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STMG Corriges Chap04-VF

Ce document décrit les différents régimes de responsabilité civile, notamment la responsabilité contractuelle et extracontractuelle. Il présente plusieurs situations concrètes illustrant l'application des règles relatives à ces régimes, et les conditions pour engager la responsabilité d'une personne ou s'en exonérer.

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STMG Corriges Chap04-VF

Ce document décrit les différents régimes de responsabilité civile, notamment la responsabilité contractuelle et extracontractuelle. Il présente plusieurs situations concrètes illustrant l'application des règles relatives à ces régimes, et les conditions pour engager la responsabilité d'une personne ou s'en exonérer.

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Chapitre 4

Les régimes de responsabilité civile

Place du chapitre dans le programme


Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ?
Plan du chapitre Capacités Notions
1. Appliquer les règles Au sein de chaque partie, • L’obligation de moyens,
relatives à la responsabilité consacrée à un régime spécifique l’obligation de résultat
civile contractuelle de responsabilité, les trois • L’obligation de sécurité
capacités suivantes sont • L’exonération
travaillées : • La cause étrangère
• La force majeure
• Analyser et qualifier les faits • Le fait ou la faute d’un tiers
pour identifier le ou les régimes • Le fait ou la faute
de responsabilité applicables de la victime
2. Appliquer les règles (régimes spéciaux, responsabilité • La faute
relatives à la responsabilité contractuelle et • Le fait personnel
extracontractuelle du fait extracontractuelle).
personnel
3. Appliquer les règles • Appliquer les règles relatives aux • Le fait d’autrui
relatives à la responsabilité conditions de la responsabilité
extracontractuelle du fait pour chacun des régimes
d’autrui de responsabilité dans des
4. Appliquer les règles situations concrètes de dommages. • Le fait des choses
relatives à la réparation • Les produits défectueux
des dommages causés • Apprécier les moyens
par les biens d’exonération.
5. Appliquer les règles • L’accident de la circulation
relatives à l’indemnisation
des victimes d’accidents
de la circulation

Les clauses de limitation et d’exonération de responsabilité sont travaillées dans l’application n° 4. La
responsabilité du fait des animaux est traitée dans l’application n° 5. L’application n°6 est consacrée à
l’accident de travail. Enfin, la ruine des bâtiments n’est pas traitée dans ce chapitre : cette notion n’est
pas évaluée au baccalauréat (des ressources sont proposées dans les « Ressources numériques »).

Avant la classe (p. 51)


En quoi le développement des « mobilités douces » peut-il favoriser des accidents et
souvent des dommages corporels ?
L’utilisation de plus en plus importante des « mobilités douces », à savoir les vélos et les trottinettes,
accroît le nombre de personnes devant se partager la rue et donc le risque d’accidents. Ce phénomène
est accentué par le fait que les règles du code de la route ne sont pas correctement respectées,
conduisant les piétons, cyclistes et utilisateurs de trottinettes à se mettre dans des situations
dangereuses. Faute de protection suffisante, ces derniers peuvent subir des dommages corporels
graves.

© Nathan Chapitre 4 Les régimes de responsabilité civile/


Réponses aux questions sur les situations
1. Appliquer les règles relatives à la responsabilité civile
contractuelle (p. 52-53)
1. Pourquoi est-ce important de savoir que Mme X… était munie d’un billet ? (Doc. 1)
Le billet de train est la preuve de l’existence d’un contrat de transport entre Mme  X… et la SNCF :
l’action en justice intentée par Mme X… est donc fondée sur la responsabilité civile contractuelle.
2. Quelle est l’obligation non respectée par la SNCF ? Expliquez votre réponse. (Doc. 2)
Mme X… a subi un dommage corporel pendant le trajet de train : la SNCF a manqué à son obligation
de sécurité, qui lui impose d’amener sains et saufs tous ses passagers à destination.
3. Cette obligation est-elle de moyens ou de résultat ? Justifiez votre réponse. (Doc. 2 et 3)
C’est une obligation de résultat car la SNCF s’engage à un résultat. Le fait de ne pas arriver sain et
sauf à destination est un manquement à cette obligation, même si aucune faute particulière n’est
établie.
4. Indiquez si les obligations suivantes sont de moyens ou de résultat. (Doc. 3)
a. L’obligation d’un avocat de défendre son client à un procès :
Obligation de moyens.
b. L’obligation d’un emprunteur de rembourser un prêt :
Obligation de résultat.
5. Qu’invoque la SNCF pour s’exonérer de sa responsabilité ? (Doc. 4)
La SNCF invoque la faute de la victime (l’imprudence de Mme X… d’avoir laissé ses doigts sur la
porte).
6. Pourquoi la SNCF ne peut-elle pas invoquer ici la force majeure ? (Doc. 4)
L’écrasement du pouce dans une porte automatique n’est ni irrésistible (la SNCF aurait pu éviter sa
survenance) ni extérieur (la porte automatique est un équipement des trains appartenant à la SNCF).
7. Pourquoi la Cour de cassation remet-elle en cause l’arrêt de la cour d’appel ? (Doc. 4)
La Cour de cassation reproche à la cour d’appel de ne pas avoir pris en compte la faute de la victime,
qui est une des causes d’exonération de la responsabilité contractuelle.
8. La SNCF pourra-t-elle obtenir une exonération totale ou partielle de sa responsabilité ?
Justifiez votre réponse. (Doc. 4)
Le fait de la victime ne remplit pas ici les conditions de la force majeure (il n’est ni irrésistible ni
extérieur). Mais comme il s’agit d’une faute, la SNCF pourra obtenir une exonération partielle.

Allez plus loin ! L’obligation de ponctualité de la SNCF est une obligation


de résultat (p. 51)
1. Quels sont les faits de l’affaire ?
En raison du retard important de son train, un voyageur a dû prendre un taxi pour arriver à destination.
2. À quelle obligation la SNCF a-t-elle manqué, selon le voyageur ?
Le retard du train constituait, pour le voyageur, un manquement à l’obligation de ponctualité (arriver à
l’heure) à laquelle est tenue la SNCF.
3. Pourquoi, selon le juge de proximité, la SNCF n’engageait-elle pas sa responsabilité ?
Selon le juge de proximité, le voyageur aurait dû prouver une faute de la SNCF pour engager la
responsabilité civile contractuelle de la SNCF et obtenir ainsi réparation.
4. Expliquez pourquoi la Cour de cassation casse la décision du juge de proximité.
La Cour de cassation casse le jugement rendu par le juge de proximité car l’obligation de ponctualité
est une obligation de résultat : le simple fait de ne pas arriver à l’heure constitue une inexécution du
contrat de transport, même si aucune faute particulière ne peut être reprochée à la SNCF. Seule la
preuve d’une cause étrangère aurait permis à la SNCF de s’exonérer de sa responsabilité.

2. Appliquer les règles relatives à la responsabilité


extracontractuelle du fait personnel (p. 54-55)
9. Pourquoi la responsabilité du cycliste est-elle ici de nature extracontractuelle ? (Doc. 5)
Il n’y a pas de contrat entre le cycliste et le piéton. Le dommage n’est pas lié à l’inexécution d’un
contrat.
10. Retrouvez les trois conditions qui vont permettre d’engager la responsabilité du cycliste.
(Doc. 5)
Le cycliste a commis une faute (rouler de manière imprudente en état d’ivresse), le piéton a subi des
dommages corporels qui ont été causés par la faute du cycliste. Les trois conditions sont ainsi réunies.
11. Qualifiez le type de faute qui a été commise par le cycliste. Justifiez. (Doc. 6)
Le cycliste a commis une faute par imprudence (il n’avait pas la volonté de causer un dommage).
C’est une faute par commission puisqu’il roulait en état d’ivresse et a dépassé un bus sans vérifier la
sécurité.
12. Comment un tribunal apprécierait-il le comportement du cycliste pour caractériser une
faute de sa part ? (Doc. 6)
Il comparerait son comportement à celui qu’aurait eu une personne raisonnable dans la même
situation.
13. Par quel(s) moyen(s) le cycliste pourrait-il s’exonérer de sa responsabilité ? (Doc. 7)
Le cycliste pourrait remettre en cause le lien de causalité en prouvant que les dommages subis par la
victime sont dus à une cause étrangère (force majeure, fait de la victime, fait d’un tiers).
14. Pourquoi l’action est-elle ici fondée sur la responsabilité extracontractuelle ? (Doc. 5)
Il n’y a pas de contrat entre la victime et le propriétaire de la plage. Le dommage n’est pas lié à
l’inexécution d’un contrat.
15. Quelle faute le plongeur reprochait-il au propriétaire de la plage ? (Doc. 6)
Le plongeur reprochait certainement l’absence de mesures de sécurité et d’information.
16. Peut-on estimer qu’une certaine faute existait ? De quelle nature ? (Doc. 6)
Il aurait été possible d’envisager une faute par négligence et par commission : le propriétaire de la
plage aurait dû prévoir des panneaux d’information ou la présence de maîtres-nageurs.
Remarque : dans l’arrêt utilisé en support de cette situation (arrêt du 29 mars 2018), le plongeur a
agi sur le fondement de la responsabilité du fait des choses (capacité 4).
17. Pourquoi les juges ont-ils rejeté la demande du plongeur ? (Doc. 7)
Les juges ont retenu la faute de la victime, qui exonère le propriétaire de toute responsabilité : c’est la
faute d’imprudence commise par le plongeur qui à l’origine de son dommage.

Allez plus loin ! Responsabilité et accidents de ski (p. 55)


1. Quelles sont les règles déterminant les éventuelles fautes d’un skieur ?
Les règles du ski alpin sont fixées dans un Code établi par la fédération internationale de ski. Ce code
fixe des règles telles que la priorité due au skieur situé en aval, ou encore la maîtrise de la vitesse.

© Nathan Chapitre 4 Les régimes de responsabilité civile/


2. Déterminez le régime de responsabilité civile engagé en cas d’accident sur les pistes de
ski. Justifiez votre réponse.
Il s’agit de la responsabilité civile extracontractuelle du fait personnel, qui est fondé sur la faute. Il n’y
a pas de contrat entre les skieurs impliqués dans l’accident et la responsabilité de l’auteur de l’accident
repose sur la preuve d’une faute, à savoir la preuve du non-respect d’une règle de ski alpin.
3. Quel autre fondement que la faute peut engager la responsabilité d’un skieur impliqué
dans un accident ?
Il est possible d’engager la responsabilité du fait des choses : en effet, si un ski ou un snowboard est à
l’origine du dommage, le gardien de la chose (celui qui en a la maîtrise et la garde) est civilement
responsable et doit réparer le préjudice. L’avantage de cette responsabilité est qu’il n’est pas
nécessaire de prouver une faute.
Remarque : la responsabilité du fait des choses est étudiée dans ce chapitre, au sein de la capacité 4.
4. Quelle est l’utilité de l’assurance en cas d’accident de ski ?
L’assureur prendra en charge l’indemnisation de la victime, qui sera ainsi garantie d’obtenir le
versement des dommages-intérêts qui lui sont dus si l’auteur du dommage n’a pas les fonds
nécessaires pour les lui payer. Il peut s’agir de l’assurance multirisque habitation, de l’assurance
rattachée à la carte bancaire ou d’une assurance spécifique de responsabilité civile.

3. Appliquer les règles relatives à la responsabilité


extracontractuelle du fait d’autrui (p. 56-57)
18. Pourquoi la mère du sportif est-elle responsable dans cette affaire ? (Doc. 8)
Les parents sont responsables des dommages causés par leur enfant. Ici, le dommage a été causé par
un enfant mineur qui vit avec sa mère, qui exerce seule l’autorité parentale : elle est donc responsable.
19. La victime devait-elle prouver que le jeune rugbyman avait commis une faute ? Justifiez.
(Doc. 8)
Non, la responsabilité des parents est engagée même si l’enfant n’a pas commis de faute.
Remarque : la responsabilité des parents est engagée sitôt que leur enfant a commis un fait, fautif ou
non, qui a causé un dommage à autrui.
20. Pourquoi la responsabilité de l’association sportive n’est-elle pas retenue ? (Situation et
Doc 8)
L’organisation et le contrôle de la vie du mineur ne lui ont été confiés que de manière temporaire.
21. La mère du rugbyman aurait-elle pu s’exonérer de sa responsabilité en prouvant qu’elle
n’a pas commis de faute ? Justifiez. (Doc. 10)
Non, la responsabilité des parents du fait de leur enfant est une responsabilité de plein droit. Elle est
engagée même si les parents n’ont commis aucune faute de surveillance de leur enfant.
Remarque : il faut bien distinguer dans cette responsabilité les deux fautes qui pourraient être
invoquées (celle de l’enfant et celle des parents). Dans ce régime, aucune des deux ne peut permettre
aux parents d’être exonérés de leur responsabilité.
22. Pourquoi l’association est-elle considérée comme le « gardien » du joueur ? (Doc. 9)
L’association exerce des pouvoirs de direction, de contrôle et d’autorité sur les joueurs. En effet, elle
organise, dirige et contrôle leur activité dans le cadre des compétitions de football qu’elle organise.
23. Retrouvez en l’espèce les trois conditions d’engagement de la responsabilité du fait
d’autrui. (Doc. 9)
L’association (gardien) est responsable du fait du joueur (gardé) car ce dernier a commis une faute
(agression physique) qui a entraîné (lien de causalité) un dommage à la victime (blessures physiques).
24. L’association Afa Football aurait-elle pu s’exonérer de sa responsabilité en prouvant
qu’elle n’avait pas commis de faute ? Pourquoi ? (Doc. 10)
Non, car la responsabilité du fait d’autrui est une responsabilité de plein droit. Elle est engagée même
si le gardien (ici, l’association) n’a pas commis de faute.
Remarque : il faut bien distinguer dans cette responsabilité les deux fautes (celle du gardien et celle
du gardé). Une faute du gardé est nécessaire pour engager la responsabilité du gardien ; en
revanche, le gardien ne peut pas s’exonérer de sa responsabilité en prouvant qu’il n’a lui-même
commis aucune faute.

Allez plus loin ! La responsabilité personnelle et parentale (p. 57)


1. Contre qui Mamie Fonda peut-elle agir pour obtenir réparation de ses préjudices ?
La victime, Mamie Fonda, a été blessée en étant percutée par Strecy. Elle peut donc agir contre Strecy,
qui lui a causé le dommage, même si Strecy est mineure. En effet, selon la Cour de cassation, le
mineur qui cause un dommage doit le réparer, même s’il n’est pas capable de discernement. Mamie
Fonda peut également agir contre les parents de Strecy, qui sont responsables de leur fille mineure.
2. Repérez les régimes de responsabilité engagés et les conditions à respecter.
Mamie Fonda peut choisir entre deux régimes de responsabilité. Si elle décide d’agir contre Strecy,
elle devra intenter son action sur le fondement de la responsabilité civile extracontractuelle du fait
personnel. Elle devra alors prouver la faute de négligence commise par Strecy, le dommage et le lien
de causalité entre les deux. Si Mamie Fonda décide d’agir contre les parents de Strecy, elle fondera
son action sur le régime de la responsabilité du fait d’autrui et devra alors prouver le lien de filiation
entre Strecy et ses parents, que Strecy est mineure non émancipée et soumise à l’autorité parentale de
ses parents, qu’elle cohabite avec eux (elle est en garde alternée) et qu’elle a commis un fait à l’origine
du dommage.
3. Les parents de Strecy peuvent-ils s’exonérer de leur responsabilité ?
Les parents ne peuvent s’exonérer de leur responsabilité qu’en cas de force majeure ou de faute de la
victime. Dans cette affaire, le dommage ne provient pas d’un événement imprévisible, irrésistible et
extérieur, et Mamie Fonda n’a pas commis de faute ayant concouru à son préjudice. Donc les parents
de Strecy ne pourront pas échapper à l’engagement de leur responsabilité du fait de leur enfant. À
noter qu’ils ne peuvent pas s’exonérer de leur responsabilité en prouvant qu’ils n’ont pas commis de
faute dans la surveillance ou l’éducation de leur enfant.

4. Appliquer les règles relatives à la réparation des dommages


causés par les biens (p. 58-59)
25. Quelle est la chose qui a entraîné le dommage dans cette affaire ? (Doc. 11)
C’est le train de la SNCF qui entrait en gare qui a été l’instrument du dommage.
26. Pourquoi la SNCF est-elle considérée comme le gardien de cette chose ? (Doc. 11)
La SNCF est le gardien car elle exerce les pouvoirs d’usage, de direction et de contrôle sur ses trains.
27. Les proches de la victime ont-ils eu besoin de prouver le rôle actif de la chose ? (Doc. 11)
Il faut prouver que la chose a été l’instrument du dommage, c’est-à-dire qu’elle a eu un rôle actif. Ici,
la victime a été en contact avec le train, en mouvement : le rôle actif du train est donc présumé.
28. Doit-on prouver une faute de la SNCF pour engager sa responsabilité du fait des
choses ? (Doc. 12)
Non, c’est une responsabilité de plein droit : la victime n’a pas à prouver une faute de la part du
gardien.
29. Pourquoi la SNCF est-elle exonérée de toute responsabilité ? (Doc. 12)
L’accident a été causé par l’agression de la victime par un tiers, ce qui est un cas de force majeure.

© Nathan Chapitre 4 Les régimes de responsabilité civile/


Remarque : cette question peut être l’occasion de faire réviser les conditions de la force majeure
(événement imprévisible, irrésistible et extérieur). Cet arrêt de la Cour de cassation illustre un cas de
faute d’un tiers, c’est-à-dire d’une cause étrangère, revêtant les conditions de la force majeure.
30. Quelle responsabilité est ici engagée contre les sociétés Airbus et Artus ? (Doc. 13)
En tant que producteurs, ces sociétés engagent leur responsabilité du fait des produits défectueux.
Remarque : dans ce régime spécifique d’indemnisation, l’existence ou non d’un contrat entre le
producteur et la victime est indifférente pour son application.
31. Retrouvez les conditions d’engagement des responsabilités d’Airbus et d’Artus dans
cette affaire. (Doc. 13)
Les décès ont été causés par la défectuosité des produits fabriqués par ces sociétés. Ils ont porté
atteinte à la sécurité à laquelle les passagers pouvaient légitimement s’attendre.
Remarque : il serait pertinent d’insister sur le fait que cette responsabilité ne se fonde pas sur l’idée
de faute. La défectuosité du produit est appréciée objectivement, sans recourir à l’idée de faute.
32. Pourquoi les fautes de la compagnie aérienne et de l’équipage n’exonèrent-elles ni
Airbus ni Artus ? (Doc. 13)
En matière de responsabilité du fait des produits défectueux, le fait d’un tiers (la compagnie et les
membres de l’équipage) n’exonère pas les producteurs. La loi fixe des cas d’exonération spécifiques.
Remarque : l’article 1245-10 du Code civil cite ces cas d’exonération. On peut citer des exemples :
– le producteur établit qu’il n’a pas mis le produit en circulation ;
– le produit n’était pas destiné à la vente ;
– l’état des connaissances scientifiques et techniques ne permettait pas de déceler l’existence du
défaut.

Allez plus loin ! La batterie d’un téléphone prend feu lors d’un vol (p. 59)
Remarque : les références des articles du Code civil indiquées dans la ressource numérique sont
erronées : article 1245 au lieu de l’article 1289, article 1245-5 au lieu de l’article 1293 et
article 1245-3 au lieu de l’article 1292.
1. Quels sont les faits à l’origine de l’affaire ?
Une batterie de smartphone, appartenant à un passager dans un avion, a pris feu.
2. Quel est le régime de responsabilité applicable dans cette affaire ?
L’action est intentée ici sur le fondement de la responsabilité du fait des produits défectueux.
3. Pourquoi est-il important de déterminer le fabricant du téléphone en cause ?
La responsabilité du fait des produits défectueux pèse sur le fabricant de l’objet en cause : dans cette
affaire, une enquête est en cours pour savoir si c’est la société Samsung ou un sous-traitant chinois qui
a fabriqué la batterie en cause. La détermination du fabricant permettra d’identifier le responsable qui
devra indemniser la victime.
4. À quelles conditions la victime pourra-t-elle engager la responsabilité du fabricant ?
Pour engager la responsabilité du fait des produits défectueux, la victime doit prouver que le défaut du
produit (le téléphone n’offrait pas la sécurité à laquelle elle pouvait légitimement s’attendre) lui a
causé un dommage.
5. Appliquer les règles relatives à l’indemnisation des victimes
d’accidents de la circulation (p. 60-61)
33. Que garantit la loi du 5 juillet 1985 aux victimes de l’accident ? (Doc. 14)
L’objectif de la loi Badinter est de garantir la réparation des dommages subis par les victimes
d’accident.
34. Retrouvez, dans cette affaire, les conditions d’application de la loi de 1985. (Doc. 14)
Le régime d’indemnisation des accidents automobiles s’applique dans cette affaire car les trois
conditions sont réunies : une voiture (véhicule terrestre à moteur) a eu un rôle (implication du VTM)
dans l’accident qui a eu lieu sur une voie de bus (il s’agit donc d’un accident de la circulation).
35. Quels sont les dommages qui seront réparés ? (Doc. 15)
La loi Badinter permet une indemnisation intégrale des dommages corporels.
Remarque : la loi Badinter prévoit un autre régime pour la réparation des dommages matériels. Pour
ces derniers, la loi ne distingue pas selon que la victime est conductrice ou non. De plus, le
responsable peut invoquer la force majeure ou le fait d’un tiers pour s’exonérer de sa responsabilité,
contrairement à la réparation des dommages corporels.
36. Si le piéton avait commis une faute (traversée de la rue au feu rouge par exemple), sa
faute aurait-elle eu une incidence ? (Doc. 15)
Le conducteur de la trottinette aurait pu s’exonérer de sa responsabilité uniquement si la faute du
piéton était inexcusable et si l’accident est dû uniquement à cette faute.
Remarque : la loi Badinter prévoit un régime encore plus protecteur pour certaines victimes (de
moins de 16 ans, de plus de 70 ans, ou souffrant d’une invalidité permanente ou d’une incapacité de
+ 80 %) : ces victimes sont systématiquement indemnisées, sauf si elles ont recherché volontairement
le dommage (ce qui vise, en pratique, l’hypothèse du suicide).
37. L’utilisateur de la trottinette peut-il invoquer un cas de force majeure pour être
exonéré ? (Doc. 15)
Dans le régime prévu par la loi Badinter, la force majeure n’est pas une cause d’exonération de la
responsabilité du conducteur. Elle est donc ici indifférente.
38. Si l’accident était survenu entre la trottinette et un gyropode dont l’utilisateur n’avait
pas respecté le feu rouge, cette faute aurait-elle eu une incidence ? (Doc. 15)
Le gyropode étant assimilé à un véhicule terrestre à moteur, la faute de la victime, considérée comme
conductrice, aurait pu exonérer, totalement ou partiellement, le conducteur de la trottinette électrique.
39. Qui prendra en charge l’indemnisation des dommages dans cette affaire ? (Doc. 16)
Puisque le conducteur n’est pas assuré, c’est le Fonds de garantie des assurances obligatoires qui
versera les dommages-intérêts. Les risques sont mutualisés car le FGAO est financé par tous les
assurés.

Allez plus loin ! Voiture autonome : qui sera responsable en cas d’accident
ou d’infraction ? (p. 61)
1. Qui sera responsable en cas d’accident causé par une voiture autonome ?
C’est en principe le constructeur de la voiture si l’accident a été causé par le mode de conduite
automatique. Cependant, si l’accident a été causé au moment où le conducteur a repris les commandes
(pour un contrôle routier ou pour respecter la priorité due à un véhicule prioritaire d’urgence), alors
c’est la responsabilité civile du conducteur qui sera engagée, sur le fondement de la loi Badinter.
2. Comment la preuve pourra-t-elle être rapportée ?
Les constructeurs devront conserver les données relatives à la conduite dans une boîte noire placée
dans le véhicule et pouvoir les fournir en cas d’accident afin de déterminer qui est responsable (le
constructeur ou le conducteur).

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Remarque : en lien avec le chapitre 9 du livre de 1ère, un lien pourra être établi avec la protection des
données à caractère personnel.
3. Selon vous, pourquoi les voitures autonomes feront-elles l’objet de règles de droit
spécifiques ?
La loi de 1985 fait peser la charge de l’indemnisation des accidents de la circulation sur le conducteur.
Or, pour les voitures autonomes, le conducteur a un rôle réduit. Quand ces voitures seront
commercialisées, la législation devra s’adapter car la loi Badinter ne sera plus pertinente : il faudra
déterminer qui sera responsable en cas d’accident : l’utilisateur du véhicule ? son propriétaire ? son
concepteur ? L’ordonnance du 14 avril 2021 instaure à cet effet des règles particulières qui dérogeront
à la loi Badinter.
Remarque : il pourrait être intéressant de voir si les élèves sont capables d’envisager la mise en
œuvre d’autres régimes existants, tels que la responsabilité du fait des produits défectueux, en cas
d’accident causé par une défaillance du système de conduite autonome.
Corrigé des applications
1. Testez vos connaissances (p. 62)
Répondez par vrai ou par faux aux propositions suivantes.

1. Le débiteur dans un contrat s’engage 6. Les parents sont responsables même


toujours à parvenir à un résultat. en l’absence de faute de l’enfant.
 Vrai  Faux  Vrai  Faux
2. Un cas de force majeure peut 7. Seul le propriétaire est responsable
exonérer un débiteur dans un contrat. des dommages causés par une chose.
 Vrai  Faux  Vrai  Faux
3. La preuve d’une faute suffit à engager 8. La responsabilité du fait des choses
la responsabilité du fait personnel. est une responsabilité sans faute.
 Vrai  Faux  Vrai  Faux
4. Seule une faute volontaire engage 9. Les accidents de circulation relèvent
la responsabilité du fait personnel. d’un régime spécifique d’indemnisation.
 Vrai  Faux  Vrai  Faux
5. Les parents sont responsables des 10. Les victimes conductrices sont
dommages causés par leur enfant. mieux protégées que les victimes non
 Vrai  Faux conductrices.
 Vrai  Faux

2. Identifier le régime de responsabilité applicable (p. 62)


1. Quels sont les faits à l’origine de l’affaire ?
Un passager, muni d’un billet, se trompe de train. En descendant du train qui démarrait, il se blesse.
2. Pourquoi la cour d’appel a-t-elle retenu la responsabilité contractuelle de la SNCF ?
Pour la cour d’appel, l’action intentée par le passager contre la SNCF est fondée sur la responsabilité
contractuelle car le passager était titulaire d’un abonnement régulier : ainsi, la victime et la SNCF
étaient liées par un contrat de transport.
Selon elle, la SNCF engage donc sa responsabilité contractuelle pour avoir manqué à son obligation de
sécurité puisque le passager s’est blessé.
3. Pourquoi la Cour de cassation casse-t-elle l’arrêt d’appel ?
Pour la Cour de cassation, l’action en justice ne peut pas être fondée sur la responsabilité contractuelle.
En effet, l’accident n’est pas survenu dans le cadre de l’exécution du contrat conclu entre la SNCF et
la victime, puisque celle-ci s’est trompée de train.
4. Quel est le régime de responsabilité qui aurait pu être ici engagé contre la SNCF ?
La Cour de cassation invite à retenir un régime de responsabilité civile extracontractuelle pour que la
question de la réparation des dommages subis par la victime soit étudiée.
Ici, une chose (le train) est intervenue dans la réalisation du dommage : le régime applicable aurait
donc pu être celui de la responsabilité du fait des choses.

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3. Appliquer les règles relatives à la responsabilité contractuelle
(p. 63)
1. Expliquez pourquoi ces affaires relèvent de la responsabilité contractuelle.
Il existe un contrat entre le skieur (qui emprunte les télésièges ou les remonte-pentes) et l’exploitant de
la station : en effet, le skieur a acheté un forfait.
Transportant les skieurs en haut des pistes, l’exploitant de la station est tenu à une obligation de
sécurité.
2. Quel critère détermine si l’obligation de sécurité est de résultat ou de moyens ?
L’attitude active ou passive du skieur, créancier de l’obligation de sécurité, détermine l’intensité de
l’obligation de sécurité : lorsqu’il a une certaine liberté d’action, l’obligation de sécurité est de
moyens ; lorsqu’il n’en a aucune, elle est de résultat.
3. Présentez, sous forme de schéma, les solutions de la Cour de cassation.
Intensité de l’obligation de sécurité
Télésiège
Remonte-pente
Embarquement Trajet Débarquement
Obligation de moyens Obligation de résultat Obligation de moyens Obligation de moyens
4. Quelle est la principale incidence, pour le créancier de l’obligation de sécurité, que celle-
ci soit de résultat ou de moyens ?
En cas de blessure lors de l’utilisation d’une remontée mécanique, le skieur (créancier de l’obligation
de sécurité) souhaitera engager la responsabilité civile contractuelle de l’exploitant de la station en
invoquant un manquement à l’obligation de sécurité.
Si celle-ci est de résultat, la simple preuve de la blessure lors de l’utilisation d’une remontée
mécanique suffit à prouver que l’exploitant n’a pas exécuté son obligation de sécurité. Aucune faute
particulière n’est à prouver.
À l’inverse, si l’obligation de sécurité est de moyens, le skieur doit prouver que l’exploitant de la
station a commis une faute, c’est-à-dire qu’il n’a pas mis en œuvre tous les moyens nécessaires pour
assurer la sécurité des skieurs.

4. Analyser les faits pour déterminer le régime applicable (p. 63)


1. Sur quel fondement Salima doit-elle agir pour obtenir réparation de son préjudice ?
Salima est liée par un contrat de transport avec la SNCF. Pour obtenir réparation, elle doit donc agir
sur le fondement de la responsabilité civile contractuelle.
2. Qualifiez les clauses aménageant la responsabilité de la SNCF.
Dans ses conditions générales de vente, la SNCF aménage la mise en œuvre de sa responsabilité en
stipulant deux clauses :
– une clause exonératoire de responsabilité : elle n’est pas responsable de la perte des bagages à main ;
– une clause limitative de responsabilité : si la perte des bagages à main est due à une faute de la
SNCF, alors sa responsabilité peut être engagée, mais le montant des dommages-intérêts qu’elle devra
verser est plafonné à 360 €.
3. Si Salima parvient à prouver une faute, pourra-t-elle obtenir le remboursement des trois
places de concert ?
Si Salima parvient à prouver une faute, elle peut engager la responsabilité civile contractuelle de la
SNCF puisque, dans ce cas, la clause exonératoire de responsabilité ne s’applique pas.
La question se pose alors de savoir si Salima peut obtenir le remboursement des trois places de
concert, d’un montant total de 450 €.
L’article 1231-3 du Code civil prévoit qu’en cas de mise en jeu de la responsabilité civile
contractuelle, le débiteur n’est redevable que des dommages-intérêts prévisibles au moment de la
conclusion du contrat.
Dans cette affaire, lorsque Salima et ses amis ont acheté leurs billets de train, la SNCF ne
connaissait pas la raison de leur voyage (assister à un concert). Ce n’est pas un dommage
réparable car il n’était pas prévu (et ne pouvait pas l’être) au moment de la conclusion du
contrat.
Le dommage réparable est la valeur de son sac, avec application du plafond d’indemnisation stipulé
dans la clause limitative de responsabilité si cette valeur dépasse 360 €.
Remarque : cette limitation de la réparation aux seuls dommages prévisibles n’est applicable qu’en
matière contractuelle. Elle ne s’applique pas en matière de responsabilité civile extracontractuelle.
De même, en matière contractuelle, la limitation aux seuls dommages prévisibles ne s’applique pas en
cas de faute intentionnelle (« faute dolosive ») ou particulièrement grave (« faute lourde ») commise
par le débiteur : dans ces cas, tous les dommages sont réparés.

5. Appliquer les règles de la responsabilité du fait des animaux


(p. 64)
1. Quels sont les faits à l’origine du litige ? Qu’a obtenu la victime ?
Une cavalière a chuté quand son cheval s’est cabré à la vue de l’arrivée soudaine et brusque de deux
chiens, non tenus en laisse.
La cavalière, blessée suite à sa chute, a obtenu une indemnisation versée par les propriétaires des
chiens et leurs assureurs, en réparation du préjudice subi.
2. Quel est l’argument des propriétaires des chiens dans leur pourvoi en cassation ?
Les propriétaires des chiens contestent l’engagement de leur responsabilité : leurs chiens n’étant pas
entrés en contact avec les chevaux, ils n’ont pas joué de rôle actif dans la survenance du dommage.
3. Expliquez la solution de la Cour de cassation.
Pour la Cour de cassation, les chiens ont eu un rôle actif dans la survenance du dommage, même s’ils
ne sont pas entrés en contact avec les chevaux : leur arrivée brusque et soudaine est un comportement
anormal qui a conduit à la survenance du dommage.
4. Pour s’exonérer de leur responsabilité, les propriétaires des chiens peuvent-ils invoquer :
– que les chiens s’étaient égarés ?
Non, car la loi (article 1243 du Code civil) prévoit expressément que le propriétaire de l’animal (ou
celui qui s’en sert), est responsable, « que l’animal fût sous sa garde […] [ou] qu’il fût égaré ou
échappé ».
– qu’ils n’ont commis aucune faute ?
Les propriétaires des chiens ne peuvent pas s’exonérer de leur responsabilité en prouvant qu’ils n’ont
commis aucune faute car la responsabilité du fait des animaux est une responsabilité sans faute.
Ils ne peuvent s’exonérer que par la preuve d’une cause étrangère (force majeure, fait ou faute de la
victime, fait ou faute d’un tiers).
Remarque : les élèves devraient être invités à faire le parallèle avec la responsabilité du fait des
choses. La responsabilité du fait des animaux en est une application particulière.

6. Comprendre l’indemnisation des accidents du travail (p. 64)


1. Quel est l’accident du travail invoqué par la victime ?
À l’occasion d’un séminaire d’entreprise, une salariée est victime d’un accident de ski. Pour obtenir
réparation des dommages subis, la salariée estime qu’il s’agit d’un accident du travail puisqu’elle était
en séminaire d’entreprise. Mais la Caisse primaire d’assurance maladie refuse d’appliquer les règles
applicables aux accidents du travail, considérant que l’accident a eu lieu pendant la journée de repos
accordée par l’employeur et que l’activité de ski n’avait pas été organisée ni prise en charge par ce
dernier.

© Nathan Chapitre 4 Les régimes de responsabilité civile/


2. Qu’a décidé la cour d’appel ?
La cour d’appel juge qu’il s’agit d’un accident du travail car, même pendant cette journée de repos, la
salariée était rémunérée et restait soumise à l’autorité de son employeur.
3. Pourquoi la Cour de cassation l’approuve-t-elle ?
La Cour de cassation approuve le raisonnement de la cour d’appel puisque selon l’article L 411-1 du
Code de la Sécurité sociale, tout accident subi par un salarié survenu soit par le fait, soit à l’occasion
du travail, est un accident du travail : la victime a ici eu un accident à l’occasion d’un séminaire de
travail.

7. Se préparer au bac Comprendre une décision de justice (p. 65)


1. Quels sont les faits à l’origine du litige ?
Une maison a été détruite suite à un incendie provoqué par une surtension sur le réseau électrique
installé par la société Enedis, réseau qui avait été modifié par les propriétaires de la maison, M. et
Mme A (pose d’un réenclencheur).
2. Pourquoi et sur quel fondement la société Enedis a-t-elle dû indemniser M. et Mme A ?
M et Mme A, les propriétaires, ont subi des préjudices matériels (destruction de la maison) : pour
obtenir réparation, ils ont engagé la responsabilité civile de la société Enedis.
Il s’agit d’une responsabilité civile contractuelle. Un contrat de fourniture d’électricité existe entre les
propriétaires de la maison et la société Enedis et le sinistre a été causé en raison de la mauvaise
exécution de ce contrat par la société Enedis : cette dernière a manqué à son obligation de sécurité.
3. Quel est le fait générateur du dommage ? Quel est alors le régime de responsabilité que
mettent en œuvre M. et Mme A ?
Le fait générateur du dommage est la défectuosité du réseau électrique installé par la société Enedis :
les propriétaires de la maison agissent ainsi sur le fondement de la responsabilité du fait des produits
défectueux. En effet, le réseau électrique présentait un défaut qui l’a rendu dangereux pour la sécurité
des personnes et des biens : ainsi, il n’offrait pas la sécurité à laquelle M. et Mme A pouvaient
légitimement s’attendre.
Remarque : il est à noter que la responsabilité du fait des produits défectueux transcende la
distinction responsabilité civile contractuelle et extracontractuelle. Ainsi, si la victime n’est pas liée
par un contrat avec le producteur, elle peut également agir sur le fondement spécifique de la
responsabilité du fait des produits défectueux (par exemple ici, si l’incendie avait causé un dommage
à une personne qui venait passer des vacances dans cette maison).
4. Pourquoi la cour d’appel a-t-elle limité la responsabilité d’Enedis ?
La Cour d’appel exonère partiellement la société Enedis, en retenant une faute de la victime (les
propriétaires de la maison) : en effet, la pose d’un réenclencheur non conforme aux normes de sécurité
sur le réseau électrique a aggravé les dommages. Ainsi, la cour d’appel limite la réparation due par la
société Enedis à 60 % des dommages subis par Mme et M. A.
5. Quelle erreur de droit la décision de la cour d’appel contient-elle, qui amène la Cour de
cassation à casser son arrêt ?
La Cour de cassation casse et annule l’arrêt rendu par la Cour d’appel. Selon la Cour de cassation, la
pose du réenclencheur n’a pas causé le dommage, mais l’a seulement aggravé : l’incendie aurait eu
lieu même en l’absence du réenclencheur. Faute de lien de causalité entre la faute de la victime (pose
du réenclencheur non conforme) et la survenance du dommage, cette faute ne peut donc pas exonérer,
même partiellement, la société Enedis.
Remarque : la jurisprudence retient, en principe, la cause immédiate et directe du dommage (théorie
de la « causalité adéquate ») pour déterminer le régime de responsabilité applicable. Mais dans
certaines décisions, les juges parfois prennent en compte tous les faits qui ont conduit nécessairement
à la survenance du dommage (théorie de « l’équivalence des conditions »).
Correction de la synthèse (p. 66)
1. Appliquer les règles relatives à la responsabilité civile contractuelle
La responsabilité contractuelle a pour but de réparer les dommages causés par l’inexécution d’un
contrat. Si le contractant est tenu à une obligation de résultat, sa responsabilité est engagée s’il n’a
pas atteint le résultat promis. S’il est tenu à une obligation de moyens, elle est engagée s’il a commis
une faute (à savoir, ne pas avoir mis en œuvre tous les moyens nécessaires pour atteindre ce résultat).
2. Appliquer les règles relatives à la responsabilité extracontractuelle du fait personnel
La responsabilité extracontractuelle permet de réparer les dommages qui ne résultent pas de
l’inexécution d’un contrat. Le premier fait générateur de cette responsabilité est le fait personnel :
toute faute (volontaire ou par imprudence) qui a causé un dommage impose à son auteur de le réparer.
3. Appliquer les règles relatives à la responsabilité extracontractuelle du fait d’autrui
Dans la responsabilité du fait d’autrui, une personne doit répondre des dommages causés par une
autre personne (les parents pour les dommages causés par leur enfant, par exemple).
4. Appliquer les règles relatives à la réparation des dommages causés par les biens
Une personne doit réparer les dommages dans lesquels est intervenue une chose dont elle a l’usage, la
garde et le contrôle : c’est la responsabilité du fait des choses. Un régime spécifique d’indemnisation
s’applique pour les dommages causés du fait des produits défectueux, c’est-à-dire en raison d’un
défaut de fabrication du produit.
5. Appliquer les règles relatives à l’indemnisation des victimes d’accidents de la circulation
Un système particulier garantit la réparation des dommages corporels causés par les accidents de la
circulation (accidents qui impliquent un véhicule terrestre à moteur).
6. Apprécier les moyens d’exonération
Pour échapper à la mise en jeu de sa responsabilité, une personne peut prouver que le dommage
provient d’un cas de force majeure (événement irrésistible, imprévisible et extérieur), ou du fait de la
victime, ou du fait d’un tiers.

© Nathan Chapitre 4 Les régimes de responsabilité civile/


L’essentiel
La responsabilité civile permet d’obtenir la réparation des dommages que l’on a subis. Trois
conditions doivent être réunies pour engager la responsabilité civile : un fait générateur, un dommage
et un lien de causalité entre le fait générateur et le dommage.

1. La responsabilité civile contractuelle


A. Les conditions d’engagement
Le but de la responsabilité civile contractuelle est de réparer les dommages causés par l’inexécution ou
la mauvaise exécution d’une obligation née d’un contrat. Par exemple, les transporteurs sont tenus à
une obligation de sécurité à l’égard des passagers : ils doivent les amener sains et saufs à destination.
En cas de blessures physiques subies par un voyageur, le transporteur a manqué à son obligation.
Pour déterminer s’il y a inexécution du contrat, il faut qualifier l’obligation à laquelle le contractant
s’est engagé. Si l’obligation est de résultat, le débiteur s’engage à parvenir à un résultat précis. Ainsi,
sa responsabilité contractuelle peut être engagée sitôt que ce résultat n’est pas atteint. Il n’est pas
nécessaire de prouver que le débiteur a commis une faute particulière. En revanche, si l’obligation est
de moyens, le débiteur ne s’engage pas à parvenir à un résultat mais à mettre en œuvre tous les
moyens nécessaires pour l’atteindre. Pour engager sa responsabilité contractuelle, il faut alors prouver
qu’il a commis une faute (c’est-à-dire qu’il n’a pas mis en œuvre tous les moyens nécessaires).

B. Les modalités spécifiques de réparation


Lorsque la responsabilité civile contractuelle d’une partie est engagée, l’indemnisation est limitée aux
seuls dommages prévisibles, c’est-à-dire ceux qui ont été prévus ou qui pouvaient l’être au moment de
la conclusion du contrat.
Les parties peuvent aménager leur responsabilité contractuelle. Par exemple, elles peuvent prévoir,
lorsqu’elles concluent le contrat, que leur responsabilité n’est pas engagée en cas d’inexécution de
certaines obligations (clause exonératoire de responsabilité) ou que le montant de l’indemnisation est
limité à un plafond prévu dans le contrat (clause limitative de responsabilité).

2. La responsabilité civile extracontractuelle


La responsabilité civile extracontractuelle organise un régime de réparation pour tous les dommages
qui ne résultent pas de l’inexécution d’un contrat.

A. Les faits générateurs


L’identification du fait générateur de responsabilité civile permet de déterminer le régime de
responsabilité applicable.
La faute est le premier fait générateur. Si le dommage a été causé par une faute, la responsabilité du
fait personnel s’applique : l’auteur de la faute doit réparer le dommage qu’il a causé, peu important
qu’il ait commis cette faute de manière volontaire ou par imprudence.
Ensuite, une personne doit parfois répondre du dommage causé par une autre personne : c’est la
responsabilité du fait d’autrui. Ainsi, les parents sont responsables si leurs enfants ont commis un fait
(fautif ou non) qui a causé un dommage à autrui. De même, les employeurs doivent répondre des
dommages causés par leurs salariés à l’occasion des missions qui leur ont été confiées. La
jurisprudence a érigé un principe général de responsabilité du fait d’autrui : ainsi, si une personne (le
gardien) exerce un pouvoir de direction, de contrôle et d’autorité sur une autre personne (le gardé), elle
doit répondre des dommages causés par les fautes commises par cette dernière (par exemple, les
associations sportives).
Enfin, si une chose est intervenue dans la réalisation d’un dommage, le gardien de cette chose (c’est-à-
dire celui qui a les pouvoirs d’usage, de direction et de contrôle sur celle-ci) doit réparer les dommages
causés : c’est la responsabilité du fait des choses, qui nécessite, pour être engagée, que l’intervention
matérielle de la chose et son rôle actif soient prouvés. Lorsqu’un animal est intervenu dans la réalisation
du dommage, la loi prévoit un régime spécifique calqué sur la responsabilité du fait des choses (le
propriétaire de l’animal, ou celui qui s’en sert, doit réparer les dommages causés par l’animal).
Les responsabilités du fait d’autrui, du fait des choses et du fait des animaux sont des responsabilités
de plein droit : le responsable ne peut pas s’exonérer en prouvant qu’il n’a pas commis de faute.

B. Le lien de causalité
Les preuves d’un fait générateur et d’un dommage ne suffisent pas à engager la responsabilité civile. Il
faut également prouver que le fait générateur a causé le dommage, c’est-à-dire que le dommage est la
conséquence logique de ce fait. Lorsque plusieurs faits ont concouru à la réalisation d’un dommage, le
juge retient, en principe, la cause directe et immédiate de ce dommage, c’est-à-dire le fait qui a joué un
rôle prépondérant, pour déterminer le régime de responsabilité applicable.

3. Les régimes spécifiques d’indemnisation


A. La responsabilité du fait des produits défectueux
La loi prévoit un régime spécifique d’indemnisation des dommages causés par les produits défectueux.
En cas de dommage causé par le défaut d’un produit, son producteur ou son fabricant (ou, à défaut,
son importateur ou son vendeur) doit réparer les dommages causés. Un produit est défectueux s’il
n’offre pas « la sécurité à laquelle on peut légitimement s’attendre ». La responsabilité du fait des
produits défectueux est une responsabilité sans faute : la victime n’a pas à prouver que le producteur a
commis une faute. De même, ce dernier ne peut pas s’exonérer de sa responsabilité en prouvant qu’il
n’a pas commis de faute.

B. L’indemnisation des accidents de la circulation


Un régime spécifique d’indemnisation est prévu par la loi pour les dommages corporels causés par les
accidents de la circulation. Ce régime s’applique en présence d’un « accident de la circulation », c’est-
à-dire un accident impliquant un véhicule terrestre à moteur. Les dommages corporels subis par les
victimes non conductrices sont systématiquement réparés, sauf en cas de faute inexcusable de leur part.
Pour garantir l’indemnisation des victimes, la loi impose à tout conducteur de souscrire une assurance
de sa responsabilité civile (c’est ainsi l’assureur qui verse les dommages-intérêts). Si l’auteur de
l’accident n’est pas assuré ou non identifié, l’indemnisation est prise en charge par le Fonds de
garantie des assurances obligatoires (qui est financé par une contribution versée par tous les assurés).

C. L’indemnisation des accidents du travail


Tout salarié qui subit un dommage suite à un accident survenu par le fait ou à l’occasion de son travail
peut obtenir la réparation des dommages qu’il a subis auprès de son employeur.

4. Les moyens d’exonération


Que la responsabilité engagée soit contractuelle ou extracontractuelle, l’auteur du dommage peut
s’exonérer de sa responsabilité en prouvant que ce dommage est dû à une cause étrangère. Il remet
ainsi en cause le lien de causalité établi par la victime entre le fait générateur et le dommage.
Il existe trois causes étrangères : la force majeure, le fait d’un tiers et le fait de la victime.
Le responsable peut s’exonérer en prouvant que le dommage a été causé par un cas de force majeure,
c’est-à-dire par un événement imprévisible, irrésistible et extérieur. Si cet événement provient d’un
tiers, il s’agit alors du fait d’un tiers. Lorsque le dommage est dû intégralement à ce cas de force
majeure ou au fait d’un tiers, le responsable est totalement exonéré. Si ces événements ont contribué
en partie au dommage, il est exonéré partiellement.
Enfin, la victime peut avoir, par son comportement ou ses actes, participé à la réalisation du dommage
qu’elle a subi. Si le fait de la victime revêt les conditions de la force majeure, alors le responsable est
totalement exonéré de sa responsabilité. À défaut, ce dernier peut obtenir une exonération partielle, à
condition que la victime ait commis une faute.

© Nathan Chapitre 4 Les régimes de responsabilité civile/


Ressources numériques
 https://www.village-justice.com/articles/responsabilite-proprietaire,7521.html
 https://www.actu-juridique.fr/civil/responsabilite-civile/la-responsabilite-du-fait-des-
batiments-en-ruine-nest-pas-morte/
 https://www.argusdelassurance.com/reglementation/jurisprudence/responsabilite-du-
proprietaire-d-un-batiment-en-ruine.51601
La responsabilité du fait de la ruine d’un bâtiment est organisée au sein de l’article  1244 du Code civil
(ancien article 1386). Le premier lien ci-dessus expose les règles principales relatives à ce régime
spécifique. Les liens suivants fournissent des exemples de mise en œuvre de ce régime (arrêt de la
cour d’appel de Reims du 5 septembre 2017 et arrêt de la Cour de cassation du 8 septembre 2011).

 https://www.youtube.com/watch?v=4cJOsQrgPZ4
Cette ressource fournit des précisions sur la responsabilité médicale, en lien avec l’entraînement au
bac du thème 6. Elle peut servir de support pour une séquence de travail préalable à la réalisation de
l’entraînement au bac.

 https://www.youtube.com/watch?v=joWzvjAgQ64
Cette vidéo explique la responsabilité du fait des animaux.

 http://www.lesbaronsdudroit.com/?page_id=7485
Ce site propose des illustrations d’arrêts de la Cour de cassation sous forme de bandes dessinées.
Entraînement au bac – Thème 6
Victime du coronavirus

Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ?


Capacités
• Qualifier les dommages juridiquement réparables.
• Analyser et qualifier les faits pour identifier le ou les régimes de responsabilité applicables.
• Apprécier les moyens d’exonération.
• Expliquer comment et pourquoi s’est construit ce système complexe d’indemnisation au profit des
victimes.

Réponses aux questions sur la situation (p. 67-68)


1. Résumez les faits en utilisant des qualifications juridiques.
Une patiente, Béatrice, est contaminée par le coronavirus à l’occasion de son hospitalisation pour
opération chirurgicale. Bien que rétablie, elle souffre de nombreux préjudices.
• Les victimes
Dans cette affaire, deux catégories de victimes sont à distinguer :
– Béatrice est la victime immédiate (ou directe) : elle a subi directement des dommages ;
– son époux et ses enfants sont des victimes par ricochet (ou indirectes) : ils ont subi des préjudices
parce que l’un de leurs proches a souffert d’un dommage.
• Les préjudices
– Identification et qualification des préjudices :
Les dommages subis par Béatrice
La douleur ressentie (souffrance physique) Dommage corporel Dommage extrapatrimonial
Dommage corporel
Les frais médicaux Dommage patrimonial
ou dommage matériel
La perte de revenus du fait de l’incapacité Dommage corporel
Dommage patrimonial
de travail ou dommage matériel
L’impossibilité définitive de jouer de la flûte Dommage corporel
Dommage extrapatrimonial
traversière (= préjudice d’agrément) ou dommage moral
Le dommage subi par les proches de Béatrice
La perte de revenus Dommage matériel Dommage patrimonial
Remarque : certains dommages peuvent être classés dans plusieurs catégories, ainsi que l’indique le
corrigé.
2. Développez l’argumentation juridique que Béatrice peut avancer pour engager la
responsabilité du chirurgien.
• D’abord, il faut vérifier que les préjudices subis par Béatrice et sa famille sont réparables.
Pour être réparable, un préjudice doit être légitime, personnel, certain et direct.
En l’espèce, les préjudices subis par Béatrice et ses proches sont légitimes : leur intérêt est licite et
juridiquement protégé (leur demande de réparation n’est pas contraire à la loi, à l’ordre public ou aux
bonnes mœurs). Leurs préjudices sont personnels : ils ont été subis par Béatrice ou ses proches. Leurs
préjudices sont certains : la souffrance physique, les frais médicaux et la perte de revenus pendant
l’hospitalisation ont été subis. Les autres préjudices (la perte de revenus pour l’avenir du fait de
l’incapacité de travail et le préjudice d’agrément) sont des dommages futurs mais ils sont certains : ils

© Nathan Entraînement au bac – Thème 6/


sont la prolongation logique des dommages corporels subis par Béatrice. Enfin, tous ces dommages
ont été causés directement par l’infection de Béatrice. L’ensemble des préjudices est donc réparable.

• Ensuite, il convient de se demander si Béatrice peut engager la responsabilité du chirurgien et le(s)


fondement(s) possible(s). Dans sa jurisprudence (arrêt Mercier de 1936 – annexe 1), la Cour de
cassation a reconnu l’existence d’un contrat entre le médecin et son patient, et a donc fondé l’action en
réparation sur la responsabilité civile contractuelle.
La Cour a précisé que le médecin n’avait pas l’obligation de guérir le patient, mais « de lui donner des
soins consciencieux et attentifs » : le médecin ne s’engage pas à un résultat (la guérison) mais à mettre
en œuvre tous les moyens nécessaires pour y parvenir. Il est ainsi tenu à une obligation de moyens.
Pour engager sa responsabilité, il est donc nécessaire que le patient prouve une faute (l’absence de
mise en œuvre des moyens nécessaires), un dommage et le lien de causalité entre la faute et le dommage.
Aujourd’hui, la responsabilité des professionnels de santé est prévue par l’article L1142-1 I du Code
de la santé publique (annexe 2) : la loi ne fait pas référence à l’existence d’un contrat, mais elle retient
le principe d’une responsabilité pour faute. Elle énonce en effet que les professionnels de santé « ne
sont responsables des conséquences dommageables d’actes de prévention, de diagnostic ou de soins
qu’en cas de faute ».
En l’espèce, Béatrice a bien subi des dommages réparables, mais le chirurgien n’a pas commis de
faute (le sujet précise qu’il a « respecté les règles de l’art médical ») et les dommages que la victime a
subis ne sont pas dus aux actes de soins prodigués par le chirurgien.
L’action en justice contre le chirurgien a donc peu de chances d’aboutir.
Remarque : une réponse construite exclusivement sur l’annexe 1 ou l’annexe 2 doit être prise en
compte dès lors qu’elle démontre que la responsabilité du chirurgien est fondée sur la faute. Une
copie qui met en perspective l’évolution entre les deux annexes doit être valorisée.
Complément de cours : l’article L1142-1 I du Code de la santé publique est issu de la loi n° 2002-
303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé (dite «  loi
Kouchner »). Cette loi a notamment permis d’harmoniser les conditions d’engagement de la
responsabilité des professionnels de santé, qu’ils travaillent dans un hôpital public (responsabilité
administrative, engagée devant les tribunaux administratifs) ou une clinique privée (responsabilité
civile engagée devant les tribunaux judiciaires) : il s’agit pour tous, en principe, d’une responsabilité
pour faute.
• Faute de pouvoir engager la responsabilité du chirurgien, Béatrice pourrait enfin envisager d’engager
la responsabilité de la clinique pour obtenir réparation. C’est en effet à l’occasion de son séjour au sein
de la clinique qu’elle a été contaminée.
L’aléa thérapeutique vise les dommages subis par un patient à l’occasion d’une intervention médicale
ou chirurgicale, alors même qu’aucune faute ne peut être imputée au professionnel de santé
(annexe 3). Ces dommages n’ont aucun lien avec l’état de santé du patient ni avec l’évolution de sa
maladie. Tel est le cas de l’infection nosocomiale : un patient est infecté par un virus lors de son
hospitalisation.
Or, la loi énonce que « les établissements [de santé] sont responsables des dommages résultant
d’infections nosocomiales, sauf s’ils rapportent la preuve d’une cause étrangère » (annexe 3). La
responsabilité de la clinique en la matière est donc une responsabilité sans faute : l’établissement de
santé doit réparer les dommages causés par les infections nosocomiales contractées au sein de ses
locaux.
En l’espèce, Béatrice est victime d’une infection nosocomiale (qui est un cas d’aléa thérapeutique) :
les dommages qu’elle a subis sont issus de sa contamination par le coronavirus lors de son
hospitalisation. Cette infection n’a aucun lien avec son état de santé initial, ni avec l’évolution de sa
maladie (elle était hospitalisée pour une opération du genou). La clinique est donc civilement
responsable des dommages subis par Béatrice causés par la contamination à la Covid-19. Il ne sera
pas nécessaire de prouver une faute de la clinique pour obtenir la réparation des dommages.
Remarque : il existe trois formes d’aléa thérapeutique, que sont l’infection nosocomiale, l’accident
médical et l’affection iatrogène (https://association-aide-victimes-france.fr/accueil-association-daide-
a-lindemnisation-victimes/responsabilite-medicale-accident-medical/alea-therapeutique-htm)
3. Présentez les arguments opposés par la clinique pour s’exonérer de sa responsabilité.
La loi énonce que « les établissements [de santé] sont responsables des dommages résultant
d’infections nosocomiales, sauf s’ils rapportent la preuve d’une cause étrangère » (annexe 3). La
responsabilité de la clinique en la matière est donc une responsabilité sans faute : l’établissement de
santé doit réparer les dommages causés par les infections nosocomiales contractées au sein de ses
locaux. Elle ne peut s’exonérer de sa responsabilité que par la preuve d’une cause étrangère, à savoir
la force majeure, le fait d’un tiers ou la faute de la victime.
Pour s’exonérer de leur responsabilité en matière d’infection nosocomiale, les établissements de santé
doivent donc prouver que cette infection est due, soit totalement, soit partiellement, à une cause
étrangère. Il existe trois causes étrangères : la force majeure (événement imprévisible, irrésistible et
extérieur), le fait de la victime (le comportement de la victime a participé à la réalisation du dommage)
ou le fait d’un tiers (le comportement d’un tiers a causé le dommage).
En l’espèce, la propagation du Covid-19 est un événement irrésistible (la clinique a mis en œuvre
toutes les prescriptions imposées par le ministre de la Santé – annexe 4), imprévisible (Béatrice a été
hospitalisée pour une opération du genou et installée dans une chambre totalement indépendante du
patient infecté) et extérieur (le virus a été « importé » par un patient – ou une autre personne comme
un soignant – à l’intérieur des locaux). La clinique est donc exonérée de sa responsabilité.
Remarque : il n’y a pas, pour cette question, de bonnes ou mauvaises réponses. Une copie qui
propose une solution argumentée (c’est-à-dire en justifiant l’analyse sur les caractères de la force
majeure) doit être valorisée. Il pourrait, par exemple, être soutenu que la contamination n’était pas
extérieure ou qu’elle était prévisible.
4. Si la clinique n’est pas responsable, comment les préjudices peuvent-ils être réparés ?
La réparation des préjudices liés à un aléa thérapeutique est prise en charge par la société lorsque la
responsabilité du professionnel de santé et celle de l’établissement de soins n’ont pas pu être engagées.
Les dommages-intérêts sont versés par l’ONIAM (l’Office national d’indemnisation des accidents
médicaux), qui est financé par les impôts et taxes versés par les citoyens. Il s’agit donc d’une
réparation grâce à la solidarité nationale (annexe 5).
Trois conditions doivent être réunies pour que l’ONIAM indemnise les dommages consécutifs à un
aléa thérapeutique (annexe 5) :
– le dommage doit être directement imputable à des actes de prévention, de diagnostic ou de soins ;
– il doit avoir des conséquences anormales au regard de son état de santé comme de l’évolution
prévisible de celui-ci ;
– il doit être suffisamment grave.
En l’espèce, les dommages subis par Béatrice et ses proches sont indemnisables par l’ONIAM : ils
sont directement imputables à l’hospitalisation de Béatrice au sein de la clinique, ils ont des
conséquences anormales au regard de son état de santé et de son évolution (elle était hospitalisée pour
une opération du genou) et ils sont graves (elle ne pourra pas reprendre d’activité professionnelle).
5. Montrez en quoi l’indemnisation de l’aléa thérapeutique remet en cause les principes de
la responsabilité civile.
D’une part, l’indemnisation des dommages causés par un aléa thérapeutique ne s’appuie pas sur la
mise en jeu de la responsabilité d’une personne : cette indemnisation est garantie à la victime même si
aucun responsable n’est déterminé puisque c’est la société qui prend en charge ce risque
(« socialisation des risques »). La réparation est ainsi « automatique ». Le principe même de la
responsabilité civile, consistant à imputer la réparation à un responsable, est remis en cause.
D’autre part, la responsabilité civile impose au responsable de réparer tous les dommages qu’il a
causés. Dans le régime d’indemnisation des aléas thérapeutiques, seuls les dommages d’une certaine
gravité sont réparés. Cette solution n’est pas favorable aux victimes mais elle permet de limiter la
charge supportée par les contribuables. Le principe de la réparation intégrale est ainsi également remis
en cause (annexe 6).

© Nathan Entraînement au bac – Thème 6/

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