Tanguy
Tanguy
Tanguy
Emmanuel Moulay
Spécialité : AUTOMATIQUE
À ma famille
Remerciements
Je tiens tout d’abord à remercier les collègues et amis qui ont accepté de participer à mon jury
et avec qui j’ai travaillé en étroite collaboration depuis plusieurs années : Patrick Coirault du La-
boratoire d’Informatique et d’Automatique pour les Systèmes de Poitiers, Wilfrid Perruquetti du
Laboratoire d’Automatique, Génie Informatique et Signal de Lille qui fut mon directeur de thèse
et Franck Plestan de l’Institut de Recherche en Communications et Cybernétique de Nantes. Ils
ont su me faire me partager leur vision pertinente et profonde de l’automatique.
Je tiens ensuite à remercier Jean-Pierre Barbot, Christophe Prieur et Witold Respondek, qui ont
accepté d’être rapporteurs de ce mémoire et de faire partie du jury. L’intérêt qu’ils portent à mon
travail est pour moi un encouragement et une source de motivation importants. Vilmos Komor-
nik et Jean-Pierre Richard me font l’honneur et le plaisir de participer au jury. Je les en remercie
chaleureusement.
Je voudrais exprimer ma profonde gratitue à mes co-auteurs avec qui j’ai travaillé avec plaisir
ces dernières années : Laurent Autrique du Laboratoire d’Ingénierie des Systèmes Automatisés
d’Angers, Olivier Bachelier du Laboratoire d’Informatique et d’Automatique pour les Systèmes
de Poitiers, Sanjay P. Bhat de Tata Consultancy Services en Inde, Sylvain Brémond du CEA de
Cadarache, Rémi Carles de l’Institut de Mathématiques et de Modélisation de Montpellier, De-
nis Efimov de l’INRIA Lille-Nord Europe, Thierry Floquet du Laboratoire d’Automatique, Génie
Informatique et Signal de Lille, Alain Glumineau de l’Institut de Recherche en Communications
et Cybernétique de Nantes, Qing Hui de la Texas Tech University aux États-Unis, Samir Ladaci
de l’Université de Skikda en Algérie, Rémy Nouailletas du CEA de Cadarache, Yuri Orlov du
Centro de Investigación Científica y de Educación Superior de Ensenada au Méxique, Nader
Yeganefar du Laboratoire d’Analyse Topologie et Probabilités de Marseille.
Je remercie aussi mon ami Nima Yeganefar et Patrice Remaud avec qui nous discutons souvent
d’histoire et de philosophie des sciences au Laboratoire d’Informatique et d’Automatique pour
les Systèmes de Poitiers. Je remercie Tomas Ménard, Oumar Gaye et Emmanuel Bernuau que
6 Remerciements
j’ai co-encadrés en thèse, ainsi que Claude Moog de l’Institut de Recherche en Communications
et Cybernétique de Nantes qui m’a aidé dans l’encadrement de Tomas Ménard. Je n’oublie pas
mon collègue de bureau Benjamin Bringier et les collègues de Poitiers tous très sympathiques.
Enfin, je remercie ma femme Sophie, mes enfants Judith, Lucas et Augustin ainsi que ma famille
et ma belle-famille, qui m’ont apporté un soutien quotidien indispensable.
Table des matières
Introduction générale 8
Notations et abréviations 13
1 Notions générales 15
1.1 Stabilité de Lyapunov, fonctions de Lyapunov et homogénéité . . . . . . . . . . 15
1.2 Rétractions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.3 Outils d’analyse des EDPs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
3 L’obstruction topologique 37
3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3.2 Rétraction du domaine d’attraction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.3 Obstruction topologique à la stabilisation par un retour d’état dépendant du temps 39
3.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
4.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
Perspectives 59
Bibliographie 69
Introduction générale
Ce manuscrit présente une partie du travail réalisé en théorie du contrôle des systèmes non li-
néaires depuis l’obtention de ma thèse en 2005 [97] en tant que chargé de recherche au CNRS
en Automatique à l’Institut de Recherche en Communications et Cybernétique de Nantes entre
2006 et 2009, puis au département SIC du laboratoire Xlim à Poitiers depuis 2010. Le lecteur
trouvera dans les livres suivants [26, 51, 52, 65, 73, 134, 142] quelques ouvrages de référence en
théorie du contrôle des systèmes non linéaires. Le mémoire est constitué de trois chapitres qui
regroupent respectivement mes travaux sur :
– l’observation en temps fini et la stabilisation des systèmes homogènes ;
– l’obstruction topologique ;
– le contrôle du flux magnétique et l’équation de Schrödinger d’ordre supérieur.
Cette sélection a été guidée par l’applicabilité des résultats. En effet, ce critère me paraît aujour-
d’hui plus que jamais important en science. Le fil conducteur du manuscrit reste l’utilisation des
fonctions de Lyapunov, introduites par Alexander Mikhaïlovich Lyapunov (1857-1918) [87], qui
interviennent dans presque toutes les preuves. En effet, les fonctions de Lyapunov permettent de
montrer la stabilité des systèmes en utilisant la seconde méthode de Lyapunov [69], la première
méthode étant dédiée à la linéarisation. De plus, elles permettent de caractériser complètement
la stabilité asymptotique uniforme, que ce soit pour les points d’équilibre [76] comme pour les
ensembles invariants [136]. J’ai choisi de ne pas mettre les preuves qui apparaissent dans les ré-
férences associées aux résultats présentés dans le mémoire, ceci afin de bien mettre en évidence
les axes de recherche suivis et ne pas alourdir la présentation.
Après un chapitre introductif rappelant les principales notions utilisées dans ce manuscrit, le cha-
pitre 2 présente une partie de mes travaux sur l’observation et la stabilisation pour les systèmes
homogènes. L’homogénéité pondérée permet d’avoir assez facilement la propriété de temps fini,
que ce soit pour le problème de la stabilisation en temps fini que j’ai développé dans ma thèse
[97] ou pour le problème de l’observation en temps fini. Nous avons construit au cours de la
thèse de Tomas Ménard un observateur global en temps fini pour les systèmes uniformément
observables, présenté dans la première partie du chapitre 2. Ce travail s’appuie sur l’observateur
en temps fini développé dans [115] pour les systèmes linéarisables par injection d’entrée-sortie
et sur l’observateur à grand gain développé dans [40]. Le caractère global permet de construire
l’observateur en temps fini sans se préoccuper des conditions initiales. Parmi les domaines d’ap-
plication des techniques d’observation en temps fini, mentionnons :
– la robotique humanoïde qui nécessite la stabilisation sur chaque pas et l’observation de cer-
taines variables en temps fini ;
10 Introduction générale
nous ne discrétisons qu’une fois le contrôleur construit pour trouver les paramètres ingénieurs.
Nous espérons ainsi préserver plus longtemps le modèle physique et améliorer les performances
de contrôle. Ceci m’a amené à m’intéresser davantage à la physique et en particulier à la méca-
nique quantique. J’ai ainsi vu la possibilité de développer des équations de Schrödinger d’ordre
supérieur. Ceci est présenté dans la seconde partie du chapitre 4. Nous obtenons l’existence des
solutions pour ces équations sans potentiel, avec un potentiel borné et avec un potentiel linéaire.
Nous montrons aussi que ces équations convergent vers l’équation semi-relativiste et possède
donc la propriété de prendre en compte certains effets relativistes modérés et sont donc plus
précises que l’équation de Schrödinger. En revanche, elles ne sont pas aussi universelles que
l’équation de Schrödinger car elles ne fonctionnent plus par exemple avec un potentiel harmo-
nique. Nous pensons cependant qu’elles constitueront une solution pratique intermédiaire entre
l’équation de Schrödinger et l’équation semi-relativiste et se prêteront à un contrôle plus précis
des systèmes quantiques pour des applications possibles en chimie, en physique atomique et en
optique [31].
Notations
Symbole Description
N: Ensemble des entiers naturels
N∗ : Ensemble des entiers naturels non nuls
R: Corps des réels
R≥0 : Ensemble des nombres réels positifs
R>0 : Ensemble des nombres réels strictement positifs
C: Corps des complexes
K: R ou C
|.| : Valeur absolue sur R et module sur C
k.kn : Norme euclidienne sur Rn
h., .i : Produit scalaire sur Rn
V: Voisinage non vide de l’origine dans Rn
ǫB n : Boule ouverte de rayon ǫ > 0 dans Rn
C 0 (E, F ) : Ensemble des fonctions continues de E dans F
C k (E, F ) : Ensemble des fonctions de classe k de E dans F
C ∞ (E, F ) : Ensemble des fonctions lisses de E dans F
Cc∞ (E, F ) : Ensemble des fonctions lisses à support compact de E dans F
S(Rn ) : Espace de Schwartz sur Rn
L2 (Ω) : Espace des fonctions de carré intégrable sur Ω ouvert de Rn
H s (Ω) : Espace de Sobolev sur Ω ouvert de Rn avec s ∈ R
⌈x⌋a : ⌈x⌋a = |x|a sgn(x), x ∈ R
M: Espace topologique localement compact
(M, ϕ) : Système dynamique
ϕ(t, x) : Semi-flot d’un système dynamique
TN : Espace tangent à la variété N
Lf V (x) : Dérivée de Lie de V le long de f
~: Constante de Planck réduite
c: Vitesse de la lumière dans le vide
14 Notations et abréviations
Abréviations
EDO : Equation différentielle ordinaire
EDP : Equation aux dérivées partielles
FLC : Fonction de Lyapunov contrôlée
ITER : International thermonuclear experimental reactor
LMI : Linear matricial inequality
LTE Long term evolution
SINR Signal to interference plus noise ratio
Chapitre 1
Notions générales
Ce chapitre présente des outils mathématiques de base qui seront utiles à la compréhension du
manuscrit.
Définition 1.2 Un ensemble K ⊂ M est asymptotiquement stable si les deux conditions sui-
vantes sont vérifiées :
1. K est stable au sens de Lyapunov, i.e. pour tout voisinage ouvert O ⊆ M de K, il existe
un voisinage ouvert U ⊆ M de K tel que ϕt (U ) ⊆ O pour tout t ≥ 0.
2. K est attractif, i.e. il existe un voisinage ouvert W ⊆ M de K tel que, pour tout x ∈ W et
tout voisinage ouvert U ⊆ M de K, il existe T ≥ 0 tel que ϕ(t, x) ∈ U pour tout t > T .
Si W = M, on dit que le système est globalement asymptotiquement stable. Le domaine d’at-
traction d’un ensemble asymptotiquement stable K ⊆ M est l’ensemble A des points x de M
tels que pour tout voisinage ouvert U de K, il existe T > 0 tel que ϕ(t, x) ∈ U pour tout t ≥ T .
On sait que le domaine d’attraction A d’un ensemble asymptotiquement stable est un ensemble
ouvert et invariant [69].
16 Chapitre 1 . Notions générales
qui correspond au système (1.2) auquel on applique le retour d’état u(x) = (u1 (x), . . . , um (x)).
On définit la notion de fonction de Lyapunov contrôlée introduite dans [3].
1.1 Stabilité de Lyapunov, fonctions de Lyapunov et homogénéité 17
Définition 1.7 Une fonction définie positive continûment différentiable V : V → R≥0 est une
fonction de Lyapunov contrôlée (FLC) pour le système (1.2) si pour tout x ∈ V \ {0},
inf (a (x) + hB (x) , ui) < 0
u∈Rm
où
a (x) = Lf0 V (x),
bi (x) = Lfi V (x), 1 ≤ i ≤ m,
B (x) = (b1 (x), . . . , bm (x)) .
Une FLC vérifie la propriété de petit contrôle si pour tout ǫ > 0, il existe δ > 0 tel que, si
x ∈ δB n , alors il existe u ∈ ǫB m tel que
a (x) + hB (x) , ui < 0.
On définit la notion d’homogénéité pondérée introduite dans [123] qui généralise la notion de
linéarité.
Définition 1.9 Une fonction V : Rn → R est homogène de degré d par rapport aux poids
(r1 , . . . , rn ) ∈ Rn>0 si
V (∆λ (x)) = λd V (x1 , . . . , xn )
pour tout λ > 0 où ∆λ (x) = (λr1 x1 , . . . , λrn xn ). Une fonction f : Rn → Rn est homogène
de degré d par rapport aux poids (r1 , . . . , rn ) ∈ Rn>0 si pour tout i ∈ {1, . . . , n}, la i−ème
composante fi est une fonction homogène de degré ri + d, i.e.
fi (∆λ (x)) = λri +d fi (x1 , . . . , xn )
pour tout λ > 0. Le système (1.1) est dit homogène de degré d par rapport aux poids (r1 , . . . , rn ) ∈
Rn>0 si f est homogène de degré d par rapport aux poids (r1 , . . . , rn ) ∈ Rn>0 .
Nous faisons maintenant un bref rappel concernant la stabilité en temps fini. Pour plus de détails,
le lecteur peut se référer à [97]. La stabilité en temps fini est plus restrictive que la stabilité asymp-
totique. Dans le cas d’un système stable en temps fini à l’origine, toutes les solutions convergent
en temps fini vers l’origine. Un tel système ne possède donc pas la propriété d’unicité des so-
lutions et ne peut être lipschitzien à l’origine. Nous serons obligés de considérer des systèmes
continus et non lipschitziens à l’origine. Pour un système continu, l’existence des solutions au
sens classique est toujours assurée, mais l’unicité ne l’est pas, contrairement aux systèmes lip-
schitziens. Il est possible d’obtenir la stabilité en temps fini pour des systèmes seulement continus
ayant l’unicité à droite des solutions. On définit ainsi la notion d’unicité à droite des solutions.
18 Chapitre 1 . Notions générales
Définition 1.10 Le système (1.1) possède l’unicité à droite des solutions si pour tout x0 ∈ Rn ,
il existe Tx0 > 0 tel que, si ϕ1 : [0, T1 ) × Rn → Rn et ϕ2 : [0, T2 ) × Rn → Rn sont deux
solutions maximales de (1.1) avec ϕ1 (0, x0 ) = ϕ2 (0, x0 ) = x0 , alors Tx0 ≤ min{T1 , T2 } et
ϕ1 (t, x0 ) = ϕ2 (t, x0 ) pour tout t ∈ [0, Tx0 ).
On peut supposer sans perte de généralité que pour tout x0 ∈ Rn , Tx0 est choisi de façon à être
le plus grand possible dans R≥0 .
On rappelle la définition de la stabilité en temps fini introduite dans [53] et dont une formulation
moderne est donnée dans [10].
Définition 1.11 ([10]) Supposons que f (0) = 0. L’origine du système (1.1) est un point d’équi-
libre stable en temps fini s’il existe une fonction T : V\{0} → (0, +∞), appelée temps d’éta-
blissement du système (1.1), telle qu’on ait les propriétés suivantes :
– stabilité au sens de Lyapunov : pour tout voisinage ouvert O ⊆ Rn de l’origine, il existe un
voisinage ouvert U ⊆ Rn de l’origine, tel que pour tout x0 ∈ U\{0} et pour toute solution
ϕ(t, x0 ) de (1.1) telle que ϕ(0, x0 ) = x0 , ϕ(t, x0 ) ∈ O pour tout t ∈ [0, T (x0 )).
– convergence en temps fini : pour tout x0 ∈ V\{0}, et pour toute solution ϕ(t, x0 ) de (1.1) telle
que ϕ(0, x0 ) = x0 , ϕ(t, x0 ) est définie sur [0, T (x0 )) et limt→T (x0 ) ϕ(t, x0 ) = 0.
L’origine du système (1.1) est un point d’équilibre globalement stable en temps fini s’il est stable
en temps fini avec V = Rn .
Les solutions décroissent et finissent par être nulles à partir d’un certain temps. Le système (1.4)
est donc stable en temps fini. De plus, le temps d’établissement est donné par
|x0 |1−α
T (x0 ) = .
1−α
Dans le cas général, l’utilisation directe de la définition 1.11 de la stabilité en temps fini n’est pas
possible sans la connaissance des solutions. Des conditions suffisantes ont donc été développées.
Dans [53], l’auteur a obtenu une première condition nécessaire et suffisante pour les systèmes
scalaires. Ce résultat se généralise aux dimensions supérieures, mais cette condition est alors
seulement suffisante [103].
1.2 Rétractions 19
1.2 Rétractions
Nous rappelons différentes notions concernant les rétractes qui seront utiles pour le chapitre 3.
Le lecteur pourra trouver de nombreuses informations sur la théorie des rétractes dans [64].
h (0, y) = y,
h (1, y) ∈ X,
h (1, x) = x,
pour tout y ∈ Y et x ∈ X.
3. X est un rétracte par déformation forte de Y s’il existe une homotopie continue h : [0, 1] ×
Y → M telle que
h (0, y) = y,
h (1, y) ∈ X,
h (t, x) = x,
Un ensemble Y ⊆ M est contractible s’il existe x ∈ M tel que l’ensemble singleton X = {x}
est un rétracte par déformation forte de Y .
20 Chapitre 1 . Notions générales
Proposition 1.16 ([100]) Supposons que X ⊆ M soit un rétracte par déformation faible de
Y ⊆ M. Alors on a les résultats suivants.
1. Si X est un rétracte de voisinage de M, alors X est un rétracte de Y .
2. Si X est un rétracte par déformation de voisinage de M, alors X est un rétracte par
déformation de Y .
3. Si X est un rétracte par déformation forte de voisinage de M, alors X est un rétracte par
déformation forte de Y .
∂ β1 ∂ β2 ∂ βn
∂β f = ... f.
∂xβ1 1 ∂x2β2 ∂xβnn
Définition 1.17 On définit l’espace de Schwartz par
S(R ) = f ∈ C ∞ (Rn ; K) : sup xα ∂ β f (x) < +∞,
n
∀α, β ∈ N n
.
x∈Rn
et la formule de Plancherel
kukL2 (Rn ) = kb
ukL2 (Rn ) , ∀u ∈ L2 (Rn )
Définition 1.19 Soit Ω un ouvert de Rn , L2 (Ω) est l’espace des fonctions de carré intégrable sur
Ω, i.e. les fonctions mesurables u : Ω → K telles que
Z
|u(x)|2 dx < +∞.
x∈Ω
Si de plus s est un entier positif, l’espace de Sobolev H s (Ω) peut être caractérisé par
H s (Ω) = f ∈ L2 (Ω) : ∂ α f ∈ L2 (Ω), |α| ≤ s .
22 Chapitre 1 . Notions générales
Chapitre 2
2.1 Introduction
Dans ce chapitre, nous avons fait le choix de nous concentrer sur deux aspects de l’étude des
systèmes homogènes. Le premier aspect, présenté dans la partie 2.2 et développé en collabo-
ration avec Tomas Ménard et Wilfrid Perruquetti, concerne la construction d’observateurs en
temps fini pour des systèmes uniformément observables, globalement lipschitziens et dont l’en-
trée est bornée. Ce travail représente une suite naturelle et complémentaire de ma thèse [97]
qui traitait le problème de la stabilisation en temps fini. Le second aspect, présenté dans la par-
tie 2.3, concerne la stabilisation homogène pour un système homogène possédant une fonction
de Lyapunov contrôlée. Les méthodes proposées sont constructives et fournissent des stratégies
implémentables en théorie du contrôle, ce qui est un des objectifs majeurs en automatique.
Proposition 2.1 ([9]) Supposons que le système (1.1) soit homogène de degré d < 0 par rapport
aux poids (r1 , . . . , rn ) ∈ (0, +∞)n . Alors l’origine du système (1.1) est globalement stable en
temps fini si et seulement si elle est localement asymptotiquement stable.
Le résultat suivant montre que la stabilité en temps fini persiste même en présence de perturba-
tions sur l’état.
Proposition 2.2 ([12]) Considérons le système (1.1) et supposons que f se décompose sous la
forme f = g1 + · · · + gk où les gi sont continus et homogènes de degré mi par rapport aux poids
(r1 , . . . , rn ) ∈ (0, +∞)n pour tout i ∈ {1, . . . , k} avec m1 < m2 < · · · < mk . Si l’origine du
système
ẋ = g1 (x)
est stable en temps fini alors l’origine du système (1.1) est localement stable en temps fini.
On peut trouver une étude de la stabilité et de la stabilisation des systèmes homogènes dans
[12, 99]. Une première approche a été développée dans [63] utilisant l’homogénéité pour la
conception d’un contrôleur par retour de sortie pour les systèmes de dimension deux. À partir de
là, on a développé deux approches différentes. En effet, pour montrer qu’un système homogène
2.2 Observateurs en temps fini 25
est stable en temps fini, il faut montrer que son degré d’homogénéité est négatif et qu’il est
asymptotiquement stable au sens de Lyapunov. Les deux approches correspondent à la façon
de montrer la stabilité au sens de Lyapunov. Une première approche est celle par backstepping ;
cette construction est bien adaptée aux systèmes homogènes car c’est un algorithme récursif, voir
[119, 77, 78, 2]. Cependant, le calcul des gains se révèle compliqué quand l’ordre du système
augmente. Une approche alternative, basée sur le lemme du tube en topologie, a été proposée dans
[115] pour les systèmes linéarisables par injection d’entrée-sortie. Dans [131], cette approche a
été généralisée aux systèmes uniformément observables avec un observateur semi-global. Dans
[130], un observateur avec un gain adaptatif a permis d’obtenir la convergence globale. Nous
avons également construit un observateur global, mais avec un gain fixe qui est le même que
dans le cas linéaire. Ceci permet une mise en place simplifiée de l’observateur en temps fini [92].
où ⌈x⌋α = sgn(x).|x|α , α > 0. Les gains ki et les puissances αi sont définis dans la suite.
L’équation de l’erreur d’observation est donnée par :
ė1 = e2 − k1 ⌈e1 ⌋α1
α2
ė2 = e3 − k2 ⌈e1 ⌋
..
. (2.3)
ėn−1 = en − kn−1 ⌈e1 ⌋αn−1
ėn = −kn ⌈e1 ⌋αn
avec e = x̂ − x.
Afin de pouvoir appliquer la proposition 2.1, il faut choisir les puissances αi de telle façon que
le système (2.3) soit homogène. On a le résultat suivant.
26 Chapitre 2 . Observation en temps fini et stabilisation des systèmes homogènes
Théorème 2.3 ([115]) Soit α1 ∈ 1 − n1 , 1 , αi = iα1 − (i − 1) pour tout i ∈ {1, . . . , n} et les
gains (k1 , . . . , kn ) tels que la matrice A (−k1 , . . . , −kn ) soit de Hurwitz alors il existe ǫ ∈ 0, n1
tel que pour tout α1 ∈ (1 − ǫ, 1), le système (2.1) admet le système (2.2) pour observateur global
en temps fini.
V (α1 , e) = ẽT P ẽ
où 1
⌈e1 ⌋ q
1
⌈e2 ⌋ α1 q
ẽ = ..
.
1
⌈en ⌋ αn−1 q
avec q = Πni=1 ((i−1)α1 −(i−2)) le produit des poids, et P la solution de l’équation de Lyapunov
et le lemme du tube afin de prouver la stabilité de (2.3). Rappelons le lemme du tube qu’on peut
trouver par exemple dans [104].
Si les gains sont choisis de la même manière que pour un observateur linéaire avec une condition
de Hurwitz, alors en réglant le gain α1 assez proche de 1, on obtient la stabilité en temps fini
grâce au lemme du tube 2.4 qui permet de changer légèrement le paramètre α1 sans perdre la
stabilité.
Donnons un exemple d’application de ce théorème au circuit de Chua qui peut être utilisé pour
la synchronisation chaotique.
Exemple 2.5 ([115]) Le circuit de Chua appartient à la classe des systèmes chaotiques qui
peuvent être mis sous une forme canonique (1.5)-(1.6). Les équations de l’oscillateur de Chua
sont données par
1
C1 ẋ1 = R (x2 − x1 ) + h (x1 )
C2 ẋ2 = R1 (x1 − x2 ) + x3 (2.4)
Lẋ3 = −x2 − rx3
où L est l’inductance, R et r deux résistances, C1 et C2 deux capacités et
1
h (x) = G2 x1 + (G1 − G2 ) (|x1 + B| − |x1 − B|)
2
2.2 Observateurs en temps fini 27
la fonction de Chua qui est linéaire par morceaux. La sortie est y = x1 . Les variables x1 , x2 et
x3 représentent respectivement les tensions aux bornes des condensateurs de capacités C1 et C2 ,
et le courant électrique dans la bobine d’inductance L.
En utilisant la transformation z = T x avec
1 0 0
T = C21R + Lr C11R 0
1
C2 L
r r
1 + R C1 LR C1 C1 2 R
Pour les simulations, nous avons pris les valeurs numériques suivantes C1 = 10.04nF, C2 =
102.2nF, R = 1747Ω, r = 20Ω, L = 18.8mH, G1 = −0.756mS, G2 = −0.409mS et B = 1V.
On rappelle les unités utilisées : F le farad, H le henry, Ω l’ohm, S le siemens et V le volt. Le gain
de l’observateur a été réglé comme suit α1 = 0.7, k1 = 1000, k2 = 240, k3 = 24. La dynamique
de l’erreur d’observation e = ẑ − z est alors donnée par
0.7
ė1 = e2 − 1000 ⌈e1 ⌋
ė2 = e3 − 240 ⌈e1 ⌋0.4
ė3 = −24 ⌈e1 ⌋0.1
et e (t) converge vers l’origine en temps fini (voir les figures 2.1 et 2.2).
On peut alors utiliser ce système pour encrypter un message et le retrouver via l’utilisation d’un
observateur en temps fini [115].
−5
0 1 2 3 4 5 6 7
−1
0 1 2 3 4 5 6 7
−3
x 10
5
−5
0 1 2 3 4 5 6 7
F IGURE 2.1 – États du système (2.4) en trait plein et son observateur en pointillé
−1
0 1 2 3 4 5 6 7
−0.1
−0.2
0 1 2 3 4 5 6 7
−3
x 10
1
−1
0 1 2 3 4 5 6 7
L’observateur proposé dans [131] est basé sur l’observateur à grand gain développé dans [40] et
est de la forme P
x̂˙ 1 = x̂2 − k1 ⌈x̂1 − y⌋α1 + mj=1 g1j (x̂1 )uj
x̂˙ 2 = x̂3 − k2 ⌈x̂1 − y⌋α2 + Pm g2j (x̂1 , x̂2 )uj
j=1
.. (2.7)
.
x̂˙ = ϕ(x̂) − k ⌈x̂ − y⌋αn + Pm g (x̂)u
n n 1 j=1 nj j
Les puissances αi sont définies comme dans le théorème 2.3 et les gains sont donnés par
K = [k1 , . . . , kn ]T = S∞
−1
(θ)C T (2.8)
pour tout i ∈ {1, . . . , n − 1}. Le résultat de convergence suivant a été obtenu dans [131].
Théorème 2.6 ([131]) Supposons que l’entrée u ∈ Rm soit bornée et que les fonctions ϕ et gij
soient globalement lipschitziennes pour tout i ∈ {1, . . . , n} et j ∈ {1, . . . , m}, alors le système
(2.6) admet le système (2.7) comme observateur semi-global en temps fini.
30 Chapitre 2 . Observation en temps fini et stabilisation des systèmes homogènes
où 1
⌈e1 ⌋ q
1
⌈e2 ⌋ α1 q
ẽ = ..
.
1
⌈en ⌋ αn−1 q
avec q = Πni=1 ((i − 1)α1 − (i − 2)) le produit des poids et S∞ (θ) définie par l’équation (2.9).
Observateur global
Nous allons maintenant présenter le résultat que nous avons obtenu dans [92] où un observateur
global en temps fini pour les systèmes de la forme
P
ẋ1 = x2 + m j=1 g1j (x1 )uj
Pm
ẋ2 = x3 + j=1 g2j (x1 , x2 )uj
..
. (2.10)
P
ẋn = ϕ(x1 , . . . , xn ) + m
j=1 gnj (x1 , . . . , xn )uj
y = x1 = Cx
où e1 = x̂1 − x1 et les puissances αi sont définies comme dans le théorème 2.3 pour tout i ∈
{1, . . . , n}. Les gains ki sont définis par (2.8) et (2.9) et le gain ρ par
2
!
n 2 θ 3 S1 + 1
ρ=
2
avec
−1
S1 = max |S∞ (1)i,j |.|S∞ (1)j,1 |.
i,j∈{1,...,n}
Le terme de correction linéaire ρe1 dans l’observateur (2.11) qu’on ajoute à l’observateur (2.7)
permet d’obtenir la convergence globale. Le théorème suivant donne les conditions pour obtenir
la convergence globale de l’observateur.
2.3 Stabilisation des systèmes homogènes 31
Théorème 2.7 ([92]) Considérons le système (2.10) avec ϕ et gi,j globalement lipschitziennes
pour tout i ∈ {1, . . . , n} et j ∈ {1, . . . , m} et l’entrée u ∈ Rm bornée. Alors il existe un réel
0 < θ∗ < +∞ et ε > 0 tels que, pour tout θ > θ∗ et α ∈ (1 − ε, 1), le système (2.10) admet le
système (2.11) comme observateur global en temps fini.
De plus, il a été possible de borner le temps d’établissement du système d’erreur et nous ren-
voyons le lecteur à l’article [92] pour une preuve détaillée de ce résultat technique.
qui est déjà sous forme canonique observable (2.10). Nous considérons ici l’observateur suivant
˙ α
x̂1 = x̂2 − k1 (⌈e1 ⌋ + ρe1 )
x̂˙ 2 = x̂3 + x̂1 sin(x̂2 ) − k2 (⌈e1 ⌋2α−1 + ρe1 )
˙
x̂3 = sin(x̂1 + x̂2 + x̂3 ) − k3 (⌈e1 ⌋3α−2 + ρe1 )
Dans cette partie, nous allons présenter les résultats obtenus dans [98] où l’on cherche des retours
d’état homogènes en utilisant des FLCs. Nous utiliserons une formule modifiée de la formule de
Sontag donnée dans [133] afin d’obtenir un retour d’état homogène explicite. Dans un premier
temps, il est intéressant de chercher un retour d’état homogène même si la stabilisation homogène
n’est pas possible. En effet, les fonctions homogènes possèdent des propriétés intéressantes qui
permettent de restreindre leur étude à des variétés compactes (voir [121, Lemma 1]). Dans un
second temps, trouver un retour d’état homogène est souvent le premier pas pour la stabilisation
homogène. On peut aussi mentionner que certains systèmes homogènes stabilisables ne peuvent
pas être stabilisés par des retours d’état homogènes et ceci a été mis en évidence dans [122] et
[129] pour des systèmes affines.
Définition 2.9 Le système (1.2) est stabilisable (respectivement continûment stabilisable) s’il
existe un retour d’état u ∈ C 0 (V \ {0} , Rm ) (respectivement u ∈ C 0 (V, Rm )) tel que :
1. u (0) = 0,
2. l’origine du système (1.3) est asymptotiquement stable.
Si on veut utiliser une FLC pour obtenir un retour d’état homogène, on peut utiliser une version
modifiée du contrôle de Sontag. On considère dans la suite les fonctions a(x), bi (x), 1 ≤ i ≤ m
2.3 Stabilisation des systèmes homogènes 33
Lemme 2.10 ([98]) S’il existe une FLC V : V → R≥0 pour le système affine (1.2), alors il est
stabilisable par le retour d’état u (x) = (u1 (x) , . . . , um (x)) défini par
( 1
a(x)+(|a(x)|p +b(x)q ) p
ui (x) = −bi (x) b(x)
if x ∈ V\ {0} (2.12)
0 if x = 0
où p > 1, q > 1 sont des constantes positives. Si de plus V vérifie la propriété de petit contrôle,
alors le retour d’état (2.12) est ausi continu à l’origine.
La preuve détaillée de ce résultat se trouve dans [98] et une version plus faible se trouve dans
[102, Lemma 19]. Le contrôle de Sontag donné dans [133] correspond au cas particulier où
(p, q) = (2, 2).
On donne un résultat de stabilisation par un retour d’état homogène pour les systèmes avec une
seule entrée u.
Théorème 2.11 ([98]) Considérons le système affine (1.2) avec m = 1. S’il existe :
1. une FLC V : V → R≥0 pour le système affine (1.2) telle que a (x) est homogène de degré
d0 et B (x) est homogène de degré d1 par rapport aux poids (r1 , . . . , rn ) ∈ Rn>0 ;
2qd1
2. p > 1, q > 1 des réels positifs tels que p = ;
d0
alors le retour d’état
( 1
a(x)+(|a(x)|p +b(x)q ) p
u (x) = − B(x)
if x ∈ V\ {0} (2.13)
0 if x = 0
stabilise le système (1.2) et est homogène de degré d0 − d1 par rapport aux poids (r1 , . . . , rn ). Si
de plus V vérifie la propriété de petit contrôle, alors le retour d’état (2.13) stabilise continûment
le système (1.2).
et la FLC
x21 + x22
V (x) = .
2
Alors a (x) = −x41 est homogène de degré 4 et B (x) = x2 est homogène de degré 1 par rapport
aux poids (1, 1). Comme
a (x) −x41
= ≤0
|B (x)| |x2 |
34 Chapitre 2 . Observation en temps fini et stabilisation des systèmes homogènes
Nous allons maintenant donner un résultat de stabilisation par un retour d’état homogène pour
les systèmes à entrées multiples.
Théorème 2.14 ([98]) Considérons le système affine (1.2) avec m = 1 où f0 (x) est homogène
de degré d0 et f1 (x) est homogène de degré d1 par rapport aux poids (r1 , . . . , rn ) ∈ Rn>0 . S’il
existe une FLC V : V → R≥0 pour le système (1.2) homogène de degré d par rapport aux poids
(r1 , . . . , rn ) ∈ Rn>0 , alors le retour d’état (2.13) où
2q (d + d1 )
p= , p > 1, q > 1,
d + d0
est homogène de degré d0 − d1 et le système bouclé (1.3)-(2.13) est homogène de degré d0 par
rapport aux poids (r1 , . . . , rn ). Si de plus V vérifie la propriété de petit contrôle, alors le retour
d’état (2.13) stabilise continûment le système (1.2).
1.5
0.5
2
0
x
−0.5
−1
−1.5
−1 −0.5 0 0.5 1
x
1
et la FLC
x21 + x22
V (x) =
2
−x1 − x2
homogène de degré 2 par rapport aux poids (1, 1). On a f0 (x) = qui est ho-
x1
0
mogène de degré 0 et f1 (x) = qui est homogène de degré −1 par rapport aux poids
1
(1, 1). Le théorème (2.14) avec p = q, par exemple (p, q) = (2, 2), implique que le système est
stabilisable par le retour d’état
1
x2 − (x81 + x82 ) 4
u (x) = 1 (2.15)
x2
qui est homogène de degré 1 par rapport aux poids (1, 1). De plus, le système bouclé (2.14)-
(2.15) est homogène de degré 0 par rapport aux poids (1, 1).
La figure 2.4 présente les portraits de phase des systèmes bouclés avec le contrôle linéaire u =
−x2 en rouge et le contrôle homogène (2.15) en bleu.
On a donc pu construire pour le système (2.14) un retour d’état homogène de degré 0 autre que
le retour d’état linéaire.
36 Chapitre 2 . Observation en temps fini et stabilisation des systèmes homogènes
2.4 Conclusion
La première partie de ce chapitre a été consacrée à la construction d’observateurs en temps fini.
Dans la seconde partie, nous avons étudié la stabilisation homogène pour un système homogène
possédant une fonction de Lyapunov contrôlée.
Nous soulignons le fait que nos travaux réalisés sur les observateurs sont allés au-delà des obser-
vateurs en temps fini. Nous avons en particulier développé une approximation homogène pour
l’observabilité pouvant être utilisée pour la construction de nouveaux observateurs plus perfor-
mants [93]. Cependant, cette méthode n’est pas systématiquement constructive. Quant à nos
travaux sur la stabilité et la stabilisation des systèmes homogènes, nous pouvons aussi citer un
travail concernant les systèmes homogènes dépendant d’un paramètre [99]. Ce travail ne fournit
pas de nouvelles méthodes constructives mais généralise un résultat obtenu par Sanjay P. Bhat
dans [12].
Chapitre 3
L’obstruction topologique
3.1 Introduction
Il existe deux principales obstructions topologiques à la stabilisation. La première qui s’appelle
l’obstruction de Brockett est une obstruction locale reliée à la structure du système contrôlé
[19]. La seconde qui s’appelle l’obstruction topologoqie est une obstruction globale reliée à la
topologie de l’espace d’état du système dynamique [134, Thm. 21].
Nous allons faire un bref rappel des obstructions tournant autour de l’obstruction de Brockett et
de leurs relations. Il y a plusieurs conditions nécessaires à la stabilité et la stabilisation d’un point
d’équilibre d’une équation différentielle. La première condition nécessaire de stabilisation est la
condition de Brockett donnée dans [19, Theorem 1] pour les systèmes lisses. Cette condition est
encore vraie pour les systèmes continus [108] et même pour une classe de systèmes discontinus
[124]. Une condition nécessaire de stabilité appelée la condition de l’indice est donnée dans [72,
Theorem 52.1]. Cette condition utilise la théorie du degré qui est rappelée dans [80]. Elle est
vraie pour les systèmes en dimension finie et s’exprime en utilisant le degré de Brouwer, et pour
les systèmes en dimension infinie et s’exprime alors en utilisant le degré de Leray-Schauder (voir
par exemple [109] et [110, Theorem 2.2]). Cette condition a été étendue aux systèmes discontinus
dans [45]. Une autre condition nécessaire à la stabilisation appelée la condition de Coron a été
proposée dans [24]. Elle est basée sur les groupes d’homologie et d’homotopie. Récemment,
la condition de Coron a été étendue à la stabilisation des sous-variétés de codimension un en
utilisant la dualité de Poincaré dans [88]. Les relations entre ces conditions sont schématisés par
le tableau (3.1).
(a) (b)
Stabilisation asymptotique → Condition de l’indice → Condition de Brockett
(c) (d)
↓ ր
Condition de Coron
(3.1)
Avec des hypothèses supplémentaires physiquement peu réalistes, un résultat inverse à l’im-
plication (a) est présenté dans [110, Theorem 2.2]. Un résultat inverse à l’implication (c) est
donné dans [26, Theorem 11.8] pour la stabilisation dynamique des systèmes analytiques. On
peut trouver une démonstration de l’implication (b) dans la preuve de la condition de Brockett
38 Chapitre 3 . L’obstruction topologique
donnée dans [134, Theorem 22] ou dans [26, Theorem 11.4]. Les auteurs utilisent le fait que le
degré est un invariant homotopique lorsque l’homotopie vérifie une condition de bord. De plus,
l’article [141] développe les conditions de l’indice et de Brockett pour des attracteurs globaux.
La théorie de l’homotopie a aussi été utilisée pour une obstruction à la stabilisation simultanée
dans [29]. La condition de l’indice est dédiée aux points d’équilibre et est basée sur la théorie du
degré. Elle a été présentée pour la première fois pour la stabilité asymptotique dans [72].
Nous allons présenter deux développements tournant autour de l’obstruction topologique. Le
premier développement présenté dans la partie 3.2 et publié avec Sanjay P. Bhat montre que
le domaine d’attraction se rétracte sur un ensemble asymptotiquement stable dans un sens que
nous définirons. Le second développement présenté dans la partie 3.3 concerne l’obstruction
topologique à la stabilisation par un retour d’état dépendant du temps et a été développé en col-
laboration avec Emmanuel Bernuau et Wilfrid Perruquetti. On sait qu’on peut lever l’obstruction
de Brockett par un retour d’état dépendant du temps, malheureusement il n’en est pas de même
pour l’obstruction topologique pour une notion de stabilité uniforme que nous définirons.
Théorème 3.1 ([100]) Supposons que K soit un ensemble compact asymptotiquement stable
pour le système dynamique (M, ϕ) avec le domaine d’attraction A. Alors K est un rétracte
par déformation faible de A.
Pour démontrer ce résultat, on utilise l’existence d’une fonction de Lyapunov donnée par le
théorème inverse de Lyapunov dans [14, Theorem 2.10] et le semi-flot.
Remarque 3.2 Le théorème 3.1 reste valide lorsque M est un espace de Hausdorff localement
compact et K est un ensemble invariant asymptotiquement stable (voir [13, Theorem 10.6]).
Le corollaire suivant est une conséquence immédiate du théorème 3.1 et de la proposition 1.16.
Corollaire 3.3 ([100]) Supposons que K soit un ensemble compact asymptotiquement stable
pour le système dynamique (M, ϕ) avec le domaine d’attraction A. Alors on a les résultats
suivants :
1. Si K est un rétracte de voisinage de M, alors K est un rétracte de A.
3.3 Obstruction topologique à la stabilisation par un retour d’état dépendant du temps 39
ayant une variété compacte pour base ne possède pas d’équilibre globalement asymptotiquement
stable. En terme de stabilisation, cela signifie que si l’espace d’état d’un système dynamique a
la structure d’un fibré vectoriel ayant une variété compacte pour base, alors aucun retour d’état
statique continu ne peut globalement stabiliser un point d’équilibre. On sait que la condition de
Brockett peut être levée par l’utilisation d’un retour d’état dépendant du temps. L’existence de
tels retours d’état a été montrée dans [25] pour des systèmes vérifiant la condition d’accessibilité
du rang. Une construction explicite a été proposée sous une hypothèse supplémentaire sur l’al-
gèbre de Lie de contrôle dans [118]. Une question naturelle qu’on peut se poser est de savoir si
l’obstruction topologique peut aussi être levée par un retour d’état dépendant du temps comme
cela a été suggéré dans l’introduction de [105].
Dans [11, Remark 1], les auteurs mentionnent le fait que leur résultat est encore vrai dans le cas
des retours d’état dynamiques. En effet, un retour d’état dynamique est vu comme une extension
dynamique où l’état du système augmenté est stable. Dans ce cas, le résultat présenté dans [11]
est applicable directement avec la méthode proposée dans leur article. On peut voir le retour
d’état dépendant du temps comme une extension dynamique utilisant la dynamique τ̇ = 1. Ce-
pendant dans cette situation, il n’y a pas de convergence vers un unique point d’équilibre, mais
vers une sous-variété. Le résultat présenté dans [11] n’est alors plus applicable dans ce contexte.
Nous allons voir dans cette partie que l’obstruction reste encore valable dans le cas d’un re-
tour d’état dépendant du temps, au sens de la stabilité uniforme asymptotique, pour un système
dynamique défini sur un fibré ayant une variété compacte pour base.
Par variété, nous entendons une variété connexe lisse de dimension finie sans bord. La définition
d’un fibré, plus générale que celle d’un fibré vectoriel, est donnée par exemple dans [1]. Nous
rappelons un premier résultat concernant les variétés compactes.
ẋ = f0 (x, u) x ∈ N , u ∈ U, (3.2)
avec N une variété, U l’ensemble des contrôles admissibles et f0 une fonction continue.
On se pose la question de la stabilisabilité du système (3.2) via un retour d’état dépendant du
temps u(x, t). Pour cela, posons τ̇ = 1 et regardons la stabilité asymptotique partielle du système
bouclé (
ẋ = f0 (x, u(x, τ ))
τ̇ = 1
On introduit les définitions de stabilité partielle que nous utiliserons et qui sont adaptées de [50].
Le dernier point de la définition 3.8 est légèrement différent des définitions standards. En effet,
nous avons seulement besoin que la stabilité soit uniforme par rapport à τ pour prouver le ré-
sultat principal de cette partie. L’uniformité par rapport à τ au niveau de la convergence qui est
généralement requise ne l’est pas ici.
La définition suivante de la stabilisabilité dépendant du temps est inspirée de [69, Chapter 12] et
adaptée à un contexte de stabilité partielle.
Définition 3.9 ([7]) Le système (3.2) est globalement asymptotiquement uniformément stabi-
lisable par un retour d’état continu dépendant du temps s’il existe xe ∈ N , une variété T ,
une application continue f2 : N × T → TT avec f2 (x, τ ) ∈ Tτ T pour tout x ∈ N et tout
τ ∈ T et un retour d’état continu u(x, τ ) tel que xe soit un équilibre partiel du système bouclé
(ẋ, τ̇ ) = (f0 (x, u(x, τ )), f2 (x, τ )) et soit partiellement globalement uniformément asymptotique-
ment stable en τ .
Dans [11, Theorem 1], les auteurs utilisent la proposition 3.7 pour prouver que si une variété N
admet une structure de fibré vectoriel ayant une variété compacte pour base, alors aucun système
(3.2) ayant une fonction continue f0 sur N ne peut avoir un unique point d’équilibre globale-
ment asymptotiquement stable. Ils concluent que le système (3.2) ne peut pas être globalement
asymptotiquement stabilisé par un retour d’état continu. On peut étendre ce résultat de la façon
suivante.
Théorème 3.11 ([7]) Supposons que N soit une variété avec une structure de fibré ayant une
variété compacte pour base. S’il existe une section continue du fibré alors le système (3.2) n’est
pas globalement asymptotiquement uniformément stabilisable par un retour d’état continu dé-
pendant du temps de sorte que le système augmenté a l’unicité à droite des solutions.
L’espace d’état est l’espace tangent au cercle noté TS1 . L’espace tangent TS1 a la structure d’un
fibré vectoriel ayant pour base la variété compacte S1 avec la projection π0 donnée par
π0 (θ, ω) = θ.
De plus, en tant que fibré vectoriel, l’espace fibré tangent admet la section nulle comme section
continue. On peut se demander s’il est possible de construire un retour d’état continu dépendant
du temps u(θ, ω, t) qui stabilise globalement un état (θ0 , 0) tel qu’on ait l’unicité à droite du
système bouclé. Comme S1 est compact, d’après le théorème 3.11 le système (3.3) ne peut pas
être globalement asymptotiquement uniformément stabilisé.
Finalement, en prenant en compte le théorème 3.11 et [11, Theorem 1], on a le résultat suivant.
Corollaire 3.13 ([7]) Considérons le système (3.2) défini sur une variété avec une structure de
fibré ayant une variété compacte pour base. S’il existe une section continue du fibré alors le
système (3.2) n’est pas globalement asymptotiquement uniformément stabilisable par un retour
d’état continu dynamique de sorte que le système augmenté a l’unicité à droite des solutions.
L’obstruction topologique du théorème 3.11 nous empêche d’avoir un retour d’état continu qui
stabilise globalement asymptotiquement et uniformément le système (3.2) si l’espace d’état est
une variété avec une structure de fibré ayant une variété compacte pour base, que le retour d’état
soit dépendant du temps ou dynamique. De plus, les auteurs de l’article [90] ont prouvé que
cette obstruction reste encore valable dans le cas des systèmes discontinus dans le cadre théo-
rique des inclusions différentielles. Ainsi, l’obstruction topologique est une contrainte forte de
stabilisation, et peu de techniques restent à disposition pour la contourner. D’abord, comme la
propriété d’uniformité est utilisée et nécessaire pour la preuve du théorème 3.11, la possibilité
d’une stabilisation non uniforme reste ouverte mais peu réaliste en pratique. Ensuite, les retours
d’états hybrides sont peut-être une solution d’avenir pour résoudre le problème comme suggéré
dans [90]. Enfin, d’autres notions de solutions existent pour les systèmes discontinus et certaines
pourraient ne pas hériter de la même obstruction topologique à la stabilisation globale.
3.4 Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons présenté nos principaux résultats obtenus concernant l’obstruction
topologique. Ces résultats sont des conditions nécessaires de stabilisabilité pour un système,
ce qui permet en pratique d’exclure un certain nombre de cas de figures non réalisables. Nous
avons aussi travaillé sur l’utilisation de l’indice de Conley comme une possible extension de
l’obstruction de Brockett aux ensembles invariants [101]. Cependant, nos résultats sont encore
en développement et demandent à être approfondis.
Chapitre 4
4.1 Introduction
Ce chapitre concerne l’étude de certaines EDPs. Dans un premier temps, nous allons proposer
un retour d’état robuste proportionnel-intégral en dimension infinie pour l’équation du flux ma-
gnétique dans les plasmas de tokamak. Ce travail a été réalisé en collaboration avec Laurent
Autrique, Sylvain Brémond, Oumar Gaye, Rémi Nouailletas et Yuri Orlov et publié dans [42].
Nous avons aussi développé un retour d’état robuste par mode glissant en dimension infinie
[43, 44] issu des travaux de Yuri Orlov dans [107] que nous ne présenterons pas ici. En effet, ce
contrôle généré par mode glissant est discontinu en raison de l’utilisation de la fonction signe
et il y a donc un risque d’apparition d’oscillations. Dans un second temps, nous présenterons
un travail effectué avec Rémi Carles sur les équations de Schrödinger d’ordre supérieur qui ont
pour objectif de prendre en compte des effets relativistes avec une équation de type Schrödinger
[21]. Cette partie ne concerne pas directement le contrôle. Cependant le contrôle quantique s’est
développé ces dernières années, voir par exemple [96], et le fait de pouvoir définir de nouvelles
équations semi-relativistes très proches et plus précises que l’équation de Schrödinger devrait
permettre de développer des stratégies de contrôle plus précises qui sont au cœur de problèmes
en physique et chimie quantiques [31].
distribution spatiale du flux magnétique peut être décrite par une EDP linéaire 1D appelée l’équa-
tion de la diffusion résistive du flux magnétique. Nous ne rappellerons pas dans ce mémoire la
façon d’obtenir l’équation d’évolution du flux magnétique à partir des hypothèses liées à la phy-
sique du système des plasmas de tokamak. Pour plus de détails, le lecteur peut se référer à la thèse
d’Oumar Gaye [41] que j’ai co-encadrée. Dans cette partie, nous allons étudier la stabilisation de
l’équation du flux magnétique en construisant deux retours d’état en dimension infinie. On com-
mence par montrer qu’avec une action proportionnelle, le système devient exponentiellement
stable et qu’on a l’atténuation des perturbations dans un sens H∞ défini dans [39]. On utilise à
la fois l’action proportionnelle et intégrale pour rejeter complètement les perturbations indépen-
dantes du temps. On obtient ensuite une atténuation de toutes les perturbations dans le sens H∞
défini dans [39]. Pour la partie simulation, on a effectué plusieurs cas test en dimension infinie
sans le bloc de recherche des paramètres d’ingénierie en faisant varier le gain proportionnel et
intégral pour étudier leurs influences sur le système et la robustesse vis-à-vis des perturbations
extérieures et des incertitudes du modèle.
L’équation d’évolution 1D du flux magnétique est donnée par
( η
∂ψ
= || 1 ∂ x ∂ψ + η|| R0 jni
∂t µ0 a2 x ∂x
∂ψ ∂ψ
∂x
(4.1)
∂x x=0
= 0, ∂t
(t, 1) = −V 0 (t)
où x ∈ (0, 1) est la coordonnée radiale du profil 1D, ψ(t, x) le flux magnétique, R0 et a sont
respectivement les grand et petit rayons du plasma supposés constants, µ0 la perméabilité du
vide, η|| (t, x) la résistivité parallèle du plasma. Les entrées du système sont la densité de courant
non-inductive jni et la tension par tour du plasma V0 . La stabilisation de l’équation (4.1) consiste
à construire un contrôle à l’intérieur jni (t, x) et un contrôle au bord V0 (t) en utilisant une fonction
de Lyapunov. De plus, l’utilisation d’une LMI permet d’assurer des propriétés H∞ au retour
d’état proportionnel et proportionnel-intégral que nous allons proposer [42].
Cette formulation (4.2) permet d’exprimer le contrôle V0 (t) non plus comme un contrôle frontière
mais directement dans l’équation d’évolution.
Soit
2 ∂Ψ
W = Ψ ∈ H (0, 1) : = Ψ(1) = 0 ⊂ L2 (0, 1)
∂x x=0
4.2 Contrôle du flux magnétique dans les plasmas de tokamak 45
et ψrtarget l’état désiré dans l’espace W. La variable d’erreur ε(t, x) définie par
représente l’écart entre ψr et ψrtarget . Cet espace W est muni du produit scalaire de l’espace
L2 (0, 1) avec le poids x Z 1
hΨ1 , Ψ2 iL2 (0,1) = Ψ1 (x)Ψ2 (x)xdx
0
et de la norme s
Z 1
kΨkL2 (0,1) = |Ψ(x)|2 xdx. (4.3)
0
Nous utilisons la norme L2 et non la norme H2 car elle est plus facile à manipuler et suffisante
pour obtenir un retour d’état proportionnel ayant une propriété H∞ .
La fonction d’erreur ε est gouvernée par le système suivant
(
∂ε η|| 1 ∂ ∂ε η|| 1 ∂ ∂ψrtarget
= 2 x + µ0 a2 x ∂x x ∂x + η|| R0 jni + V0
∂t
µ0 a x ∂x ∂x (4.4)
∂ε
∂x x=0
= 0, ε(t, 1) = 0
Supposons de manière réaliste que la résistivité du plasma η|| (t, x) est bornée par η1 et η2
L’objectif est de construire un contrôle jcontrol pour que le système (4.6) décrivant l’évolution de
l’erreur du système ε(t, x) soit exponentiellement stable. Pour cela, on considère le retour d’état
suivant
k 1 1 ∂ ∂ψrtarget (x)
jcontrol (t, x) = − ε(t, x) − x . (4.9)
η|| (t, x)R0 R0 µ0 a2 x ∂x ∂x
46 Chapitre 4 . Contrôle du flux magnétique et équation de Schrödinger d’ordre supérieur
On a le résultat suivant.
Théorème 4.1 ([42]) Considérons le système d’erreur (4.6) et le retour d’état (4.9) sous les
hypothèses (4.7) et (4.8). Le système en boucle fermée (4.10) est globalement exponentiellement
stable pour la norme (4.3), sous la contrainte que le gain k du retour d’état vérifie
η12 exp(1) △
k>− 2
+ .
µ 0 a η2 2η1
On prouve ce théorème en utilisant la fonctionnelle de Lyapunov suivante
Z 1
x
V (ε(t, .)) = ε(t, x)2 dx.
0 η|| (t, x)
On va maintenant voir que le retour d’état défini par la relation (4.9) résout le problème de
contrôle H∞ avec l’atténuation des perturbations, voir [33] pour plus de détails. Considérons
maintenant le système perturbé
( η
∂ε
= || 1 ∂ x ∂x∂ε
− kε + h(t, x)
∂t µ0 a2 x ∂x
∂ε
(4.11)
∂x x=0
= 0, ε(t, 1) = 0
où h(t, x) est une perturbation telle que h(·, x) ∈ L2 (0, ∞) et h(t, ·) ∈ W pour tout t ∈ [0, ∞).
On note h ∈ L2 (0, ∞; W).
Le résultat suivant établit qu’avec une condition sur le gain k, le retour d’état (4.9) qui assure
déjà la stabilité exponentielle du système (4.10) d’après le théorème 4.1 permet aussi d’avoir un
indice de performance négatif
Z ∞h i
J = kε(t, ·)k2L2 (0,1) − γ 2 kh(t, ·)k2L2 (0,1) dt − γ 2 kε(0, ·)k2L2 (0,1) < 0 (4.12)
0
sur la solution du système perturbé (4.11) pour tout h ∈ L2 (0, ∞; W) avec γ une constante
positive.
Théorème 4.2 ([42]) Soit γ > 0, on suppose que les hypothèses du théorème 4.1 sont satisfaites
et que le gain k du retour d’état (4.9) vérifie la condition
(1 + γ 2 )η2 exp(1)η12 △
k> 2
− 2
+ (4.13)
2γ η1 µ 0 a η2 2η1
alors les perturbations h ∈ L2 (0, ∞; W) du système perturbé (4.11) sont atténuées au sens de
(4.12).
Théorème 4.3 ([42]) On suppose que les gains k et k1 du retour d’état (4.15) vérifient
f1 g12 exp(1)
k>− , k1 > 0
µ 0 a2 g 2
alors le système bouclé (4.16) est globalement asymptotiquement stable dans l’espace d’état Wg
indépendamment de la perturbation externe h(x) ∈ Wg qui affecte le système.
48 Chapitre 4 . Contrôle du flux magnétique et équation de Schrödinger d’ordre supérieur
où h ∈ L2 (0, ∞; Wg ) est une perturbation externe. Une condition supplémentaire sur le gain k
du retour d’état proportionnel-intégral (4.15) est proposée de sorte que l’indice de performance
suivant
Z ∞
Jg = [kε(t, ·)k2L2 (0,1) − γ 2 kh(t, ·)k2L2 (0,1) ]dt − γ 2 kε(0, ·)k2L2 (0,1) < 0 (4.18)
0
soit négatif pour les solutions de (4.17) avec des perturbations dépendant du temps h ∈ L2 (0, ∞; Wg )
et un paramètre d’atténuation γ > 0.
On a le résultat suivant.
Théorème 4.4 ([42]) On suppose que les conditions du théorème (4.3) sont satisfaites et que le
gain proportionnel k du retour d’état (4.15) vérifie
f1 g12 exp(1) 1
k>− + + γ2
µ0 a2 g2 2γ 2
alors toute perturbation externe dépendant du temps h ∈ L2 (0, ∞; Wg ) du système bouclé (4.17)
est atténuée au sens de (4.18).
0.4 0.315
ψtarget
r
0.35 ψ initial 0.31 ψr(x=0.4) avec k=1 et k1=0
r
ψtarget(x=0.4)
0.3 0.305 r
0.25 0.3
−1
Wb radian−1
Wb radian
0.2 0.295
0.15 0.29
0.1 0.285
0.05 0.28
0 0.275
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 5 10 15 20 25 30
x t [sec]
0.305 0.305
ψ (x=0.4) avec k=10 et k =0 ψ (x=0.4) avec k=30 et k =0
r 1 r 1
ψtarget(x=0.4) ψtarget(x=0.4)
r r
0.3 0.3
0.295 0.295
Wb radian−1
Wb radian−1
0.29 0.29
0.285 0.285
0.28 0.28
0.275 0.275
0 5 10 15 20 25 30 0 5 10 15 20 25 30
t [sec] t [sec]
0.305
ψr(x=0.4) avec k=60 et k1=0 0.305
target
ψr (x=0.4) ψ (x=0.4) avec k=80 et k =0
0.3 r 1
target
0.3 ψ (x=0.4)
r
0.295 0.295
Wb radian−1
0.29 0.29
−1
Wb radian
0.285
0.285
0.28
0.28
0.275
0.275
0.27
0.27 0.265
0 5 10 15 20 25 30 0 5 10 15 20 25 30
t [sec] t [sec]
0.315 0.31
ψ (x=0.4) avec k=1 et k =1 ψ (x=0.4) avec k=1 et k =5
r 1 r 1
0.31 ψtarget(x=0.4) 0.305 ψtarget(x=0.4)
r r
0.305 0.3
0.3 0.295
Wb radian−1
Wb radian−1
0.295 0.29
0.29 0.285
0.285 0.28
0.28 0.275
0.275 0.27
0 5 10 15 20 25 30 0 5 10 15 20 25 30
t [sec] t [sec]
0.305 0.305
ψr(x=0.4) avec k=1 et k1=10 ψr(x=0.4) avec k=1 et k1=20
0.3 ψtarget
r
(x=0.4) 0.3 ψtarget
r
(x=0.4)
0.295 0.295
0.29 0.29
Wb radian−1
Wb radian−1
0.285 0.285
0.28 0.28
0.275 0.275
0.27 0.27
0.265 0.265
0 5 10 15 20 25 30 0 5 10 15 20 25 30
t [sec] t [sec]
2. dans le cas d’une action proportionnelle, l’erreur en régime permanent résultant d’une
perturbation est d’autant plus petite que le gain proportionnel est grand,
3. le temps de réponse peut être réduit en utilisant un gain proportionnel plus grand mais cela
risque de provoquer une grande imprécision,
4. le gain intégral permet d’annuler l’erreur en régime permanent résultant d’une perturbation
statique de l’état d’équilibre.
Nous avons alors pu développer des simulations plus poussées faisant appel au simulateur ME-
TIS du CEA utilisé conjointement avec M atlab/Simulink T M pour simuler les décharges plasma
dans le réacteur Tore Supra. Nous ne présentons pas ici ces résultats que le lecteur pourra trouver
en détail dans [41]
E = γm · c2 (4.19)
52 Chapitre 4 . Contrôle du flux magnétique et équation de Schrödinger d’ordre supérieur
est le facteur de Lorentz avec v 2 = k~v k2 le carré de la norme du vecteur vitesse ~v du corps, m la
masse au repos du corps et c la vitesse de la lumière dans le vide [35].
Rappelons que l’énergie d’un système non relativiste est donnée par
p2
E = V (t, ~r) +
2m
où V (t, ~r) est l’énergie potentielle avec ~r = (x, y, z) le vecteur position et p = γm~v la quantité
de mouvement. En utilisant le principe de correspondance entre le monde classique et le monde
quantique donné dans [15]
∂ ∂ ~
E ↔ i~ p ↔ −i~ = −i~∇ (4.20)
∂t ∂~r
on obtient l’équation de Schrödinger
∂ψ(t, ~r) ~2
i~ = V (t, ~r)ψ(t, ~r) − ∆ψ(t, ~r) (4.21)
∂t 2m
pour une particule se mouvant dans le potentiel V (t, ~r), où ∆ := ∇2 est le Laplacien. La fonction
d’onde ψ : R≥0 × R3 → C décrit l’évolution de l’état quantique dans l’espace et le temps. Dans
ce qui suit ψ représente ψ(t, ~r). Une équation de type Schrödinger est une équation
∂ψ(t, ~r)
i~ = Hψ(t, ~r)
∂t
où H est l’hamiltonien du système. Si H = H(∆), alors on dit que l’équation (4.21) est une
équation de la forme Schrödinger.
En utilisant l’égalité
γ 2v2
γ2 = 2 + 1
c
et la relation d’équivalence masse-énergie d’Einstein (4.19), on obtient
r
2 2 γ 2v2
E = γmc = mc + 1.
c2
On a alors la relation suivante
E 2 = m2 c4 + p2 c2 . (4.22)
Avec le principe de correspondance (4.20), on obtient l’équation de Klein-Gordon
∂ 2ψ
− ~2 = m2 c4 ψ − ~2 c2 ∆ψ. (4.23)
∂t2
4.3 Les équations de Schrödinger d’ordre supérieur 53
L’équation (4.23) est d’ordre deux en le temps contrairement à l’équation de Schrödinger (4.21)
et n’est pas une équation de type Schrödinger.
D’après (4.22), on a p
E = p2 c2 + m2 c4 , (4.24)
et il vient r
2 p2
E = mc + 1. (4.25)
m 2 c2
L’équation (4.24) conduit, avec le principe de correspondance (4.20), à l’équation semi-relativiste
∂ √
i~ ψ = −c2 ~2 ∆ + m2 c4 ψ, (4.26)
∂t
√
avec l’opérateur pseudo-différentiel −c2 ~2 ∆ + m2 c4 étudiée dans [79, Chapter 7] et [22].
L’équation semi-relativiste (4.26) avec un potentiel arbitraire dépendant de l’espace V (~r) = V
a été étudiée dans [55, 56, 83, 85, 84]. Cependant, son implémentation pose des problèmes im-
portants en raison de l’opérateur pseudo-différentiel qui conduit à une infinité de conditions aux
bords sur un domaine borné. C’est pourquoi cette équation est peu utilisée par les physiciens
[47, 135].
Si on prend le développement en série de Taylor de (4.25)
∞
!
X p 2k
E = mc2 1 + (−1)k+1 α(k) 2k 2k , (4.27)
k=1
m c
où
(2k − 2)!
α(k) = . (4.29)
k!(k − 1)!22k−1
Cette décomposition est évoquée par exemple dans [47, 82].
p2
Proposition 4.5 ([21]) Les équations (4.27) et (4.28) sont valides pour m 2 c2
< 1, ce qui est
équivalent à 2v 2 < c2 .
Cela signifie que l’équation (4.28) est équivalente à l’équation (4.26) lorsque la norme ||~v || de la
particule étudiée vérifie
c
||~v || < √ ≈ 211 985 280m.s−1 . (4.30)
2
L’équation (4.28) a un nombre infini de termes. Donc, un nombre infini d’opérateurs est né-
cessaire pour décrire l’évolution de la fonction d’onde ψ et cela conduit à une théorie non lo-
cale comme celle associée à l’équation semi-relativiste [135]. Cependant, on note que l’équation
(4.28) est une équation de la forme Schrödinger avec un domaine de validité restreint.
54 Chapitre 4 . Contrôle du flux magnétique et équation de Schrödinger d’ordre supérieur
On conserve alors uniquement les termes nécessaires de l’équation (4.28) pour atteindre une
certaine précision dans un sens que nous allons définir et ceci en utilisant un développement
limité.
Considérons l’approximation suivante
N
!
X p 2k
EN = mc2 1 + (−1)k+1 α(k) 2k 2k (4.31)
k=1
m c
L’équation (4.32) a les avantages d’une équation de la forme Schrödinger sans les inconvénients
de l’équation (4.28).
L’erreur eN = E − EN entre l’expression réelle de l’énergie (4.27) et l’approximation (4.31) est
donnée par !
∞
X 2k
p
eN = mc2 (−1)k+1 α(k) 2k 2k .
k=N +1
m c
Soit !N +1
p2N +2 1
2
εN := mc α(N + 1) 2N +2 2N +2 = mc2 α(N + 1) c2
. (4.33)
m c v2
−1
Dans ce qui suit, εN est appelée la précision. Cette précision concerne l’énergie des particules
mais pas les solutions ψ et ψN des équations (4.28) et (4.32).
4.3 Les équations de Schrödinger d’ordre supérieur 55
Exemple 4.7 Considérons une particule libre de masse m. D’abord, conservons les deux pre-
miers termes de l’équation (4.32) (i.e. N = 1). On obtient alors l’équation
∂ψ1 ~2
i~ = mc2 ψ1 − ∆ψ1 . (4.34)
∂t 2m
On reconnaît l’équation de Schrödinger (4.21) plus un terme additif mc2 ψ1 , où mc2 est l’énergie
au repos de la particule. La relation entre l’équation semi-relativiste (4.26) et l’équation (4.34)
c
a déjà été soulevée dans [128]. Supposons que la particle ait une vitesse vérifiant ||~v || = 100 . La
précision associée à l’équation (4.34) est
1
ε1 ≈ · m · 9 × 1016 · 10−8 ≈ 1.125 × 108 m.
8
Ensuite, en utilisant les trois premiers termes de l’équation (4.32) (i.e. N = 2), on obtient l’équa-
tion de Schrödinger d’ordre 2
∂ψ2 ~2 ~4
i~ = mc2 + V ψ2 − ∆ψ2 − ∆ 2 ψ2 .
∂t 2m 8m3 c2
La précision associée à l’équation (4.34) est donnée par
1
ε2 ≈ · m · 9 × 1016 · 10−12 ≈ 5.625 × 103 m.
16
Donc, en prenant en compte un terme supplémentaire dans l’équation (4.32), on augmente la
c
précision (4.33) de 5 ordres de grandeur pour une particule ayant une vitesse de ||~v || = 100 .
Lorsque la norme du vecteur vitesse se rapproche de √c2 , il est nécessaire de prendre en compte
des termes d’ordre supérieur dans l’équation (4.32) pour conserver une précision suffisante.
Donc, on peut régler la précision en choisissant un nombre N adapté de termes dans l’équation
(4.32). Cependant en pratique, il parait difficile d’aller au-delà de l’équation d’ordre 2. En effet,
pour développer des simulations numériques sur un domaine borné, il faut fournir des conditions
aux bords. L’ajout d’un bilaplacien lors de l’utilisation de l’équation de Schrödinger d’ordre 2
doublera le nombre de conditions aux bords qui sera alors égal à 4.
1
– l’équation de Schrödinger : G(y) = − 2m y;
p
– l’équation semi-relativiste (4.26) : G(y) = − c2 y + m2 c4 ;
– les équations d’ordre supérieur (4.32) :
N
X
2 α(k)
G(y) = −mc + (−y)k .
k=1
m2k−1 c2k−2
En appliquant la transformée de Fourier à (4.35) par rapport à la variable d’espace, on obtient
formellement une EDO du premier ordre en temps pour ψb
( b
i~ ∂∂tψ + G(|p|2 )ψb = 0
b p) = ψb0 (p)
ψ(0,
compte tenu de la proposition (1.18). On peut alors résoudre explicitement et on a
b p) = ψb0 (p)e−itG(|p|2 ) .
ψ(t, (4.36)
b p)| = |ψb0 (p)| et on obtient d’après la proposi-
Comme G est une fonction réelle, on a |ψ(t,
tion (1.18) le résultat suivant.
Proposition 4.8 ([21]) Soit s ∈ R et ψ0 ∈ H s (Rn ), le problème de Cauchy (4.35) a une solution
2
unique ψ ∈ C 0 (R; H s (Rn )), notée ψ(t) = e−itG(−~ ∆) ψ0 . Elle est donnée par (4.36). De plus on
a
kψ(t, ·)kH s (Rn ) = kψ0 kH s (Rn ) , ∀t ∈ R.
2 ∆)
Ainsi le propagateur e−itG(−~ est unitaire sur chaque espace de Sobolev H s (Rn ).
Considérons maintenant l’équation (4.32) en présence d’un potentiel externe V et en la réécrivant
avec un nouvel indice pour simplifier les notations
( P α(k)~2k
i~ ∂ψ =Vψ− N k
k=0 m2k−1 c2k−2 ∆ ψ
∂t (4.37)
ψ(0, x) = ψ0 (x)
où on pose par convention α(0) = −1. On va considérer dans la suite les deux cas suivants qui
peuvent être résolus facilement : le cas où V est borné et le cas où V est linéaire par rapport à
la position x. Ces cas incluent par exemple les particules dans des puits de potentiel borné, les
neutrons dans un champ de gravitation et les électrons accélérés par un champ électrique.
Potentiel borné
En utilisant des arguments perturbatifs basés sur la formule de Duhamel, on peut montrer le
résultat suivant en utilisant la proposition 4.8.
Proposition 4.9 ([21]) Supposons que V ∈ L∞ (Rn ). Si ψ0 ∈ L2 (Rn ), alors (4.37) a une unique
solution ψ ∈ C 0 (R; L2 (Rn )), et
kψ(t, ·)kL2 (Rn ) = kψ0 kL2 (Rn ) ∀t ∈ R.
Si de plus, pour un certain s ∈ N, ∂ α V ∈ L∞ (Rn ) pour tout |α| ≤ s et ψ0 ∈ H s (Rn ), alors on
a ψ ∈ C 0 (R; H s (Rn )).
4.3 Les équations de Schrödinger d’ordre supérieur 57
Potentiel linéaire
Proposition 4.10 ([21]) Supposons que V soit de la forme
pour E ∈ L∞ (R; Rn ). Si ψ0 ∈ L2 (Rn ), alors (4.37) a une unique solution ψ ∈ C 0 (R; L2 (Rn )),
et
kψ(t, ·)kL2 (Rn ) = kψ0 kL2 (Rn ) ∀t ∈ R.
Elle est donnée par sa transformée de Fourier
N Z !
b p) = ψb0 (p + π(t)) exp i X (−1)k α(k) t
ψ(t, |p + π(t) − π(s)|2k ds ,
~ k=0 m2k−1 c2k−2 0
Rt
où π(t) = 0
E(τ )dτ .
Potentiel harmonique
Supposons que V (x) = kxk2n . En prenant la transformée de Fourier dans (4.37), on déduit de la
proposition (1.18), que ψb est solution de
( b P
i~ ∂∂tψ = −∆ψb − N α(k) 2 kb
k=0 m2k−1 c2k−2 (−|p| ) ψ
(4.38)
b p) = ψb0 (p)
ψ(0,
où ∆ est le Laplacien par rapport à la variable p. L’équation (4.38) est de la forme i~∂t ψb = H ψ,
b
où
XN
α(k)
H = −∆ − 2k−1 2k−2
(−|p|2 )k .
k=0
m c
|p|2
2 |p|4
H = −∆ + mc + −
2m 8m3 c2
d’après (4.29). On sait alors que H n’est pas un opérateur essentiellement auto-adjoint sur
C0∞ (Rn ), voir par exemple [34]. Aussi, il semble difficile de donner un sens aux solutions de
(4.37) lorsque V est un potentiel harmonique car seuls les opérateurs auto-adjoints ont un sens
en mécanique quantique.
Convergence de l’approximation
Nous étudions maintenant la convergence de ψN solution de (4.32) vers ψ solution de l’équation
semi-relativiste (4.26), lorsque N tend vers l’infini.
58 Chapitre 4 . Contrôle du flux magnétique et équation de Schrödinger d’ordre supérieur
Théorème
4.11 ([21]) Soit ψ0 ∈ L2 (Rn ). Supposons que ψb0 ∈ Cc∞ (Rn ) avec ψb0 (p) = 0 si
> 1 et que ψ|
p
mc t=0 = ψN |t=0 = ψ0 . Alors on a ψN → ψ lorsque N → ∞, dans le sens
suivant : pour tout T > 0,
2T
sup kψ(t, ·) − ψN (t, ·)kL2 (Rn ) ≤ mc2 α(N + 1)kψ0 kL2 (Rn ) −→ 0.
t∈[0,T ] ~ N →∞
On peut noter que l’hypothèse du théorème 4.11 est la même que celle de la proposition 4.5,
ceci en raison des relations entre la quantité de mouvement p et la variable de Fourier p données
par le principe de correspondance (4.20). Cela signifie que les équations de Schrödinger d’ordre
supérieur convergent vers l’équation semi-relativiste pour les particules dont le vecteur vitesse
vérifie (4.30).
On peut facilement généraliser les résultats de cette partie au cas de N particules indépendantes
dans un champ de potentiel. On a aussi montré dans [20] que les équations de Schrödinger
d’ordre supérieur sont bien définies avec un potentiel coulombien et pour toutes les particules,
pas seulement celles dont le vecteur vitesse est inférieur à √c2 .
4.4 Conclusion
Nous avons rappelé dans ce chapitre les résultats que nous avons obtenus sur les EDPs, d’abord
sur le contrôle du flux magnétique dans les plasmas de tokamak et ensuite sur les équations
de Schrödinger d’ordre supérieur. Le contrôle des EDPs est devenu un des enjeux majeurs de
l’automatique d’aujourd’hui, que ce soit pour les EDPs classiques ou pour les EDPs quantiques.
Perspectives
Pour poursuivre le travail présenté dans ce mémoire, je développe actuellement deux axes de
recherche. Le premier concerne le contrôle des réseaux sans fils et le second le contrôle des
systèmes de dimension infinie.
Le contrôle des réseaux mobiles communiquant via des systèmes de télécommunication sans fils,
aussi appelé réseaux mobiles ad hoc (MANET), est aussi un problème d’actualité [91]. Après un
travail collaboratif avec Franck Plestan de l’Institut de Recherche en Communications et Cyber-
nétique de Nantes sur la construction d’un retour de sortie pour un système échantillonné basé
sur la technique des modes glissants d’ordre deux [117], nous encadrons un doctorant travaillant
sur la stabilisation robuste d’engins volants de type quadrirotor. Pour contrôler ce type de sys-
tèmes, il faut prendre en compte la transmission sans fil entre l’opérateur et le quadrirotor qui
implique des retards variables dus à la retransmission de l’information lorsque celle-ci est dé-
gradée. Un projet d’ampleur entre Airbus et le département SIC du laboratoire Xlim est aussi en
cours de montage sur l’usine du futur. Ce projet inclura la localisation et le contrôle de réseaux
mobiles d’agents, en particulier des humains et des robots communiquant via des systèmes de
télécommunication sans fils, dont la qualité du lien radio doit être assurée. De manière générale,
60 Perspectives
on observe qu’il faut associer au sein des réseaux mobiles des systèmes liés au déplacement et
des systèmes liés à la communication sans fils. Ceci induira des contraintes quant à la topologie
des déplacements devant assurer la qualité du lien radio.
Le contrôle du flux magnétique dans les plasmas de tokamak fait partie de ces problèmes dont
l’enjeu est important afin de parvenir à la fusion thermonucléaire pour la production d’éner-
gie. Dans le but d’améliorer encore le contrôle, nous allons devoir prendre en compte la seconde
équation du transport de la chaleur. C’est une EDP non linéaire dont il va falloir identifier en ligne
un paramètre physique mal connu. Cette seconde EDP du transport de la chaleur est couplée à
l’EDP du flux magnétique. Nous allons devoir reposer le problème de contrôle et trouver de nou-
veaux retours d’état prenant en compte tous les moyens d’action dont disposent les physiciens.
Ce projet est appelé à se continuer de nombreuses années puisque le projet ITER, en construction
à proximité de Cadarache et qui a pour ambition de montrer la faisabilité d’un réacteur nucléaire
utilisant le principe de la fusion, ne devrait commencer à fonctionner qu’à partir des années 2020.
Concernant les équations de Schrödinger d’ordre supérieur, nous avons montré leur existence
dans le cas des potentiels coulombiens et nous avons aussi dévelopé les équations d’Hartree-Fock
d’ordre supérieur pour les systèmes avec un grand nombre de particules en interaction [20]. Nous
ne pouvons pas encore évaluer la portée applicative de ces équations semi-relativistes, mais nous
sommes actuellement en train de travailler sur leurs simulations afin de pouvoir évaluer leurs
performances. Par ailleurs, on peut espérer que les techniques de stabilisation de l’équation de
Schrödinger s’étendront aux équations de Schrödinger d’ordre supérieur et permettront de traiter
de manière plus précise le contrôle de certains systèmes quantiques.
Enfin, je travaille sur le contrôle des systèmes multidimensionnels qui sont une spécialité du
LIAS de Poitiers. Nous avons étudié la stabilité de ces systèmes dans le cas discret [140] et nous
souhaitons désormais regarder le cas continu qui fait partie des systèmes de dimension infinie et
a un lien très étroit avec certaines EDPs hyperboliques.
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