RIANDEY, Charles
RIANDEY, Charles
Rétrogradé après la publication de la loi du 11 août 1941 il est nommé aux mêmes fonctions dans
le XVIIIé arrondissement le 15 décembre 1941 grâce à Mgr Beaussart, évêque auxiliaire de Paris,
et au provincial des jésuites qui sont intervenus en sa faveur. Quelques jours plus tard, une
perquisition a lieu à son domicile. « L'inspecteur me remit... l'ordre de me présenter en personne
au square Rapp, huit jours plus tard, porteur d'un résumé de mon activité maçonnique », écrit
Riandey dans ses mémoires. Reçu personnellement par le directeur du Service des Associations
Dissoutes, l'inspecteur de police français S. Moerschel, il lui remet ce résumé daté du 29 janvier
1942 dans lequel on peut lire: « J'ai combattu avec beaucoup d'autres au prix de pénibles
épreuves, l'envahissement de la maçonnerie par les juifs. » Dans une lettre qu'il adresse au R. P.
Berteloot le 19 mars 1943, son antisémitisme s'exprime plus nettement encore. Engagé dans la
Résistance* en avril 1943, il est arrêté par la Gestapo le 14 juin 1944 et déporté le 21 août à
Buchenwald. Il rentre en France en avril 1945, reprend son poste à la mairie du XVIIIe le 10
novembre suivant, devient chef de cabinet de son ami, le ministre André Le Troquer, puis
directeur du Service du logement de la préfecture de la Seine le 1er janvier 1947. Le 30
septembre 1951, il prend sa retraite et sera désormais appointé par les Laboratoires Roger Bellon
dont le propriétaire avait été déporté avec lui à Buchenwald. Grand Orateur du Suprême Conseil
de France depuis 1950, Riandey est à nouveau élu conseiller fédéral de la Grande Loge de
France dont il devient Grand Chancelier (chargé des affaires extérieures) le 17 septembre 1953,
jour où son Convent* vote l'obligation de prêter serment* sur les Trois Grandes Lumières*.
Cette décision permet au Grand Maître Louis Doignon, le 16 mai 1954, de poser la candidature de
la Grande Loge à la Convention de Luxembourg. En octobre, avec l'accord de Louis Doignon,
Riandey entame des négociations confidentielles avec Pierre Chéret Grand Maître de la Grande
Loge Nationale Française*. Elles donnent lieu à la rédaction de protocoles préparatoires, à la
suite desquels des conversations officielles bilatérales (26 mai 13 septembre 1955) aboutissent
à un projet de fusion entre les deux obédiences*. L'ampleur des sacrifices exigés de la Grande
Loge de France est telle que, lors de la réunion du Conseil Fédéral du 26 novembre 1955, ce
projet est retiré de l'ordre du jour du Convent, prévu les 14 et 15 janvier 1956, décision prise à
l'unanimité des présents dont Riandey. Le 8 septembre 1956, la Grande Loge de France est
admise comme membre de la Convention de Luxembourg. Le dernier rapport que Riandey, Grand
Chancelier et conseiller fédéral sortant après trois ans d'exercice, présente au Convent de la
Grande Loge de France le 20 septembre 1956 recommande aux 204 présents de ratifier cette
adhésion par un vote unanime.
À la mort du Grand Commandeur Jacques Maréchal le Suprême Conseil élit Charles Riandey pour
son successeur le 26 mai 1961. Au cours de la Conférence des Grands Commandeurs européens,
réunie à Francfort en juin 1962 Riandey fait la connaissance de Willem Hofman qui vient d'etre
élu à la tête du Suprême Conseil des Pays-Bas* trois semaines plus tôt.
Entre-temps, des conversations, dont le but est la création d'une Grande Loge Unie de France,
se sont engagées en février 1959 entre le Grand Orient* de France la Grande Loge de France et
la Grande Loge Nationale Française. Elles se terminent quatre mois plus tard par un échec. En
septembre 1959, le Convent de la Grande Loge de France décide de suspendre ses relations
avec le Grand Orient de France et avec le Grand Orient de Belgique*. Deux ans plus tard, il
mandate son Conseil Fédéral pour reprendre les conversations tripartites mais les conditions
mises par la Grande Loge Nationale Française à cette reprise la rendent impossible. Lu Suisse*
suspend ses relations avec la Grande Loge de France en octobre 1913; es Grandes Loges Unies
d'Allemagne ont rompu avec elle depuis 1960; la Grande Loge de Belgique, fondée en décembre
1959 fait de même en février 1964. Face à cet isolement progressif, la Grande Loge de France
décide de reprendre contact avec le Grand Orient de France. Une réunion a lieu le 15 avril 1964
11 en résulte un traité d'alliance fraternelle, adopté à l'unanimité le 7 septembre par l'Assemblée
Générale du Grand Orient de France, ratifié le 17 septembre 1964 par le Convent de la Grande
Loge de France par 140 voix contre 82.
Au mois de février 1964, Riandey a rencontré secrètement le Grand Maître de la Grande Loge
Nationale Française, Ernest Van Hecke et en informe Hofman. Mis au courant des pourparlers
avec le Grand Orient de France, Riandey tente de les faire échouer et n'y parvient pas. La veille
de la ratification du traité, Riandey est réélu Grand Commandeur. Le traité ratifié il favorise la
création d'une nouvelle Grande Loge où il imagine pouvoir réunir 3 000 à 4 000 maçons qui
quitteraient la Grande Loge de France. Au mois d'octobre 1964, Riandey rencontre à nouveau,
toujours secrètement, les dirigeants de la Grande Loge Nationale Française, alors que Hofman va
à Londres expliquer la situation française telle qu'il la perçoit au Grand Secrétaire de la Grande
Loge Unie* sir James Stubbs, et au Grand Commandeur R. L. Loyd. Le 27 novembre, Riandey
adresse un message à tous les membres du Suprême Conseil de France leur enjoignant de
démissionner de la Grande Loge de France avant le 31 janvier 1965 sous peine de destitution. Le
18 décembre, les membres du Suprême Conseil réunis en séance, apprenant les contacts
secrets de leur Grand Commandeur avec les autorités de la Grande Loge Nationale Française,
exigent que Riandey démissionne de sa charge d'autant qu'il leur affirmait depuis trois mois qu'il
n'était pas question de refondre la Grande Loge Nationale Française.
Trois jours plus tard, le Grand Commandeur Hofman arrive à Paris, rencontre Riandey et Van
Hecke et fixe avec ce dernier un plan en sept points auquel Riandey donne son accord le 22. Par
lettre du 24 décembre, Hofman informe le Grand Commandeur de la Juridiction Sud des États-
Unis, Luther Smith, du résultat de ses voyages à Londres et à Paris et lui propose de reconstituer
et de « reconsacrer » le Suprême Conseil de France. Le 18 janvier 1965, Hofman écrit à Riandey:
« Ce qui est absolument nécessaire. c'est... que vous vous faites [sic] ré-initier chez Van
Hecke. » Riandey accepte, et sa « ré-initiation » par le Grand Maître de la Grande Loge Nationale
Française a lieu le 9 février. Le 13 février à Amsterdam, Riandey et plusieurs autres membres de
la Grande Loge de France, entre-temps régularisés par la Grande Loge Nationale Française sont
initiés ou ré-initiés à tous les grades* du Rite* jusqu'au 33°. Riandey devient membre actif du
Suprême Conseil des Pays-Bas, chargé au nom des Grands Commandeurs des deux juridictions
américaines et de celles du Canada et des Pays-Bas « de reconstituer en France... un Suprême
Conseil régulier » ce qu'il accomplit aussitôt. Ce Suprême Conseil « pour la France » est
« consacré » le 24 avril 1965 à Paris par une délégation du Suprême Conseil des Pays-Bas.
En 1968, Corneloup* écrira à propos de Riandey: «1l portera devant l'histoire une lourde
responsabilité et la honte de s'être laissé soumettre à une humiliante régularisation qui
permettrait de conclure -faussement-qu'elle est l'aveu que les initiations* et les investitures, que
le très illustre frère Riandey, Souverain Grand Commandeur, avait reçues avant la guerre, à une
époque où personne au monde ne mettait en doute l'orthodoxie écossaise du Suprême Conseil
de France. n'étaient que de vains simulacres. »
A.B.