférentiel
ou encore la formation d’experts en trans- de 500 millions de dollars la construction de
port en commun. Ainsi le nombre de voya- la ligne n°2a (Cat Linh/Ha Dong). Une étude
geurs est passé de 10 millions en 2001 à 413 pour un financement en partenariat public-
en 2009, pour une population de six millions privé de la ligne n°5 est en cours. Seules les
d’habitants. lignes n°4, 6, 7 et 8 ne sont pas financées. La
Banque mondiale soutient un projet de ligne
À HCMV, depuis l’amélioration de l’offre de BRT (Bus Rapid Transit) et l’IMV travaille
(nombre de lignes, régularité, accessibilité), également sur deux projets de lignes de bus
les bus connaissent aussi une fréquentation en site propre.
accrue, passant de 36,2 millions en 2002 à Le bus est un moyen de
342 en 2008, soit un taux de croissance de À HCMV, l’objectif fixé par le schéma direc- transport très utilisé par les
800% en six ans, pour une population de sept teur des transports modifié en 2013 est d’at- lycéens et les étudiants qui

millions d’habitants. Cette progression peut teindre entre 20% et 25% de déplacements n’ont pas encore de permis
moto ni de budget suffisant,
s’expliquer par l’extension de la couverture à en transport public en 2020. Il propose la HCMV
l’ensemble du territoire de la ville (146 lignes
de bus en 2012) ainsi que par un service de
meilleure qualité : prolongation des plages
horaires de fonctionnement, hausse de la
fréquence, politique tarifaire abordable ou
encore climatisation. Malgré ces progrès ma-
nifestes, la multitude des petits opérateurs
rend la gestion difficile en matière de qualité
des véhicules ou de formation du personnel.
Par ailleurs le manque de réserves foncières
freine encore la construction ou la moder-
nisation des pôles d’échanges et des voies
réservées aux bus. Ainsi, améliorer la qualité
du service et l’accessibilité constitue un défi
à relever.

Faire la ville | 65
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains
création de six lignes de métro, dont trois
sont actuellement financées par des bailleurs
de fonds. La ligne n°1 (Ben Tanh/Suôi Tiên),
d’un coût attendu de 2,5 milliards de dollars,
est financée par la JICA et HCMV (11%). Le
tronçon aérien de cette ligne, long de 17 km,
a été mis en chantier en août 2012. La ligne
devrait être achevée en 2017. La ligne n°2 À Bangkok, la construction
(Thu Thiêm/Tây Ninh), d’un coût de 1,38 mil- de voies rapides surélevées
n’a pas réussi à réduire
liard de dollars, est financée par des prêts de significativement les
la Banque Asiatique de Développement, de la embouteillages
Banque Européenne d’Investissement, de la
Banque allemande de développement et de
reconstruction (GTZ) et par des fonds muni- les transports collectifs pour désengorger les
cipaux. Les travaux du tronçon Ben Thanh/ villes. Les mesures incitant à leur usage au
Tham Luong devraient commencer courant détriment du transport individuel sont très
2014. Le financement de la ligne n°5, pont de variées et peuvent passer par la création de
Saigon/Can Giuôc, demeure incertain (500 péages urbains, de zones à vitesse réduite,
millions d’euros d’aide publique au dévelop- par le rééquilibrage de l’usage de l’espace
pement espagnole, 166 millions d’euros de public ou par des campagnes de communi-
financement municipal et des fonds supplé- cation visant à donner une image positive du
mentaires sont prévus). La Banque mondiale transport collectif. On peut également créer
porte un projet de ligne de BRT sur le boule- des couloirs réservés pour les bus offrant aux
vard Vo Van Kiet. Deux projets plus légers de usagers des trajets plus rapides que ceux des
monorails sont développés en parallèle par utilisateurs de véhicules particuliers. Enfin,
des groupes privés malaisiens. rendre le stationnement moins accessible et
plus cher pour ceux qui viennent travailler en
véhicule individuel constitue un bon moyen
de favoriser le recours au transport public. Le
parc relais, site sur lequel on gare son véhi-
cule personnel avant d’emprunter un moyen
de transport en commun, est alors une bonne
solution alternative.

Les modalités du développement urbain et la


morphologie des nouveaux quartiers jouent
aussi un rôle dans la transition des deux
métropoles vietnamiennes vers une mobi-
lité plus durable. Dans cette optique, le lien
Les bus de l’opérateur hanoien Transerco contribuent à
l’identité urbaine de Hanoi entre la planification urbaine et celle des ré-
seaux de transport mérite d’être approfondi.
Les quartiers des gares des futures lignes de
Le défi de la mobilité durable métro et les alentours des stations de BRT
pourraient faire l’objet d’aménagements
Le défi consiste aujourd’hui à offrir des alter- particuliers (équipements, espaces publics),
natives à une population fortement motori- avec une grande attention portée aux flux de
sée en deux roues afin de favoriser un report piétons et à la construction de parcs relais.
modal vers le transport en commun et non
vers la voiture. L’enjeu est de taille : en effet, La création de ce nouveau réseau performant
la construction d’infrastructures routières et rapide exige une grande coordination
de grande capacité afin de résoudre les pro- des systèmes (information aux voyageurs,
blèmes de congestion entraîne dans les faits tarification et billettique) et des multiples
une motorisation et un usage encore plus im- opérateurs, ainsi que l’aménagement d’inter-
portant des véhicules individuels, comme cela connexions. Sa réussite dépendra égale-
a été observé à Pékin, Shanghai ou Bangkok. ment de la coordination des différents bailleurs
Il est souvent plus efficace de se tourner vers de fonds internationaux qui financent les

66 |
futures lignes de métro et de BRT. C’est pour- nets d’études extérieurs. Elles sont respon-
quoi il paraît indispensable de créer une sables de la maîtrise d’ouvrage des projets de
Autorité Organisatrice des Transports (AOT) construction et de la maintenance des infras-
pilotant dans le même temps les réseaux de tructures consacrées aux bus (arrêts de bus,
bus existants et les nouveaux réseaux de BRT signalisation…).
et de métro.
Une multitude d’opérateurs
Une compétence à HCMV, un réseau unifié à
essentiellement provinciale Hanoi
Le ministère des Transports élabore le plan Les opérateurs de transport peuvent être
national des transports et peut être maître publics, privés, mixtes ou organisés en coo-
d’ouvrage pour des projets de grandes infras- pératives. HCMV est, contrairement à Hanoi,
tructures urbaines. Les départements des propriétaire des infrastructures (hangars,
Transports (DoT) de Hanoi et de HCMV sont terminus) qu’elle met à disposition des opé-
quant à eux responsables de l’investissement rateurs. Les compagnies sont quant à elles
et de la gestion des transports urbains, de la propriétaires du matériel roulant et la ville
maintenance et des investissements pour le leur propose des bonifications de taux d’inté-
réseau routier, en dehors des réseaux de des- rêt pour le renouvellement de leur flotte. Le
serte locale, sous administration des Comités nombre important d’opérateurs et de coopé-
populaires de districts. Celui de HCMV gère ratives, même s’il est passé de plus de trente
également les infrastructures techniques ur- en 2007 à quinze en 2010, engendre des pro-
baines (eau potable, espaces verts, éclairage, blèmes d’organisation du réseau, en termes
stationnement). de hiérarchisation, de qualité du matériel et L’encombrement des
du service. trottoirs rend la circulation
piétonne difficile à Hanoi

Les missions des autorités de


régulation
En pratique, ce sont ces autorités qui, pla-
cées sous le contrôle du DoT, se chargent
de réguler le transport public. Le Tramoc
à Hanoi et le « Centre de Gestion des Bus »
(CGB, MOCPT en anglais) à HCMV élaborent
la planification du réseau (lignes, horaires) qui
est ensuite validée par le DoT et le Comité po-
pulaire. Les opérateurs vendent les différents
titres de transport (tickets, carnets, abon-
nements) puis en reversent les recettes aux
autorités de régulation. Celles-ci organisent
aussi des appels d’offres pour la délégation
des nouvelles lignes. Les contrats de déléga- Financement : un système
tion de services sont passés annuellement largement subventionné
avec les opérateurs, hormis pour quelques Une voie réservée aux bus
devrait prochainement voir
lignes qui bénéficient de contrats d’exploi- Les réseaux de bus étant déficitaires, ceux- le jour sur le boulevard
tation de trois ou quatre ans. Les autorités ci nécessitent une subvention d’équilibre Yen Phu à Hanoi. Ce projet
de régulation contrôlent le respect de leurs importante de la part des villes de Hanoi et est soutenu par l’IMV et
Tramoc.
clauses par les opérateurs. Ainsi, le CGB de HCMV. Elle représente environ 40% des coûts
HCMV vérifie les cahiers journaliers des ho- de fonctionnement. Ainsi, à HCMV, en 2008,
raires de chaque ligne de bus. Parallèlement les subventions ont couvert 50% des coûts
à cela, les deux autorités mènent des études d’exploitation des 115 lignes. Le prix des bil-
d’évaluation du réseau ainsi que des études lets est décidé par le Comité populaire, sur
prospectives sur l’évolution de la demande proposition du Tramoc ou du CGB. Le montant
de transport, en collaboration avec des cabi- de la rémunération des opérateurs par kilo-

Faire la ville | 67
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains
mètre parcouru est défini par Tramoc à Hanoi sieurs milliards de dollars pour les lignes les Pour aller plus loin :
ou par les départements des Transports, des plus onéreuses. Les solutions de financement • IMV, 2008,
Finances, du Plan et de l’Investissement à proposées par les bailleurs de fonds, multi- « Les défis pour le
HCMV, puis validé par le Comité populaire. latéraux ou bilatéraux, et les constructeurs développement des
Ces montants peuvent être réactualisés en varient fortement : consortium privé, parte- transports à Hanoi »
cours de contrat selon l’évolution des para- nariats public-privé et financement public. (document en anglais,
titre original « The
mètres (prix de l’essence notamment), après Nine Challenges for
validation par les directions concernées et the Development of
par le Comité populaire, et incluent l’amor- Transport in the Fast
tissement du matériel roulant. Ce mode de En attendant le bus à HCMV Growing Capital of
fonctionnement est actuellement probléma- Viêt-Nam : Hanoi »),
tique en raison de l’augmentation importante 11 p.
du nombre de passagers et de la décision des http://imv-hanoi.
com/Uploaded/
Comités populaires des deux villes, pour des Documents/TC%20
raisons politiques, de n’accroître ni le mon- Challenges%20of%20
tant des subventions ni le prix du billet. À Transport%20in%20
HCMV, ce système, qui repose sur les subven- Hanoi%20-%20
tions et la courte durée des contrats d’exploi- Molt%202008.pdf
tation (de une à quatre années), décourage • AFD, « Qui paie
les investissements et n’est que faiblement quoi en matière de
attractif pour les entreprises. transports urbains ?
Guide de bonnes
Quant aux projets de métro, ils requièrent pratiques ; Étude de
cas sur HCMV »,
des investissements très lourds, jusqu’à plu- http://www.
afd.fr/webdav/
site/afd/shared/
PUBLICATIONS/
THEMATIQUES/
autres-publications/
Bonnes-pratiques-
financement-
transports-urbains.pdf
• IMV, 2005,
« Schéma directeur
de la région de
Hanoi : stratégie de
développement des
transports », 24 p.
http://imv-hanoi.
com/fr-FR/Home/
hargeables-142/1790/
Documents-produits-
par-lIMV.aspx

À HCMV, le Centre de Gestion des Bus travaille avec quinze


opérateurs qui gèrent au total 146 lignes de bus

68 |
LES TRANSPORTS COLLECTIFS URBAINS
EN FRANCE
L’enjeu de l’intégration du transport et de
l’urbanisme à toutes les échelles
es politiques en faveur d’une mobili-

L té en accord avec le « développement


durable » sont récentes. Favoriser
l’utilisation des transports en commun
ont également mis en place des lignes de bus
en « site propre » avec des voies dédiées. Et
c’est dans les années 1980 que le tramway
a connu un nouvel essor avec les premières
lignes construites à Nantes et à Grenoble.
et lier les opérations d’urbanisme aux
politiques de transport sont aujourd’hui Aujourd’hui, la majorité des grandes villes
et des villes moyennes en sont équipées
des orientations largement partagées L’inter modalité est
et étendent leur réseau (Lyon, Strasbourg,
en France. Si l’intégration des politiques organisée par l’AOT, ici à
Bordeaux, agglomération parisienne, etc.). Lyon entre une station de
de transport et de l’urbanisme est com- tramway et une station de
plexe, elle peut être facilitée par des vélo en libre-service (Velo’v)
schémas directeurs volontaires et par la
prise en compte de cette problématique
dans les schémas sectoriels. Des Autorités
Organisatrices des Transports (AOT) sont
chargées du fonctionnement et de l’inté-
gration des réseaux à l’échelle de l’agglo-
mération, du département et de la région.

Du tout automobile à la
promotion des transports en
commun
Lors de la période de forte croissance écono-
mique et démographique de l’après Seconde
Guerre mondiale, la motorisation des mé-
nages a fortement progressé. L’accélération S’adapter aux nouvelles
de la vitesse des déplacements a permis pratiques de mobilité
d’implanter de plus en plus loin logements
et activités. L’attention des pouvoirs publics Outre l’augmentation massive des déplace-
s’est alors portée sur l’adaptation des centres ments, les systèmes de transport sont mis
anciens à la voiture et sur la construction au défi de s’adapter au desserrement de la
de voies rapides pour relier les nouveaux population et des activités dans la périphérie
quartiers périphériques et les aires périur- des agglomérations. En Île-de-France, les dis-
baines. Il a fallu attendre les années 1970 et tances parcourues et l’usage de l’automobile
un contexte de crise pétrolière pour que les sont bien plus importants en grande banlieue
transports en commun connaissent un regain qu’en proche banlieue et à Paris, qui béné-
d’intérêt, né de la volonté de désengorger les ficient d’un réseau de transport en commun
villes et de mieux desservir leur population. Il très dense. 13% des trajets sont effectués en
s’agissait plus alors d’offrir une alternative à transport en commun en grande banlieue,
la voiture individuelle que de décourager son contre 23% pour la proche banlieue et 34%
utilisation. La construction du métro de Lyon pour Paris intra-muros. À titre d’exemple, on
et du Réseau Express Régional francilien (RER) constate que la marche à pied représente
a débuté à cette époque. Les villes françaises 47% des déplacements internes parisiens.

Faire la ville | 69
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains

Dans le Grand Lyon, 48% des déplacements


s’effectuent en voiture particulière, 16% en « Le cadre législatif
ͳ 1971 : instauration, sur la masse salariale des entreprises de plus de neuf
transport en commun, 2% en vélo et 33% à
salariés, de l’impôt du « Versement Transport » destiné au financement du
pied. Les déplacements de plus en plus nom- transport public.
breux en dehors des heures de pointe et le
ͳ 1982 : la loi d’Orientation des Transports Intérieurs (LOTI) opère un partage
week-end appellent les autorités à réfléchir
des compétences « Transport » entre les communes ou leurs groupements,
à une modification de la gestion du réseau le département et la région.
en termes d’offre et d’horaires. En effet, les
ͳ 1999 : la loi Chevènement confère aux collectivités la responsabilité d’orga-
motifs de déplacement se sont diversifiés et
niser les transports collectifs urbains.
ceux-ci ne sont plus majoritairement liés au
travail, une part croissante étant désormais ͳ 2000 : la loi relative à la Solidarité et au Renouvellement Urbains (loi SRU)
renforce la cohérence entre urbanisme, habitat et déplacements. Elle étend
liée aux loisirs.
les objectifs assignés aux plans de déplacements urbains (sécurité, station-
nement et livraison de marchandises) et établit des réductions tarifaires d’au
moins 50 % pour les personnes les plus démunies.
Contribuer au développement
d’une ville plus durable
Une campagne de
Les projets de transport en commun oc- communication du SYTRAL
cupent une place majeure dans les politiques souligne la densité et
d’aménagement des grandes métropoles. Ils l’accessibilité du réseau de
transport en commun dans
représentent ainsi le premier poste budgé- l’agglomération lyonnaise
taire du Conseil régional d’Île-de-France. En
effet, l’efficacité du réseau contribue dans
une certaine mesure à l’attractivité écono-
mique des métropoles et à la qualité de vie
de leurs habitants (réduction de la pollution,
des temps de trajet, etc.). Rendre le réseau
de transport accessible à tous, notamment
aux personnes à mobilité réduite, implique
de revoir le dimensionnement de la voirie et
d’adapter le véhicule (planchers bas de bus). ressources à atteindre (emploi, loisirs, fa-
Au delà des normes techniques, cela suppose mille) est une condition essentielle pour que
la mise au point d’un dispositif de communi- les habitants utilisent les transports en com-
cation efficace (diffusion de plans, signalisa- mun et non leur véhicule individuel. Il s’agit
tion, etc.). Mais la question de l’accessibilité, donc, d’une part, de proposer un service de
qui requiert une approche transversale entre transport collectif adapté à l’urbanisation
urbanistes et professionnels du transport, existante, et, d’autre part, d’intervenir sur
concerne également la plus ou moins grande les formes urbaines pour qu’elles deviennent Les véhicules motorisés
facilité à atteindre en transport collectif un plus faciles à desservir. A cela s’ajoute une di- doivent ralentir dans des
lieu par rapport à l’endroit où l’on se trouve. mension sociale : offrir aux ménages à faibles rues qui sont « partagées »
avec les vélos et les piétons
La bonne adéquation entre le réseau et les revenus ou aux habitants de communes iso-
lées une mobilité à l’échelle métropolitaine.
Enfin, l’enjeu est environnemental avec la
Les « modes doux » que sont le vélo et la marche à pied
bénéficient d’aménagements de voirie particuliers, Lyon
réduction sur le long terme des gaz à effet de
serre et la limitation de l’étalement urbain.

« Capacité des modes de transport par heure en région parisienne


RER (train de banlieue) : 70 000 passagers/h/sens
Métro : 30 000 passagers/h/sens
BRT : 12 000 passagers/h/sens, selon le nombre de voies réservées
Tramway : 5 à 6 000 passagers/h/sens
Autobus en site propre : 2 500 passagers/h/sens
Autobus : 1 200 passagers/h/sens
Voie routière pour véhicule privé : 2 000 passagers/h/sens

70 |
Articuler transport et 1 Une architecture
urbanisme institutionnelle au service de
La morphologie urbaine étalée et peu dense l’intégration des réseaux
de la « ville de l’automobile » n’est pas adap-
Cette intégration doit être à la fois physique,
tée aux axes linéaires et aux pôles d’échanges
par le biais de pôles d’échanges et de par-
qui caractérisent les réseaux de transport en
2 kings relais, et organisationnelle avec une
commun. Le développement de quartiers
billettique commune et des plans unifiés.
denses, en fonction des corridors de des-
Au niveau institutionnel, une même organi-
serte, permettrait de limiter l’urbanisation et
sation, l’Autorité Organisatrice de Transports
d’accroître dans le même temps l’efficacité
(AOT), est chargée de coordonner les poli-
des transports. Ce système a par exemple été
tiques sur un périmètre défini. Cette AOT
déployé en Amérique latine et particulière-
a pour vocation d’inciter à l’utilisation de
ment à Curitiba (Brésil), où la ville s’est déve-
3 modes alternatifs à la voiture individuelle et
loppée le long des cinq corridors majeurs de
de développer un réseau performant.
circulation des BRT.
L’organisation se décline en plusieurs niveaux
En France, les documents de planification de
de compétence. L’État est responsable de
l’Île-de-France et du Grand Lyon privilégient
la réalisation des voies de chemin de fer à
l’urbanisation des zones aux alentours des
grande vitesse ainsi que des autoroutes et
axes et des stations de transport en commun. Pour l’urbaniste D.Mangin,
des transports d’intérêt national. Les régions,
Cette politique se heurte pourtant à l’envie l’urbanisme du réel (1)
est marqué par la voiture, les départements, les syndicats mixtes, les
de la majorité des Français de posséder une l’étalement urbain et groupements de communes, les communes
maison individuelle. C’est ce qui pousse des territoires enclavés.
ou les Établissements Publics d’Aménage-
actuellement les urbanistes à réfléchir à de L’urbanisme du fantasme (2)
est écologique et favorise ment sont des AOT responsables de l’élabo-
nouvelles formes urbaines, à la fois denses une urbanisation linéaire en ration de la politique de transport sur leur
et répondant aux attentes des habitants. De fonction des transports en
territoire. Ainsi, les régions gèrent les Trains
grands projets sont actuellement lancés dans commun et des corridors
verts, mais il est difficilement Express Régionaux et quelques lignes rou-
ce sens en Île-de-France, afin de structurer
réalisable. L’urbanisme du tières, les départements sont en charge des
une urbanisation de faible densité en péri- possible (3) consisterait en
transports interurbains en autocar et les
phérie et de répondre au déficit d’accessibi- des formes urbaines moins
dépendantes de la voiture et communes ou intercommunalités gèrent les
lité en transports en commun de la deuxième
fondées sur la diversité des transports urbains.
couronne ainsi qu’à la saturation des réseaux. usages
Un métro en rocade (le Grand Paris Express),
à une distance moyenne de dix kilomètres du
périphérique de Paris, connecté aux lignes
radiales du RER et aux lignes de tramway
existantes, devrait desservir l’agglomération
en 2025. Le concept de densification préfé-
rentielle autour des gares est inscrit dans le
Schéma Directeur de l’Île-de-France (SDRIF).
Ce document impose des planchers de den-
sité supérieurs à ceux qui existaient aupara-
vant dans un rayon de mille mètres autour À Curitiba, au Brésil, la densité urbaine est maximale le long
des voies et des stations du BRT et décroît progressivement
d’une station de métro ou d’une gare ferro- avec l’éloignement du réseau de transport
viaire et de cinq cent mètres autour d’une
station de transport collectif en site propre.
Les AOT urbaines (AOTU) sont en général des
communes (20% des cas), des intercommu-
nalités (60%) ou des syndicats (20%). Elles
élaborent et pilotent la mise en œuvre d’un
Plan de Déplacement Urbain (PDU) pour les
agglomérations de plus de 100 000 habitants.
Les secteurs de densification préférentielle, majoritairement
situés près des gares et des lignes de transport en commun Ce PDU définit les principes de l’organisation
(en rose), sont représentés par des pastilles rouges dans le des transports de personnes et de marchan-
SDRIF, Île-de-France dises, de la circulation et du stationnement
Faire la ville | 71
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains

« Organiser les déplacements urbains avec un Plan de Déplacement Urbain (PDU)


Le PDU se construit sur une perspective de dix ans.
L’AOT institue un comité de pilotage composé des
élus du Périmètre de Transports Urbains et de re-
présentants de l’État. Ce comité oriente les études
et définit les grands objectifs ainsi que les principes
d’action du PDU. Un comité technique est chargé du
diagnostic, des propositions d’action et de l’élabo-
ration du projet. Il est composé de techniciens de
l’urbanisme des différentes collectivités, de l’AOT,
de l’État et d’autres acteurs tels que les exploitants
de transports publics. Cette organisation permet
la concertation à la fois politique et technique de
l’ensemble des acteurs.
La phase de diagnostic du PDU est l’occasion de re-
cueillir des données sur tous les modes de déplace-
ment par le biais du comptage des automobiles, des
deux-roues et des piétons, ou par des enquêtes me- Le PDU présente les
tagée. Ces orientations se déclinent en deux cents projets d’extension de
nées auprès des ménages (origine/destination sur
actions. Par exemple, dans le volet « cohabitation lignes de tram, de métro
le réseau de transport, déplacements). Les données et de trolleybus dans
des modes de transport dans l’agglomération », le
des statistiques nationales sont ensuite intégrées au l’agglomération lyonnaise
PDU tente de valoriser les modes doux, avec l’offre
diagnostic. Toutes ces informations constituent un
de vélos en libre-service et le prolongement des
« état de référence » qui permet de mesurer les évo-
pistes cyclables. En termes d’infrastructures, le PDU
lutions passées et futures et qui sert d’outil de déci-
prévoit le prolongement de trois lignes de tramway,
sion et d’évaluation pour les collectivités locales.
deux lignes de trolleybus et une ligne de métro. De
Une fois les grands enjeux de mobilité identifiés, les grandes infrastructures routières telles que le péri-
objectifs sont formalisés par le comité de pilotage. phérique et des voies de contournement devraient
Le comité technique propose alors des scénarii alterna- être achevées, tandis que la régularité des lignes de
tifs à un développement « au fil de l’eau ». Lorsqu’un bus devrait faire l’objet d’améliorations. Par ailleurs,
des scénarii est adopté par le comité de pilotage le plan accorde de l’importance aux taxis comme
après concertation de l’ensemble des acteurs, un moyen de transport public et propose l’établisse-
projet précis est établi, qui comprend des propo- ment d’une convention avec les compagnies afin de
sitions sur les infrastructures, l’organisation du leur octroyer de nouveaux droits (circulation dans
réseau, la tarification, ainsi qu’un calendrier des les couloirs de bus).
décisions et des réalisations. Une évaluation envi-
Parallèlement à cela, une stratégie de dissuasion
ronnementale accompagne le PDU afin de mesurer
devrait voir le jour. La capacité des grands axes tra-
son impact et de prendre des mesures de protec-
versant l’agglomération devrait être gelée afin de
tion et ou de compensation. Enfin, celui-ci est adop-
réduire le nombre d’automobiles en circulation. Des
té après une enquête publique. Ses actions doivent
plans de circulation par secteurs sont recomman-
être concrètes et compatibles avec les orientations
dés afin de mieux hiérarchiser la voirie (du réseau
du Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) : par
d’agglomération aux déplacements inter-quartiers,
exemple, étendre des lignes de bus ou de tramway,
jusqu’à la desserte locale) et de la partager entre les
redessiner la voirie, accorder une place plus impor-
différents modes : des « zones 30 » peuvent ainsi
tante aux modes doux (marche et vélo) et aux trans-
être établies pour la voirie de desserte locale. Une
ports en commun, créer une agence de mobilité ou
offre de stationnement plus réduite et payante,
encore encourager les entreprises et collectivités à
excepté pour les riverains, et à proximité des sta-
établir des plans de mobilité pour leur personnel.
tions de transport en commun (parc relais) devrait
dissuader les automobilistes d’utiliser leur voiture.
Le contenu du PDU du Grand Lyon
Le PDU réduit ainsi le nombre de places de par-
Le PDU, élaboré par le SYTRAL, a pour maîtres king obligatoires par logement ou bureau lors de la
d’ouvrage le Grand Lyon, le département du Rhône, construction de nouveaux bâtiments (une place de
la Région Rhône-Alpes, l’État et les communes. parking pour 120 m² de surface habitable dans le
Élaboré en 2007, le plan a depuis fait l’objet d’un sui- centre historique). Il détaille également les actions
vi annuel. Il identifie quatre orientations principales : à mener sur le réseau pour en améliorer l’accessibi-
la cohabitation des différents modes de transport, lité physique (adaptation aux personnes à mobilité
une mobilité accessible à tous, une agglomération réduite) et financière (tarification sociale).
moins polluée avec une sécurité routière renforcée,
et enfin une élaboration et une mise en œuvre par-

72 |
sur le territoire et il s’intègre dans une lo- La « délégation de service public » est la forme
gique de planification plus globale. C’est ainsi de gestion la plus courante en France (92%
que les Plans Locaux d’Urbanisme doivent des réseaux). Dans ce cas de figure, le service
être compatibles avec les PDU, qui doivent est délégué à un exploitant suivant des condi-
eux-mêmes être compatibles avec les SCoT. tions indiquées par un cahier des charges. Ce
dernier assume alors une part plus ou moins
En France, l’AOT est responsable du dévelop- importante du risque d’exploitation selon que
pement et de la gestion de l’offre de services. le service soit délégué en affermage ou en
C’est elle qui détermine les itinéraires et concession. La rémunération est assurée en
la fréquence des lignes, le type de matériel partie par le résultat d’exploitation du service.
roulant (modèles de bus...) et l’implantation
des arrêts. Elle programme également les Avec l’affermage, la collectivité publique
nouvelles infrastructures, le partage de la finance les investissements et l’opérateur
voirie, le renforcement de l’offre de trans-
port sur les lignes existantes ou la création Les passagers peuvent
être informés des temps
de nouvelles dessertes. L’AOT œuvre pour d’attente réels aux arrêts
l’intégration des modes de transport collectif de transport en commun,
et la qualité du service (développement de sur internet ou sur leur
pôles d’échanges, aménagements facilitant téléphone portable et des
temps de parcours à bord
l’accès des transports publics aux piétons et des véhicules, ici dans le
aux personnes à mobilité réduite). Elle définit métro parisien
les indicateurs et les modalités de contrôle
de la qualité du service, tels que la régula-
rité, la propreté et la disponibilité des équi-
pements. Elle facilite également l’utilisation exploite le réseau. L’opérateur reverse à la
du réseau en élaborant les outils de commu- collectivité une redevance pour contribuer à
nication à destination des voyageurs (plans, l’amortissement des investissements réalisés
informations en temps réel) et en menant et une « surtaxe » en contrepartie du droit
des campagnes d’information destinées aux d’utilisation des infrastructures.
habitants, aux employeurs et aux pouvoirs
publics pour promouvoir l’usage des trans- Dans la concession, l’opérateur prend en
ports en commun. charge les investissements, les frais d’exploi-
tation et ceux liés à l’entretien courant. La
Deux modes de gestion du service peuvent durée du contrat, qui peut aller jusqu’à dix
être choisis par l’AOT : la régie directe et la ans, est plus longue que dans le cas de l’affer-
délégation (en affermage ou concession). mage. L’opérateur peut-être une entreprise
En « régie directe », la collectivité prend en publique, privée ou une Société d’Économie
charge au sein de ses services la gestion du Mixte.
réseau de transport en commun.

La billettique et l’intégration
tarifaire pour faciliter la
lecture et l’usage du réseau
La mise en place d’une tarification et d’une
billettique unifiées est un élément majeur
de l’intégration du système de transport. Le
réseau semble plus facile d’accès à l’usager L’AOT du STIF (Syndicat des
lorsque les billets et les abonnements sont Transports d’Île-de-France)
identiques quel que soit le mode de transport coordonne les différents
services et réseaux dans la
et la ligne empruntés. Ce système simplifie région : métro, RER, bus,
les correspondances entre lignes de même bus de nuit, pass Navigo,
etc.
Les AOT coordonnent la réalisation des pôles d’échanges,
ici le pôle de Gare du Nord à Paris qui connecte trains
internationaux, nationaux, RER, métro et bus

Faire la ville | 73
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains
mode ou de modes différents. Un gestion- Des sources de financement Pour aller plus loin :
naire unique, l’AOT, pilote l’ensemble du sys-
tème, de la définition des niveaux tarifaires,
diversifiées • Agence d’urbanisme
de l’agglomération
l’impression et la distribution des titres de Les recettes d’exploitation, le Versement lyonnaise,
transport à la répartition des recettes entre « Corridor design
Transport et les subventions constituent les
les multiples exploitants. La gamme de titres in town planning -
trois sources principales de financement des sustainable planning
de transport doit donc s’appuyer sur une transports publics collectifs. Les recettes d’ex- for large cities in
technologie commune à tous les modes. Les ploitation des lignes représentent 33% du finan- developed coun-
billets papier sont en général remplacés par cement du transport public en Île-de-France et tries ; Challenges
des supports technologiques avancés comme 31% au Grand Lyon. Le Versement Transport of implementation
les cartes à puce ou magnétiques, et il est consiste en une taxe sur les salaires qui concerne in booming cities
parfois possible d’acheter ou de recharger sa in emerging and
les entreprises de plus de neuf salariés, dont le
carte d’abonnement par internet ou via son developing cities - »
taux est voté par le conseil de l’AOTU. Les taux (CODATU XIII), 30 p.
téléphone. maximum imposables sont de 1% pour les http://www.urbalyon.
agglomérations avec un réseau classique de org/Document/_
lignes d’autobus et d’1,8 % pour un réseau de Lurbanisme_de_
tramway ou de métro. Le Versement Transport corridors__quelles_
représente 37% des recettes en Île-de-France difficultes_de_mise_
en_oeuvre_dans_
et 43% au Grand Lyon. Le reste des recettes
les_metropoles_des_
provient de la participation des collectivités pays_en_voie_de_
Le pass Navigo, une carte à
locales à hauteur de 20% en Île-de-France et developpement_-1721
puce sans contact, se recharge
à la semaine, au mois ou à de 26% pour le Grand Lyon et d’autres sources
• SYTRAL, Syndicat
l’année. La validation du pass de revenus, comme les subventions étatiques Mixte des Transports
aux portillons du métro et à et les amendes (environ 10% des recettes). La
l’entrée des bus permet de pour le Rhône et
connaître la fréquentation capacité d’investissement des AOTU en France l’Agglomération
des lignes est limitée et la formule la plus courante est de Lyonnaise,
recourir à des emprunts sur une vingtaine d’an- http://www.sytral.fr/
Ces titres de transport unifiés présentent nées ou à des partenariats public-privé. • STIF, Syndicat des
en général des systèmes d’abonnement transports de la
avantageux afin de fidéliser les usagers. En région Île-de-France,
Île-de-France, le « pass Navigo » donne accès Le SYTRAL au Grand Lyon, http://www.stif.info/
aux réseaux métropolitain et francilien ex-
ploités par la RATP et la SNCF, ainsi qu’aux l’AOTU d’un réseau en • GART, Groupement
des Autorités
bus des compagnies privées réunies dans extension Responsables de
un réseau dénommé « Optile ». De la même Transport,
manière, dans l’agglomération lyonnaise, les L’AOTU du Grand Lyon est le Syndicat Mixte http://www.gart.org/
abonnements représentent 75% des titres des Transports pour le Rhône et l’Aggloméra-
• IAU-IdF, Dossier
de transport. Par ailleurs, dans les deux ag- tion Lyonnaise (SYTRAL). Son conseil d’admi- Transports et
glomérations, des réductions de tarifs sont nistration comprend seize élus du Grand Lyon mobilités,
consenties à certaines catégories de per- et dix élus du département du Rhône. Ce syn- http://www.iau-idf.fr/
sonnes telles que les étudiants, les seniors, dicat coordonne le réseau « TCL » (Transports nos-etudes/theme/
transport-et-mobilite.
les chômeurs et les familles nombreuses. html
On distingue les tarifs uniques et la tarifica- La ligne B du métro a été prolongée par le SYTRAL de 2 km,
tion à la distance ou zonale. En France, la tari- dont 300 m sous le Rhône, afin de desservir la commune
fication zonale concentrique ou « alvéolaire » d’Oullins et le sud-ouest de l’agglomération lyonnaise
est peu pratiquée pour les transports urbains,
excepté en Île-de-France. La tarification
unique peut s’effectuer au temps, en don-
nant par exemple accès à tout le réseau, avec
la possibilité de faire des correspondances,
pendant une heure. D’un point de vue pra-
tique, les billets vendus à bord des bus sont
plus chers que ceux délivrés aux guichets de
vente, afin de décourager l’achat à bord pour
améliorer la vitesse d’embarquement des pas-
sagers (gain de temps de parcours).
74 |
en Commun Lyonnais) et le réseau « Optibus »,
qui transporte à leur demande des personnes
handicapées ou âgées. La durée du contrat
de l’exploitant, sans mission de commercia-
lisation, est de six ans.

Ces dernières années ont été marquées par


l’inauguration et le prolongement de plu-
sieurs lignes de métro et de tramway, portant
à quatre le nombre de lignes de chacun de
ces moyens de transport. Le réseau de bus
a connu une amélioration de l’offre avec la
réorganisation des cent-vingt lignes, l’achat
de nouveaux bus et le recrutement de nou-
veaux conducteurs. L’objectif était de faire
progresser le nombre de déplacements en
bus de 8 à 10%, soit d’atteindre 14 millions
de voyages supplémentaires fin 2012. L’AOTU
a également mis l’accent sur l’intermodalité mobilité à la fois fluides et respectueuses de Le STIF communique sur
l’achèvement des travaux du
entre bus, métro, tramway et modes indivi- l’environnement régional. Le PDU, révisable prolongement de la ligne de
duels. Le réseau lyonnais est ainsi le plus fré- par le STIF, est au service de cette ambition. tramway T2 et sa connexion
quenté des villes de province avec 1,4 million Il concerne à la fois le déplacement des voya- à la ligne T3, Île-de-France
de voyages quotidiens et 314 voyages par geurs et des marchandises, la circulation et le
habitant et par an. stationnement. Ce plan intègre à la question
du déplacement celle des aménagements et
des équipements qui en sont indissociables.
Le STIF, une AOTU de niveau Même si l’usage des transports en commun
s’est considérablement développé depuis le
régional pour l’Île-de-France
premier PDU (2000), celui de la voiture indivi-
Le Syndicat des Transports d’Île-de-France duelle a encore progressé. Le PDU de l’Île-de-
France a donc été révisé de 2007 à 2011, afin Le Grand Paris Express,
(STIF) est l’autorité organisatrice des trans- métro automatique
ports (AOT) de cette région. Il a pour mission de devenir un plan plus opérationnel d’ici composé de quatre lignes,
de fixer les relations et les lignes de transport, 2020, avec, pour chaque action projetée, un devrait être achevé en 2025
de désigner les exploitants, de définir les responsable, un calendrier et des modalités et offrira un nouveau réseau
structurant pour le territoire
modalités techniques ainsi que les conditions financières clairement arrêtées. francilien
générales d’exploitation et de financement
des services, sous réserve des compétences
reconnues à Réseau Ferré de France (RFF) et
à la Régie Autonome des Transports Parisiens
(RATP). Ainsi, le STIF organise, coordonne et
finance les transports publics de voyageurs
qui peuvent être assurés par la RATP, la SNCF
Île-de-France et les compagnies de bus du
réseau Optile. Le STIF est aussi responsable
de l’organisation et du fonctionnement des
transports scolaires et des services fluviaux
réguliers de voyageurs. Il est géré par un
conseil d’administration présidé, depuis la
réforme de 2006, par le Président du Conseil
régional d’Île-de-France. Il est composé d’élus
des collectivités territoriales (région, dépar-
tements et Ville de Paris).

La région Île-de-France, qui compte 11 mil-


lions d’habitants dans un rayon de 50 km,
doit pouvoir leur assurer des conditions de
Faire la ville | 75
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains

LES PROJETS ET RÉFLEXIONS DE LA


COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE
Pour les autorités vietnamiennes, confron- (Management Authority for Urban Railways )
tées à la multiplication des projets de trans- pour les réseaux de métro.
ports collectifs à Hanoi et HCMV, le risque
majeur réside dans le manque d’intégration Les maîtrises d’ouvrage des lignes de métro
des réseaux, qu’il soit physique ou institu- sont prises en charge par différents acteurs
tionnel. L’attention portée à l’articulation et aucune instance de régulation opération-
urbanisme-transport, la connexion physique nelle n’a encore été créée pour la gestion de
des réseaux ainsi que leur organisation insti- ces nouveaux projets. Cela confirme la néces-
tutionnelle et tarifaire seront déterminantes sité d’une autorité organisatrice ayant rôle
pour leur efficacité et leur attractivité. d’ensemblier sous l’égide d’un acteur institu-
tionnel unique. Le principe de mise en place
d’une AOT dans les principales villes du Viêt-
L’amélioration de l’organisation Nam ayant été acté par le Premier ministre
institutionnelle 1 en 2008, c’est dans ce cadre législatif que
s’inscriront les futures AOT vietnamiennes.
Les nombreux projets en cours dans les deux
métropoles vont remanier profondément le
système de transport urbain. La multiplica- Redéfinir les missions des
tion des modes, l’extension de la couverture autorités de régulation
territoriale et le développement de ces pro-
jets sur un temps très court impliquent la
actuelles afin de créer des AOT
mise en synergie en amont de l’ensemble des La nouvelle AOT devra coordonner en amont
projets pour en réussir l’intégration. de chaque projet la mise en œuvre du fu-
tur système en y impliquant les opérateurs
En effet, il est pour l’instant prévu que les actuels, les maîtres d’ouvrage de projets et
réseaux de bus de Hanoi et de HCMV et les leurs futurs exploitants. Pour des structures
futurs réseaux de métro soient gérés par telles que le DoT ou le Tramoc à Hanoi, le CGB
des entités différentes : Tramoc et CGB pour ou la MAUR à HCMV, l’enjeu sera désormais
les bus, le bureau de projet MRB et la MAUR de fédérer le système de transport public,
notamment en proposant une politique d’in-
Les informations à destination des usagers, notamment tégration (offre, qualité de service, tarifica-
la diffusion de la carte du réseau et des horaires, sont
tion et billettique) et en étendant leur champ
primordiales pour la fréquentation des transports en
commun, ici à HCMV d’action à l’ensemble des modes de transport 1
Atelier PADDI-IMV
(politique de stationnement, etc.). sur « les autorités
organisatrices de
À Hanoi, le Comité populaire, le Tramoc transports et modèles de
gestion des compagnies
et plusieurs bailleurs de fonds mènent en d’exploitation », animé
parallèle des réflexions sur la structure des par Maurice Lambert,
organigrammes. L’IMV soutient le renforce- décembre 2009
ment des compétences et des financements
du Tramoc, qui serait intégré dans la future
AOT, placée sous la tutelle directe du Comité
populaire. L’organigramme du Tramoc pour-
rait ainsi connaître des modifications afin de
répondre plus efficacement aux différents
objectifs de sa mission au sein de l’AOT. Il
pourrait comporter un « bureau unique des
contrats » couvrant les contrats avec les ex-
ploitants, les gestionnaires de sites (pôles
d’échanges) et les gestionnaires d’infrastruc-
76 |
tures. Les outils de contrôle d’exécution des laire et de membres des départements de
contrats seraient alors associés à ce bureau. la Planification Urbaine et de l’Architecture
La recomposition du territoire administratif (DUPA), du Plan et de l’Investissement (DPI),
de Hanoi devrait entraîner une extension des des Ressources Naturelles et de l’Environ-
dessertes régionales et locales, articulées au nement (DONRE), des Finances (DoF) et du
sein de pôles d’échanges. futur Bureau de gestion. Il serait responsable
de l’approbation du plan d’aménagement
Par ailleurs, une géographie administrative et de la stratégie en matière de transport
particulière pourrait être envisagée avec la ainsi que des politiques de tarification et de
création d’AOT de proximité pour les villes développement. Le Bureau de gestion serait
satellites sous l’égide de l’AOT principale de quant à lui chargé de l’élaboration de la stra-
Hanoi. La desserte de ces territoires suppo- tégie, de l’administration, de la gestion et du
serait également la mise en place des sys- phasage des projets de développement, de
tèmes intégrés (tarifs et informations auprès la coordination des opérateurs, de la ges-
des voyageurs) dans les différentes zones de tion des recettes, de la communication sur
la métropole. Les trains locaux et nationaux, le réseau ou encore de l’application d’une
qui relèveront de deux AOT différentes (une tarification commune. Ce bureau serait créé
provinciale et une nationale) emprunteront à partir de la fusion du Centre de gestion de
parfois la même voie (voie Nord-Sud qui tra- bus et de la MAUR, et relèverait du Comité
verse la ville), ce qui nécessitera l’interven- populaire. Par ailleurs, la MAUR est en train
tion d’une autorité pour attribuer les sillons d’étudier la création d’une structure d’exploi-
entre les deux AOT. tation et de maintenance (O&M) pour la ligne

« Le renforcement des compétences de Tramoc


Avant 1998, date de création de
Tramoc, le réseau de bus hanoien
était exploité en régie directe par
plusieurs opérateurs publics qui ont
par la suite été regroupés au sein
de la compagnie Hanoi Transerco.
Entre 2002 et 2008, Tramoc a
bénéficié de l’expertise de l’Île-de-
France dans le cadre des projets
européens Asia Trans et EcoTrans.
Ce dernier projet a bénéficié en
complément de l’aide publique au
développement allemande entre
2006 et 2008.

Ces projets s’attachaient au ren-


forcement des compétences de
Comment se fera l’intégration des réseaux de bus et de
métro dans la capitale vietnamienne ?
Tramoc en termes de planifica-
tion et d’adaptation du service
aux besoins des usagers. Ainsi les Une carte d’abonnement traditionnelle et
horaires de service ont été étendus une Smart Card de la ligne 32, Hanoi
Depuis quelques années, l’IHDS (HCMC et des cartes du réseau ont été éta-
Institute for Development Studies) réflé- blies et largement diffusées. De la
chit, en partenariat avec le DoT, à la créa- même manière, l’emplacement et
la signalisation des arrêts de bus Ces actions, combinées avec un effort
tion d’une AOT à HCMV. En 2012, suite aux ont été rationnalisés. Un système budgétaire important de la munici-
échanges avec le PADDI et les bailleurs de d’abonnement mensuel par carte palité de Hanoi sous forme de sub-
fonds, notamment la Banque mondiale, à puce, la « Smart Card », rechar- ventions aux opérateurs, ont eu un
l’HIDS a proposé un modèle de gestion des geable n’importe quel jour du mois, impact considérable sur la fréquen-
transports en commun composé de deux ins- a été introduit sur la ligne 32. Enfin, tation du réseau. En effet, le nombre
la mise en place d’abonnements annuel d’usagers des transports en
titutions : un Conseil des transports en com- mensuels pour tout le réseau ou commun est passé de 10 millions à
mun et un Bureau de gestion des transports une ligne particulière, couplée à 300 millions entre 2001 et 2007. Dans
en commun. Le Conseil serait composé du l’offre de tarifs spécifiques aux étu- le même temps, le nombre de lignes
Président du Comité populaire, du directeur diants en 2002 a contribué à attirer a été multiplié par deux et le nombre
du DoT, de représentants du Conseil popu- de nouveaux passagers. de bus par trois.

Faire la ville | 77
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains

de métro n°1. En effet, l’avancement des pro- Le renforcement des Pour aller plus loin :
jets de métro soulève la question de l’inté- • Les présentations
gration technique et physique des systèmes. compétences des intervenants
La première porte sur le choix des équipe- de la conférence
L’amélioration de la gestion passe également CODATU XIII sont
ments en matière de billettique et de normes téléchargeables en
techniques, ainsi que sur les choix tarifaires. par le renforcement des compétences et des anglais et en français
La seconde concerne la maîtrise d’ouvrage capacités d’expertise des équipes par des sur le site,
pour l’acquisition du foncier et les pôles formations et des recrutements. À Hanoi, http://www.codatu.
le Tramoc peut recourir à des expertises org
d’échanges. Toutes deux paraissent de plus
en plus indissociables de l’intégration des dif- externes, notamment de la région Île-de- • PADDI, 2008, Livret
France, les capitaliser afin de développer des « La gestion d’une
férents acteurs institutionnels et techniques. ligne de bus »,
outils de diagnostic et de développement de http://www.paddi.
Pour les deux métropoles, les relations avec projet. Le Sytral et d’autres établissements vn/fr/centre-de-
de la région Rhône-Alpes accueillent chaque ressources/livrets-
les opérateurs seraient clarifiées par la géné- des-ateliers-de-
ralisation progressive du régime des appels année quatre à cinq stagiaires de la MAUR et formation
d’offres pour l’attribution des lignes de trans- du DoT de HCMV. Le PADDI a joué à cet égard
un rôle important dans l’organisation de la • PADDI, 2012, Livret
port. L’IMV propose pour Hanoi la constitu- « Sécurité routière :
tion d’un comité de coordination des projets Conférence internationale sur le développe- enjeux et solutions »
en cours (harmonisation de l’accessibilité ment durable des transports urbains dans
et des systèmes intégrés, billettique, infor-
Quelques-uns des
mation voyageurs) qui faciliterait la synergie points noirs en termes
des projets. Concernant les conditions de cir- d’accidents de la circulation
culation des autobus, un renforcement des saigonnaise. En 2012, à
l’occasion de l’année de la
relations avec les partenaires institutionnels sécurité routière, le PADDI
chargés de la gestion de la voirie pourrait faci- a organisé avec le DoT
liter l’aménagement de couloirs réservés et un atelier et une mission
l’adoption de la priorité aux autobus sur les d’assistance technique pour
accompagner le travail de
axes principaux. sensibilisation à la sécurité
routière

« Formation à la maintenance du matériel roulant et création d’un dépôt de bus

Des spécialistes de la Régie Autonome des


Transports Parisiens (RATP), l’opérateur des bus
et métros à Paris, sont intervenus à Hanoi pour
concevoir et superviser la rénovation et l’équipe-
ment du dépôt de maintenance de bus de Thuy
Khuê avec du matériel neuf européen. A cette
occasion, le projet s’est aussi intéressé à l’amé-
lioration des compétences des cadres et des
mécaniciens du dépôt. L’objectif global était de
parvenir à un plan coordonné de maintenance
des bus entre les différents dépôts. Ainsi, la RATP
a mené une formation continue d’une vingtaine
de conducteurs de bus, amenés eux-mêmes à
devenir formateurs. Un règlement municipal a
été rédigé afin de rendre obligatoire la formation
initiale des chauffeurs à la conduite des bus, afin
qu’ils s’adaptent à une circulation très dense.
L’ensemble de ces actions a permis de renforcer
la sécurité et la fiabilité des bus et a contribué à
réduire, à une échelle modeste, la pollution at-
mosphérique.

Le dépôt de bus de Thuy Khuê à Hanoi avant et après


les travaux

78 |
Pour aller plus loin :
L’élargissement des sources
• PADDI-IMV, 2009,
de financement Livret « Les autorités
organisatrices
Les ressources financières dédiées à l’AOT de transports et
pourraient être élargies (amendes de cir- modèles de gestion
culation, stationnement, etc.) afin de per- des compagnies
mettre le financement direct d’opérations d’exploitation »
d’intégration et de qualité de service. Cela lui • IMV, Maublanc Y.,
assurerait un budget de fonctionnement in- 2005,
dépendant et à la hauteur de ses obligations « Fonctionnement
contractuelles vis-à-vis des opérateurs et de des autorités
ses besoins propres. organisatrices des
transports de la
région Île-de-France
Les réflexions sur la création d’une AOT sont au regard du contexte
avancées dans les deux villes, grâce à de hanoien », 21 p.
Une formation IMV-PADDI a permis le partage des
expériences hanoiennes, saïgonnaises et françaises sur les
nombreux séminaires et à la production de http://imv-hanoi.
AOT et de lancer des pistes de réflexion propositions d’architectures institutionnelles com/Uploaded/
par les différents services vietnamiens (DoT, Documents/
centres de gestion, HIDS) et par des consul- TC%20Rapport%20
les pays en développement, CODATU XIII, qui tants internationaux. La création d’une AOT
Fonctionnement%20
a eu lieu en novembre 2008 à HCMV. Cette du%20STIF%20-%20
nécessite maintenant une impulsion poli- Maublanc%202005.
conférence s’est penchée sur les enjeux de tique pour se réaliser. pdf
la planification urbaine, du financement des
transports, de l’intermodalité et de la mobili- • Tramoc,
té propre, ainsi que sur les outils mobilisables http://www.tramoc.
Le défi de l’intégration com.vn/
à cette fin.
technique • MAUR,
http://hcmc-maur.
L’intégration tarifaire du réseau Un autre enjeu majeur pour Hanoi et HCMV vn/en/
sera d’articuler physiquement les réseaux fer- • Centre de gestion
de bus et du métro rés lourds, les BRT, les bus urbains et les bus des Bus,
Le réseau bénéficie à Hanoi d’une gamme régionaux. Ces réseaux, hiérarchisés, consti- http://www.
tueront la charpente urbaine de chaque buyttphcm.com.vn/
tarifaire associant des titres à l’unité et des
titres d’abonnement vendus sous le contrôle métropole. Ainsi une intégration réussie
de Tramoc, qui encaisse les recettes et as- impliquerait d’une part un programme
sure leur répartition entre les opérateurs. de modernisation et de mise à niveau du
Les cartes d’abonnement peuvent couvrir mode existant, c’est-à-dire du réseau de bus
l’ensemble du réseau ou une ligne en parti- conventionnel, et d’autre part la mise en
culier et l’achat mensuel d’un timbre permet synergie en amont de l’ensemble des projets
de valider le titre de transport. Les billets et
les abonnements sont vendus par les opéra-
teurs aux principales gares d’autobus et aux
pôles d’échanges. Le contrôle est effectué par
un receveur à bord du bus. Les tarifs prati-
qués sont peu élevés et cette gamme de prix
pour l’offre « autobus » constitue un premier
niveau d’intégration tarifaire. Les tarifs sont
adaptés en fonction des distances : de 5 000 à
10 000 VND à HCMV et de 5 000 à 9 000 VND
par trajet à Hanoi. À cette offre s’ajoutent des
bus rapides qui comprennent moins d’arrêts
mais coûtent plus chers. La mise en service
des lignes de métro impliquera pour les AOT
le passage du système tarifaire monomodal
à un système tarifaire multimodal, avec une
billettique intégrée. Le pôle d’échanges de bus de Cholon, dictrict 5, HCMV

Faire la ville | 79
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains
(métro, BRT). Par ailleurs, l’extension du ter- dessertes de type RER et des dessertes
ritoire administratif de la capitale a modifié fines locales. L’ensemble serait articulé via
le référentiel territorial de développement des pôles d’échanges intégrant les parcs de
et d’exploitation du système de transport de stationnement et les taxis. Ce nouveau dé-
Hanoi. Pour s’y adapter, la desserte du nou- coupage territorial implique également de
veau territoire devrait s’appuyer sur d’éven- réfléchir aux liaisons à assurer entre Hanoi et
tuelles extensions des projets en cours, des les provinces environnantes.

« Mise en place d’un péage urbain : interrogations en termes d’efficacité et de coûts

Le péage urbain est censé réduire la congestion


et apporter des financements pour le transport
public et les infrastructures. Ces objectifs sont-ils
réalisables ? Quel en serait l’impact socio-écono-
mique ?

Le terme « péage urbain » englobe plusieurs types


de péage :
- les péages d’infrastructures (comme le tunnel de
Thu Thiem, les nouveaux ponts sur le Mékong, les
autoroutes françaises...) dont le but est de finan-
cer l’exploitation et tout ou partie de l’investisse-
ment de l’infrastructure, en général en contrat
de concession (Built Operate Transfert) pour une
certaine durée ;
- les péages de zone et/ou cordon qui taxent les
véhicules circulant dans une zone ou entrant/sor-
tant de cette zone.
C’est ce type de péage qui a été mis en place à
Singapour depuis 1975 et plus récemment au
Quels sont les effets observés des péages ? À Singapour, des
sein des villes européennes de Londres, Milan, portiques électroniques
Stockholm ou Oslo. Son objectif principal est de Dans les différentes villes qui les appliquent, leurs vérifient que les
limiter la congestion et les pollutions atmosphé- effets sont la baisse du trafic automobile dans la automobilistes circulant
rique et sonore. Le péage peut aussi générer des zone concernée, l’étalement des heures de pointe dans la zone centrale se
rentrées financières (50 millions d’euros par an de de circulation et l’augmentation du nombre d’usa- sont acquittés du droit
recettes nettes après déduction des frais de fonc- gers des transports en commun et des modes doux. d’entrée
tionnement à Stockholm, 140 millions d’euros à Néanmoins, dans la plupart des villes qui ont mis en
Londres) destinées à financer le développement place ce dispositif, de nombreuses autres mesures
de politiques de transport en commun, voire des avaient déjà été mises en œuvre au préalable pour
investissements routiers. Néanmoins, les recettes limiter l’usage de la voiture et favoriser les autres
générées sont rarement à la hauteur des mon- modes. Des contraintes sur le stationnement, la régu-
tants d’investissements attendus pour financer lation de la circulation, le développement des trans-
les routes, les autoroutes, les métros ou les trams. ports en commun et des modes doux préexistaient.
Le péage ne constitue donc pas une solution fi-
nancière suffisante pour les politiques de trans- En revanche, les effets socio-spatiaux sont souvent
port en commun des villes. considérés comme négatifs. Le péage crée une ségré-
gation sociale entre les usagers qui, dépendant de
Un péage de type environnemental, combiné ou leur voiture pour aller travailler, se sentent comme
indépendant, peut établir une taxation différen- « pris en otage » par l’obligation de payer. On constate
ciée des véhicules selon leur degré d’émission de également une hausse des prix immobiliers dans
gaz à effet de serre. Ce type de péage est à l’étude la zone intra cordon, une amélioration de la qualité
en France, notamment à Lyon, avec les « ZAPA » de vie limitée aux seuls habitants de cette zone et
(Zones d’Actions Prioritaires pour l’Air). Certains le report de la circulation sur les autres zones. Cette
types de véhicules âgés de plus de dix ans pour- mesure est également très impopulaire et rarement
raient même être un jour interdits dans ces zones. bien acceptée au préalable.

80 |
Organiser un pôle d’échanges, définir les lieux d’échanges « de fait » du
réseau.
les projets du Pont Long Bien
et de Câu Giây à Hanoi 3 La localisation du pôle doit répondre à des
critères techniques et stratégiques. Ce site
Les pôles d’échanges sont des lieux articulant devrait être un lieu d’échanges existant ou
les différents modes de transports – collec- potentiel entre de nombreuses lignes de bus.
tifs ou individuels. Ils doivent permettre de Dans un premier temps, le site de Câu Giây,
réduire l’impact négatif des « ruptures de peu exposé, a été choisi afin de convaincre
charge » ou correspondances et favoriser une plus facilement les autorités de cette réali-
plus grande accessibilité. Le pôle d’échanges sation nouvelle. Le pôle d’échanges de Long
permet l’interconnexion entre des lignes à Bien, plus central, a pu être aménagé une fois
forte capacité, qui desservent les centres le premier dispositif testé avec succès.
villes, et des lignes de rabattement ou des
rocades qui desservent la périphérie. Les Le dimensionnement du pôle consiste à esti-
pôles d’échanges structurent l’espace urbain mer le nombre de points d’arrêt, la largeur des
en offrant des services, des commerces mais quais, le nombre de points de taxis/motos-taxis
aussi des espaces publics. Ils assurent donc (voire de parkings) nécessaire en fonction du
un rôle d’interface entre la ville et son ré- nombre de bus et de passagers attendus sur
seau de transport. L’aménagement d’un pôle le site. Le design du pôle d’échanges peut for-
d’échanges est souvent l’occasion de rénover tement varier selon la morphologie du site : un
un quartier, d’en améliorer l’accessibilité, ou quai central (Câu Giây), deux quais latéraux
encore de renforcer des centralités urbaines (Long Bien) ou des dispositifs à redents. Le ca-
secondaires. ractère intermodal est assuré par la présence
de places de stationnement avec un espace
réservé pour les taxis et motos-taxis. Des
La méthode d’élaboration traversées piétonnes et des espaces publics
assurent la liaison avec le tissu urbain local.
La création d’un pôle d’échanges se fait
Les mouvements piétons entre les différents
de façon concertée entre les différents
modes de déplacement sont analysés et anti-
acteurs : l’AOT et les autres acteurs institu-
cipés afin de définir les cheminements liés à
tionnels, les exploitants de chaque mode
la localisation des fonctions, à la distribution
et le service d’urbanisme de la ville. Ils
des titres de transport et aux commerces.
valident ensemble un programme qui dé-
Ces déplacements doivent être minimisés
finit les connexions offertes, le détail des
et simplifiés au maximum. Les informations
besoins de chaque mode, l’implantation
pour les passagers sont placées aux endroits
et l’insertion dans le tissu urbain. À Hanoi,
où les flux se révèlent être les plus denses, ce
l’analyse croisée de données fournies par
qui permet au voyageur de prendre rapide-
Tramoc (quantité, fréquence de bus) et
ment connaissance des modalités d’accès à
d’une enquête de comptage du nombre de
son moyen de transport dès son entrée dans
passagers réalisée par l’IMV a permis de
le pôle. Cette information est répétée et pré-
cisée sur le mode de transport en commun
3
ciblé, par exemple sur le quai. Un architecte Projets menés par l’IMV
entre 2005 et 2009 dans
peut superviser le choix des matériaux, les le cadre des programmes
finitions et le dessin des espaces publics afin Asia Trans et Ecotrans
de donner une identité forte et une visibilité
au pôle au sein de l’espace urbain.

La construction de deux pôles


d’échanges à Hanoi
Jusqu’en 2005 il n’existait pas de stations de
correspondance de bus aménagées en tant
Le principe d’aménagement du pôle d’échanges de Long Bien que telles à Hanoi, bien que certains arrêts
à Hanoi
à l’intersection de corridors majeurs fussent
Faire la ville | 81
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains

desservis par plus d’une douzaine de lignes.


Montées, descentes et correspondances
s’effectuaient alors au milieu de la circulation
et les abribus étaient en nombre insuffisant
pour accueillir tous les passagers. Le projet
pilote de 2005, sur le site de Câu Giây, consis-
tait à aménager un pôle d’échanges desservi
par quinze lignes de bus, pour faciliter les
correspondances en les rendant plus confor-
tables et sécurisées.
Changer de bus à Câu
Une plate-forme centrale abritée de cent Giây, avant et après
mètres de long rassemble tous les arrêts l’aménagement du pôle
et les guichets de vente (tickets et cartes d’échanges, Hanoi
d’abonnement). Son insertion a été précédée
d’une modélisation des flux de passagers, des
cadences de desserte des bus et des autres
flux de circulation à l’aide de simulations dy-
namiques. En 2010, environ 40 000 passagers
(montées et descentes) ont transité chaque
jour par ce pôle et près de deux cents bus par
heure se sont relayés en période de pointe.
Cet aménagement est devenu une référence
à Hanoi en matière de modernisation des
transports publics. Ce pôle d’échanges est
par ailleurs placé sur le tracé de la ligne de
métro n°3 en cours de réalisation et a pour
vocation de devenir multimodal.

Le pôle d’échanges de Long Bien (mars 2009)


a été réalisé dans le cadre du projet Ecotrans
lancé en 2006 par le Comité populaire de
Hanoi et la région Île-de-France. Ce projet,
développé sur trois ans et cofinancé par la
Commission européenne dans le cadre du cipe d’un pôle en « sens giratoire » a permis
programme Asia Pro Eco, visait à améliorer de réduire les conflits de circulation entre les
les transports collectifs de la capitale viet- multiples usagers de la chaussée (piétons, vé-
namienne par le biais d’opérations d’exper- los, motos, voitures, bus, camions). Deux pla-
tise, de formations et de réalisations pilotes. teformes d’attente avec quatre zones d‘arrêt
Le pôle d’échanges de bus de Long Bien en facilitent la redistribution des flux de passa-
est l’une des plus visibles. Dès le début, la gers entre les quartiers centraux de la capi-
conception de cette infrastructure s’est arti- tale et les zones suburbaines. La connexion
culée autour de trois objectifs : réaliser un avec la gare de Long Bien (qui assure déjà
pôle d’échanges de bus, réduire les conflits des liaisons ferroviaires interrégionales) est
de circulation et valoriser ce site au pied du rapide et sécurisée. Le pôle offre également
pont Long Bien par une architecture et des des guichets pour l’achat de tickets et d’abon-
espaces publics de qualité. nements, ainsi que l’accès aux toilettes, la
proximité d’une station de taxis et d’un par-
Il est aujourd’hui considéré comme un des king relais pour les motos. Le pôle accueille
plus importants nœuds de transports publics aujourd’hui près de 200 bus par heure en
de Hanoi avec dix-neuf lignes de bus et la période de pointe. Son dimensionnement a
gare ferroviaire interrégionale de Long Bien. été prévu pour supporter le passage de 300
Son dimensionnement a été conçu pour ré- bus par heure et une hausse du nombre de
pondre à un flux important de bus. Il a été passagers. En effet, le premier pôle (Câu
aménagé au centre d’un axe routier majeur Giây) s’est rapidement avéré trop petit du fait
afin de faciliter les correspondances. Le prin- d’une augmentation de l’offre non anticipée.
82 |
« La ligne française de métro à Hanoi
Dès 2001, la municipalité de Hanoi a envisagé
sont également associées dans les études sur
l’intégration des stations dans leur environnement
Pour aller plus loin :
• IMV,
urbain et leur connexion avec le réseau de bus http://imv-hanoi.
la création d’un système de transport public de com/fr-FR/Home/
conventionnel. Le pôle d’échanges de bus du ter-
plus grande capacité que le bus. En 2002, l’IMV ecotrans2-139/1371/
minus métro de Nhon fait ainsi l’objet d’une étude
a réalisé une étude à la demande du Comité po- Le-pole-dechange-
préliminaire financée par l’IMV sur l’intégration
pulaire et de la région Île-de France pour la mise de-bus-de-Long-
physique de la station avec des lignes de bus ur- Bien-20062008.aspx
en place d’une ligne expérimentale de tramway.
bains, des lignes interprovinciales, et un parc relais
Ce projet a été repris par la coopération étatique • AFD,
afin de créer un pôle intermodal de rabattement.
franco-vietnamienne qui a financé une étude http://www.afd.fr/
FASEP approuvée en 2005 pour une ligne de webdav/site/afd/
métro. En 2010, l’État français, l’Agence Française shared/PORTAILS/
de Développement, la Banque Asiatique de PAYS/VIETNAM/
Développement et la Banque Européenne d’In- fiches-projets/
vestissement se sont engagés à financer la ligne à Fiche%20-%20
m%C3%A9tro%20
hauteur de 1,1 milliard d’euros. Les études tech- de%20Hanoi.pdf
niques sont dirigées par le bureau d’études fran-
çais Systra. La première phase de la ligne prévoit
huit stations aériennes et quatre souterraines. La
seconde phase du projet prévoit l’extension de la
ligne vers le sud-est. L’AFD et l’IMV fournissent
une assistance technique au Comité populaire
de Hanoi pour favoriser sa mise en œuvre et son
intégration physique, billettique et signalétique
4
avec les lignes financées par des prêts chinois et Atelier PADDI/Banque
japonais. La région Île-de-France, l’AFD et la BAD mondiale/DUPA/DoT/
Agence d’urbanisme
de l’agglomération
lyonnaise/DeSo/Dalkony,
Le futur terminus de la ligne 3 à Hanoi devra assurer « Hô Chi Minh City,
l’interconnexion entre métro, bus urbains, bus East-West boulevard BRT
provinciaux, motos-taxis et taxis and Greenway concept
workshop », juillet 2011

S’il n’a pas été possible de réaliser les Ouest », le Comité populaire de HCMV a lan-
constructions et les espaces publics sui- cé une réflexion ainsi que des études pour y
vant un design innovant et de qualité, avec réaliser une ligne de BRT.
le concours d’un architecte, des espaces
ouverts et plantés signalent néanmoins le
Le périmètre du projet inclut des quartiers centraux, les
pôle et offrent un environnement d’attente quartiers le long du canal et des entrées de ville, HCMV
préservé aux usagers. Le chantier a essentiel-
lement été suivi par Tramoc avec l’appui des
experts de la région Île-de-France.

Articuler urbanisme et
transport, le projet de BRT
du boulevard Vo Van Kiet à
HCMV4
Ce projet s’inscrit dans une série d’études et
de séminaires impliquant le Comité populaire
de HCMV, le DoT, la Banque mondiale et le
PADDI. En 2005, la Banque mondiale a pro-
posé un projet de réseau de BRT et le PADDI
la réalisation d’une ligne pilote, de Cholon à
Binh Thanh. Suite à l’abandon du projet de
tramway sur le boulevard Vo Van Kiet, dit « Est-

Faire la ville | 83
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains

Une méthode inédite pour un Un axe routier structurant et


atelier participatif un paysage urbain hérité des
activités commerciales liées
Le projet d’aménagement d’une ligne de BRT
sur le boulevard Vo Van Kiet intègre les pro- au fleuve
blématiques de transport et d’urbanisme, Le boulevard Vo Van Kiet est une voie ra-
ce qui est inédit au Viêt-Nam, à la fois pour pide récemment inaugurée à HCMV, dont la
les services techniques de la ville et pour les vocation est de constituer un axe traversant
bailleurs de fonds internationaux. Le PADDI majeur de l’agglomération, du sud-ouest au
et la Banque mondiale ont organisé un ate- nouveau quartier de Thu Thiem, en passant
lier qui rassemblait la majorité des services par les quartiers centraux (district 1). Les
impliqués dans les problématiques urbaines quartiers longés par le boulevard, essentiel-
et de transport : le DoT, le DUPA, l’UCCI East lement résidentiels et commerciaux, sont
West boulevard, la MAUR, le DPI, le DoC, le caractérisés par leur forte densité démogra-
centre anti-inondation, l’HIDS et les districts phique (205 à 500 habitants par hectare)
concernés. Les deux principaux services inté- et la proximité des pôles commerciaux de
ressés, le DoT et le DUPA, ont contribué étroi- Cholon et du marché Ben Thanh. Ce paysage
Les compartiments chinois
de Cholon, district 5, HCMV
tement aux travaux du groupe de consultants de compartiments chinois et d’entrepôts,
français (Agence d’urbanisme de Lyon, DeSo hérité des activités traditionnelles liées aux
architecture et Dalkony paysage) qui a dirigé canaux, connaît un renouvellement rapide
les discussions et exposé des propositions avec la construction d’immeubles de grande
d’aménagement. Leur proposition finale in- hauteur.
tègre les dimensions sociale, foncière et pay-
sagère ainsi que la localisation des voies du
BRT et des stations. Améliorer l’accessibilité et la
qualité de vie
La réalisation d’une ligne de transport de
masse devrait renforcer l’accessibilité de ces
quartiers. Le projet qui entraînera la transfor-
mation des tissus urbains alentours consti-
tue également une bonne opportunité pour
l’amélioration de la qualité de vie autour du
boulevard.

Des espaces verts et des arbres d’aligne-


ment devraient transformer l’axe du BRT en
« corridor vert ». Les stations se situeraient à

proximité des ponts et des passerelles assu- Les stations de BRT


reraient ainsi la connexion avec le réseau de pourraient marquer le
paysage urbain et offrir
bus existant et les futures lignes de métro.
un accès sécurisé aux bus
Autour des stations, une organisation spa- (HCMV)
tiale favorable au report modal de la moto

Les capacités de la voirie avec un BRT

84 |
tionnement central est le plus avantageux, en Pour aller plus loin :
termes de coûts de construction, de facilité • Agence d’urbanisme
d’accès aux stations pour les riverains et d’es- de l’agglomération
paces publics dégagés le long du canal et sur lyonnaise, PADDI,
2011, « Hô Chi Minh
les trottoirs. Cette configuration, avec le ren- City, East-West
forcement du nombre de passages piétons boulevard BRT and
protégés, transformerait cet axe desservant Greenway concept
workshop »,73 p.
les quartiers historiques de la ville en « bou- http://www.urbalyon.
levard urbain » et faciliterait son intégration. org/Document/
En revanche, des voies le long du canal, avec Ho_Chi_Minh_City_-
des stations accessibles au moyen de passe- Vietnam-_-_East_
West_BRT_and_
relles piétonnes, permettraient une gestion Greenway__Concept_
plus aisée du trafic, mais renforceraient dans Workshop_-_4_th_
le même temps le caractère autoroutier de to_8_july_2011-3230
l’axe. Cette question fera l’objet d’une étude • PADDI, 2010, Livret
de faisabilité. « Réaménagement
urbain autour de
vers le transport collectif serait à promouvoir, nouveaux axes à
Les espaces publics autour des futures stations de BRT HCMV »,
avec des parkings relais et des espaces pié- http://www.paddi.
devront faciliter les accès piétons, HCMV
tons sécurisés. Des espaces publics attractifs vn/fr/centre-de-
(terrains de sport, de jeux, espaces verts) ressources/livrets-
des-ateliers-de-
et des équipements publics pourraient être formation
aménagés à proximité des stations de BRT et
• Triangle Génération
former ainsi un réseau d’équipements reliés Humanitaire, PADDI,
par la ligne de bus. 2012, « Étude sur la
pauvreté urbaine ;
La nature future de l’axe, boulevard urbain ou réflexion sur les
politiques publiques
voie rapide, qui n’est pas encore déterminée, de réduction de la
est liée au positionnement des voies du BRT. pauvreté à partir du
Trois possibilités se présentent : des voies le cas d’étude du District
8, HCMV », 164 p.,
long des bâtiments, centrales ou bien le long http://www.paddi.
du canal. Pour les experts français, le posi- vn/fr

Le boulevard Vo Van Kiet vu


de la tour Bitexco, HCMV

Faire la ville | 85
Chapitre 3 : Les transports collectifs urbains

L’aménagement d’une « vallée


verte » en conservant des
hauteurs limitées pour les
districts 4 et 8
Ce projet est l’occasion d’orienter le dévelop-
pement urbain de l’axe sur les neuf kilomètres
longeant le canal. Il s’agit ici de permettre aux
classes populaires habitant les districts 4 et 8
d’y rester tout en améliorant leurs conditions
de vie. Il n’existe que peu de marge de ma-
nœuvre pour une maîtrise publique de l’amé-
nagement, les plans des districts ayant déjà
été approuvés et la majorité des terrains mu-
tables déjà alloués à des projets d’investisse-
ments privés. La construction d’immeubles
de grande hauteur pourrait pourtant se
concentrer sur les rives nord et sud du canal
et les hauteurs se limiter à quatre ou cinq
étages pour les districts 4 et 8, dessinant ainsi Les stations du BRT et les connexions avec les autres modes de transport en commun (HCMV)
une vallée. Ces quartiers denses (280 habi-
tants par hectare), qui souffrent d’un déficit
d’espaces verts et d’équipements publics,
pourraient accueillir des centres culturels et
sportifs et des squares. Le principe de la « vallée verte » : de faibles hauteurs pour les districts 4 et 8 (HCMV), des
espaces publics valorisés sur les berges des canaux, des hauteurs libres sur les autres berges

86 |
LE LOGEMENT
u cours de la décennie 1999-2009, la population de Hanoi et de HCMV s’est

A accrue de 3% par an en moyenne, ce qui a entraîné la densification des espaces


centraux et périurbains ainsi qu’un étalement urbain important. Le logement est
ainsi devenu un sujet de préoccupations majeures pour les habitants, les investisseurs
et les autorités. De nouvelles zones urbaines ont vu le développement de tours
d’appartements aux côtés des maisons individuelles. La qualité des logements s’est
globalement améliorée grâce à des politiques de résorption de l’habitat insalubre,
notamment le long des canaux. Cependant, malgré un marché de la construction
immobilière privée dynamique, l’offre de logements reste très inférieure aux
besoins réels, notamment pour les classes populaires et moyennes. Le nouveau parc
immobilier est massivement dominé par des logements en accession à la propriété,
même si les autorités publiques cherchent actuellement à développer un habitat
locatif et abordable. Les opérations de logements aidés sont encore étroitement liées
aux expropriations de terrains suite à la construction d’infrastructures ou de projets
immobiliers. Malgré l’amélioration des procédures d’indemnisation et de relogement,
ces opérations demeurent d’importantes sources de tensions entre les habitants, les
investisseurs et les autorités publiques.
Les compartiments du
quartier de Binh Thanh,
HCMV
Chapitre 4 : Le logement

LE LOGEMENT AU VIÊT-NAM
Loger les ménages à bas revenus et reloger les
habitants touchés par des récupérations foncières
usque dans les années 1980, la

J construction et la gestion des loge-


ments étaient essentiellement finan-
cées par l’État. Les montants des loyers
fonds publics et privés. De manière plus gé-
nérale, il soutient l’agrandissement du parc
de logement locatif par rapport à la construc-
tion individuelle privée. À HCMV, le départe-
ment de la Construction (DoC) comprend un
étaient extrêmement bas, le sol et les
logements attribués gratuitement et la bureau de développement du logement et
un bureau de gestion, qui examine les dos-
mobilité résidentielle quasiment inexis-
siers de candidatures au logement public.
tante. À la fin des années 1980, les fonds
Le logement est géré au niveau du district
publics disponibles devenant très limités, et du quartier par le bureau ou l’équipe de
l’État décida de « socialiser » le logement, gestion urbaine. Un Comité de gestion des
c’est-à-dire d’encourager les habitants projets d’investissement, en charge du parc
à construire leur propre habitation. Les de relogement, opère à l’échelle du district.
sociétés de construction purent alors se Des sociétés publiques telles la Société géné-
financer auprès des banques. Et les auto- rale du développement de l’immobilier ou la
rités locales accordèrent aux ménages, sur Société de gestion du logement participent, à
certains terrains, de construire, rénover côté des sociétés privées, à la production de
ou étendre leur maison, voire d’acheter logements.
le logement qu’ils occupaient. Dans un
deuxième temps, des compagnies d’État Le logement à Hanoi et à
et des entreprises privées saisirent large-
ment les nouvelles opportunités offertes
HCMV aujourd’hui
par la loi foncière de 2003 pour déve- Au Viêt-Nam, l’espace habitable moyen par
lopper des projets d’immeubles de loge- personne est passé, selon les statistiques,
ments destinés aux classes moyennes et de 9,7 m²/hab. en 1999 à 18,6 m² en 2009.
surtout supérieures. Pourtant, en 2004, 30% de la population vi-
vait avec moins de 3 m² de surface disponible
par personne, chiffre qui pouvait descendre
Une stratégie nationale du
logement inédite depuis 2011
« Le contexte législatif

Le logement est un sujet majeur ayant un - 2003 : Loi foncière qui favorise l’investissement privé et le développement
impact direct sur la vie des populations. Si d’opérations de promotion immobilière.
- 2005 : Loi sur le logement (56/2005/QH11) qui reconnaît la propriété du
l’offre ne répond pas encore aux besoins logement et les droits de cession, encadre les programmes de construction,
considérables des habitants, le logement offre la possibilité de créer un Fonds du logement social et définit les critères
constitue un axe de politique publique essen- d’éligibilité à l’achat (au moins 20% d’apport initial de la part des ménages).
tiel. Disposant d’un département de gestion - 2009 : Décret 69/2009/ND-CP sur la planification foncière, le prix du terrain
du logement et du marché immobilier, le et sa récupération, qui améliore l’encadrement des procédures d’indemnisa-
Ministère de la construction a élaboré et fait tion et de relogement.
approuver en 2011 la Stratégie nationale en - 2009 : Arrêté 90/2009 ND-CP sur le logement social.
- 2011 : Stratégie nationale de développement du logement pour 2020 à
faveur du développement du logement pour horizon 2030, décision 2127/QD-TTg.
2020 à horizon 2030. Ce plan met l’accent sur - 2013: Décret 188/2013/NĐ-CP du 20/11/2013 du Gouvernement sur
les programmes d’habitation destinés aux le developpement et la gestion du logement social; Décret 11/NĐ-CP du
ouvriers et aux étudiants et sur la construc- 14/11/2013 du Gouvernement sur la gestion du developpement urbain.
tion de logements locatifs pour les ménages - 2014: Circulaire 08/2014/TT-BXD du MoC guidant l’application du Décret
urbains à bas revenus, avec le soutien de 188/2013/NĐ-CP.

88 |
jusqu’à 2,2 m² dans le vieux quartier de Hanoi. Le parc de relogement, destiné aux habi- Pour aller plus loin :
Environ 25% du parc de logement est consi- tants touchés par une procédure de récu- • ONU Habitat ;
déré par le gouvernement comme inférieur pération de leur terrain, est considéré conférences,
aux standards de confort ou pouvant seu- comme privé. En effet, ils deviennent pro- publications,
lement intégrer la catégorie des logements priétaires de leur résidence, que celle-ci actualités sur le Viêt-
temporaires. Cette précarité de l’habitat est soit directement financée par les autorités Nam,
http://www.fukuoka.
liée à l’auto-construction mais aussi à des ré- publiques ou par des investisseurs privés unhabitat.org/
gimes d’occupation fragiles (migrants illégaux qui construisent puis revendent les loge- projects/voices/
à HCMV, absence de certificats de propriété ments à la collectivité. vietnam/index_
foncière et/ou immobilière) ou encore au en.html
manque d’infrastructures urbaines de base Le parc de logement « social », qui sera appe- • PADDI, 2009, Livret
(assainissement, etc.). Malgré la volonté poli- lé ici public, est réservé aux fonctionnaires, « Développement
tique de répondre à la demande croissante aux policiers et aux militaires. Les loyers y du logement social à
des classes moyennes et des plus défavorisés sont faibles, ils sont calculés en fonction des HCMV »,
en octroyant des conditions favorables aux revenus du ménage selon un barème du http://www.paddi.vn/
investisseurs privés, l’offre de logement reste Ministère de la construction. Les logements IMG/pdf/finale.pdf
aujourd’hui très inférieure aux besoins réels. purement locatifs ne représentent qu’envi- PADDI, 2007, Livret
ron 10% de ce parc, le reste étant destiné à « Le logement social »,
Le parc de logement est essentiellement pri- l’accession à la propriété suivant un système http://www.paddi.vn/
IMG/pdf/qlclxh.pdf
vé et se caractérise notamment par une part où les ménages versent des loyers pendant
importante de constructions individuelles dix ans puis se portent acquéreurs à condi- • Parenteau R. (dir),
(plus de 80% de la construction avant la loi tion de posséder au moins 20% d’apport Habitat et
Environnement urbain
foncière de 2003). Le compartiment ou « mai- personnel au moment de l’achat. Dans les
au Viêt-Nam, 1997,
son tube », maison individuelle d’un à quatre appartements en « location-accession », les 335 p. Khartala,
étages en moyenne, abritant une famille élar- loyers sont plus importants que dans une lo- http://books.google.
gie et souvent un commerce au rez-de-chaus- cation standard du parc de logement public. com.vn/books?id=QE8
sée, domine le paysage urbain. lzVMep9kC&printsec=
Cette configuration du logement public ne frontcover&hl=fr&sou
En 2012, les immeubles collectifs forment permet pas d’atteindre les ménages les plus rce=gbs_ge_summary
_r&cad=0#v=onepage
16,6% du parc de logement à Hanoi et 6% modestes. En effet, selon la règlementa-
&q&f=false
à HCMV. Le secteur locatif, majoritairement tion en vigueur, les appartements doivent
privé, n’en représente que 11% à Hanoi et être compris entre 30 et 70 m², surfaces • Cerise E., thèse de
doctorat, Fabrication
16% à HCMV. La part des opérations de loge- qui excèdent les capacités de financement
de la ville de Hanoi,
ments collectifs (condominiums ou tours plus des ménages pauvres. Ainsi, la superficie entre planification et
modestes) est toutefois en augmentation minimale des logements publics récemment pratiques habitantes
régulière. construits à Hanoi était de 60 m², ce qui rend - Conception,
leur acquisition trop onéreuse (630 M de VND production et
réception des formes
bâties, 2009.

La mixité de l’habitat dans le


district de Binh Thanh à
HCMV : habitat précaire
sur le bord du canal,
compartiments, immeubles
de logements
collectifs et immeubles haut
de gamme

Faire la ville | 89
Chapitre 4 : Le logement
en moyenne) pour les ménages modestes. Tarif de Loyer à payer chaque mois Revenus du foyer
location, (VND/foyer/mois)
Une réorientation de la production vers des location- ayant droit à la location/
accession à la location-accession
logements plus petits serait donc néces-
Min. Max.
saire. Par ailleurs, de nouveaux programmes VND/m2/
mois
30 m2 45 m2 60 m2

publics ont été lancés en 2009 à destination Loyer 15 000 15 000 675 000 900 000 1 800 000 4 500 000
min.
des ouvriers et des étudiants, qui jusque là Location
Loyer 28 000 28 000 1 260 000 1 680 000 3 360 000 8 400 000
avaient recours au parc privé, faute de places max.
suffisantes dans les résidences universitaires Loyer 18 000 18 000 81 000 1 080 000 2 160 000 5 400 000
min.
ou dans les logements fournis par les em- Location-
accession Loyer 30 000 30 000 1 350 000 1 800 000 3 600 000 9 000 000
ployeurs. L’enjeu serait d’ouvrir la location max.
de ces logements ou leur accession à la pro- Source : Ministère de la Construction
priété à d’autres catégories de populations,
notamment des populations modestes et Le barème des loyers des
construire un immeuble de logement social
pauvres, dans le souci de préserver la cohé- appartements en location sur un autre site. De même, un investisseur
sion sociale, d’éradiquer l’habitat insalubre et ou location-accession, 2010 qui achète un terrain peut bénéficier de
de fluidifier le marché du logement. conditions fiscales favorables s’il développe
des logements revendus à des prix enca-
drés par les autorités publiques. Les inves-
La recherche de terrains tisseurs qui réalisent des opérations sur de
disponibles et les mécanismes très grandes parcelles peuvent également
être contraints à construire un immeuble de
de financement pour leur logement social sur leur terrain. Enfin, des
acquisition droits à construire, comme des étages sup-
plémentaires, peuvent n’être accordés qu’à la
Le développement du logement social doit condition qu’une part de ces logements soit
respecter les orientations fixées dans les réservée aux autorités publiques.
documents d’urbanisme. Pourtant, actuelle-
ment, trouver des terrains pour la construc- Du fait de ces procédures, les sites de reloge-
tion de logements publics et mobiliser les ment ou de logement public se situent sou-
financements nécessaires à leur acquisition vent en périphérie, sont faiblement équipés
constituent deux difficultés majeures pour et mal desservis en transport en commun.
les autorités publiques. Une série de mon- Une partie de ces immeubles qui com-
Les habitants des KTT ont
tages permet pourtant de mettre à contribu- largement transformé prennent à la fois des habitations vendues
tion les investisseurs privés. Ainsi, les projets leurs logements (ajout de au prix du marché et d’autres gérées par des
immobiliers commerciaux et les nouveaux terrasses, de magasins au
sociétés publiques connaît des problèmes
rez-de-chaussée) afin de les
quartiers urbains (des villes de catégorie 3 adapter à leurs modes de de copropriété en raison des statuts mixtes
et plus) doivent céder 20% des terrains pour vie, ici les KTT de Giang Vo d’occupation.
le logement social et les viabiliser. La ville à Hanoi
peut également réserver un terrain pour un Le financement du logement public est éga-
promoteur qui, en contrepartie, s’engage à lement assuré par les banques privées et le
« Fond de développement des logements » qui
investit dans plusieurs secteurs et accorde
sur ses bénéfices des crédits aux fonction-
naires à bas revenus. Ces sources de finan-
cement se révèlent pourtant insuffisantes car
les investissements dans le logement public,
et particulièrement dans le locatif, sont jugés
peu attractifs par les entreprises en raison de
la faible solvabilité des ménages, de l’insuffi-
sance des crédits immobiliers aux particuliers
et de la longueur du retour sur investisse-
ment. Les crédits disponibles de la Banque
de développement du Viêt-Nam, qui pra-
tique des taux préférentiels pour le logement
public, sont modestes au regard du nombre
de projets, tandis que les taux d’intérêt des
90 |
banques commerciales restent élevés pour lesquels les autorités prennent en charge la
ce type de construction. création et la rénovation des infrastructures
Enfin, les collectivités locales elles-mêmes et les habitants financent l’amélioration de
peuvent être réticentes à encourager des leur logement.
projets de logement public dans la mesure
où les produits des cessions de terrains et Des projets d’amélioration de l’habitat pré-
des taxes récoltées à l’occasion d’opérations caire sont également soutenus par des bail-
immobilières, qui représentent une part leurs de fonds internationaux. Le programme
importante de leurs ressources financières, « Viêt-Nam Urban Upgrading » de la Banque
sont moindres pour ce type de projet que mondiale, lancé en 2004, prévoit par exemple
pour des immeubles haut de gamme ou de l’implantation dans les quartiers d’habitat
bureaux. insalubre d’équipements publics (écoles, dis-
pensaires), d’infrastructures urbaines de base
(eau, assainissement, etc.), l’octroi de prêts
pour améliorer les logements ou encore un
soutien aux ménages dans leurs démarches 1
Atelier PADDI sur
d’obtention des certificats d’usage des sols. « L’indemnisation et
La rénovation des logements le relogement des
populations lors de
et des quartiers dégradés Les récupérations de terrains : réaménagements
urbains », intervention de
La rénovation urbaine est devenue ces der- indemniser et reloger 1 C. Musil, mars 2010

nières années un enjeu important, du fait


A mesure qu’augmente le nombre des projets
du vieillissement du parc de logements
de promotion immobilière de grande ampleur,
construits dans les années 1970-1980.
les enjeux du relogement et de l’indemnisation
des ménages, suite à la récupération de leurs
Par exemple, le parc locatif des Khu Tap Thê
terres, gagnent en importance. En 2010, la
(KTT), au loyer très bas destiné aux fonc-
ville de HCMV comptait ainsi sur son territoire
tionnaires, a été construit par l’État dans
le nord du Viêt-Nam entre 1960 et 1980 et Les terrains de 6 790 foyers ont été récupérés lors de la construction du boulevard Vo Van
constitué dans le sud à partir de 1975. Ces Kiet (HCMV) (ici en 2005 et en 2011). Parmi eux, 34% ont été indemnisés par un appartement
ou un terrain dans les districts alentours. Les autres ont été indemnisés financièrement à
barres de deux à cinq étages de logements hauteur de 20% de la valeur initiale du foncier
collectifs étaient inspirées de l’habitat col-
lectif soviétique et leur construction suivait
une méthode de préfabrication souvent sur
site. Suite au Doi Moi et au désengagement
de l’État de la gestion de ces logements, les
ventes entre particuliers ont été autorisées
dans les années 1990 et la revente par l’État
aux occupants s’est aujourd’hui généralisée.
Ces immeubles, devenus des copropriétés,
ont été mal entretenus et présentent au-
jourd’hui d’importantes dégradations. Les
mieux situés font parfois l’objet de destruc-
tion et de reconstruction, les habitants étant
relogés sur place ou indemnisés.

Par ailleurs, à partir des années 1990, les


autorités locales ont engagé des actions
de démolition des quartiers de logements
insalubres, notamment le long des canaux à
HCMV. Les périmètres pour de tels projets
sont définis par les autorités publiques sur
des sites stratégiques qui pourraient inté-
resser des investisseurs. Les sites moins stra-
tégiques ou moins attractifs font l’objet de
programmes d’amélioration sur place, pour
Faire la ville | 91
Chapitre 4 : Le logement
450 projets de quartiers résidentiels et de blic ou privé), des statuts d’occupation des Pour aller plus loin :
villes nouvelles qui nécessitaient d’impor- habitants ou de leur degré d’opposition. Trois • Cerise E., Kelly
tantes acquisitions de terrains. 498 projets types de solutions peuvent être proposés : le S., 2010, « KTT
d’utilité publique impliquant indemnisation relogement sur le site, sur des parcelles plus transformation
et relogement seront en outre planifiés entre éloignées ou l’indemnisation financière. Les in Hanoi ;
2010 et 2015. Environ 30 000 familles vivant autorités publiques ont l’obligation d’indem- Informalization of
formal housing,
dans des quartiers insalubres et/ou sur les niser et/ou de reloger les familles lorsqu’il
formalization of
berges de canaux ont été ou seront relogées s’agit de projets administrés par elles. Ces informal housing »,
entre 2006 et 2015 et 44 000 appartements missions sont alors assurées par les districts 8 p.
ou parcelles ont été mis à disposition ou le ou les autorités de gestion, en collaboration www.cades.be/
seront pour le relogement. À Hanoi, un projet avec le Centre de Développement Foncier, s’il attachments/
de rénovation et d’embellissement du vieux existe, et le Comité populaire. En revanche, download/98
quartier dans le centre-ville prévoit le reloge- les ménages sont indemnisés en fonction des • Banque mondiale,
ment de 30 000 personnes, dont des familles prix du marché lorsque les projets sont direc- « Viêt-Nam Urban
volontaires et six cents foyers qui occupent tement gérés par des investisseurs privés ou Upgrading Project »,
illégalement des édifices religieux et histo- des bailleurs de fonds internationaux. Ces http://www.
worldbank.org/
riques appartenant à la ville. Cette opération différences de traitement engendrent des
projects/P070197/
devrait permettre de dédensifier un quartier tensions entre la population et les autorités. urban-upgrading-
qui compte environ 84 000 hab./km² (à titre Par ailleurs, les changements de propriétaires project?lang=en
de comparaison, l’arrondissement parisien le et le manque de traçabilité des documents
plus peuplé, le 11ème, compte 41 000 hab./ rendent certaines situations juridiquement

Les emprises foncières à


Construction et commercialisation
acquérir par les autorités
des terrains lotis (25 m de large) publiques lors du
percement de l’axe Kim Lien
Emprise de Emprises à Hanoi
la voirie Réfection et élargissement de la chaussée foncières à
existante 38 m de large acquérir

Construction et commercialisation
des terrains lotis (25 m de large)

km²). La mise en œuvre du plan du Comité très complexes et ne facilitent pas le calcul
populaire a débuté en décembre 2009 et des indemnités. Une même maison peut par
des sites ont déjà été récupérés. Toutefois, exemple être partagée entre cinq familles
l’administration peine à négocier avec les ha- propriétaires ; à l’inverse, plusieurs petites
bitants en raison de la grande valeur - notam- maisons appartenant à des familles diffé-
ment commerciale - des terrains, du retard rentes peuvent être implantées sur une par-
pris dans la construction des sites de reloge- celle dont le droit d’usage est détenu par une
ment et de leur distance par rapport au lieu seule personne.
de résidence d’origine. Cette opération est
freinée par un manque de diagnostic initial à Face aux récupérations, les habitants concer-
l’échelle du vieux quartier (recensement des nés élaborent des stratégies diverses. Lors
habitants, de la propriété immobilière et des des projets d’élargissement d’axes, certains
droits d’usage fonciers) et elle souffre d’un achètent et vendent des terrains suivant
vide juridique en matière de dédensification. une logique spéculative afin de se placer sur
Elle est également difficile à justifier car elle le tracé du projet. D’autres construisent un
n’est pas considérée comme une opération étage supplémentaire pour obtenir une meil-
de renouvellement urbain dans la législation leure indemnisation ou déménagent, tout
vietnamienne. en conservant leur terrain pour le mettre en
location. Ceux-ci, ainsi que les occupants des
Le décret 69/2009/ND-CP et la décision parcelles donnant sur la rue, qui tirent leur
108/2009/QD-UBND encadrent les procé- revenu d’une activité commerciale, sont en
dures d’indemnisation et de relogement. général responsables de retards importants
Les indemnisations peuvent cependant être dans les procédures de libération des terrains
modulées en fonction du type de projet (pu- et donc dans la réalisation des infrastructures.
92 |
La diffusion de l’information Le relogement
Pour aller plus loin :
• Musil C., thèse de
La diffusion de l’information concernant les Des aides pour le déménagement, le reloge- doctorat en cours,
projets d’aménagement et la récupération ment et la reconversion professionnelle sont Aide Publique au
des terrains constitue un autre problème. mobilisées suite à une enquête sociale et Développement et
Coopération Urbaine
Officiellement, les autorités doivent faire juridique menée par les districts sur le statut
à Hanoi : un appui
connaître le titre du projet, les taux de com- d’occupation du logement des ménages. à la fabrication du
pensation, les prix de vente des apparte- réseau de transport
ments ou des parcelles de relogement et la Les habitants souhaitent en général être métropolitain.
date butoir à laquelle les terrains doivent être relogés à proximité de leur ancien quartier,
libérés. Dans les faits, les critères d’éligibilité or les sites prévus à cet effet sont majori-
à d’éventuelles compensations ne sont pas tairement situés dans les périphéries de
clairement énoncés. Les informations sont Hanoi et de HCMV. On estime que le démé-
transmises par le biais de réunions publiques, nagement engendre souvent une perte de
de haut-parleurs, de notes affichées dans les repères pour les ménages avec la rupture
Comités populaires, de distributions de do- de liens familiaux, de relations de voisinage
cuments et de visites officielles de membres et des pratiques traditionnelles liées au culte
des organisations de masse locales foyer par des ancêtres. Les habitants déplacés perdent
foyer. D’autres vecteurs, comme les discus- également l’accès aux biens et aux services
sions de voisinage ou les relations person- communautaires (écoles, dispensaires...) et
nelles, permettent de diffuser l’information. parfois leurs sources de revenus. Inadaptées
Pourtant, le manque de transparence sur les aux modes de vie de la population, de nom-
projets et les modalités d’indemnisation et breuses habitations restent donc vacantes
de relogement entraînent fréquemment la dans les zones de relogement. La hausse des
propagation de rumeurs. charges locatives et des coûts de transport
entraîne fréquemment un phénomène d’ap-
pauvrissement et la revente du logement. Les compartiments du
Des indemnités variables Ces appartements subventionnés concédés vieux quartier de Hanoi, rue
Hang Dao
Le montant des indemnités est fixé selon des
dates-repères, notamment celle du premier
recensement des occupants en phase préli-
minaire de projet ou la date de son annonce
officielle. La législation qui s’applique pour
l’indemnisation est celle correspondant à
l’année de validation du projet. Or, la libéra-
tion des terres s’effectuant plusieurs années
après la validation, les biens connaissent
entre temps une augmentation de leur valeur
due à l’inflation. Les habitants réclament sou-
vent l’application des lois les plus récentes,
comme le « décret 69 » de 2009, impliquant
des méthodes supplémentaires d’évaluation
et de compensation, en général plus favo-
rables aux habitants.

Le montant des indemnisations pour les pro- par les autorités tendent à être rapidement
jets publics est calculé sur la base du prix revendus par les bénéficiaires à une popu-
officiel des terrains, compris entre 40 et 70% lation plus aisée, bien que le propriétaire
du prix du marché. La compensation totale relogé ne soit légalement autorisé à revendre
prend également en compte le prix des biens son bien qu’après dix ans d’occupation. Un
immobiliers, les subventions et l’aide au relo- marché de sous-location informel peut par-
gement. Il existe donc une certaine flexibilité fois voir le jour dans ces quartiers.
dans le calcul du montant des indemnisations
car les négociations portent souvent sur ces
deux derniers éléments.

Faire la ville | 93
Chapitre 4 : Le logement

LE LOGEMENT EN FRANCE
Des politiques publiques de régulation à la fois du
parc privé et du parc social

’État français est fortement interven- et en urbanisme, qui prônait la séparation

L tionniste en matière de logement.


Les politiques publiques visent dif-
férentes catégories de bénéficiaires (ac-
des fonctions résidentielle, commerciale, de
travail et de loisirs. Plus de 8,7 millions de
logements ont ainsi été construits en vingt
ans (1958-1977). Ce système de production
cédants à la propriété, bailleurs privés,
bailleurs sociaux) et prennent des formes de masse, bien qu’il ait permis l’éradication
des bidonvilles, a montré ses limites au mi-
variées. On distingue les aides à la pierre,
lieu des années 1970 en raison de la qualité
destinées aux maîtres d’ouvrage publics médiocre des constructions et du manque
ou privés et aux investisseurs pour la réa- d’intégration de ces quartiers dans la ville.
lisation de logements (locatifs, en acces- Depuis les années 1990, la France produit
sion), des aides à la personne sous forme entre 300 000 et 400 000 logements par an.
de subventions permettant de réduire En 2011, le logement locatif privé représen-
le loyer ou les charges de rembourse- tait 22% du parc des résidences principales,
ment des ménages à bas revenus. À cela le logement locatif social 17% et 58% des Des barres de plus de
s’ajoutent des aides fiscales. En outre, logements étaient occupés par leur proprié- 1 000 logements ont été

l’aide publique au logement est complé- taire. 56% des résidences principales sont construites dans les années
1960. La Duchère, Lyon,
tée par d’autres institutions, ainsi que des logements collectifs. 2010
par des circuits de financement adaptés.
Cette diversité des modalités d’aides et
des sources de financement est une spé-
cificité française et constitue, pour l’aide
publique au logement, un gage de perma-
nence, quelles que soient les conjonctures
économiques et politiques.

Une construction massive


de logements dans les
années 1960, plus modeste
aujourd’hui
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, un
cinquième des logements était détruit et très
« Un bien atypique
Le logement est considéré comme un bien atypique, car il est à la fois du-
peu offraient un confort moderne (en 1954, rable et nécessaire à l’épanouissement de l’individu et de la famille, contrai-
seuls 10% étaient équipés en sanitaires). La rement à d’autres biens de consommation. Des droits particuliers lui sont
forte croissance démographique et l’exode rural attachés, tels que le droit au logement, qui a fait l’objet d’une loi en France
ont aggravé le déficit de logement, estimé à et de dispositions dans les textes européens.
quatre millions en 1958. L’État a alors lancé une
politique volontariste de construction. Celle-ci
reposait sur la rationalisation et la standardi- La « crise du logement »
sation de la production d’immeubles collectifs,
en utilisant des méthodes de préfabrication. La pénurie de logements à un prix abordable,
Les quartiers construits durant cette période, l’envolée des prix fonciers et immobiliers et
appelés « grands ensembles », étaient inspi- la ségrégation sociale constituent des pro-
rés du mouvement moderne en architecture blèmes importants en France. On parle de
94 |
plus en plus d’une « crise du logement » qui,
dans les plus grandes agglomérations, affecte
même une partie des classes moyennes. La
situation est particulièrement critique en Île-
de-France, où la production a diminué et où
le parc de logements ne correspond pas aux
besoins des ménages. Cette crise peut s’expli-
quer par des causes diverses : une croissance
démographique soutenue, la disparition d’un
parc de logements privés de faible qualité et
peu onéreux et son remplacement par des
logements plus modernes et plus chers, les
modifications de la géographie humaine du
pays consécutives aux migrations internes
(croissance du sud et de l’ouest au détriment
du nord et de l’est), la déconnexion crois-
sante des prix de l’immobilier et des revenus
des ménages, ou encore le vieillissement de
la population, l’augmentation des familles Cette crise du logement est
monoparentales et des personnes habi- Le mécanisme de production particulièrement sévère
dans les grandes villes et
tant seules. On peut également évoquer un du logement social aujourd’hui en Île-de-France, où les
manque de coordination des politiques du lo- demandeurs de logements
gement à l’échelle locale, ainsi que des Plans La France possède une conception généraliste sociaux sont nombreux dans
du logement social, tournée vers l’ensemble le centre de l’agglomération
Locaux d’Urbanisme restrictifs du fait de la (zones en rouge foncé)
politique égoïste de certains maires, qui, sou- des ménages se situant en dessous d’un cer-
haitant conserver l’homogénéité de popula- tain plafond de ressources : un peu moins
tion de leur commune, empêchent parfois la des deux tiers de la population est en théo-
construction de logements sociaux à bas prix rie éligible au locatif social (même si, dans la
pourtant nécessaires. réalité, le peuplement est globalement assez
modeste). Les politiques publiques sont es-
sentiellement pilotées par l’État, mais les col-
L’offre de logements abordables est limitée en Île-de-France lectivités locales prennent de plus en plus le
relais. Le ministère de l’Égalité des territoires
et du logement fixe, globalement et par terri-
toire, des objectifs annuels de production de
logements. En parallèle, les collectivités lo-
cales (Communautés urbaines ou d’agglomé-
ration) élaborent des programmes locaux de
l’habitat (PLH), apportent des financements
et peuvent, quand ils existent, s’appuyer sur
les Établissements Publics Fonciers Locaux.
Par ailleurs, l’État utilise, pour des politiques
spécifiques, le relais d’établissements publics
spécialisés dans le domaine de l’améliora-
tion de l’habitat ancien ou de la rénovation
urbaine. Les aides à la personne sont versées
par les Caisses d’allocations familiales à partir
du budget de l’État et d’une partie de la col-
lecte de l’« Action logement ».

Une nouvelle approche du logement social


et de la mixité dans les villes a été initiée
depuis 2000 avec la mise en œuvre de la
loi Solidarité et Renouvellement Urbain qui
oblige les communes de plus de 3 500 ha-
bitants, incluses dans des agglomérations
de plus de 50 000 habitants, à posséder au
Faire la ville | 95
Chapitre 4 : Le logement
moins 25% de logements locatifs sociaux et font appel à des entreprises pour la mise Pour aller plus loin :
sur leur territoire (20 % pour les zones où la en œuvre. Aujourd’hui les immeubles de • ANIL, Agence
demande en logement est faible). L’objectif logement social ne se différencient plus des nationale pour
est de favoriser la mixité sociale et d’ouvrir autres immeubles par leur forme ou leur l’information sur le
de nouveaux espaces à la construction de qualité, ils sont même souvent plus perfor- logement,
logement social. Si les grandes villes, dans mants, notamment en matière de qualité http://www.anil.org/
leur majorité, développent les efforts néces- énergétique. On tente, dans la mesure du • CDC, Caisse
saires pour atteindre cet objectif, un certain possible, de les intégrer à des opérations de des Dépôts et
nombre de communes « résidentielles » s’y logement classique. Consignations,
refusent et préfèrent payer des pénalités, www.caissedesdepots.
utilisées pour alimenter un fonds destiné à Le bailleur social est responsable de la ges- fr/
la construction de logements sociaux, plutôt tion des locataires, notamment des attri- • ANRU, Agence
que d’en réaliser sur leur territoire. butions, de l’entrée dans les lieux, des Nationale de
résiliations de bail, des réclamations et du Rénovation Urbaine,
paiement des loyers. Il gère également les www.anru.fr/
« Le dispositif « Action logement »
Anciennement dénommé « 1% logement », ce
relations entre les locataires (conflits de voi-
sinage, etc.). Enfin, le bailleur est responsable
• Action Logement,
http://www.
dispositif est financé à hauteur de 0,45% de la de son patrimoine et entretient les parties actionlogement.fr/
masse salariale par les entreprises de plus de communes, les équipements (chaudières, as- • Union sociale pour
vingt salariés. Les fonds sont collectés par des censeurs, etc.) et éventuellement les parties l’habitat,
organismes spécialisés, publics ou associatifs. privées. Il assure l’amélioration de son parc http://www.union-
Ceux-ci soutiennent la construction et la réha- et son adaptation aux nouveaux besoins (par habitat.org/
bilitation de logements locatifs sociaux, versent
exemple le vieillissement de la population).
des aides aux ménages (accession à la proprié-
té, accès au logement locatif, réhabilitation de Un « plan de patrimoine » pluriannuel prévoit
logement) et financent le développement d’une les interventions et les dépenses.
offre de logements neufs destinés aux salariés
des entreprises. Ces fonds sont de plus en plus
utilisés par l’État pour financer des politiques 1
publiques (ANRU, ANAH).

Les bailleurs sociaux, maîtres


d’ouvrage et gestionnaires du
parc de logement social
La morphologie des
La maîtrise d’ouvrage et la gestion du parc logements sociaux est
de logement locatif social sont assurées par 2 très diverse, ici dans le
centre de Paris (1), dans
de nombreux organismes spécialisés, dé- une commune de proche
nommés bailleurs sociaux, qui travaillent en banlieue (2) et dans le
étroite relation avec les autorités et divers périurbain (3)
organismes publics. Il existe deux grand types
de bailleurs sociaux : les Offices Publics de
l’Habitat, qui sont créés par les collectivités
territoriales, et les Entreprises Sociales pour
l’Habitat qui sont des entreprises privées à
but non lucratif, dont le capital est détenu par
des personnes privées ou publiques, notam-
ment les collecteurs d’« Action logement ». 3
Certaines de ces structures réalisent égale-
ment des logements en accession sociale à la
propriété.

Ces bailleurs sociaux rédigent, générale-


ment avec l’appui d‘architectes, des cahiers
des charges détaillés pour la construction
des habitations ou pour leur réhabilitation

96 |
Depuis plusieurs années, l’État tend à dimi-
nuer ses aides directes, son intervention se
limitant de plus en plus aux avantages fiscaux
consentis. A l’inverse, les collectivités locales
assurent une part croissante des finance-
ments à mesure que le rythme des construc-
tions sociales se redresse. Elles peuvent aussi
vendre aux bailleurs sociaux leurs terrains à
un prix inférieur à celui du marché.

Réduire la ségrégation sociale :


la politique de la ville
2
Ces logements sont
Afin d’améliorer les conditions de vie des ensuite attribués à des
habitants dans les quartiers en difficulté, locataires selon des
critères économiques et
différents programmes, regroupés sous le sociaux en fonction
terme de « politique de la ville », ont été mis de leur patrimoine, de la
en œuvre depuis une trentaine d’années. Ces composition du ménage,
du niveau de ressources
Le Contrat Urbain de Cohésion Sociale est un partenariat dispositifs ciblent en majorité les quartiers et des conditions de
entre l’État et les collectivités territoriales afin d’améliorer de « grands-ensembles » construits dans les
l’accès à l’emploi, le développement économique, l’habitat logement actuelles,
et le cadre de vie, l’éducation, la sécurité ou encore la santé années 1950-1960, qui sont souvent éloi- de l’éloignement des
dans les quartiers en difficulté (Lyon). gnés des centres villes, peu dotés en équipe- lieux de travail et
de la proximité des
ments publics, en commerces et en emplois. équipements répondant
Certains de ces bâtiments, construits rapide- aux besoins des
Le financement du logement ment avec des matériaux de faible qualité, se demandeurs.

social sont dégradés puis sont devenus obsolètes,


notamment en termes d’isolation thermique
La construction de logements à loyer modé- et acoustique. Les classes moyennes ont
ré nécessite un apport de fonds gratuits ou quitté ces quartiers dans les années 1970
à faible coût. La majeure partie du finance- pour accéder à la propriété ailleurs et ont été
ment est assurée par la Caisse des Dépôts remplacées par une population plus pauvre,
et Consignations, un organisme qui réalise moins bien intégrée économiquement et
des investissements en fonds propres dans socialement. Les programmes de la politique
le logement et le foncier et qui accorde aux de la ville combinent en général l’améliora-
bailleurs sociaux des prêts à long terme à des tion du bâti à des actions sociales et parfois
taux d’intérêt inférieurs à ceux du marché, économiques. Si ces politiques ont permis
à partir des fonds collectés par des livrets d’améliorer les conditions de vie d’une partie
d’épargne populaire (livret A). Ces emprunts des habitants de ces quartiers et d’éviter des
sont garantis par les collectivités locales, en dérives plus graves, ces territoires demeurent
échange de quoi elles bénéficient de loge- néanmoins globalement marginaux.
ments réservés dans ces opérations. Les
fonds de l’Action logement sont eux aussi
alloués sous forme de prêts. Le programme de rénovation
urbaine 2004-2014
Plus généralement, l’État, les collectivités Les grands-ensembles du
territoriales et les établissements de coopé- L’objectif du Programme National de quartier de la Duchère à
ration intercommunale, les établissements Rénovation Urbaine (PNRU) est de restructu- Lyon, début 2010
publics, les employeurs, les organismes col- rer les quartiers des zones urbaines sensibles
lecteurs du fond de l’Action logement, les pour y favoriser la mixité sociale et y encou-
chambres de commerce et les organismes à rager le développement durable.
caractère désintéressé peuvent réserver des
logements sociaux en contrepartie d’une Ceci passe par l’amélioration du bâti (démo-
garantie financière, d’un apport de terrain ou litions plus ou moins importantes de barres
de financements 2 . et de tours, travaux dans les logements), de

Faire la ville | 97
Chapitre 4 : Le logement
l’accessibilité du quartier (voirie, desserte en Le programme de
reconstruction dans le
transport en commun), des équipements (pu- quartier de la Duchère
blics, implantation de commerces et de ser- à Lyon comprend des
vices) et du paysage urbain (alignement sur logements sociaux, des
résidences étudiantes,
la rue, immeubles de taille moyenne, espaces de l’accession sociale à la
publics, etc.). Les logements sociaux démolis propriété mais aussi des
logements en accession,
doivent être remplacés par un nombre iden- comme cette résidence, afin
tique de logements neufs, construits sur de diversifier l’habitat et la
place ou à l’extérieur du quartier. Près de cinq population dans ce quartier
qui comprenait 80% de
cent quartiers où vivent plus de 3,8 millions logements sociaux avant
d’habitants sont concernés par cet ambitieux le projet
programme national.
et de nombreux efforts sont visibles pour ce Pour aller plus loin :
Parce qu’il englobe tous les aspects de la qui est de la qualité et de l’innovation archi- • PADDI, 2011, Livret
vie sociale et urbaine, ce dernier nécessite tecturale. La maîtrise d’ouvrage s’est investie « Architecture verte :
une étroite coordination entre les différents d’une responsabilité majeure en dévelop- concepts et
pant une politique incitative en matière de pratiques »
acteurs. L’Agence Nationale de Rénovation
Urbaine (ANRU), un Établissement public, a construction durable. Globalement, le taux • PADDI, 2011,
été créée à cet effet en 2003. Elle concentre de satisfaction des habitants paraît assez Livret « Appui à la
élevé. Le nombre de logements reconstruits maîtrise d’ouvrage
les financements et assure la mise en œuvre
n’atteint pourtant pas celui des logements publique dans le
du PNRU. L’initiative des programmes locaux cadre de bâtiments
revient aux collectivités territoriales. Des détruits, dans un contexte où la construction verts/constructions
conventions d’une durée de cinq ans sont locative sociale est difficile. En Île-de-France, durables face
signées entre l’ANRU, l’État, les collectivités beaucoup sont reconstruits dans le même au changement
concernées, les bailleurs sociaux et d’autres quartier, ce qui en réduit l’effet en terme de climatique »
investisseurs éventuels. Le budget de l’AN- mixité sociale. Les relogements permettent • PUCA, Plan/
RU - près de 12,5 milliards d’euros - devrait souvent aux catégories les mieux intégrées Urbanisme/
générer 50 à 55 milliards d’euros de travaux. de quitter le quartier tandis que les popula- Construction/
Le PNRU est financé à 27% par l’ANRU (essen- tions les plus marginalisées, peu autonomes Architecture,
et pour lesquelles les solidarités locales sont http://rp.urbanisme.
tiellement sur le fond de l’Action logement) à
essentielles, restent sur place. La réalisation equipement.gouv.fr/
43% par les bailleurs sociaux et à 23% par les puca/
collectivités locales. des programmes de diversification de l’offre
de logement connaissant des retards, l’ob- • Programme
jectif initial, faire venir des ménages qui ne CQFD, permettant
Les résultats de cette politique sont encore d’accélérer le
difficiles à évaluer. Le grand nombre de pro- soient pas en situation d’exclusion, est plus
processus de
jets et leur contenu attestent de la volonté des long à atteindre que prévu. La dimension construction de
autorités publiques d’améliorer l’intégration temporelle est donc essentielle dans ces opé- logements et de
de ces quartiers dans la ville. Les transforma- rations d’aménagement. promouvoir un
tions physiques sont parfois spectaculaires, habitat diversifié,
Parallèlement aux moyens mis en œuvre soucieux de la qualité
les ambiances urbaines se sont améliorées
pour améliorer la qualité du logement so- architecturale,
urbaine et
cial, l’État a créé des institutions permet- environnementale,
Le dynamitage de la barre 220 en mai 2010 dans le quartier
de la Duchère, Lyon tant de promouvoir la qualité architecturale http://www.chantier.
et la construction durable. Ces institutions, net
telles que l’ANAH (1971) ou le PUCA (1998),
• ANAH, Agence
financent des recherches incitatives, des Nationale de l’Habitat,
actions d’expérimentation et apportent un http://www.anah.fr/
soutien à l’innovation et à la valorisation
• VGBC, Vietnam
scientifique et technique dans le domaine de Green Building
l’aménagement des territoires, de l’habitat, Council,
de la construction et de la conception archi- www.vgbc.org.vn/
tecturale et urbaine. Une mission d’évalua-
tion et de médiatisation des réalisations de
nouveaux logements est également soute-
nue via des programmes spécifiques comme
celui de CQFD.

98 |
PROJETS ET RÉFLEXIONS DE LA Pour aller plus loin :
• Wust S. et al.,

COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE « Métropolisation


et développement
durable ; les enjeux du
relogement des zones
Récupérations, indemnisations Encadrer publiquement les d’habitat précaire à
HCMV : entre grands
et relogement : le cas du projet opérations d’aménagement programmes et micro-
de Thu Thiêm 3 projets », PRUD,
Afin de bien encadrer les démarches sociales http://www.gemdev.
Le quartier de Thu Thiêm (district 2), futur centre et économiques que suppose une opération org/prud/rapports/
financier, commercial et résidentiel, constitue d’aménagement et de sécuriser les condi- rapport17.pdf
un projet d’aménagement phare visant à don- tions de relogement, il est stratégique pour
ner une image moderne d’HCMV et à renfor- une ville de conserver la maîtrise d’ouvrage
cer son statut métropolitain. Il est considéré à de son projet.
ce titre comme un projet « d’intérêt public »,
bien qu’il n’existe pas encore de procédures Ainsi, celui-ci doit être défini sur un périmètre
permettant de formaliser ce statut. Le pro- précis pour lequel un cahier des charges
cessus d’indemnisation et de relogement est détaillé, spécifique à chaque opération, et
donc organisé par les autorités publiques et une convention ayant valeur juridique fixent
notamment l’ICA, l’autorité de gestion de les rôles de chacun. Ensuite, le phasage du
Thu Thiêm qui est le maître d’ouvrage. Ainsi, projet présente les étapes opérationnelles
97 des 720 hectares du projet formeront les et un bilan financier dépenses/recettes, qui
quartiers de relogement sur site, ainsi que comprend le détail des différents postes (fon-
68 hectares en dehors de la zone. 12 500 cier, logements, relogements, infrastructures,
appartements et 2 037 parcelles, répartis sur équipements, commerces, etc.). Ce bilan est
trois sites, sont prévus. Les récupérations ont à distinguer du budget général de la ville.
concerné au total plus de 14 000 maisons et Enfin, une évaluation des opérations en cours
58 000 personnes. En 2010, 70% des dossiers ou à réaliser (objectifs, programme, budget)
d’indemnisation avaient déjà été traités et est menée tout au long du projet.
8 000 milliards de VND décaissés. Dans le
volet logement, les principales difficultés ren- Cette méthode d’encadrement rend pos-
contrées tiennent au montage de l’opération sible par la suite la délégation de la maîtrise
et à la répartition des rôles entre autorités d’ouvrage à un acteur privé ou public tout en
publiques et investisseurs privés, notamment conservant le contrôle du projet. En termes
au sujet de la responsabilité des indemnisa- de gouvernance, une équipe inter-services
tions. Le montant de ces dernières, réalisées peut constituer un référent unique pour les
à 40 % du prix du marché, a été contesté par investisseurs.
80% des habitants, qui les jugeaient déri-
soires et se sentaient lésés par rapport aux
futurs prix de revente des terres et aux béné-
fices réalisés par les investisseurs.

3
Atelier PADDI sur
« L’indemnisation et
Les récupérations et les le relogement des
indemnisations de terrains à populations lors de
Thu Thiêm (HCMV) réaménagements
urbains »,
animé par Pascale
Bonnard, mars 2010

Faire la ville | 99
Chapitre 4 : Le logement

Vers des indemnisations plus À ce titre, les investisseurs peuvent être mis
à contribution via l’obligation d’intégrer le
justes
programme de relogement dans leur projet
Pour proposer des indemnisations plus proches ou via un prix d’achat des terrains plus élevé,
de la valeur réelle du marché avant l’implan- ce qui permet à la collectivité de financer le
tation du projet, les autorités locales peuvent relogement. D’un point de vue règlemen-
évaluer la valeur des biens immobiliers à taire, l’instauration d’un droit de préemption
l’aide d’un observatoire du marché immobi- rend beaucoup plus facile la constitution
lier et des transactions. de réserves foncières et par conséquent la
création d’un parc destiné au relogement (à
On peut aussi essayer de simplifier les règles vendre, à louer ou en location/accession).
et les démarches administratives afin de Enfin, diversifier les sources de financement
prendre en compte l’étalement dans le temps des logements en mobilisant par exemple
des procédures et de rendre possible l’aug- les produits d’épargne et la participation des
mentation de l’indemnisation si elle devient entreprises peut constituer une perspective
trop éloignée des prix du marché. intéressante pour les autorités publiques et
les investisseurs. Un habitant a créé une
petite épicerie dans
Dans la même optique, les procédures, ba- son appartement de
rèmes et critères d’indemnisation peuvent relogement, HCMV
être homogénéisés, quel que soit le maître La recherche de la
d’ouvrage. Rendre public le montant des transparence
compensations fixées en fonction d’un
relevé socio-économique des ménages et Une fois le montage financier terminé, il peut
prendre en compte les foyers installés de être utile d’informer clairement les habitants
manière illégale assurent dans une certaine de la nature du projet d’ensemble, en parti-
mesure la transparence et l’équité entre les culier du coût des opérations et de l’utilisa-
ménages concernés. Les autorités publiques tion prévue des plus-values de la vente des
peuvent également s’interroger sur les li- terrains acquis. Les habitants sont encore
mites de l’intervention quand elle rencontre peu sollicités dans les démarches publiques.
trop d’obstacles, tels la surenchère dans les Pourtant, introduire la consultation du public
indemnisations ou le refus catégorique des et la concertation au cours de l’étude de pré-
habitants d’être relogés. Il peut en ce cas faisabilité du projet permet en général de
paraître opportun de mettre en veille une mieux appréhender les opérations urbaines
opération ou de ne pas l’engager. et de relogement. Au Viêt-Nam, un règlement
encadrant les possibilités de participation, de
consultation et de concertation des habitants
Un montage opérationnel et
pourrait être mis en place, ainsi que d’autres
financier à effectuer en amont formes de médiation, en faisant par exemple Un immeuble de
appel à des consultants indépendants. relogement dans la
Il est primordial que la question de la libéra- périphérie de HCMV
tion des terrains et du relogement émerge en
amont du projet. En effet, une vision claire
des coûts de l’aménagement et des investis-
sements en début de projet permet d’aboutir
à un équilibre financier entre l’indemnisation
de relogement et le montant des bénéfices
établis par l’investisseur. Afin de financer les
relogements, il semble pertinent de faire ap-
pel aux ressources du projet en lui-même : les
bénéfices réalisés par la ville devraient être
réinjectés au sein du projet et non intégrer le
budget général. Une gestion plus flexible du
parc de relogement permettrait de mutuali-
ser les appartements neufs disponibles, d’en
constituer un stock tout en assurant un prix
identique entre les différents projets.
100 |
Un parc de logement adapté particulièrement les commerçants, les artisans Pour aller plus loin :

aux besoins et les agriculteurs qui ont perdu leur source de • PADDI, 2010, Livret
revenus suite à leur déménagement. « La copropriété et la
Mener au préalable une enquête sociale et propriété privée dans
le logement »,
économique approfondie aide à proposer un La copropriété 4 : un cadre http://www.paddi.
logement adapté au mode de vie des relo-
gés. De même, accorder un soin particulier
de gestion insuffisant pour vn/IMG/pdf/2010-
07_Copropriete_et_
au choix du site éviterait qu’il soit considéré l’habitat collectif vertical propriete_privee_
dès le début comme un lieu de relégation. dans_le_logement_a_
En outre, y introduire de petites activités On compte à HCMV 570 immeubles de taille HCMV.pdf
permettrait de maintenir le petit commerce moyenne (5-6 étages) construits avant 1975
et les services de proximité. Dans l’idéal, il et 432 immeubles plus hauts postérieurs à
serait préférable que le type de logement cette date. En 2009, 55 projets de tours ont Les règlements des
proposé soit en adéquation avec le profil été approuvés pour un total de 19 500 loge- immeubles et le statut
du ménage : une parcelle individuelle pour ments. Les parties communes des immeubles des espaces communs
collectifs sont parfois dégradées et occupées sont souvent flous dans
un agriculteur ou un logement qui donne les copropriétés, ce qui
sur la rue pour un commerçant. En effet, la illégalement. Historiquement gérées par les entraîne des litiges
tour d’habitation ne constitue pas un modèle autorités publiques, elles relèvent, depuis
unique pour les quartiers de relogement et la loi sur le logement de 2005, de la respon-
d’autres formes urbaines de densité égale sabilité des copropriétaires et sont adminis-
existent. Il est important d’adapter les loge- trées par un comité de gestion et le maître
ments aux bas revenus de certains ménages, d’ouvrage. Les copropriétaires se sentent
en offrant par exemple des surfaces et des pourtant peu concernés par la gestion et la
charges limitées (bâtiments bas sans ascen- maintenance de ces parties communes. La
seur) pour éviter les phénomènes d’appau- définition des parties communes et priva-
vrissement, de revente, de spéculation et tives est souvent floue et peut faire l’objet
l’apparition de nouvelles poches de pau- de contradictions à la fois au sein des règle-
vreté. Des outils d’évaluation du relogement ments (entre la circulaire de 2009 et la loi sur
peuvent être développés à l’échelle de la ville le logement de 2005) et entre l’acte de vente
afin d’étudier et de prévenir la formation de et le règlement de la copropriété. Le statut
ces dernières. des places de stationnement et des maga-
sins, comme partie commune ou comme
C’est par une coordination étroite entre la propriété du maître d’ouvrage, fait souvent
commission de relogement initiale, les ser- l’objet de conflits entre ce dernier et les
vices sociaux et les comités de quartier des copropriétaires. Selon la circulaire 16/2010,
districts d’accueil qu’un bon suivi de ces fa- la surface de l’appartement comprenait
milles contraintes de changer radicalement les locaux techniques, les murs porteurs
de mode de vie peut être assuré. À cette fin, et les colonnes. Cette méthode de calcul a
des partenariats peuvent être instaurés avec entraîné de nombreuses difficultés pour les
les entreprises locales et les bénéficiaires du acquéreurs. Depuis, la circulaire 03/2014/
projet, pour recruter les populations relogées, TT-BXD a permis de résoudre ce problème,
tout comme les conflits entre promoteurs et
« Le cadre règlementaire de la copropriété
ͳ 2008 : Décision 08/2008/QĐ-BXD du minis-
coproprietaires concernant les parking et les
commerce via « l’Acte de vente » qui indique
tère de la Construction sur la promulgation du la surface de la propriété privée et celle des
Règlement de gestion des immeubles collectifs. parties communes.
ͳ 2009 : Circulaire 01/2009/TT-BXD sur la déli-
vrance du certificat de propriété de logement et Pour couvrir les frais de gestion et de main-
le contrat type pour les transactions des appar- tenance sur une durée indéfinie, un montant
tements.
de 2% du prix de l’appartement est provision-
ͳ 2009 : Circulaire 37/2009/TT-BXD du minis- 4
Atelier PADDI sur la
tère de la Construction (MoC) sur la méthode né au moment de la vente. Ces modalités de
« La copropriété et la
d’évaluation et de gestion des charges dans les financement ne sont donc absolument pas propriété privée dans le
immeubles collectifs. liées aux coûts réels et ne permettent pas logement », animé par
ͳ 2009 : Texte 144/BXD-QLN du ministère de la la mobilisation des habitants en cas de gros Jean-Charles Castel, 2010
Construction sur la définition des parties com- travaux. Le Comité populaire doit encore sou-
munes et parties privatives dans les immeubles. vent intervenir pour financer les travaux de

Faire la ville | 101


Chapitre 4 : Le logement
maintenance, trancher des litiges liés aux dé-
Vers une professionnalisation de la gestion et
cisions prises par le comité de gestion ou les
assemblées générales, jouer le rôle d’assu- la responsabilisation des copropriétaires
reur en cas de dégât, les propriétaires n’étant
Les charges dans les immeubles de grande hauteur sont très élevées
pas tenus de contracter une assurance. Or,
et peu adaptées aux populations aux revenus modestes. Il pourrait
la gestion et le paiement des charges col-
être intéressant de développer des modèles d’habitat plus écono-
lectives sont amenés à devenir des ques-
miques, tels que de petits immeubles collectifs de cinq à six étages,
tions cruciales, car les autorités publiques,
sans ascenseur. Une autre solution serait que la collectivité cède ou
confrontées à l’accroissement progressif de
vende à prix modéré des parcelles afin que les ménages construisent
l’habitat collectif, ne pourront plus assurer
leur propre maison individuelle, modèle de construction qui semble
leur rôle actuel à une si large échelle.
être le plus économe actuellement au Viêt-Nam.

Dans les immeubles collectifs, le contrat de vente pourrait comporter


« Le syndicat des copropriétaires
Dans l’immeuble, tous les propriétaires d’un lot
le règlement de copropriété, la description précise des parties priva-
tives et communes, la liste et le pourcentage des charges à acquitter,
sont membres d’office du syndicat. Son objet les droits d’usage et les interdictions en vigueur dans les parties com-
est la conservation de l’immeuble et l’admi-
nistration des parties communes. L’assemblée
munes. Les habitants pourraient être tenus de contracter une assu-
générale des copropriétaires, qui se réunit une rance incendie et dégât des eaux, et les charges devraient être payées
fois par an, désigne le conseil syndical, un petit régulièrement par les copropriétaires et dépendre des dépenses
groupe composé de copropriétaires volontaires réelles.
et bénévoles qui les représenteront et qui gére-
ront dans l’année les affaires courantes en lien Il serait intéressant que le rôle du syndic en tant que profession soit
avec le syndic. Les décisions de l’assemblée reconnu et bénéficie d’une formation attestée par l’État. La nomina-
générale sont votées à la majorité simple pour
les travaux d’entretien et au 2/3 quand les tra-
tion d’office par la puissance publique d’un syndic dans les coproprié-
vaux entraînent des modifications importantes. tés dégradées pourrait être inscrite dans la loi afin que ces situations
Les copropriétaires présents ou représentés ne difficiles soient gérées par un professionnel de l’immobilier et non par
peuvent contester les décisions de l’assemblée le Comité populaire, qui n’est pas spécialiste de ces questions.
générale. Les autres disposent d’un délai de
deux mois pour les contester devant la justice.
« Le rôle du syndic en France
Il est désigné par le promoteur à la fin des travaux. La structure peut être
professionnelle ou bénévole, elle est responsable juridiquement. Les copro-
priétaires reconduisent le syndic ou en choisissent un autre lors de la pre-
mière assemblée générale. Le promoteur n’a plus aucun rôle à jouer après,
sauf en tant que copropriétaire s’il conserve des locaux dans l’immeuble.
Le syndic exécute les décisions de l’assemblée générale et les fait respecter
par les copropriétaires. Il organise les assemblées générales, établit le bud-
get prévisionnel, recouvre les charges, passe les contrats d’assurance et de
maintenance et couvre les dépenses courantes. Il tient un carnet d’entretien
de l’immeuble.

La gestion des immeubles


collectifs devient une
question cruciale avec
l’émergence de véritables
quartiers d’habitat collectif,
ici à Hanoi

102 |
LE PATRIMOINE URBAIN
epuis une trentaine d’années, les villes vietnamiennes se sont moderni-

D sées au détriment de la protection et de la valorisation du patrimoine,


qui voient leur champ d’application s’élargir depuis peu, en lien avec
les destructions et dégradations observées. Outre les monuments historiques
qui bénéficient d’une procédure de classement, la notion de valorisation du
patrimoine concerne désormais les quartiers urbains, notamment les espaces
publics et les ensembles remarquables et elle commence à s’étendre au patri-
moine industriel, végétal et aux villages de métiers. Hanoi et Hô Chi Minh-ville
recèlent de nombreux bâtiments anciens et d’importants quartiers historiques
qui ont souvent été démolis dans les autres métropoles asiatiques. De l’enche-
vêtrement de ruelles du vieux quartier au plan en damier du quartier français
de Hanoi ou du centre de HCMV, des venelles construites dans les années 1980
aux tours récentes des grands hôtels internationaux, la ville vietnamienne n’a
cessé de se transformer dans une double dynamique d’extension et de recons-
truction. Son extension agrégative a permis la conservation des structures
héritées, alors que la reconstruction de la ville sur elle-même les met souvent
en péril. L’enjeu est donc de valoriser le patrimoine des deux villes sans pour
autant freiner leur développement.
La citadelle de Hanoi
Chapitre 5 : Le patrimoine urbain

LE PATRIMOINE AU VIÊT-NAM
Des villes en mouvement, des identités à valoriser
a conservation et la valorisation de du coton, du sucre, etc.). Il se caractérise

L bâtiments et de quartiers anciens em-


blématiques constituent des enjeux
majeurs pour l’histoire et l’identité cultu-
par sa densité humaine et bâtie, son intense
activité commerciale et artisanale et son
important patrimoine architectural (maisons
d’habitation, maisons communales, temples,
relle vietnamiennes. Elles posent égale-
pagodes de style traditionnel vietnamien et
ment la question de l’identité urbaine
chinois). Le quartier français, « ville-jardin » à
des deux villes comme un atout de leur trame orthogonale du début du 20ème siècle,
développement économique. En effet, le est constitué de monuments publics coloniaux
patrimoine urbain contribue fortement à Les compartiments de la rue
Ma May à Hanoi
façonner l’image que renvoie une ville et
chaque métropole peut ainsi faire valoir
ses spécificités territoriales dans la com-
pétition internationale. Valoriser ce patri-
moine pourrait permettre à Hanoi et HCMV
de se positionner par rapport aux autres
grandes métropoles asiatiques comme
Bangkok ou Singapour. L’objectif n’est pas
de muséifier une ville vietnamienne d’un
âge d’or révolu, mais d’offrir aux habitants,
aux investisseurs et aux visiteurs une ville
diversifiée, à la fois singulière et moderne.
L’enjeu pour les autorités publiques est
donc de se doter d’outils règlementaires
et financiers adaptés pour valoriser le pa-
trimoine, afin d’affirmer l’identité urbaine
de chaque ville sans entraver son déve-
loppement économique.

La richesse du patrimoine
« La notion de patrimoine pour l’UNESCO et pour les Vietnamiens
L’UNESCO définit le patrimoine comme l’héritage du passé dont nous pro-
fitons aujourd’hui et que nous transmettons aux générations à venir. Le
hanoïen patrimoine urbain, composé des rues, des bâtiments, de monuments et de
Hanoi est une des rares villes du sud-est paysages particuliers, peut être considéré, par son originalité, son caractère
asiatique à posséder un patrimoine histo- symbolique ou son histoire, comme un héritage du passé qui est à préserver
rique, culturel et urbain vieux de plus de dans l’intérêt des contemporains et des générations futures. En ce sens, le
patrimoine relève du bien commun et de l’intérêt général.
mille ans. Les alentours de Hanoi comptent La conception vietnamienne du patrimoine - et celle du monde sinisé en
plus de cinq cents villages de métiers spé- général - attachée au respect des valeurs spirituelles, à des représentations
cialisés dans la fabrication d’objets d’art, de et à une culture immatérielles, diffère de celle du monde occidental, plus
textiles ou encore de vanneries, typiques de attaché aux traces matérielles (objet, bâtiment, tracé des rues). Dans le
la culture du delta du Fleuve rouge. La ville monde sinisé, les valeurs patrimoniales tiennent aux lieux plus qu’aux bâti-
comprend quant à elle trois ensembles patri- ments, aux savoir-faire et aux pratiques plus qu’aux matériaux. Cependant,
moniaux majeurs : le quartier des trente-six la période de la colonisation française semble avoir influencé la conception
vietnamienne du patrimoine.
rues et corporations ou vieux quartier (Pho La communauté scientifique vietnamienne des architectes et des univer-
co), l’ancien quartier colonial français et sitaires est très active sur ce sujet et mène de nombreuses réflexions. Les
l’ensemble de la citadelle. Le tissu urbain du préoccupations des gestionnaires de la ville se portent quant à elles sur les
vieux quartier reflète l’ancienne organisation outils opérationnels, les actions prioritaires à mener et l’adaptation des rè-
en hameaux de corporations (rue de la soie, glements au contexte actuel de forte spéculation.

104 |
et de villas (de style régionaliste, néo-clas-
sique, art-déco ou moderniste).

L’ancienne citadelle de Hanoi, où siégeaient


les souverains vietnamiens depuis le 11ème
siècle, comprend, entre autres, un site ar-
chéologique de grande valeur historique.
Ce site est inscrit au patrimoine mondial de
l’UNESCO depuis 2010.

Un patrimoine varié pour une


ville moderne à HCMV
Le patrimoine urbain de HCMV se caractérise Les tours du district 1,
par la diversité des monuments historiques, nouveau visage de HCMV « culture de la modernité » : l’architecture
des bâtiments et des ensembles urbains contemporaine vietnamienne et l’émergence
remarquables qui, dans le centre-ville, ont d’immeubles de grande hauteur et de tours
contribué à construire l’identité de la ville à symboliques comme celle de Bitexco renou-
travers le temps. Les bâtiments majeurs du vellent le paysage urbain et interrogent à leur
district 1 tels que le siège du Comité popu- manière la notion de patrimoine.
laire, l’Opéra ou la Poste ont été restaurés,
mis en lumière par la ville de Lyon et sont
classés monuments historiques. Ce même
district comprend aussi des ensembles « Les compartiments
À Hanoi, il s’agit d’unités individuelles consti-
comme le marché Ben Thanh ou l’ancien
tuant l’habitat traditionnel du vieux quartier.
port de Ba son. On trouve, dans le disctrict
Les « maisons-tubes » présentent des façades
3, de nombreuses villas coloniales françaises. étroites (de deux à quatre mètres) et sont très
Quant au district 5, l’ancienne ville chinoise profondes, entre vingt et soixante mètres, voire
de Cholon, il est riche en temples et pagodes, quatre-vingts dix mètres. Les anciens compar-
et présente des ensembles urbains (marché timents comportent un seul niveau ou plus
Binh Tay, compartiments chinois) et des en- Les bâtiments coloniaux rarement un étage. La mixité fonctionnelle
trepôts anciens le long des canaux. La métro- remarquables à HCMV au habitat/commerce est l’élément fondateur du
sein du périmètre de l’étude compartiment. Largement ouvert sur la rue,
pole du sud est aujourd’hui tournée vers une sur le centre ville le rez-de-chaussée, alternant bâtiments et
cours, est destiné au commerce et/ou à une
activité artisanale, le logement se situant en
fond de parcelle ou à l’étage. Avec la surpo-
pulation du quartier, les cours ont disparu, les
bâtiments se sont verticalisés et les parcelles
se sont considérablement densifiées. À HCMV,
les compartiments sont pour beaucoup situés
dans l’ancienne ville chinoise de Cholon. Le
même phénomène de densification qu’à Hanoi
a modifié ces maisons datant pour la plupart du
19ème et du 20ème siècles.

Une pression foncière qui


menace le patrimoine
La pression et la spéculation immobilières,
auxquelles s’ajoute la nécessité de moderni-
ser la ville en élargissant les axes et en éra-
diquant l’habitat insalubre, rendent difficile
sur le court terme la conservation de ces
bâtiments. Les terrains des villas de l’ancien
Faire la ville | 105
Chapitre 5 : Le patrimoine urbain

quartier français de Hanoi et des districts 1 des loyers versés ne leur permet pas d’inves- Pour aller plus loin :
et 3 de HCMV, « quartiers d’or du foncier », tir dans la rénovation de ces bâtiments et la • Banque Asiatique
offrent d’excellentes opportunités pour le situation locative précaire des habitants ne de Développement,
développement de tours grâce à leur localisa- les incite pas à assurer les travaux de main- Steinberg F., 2008,
tion centrale, leurs larges emprises foncières tenance. Les villas sont parfois détenues par « Revitalization of
(500 à 1 000 m²) et leur bonne accessibi- plusieurs propriétaires, ce qui engendre des inner-city areas in
Asia, The potential
lité. Dans le vieux quartier de Hanoi, la forte subdivisions physiques de la parcelle et du for Urban renewal in
hausse des valeurs foncières a conduit à une bâtiment ainsi que de grandes difficultés dans Hanoi, Jakarta and
densification du bâti par ajout d’étages et par la gestion et lors des transactions. Manila », 220 p.
la construction d’édifices beaucoup plus éle- • Actions et
vés que les maisons traditionnelles. Cependant, certaines villas, transformées en documentation de la
locaux administratifs ou commerciaux, ont coopération Toulouse-
bénéficié de restaurations plus ou moins bien Hanoi,
Des bâtiments et des encadrées. À Hanoi, les mieux conservées et http://www.toulouse-
entretenues sont celles attribuées aux repré- hanoi.org
conditions de vie dégradés
sentations diplomatiques étrangères. Des • Urban solutions,
La volonté de préserver et de valoriser le extensions, de nouvelles constructions sur la 2010, Urban heritage
parcelle ou de grandes devantures commer- management
patrimoine urbain vietnamien se trouve aussi in Viêt-Nam; an
confrontée à la dégradation du bâti, à la pau- ciales masquent fréquemment les façades
introduction manual
périsation et à la surpopulation dans les villas des villas et des compartiments. for planners, Institute
et les compartiments anciens. Les compar- of conservation for
timents traditionnels du vieux quartier et de monuments, 83 p.
Cholon peuvent héberger plusieurs familles : Une règlementation plus http://www.urban-
solutions.nl/en/
des parcelles de 240 m² peuvent parfois protectrice à l’échelle du home/
accueillir jusqu’à une centaine d’habitants à quartier
Hanoi 1 . • DCU, 2011, étude
« Conservation and
Les projets concernant le patrimoine culturel development, Cholon,
Cette situation de surpopulation et de dégra- de niveau « national et extraordinaire » sont Hô Chi Minh City »,
dation touche également les villas qui appar- soumis à l’approbation du bureau du Premier 223 p.
tiennent aux autorités publiques et ont été ministre. Les actions de protection et de ges- www.lopezmarzo.
attribuées à certaines familles. La faiblesse tion des monuments historiques sont placées com/proyectos/
hdmc_final.pdf
sous la tutelle du ministère de la Culture, des
Sports et du Tourisme. Le ministère de la • Fanchette S.,
Les quartiers de compartiments se densifient par
Construction est responsable du classement Stedman N., À la
surélévation, ici dans le quartier français de Hanoi
découverte des
et de la gestion des villas.
villages de métier
au Viêt-Nam ; Dix
Les bâtiments historiques et culturels font itinéraires autour
l’objet d’une politique de rénovation enca- de Hanoi, IRD, 2009,
drée par le décret du 31 mars 1984 sur la « con- 322 p.
servation des vestiges historiques et culturels • Tùng Nguyên et
des beaux sites ». Ce décret a permis d’iden- Krowolski Nelly,
tifier des sites d’intérêt national, comme la « Hôi An, de l’éveil
vieille ville de Hoi An, classée en 1985. Les à la résurrection
premières rénovations de pagodes, temples du patrimoine »,
Autrepart, n° 33,
et maisons communales eurent lieu dans les
2005/1, p. 141-
années 1990. De nombreux édifices furent 155. DOI : 10.3917/
par la suite classés par le ministère de la autr.033.0141
Culture, des Sports et du Tourisme.

La loi sur le patrimoine culturel de 2001


1
s’attache quant à elle au patrimoine imma- La densité du vieux
quartier de Hanoi s’élève
tériel et aux monuments, sites, paysages et à 84 000 hab./km2.
objets reconnus pour leur beauté, leur valeur
historique et leur singularité. Elle instaure
un cadre pour l’inventaire des monuments

106 |
historiques et identifie notamment ceux qui
sont en danger ou nécessitent des restaura- « Le cadre règlementaire pour la valorisation du patrimoine

tions. Cette loi crée des outils de protection ͳ 1984 : Décret du 31 mars 1984 sur la « conservation des vestiges histo-
riques et culturels des beaux sites ».
des alentours des sites protégés. La loi sur
ͳ 2001 : Loi sur le patrimoine culturel (art 54 à 56) du 29 juin 2001, indique
l’urbanisme de 2009 prévoit l’inscription des que les secteurs sauvegardés doivent être inscrits dans les documents
sites historiques dans les documents d’urba- d’urbanisme en cours de réalisation (décret d’application 92/2002/ND-CP
nisme. Le patrimoine végétal fait par ailleurs novembre 2002).
l’objet d’un inventaire et de mesures de pré- ͳ 2003 : Décision 05/2003/QD-BVHTT (février 2003) du ministère de la
servation à HCMV au sein du service espaces Culture sur la préservation et la restauration du patrimoine culturel, bâti
verts du département des Transports. et paysager.
ͳ 2010 : Loi sur l’urbanisme, inscription des sites historiques dans les docu-
ments d’urbanisme.
Les villes vietnamiennes se sont saisies de
ces évolutions législatives et ont commencé
à étudier des périmètres de protection à
l’échelle urbaine dès les années 1990. Les
villes de Hoi An et de Hué, classées site d’in-
térêt national, ont mis en œuvre des règle-
ments de protection et de mise en valeur
de leurs quartiers historiques. L’ensemble
des monuments de Hué et la vieille ville de
Hoi An ont ensuite été classés au patrimoine
mondial de l’UNESCO en 1993 et 1999, puis
soumis à une nouvelle règlementation. Il est
ainsi interdit de construire des bâtiments
modernes au centre de Hoi An et les autres
constructions dans un périmètre proche né-
cessitent l’autorisation du Comité de gestion
du patrimoine.

Une villa hanoienne en bon


et œuvre à sa valorisation touristique. Enfin,
Le renouveau du patrimoine à grâce à l’assistance technique de la région
état, 2012

Hanoi Île-de-France, le secteur de la citadelle a été


reconnu patrimoine mondial de l’UNESCO en
À Hanoi et à HCMV, les autorités locales et
2010 et un règlement de protection est en
notamment les départements d’Urbanisme
cours d’approbation pour le quartier français.
(DUPA) s’attachent de plus en plus à la pro-
La problématique du patrimoine est prise en
tection du patrimoine urbain. À Hanoi, la
compte dans le schéma directeur, notam-
mutation urbaine dans les années 1990 s’est
ment en ce qui concerne la préservation du
accompagnée d’une prise de conscience de la
vieux quartier et du réseau de villages de
nécessité de préserver son patrimoine archi-
métiers. Les opérations d’urbanisme dans le
tectural et urbain. En 1995, une décision mu-
nicipale de protection a été prise et en 1996
un plan de sauvegarde et d’aménagement Le patrimoine hanoien est
extrêmement divers, ici une
autour du lac Hoan Kiêm a été adopté. Il a villa de style moderniste du
notamment permis d’annuler deux projets quartier français
de tour qui auraient eu un impact significatif
sur le paysage urbain de ce lac emblématique
de Hanoi. En 1998 a été créé, sous l’autorité
du district de Hoan Kiêm, un Bureau de ges-
tion du vieux quartier chargé de contrôler les
constructions et le respect des règles de pro-
tection. Le vieux quartier a été classé site his-
torique national en 2004 par le ministère de
la Culture, des Sports et du Tourisme. Par ail-
leurs, la ville de Toulouse a aidé Hanoi à réno-
ver plusieurs maisons typiques de ce quartier
Faire la ville | 107
Chapitre 5 : Le patrimoine urbain

quartier français se fondent sur le règlement patrimoine ordinaire, mais l’attention portée
encore non officiel proposé par l’étude IMV- à ces questions, encore faible, commence
Interscène, et le DUPA est en train d’étudier à prendre forme, notamment pour le patri-
une extension de ce périmètre. moine végétal, industriel et pour les espaces
publics. Ainsi, les bâtiments de l’ancien port
de Ba son, dans le district 1, ont fait l’objet
Une notion du patrimoine de débats quant à leur conservation, dans un
élargie aux espaces publics à contexte de forte pression foncière, de spé-
culation immobilière et de projets de valo-
HCMV risation des berges. Par ailleurs, des projets
de réhabilitation des canaux prévoient leur
Réalisé en 1996 à l’échelle de la ville à partir
dragage, le nettoiement des berges et l’amé-
des travaux de la coopération décentralisée
nagement de nouveaux espaces publics de
avec la Communauté urbaine de Lyon2, un
promenade.
inventaire du patrimoine (circulaire 46/TB UB
QLDT) a permis d’établir la liste des ouvrages
Le tissu des compartiments et des pagodes du quartier très
(dont les villas) nécessitant une étude en vue animé de Cholon à HCMV est confronté à des destructions et
de leur conservation, ainsi que de déterminer des reconstructions peu respectueuses de l’environnement
la responsabilité de chaque organisme dans urbain. Un projet de réhabilitation du bâti et des espaces
publics pourrait voir le jour
cette dernière. Depuis, HCMV réfléchit à un
plan de valorisation. Une circulaire de 2009
(38-2009-TT-BXD) classe les villas en trois ca-
tégories de niveau de protection impliquant
une gestion plus ou moins contraignante.
Par ailleurs, toute démolition est soumise à
l’approbation du Comité populaire de la Ville.
Il n’existe pas pour l’instant de règlementa-
tion globale et précise quant à la gestion du

Les alignements d’arbres, éléments caractéristiques de


HCMV, font l’objet d’un inventaire susceptible de conduire à
des mesures de protection

2
L’inventaire se fonde sur
les études réalisées par
la Communauté urbaine
de Lyon en collaboration
avec le département de
la Construction de HCMV,
notamment les deux
études d’H. Desbenoit :
« Patrimoine architectural
de HCMV, éléments de
repérage, les bâtiments
publics », 83 p. et
« Patrimoine architectural
de HCMV, éléments de
repérage, les bâtiments
résidentiels », 173 p.

108 |
LE PATRIMOINE EN FRANCE Pour aller plus loin :
• DRAC Île-de-France,
http://www.ile-de-
Connaître, protéger, valoriser et développer le france.culture.gouv.fr/
page-les-monuments.
territoire 3 htm
• Ministère de la
culture,
n France, la notion de protection ou de grands axes routiers. Le Vieux Lyon,

E
http://www.culture.
du patrimoine apparaît pendant datant du Moyen-âge, dont le bâti était gouv.fr/culture/
organisation/dapa/
la Révolution française, à la fin du en mauvais état, se trouvait ainsi sous la
publications.html
18ème siècle. À cette époque, de nom- menace de projets autoroutiers. Il devint
breux édifices, alors considérés comme en 1964 le premier secteur sauvegardé • Association
nationale des
des symboles de la royauté, furent dé- de France, notamment grâce à la mobili- Architectes des
truits ou vendus à des particuliers. Trente sation des associations d’habitants. Dans Bâtiments de France,
ans plus tard, l’État organisa un inven- les années 1990, des bâtiments appréciés http://anabf.archi.fr/
taire du patrimoine architectural du pays pour leur valeur symbolique ou imma- • Quartier du Vieux
et de son état de destruction, puis une térielle, témoins d’une certaine époque Lyon,
première liste des bâtiments à proté- (bâtiments industriels, résidences de per- www.vieux-lyon.org/
ger fut dressée en 1840. Les monuments sonnages historiques...) furent également
publics (1887) et privés (1920-1930) clas- reconnus comme patrimoniaux.
sés ou inscrits à l’inventaire général du
patrimoine deviennent officiellement des
monuments historiques. Toute trans-
formation extérieure, intérieure ou des
abords immédiats du bâtiment est sou-
mise à approbation sur la base d’un règle-
ment particulier. Le niveau de protection
s’élargit en 1962 avec la loi Malraux sur les
« secteurs sauvegardés », qui permettait
de prendre en compte un quartier dans
son ensemble. Il s’agissait à cette époque
d’éviter la destruction systématique des Le Vieux Lyon, considéré comme un quartier insalubre avant
quartiers anciens, alors vétustes, pour son classement en secteur sauvegardé en 1964, a fait depuis
l’objet d’une vaste politique de rénovation
reconstruire des quartiers plus modernes

3
Le centre-ville de Lyon a été classé patrimoine mondial L’intérêt et les enjeux de la Atelier PADDI, « La
protection du patrimoine
de l’UNESCO en 1998 en raison de son site exceptionnel,
son mode de vie particulier et un patrimoine urbain bien valorisation du patrimoine architectural et urbain
et les perspectives de
préservé, témoin de l’évolution de la ville. Une zone
« tampon » (en rouge) a été établie afin de mieux valoriser
urbain gestion du patrimoine
sur le centre historique
les abords du site protégé et son interaction avec le reste du
territoire. Ce type de patrimoine fait partie de l’identité de HCMV », animé par
Brunos Delas, janvier
culturelle des habitants. Sa rénovation, plu- 2010
tôt que sa destruction, améliore leur qualité
de vie et permet à la ville de conserver une
dimension humaine. De plus, les travaux de
restauration et de valorisation culturelle,
touristique ou pour d’autres usages contem-
porains, dynamisent la création d’emplois et
l’économie locale.

Cependant, si les générations actuelles se


doivent de préserver pour le futur les traces
du passé, les villes sont également des objets
en perpétuel renouvellement. La conser-

Faire la ville | 109


Chapitre 5 : Le patrimoine urbain

les villas du 19ème siècle...) ou suite à la de-


mande d’un propriétaire d’immeuble, d’une
collectivité locale ou d’une association.

Le dossier de protection comprend des


renseignements détaillés sur l’immeuble
(historique, descriptif, situation au regard
de l’urbanisme, situation juridique, etc.) et
des documents d’identification (photogra-
phies, plans, croquis, pièces cadastrales et
foncières). L’immeuble classé ou inscrit ne
peut subir de modification, être cédé ou
vendu sans l’accord des services de l’État.
L’opéra de Lyon a fait l’objet d’une modernisation radicale
Les travaux de restauration sont supervisés
dans les années 2000 par l’Architecte des Bâtiments de France 5 et
peuvent être financés à hauteur de 40% par
vation et la valorisation du patrimoine en- l’État. Toute construction, restauration ou
traînent aujourd’hui certains effets pervers, destruction projetée dans un périmètre de
comme la multiplication des mesures de pro- 500 mètres doit obtenir l’accord préalable de
tection. Les bâtiments et quartiers protégés l’Architecte des Bâtiments de France.
sont parfois « muséifiés » : la population n’a
alors plus accès à ce patrimoine, ou très occa- Les Grands moulins de Paris,
construits au début du
sionnellement. Dans d’autres circonstances, 20ème siècle et désaffectés
le patrimoine peut être « commercialisé » : il en 1996, accueillent
change d’usage, mais l’on ne considère plus aujourd’hui le campus de
que sa valeur esthétique. L’enjeu majeur l’Université Paris VII

est donc que la valorisation du patrimoine


s’accompagne du maintien de la mixité fonc-
tionnelle (logements, commerces, services
urbains, etc.) et sociale caractéristique des
quartiers historiques des villes occidentales.

Les outils règlementaires 4 : le


classement des monuments
Le secteur sauvegardé
historiques
Son objectif est à la fois de conserver le cadre
La loi du 31 décembre 1913 sur les monu- urbain et l’architecture ancienne, et de per- 4
Formation IMV sur
l’« Inventaire du
ments historiques et les procédures règle- mettre une évolution en accord avec les exi- patrimoine », animée
mentaires de protection d’édifices concerne gences fonctionnelles contemporaines et par Arlette Auduc , mars
les immeubles dont la conservation présente, avec le reste de la ville. Un Plan de Sauve- 2009
du point de vue de l’histoire ou de l’art, un garde et de Mise en Valeur, qui comprend un 5
Fonctionnaire d’État
intérêt public. Ils sont alors classés « monu- règlement et des documents graphiques, est qui garantit le respect
ments historiques » en totalité ou en partie établi par une commission locale réunissant et la valorisation du
par les soins du ministère de la Culture. Les l’État et la collectivité territoriale concernée. patrimoine.
immeubles qui, sans justifier une demande Ce plan peut interdire la démolition et préco-
de classement immédiat, présentent un inté- niser la conservation d’immeubles d’intérêt pa-
rêt historique ou artistique suffisant peuvent trimonial ou, à l’opposé, imposer la démolition
être inscrits à l’inventaire supplémentaire de tout ou partie d’immeubles de médiocre
des monuments historiques. La procédure de qualité à l’occasion d’une opération d’amé-
protection est initiée par les services de l’État nagement. Il prescrit également des règles sur
(Direction Régionale des Affaires Culturelles), l’implantation, les dimensions des construc-
suite à un recensement sur une zone géogra- tions, l’architecture (caractéristiques géo-
phique donnée, selon une typologie particu- métriques, matériaux). Il peut imposer des
lière (par exemple le patrimoine industriel, normes sur la voirie, les réseaux, le station-
110 |
nement et la densité de construction. Soumis Pour aller plus loin :
à une enquête publique, il est par la suite • PADDI, 2010, Livret
approuvé par la collectivité et l’État. Ce Plan « La protection
de Sauvegarde et de Mise en Valeur s’impose du patrimoine
alors au Plan Local d’Urbanisme (PLU). Il est architectural et urbain
et les perspectives de
mis en oeuvre et suivi par l’Architecte des
gestion du patrimoine
Bâtiments de France. Les projets de travaux sur le centre
extérieurs ou intérieurs sont soumis à ce der- historique d’HCMV »
nier et doivent recueillir son avis conforme.
• Choay F., L’allégorie
Il confronte les propositions de travaux avec du patrimoine, Seuil,
les dispositions du plan de sauvegarde et de 1996, 271 p.
mise en valeur et peut guider le propriétaire
• OPAH,
dans son intervention. www.lesopah.fr/
• IAU-IdF, Dossier sur
le patrimoine,
Le dispositif des Aires de Mise http://www.iau-idf.fr/
en Valeur de l’Architecture et nos-etudes/theme/
patrimoine.html
du Patrimoine
(AVAP ou AMVAP)
Depuis 2011, les nouvelles Aires de mise en
Valeur de l’Architecture et du Patrimoine Les bâtiments et espaces libres d’un secteur sauvegardé sont
(AVAP) remplacent les anciennes Zones de classés dans différentes catégories (monument historique,
Protection du Patrimoine Architectural, Urbain protection au titre du plan de sauvegarde et de mise en
valeur, prescriptions particulières, etc.). La création en 1964
et Paysager (ZPPAUP). L’objectif est d’étendre du secteur sauvegardé du Marais, quartier au cœur de
la gestion des espaces patrimoniaux aux Paris, a permis sa restauration immobilière. Il a été révisé
nombreux défis de la ville durable. Ce dis- récemment afin de mieux intégrer les nouvelles orientations
en termes de logement et de développement durable et de
positif est initié par une collectivité locale en promouvoir une vision patrimoniale plus dynamique.
partenariat avec l’État. Les principes géné-
raux sont les mêmes que ceux du secteur culiers à investir dans les quartiers anciens
sauvegardé mais sont moins stricts. L’AVAP dégradés.
vient en complément des outils règlemen-
taires de droit commun tels que le PLU. En résumé, les procédures d’inscription ou
de classement se décident immeuble par im-
Le dossier de l’AVAP comprend un rapport meuble alors que les procédures de secteur
de présentation mentionnant les motifs sauvegardé ou d’AVAP concernent des quar-
qui ont conduit à sa création, un diagnos- tiers. Il n’y a pas de hiérarchie dans le niveau
tic architectural, patrimonial et environne- de protection entre ces deux dernières pro-
mental fondé sur le Projet d’Aménagement cédures, la première relève de l’initiative de
et de Développement Durable du PLU, les l’État, tandis que la seconde est d’initiative
mesures prévues pour la préservation et la locale. Très peu de nouvelles créations de
mise en valeur, un règlement (limitation des secteurs sauvegardés ont eu lieu depuis les
droits d’usage des sols, prescriptions sur les lois de décentralisation tandis que se créent
matériaux, traitement des espaces publics, de nombreuses AVAP (610 AVAP, alors appe-
mobilier urbain) et un document graphique. lées ZPPAUP en 2010). Le PLU peut aussi pro-
Celui-ci délimite le périmètre de l’AVAP qui téger le patrimoine, mais il n’entre en compte
peut comprendre plusieurs zones géogra- qu’au moment de l’attribution des permis de
phiquement séparées. Les dispositions de la construire de bâtiments. Le secteur sauve-
zone de protection sont annexées au PLU. gardé ou l’AVAP peuvent quant à eux règle-
L’Architecte des Bâtiments de France est le menter tous les objets, même ceux qui ne
garant de la conformité des travaux effectués sont pas soumis à permis de construire tels
dans la zone de protection. L’AVAP offre, que les espaces publics, les publicités ou les
comme pour les monuments historiques ins- enseignes. En outre, ils offrent dans la pra-
crits ou classés et les secteurs sauvegardés, tique une plus grande stabilité que le PLU qui
des avantages fiscaux pour inciter les parti- est fréquemment modifié.
Faire la ville | 111
Chapitre 5 : Le patrimoine urbain

Le montage opérationnel des les Opérations Programmées d’Amélioration


de l’Habitat (OPAH). Lors d’une OPAH, une
réhabilitations immobilières agence nationale alloue des subventions di-
rectes aux particuliers pour entreprendre des
En France, les quartiers anciens sont généra-
travaux dans leur immeuble et leur logement.
lement revitalisés selon trois mécanismes.
Des aides peuvent également être accordées
L’initiative privée est un premier levier de
aux propriétaires qui louent des logements,
réhabilitation, lorsqu’un ou plusieurs investis-
en contrepartie desquelles ils s’engagent à ne
seurs financent l’acquisition et la réhabilitation
pas augmenter les loyers pendant une période
de leur propre logement ou d’un logement
donnée. Ces procédures ne sont pas unique-
destiné à la location ou la revente.
ment réservées aux quartiers patrimoniaux.
Certaines opérations publiques ou parapu-
bliques consistent à acquérir et restaurer
Mener à bien ce type d’opérations rencontre
des immeubles entiers au titre de la lutte
des difficultés : on se heurte d’une part à la
contre l’habitat insalubre. Dans le cadre des
division des immeubles en copropriété ; de
Opérations de Restauration Immobilière (ORI),
l’autre, il faut parvenir à maîtriser les phéno-
suite à une enquête publique, les travaux sont
mènes spéculatifs et éviter la gentrification,
déclarés d’utilité publique et notifiés aux
c’est-à-dire le départ des classes populaires
propriétaires. Ceux-ci doivent s’engager à les
et moyennes, remplacées par les catégories
effectuer sous peine d’expropriation. Ce dis-
sociales plus aisées.
positif peut s’appliquer dans des périmètres
protégés au titre du patrimoine.
Un travail de valorisation et de promotion du
Enfin, la volonté publique de changer l’image
patrimoine à destination des investisseurs
et la vocation de certains quartiers peut être
permet de démontrer qu’il existe des avan-
mise en œuvre grâce à une coordination des
tages financiers à conserver ces bâtiments
acteurs publics et privés. L’action publique (les
(prestige et plus-value immobilière, tou-
collectivités ou l’Etat) peut créer des condi-
risme, etc.). Ainsi, les offices du tourisme qui
tions favorables au changement en amélio-
travaillent en coordination avec les acteurs
rant les équipements, les services publics, ou
privés et publics valorisent l’image de leurs
la communication et la concertation avec les
villes. Le mariage de l’approche culturelle et
habitants et usagers. L’initiative privée est
des approches fondées sur les ingénieries
alors encouragée par des actions d’accom-
techniques et financières permet d’argumen-
pagnement et d’assistance technique dans
ter de manière forte et crédible en faveur de
le cadre de dispositifs opérationnels tels que
projets de mise en valeur du patrimoine.
les Zones d’Aménagement Concertées ou

La création d’une voie


verte le long des berges du
Rhône à Lyon a permis de
redécouvrir le patrimoine
fluvial et d’offrir un lieu de
promenade agréable aux
habitants et aux touristes

L’Opération de Restauration
Immobilière du passage
Thiaffait à Lyon dans les
années 1990 a permis de
rénover les logements
(sociaux et privés) et
les rez-de-chaussée
(installation d’une pépinière
d’entreprises). Le passage
a fait l’objet d’illuminations
lors de la Fête des Lumières

112 |
LES PROJETS ET RÉFLEXIONS DE LA
COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE
Quelques éléments tissent à un arbitrage politique. Celui-ci
pourra être à l’origine d’une règlementation
stratégiques pour une mise en détaillée. L’étude des pratiques urbaines peut
œuvre efficace de la protection conduire à des aménagements spécifiques :
du patrimoine 6 des cheminements piétons facilités dans cer-
taines zones, une meilleure gestion des flux
La problématique du patrimoine pourrait touristiques grâce à des places de stationne-
être intégrée à l’échelle de la planification ment pour les autocars ou une signalétique
et des schémas directeurs. En effet, appré- particulière afin de faciliter la découverte de
hender les enjeux patrimoniaux à la même
échelle que celle du schéma directeur per-
met de se poser des questions pertinentes en
termes de déplacements (décongestionner
les axes centraux), de densité du centre ou de
développement du territoire. L’élaboration
du schéma directeur pour le centre-ville de
HCMV et la perspective du développement
de la ville moderne de Thu Thiêm constituent
un moment opportun pour concevoir le pro-
jet patrimonial du site historique au regard
du développement de l’ensemble de la ville.

Mener des diagnostics, des


inventaires et des études des La ville vietnamienne se
pratiques urbaines la ville. Cette phase de diagnostic et d’étude renouvelle sur elle-même...
peut s’appuyer sur l’analyse de données qu’est-il en train de se
construire derrière cette
La connaissance du patrimoine passe par centralisées dans des logiciels de Système palissade (HCMV) ?
des diagnostics approfondis et des inven- d’Information Géographique (SIG), qui per-
taires, qui permettent d’identifier les zones mettent de croiser des applications théma-
concentrant des éléments patrimoniaux, tiques utilisées par différents services.
mais aussi les éléments remarquables isolés.
Le diagnostic architectural et paysager identi-
fie les caractéristiques du paysage : la propor- La conduite de projet
tion de pleins et de vides, la rue, l’alignement
des villas, la partie jardin à l’arrière ou encore Un comité de pilotage restreint associant les
les alignements d’arbres. services techniques, les districts et un ou plu-
sieurs experts reconnus par la communauté
L’enquête bâtiment par bâtiment identifie scientifique peut être chargé de la gestion des
leur structure, leur bâti, leur statut foncier, projets qui doit être guidée par une volonté 6
Atelier PADDI sur « La
leur occupation sociale, leur fonction. On politique forte. En août 2010, un Comité de protection du patrimoine
peut commencer à associer les habitants et pilotage pour la préservation du patrimoine architectural et urbain
architectural a été créé à HCMV au sein de et les perspectives de
les usagers à la démarche de sauvegarde du gestion du patrimoine
patrimoine dès cette étape, notamment en l’HIDS, qui a été mandaté pour réaliser une sur le centre historique
leur demandant comment ils souhaitent voir étude sur le patrimoine. Les missions du d’HCMV », animé par
évoluer leur quartier. Comité comprennent la programmation des Bruno Delas, janvier 2010
plans d’action, la coordination des services
A partir de là, des scénarii contrastés sont concernés, l’identification des secteurs à pro-
élaborés, en tenant compte des paramètres téger et l’élaboration des règlements pour la
techniques, financiers et humains, qui abou- préservation.

Faire la ville | 113


Chapitre 5 : Le patrimoine urbain

Un moratoire possible à HCMV


Pour réaliser des opérations pilotes (par
exemple les secteurs de la rue Tu Xuong,
du marché Ben Thanh et du quartier Cho
Lon), il conviendrait, face à la forte pression
immobilière, d’appliquer un moratoire des
autorisations de permis de construire, afin
de disposer de suffisamment de temps pour
réaliser les études et mener les réflexions
nécessaires. Les mutations urbaines, soumises
à un règlement d’urbanisme spécifique,
seraient alors gelées avec l’interdiction de
construire ou de démolir, sans que les tran-
sactions soient interdites. Une opération
pilote permettrait de tester la coordination
des acteurs et de créer une vitrine à l’adresse
des élus et des usagers. Dans cette perspec-
tive, un projet urbain de valorisation du patri-
moine et de développement du quartier de
Cholon pourrait être lancé prochainement à
partir d’une étude réalisée en 2011 pour le
DUPA par le bureau d’étude DCU sur finan-
cement du gouvernement espagnol. Cette
dernière propose un cadre opérationnel pour
la réhabilitation des bâtiments anciens et des
espaces publics, ainsi que pour le développe-
ment du tourisme.

Favoriser une culture du


patrimoine
Pour faciliter la mise en œuvre des projets Une fiche d’identification
des bâtiments de l’étude
et des règlementations, il est intéressant Des balades thématiques sont organisées par le musée de
IMV-Interscène sur le
l’histoire de Lyon (musée Gadagne)
d’affirmer la place du patrimoine au sein quartier français (Hanoi)
de la culture urbaine et d’y sensibiliser les
différents services techniques. En effet, il
existe souvent une coupure nette entre les
acteurs chargés de la conservation du patri-
moine et les acteurs du développement
urbain. Une collaboration entre les diffé-
rents services concernés peut par exemple
éviter des conflits d’usage de l’espace entre
les commerçants, les riverains, les touristes
et le trafic. Des actions de sensibilisation et
d’éducation au patrimoine peuvent être en-
gagées au sein des écoles et auprès du grand
public, afin d’en faciliter l’appropriation. À
Lyon, des balades urbaines thématiques sont chaque troisième week-end de septembre et
organisées pour que les habitants, accom- permettent de visiter de nombreux édifices
pagnés d’un médiateur, découvrent la ville. et d’autres lieux habituellement fermés au Une visite au musée de
Des « journées européennes du patrimoine » public, ou d’avoir accès gratuitement ou à l’histoire de Lyon permet de
ont également lieu, en France et en Europe, prix réduit à des musées. découvrir l’évolution et les
multiples facettes de la ville

114 |
L’étude pour la protection et « La citadelle, patrimoine mondial de l’UNESCO
le développement de l’ancien La citadelle de Hanoi, édifiée au 11ème siècle sous la dynastie des Ly a été le
quartier français de Hanoi 7 siège du pouvoir impérial jusqu’au 19ème siècle. Aujourd’hui demeurent le
plan de l’ancienne cité impériale, des vestiges archéologiques qui font l’objet
En raison d’un grand nombre d’opérations de fouilles, et des édifices, modifiés et restaurés au cours du temps (portes
monumentales Doan Mon et Bac Mon, palais Hau Lau, etc.). Cet ensemble
immobilières d’envergure réalisées ou proje-
a été classé patrimoine mondial par l’UNESCO en 2010 car il témoigne de la
tées, ce quartier central, situé au sud du lac culture originale de la basse vallée du Fleuve Rouge et est associé à des évé-
Hoan Kiêm, connaît d’importantes transfor- nements culturels et historiques importants. Le site est géré par le Centre de
mations. Certaines anciennes villas coloniales préservation et de gestion des citadelles de Thang Long et Co Loa. Un plan
ont été détruites ou sont très délabrées, tan- de préservation et de gestion particulier est en cours d’élaboration.
dis que des immeubles destinés à accueillir L’IMV et la région Île-de-France ont apporté leur soutien dans la constitution
de nouvelles fonctions tertiaires supérieures du dossier de candidature au classement. Le Comité Régional du Tourisme
d’Île-de-France a participé en 2008 à la rédaction du plan de gestion général
- sièges de sociétés, banques, commerces de et touristique du dossier Unesco avec le Centre de préservation de la cita-
luxe… - sont érigés sans tenir compte du patri- delle Thang Long. Une étude complémentaire a été réalisée afin de proposer
moine environnant et des caractéristiques du un plan de rénovation et d’aménagement des espaces publics de la citadelle
quartier. C’est pourquoi le Comité populaire lors de sa future ouverture aux touristes. Ses propositions concernent éga-
de Hanoi a demandé à l’IMV de réaliser une lement la « zone tampon » de ce quartier caractérisé par de larges avenues
étude de protection sur ce quartier. Débutée arborées, l’ensemble du mausolée de Hô Chi Minh et de nombreuses villas
en 2007, elle a été copilotée par l’IMV et le coloniales en bon état, occupées par des administrations.
DUPA de Hanoi, et réalisée par l’agence fran-
çaise d’urbanisme-paysagisme Interscène.
Sur la base du diagnostic territorial et de l’in- (monument, bâtiment civil ou culturel remar-
ventaire du patrimoine réalisés, l’étude pro- quable, bâtiment religieux, commerce, rési-
pose un règlement d’urbanisme. Les objectifs dence), son style architectural (style colonial
sont notamment de trouver un équilibre classique, régionaliste, art-déco, moderniste,
entre la protection du patrimoine et un déve- etc.). D’autres éléments patrimoniaux qui
loppement urbain maîtrisé. La préservation participent à la valeur de ce quartier peuvent
de l’identité du quartier par la mise en valeur être recensés tels les clôtures, les espaces
des ensembles urbains remarquables, du pa- ouverts ou le patrimoine végétal.
trimoine végétal et des espaces publics pour-
rait s’effectuer tout en maintenant la diversité Quatre critères principaux de sélection ont été
des fonctions (logement, commerce…) et en retenus pour classer les bâtiments. L’« exempla-
autorisant les changements d’usage des villas. rité » correspond au caractère remarquable
de l’élément patrimonial étudié, essentielle-
ment à ses qualités architecturales. La « cohé-
L’inventaire du patrimoine rence au regard d’un ensemble patrimonial » 7
Étude IMV-Interscène,
correspond à la valeur supplémentaire « Étude pour le
lorsqu’il s’inscrit dans une série par exemple développement et la
Un inventaire systématique du patrimoine protection de l’ancien
colonial (bâtiments publics et privés) et viet- des constructions accompagnant un monu- quartier français de
namien, notamment des édifices religieux, a ment, plusieurs villas qui se succèdent ou qui Hanoi », 2007-2010
permis de classer plus de quatre cents bâti- marquent les angles d’un carrefour. La « cohé-
ments. Les éléments patrimoniaux visibles rence au regard d’un ensemble urbain » dé-
depuis l’espace public sont classés en trois signe la valeur supplémentaire d’un élément
catégories, outre les édifices monumentaux : patrimonial lorsqu’il entre dans une compo-
les éléments « exceptionnels », au nombre de sition urbaine, c’est-à-dire qu’il occupe une
71, les éléments « remarquables » (252) et les position clé dans un espace ouvert (front
éléments « secondaires » (112). Chacun de ces de lac, carrefour, place, square..) et/ou qu’il
éléments a fait l’objet d’une fiche qui pré- s’inscrit dans une perspective, un ensemble
sente les « généralités », l’évaluation menée urbain particulier. Ce dernier peut être com-
par les experts vietnamiens et français et le posé d’éléments qui, en soi, ne présentent
classement de l’élément. pas de caractère remarquable, mais qui par-
ticipent à une entité urbaine remarquable.
Les données générales indiquent l’architecte,
la date de construction, la taille de la par- Enfin, la « valeur culturelle » correspond à la
celle, le propriétaire, la fonction du bâtiment valeur symbolique attribuée à un lieu ou à un

Faire la ville | 115


Chapitre 5 : Le patrimoine urbain
édifice, indépendamment de son aspect et Selon ce plan, la protection des éléments Pour aller plus loin :
de sa valeur architecturale. L’évaluation de patrimoniaux se ferait en fonction de leur • Service de
cette valeur symbolique, étroitement liée à la classement. Les parcelles des éléments clas- l’Inventaire général du
culture et à l’histoire du Viêt-Nam, a été lais- sés comme « monumentaux » deviendraient patrimoine culturel
sée au soin des experts vietnamiens. inconstructibles, ce qui garantirait contre de la Région Île-de-
leur éventuelle destruction. Des construc- France, IMV, Hanoi,
rêves d’Occident en
Deux critères complémentaires, concernant tions pourraient être autorisées à l’arrière Extrême-Orient,
l’état général du bâti et ses transformations, des parcelles des éléments « exceptionnels Éditions Sogomy,
ont également été pris en compte. Puis les dif- et remarquables ». Un principe de gradation Images du patrimoine
férentes notes de classement d’un même élé- dans les hauteurs des bâtiments nouveaux • Clément P.,
ment ont été synthétisées pour en proposer et des implantations en recul de la rue en Lancret N. (dir.),
une évaluation globale. Enfin, une cartogra- fonction de sa largeur sont proposés. Enfin, Hanoi ; le cycle des
phie par secteur et par îlot a permis la localisa- métamorphoses,
tion de chaque construction relevée, identifiée Éditions Recherches/
par une couleur correspondant à son évalua- IPRAUS, 2001, Paris,
tion (jaune pour «secondaire», orange pour 351 p.
« remarquable » et rouge pour
« exceptionnel »). Ce plan a fait apparaître
des ensembles patrimoniaux à valoriser en
priorité.

Les propositions du plan


La liaison verte, une boucle
d’aménagement : une liaison de mise en valeur paysagère
verte et des possibilités afin de relier le lac de
l’Ouest et le lac Hoan Kiêm
de renouvellement urbain (Hanoi), et d’offrir des lieux
et des itinéraires piétons
modulables en fonction des agréables aux habitants et
secteurs aux touristes

Le plan d’aménagement propose la création les constructions d’ordre « secondaire » pour-


d’un parcours piéton, favorisant les ruelles, raient être démolies, bien que la préserva-
les jardins et les berges des lacs, et qui consti- tion de leurs façades soit recommandée. De
tuerait un lien entre les différents quartiers manière générale, la restauration des édifices
patrimoniaux. selon un cahier des charges précis et la dé-
molition des ajouts entre les constructions et
l’alignement de la rue sont conseillées.

Le diagnostic patrimonial
et urbain effectué sur
le quartier français de
Hanoi offre une vision des
ensembles patrimoniaux à
valoriser

116 |
Le périmètre de protection stricte compren- Le règlement propose un classement du patrimoine à
valoriser et des zones où les nouvelles constructions seraient
drait les quartiers de l’Opéra, de la cathé- plus ou moins en retrait de la rue en fonction de sa largeur
drale, du lac Thiên Quang et le quartier (Hanoi)
politique de Ba Dinh. En effet, un enjeu patri-
monial majeur est d’appréhender et de gérer
de manière coordonnée les trois quartiers bué à mettre en évidence le patrimoine bâti
historiques de la citadelle, du vieux quartier de cette ancienne province, notamment les
et du quartier français. villages anciens, les pagodes et les temples.
Mieux protéger et valoriser le patrimoine de
la culture Doai, spécifique des villages situés
Un projet de règlement à l’ouest du fleuve Rouge, est donc devenu
d’urbanisme spécifique à ce une des priorités des autorités locales. Ainsi
le village de Duong Lâm a été classé vestige
quartier
historique national en 2005 en raison du
Le règlement qui accompagne le plan pour- cachet de son architecture faite de maisons
rait permettre aux services techniques muni- traditionnelles préservées - la plus vieille
cipaux et aux districts de Hoan Kiêm et de maison du village a quatre cents ans - et de la
Ba Dinh de mettre en œuvre aisément les présence de hauts lieux culturels. Une ruelle du village de
mesures proposées. Ce plan, quoique non Duong Lâm (Hanoi)
encore officiellement approuvé par les auto- Ce village affiche une activité touristique
rités en 2012, constitue désormais pour le croissante (plus de 70 000 visiteurs en 2010,
DUPA une référence pour la délivrance des 150 000 prévus en 2015) et souhaite l’inté-
permis de construire et la gestion de l’urba- grer à son développement économique. C’est
nisme. Six cents villas sont donc protégées pourquoi son centre de gestion du patri-
dans les faits. moine a sollicité l’appui de la Région Île-de-
France pour une mise en valeur touristique
respectueuse du site. Le projet pilote de pa- 8
Étude IMV en cours.
Protection et valorisation trimonialisation propose d’intervenir sur le
touristique du patrimoine tronçon de voie reliant la porte du village à la
place principale, afin de valoriser sa Maison
dans l’ancien village de communale et son atmosphère, dénaturée
Duong Lâm 8 par des transformations récentes.
L’extension du territoire de Hanoi à l’an-
cienne province de Ha Tây en 2008 a contri-

Faire la ville | 117


Lexique

Lexique
NB : Compte tenu de l’utilisation plus étendue de certains sigles en anglais, nous avons conservé
l’appellation anglophone. Ainsi, le département de la Planification Urbaine et de l’Architecture
est le DUPA et le département des Transports et des Communications, le DoT.

AFD : Agence Française de Développement OPALE : Observatoire Partenarial Lyonnais en


ANAH : Agence Nationale pour l’Amélioration Économie
de l’Habitat OTIF : Observatoire des Transactions
ANRU : Agence Nationale de Rénovation Urbaine Immobilières et Financières
AOT(U) : Autorité Organisatrice des Transports PADD : Projet d’Aménagement et de
(Urbains) Développement Durable
AVAP : Aire de mise en Valeur de l’Architecture PADDI : Centre de Prospective et d’Etudes
et du Patrimoine Urbaines
BAD : Banque Asiatique de Développement PDU : Plan de Déplacements Urbains
BRT : Bus Rapid Transit – Bus à Haut Niveau de PLD : Plan Local de Déplacements
Service PLH : Programme Local de l’Habitat
CDF : Centre de Développement Foncier PLU : Plan Local d’Urbanisme
CGB ou MOCPT : Centre de Gestion des Bus de PNR : Parc Naturel Régional
HCMV PNRU : Programme National de
DoC : Département de la Construction Renouvellement Urbain
DoF : Département des Finances PTU : Périmètre de Transport Urbain
DoNRE : Département des Ressources RATP : Régie Autonome des Transports Parisiens
Naturelles et de l’Environnement RER : Réseau Express Régional
DoSTE : Département des Sciences et SCoT : Schéma de Cohérence Territoriale
Technologies SDPHO : Surface Développée Pondérée Hors
DoT(C): Département des Transports (et des Oeuvre
Communications à HCMV) SDRIF : Schéma Directeur de la Région Île-de-
DPI : Département du Plan et de l’Investissement France
DTA : Directive Territoriale d’Aménagement SEM : Société d’Économie Mixte
DUP : Déclaration d’Utilité Publique SEPAL : Syndicat mixte d’Études et de
DUPA : Département de la Planification Programmation de l’Agglomération Lyonnaise
Urbaine et de l’Architecture SHON : Surface Hors Oeuvre Nette
EPA : Établissement Public d’Aménagement SIG : Système d’Information Géographique
EPF (L) : Établissement Public Foncier (Local) SIUP : Southern Sub-Institute of Urban Planning
HCMV : Hô Chi Minh-ville SNCF : Société Nationale des Chemins de Fer
HIDS : HCMC Institute for Development Studies SRADT : Schéma Régional d’Aménagement du
ICA : Autorité de Gestion de Thu Thiêm Territoire
IMV : Institut des Métiers de la Ville SRU : Loi relative à la Solidarité et au
JICA : Japan International Cooperation Agency Renouvellement Urbain
KTT : Khu Tap The, ensembles de logements STIF : Syndicat des Transports d’Île-de-France
sociaux des années 1960-70 SWOT : Strenghs, Weaknesses, Opportunities
LOTI : Loi d’Orientation des Transports Intérieurs and Threats
MAUR : Management Authority for Urban SYTRAL : Syndicat Mixte des Transports pour le
Railways Rhône et l’Agglomération Lyonnaise
MoC : Ministère de la Construction TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
MoF : Ministère des Finances VIAP : Viêt-Nam Institute of Architecture and
MoNRE : Ministère des Ressources Naturelles Urban and Rural Planning
et de l’Environnement ZAC : Zone d’Aménagement Concerté
OIE : Observatoire de l’Immobilier d’Entreprise ZAD : Zone d’Aménagement Différé
OPAH : Opération Programmée d’Amélioration ZAPA : Zone d’Actions Prioritaires pour l’Air
de l’Habitat ZPPAUP : Zone de Protection du Patrimoine
Architectural Urbain et Paysager

118 |
Remerciements
Nous souhaitons remercier tout particulièrement Laura Petibon qui a eu la lourde tâche de
synthétiser la somme considérable d’informations contenues dans les documents de travail
de l’IMV et du PADDI.

Cet ouvrage étant réalisé à partir des résultats des études et des ateliers menés par le PADDI
et l’IMV, il n’aurait pu voir le jour sans le soutien permanent de nos partenaires vietnamiens.
Le PADDI tient donc à remercier les directeurs ainsi que les équipes des départements tech-
niques de HCMV : le département de la Planification Urbaine et de l’Architecture, l’Institut
de Recherche et de Développement de HCMV (HIDS), le département des Transports et des
Communications et le Centre de gestion des bus, le département des Ressources Naturelles et
de l’Environnement, le département de la Construction, le Centre de conservation de l’énergie,
le Comité de gestion des transports ferrés, le Comité de gestion du projet de Thu Thiem et le
Centre de lutte contre les inondations. La qualité des échanges menés avec eux, la pertinence
de leurs questionnements et leur volonté d’appropriation d’outils témoignent d’un partenariat
actif. Les remerciements du PADDI vont également aux experts du Grand Lyon, de l’Agence
d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise, du Syndicat mixte des trans-
ports pour le Rhône et l’agglomération lyonnaise (SYTRAL), du CERTU et des autres collectivi-
tés, notamment de Saint-Étienne et de Grenoble pour leur expertise de grande qualité et leur
implication. Enfin, le PADDI remercie Madame Nguyen Hong Van, sa co-directrice, Jean-Charles
Castel, son conseiller scientifique, Huynh Hong Duc son traducteur ainsi que l’équipe du PADDI.

L’IMV remercie son co-directeur, M. Ha Van Quê, directeur du service des affaires extérieures
du comité populaire de Hanoi, pour le soutien qu’il apporte à la coopération en urbanisme
avec la région Île-de-France depuis son origine. Les remerciements de l’IMV s’adressent égale-
ment aux services du comité populaire de Hanoi (département des Transports, département
d’Architecture et d’Urbanisme, l’Institut de planification urbaine de Hanoi, département de la
Culture, des Sports et du Tourisme, Service des relations internationales, TRAMOC, Centre de
la citadelle, Bureau de gestion de l’ancien village de Duong Lâm), ainsi qu’au Ministère de la
Construction et à l’Institut de recherche en architecture et de planification rurale et urbaine
du Viêt-Nam pour la qualité du partenariat noué dans la réalisation des études et projets de
l’IMV. Les interventions de l’IMV n’auraient pas été possibles sans l’appui précieux des experts
de la région Île-de-France, notamment de l’Unité aménagement durable, du Comité Régional
du Tourisme, de l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la région Île-de-France, de
l’agence régionale des espaces verts, du service de l’inventaire général du patrimoine culturel,
de la Régie autonome des transports parisiens (RATP) et du Syndicat des Transports d’Île-de-
France (STIF). Qu’ils en soient remerciés.

Crédits photographiques
Couverture : Sandrine Llouquet, www.tumtumtree.asia

Introduction : HCMV © DUPA HCMV — Expansion urbaine HCMV © PADDI — Région Rhône-Alpes - Grand
Lyon © Grand Lyon — Expansion urbaine agglomération lyonnaise © Grand Lyon — Hanoi © DUPA Hanoi—
Expansion urbaine Hanoi © IMV d’après le Bureau de gestion du vieux quartier de Hanoi — Région Île-de-France
© Région Île-de-France — Expansion urbaine Paris © IMV d’après IAU-IdF

Chapitre Planification urbaine : Schéma directeur de HCMV © DUPA HCMV — Inondations à HCMV © PADDI
— Périphérie de HCMV © PADDI — Schéma directeur du centre ville © Nikken Sekkei — Schéma directeur du
centre ville © Nikken Sekkei — Planification par ratios © PADDI d’après DUPA HCMV — Projet de Thu Thiêm
© Sasaki — Ha Dong © C.Musil — Schéma directeur district 4 © DUPA HCMV — Workshop © PADDI — SCoT
2030 © Agence d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise (AUAL)— Label éco-quar-
tier © Ministère du développement durable — Concertation © PADDI — Logo Île-de-France © Région Île-de-

Faire la ville | 119


Credits photographiques

France — Logo Paris métropole © Paris métropole — Logo Société du Grand Paris © Société du Grand Paris
— Intercommunalité © IAU-IdF — Réunion des syndicats mixtes © Grand Lyon — Orientations stratégiques
© AUAL — Schéma directeur de la Région Île-de-France © IAU-IdF — Charpente urbaine de HCMV © AUAL/P.
Berger — Les quatre types de zones © AUAL — ZAC Lyon Confluence © Flickr, Calystee — Méthode d’élaboration
d’un schéma directeur © PADDI d’après G.Antier — PLU de Lyon © AUAL — Planification interdistrict © DUPA
HCMV — Secteurs, Lyon 2010 © AUAL — Secteurs à HCMV © AUAL/P.Berger — Schéma directeur de Hanoi ©
VIAP — Villes satellites à Hanoi © VIAP — SDAURP 1965 © IAU-IdF — Répartition des terres à Hanoi © VIAP
— Corridor vert © IMV — Schéma régional de Hanoi © VIAP — Carte du développement économique © AUAL
— Onlylyon © Flickr F.Virone — Carte des entreprises © OPALE — Carte des pôles de compétitivité © AUAL

Chapitre Foncier urbain : An Phu © C.Musil — My Dinh © C.Musil — Plan foncier HCMV © DoNRE HCMV — Prix
officiels© PADDI d’après DoNRE HCMV — Trung Hoa © C.Musil — Livret rose © PADDI — Plan foncier districts
1 et 2 © DoNRE HCMV — Plan foncier district 4 © DoNRE HCMV — Cadastre © Grand Lyon — Carte des sec-
teurs d’intervention foncière © AUAL — Carte des droits de préemption © Maire d’Évry — Déclaration d’Utilité
Publique © CERF — Carte des prix immobiliers © OTIF — Référentiel foncier © Grand Lyon — Terrains vacants
district 8 © DUPA HCMV — Récupérations © DoC HCMV — Terrains mutables © PADDI/TGH — Phu My Hung
© C.Musil — Vignettes de parcellaire © Nikken Sekkei — Lotissement © PADDI — ZAC © PADDI — Vignettes
SIG © Grand Lyon — SIG outil d’analyse © Grand Lyon — SIG hauteurs © Grand Lyon — SIG référentiel © Grand
Lyon — WebSIG © DoSTE HCMV

Chapitre Transports urbains : Pôle d’échanges de Long Bien © C.Musil — Partage de la voirie © C.Musil —
Répartition modale Hanoi © IMV — Intérieur de bus © C.Musil — Bus Transerco © IMV — Embouteillages
à Bangkok © Flickr Misterfred — Encombrement des trottoirs © IMV/Interscène — Couloirs de bus © IMV
— Attente du bus © C.Musil — Plan du réseau de bus © DoT HCMV/CGB HCMV — Intermodalité © Flickr J-L
Zimmermann — Modes doux © SYTRAL — Communication sur l’accessibilité © SYTRAL — Rue partagée ©
PADDI — Urbanisme du réel/rêvé/possible © D.Mangin — Urbanisme de corridor © IPPUC — Densification
préférentielle © IAU-IdF — PDU Grand Lyon © SYTRAL — Pôle d’échanges Gare du Nord © CC C.Shoshany
— Informations voyageurs à Paris © Flickr J-L.Zimmerman — Coordination des réseaux © STIF — Validation
Navigo © STIF — Automate Navigo © CC Greenski — Creusement du tunnel © SYTRAL — Prolongement du
tramway © STIF — Grand Paris Express © STIF — Informations voyageurs à HCMV © PADDI — Intégration
des réseaux à Hanoi © IMV — Cartes d’abonnement bus © IMV — Points noirs des accidents © DoT HCMV —
Dépôt de bus avant/après © IMV — Formation © PADDI — Pôle d’échanges de Cholon © C.Musil — Péage de
Singapour © Flickr I.Tomoaki — Croquis du pôle de Long bien © IMV — Pôle de Câu Giây avant/après © IMV —
Pôle d’échanges de Nhon © IMV — Métro ligne n°3 © Systra — Périmètre du projet BRT © AUAL - DeSo - PADDI
- Banque mondiale (BM) — Capacités du BRT © PADDI d’après Y.Genevois — Stations de BRT © AUAL - DeSo
- PADDI - BM — Compartiments chinois © AUAL - DeSo - PADDI - BM — Accessibilité piétonne © AUAL - DeSo -
PADDI - BM — Boulevard Vo Van Kiet © AUAL - DeSo - PADDI - BM — Connexion des stations BRT © AUAL - DeSo
- PADDI - BM — Vallée verte © AUAL - DeSo - PADDI - BM

Chapitre Logement : Binh Thanh © C.Musil — Habitat diversifié © C.Musil — Barème des loyers © MoC — KTT
© IMV — Boulevard Vo Van Kiet en 2005 © C.Gallavardin — Boulevard Vo Van Kiet en 2012 © PADDI — Emprises
à acquérir © PADDI d’après C.Musil — Compartiments du vieux quartier © IMV — Barres de logements © PADDI
— Logements Île-de-France © B.Basset, IAU-IdF — Carte des demandeurs de logements sociaux © IAU-IdF —
Différentes formes de logement social © Grand Lyon — Carte des Contrats Urbains de Cohésion sociale © Grand
Lyon — Grands ensembles La Duchère © J.Léone — Dynamitage © Grand Lyon — Programme de reconstruction
© Grand Lyon — Récupération à Thu Thiêm © PADDI — Indemnisation à Thu Thiêm © DoC — Épicerie et relo-
gement © PADDI — Immeuble de relogement © PADDI — Boîtes aux lettres © PADDI — Règlement d’immeuble
en copropriété © PADDI — Immeubles collectifs © C.Musil

Chapitre Patrimoine : citadelle de Hanoi © IMV — Compartiments à Hanoi © IMV — Carte des bâtiments
coloniaux © Nikken Sekkei - DUPA — Tours du district 1 © C.Musil — Surélévation des compartiments © IMV —
Villa © IMV — Villa moderne © IMV-Interscène — Compartiments à Cholon © PADDI — Alignements d’arbres
© PADDI — Périmètres Unesco © Grand Lyon — Vieux Lyon © Grand Lyon — Opéra © Flickr P.Guinoiseau
— Grands moulins © CC PierRoman — Secteur sauvegardé © Mairie du 4ème, Paris — Opération du passage
Thiaffait © Grand Lyon — Berges du Rhône © AUAL — Palissades de chantier © IMV — Fiche d’inventaire ©
IMV-Interscène — Balades urbaines © Musée Gadagne — Musée © Musée Gadagne — Liaison verte © IMV-
Interscène — Vue d’ensemble du patrimoine © IMV-Interscène — Règlement proposé © IMV-Interscène —
Village © IMV

120 |
FAIRE LA VILLE
Comment rendre la planification urbaine plus effective au Viêt-
Nam ? Comment développer l’offre de logements, de services
urbains, d’infrastructures, dans un pays où l’on prévoit que la
part de la population urbaine (un tiers aujourd’hui) dépassera
celle de la population rurale en 2040 et qui connaît le rythme
d'urbanisation le plus élevé de l'Asie du Sud-Est ? Cette crois-
sance urbaine, concentrée sur les deux métropoles de Hanoi et
de Hô Chi Minh-ville, entraîne de profondes recompositions
territoriales aux échelles nationale et locale.

Compte tenu de la forte croissance économique et démogra-


phique, les autorités publiques et les professionnels de l’urbain
travaillent dans une certaine urgence pour relever les défis d’un
développement urbain très dynamique. Il s’agit, entre autres,
d’améliorer la qualité de vie des habitants et d’offrir un environ-
nement favorable au développement économique.

L’urbanisme vietnamien, en pleine effervescence, est donc en


quête de nouveaux outils et méthodes. Cet ouvrage synthétique
et largement illustré propose, à travers une vision transversale
des enjeux de l’urbanisme au Viêt-Nam, des outils opérationnels
et des pistes de réflexion sur cinq thèmes : la planification
urbaine, le foncier, les transports collectifs, le logement et le
patrimoine. Ces éléments de débat ont émergé à partir
d’échanges d’expériences sur l’urbanisme entre professionnels
vietnamiens et français, dans le cadre des projets de coopération
décentralisée de l’Institut des Métiers de la Ville/IMV (Région
Île-de-France - Comité populaire de Hanoi) et du Centre de
prospective et d’études urbaines/PADDI (Région Rhône-Alpes -
Grand Lyon - Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville).

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