Politique Foncière
Politique Foncière
Politique Foncière
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JANVIER 2017
SOMMAIRE
INTRODUCTION......................................................................................................... 1
I. ETAT DES LIEUX DE LA SECURISATION DU DOMAINE FONCIER RURAL ... 3
1.1. Existence d’un cadre juridique ..................................................................................... 3
1.2. Existence d’un cadre institutionnel ............................................................................... 6
1.3. Faible niveau de sécurisation des terres ..................................................................... 8
1.4. Faible niveau d’adhésion des populations au processus de sécurisation ................... 8
1.5. Coût élevé et complexité des opérations ..................................................................... 8
1.6. Pesanteurs socioculturelles ......................................................................................... 8
1.7. Pesanteurs liées à l’environnement socio-politique ..................................................... 9
1.8. Récurrence des conflits fonciers .................................................................................. 9
1.9. Fragilisation de la cohésion sociale ............................................................................. 9
1.10. Apparition de nouveaux types de conflits fonciers ..................................................... 9
1.11. Faiblesse du niveau de financement des investissements ...................................... 10
1.12. Engorgement des structures en charge du règlement des litiges fonciers .............. 10
1.13. Insuffisance de la mise en place de l’infrastructure géodésique ............................. 10
II. CADRE DES POLITIQUES DE REFERENCE .................................................. 11
2.1. La Constitution Ivoirienne ........................................................................................... 11
2.2. La loi n° 2015-537 du 20 juillet 2015 d’orientation agricole de Côte d’Ivoire ............. 11
2.3. Le Plan National de Développement (PND) ............................................................. 11
2.4. Le Programme National d’Investissement Agricole (PNIA) ....................................... 12
2.5. Les Directives de la FAO .......................................................................................... 12
2.6. Les Principes pour un investissement responsable dans l’agriculture et les systèmes alimentaires
........................................................................................................................................... 13
2.7. Les Cadre et lignes directrices sur les politiques foncières en Afrique ..................... 14
2.8. Politique agricole et directives de L’UEMOA ............................................................ 15
III. VISION, OBJECTIFS ET PRINCIPES DIRECTEURS ...................................... 16
3.1. Vision .......................................................................................................................... 16
3.2. Objectifs ..................................................................................................................... 16
3.3. Principes directeurs ................................................................................................... 17
IV. ORIENTATIONS STRATEGIQUES ................................................................. 19
4.1 Rénovation des outils de gouvernance du domaine foncier rural ............................... 19
4.2. Rationalisation des opérations techniques de délimitation, d’enregistrement et de délivrance des actes
fonciers .............................................................................................................................. 22
4.3. Intensification des campagnes de sensibilisation, d’information, de formation et de communication
........................................................................................................................................... 23
4.4. Mise en place d’un mécanisme adéquat de financement .......................................... 24
4.5. Mettre en place un mécanisme d’incitation à la sécurisation foncière rurale ............ 24
V. MISE EN ŒUVRE DE LA POLITIQUE FONCIERE RURALE........................... 25
5.1 Chronogramme et phasage de la mise en œuvre de la politique foncière rurale ....... 25
5.2. Elaboration d’un document de stratégie de mise en œuvre de la politique foncière rurale 25
5.3. Elaboration d’un Programme National de Sécurisation du foncier rural (PNSFR) .... 25
Contexte et justification
La situation du foncier rural en Côte d’Ivoire, avant 1998, a été marquée par l’absence d’un
cadre juridique adéquat. En effet, le pays ne disposait, en la matière, que de textes épars,
hérités pour l’essentiel de la colonisation. Les parcelles de terre rurales étaient, pour la
plupart, régies par le droit coutumier. Les droits qui y étaient exercés étaient considérés
comme de simples droits d’usage du sol, incessibles. Cependant, dans la pratique, les
détenteurs desdits droits les ont cédés ou loués à d’autres personnes. Cela a eu pour
conséquences, entre autres, l’instabilité des exploitations et la précarité des occupations, les
exploitants ne bénéficiant que d’une faible garantie pour leurs investissements.
Dans le but de remédier à cette situation foncière confuse, où la prolifération des transactions
foncières illégales tolérées par l’Etat était génératrice de conflits nombreux et violents, le
législateur ivoirien a adopté la loi 98-750 du 23 décembre 1998 relative au domaine foncier
rural. Ce texte de loi est malheureusement confronté, dans son application, à de nombreuses
contraintes, dont les crises sociopolitiques à répétition, le manque de moyens humains,
matériels et financiers, la complexité des procédures et le coût élevé des opérations de
sécurisation, qui entravent sa mise en œuvre. Les amendements successifs et les autres
dispositions prises n’ont pas permis de surmonter ces difficultés. La loi reste encore
largement méconnue.
Eléments de définition
Par « Politique de Sécurisation Foncière Rurale », il faut entendre l’orientation donnée à
l’action publique dans le domaine de la gestion des terres rurales. Dans cette politique, l’Etat
opère des choix informés et cohérents en matière de sécurisation des acteurs ruraux en vue
de garantir la paix et la cohésion sociales.
Le « domaine foncier rural » est un patrimoine national auquel toute personne physique ou
morale peut accéder dans les conditions définies par la loi. Il comprend l’ensemble des terres
autres que celles des domaines public, forestier classé, urbain et des zones d’aménagement
différé officiellement constituées.
Contenu de la Déclaration
Le document de Déclaration de la politique de sécurisation foncière rurale s’articule autour de
cinq (5) grands points, à savoir :
i. état des lieux de la sécurisation du domaine foncier rural ;
ii. cadre de politique de référence ;
iii. vision, objectifs et principes directeurs ;
iv. orientations stratégiques ;
v. mise en œuvre de la politique.
Le cadre juridique est constitué par la Constitution ivoirienne, mais aussi par la loi n°98-750
du 23 décembre 1998 relative au domaine foncier rural, modifiée par les lois n° 2004-412 du
14 août 2004 portant amendement de la loi de 1998 et n° 2013-655 du 13 septembre 2013
relative au délai accordé pour la constatation des droits coutumiers sur les terres du domaine
coutumier et portant modification de l'article 6 de la loi n° 98-750 du 23 décembre 1998
relative au Domaine Foncier Rural. Une série de textes d’application précise les règles et les
principes relatifs à l’occupation et à l’exploitation de la terre dans le domaine foncier rural.
La loi n° 98-750 du 23 décembre 1998 relative au Domaine Foncier Rural est l’instrument
juridique de la politique foncière rurale de la Côte d'Ivoire. Elle est un cadre précis pour le
règlement et la prévention des conflits fonciers. Elle vise à :
clarifier les droits fonciers ruraux ;
sécuriser les investissements dans le domaine foncier rural ;
instaurer la sécurité de la propriété foncière rurale ;
stabiliser et moderniser les exploitations ;
encourager l’accès au droit moderne plus sécurisant ;
donner une valeur marchande au bien foncier rural.
Elle comporte comme principale innovation, l’instauration du certificat foncier qui constitue la
preuve de la reconnaissance et la formalisation des droits fonciers coutumiers. Dans le cadre
de sa mise en œuvre, un décret a été pris pour définir la procédure de délimitation des
territoires des villages, en vue de faciliter la délivrance des certificats fonciers.
Pour assurer l’application de la loi de 1998, quatre (4) décrets et quinze (15) arrêtés ont été
adoptés par le Gouvernement. Les textes juridiques relatifs au Domaine Foncier Rural
protègent les détenteurs de droits coutumiers, les occupants de bonne foi et les
concessionnaires provisoires de terres de l’Etat, ces derniers pouvant consolider leurs droits
dans les conditions fixées par la loi.
Dans le but d’améliorer le cadre institutionnel, le Gouvernement a pris le décret n° 2016-590
du 03 août 2016 portant création, attributions, organisation et fonctionnement de l’Agence
Foncière Rurale dénommée AFOR.
La loi de 1998 interagit avec un ensemble de textes juridiques ayant des implications dans la
gestion du domaine foncier rural. Il s’agit entre autres :
de la loi n°64-0380 du 07 octobre 1964, relative aux donations entre vifs et aux
testaments
La donation qui a pour objet le patrimoine foncier, s’opère légalement conformément aux
dispositions de la loi n° 64-0380 du 07 octobre 1964, relative aux donations, entre vifs et
aux testaments.
du Code pénal
Le règlement de certains conflits fonciers nécessite le recours à des mesures d'ordre
public, voire l'application du Code pénal. En effet, certaines contestations peuvent
dégénérer en violences. De même des transactions foncières frauduleuses peuvent
nécessiter des poursuites judiciaires.
du code civil
Les dispositions du code civil des biens et des obligations, précisément les articles 552 et
suivants de la section première relative aux droits d’accession aux choses immobilières,
précisent les droits dont un individu peut se prévaloir en matière foncière.
L’occupant du sol étant la personne physique ou morale qui a mis en valeur une parcelle
du sol et l’occupant légitime du sol, celle qui a obtenu auprès de l'Administration,
l'autorisation d'occuper une parcelle du sol ou celui qui, par usage depuis des générations,
occupe une parcelle du sol.
Les sols doivent être affectés à des usages conformes à leur vocation. L’article 12 soumet
à une autorisation préalable la réalisation de tout projet d’aménagement et d’affectation du
sol à des fins agricoles, industrielles ou urbaines, tout projet de recherche ou d’exploitation
des matières premières du sous-sol.
du droit pastoral
Le droit pastoral est régi par plusieurs textes juridiques notamment :
- le décret 98-70 du 13 février 1998 fixant les règles générales d’installation des
exploitants d’élevage dans le domaine foncier rural notamment ;
- le décret n° 96-433 du 03 juin 1996 relatif au règlement des différends entre les
agriculteurs. Ce décret porte sur la mise en place de commissions à divers niveaux
(villageois, sous-préfectoral et préfectoral), pour le règlement à l’amiable des
différends opposant un éleveur et un agriculteur au sujet d’un dégât causé aux
cultures ou d’un préjudice subi par un ou plusieurs animaux ;
- le décret 96-431 du 03 juin 1996 portant réglementation du pâturage et des
déplacements du bétail qui interdit notamment le pacage et le passage des animaux
sur les terrains portant des cultures et prévoit la délimitation des pistes pastorales et
des zones pastorales dans lesquelles les cultures sont soit interdites soit autorisées
à l’intérieur de parcelles clôturées.
Certaines des dispositions de la loi qui régit la gestion du domaine foncier en Côte d’Ivoire
depuis 1998, n’épousent pas son esprit. D’autres dispositions légales se contredisent et
entrent en conflit dans l’application effective de la loi relative au domaine foncier rural.
Ainsi, la nature transitoire ou non du certificat foncier prête à équivoque. La loi reconnaissant
les droits coutumiers cédés à des tiers, sans aucune distinction, le certificat foncier qui
constate ces droits coutumiers, est susceptible d’être délivré à toute personne, éligible ou non
à la propriété des terres rurales, pourvu qu’elle soit détentrice de droits coutumiers.
Or, l’article 4 de la loi tend à en faire un titre de propriété lorsqu’il énonce que « la propriété
d’une terre du Domaine Foncier Rural est établie à partir de l’immatriculation de cette terre au
Registre Foncier ouvert à cet effet par l’Administration et en ce qui concerne les terres du
domaine coutumier par le Certificat Foncier ». Quant à l’article 17 de la loi, il prescrit
l’incessibilité du Certificat Foncier à toute personne non susceptible d’accéder à la propriété
des terres rurales.
En outre, des contradictions subsistent entre le décret du 26 juillet 1932 portant réorganisation
du régime de la propriété foncière en Afrique occidentale française et les décrets d’application
de la loi concernant la procédure d’immatriculation. Cette situation est source de lourdeurs
et de blocages. Elle contribue également à accroitre le coût des procédures de sécurisation
foncière.
Il est à noter également que la délimitation floue du domaine foncier rural est de nature à
engendrer des conflits de compétence entre le Ministère en charge de l’Agriculture et les
autres Ministères gestionnaires des domaines concurrents.
La thématique foncière rurale est transversale. Elle fait intervenir plusieurs institutions et
divers autres acteurs.
1.2.1 L’Administration
A titre principal :
L’Agence Foncière Rurale (AFOR) qui est désormais l’organe dédié à la sécurisation foncière
rurale relève de la tutelle technique du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural.
A titre secondaire :
Les CGFR et les CVGFR sont chargés d’assurer la participation des populations rurales aux
opérations de sécurisation foncière rurale. Les enquêtes foncières pour la délimitation des
parcelles et des territoires des villages sont respectivement approuvées et validées par les
CVGFR et les CGFR. Ils participent en outre au règlement des litiges fonciers.
Les faiblesses
L’outil informatique de la gestion des données foncières qui est le SIF n’est pas déployé dans
toutes les directions déconcentrées du Ministère de l’Agriculture.
Les organes de gestion foncière rurale, chargés principalement d’apprécier les résultats
d’enquêtes ne sont pas créés dans tous les villages et sous-préfectures de la Côte d’Ivoire.
En effet, à la date du 30 septembre 2016, seulement 4078 CVGFR et 242 CGFR ont été
créés. Au demeurant, ceux qui sont déjà créés ne bénéficient ni de formation sur le contenu
de la loi sur le foncier rural ni d’appuis nécessaires à leur fonctionnement.
Les résultats obtenus restent encore insuffisants au regard des objectifs au niveau national,
notamment la sécurisation de toutes les terres rurales dans les délais prescrits par la loi. En
effet, à la date du 30 septembre 2016 seulement 3071 certificats fonciers ont été délivrés dont
197 au profit des femmes, pour une superficie cumulée de 86 922 ha, et 279 territoires des
villages ont fait l’objet d’une délimitation sur environ 8571 attendus au niveau national soit
3,25 %.
Cette situation ne favorise pas la formalisation des transactions foncières et laisse perdurer
les conflits fonciers et les occupations anarchiques des terres rurales.
Le financement de la sécurisation foncière rurale a jusqu’à présent été le fait des partenaires
techniques et financiers dans le cadre de projets. Ceux-ci étant limités dans le temps, ils ont
malheureusement, bien souvent pris fin au moment où l’engouement sur le terrain devenait
plus effectif.
Enfin, le nombre réduit des Géomètres-Experts ne milite pas en faveur d’une réduction des
coûts pour les mettre en adéquation avec le niveau de revenu du monde rural ivoirien, à
cause des monopoles qui en résultent.
Dans certaines localités, en raison des traditions, l’appropriation privée de la terre est
difficilement accessible à tous. Dans d’autres, elles excluent certaines catégories de la
population dont les femmes, de l’accès à la propriété foncière.
L’environnement sociopolitique qui a prévalu de 1999 à 2011, avec les crises à répétition, a
profondément affecté les rapports intra et intercommunautaires. Les tensions qui en ont
résulté ont conduit à une déstructuration des institutions communautaires et traditionnelles, et
entraîné une crise de confiance entre les différentes communautés.
En outre, les crises sociopolitiques ont occasionné des déplacements de populations, aggravé
et complexifié la problématique du foncier rural.
La compétition pour l’accès à la terre reste vive. Elle est amplifiée par :
La prolifération et la résurgence des litiges et conflits fonciers dans le domaine rural nuisent à
la cohésion sociale et menacent la paix sociale. Les conflits fonciers opposant des
communautés sont très souvent violents et sanglants. Ils sont les plus difficiles à résoudre et
surviennent notamment parce que les limites territoriales des différents villages ne sont pas
clairement définies.
En outre, les crises sociopolitiques répétées ont entrainé des déplacements de populations
qui empêchent aujourd’hui la mise en place d’organes de gestion foncière rurale fiables et
fonctionnels dans certaines localités.
Par ailleurs, les conflits intergénérationnels se traduisant par la remise en cause des cessions
faites par certains membres de la famille en rajoutent à la confusion.
Le mécanisme d’attribution des terres issues des forêts déclassées reste problématique.
Quant aux populations déguerpies des forêts classées et aires protégées, leur prise en
charge s’impose aux populations riveraines faute de dispositions prises pour leur recasement
et leur réinsertion.
Pour la période 2012-2015, il a été prévu, dans le PNIA, un montant global de 2040 milliards
de FCFA. A ce jour, les mobilisations s’élèvent à 1309 milliards soit 64% des investissements
prévus. En 2013 les investissements s’élevaient à 37%. La faiblesse du niveau
d’investissements est due en partie à l’insécurité foncière qui n’encourage pas le secteur privé
à s’engager dans le financement de l’agriculture.
En outre, l’Etat éprouve quelques difficultés pour garantir la sécurité foncière sur les terres
qu’il a données à bail emphytéotique à des Agro-industriels ; ce fait n’encourage pas ces
derniers à étendre leurs investissements et dissuade les nouveaux à leur emboîter le pas.
Les litiges fonciers dans le domaine rural constituent la plus grande fraction des affaires
portées devant les autorités coutumières et administratives, et devant les tribunaux. Cette trop
grande sollicitation perturbe leur bon fonctionnement.
Le réseau géodésique de Côte d'Ivoire se décline en 3 niveaux ou réseaux : (i) le niveau 1 qui
est le Réseau Géodésique Ivoirien de Référence (RGIR) et qui comporte environ un point
tous les 100 kms, soit 43 points sur l’ensemble du pays. Ce réseau est en place ; (ii) le niveau
2 qui est le Réseau Géodésique Ivoirien Opérationnel (RGIO), qui comporte une borne tous
les 25 kms soit 716 points sur l'ensemble du pays, tous ces points ont été matérialisés par
une borne aux normes du réseau, mais seulement 209 bornes ont été observées et
rattachées à R+1 ; et enfin (iii) le niveau 3 qui est le Réseau Géodésique Ivoirien de Détail
Rural (RGIDR) qui comporte une borne tous les 5 kms. C'est principalement ce réseau dont il
reste à finaliser l’installation et l’observation.
Le réseau géodésique de Côte d'Ivoire est public. Son installation incomplète en rajoute à la
complexité des travaux de délimitation des territoires des villages et des parcelles.
« Seuls l’Etat, les collectivités publiques et les personnes physiques ivoiriennes peuvent
accéder à la propriété foncière rurale. Les droits acquis sont garantis. Les droits acquis sont
garantis.
La loi détermine la composition du domaine foncier rural ainsi que les règles relatives à la
propriété, à la concession et à la transmission des terres du domaine foncier rural ».
Elle consacre en outre un certain nombre de principes comme l’égalité de tous devant la loi et
le droit de propriété.
La loi d’orientation agricole prévoit la mise en place d’une politique qui vise la sécurisation des
droits des détenteurs coutumiers des terres et des occupants, le maintien des jeunes et des
femmes à la terre, sur un bien foncier identifié, la valorisation de la ressource foncière. La
prise de dispositions pour délimiter les territoires des villages et promouvoir la
contractualisation des rapports entre propriétaires fonciers et exploitants non propriétaires est
également prise en compte. Cette loi prévoit aussi que l'Etat, en concertation avec les
institutions nationales chargées de la cohésion sociale, les Organisations Agricoles et les
Organisations de la Société Civile, définit et met en œuvre une politique visant à renforcer la
cohésion sociale entre acteurs du milieu rural notamment :
Le PND 2016 – 2020 est le fruit des concertations avec les populations sur le terrain, de
l’exploitation des travaux d’études, des politiques sectorielles et de l’évaluation de la mise en
œuvre du PND 2012 – 2015. Il représente le cadre dans lequel le pays et ses partenaires
s’engagent en vue de relever le défi de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon
2020.
Dans la matrice d’actions prioritaires du PND 2016 - 2020, la sécurisation foncière rurale est
inscrite dans l’axe stratégique 3 intitulé « Accélération de la transformation structurelle de
l’économie pour l’industrialisation ». En vue de renforcer la productivité et la compétitivité des
produits agricoles les actions suivantes sont prévues :
Les directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers
applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire
nationale exposent des principes et normes internationalement reconnus en vue de
l’instauration de pratiques responsables concernant la gestion des régimes fonciers appliqués
aux terres, aux zones de pêches et aux forêts.
Elles sont le résultat de consultations ouvertes à tous, qui se sont déroulées en 2009 et 2010.
Des contributions ont été apportées par les représentants de 133 pays, issus des secteurs
public et privé, de la société civile et du monde universitaire.
Ces Directives ont été adoptées par le Comité de la Sécurité Alimentaire mondiale (CSA), en
sa 38ème session, le 11 mai 2012.
Le CSA est un organisme intergouvernemental qui sert de tribune pour l’examen et le suivi
des politiques relatives à la sécurité alimentaire. Il regroupe des représentants des États
membres de la FAO, ainsi qu'un groupe consultatif composés de représentants
d'organisations internationales (FAO, PAM, FIDA, Banque Mondiale), d'ONG internationales,
d'organismes de recherche et de fondations.
Les Principes se fondent sur les documents ci-après, qui constituent la base d’un
investissement responsable dans l’agriculture et les systèmes alimentaires :
i) la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée le 10 décembre 1948 par
l’Assemblée générale des Nations Unies et les traités relatifs aux droits de l’homme qui sont
contraignants pour les États qui y sont parties ;
ii) la Déclaration de l’Organisation internationale du Travail (OIT) relative aux principes et
droits fondamentaux au travail, adoptée en juin 1998 par la Conférence internationale du
Travail ;
iii) les Directives volontaires à l’appui de la concrétisation progressive du droit à une
alimentation adéquate dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale, adoptées en 2014
par la FAO ;
iv) la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, adoptée le 7
septembre 2007 par l’Assemblée générale des Nations Unies ;
v) les Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, approuvés en juin
2011 par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, et les Dix Principes du Pacte
mondial, adoptés en 2000 ;
vi) les Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers
applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire
nationale, adoptées en mai 2012 par le CSA ;
vii) les Directives d’application volontaire visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale
dans le contexte de la sécurité alimentaire et de l’éradication de la pauvreté, approuvées en
juin 2014 par le Comité des pêches, en sa trente et unième session ;
2.7. Les Cadre et lignes directrices sur les politiques foncières en Afrique
Le document intitulé "Cadre et lignes directrices sur les politiques foncières en Afrique" a été
préparé par la Commission de l'Union Africaine en partenariat avec la Banque Africaine de
développement et la Commission Économique pour l'Afrique des Nations Unies. Validé par
les États-Membres de l'Union Africaine en juillet 2009 à Syrte en Lybie, sa publication fut
finalisée en 2010.
A la suite d'un diagnostic sur l'enjeu des questions foncières et les difficultés rencontrées par
l'élaboration des politiques foncières en Afrique, ce document identifie des mesures
nécessaires à la mise en œuvre effective des politiques foncières. Ces mesures sont ci-après
rappelées :
définir la portée de la politique foncière, c’est-à-dire l'étendue de la gamme de services
et d’utilités à apporter aux utilisateurs de terres (redistribution des terres, sécurisation
des droits fonciers, amélioration des méthodes d’utilisation durable des terres,
réorganisation des services d’administration foncière, etc.) ;
concevoir une stratégie réaliste et réalisable de mise en œuvre, tenant compte des
capacités des agences publiques et des contraintes techniques, sociales et politiques ;
élaborer un plan d'action comprenant une programmation et une estimation des coûts ;
mobiliser l'engagement politique des élites ;
maintenir la participation populaire à travers les structures décentralisées ;
légiférer sur certaines composantes de la politique foncière ;
prendre en compte des engagements régionaux et internationaux ;
mettre en place un système de suivi et fixer des échéances pour évaluer la politique
foncière ;
revoir leurs secteurs fonciers en vue d’élaborer des politiques globales qui tiennent
compte de leurs besoins spécifiques ;
renforcer les capacités humaines, financières, techniques nécessaires pour appuyer
l’élaboration et la mise en œuvre des politiques foncières ;
prendre note des mesures définies dans le Cadre et les directives relatives à la
politique foncière en Afrique, pour l’élaboration de leur politique foncière et leurs
stratégies de mise en œuvre.
Créée en 1994, l’UEMOA regroupe huit pays et s’est fixée comme principal objectif la création
d’un marché commun basé sur le droit d’établissement et la libre circulation des personnes,
des biens, des services et des capitaux; ainsi que l’harmonisation des législations nationales.
En 2001, elle a adopté un document de politique agricole commune qui concerne l’agriculture,
la foresterie, l’élevage et la pêche (PAU). Elle a aussi élaboré des directives dans différents
domaines dont le secteur agricole.
L’article 4 des directives de l’UEMOA sur le secteur agricole définit les principes de base de la
PAU qui sont : la subsidiarité, la proportionnalité, une approche régionale, la complémentarité,
la solidarité, l’évolution progressive et le partenariat. Le rôle des jeunes et des femmes dans
l’agriculture est spécifiquement mentionné dans le texte (article 5) ainsi que l’importance de la
gestion transfrontalière des ressources en partage (eau, ressources halieutiques,
transhumance (article 8).
3.1. Vision
Le Domaine Foncier Rural étant un patrimoine national, l’Etat prend les mesures nécessaires
pour :
- permettre un accès équitable de tous à la terre ;
- prévenir l’occupation des terres à grande échelle ;
- assurer l’affectation adéquate des terres ;
- assurer la sécurité alimentaire.
En vue d’assurer un développement durable, l’Etat prend les mesures nécessaires pour
favoriser la mise en valeur écologique des terres rurales au même titre que la mise en valeur
agricole.
3.2. Objectifs
L’objectif général de la politique foncière rurale est d’assurer la sécurisation foncière rurale, en
vue de la réduction de la pauvreté en milieu rural, du renforcement de la cohésion sociale et
de la gestion durable des ressources naturelles.
La politique foncière rurale vise la délimitation des territoires de la totalité des villages de la
Côte d’Ivoire.
Les parcelles de terres rurales non exploitées à des fins agricoles feront également l’objet de
clarification des droits, pour garantir une exploitation ultérieure sécurisée et apaisée.
Les orientations stratégiques définissent les directions dans lesquelles seront orientées les
actions visant la sécurisation foncière rurale sur l’ensemble du territoire. Les cinq principales
orientations ci-après sont retenues :
1/ rénovation des outils de gouvernance du domaine foncier rural ;
2/ rationalisation des opérations de sécurisation ;
3/ mise en place d’un mécanisme de financement adéquat de la politique foncière rurale ;
4/ intensification des campagnes de sensibilisation, d’information, de formation et de
communication ;
5/ mise en place d’un mécanisme d’incitation à la sécurisation foncière rurale.
4.1.1. Objet
Cet axe a pour objet le renforcement et l'amélioration du cadre institutionnel ainsi que des
procédures de gestion du domaine foncier rural, en vue d'une accélération et d’une
massification de la mise en œuvre de la loi foncière et de la garantie de la sécurité foncière
aux détenteurs de droits.
4.1.2. Actions
Toutes les propositions pertinentes du comité de relecture des procédures mis en place par le
MINADER, en vue de leur simplification seront prises en compte. A cet effet, de nouveaux
textes réglementaires et éventuellement législatifs correspondants seront pris pour assurer le
processus de rénovation de la réglementation et du cadre organisationnel de la gestion du
domaine foncier rural. A titre indicatif, il s’agira :
- de mettre le texte de la loi en harmonie avec son esprit, notamment en levant les
ambiguïtés introduites par les articles 4 et 17 ;
- de préciser que le certificat foncier est un acte administratif transitoire constatant
l’existence de droits coutumiers, une première étape avant l’immatriculation des terres
rurales ;
- de fixer à 10 ans, le délai imparti aux titulaires de certificats fonciers pour
l’immatriculation de leurs biens fonciers ;
- de réduire la période de publicité à un mois dans le cadre de la procédure de
délivrance du certificat foncier ;
- de combiner les procédures de certification et d’immatriculation ;
- d’harmoniser les dispositions du décret de 1932 et celles des décrets de 1999
relatives à l’immatriculation des terres du domaine foncier rural ;
Conformément aux dispositions de la loi n° 70-487 du 3 août 1970 instituant l’Ordre des
Géomètres-Experts et en réglementant la profession, cette profession a l’exclusivité du levé et
de l’établissement des plans des parcelles foncières sur l’ensemble du territoire national.
Compte tenu du nombre insuffisant des Géomètres-Experts et pour les besoins d’une
adéquation de cette ressource humaine avec les enjeux de massification et d’accélération des
opérations de sécurisation foncière, il est nécessaire de prendre des dispositions pour y
remédier.
Ces dispositions peuvent consister à mettre un terme à la compétence exclusive reconnue
aux Géomètres-Experts, à obtenir de l’Ordre une plus grande ouverture à de nouveaux
Géomètres ou encore à ouvrir à la compétence de tout Géomètre ayant la qualification
requise, et à titre exceptionnel, les opérations de délimitation des parcelles de terres rurales.
Cet axe a pour objet la création ou le renforcement des compétences nécessaires à la mise
en œuvre de la Politique Foncière. Ces formations devront répondre à une demande nouvelle
et importante en matière de topographie, de système d’information, de droits fonciers,
d’enquêtes foncières, de médiation foncière et de gestion des conflits.
Le SIF sera étendu à tout le territoire national et rendu opérationnel en vue d’une gestion
rationnelle, d’une transparence et d’une meilleure accessibilité de l’information foncière
(informations cartographiques et littérales) ainsi que d’un meilleur suivi des activités sur le
terrain.
Les actions de promotion de la formalisation des transactions foncières en milieu rural sont :
- encourager la formalisation des transactions foncières en milieu rural ;
- exercer des poursuites judiciaires contre les auteurs des transactions illégales sur les
terres rurales.
4.2.1. Objet
Cet axe a pour objet l’amélioration du processus de délivrance des titres de propriété et de
l’information foncière au profit des détenteurs de titres et des acquéreurs de terrain du
domaine foncier rural.
4.2.2. Actions
Le constat des droits sur le domaine foncier rural est effectué au terme d’une enquête
officielle réalisée aux frais du demandeur. Ces frais incluent aussi bien l’intervention de
l’Administration que celle des opérateurs techniques agréés. Un barème officiel sera établi.
Celui-ci tiendra compte des capacités financières des populations rurales et de la charge de
travail des opérateurs techniques agréés ainsi que de tout autre acteur.
Simplifier la procédure
La lourdeur et le coût élevé des procédures ralentissant la mise en œuvre de la loi sur le
foncier rural, des mesures adéquates tendant à la simplification de ces procédures et la
réduction des coûts d’établissement des certificats fonciers seront mises en œuvre. A titre
indicatif, il s’agira :
- de rendre les liasses accessibles à des coûts réduits ;
- de réduire la période de publicité des résultats de l’enquête officielle à un mois ;
- d’exonérer de frais la publication des certificats fonciers au journal officiel ;
Il s’agit de poursuivre les opérations de délimitation des parcelles en vue de la délivrance des
certificats fonciers. A cet effet, il sera procédé à la simplification des procédures.
Des bornes géodésiques ont été installées dans divers départements du pays. Il convient de
poursuivre les efforts afin de couvrir l’ensemble du territoire national en infrastructure
géodésique moderne.
L’Etat garantira les droits collectifs sur les ressources naturelles conformément aux
législations en vigueur.
Une veille technologique sera assurée en vue de contribuer à la simplification des procédures
de délimitation et d’enregistrement des droits.
4.3.1. Objet
Cet axe stratégique a pour objet de mieux faire connaitre la loi pour obtenir l’adhésion des
populations au processus de sécurisation.
4.4.1. Objet
Cet axe stratégique a pour objet d’assurer un financement durable des opérations de
sécurisation du foncier rural.
4.4.2. Actions
Pour atteindre l’objectif de cet axe stratégique l’Etat mettra en place un mécanisme de
financement durable pour toutes les activités de sécurisation foncière rurale. A cet effet :
- l’Etat prendra les dispositions pour assurer le financement de la politique foncière avec
l’appui des partenaires au développement ;
- un mécanisme de financement endogène assurera la durabilité du financement et le
fonctionnement de l’organisme autonome et des organes en charge de la gestion du
foncier rural, à travers des prélèvements effectués sur la vente des produits agricoles ou
encore des taxes parafiscales instituées sur les activités industrielles, minières et autres
exercées sur les terres du domaine foncier rural.
- il sera également envisagé, en vertu des dispositions du titre V de la LOACI, des
subventions ciblées, pour favoriser la sécurisation des biens fonciers des ménages
vulnérables, des femmes et des jeunes et contribuer à la sécurité alimentaire et
nutritionnelle, à la gestion durable de l’environnement et des ressources naturelles.
- de façon plus générale, en vue de faciliter le processus de sécurisation foncière rurale, les
coûts en seront supportés partiellement par un financement public. L’opération de
sécurisation foncière rurale sera ainsi subventionnée en partie.
4.5.1. Objet
Cet axe stratégique a pour objet de stimuler la demande en sécurisation foncière rurale des
populations.
4.5.2. Actions
Pour inciter les populations à la sécurisation foncière rurale, l’Etat mettra en place un
mécanisme spécial destiné à assurer et à faciliter l’accès au crédit bancaire à tous les
titulaires de certificats fonciers ou de titres fonciers ainsi qu’à tous les bénéficiaires de baux
ruraux sur des terres certifiées ou immatriculées.
En outre, l’Etat mettra en place un régime fiscal foncier rural qui prendra en compte les
réalités socio-économiques des populations rurales. Les populations les plus vulnérables
bénéficieront d’avantages fiscaux.
La Politique Foncière Rurale prévue sur une période de 10 ans, de 2017 à 2027, se déroulera
en trois phases :
- la phase préparatoire (2017-2018) : cette phase prépare la mise en œuvre à travers la
vulgarisation du document de politique et la finalisation des cadres stratégique et
programmatique. Elle comprend également les réformes juridiques et institutionnelles ;
- la phase de démarrage (2018-2019) : au cours de cette phase, il sera procédé à la
mise en place de l’organisme autonome chargé de la mise en œuvre de la politique
foncière, à la formation aux métiers du foncier, à la formation continue, à l’information
et à la sensibilisation des populations, au renforcement des capacités des différents
intervenants, à l’installation des organes de gestion foncière rurale, à la mise en place
des mécanismes de gestion des conflits, au règlement du problème du nombre de
Géomètres-Experts et à l’équipement des services compétents ;
- la phase d’extension (2019-2027) : cette phase correspond à celle de l’accélération de
la mise en œuvre de la politique de sécurisation du foncier rural.
Il fédère les différents financements accordés par l’Etat et les partenaires Techniques
Financiers afin de garantir la cohérence, l’harmonisation des interventions sur le terrain et les
axes stratégiques de la Politique du Foncier Rural.
Les Préfets et les Sous-préfets, qui représentent l’Etat dans leur circonscription, prêtent leur
concours à la mise en œuvre de la politique foncière rurale.
A cet effet, ils sont notamment chargés de créer les Comités Villageois de de Gestion
Foncière Rurale (au niveau des villages) et les Comités de Gestion Foncière Rurale (au
niveau des Sous-préfectures), et de servir de recours en cas de conflits fonciers.
Ils sont également impliqués dans les campagnes d’information et de sensibilisation des
populations en vue de l’adhésion de celles-ci à la sécurisation foncière rurale.
L’AFOR a pour mission de mettre en œuvre la loi n°98-750 du 23 décembre 1998 relative au
domaine foncier rural, telle que modifiée par les lois n°2004-412 du 14 août 2004 et n°2013-
655 du 13 septembre 2013, et tous les textes corrélés.
L’AFOR est le maître d’œuvre de la politique foncière rurale. Elle est chargée de la mise en
œuvre des cinq orientations stratégiques de la Politique Foncière.
A cet effet, et en vue de l’optimisation de ses ressources, l’AFOR peut, dans la mise en
œuvre de ses attributions, recourir à la contractualisation concernant, notamment, les
opérations techniques de délimitation.
Des évaluations seront faites au niveau interne, mais également au niveau externe, aussi bien
par l’Etat que par des structures indépendantes.
A cet effet, il recherchera les voies et moyens pour la mise en œuvre effective de cette
politique à travers l’élaboration des cadres stratégiques et programmatiques de la
sécurisation foncière rurale.
Il s’agira notamment d’offrir aux acteurs ruraux, les conditions de sécurité juridique,
économique et sociale nécessaires pour réaliser les objectifs d’accroissement
d’investissements et de modernisation de l’Agriculture.
Sur la question de la reconnaissance permanente des droits coutumiers sur les terres,
il convient de réaffirmer l’option du Gouvernement qui est de reconnaitre les droits
coutumiers de façon transitoire. Il s’agit en effet de moderniser la gestion du domaine
foncier rural, en passant résolument de l’oralité à des droits formalisés.