Introduction Aux Sciences Juridiques Leçon N° 4: Les Conflits de Normes de Droit Écrit
Introduction Aux Sciences Juridiques Leçon N° 4: Les Conflits de Normes de Droit Écrit
Introduction Aux Sciences Juridiques Leçon N° 4: Les Conflits de Normes de Droit Écrit
Laila EL BENNISSI
Introduction :
Deux types de conflits peuvent se présenter : d’abord, les conflits entre règles de
différentes natures. Ce problème se résout grâce au principe de hiérarchie des normes
(Section 1).
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Introduction à l’étude de droit Pr. Laila EL BENNISSI
Pour assurer la cohérence du système juridique, et permettre de régler les conflits entre textes
émanant de différentes sources, celles-ci sont hiérarchisées : chaque norme inférieure doit
être conforme aux normes supérieures. L’ensemble des règles de droit écrit forme donc une
sorte de pyramide. Au sommet : la Constitution, texte fondamental, et les normes assimilées
(formant le bloc de constitutionnalité). A la base : une multitude d'actes administratifs
individuels. Entre les deux se trouvent les traités internationaux (formant le bloc de
conventionalité) et tous les actes règlementaires ou législatifs, organisés de la façon suivante :
Chaque norme est créée conformément aux règles posées par la norme qui lui est directement
supérieure, elle-même étant conforme à la norme supérieure, et ainsi de suite jusqu'à la
Constitution (qui fait office de norme suprême) cette hiérarchie permet- en théorie du moins -
d'assurer la cohérence du système juridique. Elle autorise en tout cas, que des contrôles soient
effectués pour vérifier la conformité des normes inférieures aux normes supérieures. La
possibilité d'un tel contrôle permet de fonder la légitimité de la norme, qui acquiert sa force
obligatoire du seul fait de sa conformité supposée à la norme supérieure.
Remarques :
1- Il n’existe pas de contrôle systématique : il faut toujours qu’une juridiction soit
saisie pour que le contrôle s’effectue.
2- Deux types de contrôles sont envisageables : un contrôle a priori, qui intervient
avant l'entrée en vigueur de la norme ; un contrôle a posteriori, qui permet
d'écarter une norme déjà entrée en vigueur.
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Introduction à l’étude de droit Pr. Laila EL BENNISSI
3- La sanction n’est pas unique : tantôt le texte non conforme sera annulé, tantôt
son application sera simplement écartée dans le cas d’espèce.
A. Le contrôle de constitutionnalité
Il est susceptible de concerner aussi bien les traités internationaux que les lois.
B. Le contrôle de conventionalité
C. Le contrôle de légalité
Le contrôle de légalité consiste à apprécier la conformité des règlements par rapport aux lois.
Comme toute règle de droit, la loi n’est pas perpétuelle. Elle est l’expression des besoins du
groupe social et, le groupe évoluant, la loi change. Ainsi les lois se succèdent-elles, et la
succession des lois dans le temps pose le problème délicat de savoir quelle est la loi applicable
à une situation juridique donnée : faut-il appliquer la loi en vigueur au moment de la
création de la situation juridique, ou celle en vigueur au moment où la difficulté surgit ?
Exemple :
Un contrat de bail est conclu en 2005, pour une durée de 5 ans. Une loi intervient en
2006, qui interdit les baux d’une durée supérieure à 3 ans. Faut-il appliquer la loi de
2006, et réduire la durée du bail, ou laisser le contrat sous l’empire de la loi antérieure,
qui autorise les baux de plus longue durée ?
De même qu’il y a des conflits de lois dans l’espace, ce qui est réglé par le droit international
privé, il existe des conflits de lois dans le temps.
Avant d’examiner cette question, il faut connaître les règles qui déterminent la durée de vie
des lois.
Il ne suffit pas qu’une loi soit adoptée pour qu’elle acquiert force obligatoire, c’est-à-dire
qu’elle soit applicable par tous dans l’ensemble du territoire. Il faut encore que certaines
formalités soient respectées : à la promulgation fait suite la publication.
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Selon l’article 474 du DOC « les lois ne sont abrogées que par des lois postérieures lorsque
celles-ci l’expriment formellement ou lorsque la nouvelle loi est incompatible avec la loi
antérieure ».
Donc l’abrogation peut être soit expresse soit tacite. Mais la question qui se pose est celle de
savoir si l’abrogation peut se réaliser par un troisième procédé : la désuétude. Il s’agit d’une loi
qui n’a jamais été appliquée ou qui a cessé de l’être depuis un certain temps. C’est le cas de
l’article 609-37e alinéa du Code pénal qui sanctionne d’une amende le mauvis traitement infligé
aux animaux domestiques, notamment par chargement excessif.
a. L’abrogation expresse.
b. L’abrogation tacite
c. L’abrogation par désuétude
A. Principes de résolution
L’hypothèse est la suivante : une loi en vigueur est abrogée par une loi nouvelle. Certaines
situations juridiques nées sous l’empire de la loi ancienne vont se poursuivre après l’entrée en
vigueur de la loi nouvelle. Quels faits, quels actes seront alors régis respectivement par la loi
ancienne et par la loi nouvelle ?
• Certaines lois règlent elles-mêmes leur domaine d’application dans le temps. La loi
nouvelle contient alors ce qu’on appelle des dispositions transitoires.
• En dehors de ces cas particuliers, la solution des conflits de loi dans le temps est donnée
par le principe qui dispose que « La loi ne dispose que pour l’avenir ; elle n’à point
d’effet rétroactif ».
Concrètement, il s'agira de savoir quels sont les éléments de la situation juridique en cours
qui sont susceptibles d'être modifiés par la loi nouvelle : s'agit-il des conditions de constitution
de la situation, ou des effets de cette situation ? Concernant les effets, s'agit-il des effets passés
(survenus avant l'entrée en vigueur de la loi), ou des effets futurs ?
Exemple
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• Inversement, une loi nouvelle ne peut pas valider rétroactivement des actes qui étaient nuls
sous l’empire de la loi ancienne.
Dans la même logique, toujours sous l'effet du principe de rétroactivité, les effets passés des
situations en cours échappent à la loi nouvelle.
Exemple
Les loyers déjà perçus avant l’entrée en vigueur de la loi nouvelle instaurant
une taxe sur les loyers ne sont pas soumis à la taxe.
• Elle s’impose au juge, qui ne peut donner une portée rétroactive à une loi qui ne le
prévoit pas expressément.
• Elle s’impose aux autorités administratives : les règlements et les décrets ne peuvent
jamais être rétroactifs.
• Elle s’impose au législateur en matière pénale.
• Elle ne s’impose pas au législateur en matière civile : la loi peut contredire la loi.
Certaines lois sont donc expressément rétroactives.
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• Les lois civiles expressément rétroactives, les lois qui comprennent une disposition
spéciale prévoyant que la loi s’appliquera aux situations juridiques nées avant son entrée
en vigueur.
• Les lois pénales plus douces, qui suppriment une incrimination ou adoucissent une
peine, s’appliquent aux infractions commises avant leur entrée en vigueur, si elles n’ont
pas été définitivement jugées. On considère en effet que si la loi nouvelle adoucit la
peine, c'est que le législateur a estimé que la sanction ancienne était excessive. L'idéal
de justice et d'humanité impose qu'on en fasse bénéficier les délinquants.
• Les lois pénales plus douces, qui suppriment une incrimination ou adoucissent une
peine, s’appliquent aux infractions commises avant leur entrée en vigueur, si elles n’ont
pas été définitivement jugées. On considère en effet que si la loi nouvelle adoucit la
peine, c'est que le législateur a estimé que la sanction ancienne était excessive. L'idéal
de justice et d'humanité impose qu'on en fasse bénéficier les délinquants.
Ce principe implique que les effets futurs des situations en cours seront soumis à la loi nouvelle
dès l’entrée en vigueur de celle-ci.
Justification : le principe d’application immédiate est justifié par la nécessité d’assurer l’unité
des situations juridiques : on préfère éviter que cohabitent dans le même temps des situations
identiques, mais dont le régime juridique dépend de leurs dates de création respectives. En
outre, la loi nouvelle est censée apporter un progrès, dont on souhaite qu’il profite à tous.
Toutefois, les impératifs de sécurité juridique justifient une exception importante au principe
d’application immédiate.
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Introduction à l’étude de droit Pr. Laila EL BENNISSI
Justification : le contrat réalise un équilibre entre les intérêts divergents des parties, et cet
équilibre dépend bien souvent du contexte dans lequel le contrat a été conclu : quand les parties
se sont engagées, c’était en fonction d’une législation particulière. Soumettre brutalement ces
contrats déjà conclus à la loi nouvelle, ce serait modifier les bases sur lesquelles les parties se
sont engagées, et risquer de rompre l’équilibre du contrat. Ce serait tromper la confiance
légitime des co-contractants.
En conclusion, la résolution d’un problème de conflit de lois dans le temps suppose de se poser
plusieurs questions distinctes :
1- S’il s’agit d’une situation juridique révolue au jour de l’entrée en vigueur de la loi
nouvelle, celle-ci n’a aucune vocation à s’appliquer (principe de non-rétroactivité).
2- S’il s’agit au contraire d’une situation juridique qui nait après l’entrée en vigueur
de la loi nouvelle, alors celle-ci s’applique pleinement (sauf dispositions
transitoires).
• les conditions de validité et les effets passés ne sont en principe pas concernés
par la loi nouvelle (principe de non rétroactivité), sauf exceptions (loi
expressément rétroactives, rétroactivité in mitius, lois interprétatives).
• les effets futurs sont au contraire soumis à la loi nouvelle (principe
d’application immédiate) sauf s’il est question d’une situation contractuelle,
auquel cas le contrat bénéficie de la survie de la loi ancienne... sauf si la loi
nouvelle est impérative...