COURS DIP Conflits de Lois
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COURS DIP Conflits de Lois
Introduction
Le monde est devenu un village. Les individus entretiennent des relations quelle que soit leur
origine, leur position. Et ces individus dont les ordres juridiques diffèrent peuvent être en litige
qui fera l’objet d’un règlement par le biais d’une loi. Laquelle des lois doit est appliquée ? Celle
de l’un ou celle de l’autre. Delà, apparait une incertitude qui trouve sa solution dans les règles
de droit international privé. Le droit international privé est conçu comme l’ensemble des règles
juridiques dont l’objet est de régler les relations internationales entre personnes privées. Plus
généralement c’est la branche du droit qui réglemente les rapports de droit privé qui revêtent
un caractère international. Ce sont dont les rapports privés à connotation international qui sont
saisis par le DIP. Ces rapports sont dits privés car mettent en relations des personnes privées
qui peuvent être soit des personnes physiques soit des personnes morales. Ils sont qualifiés
d’internationaux car contiennent un élément d’extranéité. Ainsi le DIP réglemente par exemple
les mariages conclus entre deux personnes de nationalités différentes, les divorces d’étrangers
dans leurs pays de résidence ou les contrats entre sociétés établies dans des états différents
(contrats internationaux). Il faut donc l’existence d’un élément étranger, extra national. Cet
élément externe, extra national ne résulte pas seulement de la différence de nationalité mais
pais avoir diverses origines. En effet un rapport peut concerner deux personnes de même
nationalité alors que ce dernier a un caractère international. Par exemple un litige survenu à
l’occasion d’un contrat de vente d’un immeuble situé aux Etats Unis entre deux sénégalais, n’en
n’a pas moins un caractère international. En en est de même pour une succession dans laquelle
le défunt et les héritiers sont sénégalais au cas au moment du décès, le défunt était domicilié
hors du Sénégal. Donc les origines sont diverses peuvent être la nationalité, le domicile, le siège
social, le lieu de survenance du délit, lieu de conclusion d’un acte juridique. Ce sont les éléments
de rattachement ou points de rattachement de la situation juridique.
Le droit international privé est à distinguer du droit international public dont l’objet est de régir
les relations ou rapports entre les Etats et organisation c’est-à-dire régir les personnes publiques
ayant une activité internationale (l’Etat, les organisations internationales). Les sujets du droit
international privé sont les personnes privées alors ceux du droit international public sont les
Etats et organisations
Dr. SALL FOSSAR BADARA. COURS DROIT INTERNATIONAL PRIVE : LES CONFLITS DE LOIS. UADB. L3.
SEMESTRE 2-DEPARTEMENT IJ-2020-2021
Deux conceptions sont retenues pour le DIP. Celle dite restrictive ou étroite et celle dite large.
Dans la première c’est-à-dire étroite ou restrictive, le DIP ne s’intéresse qu’aux conflits de loi
et de juridiction. Alors que dans la seconde, c’est-à-dire conception large, le DIP, en plus de
s’intéresser aux conflits de loi et de juridiction, s’occupe des questions relatives à la nationalité
mais aussi à la condition des étrangers.
Ainsi la question qui mérite d’être posée est la suivante : quel est l’objet du DIP. L’objet c’est
ce sur quoi porte le DIP. Retenons que le DIP a traditionnellement pour objet le conflit de loi,
conflit de juridiction, la nationalité et la condition des étrangers. D’abord le conflit de loi
apparait lorsqu’un rapport ou relation juridique peut être rattaché à deux et plusieurs Etat. Ainsi
la question qui se pose est celle de savoir la loi quel Etat est à appliquer. Dans une telle situation
il faut donc désigner laquelle des lois parmi celles susceptibles d’être appliquées va régir la
relation. Pour ce fait on a recours aux règles de conflit de loi. Il y a conflit de loi toutes les fois
qu’une relation ou rapport juridique peut se rattacher à plusieurs pays et qu’il faut choisir entre
les lois de ses différents pays celle qui va régir la situation ou rapport juridique. Les règles de
conflit de loi ne permettent pas de résoudre directement le litige mais tout simplement de
déterminer, la loi de quel ordre appliquer. Elles constituent un moyen par lequel la loi interne
applicable à la relation juridique internationale est désignée. Ensuite, il y a conflit de juridiction
à chaque fois qu’un litige survient dans une relation international (dont qui contient un élément
d’extranéité) entres personnes privées et qu’il faut déterminer la compétence du tribunal
sénégalais ou du tribunal étranger. Les règles de conflit de juridictions permettent de désigner
la juridiction compétence c’est-à-dire celle national ou celle étrangère. En outre, la nationalité
est le lien qui rattache la personne à un Etat. Elle constitue un objet pour deux raisons : d’une
part la nationalité permet de déterminer le caractère international, d’autre part la nationalité sert
de critère de rattachement principal en matière de droit de la famille d’une personne au Sénégal
personne. Les règles relatives à la nationalité sont celles qui fixes les conditions dans lesquelles
la nationalité sénégalaise est attribuée à une personne ou est acquise ou perdue. Enfin, la
condition des étrangers qui porte sur les droits reconnus aux étrangers. C’est la jouissance des
droits. La condition des étrangers ou la jouissance des droits permet de déterminer les droits ou
prérogatives conférés aux étrangers résidant sur le territoire. La condition des étrangers
concerne les droits publics, droits politiques, droits privés La condition des étrangers ou la
jouissance des droits détermines aussi les conditions dans lesquelles les droits et prérogatives
sont exercés.
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Après ces précisions sur l’objet du DIP, intéressons-nous aux sources du DIP. Quelles sont les
sources du DIP. En d’autres termes quels sont les éléments créateurs du DIP ? Il faut distinguer
les éléments créateurs du DIP et ceux qui participent à la création. Donc il faut différencier les
sources directes des sources indirectes. Chaque Etat a son droit international privé ceci étant, le
DIP est interne car les éléments qui le forgent sont d’origine interne. Cependant son érection ne
résulte pas que des sources internes car à coté de ses dernières, il y a les sources internationales.
L’existence des sources internationales ne fait pas du DIP un droit international ; le caractère
international du DIP est fonction de son objet qui est de réglementer les relations, rapports
internationaux des personnes privées
-Les sources nationales : étant donné que chaque Etat a son DIP, il n’est pas étonnant que le
DIP soit fondamentalement constitué de disposition d’origine national ou locale. C’est ce qui
justifie une timide intervention du législateur international pour faire germer les règles qui
s’imposent communément aux Etats. Ces sources nationales sont principalement constituées de
la loi au sens général du terme. Il y a également la jurisprudence et la doctrines comme sources
indirectes car inspirent la création de la loi. S’agissant des lois relatives au DIP, il est à noter
que plusieurs lois sont contenues dans un Code par la codification. A titre d’exemple le Code
de la famille sénégalais contient plusieurs dispositions traitant des questions de DIP à travers
les dispositions allant de l’article 840 à l’article 853. Il y a aussi le Code de procédure civile en
ses article 34, 35, 36, 787 à 794 par exemple qui pose des règles de DIP.
30 septembre 2006 et sont entrés en vigueur le premier janvier 2007. Ainsi la Conférence s’est
efforcée de répondre à l’objectif d’unification en élaborant des réglés de conflit communes sur
la base de traités. Elle élabore des règles de conflit uniformes au moyen de traités.
Cette organisation a permis de réaliser une trentaine de conventions dont une part importante
concerne les règles de conflit de loi notamment celles applicables aux ventes à caractère
international d’objets mobiliers corporels, aux obligations alimentaires, aux accidents de la
circulation routière, à la responsabilité du fait des produits, aux régimes matrimoniaux aux
successions.
En droit sénégalais le constituant subordonne l’application de ces sources internationales à des
conditions. D’après l’article 98 de la constitution sénégalaise « Les traités ou accords
régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des
lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, de son application par l’autre partie »
-La jurisprudence nationale comme internationale joue un rôle fondamental à l’édiction du DIP.
En effet les juridictions inspirent la création d’une norme de DIP mais aussi complète la loi en
comblant le vide ou en précisant le sens et la portée d’une loi du DIP. En France il y a une forte
domination des sources jurisprudentielles.
Dans le cadre de notre cours, compte tenu de l’étendu du DIP dont les domaines traditionnels
sont les conflits de loi, les conflits de juridiction, la condition des étrangers, la question de la
nationalité, nous nous pencherons sur l’étude des conflits de loi.
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Notre domaine étude ainsi fixé c’est-à-dire les conflits de loi, il s’avère important de préciser
le sens en essayant de déterminer la compréhension qu’on doit avoir de ce concept. En effet,
c’est de la précision des conflits de loi dans l’espace dont il s’agit. Dans cette étude sera exclu
le conflit des lois nationales c’est-à-dire qui sont issues de l’œuvre du législateur national et qui
se succèdent les unes des autres. Seul le conflit portant sur des lois qui relèvent d’ordres
juridiques différents nous intéresse. Ceci dit que le conflit de loi a un caractère international
puisqu’il met en face deux ordres juridiques d’Etats différents. Le conflit de loi pose un
problème d’option en présence de lois qui appartiennent à des ordres juridiques différents. Le
conflit de loi a un caractère privé ce qui exclut de son champ certains droits tels : le droit pénal,
le droit administratif ou le droit fiscal.
Il y a conflit de loi lorsque deux ordres juridiques en présence proposent des solutions
différentes relativement à la loi applicable au rapport de droit. Il y a également conflit de loi
lorsque le juge se trouve dans une situation dont il est appelé à appliquer soit la loi étrangère
soit la loi nationale ou locale.
Pour bien appréhender notre sujet d’étude on traitera d’abord les méthodes de solution de conflit
de lois ou les différents types de règles de conflit de lois (chapitre 1), ensuite sera abordée
l’interprétation de la méthode de solution de conflit de loi ou l’interprétation de la règle de
conflit de lois (chapitre 2), enfin la question de la mise en œuvre de la méthode de solution de
conflit de loi ou la mise en œuvre de règle de conflit de loi (chapitre 3)
C’est les différents types de règles de conflit de lois dont il s’agit. La méthode de résolution de
conflit de lois ou la règle de conflit de lois est une règle de droit qui permet de désigner parmi
toutes les lois en présence celle applicable pour la résolution ou solution du litige. La méthode
de solution de conflit de lois ou la règle de conflit de loi a pour rôle de rapprocher un rapport
juridique à un ordre juridique. Elle a de ce fait pour objet d’identifier l’ordre juridique avec
lequel le rapport de droit à les liens les plus significatifs, les plus étroits. Les méthodes de
solution de conflit de lois ou règles de conflit de loi peuvent être classées en deux catégories.
En d’autres termes en présence d’un rapport de droit ou d’une situation juridique faisant naître
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un conflit de lois, diverses méthodes de solution ou résolution peuvent être mises en œuvre afin
de trouve une solution à ce conflit. Dans un premier temps la méthode de la règle de conflit
bilatérale (section 1) sera étudiée et dans un second temps les autres méthodes de la règle de
conflit sera examinée (section 2).
La méthode de la règle de conflit bilatérale ou règle de conflit de lois bilatérale encore qualifiée
de classique est celle qui est composée d’une catégorie de rattachement à laquelle s’ajoute un
critère de rattachement. Il y a une égalité des lois en présence. La loi étrangère a en principe
même vocation à résoudre le litige que la loi nationale. En d’autres termes c’est la règle de
rattachement d’un rapport de droit ou situation juridique à un ordre juridique par le biais de ses
propres catégories de rattachement et de ses critères de rattachement (paragraphe 1). En plus
les catégories et critères notons que la méthode de règle de conflit bilatérale présente des
caractéristiques (paragraphe 2).
Etant donné que la règle de conflit de lois bilatérale est celle qui rattache un rapport de droit à
un ordre juridique, on se demande par quels moyens ce rattachements est réalisé. Ce
rattachement se fait par les catégories retenues par l’ordre juridique en question mais aussi par
ses facteurs ou critères.
Les catégories de rattachement peuvent différer d’un pays à un autre. Elles sont élaborées selon
le sujet de droit (personne), selon l’objet du droit (bien) ou selon la source du rapport de droit
(fait ou acte juridique). Au regard de ce qui précède, le droit sénégalais connait trois grandes
catégories de rattachement. En effet on a le statut personnel (1), le statut réel (2) et le statut des
faits et actes juridiques (3)
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1- Le statut personnel
Quel est le champ, domaine du statut personnel ? quelles sont les questions touchées par le
statut personnel. Le statut personnel repose sur la personne physique. Donc il englobe toutes
les questions relatives à la personne. Donc, entrent dans le champ du statut personnel les
questions qui touchent la personne telles : les questions liées à l’état de la personne, les
questions liées à la capacité, au nom de la personne physique, à sa nationalité. Le champ du
statut personnel ne se limite pas aux questions ci-dessus car englobe également les questions
relatives aux rapports familiaux ou situations familiales. A cet effet, le mariage, le divorce, la
séparation de corps sont autant de questions qui relèvent du statut personnel. En plus, les
régimes matrimoniaux de même que la succession relèvent du statut personnel. Le domaine du
statut personnel ainsi décrit en droit sénégalais est diffèrent de celui de la France qui exclut les
droits patrimoniaux de ce statut donc les régimes matrimoniaux et la question de la succession
pour ne retenir que les questions de droits purement extrapatrimoniaux.
C’est la détermination de catégorie en fonction de l’objet du droit c’est-à-dire ce sur quoi porte
le droit c’est-à-dire un bien. Donc cette catégorie de rattachement est celle qui repose sur le
droit des biens. Elle est donc relative aux droits réels constitués de droits réels principaux
constitués de la propriété et de ses démembrements et aux droits réels accessoires constitués de
l’hypothèque et du gage. Comment acquiert la propriété d’un bien. L’acquisition d’un bien peut
se faire par la possession ou par une convention et par accession mais aussi la succession et la
libéralité qui sont étudiées dans le cadre du cours portant sur la succession et libéralités.
NB : quelques précisions sur les critères de rattachement retenus en DIP sénégalais au regard
du contenu du statut personnel
Selon l’article 843, al.2 pour la forme du mariage, le critère de rattachement est le lieu de la
célébration donc application de la loi du lieu de la célébration. Mais il faut noter que le DIP
sénégalais permet prévoit que le mariage en la forme diplomatique ou consulaire le critère est
le lieu où ressortissent les autorités consulaires ou diplomatiques concernés.
S’agissant des effets extrapatrimoniaux du mariage, l’alinéa 3 de l’article 843 retient comme
critère de rattachement la nationalité des époux s’ils ont la même nationalité (exemple s’ils sont
anglais demandant le divorce devant le juge sénégalais, par application de disposition énoncée
ci-dessus, le facteur de rattachement est la nationalité commune donc il sera fait application de
la loi anglaise. Mais si les époux sont de nationalités différentes, le critère de rattachement est
le domicile commun, donc la loi applicable est celle où les époux ont leur domicile commun.
A défaut de domicile commun, c’est la résidence commune qui sert de critère de rattachement
et en son absence, c’est la loi du juge saisi qui s’applique.
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Pour les effets patrimoniaux du mariage, au regard l’article 846 du code de la famille, la
détermination du critère de rattachement permettant d’aboutir à la loi applicable est identique à
celle des effets extrapatrimoniaux
Relativement à la capacité des personnes et la sanction des incapacités qui peuvent les frapper
sont, d’après l’article 845 du Code de la famille, le critère de rattachement est la nationalité,
application de la loi nationale.
Pour les testaments et les donations selon l’article 848 al. 1 et al.3, le critère de rattachement
quant à la forme, d’après l’article 848 du Code de la famille est le lieu de leur établissement.
Mais si une volonté est expressément exprimée, le critère de rattachement est la volonté de la
partie (en cas testament testateur) ou des parties (en cas de donation donateur et donataire)
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-ensuite bilatérale : étant donné que c’est un problème de choix, d’option entre plusieurs
rattachements possibles qui se pose, la règle de conflit est en principe une règle bilatérale. la
règle bilatérale pose un critère qui permettra de désigner comme applicable la loi du for ou une
loi étrangère déterminée. En effet, la règle de conflit peut donner indifféremment compétence
à l'application d'une loi du for ou d'une autre (loi étrangère). Ainsi la règle étant bilatérale, le
choix peut mener autant à la désignation de la loi du juge saisi (loi for ou local) qu’à la
désignation de la loi étrangère.
-en outre dénudée de nationalisme : ce caractère est la résultante du caractère bilatérale. L’idée
d’appartenance est bannie car le juge saisi n’opère pas à un choix en privilégiant la loi du for,
aucune préférence n’est donnée à la loi du for. la doctrine exclusiviste de la loi étrangère est
remis en cause puisque l’existence d’un ordre juridique interne n’exclut qu’un autre ordre
puisse être retenu pour résoudre le litige. En d’autres termes la loi du for ne bénéficie d’aucun
traitement préférentiel. Aucune différence n’est faite dans le processus de détermination de la
loi applicables. Toutes les lois en présence se valent et sont traitées de la même manière et donc
ont une égale vocation à s’appliquer. La sélection de la loi applicable se fait selon des facteurs
qui présentent les liens les plus étroits indépendamment d’un sentiment d’appartenance d’une
loi pour le juge.
-enfin indirecte et abstraite : indirecte car elle ne permet pas de solutionner le problème, mais
seulement de désigner la loi qui permet de résoudre le litige. Avec la règle de conflit de lois,
seul l’ordre juridique appelé à résoudre le rapport de droit par son droit matériel est identifié.
Elle ne donne pas en soi la solution à appliquer mais plutôt une indication. Donc la règle de
conflit bilatérale oriente en laissant le soin aux lois nationales de régler le litige. S’il en est ainsi
c’est parce qu’elle n’est une règle de fond mais une règle répartitrice des compétences. Elle est
abstraite en ce sens que le juge ne doit pas examiner le contenu des lois en présence. Il fait un
choix abstrait dans la mesure ou il ne fait pas son choix en fonction du résultat attendu de la loi
choisie mais plutôt en fonction de l’espèce.
Des critiques sont adressées à la méthode de solution des conflit bilatérale ou règle de conflit
bilatéral ce qui dénonce ses défauts à coté de qualités. D’abord, une vigueur excessive est notée
dans la mesure ou chaque catégorie de rattachement étant associé à un facteur de rattachement,
le classement dans une catégorie mène automatiquement à la loi applicable sans donner la
possibilité au juge saisi de désigner une autre loi qui lui semblerai plus appropriée au cas
d’espèce ou plus apte à fournir la solution la plus juste. Ainsi le juge donc une solution
mécanique.
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Ensuite elle peut être inadaptée dans certains cas. En fait, parfois la loi désignée n’a que peu re
rapport avec la situation juridique. Le juge n’a pas à déterminer si la règle de conflit bilatérale
qu’il est appelé à appliquer est ou non adaptée au cas qui lui est soumis. C’est le cas par exemple
d’un accident ou le facteur de rattachement est le lieu de la survenance alors que tous les autres
facteurs de rattachement de la situation juridique sont différents de celui du lieu de l’accident.
En outre, la règle de conflit bilatéral est critiquée pour son excès d’internationalisme. En effet
elle place les lois aptes théoriquement à s’appliquer sur un pied d’égalité. Ainsi se pose le risque
de designer une loi étrangère applicable dans un domaine est exclusivement réservée à la loi du
for comme le cas des lois de police.
une compétence législative qu’il n’a pas formulée. L’accepter serait tout bonnement porter
atteinte à la souveraineté de l’Etat et au principe d’égalité des Etats.
Chaque Etat est seul qualifié pour fixer les dentinaires de son propre droit. Le propre de la règle
de droit c’est qu’elle adresse un commandement à des personnes, et donc doit déterminer ses
personnes, en d’autres termes doit déterminer son champ d’application personnel. C’est l’Etat
par son législateur, auteur de la règle qui seule la compétence de déterminer la sphère
d’application. De ce fait applique une règle de droit au-delà les limites prévues constitue une
atteinte à la souveraineté.
Dans le second cas c’est-à-dire l’unilatéralisme nationaliste est fondé sur le principe de la
primauté de l’ordre national sur l’ordre international. Ainsi la loi du for ne saurait être mise sur
le même pied que la loi étrangère. On ne saurait parler d’égalité entre la loi du for et la loi
étrangère. Donc la question qui se pose est de savoir si la loi du for n’est applicable au litige en
cause. Et c’est au cas où la loi du for ne s’est pas donnée compétence pour trancher le litige que
le juge va faire appel aux lois étrangères en présence qui connaissent des facteurs de
rattachement ou points de rattachement pour savoir laquelle se veut applicable.
Cette méthode unilatéraliste a fait l’objet de critiques ses justifications. En effet théoriquement
l’approche unilatéraliste est erronée car elle occulte que le droit international privé régit par
définitions les rapports de droit privé et non public. En plus décider le l’application de la loi
étrangère ne porte pas atteinte à la souveraineté étatique. Aussi, compte tenu de la permanence
de la règle de droit, elle a vocation à s’appliquer donc le temps et l’espace ne peuvent constituer
des limites.
Des imperfections peuvent être décelées dans la pratique. D’abord, le problème de cumul qui
se présente lorsque plusieurs lois étrangères se veulent applicables simultanément à une
situation juridique. Comment donc en l’espèce choisir la loi du for applicable sans utiliser un
facteur de rattachement du for. ensuite se pose un problème de la lacune lorsqu’aucune loi
étrangère ne se déclare applicable. Et en présence de ce cas-ci le juge applique la loi étrangère.
d’une telle loi, cette dernière sera appliquée indépendamment du caractère interne ou
international du litige en présence.
Trois points retiendront notre attention pour cerner ces lois de police. Il s’agit d’abord du
domaine, ensuite de leur indentification et enfin de leur application.
juridique du for, considéré par lui comme fondamentale pour la conservation des structures
politiques, économiques et sociales, accompagnée d’une règle d’applicabilité spatiale
particulière de nature unilatérale, dérogeant à la méthode de conflit classique dite bilatérale.
Donc les lois qui protègent les intérêts politiques, économiques et sociaux si importants doivent
nécessairement s’appliquer abstraction faite de la loi normalement applicable. C’est dans ce
sens que Francescakis définit les lois de police comme des lois « dont l’observation est
nécessaire pour la sauvegarde de l’organisation politique, sociale et économique du pays ».
Notons ce dernier critère emporte l’adhésion de la majorité de la doctrine.
Il est à noter que lois ordinaires de conflit peuvent permettre les nationaux d’échapper aux
obligations posées par le législateur national, ce dernier peut les maintenir sous l’empire de ces
obligations émanant de lui. A titre d’exemple, certains pays font de la forme religieuse du
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mariage une règle que les ressortissants sont tenus de respecter même s’ils se marient à
l’étrangers.
-application de la loi de police étrangère : aujourd’hui, il est admis que le juge du for peut
appliquer la loi de police étrangère. Le problème d’application de la loi étrangère se pose dans
deux hypothèses :
La première concerne celle dans laquelle la loi de police qui se veut compétente émane de l’Etat
dont la loi est désignée comme applicable par le jeu normal de la règle de conflit . En d’autres
termes c’est l’hypothèse dans laquelle une loi de police étrangère est désignée par le jeu normale
de la réglé de conflit de loi du for. Dans ce cas, la question de savoir si le juge doit tenir compte
de l’existence de la loi de police étrangère n’a plus d’objet car son application ne pose pas de
difficulté particulière puisqu’elle s’applique en vertu de la règle de conflit du for qui retient
l’application du droit étranger et dans son ensemble celles de police y compris.
La deuxième hypothèse concerne celle dans laquelle la loi de police étrangère est en
concurrence avec une loi normalement applicable émanant d’un ordre juridique différent. Donc,
il y a problème de concurrence de deux lois l’une de police étrangère l’autre normalement
applicable par le jeu des conflits de lois qui émanent de deux Etats qui se pose au juge du for.
en présence d’une telle situation la pose les questions suivantes : le juge du for doit il respecter
sa règle de conflit et donc faire application de la loi que cette dernière désigne ? En d’autres
termes, faut-il ignorer la qualité de loi de police étrangère et recourir à la méthode de la règle
de conflit et appliquer la loi normalement désignée par la méthode ?
La seconde question qui se pose est de savoir si le juge du for doit prendre en compte la qualité
de la loi de police étrangère pour sauvegarder les intérêts politiques, économiques et sociaux
de son auteur. Autrement dit de manière plus simpliste, faut-il appliquer la loi de police
étrangère. Pour répondre à ces questions il faut raisonner selon que la loi de police étrangère
est administrative (et elle l’est lorsqu’elle nécessite l’intervention d’une autorité étatique) ou
pas. Dans le cas où la loi de police étrangère est qualifiée d’administrative, le juge du for n’a
pas à les appliquer. Dans les autres cas où seul le critère finaliste permet d’identifier la loi de
police. La Convention de Rome du 19 juin 1980 sur la loi applicable aux obligations
contractuelles. L’article 7 de la Convention de Rome dispose que : « lors de l’application, en
vertu de la présente Convention, de la loi d’un pays déterminé, il pourra être donné effet aux
dispositions impératives de la loi d’un autre pays avec lequel la situation présente un lien étroit,
si et dans la mesure où, selon le droit de ce pays, ces dispositions sont applicables quelle que
soit la loi régissant le contrat ». L’article 7 de la Convention de Rome fait de l’application par
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le juge du for de la loi de police étrangère une faculté donc une possibilité laquelle est attestée
par l’expression « il pourra être donné effet … ».
Pour bien rattacher une situation juridique, il est nécessaire de faire une bonne qualification.
Pour déterminer laquelle des règles de conflit de lois est à appliquer à la situation, il est impératif
de fixer la catégorie à laquelle cette dernière doit être rattachée. C’est de l’opération de
qualification dont il s’agit. Qualifier une situation c’est ranger une question de droit dans une
catégorie. La qualification n’est pas en soit un problème mais plus tôt le conflit de qualification.
Un problème se pose lorsque deux systèmes ou ordres juridiques en présence retiennent des
qualifications différentes pour une même question (situation) juridique. C’est la question de
conflit de qualification (Section 1). Il est à noter que le rattachement prévu par la règle de
conflit permet de désigner l’ordre juridique dont sa loi doit être appliquée. En effet, le
rattachement consiste à rattacher un litige à un ordre juridique. Lorsque l’ordre juridique
désigné prévoit un rattachement différent pour une même catégorie se pose un problème de
conflit de rattachement. En d’autres termes chaque ordre juridique attribue la compétence à
l’autre c’est-à-dire aucun ordre ne se veut compétent. Dans ce cas le conflit est dit négatif qui
pose le problème de renvoi (Section 2). Il est à noter également que la règle peut être modifiée
entre la constitution de la situation juridique et son appréciation en justice ou que l’élément de
rattachement peut dans le temps changer car il y a une évolution de cet élément. Donc le
déplacement de l’élément de rattachement peut poser des problèmes de conflit de loi dans le
temps (Section 3).
désignation de la loi applicable. Ainsi des questions dont le juge doit se poser sont telles : la
question de droit porte-t-elle sur une condition de fond ou sur une condition de forme ? La
capacité d’un contractant relève-t-elle du statut personnel ou du statut des faits et actes plus
précisément des actes tel le contrat ? le rapport de droit relève-t-il de la succession ou des
régimes matrimoniaux ? En d’autres termes, le juge appelé à déterminer la loi applicable à
l’institution en cause doit nécessairement placer cette dernière dans l’une ou l’autre catégorie
existantes.
La qualification n’est pas propre au droit international privée car cette pratique est déclenchée
à chaque fois que celui qui est charger de règle une question de droit est saisi. Toutes les
branches du droit la connaissent. C’est la question de conflit de qualification qui est pertinente
dans le cadre de notre étude. Quand est-ce qu’il y a conflit de qualification ? Il y a conflit de
qualification dès que le classement d’une question de droit dans une catégorie juridique retenu
par un ordre juridique du juge saisi, est diffèrent de celui retenu par l’ordre juridique du juge
étranger qui a des points de contacts les plus étroits pour la même question. Donc lorsque la
qualification lege fori et la qualification lege causae ne sont pas identiques, il y a conflit de
qualification. Cependant si les ordres juridiques en présence posent des qualifications analogues
aucune difficulté particulière ne sera notée car le conflit est dit positif.
Ainsi la question principale qui se pose en cas de conflit de qualification est la suivant : la
qualification du rapport de droit doit-elle se faire par référence aux concepts de l’ordre juridique
du juge saisi ou aux concepts de l’ordre juridique étranger en conflit avec le premier.
constituait-il un droit de succession et doit donc être classé dans la catégorie de rattachement
succession.
C’est la qualification par le classement dans une catégorie qui détermine la loi applicable.
Si maintenant la quarte de conjoint est classée dans la catégorie des régime matrimoniaux c’est
la loi du premier domicile matrimonial qui s’applique c’est-à-dire maltaise
Si au contraire la quarte de conjoint est classée dans la catégorie succession, c’est la loi où se
situe l’immeuble qui s’applique donc la loi française qui s’applique sauf à signaler que à cette
époque cette dernière ne connaissait pas ce droit
Ensuite le second a trait au mariage civil en France d’un Grec orthodoxe. Il s’agit de
l’affaire Caraslanie de la 1ère chambre civile de la cour de cassation du 27 juin 1955. En
l’espèce, le mariage entre un Grec Orthodoxe et une française avait été célébré sur le territoire
français et selon les formes requises par le droit français c’est-à-dire devant l’officier d’état
civil alors que la loi grecque exigeait une célébration religieuse. Pour le mari, le mariage était
nul car non célébrée par un prêtre orthodoxe. Pour se prononcer sur la validité du mariage, là
encore il faudra passer d’abord par la qualification. Ceci étant il faut d’abord déterminer si la
célébration du mariage civil comme religieux était une question de forme ou une question de
fond.
S’il est considéré comme une question de forme on applique la loi du lieu de la célébration c’est-
à-dire la lex loci celebrationis, la loi française, le mariage est valable
S’il est considéré comme une question de fond les lois nationales de chaque époux est
applicables respectivement à chacun d’eux c’est-à-dire on fait une application distributive des
lois nationales, pour la loi grecque, le mariage est nul.
L’application de la loi dépend de la qualification retenue toujours
Si le juge considère le caractère holographe du testament comme une question de forme (comme
en droit français), c’est la loi du lieu de rédaction du testament donc la loi française en vertu de
la règle locus regi actum.
Dans les trois cas étudiés il y a conflit de qualification car chaque ordre retient une qualification
différence de l’autre. Il y a impasse dans cette situation et pour en sortir la question suivante
doit être posée : suivant quelle loi la qualification doit être donné ? A quelle loi doit-on
demander la catégorie à laquelle appartient le rapport de droit ? En d’autres termes lorsque les
ordres juridiques (lois) adoptent des qualifications différentes, sur quel ordre (loi) doit on
qualifier l’objet du litige ? d’où la nécessité de résoudre le conflit né de la qualification
A- La qualification par référence à la lex fori (la qualification selon la loi du for)
La qualification lex fori est celle qui voudrai que chaque juge national fasse une qualification
en fonction de sa loi nationale. C’est le principe de la qualification selon la loi du juge saisi. Par
cette qualification sélectionne parmi les règles de conflit du for celle qui permet de désigner la
loi applicable. Donc pour le juge saisi, le règlement du conflit de qualification dépend de primo
de la règle de conflit de lois interne, laquelle règle ne peut être interprétée que sur la base des
définitions que le droit international privé du juge saisi donc national prend en considérations.
Donc la qualification lex fori consiste à interpréter la règle de conflit de loi du for. En effet
interpréter une disposition revient à donner un sens à cette dernière et cela ne peut se faire
efficacement que si cette interprétation est faite dans le contexte de la disposition à interpréter.
La qualification doit être faite selon les concepts du droit national du juge saisi. On confère la
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latitude à celui qui édicte la règle de l’interpréter. Il appartient donc à l’auteur de la règle de
conflit de loi de l’interpréter. C’est la volonté de l’auteur de la règle de conflit qui est recherché
par le juge saisi. Ceci étant le juge saisi doit mener l’opération de qualification en se fondant
sur son propre loi, lex fori. Donc il faut prendre à priori en considération la règle interne du
conflit de loi avec le sens que lui attribut son auteur (législateur national dit local) . En droit
français la consécration de la qualification selon la loi du for est faite l’ occasion de l’affaire
Caraslanis de la cour de cassation française en date du 22 juin 1955 où le juge a retenu que le
conflit de qualification doit être tranché « par le juge français suivant les conceptions du
droit français »
B- La qualification par référence à la lex causae (la qualification selon la loi étrangère)
La qualification lex causae est celle qui voudrai que juge saisi fasse une qualification en
fonction de la loi étrangère. Il appartient au droit étranger de régir le rapport de droit, de le
qualifier. C’est en fonction des concepts de la loi étrangère que le juge saisi donne une
qualification et non selon ceux de son propre droit. Il apparait pertinent de faire appel au droit
étranger pour faire une qualification lorsque le droit du for ne connait pas l’institution ou le
rapport de droit à analyser. Dans le cadre de l’affaire Bartholo car le droit français ne
connaissant pas l’institution en cause à savoir la quarte du conjoint pauvre. Cependant si
l’institution ou le rapport de droit est connu, il n’y a pas de raison à qualifier au regard de la loi
étrangère.
A titre d’exemple de Convention qui pose des concepts à portée universelle est le Convention
de la Haye du 5 octobre 1951 sur les conflits de lois en matière de forme testamentaire. L’article
5 de cette convention dispose que : « Aux fins de la présente Convention, les prescriptions
limitant les formes de dispositions testamentaires admises et se rattachant à l’âge, à la
nationalité ou à d’autres qualités personnelles du testateur, sont considérées comme appartenant
au domaine de la forme. Il en est de même des qualités que doivent posséder les témoins requis
pour la validité d’une disposition testamentaire ». Ainsi par référence aux concepts universels
dégagés par l’article 5 la question du conflit de qualification soulevée par le testament
hollandais trouve sa solution, son règlement.
Malgré les avantages de la qualification par référence aux concepts universels, il est à noter des
difficultés de conflit resurgissent toutes les fois que cette dernière n’existe pas. On revient donc
au problème de base : quelle référence pour qualifier à l’absence de celle faite par référence aux
concepts universels.
Section 2 : Le renvoi
Il y a renvoi s’il y a un conflit négatif. Le problème de renvoi n’existe qu’avec la règle de
conflit bilatérale puisqu’il suppose une règle de conflit du for qui désigne la loi étrangère et que
cette dernière se déclare incompétente à son tour et, renvoie la compétence à la loi du for ou à
celle d’un tiers pays. S’agissant de la méthode de règlement de conflit de lois unilatérale, ce
problème de renvoi ne se pose pas puisque la loi du for ne désigne que sa compétence
législative. Le problème ne se pose pas également si le conflit est positif. Il y a conflit positif
lorsque la mise en œuvre de chacune des règles de conflit de lois en présence conduit à
l’application de la loi du pays dont émane la loi. Dans ce cas chaque règle de conflit donne
compétence à sa propre loi. Par contre il y a conflit négatif lorsque la mise en œuvre de chacune
des règles de conflit de loi en présence conduit à l’application c’est à dire à la compétence de
loi autre que la loi du pays dont émane la loi. On est dans le cas du renvoi de loi.
Mais le renvoi peut porter sur la qualification. Cette situation se présente lorsqu’une même
question de droit est rangée dans une catégorie différente dans le pays du for et dans celui
étranger. Chaque pays soumet un même rapport juridique un rattachement différent ce qui
conduit à une qualification différente. Le renvoi peut porter sur la loi du for mais aussi sur une
loi tierce (Paragraphe 1). Notons que le renvoi n’est pas toujours appliqué donc est limité
(paragraphe 2).
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ce cas la loi applicable au contrat appelée lex contractus est désignée au regard de critères
objectifs par la méthode de la localisation objective. Donc le juge saisi doit chercher parmi
les ordres juridiques en présence lequel le contrat entretient des liens les plus significatifs, les
plus étroits. On se base sur le centre de gravité du rapport de droit objet du litige pour déterminer
la loi applicable.
-ensuite, le principe de la non rétroactivité de la loi nouvelle est retenu pour les questions
relatives aux effets épuisés et celles relatives aux conditions de validité des situations juridiques
nées sous l’empire de la loi ancienne laquelle loi s’applique ;
-enfin, le principe de la survie de la loi ancienne en matière contractuelle est retenu pour les
questions relatives aux contrats conclus avant l’entrée en vigueur de la règle de conflit de loi
nouvelle, il y a maintien sous l’empire de la règle de conflit de lois ancienne
Ces principes généraux de droit transitoire énoncés ci-haut ne sont pas appliqués lorsque le
l’auteur de la règle nouvelle prévoit expressément une disposition transitoire spéciale et dans
ce cas la tâche du juge est simplifiée car il ne fait que suivre les indications du l’auteur c’est-à-
dire du législateur
ne peuvent être remis en cause), ensuite les effets prochains de la situation ( effets futures et
conditions d’extinction) à compter du nouveau élément de rattache sont soumis à la loi désignée
par le nouveau élément (application de la loi nouvelle donc application immédiate), enfin pour
les contrats pour la sécurité des droits acquis ils sont soumis à la loi que l’ancien élément de
rattachement c’est-à-dire l’élément de rattachement au moment de la conclusion ( la survie de
la loi ancienne).
Cette thèse bien que retenue par la doctrine majoritaire se heurte également à deux reproches.
D’abord les lois en conflit désignées l’une par l’ancien rattachement et l’autre par le nouveau
rattachement ne sont pas du même législateur car proviennent d’ordre juridiques différents. Ce
qui fait du conflit mobile plus qu’un conflit dans l’espace que dans le temps. Ensuite, les lois
en concurrence désignées l’une par l’ancien rattachement et l’autre par le nouveau rattachement
ne se succèdent pas mais sont toutes deux en vigueur dans deux espaces
Ainsi, est née une troisième thèse selon laquelle le choix du moment de rattachement doit être
déterminé en fonction des objectifs poursuivis par chaque règle de conflit. Donc c’est par la
solution la plus conforme aux objectifs visés que le conflit est réglé. En d’autres termes le choix
est opéré en faveur de la loi qui donne le résultat voulu au regard des objectifs visés.
Par contre le juge dans l’affaire Rebouh du 11 octobre 1988 considère que la règle de conflit de
loi est une loi que le juge a l’obligation d’appliquer. Cette décision est confirmée dans l’affaire
et Schule du 18 octobre de la même année.
Dans l’affaire Covéco du 4 décembre 1990, le juge pour apprécier de l’application obligatoire
de la règle de conflit de loi raisonne en fonction de la matière. Pour ce dernier, il y a application
obligatoire de la règle de conflit de loi toutes les fois que la matière en question est soumise à
une convention internationale et aussi si la matière est indisponible. Et en dehors de ses cas
l’application est facultative.
Dans l’affaire Mutuelles du Mans du 26 mai 1999, la détermination du caractère obligatoire est
dépendante de la distinction entre droits disponibles et droits indisponibles. En présence des
premières l’application est facultative alors que pour les dernières elle est obligatoire
B- La question du choix par les parties d’une loi autre que celle désignée
La question qui se pose est la suivante : les parties peuvent-elles écarter la loi désignée par la
règle de conflit de loi au profit d’une autre loi ? La jurisprudence répond par l’affirmative mais
pose trois conditions qui sont : d’abord, il faut l’accord commun des parties, ensuite, les droits
en question doivent être qualifiés de disponibles, enfin, il faut que la désignée soit celle du for.
Dans l’affaire Roho du 19 avril 1988, selon le juge « pour les droits dont les parties ont la libre
disposition, celles-ci peuvent demander l'application d'une loi différente de celle désignée par
une convention internationale ». Cette démarche est suivie par le juge dans l’affaire l’arrêt
Société Hannover international /Baranger du 6 mai 1997 en affirmant que « pour les droits dont
elles ont la libre disposition, les parties peuvent s’accorder sur l’application de la loi française
du for malgré l’existence d’une convention internationale ou d’une clause contractuelle
désignant la loi compétente ».
Section 2 : La preuve et l’interprétation de la loi étrangère désignée par la règle de conflit
de loi
La preuve du contenu de la loi étrangère désignée par la règle de conflit de loi doit être prouvée
en plus, cette loi doit être interprétée.
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Par quels moyens le contenu de la loi étrangère est prouvé ? Quels sont les moyens de preuve
du contenu de la loi étrangère ? Etant donné que la loi étrangère est considérée comme un
élément de fait et non de droit donc la preuve de son contenu peut être apportée par tous moyens.
C’est la liberté de preuve en la matière laquelle liberté est posée par l’article 850 al. 1 du code
de la famille qui dispose que : « Le contenu de la loi étrangère est établi ……, par tous
moyens ». Dans la pratique l’administration de la preuve de la teneur de la loi étrangère
désignée est faite par le biais des certificats de coutumes. Ces derniers ne sont rien d’autre que
des attestations émanant sur demande du débiteur de la preuve ou du juge des autorités
consulaires ou diplomatiques ou des praticiens du droit dont le droit national est désigné comme
applicable parle règle de conflit de loi. Pour l’appréciation de ces certificats de coutumes, le
juge garde sa souveraineté car n’est aucunement lié par ces derniers.
juges du fond vérifient le sens et la portée des lois étrangères ». Donc les juges du fonds ont un
pouvoir souverain d’interprétation de la loi étrangère en partant des documents mis à sa
disposition tels les certificats de coutumes. Les juges du fond peuvent aussi pour la
connaissance de la loi étrangère et son appréciation se fier aux interprétations contenues dans
les certificats de coutume mais ont la latitude d’apprécier la qualité et la fiabilité de ces
interprétations. Pour son interprétation les juges du fonds ont reours aux textes de l’ordre
concerné, aux coutumes mais aussi à la jurisprudence. Lorsque la décision du juge du fond fait
l’objet d’un recours devant le juge de cassation (cours suprême au Sénégal), ce dernier en tant
que juge de droit ne peut contrôler la matérialité des faits.
Au regard des dispositions de l’article 851 du code de famille, lorsque la loi étrangère désignée
se heurte à l’ordre public sénégalais, il est fait application à la loi sénégalise par application de
l’exception d’ordre public. Le législateur exprime cette idée comme suit : « La loi sénégalaise
se substitue à la loi étrangère désignée comme compétente lorsque l’ordre public sénégalais est
en jeu ».
Les droits acquis à l’étranger par violation de l’offre public sénégalais ne profitent au
bénéficiaire car ne peut avoir effet au Sénégal (art.851 al.2 Code de la famille)