JACQUES MORIZOT L Art de La Symbolisation
JACQUES MORIZOT L Art de La Symbolisation
JACQUES MORIZOT L Art de La Symbolisation
JACQUES M ORIZOT
L’art de la symbolisation
Philosophia Scientiæ, tome 2, no 2 (1997), p. 161-178
<http://www.numdam.org/item?id=PHSC_1997__2_2_161_0>
Jacques Morizot
Département d'arts plastiques
Université Paris 8
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ressortir le parti positif que l'art sait tirer des décalages, des
situations marginales, des contestations fructueuses et des
reclassifications qui en découlent. L art devient un laboratoire
d'inventivité symbolique dont les retombées sont capables de
féconder l'ensemble du champ de connaissance.
Cette approche que je préférerais appeler faillibiliste que
relativiste renvoie dos à dos le dogmatisme de l'explication unique et
l'indifférentisme du "tout se vaut". Elle peut aussi nous libérer de
l'obsession récurrente d'un horizon métaphysique ou historique tout-
puissant et de la fascination complice pour des épisodes
remarquables, de préférence iconoclastes, sur lesquels se sont bâties
tant de théories de l'art.
— Enfin la symbolisation permet de coupler plus étroitement
la dimension sémiotique et la dimension référentielle. Le propre d'un
symbole est de posséder des propriétés syntaxiques et sémantiques
qui le singularisent d'un point de vue définitionnel et qui supportent
ses capacités fonctionnelles. Sa texture et son extension ne sont pas
indépendantes, elles interagissent dans le processus d'interprétation.
Le sens d'une théorie de la notation n'est donc pas de codifier la
"nature" des éléments symboliques mais d'expliciter les conditions
efficaces de leur action. Leur identité est solidaire de ces relais.
Une théorie purement dénotative qui ne tiendrait aucun compte
des particularités propres à la nature des symboles utilisés serait de
peu de secours en art ; inversement une théorie esthétique qui évacue
le souci reférentiel el se complaît dans une culture du
désintéressement me semble mal orientée. La zone active se place à
l'intersection des deux, dans la possibilité d'exciter le pouvoir de
symboliser de tous les constituants de l'œuvre. Ainsi
l'exemplification ouvre-t-elle la possibilité de référer à travers
l'idiosyncrasie du tissu sémiotique, tant au niveau littéral des traits
possédés que par l'intermédiaire de propriétés transférées.
Il en découle que la théorie acquiert une valeur
démystificatrice, contre les approches "puristes" du type de celle de
Greenberg qui suspendent la référence dès que le souci de
représenter disparaît, et contre l'ensemble disparate qu'on range sous
l'appellation passe-partoui de conceptions "expressives".
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moins reconnaître à Goodman ce mérite qui n'est pas mince que s'il
nous fait sortir de l'esthétique analytique sans nous couper des acquis de
la philosophie analytique, c'est dans la voie opposée aux sables
mouvants de la déconstruction, par l'insistance sur les ressources encore
mal exploitées que la vie et la compréhension des symboles sont
susceptibles de développer partout où l'homme s'interroge sur ce qu'il
fait et sur ce qui le fait.
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