Marchés Mon & Fin
Marchés Mon & Fin
Marchés Mon & Fin
octobre 2000
This text has been drafted with financial assistance from the Commission of the European Communities. The views
expressed herein are those of the authors and therefore in no way reflect the offical opinion of the Commission
INSTITUT DE LA MÉDITERRANÉE
PALAIS DU PHARO
58, BD CHARLES LIVON
13006 - MARSEILLE – France
RAPPORT FINAL
FINAL Report
by
Claude Berthomieu (CEMAFI/UNSA)
Eric Gasperini (CEMAFI/UNSA)
Abraham Lioui (Bar-Ilan University)
Albert Marouani (CEMAFI/UNSA)
Sami Mouley (Université. deSousse)
Lahcen Oulhaj (Université de Rabat)
Lerzan Özkale (Université d’Istanbul)
Mohamed Safa (CEMAFI/UNSA)
Jacques Silber (Bar-Ilan University)
et la participation
(pour la partie économétrique)
de
Valérie Berenger (CEMAFI/UNSA)
Joseph Deutsch (Bar-Ilan University)
Signature:
1
2
SOMMAIRE
4. Présentation et synthèse des études de cas portant sur la Tunisie, le Maroc, la Turquie
et Israël ................................................................................................................................ 26
Annexe 4 : tests économétriques sur les quatre pays (J. SILBER, A. LIOUI, J.
DEUTSCH)........................................................................................................................ 109
Annexe 5 : tests économétriques comparatifs entre les quatre pays (M. SAFA) .................. 143
Annexe 6 : commentaires et interprétation des tests économétriques (V. BERENGER) ...... 169
3
4
RESUME DU PROJET
Summary of the project:
Compte tenu du financement obtenu par rapport à la demande que nous avions faite
d’une part et de la difficulté à obtenir des informations statistiques sur les marchés financiers
des pays concernés d’autre part, nous avons recentré notre recherche sur l’évolution et la
détermination des taux de change dans les cinq pays mentionnés.
Sur la base d’un modèle unique inspiré des travaux d’Edwards et d’Elbadawi, nous
avons testé l’évolution des taux de change des 4 pays concernés par rapport à leur taux de
change d’équilibre fondamental. Nous avons pu ainsi mieux apprécier les politiques de
change qui ont été suivies en fonction de leur sous ou suralignement par rapport à une parité
d’équilbre fondamental qui prend en compte la soutenabilité des équilibres internes et
externes de ces pays. Nous avons pu à partir des résultats obtenus pour chaque pays tirer des
conclusions quant à leur politique de change future par rapport à l’Euro.
Il est donc nécessaire, pour analyser les évolutions passées des relations d’échange et
des mouvements de capitaux des PSEM étudiés et pour dégager des lignes directrices utiles
en matière de politique d’ouverture économique sur l’extérieur, de réfléchir au choix d’un
régime de change optimal, dans le contexte d’une approche en terme de zone-cible, c’est à
dire de la définition d’une politique de détermination et de contrôle du taux de change réel, à
condition de recourir à une définition de ce dernier qui soit pertinente analytiquement et, bien
entendu, opératoire.
Nous nous sommes inspirés du modèle de I. Elbadawi pour analyser ces problèmes sa
méthode permet de connaître la trajectoire temporelle des TCRC et d’apprécier s’ils
convergent ou non vers l’ ERER( ou taux de change réels d’équilibre), c’est à dire de mesurer
le « mésalignement » du taux de change réel courant (rappelons que certains qualifient
d’effectif) par rapport au taux de change réel d’équilibre. L’objectif d’une bonne politique de
change devant être justement de chercher à éliminer ou en tout cas à réduire au minimum ces
mésalignements.
Cette analyse est à notre connaissance la première du genre pour les pays Sud et Est
méditerranéens (PSEM). Elle présente selon nous l’avantage, à travers des méthodes
5
économétriques rigoureuses, de dépasser les points de vue qualitatifs et souvent subjectifs
pour prendre en compte la dimension structurelle et de long terme de l’évoluition des taux de
change.
Les principales conclusions de notre étude sont pour chacun des pays étudiés les
suivantes :
1. Tunisie.
L’étude économétrique montre que, par rapport à la plupart des monnaies constituant
l'Euro, la volatilité nominale du Dinar a été plus forte que la volatilité réelle et ceci en raison
de la volonté de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) de corriger la stabilité réelle afin de
garantir la compétitivité-prix des produits exportés. Elle fait apparaître en effet que, entre
1986 et 1997 le Dinar s'est déprécié en terme nominal de 48% par rapport au FF, de 19% par
rapport au US$, de 53% par rapport au DM et de 46% par rapport au JPY. Alors que, en terme
réel, le Dinar s'est déprécié de 28% par rapport au FF, 26% par rapport au DEM, de 32% par
rapport à la Lire It. et seulement de 6% par rapport au Dollar. De même, la volatilité du Dinar
par rapport à l'Euro a été plus faible en terme nominal qu'en terme réel durant la période
passée et semble exactement converger vers le coefficient de variation nominal du FF.
2. Le Maroc.
Tout d’abord, il apparaît que le taux de change réel estimé par le FMI (TCRFMI) et
le taux de change réel d’équilibre au sens de Elbadawi, l’ERER calculé, ont suivi une
évolution chronologique très proche, en moyenne, pour la période 1980-1996 ; à sept
reprises, le TCRFMI est supérieur à l’ ERER ; à dix reprises il est inférieur. En même temps,
on observe que ces divergences s’inversent fréquemment puisque les deux courbes se
coupent à dix reprises sur l’ horizon de dix-sept ans retenu.
Le taux de change réel courant (TCRC) calculé par la méthode retenue (méthode de
Elbadawi) est toujours supérieur au TCRFMI, sauf pour les deux dernières années de la
6
chronique (1995 et 1996) ; ceci signifie que la politique de « gestion » du taux de change au
Maroc a eu un effet d’élévation de la compétitivité-prix des exportations du pays à un niveau
inférieur à celui estimé par le FMI .
le TCRC calculé est toujours supérieur au taux de change réel d’équilibre (l’ERER),
sauf en début de période (1981 et 1982) et pour l’année 1994 ; c’est le signe que le Maroc,
comme la Tunisie, n’a pas pratiqué (à ces trois exceptions près) une politique de sous-
évaluation systématique du taux de change nominal du Dirham, pour augmenter la
compétitivité-prix des produits marocains exportables ; le Dirham est resté légèrement
surévalué en moyenne par rapport à sa parité d’équilibre.
On peut donc conclure que le taux de change réel courant effectif marocain est resté,
au cours de la dernière décennie et de façon durable, au-dessous du « niveau de sa parité »,
ce qui est le signe d’une politique de change cherchant à favoriser la compétitivité-prix des
exportations que nos commentaires du paragraphe 4.2.1 ci-dessus laissaient prévoir.
Ce scénario d’ancrage par rapport à l'Euro. apparaît le plus crédible compte tenu du
poids de la zone Euro pour l'économie marocaine (57% de ses exportations et 50% de ses
importations, 70% des touristes étrangers, transferts des travailleurs émigrés essentiellement
localisés dans la zone Euro, part importante des IDE, etc.).
Mais ce rattachement repose en partie sur le pari que l'Euro parviendra à s'imposer
comme monnaie internationale stable (moyen de paiement, de mesure, de réserve, de
placement et d'ancrage pour d'autres monnaies). En outre avec l'intégration des marchés
financiers européens, on peut imaginer un accroissement des échanges et des flux financiers,
notamment relatifs à des opérations transfrontières sur les marchés des actions et des
obligations de la part des résidents marocains. Par ailleurs, le rattachement du DH à l’Euro
ne saurait évidemment prendre la forme d’ un régime de « currency board » ; il devrait au
contraire être suffisamment souple pour permettre un glissement contrôlé en fonction du
différentiel d’inflation entre le pays et la zone Euro.
3. La Turquie.
L’ ERER, i.e. le taux de change réel d’équilibre calculé par la méthode de Elbadawi
est plus stable que les deux taux courants ; il décrit lui aussi un cycle bien marqué autour
d’une valeur moyenne de 105 % sur l’ensemble de la période d’étude (26 ans) donc nettement
au dessus du seuil (100%) de la parité, et avec des points de retournements très marqués en
1974/75, 1981/82, 1989/90 et 1993/94. Sur vingt-cinq ans il est treize fois au dessous de la
parité et douze fois au dessus, par sous-périodes de sept à huit ans.
Cela traduit sans aucun doute les hésitations et les changements de doctrine de la
politique économique turque au fur et à mesure des efforts consentis pour développer le pays
d’abord en économie fermée puis dans la perspective d’une ouverture rapide vers l’Europe et,
en même temps, d’une libéralisation financière fortement impulsée par les conseillers des
institutions de Washington.
7
Le fait que l’ERER et le TCRC calculés soient restés en moyenne au dessus du seuil
de 100% depuis 1981 signifie que le taux de change nominal de la Livre turque a été
alternativement sous-évalué puis nettement sur-évalué sur la période ; il s’agit là d’un
handicap certain pour la capacité du pays à exporter (on constate Annexe 1 p. que la balance
commerciale a toujours été déficitaire sauf en 1988 et 1994) ; en revanche la forte
surévaluation qui a prévalu de 1983 à 1993 a facilité les importations et a pu même
contribuer, par le caractère (tout relatif) de « solidité » qu’elle a pu confèrer à la monnaie, à
attirer des capitaux soit se dirigeant directement vers des investissements productifs, soit sous
forme de fonds d’épargne s’agissant des remises des travailleurs turcs émigrés.
Il semble donc à l’issue de ce constat que le problème majeur de l’économie turque est
de stabiliser le taux de change de sa monnaie pour un ensemble de raisons qu’il convient
maintenant de préciser. Les mêmes enseignements peuvent être déduits de l’étude reproduite
en annexe (Annexe 4) spécifique au cas de la Turquie mais limités à une période plus brève.
L'intérêt d'un ancrage souple de la Livre turque à l'Euro s'impose d'abord par
l'intensité de ses relations économiques l’Union européenne mais aussi par l’intensité des
relations financières présentes et à venir dans la perspective de l’élargissement de l’Europe
des Quinze à la Turquie.
Enfin, il est important de mentionner que l'ancrage à l'Euro apparaît pour la Turquie
comme la suite naturelle de son accord d'Union douanière avec l'UE et de sa volonté
d'intégrer l'Union européenne. Cet ancrage revêtira nécessairement des formes qui
permettront à terme une convergence vers les critères de Maastricht.
4. Israël.
Il apparaît assez nettement que la situation du Shekel israélien est marqué par une hésitation
entre le Dollar et l’Euro ?
8
monnaie locale soit fortement ancrée à une devise stable, ce qui n’est ni le cas de l’Euro, dans
le court terme (et depuis sa création), ni celui du Dollar à moyen et long terme.
Dans ces conditions, une stratégie de zone-cible par rapport à un panier (à définir) de
ces deux monnaies qui sont vouées à rester relativement stables l’une par rapport à l’autre et
avec possibilité d’un flottement relativement limité autour de cette cible ne serait-elle pas la
meilleure solution pour la monnaie et l’économie israéliennes ?
9
10
1. Problématique d'ensemble.
L'avènement de l'Euro dans le contexte de l'UEM a déjà des incidences au sein des
pays de l'UE. Les politiques monétaires sont à présent essentiellement le fait de la seule BCE
et la convergence des politiques budgétaires et fiscales, au-delà des critères de Maastricht,
s'avère de plus en plus nécessaire. L'intégration des marchés financiers européens suit
désormais un processus inéluctable. Les spéculations et les analyses sur les effets de
l'unification monétaire en termes de convergence nominale et réelle (emploi, croissance,
investissements…) au sein de la zone Euro font généralement état d'un optimisme de bon aloi.
En revanche les implications sur les pays tiers proches de l'UE (PECO et PTM)** font l'objet
d'analyses plus circonspectes.
La plupart des analyses restent circonscrites à une discussion sur les conditions
internes de l'unification monétaire sans aucune référence aux conditions externes
(G.Kebabdjian,1996). C'est le cas en particulier des analyses centrées sur les questions de
l'Euro en tant que réducteur des biais d'inflation, ou en tant que nouvelle monnaie de
facturation, de transactions financières et de réserve (A.Benassy-Quéré,1996 ; P.R.Masson et
B.G.Turtelboom,1997) ou encore en tant que monnaie stable du fait de la disparition des taux
de change entre les monnaies européennes et des coûts de transaction y afférents
(P.Grauwe(de) et L.Spaventa,1997). Le cadre formel de ces études reste visiblement une
transcription des modélisations récentes sur la crédibilité du Système Monétaire Européen
(SME) en tant que zone-cible, ou des approches relatives aux Zones Monétaires Optimales
(ZMO) (M.I.Blejer et alii,1997; A.Benassy-Quéré et A.L.Révil,1999).
Les rares analyses qui traitent explicitement des implications externes de l'Euro
concernent plutôt ses effets sur la zone Dollar. Ainsi, P.Artus (1997) a examiné l'impact de
l'Euro sur les objectifs de politique monétaire de la Fed.
Nous nous sommes attachés pour notre part à examiner l'impact de l'Euro sur les pays
méditerranéens (Tunisie, Maroc, Turquie, Israël) qui ont déjà marqué leur attachement à l'UE
par la signature d'accords de libre-échange ou d'Union douanière.
Nul n'ignore, au moins depuis les travaux de Mundell-Fleming, même si c'est pour les
contester, qu'il existe un lien entre les régimes de change et les politiques monétaires et
budgétaires dans la réalisation conjointe des objectifs internes et externes d'ajustement et de
stabilisation des équilibres macroéconomiques. De ce point de vue, le choix du régime de
change qui sera adopté par rapport à l'Euro aura pour les PTM une incidence sur la conduite
de leur "policy mix" qu'il faudra apprécier en termes d'efficacité (analyse coûts-avantages)
dans la réalisation des objectifs fixés. La question du "triangle d'incompatibilité" de Mundell
sera posée également pour les PTM candidats à une intégration même atténuée à la zone
Euro.1 En l'absence plus que probable d'une coordination des politiques macroéconomiques
entre l'UE et les PTM, ces derniers auront à gérer de manière unilatérale leur adaptation à des
évolutions et à des politiques économiques qui les dépassent. On pourrait aborder ce problème
**
PECO (Pays d'europe centrale et orientale); PTM (pays tires méditerranéens); PSEM (pays sud et est
méditerranéens); UE (Union européenne); UEM (Union économique et monétaire); BCE (Banque centrale
européenne).
1
On ne peut dans le contexte d'appartenance à une zone monétaire avoir simultanément des changes fixes, une
parfaite mobilité des capitaux et une autonomie des politiques monétaires nationales.
11
sous un autre angle par référence à la théorie des zones monétaires optimales et considérer
que le degré d'ancrage à l'Euro (fixité plus ou moins grande du taux de change des monnaies
concernées par rapport à l'Euro) doit prendre en compte les conditions de gestion des chocs
asymétriques. Dès lors que le taux de change n'est plus en mesure d'absorber les chocs
exogènes asymétriques provenant de tout ou partie de la zone Euro et compte tenu des
insuffisances de mobilité du travail et dans une moindre mesure du capital, tout choc
asymétrique pourra se traduire par un déséquilibre de la balance des paiements et se
transmettre à l'économie interne par un nécessaire ajustement à la baisse de la demande
interne et donc de la croissance et de l'emploi. Il va de soi que les choix qui seront opérés
devront minimiser les effets de ces chocs exogènes.
La question qui se pose alors est celle des conditions d'exercice effectif de ces choix
pour les PTM. Mécaniquement la disparition des monnaies européennes et leur remplacement
par une monnaie unique aura une incidence directe sur ces pays par le simple fait qu'ils vont
devoir désormais libeller et régler dans cette seule monnaie, la facture de leurs relations
commerciales avec les onze pays de la zone Euro. Ces pays n'auront donc plus à gérer la
parité de leur propre monnaie avec un panier de devises européennes mais avec une monnaie
unique. On peut penser qu'il en résultera une diminution des coûts de transaction et des
risques de change pour les acteurs du commerce international et pour les opérateurs
financiers. Mais on peut aussi estimer que ces mêmes acteurs n'auront plus la possibilité
d'arbitrer entre ces différentes monnaies et de mieux répartir leurs risques de change. De leur
côté, les Etats des PTM perdent également la possibilité d'ajuster leur taux de change bilatéral
au plus près des structures de leur commerce extérieur ou de leur compétitivité avec chacun
des pays concernés de l'UE. Ce que l'on gagne en coûts de transaction on peut le perdre en
coûts de rigidité. Il est vrai que cet arbitrage et cet ajustement étaient déjà limités par la quasi
fixité des taux de change des monnaies européennes entre elles. Il y eut malgré tout pour
certaines d'entre elles (Lire italienne, Livre britannique, par exemple) des décrochages
significatifs par rapport à leur taux pivot de référence au sein du SME.2 Les PTM ont à
présent presque tous adopté une politique de taux de change effectif réel, fondée sur une
pondération de différentes monnaies d'un panier de référence, qui leur permet justement de
moduler d'autant mieux leurs taux de change bilatéraux qu'ils gardent jalousement secret leurs
coefficients de pondération. Il va leur falloir désormais penser leur politique de change par
rapport à un panier restreint de monnaies qui ne seront plus qu'au nombre de trois (Dollar US,
Yen et Euro) ou quatre si on rajoute la Livre Sterling. Plusieurs solutions existent qui
présentent toutes des avantages et des inconvénients et parmi lesquels il faudra choisir. Ce
choix doit tenir compte non seulement des contraintes de balance courante mais aussi des
différentiels d'inflation, de taux d'intérêt, de compétitivité, de croissance et de
développement.
2
La Lire italienne par exemple subissait fréquemment des attaques spéculatives et des crises de change dans le
cadre du Système Monétaire Européen (SME) qui avaient pour conséquence sa sortie du Mécanisme de Change
Européen (MCE). Il en résultait alors une forte volatilité des taux de change des monnaies des PTM, qui se
traduisait par des risques de change importants. D'une manière générale, l'une des implications positives
attendues en matière de change de l'avènement de l'Euro sur les PTM est la suppression de ce risque de
décrochage, du fait de leur fusion dans l'Euro, des monnaies des pays Européens les plus directement concurrents
des PTM (notamment la Lire italienne, la Peseta espagnole et l'Escudo portugais). Ce risque de dévaluation
compétitive des pays méditerranéens de l'UE était d'autant plus fort qu'il concernait principalement les monnaies
ancres des pays européens clients des PTM, notamment la France et l'Allemagne. (Chauffour et
Stemitsiotis,1998; Bénassy-Quéré A. et Lahrèche-Revil A.,1999).
En revanche, la création de l'Euro pourrait conduire vraisemblablement à un effet de détournement de
trafic et de détérioration de compétitivité du fait de l'intégration progressive et programmée des PECO dans l'UE,
et certains d'entre eux (la Bulgarie par exemple) ont déjà choisi de fixer leurs monnaies à l'Euro.
12
1.2 Le deuxième axe de notre réflexion qui n'est pas indépendant du premier tourne
autour des marchés financiers sur trois plans.
1. L'intégration croissante des PTM à une zone Euro élargie devrait leur permettre d'abord un
meilleur accès au marché des capitaux et faciliter leur financement externe par des prêts,
des IDE, des investissements de portefeuille ou même des aides. La recherche nécessaire
d'une diversification des formes de financement passe par la réalisation de conditions où se
mêlent des éléments objectifs de compétitivité, de croissance soutenue, d'équilibre interne
et externe (par la mise en œuvre de politiques d'ajustement et de libéralisation jugées
adéquates par les organisations internationales et les marchés)…et des éléments d'ordre
institutionnel et politique plus subjectifs que l'on nomme "gouvernance", Etat de Droit,
respects des libertés fondamentales, absence de conflits externes, paix civile…
2. Une autre dimension des marchés financiers est de permettre une meilleure gestion des
risques à trois niveaux.
• D'abord au niveau des risques de taux (d'intérêt et de change). Dès lors par exemple que les
dettes sont libellées dans une devise (le dollar par exemple comme c'est aujourd'hui le cas)
et que la monnaie d'un PTM fait l'objet d'un ancrage à l'Euro, les risques de change
deviennent très importants et indépendants des performances réalisées par le pays endetté.3
Il pourrait par exemple, en cas de dorte dépréciation de la monnaie d'ancrage par rapport au
$, en résulter un accroissement brutal du service de la dette qui peut en retour constituer un
choc exogène susceptible de freiner la croissance et réduire le niveau de vie des ménages
du pays concerné. Qu'elle soit publique et/ou privée cette dette devra donc désormais faire
l'objet d'une gestion plus active sur les marchés financiers internationaux de façon à
minimiser les chocs exogènes de taux par trop volatils.
• Ensuite au niveau de la gestion des risques systémiques qui doit également être prise en
compte par des politiques macroéconomiques de stabilisation qui peuvent se révéler
incompatibles avec un processus trop rapide de libéralisation du compte courant et du
compte de capital.
• Il existe enfin un troisième niveau de risque, jusqu'à présent peu étudié, qui concerne les
fluctuations des prix (des matières premières, des recettes touristiques et plus
généralement des biens échangeables exportés). Ce type de risque pourrait faire l'objet d'un
partage (risk sharing) sur et par les marchés financiers, ce qui suppose une coordination
internationale entre PTM.
3. Une troisième et dernière dimension des marchés financiers que l'on n'a peu l'habitude
d'évoquer à propos des pays en développement, où l'on ne voit le plus souvent que l'aspect
financement de l'économie, concerne les effets de richesse, de revenu et de consommation
générés par des placements effectués sur le marché des actions principalement. Certes
aujourd'hui seul les USA paraissent en mesure de soutenir leur demande interne par le biais de
la hausse continue des cours sur les marchés d'actions des différentes places financières
internationales. Mais sur des marchés financiers totalement libéralisés, rien ne s'oppose en
principe à ce que les ménages de n'importe quel pays investissent une partie de leur épargne
3
Si par exemple le Dinar tunisien (DT) était accroché nominalement à l'Euro (ce qui n'est pas loin d'être
aujourd'hui le cas si l'on considère le panier des monnaies de référence du DT et le poids des monnaies
européennes dans ce panier) et sachant que la plus grande partie de la dette extérieure tunisienne est libellée en
Dollar US, un décrochage de 10% de l'Euro par rapport au Dollar US accroîtrait de 10% le service de la dette
extérieure, entraînant une détérioration de la balance des paiements tunisienne qui n'aurait rien eu à voir avec une
quelconque détérioration antérieure des équilibres fondamentaux.
13
dans des portefeuilles internationalement diversifiés de valeurs mobilières. Les pays de l'UE
ne sont pas encore parvenus à ce stade. A fortiori dans les pays en développement on est
encore plus loin aujourd'hui d'une telle perspective qui suppose non seulement une
libéralisation totale du compte de capital et une libre convertibilité de la monnaie nationale,
mais aussi un changement culturel considérable des habitudes et des comportements
financiers accompagné d'un développement qualitatif des structures institutionnelles
d'intermédiation financière de marché.
Nous n'aborderons dans le cadre de notre programme de recherche que les aspects du
point 1.1 relatif aux politiques et à l’évolution des taux de change.
2.1 Contexte.
En cette fin de siècle où l'UE met en place une politique active d'intégration et
d'unification monétaire (l'UEM), l'analyse des effets d'une zone Euro sur les PSEM ne saurait
être menée sans prendre en compte également les effets liés de la politique économique
extérieure de l'Union européenne vis-à-vis de sa périphérie Sud et Est. Celle-ci vise d'une part
la constitution d'une vaste zone de libre-échange (principe d'association et de partenariat) avec
les pays du Sud (PSEM principalement) et d'autre part un élargissement (principe
d'intégration) à l'Est (PECO principalement).
On ne saurait nier par exemple que les politiques préférentielles de l'UE vis-à-vis des 3
pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) depuis 1969 ont permis en dépit des restrictions
sur l'agriculture et le textile une augmentation de leurs exportations vers l'UE de 12% par an
entre 1970 et 1993.4 Le Maroc et la Tunisie bénéficiaient d'avantages tarifaires significatifs
sur le marché de la CEE. En 1970 la CEE signe des accords dans le domaine des produits
agricoles avec d'autres pays méditerranéens dont Israël et la Turquie qui viennent remettre en
cause les avantages accordés. Entre 1980 et 1985 les droits de douane appliqués aux
exportations turques ont été abaissés de 30%, puis à nouveau de 20% entre 1985 et 1987.5
4
La Tunisie semble avoir le mieux tiré parti de ces politiques. Les gains de l'Algérie ont été très faibles, alors
que les conséquences de ces accords préférentiels commençaient à devenir négatives pour le Maroc à partir du
début des années 80.
5
Les produits agricoles turcs exportés vers la CEE sont mieux traités que ceux du Maroc et de la Tunisie dès
l'année 1983.
14
sous forme d'aides. Au total entre 1977 et 1992 l'ensemble des flux financiers vers les trois
pays mentionnés du Maghreb a été inférieur 35 $ par habitant.
6
Le conseil Européen de Copenhague a programmé dans le régime MCE II, l'adhésion future à l'Euro des PECO
les plus avancés en matière de convergence au sens des critères de Maastricht.
15
comme celle qui assure la réalisation successive ou concomitante des équilibres interne et
externe.
L'incitation à la discipline monétaire reflète alors une aversion pour l'inflation et une
préférence plus forte pour la stabilité des prix. En d'autres termes, le rattachement à l'Euro est
sensé permettre aux autorités monétaires d'importer la discipline anti-inflationniste de la
Banque Centrale Européenne. Ce rattachement est synonyme de coordination symétrique des
politiques de change, et semble être la réponse adéquate aux problèmes nés des asymétries de
taille, de chocs et de cycles entre l'économie domestique et la zone-euro. Cet argument relatif
aux critères de création d'une Zone Monétaire Optimale (ZMO) entre espaces économiques
interdépendants mais d'inégal développement est souvent avancé dans l'approche de Mundell-
Mc.Kinnon-Kennen pour analyser l'idée de soutenabilité d'un rattachement monétaire.
7
De nouveaux arguments théoriques en faveur des mécanismes de change fixe ont été développés à l'occasion
des théories sur la crédibilité des politiques monétaires et de réputation des Banques Centrales, mais aussi des
approches relatives aux zones-cibles de change. Un ancrage externe est souvent adapté pour lutter contre le biais
inflationniste dans un pays où la Banque Centrale ne peut imposer un ancrage nominal interne crédible
(Wagner,1998). Les biais d'inflation étant généralement source d'appréciation de la monnaie nationale en termes
réels qui risque d'handicaper la compétitivité et par là la croissance, l'ancrage externe peut devenir un facteur de
crédibilité interne.
8
La rigidité des régimes de change d'accrochage au dollar et leur incohérence aux fortes entrées de capitaux liées
à la libéralisation des systèmes financiers dans les pays émergents d'Asie du sud-est, mais aussi bien auparavant
16
L'inadaptation des théories traditionnelles du change (PPA, PTI, modèles monétaires,
modèles d'équilibre de portefeuilles…) à la situation actuelle d'intégration financière des
économies émergentes (Eichengreen. B [1995]), et les problèmes de validation empirique
qu'ils ont rencontrés (Cartapanis. A [1996]) ont conduit à leur intégration-dépassement vers
les théories du taux de change réel d'équilibre de long terme. La surveillance d'un taux de
change réel de référence ou d'équilibre de long terme défini en fonction d'objectifs de
convergence réelle apparaît comme la nouvelle disposition des politiques de change.
Récemment le débat s'est focalisé sur les causes et les effets de l'appréciation des taux
de change réels dans les pays en développement et en transition. Deux points de vue se sont
opposés: celui de la "misalignment view" pour qui l'appréciation du taux de change réel
engendre une perte de compétitivité qui se traduit à son tour par une détérioration de la
balance courante et celui des "fundamentals view" qui considère que cette appréciation traduit
des changements au niveau des secteurs réels fondamentaux qui se traduisent par une
dégradation de l'équilibre épargne-investissement. Dans ce cas de figure, une appréciation est
toujours le signe d'une tendance vers le taux de change réel d'équilibre de long terme.
Selon ce point de vue, une appréciation du taux de change réel est le résultat d'une
politique de change d'ancrage nominal. Le choix de ce régime de change est en fait un ancrage
de la politique monétaire visant à rompre avec une forte inflation. Mais l'ancrage du taux de
change ne saurait ramener instantanément le taux d'inflation domestique au niveau mondial
pour plusieurs raisons.
• Dans la mesure où les biens domestiques et les biens étrangers ne sont pas parfaitement
substituables les entreprises tournées sur le marché domestique ne sont pas incitées à
réduire rapidement leur niveau de prix. Cette inertie explique que la PPA ne peut
s'appliquer à court terme.
• Pour les mêmes raisons que précédemment les entreprises qui produisent des biens non
échangeables ne sont pas aussi motivées que celles qui produisent des biens échangeables
pour réduire leurs prix au niveau mondial.
• Il existe également une certaine inertie dans la croissance du taux de salaire nominal
(d'autant plus forte qu'il existe un système d'indexation des salaires) qui prend en compte
avec retard des changements dans le niveau des prix et dans le niveau des salaires
mondiaux.
Pour toutes ces raisons, on va assister à une appréciation du taux de change réel qui se
traduit par une perte de compétitivité sur le marché mondial. De ce fait, les exportations
deviennent plus chères comparativement aux importations, ce qui entraîne une détérioration
de la balance commerciale et par là de la balance courante.
Ceci survient même si l'on ne pratique pas un ancrage nominal fixe. Un régime de
change flottant administré ("managed floating exchange rate") conduit également au même
au Mexique, ont remis en cause la crédibilité des régimes de changes fixes ou d'ancrage rigide par rapport à une
seule monnaie de référence.
17
résultat (sauf si la Banque centrale suit une politique d'ancrage par glissement sur un objectif
de taux de change réel ("crawling peg policy of targeting the real exchange rate").
Dans le cas d'une politique de change flottant administré, une appréciation réelle ou
nominale apparaîtra par le biais d'une entrée importante de capitaux extérieurs.
En outre l'afflux massif de capitaux extérieurs, s'il n'est pas maîtrisé et canalisé vers
des investissements productifs, exerce des effets de fragilisation des systèmes financiers peu
développés à la fois à travers le système bancaire qui se trouve en position de devoir
intermédier des flux croissants de financement externe et à travers les Banques Centrales qui
doivent réguler avec des outils inadaptés une expansion rapide des activités bancaires. Il en
résulte un accroissement des risques financiers d'autant plus important que les flux de capitaux
extérieurs sont importants, volatils, peu soutenables et orientés vers des activités plus
spéculatives que productives.9
N'oublions pas à ce propos, que l'une des causes à l'afflux massif de capitaux volatils
dans les pays d'Asie dans la période qui a précédé la crise, afflux considéré comme un des
facteurs de la crise asiatique, a tenu à une politique de taux de change nominal ancré sur le
dollar US avec des variations limitées (Thaïlande, Malaisie, Corée et Philippines). Ceci a
manifestement contribué à réduire la perception des risques par les investisseurs et encouragé
les entrées de capitaux.
On sait aussi désormais depuis la crise asiatique de 1997 quel est le prix à payer, fixé
par le FMI, pour prévenir le renouvellement de ces dérapages financiers.
1. Une politique budgétaire drastique de réduction des déficits et des dépenses publics
accompagnée également d'une politique monétaire fortement restrictive. La politique
budgétaire ayant justement pour but d'accompagner et de permettre la contraction
monétaire de façon à soutenir le taux de change et à fournir les fonds nécessaires à injecter
dans le système financier endommagé.
2. Une sévère restructuration du secteur bancaire visant à liquider purement et simplement les
banques défaillantes et à recapitaliser celles qui restent de façon à restaurer la confiance
dans le système bancaire.
3. Renforcement des règles prudentielles du système bancaire.
4. Réduction forte du crédit domestique en élevant les taux d'intérêt et en rendant les
conditions d'accès au crédit plus difficiles de façon à soutenir le taux de change.
5. Obligation du pays à un paiement intégral de ses dettes extérieures.
6. Renforcement des mesures d'ajustement structurel visant à une plus grande libéralisation
du commerce extérieur, à une plus grande ouverture aux investissement étrangers et à la
réduction du pouvoir des monopoles publics et privés.
Ces entrées de capitaux peuvent être aussi le résultat d'un excès d'optimisme sur
le succès des politiques de réforme entreprises par le pays ou tout simplement l'attrait de taux
d'intérêt réels élevés. En tout état de cause, si ces capitaux ont un caractère essentiellement
spéculatif ils empêcheront la monnaie nationale de se déprécier suffisamment pour maintenir
9
Instabilité politique et incertitude institutionnelle (sur les plans juridique et administratif notamment)
produisent les mêmes effets qu'une fragilité du système financier.
18
stable le taux de change réel en présence d'un différentiel d'inflation persistent entre le pays et
l'extérieur. En l'absence de contrôle des mouvements de capitaux, les interventions de la
Banque centrale sur le marché des change pour empêcher l'appréciation nominale de la
monnaie domestique ne parviendront pas à empêcher une appréciation réelle. En outre si la
politique monétaire ne parvient pas à stériliser l'afflux de capitaux, il en résultera une
croissance de la masse monétaire qui accentuera l'inflation qui à son tour entraînera une
appréciation réelle de la monnaie. Si en revanche la politique monétaire de la banque centrale,
parvient à stériliser cet afflux de capitaux, il faudra pour cela maintenir des taux d'intérêt
domestiques élevés qui auront pour effet d'attirer encore plus de capitaux extérieurs et de
maintenir la pression à la hausse du taux de change nominal. D'où la tendance à maintenir le
contrôle du compte de capital en dépit des instructions du FMI pour sa libéralisation complète.
En tout état de cause et en relation avec l'entrée massive de capitaux, on peut assister à
une détérioration du compte courant en raison de la forte appréciation du taux de change réel.
Selon ce point de vue, l'appréciation du taux de change réel n'est pas le signe d'un
"mésalignement" du taux de change et d'une perte de compétitivité mais d'une appréciation du
taux de change réel d'équilibre (taux de change réel fondamental ou "fundamental real
exchange rate"). La détérioration de la balance courante n'est donc pas un effet de
l'appréciation du taux de change réel mais une réponse optimale à des changements structurels
et fondamentaux de l'économie. En particulier à des changements dans les taux d'épargne et
d'investissement.
Une appréciation du taux de change réel fondamental peut apparaître soit lorsqu'elle
corrige une dépréciation antérieure, soit lorsqu'il se produit des changements des
fondamentaux de l'économie (productivité, technologie par exemple). Par exemple l'effet
Balassa-Samuelson montre qu'un accroissement plus rapide de productivité dans le secteur des
biens échangeables par rapport au secteur des biens non échangeables conduit à un
accroissement relatif des prix biens non-échangeables par rapport aux prix des biens
échangeables et donc à une appréciation du taux de change réel ("CPI-based real exchange
rate") qui n'a rien à voir avec une perte de compétitivité de l'économie. Le même phénomène
peut apparaître si les capitaux étrangers s'investissent dans les biens non échangeables (terre,
immobilier, services…) et élèvent leurs prix relatifs par rapport aux biens échangeables.
D'autres facteurs spécifiques peuvent induire des différences dans les rythmes de
hausse des prix:
- les pondérations utilisées pour construire les composantes nationales des indices de prix;
- un manque de synchronisation des politiques nationales;
- les modifications dans le système de fiscalité indirecte;
- les effets de mode propre à un pays;
- les conditions météorologiques;
- l'intensité de la convergence, des différences de niveau de prix importantes au départ
entraînerait un mouvement de rattrapage qui se traduirait par des variations de prix de plus
forte amplitude;
- la positon des économies nationales dans le cycle économique;
- etc.
En particulier si l'on fait l'hypothèse d'un rattrapage des PSEM par rapport à ceux de la
zone Euro, on devrait assister à un accroissement plus important de productivité parmi les
19
premiers surtout dans le secteur des biens échangeables. De ce fait, il en résultera
conformément à l'effet Balassa-Samuelson une augmentation plus rapide du prix des biens
non échangeables. De ce fait, le niveau général des prix progressera en termes relatifs plus
fortement dans ces pays et son expression statistique sera d'autant plus élevé que le poids des
non-échangeables dans l'indice de prix sera plus élevé. Cet effet de rattrapage sur
l'accroissement des différentiels d'inflation a bien eu lieu dans les pays appartenant à la zone
Euro eux-mêmes. La productivité et les niveaux de vie ayant augmenté plus fortement dans les
pays en retard (processus de convergence réelle), ces derniers ont connu durant toute la phase
de rattrapage une inflation plus forte des prix des biens non échangeables et par là (compte
tenu de la stabilité dans les prix des biens échangeables) une augmentation de l'indice général
des prix (moyenne pondérée des prix des biens échangeables et non échangeables) de ces
pays. On a montré pour les pays de la zone Euro que la convergence des niveaux de prix était
un facteur explicatif important des différentiels d'inflation. Il en est de même bien que dans
une moindre mesure des divergences conjoncturelles.
D'autres facteurs jouent au contraire dans le sens de la réduction des écarts d'inflation:
- anticipation de la convergence des niveaux de prix par les agents;
- transparence transfrontière des prix;
convergence des niveaux de vie;
- convergence de la productivité (effet Balassa-Samuelson)
Par exemple lorsqu'on observe les écarts d'inflation à l'intérieur de la zone Euro
mesurés à travers les indices de prix à la consommation harmonisée (IPCH) et que l'on
décompose cet indice par catégorie de produits on s'aperçoit que les dispersions les plus fortes
entre les pays concernent deux catégories, les produits alimentaires et l'énergie (qui
représentent un poids d'un peu plus de 30%) qui sont les composantes les plus instables de
l'IPCH qui subissent l'influence de facteurs météorologiques pour l'agriculture ou d'autres
facteurs divers pour le pétrole qui ne traduisent pas directement des différentiels de
productivité. DE ce point de vue, plus un pays a un appareil productif diversifié et moins il est
vulnérable aux chocs sectoriels.
2.3.1 Il est souvent difficile de mesurer les taux de change réels dans les PSEM en raison
de l'absence de statistiques adéquates sur les prix des biens échangeables et non échangeables
ainsi que sur la productivité du travail et les coûts salariaux. Une appréciation du taux de
change courant pourrait consister à calculer le Ratio (EP)*/P où P est l'indice domestique des
prix à la consommation et (EP)* est l'indice des prix de gros étrangers mesuré en monnaie
locale au taux de change nominal courant. On présuppose par ce calcul que l'indice
domestique des prix à la consommation comporte un poids important en biens non-
échangeable alors que l'indice des prix de gros étrangers comporte un poids important en biens
échangeables. (EP)* est calculé en utilisant la moyenne géométrique des indices de prix des
principaux pays partenaires. Une forte appréciation du taux de change réel devrait être associé
à une diminution des exportations. Le ralentissement des exportations signifie également une
moindre qualité des investissements et une difficulté des entreprises à faire face à leur
obligation d'échanges extérieurs.
20
part parce qu'elle est étroitement liée aux autres composantes de l'investissement et de
l'épargne domestique (équilibre budgétaire et épargne privée) et d'autre part en raison de ses
fortes implications sur le taux de change et la compétitivité.
La structure des flux de capitaux nécessaires pour financer le déficit du compte courant
est également un indicateur de soutenabilité. Les capitaux à court terme sont plus dangereux
que les capitaux à long terme et les IDE sont préférables à l'endettement. Les crédits publics
sont moins volatils que les crédits privés qui sont eux-mêmes moins volatils que les
investissements de portefeuille. Il convient également de prendre en compte la composition
dans les différentes devises des flux de capitaux extérieurs.
Une politique d'ancrage plus ou moins fixe à une monnaie internationale nécessite de
disposer de réserves de change suffisantes pour pouvoir soutenir de manière crédible la parité
de la monnaie. Encore faut-il que ces réserves de change ne soient pas entièrement absorbées
par le service de la dette.
2.3.3 La fragilisation du système financier est un des signes les plus tangibles de l'annonce
d'une crise qui résulterait d'un afflux important de capitaux extérieurs. Le crédit au secteur
privé devrait croître très rapidement et fortement avec un financement qui serait le fait des
banques offshore. En grande majorité, ces crédits servent à des investissements spéculatifs
dans l'immobilier et non pas à accroître les capacités productives du secteur exportateur. La
facilité qu'ont les banques commerciales à intermédier les flux de capitaux extérieurs est
accrue par les politiques de libéralisation financière qui ont été mises en œuvre. On assiste
alors à un accroissement de la dette bancaire extérieure, surtout la dette à court terme. Le
système bancaire se fragilise premièrement en raison du fait qu'il emprunte en monnaie
étrangère et prête en monnaie locale , ce qui l'expose dangereusement à un risque de change
de dépréciation de la monnaie nationale; deuxièmement en raison du fait qu'il emprunte à
court terme et prête à plus long terme ce qui le rend vulnérable à un risque de panique
bancaire. Ce double phénomène d'exposition risquée et de vulnérabilité à une panique
financière peut être appréhendé par le Ratio dette à court terme sur réserves de change.
Les études de cas qui suivent n'ont pas pour l'instant pu prendre en compte de manière
similaire pour tous les quatre pays étudiés, la totalité des problèmes théoriques soulevés ni
même les questions méthodologiques de mesure et d'évaluation.
21
3. Les préalables méthodologiques à l’ étude appliquée.
22
3.2.2. Le cadre théorique de référence compatible avec ces situations concrètes et
conforme à l’approche en termes de zone cible privilégiée plus haut ne peut donc être que
celui d’un modèle d’inspiration keynésienne de type IS / LM / BP à prix relativement flexibles
et à taux de change « flexible sous contrôle », c’est à dire ajustable, dans un contexte de
mobilité assez forte des mouvements internationaux de capitaux puisque on suppose que les
pays étudiés se sont ouverts progressivement aux marchés financiers internationaux. Cette
approche nous semble tout à fait adaptée aux objectifs finals de cette étude puisque elle laisse
une forte marge de manœuvre à la politique économique: possibilité d’ une « policymix »
coordonnée à une politique de change pour un guidage approprié de l’économie vers
« l’équilibre à la Mundell-Fleming » de référence. Mais cette situation d’équilibre de
référence ne peut se concevoir que comme cible stable dans le temps, c’est à dire à évolution
relativement prévisible et contrôlable dans le moyen et le long terme. S’agissant plus
particulièrement de la composante «taux de change» de cette cible ,i.e. le pivot de la zone
cible de référence, il ne peut s’agir que d’ un taux de change réel d’ équilibre; mais à quelle
définition théorique doit-on le rattacher ?
L’ERER est défini comme « le prix relatif des biens non échangeables par rapport à
celui des échangeables, qui, pour des valeurs données et soutenables d’un certain nombre de
variables comme les impôts, les termes de l’échange, la politique commerciale, les flux de
capitaux (aide comprise) et la technologie, se traduit par la réalisation simultanée des
équilibres interne et externe » (S.Edwards 1989). Par équilibre interne ici, il faut entendre
l’équilibre réalisé dans le présent et attendu dans le futur sur le marché intérieur des biens non
échangeables ; l’équilibre externe prévaut lorsque le solde présent et futur du compte courant
est compatible avec les mouvements de capitaux soutenables à long terme. Il s’agit donc bien
d’un taux de change réel d’équilibre à long terme vers lequel devrait s’ajuster le taux de
23
change réel courant, à l’issue d’un processus de guidage réussi de la politique économique
dans sa triple dimension budgétaire, monétaire et de change.
Les SFI donnent depuis 1979 pour la plupart des pays ( et notamment pour les quatre
PSEM étudiés) une estimation de l’évolution des taux de change réels (base 1995=100). Mais
la méthode d’estimation de ces données (émanant du FMI), qui est par définition la moins
mauvaise applicable à l’ensemble des pays membres de cette institution (plus de 180), n’est
pas la plus appropriée aux objectifs de notre recherche. Il est difficile en effet de mesurer les
taux de change réels courants (certains disent effectifs, notés TCRC dans ce qui suit), dans les
PSEM en raison de l'absence de statistiques adéquates sur les prix des biens échangeables et
non échangeables ainsi que sur la productivité du travail et les coûts salariaux.
24
La formule retenue par I.Elbadawi est bien adaptée au cas de nombreux pays en
développement et nous a paru bien convenir au cas des quatre PSEM étudiés. Cet auteur
distingue en effet l’ indice de prix des biens non échangeables de celui des prix des biens
échangeables qui est opportunément considéré comme l’indice des prix internationaux à
prendre en compte pour le calcul du TCRC et donc de la détermination de l’ERER ; mais
attention à l’expression algébrique qu’il propose (Elbadawi 1994) ; elle est du type suivant :
TCRC= Pnt/ E.Pt c’est à dire qu’il s’agit d’un taux de change réel défini « au certain » ( i.e.
qui exprime le rapport du pouvoir d’achat à l’extérieur d’une certaine quantité nominale de
monnaie au pouvoir d’achat de cette même quantité de monnaie sur le marché intérieur du
pays considéré) ; en d’autres termes et avec cette definition, si ce TCRC s’apprécie, c’est que
la capacité d’importation du pays étudié s’accroît et que ses exportations vont diminuer,
toutes choses égales par ailleurs, par perte de compétitivité-prix.
La fragilisation du système financier est un des signes les plus tangibles de l'annonce
d'une crise qui résulterait d'un afflux important de capitaux extérieurs. Le crédit au secteur
privé devrait croître très rapidement et fortement avec un financement qui serait le fait des
banques offshore. En grande majorité, ces crédits servent à des investissements spéculatifs
dans l'immobilier et non pas à accroître les capacités productives du secteur exportateur. La
facilité qu'ont les banques commerciales à intervenir dans le processus d’intermédiation des
flux de capitaux extérieurs est accrue par les politiques de libéralisation financière qui ont été
mises en œuvre. On assiste alors à un accroissement de la dette bancaire extérieure, surtout la
dette à court terme. Le système bancaire se fragilise alors premièrement en raison du fait qu'il
emprunte en monnaie étrangère et prête en monnaie locale , ce qui l'expose dangereusement à
un risque de change de dépréciation de la monnaie nationale; deuxièmement en raison du fait
qu'il emprunte à court terme et prête à plus long terme ce qui le rend vulnérable à un risque de
panique bancaire. Ce double phénomène d'exposition risquée et de vulnérabilité à une panique
financière peut être appréhendé par le ratio dette à court terme sur réserves de change. La
solidité du système financier est donc elle aussi un indicateur de capacité à soutenir un déficit
du compte courant. L'entrée de capitaux et d'IDE signifie en fait une participation étrangère au
système bancaire et financier. Ces capitaux doivent nécessairement être déposés dans des
25
banques nationales ce qui présuppose un minimum de confiance dans ces banques. Un
système bancaire fragile décourage l'épargne, réduit l'investissement et la croissance et
dissuade l'entrée de capitaux extérieurs.
Enfin, le poids de l’Etat dans la dépense globale et de ses prélèvements tarifaires sur
les échanges commerciaux en fait un acteur déterminant de la position du TCRC par rapport à
sa valeur d’équilibre de moyen et long terme.
3.3.3. Ces considérations d’ordre théorique ne sont pas conduites en ordre dispersé.
Elles permettent d’identifier le faisceau des variables pertinentes pour comprendre comment s’
établissent de manière durable les relations économiques internationales réelles et financières
entre les PSEM et l’Europe, mais aussi comment des phénomènes d’instabilité peuvent
apparaître et perturber le développement et la régularité de ces échanges.
Dans l’analyse appliquée de I. Elbadawi, le TCRC est précisément défini comme une
fonction implicite des variables macroéconomiques suivantes : A/Y, à savoir le rapport au
PIB de l’absorption A ; TOT un indice des variations des termes de l’échange ; tx et tm les taux
net d’imposition des exportations et des importations, Gnt / G la part des dépenses publiques
en biens non échangeables dans les dépenses publiques totales et G/Y le pourcentage par
rapport au PIB de la dépense publique globale. Il s’agit donc bien d’une approche combinée
des « courbes IS et BP » à laquelle viendra s’ajouter au cours de l’étude d’économie appliquée
qu’il effectue ensuite le déterminant principal « de la courbe LM » que constitue l’offre de
monnaie à travers un indicateur d’excès d’offre de monnaie mesuré en pourcentage du PIB.
Ces choix posés, l’Auteur procède à une analyse en termes de cointégration pour
estimer les ERER ( ou taux de change réels d’équilibre) pour le Chili, le Ghana et l’Inde pour
la période 1965-90 pour les deux premiers et 1965-88 dans le cas de l’Inde. Ses résultats sont
intéressants et à mettre au crédit de cette approche : il trouve, d’une part, que les ERER ne
sont pas constants au cours du temps et, d’autre part, que sa méthode permet de connaître la
trajectoire temporelle des TCRC et d’apprécier s’ils convergent ou non vers l’ ERER, c’est à
dire de mesurer le « mésalignement » du taux de change réel courant (rappelons que certains
qualifient d’effectif) par rapport au taux de change réel d’équilibre. L’objectif d’une bonne
politique de change devant être justement de chercher à éliminer ou en tout cas à réduire au
minimum ces mésalignements.
4. Présentation et synthèse des études de cas portant sur la Tunisie, le Maroc, la Turquie
et Israël :
Les études de cas qui suivent ont essayé de prendre en compte de manière similaire
pour tous les quatre pays étudiés, la majeure partie des problèmes théoriques soulevés ci-
dessus dans la présentation du travail de I. Elbadawi, lui-même conforme, nous l’avons vu à
l’approche de S. Edwards, ainsi que les questions méthodologiques de mesure et d'évaluation
précédemment discutées.
La première des études économétriques présentées en annexe est une application, dans
les mêmes termes pour les quatre pays, de l’ approche économétrique d’ Elbadawi ; la
deuxième est relative au seul cas du Maroc et relève d’un traitement statistique un peu
différent de celui mis en œuvre dans l’ étude précédente; la troisième étude est entièrement
consacrée au cas tunisien et, si elle s’inspire également de l’approche de I. Elbadawi, elle
26
consiste en un approfondissement analytique conséquent de cette approche qui en fait une
contribution tout à fait originale allant au delà des objectifs initiaux de cette recherche tout en
apportant des réponses concrètes et concordantes avec les résultats obtenus dans les travaux
cités précédemment ; enfin les quatrième et cinquième traitements économétriques concernent
la Turquie et Israel respectivement.
Ce choix d'un régime de flottement administré a été essentiellement dicté par le double
objectif assigné à la politique de change de promouvoir la compétitivité du commerce
extérieur et de financer le déficit courant. Ce double objectif consiste à contrôler et garantir la
stabilité du taux de change effectif réel du Dinar par rapport à un panier de monnaies dont les
composantes et les pondérations ne sont pas rendues publiques. D'après la classification
habituelle des différentes réglementations officielles du taux de change (IMF, 1998), il s'agit
d'un régime de flottement administré avec interventions ad hoc de la Banque Centrale qui
dispose ainsi de la possibilité d'une gestion active et discrétionnaire de la politique de
change.10
-( i ) Tout d’abord, il apparaît que le taux de change réel estimé par le FMI (TCRFMI) et le
taux de change courant (TCRC) calculé par la méthode d’Elbadawi ont suivi des évolutions
conformes, quoique avec de légères différences ;
10
Le régime de flottement dirigé est identique au régime d'ancrage sur un panier de monnaies représentatives de
la concentration relative des échanges commerciaux mais aussi en fonction des structures d'endettement externe,
à condition que la composition et les pondérations du panier ne soient pas tenues secrètes et font référence à une
règle. Dans le cas contraire, aucune différence n'existe par rapport au flottement administré avec interventions
discrétionnaires des autorités.
27
-( ii ) Le TCRC calculé est toujours « au dessus » du TCRFMI, ce qui correspond à une
« surévaluation » par rapport à celui-ci, c’est à dire à une estimation de la compétitivité-prix
des exportations tunisiennes plus faible que celle estimée par le FMI ;
-( iii ) Les trois taux de change réels décroissent fortement entre 1979 et 1987 (date d’entrée
en vigueur du programme d’ajustement structurel (PAS) en Tunisie (et du « changement » de
politique économique correspondant) pour se stabiliser ensuite.
Cette décroissance simultanée des trois taux traduit la volonté politique du
gouvernement tunisien de rendre plus compétitive les exportations du pays.
-( iv ) C’est autour de la valeur 100%, c’est à dire « le niveau de la parité » que le taux du
FMI et le taux réel d’ équilibre (l’ ERER) d’Elbadawi se sont stabilisés et autour de 110%
pour le TCRC.
Or, cet écart entre le TCRC et l’ERER qui reste du même ordre de grandeur depuis
1987, était déjà présent tout au long de la période antérieure (1979,1986). Il traduit le fait que
la politique de change du gouvernement tunisien, aussi bien avant qu’après le PAS, est une
politique systématique de sur-évaluation nominale du Dinar tunisien. Ce « mésalignement »
apparaît donc comme systématique.
160,00
150,00
140,00
130,00
120,00
en %
110,00
100,00
90,00
80,00
70,00
60,00
80
81
82
83
84
85
86
87
88
89
90
91
92
93
94
95
96
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
Ces résultats dans leur ensemble sont conformes aux conclusions d’une autre étude
économétrique menée au CEMAFI11 sur la base elle-aussi de la méthodologie de Elbadawi.
11
Z. El Kadhi, La détermination du taux de change réel d’équilibre : le cas de la Tunisie, mémoire de DEA
Cemafi, septembre 2000, 107 p.
28
crédibilité de ce régime de change y est jugée à partir de la dynamique comparée du taux de
change réel Dinar-Euro, i.e. du taux de change effectif réel par rapport aux 11 monnaies de la
zone (les monnaies dites « in ») par référence à sa norme d'équilibre de long terme. La
détermination du taux de change réel d'équilibre ou de référence du Dinar par rapport à l'Euro
est analysée à partir du modèle linéaire de forme réduite appliqué à l'indice du taux de change
réel effectif du Dinar vis-à-vis des 11 monnaies Européennes "in", et qui comprend deux
composantes principales : un différentiel de productivité entre la Tunisie et les pays de la zone
Euro-11 et une batterie de déterminants fondamentaux. Il s'agit de la PPA et la PTI à long
terme formalisées par les variables de différentiel d'inflation et de différentiel de taux d'intérêt
nominaux de long terme et du Ratio du solde de la balance des opérations courantes par
rapport au PIB. Les séries sont annuelles et couvrent la période 1970-1998.
Dans le modèle, l'indice du taux de change nominal du Dinar par rapport à l'Euro est
construit à partir de l'indice du taux de change effectif nominal calculé selon une moyenne
géométrique des indices de taux de change nominaux bilatéraux vis-à-vis des 9 monnaies
Européennes retenues exprimés pour l'année de base 1980, et pondérés selon les proportions
relatives des différents pays dans les flux d'échanges et de services extérieurs de la Tunisie.
Les indices de taux de change réels sont calculés à partir de ces indices nominaux et des
indices des prix à la consommation, une fois les séries au préalable normalisées à la même
année de base 1980. L'indice du taux de change réel Dinar-Euro est alors l'indice du taux de
change effectif réel calculé selon une moyenne géométrique pondérée des indices de taux de
change réels bilatéraux du Dinar en retenant les mêmes coefficients de pondération utilisés
précédemment. Une augmentation correspond à une dépréciation réelle.
Dans nos conclusions, nous retiendrons surtout que cette volatilité nominale du Dinar
tunisien a été plus faible vis-à-vis de l'Euro que par rapport au Dollar et au Yen. En résumé, la
caractéristique fondamentale de la gestion du change en Tunisie a donc sans doute été la
recherche permanente de la stabilisation du taux de change réel du Dinar; c'est pourquoi celui-
ci ne s'est pas trop écarté de sa valeur d'équilibre de long terme vis-à-vis de l'Euro. En plus,
bien que des distorsions et des mésalignements de change par rapport à cette valeur
d'équilibre soient vérifiés, ils sont essentiellement expliquées par des politiques délibérées et
discrétionnaires de sur-dépréciation réelle motivées par un impératif de compétitivité.
Paradoxalement, cette politique a aussi permis de limiter le risque de change du Dinar et de
minimiser sa volatilité. A ce titre et pour l’avenir, le régime de flottement administré avec
ancrage implicite du Dinar à l'Euro est doublement crédible. Mais le test d’ajustement qui
a été effectué relativement à un flottement contrôlé du DT par rapport à l’Euro dans un régime
de zone-cible et donc dans l’ hypothèse d’un ancrage explicite (cf. le $ 6.1 de l’Annexe 2
présentant un test d’ajustement du « drift ») montre tout de même que le régime d'ancrage fixe
29
du Dinar à l'Euro sur une zone-cible de change comporte des risques récurrents de crises de
balance des paiements. Ce résultat montre donc que le contrôle d'une manière plus rigide de la
norme de référence du Dinar par rapport à l'Euro devrait être sérieusement envisagé dans une
période transitoire.
Il est d’abord resté accroché au FF par une parité fixe jusqu'en 1973.
A partir du 17 mai 1973, il a fait l'objet d’une politique de change flottant administré
par rapport à un panier de devises dans lequel le FF entrait pour une part importante (38% en
1973) mais déclinante au profit du dollar US qui « pesait »15% en 1973 puis 32% en 1980
alors que le poids du Franc français tombait à la valeur de 25%. Ces changements ne furent
pas dus à des modifications substantielles de la part de la France dans les échanges
extérieurs marocains. En effet entre 1973 et 1980, la part de la France dans le commerce
extérieur (importations et exportations) du Maroc est passée de 47% à 41% environ, celle
des USA de 9% à 6% et celle de l'Espagne de 7% à 12% (alors même que le poids de la
Peseta espagnole est resté stable à 15%). Il n’y avait donc pas un lien clair entre la
composition du panier de référence en devises et la structure par pays des échanges
extérieurs du Maroc.
30
faiblement par rapport à la Lire italienne (1%) et à la Peseta espagnole (0,96%). La
dépréciation du DH par rapport au panier de rattachement a été, sur la période considérée, de
2,7% en moyenne. Cette dépréciation a été très forte au cours de la première moitié des
années 80, puis à nouveau en 1990. En revanche depuis cette date le DH s'est déprécié
faiblement au rythme de 0,23% par an.
Mais ces constatations sont de peu d’utilité car elles ne disent rien sur les effets en
terme de compétitivité qu’ont eus ces dérives nominales du cours du DH. D’où la nécessité
d’une étude de la trajectoire de cette monnaie en termes réels.
Les études économétriques auxquelles nous avons procédé et qui figurent en Annexe 5
et en Annexe 6, montrent que, en termes réels, compte tenu du fort taux interne d'inflation des
années 70, on peut dire que le DH s'est apprécié d'environ 16% de 1970 à 1980 (i.e. le TCRC
défini au certain a augmenté). Au cours des années 80 en revanche avec le fort ralentissement
de l'inflation il y a eu dépréciation réelle du DH. C’est ce que montrent les deux études
économétriques présentées en Annexes.
150,00
140,00
130,00
120,00
110,00
100,00
90,00
80,00
70,00
80
81
82
83
84
85
86
87
88
89
90
91
92
93
94
95
96
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
-( i ) Tout d’abord, il apparaît que le taux de change réel estimé par le FMI (TCRFMI) et le
taux de change réel d’équilibre au sens de Elbadawi, l’ERER calculé, ont suivi une évolution
chronologique très proche, en moyenne, pour la période 1980-1996 ; à sept reprises, le
TCRFMI est supérieur à l’ ERER ; à dix reprises il est inférieur. En même temps, on observe
que ces divergences s’inversent fréquemment puisque les deux courbes se coupent à dix
reprises sur l’ horizon de dix-sept ans retenu.
31
Ceci nous conduit, d’une part, à conclure à la robustesse (et à la pertinence) de l’
ERER par rapport à l’approche du taux de change réel marocain par le de change réel du
FMI et, d’autre part, à suggérer des investigations supplémentaires à mener dans une autre
recherche pour essayer de comprendre le pourquoi de ces points de changements de signe
(points de retournements) de la différence entre les deux indices.
-( ii ) Le taux de change réel courant (TCRC) calculé par la méthode retenue (méthode de
Elbadawi) est toujours supérieur au TCRFMI, sauf pour les deux dernières années de la
chronique (1995 et 1996) ; ceci signifie que la politique de « gestion » du taux de change au
Maroc a eu un effet d’élévation de la compétitivité-prix des exportations du pays à un niveau
inférieur à celui estimé par le FMI .
-( iii ) le TCRC calculé est toujours supérieur au taux de change réel d’équilibre (l’ERER),
sauf en début de période (1981 et 1982) et pour l’année 1994 ; c’est le signe que le Maroc,
comme la Tunisie, n’a pas pratiqué (à ces trois exceptions près) une politique de sous-
évaluation systématique du taux de change nominal du Dirham, pour augmenter la
compétitivité-prix des produits marocains exportables ; le Dirham est resté légèrement
surévalué en moyenne par rapport à sa parité d’équilibre.
-( iv ) Comme dans le cas de la Tunisie, les trois taux de change réels décroissent fortement
en moyenne entre 1980 et 1996 pour se stabiliser en dessous de la valeur de 100% depuis
1987, avec une légère remontée vers cette « cible » pour les deux taux de change réels
courants. On peut donc conclure que le taux de change réel courant effectif marocain est
resté, au cours de la dernière décennie et de façon durable, au-dessous du « niveau de sa
parité », ce qui est le signe d’une politique de change cherchant à favoriser la compétitivité-
prix des exportations que nos commentaires du paragraphe 4.2.1 ci-dessus laissaient prévoir.
Les tests économétriques menés dans l’étude présentée dans l’Annexe 2 conduisent à
des résultats convergents, alors même que les sources statistiques utilisées dans cette étude
sont différentes ; ce sont des sources émanant des documents statistiques officiels de la
Banque centrale et de l’administration du Maroc.
En conclusion, il apparaît donc un résultat tout à fait intéressant, à savoir que, même
si on a pratiqué au Maroc comme en Tunisie, depuis le milieu des années 80, une politique
systématique d’ancrage (et en même temps de flottement contrôlé) de la monnaie nationale
par rapport à un panier de devises de composition maintenue constante (avec pondérations
stables) dans le temps, les exportations marocaines ont néanmoins bénéficié d’un glissement
graduel du taux de change réel courant et d’équilibre à la baisse vers un niveau-plancher
inférieur au seuil de parité de 100%( ce qui n’a pas été le cas en Tunisie) ; cela est confirmé
globalement, sinon année par année, par les observations qu’on a pu faire relativement aux
taux de change bilatéraux vis à vis des principaux partenaires commerciaux du pays. Ainsi,
on a constaté que si,.par rapport au FF et à la Lire italienne, compte tenu des différentiels
d'inflation, le DH s'est apprécié, il s'est déprécié par rapport au $US et au DM et encore plus
par rapport au Yen.
32
pour le Dirham marocain au fur et à mesure que prendra effet l’accord d’association signé
avec l’Europe des quinze ?
Il semble donc difficile de proposer une politique précise de taux de change dans la
perspective du développement des relations d’échange Euro-marocaines pour la décennie
qui commence d’autant plus que dans la décennie qui s’achève, à propos des hésitations ou
de l’absence d’un véritable choix de politique, on a pu dire que : "Depuis 1980, le taux de
change du DH n'est ni tout à fait un objectif à atteindre en utilisant des instruments de la
Banque Centrale (interventions sur un marché de devises inexistant avant 1996), ni tout à
fait un instrument utilisé en vue d'atteindre des objectifs de croissance ou d'équilibre
macroéconomique" (L. OULHAJ, 2000, annexe 2).
Il nous a de ce fait semblé illusoire de tester de façon sophistiquée comme cela a été
fait dans le cas tunisien, un modèle de zone cible pour le taux du DH vis à vis de l’Euro, avec
estimation du flottement ; nous nous contenterons seulement d’évoquer brièvement trois
scénarios.
A. Le statu quo.
33
niveau de la balance des services et des transferts (tourisme), ni au niveau des IDE (14,9%), ni
au niveau de sa dette extérieure. Le poids du dollar s'accroît cependant si l'on considère les
partenaires non européens du Maroc (pays arabes, pays d'Asie et d'Amérique latine) qui
s'inscrivent dans la zone dollar. Malgré tout la part de la zone Euro reste largement
prépondérante pour le Maroc. On peut imaginer les conséquences négatives pour l'économie
marocaine d' une appréciation du $ par rapport à l'Euro (comme c'est actuellement le cas) dans
un tel cas de figure. Les pertes de compétitivité qu' aurait à subir l'économie marocaine par
rapport à ses principaux partenaires européens auraient alors des conséquences dommageables
sur sa balance courante et sur sa croissance.
Ce scénario apparaît le plus crédible compte tenu du poids de la zone Euro pour
l'économie marocaine (57% de ses exportations et 50% de ses importations, 70% des
touristes étrangers, transferts des travailleurs émigrés essentiellement localisés dans la zone
Euro, part importante des IDE, etc.).
Mais ce rattachement repose en partie sur le pari que l'Euro parviendra à s'imposer
comme monnaie internationale stable (moyen de paiement, de mesure, de réserve, de
placement et d'ancrage pour d'autres monnaies). En outre avec l'intégration des marchés
financiers européens, on peut imaginer un accroissement des échanges et des flux financiers,
notamment relatifs à des opérations transfrontières sur les marchés des actions et des
obligations de la part des résidents marocains. Par ailleurs, le rattachement du DH à l’Euro
ne saurait évidemment prendre la forme d’ un régime de « currency board » ; il devrait au
contraire être suffisamment souple pour permettre un glissement contrôlé en fonction du
différentiel d’inflation entre le pays et la zone Euro.
Il reste donc nécessairement beaucoup de modalités techniques à étudier pour rendre
crédible un tel scénario même si c’est celui qui semble le plus « naturel » à moyen et long
terme .
La Turquie a connu au cours des trente dernières années des périodes de difficultés
économiques suivies de périodes d’essor marquées par des virages importants du point de vue
de la politique économique mise en œuvre soit de façon entièrement autonome, soit sous la
pression des organisations internationales. Les grands tournants se situent au début des années
80 avec le choix en faveur d’une politique de stabilisation de l’économie et l’abandon de la
politique de substitution aux importations pour une politique de croissance tirée par les
exportations, puis au tournant des années 80/90 avec le choix en faveur d’une libéralisation
financière progressive qui n’a cependant pas pu éviter la crise des changes de 1994.
34
4.3.1. L’instabilité récurrente du taux de change de la Livre turque.
160,00
150,00
140,00
130,00
120,00
110,00
100,00
90,00
80,00
70,00
60,00
71
73
75
77
79
81
83
85
87
89
91
93
95
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
Années
Ce graphique fait apparaître une grande instabilité des trois taux de change réels
retenus dans notre étude au cours des trois dernières décennies en même temps qu’une
surévaluation en moyenne de ces taux depuis 1981 par rapport à la parité. Commentons de
façon plus précise ces résultats :
-( i ) Le TCRC calculé ici et le TCRFMI ont suivi des évolutions cycliques contrastées
de 1971 à 1996, au point que leurs différences, année par année, tantôt positives, tantôt
négatives décrivent un cycle presque parfait de demi-période de sept ans, avec trois points de
retournements en 1974/75, 1981/82 et 1988/89.
-( iii) L’ ERER, i.e. le taux de change réel d’équilibre calculé par la méthode de
Elbadawi est plus stable que les deux taux courants ; il décrit lui aussi un cycle bien
marqué autour d’une valeur moyenne de 105 % sur l’ensemble de la période d’étude (26
35
ans) donc nettement au dessus du seuil (100%) de la parité, et avec des points de
retournements très marqués en 1974/75, 1981/82, 1989/90 et 1993/94. Sur vingt-cinq ans
il est treize fois au dessous de la parité et douze fois au dessus, par sous-périodes de sept
à huit ans.
Cela traduit sans aucun doute les hésitations et les changements de doctrine de la
politique économique turque au fur et à mesure des efforts consentis pour développer le
pays d’abord en économie fermée puis dans la perspective d’une ouverture rapide vers
l’Europe et, en même temps, d’une libéralisation financière fortement impulsée par les
conseillers des institutions de Washington.
-( iv ) Le fait que l’ERER et le TCRC calculés soient restés en moyenne au dessus du
seuil de 100% depuis 1981 signifie que le taux de change nominal de la Livre turque a
été alternativement sous-évalué puis nettement sur-évalué sur la période ; il s’agit là
d’un handicap certain pour la capacité du pays à exporter (on constate Annexe 1 p. que
la balance commerciale a toujours été déficitaire sauf en 1988 et 1994) ; en revanche la
forte surévaluation qui a prévalu de 1983 à 1993 a facilité les importations et a pu même
contribuer, par le caractère (tout relatif) de « solidité » qu’elle a pu confèrer à la
monnaie, à attirer des capitaux soit se dirigeant directement vers des investissements
productifs, soit sous forme de fonds d’épargne s’agissant des remises des travailleurs
turcs émigrés.
Une analyse rapide des transformations de l'économie turque dans la période d’étude
permet de mettre en évidence le rôle important du taux de change dans la nouvelle orientation
libérale de cette économie.
Comme la plupart des pays en développement qui ont connu une crise d'endettement,
la Turquie a été contrainte d'accepter les programmes de stabilisation et d'ajustement
structurel proposés par le FMI et la Banque mondiale. La libéralisation et la dévaluation
nominale de la monnaie constituent les pièces maîtresses de ces programmes.
C’est bien ces deux types de situations qu’a connus la Turquie au cours des deux
dernières décennies. L'évolution de la balance commerciale et du taux de change réel
confirme bien ce schéma théorique. En effet, l'ouverture commerciale du début des années 80
s'est bien accompagnée d'une dépréciation du taux de change réel, notamment entre 1981 et
36
1984. L'évolution des flux commerciaux et celle des flux financiers montrent que la priorité
accordée pendant les années 80, aux performances à l'exportation, cède la place à un
ajustement des comptes extérieurs par des entrées de capitaux à partir des années 90. La
balance des opérations courantes qui est devenue excédentaire en 1988, grâce à l'amélioration
des exportations, mais aussi grâce à la croissance des recettes invisibles, se détériore
rapidement au début des années 90. Cette détérioration de la balance courante est compensée
par des entrées de capitaux largement encouragées par l'ouverture financière en 1989.
Nous avons une première sous-période de 1980 à 1984 où les exportations et les
importations progressent simultanément, ce qui montre le caractère graduel de l'ouverture
commerciale de la Turquie. Un puissant dispositif de subventions est mis en place pour
encourager les exportations, en même temps que les limitations quantitatives des importations
sont supprimées progressivement.
Ces mesures sont abandonnées lentement durant une seconde sous-période de 1985 à
1988. Bien que les exportations continuent de progresser à des rythmes irréguliers suivant les
changements dans les mesures d'incitation, le ratio exportations/PIB cesse de croître à partir
de 1985. Sur le plan des importations, si la plupart des limitations quantitatives sont
supprimées entre 1980 et 1984, la protection tarifaire est renforcée à partir du milieu des
années 80 pour compenser le ralentissement de la progression des exportations.
Depuis cette crise, la Turquie est entrée dans une période inévitable de recherche de
stabilisation. Si elle semble n'avoir eu aucune difficulté à rétablir la confiance des marchés
internationaux (la Banque centrale a accumulé des réserves à un niveau exceptionnel de 18
milliards de dollars à la fin de 1996) qui s’est traduite par une reprise des entrées de capitaux
étrangers (notamment de portefeuille), néanmoins, ces entrées sont instables en raison de leur
caractère spéculatif. Dans le même temps, le taux de change réel s'est apprécié de plus de 20%
par rapport à sa valeur de 1994 et le déficit commercial s'est fortement creusé du fait de la
montée rapide des importations conformément au scénario attendu. Notons qu'entre
septembre 1995 et début 1996, la Banque centrale a cessé de limiter les fluctuations du taux
de change en termes nominaux, sa politique monétaire étant bridée par l’échéance moyenne
courte de la dette intérieure de l'Etat et par l'ampleur de la substitution entre monnaies.
37
4.3.2. Le rôle de l'Euro dans la stabilisation de la Livre turque.
L'Euro, une fois sorti de sa période de gestation présente dans laquelle à la fois il est et
il n’est pas encore une monnaie, a la vocation de devenir une monnaie stable et , de ce fait, il
devrait offrir une occasion unique à la Turquie de réaliser des gains immédiats en matière de
stabilité macroéconomique par une baisse du coût des capitaux et une facilité d'intégration
future à l’Union Européenne. Cette intégration pourrait se faire dans le cadre de l’ institution
d’une zone-cible, c’est à dire de la détermination d’un taux de change réel d’équilibre
Euro/Livre turque du type Edwards-Elbadawi avec une marge de flottement à déterminer sur
la base de calculs du type de ceux effectués en Annexe 1 de ce rapport.
L'intérêt d'un ancrage souple de la Livre turque à l'Euro s'impose d'abord par
l'intensité de ses relations économiques l’Union européenne mais aussi par l’intensité des
relations financières présentes et à venir dans la perspective de l’élargissement de l’Europe
des Quinze à la Turquie.
Or, le rôle joué actuellement par le dollar n'a aucune contrepartie économique bien
qu’il représente plus de 60 % des 36 milliards d’équivalant -dollars des dépôts en devises dans
les banques turques, alors que la part des monnaies de l'Union Européenne ne dépasse pas les
25% de ce montant malgré l'intensité des échanges commerciaux. Ce sont ces échanges en
effet qui jouent un rôle majeur dans la dynamique du développement du pays, aujourd’hui.
Par conséquent, l'appartenance de la Turquie à une zone européenne de change stable ne peut
être que bénéfique et les économies en termes de limitation des pertes liées aux risques de
change pourraient être considérables, si la Livre turque s’ancrait à l’Euro.
Enfin, il est important de mentionner que l'ancrage à l'Euro apparaît pour la Turquie
comme la suite naturelle de son accord d'Union douanière avec l'UE et de sa volonté
d'intégrer l'Union européenne. Cet ancrage revêtira nécessairement des formes qui
permettront à terme une convergence vers les critères de Maastricht.
38
4.4 Le cas israélien :
En même temps, la monnaie israélienne a connu des périodes de très forte instabilité
interne (marquées par des conjonctures d’hyperinflation) et externe au point qu’ il a fallu
recourir pour stabiliser son taux de change au mécanisme extrêmement rigoureux dit de la
« caisse d’émission » (currency board), le Dollar US étant pris comme la monnaie de
référence stricte (rappelons que dans ce régime de change extrême, on ne peut émettre de la
monnaie nationale que dans l’exacte mesure de l’augmentation des réserves de change
libellées dans la seule monnaie choisie comme étalon). Si à ces considérations on ajoute
l’instabilité constatée de l’Euro depuis sa création, par rapport au $US et au Yen, il semblerait
que le scénario que l’on s’est proposé d’étudier, à savoir un rattachement de la monnaie
israélienne à l’Euro, même dans un régime souple de zone-cible, ne saurait être d’actualité
avant longtemps.
Par ailleurs, si les principaux destinataires des exportations d'Israël sont l'Europe
occidentale dont l’ Europe des Quinze pour presque la moitié, les USA pour un tiers et l’Asie
pour le reste dont la moitié pour le Japon, en tendance, la part européenne tend à se réduire
39
au profit de la part croissante de ces débouchés allant aux USA et en Asie. Parmi les pays
européens, les principaux clients sont le Royaume-Uni, l'Allemagne fédérale, les Pays-Bas et
la France.
S’agissant des importations, les principaux produits d'importation sont des intrants et
des matériels d’équipement pour l’industrie dont la part dans la valeur totale des importations
s’accroît et les principaux fournisseurs d'Israël sont, par ordre d’importance de la part qu’ils
prennent dans la valeur totale de ces importations, l' Europe pour plus des deux tiers et les
USA pour un peu moins de 20%. Parmi les pays européens occidentaux il convient de
mentionner la Belgique et le Luxembourg dont la part a doublé dans la décennie 80, ces deux
pays ensemble dépassant l'Allemagne, la Suisse, le Royaume-Uni, l'Italie et la France.
Voyons ce qu’il en a été dans la réalité en étudiant les trajectoires du taux de change
du Shekel en termes réels au cours des deux dernières décennies.
110
105
100
95
90
85
80
79
80
81
82
83
84
85
86
87
88
89
90
91
92
93
94
95
96
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
Années
40
Il ressort de ces trajectoires les principaux enseignements suivants :
-( i ) Les trois taux ont évolué à la hausse depuis 1979, ce qui traduit une augmentation
continue du pouvoir d’achat de la monnaie locale sur les marchés extérieurs ; elle
semble avoir été de l’ordre de 15% ; cette hausse a été naturellement favorable à la
capacité du pays à importer.
-( ii ) De 1979 jusqu’en 1987 inclus, les trois taux de change réels sont restés en dessous du
« seuil de la parité » de 100%, à l’exception de l’année 1983; ceci signifie que la monnaie
locale était nominalement sous-évaluée par rapport à sa valeur d’équilibre, sous-évaluation
naturellement favorable à la compétitivité-prix des exportations.
A partir de 1988 et jusqu’en 1995/96, en revanche, les deux taux de change (réels)
courants passent au dessus de 100% tandis que l’ ERER semble se stabiliser autour de cette
valeur avec une légère tendance à la hausse la dernière année. Ceci traduit une tendance à la
surévaluation du Shekel par rapport à sa valeur d’équilibre, tendance nette pour le TCRC qui
apparaît « surévalué » en moyenne de 5% par rapport à sa valeur d’équilibre, plus subtile pour
le TCRFMI sauf pour la dernière année de la chronique. Ce sont les importations qui sont
dans ce cas favorisées.
-( iii ) Les deux chocs des années 1983/84 et 1987/88 correspondent à des désordres
monétaires qui ont perturbé l’économie israélienne suite à son endettement extérieur excessif
pour le premier choc et à la politique de rigueur mise en œuvre pour le second.
Quels enseignements peut-on tirer de cette analyse pour une politique d’ancrage
éventuel de la monnaie israélienne à celle de la zone Euro ?
Dans ces conditions, une stratégie de zone-cible par rapport à un panier (à définir) de
ces deux monnaies qui sont vouées à rester relativement stables l’une par rapport à l’autre et
avec possibilité d’un flottement relativement limité autour de cette cible ne serait-elle pas la
meilleure solution pour la monnaie et l’économie israéliennes ?
41
42
ANNEXE 1
1. Axée essentiellement sur l'étude du système des paiements de la Tunisie, cette partie du
projet FEMISE conduite par le C.E.M.A.F.I et relative uniquement à l'économie tunisienne a
permis d'analyser en rétrospective d’abord, l'évolution du régime de change, ensuite le choix
du niveau de contrôle de change qui dépend du niveau de développement économique en
Tunisie, et enfin la politique de détermination du taux de change du dinar par référence aux
principaux fondamentaux et autres déterminants d'ordre monétaire et financier. Ces trois
aspects ont débouché sur une spécification du taux de change d'équilibre du dinar vis à vis de
l'euro ainsi qu'une réflexion prospective sur le choix optimal du régime de change dans le
contexte d'une intégration plus poussée de la Tunisie dans la zone euro-méditerranéenne. Par
ailleurs, le système des paiements de la Tunisie est aussi mis en perspective par rapport aux
projets de la nouvelle architecture financière internationale.
2. Ces questions sont explorées dans cette mouture du rapport, et intitulée "Les déterminants
et le choix optimal du régime de change en Tunisie dans la perspective d'une intégration dans
la zone euro". L'objectif de cette recherche est double. Il s'agissait d'abord d'estimer un
modèle de taux de change d'équilibre du dinar afin de comparer par la suite deux scénarios
alternatifs de choix optimal d'un régime de change en Tunisie. Le premier consiste à
maintenir le même régime de flottement administré. La crédibilité de ce régime de change est
jugée à partir de la dynamique comparée du taux de change réel du dinar par rapport à une
norme d'équilibre ou de référence de long terme vis à vis de l'euro. Le deuxième scénario
consiste à adopter un régime de zone cible du dinar à bandes élargies et ancré sur cette norme
d'équilibre.
3. Pour cela, nous avons élaboré et estimé un modèle de taux de change réel d'équilibre de
long terme qui s'inspire des deux approches alternatives suivantes:
-Tout d'abord, le modèle FERER (Fundamental Equilibrium Real Exchange Rate) qui
considère le taux de change réel d'équilibre fondamental comme étant le taux de change
effectif réel permettant d'atteindre simultanément les équilibres interne et externe à moyen
terme. L'équilibre interne est caractérisé par la convergence de l'économie vers un sentier de
croissance non-accélérateur d'inflation i.e. vers un taux de chômage établi au niveau naturel
(NAIRU). L'équilibre externe se définit essentiellement par une cible de balance courante qui
correspond généralement à un solde soutenable mais pas nécessairement équilibré. Le FERER
analyse la dynamique de change de moyen terme en faisant explicitement référence aux
déterminants réels du taux de change, et en particulier les déséquilibres de la balance courante
et les écarts de production.
- Ensuite, le modèle NATREX (Natural Real Exchange Rate) ou modèle de taux de
change réel naturel qui intègre explicitement les problèmes de convergence structurelle
43
représentée par les différentiels de productivité (effet Balassa-Samuelson). Il montre que
l'hypothèse de la PPA comme relation d'équilibre de long terme peut être réhabilitée en
intégrant des changements de régimes.
4. Pour notre part, nous avons construit un modèle de change réel d'équilibre qui formalise
les différentes étapes du passage d'un modèle FERER structurel à un modèle de forme réduite
représentée par une relation de long terme estimable, voire à une modélisation à correction
d'erreurs précisant les schémas d'ajustement partiel d'une variable économique, le taux de
change réel, à sa cible notionnelle. Cette technique permet d'éviter les approximations
subjectives des concepts d'équilibres interne et externe. Dans sa forme structurelle, le modèle
pose l'équilibre externe comme exogène suite à une double hypothèse forte de mobilité
parfaite des capitaux et de substituabilité parfaite des actifs, en ce sens que l'économie peut
financer la totalité de son déficit courant par endettement externe (hypothèse fortement
envisageable dans le contexte actuel de libéralisation et d'ouverture de l'économie tunisienne).
Ainsi, les déterminants monétaires expliquent la dynamique de change réel, mais ne jouent
aucun rôle à long terme. Contrairement à la première génération des modèles FERER,
l'équilibre interne est en revanche totalement endogénéisé en ce sens que le change réel
d'équilibre dépend clairement des écarts de production.
7. Dés lors que le dinar semble coller à sa parité d'équilibre de l'euro, un ancrage souple dans
un régime de zone cible type MCE II sera t-il alors opportun ? Pour analyser ce scénario futur
du choix de régime de change, nous avons alors proposé de "targeter" le dinar sur une zone
cible à bandes élargies (+ ou – 15%) autour du taux de change réel d'équilibre comme cours
pivot. Les résultats obtenus montrent clairement que l'ancrage du dinar à l'euro par le biais du
MCE II pourrait fournir un effet de "transfert de crédibilité" positif en offrant un ancrage
crédible aux politiques macro-économiques, en réduisant les primes sur les taux d'intérêt et en
optimisant les conditions d'attractivité des capitaux externes. A l'instar de certains PECO qui
ont déjà opté pour des rattachements unilatéraux à l'ecu ou au deutschemark, un ancrage
bilatéral sur l'euro semble constituer un arrangement de change crédible pour le futur. La
44
flexibilité offerte par le MCE II sous la forme de parités bilatérales vis à vis de l'euro, avec
des bandes de fluctuations élargies et des possibilités de réalignements peut être appropriée
dans une étape transitoire.
8. L'utilisation d'un modèle de zone cible et son estimation économétrique par la méthode
d'ajustement de la dérive (test d'ajustement du drift) ont permis de déduire les taux de
dépréciation réelle anticipée à l'intérieur de la marge en rythme annuel obtenus à partir de
l'estimation de l'écart anticipé du taux de change réel à la parité centrale. Ces taux de
dépréciation apparaissent soutenables pour l'économie Tunisienne notamment en 2002 où la
parité réelle du dinar vis à vis de l'euro approche nettement du cours pivot avec un taux
moyen de l'ordre de (0.2%). Ces résultats très intuitifs préjugent à priori de la parfaite
crédibilité d'un arrangement de change de type MCE II pour le dinar notamment à partir de
2002.
9. Ce type d'ancrage flexible ne doit cependant conduire à long terme à l'accrochage fixe du
dinar à l'euro. Un régime de contrôle d'une norme de référence pourrait s'avérer plus approprié
dans une étape transitoire tant que la convergence nominale et réelle vis à vis de la zone-euro
n'est pas encore complètement établie au vu des performances macro-économiques. Le
ciblage du taux de change réel dans lequel le poids de l'euro est plus élevé par rapport à sa
valeur d'équilibre permettra de surveiller les déterminants fondamentaux en les justifiant par
rapport à ceux de l'équilibre de long terme.
Rapport technique
45
MONNAIES DES PAYS D'EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE (PECO) LES PLUS
AVANCES EN MATIERE DE CONVERGENCE AU SENS DES CRITERES DE
MAASTRICHT , ET DONT LE CONSEIL EUROPEEN DE COPENHAGUE A
PROGRAMME LEUR PARTICIPATION FUTURE A L’EURO APRES UNE PERIODE
TRANSITOIRE DE FONCTIONNEMENT DANS LE REGIME MCE II PREVU A CET
EFFET , L’HYPOTHESE D'UN RATTACHEMENT POTENTIEL DU DINAR A LA
MONNAIE UNIQUE N’A PAS ETE EXPLICITEMENT ENVISAGEE . D’UNE MANIERE
GENERALE , SEULE L’IDEE D’ARRANGEMENTS DE CHANGE POSSIBLES
RELIANT LES MONNAIES DES PAYS SUD-MEDITERRANEENS (PSM) A L’EURO
EST VAGUEMENT SOULIGNEE DANS LA DECLARATION N°5 EN ANNEXE DU
TRAITE DE MAASTRICHT .
En plus , s’agissant des implications macro-économiques externes de l’avènement de l’euro ,
les analyses disponibles restent circonscrites à une discussion sur les conditions internes de
l’unification monétaire sans aucune référence aux conditions externes (G.Kebabdjian,1996) .
Tel est le cas en particulier des cadres d’analyses orientés autour de la question de l’euro en
tant que minimisateur des biais d’inflation à l’intérieur de la zone monétaire , de l’euro en tant
que nouvelle monnaie de facturation , de transactions financières et de réserve (A.Benassy-
Quéré,1996 ; P.R.Masson et B.G.Turtelboom,1997) ou de l’euro en tant que monnaie stable
du fait de la disparition des taux de change inter-monnaies européennes et des coûts de
transaction y afférents (P.Grauwe(de) et L.Spaventa,1997) . Le cadre formel de ces études
reste visiblement une transcription des modélisations récentes sur la crédibilité du Système
Monétaire Européen (SME) en tant que zone-cible, ou des approches relatives aux Zones
Monétaires Optimales (ZMO) (M.I.Blejer et alii,1997 ; A.Benassy-Quéré et A.L.Révil,1999) .
1.2 Alors même que la Tunisie a choisi d'adopter un régime de flottement administré du dinar
en vigueur depuis 1978 , l'introduction de l'euro impose manifestement de répondre à un
constat liminaire quant à la conduite et la réorientation future de la politique de change pour
un pays émergent en phase de stabilisation . Dés lors que les crises financières et de change
d'Asie du sud-est et d'Amérique latine durant la période récente ont témoigné de l'attrait et des
risques d'une politique faisant jouer au taux de change un rôle d'ancrage nominal , faut-il alors
préférer l'euro comme une ancre nominale externe pour le taux de change du dinar , ou au
contraire maintenir un régime de flexibilité ?
Pour analyser les déterminants du choix optimal du régime de change en Tunisie dans la
perspective d'une intégration dans la zone euro , nous étudions l'arbitrage entre l'option
actuelle de flottement administré du dinar avec rattachement implicite flexible ou de facto à
l'euro par rapport à un régime de zone cible du type MCE II avec ancrage explicite souple ou
de jure à l'euro . Dans ce travail , nous développons une approche alternative qui fait
explicitement référence au concept de taux de change réel d’équilibre . Cette nouvelle grille
de lecture a précisément pour objet de remédier aux insuffisances des modélisations
traditionnelles des comportements de change (S.Mouley,1999-b) et donne une conception
nouvelle au concept de rattachement monétaire entre zones d’inégal développement . L’intérêt
que suscite cette norme d’équilibre dans la conduite des politiques de change a déjà été
démontré à l’occasion des travaux de J.Williamson (1983;1994) ainsi que J.Williamson et
M.Mahar,1998 sur la notion de taux de change réel d’équilibre fondamental (FERER) , mais
aussi dans l’analyse du taux de change réel naturel (NATREX) suite aux travaux de J.Stein
(1995;1996) , R.Mc Donald (1995;1997) , R.Mc Donald et J.Moore (1996) .
On s’interroge sur la parité réelle d’équilibre du dinar vis à vis de l’euro pour démontrer que
l'objectif de stabilité du taux de change effectif réel du dinar a été atteint au prix d'un
"mésalignement" ou une distorsion vis à vis de la norme d'équilibre de long terme de l'euro
qui reste essentiellement justifiée par les fondamentaux . Au delà des estimations
46
économétriques de la parité d'équilibre dinar-euro dans les deux options de régimes de change
, nous tentons ici de souligner les ambiguïtés macro -économiques sous-jacentes à la parfaite
compatibilité du choix du régime de change aux exigences de libéralisation des mouvements
de capitaux et de démantèlement total des restrictions de change auxquelles la Tunisie est
appelée à répondre pour mieux intégrer la sphère financière internationale .
2.1 L'adoption d'un régime de flottement administré par la Tunisie depuis 1978 a été
essentiellement dictée par le double objectif assigné à la politique de change et dévolu à la
Banque Centrale de Tunisie (BCT) de promouvoir la compétitivité du commerce extérieur et
de financer le déficit courant . A maintes reprises , dans les différents rapports annuels ou
communiqués officiels de cette institution mais aussi implicitement dans son statut , il est
clairement souligné que ce double objectif relève en fait d'une seule stratégie qui consiste à
contrôler et garantir la stabilité du taux de change effectif réel du dinar par rapport à un panier
de monnaies dont les composantes et les pondérations ne sont pas rendues publiques . Si on
retient la classification habituelle des différentes réglementations officielles de change
(IMF,1998) , il s'agit plutôt d'un régime de flottement administré avec interventions ad hoc de
la BCT qui dispose dés lors d'une marge de manœuvre supplémentaire constituée par la
gestion active et discrétionnaire de la politique de change . Ce système de flexibilité contrôlée
a permis de faciliter l'atteinte de l'objectif de stabilité du taux de change effectif réel , de
réagir efficacement à la forte volatilité des termes de l'échange et surtout de mener des
politiques volontaristes et délibérées de sur dépréciation réelle afin de maintenir une
compétitivité tronquée et de réussir dans les stratégies d'ouverture et d'insertion dans le
commerce international . Cet argument a été d'abord souligné et démontré par S.Mouley
(1998-b ; 1999-a) et repris par la suite par Aglietta.M et C.Baulant,1999 .
Ainsi , le régime de change officiel ne rend donc pas compte de la politique de change
effectivement suivie . Frenkel et Wei,1993 et surtout Bayoumi et Eichengreen [1996,1997]
suggèrent de retenir les régimes effectifs et non les régimes officiels . En effet , contrairement
au régime de change officiel , le régime de change effectif du dinar est un système de
rattachement de facto à l'euro , en ce sens que la politique de change est cohérente avec la
répartition des échanges extérieurs par principaux partenaires, avec la répartition par devises
de l'état des règlements et avec la répartition par devises de la dette extérieure (Bénassy-Quéré
A,1997) . A ce titre , l'euro pourrait amplement jouer le rôle de monnaie internationale dans
les différentes fonctions de paiement (commerce et transactions financières) , unité de compte
(facturation du commerce extérieur et définition d'un ancrage monétaire pour la politique de
change) et comme monnaie d'endettement et de réserves de valeur (libellé des réserves de
change officielles) .
2.2 Le cadre méthodologique adopté pour démontrer ce rattachement de fait ainsi que les
détails des estimations économétriques effectuées ont fait l’objet de plusieurs présentations
antérieures (S.Mouley,1998a-1998b-1999a ; S.Mouley et B.Guilhon,1999 ; S.Mouley et
T.B.Marzouka,1999) et nous en résumons ici les lignes directrices . La prépondérance de
l'euro dans les relations commerciales de la Tunisie selon l'optique des échanges de biens et
services mais aussi selon l'optique des règlements ainsi que les différentes mesures de la
volatilité non-conditionnelle du dinar par rapport à l'euro relativement à d'autres monnaies
ancres potentielles (dollar et yen) démontrent sans ambiguïtés que le dinar est déjà rattaché de
fait à une zone euro en Méditerranée . D'autres approches ont été développées pour illustrer
cet argument , qu'il s'agisse de l'application des critères relatifs à la théorie des zones
monétaires optimales (Bénassy-Quéré A et Lahrèche-Revil A,1999) qui permet
47
essentiellement d'expliquer le choix d'une ancre nominale , ou du calcul d'un panier optimal
de rattachement implicite (Berthélémy J.C et S.Chauvin,1999). Mais la principale critique
réside dans le fait qu'on ne s'interroge pas sur les implications des différentiels de croissance .
Tout au plus évoque-t-on , pour la parité réelle dinar-euro , l'importance des relations
commerciales et la concentration des échanges de la Tunisie avec la zone euro sans même
s'interroger sur les implications du différentiel de croissance .
3.2 La considération de ces nouvelles donnes affaiblit manifestement les arguments en faveur
du rattachement monétaire. Les nouvelles orientations semblent plutôt se décliner vers les
développements récents des modèles de change qui se présentent , pour l'instant en tout cas ,
comme l'alternative adéquate face à l'échec récurent des modèles traditionnels . Tout au plus
évoque-t-on l'inadaptation de ces derniers (PPA , PTI , modèles monétaires , modèles
d'équilibre de portefeuilles ……) à la situation actuelle d'intégration financière des économies
émergentes (Eichengreen.B [1995]) , et les problèmes de validation empirique qu'ils ont
rencontrés (Cartapanis.A [1996]) La surveillance d'un taux de change réel de référence ou
d'équilibre de long terme défini en fonction d'objectifs de convergences réels apparaît comme
la nouvelle disposition indispensable pour le futur .
48
Au départ , la littérature macro-économique foisonnait de modèles arbitrant entre les changes
fixes purs et les changes flexibles purs . Au tournant des années 1990 , le FMI a semblé
trancher pour la fixité ajustable sur une ou un panier de monnaies dés lors que la flexibilité
parfaite entraîne généralement des conflits de politiques économiques . C'est ainsi que de
nouveaux arguments théoriques en faveur des mécanismes de change fixe ont été développés
à l'occasion des théories sur la crédibilité des politiques monétaires et de réputation des
Banques Centrales , mais aussi des approches relatives aux zones-cibles de change . Un
ancrage externe est souvent adapté pour lutter contre le biais inflationniste dans un pays où la
Banque Centrale ne peut imposer un ancrage nominal interne crédible (Wagner,1998) . Les
biais d'inflation étant généralement source d'appréciation de la monnaie nationale en termes
réels qui risque d'handicaper la compétitivité et par là de la croissance , l'ancrage externe peut
devenir un facteur de crédibilité interne . Cependant , la rigidité des régimes de change
d'accrochage au dollar et leur incohérence aux fortes entrées de capitaux liées à la
libéralisation des systèmes financiers dans les pays émergents d'Asie du sud est , mais aussi
bien auparavant au Mexique , ont remis en cause la crédibilité des régimes de changes fixes
ou d'ancrage rigide par rapport à une seule monnaie de référence .
3.3 En dépit de ces dysfonctionnement , le FMI reste plutôt favorable pour des régimes de
change fixe mais ajustable en apportant des corrections institutionnelles (degrés
d'indépendance des Banques Centrales , stabilité politique ect …….) . Ces nouvelles
dispositions au choix optimal d'un régime de change ont été longuement analysés par le
nouveau courant de l'économie politique des réformes (Edwards S,1997) . Les statistiques du
FMI sur le poids relatif des différents régimes de change confirment d'abord le net recul des
régimes de changes fixes. Le nombre de monnaies déclarées en régime de change fixe ou à
flexibilité limitée a considérablement reculé . Symétriquement , le nombre d'économies en
régime de flottement libre ou de flottement géré a augmenté . Toutefois , ces données fondées
sur les régimes de changes officiels des pays membres du FMI ne renseignent pas sur les
politiques de change effectivement suivis .
En pratique , la non-crédibilité des régimes de zones - cibles s'est en fait traduite par la
montée de "zones monétaires de fait" qui tendent à se généraliser par l'ancrage des différentes
monnaies sur le dollar ou le mark pour des raisons de faibles volatilités des parités par rapport
à ces deux monnaies véhiculaires ou de référence , et non par un retour aux changes flottants
(PLIHON.D [1996]) . La configuration actuelle des politiques de changes est loin donc du
choix binaire , et donc nécessairement réducteur , entre changes fixes et changes flexibles .
3.4 D'une manière générale , l'une des implications positive attendue en matière de change de
l'avènement de l'euro pour la Tunisie est la couverture contre le risque de décrochage des
monnaies des pays européens concurrents du fait de leur fusion dans l'euro , notamment la lire
italienne , la peseta espagnole et l'escudo portugais par rapport à celles des pays ancres et
clients européens de la Tunisie , notamment la France et l'Allemagne (Chauffour et
Stemitsiotis,1998; Bénassy-Quéré A. et Lahrèche-Revil A.,1999) . Les deux premières
monnaies ont auparavant subi des attaques spéculatives et des crises de change dans le cadre
du Système Monétaire Européen (SME) qui ont eu pour conséquence leurs sorties du
Mécanisme de Change Européen (MCE) et de fortes volatilités sur le taux de change du dinar
, qui ont conduit à un risque de change au niveau des opérateurs tunisiens . En revanche , la
création de l'euro pourrait conduire vraisemblablement à un effet de détournement de trafic et
de détérioration de la compétitivité du fait de l'intégration progressive et programmée des
PECO dans l'UE , et certains d'entre eux (la Bulgarie par exemple) ont déjà choisi de fixer
leurs monnaies à l'euro .
49
4. Rattachement flexible du dinar à l'euro dans un régime de flottement administré: un modèle
de change réel d'équilibre
50
L'effet (BS) permet d'expliquer les écarts du taux de change réel à la PPA absolue qui
n'est généralement pas vérifiée entre des économies n'ayant pas le même niveau de
développement . En plus de l'effet (BS) , le taux de change réel d'équilibre est aussi fonction
du solde de la balance courante qui devient endogène et non plus posé comme cible
tendancielle . Cependant , le modèle NATREX reste difficilement applicable aux économies
en développement et en transition car nécessite une proxy de la productivité marginale du
capital qui est déterminante dans le calcul de l'effet (BS) .
4.2 Pour notre part , nous construisons un modèle de change réel d'équilibre qui repose sur un
cadre théorique analogue à celui appliqué par Elbadawi.A(1994;1997) aux économies en
développement et par Edwards.S(1994;1997) ainsi que Halpern et Wyplosz (1997) aux
économies en transition . Il formalise les différentes étapes du passage d'un modèle FERER
structurel à un modèle de forme réduite représentée par une relation de long terme estimable
, voire à une modélisation à correction d'erreurs précisant les schémas d'ajustement partiel
d'une variable économique , le taux de change réel, à sa cible notionnelle . Cette technique
permet d'éviter les approximations subjectives des concepts d'équilibres interne et externe.
Dans sa forme structurelle , le modèle pose l'équilibre externe comme exogène suite à une
double hypothèse forte de mobilité parfaite des capitaux et de substituabilité parfaite des actifs
, en ce sens que l'économie peut financer la totalité de son déficit courant par endettement
externe . Ainsi , les déterminants monétaires expliquent la dynamique de change réel , mais ne
jouent aucun rôle à long terme .
Contrairement à la première génération des modèles FERER , l'équilibre interne est en
revanche totalement endogénéisé en ce sens que le change réel d'équilibre dépend clairement
des écarts de production . En effet, au sein d'une même économie , les écarts de productivité
entre les secteurs exposé et abrité sont aussi à la base de la non-vérification de la PPA qui
n'est en fait valable que sur des marchés de concurrence parfaite avec uniquement des biens
échangeables . En effet , la variation de la productivité découle d'un accroissement de la
productivité marginale du capital domestique qui est plus rapide dans le secteur échangeable
(ou secteur exposé) relativement au secteur non échangeable (ou secteur abrité) . En
conséquence , l'offre de capital diminue dans le secteur abrité et le prix des biens non-
échangeables augmente , ce qui entraîne une baisse ou une appréciation réelle du taux de
change (F.Busson et P.Villa,1996) . En d'autres termes , si une économie réalise des gains de
productivité dans son secteur exposé suite à l'accumulation de capital physique et humain , et
si le secteur abrité augmente son niveau global de productivité dans une proportion moindre ,
il s'en suit , en supposant que la mobilité intersectorielle du travail assure la péréquation des
niveaux de salaire , un accroissement relatif des prix du secteur abrité par rapport à ceux du
secteur exposé (A.Heston , D.Nuxell et R.Summers ,1994).
4.3 Par conséquent , le taux de change réel d'équilibre est défini par le prix relatif des biens
échangeables (t) par rapport aux biens non échangeables (nt) qui assure la réalisation
simultanée des équilibres interne et externe. L'équilibre interne est celui du marché des biens
non échangeables associé à un taux de chômage établi au niveau naturel , alors que l'équilibre
externe découle de la satisfaction de la contrainte budgétaire intertemporelle qui stipule que la
somme actualisée de la balance courante (bc)est nulle12. Le modèle rend compte du
paradigme de l'économie dépendante dans un "petit pays" avec une mobilité parfaite des
12
La règle d'actualisation retenue est la suivante :
1
∑ (1 + i) . bc t + j = ∑ (1 + i ) .bc t + j = 0
-j
j
j j
où ( i ) désigne le taux d'intérêt nominal .
51
capitaux et une substituabilité parfaite des actifs à l'échelle internationale en ce sens que les
biens importables et exportables sont agrégés en un bien échangeable unique . Le taux de
change réel d'équilibre (e) au sens de Balassa est alors défini à l'incertain comme suit :
pt s. pt*
e= = (1)
p nt p nt
où :
s : le taux de change nominal
p t : le prix des biens échangeables en termes de monnaie domestique
p nt : le prix des biens non échangeables en termes de monnaie domestique
p t* : le prix des biens échangeables en termes de monnaie étrangère
Toute hausse (baisse) de s ou de e est une dépréciation (appréciation) nominale ou
réelle
Selon l'effet B-S , la loi du prix unique ne s'applique qu'au secteur des biens
échangeables:
p t = s. p t* (2)
Les prix des biens échangeables (non échangeables) dépendent des coûts unitaires de
travail dans les secteurs respectifs . Les prix relatifs sont alors donnés par :
pt = ω / π t (3)
p nt = ω / π nt (4)
La substitution des équations (2) , (3) et (4) dans l'équation (1) donne alors :
e = π nt / π t (5)
Dés lors que la PPA n'est pas vérifiée , tout accroissement de la productivité dans le secteur
des biens échangeables exposé à la concurrence internationale (resp. non échangeables)
relativement à celle du secteur abrité des biens non échangeables (resp. échangeables)
entraîne selon l'équation (5) une appréciation (resp. dépréciation) réelle . Ainsi , les
économies les moins développées tendent naturellement à avoir un taux de change réel sous-
évalué par rapport à la norme d'équilibre . En plus de l'effet B-S qui reste un déterminant
structurel de long terme du taux de change réel , le modèle inclut des déterminants monétaires
relatifs aux comportements productifs , à la structure de portefeuilles , à la conduite des
politiques économiques et aux relations externes de bouclage . L'ensemble de ces
déterminants formalise plutôt la dynamique d'ajustement du taux de change réel (e) par
rapport à sa norme d'équilibre de long-terme (e~ ) .
52
Les comportements productifs sont illustrés par les fonctions de demandes de biens
échangeables ( ct ) et de biens non échangeables ( c nt ) qui dépendent du taux de change réel (e)
défini dans l'équation précédente et du stock réel des actifs (a) , contrairement aux fonctions
d'offre de biens échangeables ( qt ) et non échangeables ( q nt ) qui ne dépendent que du taux de
change réel (e) . La structure de portefeuilles des agents privés est subdivisée en une détention
de la monnaie domestique (m) et d'une monnaie étrangère (f) ou des actifs domestiques et
étrangers parfaitement substituables libellés indifféremment dans les deux monnaies. Ainsi, le
portefeuille total d'actifs (a) est la somme de la monnaie domestique (m) et de la monnaie
étrangère (f) calculée en termes de monnaie domestique (s.f) :
a = m + s. f (6)
ct = ct (e, a )
δct δct (7)
< 0; > 0
δ e δ a
c nt = c nt ( e , a )
δ c nt δc (8)
> 0 ; nt > 0
δe δa
q t = q t (e)
δq t (9)
> 0
δe
q nt = q nt (e )
δq nt (10)
<0
δe
g = p nt g nt + sg t (11)
.
g = d+t (12)
Le bouclage du modèle s'opère par les relations externes . L'équation (13) définit le compte
courant en termes de monnaie étrangère (bc) comme la différence entre l'offre de biens
échangeables et la consommation privée de biens échangeables . L'équation (14) définit la
balance courante structurelle (bcs) par le compte courant net de la consommation publique de
biens échangeables . L'équation (15) établit l'identité de la balance des paiements qui définit la
.
variation des avoirs extérieurs nets (r ) comme étant égale à la somme des soldes de la balance
courante structurelle (bcs) (r étant le stock de réserves de changes) et des capitaux (bk) . Sous
l'hypothèse de mobilité parfaite des capitaux , les autorités monétaires peuvent financer le
53
déficit courant , qui est essentiellement dû à une appréciation réelle13, par endettement externe
ou emprunt net .Le bouclage du modèle s'opère par l'équation (16) qui donne la seconde
identité de base du modèle monétaire, celle relative à la variation de l'offre de monnaie
. .
domestique ( m ) qui est égale à la somme des variations du crédit domestique (d ) et des
.
réserves de changes libellées en monnaie domestique ( s. r ) .
Le taux de change réel d'équilibre de long-terme (e~ ) est défini par l'atteinte simultanée de deux
conditions:
e = f (a, g nt ) (18)
où : δ f δ f
<0 et <0
δa δ g NT
En d'autres termes, une valeur élevée d'actifs réels (a) ou de consommation réelle ( g nt )
nécessitent une baisse de (e) ou appréciation réelle pour maintenir la position d'équilibre.
e = g ( p nt , i, i * , bc, g nt , t ) (19)
δq t
13
bc < 0 i.e. qt (e) < ct (e, a) + g t . Or , > 0 ce qui signifie qu'une baisse de ( qt ) est due à une baisse
δe
de (e) i.e. une appréciation du taux de change réel.
54
e = π nt / π t (5)
e = f (a, g nt ) (18)
e = g ( p nt , i, i * , bc, g nt , t ) (19)
e~ = h (π nt , π t , a, i, i * , bc, p nt ) (20)
En d'autres termes , le taux de change réel d'équilibre dépend des différentiels de productivité
, du déficit courant , du différentiel des taux d'intérêt (PTI) , des niveaux d'inflation et de
déficit budgétaire. Les développements récents de la modélisation économétrique dynamique
autour des techniques de cointégration ont permis d'établir des mouvements conjoints de
plusieurs séries tendancielles telles qu'elles vérifient approximativement une relation
d'équilibre de long terme .
5.1 La détermination du taux de change réel d'équilibre ou de référence du dinar par rapport à
l'euro (irde) est analysée à partir du modèle linéaire de forme réduite de l'équation-20
appliqué à l'indice du taux de change réel effectif du dinar vis-à-vis des 11 monnaies
européennes in , et qui comprend deux composantes principales : un différentiel de
productivité (dprod) entre la Tunisie et les pays de la zone euro-11 et une batterie de
déterminants fondamentaux . Il s'agit de la PPA et la PTI à long terme formalisées par les
variables de différentiel d'inflation (dinf) et de différentiel de taux d'intérêt nominaux de long
terme (dtinlt) et du ratio du solde de la balance des opérations courantes par rapport au PIB
(rsboc) . Les séries sont annuelles et couvrent la période 1970-1998. Le modèle ainsi combiné
intègre en plus un terme d'erreur ( ξt ) qui vérifie les propriétés classiques d'un bruit blanc :
e~ = h (π nt , π t , a, i, i * , bc, p nt ) (20)
[ξ t ] → N ([0], [σ ξ2 ]) (21)
55
l’introduction d’une variable supplémentaire augmente sensiblement le nombre de paramètres
à estimer et réduit par conséquent le nombre de degrés de liberté14 .
5.2 Au niveau des hypothèses et des séries utilisées, nous avons retenu une composition
monétaire pseudo-officielle de l'euro supposé formé virtuellement de 9 monnaies européennes
seulement parmi les 11 officiellement retenues , à savoir le Deutschemark (DEM) , le Franc
français (FRF) , la Lire italienne (LIT) , le Florin néerlandais (NLG) , l'Escudo portugais
(EPT) , le Franc luxembourgeois (LUF) , le Schilling autrichien (ATS) , le Franc belge (BEF)
et la Peseta espagnole (ESP) . Les 2 monnaies restantes , le Markka finlandais (MFI) et la
Livre irlandaise (IEP) n'ont pratiquement aucune influence sur la dynamique de change du
dinar au vu de la faiblesse relative des flux d'échanges extérieurs et des mouvements de
capitaux entre la Tunisie d'une part, la Finlande et l'Irlande d'autre part .L'indice du taux de
change nominal du dinar par rapport à l'euro (inde) est construit à partir de l'indice du taux de
change effectif nominal calculé selon une moyenne géométrique des indices de taux de
change nominaux bilatéraux (itcn) vis à vis des 9 monnaies européennes retenues exprimés
pour l'année de base 1980 , et pondérés selon les proportions relatives (w) des différents pays
dans les flux d'échanges et de services extérieurs de la Tunisie 15 . Les indices de taux de
change réels (itcr) sont calculés à partir de ces indices nominaux et des indices des prix à la
consommation (ipc) , une fois les séries au préalable normalisées à la même année de base
1980 . L'indice du taux de change réel dinar-euro (irde) est alors l'indice du taux de change
effectif réel calculé selon une moyenne géométrique pondérée des indices de taux de change
14
Des tests de multicolinéarité ont permis en effet de démontrer que la spécification des dynamiques de change
du dinar par rapport à l’euro est mieux captée par le modèle de l'équation (20.bis) .
15
Le calcul des pondérations monétaires a retenu , outre la balance commerciale , les composantes de la
balance des services ayant une élasticité positive par rapport au taux de change , ce qui revient à retenir
exclusivement les flux touristiques .
56
réels bilatéraux du Dinar en retenant les mêmes coefficients de pondération utilisés
précédemment . Une augmentation correspond à une dépréciation réelle .
i = 1970;.........;1998
j = 1;...........;9
5.3 Par rapport à la plupart des monnaies constituant l’euro, la volatilité nominale du dinar a
été plus forte que la volatilité réelle et ceci dans un souci de la Banque Centrale de Tunisie
(BCT) de corriger la stabilité réelle afin de garantir la compétitivité-prix des produits exportés
. Ainsi , entre 1986 et 1997 le dinar s’est déprécié en terme nominal de 48% par rapport au
FRF , de 19% par rapport à USD , de 53% par rapport à DEM et de 46% par rapport à JPY .
Alors qu’en terme réel , le Dinar s’est déprécié de 28% par rapport au FRF , 26% par rapport
au DEM , de 32% par rapport à la LIT et seulement de 6% par rapport au dollar . De même ,
la volatilité du Dinar par rapport à l’Euro a été plus faible en terme nominal qu’en terme réel
durant la période passée et semble exactement converger vers le coefficient de variation
nominal du FRF (Tab-2) . Il reste que cette volatilité nominale du dinar a été plus faible vis à
vis de l’euro que par rapport au dollar et yen .
Tab-2.1
IRDE INDE IRDDEM INDDEM IRDFRF INDFRF
Moyenne 139.5338 120.6336 167.4193 112.8772
117.57 134.1765
53
Médiane 110.3965 109.3355 126.3915 102.6270
104.24 104.8080
35
Maximum 217.9020 165.0840 310.9430 147.8970
169.69 208.6350
00
Minimum 94.14800 76.61300 67.64100 73.53300
76.411 93.98900
00
Skewness 0.519159 0.175080 0.424334 0.072280
0.1709 0.647259
69
Kurtosis 1.499157 1.518505 1.530831 1.396758
1.4399 1.730887
21
Probabilité 0.143292 0.258764 0.186516 0.220561
57
0.2258 0.147035
36
Mesures de la
volatilité
Dév. Std. (Ecart 44.81631 29.81725 89.31453 27.82540
type) 31.330 43.07928
51
Coefficient de 26.6% 32.1% 24.7% 53.4% 24.6% 32.1%
variation
Pour Mémoire : IRDUS INDUSD IRDJPY INDJPY
D
Dév. Std. (Ecart 27.53 56.59 62.89 152.81
type)
Coefficient de 21.64% 33.84% 47.49% 72.76%
variation
Tab-2.2
IRDBEF/L INDBEF/L IRDLI INDLIT IRDESP INDESP
UF UF T
Moyenne 111.0179 140.5844 134.4362 118.5156
127.892 127.9837
9
Médiane 105.2215 105.1210 139.8205 104.9850
117.005 138.0970
0
Maximum 147.6210 243.0950 189.0380 182.3630
189.658 167.2960
0
Minimum 70.59800 79.51400 95.30200 63.20500
80.9120 86.90700
0
Skewness 0.017757 0.560850 0.224004 0.233045 -
0.31768 0.267157
8
Kurtosis 1.519240 1.652088 1.975634 1.562437
1.52770 1.752220
8
Probabilité 0.278098 0.166328 0.482300 0.263888
0.22314 0.341380
1
Mesures de la
volatilité
Dév. Std. (Ecart 26.16339 60.04446 29.17574 39.99533
type) 37.7852 24.66895
1
Coefficient de 23.5% 42.7% 29.5% 22.1% 33.7% 19.2%
variation
58
Tab-2.3
IRDEPT INDEPT IRDATS INDATS IRDNLG INDNL
G
Moyenne 98.39489 122.7351 134.7475 218.6245 114.1201
164.0003
Médiane 100.1405 116.2915 126.2580 159.7030 108.3875
122.0285
Maximum 140.0390 165.6790 240.1440 506.7370 151.5230
301.4850
Minimum 57.96100 73.54400 38.79200 50.62800 65.99700
72.13100
Skewness -0.134762 0.012702 0.054190 0.549572 -0.138350
0.461392
Kurtosis 1.608226 1.528690 1.744547 1.823656 1.697008
1.554664
Probabilité 0.309650 0.282762 0.396024 0.220481 0.355213
0.179909
Mesures de la
volatilité
Dév. Std. (Ecart 27.69411 29.91056 62.93492 156.7678 27.87686
type) 84.23722
Coefficient de 28.1% 24.3% 46.7% 71.7% 24.4% 51.3%
variation
2
1 N r − r 2
N ∑ ( ri − ri ) ( i i )
N
N ∑
4
1 (27)
i =1 i =1
où ri est la moyenne estimée des séries ri .Pour une distribution normale , sa valeur est
égale à 3. Une distribution est qualifiée de Platokurtic si sa Kurtosis est inférieure à 3 , et
Leptokurtic si sa Kurtosis est supérieure à 3 .
N ∑ (ri − ri ) ( )
N
1 N 2
N ∑
3 2
1 ri − ri (28)
i =1 i =1
où ri est la moyenne estimée des séries ri . Pour une distribution symétrique normale , la
Skewness a une moyenne nulle .
Le différentiel de productivité est approximé par l'écart des taux de croissance des indices à la
production industrielle corrigés des variations saisonnières entre la Tunisie et l'étranger , une
fois les séries normalisées à la même année de base 1980 . Pour cela , on calcule un taux de
croissance moyen de l'indice à la production industrielle externe en retenant une moyenne
arithmétique des divers taux de croissance retenus pondérés uniquement en fonction des flux
d'échange commerciaux. Le différentiel des taux d'intérêt nominaux de long terme ou parité
des taux d'intérêt nominaux de long terme est calculé par l'écart entre le taux d'intérêt nominal
59
de long terme en Tunisie (supposé égal au taux du marché monétaire plus 2.5 points de
pourcentage) et le taux d'intérêt nominal de long terme étranger (approximé par la moyenne
arithmétique des taux de rendements des obligations d'Etat respectifs pondérés par les parts
relatives des recettes et dépenses libellées dans la devise considérée par rapport aux recettes et
dépenses totales en Dinar des balances des paiements bilatérales) .
Le différentiel d'inflation ou parité des pouvoirs d'achat de long terme est calculé par l'écart
entre le taux d'inflation en Tunisie et le taux d'inflation moyen étranger des pays considérés
calculé à partir du taux d'accroissement d'un indice moyen des prix à la consommation issus
de la même base de données . Enfin , le ratio de déficit courant rapporte cette variable au PIB
courant de la période considérée.
110 30 6
100 4
90 20 2
0
80
10 -2
70
-4
60
0 -6
50
-8
40 -10 -10
70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 96 70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 96 70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 96
IRDE DPROD DINF
IRDE
10 10
8 5
6 0
4 -5
2 -10
0 -15
70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 96 70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 96
DTINLT RSBOC
5.4 Les résultats empiriques obtenus à partir de l'estimation du modèle de l'équation (20.bis)
en niveau montrent que les coefficients estimés sont conformes à la théorie et ont le signe
attendu . En effet, eu égard à l’effet Balassa-Samuelson , une dépréciation (appréciation)
réelle du taux de change résulte d’un différentiel de productivité négatif (positif) et le
coefficient estimé de DPROD est donc de signe négatif . Plus les différentiels d’inflation et de
60
taux d’intérêt nominaux de long terme augmentent (diminuent) , plus le taux de change réel se
déprécie (s’apprécie)16et les coefficients de DINF et DTINLT sont donc de signes positifs. La
relation qui lie le solde courant au taux de change effectif réel est sans ambiguïté si la
condition de Marshall-Lerner est vérifiée : un gonflement (baisse) du déficit courant
conduisant généralement à une appréciation réelle , le coefficient estimé de RSBOC est donc
de signe négatif .
Tab-4
Variable dépendante: IRDE
Variables Coefficien Erreur Std. t-Student Prob.
ts
C 65.20571 7.734471 8.430533 0.0000
DPROD -0.774608 0.333323 -2.323896 0.0293
DINF 0.068298 1.151594 0.059308 0.9532
DTINLT 11.45231 1.453971 7.876576 0.0000
RSBOC -0.669340 0.610916 -1.095634 0.2846
R² 0.877657
R²aj. 0.856380
S.E. R 11.88205 AIC (Akaike Info 7.948367
Criterion)
S.S.R 3247.211 SC (Schwarz Criterion) 8.186261
Log -106.2771 F-statistic 41.24895
Vraisemblance
DW 0.991727
180 200
Forecast: IRDEF
160
Actual: IRDE
140 Sample: 1970 1997
160 Include observations: 28
120
100 Root Mean Squared Error 10.76902
30
80 120 Mean Absolute Error 8.714709
20 Mean Abs. Percent Error 8.085597
60 Theil Inequality Coefficient 0.044392
10
Bias Proportion 0.000000
0 80 Variance Proportion 0.032613
-10 Covariance Proportion 0.967387
-20
-30 40
70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 96 70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 96
5.5 L’application des procédures de tests de racine unité Augmented Dickey-Fuller (ADF) et
Phillips-Perron (PP) ont démontré que l’ensemble des séries temporelles retenues sont
intégrées d’ordre 1 (I(1)) avec des dérives qui concernent soit la constante soit la tendance des
processus générés . Ces tests se fondent sur les modèles suivants :
16
En supposant un délai de réaction des autorités monétaires pour la détermination du taux de change nominal.
61
Modèle avec constante et sans tendance :
p
∆x t = α + (ϕ − 1). x t −1 + ∑ θi . ∆x t −i + ut (30)
i =1
Modèle avec constante et tendance :
p
∆xt = d t + (ϕ − 1).xt −1 + ∑θ i .∆xt −i + u t (31)
i =1
62
∧
-0.299 -1.031 -0.539 -0.312 -0.339
(ϕ − 1)
(-1.816) (-3.455) (-2.453) (-1.856) (-2.164)
∧ 0.219 0.044 -0.273 -0.007 0.069
θ1 (1.005) (0.211) (-1.431) (-0.035) (0.391)
AIC=6.947 AIC=7.031 AIC=4.347 AIC=2.773 AIC=4.681
SC=7.141 SC=7.225 SC=4.451 SC=2.967 SC=4.873
ADF -1.816 -3.455 -2.453 -1.856 -2.164
VC (1%) -4.355 -4.355 -4.355 -4.355 -4.355
VC (5%) -3.594 -3.594 -3.594 -3.594 -3.594
VC (10%) -3.232 -3.232 -3.232 -3.232 -3.232
Ordre d’intégration I(1) avec I(1) avec I(1) avec I(1) avec I(1) avec
dérive dérive dérive dérive dérive
(1)
Les tests (t) de Student figurent entre parenthèses
(2)
Critère AIC d’Akaike
(3)
Critère SC de Schwarz
(4)
Valeur Critique théorique de MacKinnon [1991] pour rejeter l’hypothèse nulle de
racine unité
On associe le terme « dérive » à la constante ou à la tendance du processus
5.6 On procède par la suite à l'estimation de modèles VAR. Dans une approche multivariée ,
on définit le modèle VAR d'ordre p par un vecteur auto régressif Z t de dimension 5 des cinq
variables non-stationnaires (~I(1)) retenues , et représenté par l'équation suivante:
Z t = µ + Φ1Z t −1 +L + Φ p Z t − p + ε t t = 1, L , T (32)
Dans ce cas, µ est un vecteur d'ordre 5 contenant des termes constants. ε t est un
vecteur de bruits blancs vérifiant les hypothèses suivantes:
E (ε t ) = 0 ∀t (34)
( )
E εt εt ′ = Ω ∀t (35)
′
E ε t ε s = 0 si s ≠ t (36)
Φ i ( i = 1,L , p) sont des matrices de coefficients fixes d'ordre 5. Elles sont identifiées
sans aucune contrainte dérivée de la théorie économique.
63
La détermination du nombre de retard optimal a été effectuée à partir du test du
rapport de vraisemblance (Likelihood Ratio LR) . Le test du rapport de vraisemblance consiste
à comparer deux retards alternatifs selon le corps d'hypothèses suivant:
H 0 : p = p0
(37)
H1 : p = p1 p1 > p0
( ) (
LR = −2 Lˆ 0 − Lˆ1 ≡ T log Ω
ˆ − log Ω
0
ˆ → χ2
1 (q) ) (38)
$ = 1 ε$ ( p ) ε$ ′ ( p )
T
Ω i ∑ t i t i
T t =1
i = 0, 1
(39)
La préférence pour la spécification VAR(2) par rapport à VAR(1) est confirmée par la
∧
statistique estimée LR . Cette valeur égale à (78.1868) est largement supérieure à la valeur
( )
tabulée appropriée χ (225∗ ) = 37.65 . (q=(2-1)*(5*5))
Par ailleurs, en rappelant que l'estimation d'un modèle VAR revient à estimer un système
équation par équation par la méthode des MCO, l'analyse individuelle de ces équations
montre une nette amélioration des résultats lorsqu'on passe de la spécification VAR(2) à la
spécification VAR(1). Plus on progresse dans un ordre décroissant de p, plus le nombre de
paramètres statistiquement significatifs devient important améliorant par la même occasion le
coefficient de détermination R².
17
Le nombre de degrés de liberté ne permet pas, en fait, d'aller au delà de l'ordre 2. Par ailleurs, le critère AIC
d'Akaike augmente , au lieu de diminuer , plus le retard est plus élevé , passant de (-301.0858) pour la
spécification VAR(1) à (-262.4839) pour VAR(2) . En fait , ce résultat inverse à la norme est expliqué par le fait
que le critère AIC n’est valable que pour des séries I(0) , ce qu’est n’est pas le cas .
64
Tab-6 VAR (1)
Erreurs Std. & t-Student entre parenthèses (Significativité à 5% et 21 degrés
de liberté)
t*=2,080
IRDE DPROD DINF DTINLT RSBOC
IRDE(-1) 0.716814 -0.261818 0.003783 0.001218 0.001188
(0.10184) (0.11839) (0.03710) (0.01455) (0.04237)
(7.03848) (-2.21150) (0.10199) (0.08371) (0.02803)
DPROD(-1) 0.316822 -0.208994 0.033305 -0.024993 -0.050419
(0.17965) (0.20884) (0.06544) (0.02567) (0.07474)
(1.76353) (-1.00073) (0.50896) (-0.97376) (-0.67459)
DINF(-1) -0.223429 0.176299 0.271404 0.196564 0.056420
(0.56009) (0.65109) (0.20401) (0.08002) (0.23301)
(-0.39892) (0.27078) (1.33036) (2.45649) (0.24213)
DTINLT(-1) 3.643897 2.268717 0.661891 0.713056 0.160367
(1.35562) (1.57588) (0.49378) (0.19367) (0.56398)
(2.68800) (1.43965) (1.34047) (3.68173) (0.28435)
RSBOC(-1) -0.395419 -0.708186 -0.097765 -0.067587 0.563182
(0.30895) (0.35915) (0.11253) (0.04414) (0.12853)
(-1.27987) (-1.97183) (-0.86876) (-1.53121) (4.38158)
C 16.24655 21.27051 -4.086586 1.080840 -3.242156
(7.64237) (8.88412) (2.78370) (1.09185) (3.17946)
(2.12585) (2.39422) (-1.46804) (0.98991) (-1.01972)
R² 0.971876 0.272926 0.647810 0.910809 0.515974
R²aj. 0.965180 0.099813 0.563955 0.889573 0.400729
Log -82.20002 -86.26505 -54.93194 -29.66254 -58.52111
Vraisemblance
Akaike AIC -81.75557 -85.82060 -54.48749 -29.21810 -58.07666
Schwarz SC -81.46761 -85.53264 -54.19953 -28.93014 -57.78870
Déterminant Covariance 3935.823
Résiduelle
Log-Vraisemblance -303.3080
AIC -301.0858
SC -299.6460
Tab- 7 VAR(2)
Erreurs Std. & t-Student entre parenthèses (Significativité à 5% et 15 degrés
de liberté)
t*=2,131
IRDE DPROD DINF DTINLT RSBOC
IRDE(-1) 0.244474 -0.404092 0.014580 -0.008817 0.136103
(0.26468) (0.31250) (0.08694) (0.03483) (0.10772)
(0.92366) (-1.29310) (0.16769) (-0.25313) (1.26344)
IRDE(-2) 0.421771 -0.029113 0.024501 0.016202 -0.175351
(0.22964) (0.27112) (0.07543) (0.03022) (0.09346)
(1.83669) (-0.10738) (0.32480) (0.53611) (-1.87618)
DPROD(-1) 0.463811 -0.296967 0.036009 -0.004722 -0.125612
(0.21386) (0.25250) (0.07025) (0.02815) (0.08704)
65
(2.16873) (-1.17611) (0.51258) (-0.16779) (-1.44313)
DPROD(-2) 0.360273 -0.176797 0.079302 -0.021826 -0.081410
(0.22447) (0.26502) (0.07374) (0.02954) (0.09136)
(1.60499) (-0.66710) (1.07549) (-0.73880) (-0.89110)
DINF(-1) -0.796507 0.040070 0.102238 0.138194 0.241539
(0.68230) (0.80557) (0.22413) (0.08980) (0.27770)
(-1.16738) (0.04974) (0.45616) (1.53899) (0.86980)
DINF(-2) 0.014142 -0.225480 0.290242 0.234662 0.086284
(0.71256) (0.84130) (0.23407) (0.09378) (0.29001)
(0.01985) (-0.26802) (1.23999) (2.50231) (0.29752)
DTINLT(-1) 4.009859 1.285935 0.596590 0.401035 -0.418131
(1.89354) (2.23563) (0.62201) (0.24920) (0.77067)
(2.11765) (0.57520) (0.95914) (1.60927) (-0.54256)
DTINLT(-2) 1.125192 3.241262 -0.509208 0.065731 0.606274
(1.87955) (2.21912) (0.61741) (0.24736) (0.76497)
(0.59865) (1.46061) (-0.82475) (0.26573) (0.79254)
RSBOC(-1) -0.607649 -0.509218 -0.089459 -0.126355 0.843057
(0.58776) (0.69395) (0.19307) (0.07735) (0.23922)
(-1.03384) (-0.73380) (-0.46334) (-1.63348) (3.52424)
RSBOC(-2) 0.065995 -0.781976 -0.160751 0.014471 -0.212395
(0.48303) (0.57030) (0.15867) (0.06357) (0.19659)
(0.13663) (-1.37117) (-1.01311) (0.22763) (-1.08038)
C 13.99011 29.57502 -6.858146 1.319154 2.184759
(10.4241) (12.3074) (3.42420) (1.37188) (4.24259)
(1.34209) (2.40303) (-2.00285) (0.96156) (0.51496)
R² 0.977002 0.431967 0.783067 0.940639 0.618162
R²aj. 0.961670 0.053279 0.638445 0.901065 0.363604
Log -76.03307 -80.35106 -47.08847 -23.30674 -52.66044
Vraisemblance
AIC -75.18692 -79.50491 -46.24231 -22.46059 -51.81429
SC -74.65465 -78.97264 -45.71004 -21.92832 -51.28202
Déterminant Covariance 559.5462
Résiduelle
Log-Vraisemblance -266.7146
AIC -262.4839
SC -259.8225
66
coefficient non nul . Pour déterminer les coefficients de cette combinaison , on effectue la
régression cointégrante suivante dans laquelle les résidus ( u t ) doivent être stationnaires :
n
Z t1 = d t + ∑ β i .Z ti + u t
i=2 (40)
dt = α + β t
Dans ce travail , nous utilisons au contraire la méthode multivariée de Johansen qui teste la
cointégration à partir de modèles VECM . Cette technique est la plus appropriée car se base
sur le principe du maximum de vraisemblance qui utilise le test de la valeur propre maximale
(maximal eighenvalue)18 et le test de la trace . On teste alors l’existence d’une matrice Φ (k x
r) de vecteurs cointégrants β tel que la combinaison linéaire β ' .Z t est stationnaire (~I(0)) .
Le nombre ( r ) de relations cointégrantes entre les variables du vecteur Z t de dimension (n=5)
est estimé par le modèle VAR d’ordre (2) établi précédemment :
Z t = µ + Φ 1 Z t −1 + L + Φ p Z t − p + ε t (41)
t = 1 ; ………. ; T
p=2
Ce modèle peut être réécrit en différence première sous forme d'un modèle à correction
d’erreurs (ECM) , ou forme (VECM) et estimé par la méthode du maximum de vraisemblance
, sous l’hypothèse de normalité des processus :
p −1
∆Z t = µ + ∑ Π i .∆Z t −i + Ψ.Z t − p + ξ t (42)
i =1
i
18
Dont les valeurs critiques sont tabulées par Johansen et Juselius [1990] .
67
Tab- 8 Test de cointégration de Johansen
Séries: IRDE DPROD DINF DTINLT RSBOC
Intervalle de Retards : 1 à 2 VAR(2)
Valeur Trace 5% 1% Hypothèse
propre nulle
Eigenvalu Likelihood Valeur Valeur No. de CE(s)
e Ratio critique critique
LR
0.750799 78.41787 68.52 76.07 Zéro **
0.566279 42.29103 47.21 54.46 Au plus 1 **
0.334003 20.57184 29.68 35.65 Au plus 2 *
0.291804 10.00361 15.41 20.04 Au plus 3 *
0.038941 1.032713 3.76 6.65 Au plus 4 *
*(**) : Le test LR
Rejet de indique 1
l’hypothès relation de
e au seuil cointégratio
de n au seuil de
5%(1%) 5%
Le terme de correction d’erreur (EC) déduit de l’équation cointégrante est donné par la
relation normalisée suivante :
De ce fait :
Cette relation de cointégration est une relation d’équilibre stable de long terme entre IRDE et
ses principaux fondamentaux déduits du "vrai modèle" de l’économie tunisienne .
68
Relation de cointégration
60
40
20
-20
70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 96
IRDE+1.237*DPROD-0.378*DINF-5.708*DTINLT-1.051*RSBOC-48.353
Les coefficients de la relation d’équilibre de long terme ont , en fait , des signes opposés à
ceux de la relation normalisée . Dans ces conditions , l’ensemble des variables fondamentales
ont les signes attendus à long terme sauf pour le RSBOC qui n’est d’ailleurs pas significatif .
Il reste que l’effet Balassa-Samuelson semble jouer à long terme pour le cas de la Tunisie et
son effet est assez robuste du fait d'un coefficient d’ajustement élevé (1.237360) , et tout écart
de productivité défavorable par rapport à la zone-euro conduit à un risque d’appréciation du
taux de change réel du Dinar par rapport à l’euro à long terme avec des conséquences
dommageables pour notre économie.
La dynamique de court terme est donnée par un VECM de la forme suivante où EC , le terme
de correction d’erreur déduit de l’équation cointégrante , intervient décalé d’une période alors
que chaque variable fondamentale de IRDE est prise en différence première :
p −1 n
∆X t j = h + ∑∑ ∆ ji .∆X t j−1 + ϑ j .EC t −1 + ξ t (44)
i =1 j =1
Tab- 9 VECM
Erreurs Std. & t-
Student entre
parenthèses
VECM D(IRDE) D(DPROD) D(DINF) D(DTINLT) D(RSBOC)
EC(-1) -0.408938 -0.766810 0.022457 0.022568 0.109788
(0.30098) (0.14563) (0.08641) (0.03322) (0.11118)
(-2.35869) (-5.26549) (0.25989) (0.67944) (0.98745)
D(IRDE(-1)) 0.096199 0.365359 -0.015457 -0.018262 0.070780
(0.32105) (0.15534) (0.09217) (0.03543) (0.11860)
(0.29964) (2.35200) (-0.16770) (-0.51544) (0.59681)
D(DPROD(-1)) 0.218193 0.076899 -0.037361 -0.023227 -0.127839
(0.30118) (0.14572) (0.08647) (0.03324) (0.11126)
(0.72447) (0.52770) (-0.43209) (-0.69882) (-1.14904)
69
D(DINF(-1)) 0.054404 -0.871094 -0.456664 0.001709 -0.062068
(0.78872) (0.38162) (0.22644) (0.08704) (0.29136)
(0.06898) (-2.28261) (-2.01675) (0.01963) (-0.21303)
D(DTINLT(-1)) -0.434996 -2.797050 0.258419 -0.571878 0.168699
(1.73845) (0.84115) (0.49910) (0.19185) (0.64219)
(-0.25022) (-3.32528) (0.51778) (-2.98088) (0.26269)
D(RSBOC(-1)) 0.163935 0.490645 0.183615 0.110127 -0.287745
(0.56484) (0.27330) (0.16216) (0.06233) (0.20866)
(0.29023) (1.79527) (1.13229) (1.76672) (-1.37904)
C 1.782441 0.053003 0.133439 0.318704 -0.498603
(2.23840) (1.08305) (0.64263) (0.24702) (0.82688)
(0.79630) (0.04894) (0.20765) (1.29019) (-0.60299)
R² 0.127043 0.714422 0.324448 0.653074 0.329043
R²aj. -0.148627 0.624239 0.111116 0.543518 0.117162
S.S.R 2333.796 546.3659 192.3564 28.42215 318.4695
S.E.R 11.08293 5.362471 3.181826 1.223071 4.094087
Log- -95.35541 -76.47990 -62.90869 -38.05034 -69.46299
Vraisemblance
Akaike AIC -94.81695 -75.94144 -62.37023 -37.51188 -68.92453
Schwarz SC -94.47823 -75.60272 -62.03151 -37.17316 -68.58581
Log-Vraisemblance -321.8299
Akaike Information Criteria -318.7530
Schwarz Criteria -316.8175
On peut dés lors simuler la dynamique de change à partir du modèle VECM correspondant .
Les résultats sont donnés dans le graphique suivant qui compare la dynamique observée de
IRDE par rapport à sa norme d'équilibre du FERER :
__IRDE _ _ FERER
5.8 L'objectif de change de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) est la stabilité du taux de
change effectif réel du dinar . Le taux de change réalisé semble avoir atteint cet objectif de
stabilité mais est resté constamment sous-évalué par rapport à sa norme d'équilibre du FERER
70
qui n'a pas réellement subi de chocs ou dérives majeures durant la période récente . Cette
stratégie de stabilité conjuguée à une sous-évaluation réelle du taux de change par rapport à sa
valeur d'équilibre de long terme révèle une politique volontariste et délibérée de sur-
dépréciation réelle afin de réagir efficacement à la forte volatilité des termes de l'échange et
réussir une stratégie de compétitivité tronquée . En effet , le taux de change réel est un
indicateur de compétitivité-prix et à ce titre son contrôle permet de réussir une stratégie
d'ouverture et d'insertion dans le commerce international .
L’utilisation du taux de change comme instrument privilégié de desserrement de la contrainte
externe et de rétablissement de l’équilibre extérieur a été particulièrement marquée dés lors
que le taux de change réel observé suit d'assez prés sa norme d'équilibre . Les phases de sur
ou de sous-évaluation réelle de courtes périodes ont toujours été que transitoires , ce qui
dénote d'une parfaite crédibilité de la politique de change menée en Tunisie notamment
depuis l'adoption du régime de flottement administré . Cependant , depuis 1986 on a assisté à
une dépréciation réelle du dinar qui a conduit à une sous-évaluation réelle permanente par
rapport à la valeur d'équilibre . Cette tendance n'a été que brièvement interrompue entre 1994
et 1996 où la monnaie nationale a été appréciée sans pour autant que cela ne conduise à une
surévaluation . Ce diagnostic est parfaitement en conformité avec l'analyse du CEPII et de la
Banque de France19 qui concluent aussi sur la parfaite crédibilité de la politique de change
menée en Tunisie : bien que le taux de change réel semble accuser des "mésalignements" par
rapport à sa norme d'équilibre , il reste que la BCT semble avoir réussi à éviter des phases
prolongées de sur-appréciation réelle qui sont généralement un indicateur avancé ou
précurseur de vulnérabilité financière (cf. Mouley.S,1999-a).
6. Cependant, dans le cas d'une libéralisation totale de la monnaie nationale , hypothèse plus
que probable et en tous cas envisagée clairement dans les deux derniers plans de
19
cf. Aglietta.M et Baulant. C ; 1999 ainsi que Coudert.V , 1999
20
L’évaluation des taux de distorsions (TDIS) de change du dinar par rapport à l’euro a été construite à partir
d’un indice de mésalignement (MES) permettant de calculer le taux de déviation du taux de change réel observé
par rapport à sa norme de taux de change réel d’équilibre de long terme :
MES=(IRDE/Natrex)*100
TDIS=MES-100
71
développement et annoncée régulièrement par toutes les instances de politique économique en
Tunisie pour le courant de 2002 , le choix optimal et futur du régime de change dépendra de
plusieurs ingrédients tant que la Tunisie cherchera à s'intégrer plus fortement dans la zone
euro . Dans ce contexte , il est plus que probable que la Conférence méditerranéenne prévue
pour l'été 2000 qui coïncidera avec la présidence française de l'Union Eu ropéenne (UE) aura
pour objectif de mettre en place un dispositif de change pour les monnaies des Pays Tiers-
Méditerranéens (PTM) non membres de l'UE qui candidatent de participer à l'euro . A l'instar
des monnaies des PECO candidats officiels à l'UE , un régime de zone cible de type MCE II
pourrait à ce stade intermédiaire fournir aux autorités monétaires tunisiennes un apprentissage
plus qu'utile à la libéralisation de change .
Dés lors que le dinar semble coller à sa parité d'équilibre de l'euro , un ancrage souple dans un
régime MCE II sera t - il alors opportun ? Pour analyser ce scénario futur du choix de régime
de change , on propose alors de "targeter" le dinar sur une zone cible à bandes élargies (+ ou
– 15%) autour du taux de change réel d'équilibre ( ~e ) comme cours pivot .
6.1 Ancrage souple du dinar à l'euro dans un régime de zone cible : un test d'ajustement
du drift
L'ancrage du dinar à l'euro par le biais du MCE II pourrait fournir un effet de "transfert de
crédibilité" positif en réduisant les primes sur les taux d'intérêt et en optimisant les conditions
d'attractivité des capitaux externes . A l'instar de certains PECO qui ont déjà opté pour des
rattachements unilatéraux à l'ecu ou au deutschemark , un ancrage bilatéral sur l'euro semble
constituer un arrangement de change crédible pour le futur . La flexibilité offerte par le MCE
II sous la forme de parités bilatérales vis à vis de l'euro , avec des bandes de fluctuations
élargies et des possibilités de réalignements peut être appropriée dans une étape transitoire .
En effet , au lieu d'une parité centrale fixe vis à vis de l'euro , il serait plus opportun de
spécifier une parité d'équilibre mouvante tenant compte des changements de structures . En
particulier , plus le taux de croissance de la productivité de la Tunisie notamment dans le
secteur manufacturier convergera vers celui des pays de l'UE du fait de la restructuration
industrielle engagée , plus le différentiel de productivité augmentera ce qui conduirait
conformément à l'effet B-S à une appréciation du taux de change réel du dinar , risquant de
provoquer des crises financières d'autant plus graves que le taux de change est fixe .
Dans le cas de l'option virtuelle d'une zone cible de taux de change réel apparentée au MCE II
et appliquée à la parité pivot du dinar par rapport à l'euro , on démontre que cet arrangement
de change apparaît comme étant une mesure crédible dans un avenir proche dés lors que les
variations de change restent contenues dans une marge de fluctuation virtuelle de + ou - 15%
autour du cours pivot du dinar par rapport à l'euro. En particulier , la convertibilité intégrale
du dinar prévue en 2002 ne semble pas à priori préjuger d'une vulnérabilité intrinsèque du
système de change pouvant induire des crises spéculatives .
Le développement de la théorie des zones cibles par suite des travaux de Krugman.P [1991] a
été accompagné de contributions marquées sur le plan économétrique notamment avec
Svensson[1991;1992] . Ainsi , furent suggérés des indicateurs de crédibilité mesurés à partir
des anticipations de dévaluation . En supposant vérifiée la parité non couverte des taux
d'intérêt, Svensson suggéra de retenir l'existence d'un différentiel de taux d'intérêt inférieur à
la marge de fluctuation comme indicateur d'une parité crédible (Girardin.E et V.Marimoutou
[1992;1994]) . Le comportement des séries temporelles des taux de change à l'intérieur de la
marge de fluctuation et le concept de crédibilité variable au cours du temps (Bertola et
Svensson[1991]) ont quelque peu relativisé cette conception initiale . Ainsi , il est démontré
que le taux de variation anticipé du taux de change a deux composantes : (i) Le taux de
dépréciation anticipé à l'intérieur de la marge de fluctuation (ii) et le taux de réalignement
72
anticipé . En approximant le taux de variation anticipé du taux de change par le différentiel
des taux d'intérêt , il est alors possible de mesurer le taux de réalignement anticipé en
soustrayant la première composante du différentiel des taux d'intérêt . Cette méthode
d'évaluation de la crédibilité d'une zone cible de change a permis d'établir un "test
d'ajustement du drift" (ou d'une dérive) par Svensson.L.E.O.[1993] et Rose et Svensson
[1991] .
6.2 La formalisation que nous développons tente d'élargir le modèle de Svensson. L [1991] au
cas d'une zone cible de taux de changes réels . On se place dans un schéma d'interdépendance
macro-économique où la parité réelle et non couverte des taux d'intérêt donne le différentiel
des rendements réels en monnaies domestique et étrangère de placements ayant un risque de
défaut et une maturité ( τ >0) identiques , comme étant égal au taux de variation anticipée du
taux de change réel . En notant δt = rt − rt* le différentiel des taux d'intérêt réels et sachant
que ( et ) est le taux de change réel , la parité réelle (en absence de prime de risque) peut
s'écrire comme suit :
E (∆et +τ )
δt = t (49)
τ
xt = et − ct (50)
Un réalignement est défini par une variation du cours pivot. Le taux de réalignement durant la
période de maturité (τ) est donc mesuré par la variation relative de ( ct ), soit :
ct = et − x t
∆ct +τ ∆et +τ ∆xt +τ (51)
⇒ = −
τ τ τ
⇒ [ E (∆ct +τ )] / τ = [ Et (∆et +τ )] / τ − [ Et (∆xt +τ )] / τ
Ce qui signifie que le taux de réalignement anticipé est égal à l'écart entre le taux de
dépréciation (totale) anticipée et le taux de dépréciation (partielle) anticipée i.e. la
dépréciation intra-marginale anticipée à l'intérieur de la bande de fluctuation . Le
réalignement anticipé est une distribution de probabilité définie comme suit :
73
En d'autres termes, un réalignement entre (t) et (t+τ) aura lieu avec une probabilité en (t) égale
à ( pbtτ ) que la parité centrale varie ( ∆c t +τ ≠ 0 ). Au contraire, l'absence de réalignement ou la
constance de la parité centrale ( ∆c t +τ = 0 ) entre (t) et (t+τ) n'est vérifiée qu'avec une
probabilité égale à (1− pbtτ ). Le réalignement anticipé défini par l'équ (52) est positif en cas
de dévaluation anticipée et négatif en cas de réévaluation anticipée. Selon cette distribution de
probabilité, le taux de réalignement anticipé est donc fonction de la fréquence de l'anticipation
de réalignement elle même, soit :
E t ( ∆ c t +τ )
= v tτ . Et (∆c t +τ )
τ
( pbtτ )
où : v tτ = = fréquence de réalignement (53)
τ
E t ( ∆c t + τ ) E ( ∆ x t +τ )
= δtτ − t
τ τ
E t ( ∆ct +τ ) E t ( ∆x t +τ )
⇒ = (rt − rt∗ ) − (54)
τ τ
Le taux de réalignement anticipé est donc égal à l'écart entre le différentiel des taux d'intérêt
réels durant la période de maturité et le taux de dépréciation anticipé à l'intérieur de la bande
de fluctuation. La substitution de l'équ (53) dans l'équ (54) donne en définitive :
E ( ∆ x t +τ )
v tτ . E t ( ∆ct +τ ) = δtτ −
τ
E ( ∆x t +τ )
⇒ + v tτ . E t ( ∆ct +τ ) = δtτ (55)
τ
Le différentiel des taux d'intérêt réels durant la période de maturité (τ) est égal à la somme du
taux de dépréciation réelle anticipée du taux de change à l'intérieur de la bande de fluctuation
E ( ∆xt +τ )
par rapport au cours pivot, , et de la fréquence du réalignement anticipé du cours
τ
pivot lui-même, v tτ . E t ( ∆ct +τ ) .
Cette méthode d'ajustement de la dérive ne renseigne cependant pas sur les sens de causalité
entre les variables qui interviennent . Dans le modèle de Bertola et Svensson [1991] , le taux
de dépréciation anticipée à l'intérieur de la marge est un processus stochastique exogène qui,
avec le vecteur des fondamentaux supposé aussi exogène , détermine le taux de change . Dans
une version plus simple , le taux de change réel futur anticipé à l'intérieur de la marge est une
fonction positive de sa position courante dans la bande21, mais aussi de l'anticipation des
fondamentaux , soit l'équation suivante :
21
Cette dépendance est justifiée par le fait qu'une marge crédible engendre systématiquement un retour du taux
de change à la moyenne .
74
où f t a+τ : Vecteur de fondamentaux anticipés
x ta+τ : L'écart anticipé du taux de change réel à la parité centrale
β : Un vecteur de paramètres
ξ : Bruit blanc de moyenne nulle , de variance finie et non-corrélée avec x t .
Appliquant cette formule à l'indice du taux de change réel du dinar par rapport à l'euro , on
dispose de la relation cointégrante de long terme déduite auparavant sur la base des
fondamentaux anticipés . De ce fait, le taux de dépréciation réel anticipé à l'intérieur de la
marge qui est égal à l'écart futur anticipé du taux de change à la parité centrale dépend
uniquement de la valeur courante de cet écart , soit la relation suivante :
E t ( ∆x t +τ )
= x ta+τ = a + b. x t + ξt (57)
τ
Dés lors qu'il s'agit d'une relation de long terme , nous avons d'abord établi une relation
cointégrante une fois vérifié que les variables sont stationnaires en différence première .
L'estimation des écarts anticipés du taux de change réel du dinar à sa parité centrale par la
méthode des moindres carrées ordinaires donne la relation de cointégration et l'équation
VECM suivantes :
Sur la base de ces équations , les estimations des écarts anticipés du taux de change réel du
dinar vis-à-vis de sa parité centrale d'équilibre de l'euro (x/c) sont données dans le tableau
suivant qui représente le taux de dépréciation réelle anticipé à l'intérieur de la marge en
rythme annuel obtenu à partir de l'estimation de l'écart anticipé du taux de change réel à la
parité centrale. Ce taux apparaît soutenable pour l'économie Tunisienne notamment en 2002
où la parité réelle du dinar vis à vis de l'euro approche nettement du cours pivot22 avec un taux
moyen de l'ordre de (0.2%) .
dx x x/c* en %
1998 - 0.04 9.31 5.8%
1999 +0.77 8.54 5.3%
2000 +1.68 6.86 4.4%
2001 +2.69 4.17 2.6%
2002 +3.78 0.39 0.2%
2003 +5.01 4.62 2.9%
2004 +6.33 10.95 6.9%
2005 +7.81 18.76 11.8%
* Cours pivot
22
La mesure de convertibilité intégrale du dinar prévue à la même période apparaît d'autant plus envisageable
que la monnaie Tunisienne sera ancrée sur l'euro .
75
6.3 Ces résultats très intuitifs préjugent à priori de la parfaite crédibilité d'un arrangement de
change de type MCE II pour le dinar notamment à partir de 2002 .Cependant , plus le taux de
change s'approche de ses bornes limites de (+ou-15%) , notamment à partir de 2005 avec un
taux de l'ordre de 11.8% , plus le risque de décrochage du dinar et donc d'attaque spéculative
augmente et plus les anticipations de dévaluation se forment . Alors même que le
démantèlement tarifaire du programme de création de la zone de libre échange avec l'UE
approche de sa fin et que la convertibilité intégrale du dinar devient de plus en plus
envisageable durant cette période , le dinar risque fort de subir une attaque spéculative . En
conclusion , le régime d'ancrage fixe du dinar à l'euro sur une zone-cible de change comporte
des risques récurrents de crises de balances de paiements . Ce résultat montre donc que le
contrôle d'une manière plus rigide de la norme de référence du dinar par rapport à l'euro peut
être plus approprié dans une période transitoire .
Comme le montre clairement le test d'ajustement de la dérive , l'intensification des échanges
avec l'UE ne doit pas conduire à accrocher le dinar à l'euro . Un régime de contrôle d'une
norme de référence pourrait s'avérer plus approprié dans une étape transitoire tant que la
convergence nominale et réelle vis à vis de la zone-euro n'est pas encore complètement établie
au vu des performances macro-économiques . Le ciblage du taux de change réel dans lequel le
poids de l'euro est plus élevé par rapport à sa valeur d'équilibre permettra de surveiller les
déterminants fondamentaux en les justifiant par rapport à ceux de l'équilibre de long terme .
Une fois identifiée la cible du taux de change de référence , la BCT pourra adopter un régime
de change intermédiaire adapté à la libéralisation financière progressive de l'économie
Tunisienne , et dont l'objectif est de maintenir une parité de référence définie comme un taux
de change d'équilibre rendant compatible la flexibilité nécessaire de la compétitivité-prix pour
absorber les chocs réels , et la limitation de la variabilité du taux de change pour combattre les
distorsions provoquées par des chocs financiers . En plus, et selon la définition même d'un
taux de change d'équilibre , ce régime intermédiaire rend aussi cohérente la stratégie interne
de croissance avec la stratégie externe d'endettement soutenable . La cible de taux de change
réel de référence pourra alors être surveillée et révisée en fonction des changements repérées
de ses déterminants fondamentaux de long terme (cf. Aglietta M et Baulant C,1999) .
6.4 L'intérêt de surveiller la parité du dinar et de la stabiliser à son niveau de référence revêt
naturellement une importance particulière pour la Tunisie dans ce contexte d'ouverture
graduelle de l'économie aux marchés financiers internationaux . La crise financière asiatique
et les crises de change qui l'ont suivie ont montré l'intérêt des autorités monétaires dans les
économies émergentes de pouvoir anticiper les surévaluations réelles des monnaies qui sont
sources d'attaques spéculatives .
7. L’analyse théorique et économétrique qui vient d’être menée avait pour objectif principal
d’évaluer les implications macro-économiques prévisibles de l’euro sur le choix optimal du
régime de change en Tunisie . La démarche adoptée s'inscrit parfaitement dans le débat sur la
reconstruction de la nouvelle architecture financière internationale . En effet , une ouverture
brutale et mal conçue aux mouvements de capitaux est porteuse de risques d'autant plus
récurrents que les systèmes bancaires sont défaillants et les régimes de change inadaptés , si
bien que des configurations macro-économiques considérées auparavant comme étant
invulnérables ont été sanctionnées par le déclenchement d'attaques spéculatives . C'est ainsi
qu'en matière de change , le consensus qui se dégage semble s'orienter vers le choix de
régimes de surveillance d'une norme de taux de change réel d'équilibre , ou accessoirement
d'ancrage des monnaies des pays émergents sur une zone cible à parité mouvante autour d'un
76
taux d'équilibre justifié par les fondamentaux , et qualifié le plus souvent de "zone cible
muette" .
C'est donc ces deux propositions que nous avons testé dans le cadre de l'économie tunisienne
pour la parité dinar-euro . L’estimation d’un modèle de taux de change réel d’équilibre a
permis d’abord de spécifier une trajectoire d’ajustement de long terme du dinar dans la
perspective de son rattachement à l’euro dans un régime de flottement administré . Cette
trajectoire qui répond au "vrai modèle" de l'économie tunisienne compte tenu de ses
fondamentaux a permis de rendre compte des déviations observées du change réel vis à vis de
la norme d'équilibre de l'euro . Des dépréciations réelles de faible ampleur sont parfaitement
soutenables et une très courte phase d'appréciation réelle par rapport à l'équilibre n'a été que
transitoire , ce qui dénote de la crédibilité d'un régime de flottement administré du dinar en
fonction de sa norme d'équilibre de long terme de l'euro . En revanche , un régime de "zone
cible muette" à bandes élargies et parité mouvante vis à vis de la parité d'équilibre dinar-euro
apparaît quelque peu risqué si la Tunisie libéralise brutalement et rapidement ses comptes
externes , mais le ciblage du change réel d'équilibre apparaît certainement comme la
principale disposition essentielle pour le futur à condition de ne pas faire reposer la stratégie
de financement externe sur des capitaux courts et extrêmement volatils .
8. Références bibliographiques
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80
ANNEXE 2
1. Introduction
Au Maroc de l’an 2000, suite à la faiblesse manifestée par l’Euro face au Dollar, le cours
en Dirhams de l’Euro, et donc des anciennes monnaies Européennes de l’Euroland a baissé de
manière importante. Nos exportateurs vers notre principal partenaire économique, l’Europe,
voient leurs revenus baisser. Tout au long de l’année, les industriels du textile n’ont pas cessé
de pousser le ministre des finances à dévaluer le Dirham pour qu’ils améliorent ainsi leur
compétitivité et leurs revenus. Les autorités monétaires du pays (ministère des finances et
Banque Centrale) ne sont pas prêtes de céder sur la question. Car, une dévaluation alourdirait
le service de la dette extérieure du pays et grèverait le budget de l’Etat. Notons aussi qu’une
dévaluation du Dirham renchérirait les importantes importations des industriels du textile et
que le résultat final pour ces industriels n’est pas certain. C’est d’ailleurs pour cette raison
qu’ils demandent soit une dévaluation soit un mécanisme de compensation. Un tel mécanisme
ne pourrait que prendre la forme de taux de change multiple que le Maroc ne pourrait se
permettre de rétablir alors qu’il l’avait supprimé sur l’insistance des organismes financiers
internationaux. Le taux de change du Dirham est condamné, de par les engagements du pays
vis-à-vis de ses créanciers, à être unique.
En dépit de la ferme volonté affichée par les autorités monétaires de maintenir la parité du
Dirham à son niveau actuel, des rumeurs insistantes circulent toujours en cette fin du mois
d’août 2000 concernant une imminente dévaluation de la monnaie nationale. S’agit-il là de
rumeurs alimentées par les exportateurs de produits textiles ou du désir réel d’une partie des
autorités monétaires, la Banque Centrale, en l’occurrence, dont les divergences avec le
ministère des finances sont apparues au grand jour au début de l’été lorsque la gestion d’un
important fonds de développement a été retirée à ce dernier au bénéfice du gouverneur de la
première.
81
En tout cas, la hausse nominale du Dirham face à l’Euro s’est accompagnée de, et a
impliqué de par le mécanisme de cotation des devises appliqué par la Banque Centrale, une
baisse du même Dirham face au Dollar. Des exportateurs vers l’Amérique et vers d’autres
pays que l’Euroland existent même s’ils ne sont pas nombreux. Pour nos exportations
globales, l’on ne sait pas si l’évolution du cours du Dirham a été négative ou non, surtout
lorsqu’on prend en considération le fait qu’une partie non négligeable de ces exportations
proviennent soit d’importations admises temporairement soit d’une transformation de biens
largement importés avec du matériel exclusivement importé. En plus, comme chacun sait, une
hausse nominale peut bien cacher une baisse réelle.
On voit bien que pour avoir une idée claire sur ces questions, il y a lieu d’essayer de
déterminer le taux de change réel d’équilibre du Dirham pour le comparer ensuite avec le taux
réel effectif de change et dire enfin s’il y a surévaluation ou sous-évaluation du Dirham ou si
tout simplement il n’y a point de non alignement ou de « misalignement ». Le présent papier
utilisera la méthode de la cointégration pour déterminer le taux d’équilibre ex post du Dirham
et sera organisé comme suit. La deuxième section présentera le modèle à appliquer pour
déterminer le taux de change réel d’équilibre. La troisième sera consacrée à la présentation
des données (empiriques) utilisées. La quatrième présentera la méthode économétrique
appliquée et les résultats obtenus. La cinquième et dernière section tirera quelques
conclusions de l’étude.
2. Le modèle
Cette définition du taux d’équilibre donnée par Edwards est selon nous meilleure que
celles des conceptions alternatives, (et, notamment, celles qui considèrent que le taux
d’équilibre est le taux qui permet de maintenir la parité des pouvoirs d’achat), dans la mesure
où, dans la conception d’Edwards, le taux de change réel d’équilibre est une fonction
dynamique d’autres variables réelles, plutôt qu’un nombre constant. En outre, dans cette
82
conception d’Edwards, le taux de change réel est influencé à court terme par des variables ne
constituant pas des fondamentaux.
Le modèle que nous appliquons correspond à celui de Dornbush en retenant la définition
du taux de change réel d’équilibre donnée par Edwards. Le modèle considère une petite
économie ouverte avec deux types de biens, échangeables et non échangeables. Dans
l’économie en question, il n’y a que des consommateurs face à l’Etat ou au gouvernement. Le
pays considéré produit des biens, en consomme une partie et en exporte une autre pour
importer des biens du reste du monde destinés à sa consommation. Le reste du monde est
considéré comme un seul grand pays déterminant les prix internationaux de tous les biens
échangeables.
Néanmoins, les hypothèses relatives aux dépenses publiques sont discutables. Le modèle
considère en effet que les dépenses publiques constituent une proportion fixe du produit
intérieur brut et que la consommation publique de biens importés est également une
proportion fixe des dépenses publiques totales. Il considère aussi que le capital est
parfaitement mobile. Cette dernière hypothèse ne pose pas de problème particulier, en dehors
du fait que le taux d’intérêt ne nous semble pas être la variable déterminante du mouvement
des capitaux vers ou au départ de l’économie marocaine.
83
En introduisant la notion des termes de l’échange (TOT) et celle du degré d’ouverture
de l’économie considérée (OPEN), on ramène le modèle à l’équation suivante :
ERER = f(TOT, OPEN, entrées de capitaux, le taux international d’intérêt).
Enfin, une augmentation de la variable OPEN, retenue ici comme variable proxy des
droits de douane à l’importation, conduit à une hausse des prix à l’importation et devrait
entraîner une appréciation du taux de change réel pour rétablir l’équilibre extérieur.
Les données trimestrielles concernant les variables retenues par le modèle ne sont pas
disponibles pour le Maroc. Nous avons été obligé d’utiliser des données annuelles. Ce qui a
donné des séries peu longues, en dépit du fait que nous sommes remonté aussi loin que
possible dans le passé, jusqu’en 1974. Les résultats des tests statistiques effectués ont en été
forcément affectés. Les séries sont exprimées en logarithmes naturels.
84
3.1. Le taux de change réel
La série du taux de change réel effectif disponible dans la base de données du FMI et de la
Banque Mondiale ne concerne que la période 1980-1998. Pour pouvoir disposer d’une série
couvrant toute la période 1974-1999 sur laquelle nous avons choisi de travailler, nous n’avons
pas pu faire autrement que de procéder à une régression de la série disponible sur les variables
déterminant le taux de change réel, c’est-à-dire le taux de change nominal, l’indice des prix au
Maroc et les indices des prix dans le reste du monde (représenté par les grands partenaires du
Maroc, à savoir la France, les USA et l’Allemagne). Auparavant, il nous a fallu calculer le
taux de change effectif nominal, car la série disponible ne concerne là aussi que la période
1980-1998. Pour ce calcul, nous avons utilisé les coefficients de pondération retenus par la
Banque Centrale en 1980 et sensés représenter les parts relatives des pays concernés dans les
échanges extérieurs du Maroc ( 0.25 pour le franc français, 0.32 pour le Dollar USA, 0.15
pour la peseta, 0.05 pour la lire italienne, 0.08 pour la livre sterling, 0.07 pour le mark
allemand, 0.02 pour le franc suisse, 0.04 pour le franc belge et 0.02 pour le florin
néerlandais).23Le taux de change nominal ainsi calculé est fortement corrélé au taux de
change nominal effectif disponible dans la base de données indiquée ci-dessus (r = 0.98).
23
Nous avons appris que depuis l’entrée en vigueur de l’Euro, en janvier 1999, ces coefficients sont devenus :
0.4 pour l’Euro, 0.5 pour le dollar US et 0.1 pour le Yen japonais.
85
La série de taux de change réel ainsi obtenue est fortement corrélée avec le taux de
change réel calculé par le FMI (pour la seule période 1980-1998). On peut s’en apercevoir sur
le graphique suivant.
5.0
4.9
4.8
4.7
4.6
4.5
4.4
80 82 84 86 88 90 92 94 96 98
REER REERF
Le tableau ci-dessus indique que le taux de change réel du Maroc suit une marche
aléatoire. Il est assez symétriquement distribué (légèrement asymétrique vers la droite). La
statistique Jarque-Bera teste la normalité de la distribution. Le chiffre obtenu ci-dessus
indique que la série est presque normalement distribué.
Pour les termes de l’échange, la série disponible dans la base de données indiquée est
également incomplète. C’est dans les rapports annuels de la Banque Centrale du Maroc que
86
nous avons puisé les informations nécessaires pour reconstituer une série sur toute la période
considérée (1974-1999) et élaborer un indice avec la même année pour base que pour les
autres variables.
L’élaboration de la série OPEN ne nous a posé aucun problème puisque les séries des
exportations, des importations et du PIB sont disponibles tant dans la base de données
considérée que dans tous les documents statistiques officiels du Maroc.
Pour le taux d’intérêt du reste du monde, nous avons choisi les taux d’intérêts servis sur
les dépôts en France, ce dernier pays étant le premier partenaire économique du Maroc et
donc largement représentant du reste du monde pour notre pays.
Concernant les entrées de capitaux, nous avons retenu le montant annuel des
investissements directs étrangers au Maroc. Ce montant, nous semble-t-il, est représentatif des
entrées en question.
Nous avons également pensé à inclure dans l’estimation du taux de change réel d’équilibre
deux variables supplémentaires par rapport à celles retenues par le modèle considéré. Il s’agit
du ratio de la dette extérieure du Maroc et du taux de croissance réelle du PIB comme variable
proxy du progrès technologique, estimant que ces deux variables contribuent à la
détermination du taux de change réel d’équilibre.
Enfin, deux variables muettes auraient pu être intégrées au modèle d’estimation du taux de
change réel d’équilibre pour saisir les effets des deux dévaluations de 1980-85 et 1990.
Cependant, s’il est aisé de procéder ainsi pour la première dévaluation, il n’en est pas de
même pour la seconde dans la mesure où il n’est pas évident de choisir l’année à partir de
laquelle la variable muette prendrait comme valeur l’unité, puisque la dévaluation s’était
étendue sur plusieurs années. Pour cette raison technique, nous avons écarté le recours aux
variables muettes.
87
sait maintenant que la non stationnarité fausse la régression et que seules les variables non
stationnaires ou ayant une racine unitaire déterminent à long terme le taux de change réel, le
taux d’équilibre, les variables stationnaires ne pouvant avoir qu’un effet temporaire ou à court
terme, car elles ne tardent pas, par définition, à converger vers leur moyenne indépendante du
temps. Les variables stationnaires ne constituent donc pas des fondamentaux du taux de
change réel d’équilibre.
La stationnarité considérée ici est la stationnarité dite de second ordre, celle signifiant que
la moyenne, la variance et la covariance de la série sont indépendantes par rapport au temps.
Etant donné que la robustesse des tests de stationnarité n’est pas assurée et, surtout, que la
longueur des séries ne suffit pas pour obtenir des tests significatifs, nous en avons effectué un
grand nombre sur les séries considérées. En voici les résultats.
88
TFDS Stationnaire Stationnaire Stationnaire Non stationnaire
-3.999 -3.883 0.3071 à 10% 0.173
Dans le tableau ci-dessus figurent en lignes, en logarithmes naturels, les variables suivantes :
- RER : le taux de change réel du Dirham pour la période 1974-99 ;
- OPEN : la variable proxy de la politique commerciale du Maroc pour la même période ;
- TOT : les termes de l’échange du Maroc pour la même période ;
- FRIR : le taux d’intérêt (servi sur les dépôts) en France, pour la même période ;
- FDI : les investissements directs étrangers au Maroc au cours de la même période ;
- RGDP : le taux de croissance réelle (annuelle) du PIB comme proxy du progrès
technologique et des gains de productivité au Maroc, au cours de la même période ;
- TFDS : le ratio de la dette extérieure du Maroc au cours de la même période.
En colonnes, figurent les quatre tests de racine unitaire effectués sur les variables
précédentes:
• le test de Dickey Fuller augmenté (ADF) dont les valeurs critiques sont –3.7343 à 1%, -
2.9907 à5% et –2.6348 à 10% et dont l’hypothèse nulle est l’existence de la racine unitaire
ou la non stationnarité ;
• le test de Phillips-Perron (PP) dont les valeurs critiques sont –3.7204 à 1%, -2.9850 à 5%
et –2.6318 à 10% et dont l’hypothèse nulle est la même que pour le test ADF précédent ;
• le test de Kwiatkowski, Phillips, Shmidt et Shin (KPSS) dont l’hypothèse nulle est la
stationnarité de la série considérée et dont les valeurs critiques sont de 0.463 à 5% et
0.347 à 10% pour la première version KPSS1 et 0.146 à 5% et 0.119 à 10% pour la
seconde version KPSS2.
Les résultats des quatre tests sont contradictoires. KPSS2 n’est pas discriminant puisqu’il
considère que toutes les variables retenues sont non stationnaires. KPSS1 est plus
discriminant mais assez sévère puisqu’il accepte la stationnarité de quatre variables (RER,
OPEN, TOT et TFDS) sur les sept étudiées. C’est le test PP qui semble le plus facile puisqu’il
accepte la non stationnarité de toutes la variables, sauf TFDS. ADF est un peu moins facile
puisqu’il rejette la non stationnarité de TFDS et n’accepte celle de RER qu’à 5%. Au vu de
ces résultats, l’on peut supposer que toutes les variables, sauf TFDS, sont non stationnaires.
89
4. La méthode d’estimation et ses résultats.
La méthode d’analyse appropriée en présence de variables macro-économiques présentant
souvent une racine unitaire semble être la cointégration. Cette analyse permet de trouver une
combinaison linéaire stable de variables non stationnaires. Une telle combinaison linéaire
stationnaire, quand elle existe, constitue une relation d’équilibre de long terme.
Lorsqu’une telle combinaison linéaire stable de variables non stationnaires existe, c’est-à-
dire lorsque les variables non stationnaires sont cointégrées, seul le modèle VEC (Vector
Error Correction), lequel est un VAR (Vector Autoregressive) restreint pourra être utilisé pour
faire converger les variables à long terme vers leur relation d’équilibre tout en leur permettant
de fluctuer aisément à court terme.
Avec les cinq variables qui restent : RER , OPEN, TOT, FRIR et FDI, les résultats du test de
Johansen sont, d’après EasyReg, comme suit :
90
r test statistic 20% 10% 5% 20% 10% 5%
0 62.4 27.9 30.8 33.2 reject reject reject
1 35.6 22.1 24.7 27.2 reject reject reject
2 23.2 16.3 18.7 20.8 reject reject reject
3 13.2 10.1 12.1 14.0 reject reject accept
4 0.5 1.7 2.8 4.0 accept accept accept
LR test (trace test) of the null hypothesis that there are at most r cointegrated vectors against
the alternative that there are 5 cointegrated vectors
Table 1: No restriction on intercept.
C.f. Johansen & Juselius (1990), Table A1
critical values conclusions:
r test statistic 20% 10% 5% 20% 10% 5%
4 0.5 1.7 2.8 4.0 accept accept accept
3 13.8 11.2 13.3 15.2 reject reject accept
2 37.0 23.9 26.8 29.5 reject reject reject
1 72.5 40.3 44.0 47.2 reject reject reject
0 135.0 60.2 65.1 68.9 reject reject reject
LR test (Lambda-max test) of the null hypothesis that there are r cointegrated vectors against
the alternative that there are r + 1 cointegrated vectors
Table 2: Restrictions on intercept, but not imposed.
C.f. Johansen & Juselius (1990), Table A2
critical values conclusions:
r test statistic 20% 10% 5% 20% 10% 5%
0 62.4 28.0 30.8 33.3 reject reject reject
1 35.6 22.3 24.9 27.3 reject reject reject
2 23.2 16.5 19.0 21.3 reject reject reject
3 13.2 10.7 12.8 14.6 reject reject accept
4 0.5 4.9 6.7 8.1 accept accept accept
LR test (trace test) of the null hypothesis that there are at most r cointegrated vectors against
the alternative that there are 5 cointegrated vectors
Table 2: Restrictions on intercept, but not imposed.
91
C.f. Johansen & Juselius (1990), Table A2
critical values conclusions:
r test statistic 20% 10% 5% 20% 10% 5%
4 0.5 4.9 6.7 8.1 accept accept accept
3 13.8 13.0 15.6 17.8 reject accept accept
2 37.0 25.5 28.4 31.3 reject reject reject
1 72.5 41.6 45.3 48.4 reject reject reject
0 135.0 61.6 66.0 70.0 reject reject reject
Conclusion du test selon l’approche de Johansen : il existe trois vecteurs d’intégration, c’est-
à-dire trois combinaisons linéaires stationnaires des cinq variables non stationnaires retenues.
Les trois vecteurs sont :
Standardized cointegrating vectors:
-0.1710 -0.6786 -0.2530 RER
-0.4143 0.5093 -0.6181 OPEN
1.0000 1.0000 1.0000 TOT
0.1354 0.0510 0.0319 FRIR
0.0082 -0.0696 0.0192 FDI
En utilisant le test de Bierens, du nom de l’auteur du logiciel EasyReg, le résultat est différent.
On trouve une seule relation de cointégration, la suivante :
standardized vector:
-0.6732 -> RER
-0.0143 -> OPEN
1.0000 -> TOT
0.0676 -> FRIR
-0.0005 -> FDI
Comme, dans ce dernier vecteur, le coefficient de FDI est presque nul, nous avons
pensé à éliminer cette variable pour ne retenir que RER, OPEN, TOT et FRIR. Voici les
résultats des tests de cointégration pour ces quatre variables.
L’approche de Johansen selon EasyReg donne :
LR test (Lambda-max test) of the null hypothesis that there are r cointegrated vectors against
the alternative that there are r + 1 cointegrated vectors
Table 1: No restriction on intercept.
C.f. Johansen & Juselius (1990), Table A1
critical values conclusions:
92
r test statistic 20% 10% 5% 20% 10% 5%
0 61.9 22.1 24.7 27.2 reject reject reject
1 21.6 16.3 18.7 20.8 reject reject reject
2 11.7 10.1 12.1 14.0 reject accept accept
3 0.8 1.7 2.8 4.0 accept accept accept
LR test (trace test) of the null hypothesis that there are at most r cointegrated vectors against
the alternative that there are 4 cointegrated vectors
Table 1: No restriction on intercept.
C.f. Johansen & Juselius (1990), Table A1
critical values conclusions:
r test statistic 20% 10% 5% 20% 10% 5%
3 0.8 1.7 2.8 4.0 accept accept accept
2 12.4 11.2 13.3 15.2 reject accept accept
1 34.0 23.9 26.8 29.5 reject reject reject
0 96.0 40.3 44.0 47.2 reject reject reject
LR test (Lambda-max test) of the null hypothesis that there are r cointegrated vectors against
the alternative that there are r + 1 cointegrated vectors
Table 2: Restrictions on intercept, but not imposed.
C.f. Johansen & Juselius (1990), Table A2
critical values conclusions:
r test statistic 20% 10% 5% 20% 10% 5%
0 61.9 22.3 24.9 27.3 reject reject reject
1 21.6 16.5 19.0 21.3 reject reject reject
2 11.7 10.7 12.8 14.6 reject accept accept
3 0.8 4.9 6.7 8.1 accept accept accept
LR test (trace test) of the null hypothesis that there are at most r cointegrated vectors against
the alternative that there are 4 cointegrated vectors
Table 2: Restrictions on intercept, but not imposed.
C.f. Johansen & Juselius (1990), Table A2
critical values conclusions:
r test statistic 20% 10% 5% 20% 10% 5%
93
3 0.8 4.9 6.7 8.1 accept accept accept
2 12.4 13.0 15.6 17.8 accept accept accept
1 34.0 25.5 28.4 31.3 reject reject reject
0 96.0 41.6 45.3 48.4 reject reject reject
Conclusion: r =2
Standardized cointegrating vectors:
-0.2178 -0.4758 RER
-0.3157 -0.0635 OPEN
1.0000 1.0000 TOT
0.1326 0.0549 FRIR
LNRER(-1) 1.000000
LNOPEN(-1) 2.628718
(0.88432)
(2.97259)
LNTOT(-1) -7.271630
94
(1.57374)
(-4.62062)
LNFRIR(-1) -3.300873
(0.64222)
(-5.13977)
C 23.22301
95
D(LNTOT(-2)) 0.017976 0.691320 0.203701 -0.159295
(0.06700) (0.37703) (0.12552) (0.18935)
(0.26831) (1.83361) (1.62286) (-0.84129)
96
D(LNRER) = 0.030581596*( LNRER(-1) + 2.6287183*LNOPEN(-1) - 7.2716299*LNTOT(-
1) - 3.3008726*LNFRIR(-1) + 23.223011 ) + 0.42010213*D(LNRER(-1)) +
0.22012091*D(LNRER(-2)) - 0.056110939*D(LNOPEN(-1)) - 0.08020522*D(LNOPEN(-2))
+ 0.083571367*D(LNTOT(-1)) + 0.017976146*D(LNTOT(-2)) + 0.016125954*D(LNFRIR(-
1)) + 0.049944918*D(LNFRIR(-2)) - 0.0028755667
Du graphique des résidus concernant RER de la page suivante, il ressort que le taux de
change réel tantôt au-dessus du taux de change d’équilibre tantôt en-dessous avant 1985 pour
être ensuite en-dessous, c’est-à-dire sous-évalué tout au long des années 1985-1994. A partir
de 1994, le taux de change réel effectif est surévalué. En 1999, on peut cependant remarquer
un alignement du taux effectif sur le taux d’équilibre du fait de la faiblesse manifestée par
l’Euro par rapport au Dollar.
97
98
ANNEXE 3
Pour comprendre et commenter l’Etat actuel des taux de change en Turquie, il faut
prendre en considération l’évolution de l’économie turque après l’ouverture à l’extérieur ou
plus précisément, l’adoption de la politique de développement extraverti en 1980, avec les
décisions du 24 Janvier, décisions prises dans le cadre d’un accord de stand-by avec le FMI.
La période qui a précédé ces décisions a été surtout marquée par l’impact très négatif des prix
de pétrole sur la balance des paiements, par le problème chypriote qui a augmenté les
dépenses de défense militaire et par la crise touchant les pays vers lesquels la Turquie réalisait
la grande partie des exportations. Toutes ces raisons ont influé négativement l’inflation,
résultant en une nécessité de dévaluation plus fréquente par rapport à la période d’avant 1970.
Une dévaluation de 66% a fait baisser la valeur de la livre turque de 9.08 TL/$ à 15.15 TL/$
en 1970. A partir du 20 Septembre 1974, la Banque Centrale a commencé à changer la valeur
de la livre turque plusieurs fois dans l’année. La raison en était de s’aligner avec la valeur des
monnaies étrangères, flottant librement après le collapse de Bretton Woods et empêcher ainsi
la spéculation de devises en Turquie. Une dévaluation de 30 % en avril 1979 a été suivi d’une
autre de 88,4% au mois de juillet de la même année. Une autre dévaluation de 33 % a été faite
avant la fin de l’année et c’est dans ces conditions que les “mesures de stabilisation” du 24
Janvier 1980 ont été prises incluant aussi une nouvelle dévaluation. Le tableau 1 montre
l’évolution des taux de change en Turquie.
99
Par suite aux décisions du 24 Janvier 1980, la politique de change a été transformée, passant
de la détermination de la valeur de la livre turque par la Banque Centrale, à la déclaration de
la convertibilité avec la régulation 32, datée du 11 Août 1989.
Cette décision qui avaient été présentée à l’opinion publique comme une mesure de liberté de
mouvements des capitaux, était en faite bien une déclaration de convertibilité (Kepenek,
Yentürk 2000: 287).
Avec cette régulation, la Turquie était devenue plus libérale que la Grèce, la Norvège, le
Portugal et l’Espagne dont trois étaient à cette époque membre de l’Union Européenne et
malgré cela gardaient un plus grand nombre de réservations aux Codes de l’OCDE. Cette
libéralisation financière précipitée et très critiquée par après même par Rüþtü Saraçoðlu
(gouverneur de la Banque Centrale lors de cette déclaration), a fait que le taux de change est
devenu beaucoup plus sensible aux mouvements de capitaux à court terme, perdant ainsi son
rôle principal dans une économie dont les biens d’exportation ne jouissent pas d’une
compétitivité extérieure rassurée et enregistrant des taux d’inflation très élevés. A ceci s’est
ajouté une différentielle importante des taux d’intéret intérieurs et extérieurs, incitant une
rentrée importante de capitaux à court terme et résultant en une surévaluation de la monnaie
turque. La part des paiements d’intérêts dans les dépenses publiques est montée à plus de 50
%, ayant un effet inflationniste qui s’est ajouté au taux déjà très élevés (Tableau 2). Ce cercle
vicieux a fait baisser les investissements productifs, augmentant le placement de fonds des
firmes industrielles turques en même temps que les importations. La crise qui en a résulté en
1994 a voulu être stabilisée par un nouvel accord de stand-by avec le FMI, s’appelant “les
décisions du 5 Avril”.
100
1997 86.6 85.7 96.6 126.7 21.5
1998 71.8 84.6 94.6 123.1 29.9
* Revenu des capitaux chauds (taux d’arbitrage) = (1+i/1+e) – 1; of i est l’intéret le plus élevé
de la période et ou e = taux d’inflation.
Source: Kepenek,Y. et Yentürk, N. (2000) Türkiye Ekonomisi, 10. Ed., Remzi Kitabevi,
Istanbul, p. 237.
L’examen du tableau 2 montrera qu’à part l’année 1994, ces décisions n’ont rien changé. Au
contraire le revenu des “capitaux chaux” (hot-money) s’en est trouvé accru par après jusqu’en
1999, année de crise économique aggravée par l’important séisme du 17 Aout. La
décroissance de 6.1% en 1999 et un besoin très important de reconstruction dans la région du
séisme ou il y a une forte concentration industrielle ont abouti à un consensus, visant à casser
ce cercle et établir un programme de stabilisation, qui cette fois-ci irait jusqu’au bout, sans
renoncer aux mesures qu’il contient et dont certaines sont novatrices par rapport aux 17 lettres
d’intention adressées au FMI par la Turquie, avant 1999.
C’est dans ce climat économique que la Lettre d’Intention du 9 Décembre a été adressée au
FMI. Le programme de stabilisation avait pour principaux buts de:
Pour réussir à atteindre ces buts, le programme comprends une partie très importante sur la
politique de change. Dans son discours du 9 Décembre ou il a donné les détails du programme
de trois ans, Mr. Erçel expliquait ainsi la nouvelle politique de change:
• Le panier de taux de change sera annoncé chaque jour, sur une période de un an (Tableau
3).
• Le panier utilisé pour le taux de change réel, composé de 1 US Dollar + 0.77 EURO
depuis l’entrée en vigueur de l’EURO, sera valide pendant les trois années du programme.
• Dans les 18 premiers mois, la valeur nominale du panier sera augmentée parallèlement
àl’inflation visée (20% pour les prix de gros). Cette période sera suivie par une période de
“bande élargissant progressivement”.
• La bande atteindra 7.5 pour cent fin 2001, 15 pour cent au premier juillet 2002, 22.5 pour
cent fin 2002.
• Dès le début du programme, la Banque Centrale prépare les conditions de quitter son
intervention aux taux de change et une réserve importante de devises sera a sa disposition
pour mener à bien cette politique de change (22.6 milliards de Dollars).
• Ainsu la politique de change est l’outil le plus important de la lutte contre l’inflation du
nouveau programme de stabilisation de l’économie turque.
101
Tableau 3- Les changements prévus dans le panier durant la première année du
programme
Valeur du Changement du panier en pourcentage
panier en fin Augmentation Augmentation Augmentation
de mois mensuelle (%) mensuelle journalière
(1 USD + 0.77 cumulée (%) (%)
EURO)
Décembre 1999 959 020.46
Janvier 2000 979 159.89 2.1 2.100 0.067
Février 2000 999 722.25 2.1 4.244 0.072
Mars 2000 1 020 716.42 2.1 6.433 0.067
Avril 2000 1 038 068.59 2.1 8.243 0.056
Mai 2000 1 055 715.76 2.1 10.083 0.054
Juin 2000 1 073 662.93 2.1 11.954 0.056
Juillet 2000 1 087 620.55 2.1 13.410 0.042
Aout 2000 1 101 759.61 2.1 14.884 0.042
Septembre 1 116 082.49 2.1 16.377 0.043
2000
Octobre 2000 1 127 243.31 2.1 17.541 0.032
Novembre 2000 1 138 515.75 2.1 18.717 0.033
Décembre 2000 1 149 900.90 2.1 19.904 0.032
Source: Discours de Gazi Erçel (Gouverneur de la Benque Centrale de Turquie) tenu le
9 Décembre 1999,
à Ankara (www.tcmb.gov.tr).
Les programmes anti-inflationnistes appliqués par les pays en voie de développement ont
toujours préannoncé les taux de change pour le futur. Dans la lutte contre l’inflation, la
difficulté majeure est de diminuer les anticipations inflationnistes. Le problème crucial des
pays ayant une inflation très élevée et chronique est la détermination de l’inflation future par
celle du passé, créant une rigidité pour la diminution de l’inflation. Cette inertie influe la
crédibilité du programme. C’est pour cette raison qu’il est primordial de renoncer à
l’indexation sur l’inflation passée. Le taux de change préannoncé a une importance majeure
dans ce sens.
D’après le programme, la persistence dans l’indexation des prix et des salaires par rapport à
l’inflation passée mène à une contraction de la production et de l’emploi, dans l’économie
turque. Le poids économique de renoncer à cet ajustement par rapport à l’inflation passée
étant très important pour les différents groupes de la société, la crédibilité, la continuité et
l’acceptance du programme par ces groupes sont primordiaux pour son succès. La diminution
de l’incertitude créée par le changement de taux de change est pour cette raison un élément
important du programme. Aussi bien le secteur privé que le secteur publique sont conseillé
d’utiliser l’inflation “target” pour la réussite du programme.
D’un autre côté, le préannoncement des taux de change est fortement lié avec les marché
financiers. Dans une économie ou les marchés financiers sont libéralisés, les facteurs qui
déterminent les intérêts domestiques sont les intérêts dans les marchés mondiaux, le
changement anticipé des taux de change et la prime de risque (risk premium), théoriquement.
Il est clair que ce dernier se trouve augmenté par un degré élevé du besoin d’endettement du
secteur publique (PSBR), par la volatilité du taux d’inflation, par le risque des taux de change
et par les risques politiques. L’amélioration du PSBR et le passage du “flottement guidé” au
102
“panier préannoncé par rapport à l’inflation visée” comme politique de change sont attendu
avoir le résultat d’une diminution substantielle dans cette prime de risque (risk premium).
Finalement le programme vise à atteindre une baisse des intérêts par ce mécanisme. La baisse
des intérêts diminuera le poids des paiements d’intérêt dans les dépenses publiques et ainsi la
pression inflationniste du secteur publique. Ainsi le cercle vicieux qui encercle l’économie
turque depuis la fin des années 80, est visé être cassé. Les résultats de l’étude économétrique
sur les déterminants des taux de change réels en Turquie montrent que contrairement à
beaucoup de pays, ce n’est pas les dépenses globales par rapport au PIB mais c’est bien la
composition des dépenses publiques qui est un déterminant important des taux de change réels
en Turquie (voir annexe). Donc le programme d’ajustement, visant à diminuer les paiements
d’intérèts du secteur publique, a des grandes chances d’équilibrer les taux de change réels.
D’autre part, le risque étant diminué, une importante entrée de capitaux étrangers peut en
résulter, influençant positivement la baisse des intérêts, la baisse de l’inflation ainsi que la
croissance économique.
Deux lettres additonnelles ont été adressées au FMI après l’entrée en vigueur deu programme
de stabilisation. D’après les données des six premiers mois et malgré l’effet négatif des prix
de pétrole, l’inflation a été baissée a son plus bas niveau des 14 dernières années.
Le ratio de la dette publique par rapport au PNB diminue, ainsi qu’un déclin rapide des taux
d’intérêts. La production industrielle a augmenté pendant la première moitié de l’année,
renforçant la chance de l’atteinte d’une croissance de 5-5½ % fixée dans le programme.
L’augmentation des prix de pétrole a eu pour effet d’accroitre les importations, ceci
élargissant le déficit de la balance courante. Mais grace aux réserves importantes de devises,
ceci ne semble pas créer un problème pour le maintien de la politique de change (Önal, Erçel
2000).
BIBLIOGRAPHIE
Kepenek, Y. et Yentürk, N. (2000) Türkiye Ekonomisi (Economie Turque), 10. Ed, Remzi
Kitabevi, Istanbul.
Önal, R. et Erçel, G. (2000) “The supplementary letter of intent” June the 22th, Ankara.
103
L’application du modèle sur la Turquie :
La raison de l’utilisation d’une courte période de données est que les années précédant cette
période, l’économie Turque pouvait etre considérée comme fermée. La politique de change
fixe accompagnée de haute inflation résultait en une appréciation de la livre turque suivie des
décisions retardées de dévaluation élevée. Il serait évidemment possible d’utiliser des données
reproduites a condition d’intégrer cette fois-ci un variable DUMMY pour pouvoir saisir l’effet
de cette différence de politique économique radicale, mais notre choix est fait d’utiliser les
données des sources comme l’Institut de Statistiques de l’Etat, l’Organisation de la
Plannification de l’Etat dans le cas de la Turquie ainsi que celles du IFS et IMF comme pour
les autres pays de cette recherche. Un autre moyen de travailler avec une série de données
plus importantes serait d’utiliser des données trimestrielles of mensuelles, comme l’ont fait
Alper et Erzan (1999) ainsi que Bahmani-Oskooee et Kara (2000), respectivement. Dans ce
cas, la période ne peut que commencer de 1987, la premiere année pour laquelle ce genre de
données existe dans le cas de la Turquie. Là encore, le soucis de pouvoir accomplir la meme
étude pour tous les pays considérés nous retient de le faire.
104
B. Le test de stationnarité
Il est bien connu que dans la plupart des cas, les séries de temps ne sont pas stationnaires et
une régression entre ce genre de séries montrera vraisemblablement une fausse corrélation
(Granger et Newbold, 1974). C’est pour cette raison que l’analyse sur la Turquie est
entreprise d’abord en testant les propriétés (telle que l’ordre d’intégration) des séries de temps
des variables concernés. Les tests tels que Augmented Dickey-Fuller (ADF) ou Dickey-Fuller
(DF) sont utilisés lorsque nécessaire (voir Harris, 1995; Charemza et Deadman. 1992). Les
résultats des tests sont donnés dans le tableau 2.
Il ressort de cette analyse que les variables retenues ne peuvent pas être utilisées sous leur
forme actuelle dans l’estimation du taux de change réel d’équilibre, toutes les variables ne
sont pas stationnaires. La période considérée étant trop courte pour d’autres méthodes de
correction de l’erreur (tel que la méthode VAR de Johansen par ex.), c’est la méthode Engle
et Granger à deux étapes qui sera utilisée. D’après Engle et Granger (1987), la meilleure
méthode d’estimer la relation entre les variables I(1) est le modèle de correction de l’erreur.
La méthode explore d’abord la relation à long-terme des niveaux (des variables) d’équilibre
avant d’estimer l’équation dynamique à court terme. Dans la première étape, la relation à long
terme des niveaux est estimée en utilisant l’estimateur OLS. Le degré de signification du
résultat (R2 élevé et les valeurs t significatifs) confirme l’existence de cointégration entre les
variables. Les tests DF et ADF peuvent etre appliqués aux résidus pour tester la stationnarité.
Si c’est stationnaire, on peut conclure à une relation à long-terme de l’équation estimée et les
coefficients de l’équation peuvent etre interprétés comme les coefficients de la cointégration
ou le multiplicateur à long-terme.
105
La seconde étape consiste à utiliser les termes retardés d’erreur pour déterminer le procédé
par lequel les agents économiques corrigent les erreurs des périodes précédentes. Ces termes
d’erreur reflètent les dynamiques à court-terme, ensemble avec les différentielles des autres
variables. La variable résiduelle de l’équation à long-terme est utilisée par la suite comme le
terme de correction de l’erreur dans l’équation dynamique à court-terme.
La valeur du test ADF (0) étant –3.37 nous pouvons conclure que les résidus de l’équation à
long-terme sont stationnaires. Donc les coefficients significatifs estimés tels que FLOW (les
flux de capitaux (les importations moins les exportations de biens et service) par rapport au
PIB) et le ratio des dépenses courantes (en pourcentage des dépenses globales publiques)
peuvent etre considérés comme les coefficients à long-terme.
Avec cette méthode, nous constatons que les deux variables les plus significatives dans la
détermination du taux de change réel sont le ratio des flux de capitaux (les importations moins
les exportations de biens et service) par rapport au PIB ainsi que le ratio des dépenses
courantes (en pourcentage des dépenses globales publiques).
Dans l’étude de Elbadawi, ce n’est pas la composition des dépenses publiques qui semble etre
l’un des déterminants importants des taux de change réels dans le cas de Chili et de l’Indes
mais c’est le ratio des dépenses publiques par rapport au PIB qui, par le mécanisme de
l’augmentation excessive et insoutenable, résulte en une appréciation du taux de change réel
106
et une surévaluation de la monnaie nationale. Dans le cas de la Turquie, les flux de capitaux
attirés grace aux intérets réels très élevés par rapport aux marchés financiers internationaux
augmentent le paiement d’intéret du secteur public fortement endetté et représente une part
importante des dépenses globales. Ceci peut expliquer le coefficient positif et significatif de
la variable, composition des depenses publiques dans le cas de la Turquie.
Le résultat des tests de diagnostic montre que l’équation estimée présente une forme
fonctionnelle bien spécifiée et que le modèle est conforme aux données. Tous les variables
sont significatifs et les signes se présentent comme attendus.
107
1.5 10
1.0 5
0.5 0
0.0 -5
J
-0.5 -10
89 90 91 92 93 94 95 96 89 90 91 92 93 94 95 96
CUSUM of Squares 5% Significance CUSUM 5% Significance
BIBLIOGRAPHIE
Alper, C. E., Erzan, R (1999) “The Equilibrium Real Exchange Rate: An Application to the
Middle East” ERF’s Sixth Annual Conference, 28-31 October, Cairo.
108
ANNEXE 4
*24
Données trimestrielles sur l’économie israélienne, annuelles pour les trois autres pays
109
141
142
ANNEXE 5
Mohamed SAFA(CEMAFI/UNSA)
(safa@unice.fr)
$
∆ ( LogTCRt ) = C1 ( LogERER t −1 − LogTCRt −1 ) + C2 ∆ ( TOT / PIB ) t + C3 ∆ ( DEPCOU / PIB ) t
Enfin, nous effectuons une comparaison graphique entre les différents taux de
change, réel, courant et d’équilibre. Cette démarche nous permet d’observer les divers cas de
mésalignement.
25
Ibrahim A. ELBADAWI, (1994), « Estimating Long –Run Equilibrium Real Exchange Rates », in Jhon WILLIAMSON
editor, « Estimation Equilibrium Exchange Rates », Institute for International Economics, september 1994.
143
L’APPLICATION DU MODELE A LA TUNISIE :
Net Capital S
Inflows (Y Excess Taux de
Terms of compris Dépenses Dépenses Money ervice de Change réel
trade (TOT) (M-X) Reserves) globales (% courantes Supply la dette estimé
Tunisie (% PIB) (% PIB) (% PIB) PIB) (% PIB) (% PIB) (% PIB) (1995=100)
DEPCOU SDETTEPI
TOTPIB MXPIB NKIPIB DEPTOTPIB PIB EMSPOUR B TCRFMI
1970 2,35 2,75 6,19 5,04 n.a.
1971 0,78 0,33 10,73 -7,10 4,78 n.a.
1972 2,02 -0,61 10,96 22,59 18,47 -7,80 4,66 n.a.
1973 3,35 0,36 14,12 25,28 19,66 12,71 3,51 n.a.
1974 9,29 -3,16 14,02 25,59 17,88 4,91 2,61 n.a.
1975 6,25 1,87 11,57 29,06 20,18 11,99 2,37 n.a.
1976 1,32 4,93 13,17 29,86 19,94 -1,20 2,22 n.a.
1977 0,63 8,43 17,62 33,30 21,14 2,84 3,52 n.a.
1978 1,90 7,77 15,72 34,04 22,54 2,89 4,35 n.a.
1979 6,33 2,99 15,05 34,00 24,92 -5,19 5,26 147,39
1980 5,57 5,36 12,20 31,56 22,15 -3,74 6,23 145,22
1981 6,59 8,47 12,61 32,52 21,86 0,15 7,12 144,19
1982 6,80 10,53 14,02 37,77 26,51 3,59 6,93 143,11
1983 6,61 8,36 13,95 37,79 26,71 -4,15 7,64 140,70
1984 4,58 11,37 7,00 38,02 27,06 -12,26 8,55 140,45
1985 2,83 6,03 7,24 36,46 25,38 -6,69 8,87 139,47
1986 -0,75 7,12 9,73 37,67 27,22 5,42 9,72 119,33
1987 0,00 0,99 8,16 34,85 25,50 -12,67 11,40 102,41
1988 -0,34 -0,36 12,50 34,69 26,94 -13,99 10,48 100,46
1989 -0,05 3,32 12,33 35,71 28,45 2,09 10,89 99,12
1990 -0,86 7,05 7,29 34,60 27,03 -19,85 11,65 96,40
1991 -1,40 4,95 9,96 34,02 26,38 -16,57 10,48 98,80
1992 -1,86 6,93 11,14 32,06 25,47 -5,94 8,61 100,86
1993 -2,46 7,52 11,76 33,08 26,18 -27,82 9,20 97,10
1994 -1,96 3,01 13,05 32,27 26,03 -22,10 9,34 97,87
1995 -2,05 4,08 14,10 32,83 26,34 -0,28 8,28 100,00
1996 -1,18 1,48 11,40 32,69 25,96 -18,62 7,58 100,67
L’estimation linéaire du logarithme du taux de change réel nous permet d’obtenir les résultats
suivants :
144
Synthèse Régression de la Var. Dépendante :LOG du taux de change réel (TCRFMI)
Par conséquent, nous constatons que la plupart des variables retenues jouent un rôle
relativement significatif dans la détermination du taux de change réel. Par contre, l’offre
monétaire excédentaire, le ratio de la différence entre importations et exportations ne jouent
aucun rôle. Enfin, Le ratio des entrées nettes des capitaux agit à condition que le seuil de
tolérance soit élargi autour de 10%.
En d’autres termes, les variables les plus significatives sont le ratio du service de la
dette par rapport au PIB et le ratio des dépenses courantes (en pourcentage du PIB).
Par ailleurs, étant donné l’importance de la constante dans l’estimation linéaire, nous
allons effectuer un autre modèle d’estimation où l’ordonnée à l’origine est fixée à zéro26.
Avec cette méthode d’analyse, sans constante et donc un modèle qui passe par
l’origine, les variables qui jouent un rôle important dans la prédiction du taux de change réel,
sont le ratio des dépenses courantes et le ratio des entrées nettes des capitaux. Le premier
confirme le lien théorique entre la dépréciation du taux de change réel et le dérapage des
26
Pour les régressions passant par l’origine (pas d’ordonnée à l’origine), R² représente la part de dispersion expliquée par
l’origine. Cette valeur ne peut être comparée à celle de R² que lorsque l’ordonnée à l’origine est incluse.
145
finances publiques. Quant au deuxième ratio, l’entrée nette des capitaux ne semble pas
épargner la Tunisie d’une légère dévaluation de son taux de change. Notons cependant que le
seuil de tolérance de cette relation est supérieur à 5% et donc il convient de l’interpréter
prudemment.
C. Le test de stationnarité
Tunisie
Variable ADF* (0) PP** (2)
TOT/PIB -1.90
Var TOT/PIB -3.77
MXGDP -2.24
Var MXGDP -3.52
NKIPIB -2.68 -3.28
Var NKIPIB -4.87
DEPTOTPIB -2.61
Var DEPTOTPIB -2.73 -4.64
DEPCOUPIB -1.68 -2.24
Var DEPCOUPIB -4.57
SDETTEPIB -1.21
Var SDETTEPIB -2.80
TCRFMI -1.4 -2,46
Var TCRFMI -2.67 -5,69
Log TCRFMI -1,69 -2,67
Var Log TCRFMI -2,92 -5,95
EMS% -2.19 -3.29
Var EMS% -9.16
MacKinnon Critical Values
1% -3,74 -3.72
5% -2,99 -2,98
10% -2,63 -2,63
* = Augmented Dickey-Fuller Statistique, le test est basé sur une régression auxiliaire. Le statistique
d'ADF est donné par le t statistique du coefficient passé (t-1).
** = Phillips-Perron Test Statistic.
Il ressort de cette analyse que les variables retenues ne peuvent pas être utilisées
sous leur forme actuelle dans l’estimation du taux de change réel d’équilibre, toutes les
variables ne sont pas stationnaires, sauf peut-être les ratios des entrées nettes des capitaux et
des dépenses globales à condition de relever nettement le seuil de tolérance. Par conséquent, il
convient de faire une interprétation prudente de la régression précédente, au moins pour les
variables stationnaires. Cette situation approuve l’utilisation de la technique de cointégration,
permettant ainsi une interprétation équilibrée de l’estimation du taux de change réel et
justifiant ainsi les estimations de l’erreur de correction. Mais auparavant, effectuons le test de
causalité entre les différentes variables du modèle.
146
D. le test de causalité
Le tableau suivant nous indique les résultats d’une estimation par cointégration de
notre modèle théorique :
27
Notons que cette causalité n’est valable qu’avec un seuil de tolérance de 10%.
147
Il s’agit de l’estimation du taux de change réel de la Tunisie, cette équation nous
permet de déterminer le taux de change d’équilibre, soit le taux de change réel de long terme.
Ensuite, nous allons chercher une détermination de l’erreur de correction par une
estimation différentielle de la variable dépendante (soit le taux de change réel) à partir des
différentielles des différentes variables indépendantes, y compris la variable résiduelle passée
de la régression précédente.
D’après cette deuxième régression nous pouvons obtenir une estimation fiable des
variations du taux de change réel à court terme, ces variations vont nous aider à
déterminer le taux de change réel courant. La majorité des variables indépendantes joue
un rôle actif dans cette détermination, à l’exception des différentielles des variables
148
représentant la différence entre les ratios des importations et des exportations d’un côté
et du ratio des termes d’échanges de l’autre côté.
Enfin, nous faisons une comparaison entre le taux de change réel d’équilibre,
courant et celui d’origine pour déterminer les phénomènes de désalignement dans les
différents pays concernés tout en soulignant les différentes variables indépendantes qui jouent
leur rôle actif selon les pays.
149
Comparaison entre les différents taux de change.
160,00
150,00
140,00
130,00
120,00
en %
110,00
100,00
90,00
80,00
70,00
60,00
80
81
82
83
84
85
86
87
88
89
90
91
92
93
94
95
96
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
TCRC ERER TCRFMI
150
L’APPLICATION DU MODELE AU CAS DE MAROC :
Net Capital
Inflows (Y Excess Service Taux de
Terms of compris Dépenses Dépenses Money de la Change réel
trade (TOT) (M-X) Reserves) globales (% courantes Supply dette estimé
Maroc (% PIB) (% PIB) (% PIB) PIB) (% PIB) (% PIB) (% PIB) (1995=100)
DEPCOU SDETTEP
TOTPIB MXPIB NKIPIB DEPTOTPIB PIB EMSPOUR IB TCRFMI
1970 -2,31 3,95 5,02 22,43 16,61 2,02 n.a.
1971 -1,60 2,77 5,32 20,65 15,78 -4,97 3,14 n.a.
1972 -2,66 0,65 5,12 22,55 17,28 -9,81 2,94 n.a.
1973 -2,38 1,27 5,41 21,96 17,06 -21,78 2,34 n.a.
1974 0,94 0,63 8,30 29,40 22,56 16,60 2,06 n.a.
1975 2,67 10,88 12,67 34,07 22,05 -15,38 1,91 n.a.
1976 -1,51 19,43 14,29 40,22 21,41 13,08 2,50 n.a.
1977 -2,45 20,43 17,08 40,00 20,26 6,77 3,23 n.a.
1978 -2,76 13,70 12,54 34,42 20,67 -5,53 5,06 n.a.
1979 -1,26 12,85 11,14 34,93 21,57 -17,99 6,11 n.a.
1980 -1,69 10,49 9,59 33,10 22,78 -7,08 7,68 139,42
1981 -2,75 14,58 7,47 39,10 26,26 56,77 10,30 127,55
1982 -3,20 14,46 13,30 37,48 24,65 18,43 11,16 125,65
1983 -3,16 8,82 6,66 32,32 24,38 29,04 11,12 117,36
1984 -3,23 10,40 8,63 29,73 23,28 14,14 8,49 110,66
1985 -2,93 8,73 7,33 30,37 24,51 6,76 11,10 103,32
1986 -1,27 6,11 7,30 28,92 22,08 -15,82 10,73 98,77
1987 0,00 4,26 6,96 28,18 22,06 -12,42 9,50 95,46
1988 1,40 0,27 6,25 28,15 21,07 -19,22 7,95 93,98
1989 0,74 5,39 6,43 30,49 22,62 -1,49 8,99 94,24
1990 -0,57 5,94 11,61 28,82 20,78 -36,21 7,00 88,93
1991 -0,13 5,59 13,72 27,81 21,65 -3,31 8,45 91,10
1992 0,62 6,41 15,86 30,06 23,19 -6,09 13,52 91,66
1993 -1,77 5,47 17,11 34,04 24,16 -2,17 12,18 94,14
1994 -2,01 5,54 17,97 32,25 20,21 -28,74 11,22 96,94
1995 -1,95 7,48 14,07 33,33 22,05 -3,29 11,05 100,00
1996 -2,71 4,76 12,34 31,55 20,19 -12,59 8,62 100,89
Source : Données du “World Development Indicators 1998” & “SFI
L’estimation linéaire du logarithme du taux de change réel nous permet d’obtenir les
résultats suivants :
151
Synthèse Régression de la Var. Dépendante :LOG du taux de change réel (TCRFMI)
Dans la même logique, nous effectuons une analyse de la régression, sans constante
ni tendance, donc un modèle qui passe par l’origine. Les résultats de cette régression sont
présentés dans le tableau suivant :
Avec cette méthode d’analyse, sans constante et donc un modèle qui passe par
l’origine, les variables qui jouent un rôle important dans la prédiction du taux de change réel,
sont le ratio des dépenses courantes et totales ainsi que le ratio de l’offre monétaire
excédentaire. Le premier et le deuxième confirment le lien théorique entre la dépréciation du
taux de change réel et le dérapage des finances publiques. Quant au troisième ratio, l’offre
monétaire excédentaire, le lien négatif n’est pas tout à fait conforme à la réalité où l’excès de
liquidités s’accompagne d’une appréciation du taux de change réel.
152
C. Le test de stationnarité
Maroc
Variable ADF* (0) PP** (2)
MXGDP -2.39
Var MXGDP -3.59
TOT/PIB -3.09
Var TOT/PIB -4.91
NKIPIB -1.96
Var NKIPIB -2.49 -5.32
DEPTOTPIB -2.87
Var DEPTOTPIB -3.02 -4.15
DEPCOUPIB -2.80
Var DEPCOUPIB -3.30
SDETTEPIB -1.50
Var SDETTEPIB -3.49
TCRFMI -2.05 -3.58
Var TCRFMI -0.66 -2.78
Log TCRFMI -1.92 -2.95
Var Log TCRFMI -0.64 -2.56
EMS% -2.23
Var EMS% -4.369
MacKinnon Critical Values
1% -3,74 -3.72
5% -2,99 -2,98
10% -2,63 -2,63
* = Augmented Dickey-Fuller Statistique, le test est basé sur une régression auxiliaire. Le statistique
d'ADF est donné par le t statistique du coefficient passé (t-1).
** = Phillips-Perron Test Statistic.
D. le test de causalité
153
Il ressort de cette analyse de causalité28 que deux variables peuvent influencer la
détermination du taux de change réel. Il s’agit notamment du ratio des entrées nettes des
capitaux, du ratio des dépenses totales. Par contre, le taux de change réel, évidemment sous
forme logarithmique, influence à son tour le ratio des termes d’échanges. Ces résultats sont
fondés théoriquement et semblent s’appliquer sur la réalité de l’économie marocaine.
Avec cette méthode, nous constatons que seul le ratio des dépenses totales dans le
PIB exerce une influence sur la variable du taux de change réel.
Ensuite, nous allons chercher une détermination de l’erreur de correction par une
estimation différentielle de la variable dépendante (soit le taux de change réel) à partir des
différentielles des différentes variables indépendantes non stationnaires et des valeurs
normales des autres variables proches du seuil de la stationnarité, ainsi que la variable
résiduelle passée de la régression précédente.
28
Notons que cette causalité n’est valable qu’avec un seuil de tolérance de 10%.
154
R-squared 0.773719 Mean dependent var -0.020216
Adjusted R-squared 0.575722 S.D. dependent var 0.040389
Log likelihood 41.04837 F-statistic 3.907743
Durbin-Watson stat 2.584956 Prob(F-statistic) 0.037479
D’après cette deuxième régression nous pouvons obtenir une estimation fiable des
variations du taux de change réel à court terme à partir des différentielles des ratios des
dépenses courantes et totales, de l’écart entre importations et exportations et enfin de l’entrée
nette des capitaux. Ces variations vont nous aider à déterminer le taux de change réel courant.
Enfin, nous faisons une comparaison entre le taux de change réel, d’équilibre, et
courant pour déterminer les phénomènes de désalignement.
150,00
140,00
130,00
120,00
110,00
100,00
90,00
80,00
70,00
80
81
82
83
84
85
86
87
88
89
90
91
92
93
94
95
96
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
155
L’APPLICATION DU MODELE SUR LA TURQUIE.
Net Capital
Inflows (Y Excess Taux de
Terms of compris Dépenses Dépenses Money Service de Change réel
trade (TOT) (M-X) Reserves) globales (% courantes Supply la dette estimé
Turquie (% PIB) (% PIB) (% PIB) PIB) (% PIB) (% PIB) (% PIB) (1995=100)
DEPCOU
TOTPIB MXPIB NKIPIB DEPTOTPIB PIB EMSPOUR SDETTEPIB TCRFMI
1970 2,85 1,83 3,01 15,37 11,24 1,13 74,12
1971 3,13 2,76 5,43 17,37 12,27 -10,85 1,14 99,66
1972 4,12 2,40 6,79 17,19 11,78 -12,67 1,50 98,40
1973 4,12 1,95 9,59 16,79 12,65 -12,05 0,83 111,33
1974 2,60 5,29 6,57 14,83 10,98 -20,62 0,69 130,23
1975 1,36 6,50 4,28 16,75 12,10 -20,84 0,81 73,74
1976 1,67 5,58 3,99 17,99 12,88 -22,18 1,11 85,77
1977 1,27 6,64 3,41 20,92 14,96 -14,77 1,57 68,06
1978 1,00 3,04 3,67 20,08 15,24 -10,11 2,01 74,21
1979 0,86 2,60 6,61 21,41 15,26 -10,85 1,46 71,26
1980 -0,33 6,76 7,05 21,35 15,47 -15,41 2,34 91,84
1981 -1,23 4,67 4,83 19,32 13,55 -20,03 3,38 112,11
1982 -2,14 3,15 5,90 19 15 -18,27 4,60 123,54
1983 -2,49 4,09 5,81 20,07 14,08 -19,23 5,09 133,01
1984 -1,48 4,07 5,78 20,62 15,93 -20,85 5,37 147,67
1985 -1,40 3,11 4,07 19,62 16,00 -19,52 6,84 144,83
1986 0,14 2,79 5,89 16,24 13,28 -18,80 5,91 135,78
1987 0,00 2,18 6,00 17,09 14,02 -22,98 6,86 127,35
1988 -0,42 -1,10 8,15 16,58 13,88 -19,22 8,28 126,64
1989 -1,84 1,58 7,91 17,09 14,51 -14,01 6,62 121,39
1990 -0,57 4,28 6,38 17,38 15,07 -37,26 4,93 96,39
1991 -0,50 2,79 5,33 21,00 17,60 -20,95 5,49 93,17
1992 -0,58 2,95 7,41 20,60 18,15 -27,65 5,71 90,71
1993 0,72 5,67 8,16 24,73 21,81 -34,79 4,80 88,62
1994 1,01 -0,98 7,58 23,32 21,33 -59,84 7,85 117,26
1995 -0,49 4,46 9,32 22,21 20,32 -56,34 6,76 100,00
1996 -2,10 5,95 12,58 26,82 24,66 -91,72 6,03 100,70
L’estimation linéaire du logarithme du taux de change réel nous permet d’obtenir les
résultats suivants :
156
Synthèse Régression de la Var. Dépendante :LOG du taux de change réel (LOG TCRFMI).
Par ailleurs, étant donné l’importance de la constante dans l’estimation linéaire, nous
allons effectuer un autre modèle d’estimation où l’ordonnée à l’origine est fixée à zéro29.
29
Pour les régressions passant par l’origine (pas d’ordonnée à l’origine), R² représente la part de dispersion
expliquée par l’origine. Cette valeur ne peut être comparée à celle de R² que lorsque l’ordonnée à l’origine est
incluse.
157
l’estimation précédente, le ratio du service de la dette exerce une pression à la hausse du taux
de change réel et donc à sa dépréciation.
Notons que l’offre monétaire excédentaire ne semble encore jouer aucun rôle
significatif dans la détermination du taux de change réel d’équilibre.
C. Le test de stationnarité
Turquie
Variable ADF* (0) PP** (2)
TOT/PIB -2,29
Var TOT/PIB -3,44
MXGDP -3,21
Var MXGDP -5,95
NKIPIB -2,52
Var NKIPIB -3,86
DEPTOTPIB -1,16
Var DEPTOTPIB -2,85
Var var deptotPIB -4,61
DEPCOUPIB -0,70 -1,06
Var DEPCOUPIB -3,11 -4,80
SDETTEPIB -1,76
Var SDETTEPIB -4,31
TCRFMI -1,62 -2,46
Var TCRFMI -2,89 -5,69
Log TCRFMI -1,69 -2,67
Var Log TCRFMI -2,92 -5,95
EMS% 2,92
Var EMS% -1.99 -5.80
MacKinnon Critical Values
1% -4,37 -4,44
5% -3,60 -3,63
10% -3,24 -3,25
* = Augmented Dickey-Fuller Statistique, le test est basé sur une régression auxiliaire. Le statistique
d'ADF est donné par le t statistique du coefficient passé (t-1).
** = Phillips-Perron Test Statistic.
Il ressort de cette analyse que les variables retenues ne peuvent pas être utilisées
sous leur forme actuelle dans l’estimation du taux de change réel d’équilibre, toutes les
variables ne sont pas stationnaires. Par conséquent, il convient de faire une interprétation
prudente de la régression précédente. Cette situation approuve l’utilisation de la technique de
cointégration, permettant ainsi une interprétation équilibrée de l’estimation du taux de change
réel et justifiant ainsi les estimations de l’erreur de correction. Mais auparavant, effectuons le
test de causalité entre les différentes variables du modèle.
158
D. le test de causalité
Il ressort de cette analyse de causalité30 que seule la variable du ratio des entrées
nettes des capitaux peuvent influencer la forme logarithmique du taux de change réel. Ce
dernier influence à son tour les ratios des dépenses publiques courantes, mais aussi totales si
on augmente le seuil de tolérance de l’erreur. Ces résultats sont fondés théoriquement et
s’appliquent sur la réalité de l’économie turque.
30
Notons que cette causalité n’est valable qu’avec un seuil de tolérance de 10%.
159
R-squared 0.708163 Mean dependent var 4.642700
Adjusted R-squared 0.570828 S.D. dependent var 0.223598
Log likelihood 18.57326 F-statistic 5.156456
Durbin-Watson stat 1.728455 Prob(F-statistic) 0.002202
Avec cette méthode, nous constatons que dans le cas de la Turquie, le service de la
dette continue de jouer un rôle important dans la détermination de la variable du taux de
change réel. Par ailleurs, l’entrée nette des capitaux pourrait agir à son tour à condition
d’augmenter le seuil de tolérance. Enfin, la constante et le temps semblent jouer un rôle
déterminant.
Ensuite, nous allons procéder à une détermination de l’erreur de correction par une
estimation différentielle de la variable dépendante (soit le taux de change réel) à partir des
différentielles des différentes variables indépendantes.
D’après cette régression nous pouvons obtenir une estimation fiable des variations
du taux de change réel à court terme, à partir des variations du ratio des dépenses
courantes. Cette estimation compte surtout sur le rôle des résidus de la première régression du
taux de change réel à partir des variables directes. Toujours, selon la méthode suivie par
ELBADAOUI, cette nouvelle régression va nous aider à déterminer la valeur effective du
taux de change réel, soit le taux de change réel courant.
Enfin, nous ferons une comparaison entre le taux de change réel d’équilibre (ERER),
courant (TCRC), et du taux de change réel (TCRFMI) pour déterminer les phénomènes de
désalignement dans le pays concerné.
160
Comparaison entre les différents taux de change.
160,00
150,00
140,00
130,00
120,00
110,00
100,00
90,00
80,00
70,00
60,00
71
73
75
77
79
81
83
85
87
89
91
93
95
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
Années
161
L’APPLICATION DU MODELE AU CAS D’ISRAEL.
Net Capital
Inflows (Y Excess Taux de
Terms of (M-X) compris Dépenses Dépenses Money Dette Change réel
trade (TOT) (% PIB) Reserves) globales (% courantes Supply totale31 estimé
ISRAEL (% PIB) SFI (% PIB) SFI PIB) SFI (% PIB) SFI (% PIB) SFI (% PIB) SFI (1995=100)
DEPCOU
TOTPIB MXPIB NKIPIB DEPTOTPIB PIB EMSPOUR DETTEPIB TCRFMI
1972 2.42 19.00 21.42 46.67 30.67 -19.68 133.33 n.a.
1973 1.32 26.03 24.21 64.95 42.27 -13.75 139.18 n.a.
1974 -1.18 28.26 12.14 64.58 39.53 -23.46 148.48 n.a.
1975 -1.38 34.65 11.42 67.14 43.35 -17.20 155.12 n.a.
1976 0.02 30.03 12.00 74.42 40.75 -13.15 175.94 n.a.
1977 0.77 20.99 13.05 75.75 35.44 -12.29 212.51 n.a.
1978 1.08 26.44 21.35 67.62 37.98 -14.12 194.95 n.a.
1979 -0.04 24.07 20.50 76.51 34.14 -18.95 220.05 90.49
1980 -1.40 15.56 19.16 72.78 40.05 -24.10 266.28 92.35
1981 -1.32 17.47 17.87 74.89 41.47 -21.84 280.22 93.79
1982 -0.05 19.54 17.20 74.31 38.26 -17.41 246.95 98.18
1983 0.98 18.03 16.34 89.04 35.37 -19.34 435.97 106.84
1984 -0.21 14.55 13.55 89.08 38.23 -23.98 447.34 100.40
1985 -0.63 13.61 17.25 69.69 36.27 -48.43 255.02 97.21
1986 0.94 12.90 18.08 60.41 30.87 -26.73 194.90 94.80
1987 0.00 17.89 18.26 57.43 33.96 -24.79 168.86 92.51
1988 2.05 13.06 19.17 49.89 31.63 -18.57 170.89 101.46
1989 0.15 8.91 15.76 49.90 29.38 -24.30 163.08 102.46
1990 -0.16 10.69 12.74 50.74 30.00 -37.83 156.10 100.08
1991 1.35 15.49 12.18 37.68 29.67 -33.70 141.26 101.96
1992 2.82 13.70 6.21 48.33 28.31 -28.32 137.87 99.38
1993 1.74 16.12 13.17 46.24 28.51 -36.33 135.50 98.16
1994 0.83 15.35 13.49 45.52 27.86 -38.74 125.78 99.22
1995 -0.63 16.28 11.92 47.36 29.51 -21.67 120.58 100.00
1996 1.02 15.66 13.08 48.52 29.72 -19.13 118.39 105.87
Source : Données du “World Development Indicators 1998” & “SFI
L’estimation linéaire du logarithme du taux de change réel nous permet d’obtenir les
résultats suivants :
31
Dans le cas d’Israël, il n’existe aucune renseignement sur le service de la dette. Par conséquent, ce ratio a été
remplacé par le ratio de la dette directement.
162
Synthèse Régression de la Var. Dépendante :LOG du taux de change réel
Nous constatons que seul le ratio des termes d’échanges joue le rôle attendu
théoriquement dans cette régression linéaire du taux de change réel. La nature de la relation
est négative, ce qui implique qu’une dévaluation, donc une augmentation du taux de change
réel, s’accompagne d’une détérioration des flux commerciaux. En d’autres termes, il est
préconisé de dévaluer la monnaie pour améliorer les termes d’échanges. Néanmoins, la
qualité statistique de la régression est relativement médiocre.
Dans la même logique. Nous effectuons une analyse de la régression sans constante
ni tendance, donc un modèle qui passe par l’origine. Les résultats sont présents dans le tableau
suivant :
Avec cette méthode d’analyse, sans constante et donc un modèle qui passe par
l’origine, les variables qui jouent un rôle important dans la prédiction du taux de change réel,
sont les ratios des dépenses courantes, des termes d’échanges ainsi que le ratio de l’offre
monétaire excédentaire. Le premier confirme le lien théorique entre la dépréciation du taux de
163
change réel et le dérapage des finances publiques. Le deuxième montre qu’une dévaluation
monétaire s’accompagne d’une amélioration des flux commerciaux. Quant au troisième ratio,
l’offre monétaire excédentaire, le lien négatif n’est pas tout à fait conforme à la réalité où
l’excès de liquidités s’accompagne généralement d’une dépréciation et non une appréciation
du taux de change réel.
C. Le test de stationnarité
Israel
Variable ADF* (0) PP** (2)
MXGDP -1.67 -1.68
Var MXGDP -5.71 -5.34
TOT/PIB -4.00
* = Augmented Dickey-Fuller Statistique. le test est basé sur une régression auxiliaire. Le statistique
d'ADF est donné par le t statistique du coefficient passé (t-1).
** = Phillips-Perron Test Statistic.
La prochaine étape est d’effectuer le test de causalité entre les différentes variables
du modèle.
164
D. le test de causalité
Cette analyse de causalité32 montre une seule relation causale entre le taux de change
réel et l’offre monétaire excédentaire. L’absence de relations causales s’explique surtout par
le faible nombre d’observations.
32
Notons que cette causalité n’est valable qu’avec un seuil de tolérance de 10%.
165
R-squared 0.728602 Mean dependent var 4.589996
Adjusted R-squared 0.487359 S.D. dependent var 0.045783
Log likelihood 42.22022 F-statistic 3.020199
Durbin-Watson stat 1.858767 Prob(F-statistic) 0.059973
Avec cette méthode, nous constatons que dans le cas d’Israël, seul la constante
rentre dans la détermination de la variable du taux de change réel.
Ensuite, nous allons procéder à une détermination de l’erreur de correction par une
estimation différentielle de la variable dépendante (soit le taux de change réel) à partir des
différentielles des différentes variables indépendantes, ainsi que la variable résiduelle passée
de la régression précédente.
D’après ces régressions nous pouvons obtenir une estimation fiable des variations du
taux de change réel à court terme, à partir des variations des ratios des termes d’échanges et
de la dette globale dans la première estimation. Dans la deuxième estimation, nous constatons
en plus le rôle des variations du ratio des dépenses courantes. Ces deux estimations comptent
surtout sur le rôle des résidus de la première régression du taux de change réel à partir des
variables directes.
Enfin, nous faisons une comparaison entre le taux de change réel, d’équilibre et
courant pour déterminer les phénomènes de désalignement dans le pays concerné.
166
Comparaison entre les différents taux de change.
110
105
100
95
90
85
80
79
80
81
82
83
84
85
86
87
88
89
90
91
92
93
94
95
96
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
Années
167
168
ANNEXE 6
A/ Objectif de l’auteur.
Définition du ERER : Prix relatif des biens non échangeables par rapport aux
biens échangeables qui pour des valeurs soutenables ( long terme : composante
permanente de la série) des variables : taxes, termes de l’échange, politiques
commerciales, flux de capitaux et aids et technologie assurent l’équilibre à la fois sur les
marchés interne et externe.
Par rapport à la PPA, le ERER dépend des variables réelles (fondamentaux). Il s’agit
d’une notion intertemporelle de l’équilibre. En conséquence, le sentier du ERER peut être
affecté par les valeurs courantes des fondamentaux et par les anticipations relatives à
l’évolution future de ces variables.
ERER peut varier sous l’effet de variations exogènes ou induites de ces variables.
Le RER observé peut être affecté par les pol macro et de taux de change ( qui ne font pas
partie des fondamentaux) à moyen et court terme.
Enfin, des phénomènes de désalignement du RER peut survenir lorsque les politiques
évoluent dans sens contraire.
169
Pour faire apparaître cela, le modèle doit répondre aux 3 points : a, b, et c
évoqués plus haut.
Cette équation (11) est importante pour interpréter par la suite les résultats des
régressions effectuées à partir de la version étendue ( dynamique) du modèle de l’auteur.
Le but est de modifier la formulation de l’équation11 car elle ne satisfait pas les
objectifs recherchés( a, b et c). Elle correspond à une définition restrictive du ERER (
équilibre atteint sur le marché des non échangeables), elle n’introduit aucune dynamique (
équilibre est instantané atteint à une date déterminée, les effets des anticipations futures des
variables fondamentales ne sont pas pris en compte, le comportement dynamique du RER
autour de sa valeur d’équilibre ne peut être étudié).
L’auteur repart de l’équation 11 qu’il linéarise en passant aux log ( ce qui permet par
la suite son application aux différents pays étudiés). Il introduit les composantes de
l’absorption , justifie le choix de OPEN plutôt que de tm et tx, introduit anticipations relatives
à la valeur du taux de change réel…
Les manipulations entre les différentes relations composants ce modèle débouchent sur la
formulation de l’équation 15 qui détermine la dynamique du taux de change réel.
On obtient une formulation du taux de change réel d’équilibre en fonction des
variables fondamentales :
Log(TOT°), log(OPEN), NKI/GDP(=FLOW dans l’application empirique), log G
EXP/GDP, log CurrG EXP/G EXP)
170
Comment peut-on précisément justifier que la relation que l’on exprime entre le taux
de change réel et l’ensemble de ces variables est bien une relation de long terme ? ( ou de
manière équivalente dans quelle mesure cette relation permet-elle la détermination du taux de
change réel de long terme (ERER) ?) Ce sont les outils et méthodes économétriques qui vont
à ce stade nous donner une réponse.
Rechercher une relation de long terme entre des variables c’est en fait rechercher s’il
existe une relation de cointégration entre ces variables. Pour ce faire, on doit passer à l’étude
de la stationnarité des séries associées à chacune des variables du modèle. Il faut regarder si
elles sont stationnaires et si elles ne le sont pas il faut déterminer leur degré d’intégration. Les
tests ADF apportent une réponse.
L’auteur applique ces tests aux différentes variables pour chaque pays : Table A4
Pour chaque variable, la statistique ADF est calculée sur la variable en niveau et en
différence première. Ces valeurs sont alors comparées aux valeurs critiques tabulées par Mac
Kinnon.
Log RER = 4.92 –0.05 TREND +0.29 logTOT +1.87FLOW-0.41 logOPEN+0.85 log(G
EXP/GDP)
171
Interprétation économique des coefficients issus de la régression :
Etant donné que la relation de cointégration entre les variables est manifestement
valable, nous pouvons envisager la specification du modèle à correction d’erreur.
Ici, on cherche à étudier la relation véritable entre les variables en éliminant la
tendance commune ( la relation de cointégration). Ceci permet d’analyser le comportement
dynamique à court du RER et de préciser les effets liés à des chocs provenant des politiques
économiques et les effets liés aux variations des autres variables(b et c).
D/. L’auteur formule le modèle à correction d’erreur : équation 19 : relation de court terme (b
etc.)
Il applique cette équation 19 aux données empiriques : les résultats apparaissent table5
Techniquement, on doit utiliser la régression effectuée sur les variables en niveau afin
de calculer le résidu décalé d’une période ( il faut faire attention à la façon dont ce dernier est
défini dans les études car la signification de la valeur de son coefficient ( sui est
fondamentale) en dépend lourdement !
172
Ici il correspond à l’écart entre la valeur du logRER calculé par la régression et la
valeur observée.
On peut alors procéder à l’estimation par les MCO du modèle : régression sur les
différentielles des variables.
DlogRERt=0.78 RES(-1)+0.32D1logTOT+1.59D1FLOW-
0.45D1logOPEN+0.63D1Log(GEXP/GDP)+0.04D1log(Domcredit/RalGDP)+0.12nomdevalt
-0.21nomdevat t-1
Ils traduisent les effets de court terme sur la valeur du RER liés à une modification des
deux variables politiques macro et dévaluation du taux de change nominal.
Ils traduisent les effets de court terme du RER dus aux variations de court terme des
autres variables.
On interprète la contribution des différentes variables dans l’explication des variations
de court terme du RER comme d’habitude en comparant le t stat à la valeur lue dans la table.
Les variables les plus significatives sont ici : FLOW, OPEN, DEPPUB, Devalnom en t
et t-1
-S’agissant des signes des variables de politiques macro et dévaluation du taux de
change nominal :
L’effet d’une politique macro expansive est marginalement significatif pour le CHILI
et il est positif ce qui signifie qu’elle peut conduire à une surévaluation à court terme du RER.
Etc..
S’agissant des variations à court terme des variables fondamentales, on constate que
leur effet sur l’évolution à court terme du RER conserve le même signe qu’à long terme.
Exemple une forte expansion des dépenses publiques à CT peut conduire à une surévaluation
du RER…
173
II/ DESCRIPTION DE LA DEMARCHE DE M.SAFA et L. ÖZKALE
H0 : p1 = p2=….pk=0
H1 : il existe au moins un élement de la fac significativement différent de 0
On peut conclure en comparant la valeur de Q à sa valeur lue dans la table en sachant que Q
suit un X2(h) h étant le nombre de retard. Si Q > X2(h) lu dans la table à 0.05 ( seuil standard),
on rejette H0 ce qui signifie que la série n’est pas stationnaire.
Mais, si on ne dispose pas des tables, la réponse est immédiate en regardant tout simplement
la prob value. Celle-ci indique le risque que l’on a de rejeter à tort H0. Les tests étant
généralement effectués pour un seuil de 0.05. Il faut que la Prob() soit inférieure à 0.05 pour
dire que l’on rejette H0.
174
B/ Commentaires sur la Stationnarité
1) La série LREC
On sait que l’on peut rendre une série stationnaire en la différenciant, d’où :
2) Les fonctions d’autocorrélation simples et partielles sont calculées sur la série des
différences premières. La série obtenue est bien stationnaire.
On constate que les coefficients d’autocorrélation simples (1ère colonne) et partiels (
ième
2 colonne) sont tous à l’intérieur de l’intervalle de confiance stylisé par des pointillés. Ils
sont tous significativement nuls . D’ailleurs les valeurs de la stat Q et leurs proba critiques
confirment ce résultat. Les probabilités critiques se rapprochent de 1. La série est donc
stationnaire.
C’est une série intégrée d’ordre 1 (I(1))
175
Les variables contribuant significativement à l’explication de la diff de log du taux
de change :
Néanmoins, même si la stat F est plus puissante que la simple prise en compte du R2,
on peut tout de même s’étonner de la faible valeur que prend ce dernier. Il signifie que le
modèle ne parvient à expliquer que 24% de la variance totale de la variable dépendante (
quelque chose comme ça ! ! ! !….)
Le Durbin- Watson est bon car proche de 2 : on aurait absence d’autocorrélation des
résidus .
2) Régression : ajustement que l’on fait passer par l’origine d’où absence de constante.
Là encore seule D1LOPE intervient de manière significative dans la détermination de
la variable dépendante.
Le R2 reste faible ( possible car val différente du fait de l’absence de constante). La prob du
fisher indique que la régression effectuée est globalement significative. Le Durbin est bon.
Il me semble que la spécification du modèle qui vient d’être estimé n’est pas très
correcte. Si l’on considère les applications d’Elbadawi, de L.Özkale et de Safa, alors la
relation que l’on cherche à estimer semble être la relation dynamique de court terme du
modèle à correction d’erreur. S’il s’agit bien de cela, alors manifestement il manque quelque
chose dans la spécification de la relation ( et en plus une étape si on suit la démarche de Engle
et Granger). La variable manquante serait res(-1) série générée à partir d’une première
régression visant à estimer la relation de long terme entre LREC et les différentes variables
indépendantes du modèle en niveau.
1) On peut envisager une régression de LREC sur l’ensemble des variables dépendantes (
sauf CAPER pour le moment) en niveau.
176
2) On sait que si les séries utilisées sont non stationnaires alors le pouvoir prédictif du
modèle est réduit. Risque de régressions fallacieuses.
Donc, on teste la stationnarité des différentes variables en effectuant pour chacune d’elles
le test ADF ou PP. Ce test permet de déterminer l’ordre d’intégration des séries.
Ici, les résultats issus de l’étude des corrélogrammes complétés par un test ADF
permettraient de conclure que toutes les séries sont intégrées d’ordre 1 ( I(1)).
3) nous sommes dans un cas multivarié. Toutes les variables sont intégrées du même
ordre . ( cas multivarié mais var pas toutes intégrées du même ordre : plus complexe
car il faut faire une spécification vecm et en particulier utiliser test de Johansen….cf
plus loin). Nous savons donc que si on cherche à estimer la relation véritable entre les
variables ( relation de cointégration), le vecteur de cointégration recherché sera unique
( pas le cas si les variables sont d’ordre d’intégration différents).
Pour ce faire, on procède comme suit :
Le terme et-1 est la série générée à partir de la régression précédente. En fait, son
coefficient est la force de rappel vers l'équilibre. Il doit être significativement négatif sinon on
rejette la spécification de type ECM. Elbadawi le définit de manière différente ce qui explique
ses conclusions. Quant aux autres coefficients, on les interprète comme on le fait
habituellement. ( C’est ce que fait L. Özkale dans une seconde étape)
Enfin, s’agissant de la Turquie : il n’y a que LOPE et les différentes tentatives visant à
stationnariser la série.
177
178
ANNEXE 7
Références bibliographiques.
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convergence ?", Journal of International economics.
181
182
ANNEXE 8
Projet initial
Notre projet vise deux points encore peu étudiés et qui nous paraissent mériter une
attention particulière du point de vue des pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée (PSEM)
en général et plus particulièrement de la Turquie, d'Israël, du Maroc et de la Tunisie qui sont
parmi les plus engagés dans l'intégration à l'UE. Ces deux points sont les suivants:
1. la relation marchés monétaires et financiers/taux de change dans le contexte d'une zone
Euro en Méditerranée;
2. le rôle des marchés financiers dans le lissage de la consommation nationale des pays
concernés.
Pour bien marquer leur engagement dans cette voie "libérale", les PSEM sont incités à
reprendre à leur compte les critères quantitatifs et qualitatifs de Maastricht. Sont
particulièrement visés: l'indépendance des Banques Centrales, l'application stricte de la règle
monétaire, l'ouverture du compte de capital, la libéralisation des flux de capitaux et la libre
convertibilité des monnaies.
183
niveau des effets indirects en termes de réformes institutionnelles d'accompagnement. (Cf. la
question centrale aujourd'hui de la "gouvernance"). Il va de soi qu'en éliminant partiellement
le risque de change en raison de la monnaie unique européenne, il y aura également un impact
sur le "welfare" des PSEM qu'il conviendra de quantifier.
Pour autant le risque de change demeurera quels que soient le régime et la politique de
change adoptés. Peut-on imaginer dans ces conditions que les marchés financiers pourront
contribuer à la régulation d'ensemble des parités monétaires de la zone, et envisager par
exemple la mise en place de marchés dérivés dans les PSEM, à l'instar de la Bourse des
valeurs de Tel-Aviv ? Cela permettrait-il une gestion plus efficace du risque et à quelles
conditions ? Le modèle financier israélien est-il généralisable et à quelles conditions ?
La question plus générale du risque concerne également les prix des produits ouverts à
la concurrence internationale qui peuvent être soumis à des variations importantes. Dans des
économies où le commerce extérieur est peu diversifié, ces fluctuations de prix engendrent
une instabilité de la consommation et de l'épargne qui rejaillit sur la croissance. Il importe
donc de réfléchir aux moyens de surmonter (de lisser) ces variations plus ou moins brutales. Il
sera donc intéressant d'étudier l'impact des processus de développement et d'intégration des
marchés financiers du Nord et du Sud sur le lissage de la consommation nationale des
différents PSEM concernés.
21. Le rôle des marchés monétaires et financiers sur les taux de change dans le contexte
d'une zone Euro en Méditerranée.
184
La question des taux de change a donné lieu à une abondante littérature théorique et à
des études empiriques économétriques encore plus nombreuses. Au-delà des débats bien
connus sur les avantages comparatifs des régimes de change fixes et flexibles et des
déterminants des taux de change, c'est la question de la théorie des zones-cibles en relation
avec la constitution d'une zone Euro qui retiendra notre attention.
Adopter le système des taux de change flottants pour des PSEM dont l'économie
est relativement peu diversifiée et dont le commerce extérieur se concentre sur un petit
nombre de produits primaires et manufacturés dont les prix sont sujets à des fluctuations plus
ou moins importantes revient à accepter des variations plus ou moins fortes de la monnaie
nationale qui augmentent les risques de change à un point tel qu'on peut assister à une fuite
généralisée devant la monnaie nationale qui rendrait impossible l'objectif d'équilibre de la
balance des paiements pour lequel cette politique a été justement adoptée. On ne saurait
envisager une intervention des autorités monétaires visant à réduire ces mouvements
erratiques du taux de change puisque justement on est dans le cas de figure où il n'existe pas
de réserves de devises suffisantes et sans lesquelles une telle intervention est impossible. C'est
la raison pour laquelle la solution d'un ancrage nominal ("peg") des monnaies des PSEM
doit être envisagée.
185
Dans ce contexte, il nous semble opportun d'analyser les rapports futurs entre les
régimes de change des PSEM au sein d'une zone-euro en Méditerranée.
Certes la zone Euro peut constituer une force de rappel qui contribuera à aligner
l'inflation des PSEM sur celle de ses partenaires mais au prix d'un contrôle strict des hausses
de coûts salariaux et d'une politique de taux d'intérêt trop élevés pour la défense du cours
pivot des monnaies nationales par rapport à l'Euro. Il peut en résulter une stagnation des
économies nationales des PSEM à travers la baisse des investissements productifs. Mais il est
clair également que sortir de la zone Euro n'est pas la solution car il faudra trouver alors
d'autres contraintes au nécessaire ajustement de ces pays à la concurrence internationale.
186
D'où la nécessité de définir précisément les règles de la zone Euro sur un principe
de réciprocité des avantages et de rééquilibrage d'effets qui joueraient de façon trop
asymétrique. Il faudrait créer un lien entre des déséquilibres commerciaux structurels et des
mesures d'ajustement dont la charge serait mieux partagée.
22. Le rôle des marchés financiers dans le lissage de la consommation nationale des pays
concernés.
Les problèmes d'instabilité des parités monétaires et leur gestion par les marchés
financiers et les politiques de change font surgir un ensemble de questions plus
"fondamentales" sur le rôle et le poids des facteurs structurels:
-Quel rapport y-a-t-il entre le glissement des monnaies nationales par rapport à
l'Euro et la structure interne des prix relatifs? (et non pas seulement avec le niveau absolu
des prix c'est à dire l'inflation.). C'est en termes de structure des prix relatifs que doit être posé
le problème de la compétitivité de ces pays sur le marché de l'UE.
-Quel rôle peut jouer la politique économique des PSEM dans un dispositif plus
général qui mettrait l'accent sur les causes structurelles des déséquilibres et non pas seulement
sur les effets au niveau des parités monétaires?
-Quelles sont les conditions de réussite des politiques économiques nationales?
Ces conditions sont-elles toujours compatibles avec les principes du libéralisme ?
- La variable prix est-elle déterminante dans le redressement des exportations et la
diminution des importations? En d'autres termes a-t-on correctement évalué le poids relatif de
la variable prix par rapport :
. au degré de développement des infrastructures économiques et sociales
(transport, santé, éducation, communications, etc.),
. à la structure des coûts des entreprises nationales industrielles et agricoles (poids
des matières premières, des produits intermédiaires, des biens d'équipement, du transport,
etc.),
. au transfert et à la maîtrise des technologies (coût de transfert et coût de
maintenance),
. à la capacité d'adaptation et de mobilisation de la force de travail (pénurie de
main-d'oeuvre qualifiée qui peut accroître le recours à une main-d'oeuvre étrangère plus
chère),
. à l'efficacité des structures institutionnelles,
. etc.?
-Quel rôle joue effectivement l'incitation par les prix dans le comportement des
agents?
Enfin en supposant même que l'économie des PSEM se comportera
conformément aux hypothèses implicites et explicites contenues dans les modèles de
libéralisation financière, est-il certain que les résultats escomptés en termes d'avantage
comparatif et de spécialisation internationale soient conformes à un véritable développement
économique et social à long terme?
187
diversification ce qui est une contradiction en soi car cela revient à nier qu'il existe un
problème de développement! C'est tout le problème de la protection des industries naissantes
qui est ici posé, tant il est vrai qu'un avantage comparatif n'est pas donné par la nature une fois
pour toutes!
Toutes ces questions peuvent converger vers le problème de l'instabilité des prix des
biens échangeables et de ses effets sur les prix des biens nationaux via les structures
productives et les politiques économiques (monétaires, budgétaires et de change) mises en
œuvre. Il faudra gérer cette instabilité des prix de manière àlisser la consommation des pays
concernés. Il ne fait pas de doute en effet que les accords de libre-échange entre l'UE et les
PSEM concernés vont conduire à des infléchissements des spécialisations propres à chacun
d'eux. On peut penser que le poids de l'Histoire et la relative rigidité des dotations
factorielles au moins à moyen terme vont conduire à des spécialisations anciennes et
nouvelles sur des produits à volatilité de prix plus ou moins forte sur les marchés
internationaux. En relation avec la gestion des risques de taux de change évoqués
précédemment, comment gérer ces risques de prix qui vont avoir un effet déstabilisant sur
l'épargne et la croissance de ces pays? Une possibilité de limiter les dégâts, c'est de se faire
assurer ou en d'autre termes de partager le risque avec un autre pays qui s'est spécialisé dans
un autre domaine. Un des moyens du partage du risque est de passer par les marchés
financiers à travers une diversification du portefeuille national.
Que doivent faire les PSEM ? On pourra se poser une série de questions qu'il
conviendra d'élucider:
1. Dans quelle mesure existe-t-il aujourd'hui une possibilité d'assurance mutuelle entre les
PSEM et entre ces derniers et l'UE ?
2. Quels sont les avantages et les inconvénients d'une telle formule ?
3. Y aurait-il des gains potentiels qui n'auraient pas été exploités ?
4. Quelles transformations des marchés financiers doit-on ou peut-on envisager qui
permettront une bonne diversification des risques ?
5. Quel sera l'impact de l'Euro et de l'UEM dans chacune des éventualités examinées ci-
dessus?
6. Les PSEM ont-ils intérêt à adopter des stratégies individuelles d'intégration à la zone Euro
ou à s'organiser, préalablement ou dans le même temps, en zone de libre-échange ? Intégrer
en ordre dispersé la zone Euro ne serait pas forcément une garantie d'amélioration de leur
situation [Walz, Uwe, 1998] ? En tout état de cause il conviendra au préalable d'expliquer
ce qui se passe au niveau de chacun de ces pays, et en particulier de vérifier la pertinence
des points de vue de R. Townsend (1995), F.Canova et R. Morten (1996).
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3. Méthodologie de la recherche. (Research Methodology)
Les questions évoquées dans le point 2 dépassent largement les possibilités des
chercheurs impliqués dans le présent projet de les traiter de manière exhaustive dans le délai
de 15 mois. Il appartiendra donc à chacun d'eux de déterminer en fonction de ses compéteces
et de ses travaux antérieurs ou en cours les questions précises qu'il compte traiter dans le
cadre de la problématique ci-dessus développée. Chaque chercheur participant au projet
intègrera les réalités empiriques propres à son pays d'appartenance ou/et aux autres pays
concernés dans sa réflexion théorique.
S'agissant des questions relatives au taux de change développées au point 2.1 nous
nous proposons d'examiner les choix prospectifs des régimes de change dans un panel réduit à
quatre économies représentatives (Israël, Maroc, Tunisie, Turquie) en fonction:
1. d'une batterie de variables fondamentales telles que: le taux de croissance du PIB,
l'investissement, l'épargne, les dépenses publiques de fonctionnement et en capital, les
recettes fiscales, le déficit budgétaire, les exportations, les importations, les flux de
capitaux extérieurs, les différents postes de la balance des paiements, l'endettement
extérieur, le service de la dette, le déficit de la balance des paiements, l'indice général des
prix, les termes de l'échange, la masse monétaire, le taux d'intérêt, le taux de change, le
niveau d'intermédiation financière et de capitalisation boursière, etc. Toutes ces variables
seront analysées en "cross-section" et en "time series";
2. … et de politiques économiques monétaires, budgétaires, fiscales et de change alternatives.
Les problèmes relatifs à la gestion des risques de change seront analysés à partir
d'études de cas comparés propres à la France, la Turquie et Israël en envisageant les modalités
de leur extension aux autres pays (Maroc et Tunisie) compte tenu de leurs spécificités propres
analysées préalablement.
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à un marche international imparfait à des approches plus macroéconomiques sur la base de
modèles dynamiques. Ces modèles seront ensuite testés à partir de simulations qui prendront
en compte les réalités propres aux différents pays concernés.
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