Portrait Magatte Sylla Forbes Afrique Version Corrigee
Portrait Magatte Sylla Forbes Afrique Version Corrigee
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Entre ses bureaux situés à Sicap Sacré-Cœur cité Keur Gorgui, en plein Dakar et le siège de
Sonatel, il n’y a que quelques mètres. Mais côté chiffre d’affaires, la réalité est tout autre. Il
va falloir sûrement des années de travail à Magatte Sylla pour atteindre les 1022 milliards
réalisés par le leader du marché des télécommunications au Sénégal, en 2018 et qui se trouve
être son ancien employeur. Mais penser que c’est impossible revient à mal connaître le jeune
entrepreneur de 41 ans qui a entrepris, il y a moins de deux ans, de mettre en place un modèle
d’accès à Internet qui fait l’affaire des usagers, des entreprises et des opérateurs télécoms.
Dénommée « Beinday », la marque enregistrée est une contraction de trois termes
anglais « be », « in », « day », la plateforme propose aux populations du WIFI libre contre de
la publicité comme sur Youtube. Le business model repose sur une gratuité de l’accès financé
par les entreprises désireuses de faire des annonces sur la plateforme. De leur côté, les
sociétés de téléphonie se chargent de la mise à disposition de l’infrastructure pour ensuite
prendre une part sur les revenus générés par le business.
Dans un pays où tout le monde n’a pas encore accès à Internet (seul 58 % de pénétration) et
25% en Afrique, le projet a vite trouvé preneur. Sonatel, Expresso, Free et le Fournisseur
d’Accès Arc Télécoms, contractent ou négocient avec la start-up Interface SAS qui a fêté son
premier bon de commande de 4000 euros déjà en avril 2019. Les points d’accès WIFI
installés par les équipes de l’ingénieur technologue en informatique sont aujourd’hui au
nombre de 21 dans 7 différents sites dont des banques et des établissements culturels comme
le Monument de la Renaissance Africaine qui a inauguré la série. L’objectif, à la clé, c’est
d’aller à la conquête de l’Afrique. Le CEO d’Interface SAS et inventeur de la plateforme
Beinday, diplômé de l’Institut Africain de Management (IAM) en 2005 ne s’en cache plus. Il
veut conquérir une vingtaine de pays (Bénin, Cameroun, Gabon, Mauritanie, Niger, Togo)
avec une implantation à l’horizon 2022 au Mali et en Côte d’Ivoire.
Une ambition africaine bien réalisable après une prise de participation à hauteur de 35.000
euros faite par la Délégation à l’Entrepreneuriat Rapide, nouveau mécanisme de financement
des jeunes entrepreneurs mis en place par l’Etat du Sénégal avec un fonds qui s’élève à plus
de 43 millions d’euros. Dernièrement, la start-up a également opéré une autre levée de 35.000
euros. Après un premier échec avec une entreprise dont le nom leur était contesté par une
grosse société américaine, l’équipe est convaincue que la réussite n’est plus loin. Constituée
de plusieurs profils différents dont des ingénieurs en informatique, des spécialistes télécom,
avec une qualification en infrastructures, des manageurs, des experts en finances, marketing,
communication et vente, Interface SAS est gérée par un boarding Team composé deux
Sénégalais et deux Allemands qui se sont réunis en associés avec une équipe de 6 sénégalais
en full time dans la production. La bande vient d’avoir un brevet de la part de l’Organisation
africaine pour la propriété intellectuelle (OAPI) pour s’implanter dans les 17 pays visés, sur le
continent avec différentes offres relevant aussi bien de l’événementiel que du WIFI dédié aux
banques, aux établissements ouverts au public et aires d’accueil, comme les lieux culturels,
aux voitures, etc.
Une collaboration avec les GAFAM en préparation
Le premier objectif fixé était d’atteindre 4 clients en 2019, l’équipe en a eu 3, mais, loin de
s’en désoler, Magatte Sylla s’en félicite plutôt, estimant que cela lui a rapporté plus de 21.700
euros avec des perspectives de multiplier par 10 le nombre de clients avec le chiffre d’affaire
en 2020. Par ailleurs, Interface SAS travaille sur une collaboration ou l’octroi de licence dans
l'espace sous régional avec le droit territorial. Ce que l’équipe cherche à obtenir auprès des
GAFAM dont Google avec ses stations WIFI dans une capitale africaine mais également
Facebook à travers son nouveau produit appelé Express Wi-Fi qui consiste à donner la
possibilité aux commerçants locaux d’offrir un accès abordable aux populations à travers des
points d’accès WIFI en utilisant le logiciel Express du plus grand réseau social au monde.
Accompagné par le cabinet d’expertises Carapaces, le groupe a dans les bonnes grâces de la
Commission de protection des données personnelles (CDP) et de l’Autorité de régulation des
télécommunications et des postes (ARTP) chargées respectives des données personnelles et de
la régulation des télécoms au Sénégal.
Et cerise sur le gâteau, le fonds néerlandais spécialisé dans l’accompagnement des entreprises
sénégalaises à l’international s’intéresse aussi au projet. L’instrument onusien a beaucoup
contribué à la vulgarisation de la start-up avec une participation aux Rencontres Africa 2019 à
Dakar, axées notamment sur le digital, à la dernière édition Futur.e.s in Africa au Maroc
dédiée à l’innovation, entre autres événements, sans oublier l’appui de CTIC Dakar, le
premier incubateur en Afrique de l’Ouest francophone. La start-up, tout en œuvrant à un
meilleur accès au WIFI pour les populations africaines, entend aussi contribuer faire les
grandes villes du Sénégal une smart city dans le domaine des AdTech avec de l’Internet pour
tous, les énergies renouvelables, la sécurité etc. Le CEO se dit fier d’avoir mis au point une
« plateforme de préservation et de protection de l'environnement » qui permet aux entreprises
et aux collectivités territoriales, par exemple, de mieux communiquer sans passer par des
flyers. Sur ce plan, il rappelle d’ailleurs que les grandes sociétés pourraient faire plus de
profits, estimées à 37 milliards de dollars, si elles amélioraient leurs communications.