Complexes Master
Complexes Master
Complexes Master
Leçons
– LG no 6 : Les oxydes métalliques. Propriétés physiques et chimiques
– LG no 12 : Théorie du champ cristallin, applications
– LG no 13 : Nature de la liaison métal-ligand ; Influence sur les propriétés chimiques du
métal et du ligand
– LG no 14 : Les éléments de transition : structure électronique et principales caractéris-
tiques physiques et chimiques illustrées par quelques exemples
– LG no 30 : Application de la théorie du complexe activé à l’étude de mécanismes réac-
tionnels
– LG no 32 : Catalyse par les complexes des métaux de transition : caractères généraux,
exemples
– LG no 33 : Les éléments du bloc d en chimie bioinorganique
Montages
– MG no 10 : Méthodes non stationnaires en électrochimie : chronoampérométrie et vol-
tamétrie cyclique
– MG no 11 : Méthodes stationnaires en électrochimie : polarographie et voltamétrie sur
électrode tournante
– MG no 12 : Diagrammes E-pH et E-pL ; applications
– MG no 22 : Structures et propriétés physicochimiques des complexes des métaux de
transition
– MG no 27 : Catalyse par les métaux de transition et leurs composés
– MG no 32-37 : Monographies
Prix Nobel
– 1911 : Marie Curie - Découverte du radium et du polonium
– 1913 : Alfred Werner - Structure des complexes de métaux de transition
– 1966 : Robert Sanderson Mulliken - Explication de la liaison chimique à l’aide la théo-
rie des OM
– 1973 : Geoffrey Wilkinson, Ernst Otto Fischer - Découvertes de composé «sandwich»
– 1983 : Henry Taube - Travaux sur la mécanistique de l’oxydo-réduction
– 1992 : Rudolph Marcus - Théorie sur les réactions par transfert d’électron
– 2001 : William S. Knowles, K. Barry Sharpless, Ryoji Noyori - Catalyse chirale (hy-
drogénation, oxydation)
– 2005 : Yves Chauvin, Richard R. Schrock, Robert Grubbs - Métathèse et carbènes
– 2010 : Richard Heck, Ei-ichi Negishi, Akira Suzuki - Couplages pallado-catalysés
4
Introduction 7
1 Généralités 9
1.1 Nomenclature et définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.1.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.1.2 Nomenclature et formule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.1.3 Isomérie, Géométrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.2 Complexation et thermodynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.2.1 Effet chélate . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.2.2 Effet macrocycle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
Conclusion 75
A Les diagrammes de Tanabe-Tsugano 77
B Tables de caractère 81
C Bibliographie 82
Introduction
L ES PROPRIÉTÉS PHYSICO - CHIMIQUES des ligands et des métaux de transition sont dé-
multipliées lorsqu’on associe ces deux entités au sein de complexes. Les possibilités
sont tellement vastes que cette chimie se développe depuis le début du XXe siècle.
Bien que les premiers complexes aient été synthétisés vers le début du XIXe siècle – ils
étaient très étudiés pour former des pigments colorés – il fallut attendre 1893 et Alfred Wer-
ner pour que la notion de coordination apparaisse. Werner fut le premier à concevoir un
complexe où l’ion métallique est au centre de sa sphère de coordination. C’est ainsi qu’il fut
non seulement capable d’expliquer en 1907 l’existence de deux isomères pour CoCl2 (NH3 )4
mais qu’il pu également synthétiser deux complexes énantiomères sans aucun carbone.
3+
NH3 NH3 Cl NH3 Cl NH3
NH3
Co NH3 NH3 Cl Co NH3 Cl H3 N Co NH3 3 Cl−
H3 N
NH3 NH3 Cl NH3 NH3 NH3 NH3 Cl NH3
Figure 1 – Structures proposées par Blomstrad et Jorgensen pour [Co(NH3 )6 ]Cl3 , c’est celle
de Werner, à droite, qui est correcte.
6+
NH3
NH3
H3 N Co NH3
HO
NH3 OH
HO Co OH
H3 N Co O NH3
H
H3 N HO Co NH3
NH3 H3 N
NH3
Généralités
−O O
−O
H2 N N
NH2 N
O−
O O−
Hapticité : Lorsque plusieurs atomes contigus forment une liaison avec un métal, on parle
d’hapticité multiple. C’est possible en général lorsque le ligand a un système π.
Pour les ligands polyhapto, on précise l’hapticité avec la notation ηn où n est l’hapticité.
10
Cl Cl
K
+ Pt CH2 x H2O
Cl
CH2
Formule Nom
[Co(NH3 )6 ]3+ ion hexaamminecobalt(III)
[Co(NH3 )6 ] Cl3 chlorure d’hexaamminecobalt(III)
[CoCl2 (NH3 )4 ] Cl chlorure de dichlorotétraamminecobalt(III)
K2 [PtCl4 ] tétrachloroplatinate(II) de potassium
[Mn2 (CO)10 ] décacarbonyldimanganèse(0)
[(Cr(NH3 )5 )2 (µ-OH)]Cl5 chlorure de µ-hydroxo-bis(pentaamminechrome(III))
IrCl(CO)(P(C6 H5 )3 )2 trans-chlorocarbonylbistriphénylphosphineiridium(I)
K[PtCl3 (η2 -C2 H4 )] tris(chloro)(η2 -éthylène)platinate(II) de potassium
[Fe( η5 -Cp)2 ] di-η5 -cyclopentadiénylfer(II)
11
Pt Pt
Cl NH3 H3 N Cl
Isomérie fac-mer : En géométrie octaédrique, on parle d’isomère fac si les ligands sont
sur une même face de l’octaèdre et de mer s’ils sont sur le même méridien.
M M
NO2 NO2
H3 N NO2 H3 N NO2
Cr 1 Cr
H3 N NO2 O2 N NH3
NH3 NH3
Isomérie Λ-∆ : En géométrie octaédrique il existe deux énantiomères pour l’isomère fac.
Pour savoir s’il s’agit de l’énantiomère Λ ou ∆, il faut regarder selon l’axe passant par le
milieu de la face formée par les ligands identiques. Si pour superposer les deux faces il faut
tourner la face supérieure vers la Droite alors le complexe est Delta ∆, sinon, il est Λ.
3+ 3+
NH2 NH2
H2 N NH2 H2 N NH2
Cr Cr
H2 N NH2 H2 N NH2
NH2 NH2
M + nL = [M(L)n ] βn
Plus β n est élevé, plus le complexe est stable, cependant, il ne faut surtout pas oublier
que l’équilibre considéré en milieu aqueux est :
Au cours des montages, vous serez peut-être amenés à discuter des constantes de forma-
tion pas à pas notées K nf associées à la réaction :
[MLn−1 ] + L = [MLn ] K if
On a alors la relation :
βn = ∏ Kif
i
On peut constater qu’alors que les termes enthalpiques sont proches, le complexe formé
avec le ligand bidentate est beaucoup plus stable que celui formé avec son homologue mo-
nodentate . On explique cette observation à l’aide de deux arguments.
Argument thermodynamique
Avec un ligand monodentate, le nombre global de molécules reste inchangé, la variation
d’entropie est donc faible. Avec un ligand bidentate, on augmente le nombre de molécules –
on passe de 4 à 7 molécules dans l’exemple. L’entropie augmente donc fortement.
Argument microscopique
Un ligand chélatant agit comme une pince : si une extrémité se décoordine, l’autre extre-
mité la maintient proche du métal. La recoordination est alors favorisée. Le complexe formé
avec le ligand polydentate se dissocie donc moins que son homologue.
En général, on utilise l’effet chélate pour préformer les ligands dans une position idéale
pour former des macrocycles. On parle alors d’effet template. a
O O
O O
O O
H ANS B ETHE ET J OHN H ASBROUCK VAN V LECK ont mis au point la théorie du champ
cristallin dans les années 1930. Elle a d’abord été utilisée en chimie du solide avant
d’être appliquée en chimie de coordination une vingtaine d’année plus tard. Ce premier
modèle explique déjà un certain nombre de propriétés physico-chimiques des complexes.
y
x
d xz dyz d xy d z2 d x 2 − y2
charges négatives des orbitales du métal également destinées à recevoir des électrons. Dans
une deuxième étape, on corrige l’arrangement spatial en localisant les charges pour passer
de la géométrie sphérique à la géométrie octaédrique. C’est la géométrie des orbitales qui
va influencer la répulsion électronique. L’énergie des orbitales d xy , d xz et dyz diminue car
ces orbitales pointent entre les ligands – ce qui diminue la répulsion électronique. À l’in-
verse, l’énergie des orbitales dz2 et d x2 −y2 augmente car ces orbitales pointent en direction
des ligands – ce qui augmente la répulsion électronique.
E
d x 2 − y2 d z2
3
∆
5 O
∆O
2
∆
5 O
d xy dyz d xz
! Attention !
La figure 2.2 laisse penser que le complexe est moins stable que l’ion libre et donc qu’il
ne se forme pas. Cependant, il y a interaction stabilisante entre un acide et une base de
Lewis. Le chapitre suivant explique l’origine de cette stabilisation. Il ne faut pas oublier
qu’un complexe est un édifice complet : métal plus ligands et pas seulement les orbitales
17
d du métal. Le jury adore poser cette question piège si vous avez commis l’irréparable en
oubliant de préciser ce point au cours de la LG no 12 ou 13.
t2
4
∆ t = ∆O
9
E
eg eg
t2g t2g
Figure 2.4 – Configurations possibles pour un métal d5 , à gauche la configuration haut spin,
1
à droite la configuration bas spin.
Les deux paramètres qui permettent de faire la balance entre ces configurations sont P,
l’énergie d’appariement (P > 0) et ∆O .
– Si P > ∆O on est en champ faible, spin fort.
– Si ∆O > P on est en champ fort, spin faible.
La théorie du champ cristallin ne permet pas de calculer ces paramètres qui permettent
pourtant de prédire la valeur du spin pour le métal. Cette incapacité est une des faiblesses du
modèle, cependant, certains arguments chimiques permettent de rationaliser les tendances
observées.
Complexe ∆O (cm−1 )
[Cr(H2 O)6 ]2+ 11 000
3+
[Cr(H2 O)6 ] 20 500
– Nature de l’ion central : ∆O diminue quand on monte dans une colonne et diminue
sur une ligne. Les métaux 4 d et 5 d sont donc en général bas spin.
Complexe ∆O (cm−1 )
[Cr(H2 O)6 ]2+ 11 000
2+
[W(H2 O)6 ] 20 500
2+
[Mn(H2 O)6 ] 8 000
– La géométrie : Le champ des ligands est plus faible en géométrie tétraédrique qu’en
géométrie octaédrique. Le comportement haut spin est donc généralement observé en
géométrie tétraédrique.
– La spinelle directe : Les ions A occupent un huitième des sites tétraédriques et les ions
B la moitié des sites octaédriques.
– La spinelle inverse : les ions B occupent un huitième des sites tétraédriques et un quart
des sites tétraédriques, les ions A occupent un quart des sites octaédriques.
Les ions O2− forment un champ faible. On a les paramètres suivant pour l’ESCC :
On prévoit grâce à la théorie du champ cristallin une structure spinelle inverse pour la
magnétite, c’est bien cette structure qui est observée expérimentalement.
2.6 Limites
Malgré de nombreuses avancées dans la description des complexes grâce à la théorie
du champ cristallin, le déséquilibre entre la description du métal et des ligands ne permet
que de décrire les propriétés essentiellement dues au métal – le magnétisme, la couleur. À
l’inverse le modèle ne permet pas encore d’expliquer la série spectrochimique qui est liée
à la nature des ligands. De plus le fait que le complexe soit un édifice stable ne ressort pas
encore distinctement, d’où vient la stabilisation ?
La couleur des complexes est en partie expliquée puisqu’elle vient de l’excitation d’un
électron d’une orbitale t2g vers une orbitale eg , cependant, pour MnO4− , le manganèse est au
degré VII, il n’y a donc ... pas d’électrons dans les orbitales d. On ne peut pas pour l’instant
expliquer la couleur violette intense de ce complexe.
C’est la théorie du champ des ligands qui va pouvoir expliquer ces différents phéno-
mènes.
Chapitre 3
D ANS LA THÉORIE DU CHAMP DES LIGANDS , on élargit la description quantique aux li-
gands de manière à rétablir l’équilibre entre la description des ligands et celle du métal.
On considère donc l’interaction entre les orbitales des ligands et les orbitales du métal afin
de former le diagramme orbitalaire complet. Tout au long du chapitre, on verra que comme
en chimie organique, seules les orbitales de même symétrie vont interagir entre elles. On va
donc largement utiliser la théorie des groupes pour pouvoir simplifier l’étude du système
complet.
Ligands σ-donneurs
Dans (presque) tous les cas, il y a une orbitale de type σ responsable de la liaison. Les
orbitales σ sont en général les HOMO des ligands et correspondent souvent à un doublet
non liant. a La construction du diagramme d’interaction est simple et se fait en étudiant les
orbitales du ligand ayant un recouvrement non nul avec le métal.
On voit dans la figure 3.2 que l’orbitale liante est développée sur le ligand alors que
l’orbitale antiliante est développée sur le métal. On parle de ligand σ-donneur car c’est le
ligand qui fournit les électrons pour former la liaison σ. On rejoint la vision classique où le
ligand joue le rôle de base de Lewis en interaction avec l’acide de Lewis qu’est le métal.
Pour construire le diagramme complet, il faut faire interagir les orbitales du fragment
métallique avec le fragment des ligands. La représentation Γσ du fragment des ligands est
obtenue en regardant le nombre de ligands inchangés par chaque opération de symétrie.
0
Oh E 8C3 3C2 6C4 6C2 i 8S6 3σh 6S4 6σd
Γσ 6 0 2 2 0 0 0 4 0 2
Maintenant, il faut faire interagir les deux fragments en faisant interagir les orbitales de
même symétrie.
E t1u
a1g
np/t1u
ns/a1g
eg
antiliant
(n − 1)d/t2g , eg t2g
non liant
eg
t1u
eg a1g
t1u
a1g
En étudiant le diagramme 3.3, on voit qu’on retrouve les résultats de la théorie du champ
cristallin pour les orbitales d du métal. C’est logique puisque la théorie du champ des ligands
est le prolongement de la théorie du champ cristallin. Dans le cas des ligands σ-donneurs,
les orbitales t2g sont purement métalliques alors que les orbitales eg sont légèrement déloca-
lisées sur les ligands.
On voit également que plus les orbitales des ligands sont hautes en énergie, plus les
orbitales eg sont déstabilisées. On en déduit que plus le ligand est σ-donneur, plus le champ
sera fort.
24
Dans tous les cas, on trouve que Γπ = T1g ⊕ T2g ⊕ T1u ⊕ T2u
25
t1u
E
a1g
np /t1u
ns/a1g
eg
antiliant
t2g
(n − 1)d/t2g, eg antiliant
t1u
t2g
eg
t1u
eg a1g
t1u
a1g
Maintenant, les orbitales t2g sont antiliantes, le champ cristallin ∆O est donc plus faible
que pour les ligands σ-donneurs. Il faut faire attention au placement relatif des orbitales :
les orbitales occupées des ligands sont en dessous du métal. Si ce n’était pas le cas, le ligand
serait immédiatement oxydé.
On a alors une explication de l’ordre des halogénures dans la série spectrochimique : plus
le ligand est électronégatif, plus ses orbitales p sont basses en énergie. ∆O est donc d’autant
plus élevé que le ligand est électronégatif. L’ordre relatif des halogénures est retrouvé :
O C
O C
O C
Rétrodonation
Donation
On voit un nouveau type d’interaction : le ligand donne des électrons au métal via son
∗ . Expérimentalement
orbitale σ, mais il récupère de la densité électronique via l’orbitale πCO
on voit le peuplement de l’orbitale antiliante en spectroscopie infrarouge : on note un affa-
blissement du nombre d’onde de la vibration d’élongation de CO.
Il faut faire attention au placement relatif des orbitales entre elles. Les orbitales occupées
du ligand sont en dessous du métal, celles vacantes au dessus. Si ce n’était pas le cas, on
aurait immédiatement une réaction d’oxydo-réduction.
Pour le diagramme complet, on a déjà vu les étiquettes de symétrie des orbitales π pour
les ligands π-donneurs. Maintenant les orbitales π sont placées au dessus des orbitales du
métal.
27
t1u
E
a1g
t2g
np /t1u t1u
t1g, t2u, t1u, t2g
ns/a1g
t1g, t2u
eg
antiliant
(n − 1) d/t2g, eg
t2g
liant
eg
t1u
eg a1g
t1u
a1g
Contrairement aux ligands π-donneurs, les orbitales t2g sont liantes ce qui va augmenter
la valeur du champ cristallin ∆O . Expérimentalement, on trouve bien que les ligands π-
accepteurs favorisent donc les champs forts.
La théorie du champ des ligands explique aussi la série spectrochimique : les ligands
σ,π-donneurs favorisent les champs faibles, les ligands σ-donneurs sont intermédiaires et
les ligands σ-donneurs, π-accepteurs favorisent les champs forts.
I|− < −
{zCl } < H2 O < NH3 < CN
|
−
< CO}
{z
| {z }
σ-donneur, π-donneur σ-donneur σ-donneur, π-accepteur
Pour finir, on voit qu’il peut y avoir des transitions métal-ligand ou ligand-métal. Ce
sont ces excitations qui sont responsables de la couleur de MnO4− pour lequel il n’y a pas
d’électron d.
Chapitre 4
On voit dans le tableau que pour les métaux d, le couplage spin-orbite peut être négligé.
Cependant, on voit que plus les éléments sont lourds, plus le couplage spin-orbite devient
important. Il devient donc indispensable de le prendre en compte pour les métaux f.
Si on se restreint aux métaux d, il faut maintenant voir dans quel ordre appliquer l’ha-
miltonien du champ des ligands ĤC.L. et l’hamiltonien de répulsion électronique Ĥ R.E. en
fonction de leur importance. Selon les cas, l’un ou l’autre des hamiltoniens peut être prépon-
dérant, on distingue donc deux cas :
– si Ĥ R.E. > ĤC.L. on parlera d’approche champ faible ;
– si ĤC.L. > Ĥ R.E. on parlera d’approche champ fort.
d2 , d8 1 S1 D1 G3 P3 F
d3 , d7 2 P2 D2 F2 G2 H4 P4 F
d4 , d8 1 S1 D1 F1 G1 I3 P3 D3 F3 G3 H5 D
d5 2 S2 P2 D2 F2 G2 H2 I4 P4 D4 F4 G6 S
Pour un ion d2 par exemple, les énergies des différents niveaux s’expriment de la manière
suivante :
E(3 F) = A − 8B E(1 D) = A − 3B + 2C
E(3 P) = A + 7B E(1 G) = A + 4B + 2C
E(1 S) = A + 14B + 7C
Le terme A n’a pas de signification en lui-même car on voit uniquement des différences
d’énergie en spectroscopie. Le paramètre B permet de caractériser la nature de la liaison.
Jørgensen a introduit la grandeur β – ou paramètre néphélauxétique – qui caractérise la part
d’ionicité de la liaison :
Bcomplexe
β=
Bion libre
Si β est proche de 1, la liaison est ionique : les électrons du métal dans le complexe se com-
portent comme dans l’ion libre. À l’inverse, si β est faible, la liaison est covalente : le nuage
électronique se délocalise sur le ligand ce qui diminue la répulsion coulombienne.
Il existe une série néphélauxétique qui permet de classer les ligands en fonction du ca-
ractère ionique de la liaison :
F− > H2 O > NH3 > Cl− > CN− > Br− > I−
On, retrouve des résultats relativement attendus : F− fera une liaison plutôt ionique alors
que I− fera une liaison plutôt covalente.
On va étudier l’effet du champ des ligands sur un ion d2 en symétrie octaédrique pour
lequel le terme fondamental est 3 F.
Pour un terme spectral (ou une orbitale), le caractère associé à une rotation d’angle φ est
donné par la formule suivante :
!
1
sin L+ φ
2
χ(φ) = (4.1)
φ
sin
2
Au lieu de se placer dans le groupe Oh , on se place dans un sous-groupe qui est celui des
rotations du cube O . Vu que c’est un sous-groupe, les opérations de symétrie se réduisent à
des rotations ce qui permet d’appliquer la formule 4.1.
0
O E 8C3 6C2 6C4 3C2
ΓF 7 1 −1 −1 −1
32
E
3A
2g
3F
3T
2g
3T
1g
Les états auraient la même symétrie en géométrie tétraédrique que dans le groupe des
rotations du cube car ces deux groupes sont isomorphes. ΓF,Td = A2 ⊕ T1 ⊕ T2
Les énergies relatives des différents états ne sont pas prévisibles mais tout est calculable.
Énergie
T1g (T1)
P
T1g (T1)
T2g (T2)
A2g (A2)
Δ 0 Δ
d2,d7 tetraèdre d2,d7 octaèdre
d8,d3 octaèdre d8,d3 tetraèdre
Figure 4.2 – Diagramme d’Orgel pour les états de multiplicité de spin 3 pour un ion d2 .
On remarque que les niveaux de même symétrie ne se croisent pas, c’est une propriété
générale des diagrammes de corrélation. Il y a mélange des niveaux au niveau de l’intersec-
tion pour éviter le croisement .
Pour un ion d2 , les différentes occupations possibles sont (t2g )2 , (t2g )(eg ) et (eg )2 . Il faut
ensuite calculer la représentation réductible de chaque configuration électronique avant de
la décomposer en représentations irréductibles. Chaque représentation correspond à une
énergie et à un niveau électronique du complexe.
0
O E 8C3 6C2 6C4 3C2
Γ(t2g )2 9 0 1 1 1
On obtient :
Γ(t2g )2 = A1g ⊕ Eg ⊕ T2g ⊕ T1g
En faisant de même pour les autres configurations et en adaptant le spin pour respecter
l’antisymétrie de la fonction d’onde, on obtient la hiérarchie suivante entre les états. b
1A
1g
E
(eg )2 1E
g
3A
2g
1T
1g
1T
2g
(t2g )(eg )
3T
1g
3T
2g
1A
1g
1E
g
(t2g )2
1T
2g
3T
1g
de champ fort.
b. Le spin de chaque état est trouvé via une formule qu’il n’est pas nécessaire de connaître.
34
1
T1
60 3
T1
3
1
S T1
E/B
40 3
1
T2
A1
1
G
203
1
E
P 1
1 T2
D
3
F 3
T1
0 10 20 30 40
Δ/B
Figure 4.4 – Diagramme de Tanabe-Tsugano pour un ion d2
où Ψinitial et Ψfinal sont les fonctions d’ondes initiales et finales et µ̂ l’opérateur moment
dipolaire. En général – lorsque le couplage spin-orbite est faible – on factorise la fonction
d’onde en produit d’une fonction d’espace et d’une fonction de spin.
spin
Ψi = φiorb × φi
L’opérateur moment dipolaire n’agit que sur la partie d’espace, on peut réécrire l’équa-
tion 4.2 :
P = hφi |µ̂|φ f iorb × hφi |φ f ispin
La transition est permise si le moment de transition est non nul. Il faut donc réunir les
deux conditions suivantes :
– hφi |µ̂|φ f iorb 6= 0. Il faut donc que A(1g) ∈ Γ f ⊗ Γµ ⊗ Γi où plus simplement que Γµ ∈
Γ f ⊗ Γi . Étant donné que l’opérateur µ̂ est antisymétrique, il faut que le produit Γ f ⊗ Γi
soit antisymétrique.
Pour le groupe Oh vu que les orbitales d sont centrosymétriques, les états électroniques
ont la symétrie g donc Γ f ⊗ Γi est de symétrie g alors que µ̂ est de symétrie u. Les
transitions d-d sont donc interdites de symétrie, ce qui explique la faible couleur des
complexes octaédriques.
– hφi |φ f ispin 6= 0. Il faut que la transition se fasse sans changement de spin.
Ce sont les règles de Laporte.
On classe les transitions en trois catégories selon les interdictions de spin ou de symétrie.
Il faut retenir ces ordres de grandeur exigibles en montage.
Bien que les transitions d-d en géométrie octaédrique soient interdites, elles sont obser-
vées en pratique. En effet, la fonction d’onde se décompose en réalité en produit de fonc-
tions : Ψ = φorb × φspin × φvibrations × φrotation , ce qui complexifie les règles de transition.
Mais plus simplement, les vibrations moléculaires peuvent momentanément rompre la cen-
trosymétrie du complexe et rendre possible la transition.
Pour la géométrie tétraédrique, vu qu’il n’y a pas de centrosymétrie, les transitions d-d
sont généralement permises.
36
ν (10-3cm-1)
10 20 30 40
On voit deux bandes d’absorption à 17 500 cm−1 et 26 000 cm−1 . Les coefficients d’ab-
sorption molaire sont proche de 10, il s’agit bien de transitions d-d interdites de symétrie
et autorisées de spin.On a un ion vanadium au degré III. En regardant le diagramme de
Tanabe-Tsugano correspondant, on voit que le terme fondamental est 3 T1g (F). Il y a trois
transitions possibles qui gardent le spin inchangé : 3 T1g (F) → 3 T2g , 3 T1g (F) → 3 T1g (P),
3 T (F) → 3 A (F).
1g 2g
On remarque bien l’effet néphélauxétique puisque B passe de 860 cm−1 dans l’ion libre
à 625 cm−1 dans le complexe. Le diagramme nous permet de prédire que la troisième tran-
sition a lieu dans l’UV vers 36 000 cm−1 .
Chapitre 5
NEV = n M + 2n L + n X − q
Quand on effectue ce décompte, on remarque en général que NEV = 18. C’est ce que
l’on appelle la règle des 18 électrons. Cette règle empirique s’explique simplement
avec la théorie du champ des ligands : dans le cas de ligands σ-donneurs,π-accepteurs,
les orbitales t2g du métal sont liantes, les orbitales du ligands sont liantes également.
En peuplant toutes les orbitales liantes – ce qui correspond à 18 électrons – on a alors
une stabilité maximale. En théorie, ce n’est valable que lorsque les orbitales t2g sont
liantes. En pratique, ça marche souvent. (Mais pas tout le temps : voir [Cu(NH3 )4 ]2+
qui a 17 électrons alors que [Cu(NH3 )4 ]+ en a 18.)
– Nombre d’électrons non liants (NENL) : nombre d’électrons qui ne sont pas impliqués
dans une liaison métal-ligand. C’est donc le nombre d’électrons d dans la théorie du
champ cristallin ou la théorie du champ des ligands.
NENL = n M − n X − q
5 2
4 3
La plupart du temps, l’échange de ligand se fait avec une molécule de solvant, la dégé-
nérescence ne permet plus d’attribuer le bon mécanisme. La mesure du volume d’activation
va alors permettre de trancher.
– Si ∆‡ V > 0, l’état de transition a un volume plus élevé que les réactifs, on a donc un
mécanisme de type dissociatif.
– Si ∆‡ V < 0, l’état de transition est plus compact que les réactifs, on a donc un méca-
nisme de type associatif.
– Si ∆‡ V ' 0, l’état de transition a un volume proche de celui des réactifs, on a donc un
mécanisme de type concerté.
Pour les ligands à basse coordinence le mécanisme est généralement associatif : la perte d’un
ligand ferait perdre en stabilisation alors qu’il y a de la place pour ajouter des ligands.
S’il y a plusieurs ligands, il n’est pas évident de savoir qui va subir le premier la substi-
tution de ligand. Le ligand en trans a un effet crucial sur la capacité d’un ligand à quitter
la sphère de coordination. L’effet trans est la labilisation des ligands en trans par rapport à
d’autres ligands. C’est un effet cinétique car lié à la labilité. Il existe une série qui classe les
ligands en fonction de l’effet trans :
H2 O < NH3 < py < Cl− < Br− < I− < CH3 , C6 H5 , SR2 < H− , PR3 < CN− , CO, NO, C2 H4
On voit que les ligands σ-donneurs sont classés dans l’ordre inverse de la série spectro-
chimique : moins le ligand est σ-donneur plus il déstabilise la liaison métal ligand. À l’in-
verse, les ligands σ-donneurs,π-accepteurs – comme CO et CN− – ont un effet trans élevé
car la rétrodonation stabilise fortement l’état de transition en acceptant de la densité électro-
nique.
! La labilité est un effet cinétique alors que la stabilité est thermodynamique. Mais les
deux sont dissociés, on peut avoir un complexe très stable avec des ligands très labiles.
Figure 5.2 – Réaction d’addition oxydante (A. O.) et d’élimination réductrice (E. R.).
Lors de l’addition oxydante on ajoute deux ligands X qui vont chacun prendre un élec-
tron au métal pour former la liaison. Les conditions favorables pour avoir une addition
oxydante sont les suivantes :
– le complexe doit avoir au plus 16 électrons afin de ne pas dépasser 18 électrons ;
– le complexe doit avoir au moins deux électrons d non liants pour former les deux
liaisons avec les ligands X ;
– le complexe doit avoir une faible coordinence pour accepter deux ligands supplémen-
taires ;
– le métal doit avoir un faible D.O. pour que l’oxydation soit facile.
Il y a plusieurs mécanismes pour l’addition oxydante :
41
Pd
Pd +
C C
C C
z σ*
cc
y
x
Pd 5p
3b2
2b2
(x2-y2) 3a1
2
(yz)+(xy)+(z ) b1 + a2 + 2a1 Pd 4d
1b2
1a1
σ
cc
Les orbitales 1a1 et 1b2 sont responsables de la création de la liaison au cours de l’ad-
dition oxydante. Lors de la coordination, l’orbitale d du métal va peupler l’orbitale
antiliante jusqu’à ce que la liaison soit rompue.
Lors de l’élimination réductrice, on retrouve bien les orbitales des deux fragments.
Cependant, il y a un mélange entre les orbitales p et d du métal pour éviter les croise-
ments.
On voit que l’addition oxydante a lieu avec une faible barrière d’activation alors que
pour l’élimination réductrice la barrière énergétique est plus élevée car il faut briser
les interactions liantes dans l’orbitale 1b2 .
– Un mécanisme ionique analogue à une SN 1 :
+
Me Me
L CO L CO L CO
MeI MeI
M M + I− M
Cl L Cl L Cl L
I
Les deux mécanismes sont possibles pour l’addition oxydante. Cependant c’est généra-
lement le mécanisme concerté qui a lieu pour l’élimination réductrice.
42
5.2.3 L’insertion
L’insertion correspond à la migration d’un petit groupement – comme CO ou C2 H4 –
entre un ligand et le métal. Le groupement et le ligand doivent être en cis pour que la ré-
action ait lieu. Formellement, NEV diminue de 2, C diminue de 1, NENL et le D.O. restent
inchangés. Les insertions sont favorisées par des ligands qui peuvent combler la vacance de
coordination.
R
O O
R Me
OC CO OC CO OC CO
L L
M M Mn Mn Mn
OC CO OC OC L
CO CO CO
Dans le cas de l’éthylène, on effectue une insertion (1,2) pour laquelle on passe par un
métallacycle intermédiaire. Une liaison particulière se forme entre le métal et le ligand qu’on
appelle interaction agostique.
M H+ M H M
H
M H
Le ligand apporte les deux électrons de la liaison CH pour former une liaison faible
métal-ligand. Ce type de liaison joue un rôle important lors de la polymérisation car elle
rigidifie le complexe.
La réaction inverse de l’insertion (1,2) est la β-élimination.
Chapitre 6
L A GRANDE VARIÉTÉ DES MODES DE COORDINATION et des types d’interactions entre or-
bitales métalliques et orbitales des ligands se reflète dans la richesse des distributions
électroniques possibles. C’est cette diversité qui va apporter tout l’intérêt de la chimie des
complexes : en changeant de métal ou de ligand, on peut bouleverser les propriétés chi-
miques d’un complexe.
E d x 2 − y2
d z2
d xy , dyz , d xz
Le fer est dans le plan de l’hème losqu’il est coordiné au dioxygène alors qu’il est hors
du plan dans la déoxyhémoglobine – l’angle θ entre l’imidazole et la porphyrine est de 110°.
Le déplacement du fer entraîne une réorganisation structurale de la protéine à l’origine du
phénomène de coopérativité observé lors de l’adsorption du dioxygène dans le sang. L’étude
de la structure électronique permet de comprendre l’évolution de la géométrie en fonction
de la présence d’oxygène ou non.
M M y
x
eg b1
a1
t2g e
b2
On retrouve une situation électronique analogue à celle de la géométrie plan carré. Mais
en brisant la centrosymétrie, il y a un mélange entre les orbitales d et p du métal pour dimi-
nuer la répulsion électronique dans l’orbitale a1 .
Énergie
θ
(x2-y2)
b
1
2
(z )
e
a1
(yz)+(xz)
b2
(xy)
θ
90 100 110 120
Figure 6.4 – Diagramme de Walsh indiquant l’influence de θ sur l’énergie des orbitales d.
Dans la déoxyhémoglobine, le fer est au degré II haut spin (d6 ). Il a donc la configuration
électronique (b2 )2 (e)2 (a1 )1 (b1 )1 . L’angle de 110° correspond à l’optimum entre la stabilisa-
tion des orbitales e, b1 et a1 et la déstabilisation des orbitales e. On retrouve la structure
constatée de la déoxyhémoglobine.
Dans l’oxyhémoglobine, le fer est toujours au degré II mais cette fois, il est bas spin –
(b2 )2 (e)4 . C’est donc lorsque θ vaut 90° qu’il y a la plus forte stabilisation du complexe. On
retrouve la structure expérimentalement observée.
46
b
1
a1
a1'
a1
a1
e'
b2
b
1
e'' a2 b2
1 1 1
5 5
2 5 2
4 4 3 2
3 3 4
Figure 6.6 – Mécanisme de la pseudo rotation de Berry, l’intermédiaire a une structure C4v
La symétrie des orbitales permet d’avoir un nouveau type de liaison au sein de com-
plexes bimétalliques : la liaison δ pour laquelle l’orbitale a deux plans nodaux perpendi-
culaires à l’axe de la liaison. Le recouvrement étant peu élevé, la liaison δ est relativement
faible et l’écart énergétique entre orbitale δ et δ∗ est faible.
σ π δ
Figure 6.7 – Types de recouvrements
1 possibles entre orbitales d.
Énergie
Énergie π*
σ
σ
δ*
π δ
σ
σ π
δ π
π*
δ* π
δ δ
π
Figure 6.8 – Interactions entre les deux fragments ML5 dans Re2 (CO)10 à gauche et
[Re2 Cl10 ]4− à droite.
Dans Re2 (CO)10 , il y a 7 électrons par métal, il faut placer 14 électrons au total. En se
restreignant aux orbitales d de symétrie b2 , e et a1 , on voit que la configuration électronique
48
est (π)4 (δ)2 (δ∗ )2 (π∗ )4 (σ)2 . L’indice de liaison vaut alors 1.
Dans Re2 Cl410− , vu que Cl• est un ligand X, il y a maintenant seulement 8 électrons à
placer. La configuration électronique est (π)4 (σ)2 (δ)2 . La liaison est formellement quadruple
car on a une liaison σ, deux liaisons π et une liaison δ.
6.2.2 Conformation
Le complexe [Re2 Cl8 ]2− adopte une conformation éclipsée –contrairement à ce que lais-
serait prévoir la gène stérique. On va utiliser une démarche similaire pour expliquer cette
observation expérimentale. Cette fois, on part de deux fragments plan carré.
σ∗ σ∗
E
δ∗
d x 2 − y2
δ
d z2
π∗ π∗
δ∗
d xy , dyz , d xz
π π
σ σ
éclipsée décalée
2−
Figure 6.9 – Diagramme orbitalaire pour [Re12 Cl8 ] en conformation éclipsée et décalée.
fragment M2 L10 étudié en 6.2.1 (en prenant un recouvrement faible entre les deux fragments
ML5 ) et les orbitales du ligand pontant.
Énergie X
δ*
δ
δ
σ*
σ
σ
π*
δ*
δ
π δ X-
π
Sur ce diagramme, on voit que le ligand pontant forme au total 4 liaisons dans le cas
présenté. Pour (CO)5 Cr-S-Cr(CO)5 on a 8 électrons d – S2− est un ligand 2X. La molécule
est donc diamagnétique car la présence du ligand pontant ouvre un gap électronique fort
entre la HOMO et la LUMO.
Dans ce modèle, on fait interagir les orbitales d du métal avec les orbitales π et π∗ de
l’éthylène.
50
Rétrodonation
Donation
La situation est très proche de celle d’un ligand σ-donneur, π-accepteur. On a donation
via la liaison σ et rétro-donation via la liaison π. Le fait de peupler l’orbitale antiliante de
l’éthylène se traduit par un allongement de la liaison de 1 à 10 pm.
Remarque : On a fait tourner le fragment métallique pour que les orbitales soient directe-
ment adaptées de symétrie. On aurait pu faire tourner le ligand éthylène pour éviter d’avoir
à étudier l’influence du changement d’axe, mais il aurait alors fallu construire des orbitales
adaptées de symétrie pour construire le diagramme.
E z
E z
d x 2 − y2 d xy d xy
y y
x x
d z2 d z2
dyz d xz d xy dyz d xz d x 2 − y2
Rétrodonation
Donation
Le schéma général reste globalement identique : le carbène intervient par deux paires non
liantes, une qui va donner une liaison σ, l’autre une liaison π. Pour CH2 seul, le fondamental
est un état triplet, mais l’état singulet peut devenir fondamental si on substitue le carbène
par des groupement électro-attracteurs.
Les types de recouvrements donnent lieu à un schéma d’interaction analogue à ceux des
ligands σ-donneurs, π-accepteurs. Cependant, en fonction du métal, l’orbitale de la liaison
π est au dessus ou en dessous des orbitales d du métal (l’OM non liante du carbène est à
−11, 4 eV, les orbitales d du métal sont entre −8, 5 eV (Sc) et −14 eV (Cu)). C’est la position
de cette orbitale qui va conditionner la réactivité.
Le diagramme simplifié montre clairement que le carbène est formellement oxydé : bien
qu’il fournisse les 2 électrons pour former la liaison, les deux orbitales liantes sont dévelop-
pées sur le métal. La BV étant développée sur le carbone, le carbène a un comportement
électrophile.
53
Pour favoriser un carbène de Pettit, il faut baisser l’énergie des orbitales du métal et
augmenter celle du carbène. Il faut donc :
– Un métal électronégatif, sur la droite du tableau périodique.
– Des ligands π-accepteurs pour baisser l’énergie des orbitales d.
– Des substituant π-donneurs sur le ligand pour faire monter l’énergie des orbitales du
carbène. (halogène, méthoxy etc..)
Lorsque le ligand comporte une partie π-donneuse, on parle de carbène de Fischer. Vu
que c’est souvent le cas, il y a confusion entre carbènes de Fischer et carbènes de Pettit.
CO
OC CO
W
Fe OC Co
OC
OC CH2
MeO OMe
Figure 6.17 – À gauche, un carbène de Pettit, à droite un carbène de Fischer, les deux sont
électrophiles.
Cette fois, les deux orbitales liantes sont développées sur le carbène et le métal est oxydé.
Le carbone sera donc nucléophile
Remarque : Pour les fragments, on considère que les carbènes de Schrock viennent d’un
carbène triplet pour renforcer le fait qu’il se comporte comme un ligand X2 . A l’inverse,
pour un carbène de Pettit, pour souligner le caractère L, on considère que le carbène initial
était singulet.
Pour favoriser un carbène de Schrock, il faut augmenter l’énergie des orbitales du métal
et baisser celle du carbène. Il faut donc :
54
CH3 N N
Ta Cl
CH2 Ru
Cl Ph
P(Cy)3
6.4.3 La métathèse
La métathèse est une réaction qui permet de créer de nouvelles liaisons, en général avec
des alcènes. On va étudier ici la métathèse des oléfines avec laquelle on peut former des
macrocycles de manière très efficace.
A C A C
+
B D B D
Une des particularités de cette réaction est d’être stéréosélective. Il y a rétention de confi-
guration au cours de la métathèse.
2 +
2
+
C’est la découverte du mécanisme réactionnel qui a valu son prix Nobel à Chauvin en
2005 –la découverte datait des années 70. L’étape cruciale est la formation d’un métallacycle
de manière réversible.
Au cours du mécanisme, on a une addition [2 + 2] pour former le métallacycle. La sté-
réosélectivité vient de la formation de l’isomère issu du métallacycle le plus stable.
55
R R R R R
M R H
R M
R M M +
H
H H
R
M +
R
R R R R R
M
R R
M
M M +
R
H H H H
On se place ici dans le cas du couplage de Russel-Saunders (vu au chapitre 4). Il existe
−
→
également le couplage j-j pour lequel on travaille directement sur J .
−
→ −
→ −
→ −
→
J = ∑ ji = ∑ li + si
i i
7.1.1 Hamiltoniens
On va reprendre l’équation vue au chapitre 4 et qui a déjà été simplifiée :
58
0 0
1 N N z N
1 n N z N −
→ −
H = − ∑ ∆i − ∑ M + ∑ + ∑∑ L+ ∑ ξ i li ·→
si
2 riM r
i > j=1 ij
r
i =1 j=1 ij
| i=1 {z i=1 } | {z } | {z }
i =1
| {z }
H0 H R.E. HC.L. HS.O. couplage spin-orbite
→ −
− →
On réécrit le dernier terme en HS.O. = −λ L · S (grâce au couplage Russel-Saunders).
Exactement comme au chapitre 4, on va appliquer les différents hamiltoniens de manière
perturbative. Pour les métaux 3d, on a
H R.E. > HC.L. > HS.O. (champ faible) ou HC.L. > H R.E. > HS.O. (champ fort)
Quand on passe aux métaux plus lourds, on a généralement les situations suivantes :
H R.E. > HS.O. > HC.L. ou HS.O. > H R.E. > HC.L.
Le couplage spin orbite est en effet d’autant plus fort que les effets relativistes sont impor-
tants, or dans une approche semi-classique la vitesse des électrons est d’autant plus élevée
que Z augmente.
Dérapage mathématique
Ceux allergiques aux mathématiques peuvent sauter ce paragraphe, ici, on va juste es-
sayer de sentir le fait qu’il faut faire une rotation de 4π pour avoir la même fonction d’onde.
Quand on prend uniquement la partie orbitale, on écrit la fonction d’onde comme le
produit d’une fonction radiale et d’une fonction angulaire qui dépend de l et surtout ml :
χ(r, θ, φ) = f (r, θ ) × exp(−iml φ)
avec φ l’angle dans le repère sphérique, pour le moment orbitale, ml prend seulement des
valeurs entières. On a donc toujours χ(r, θ, φ) = χ(r, θ, φ + 2π )
Pour le spin, c’est identique,
α(r, θ, φ) = g(r, θ ) × exp(−ims φ)
1
mais cette fois, ms peut prendre des valeurs demi entières. Cette fois, pour ms = :
2
1
α(r, θ, φ + 2π ) = g(r, θ ) × exp −i (φ + 2π ) = −α(r, θ, φ)
2
Par contre, on a bien α(r, θ, φ + 4π ) = α(r, θ, φ).
Vu que la fonction d’onde totale s’écrit χ(r, θ, φ) × α(r, θ, φ), sa périodicité est de 4π.
59
Pour connaitre les caractères de ΓS=1 , on doit appliquer la formule des rotations :
1
sin S+ α
2
χ(α) = α
sin
2
On se place dans le groupe double O 0 qui ne comporte que des rotations pour pouvoir
appliquer la formule. On en déduit :
Γ S =1 = Γ 4 ΓT1 = Γ4
On en déduit :
Γ3 T1g = Γ4 ⊗ Γ4 = Γ1 ⊕ Γ3 ⊕ Γ4 ⊕ Γ5
A priori, pour classer les différents états, il faudrait connaître les vecteurs de base de
chaque représentation irréductible pour ensuite appliquer l’hamiltonien de couplage spin-
orbite pour avoir les différentes énergies. Cependant l’expression simplifiée de l’hamiltonien
−→ − →
dans l’approximation de Russel-Saunders (HS.O. = −λ L · S ) permet de calculer simple-
ment les énergies associées.
−
→
En prenant J comme «bon» nombre quantique, on a alors :
| L − S| 6 J 6 L + S
où L est le moment orbital du complexe et S son spin. Ici, L vaut 1 (il est trois fois dégénéré)
et S vaut 1. Les trois valeurs de J possible sont donc 0, 1 et 2.
λ
En calculant les énergies associées : ES.O. = − ( J ( J + 1) − L ( L + 1) − S (S + 1)) on
2
trouve :
E ( J = 2) = − λ
E ( J = 1) = λ
E( J = 0) = 2λ
Remarque : on a choisi de prendre une convention où λ est positif.
Pour attribuer correctement les représentations irréductibles, il n’y a pas de règle, mais
on peut vérifier la conservation du nombre de micro-états correspondants. De même, l’éner-
gie totale du système doit être conservée.
60
E d2
3A
2g
3F
3T
2g
Γ1
3T
1g
Γ4
Γ3 , Γ5
E 2
1
λ1
λ2
4
3
4T 2Γ8 ⊕ Γ6 ⊕ Γ7
1
E
4T 2Γ8 ⊕ Γ6 ⊕ Γ7
2
2E Γ8
550 nm 400 nm
694 nm
4A Γ8
2
Les deux absorptions vers les états excités 4 T2 et 4 T1 sont responsables de la couleur
rouge du rubis (absorption dans le vert à 550 nm et le violet à 400 nm). Ces absorptions sont
permises car il y a perte de la centrosymétrie dans l’environnement distordu. Le chrome
excité passe ensuite dans l’état 2 E via un croisement inter-système. Pour la désexcitation, il
faut voir si la transition est permise. Il faut donc regarder si Γµ ∈ Γ f ⊗ Γi . Les deux états ont
Γ8 comme représentation irréductible. Or on a :
Γ8 ⊗ Γ8 = Γ1 ⊕ Γ2 ⊕ Γ3 ⊕ 2Γ4 ⊕ 2Γ5
Comme le moment dipolaire a pour représentation irréductible Γ4 , la transition est per-
mise. Étant donné que l’écart d’énergie entre les états est de 694 nm, le laser à rubis émet
dans le rouge.
Bien que la transition soit permise grâce au couplage spin-orbite, elle reste faible car
en première approximation, elle est interdite. On comprend la levée de cette interdiction
en voyant le couplage spin-orbite comme un moyen de mélanger le quartet et le doublet,
cependant le couplage est faible donc la transition peu probable. Comme attendu pour un
Laser, on stocke effectivement les molécules dans un état excité avant de provoquer leur
désexcitation.
62
En général, les orbitales f et d sont proches en énergies. Sous forme neutre, cette proxi-
mité rend difficile la détermination de la configuration électronique. Cependant, tous ces
éléments sont stable au degré III. Lorsque l’on passe du cérium(III) au luthécium(III), la
configuration électronique passe ainsi de 4 f 1 à 4 f 14 .
Les électrons f écrantent très mal le noyau (on peut le voir comme la conséquence du
fait que les orbitales f ont beaucoup de plans nodaux). Par conséquent, le rayon atomique
décroit fortement dans une ligne car la charge effective augmente quasiment de 1 quand on
va vers la droite. C’est ce qu’on appelle la contraction des lanthanides.
est de pouvoir échanger très rapidement des molécules dans sa sphère de coordination sans
pouvoir laisser le gadolinium se fixer sur les os pour lesquels il est très toxique. Pour stabi-
liser les complexes, on utilise des ligands polydentates et/ou macrocycliques.
Le terbium et l’europium sont aujourd’hui couramment utilisés dans les télévisions pour
fournir les pixels verts et rouges dans les téléviseurs. Le vert est fait grâce à du terbium(III)
dans une matrice de La2 O2 S, le rouge avec de l’europium(III) (4 f 6 ) dans une matrice de
Y2 O2 S et le bleu avec des clusters Ag/ZnS. Le fait que les transitions soient interdites a
poussé les chimistes à contourner les règles de transition suivant une philosophie proche de
celle du Laser.
Y2 O2 S singulet
E
Y2 O2 S triplet
5 D (Eu3+ )
0
e−
Rouge
7 F (Eu3+ )
2
Un électron va venir frapper le ligand et lui transmettre son énergie cinétique pour exciter
le ligand vers un état singulet. Un premier croisement inter-système va ensuite faire passer
le ligand dans son état triplet. Ce dernier va ensuite transférer son énergie pour faire passer
l’europium dans un état excité. La désexcitation de l’europium va le faire fluorescer dans le
rouge. Bien qu’interdite de spin, la transition est possible grâce au couplage spin-orbite.
L’astuce a consisté a faire passer efficacement l’europium dans son état excité de manière
non optique (car interdite de symétrie) via le ligand. On parle d’effet d’antenne : le ligand
sert d’antenne pour capter l’énergie et la transmettre à l’ion central. Le plus gros problème
reste d’assurer efficacement le transfert du ligand vers la terre rare. Aujourd’hui, pour avoir
à irradier le moins possible le système, on utilise des transitions dans l’UV.
Chapitre 8
D ÉJÀ DANS L’ ANTIQUITÉ , la magnétite (oxyde de fer Fe3 O4 , structure spinelle) et ses pro-
priétés remarquables était connues. Aujourd’hui, le magnétisme est l’un des enjeux
essentiels de la recherche, essentiellement pour le stockage de données. Bien que les consé-
quences du magnétisme soient macroscopiques, au niveau microscopique, les mécanismes
sous-jacents sont subtils et complexes.
C’est le signe, la valeur de χ et son évolution avec la température qui vont différencier
les matériaux et leur intérêt.
66
8.1.2 Le paramagnétisme
On parle de paramagnétisme si χ est positif et modéré (10−3 cm3 .mol−1 ). De plus, si on
regarde son évolution avec la température, il décroit. À faible température, les dipôles ma-
gnétiques vont s’orienter parallèlement au champ. Quand la température augmente, l’agita-
tion thermique devient plus importante que les interactions magnétiques. L’orientation des
dipôles devient alors aléatoire ce qui réduit l’aimantation macroscopique.
~ = ~0
H ~ 6= ~0
H
Pour avoir du paramagnétisme, il est nécessaire que le moment orbital ou de spin soit
non nul. De plus, la composante diamagnétique est masquée par la composante paramagné-
tique.
C
La susceptibilité suit en général la loi de curie : χ =
T
8.1.3 Le ferromagnétisme
On parle de ferromagnétisme si χ est positif et élevé (103 cm3 .mol−1 ). Il n’y a du para-
magnétisme que s’il y a une interaction entre spin voisins favorisant l’alignement parallèle.
C’est un phénomène coopératif. Le matériau s’organise alors en domaines où tous les mo-
ment magnétiques sont parallèles entre eux. On appelle ces domaines les domaine de Weiss.
En imposant un champ magnétique extérieur, on va aligner les domaines de Weiss dans une
même direction jusqu’à ce qu’ils soient tous de même orientation.
Au delà d’une certaine température, les interactions entre spin ne sont plus suffisantes
face à l’agitation thermique pour maintenir les domaines de Weiss, le composé devient alors
paramagnétique. La température pour laquelle il y a cette transition est appelée température
de Curie.
67
8.1.4 L’antiferromagnétisme
On parle d’antiferromagnétisme si χ est positif mais plus faible que celui qui serait ob-
servé pour un composé paramagnétique. Là encore, les interactions entre spins sont non
négligeables. Les spins sont disposés de manière antiparallèle au niveau microscopique, ce
qui va faire fortement diminuer la susceptibilité. Au delà d’une température appelée tem-
pérature de Néel, l’agitation thermique l’emporte et on retrouve un comportement parama-
gnétique.
8.1.5 Le ferrimagnétisme
Il y a ferrimagnétisme si on a un comportement antiferromagnétique mais entre deux
spins différents. χ est positif mais plus faible que pour le ferromagnétisme.
8.1.6 Récapitulatif
Magnétisme χ Basse T° Haute T° Évolution microscopique
χ
1 1
TC
T
χ
1
1
1
On va voir d’où viennent les interactions entre centre métalliques à l’origine du com-
portement ferro ou antiferromagnétique des composés. Ces interactions ont en général une
origine orbitalaire.
Si on considère deux métaux en interaction avec une seule orbitale magnétique simple-
ment occupée, on forme les orbitales adaptées de symétrie σ et σ∗ . Vu que les centres mé-
talliques sont éloignés, la levée de dégénérescence entre ces deux orbitales est faible. Il y a
deux situations pour peupler les différents niveaux :
– (σ)2 : l’interaction d’échange est trop faible par rapport à la stabilisation due à la levée
69
de dégénérescence. Vu que le recouvrement est faible, on considére que l’on a les deux
spins opposés chacun sur un centre métallique. On a alors un comportement antifer-
romagnétique.
– (σ)(σ∗ ) : l’interaction d’échange est supérieure à la stabilisation. Les deux électrons
sont non appariés, chacun sur un centre métallique. On a donc du ferromagnétisme.
C’est la compétition entre l’échange et la stabilisation liée à la levée de dégénérescence
qui va dicter le comportement magnétique du système.
Le super-échange
Pour le super échange, l’interaction entre spin métallique se fait via un ligand pontant.
On parle alors de super-échange. Le ligand pontant est généralement O2 − . Le mécanisme
de super échange peut se comprendre à l’aide des diagrammes orbitalaires suivants :
Pauli Hund
Pauli Pauli
Encore une fois, c’est la compétition entre l’échange et la stabilisation qui va dicter le
comportement. Les distances entre le ligand pontant et les centres métalliques ont alors une
forte importance. Le fait d’avoir un recouvrement nul entre le ligand et un des centre mé-
tallique favorise la situation de ferromagnétisme alors que si le recouvrement est élevé, on
observera de l’antiferromagnétisme.
eh̄
β est le magnéton de bohr il vaut , c’est le quantum de moment magnétique. ge est le
2me
rapport gyromagnétique de l’électron libre, on prend ge = 2, 0023.
Pour un ion d1 , le fondamental est l’état 2 T2g . Après prise en compte du couplage spin-
3
orbite, on trouve que J = est le fondamental.
2
3 λ
E J= =−
2 2
1
E J= =λ
2
λ est un nombre positif. On a ensuite besoin des représentations irréductibles pour asso-
cier les états de J donné à leur représentation irréductible.
On a Γ2 T2g = ΓS=1/2 ⊗ Γ T2 = Γ6 ⊗ Γ5 = Γ7 ⊕ Γ8
L’état J = 3/2 doit avoir une dégénérescence de 4 il correspond donc à Γ8 et l’état J = 1/2
à Γ7 .
En appliquant la théorie des perturbations au deuxième ordre, on obtient le diagramme
suivant :
(1)
(1) 4β2 H 2
Γ7 (2) βH 3λ
(1)
− βH 4β2 H 2
(1) 3λ
E
λ
2T
2g
λ
−
2
(2)
4β2 H 2
Γ8 (4) −
(2) 3λ
(1) (2)
HS.O. HZeeman HZeeman
Figure 8.6 – Évolution énergétique des niveaux après prise en compte des différents
1
hamiltoniens. On remarquera que le barycentre de l’énergie de tous les niveaux reste
conservé.
Il est nécessaire d’aller à l’ordre deux en perturbation pour être en accord avec l’expé-
rience.
Les résultats que l’on vient d’obtenir vont permettre de remonter à la valeur de la sus-
ceptibilité magnétique grâce à la formule de Van Vleck.
(0)
En est l’énergie en l’absence de champ magnétique, c’est l’énergie obtenue après prise
(1) (2)
en compte du couplage spin-orbite. En et En sont les énergies obtenues au premier et
second ordre respectivement par la perturbation due à l’effet Zeeman.
∂En
µn = − −
→ (8.1)
∂H
On obtient le moment magnétique total en pondérant chaque µn par le facteur de Boltz-
mann correspondant :
−
→ − En
N ∑ µn exp
−
→ n kB T
M= (8.2)
− En
∑ exp k B T
n
Lorsque la perturbation Zeeman est faible, on peut faire un développement limité des
exponentielles :
(0)
! (1)
!
− En − En En H
exp = exp 1− (8.3)
kB T kB T kB T
On remplace µn par son expression donnée en 8.1 et les exponentielles par leur dévelop-
pement limité vu en 8.3 dans l’équation 8.2 :
(0)
! (1)
!
− En E H
(1) (2)
N ∑ − En − 2En H exp 1− n
−
→ n kB T kB T
M= (0)
! (1)
! (8.4)
− En E H
∑ exp 1− n
n kB T kB T
−
→
Étant donné que lorsque l’excitation magnétique H tend vers 0 l’aimantation doit être nulle,
on déduit de l’équation 8.4 :
(0)
!
(1) − E n
∑ En exp k B T = 0 (8.5)
n
En réintégrant ce résultat dans 8.4, puis en ne gardant que les termes linéaires en H et en
dérivant par rapport à H on arrive à la formule de Van Vleck :
(1) 2 !
En (2)
(0)
− En
N∑ − 2En exp
−
→ n kB T kB T
dM
χ= −→= (0)
! (8.6)
d H − En
∑ exp kB T
n
72
On applique ensuite cette formule au cas d’un ion d1 en appliquant les résultats vus dans
la figure 8.6. On a noté les différentes énergies pour chacun des micro-états issus du terme
2T
2g
Si le fondamental a un moment orbital nul (état de type A ou E) et que les états excités
sont loin en énergie, on peut remonter directement au nombre d’électrons célibataires. Le
(0)
fait que L soit nul entraîne que le couplage spin orbite est également nul. Tous les En sont
(2)
alors nuls. De plus tous les termes En sont également nuls vu que le couplage spin-orbite
est nul. Concrètement, seul le spin des électrons va contribuer et pas le moment orbital au
magnétisme.
(1)
L’énergie des niveaux perturbés vaut ge βHMS pour chaque valeur de MS . Les En valent
donc ge βS. On introduit ce résultat dans l’équation 8.7.
S
∑ Ms2
Nge2 β2 MS =−S Nge2 β2 S(S + 1)
χ= =
kB T 2S + 1 kB T 3
73
On rappelle que
n
(2n + 1)(n + 1)n
∑ i2 = 6
i =1
C
On retrouve une loi analogue à celle de la loi de Curie en
T
On exprime alors le moment magnétique en fraction de moment magnétique effectif (le
résultat est en magnéton de Bohr)
q
µ = ge S ( S + 1 )
Vu que ge est proche de 2, on peut faire le lien entre le nombre d’électrons célibataires N
et l’aimantation macroscopique. On aboutit à la formule du spin seul.
q
µeff = N ( N + 2)
avec
J ( J + 1) + S ( S + 1) − L ( L + 1)
g = 1+
2J ( J + 1)
En pratique, la formule du spin seul marche même si le fondamental est T.
Dans ce cours, on a vu à quel point les complexes sont au cœur d’une chimie riche. La
compréhension de la structure électronique de ces objets fait appel à des pans théoriques
divers : théorie des groupe, spectroscopie et plus généralement chimie quantique. Cepen-
dant, les applications sont nombreuses : la catalyse, la biologie avec les métallo-enzymes ou
le magnétisme.
Bien que tous les concepts expliqués dans ce cours datent des années 60, ils continuent à
pousser la recherche et sont encore couramment utilisés.
A NNEXES
B=860 cm-1 V(III)
d2 1 1
A1 E 3
A2
80
Annexe A
1
T1
60 3
T1
1 3
S T1
3
40 T2
1
E/B
A1
1
G
20 1
3 E
P 1
1 T2
D
Les diagrammes de Tanabe-Tsugano
3 3
F T1
0 10 20 30 40
Δ/B
78
-1
B= 830 cm-1 Cr(II)
B= 766 cm V(II) 4 B=1140 cm-1 Mn(III)
B=1030 cm-1 Cr(III) T1
d3 2
d4 B=1144 cm-1 Fe(IV)
80 A2 80 3
A2
1
A2
1G
2 60
60 2
D A1 3 1
3
P 5T
2
4 T1
T1 F 1
1 A
F
E/B
3 2
1 A2
4 D
T2 1S 3
40 1G
A1
2
3
E/B
F 2 3D T2
T2
3G 1I
3
3F
1
E
2 3P
2 A1
2P T1 3H
H 2
2 E 20 1
G E
4
P 1 5
T2 E
5
4 4 E
F 5D 3
A2 T1
0 10 20 30 40 0 10 20 30 40
Δ/B Δ/B
B=1058 cm-1 Fe(II)
B= 960 cm-1 Mn(II) B=1065 cm-1 Co(III) 1E
5E
d5 B=~1100 cm-1 Fe(III) d6 3A 1A 3
2 2 A1
80 4 80 1T
A2 2
1A2
2 3E
S 3A
2 2
F 4
E
60
2 4 60
2
G 2
A14E
H 4 A1 1T
2
F
2
E/B
I 5T
4 2 2
D E 1T
40 4 2 2 40 1
P A2 T
1
3T
2
4
G 4
T 3T
1
E/B
6 2
A1
20 4 20
T1
6
2
A1 5T
S 2 2 1A
T2 1
0 10 20 30 40 0 10 20 30 40
79
Δ/B Δ/B
80
E/B
E/B
2
T2 3T
2
40 2 40
2D T1
1A
1
2P
2H 1G
4
20 2G
T1 20 1E
3P
4P 4
T2 1D
4
T1
4F 2 3F 3A
E 2
0 10 20 30 40 0 10 20 30 40
Δ/B Δ/B
Annexe B
Tables de caractère
0
Oh E 8C3 3C2 6C4 6C2 i 8S6 3σh 6S4 6σd
A1g 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 x 2 + y2 + z2
A2g 1 1 1 −1 −1 1 1 1 −1 −1
Eg 2 −1 2 0 0 2 −1 2 0 0 (2z2 − x2 − y2 , x2 − y2 )
T1g 3 0 −1 1 −1 3 0 −1 1 −1 ( R x , R y , R z )
T2g 3 0 −1 −1 1 3 0 −1 −1 1 ( xy, xz, yz)
A1u 1 1 1 1 1 −1 −1 −1 −1 −1
A2u 1 1 1 −1 −1 −1 −1 −1 1 1
Eu 2 −1 2 0 0 −2 1 −2 0 0
T1u 3 0 −1 1 −1 −3 0 1 −1 1 ( Tx , Ty , Tz )
T2u 3 0 −1 −1 1 −3 0 1 1 −1
0
O E 8C3 6C2 6C4 3C2
A1 1 1 1 1 1
A2 1 1 −1 −1 1
E 2 −1 0 0 2
T1 3 0 −1 1 −1
T2 3 0 1 −1 −1
0
4C3 4C32 3C2 3C4 3C43 6C2
0 2 3 0
O E R 4C3 R 4C3 R 3C2 R 3C4 R 3C4 R 6C2 R
A1 Γ1 1 1 1 1 1 1 1 1
A2 Γ2 1 1 1 1 1 −1 −1 −1
E1 Γ3 2 2 −1 −1 2 0 0 0
T1 Γ4 3 3 0 0 −1 1 1 −1
T2 Γ5 3 3 0 0 −1 −1 −1 1
√ √
E2 Γ6 2 −2 1 −1 0 √2 − √2 0 (α, β)
E3 Γ7 2 −2 1 −1 0 − 2 2 0
G Γ8 4 −4 −1 1 0 0 0 0
82
Annexe C
Bibliographie
Généralités
– Chimie inorganique, Huheey, Keiter & Keiter, Éd De Boeck. (546 HUHE)
– Chimie inorganique, Shriver & Atkins, Éd De Boeck. (546 SHRI)
– Quantities, Units and Symbols in Physical Chemistry (3e édition - IUPAC «vert»)
http://www.iupac.org/web/ins/110-2-81
– Nomenclature of Inorganic Chemistry (IUPAC «rouge»)
http://old.iupac.org/publications/books/rbook/Red_Book_2005.pdf
– Tables de caractère (groupe simples et doubles jusqu’à D10h )
https://fedora.phaidra.univie.ac.at/fedora/get/o:104731/bdef:Asset/view
Aspects orbitalaires
(chapitre 2, 3, 5, 6)
– Orbital interaction in chemistry, Albright, Burdett & Whangbo, Éd Wiley. (541.2 ALBR)
Chapitre 6
– Les orbitales moléculaires dans les complexes, Jean, Éd École polytechnique. Chapitre
2 et 3
– Chimie organométallique, Astruc, Éd EDP Sciences. (547.05 ASTR) Les carbènes
Aspects théoriques
(chapitre 4, 7, 8)
– Structure électronique des éléments de transition, Khan, Éd PUF. (546.6 KHA)
– Champ cristallin et luminescence, D. Curie, Éd Gauthier-Villars. Lasers
– The f elements, Kaltsoyannis & Scott OCP no 76 éléments f
– Les Lasers Dangoisse, Hennequin & Zehnlé-Dhaoui, Éd Dunod. Lasers