4 - Complétives Et Relatives - Farid Laamiri

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LA STRUCTURE DES COMPLETIVES

(V1 QUE V2)


Deux verbes constituent une structure complétive lorsque la subordination du second est
marquée par la présence de la conjonction ″QUE″ (ou d'une locution conjonctive
″Préposition (à, de…) + CE + QUE″) dont la fonction est exclusivement rectionnelle. La
proposition subordonnée remplit la fonction d'un complément d'objet direct ou indirect :
- ″Je pense que tu comprends″ = ″Je le pense″
- ″Il tient à ce que tu viennes″ = ″Il y tient″
La proposition principale est variable en forme (verbe, nom ou adverbe) et en sens.

1. LE SUPPORT PRINCIPAL est généralement :

 un verbe transitif direct qui exprime le sens de la déclaration (″dire″, ″affirmer″,


″déclarer″, ″citer″…) ; d'opinion (″penser″, ″croire″, ″savoir″, ″juger″…) ; de
perception (″écouter″, ″voir″, ″entendre″, ″sentir″…) ; de volonté (″désirer″,
″aimer″, ″vouloir″…) ; de sentiment (″regretter″, ″craindre″, ″souhaiter″…) …
Il peut être :
 Un verbe transitif indirect suivi généralement de la locution conjonctive (Prép. + CE
+QUE) (″s'attendre à″, ″compter sur″, ″se plaindre de″…)

N.B. Ne pas confondre ″Prép. + ce + que″ locution conjonctive et Pronom relatif ″QUE″
précédé du pronom démonstratif neutre ″CE″ précédé lui-même de la préposition.
 ″Le problème vient de ce que vous avez parlé″ (COMPL.)
 ″Le problème vient de ce que vous avez dit″ (REL.)
 ″Le problème vient de ce que vous avez mangé″ (Ambiguïté
COMPLETIVE/RELATIVE)

 Une Locution verbale comme ″avoir peur″, ″avoir envie″, ″avoir l'impression″,
″avoir le sentiment″… ″être d'avis″, ″être d'accord″… …que″ + Verbe subordonné
 Un verbe à la forme impersonnelle (″falloir″, ″suffire″, ″navrer″, ″inquiéter″,
″sembler″, ″paraître″ …)
N.B. Grâce à la construction impersonnelle, certains verbes intransitifs comme ″arriver″, ″se
trouver″, ″suffire″…peuvent être complétés par des complétives : (″Il arrive, il se trouve, il
suffit qu’on se trompe″…)

 Le Semi - verbe ″voici″ ou ″voilà″ : (″Voici / voilà qu’on se trompe encore″)


Il peut être aussi :
 Un nom comme ″l'idée″, ″l'argument″, ″le souhait″, ″le désir″, ″la règle″, ″la
proposition″, … "Ce sont des noms abstraits, correspondant ordinairement à des
verbes qui peuvent être suivis d'une complétive par que." (Dubois J., (1975), p.186)
N.B. Attention à l'homophonie (l'imbrication de deux structures différentes ou à
l’ambiguïté) des complétives et des relatives dans des exemples comme :
- ″Voici le signe qu'il a choisi″
- ″C'est l'argument qu'il cherche″
Si ″que″ est complétif, les verbes ″choisir″ et ″chercher″ sont employés intransitivement. Si
″que″ est pronom relatif, le verbe subordonné est transitif direct, mais son complément est
effacé parce qu'il est représenté anaphoriquement par ″que″.
 Un adjectif ou participe (″sûr″, ″fier″, ″certain″, ″pensant″, ″gêné″, ″irrité de ce
que″…)
 Un adverbe (″Probablement″, ″Sûrement″, ″Heureusement que …″)

2. FORMES ET FONCTIONS DE LA SUBORDONNEE


A- La forme modale du verbe subordonnée varie entre l'indicatif et le subjonctif selon des
contraintes à la fois grammaticales et sémantiques

1)- Les contraintes grammaticales qui imposent le subjonctif viennent du choix de


certaines formes dans le support comme :
 la non - assertion : la négation, l'inversion interrogative, l’impératif
- ″Je ne crois pas / Crois-tu/ Faites qu'il comprenne″
 La forme impersonnelle qui exprime la nécessité, la possibilité, le doute…
- ″Il faut, il importe, il est possible, exclu, douteux, honteux, faux…que +
SUBJONCTIF″.
 le subjonctif est de règle lorsque la complétive est en tête de phrase.
- ″Qu'il vienne est important″
- ″Qu'il vienne, cela est important″
- ″Qu'il vienne et tout s'arrangera″

2)- Les restrictions sémantiques sont dues au choix lexical du support


 L'indicatif est obligatoire après un support qui a le sens de déclaration, d'opinion,
de certitude, de connaissance…
 Le subjonctif vient pratiquement après les supports qui expriment la volonté, le
désir, l'ordre, l'acceptation, le refus, la crainte, le doute, la prière, la défense, la
peur, la surprise…
B- Les fonctions de la subordonnée complétive sont celles du Nom parce qu'elle est
remplaçable par un substantif. Elle peut, en effet, remplir la fonction de :
a- Sujet : elle est toujours en tête de phrase. ("Qu'il comprenne lui est
indifférent")
N.B. - Si la subordonnée complétive en tête de phrase est reprise par le pronom neutre
″le″ ou ″cela″, elle n'a plus la fonction sujet, mais celle d'un complément anticipé. C'est une
complétive anticipée ou proleptique. (″Qu'il parte, je le comprends (cela)″)
- Si la subordonnée complétive en tête de phrase est séparée du verbe principal par un et, elle
devient une structure suspensive : (″Qu'il parte et tout s'arrangera″)
b- Attribut toujours d'un nom : - ″Le malheur, le problème, la vérité,
l'essentiel, la question, le hic, le bonheur…est qu'il ne vient pas″
c- Complément (″que″ = C.O.D. ; ″Prép. + ce + que″ = C.O.I.)

N.B. Lorsque le support est un verbe impersonnel, la subordonnée complétive fonctionne


sémantiquement comme son sujet "réel" ou "logique" - " Il est possible qu'il vienne" = Qu'il
vienne est possible″
LES SUBORDONNEES RELATIVES
(N QUE V)

La subordonnée relative est une "expansion nominale" introduite par "un


pronom relatif". Elle complète le nom comme le fait un adjectif. Mais elle fonctionne
comme un substantif lorsqu'elle est "sans antécédent".

1- LES PRONOMS RELATIFS


"Les pronoms relatifs servent à rapporter, à joindre à un nom ou à un
pronom qu'ils représentent une proposition subordonnée qui explique ou détermine ce
nom ou ce pronom." (GREVISSE, (1986))

1-1 DEUX FORMES


a- forme simple : ″QUI″, ″QUE″, ″QUOI″, ″DONT″ (= ″de + qui″ ; ″de + quoi″),
″Où″ (″à + prép.″à sens local ou temporel + relatif)

b- forme composée :

 PREPOSITION + ARTICLE déterminé soudé à QUEL (variable en genre et en nombre)


: ″par laquelle″, ″auquel″, ″desquelles″, ″sur lesquelles″ ….
 PREPOSITION + RELATIF ″QUI″, ″QUOI″, ″Où″ : ″par où″, ″sur qui″, ″contre quoi″.

1-2 DEUX FONCTIONS


a- Fonction subordinative (rectionnelle) : rection d'un verbe à un nom
b- Fonction anaphorique, pronominale ou supplétive : il représente le nom soit
comme sujet soit comme complément du verbe subordonné.
b-1 : comme sujet : - (″QUI″, ″LEQUEL″ (variable en genre et en nombre))

 "Le temps mène la vie dure à ceux qui veulent le tuer"


 "Cette maison appartient à un de mes amis, lequel habite à Paris"
 (″QUE″ supplée le sujet dans des exemples comme : - "Vaille que vaille ;
″Advienne que pourra″ ; ″coûte que coûte″…). Ces expressions sont anciennes, les
deux verbes qui les constituent sont au subjonctif. Elles se comportent comme des
expressions figées.

b-2 : comme complément :

 ″Que″ (si l'antécédent suppléé joue le rôle de C.O.D. du verbe subordonné.)


 ″Dont″ (si l'antécédent est représenté dans V2 comme C.O.I. introduit de la
prép. ″de″)
 ″Où″ (si l'antécédent est un C.O.I. introduit de ″à″ à sens local ou temporel)
 PREP. + LE/LA/LES + QUEL (LES) si l'antécédent est C.O.I.

N.B. QUE (pronom relatif) peut avoir une fonction attributive comme dans:
-"Fier qu'il est, il sourit sans relâche ", - "Du malheureux qu'il était, il est
devenu riche"…
2- LA FONCTION ADJECTIVE DE LA RELATIVE

Comme expansion nominale1, la subordonnée relative complète le nom comme le


fait un adjectif. Elle peut alors avoir la fonction d'un adjectif épithète lorsqu'elle détermine le
nom ou celle d'un adjectif apposé lorsqu'elle l'explique :

-
"les enfants qui sont fatigués doivent aller se coucher" (relative
déterminative)
- "les enfants, qui sont fatigués, doivent aller se coucher" (relative
explicative)
La différence entre les deux types de relative repose sur la postulation de deux mécanismes
sémantiques différents qui lient la subordonnée à son antécédent.

- Elle est déterminative lorsqu'elle restreint le sens de son antécédent : elle est si
essentielle pour le sens que son effacement nuirait à sa cohérence :
- "les étudiants qui sont studieux réussiront "
- ″les filles qui ont la peau moite craignent le soleil″
- Elle est explicative lorsqu'elle garde son extension maximale : sa suppression
n'altère pas le sens globale de la phrase :
- "les hommes, qui sont mortels, vivent dans l'oubli de leur condition."

Quelques critères de reconnaissance des deux types de relatives

Critères RELATIVE DETERMINATIVE RELATIVE EXPLICATIVE


SENS Restreint le sens de l'antécédent N'altère pas le sens de l'antécédent

Antécédent Nom commun précédé d'un dét. Indéfini , Nom propre ou nom personnel non
défini… repris par celui-ci qui/que…
Pronom Peut être remplacé par celui qui, ceux Qui ou que peuvent être remplacés par
que… lequel, laquelle, lesquels…
Relatif
Subordonnée Non supprimable, non remplaçable par Effaçable, remplaçable par une coordonnée
Relative une coordonnée ou une circonstancielle ou une circonstancielle
Accepte l'insertion de particules logiques
3-LE MODE DANS LES SUBORDONNEES RELATIVES
comme adverbes, incises…
Mode du Tous les modes Exclusion du subjonctif
verbe sub.
1 Oral / Ecrit : tout
"L'expansion Pasterme
de pause, pas dedevirgules
ou groupe termes que l'on supprimeIsolée
de laentre deux
phrase sanspauses, deux virgules…
que celle-ci cesse
d'être une phrase et sans que les rapports grammaticaux soient modifiés" (Martinet, E.L.G.) EXP. "Le
chat de la concierge dort sur le paillasson " ; (- le chat dort = énoncé minimum ; de la concierge ,
sur le paillasson = expansions)
Le mode dans le verbe subordonné varie en fonction de l'effet de sens recherché :
L'indicatif (avec ses valeurs de vérité et de certitude) et le conditionnel (pour l'expression de
l'hypothèse, de l'imaginaire, de la politesse…) sont choisis selon leurs valeurs spécifiques :
aucune contrainte grammaticale ne les impose.

Le subjonctif, en revanche, est contraint par "la portée de la non assertion" marquée dans la
proposition principale comme :

 la négation : - "Je ne connais personne qui sache résoudre ce problème"


 l'inversion interrogative : - "Connais-tu quelqu'un qui sache répondre à
cette question?"
 l'impératif : - "Montre-moi la question que tu veuilles poser!"
Le subjonctif est contraint également lorsque :

 le verbe de la proposition principale appartient à la liste lexicale de ″falloir″


: - "Il faut la solution qui puisse résoudre le problème "
 l'antécédent est déterminé par un article indéfini ou qualifié par un
superlatif de type ″seul″, ″unique″, ″meilleur″, ″pire″, ″plus″, ″moins″,
″premier″, ″dernier″ …
- "Je connais quelqu'un qui sache répondre"
- " Il est le seul qui puisse nous aider″
- "C'est la meilleur fille qu'il ait jamais connue"
- "Il est le premier ami qu'elle ait pu rencontrer"

N.B. L'infinitif n'est possible qu'après Préposition +Relatif : -″Il ne sait pour qui
travailler, contre quoi se révolter, sur quel ami compter″

4- LES RELATIVES SANS ANTECEDENT :

Ce sont des subordonnées introduites par un pronom relatif mais qui ne sont pas des
expansions nominales parce qu'il y a absence d'un antécédent (nom ou pronom). Elles ne
fonctionnent pas comme des adjectifs, mais comme des noms : elles sont, pour cela, dites
relatives ″substantives″ :

 ″Qui aime bien châtie bien″ (Fonction sujet)


 ″Je vais où tu vas″ (Fonction complément)

4-1- les pronoms relatifs qui les introduisent sont réduits à la liste :

 forme simple : ″qui″, ″quoi″, ″où″… (″que″ lié à la négation : - "il ne sait que
faire")
 forme composée de préposition + relatif : ″à qui″, ″de quoi″…
 Pronom relatif indéfini : ″quiconque″, ″qui que ce soit qui″, ″n'importe qui″…

4-2- les fonctions substantives peuvent être celle de sujet ou de complément

- Sujet :
 "Qui vivra verra",
 "Rira bien qui rira le dernier" ,
 "N'est pas papillon qui veut"

- Complément :

 "J'inviterai qui je veux",


 "Ne croit pas quiconque te raconte des mensonges sur sa vie;"
 " Raconte à qui tu veux",
 " Voilà qui est agréable"

T.D.
1- DISTINGUER PAR DES CRITERES GRAMMATICAUX LES STRUCTURES
COMPLETIVES DES STRUCTURES RELATIVES :

- ″J’ai la preuve que vous mentez″


- ″Il accepte la condition que vous lui imposez″
- ″Il accepte l’idée que tout soit payé d’avance″
- ″L’idée que vous exprimez n’est pas claire″
- ″L’idée que vous partirez demain m’est désagréable″
- ″J’ai la preuve qu’il attend depuis longtemps″
- ″Ce sera le signe que vous continuez″
- ″Ce sera le signe que vous avez choisi″
- ″Je fais le souhait qu’il comprenne″
- ″Il exprime le souhait que tu comprends″
- ″Je fais le seul souhait qu’il comprenne″
- ″Il me fournit le seul argument qu’il ait″
- ″Il tient à ce qu’on ne vienne pas le déranger″
- ″Il se plaint de ce qu’on ne l’écoute pas″
- ″Il fait toujours attention à ce que vous mangez″
- ″Il s’oppose à ce que nous avons décidé″
- ″Il s’oppose à ce que les lettres soient publiées″
- ″Il y met la condition que vous refusiez″
- ″J’ai l’impression que vous ne mangez pas″
- ″Il a la certitude que tu ne comprends pas″

2- DISTINGUER LES RELATIVES DETERMINATIVES DES RELATIVES


EXPLICATIVES

o "L'histoire que tu as entendue n'est pas un conte de mon invention"


o "Soliman, que tu aimes, est désespéré d'un affront qu'il vient de recevoir"
o "Elle se leva, et chercha des yeux un arbre sur les branches duquel elle pût
exposer son enfant"
o "Sa femme lui avait donné neuf enfants, dont huit garçons"
o "Ma haine va mourir, que j'ai cru immortelle"
o "Il était une fois un roi de belle corpulence, d'un caractère orgueilleux et irascible
et qui avait beaucoup d'argent"
o "Il lut quelques romans nouveaux ; il en trouva peu qui lui peignissent la situation
de son âme."
o "Olivier, qui ne se croyait aucune raison d'être charitable, me harcelait de ses
épigrammes."
o "Combien de nobles dont le père et les aînés sont roturiers."
o "Les hommes qui ont la peau mate ne craignent pas le soleil"
o "Les hommes, qui sont mortels, vivent dan l'oubli de cette condition"

3- JUSTIFIER LE SUBJONCTIF DANS LES RELATIVES SUIVANTES

 "Ce fut un des plus beaux spectacles que le football puisse nous offrir"
 "Il faut un remède qui puisse satisfaire tous ces besoins"
 "Je veux une réponse qui soit claire"
 "Je ne connais que Paul qui sache me répondre"
 "Y a-t-il quelqu'un qui puisse me répondre?"
 "Donnez-moi une réponse qui puisse me convaincre!"
 "Voilà la meilleure réponse que l'on sache donner"
 "S'il rencontre alors un sujet qui l'émeuve, laissez-le s'exprimer."
 "Il faut connaître le pire dont un homme soit capable"
 "Je cherchais avec lui s'il était un chemin par où il pût descendre"
 "Il fallait quelqu'un de sérieux qui ne vous versât pas dans le fossé"
 "Qui croyez - vous qui prenne les choses à cœur ?"
 "Il avait compris que cet adolescent ne pouvait vivre d'une idéologie qui ne se
transformât pas en actes."

4- RELEVEZ ET ANALYSEZ LES SUBORDONNEES RELATIVES DANS


LA PREMIERE PHRASE DU TEXTE SUIVANT:

" Le nom de Parme, une des villes où je désirais le plus aller, depuis que
j'avais lu la Chartreuse, m'apparaissant compact, lisse, mauve et doux ; si on me
parlait d'une maison quelconque de Parme dans laquelle je serais reçu, on me causait
le plaisir de penser que j'habiterais une demeure lisse, compacte, mauve et douce, qui
n'avait de rapport avec les demeures d'aucune ville d'Italie, puisque je l'imaginais
seulement à l'aide de cette syllabe lourde du nom de Parme, où ne circule aucun air,
et de tout ce que je lui avais fait absorber de douceur stendhalienne et du reflet des
violettes."
(Marcel PROUST : Du côté de chez Swann)

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