Mondafrique 040222 L'indispensable Réforme 2 La Beac
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Les relations parfois perturbées entre la BEAC, dirigée depuis mars 2017 par le
tchadien Abbas Mahamat Tolli, neveu du feu président Idriss Déby Itno, et ses pays
membres, proviennent souvent des dysfonctionnements observés dans la gestion
courante de cette institution mais rarement sur des questions relatives à la politique
monétaire et autres attributions spécifiques à la banque centrale. Elles posent
essentiellement le problème de la compétence effective des dirigeants désignés par
ces mêmes Etats et de la qualité de leur gouvernance.
La boutade d’un agent de la BEAC, lancée avant les années 2000, pour définir
l’institution comme la « Banque des Ethnies de l’Afrique Centrale », prend tout son
sens depuis l’introduction de la notion de gouvernement de la Banque en 1993,
composé de trois membres dont le Gouverneur gabonais et le Vice-Gouverneur
congolais, et le Secrétaire Général, poste nouveau créé et confié à une personnalité
originaire du Tchad. Avec l’extension à 6 des membres dudit gouvernement (un
pour chacun des six pays de la CEMAC) et la rotation de leur poste, le management
global et unitaire des ressources humaines a été abandonné au profit d’une gestion
par nationalité. Dorénavant, chaque membre du gouvernement s’occupe
particulièrement des agents ressortissants de son pays, sous le contrôle particulier
du Gouverneur et de son pouvoir discrétionnaire. Les recrutements se font de plus
en plus au profit de leurs parents et relations qui, bien souvent, sont des apparentés
des chefs d’Etats ou/et Ministres des finances. Les postes de directions,
particulièrement de directeurs nationaux leurs sont réservées.
Dès lors la BEAC a perdu son caractère régional et public pour devenir un organisme
quasi-privé régi par des règles où prévalent surtout les choix personnels des hauts
dirigeants. Le personnel, dont les délégués sont généralement cooptés, est bâillonné
car ses statuts, dérogeant au cadre légal internationalement admis, ne le protègent
pas. En l’absence d’une vraie voie de recours externe, il n’y a de la sorte pas de
contre-pouvoir minimal au sein de l’institution. Les performances individuelles
n’étant pas le principal critère de promotion, alors que les agents très compétents
techniquement restent nombreux, le carriérisme est ainsi favorisé à outrance.
Cet activisme immobilier, encadré par des règles d’attribution de marché pas
toujours transparentes, se fait évidemment au détriment d’une intervention plus
efficace sur le plan monétaire et financier. Ainsi, le marché des titres publics,
officiellement lancé en 2011, peine à se développer du fait, entre autres, de la
volonté des hauts dirigeants de la BEAC de ne pas mécontenter certains Etats peu
disciplinés en matière de finances publiques. Les atermoiements de ces
responsables à traiter adéquatement les banques en difficultés entretenant des
relations peu orthodoxes avec les mêmes Etats, tardent à favoriser l’assainissement
sérieux du système bancaire de ces pays pourtant recommandé par le FMI et la
Banque Mondiale.