Cours Institutions Politiques 1ere Anne Science Politique

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Cours Institutions politiques

2020-2021

Intervenant (e) : Ndeye Astou Ndiaye, Docteure en Science Politique, Maitresse de


conférences assimilée, UCAD/FSJP
Description du cours :
Cursus : Science politique
Diplôme : Licence Science politique/Première année
Compétences apportées :
Ce cours vise à familiariser les étudiant-e-s avec la structure institutionnelle sénégalaise tirée
essentiellement de la Ve République française, abordée depuis la perspective de la Science
politique. Au terme de l'année académique, les étudiant-e-s devront faire preuve d'une certaine
connaissance factuelle des rôles des nombreuses institutions politiques du Sénégal, au niveau au
national et local. Ils/elles devront être capables d'en distinguer les aspects formels (tels
qu'établis, par exemple, par les dispositions constitutionnelles) des aspects informels
(fonctionnement concret des principales institutions (décisionnelles, consultatives, rôle des
partis politiques, des syndicats, etc.). En outre, ils/elles seront invité-e-s à adopter une
perspective critique quant à ces institutions, tout en se montrant capables d'établir des rapports
entre la matière du cours et l'actualité politique.

Prérequis : 
Aucun 

Corequis : 
Aucun 

Contenu de l'activité : 
Bien que les institutions soient abordées depuis la perspective des sciences politiques, au moins
trois autres disciplines, au fondement de ces sciences, seront également mobilisées. L'histoire,
d'abord, indispensable à la compréhension des formes prises par les institutions contemporaines.
La perspective sociologique, ensuite, dès lors qu'il sera amplement question de la façon dont les
institutions contribuent à déterminer le comportement des acteurs. Le droit, enfin, considéré
comme élément moteur de la stabilisation des institutions dans le temps. Une très brève partie
introductive sera consacrée à une réflexion théorique sur la notion d'institution politique. On
s'intéressera ensuite aux moments-clés de l'histoire politique du Sénégal, dont une partie devra
être assimilée de façon autonome par les étudiant-e-s. L'essentiel du cours sera focalisé sur la
description et l'analyse du fonctionnement des principales institutions politiques nationales et
locales dans l'ordre suivant : 

- Pouvoir exécutif (Président de la République et accessoirement la primature, supprimée,


le Gouvernement), incluant le rôle des cabinets et l’administration
- Pouvoir législatif (Assemblée nationale, incluant le processus d’élection…),

- Institutions consultatives (CESE, HCCT, HCDS)

- Institutions locales (Conseil régional, villes, Conseil départemental, Conseil


communal…)

Autant que possible, le cours sera alimenté par des exemples tirés de l'actualité politique.

Activités d'apprentissages prévues et méthodes d'enseignement : 


1
Le cours magistral est accompagné du syllabus présentant le cours et le plan. Le CM doit être
interactif. Des exemples d'actualité sont régulièrement discutés. Les étudiant-e-s ont la
possibilité d'intervenir et de poser leurs questions durant le cours. Le CM est prévu pour le
premier semestre. Les étudiant-e-s doivent comprendre le cours et en assimiler les points
saillants. Comme tout bon apprenant en Science politique les étudiant-e-s doivent se familiariser
avec la lecture et la quête de l’information fondée ce qui lui permet d’avoir un esprit synthétique
et objectif assimiler une bonne partie de la section historique du cours de façon autonome, au
départ du syllabus. La partie historique du syllabus est donc exhaustive, ce qui n'est pas le cas
des autres sections.

 
Une lecture obligatoire (un ou plusieurs articles, ou un bref ouvrage) est imposée chaque
année. Cette lecture fait partie de la matière d'examen, pour une question notée sur 2 points.
Par ailleurs, une conférence-débat rassemblant acteurs politiques ou observateurs de la vie
politique et animé par l’un ou l’autre sera organisée à la dernière séance, autour d'une
thématique que nous déterminerons. L'assistance à cette conférence est fortement recommandée.
Cette conférence fera partie de la matière d'examen, pour une question notée sur 5 points.

Méthodes d'évaluation : 
L'évaluation prend la forme d'un examen écrit comportant des questions fermées,
transversales, une question sur la conférence-débat et une question d’actualité.

Bibliographie : 

- Bastien, François, Le régime politique de la Ve République, 2011, Paris, La Découverte,


Repères,125p.
- Olivier Nay (dir.), Lexique de Science Politique : Vie et Institutions politiques, Dalloz,
2014.
- Philippe Ardant et Simon-Louis Formery, Les institutions de la Ve République, Coll.,
Les Fondamentaux, Hachette, 12e Edition 2013.
- Pierre Pactet et Ferdinant Melin-Soucramanien, Institutions politiques et droit
constitutionnel, Sirey, 32e Ed. 2014. - Gilles Champagne, L’essentiel du droit
constitutionnel, tome 2 : « les institutions », Gualino, 14e Edition 2013.
- Pierre Bourdieu, « La représentation politique », Actes de la recherche en sciences
sociales, vol. 36, 1981, p. 3-24.
- Jean. A. MAZERES, « La théorie de l'institution chez Maurice Hauriou ou l'oscillation
entre l'instituant et l'institut́ », Mélanges Mourgeon, Bruylant, 1998, pp. 239.
- Norbert Elias, La Dynamique de l’Occident, Paris, Calmann-Lévy, 1991 [1969].
- Charles Tilly, « La guerre et la construction de l'État en tant que crime organisé »,
Politix, vol.13/n°49, 2000, p.97-122 - Max Weber, Le savant et le politique, Paris, la
Découverte, 2003.
- Philippe Ardant, Institutions politiques et droit constitutionnel, 18ième Edition, LGDJ,
2006.
- Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif, Paris, Flammarion, 1996.
- Olivier Dabène, Vincent Geisser, Gilles Massardier (dir.), « La démocratisation contre la
démocratie », in Autoritarismes démocratiques et démocraties autoritaires au XXIe
siècle, Paris, La Découverte, 2008, p. 7-26.
- Gilles Massardier, « Les espaces non pluralistes dans les démocraties contemporaines »,
in Olivier Dabène, Vincent Geisser, Gilles Massardier, Autoritarismes démocratiques.
Démocraties autoritaires au XXIe siècle, Paris, La Découverte, 2008, p. 29-56.

1
PLAN
PRELIMINAIRE : INSTITUTIONNALISATION DU POUVOIR POLITIQUE : l’ETAT.
L’État, cet inconnu. Personne ne l’a jamais rencontré alors que, de la déclaration
de naissance au certificat de décès, nous vivons tous le quotidien sous son contrôle,
recevant en outre de temps à autres sa protection. Tantôt vanté, tantôt perçu comme « le plus
froid des monstres froids » (Nietzsche), par-delà l’appréciation une évidence : nul ne saurait
échapper à son emprise. L’État représente en effet le cadre contemporain du Pouvoir
politique, le lieu et la forme revêtue par ce dernier pour s’institutionnaliser, s’enraciner
dans le temps1.

INTRODUCTION : L’ETAT, INSTITUTIONNALISATION DU POUVOIR


POLITIQUE

Envisager le Pouvoir à travers le prisme de l’État, c’est limiter l’analyse à la


forme juridique du Pouvoir. Ce dernier ne s’exprime alors pas par le biais de
commandements isolés, mais par un ensemble de règles créées et appliquées selon des
formes et procédures régulières et relativement stables, lesquelles constituent l’ordre
juridique parfois lui-même assimilé à l’État (cf. la théorie de Kelsen). Dans ce schéma,
chaque commandement apparaît comme l’application d’une règle générale et
1
antérieure, ce qui contribue évidemment à sa légitimation. Il n’en demeure pas moins un
problème essentiel et insoluble, celui du fondement ultime de la règle de Droit (la « norme
fondamentale » de Kelsen). Quoi qu’il en soit, une fois cette restriction du champ de
l’étude établie, il faut préciser en quoi l’État permet l’institutionnalisation du Pouvoir,
offre à ce dernier la possibilité de maîtriser le temps.

1. Le passé : l’apparition du terme « État »


Bien que cette forme juridique du Pouvoir politique semble aujourd'hui presque
consubstantielle à son exercice, elle n’a pas toujours existé en tant que telle : l’État
constitue

1 Sur l’importance de la maîtrise du temps par le Pouvoir, la quête de permanence étant son
fondement même, voir Philippe SEGUR, Recherches sur les relations du pouvoir politique et
du temps, thèse dactyl., Toulouse, 1993

1
une construction historiquement située 2. Ainsi, le terme « Etat » n’existe pas dans le
vocabulaire politique du Moyen-Âge. Venant de « status », il désigne d’abord un groupe,
une condition sociale, avant que son usage ne se développe au fur et à mesure que naissent les
assemblées représentatives. Son sens moderne lui est conféré en Italie au début du XVème
siècle, date à laquelle commencent à apparaître des organisations politiques plus stables,
des ébauches d’État moderne (cf. la première phrase du Prince de Machiavel « tous les Etats,
toutes les puissances qui ont eu et ont autorité sur les hommes, ont été et sont ou républiques ou
monarchies »). Il existait certes bien des pouvoirs politiques organisés avant cette période,
mais ces derniers se rapportaient le plus souvent à des territoires de taille modeste permettant
généralement un exercice personnel du pouvoir et une institutionnalisation très succinte de
celui-ci. Quant aux royaumes étendus, ils se heurtaient à de nombreux privilèges (villes,
Provinces, corporations..), aux résistances des seigneurs locaux et aux fréquentes mutations
territoriales, ces divers éléments limitant également l’institutionnalisation du Pouvoir. A
partir du XVème siècle, l’Etat correspond à une unité collective essentielle dont la forme
peut varier, mais dont les traits dominants demeurent. Ainsi, dans l’œuvre de Machiavel,
le terme est employé sans définition précise, mais il renvoie à une organisation exerçant le
pouvoir sur un peuple déterminé sur un territoire donné. La diffusion de l’œuvre va
ensuite contribuer à donner le sens moderne au mot qui ne s’imposera en France qu’à
compter du XVIème siècle. Parfois utilisé par François Ier, il passera dans le langage
commun sous l’influence des théoriciens protestants et par l’intermédiaire des discours
d’Henri III et d’Henri IV. L’emploi du terme consacre une sécularisation du Pouvoir, son
principe devenant abstrait et unique et personne ne le possédant personnellement. Il
s’exerce sur un territoire déterminé, mais partout à l’intérieur des frontières et sur toute
personne qui s’y trouve. L’émergence de l’Etat traduit donc une nouvelle conception du
souverain.

2. Le présent : la définition juridique de l’Etat

Ainsi, dès le XVIème siècle, la définition juridique de l’Etat est-elle largement


ébauchée puisque la définition contemporaine fait reposer l’existence de l’Etat sur trois
éléments constitutifs cumulatifs : un Etat existe chaque fois que sur un territoire
déterminé par des frontières, une population identifiée par un certain nombre de
caractéristiques communes est soumise à une organisation politique souveraine.

2 Voir la démonstration en ce sens d'Olivier BEAUD, La puissance de l'Etat, PUF, Coll.


Leviathan, 1994, pp. 29-52, lequel insiste tout particulièrement sur le rôle de Jean Bodin dans
la constitution des concepts permettant de penser l'Etat.

2
- Un territoire déterminé : il constitue l’assise spatiale de la souveraineté de l’Etat,
le support indispensable de son existence (ex : peuple kurde), l’idée d’un Etat nomade étant
exclue. Le territoire est lié à la population qu’il stabilise ; il remplit de ce fait une fonction
d’identité car il exprime la cohésion du groupe.
Pour ce qui de l’acquisition, elle s’est faite, en ce qui concerne le titre originaire, par
l’appropriation d’un territoire sans maître (terra nullius), entraînant la négation des droits
des populations indigènes. Pour ce qui est d’un titre dérivé, l’acquisition se fait par cession
; aujourd’hui, la consultation des populations intéressées s’impose en vertu du droit des
peuples à disposer d’eux-mêmes. L’interdiction générale du recours à la force prohibe
normalement toute acquisition territoriale par la conquête militaire et l’agression (ex :
Koweït).
Quant à sa consistance, il comprend à la fois le territoire terrestre (sol, sous-sol, eaux
intérieures), le territoire maritime (zone adjacente à la côte, mer territoriale) et le territoire
aérien (espace atmosphérique sudjacent aux deux précédents). Tous ces espaces sont
intégralement soumis à la compétence de l’Etat. L’ensemble du territoire est matérialisé
par des frontières qui doivent être reconnues par les autres Etats dans le cadre de traités
internationaux. Le territoire est donc le seul élément de la définition de l’Etat qui lui
échappe en partie. Des Etats ont d’ailleurs parfois disparu faute de territoire (ex :
Bourgogne depuis 1477, Autriche de 1938-45, Pologne 1939-45, Allemagne 1945-49, Koweït
1990).
La théorie du « territoire sujet » (Hauriou, Carré de Malberg) selon laquelle il est désigné
comme le corps de l’Etat est abandonnée car l’Etat peut subir des mutations territoriales
sans que pour autant disparaisse son identité. Celle du « territoire objet » selon laquelle il
est perçu comme la propriété de l’Etat ne correspond plus aujourd’hui à la réalité du
pouvoir, puisque l’accord des populations est un préalable nécessaire à tout transfert de
souveraineté. Il n’est donc que l’espace à l’intérieur duquel s’exercent les compétences
étatiques qui sont générales et exclusives puisqu’il est le seul à pouvoir y exercer son
autorité.

- Une population identifiée : depuis la période révolutionnaire, l’identification de


la population d’un Etat s’opère essentiellement par référence au concept de nation,
même si plusieurs conceptions coexistent. L’étymologie « nascere » montre en effet qu’il
s’agit d’un groupe d’hommes qui ont ou à qui on attribue une origine commune.
Selon la conception objective développée par des auteurs allemands du XIXème siècle et
notamment par Fichte dans Discours à la nation allemande, l’accent est mis sur les
caractères concrets que les individus ont en commun, lesquels fondent l’homogénéité du
groupe social. Ils

3
sont de type ethnique, culturel, linguistique ou religieux. Souvent, les individus
appartiennent effectivement à un même groupe ethnique, parlent la même langue ou
pratiquent la même religion. Cependant, ce constat doit être relativisé : un même groupe
de population peut être réparti sur le territoire de différents Etats (ex : Afrique, Kurdes
divisés entre Turquie, Irak, Iran et Syrie). Le monolinguisme n’est pas la règle (ex :
Belgique, Canada, Suisse, URSS, Espagne) même s’il constitue un facteur important. De
même, l’unité de religion n’est pas obligatoire comme l’atteste la revendication de laïcité
de nombreux Etats ; mais la diversité peut être cause de déchirements et de conflits (ex :
Irlande du Nord, Liban). Ces différents éléments peuvent tous jouer un rôle dans la
formation d’un Etat mais ne fournissent pas toujours des explications suffisantes.
La conception subjective a été développée en France dès 1789, notamment par les jacobins.
L’accent est mis sur le vouloir-vivre collectif, le désir de vivre ensemble qui animerait les
membres du groupe social, c’est une conception volontariste inspirée du contrat social.
Pour Renan (Qu’est-ce qu’une Nation ?, 1882), la race, la langue, la religion, la
géographie, les intérêts économiques, les nécessités militaires sont certes des éléments de
cohésion mais ne suffisent pas à créer une Nation dont le fondement est d’ordre
intellectuel et affectif : « Une nation est une âme, un principe spirituel fondé sur la
possession en commun d’un riche legs de souvenirs et le consentement actuel, le désir de
vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis [...], c’est
l’aboutissement d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements ; avoir des gloires
communes dans le passé, une volonté commune dans le présent, avoir fait de grandes
choses ensemble, vouloir en faire encore... ». Pour Malraux (La tentation de l’Occident), «
l’esprit donne l’idée d’une Nation mais ce qui fait sa force sentimentale, c’est la communauté
de rêves ».
Ces deux conceptions sont chacune insuffisantes pour rendre compte de la réalité, elles sont
complémentaires car les faits objectifs s’imbriquent avec des éléments subjectifs. A
compter de la Révolution, apparaît l’idée d’Etat Nation. Le mot « nation » prend à cette
époque une connotation affective et le concept, devenant juridique, sert d’arme contre le
Roi (les Etats Généraux se qualifient Assemblée nationale). Dès lors, la nation peut devenir
un instrument de légitimation de l’Etat. C’est à cette époque que s’ouvre le débat sur
l’antériorité entre Etat et Nation, souvent conclu par Esmein, selon qui « l’Etat est la
personnification juridique d’une nation ».
En revanche, la notion de patrie n’est guère opérante pour procéder à l’identification de
la population étatique dans la mesure où elle est plus liée à l’attachement à la terre des
ancêtres

4
et relève donc plus du sentiment, de l’ordre de l’affectif. De même, le concept de peuple
n’est guère utilisable dans cette perspective. Le peuple est effectivement un ensemble
collectif indifférencié qui n’acquiert de consistance qu’en relation avec un problème que
sa référence est censée résoudre (ex : droit des peuples à disposer d’eux-mêmes pour régler
les problèmes de conquête territoriale). Son unicité et son identité ne doivent jamais être
contestées (ex : référence au peuple corse rejetée par le Conseil constitutionnel) sinon le
concept perd toute son utilité opératoire ; la pluralité culturelle d’un peuple composé non
seulement de classes sociales mais de groupes culturels, ethniques ou religieux différents est
toutefois à envisager.

- Une organisation politique souveraine : c’est l’élément le plus important car la


souveraineté est l’attribut essentiel de l’Etat. Elle signifie qu’il dispose de la puissance
suprême au dessus de laquelle il n’y a rien (à relativiser dans un Etat de droit). Elle se
définit comme l’autorité suprême, la capacité de décision ultime qui revient à l’Etat
concernant les personnes qui se trouvent sur son territoire.
Cette puissance étatique se traduit par l’existence d’organes dirigeants qui disposent du
pouvoir de gouverner la société à l’intérieur, de conclure des traités et de déclarer la
guerre à l’extérieur. La souveraineté se matérialise surtout par le pouvoir constituant qui
permet de choisir les structures politiques et le régime mis en place.
C’est un principe abstrait désignant l’institution détentrice de l’autorité légitime ;
d’origine divine ou humaine, elle exprime l’identité du corps politique, le foyer où se
nouent la capacité à édicter des normes et le devoir d’obéissance.
Au plan interne, la souveraineté de l’État s’impose à tout individu, tout groupe, toute
collectivité. Il dispose d’ailleurs du « monopole de la violence légitime » (Weber), du
monopole légal de la force : il est la personne morale de droit public suprême. Aucun
autre pouvoir ne peut normalement restreindre ou conditionner l’État mais sa
souveraineté est quotidiennement battue en brèche par les groupes de pression qui
constituent des contre-pouvoirs.
Au plan externe, il existe un principe d’égalité juridique des Etats quelle que soit leur
puissance. La souveraineté internationale signifie qu’un État n’est souverain que s’il est
totalement indépendant des souverains étrangers ; les colonies ne le sont donc pas. Cette
égalité n’est qu’une fiction juridique, de multiples manifestations d’impérialisme
économique et politique sont constatées (ex : Doctrine Monröe des Etats-Unis à l’égard des
pays d’Amérique latine qui justifie l’intervention au Panama en 1989, Doctrine Brejnev de
l’URSS concernant la souveraineté limitée des Etats du pacte de Varsovie qui justifie
l’intervention en Tchécoslovaquie en 1968) et

5
montrent le caractère formel de l’égalité proclamée. La construction européenne est un
phénomène qui entraîne de nombreuses remises en cause de la souveraineté des Etats en
transférant des compétences, des pouvoirs de décisions aux organes de l’Union Européenne (cf.
colloque IEP des 29 et 30 septembre 2005).

Ces trois éléments sont bien cumulatifs ; si un seul vient à manquer, l’Etat disparaît.
La souveraineté est depuis longtemps considérée comme le vrai critère de l’Etat ; celui-ci
est l’institution qui prédomine sur toutes les autres car seul l’Etat a la compétence de ses
compétences. La puissance souveraine peut être définie comme un pouvoir de droit initial
(à la source de l’ordre juridique), inconditionné (ne procède d’aucune norme antérieure ou
extérieure) et suprême (il n’existe aucune norme supérieure).
Toutefois, cette doctrine de la souveraineté comme critère absolu de l’Etat doit être
nuancée car les Etats acceptent de restreindre leur souveraineté par des accords
internationaux. Parfois, ces limitations sont imposées (ex : Allemagne et Japon en 1945). De
plus, les limitations de souveraineté ne sont pas seulement juridiques mais aussi
économiques. La souveraineté comme critère absolu de l’Etat reste une fiction mais elle
représente le fondement juridique le plus sûr de l’Etat moderne.

3. Le futur : le dépassement de l’Etat ?

Depuis le XVIIIème siècle, l’idée d’Etat-Nation s’est très largement implantée,


ayant notamment servi de justification au mouvement de décolonisation, puis au
démantèlement de fédérations comme l’URSS ou l’ex-Yougoslavie. Cette forme étatique
d’institutionnalisation du Pouvoir politique est aujourd’hui tellement bien implantée dans
le paysage politique qu’elle se présente comme le cadre incontournable de toute réflexion
politique.
Cette prégnance du modèle étatique est d’autant plus forte que les quelques idéologies
anti- étatistes qui se sont manifestées dans l’histoire et qui sont aujourd’hui en perte de
vitesse. Il en va ainsi du marxisme, qui perçoit l’Etat comme une superstructure
permettant à la bourgeoisie d’exploiter le prolétariat ; après la Révolution et la phase de
dictature du prolétariat, l’avénèment d’une société communiste, sans classe, doit conduire
au dépérissement de l’Etat, devenu inutile. L’anarchisme rejoint le marxisme dans cette
hostilité à l’égard de l’Etat, mais il préfère sa disparition brutale et immédiate à son
utilisation et son dépérissement dans la mesure où il rejette totalement ce Pouvoir comme
contraire à l’essence véritable de l’homme. Dès 1866, Bakounine prévoit que l’Etat
despotique mis en place par le communisme d’Etat fera

6
naître « une classe exploitante de privilégiés : la bureaucratie ». Aussi les anarchistes
prônent-ils plutôt l’associationnisme et/ou le mutuellisme pour remplacer l’Etat. Ces deux
idéologies disposent toutefois aujourd’hui d’une audience relativement réduite qui atteste
un certain consensus sur la nécessité de l’existence de l’État, le débat se reportant plutôt
sur la sphère et les modes d’intervention qui doivent être les siens.
Ainsi, la légitimité de l’action étatique dans le domaine économique est fortement
contestée par les économistes libéraux qui considèrent que l’Etat doit demeurer cantonné
dans ses compétences régaliennes. Ce discours néo-libéral est très influent depuis les
années 80 (gouvernements Reagan et Thatcher) et se trouve aujourd’hui relayé par la
Commission européenne. La sphère de compétences étatiques se trouve donc contestée en
vertu d’une pression supra-nationale doublée d’une revendication de compétences de la part
de l’Union européenne. Par ailleurs, la politique de décentralisation menée en France depuis
1982 conduit à l’émergence de pôles politico-administratifs locaux qui peuvent également
parfois contester l’action étatique au niveau infra-national. Pris en tenaille entre ces deux
niveaux de compétences, l’Etat voit donc la légitimité de ses actions partiellement mise en
cause.
Toutefois, il convient d’insister sur le fait que la contestation de l’Etat porte sur
l’étendue de sa sphère d’intervention et sur le partage des compétences avec les
institutions supranationales ou décentralisées. Son existence en tant que lieu de Pouvoir
politique n’est pour sa part pas contestée, comme le montre bien le débat sur
l’approfondissement de la construction européenne, dans lequel se pose la question de
l’éventuelle construction d’un Etat
– plus précisément d’une fédération – européen. La pérennité du modèle étatique ne semble
donc pour l’heure pas réellement menacée, d’autant que la construction d’instances
internationales (ONU, UE, CPI…) efficientes continue de se heurter très régulièrement à
l’obstacle récurrent des souverainetés étatiques.
Il convient donc d’essayer de comprendre les raisons de cette pérennité du modèle
étatique, d’analyser les facteurs qui rendent possible son inscription dans la durée, c’est-
à- dire son institutionnalisation, en partant de l’exemple français. Pour ce faire, il faut
montrer que l’Etat incarne le Pouvoir politique grâce aux organes que la Constitution
institue (1ère Partie) et qu’il correspond dans ses modalités d’organisation locales à une
inscription territoriale du Pouvoir (2nde Partie).

7
PREMIERE PARTIE :
L’ETAT, INCARNATION DU POUVOIR POLITIQUE :
L’ORGANISATION CONSTITUTIONNELLE
DES POUVOIRS PUBLICS NATIONAUX

L’histoire ne montre qu’aucun Pouvoir ne se contente de fonder sa pér ennité sur


des motifs matériels ou affectuels. Au contraire, toutes les dominations cherchent à
éveiller et à entretenir la croyance en leur légitimité, c’est-à-dire à justifier aux yeux des
dominés le Pouvoir qui s’exerce sur eux, en montrant qu’il peut se prévaloir d’un autre
titre que la force. La légitimité explique alors pourquoi certains ont le droit de
commander et d’autres le devoir d’obéir ; elle est indispensable pour que l’ordre
politique soit durable.
Ainsi, est considéré comme légitime le pouvoir qui est établi conformément à l’idée que
l’opinion se fait de la manière dont il doit être détenu et exercé. La légitimité fait partie
des croyances des individus à l’égard du pouvoir mais il ne s’agit pas de croyances
individuelles et c’est pourquoi la notion de légitimité est un élément des rapports entre le
pouvoir et ses sujets.
Au cours de l’histoire, différents types de légitimité ont existé, notamment en
fonction des croyances socio-culturelles des pays, chacun commandant l’adoption
d’institutions et de pratiques spécifiques concernant le pouvoir politique. Le sociologue
allemand Max Weber (cf. cours d’Eric Darras) les a systématisés sous la forme d’idéaux-
types, aboutissant à distinguer trois types de domination3.
La domination charismatique est fondée sur les qualités extraordinaires, l’aura d’une
personnalité exceptionnelle, sur la force de conviction et la capacité à rassembler d’un chef.
Elle peut également correspondre à la domination qu’exerce une personne qui est
considérée comme envoyée par Dieu. Cette légitimité se base essentiellement sur des
facteurs émotionnels.
La domination traditionnelle est fondée sur le caractère sacré de dispositions transmises
par le temps, de la tradition (ex : pouvoir patriarcal, seigneurs...). Elle est réductrice des
conflits en ce sens qu’aucun des auteurs ne peut être tenu pour responsable des règles du jeu
qui datent d’avant lui et qui réservent une part d’arbitraire au profit du seigneur.
La domination légale-rationnelle est fondée sur le pouvoir du droit formel et impersonnel
; elle est reliée à la fonction et non à la personne. Le pouvoir se justifie par la compétence et
la rationalité des choix.

3 Max WEBER, Economie et société, tome 1, Plon, coll. Agora, Press pocket, pp. 285-325.

8
Ces différentes formes de domination ne sont que des idéaux-types qui ne se retrouvent pas
historiquement à l’état pur et ce serait une erreur de croire que ces types de légitimité se
succèdent chronologiquement. Certes, les deux premiers types sont plus archaïques et le
3ème plus moderne, mais en réalité, ils se chevauchent et existent en même temps.

Il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui, la légitimité du pouvoir politique est, du


moins dans les démocraties occidentales, principalement de type légal-rationnel. Ainsi
s’explique que, depuis la fin du XVIIIème siècle, un nombre toujours croissant de régimes
politiques se soient dotés d’une constitution destinée à fixer par écrit l’organisation et le
fonctionnement des pouvoirs publics qui incarnent l’Etat, donc le Pouvoir politique.
La notion de Constitution fait l’objet de multiples définitions, mais un concept
juridique peut néanmoins être dégagé, dès lors qu’il est distingué du concept politique.
Ce dernier désigne le résultat – souvent écrit – de la transcription progressive en termes de
droit d’un ensemble de revendications politiques, ou encore de l’état d’une société à un
moment donné. Au plan juridique, la Constitution est tout d’abord le fondement de la
validité de l’ordre juridique tout entier, dans la mesure où elle en est le texte suprême
(définition normativiste ; cf. cours de Valérie Larrosa). Formellement, cette suprématie se
traduit normalement par une procédure spécifique d’élaboration et de révision,
beaucoup plus lourde que pour les lois (d’où le terme de « constitution rigide »).
Matériellement, on considère généralement qu’elle doit déterminer les modalités de
désignation des gouvernants et leur attribuer des compétences. Elle énonce de plus des
principes relatifs à la souveraineté, à la représentation ou à la séparation des pouvoirs,
étant de ce fait le texte où figurent l’organisation et le fonctionnement des pouvoirs
publics. Plus récemment, de nombreuses constitutions ont intégré ou fait référence à des
déclarations de droits et libertés bénéficiant aux citoyens, devenant ainsi de véritables«
chartes des libertés » (D. Rousseau). Cette dernière fonction ne sera ici guère développée,
dans la mesure où elle est liée au développement du rôle du Conseil constitutionnel (cf.
cours de Cours de droit constitutionnel).

La France est vraisemblablement le pays qui a connu le plus grand nombre de


constitutions : 15 en un peu plus de deux siècles 4 – chiffre à comparer à l’unique
constitution américaine… –, la première étant celle du 3 septembre 1791 instaurant une
monarchie constitutionnelle (cf. CM sur l’histoire constitutionnelle). Celle qui est
actuellement en vigueur

9
date du 4 octobre 1958 ; elle répond pour partie à une crise conjoncturelle découlant des
événements d’Algérie, De Gaulle ayant posé comme préalable à son retour au Pouvoir le
changement de Constitution. Rédigée par ses proches, et notamment par Michel Debré, elle
est également marquée par la volonté de réagir aux abus du parlementarisme tel qu’il
fut pratiqué sous les IIIème et IVème République. Ainsi, concernant l’aménagement des
pouvoirs publics, elle retient un équilibre entre les pouvoirs complètement différent de
celui qui prévalait dans les textes antérieurs, l’exécutif étant largement réévalué au
détriment du législatif.

Chapitre I: L’ETAT, INCARNATION DU POUVOIR POLITIQUE :


L’ORGANISATION CONSTITUTIONNELLE. DES POUVOIRS PUBLICS
NATIONAUX : LA PREMIERE ET LA SECONDE REPUBLIQUE DU
SENEGAL

Elle a comme support la loi 60-045 du 26 août 1960 portant révision de la Constitution de la
République du Sénégal. Cette Constitution a été rédigée par le Gouvernement et adoptée par
l’Assemblée Nationale sans débat. Dans la disposition des institutions, elle mettait en place un
régime parlementaire, qui ne fonctionnera que pendant 2 ans.
Section I- Les institutions de la Première République
Aux termes de l’article 5 de la Constitution du 26 août 1960, les institutions de la République
sont le Président de la République, le Gouvernement, l’Assemblée Nationale et l’autorité
judiciaire. L’autorité judiciaire n’avait pas le rang de pouvoir. Elle relevait d’un simple
service public. La Constitution ne consacrait alors que les pouvoirs exécutif et législatif.
A- Le Pouvoir Exécutif
Il était bicéphale. En effet, le Président de la République cohabitait avec un chef du
Gouvernement.
 Le Président de la République
Après avoir précisé son statut, nous insisterons sur ses compétences
a- Le statut du Président de la République
Il ne procédait pas du suffrage universel direct. Il était élu pour 7 ans renouvelable
indéfiniment par un collège électoral comprenant les membres de l’Assemblée nationale, un
délégué par assemblée régionale et un délégué par conseil municipal. Pour être élu aux deux
premiers tours, il fallait obtenir la majorité des 2/3 des membres du collège. Si aucun candidat
ne parvenait à réunir autant de suffrages, un troisième tour était organisé et était élu le
candidat qui obtenait la majorité absolue. En cas de vacance de la Présidence de la
République constatée par l’Assemblée nationale, la suppléance était assurée par le Président
du Conseil et, des élections devaient être organisées dans les 30 jours.
b- Les compétences du Président de la République
Il avait les compétences traditionnelles d’un Chef d’État. Ainsi, il était le gardien de la
Constitution, le garant de l’indépendance, jouait un rôle d’arbitre entre les institutions. Il
veillait au fonctionnement régulier des institutions, à la continuité de la République, présidait

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le Conseil des ministres et nommait aux hautes fonctions. La plupart de ses actes devait être
contresigné par un membre du Gouvernement.
 Le Gouvernement
Il était dirigé par le Président du Conseil. Aux termes de l’article 25 de la Constitution, le
Président du Conseil était « pressenti par le Président de la République et investi par un vote
au scrutin public à la majorité absolue des membres composant l’Assemblée Nationale, après
présentation de son programme politique. » Après son investiture, il proposait les autres
membres du Gouvernement au Président de la République qui les nommait. Il pouvait choisir
des députés qui ne perdaient pas leur mandat car il n’y avait pas d’incompatibilité entre les
fonctions de ministre et de parlementaire.
Le Président du Conseil était le véritable chef de l’exécutif. Il déterminait et conduisait la
politique de la nation et dirigeait l’action du Gouvernement. Il était également responsable de
la défense nationale et disposait de l’administration et de la force armée. Cependant, le
Président de la République était le chef des armées. Il avait la compétence de nommer à tous
les emplois civils et militaires, sauf à ceux qui étaient réservés au Président de la République.
En tant qu’organe collégial, le Gouvernement était compétent pour convoquer l’Assemblée
nationale en session extraordinaire, pour prendre des ordonnances suite à une loi
d’habilitation et pour déclencher la procédure législative ou celle de révision de la
Constitution.
Le Gouvernement entretenait un certain nombre de rapports avec le pouvoir législatif.
B - Le Pouvoir législatif
Il était exercé par l’Assemblée Nationale. Les 80 députés qui la composaient étaient élus pour
5 ans au suffrage universel direct. Le scrutin majoritaire de liste nationale à un tour, en
vigueur à l’époque, ne permettait aucune forme de représentation diversifiée. Le parti qui
obtenait la majorité des voix aux élections remportait l’ensemble des sièges mis en jeu.
L’Assemblée Nationale était compétente pour voter les lois, proroger l’état d’urgence ou l’état
de siège ou autoriser la guerre. Dans sa mission de contrôle de l’action de l’exécutif, divers
moyens étaient mis à sa disposition : l’interpellation, la question écrite, la question orale avec
ou sans débat et la commission d’enquête.
La mise en œuvre de ces moyens pouvait lui permettre d’agir sur l’exécutif.

Section II : La nature du régime de la Première République

En 1960, la quasi-totalité des États africains avait adopté un régime présidentiel voire,
présidentialiste. Le Sénégal était l’un des rares États à mettre en place un régime
parlementaire. Conformément aux dispositions de la Constitution, l’exécutif était bicéphale
avec un Chef d’Etat à côté d’un chef du Gouvernement (le Président du Conseil). Le Président
de la République était politiquement irresponsable tandis que le Gouvernement pouvait voir
sa responsabilité engagée devant le Parlement par l’adoption par ce dernier d’une motion de
censure ou par le rejet d’une question de confiance. Enfin, le Parlement pouvait être dissout
par le Chef de l’Etat.
Initialement, la dissolution n’était pas prévue. Elle n’a été introduite qu’en 1961, et les
conditions de son exercice étaient particulièrement contraignantes : il fallait nécessairement
deux crises ministérielles dans une période consécutive de 18 mois et, elle ne pouvait être
exercée pendant les 18 premiers mois de la législature.
Dans ses principes, la Constitution du 26 août 1960 tentait de réaliser un équilibre entre les
divers pouvoirs. En réalité, elle organisa une cohabitation entre les deux pôles de l’exécutif.
Les bases de cette cohabitation étaient si fragiles que la première République ne résista pas à
la première crise entre les deux tenants de l’exécutif.
Section III : La fin de la Première République
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Avant d’exposer la crise qui a mis fin à la Première République, il est nécessaire de
s’appesantir d’abord sur les facteurs qui ont été à l’origine de cette crise.
A- Les facteurs à l’origine de la crise
Il faut distinguer entre les facteurs institutionnels et les facteurs politiques.
 Les facteurs institutionnels
Ils découlent essentiellement de l’imprécision des dispositions constitutionnelles. Dans
certains domaines, on pouvait remarquer un chevauchement dans les compétences. Ainsi,
l’article 24 faisait du Chef de l’Etat le chef des armées et le Président du Conseil Supérieur de
la Défense.
Quant au Président du Conseil, l’article 26 en faisait le responsable de la défense nationale.
En plus il disposait de la force armée.
Cette imprécision pouvait aboutir à deux lectures différentes de la Constitution. Si sur le plan
institutionnel un régime parlementaire doit organiser un équilibre entre l’exécutif et le
législatif, le régime parlementaire sénégalais issu de la Constitution de 1960 établissait un
équilibre entre les deux têtes de l’exécutif. Ce qui dans le contexte de l’époque, ne pouvait
qu’aboutir à une confrontation, d’autant plus qu’il y avait une certaine rivalité entre elles.
 Les facteurs politiques
Ils sont nombreux. Le Président Dia de par ses méthodes répressives, notamment dans la
gestion des crises sociales avait perdu de sa popularité.
A partir de 1962, l’U. P. S., le parti dominant connut des crises de plus en plus accrues entre
les partisans de Senghor et ceux de Mamadou Dia.
De même, il existait une certaine divergence idéologique entre les deux hommes. Senghor
était un véritable partisan de la social-démocratie. Il était très influencé par la pratique
française de l’époque, ayant eu à siéger dans plusieurs gouvernements français. Quant à
Mamadou Dia, il était plus porté vers l’extrême gauche et le socialisme autogestionnaire.
Tous ces paramètres ont fini par rendre la confrontation inévitable entre deux fortes
personnalités.
 La crise de 1962
Le premier jalon qui a déclenché la crise de 1962 semble être posé par Mamadou Dia. En
effet, le 12 décembre 1962, il procéda à un remaniement ministériel à l’occasion duquel, il
renforça la présence de ses partisans au Gouvernement au détriment de ceux de Senghor et
cumula la Présidence du Conseil avec le portefeuille de la défense.
Le 14 décembre, profitant d’une séance de l’Assemblée Nationale consacrée à l’augmentation
des salaires des députés, les parlementaires favorables au Président Senghor déposèrent une
motion de censure signée par 41 députés contre le Gouvernement de Mamadou Dia. Le
nombre de signatures exigé correspondait au ¼ des membres du parlement.
Le président Dia s’opposa alors au vote de la motion de censure et dépêcha un détachement
de gendarmerie pour évacuer et occuper l’Assemblée Nationale. Il développa deux arguments
pour justifier l’irrecevabilité de la motion de censure.
D’abord, elle n’a pas été examinée par les instances du parti.
Ensuite, du fait de l’état d’urgence alors en vigueur, le parlement ne pouvait engager la
responsabilité du Gouvernement.
D’un point de vue juridique, aucun de ces deux arguments ne pouvait prospérer. En effet,
dans la Constitution de 1960, il n’est nulle part prévu d’une part une prépondérance d’un
quelconque parti politique sur les institutions de la République et d’autre part que
l’Assemblée Nationale ne peut censurer le Gouvernement en période d’état d’urgence.

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Le 17 décembre 1962, les députés se réunirent alors au domicile du président de l’Assemblée
nationale, Lamine Gueye et adoptèrent la motion de censure par 51 voix.
Le Président Senghor, soutenu par les forces armées arrêta le Président du Conseil et certains
ministres qui le soutenaient le 18 décembre 1962. Son procès interviendra en mai 1963, et il
sera condamné par la Haute Cour de Justice à perpétuité.
En 1974, il sera gracié puis amnistié par la loi du 25 mars 1976. Au sortir de conflit, le
Président Senghor ne voulait plus entendre parler d’exécutif bicéphale. Il fit réviser la
Constitution le 18 décembre 1962 pour s’octroyer le pouvoir référendaire ainsi que
l’ensemble des pouvoirs qui était de la compétence du Président du Conseil. Il émit également
la volonté d’adopter une nouvelle Constitution. Ce qui sera fait par référendum le 3 mars
1963. C’est la fin de la première République.
Section III : La fin de la Première République
Avant d’exposer la crise qui a mis fin à la Première République, il est nécessaire de
s’appesantir d’abord sur les facteurs qui ont été à l’origine de cette crise.
B- Les facteurs à l’origine de la crise
Il faut distinguer entre les facteurs institutionnels et les facteurs politiques.
 Les facteurs institutionnels
Ils découlent essentiellement de l’imprécision des dispositions constitutionnelles. Dans
certains domaines, on pouvait remarquer un chevauchement dans les compétences. Ainsi,
l’article 24 faisait du Chef de l’Etat le chef des armées et le Président du Conseil Supérieur de
la Défense.
Quant au Président du Conseil, l’article 26 en faisait le responsable de la défense nationale.
En plus il disposait de la force armée.
Cette imprécision pouvait aboutir à deux lectures différentes de la Constitution. Si sur le plan
institutionnel un régime parlementaire doit organiser un équilibre entre l’exécutif et le
législatif, le régime parlementaire sénégalais issu de la Constitution de 1960 établissait un
équilibre entre les deux têtes de l’exécutif. Ce qui dans le contexte de l’époque, ne pouvait
qu’aboutir à une confrontation, d’autant plus qu’il y avait une certaine rivalité entre elles.
 Les facteurs politiques
Ils sont nombreux. Le Président Dia de par ses méthodes répressives, notamment dans la
gestion des crises sociales avait perdu de sa popularité.
A partir de 1962, l’U. P. S., le parti dominant connut des crises de plus en plus accrues entre
les partisans de Senghor et ceux de Mamadou Dia.
De même, il existait une certaine divergence idéologique entre les deux hommes. Senghor
était un véritable partisan de la social-démocratie. Il était très influencé par la pratique
française de l’époque, ayant eu à siéger dans plusieurs gouvernements français. Quant à
Mamadou Dia, il était plus porté vers l’extrême gauche et le socialisme autogestionnaire.
Tous ces paramètres ont fini par rendre la confrontation inévitable entre deux fortes
personnalités.
 La crise de 1962
Le premier jalon qui a déclenché la crise de 1962 semble être posé par Mamadou Dia. En
effet, le 12 décembre 1962, il procéda à un remaniement ministériel à l’occasion duquel, il
renforça la présence de ses partisans au Gouvernement au détriment de ceux de Senghor et
cumula la Présidence du Conseil avec le portefeuille de la défense.
Le 14 décembre, profitant d’une séance de l’Assemblée Nationale consacrée à l’augmentation
des salaires des députés, les parlementaires favorables au Président Senghor déposèrent une

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motion de censure signée par 41 députés contre le Gouvernement de Mamadou Dia. Le
nombre de signatures exigé correspondait au ¼ des membres du parlement.
Le président Dia s’opposa alors au vote de la motion de censure et dépêcha un détachement
de gendarmerie pour évacuer et occuper l’Assemblée Nationale. Il développa deux arguments
pour justifier l’irrecevabilité de la motion de censure.
D’abord, elle n’a pas été examinée par les instances du parti.
Ensuite, du fait de l’état d’urgence alors en vigueur, le parlement ne pouvait engager la
responsabilité du Gouvernement.
D’un point de vue juridique, aucun de ces deux arguments ne pouvait prospérer. En effet,
dans la Constitution de 1960, il n’est nulle part prévu d’une part une prépondérance d’un
quelconque parti politique sur les institutions de la République et d’autre part que
l’Assemblée Nationale ne peut censurer le Gouvernement en période d’état d’urgence.
Le 17 décembre 1962, les députés se réunirent alors au domicile du président de l’Assemblée
nationale, Lamine Gueye et adoptèrent la motion de censure par 51 voix.
Le Président Senghor, soutenu par les forces armées arrêta le Président du Conseil et certains
ministres qui le soutenaient le 18 décembre 1962. Son procès interviendra en mai 1963, et il
sera condamné par la Haute Cour de Justice à perpétuité.
En 1974, il sera gracié puis amnistié par la loi du 25 mars 1976. Au sortir de conflit, le
Président Senghor ne voulait plus entendre parler d’exécutif bicéphale. Il fit réviser la
Constitution le 18 décembre 1962 pour s’octroyer le pouvoir référendaire ainsi que
l’ensemble des pouvoirs qui était de la compétence du Président du Conseil. Il émit également
la volonté d’adopter une nouvelle Constitution. Ce qui sera fait par référendum le 3 mars
1963. C’est la fin de la première République.
- La Deuxième République

Elle résulte de la Constitution du 7 mars 1963 adoptée par référendum le 3 mars de la même
année. A ce jour, c’est la plus stable en termes de durée dans l’histoire constitutionnelle
sénégalaise (1963-2001). Durant cette période, des acteurs politiques se sont affirmés et ont
connu des mutations plus ou moins importantes. Quant à la nature du régime politique dans la
deuxième République, elle est marquée par une incertitude qui ne manquera pas d’avoir des
incidences sur sa fin.
Section 1 : Les acteurs politiques

Il faut faire la distinction entre les institutions politiques et les forces politiques

A- Les institutions politiques


Trois institutions retiendront notre attention : le Président de la République, le Gouvernement
et le Parlement.
 Le Président de la République
Après avoir précisé son statut, il serait intéressant d’insister sur ses compétences.
 Le statut du Président de la République
Avec la Constitution du 7 mars 1963, le pouvoir exécutif devient monocéphale avec le seul
Président de la République à sa tête. Il est élu au suffrage universel direct pour un mandat de 4
ans renouvelable indéfiniment. La durée du mandat sera portée à 5 ans en 1967, puis à 7 ans
en 1992. Le principe de la limitation du nombre de mandat à 2 sera instauré en 1970, puis
supprimé en 1976, réintroduit en 1992 et supprimé à nouveau en 1998.

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L’élection se fait au scrutin majoritaire à 2 tours avec instauration du tiers bloquant au
premier tour. Il sera supprimé en 1983 avant d’être réintroduit en 1991 sous la forme du quart
bloquant qui à son tour sera supprimé en 1998.
En cas de vacance du pouvoir, c’est le Président de l’Assemblée Nationale qui assure la
suppléance pour 60 jours. En 1976, une révision constitutionnelle, très controversée et qui par
la suite s’avérera capitale, a été effectuée. En effet, elle instaure un dauphinat en modifiant les
articles 33 et 35 de la Constitution. Désormais, le Premier ministre était désigné comme étant
le successeur du Président de la République en cas de vacance du pouvoir, jusqu’à
l’expiration du mandat en cours. C’est grâce à cette réforme que le Président Abdou Diouf
accédera au pouvoir en 1981. En 1983, il fera modifier cette disposition pour faire du
Président de l’Assemblée Nationale le suppléant du Président de la République et à partir de
1998, le Président du Sénat en cas de dissolution de l’Assemblée Nationale.
 Les pouvoirs du Président de la République
La Constitution de la 2ième République organisait un régime de séparation rigide des pouvoirs.
De ce fait, tout le pouvoir exécutif était exclusivement dévolu au Président de la République.
Il déterminait et conduisait la politique de la nation, il était le chef de l’Administration et des
armées, nommait à tous les emplois civils et militaires, disposait de la force armée et était
responsable de la défense nationale. Il disposait également du pouvoir référendaire, de celui
de prendre des ordonnances, d’initier des révisions constitutionnelles, de nommer les
membres du Conseil Constitutionnel et de le saisir.
A plusieurs reprises, la Constitution de 1963 a été révisée pour mettre en place un
Gouvernement à côté du Président de la République.
 Le Gouvernement dans la Deuxième République
A l’origine, le Gouvernement en tant qu’institution collégiale et solidaire dirigé par un
Premier Ministre n’était pas prévu dans la 2 ième République et ce conformément au régime
présidentiel. Il a fallu attendre la révision constitutionnelle de février 1970 pour voir
apparaitre un Gouvernement dirigé par un Premier Ministre. Tous les membres étaient choisis
et nommés par le Président de la République devant qui ils étaient responsables. En 1983,
dans une tentative de consolidation du pouvoir hérité du Président Senghor par l’ancien
Premier Ministre Abdou Diouf, le Gouvernement en tant qu’institution sera supprimé. Ce
n’est qu’en 1991 qu’il sera réintroduit avec le rétablissement du poste de Premier ministre.
A l’occasion de toutes ces réformes, le Premier Ministre aura des pouvoirs limités dont
l’essentiel découlera de la volonté du chef de l’Etat. D’ailleurs à chaque fois qu’il a été
institué, le Premier ministre sera responsable devant le Chef de l’Etat.
L’instauration du poste de Premier Ministre a surtout répondu à une volonté de
décongestionner la fonction de Président de la République et de la renforces en même temps
plutôt que de création d’un réel bicéphalisme au sein de l’exécutif.

 Le Parlement de la Deuxième République


Tout comme les autres institutions, le Parlement dans la Deuxième République connaitra aussi
des mutations. Ainsi, il a été mis en place en 1963 sous la forme monocamérale avec une
Assemblée Nationale composée de députés élus au suffrage universel direct pour 4 ans. En
1967, la durée du mandat passera à 5 ans.
L’Assemblée Nationale exerce seule la fonction législative. En 1998, elle la partagera avec un
Sénat comportant 60 membres dont, les 48 sont élus au suffrage universel direct par un
collège électoral composé de tous les élus des départements, et les 12 restants nommés par le
Président de la République.

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Dans ses rapports avec le pouvoir exécutif, les empiétements de l’un sur le domaine de l’autre
sont jugés par la Cour Suprême détentrice du pouvoir judiciaire. Cette Cour Suprême
connaitra une mutation en 1992 avec son éclatement en trois juridictions : le Conseil
Constitutionnel, le Conseil d’état et la Cour de Cassation. La réforme judiciaire connaitra son
terme avec l’instauration en 1999 de la Cour des Comptes.
A côté de ces institutions politiques, des forces politiques essaieront de s’affirmer pour
défendre leurs intérêts.
B- Les forces politiques
Elles sont essentiellement constituées des partis politiques, des syndicats et des mouvements
religieux
 Les partis politiques
Dans son ouvrage Droit Constitutionnel et Institutions Politiques, Claude Leclercq définit les
partis politiques comme étant des associations d’hommes « ayant les mêmes opinions sur la
société et qui cherchent à accéder au pouvoir au moyen de soutien populaire afin de réaliser la
politique correspondant à leurs idées. »
Leur existence est consacrée par l’article 3 de la Constitution de 1963 qui prévoit leur
participation à l’expression du suffrage conformément aux principes de la souveraineté
nationale et de la démocratie. Dans leur évolution dans la Deuxième République, trois
moments se sont succédés : le parti unique de fait, le multipartisme limité et le multipartisme
intégral
a- Le parti unique de fait
Les premières années de la deuxième République ont coïncidé avec un durcissement des
rapports entre l’Etat et les partis politiques. L’Union Progressiste Sénégalaise (l’U.P.S.), le
parti du Président Senghor essaiera de phagocyter l’ensemble des partis politiques sénégalais
pour aboutir à ce qu’on appelait le parti unifié. Les partis qui résistèrent à cette tentative
d’annexion seront purement et simplement interdits. C’est le cas du Parti Africain de
l’Indépendance (P.A.I.) de Majmouth Diop ou du Bloc des Masses Sénégalaises (B.M.S.) de
Cheikh Anta Diop. Ce dernier parti se reconstituera dans la clandestinité sous le nom de Front
National Sénégalais en 1964. Aucun parti ne recevra de récépissé de déclaration en violation
de la loi relative aux partis politiques qui prévoyait un régime d’enregistrement (1964).
Cette loi sera remplacée en 1968 et désormais, le Ministre de l’intérieur a le pouvoir de
refuser l’enregistrement d’un parti politique.
Ainsi, de 1964 à 1974, si aucune loi n’interdisait la création d’un parti politique, celle-ci était
pratiquement impossible. L’opposition était alors confinée dans la clandestinité au moment où
la violence politique faisait rage au sein de l’U.P.S., le parti au pouvoir (assassinat du député
Demba Diop, tentative d’assassinat contre le Président Senghor lui-même en 1967).
Ce régime de parti unique de fait connaitra ses premières fissures en 1974.
b- Le multipartisme limité
La première étape vers l’instauration du multipartisme limité est la reconnaissance en 1974 du
Parti Démocratique Sénégalais (P.D.S.). Cependant, ce dernier s’était constitué non pas
comme un parti d’opposition mais comme un parti de contribution ; une sorte d’annexe de
l’U.P.S. Les partis dans la clandestinité, face à cette brèche, accentuèrent alors la pression et
en 1976, la Constitution fut révisée pour introduire le multipartisme limité. La loi prévoyait la
reconnaissance de trois partis qui devaient s’affilier soit au courant libéral et démocratique
(PDS), soit au courant socialiste et démocratique (PS), soit au courant marxiste-léniniste
(PAI).

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En 1978, le multipartisme est élargi avec l’instauration du courant conservateur dont se
réclamera le Mouvement Républicain Sénégalais (MRS) de maître Boubacar Gueye.
L’opposition dans la clandestinité, notamment le Rassemblement Démocratique Sénégalais
(RND) de Cheikh Anta Diop, restait très active. Ce qui amènera le pouvoir à approfondir le
multipartisme.
c- Le multipartisme intégral
L’un des premiers actes majeurs qu’Abdou Diouf a posé en tant que Président de la
République a été la levée de la limitation du nombre de partis politiques et la suppression de
l’obligation de s’identifier à un courant idéologique en mai 1981. Profitant de cette ouverture,
plusieurs partis politiques sortirent de la clandestinité (RND, And Jëf, etc …) et d’autres se
constituèrent souvent du fait de la scission de partis pré existant.
Depuis 1978, toutes les élections ont été multi partisanes et le Parlement connait une
représentation diversifiée. Aujourd’hui, le multipartisme intégral semble être irréversible et le
nombre de partis politiques a connu un accroissement exponentiel.
Section II- La nature incertaine du régime de la Deuxième République
Initialement, la Constitution de 1963 mettait en place un régime présidentiel (A). Mais les
multiples révisions constitutionnelles ont fini par dénaturer le régime (B).
A- Le régime présidentiel initial
Au sortir de la crise de 1962, le Président Senghor établit un régime présidentiel. Ce faisant,
dans la Constitution de 1963, tous les critères du régime présidentiel sont réunis. L’exécutif
est monocéphale et le Gouvernement s’éclipse en tant qu’institution. Le Parlement ne peut
faire l’objet de dissolution. Quant au Président de la République, sa responsabilité politique ne
peut être engagée devant l’assemblée Nationale. Il détermine et conduit la politique de la
nation et est le seul détenteur du pouvoir exécutif. Ce dispositif restera en place jusqu’en 1967
avant de connaitre ses premières fissures.
B- La dénaturation du régime de la IIème République
Cette dénaturation sera consécutive à plusieurs révisions constitutionnelles.
D’abord celle de 1967 qui est une hérésie. En effet, le régime présidentiel repose sur le
principe de l’irrévocabilité mutuelle. Curieusement, cette révision introduit le droit de
dissolution du Parlement au profit du Président de la République, ce qui est un mécanisme du
régime parlementaire. La mise en œuvre de ce droit de dissolution entrainait la démission du
Chef de l’Etat.
Ensuite la révision de 1970 : non seulement elle instaure un Premier Ministre à la tête d’un
Gouvernement collégial et solidaire, mais aussi introduit la possibilité d’engagement de la
responsabilité devant le Parlement par la motion de censure. En cas de vote de motion de
censure, le Président de la République peut dissoudre le Parlement sans mettre fin à son
mandat.
A partir de ce moment, le régime devient hybride et sera qualifié de présidentialiste. Il a fallu
attendre la révision de 1983 avec la suppression du poste de Premier Ministre pour voir le
schéma initial présidentiel de 1963, être réinstauré.
En 1991, les mécanismes et critères du régime parlementaire sont rétablis.
Ce tâtonnement institutionnel aura des répercussions sur la nature du régime. La doctrine est
divisée dans sa détermination car des caractères du régime présidentiel sont combinés à des
principes du régime parlementaire. Quoi qu’il en soit, la 2ième République fonctionnera selon
le schéma mis en place en 1991 jusqu’à sa fin.

Section 3- La fin de la Deuxième République

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L’effondrement de la 2ième République est une conséquence directe de l’alternance politique de
2000. Le Président Abdoulaye Wade qui accède au pouvoir décidera purement et simplement
de mettre en place une nouvelle Constitution.
A- L’alternance politique de 2000
Le 19 mars 2000, pour la première fois dans l’histoire du Sénégal, le Président de la
République sortant est battu à l’issue d’élections. La seule alternance que le pays avait connue
à la tête de l’Etat était celle des hommes (en 1981, le Président Senghor a cédé le pouvoir au
Président Abdou Diouf).
Les raisons de cette alternance sont à rechercher d’abord, dans l’usure de l’exercice du
pouvoir pendant 40 ans par un même système, voire une même équipe. Ensuite dans
l’adoption et la gestion de stratégies de redressements économiques imposées de l’extérieur
qui ont été de très lourds fardeaux pour le peuple. La dévaluation du franc CFA intervenue en
1994 et qui réduisait de manière drastique le pouvoir d’achat des sénégalais est à ranger dans
ce cadre. Le champ social était alors en perpétuelle effervescence. La chute de Abdou Diouf
et l'arrivée du Président Wade ne sont que les conséquences inéluctables de ces situations.
Dans une volonté de faire table rase de 40 ans de régime socialiste, Abdoulaye Wade entreprit
de changer de Constitution dès son accession au pouvoir.
B- L’adoption de la Constitution de 2001
La fin de la 2ième République correspond avec l’adoption de la Constitution du 22 janvier 2001
par référendum, suite à une procédure contestable.
 Une procédure contestable
Aux termes de l’article 75 de la Constitution de 1963, l’Assemblée Nationale ne pouvait être
dissoute qu’en cas de vote d’une motion de censure. Le Président Wade qui venait d’accéder
au pouvoir avait besoin de moyens pour gouverner et, ces moyens ne pouvaient lui être
donnés par une Assemblée Nationale dominée par le parti socialiste. Dès lors, il ne lui restait
que la dissolution, mais les conditions de son exécution n’étaient pas réunies.
Le Président Wade décida alors de changer de Constitution. Mais le recours au référendum
selon la procédure de l’article 89 ne pouvait se faire sans l’intervention du Parlement qui lui
était défavorable. Il contourna cet article en décidant de recourir au peuple par le biais de
l’article 46. Un débat s’est alors instauré sur la constitutionnalité du recours à l’article 46. En
réalité, cet article en donnant la possibilité au Président de la République « sur proposition du
Premier Ministre et après avoir consulté les présidents des assemblées et recueilli l’avis du
Conseil Constitutionnel de soumettre tout projet de loi au référendum », ne prévoit nulle part
une possibilité de révision de la Constitution. Son domaine est celui de la loi ordinaire. Cet
avis ne fait pas l’unanimité car certains estiment que l’article 46 ne précise pas qu’il
s’applique spécifiquement aux lois ordinaires. Ensuite, le fait que le peuple se prononce
directement est de nature à couvrir toute forme d’inconstitutionnalité.
Le recours au juge constitutionnel n’a pas permis de régler le problème car il s’est déclaré
incompétent.
 Le référendum
L’avant-projet de loi constitutionnelle a été préparé par une commission technique composée
essentiellement de juristes. Cet avant-projet a été examiné par le Gouvernement et les partis
politiques qui ont eu à faire des amendements avant que le texte ne fût transmis au Chef de
l’Etat. Finalement, il sera soumis au référendum et approuvé par le peuple à une très large
majorité le 7 janvier 2001 comme Constitution.
Son adoption mit fin à la 2ième République.

18
Chapitre I INTRODUCTIF : LES INSTITUTIONS DE LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE
DU SÉNÉGAL

Le 22 janvier 2001 marque les débuts de la troisième République au Sénégal avec l’adoption
de la nouvelle constitution par référendum. Elle est marquée par une instabilité
constitutionnelle
et une affirmation réelle des acteurs politiques.
- L’INSTABILITE CONSTITUTIONNELLE
L’instabilité constitutionnelle dans la deuxième République est une réalité qui a des
incidences sur les différentes institutions même si on note une stabilité dans la nature du
régime politique.
Si le pouvoir exécutif a connu une relative stabilité, les pouvoirs législatif et judiciaire n’ont
pas été épargnés par les multiples révisions constitutionnelles.
- LE POUVOIR EXECUTIF
C’est le même dispositif que la mouture finale de la Constitution de 1963 qui a été reconduit
avec la cohabitation d’un chef d’Etat et d’un Premier Ministre chef du Gouvernement à la tête
de l’exécutif.

Chapitre II : LES INSTITUTIONS DECISIONNELLES


- LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Le Président de la République, chef de l’Etat reste le personnage central de l’Etat avec des
pouvoirs importants dont la détermination et la conduite de la politique de la nation, celui
d’être chef des armées et Président du Conseil Supérieur de la Magistrature.
Il est initialement élu pour 5 ans au suffrage universel direct, au scrutin majoritaire à deux
tours avec quart bloquant au premier tour. Son mandat n’est renouvelable qu’une seule fois.
A la veille de l’élection présidentielle de 2007, en prévision d’un scrutin difficile et incertain,
le quart bloquant a été supprimé. Ensuite, en 2008, la durée du mandat du Président de la
République a été ramenée à 7 ans, suivant une procédure teintée d’inconstitutionnalité. En
effet, la Constitution prévoyait que la modification de la durée et du nombre de mandat du
Président de la République ne pouvait se faire que par référendum. Mais, l’Assemblée
Nationale a adopté et approuvé un projet de loi constitutionnelle ramenant la durée du mandat
du Président de la République à 7 ans, contrairement à la procédure prévue.
En 2011, un autre projet de loi constitutionnelle proposait de créer un poste de Vice-Président
de la République qui serait élu sur un ticket avec le Président de la République. Au premier
tour, le ticket qui aurait obtenu au moins 25% des suffrages serait élu. Le peuple s’y est
opposé et le 23 juin 2011, suite à des manifestations violentes devant l’Assemblée Nationale
réunie pour voter la loi, le projet a été retiré par le Gouvernement.
Dès son accession au pouvoir en 2012, le Président de la République Macky Sall a promis la
réduction de la durée du mandat du Président de la République pour la porter à 5 ans
renouvelable une fois, avec effet sur son présent mandat. Ainsi, un référendum a été organisé
en mars 2016. Mais le projet proposé, s’appuyant sur un avis très contesté du Conseil
Constitutionnel, n’a pas permis d’appliquer la réduction au mandat en cours (7 ans). Il a juste
réduit la durée du mandat du Président de la République à compter de 2019.

19
Le Président de la République est le gardien de la Constitution. Il est le premier Protecteur des
Arts et des Lettres du Sénégal. Il incarne l’unité nationale.
Le Président de la République est le garant du fonctionnement régulier des institutions, de
l’indépendance nationale et de l’intégrité du territoire. Il détermine la politique de la Nation et
préside le Conseil des Ministres.
Le Président de la République signe les ordonnances et les décrets. Il nomme aux emplois
civils.
Le Président de la République, Chef suprême des Armées, est responsable de la Défense
nationale. Il préside le Conseil supérieur de la Défense nationale et le Conseil national de
Sécurité. Il nomme à tous les emplois militaires et dispose de la force armée.
Le Président de la République accrédite les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires
auprès des puissances étrangères. Les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires des
puissances étrangères sont accrédités auprès de lui.
Le Président de la République a le droit de faire grâce et peut adresser des messages à la
Nation.
Le Président de la République est élu au suffrage universel direct et au scrutin majoritaire à
deux tours.
Le Président de la République peut être assisté d’un Vice-président qu’il nomme après
consultation du Président du Sénat et du Président de l’Assemblée nationale, pour une durée
ne pouvant excéder celle de son mandat. Il met fin à ses fonctions dans les mêmes formes.
La durée du mandat du Président de la République est de cinq ans. Le mandat est
renouvelable une seule fois.
Le Président de la République nomme le Premier Ministre et met fin à ses fonctions. Sur
proposition du Premier ministre, le Président de la République nomme les Ministres, fixe
leurs attributions et met fin à leurs fonctions.
Le Président de la République est installé dans ses fonctions après avoir prêté serment devant
le Conseil constitutionnel en séance publique.
Le serment est prêté dans les termes suivants.
Le serment du président de la République
Devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de
Président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire observer
scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, de consacrer toutes mes
forces à défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et
l’indépendance nationale, de ne ménager enfin aucun effort pour la réalisation de l’unité
africaine.
Le Président de la République nouvellement élu fait une déclaration écrite de patrimoine
déposée au Conseil constitutionnel qui la rend publique.
- Le Gouvernement
Le Gouvernement était dirigé par un Premier Ministre nommé et révoqué par le Président de
la République et responsable devant l’Assemblée Nationale jusqu’au 14 mai 2019, date de la

20
suppression du poste avec la loi constitutionnelle n°07/2019 portant révision de la
Constitution. Le Gouvernement est chargé d’exécuter la politique définie par le Président de
la République.
Au lendemain de l’élection présidentielle de 2007, un fait inédit s’est produit : le
Gouvernement a prêté serment devant le Président de la République sans aucun fondement
juridique. Curieusement, les ministres qui ont été nommés par la suite n’ont pas eu à scarifier
à cette prestation de serment. Donc, jusqu’en 2012, siégeaient dans le même Gouvernement
des ministres sous serment et d’autres qui ne l’étaient pas.
- LE POUVOIR LEGISLATIF
- Il a lui aussi connu des mutations.
- Dès 2001, le bicamérisme, en vigueur depuis 1998, est remis en cause avec la
suppression du Sénat. Le nombre de députés à l’Assemblée Nationale est ramené à
120 membres élus au suffrage universel direct pour un mandat de 5 ans. En 2007, le
Sénat, composé de 100 membres dont les 65 sont nommés par le Président de la
République et les 35 élus au niveau des départements du Sénégal, est réinstauré. Il sera
supprimé de nouveau en 2012. Le nombre de députés à l’Assemblée Nationale est
porté à 150. En 2006, à la veille des élections législatives, le mandat des députés sera
prorogé ; ce qui est un fait inédit dans l’histoire politique sénégalaise. La durée du
mandat du Président de l’Assemblée Nationale sera détachée de celle de la législature
en 2008 et sera désormais de 1 an renouvelable ; ce qui entrainera la démission du
Président de l’Assemblée nationale.
- Depuis la révision constitutionnelle du 05 avril 2016, le nombre de députés à
l’Assemblée Nationale est passé à 165 avec 15 députés représentants les Sénégalais de
l’extérieur.
- Cette même fluctuation sera notée en ce qui concerne les assemblées consultatives qui
n’ont pas de rôle législatif. Ainsi le Conseil Economique et Social supprimé en 2001
sera réintroduit en 2009 à la place laissée vacante par le défunt Conseil de la
République pour les Affaires Economiques et Sociales depuis 2008 et qui avait été
créé en 2003 sur les cendres de l’ancien Conseil Economique et Social. En 2012, le
Conseil Economique et Social prend le nom de Conseil Economique, Social et
Environnemental.
La révision constitutionnelle du 05 avril 2016 instaure un Haut Conseil des
Collectivités territoriales au Sénégal avec des compétences purement consultatives en
matière de décentralisation.
- LE POUVOIR JUDICIAIRE
Il a connu une réforme importante en 2008. Il faut se rappeler qu’en 1992, la Cour
Suprême avait été éclatée en Cour de Cassation, Conseil d’état et Conseil
Constitutionnel. Au mois d’août 2008, le Conseil d’état et la Cour de Cassation ont été
fusionnés pour donner naissance à une Cour Suprême compétente à la fois en matière
administrative et judiciaire.
- Cette réforme a été critiquée car, mettant en place un système juridictionnel ne
correspondant pas à la réalité de la dualité de droit et de contentieux.
- Depuis 2000, toutes les institutions de l’Etat ont eu à connaitre des fluctuations du fait
de multiples tripatouillages de la Constitution. Qu’en est-il de la nature du régime ?
- LA NATURE DU REGIME DE LA TROISIEME REPUBLIQUE
En principe, le régime de la troisième République est parlementaire. Mais, dans les
faits, il reste indéterminé.
- UN REGIME PARLEMENTAIRE DE PRINCIPE
Pendant longtemps, la nature du régime de la troisième République au Sénégal n’a pas
connu de mutations majeures par rapport à la deuxième République. Dans les travaux

21
préparatoires de la Constitution de 2001, il est clairement affirmé la volonté
d’instaurer un régime parlementaire. Ainsi, l’exécutif est bicéphale avec un Président
de la République, politiquement irresponsable, et un Premier Ministre, Chef d’un
Gouvernement responsable devant le Parlement. D’ailleurs, en décembre 2012, une
motion de censure destinée à engager la responsabilité du Gouvernement devant
l’Assemblée nationale et, par conséquent à le renverser, a été rejetée par les députés.
Le Chef de l’Etat peut dissoudre l’Assemblée nationale.
Si on identifie les quatre critères du régime parlementaire, la réalité est beaucoup plus
complexe.
- UNE NATURE INCERTAINE DU REGIME
La doctrine est divisée concernant la qualification du régime politique sénégalais. Il
est tantôt qualifié de régime présidentiel, tantôt de régime présidentialiste ou mixte.
C’est que des caractéristiques du régime présidentiel persistent à côté des critères du
régime parlementaire déjà identifiés.
En effet, le Président de la République est le personnage central de l’Etat. Non
seulement il détermine et conduit la politique de la nation, mais il semble aussi être le
véritable chef du Gouvernement d’autant plus que celui-ci est responsable devant lui.
En outre, il est le chef de l’administration.
La révision constitutionnelle du 14 mai 2019 en supprimant le poste de premier
Ministre n’a pas formellement érigé un régime présidentiel. Certes l’exécutif est
monocéphale et il n’existe plus de moyens d’actions réciproques entre l’exécutif et le
législatif. Mais, le Chef de l’Etat détient encore l’initiative en matière législative et le
Gouvernement reste une institution.
Heureusement que le poste de Vice-Président, créé en un moment, et qui rajoutait du
flou, a été supprimé en 2012.
A côté de ces institutions politiques, portées par les trois pouvoirs, existent des forces
politiques, véritables acteurs politiques au Sénégal.

En 2009, une révision constitutionnelle controversée avait introduit le poste de Vice-Président


réservé aux femmes, dans l’attelage institutionnel. Cependant, ce poste ne sera jamais pourvu
et finira par être supprimé en 2012.
La révision constitutionnelle du 14 mai 2019 supprime le poste de Premier Ministre et le
Président de la République récupère les compétences jadis dévolues au Premier Ministre.

Chapitre III : LES INSTITUTIONS CONSULTATIVES


Le Haut Conseil des collectivités territoriales peut, de sa propre initiative, faire des
propositions ou recommandations au Président de la République ou au Gouvernement pour
toute question concernant les politiques de décentralisation, d’aménagement et de
développement du territoire.
Le Président de la République ou le Gouvernement peut saisir le Haut Conseil des
collectivités territoriales pour avis sur les questions relatives aux domaines indiqués ci-dessus.
Le Haut Conseil peut être saisi, pour avis, par le Président de la République des projets de
lois, des projets d’ordonnances et de décrets entrant dans le domaine de sa compétence.
Dans les cas où le Président de la République en déclare l’urgence, il donne son avis dans un
délai de huit (08) jours.
Le Haut Conseil des collectivités territoriales comprend cent cinquante (150) membres,
investis pour un mandat de cinq ans. Quatre-vingts (80) membres sont élus au suffrage
22
indirect selon les modalités définies par le Code électoral ; soixante-dix (70) membres sont
nommés par le Président de la République.
Ses membres portent le titre de haut conseiller.
Les instances et structures du Haut Conseil des collectivités territoriales sont :

 l’Assemblée plénière ;
 le Bureau ;
 les Commissions.

Le Haut Conseil des collectivités territoriales est dirigé par un Bureau dont les membres sont,
à l’exception de son Président, élus par l’Assemblée pour un mandat d’un an renouvelable.
Le Bureau comprend :

 Un (1) Président ;
 Six (6) Vice-présidents ;
 Quatre (4) Secrétaires.

Le Président du Haut Conseil des Collectivités territoriales est nommé par décret. Il est mis
fin à ses fonctions dans les mêmes formes.
Il représente l’institution.

Le Haut Conseil des collectivités territoriales comprend des commissions chargées de l’étude
des questions intéressant les domaines qui lui sont confiés.
Un décret fixe la liste, les compétences et la composition des commissions.
Les commissions sont composées de membres du Haut Conseil des collectivités territoriales.
Ceux-ci sont répartis entre les commissions de travail selon leurs préférences et/ou leurs
compétences.
A l’exception du Président, chaque membre est tenu de s’inscrire dans, au moins, une
commission.
Les bureaux des commissions sont renouvelés chaque année en même temps que le Bureau du
Haut Conseil des Collectivités territoriales.
Le Haut Conseil des collectivités territoriales dispose d’un secrétaire général, nommé par
décret. Il assiste aux séances et en tient procès-verbal. 
Il assure, sous le contrôle du bureau et l’autorité du Président, l’administration du Haut
Conseil des collectivités territoriales.
Le mandat de haut conseiller ouvre droit à des remboursements de frais et à des indemnités de
session fixées par décret.

Fonctionnement 
La première session du Haut Conseil des collectivités territoriales est convoquée par décret.

23
Au cours de sa première session, le Haut Conseil des collectivités territoriales adopte son
règlement intérieur qui doit être approuvé par décret.
Ce règlement intérieur précise notamment les modalités d’élection du Bureau et l’organisation
des travaux de l’institution.
Le Haut Conseil des collectivités territoriales tient quatre sessions ordinaires par an. Il peut
être convoqué en session extraordinaire par décret. La durée de chaque session ne peut
excéder deux mois pour les sessions ordinaires et un mois pour les sessions extraordinaires.
Les séances du Haut Conseil des collectivités territoriales sont publiques, sauf décision
contraire de l’Assemblée.
Les avis et rapports du Haut Conseil des collectivités territoriales sont transmis au Président
de la République.
Les membres du Gouvernement et leurs collaborateurs ont accès au Haut Conseil des
collectivités territoriales et à ses Commissions.
Ils sont entendus lorsqu’ils demandent.
Le droit de vote est personnel, tant au sein de l’Assemblée qu’au sein des Commissions.
Le Haut Conseil des collectivités territoriales jouit de l’autonomie financière et dispose d’un
comptable public. Il est soumis aux règles de la comptabilité publique.
Les crédits nécessaires à son fonctionnement sont inscrits dans la Loi de finances.
Le Président du Haut Conseil des collectivités territoriales est l’ordonnateur du budget.
Les services du Haut conseil des collectivités territoriales sont placés sous l’autorité du
Président, agissant par délégation du bureau.
Les décisions relatives à l’administration du personnel sont prises, au nom du bureau et sur
proposition du Secrétaire général, par le Président du Haut conseil des collectivités
territoriales.
Le Gouvernement met à la disposition du Haut Conseil des collectivités territoriales les
locaux et équipements nécessaires à son installation.
Le Haut Conseil des collectivités territoriales adresse chaque année un rapport au Président de
la République.
Chapitre IV : LES INSTITUTIONS PROMOTRICES DE DEMOCRATIE ET FORCES DU
CHAMPS POLITIQUES.
L’action et l’influence des forces politiques n’ont pas cessé dans la troisième République.
Ainsi, nous analyserons tour à tour les partis politiques et les autres forces politiques.
I- LES PARTIES POLITIQUES
Après avoir exposé la réalité des partis politiques au Sénégal, nous insisterons sur l’alternance
de 2012.
A- La réalité des partis politiques dans la Troisième République
En 2000, le PDS avait reçu le soutien de la quasi-totalité des partis politiques d’opposition
dans sa quête du pouvoir. Les relations ont par la suite évolué. En effet, le PDS a essayé et
réussi à annexer beaucoup de partis politiques (CDP, PDS/R, PLS …) d’autres sont devenus
une sorte d’annexe du parti au pouvoir, prêts à le soutenir en toutes circonstances (CAP 21).
D’autres enfin étaient des partis alliés qui participaient activement au Gouvernement PDS

24
avec des portefeuilles ministériels (URD…). C’est le même schéma qu’on retrouve depuis
l’alternance de 2012 avec l’APR.
Auparavant, à partir de 2002, on a retrouvé dans l’opposition des partis qui avaient participé
activement à l’arrivée au pouvoir d’Abdoulaye Wade. Par la suite, du fait de divers
contentieux, leurs leaders ont préféré ou ont été contraints à l’opposition (AFP, LDMPT,
AJPADS…) où ils ont retrouvé le parti socialiste, l’ancien parti majoritaire. Cette opposition
a été renforcée par d’anciens dignitaires du régime libéral qui n’avaient pas accepté leur
révocation du Gouvernement et qui ont préféré créer des partis politiques pour s’opposer au
parti au pouvoir. Finalement, c’est l’un d’entre eux qui prendra le pouvoir en 2012, porté par
une coalition hétéroclite.
Si le multipartisme semble être un acquis définitif, les relations entre le pouvoir et les partis
d’opposition sont cahoteuses. En effet, des appels au dialogue mutuels succèdent à un
durcissement et à des menaces mutuelles. Malgré quelques reports malheureux et
opportunistes, les élections se tiennent quand même régulièrement, même si les résultats sont
souvent contestés, surtout lorsque le parti au pouvoir les remporte. Ce qui n’a pas été le cas en
2012.
B- L’alternance de 2012
C’est la deuxième alternance à la tête de l’Etat. Elle survient suite à l’élection présidentielle
de 2012. Depuis, des actes importants ont été posés par le nouveau régime.
 L’élection présidentielle de 2012
En 2012, suite au second tour de l’élection présidentielle, le Président Abdoulaye Wade est
battu par son ancien Premier Ministre Macky Sall, après douze ans de pouvoir et deux
mandats présidentiels. Ces élections sont marquées par une violence inouïe et la contestation
de la validité de la candidature du Président Wade.
En effet, l’article 27 de la Constitution prévoyait pour le Président de la République deux
mandats de 5 ans. Le problème était de savoir si le mandat de 7 ans de 2000, acquis sous
l’empire de la Constitution de 1963 faisait partie du décompte. Cette question était réglée par
l’article 104 de la Constitution de 2001 qui précisait qu’en dehors de la durée du mandat de 5
ans, toutes les autres dispositions de la Constitution étaient applicables au Président de la
République élu en 2000, notamment la limitation du nombre de mandat à deux, prévue par
l’article 27 de la Constitution.
Une bonne partie de la doctrine, d’acteurs politiques et de l’opinion publique ont interprété
ces dispositions dans le sens d’une impossibilité de se présenter à nouveau pour Wade pour un
troisième mandat. Pour elle, le mandat de 2000, bien qu’ayant été obtenu sous l’empire de la
Constitution de 1963, fait partie du décompte.
Finalement, le Conseil Constitutionnel, dans un climat particulièrement tendu a estimé que
Wade pouvait se présenter malgré les deux mandats déjà effectués.
La validation de la candidature du Président Wade par le Conseil Constitutionnel va entraîner
un déferlement de violence avec des manifestations, des émeutes et des répressions tout
azimuts. La campagne électorale sera une période d’affrontements physiques entre militants
des partis politiques et forces de l’ordre. C’est dans ce contexte, après une vingtaine de morts
et des milliers de blessés que Wade sera battu au second tour par Macky Sall appuyé par une
très forte coalition.
 Les actes majeurs du nouveau régime
Depuis son accession au pouvoir, le Président Macky Sall essaie d’initier des actes qu’il
considère comme étant de rupture.
Ainsi, la traque des biens mal acquis qu’il a lancée contre les dignitaires du régime précédent
lui a permis d’en arrêter certains dont le fils de l’ancien Chef de l’État Karim Wade.

25
La transhumance politique, déjà pratiquée dans le régime antérieur, semble être érigée en
forme de Gouvernement et, des personnalités soupçonnées de détournement de deniers
publics sont accueillis au sein du parti du Président de la République avec des postes de
responsabilité : ce qui semble les mettre à l’abri de la justice.
Des politiques de moralisation de la vie publique sont menées avec notamment l’obligation de
déclaration de patrimoine pour les ministres, députés et autres directeurs généraux. C’est dans
cette perspective que des organes de lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent ont
été créés (OFNAC, CENTIF…).
La réforme des collectivités locales est enclenchée avec l’Acte III de la décentralisation qui, à
terme, permettra de mettre en place des pôles de développement territoriaux, plus viables sur
le plan économique, et de doter les collectivités locales de nouvelles compétences. Les
premiers actes de la réforme ont abouti à la communalisation universelle, à la suppression de
la région et de la communauté rurale comme collectivités locales et à l’érection du
département en collectivité locale.
Les autres forces politiques essaient tant bien que mal de continuer à jouer un rôle
déterminant.

II- LES SYNDICATS


Dans ses rapports avec les syndicats, le pouvoir essaie toujours de les manipuler, de les
contrôler et à défaut de les diviser. Ainsi, on constate une inflation syndicale et quasiment
dans chaque secteur, une centrale qui semble être proche de l’opposition et une autre affiliée
au pouvoir. Le secteur social est en perpétuelle ébullition et des formes de luttes inhabituelles
sont devenues monnaie courante (grève de la faim).
III- LES MOUVEMENTS RELIGIEUX ET SOCIÉTÉ CIVILE
- Les mouvements religieux
Ils continuent à jouer un rôle de premier plan dans le système politique sénégalais. Le fait que
le Président de la République et d’autres autorités politiques se soient souvent déplacés dans
les capitales religieuses pour justifier certaines de leurs décisions est assez symptomatique des
relations entre le pouvoir et les mouvements religieux. Les différentes confréries apportent
toujours leur soutien à des partis politiques au moment des élections, et certains partis
politiques sont même dirigés par des chefs religieux.
Lors des élections locales de 2014, la liste de Touba n’a pas respecté la condition de la parité,
obligatoire pour la validation des listes aux élections. Cependant, le pouvoir par la voix du
Ministre de l’Intérieur a estimé que la liste était valide et a accepté sa participation aux
élections sous le silence complice de l’ensemble des acteurs politiques sénégalais et des
organisations de la société civile.
- Les mouvements féministes
Elles ont réussi depuis l’avènement de l’alternance à faire concrétiser beaucoup de
revendications. Ainsi, pour la première fois, le Gouvernement du Sénégal a été dirigé par une
femme en la personne de Mame Madior Boye en 2001.
Ensuite, si dans un premier temps elles ont eu à parler de quotas dans les assemblées
électives, les femmes ont fini par imposer l’adoption d’une loi instaurant la parité dans les
assemblées électives ou semi-électives. Les listes, candidates à ces élections, qui ne
remplissent pas la condition de la parité sont invalides. Le Président de la République est
même allé jusqu’à promettre de nommer une femme au poste de Vice-Président.
Un fait est quand même assez révélateur de l’intensité du combat à mener encore : en 55 ans
d’indépendance, seules 2 femmes ont été candidates à l’élection présidentielle.
I- Le Conseil Économique, Social et Environnemental
Missions

26
Le Conseil Economique, Social et Environnemental est la deuxième Assemblée
constitutionnelle du Sénégal. Il constitue auprès des pouvoirs publics, une assemblée
consultative qui peut être saisi par Le Président de la République, ou L'Assemblée Nationale ,
de demandes d’avis ou d’études.
Composé des forces vives de la Nation, le Conseil économique et social est un lieu de
collaboration et de participation des catégories socioprofessionnelles à la politique
économique, sociale et environnementale de la Nation. Il examine les évolutions en matière
économique, sociale et environnementale et suggère les adaptations nécessaires. Il promeut
une politique de dialogue et de coopération avec les Collectivités locales et les organismes
similaires étrangers.
Il peut se saisir de l’examen de questions économiques, sociales et financières, entreprendre à
cet effet les études et enquêtes nécessaires et émettre en conclusion, les avis et suggestions de
réforme qui lui paraissent de nature à favoriser le développement économique, social et
environnemental de la Nation.
Il est saisi, pour avis, par le Président de la République :

 obligatoirement pour les projets de lois de programme et de plan à caractère


économique, social ou environnemental ;
 facultativement pour les projet de loi de programmation définissant les orientations
pluriannuelles des finances publiques, des projets de lois, d’ordonnances ou de décrets
ainsi que des propositions de lois entrant dans le domaine de ses compétences.

Le CESE peut également être saisi, de demande d’avis ou d’études par le Président de la
république, le Président de l’Assemblée nationale ou le Premier Ministre.
Il peut, de sa propre initiative, attirer l’attention du Gouvernement et de l’Assemblée nationale
sur les réformes qui lui paraissent nécessaires tout comme il contribue à l’évaluation des
politiques publiques à caractère économique, social ou environnemental.
Enfin, le CESE peut être saisi, par voix de pétition signée par 5.000 citoyens, de toute
question à caractère économique, social ou environnemental.
Composition 
Le Conseil économique, Social et Environnemental est composé de 80 conseillers et de 40
membres associés, tous de profils divers et variés. Cette diversité des membres fait la richesse
de l’Institution. C’est ainsi que sont représentés les acteurs de :

 la vie économique et du dialogue social ;


 la cohésion sociale et territoriale et de la vie associative ;
 de la protection de la nature et de l’environnement.

Le CESE comprend : quatre-vingt (80) conseillers nommés pour un mandat de cinq (5) ans
renouvelable une fois et quarante (40) membres associés, personnalités adjointes au CESE
pour une durée d’une année renouvelable.
Le mandat de membre du Conseil est gratuit et son exercice ne peut donner droit qu’à des
remboursements de frais de transport ou à des indemnités de session ou de déplacement.

27
Par décret n° 2020-2099 du 1er novembre 2020, l’ancien Premier Ministre Idrissa SECK a été
nommé président du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE).

Fonctionnement 
Les différentes instances du CESE sont :

 l’Assemblée plénière composée des 80 conseillers et 40 membres associés ;


 le Bureau comprenant le Président, les six vice-présidents et les six secrétaires ;
 le Président ;
 la conférence des présidents comprenant le Bureau et les présidents de commission ;

les 10 commissions techniques :

 Commission de l’Économie, des finances, de la conjoncture et du Commerce.


 Commission du Développement rural
 Commission du Développement industriel, de l’énergie et des technologies
 Commission de la Santé et des affaires sociales
 Commission de la jeunesse, de l’éducation, de la formation du travail et de l’emploi
 Commission de l’Artisanat, de la culture du tourisme et des sports
 Commission du Développement territorial et local
 Commission du Genre, de l’équité et de la bonne gouvernance
 Commission du Cadre de vie, de l’environnement et du développement durable
 Commission Spéciale du plan, des études générales et de synthèse

Le CESE tient deux sessions ordinaires par an (de février à avril et de septembre à novembre).
Il peut se réunir en session extraordinaire à chaque fois que de besoin.
Un Secrétaire Général, nommé par décret sur proposition du Président assure l’administration
du Conseil Économique, Social et Environnemental. Il participe aux réunions du Bureau dont
il assure le secrétariat.
Un directeur de cabinet assure la coordination du Cabinet du président du CESE.
Historique 
L’évolution du Conseil économique, social et environnemental est indissociable des
différentes transmutations qui ont ponctué l’histoire politique du Sénégal. De 1961 à 2012, le
Conseil a joué un rôle déterminant dans l’orientation des politiques publiques, notamment en
matière de développement économique, social et culturel. Il a reçu diverses orientations au gré
des autorités.
Crée par la loi n° 61–52 du 23 juin 1961, le Conseil économique, social a été
constitutionnalisé en 1963 par la loi n° 63-22 du 07 mars 1963, en son titre IX, article 88,
portant révision de la constitution du Sénégal. Les dispositions relatives à sa composition, son
organisation et ses règles de fonctionnement ont été fixées par l’ordonnance n°63–08 du 04
juillet 1963.
De 1964 à 1968, le Conseil économique et social a été présidé par M. Léon Boissier PALUN.
Lors de cette mandature, le Bureau du Conseil était composé de deux (02) Vice présidents et
de deux (02) secrétaires élus. L’attention que le Président Senghor portait à l’Institution
justifiait l’élargissement de ses missions avec l’avènement de la loi n°67–32 du 20 juin 1967,
portant modification de la Constitution de 1963. Ainsi, outre le Président de la République, le
Conseil assiste l’Assemblé nationale.

28
En 1968, M. Doudou THIAM est nommé à la tête de l’institution. De nombreuses mesures
ont été prises pour renforcer l’autonomie et les pouvoirs du Conseil. La loi organique n°65–05
du 20 mars 1968 rend incompatible la fonction de Président du Conseil économique et social
et celle de Député. La loi n°68–06 du 20 mars 1968 autorise le Président de la République à
nommer le (la) Président (e) du Conseil par décret en dehors des autres membres.
Sur le plan protocolaire, avec l’avènement du décret n° 68–296 du 20 mars 1968, modifiant le
décret n°64–337 du 14 mai 1964 fixant l’ordre de préséance des corps et autorités aux
cérémonies publiques, le (la) Président (e) du Conseil est devenu(e) la troisième personnalité
de l’Etat, après le Président de la République et le Président de l’Assemblée nationale.
M. Magatte LÔ succède à M. THIAM à la tête du Conseil de mai 1968 à juin 1972. Sous sa
mandature, le Président SENGHOR a fait siéger au Conseil, 15 personnalités choisies en
fonction de leur compétence, dont le Recteur de l’Université de Dakar.
M. Magatte LÔ a été remplacé par M. Amadou Karim GAYE, de juin 1972 à novembre 1975,
avant de revenir à la tête de l’institution de novembre 1975 à juin 1984. Le Bureau du Conseil
a été élargi en 1973 avec quatre (04) Vice-présidents et deux (02) Secrétaires élus de plus.
En 1984, le Président Abdou DIOUF nomme M. Mamba GUIRASSY à la tête du Conseil. La
loi constitutionnelle n°91–25 du 05 avril 1991 renforce les attributions de l’institution.
Désormais, le Conseil assiste le Président de la République, le gouvernement et l’Assemblée
nationale. Cette réforme semble vouloir conférer plus de poids aux avis et études émanant du
Conseil.
En 1993, M. Famara Ibrahima SAGNA est porté à la tête du Conseil. Par le décret n°94–232
du 03 mars 1994 le (la) Président (e) du Conseil économique et social devient la quatrième
personnalité de l’Etat après le Président de la République, le Président de l’Assemblée
nationale et le Premier ministre.
De 1994 à sa dissolution en janvier 2001, la mandature de M. SAGNA a été marquée par
l’élargissement de la liste des membres du Conseil à des conseillers associés, l’acquisition
d’un siège, la création d’un Observatoire, l’augmentation des indemnités, la fréquence de ses
publications, la création de deux périodiques (la Revue du Conseil et le Journal des Actes), en
plus du rapport annuel, d’une bibliothèque et de la réorganisation des archives.
Ce dynamisme, reconnu par les pouvoirs publics, a contribué au renforcement de la crédibilité
des Avis du Conseil malgré les pressions de la Banque mondiale pour sa suppression.
En 2003, le Président Abdoulaye WADE apporte le premier changement de la dénomination
de l’institution après une courte période de suppression (janvier 2001-juin 2003). La loi
n°2003–15 du 19 juin 2003 portant révision de la Constitution du 22 janvier 2001, a ressuscité
l’institution en créant le Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales.
M. Mbaye Jacques DIOP a présidé aux destinées de l’Institution jusqu’à sa suppression et la
création à nouveau du Conseil économique et social, respectivement, par les lois
constitutionnelles n°2008-31 du 07 août 2008 et n°2008-32 du 07 août 2008. M. Ousmane
Masseck NDIAYE a été nommé pour diriger ce nouveau Conseil.
En 2012, le Président Macky SALL, par la loi n°2012–16 du 28 septembre 2012, portant
révision de la Constitution, supprime et remplace le Conseil économique et social par le
Conseil économique, social et environnemental. La nomination d’une femme, en la personne
de Madame Aminata TALL, à la tête de cette Institution, constitue une première dans
l’histoire politique et institutionnelle du Sénégal.

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DEUXIEME PARTIE : L’INSCRIPTION SPATIALE DU POUVOIR
POLITIQUE L’ORGANISATION TERRITORIALE DES POUVOIRS PUBLICS
LOCAUX
Chapitre I : LES MAIRIES (VILLE ET COMMUNE)
Chapitre II : LE CONSEIL REGIONAL
Chapitre III : LE CONSEIL DEPARTEMENTAL
Chapitre IV : LE CONSEIL COMMUNAL

II- Le Haut Conseil des Collectivités Territoriales


III- Le Pouvoir judiciaire
Le conseil constitutionnel 
Statut
Les membres sont nommés par décret par le Président de la République pour une durée de six
ans non renouvelables. Toutefois, deux membres au plus exceptés le président et le vice-
président peuvent être renouvelés tous les deux ans.
Les fonctions de membres du Conseil Constitutionnel sont incompatibles avec la qualité de
membre du gouvernement ou d’un cabinet ministériel, avec l’exercice d’un mandat électif,
avec l’exercice de la profession d’avocat, d’auxiliaire de la justice et de toute autre activité
professionnelle privée. Il ne peut être mis fin avant expiration de leur mandat aux fonctions de
membre du Conseil Constitutionnel que sur demande ou par incapacité physique et sur avis
conforme du conseil.
Sauf cas de flagrant délit, les membres du Conseil Constitutionnel ne peuvent être poursuivis,
arrêtés, détenus ou jugés en matière pénale qu’avec l’autorisation du conseil.

Compétences
Le Conseil Constitutionnel tranche les réclamations et se prononce sur les recours à l’occasion
des élections présidentielles et législatives. Il proclame les résultats définitifs de ces élections.
Le Conseil Constitutionnel connaît de la constitutionnalité des règlements intérieurs des
assemblées législatives, des lois et des engagements internationaux, des conflits de
compétence entre l’exécutif et le législatif ainsi que des exceptions d’inconstitutionnalité
soulevés devant la Cour Suprême.
Les décisions du Conseil Constitutionnel ne sont susceptibles d’aucune voie de recours. Elles
s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles.

Contacts
Président : Pape Oumar SAKHO
LA COUR SUPREME 
COMPETENCES
La Cour suprême est juge en premier et dernier ressort de l’excès de pouvoir des autorités
exécutives.
Elle est compétente en dernier ressort dans les contentieux des inscriptions sur les listes
électorales et des élections aux conseils régionaux, municipaux et ruraux conformément aux
conditions prévues par le Code électoral.

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Sous réserve des matières relevant de la compétence d’attributions d’autres juridictions, la
Cour suprême se prononce sur les pourvois en cassation pour incompétence, violation, de la
loi ou de la coutume, dirigés contre :
ÿ Les arrêts et jugements rendus en dernier ressort par toutes les juridictions ; ÿ Les décisions
des conseils d’arbitrage des conflits collectifs du travail ;
Elle connaît également par la voie du recours en cassation :
 des décisions de la Cour des comptes ;
 des décisions rendues en dernier ressort par des organismes administratifs à caractère
juridictionnel ;

La Cour suprême ne connaît pas du fond des affaires, sauf dispositions législatives contraires.
La Cour suprême se prononce en outre sur :
 les demandes en révision ;
 les demandes de renvoi d’une juridiction à une autre pour cause de suspicion légitime
ou de sûreté publique ;
 les règlements de juges entre juridictions n’ayant au-dessus d’elles aucune juridiction
supérieure commune autre que la Cour suprême ;
 les demandes de prise à partie contre une cour d’appel, une cour d’assises ou une
juridiction entière ;
 les contrariétés de jugements ou arrêts rendus en dernier ressort entre les mêmes
parties et sur les mêmes moyens entre différentes juridictions .
Il est crée, en outre, des commissions juridictionnelles fonctionnant auprès de la Cour
suprême :
 une commission juridictionnelle chargée de statuer sur les demandes d’indemnités
présentées par les personnes ayant fait l’objet d’une décision de détention provisoire et
qui ont bénéficié d’une décision définitive de non-lieu, de relaxe ou d’acquittement ;
 une commission juridictionnelle chargée de statuer sur les recours formés par les
officiers de police judiciaire ayant l’objet d’une décision de suspension ou de retrait
d’habilitation ;
Les règles concernant la compétence, l’organisation de ces commissions juridictionnelles,
ainsi que celles relatives au ministère public, impliqué dans leur fonctionnement, sont fixées
par le Code de procédure pénale.
La Cour suprême, réunie en assemblée, a une compétence consultative. Elle peut être
consultée par le Président de la République, le président du Sénat, le président de l’Assemblée
nationale et la Gouvernement dans les conditions fixées par l’article 29 de la loi 2008 – 35 du
7 août 2008.

ORGANISATION
La Cour suprême se compose :
 du premier président,
 des présidents de chambre,
 des conseillers,
 des conseillers délégués ou référendaires,

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 du procureur général,
 du premier avocat général,
 des avocats généraux,
 des avocats généraux délégués,
 du greffier en chef,
 des greffiers

Conclusion

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