BCPST1 Cours Logique
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bcpst 1, 27/03/2018
récurrence, etc.) ainsi que des objets courants (entier, opérations usuelles, etc.) sans
chercher à en expliciter complètement la définition.
Il est pourtant essentiel d’avoir quelques notions de ce formalisme, qui constitue les
fondements solides de la science mathématique.
I — Phrases mathématiques
I.1 — Énoncés
On définit tout d’abord un certain nombre de symboles :
– des variables, en nombre infini notées x, y, z, etc.
– des constantes comme 0, 1, etc.
– des prédicats qui rendent compte des relations entre les variables. Par exemple « est
plus petit que » qui est noté ¶, « addition », etc.
– des connecteurs logiques comme « et », « ou », etc.
– et enfin des quantificateurs au nombre de deux : l’un « existentiel » noté ∃ et l’autre
« universel » ∀.
I.2 — Syntaxe
Ces symboles peuvent être employés selon une syntaxe précise qui est constitué à la fois
de règles concernant les objets proprement mathématiques (toute parenthèse ouverte
doit être fermée, le signe × doit être précédé et suivi d’un symbole, etc.), ainsi que des
règles propres à la définition des objets.
Exemple
p
– « 2 = » n’est pas syntaxiquement correcte ;
– « x = ln(−2) » non plus (la syntaxe du symbole ln n’est pas respectée) ;
– « 1 + 1 = 1 » est syntaxiquement correct, quoique fausse ;
– « 2 est un entier pair » ;
– « Cette phrase est écrite avec une faute d’orthographe » (syntaxiquement correct,
mais fausse — j’espère !).
5
X
lim un = = 50
n→+∞
0
Pour bien travailler on doit donc penser à vérifier la syntaxe des énoncés : utiliser une
fonction dans son domaine de définition, vérifier la convergence d’une suite avant
d’écrire le symbole lim, etc.
Beaucoup d’erreurs d’élève sont en réalité des erreurs de syntaxe. Les erreurs de raison-
nement sont souvent plus subtiles et plus difficiles à expliquer.
II — Logique — Valeurs de vérités 3
axiome supplémentaire, l’axiome du choix, encore que les discussions sur la nécessité
d’ajouter cet axiome restent vives.
Les termes « théorèmes », « corollaires », « propositions », « propriétés », « lemmes » dési-
gnent tous des propositions établies comme vraies. L’usage veut que les résultats les
plus importants soient dénommés « théorèmes », que les « corollaires » soient des consé-
quences immédiats d’un théorème. Les « propriétés » sont en général des théorèmes
qui énoncent des propriétés algébriques. Quand aux « lemmes », ce sont des résultats
intermédiaires dans une démonstration un peu étendue.
II.2.1 — Négation
P non P
V F
F V
II.2.2 — « et », « ou »
À l’intérieur d’un raisonnement, les connecteurs logiques permettent d’envisager diffé-
rentes situations, selon la véracité des assertions qu’ils relient. Ils sont définis de façon
à correspondre aux notions usuelles « et » et « ou ».
P Q P et Q P Q P ou Q
V V V V V V
V F F V F V
F V F F V V
F F F F F F
Exemple
– La négation de « la voiture est bleue ou c’est une Renault » et celle de « mon animal
de compagnie est un chien ou un chat ».
– Donner la négation, pour x ∈ R, de 3 ¶ x ¶ 7.
– Donner la négation, pour x ∈ R, de 3 ¶ x ¶ −7.
– Donner la négation, pour (x, y) ∈ R2 , de
• distributivité de « ou » sur « et » :
P ou (Q et R) = (P ou Q) et (P ou R)
1. Auguste De Morgan (27 juin 1806 à Madurai (Tamil Nadu) - 18 mars 1871) est un mathématicien et logicien
britannique, né en Inde. Il fût un excellent professeur, et le fondateur avec Boole de la logique moderne.
II — Logique — Valeurs de vérités 6
II.2.3 — Implication
La plupart des théorèmes mathématiques s’écrivent sous la forme d’une implication :
« Si (tels et tels objets ont telles et telles propriétés) alors (Q est vrai) ».
P Q P =⇒ Q P Q P ⇐⇒ Q
V V V V V V
V F F V F F
F V V F V F
F F V F F V
Exemple Vous cherchez à déterminer l’espèce d’une arbre. Pour cela, vous regardez
s’il a des fruits. Vous en trouvez un : c’est une pomme. L’arbre est donc un pommier,
suivant l’implication « Il y a une pomme sur l’arbre, donc c’est un pommier ».
Il est impossible que l’arbre soit autre chose qu’un pommier si on trouve une pomme sur
une de ces branches, ce qui explique la seconde ligne du tableau.
Si nous ne trouvons pas de pommes dans l’arbre, devons nous en déduire que notre
implication est fausse ? Bien sûr que nous. L’arbre peut-être un pommier ou non, bien
que nous ne puissions pas prévoir s’il l’est ou pas. Ainsi les deux dernières lignes du
tableau correspondent bien au sens commun, quoiqu’on ait jamais besoin d’y songer.
Remarque I.1 Remarquez que « faux implique n’importe quoi » et que « faux ⇐⇒
faux »...
Exemple A Montrons la proposition suivante : soit p ∈ N, si p2 est pair alors p est pair.
Raisonnons par contraposée : supposons que p est un entier impair. Comme p est impair,
il existe un entier k tel que p = 2k + 1. Alors p2 = 4k2 + 4k + 1 = 2(2k2 + 2k) + 1 et
nous constatons que p2 est impair. Nous avons donc démontré la contraposée.
P vraie
et P =⇒ Q
donc Q vraie
Il faut comprendre que la valeur de vérité de Q n’était pas connue au préalable. Elle a
été déduite de la théorie (ici le théorème P =⇒ Q) et des hypothèses (ici P est vraie).
La « théorie » en question est l’ensemble des résultats du cours, ainsi que les résultats
précédemment établis dans l’exercice.
∀x ∈ R+ , 2× x ¾ x
La démonstration est très simple, mais il est intéressant d’en comprendre la structure.
La mini-théorie fournit deux « théorèmes ». Ceux-ci sont de la forme archi-courante
« Si x vérifie telle propriété alors x vérifie telle autre propriété ». Il s’agit donc d’une
implication logique « P =⇒ Q ».
Ici, supposons donc que x est un réel positif. Appliquons le second théorème dans le cas
particulier y = x (ce qui est possible, puisque x est aussi un réel). On en déduit que
« x + x ¾ x ».
On peut aussi appliquer le premier théorème à x : x + x = 2 × x.
En conclusion « 2 × x ¾ x ».
III — Quantificateurs
Ce sont les quantificateurs qui donnent à la théorie mathématique sa puissance et sa
généralité : c’est la composante réellement abstraite des mathématiques.
III.1 — Prédicat
III.2 — ∀, ∃
Les quantificateurs servent à « fermer » une prédicat pour en faire une proposition.
Par exemple « (x + 1)2 − x 2 est pair » est un prédicat que l’on peut fermer par un
quantificateur de la façon suivante : « ∀x ∈ N, (x + 1)2 − x 2 est pai r ».
Ce fermeture permet de transformer le prédicat en une assertion dont on va ensuite
établir la valeur de vérité.
Par exemple supposons que E est l’ensemble {−1, 0, 4} est que P(x) est le prédicat
(x + 1)2 − x est pair. On peut tester les trois valeurs et se rendre compte que la propriété
est fausse : elle ne marche pas avec 0. On dit que 0 est un contre-exemple.
Toutefois le prédicat P fonctionne avec 0. Ainsi la proposition « ∃x ∈ (−1, 0, 4) , P(x) »
est vraie.
Est-ce que « ∃ y ∈ (−1, 0, 4) , P( y) » est vraie ? Oui, évidemment ! La notation x ne joue
aucun rôle dans la démonstration. Elle n’a été utile que durant la démonstration, mais
n’a pas de sens en dehors. On parle de variable liée.
On parle dans le premier cas de contre-exemple. Par exemple : « tout les nombres impairs
sont premiers » est nié par le contre-exemple « le nombre impair 9 n’est pas premier ».
III — Quantificateurs 11
(B) ∀(x, y) ∈ R+ , x 3 + 2x − 3 = 0 et y 3 + 2 y − 3 = 0 =⇒ x = y
x 3 + 2x − 3 = 0 et y 3 + 2 y − 3 = 0 =⇒ x 3 + 2x − 3 = y 3 + 2 y − 3
=⇒ x 3 − y 3 = 2( y − x)
=⇒ (x − y)(x 2 + x y + y 2 ) = −2(x − y)
voir ??
=⇒ x − y = 0 ou x 2 + x y + y 2 = −2
Or la seconde proposition est fausse. La première est donc vraie, puisque l’ensemble
doit être vrai. Ainsi
x 3 + 2x − 3 = 0 et y 3 + 2 y − 3 = 0 =⇒ x = y
La proposition « ∃x ∈ E, P(x) » est souvent difficile à démontrer, car elle suppose a priori
d’exhiber l’élément x. La plupart du temps, il faut trouver une astuce pour s’assurer
l’existence de x sans avoir à le calculer. Le raisonnement par l’absurde est ici d’une
grande aide. En effet, la négation de « ∃x ∈ E, P(x) » étant « ∀x ∈ E, non P(x) » on
peut se ramener au cas précédent.
La proposition « ∃!x ∈ E, P(x) » nécessite deux étapes de démonstration : d’abord
prouver l’existence de x et ensuite son unicité.
Exercice 6 Dire si les assertions suivantes sont vraies, fausses... ou autre chose.
1. ∀x ∈ R, x2 > 1;
III — Quantificateurs 12
2. ∀x ∈ N∗ , x2 > 1;
3. ∀x ∈ C, x2 > 1;
4. ∃x ∈ R, x2 > 1;
5. ∃x ∈ R+ , x 3 − 3x + 1 > 0 ;
6. ∃z ∈ R, ∀x ∈ R, ∀ y ∈ R x = y + z.
Exemple Démontrer que pour tout réel x il existe un réel y tel que x y + x 2 + y = 1.
On peut commencer un calcul simple
x y + x2 + y = 1 =⇒ y(x + 1) = 1 − x 2
Mais maintenant, on veut pouvoir diviser par x + 1, ce qui n’est possible que si x est
différent de −1. Le raisonnement par disjonction des cas est tout à fait adapté.
Si x 6= −1, alors on trouve y = (1 − x 2 )/(1 + x) = 1 − x. La propriété est donc vraie,
puisque y existe (et d’ailleurs, il est unique).
Si x = −1, alors l’équation devient 0 = 0, qui est vraie quelque soit y. La propriété est
vraie : toutes les valeurs réelles de y conviennent.
En conclusion, quelque soit la valeur de x, il existe un réel y tel que etc.
V — Raisonnements par récurrence 14
n(n + 1)
∀n ∈ N 1 + 2 + 3 + ··· + n =
2
Pour cela on écrit la somme dans les deux sens, et on somme :
Sn = 1 + 2 + 3 + · · · + n
Sn = n + (n − 1) + · · · + 1
Cela signifie-t-il que toutes les propositions sont vraies ? Évidemment non, car il nous
manque une information : que la première proposition de la chaîne, à savoir H(0) est
aussi vraie. En résumé,
1 − un
u0 = 1/2∀n ∈ N, un+1 =
n
Montrer que ∀n ∈ N un > 0.
Récurrence à deux pas On a parfois besoin d’une version plus puissante de la récurrence
Ici on établit une chaîne d’implications un peu plus compliquée, et c’est pour cela qu’il
est nécessaire de démontrer aussi H(1). Sans cela, la seconde hypothèse ne suffirait pas
à démontrer H(1).
Montrer que ∀n ∈ N un = 2n .
Une déduction est une suite de formules telle que chaque formule A apparaissant dans
cette suite vérifie l’une des conditions suivantes :
– A est l’un des théorèmes déjà démontrés (ou un des axiomes) dans lequel les variables
sont remplacées par des formules ;
– il existe deux formules précédant A qui sont de la forme B =⇒ A et B ; on dit alors
que A est obtenue par modus ponens (déduction logique) entre ces deux formules. On
représente une déduction en écrivant les formules ligne par ligne et en adjoignant
un commentaire à chaque ligne pour expliquer comment la formule correspondante
a été obtenue.
V — Raisonnements par récurrence 16
V.3 — Définition
Dans cette perspective formelle, une définition est une manière de résumé en un mot
une propriété plus ou moins complexe.
Un exemple typique de définition est
∀(x, y) ∈ I 2 , x ¶ y =⇒ f (x) ¶ f ( y)
Une manière de procéder consiste à supposer connues deux solutions de l’équation puis
à montrer qu’elles sont égales. Ainsi l’énoncé (A) est équivalent à l’énoncé (B) suivant
(B) ∀(x, y) ∈ R+ , x 3 + 2x − 3 = 0 et y 3 + 2 y − 3 = 0 =⇒ x = y
Vous êtes bien d’accord que si nous démontrons l’énoncé (B), alors nous avons démontré
l’énoncé (A) ? Or (B) est une implication. Pour le démontrer, nous allons supposer vrai
le coté gauche de l’implication et montrer que le côté droit est vrai.
x 3 + 2x − 3 = 0 et y 3 + 2 y − 3 = 0 =⇒ x 3 + 2x − 3 = y 3 + 2 y − 3
=⇒ x 3 − y 3 = 2( y − x)
=⇒ (x − y)(x 2 + x y + y 2 ) = −2(x − y)
voir ??
=⇒ x − y = 0 ou x 2 + x y + y 2 = −2
Or la seconde propostion est fausse. La première est donc vraie, puisque l’ensemble
doit être vrai. Ainsi
x 3 + 2x − 3 = 0 et y 3 + 2 y − 3 = 0 =⇒ x = y
Résumons nous : pour démontrer le résultat (A), nous avons remarqué qu’il était équi-
valent à l’implication (B), nous avons ensuite démontré l’implication (B).
En apprenant à suivre méthodiquement les implications et les équivalences vous serez
capables de comprendre les démonstrations les plus compliquées ! Retenez que vous
pouvez immédiatement remplacer une proposition par une proposition logiquement
équivalente, et retenez surtout que cette petite gymnastique est très utile !