Annexe 7
Annexe 7
Annexe 7
ANNEXE 7
A. CONTEXTE ET JUSTIFICATION
1. Ce chapitre traite principalement des filières végétales. Les filières animales sont
prises en compte dans la composante 3 du Plan de Relance (« appui à l’élevage »). Par « filière
agricole », on entend l’ensemble des activités liées à la production, la transformation, la
commercialisation et la distribution d’un produit agricole. L’accent est mis sur les débouchés
commerciaux ou marchés et les contraintes à lever pour améliorer l’accès à ces marchés à travers
les systèmes de commercialisation et la capacité des systèmes de production et de transformation
à répondre, de manière compétitive en quantité et en qualité, à la demande et aux débouchés
potentiels.
1
La plupart des informations de base de cette section sont tirées de l’étude « Identification de créneaux
potentiels dans les filières rurales haïtiennes » réalisée en 2005 avec l’appui de la BID.
HAÏTI: Plan d’investissement pour la croissance du secteur agricole
Production et développement des filières
Annexe 7: Développement des Filières et Renforcement des Systèmes de Commercialisation
4. Parce qu’elles assument les fonctions de regroupement de l’offre, de transport vers les
lieux de consommation (interne ou exportation), et parfois de financement des producteurs, les
saras de deuxième niveau sont des acteurs clés des filières agricoles en Haïti. Les saras de
deuxième niveau sont en général spécialisées sur un circuit donné, celui de la région dont elles
sont originaires (et toujours résidentes pour beaucoup d’entre elles). Le métier de sara est souvent
« héréditaire »; lorsqu’on est « extérieur au métier », il faut être introduit par des autres saras qui
sont déjà dans le réseau sur le même circuit, et l’introduction sera progressive. Pour un circuit
donné, le nombre de saras qui interviennent est ainsi probablement limité et la concurrence est
imparfaite. La spécialisation des saras sur un circuit et pour un groupe de produits donnés facilite
également l’établissement de relations de clientélisme entre tous les acteurs de la filière de
commercialisation, notamment avec les transporteurs. Après avoir vendu les produits agricoles,
certaines saras achètent à Port-au-Prince des marchandises (quincaillerie, épiceries) destinées à la
revente sur les marchés ruraux dans leur localité d’origine. Mais la majorité d’entre elles
reviennent sur leur lieu d’origine avec l’argent liquide, en particulier celles qui ont emprunté à un
usurier local pour renforcer leur fonds de roulement, celles qui ont acheté à crédit aux planteurs,
voire celles qui bénéficient d’un prêt d’une Institution de Micro-Finance implantée localement.
5. Quel que soit le marché et le produit considéré, le prix d’achat par les saras est formé
au démarrage du marché, à partir d’une concertation formelle entre les saras qui sont venues
acheter et après un premier tour de marché destiné à rendre compte de l’état (en quantité et en
qualité) de l’offre du jour. Le marché est oligopsonique : un petit nombre d’acheteurs sont en
concurrence avec un nombre bien plus important de vendeurs. Un accord entre les acheteurs avant
le début des achats permet alors de plafonner le prix d’achat des produits. À l’arrivée des produits
sur les marchés de gros de la capitale, les prix sont également établis en concertation entre les
marchandes, dans le camion, à l’arrivée à la capitale. Une fois d’accord sur un prix de revente
minimum (prix plancher), les marchandes opèrent alors individuellement, essayant dans un
1
Sur les petits marchés ruraux situés dans des zones de production (circuit court), les détaillantes sont des
revendeuses locales qui ont acheté directement à des producteurs et revendent au détail à des consommateurs.
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Production et développement des filières
Annexe 7: Développement des Filières et Renforcement des Systèmes de Commercialisation
premier temps d’obtenir plus pour leur produit. Là encore, on se trouverait donc dans une
situation proche de l’oligopole à l’arrivée du ou des camions provenant d’un circuit donné, mais il
s’agit d’un oligopole beaucoup plus fragile que l’oligopsone, car les marchandes d’un circuit
donné sont en concurrence avec celles qui travaillent sur d’autres circuits.
7. Au total, au niveau national, l’ensemble du secteur privé formel ayant consenti des
investissements dans l’agriculture et l’agro-industrie compte aujourd’hui (en 2005) moins de 50
personnes, la majorité d’entre eux localisés dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince.
Principales contraintes
9. Le métier de sara est risqué, en raison notamment des aléas liés au transport
(dégradation des infrastructures de transport et du parc roulant entraînant une augmentation de la
fréquence des pannes, qui peuvent durer plus d’une journée et occasionner la perte d’un marché
hebdomadaire et donc d’un revenu hebdomadaire pour la sara) et à l’insécurité croissante surtout à
1
Une bonne partie des entrepreneurs traditionnels du secteur privé formel a été mise à mal par l’embargo
imposé à Haïti entre 1992 et 1994 (limitant à la fois les exportations, et les importations de produits non
alimentaires) et le secteur ne s’est pas relevé depuis lors.
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Production et développement des filières
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Port-au-Prince mais aussi en province (risques de vols au retour vers la province, coûts du racket
organisé sur le marché de gros de Port-au-Prince qui peuvent atteindre sur certains produits
périssables des proportions non négligeables). L’existence de ces facteurs de risque a pu se
traduire par une tendance à la hausse des taux de marge des saras, qui cherchent à se protéger
contre de tels aléas aux conséquences drastiques sur leur solvabilité financière.
10. La cinquantaine d’agents ayant investi dans le secteur privé agro-industriel formel
sont tous sont soumis à des contraintes fortes en matière d’infrastructure (routes, énergie)
largement déficientes (d’où des taux de perte importants pour des produits majoritairement
périssables et des coûts élevés de commercialisation et production de produits transformés). La
plupart éprouvent également des difficultés de financement, le secteur financier formel étant
réticent à investir dans l’agriculture et l’agro-alimentaire, du fait d’un niveau de risque jugé élevé
et de rentabilités insuffisantes par rapport à d’autres activités potentielles. Les exportateurs sont en
outre pénalisés par des coûts portuaires très supérieurs aux moyennes régionales et par l’absence
de système de contrôle de qualité crédible aux yeux des autorités sanitaires des pays importateurs,
ce qui tend à leur fermer des marchés potentiels (cas par exemple des exportations de fruits de
mer à destination de l’Europe à la fin des années quatre-vingt-dix).
11. Les principales contraintes ou difficultés d’accès aux marchés qui affectent d’une
manière générale les différentes filières agricoles en Haïti, et qui prévalaient déjà avant le récent
séisme, peuvent être résumées comme suit :
– Des routes rares et en mauvais état : moins de 5% des ménages ruraux disposent
d’accès facile à des routes revêtues et seulement un tiers à des routes en terre
(ECVH 2001). Dans la plupart des zones de production, les produits doivent être
transportés pendant plus d’une heure à dos d’homme ou d’animal jusqu’à une
route tertiaire ou secondaire, pour être empilés sur des camions vétustes qui
prendront plusieurs heures pour se rendre au marché local. Le réseau de routes et
pistes carrossables (routes primaires, secondaires et tertiaires) est non seulement
ténu à l’échelle du territoire, mais également en majorité mal entretenu et
difficilement praticable notamment pendant la saison des pluies.
Il en résulte des pertes post-récolte considérables et il est également difficile
d’assurer des approvisionnements importants en produits de qualité. Cela affecte
non seulement les fruits les plus sensibles (pour lesquels les pertes après récolte
sont souvent estimées entre 30 et 50%), mais aussi les légumes, les tubercules, le
café, le cacao et les produits animaux.
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Production et développement des filières
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Production et développement des filières
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• L’absence d’accès à des informations fiables sur les prix et les marchés :
Les coûts de production sont souvent élevés et peu compétitifs par rapport aux
importations ou exportations concurrentes. Ceci résulte notamment des insuffisances
du matériel génétique (semences et plants) utilisé par les producteurs, de l’absence de
1
Ceci inclut : accords sur l’application des mesures sanitaires et phytosanitaires ; accord sur les obstacles
techniques au commerce ; convention internationale sur l’harmonisation des contrôles des marchandises aux
frontières ; etc.
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Production et développement des filières
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protection sanitaire efficace et des autres techniques peu performantes aussi bien au
niveau de la production que la transformation, le conditionnement et la
commercialisation des produits.
En particulier, la faible maîtrise des attaques des plantes et des animaux constitue une
contrainte majeure pour le développement de la production agricole en Haïti.
Différentes pestes (champignons, bactéries, et diverses zoonoses) sont susceptibles de
causer des dégâts considérables sur la production agricole et l’élevage et également
d’occasionner des pertes après-récolte importantes. Des insectes causent des dégâts
directs considérables sur les épis et les jeunes plantes de maïs, divers prédateurs et la
maladie de la paille noire causent des pertes importantes dans la culture du riz, la
présence de la Sigatoka Noire et des nématodes affectent la production de la banane.
La mouche des fruits est le principal ravageur de la mangue et les exportations sur le
marché des Etats-Unis requièrent des mangues indemnes d’œufs et larves de mouche
des fruits. La présence du scolyte chez le café concourt à faire baisser le rendement de
cette culture. La production de ces cultures n’a pas reçu les traitements nécessaires
pour réduire l’incidence de ces pestes. En outre, le pays est mal ou pas protégé des
problèmes sanitaires qui peuvent résulter des importations de produits alimentaires, et
il est loin de disposer d’un système de protection sanitaire capable de garantir la
salubrité des produits agricoles alimentaires.
12. A court terme, le séisme a eu un impact sur les marchés et prix agricoles, résultant
principalement des difficultés d’importation de produits alimentaires suite aux dommages subis
par les infrastructures portuaires, la désorganisation temporaire des circuits de commercialisation
intérieurs vers la capitale Port-au-Prince et, surtout, une réduction de la demande intérieure
solvable en raison des pertes d’emplois et d’autres besoins concurrents (eau, habitation). Les
distributions massives de produits alimentaires de l’aide internationale ont aussi une influence très
importante sur les marchés et prix des produits agricoles locaux.
13. La production agricole nationale n’a pas été affectée de manière significative par le
tremblement de terre. Les dommages aux infrastructures de production (canaux d’irrigation,
bâtiments) ont été limités à certaines zones proches de l’épicentre et de Port-au-Prince. Le
principal impact sur les zones rurales résulte des importants déplacements de population qui ont
eu lieu immédiatement après le séisme. On estime qu’environ 600,000 personnes ont quitté la
zone urbaine de Port-au-Prince généralement pour se rendre en zone rurale vers leurs villages
d’origine, mettant ainsi la pression sur les disponibilités en nourriture, logement, ressources
naturelles (augmentation de la pression sur les arbres pour la production de charbon de bois) et
autres services de base dans les zones rurales d’accueil. Cependant, le mouvement de population a
eu rapidement tendance à se stabiliser et même à se renverser, les gens ayant tendance à revenir
dans la zone urbaine de Port-au-Prince en raison d’une part, de la reprise de l’activité économique
et d’autre part, de la concentration dans cette zone des réponses au séisme (aide alimentaire, cash
for work, emplois spécialisés dans la santé ou la traduction).
14. Parce que le séisme n’a pas beaucoup affecté les infrastructures routières et agricoles
dans les zones rurales les plus productrices, l’approvisionnement les marchés de la capitale en
1
Cette section est basée sur les informations fournies dans les bulletins publiés par la CNSA.
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Production et développement des filières
Annexe 7: Développement des Filières et Renforcement des Systèmes de Commercialisation
aliments locaux frais (patates douces, bananes, fruits et légumes) a repris peu de temps après le
séisme. Toutefois, les prix des aliments de base ont sensiblement augmenté au cours de la semaine
qui a suivi le séisme, notamment à Port-au-Prince (par exemple, hausse de 33% pour le riz
importé et le haricot noir). Ces augmentations ont cependant été moindres que ce à quoi on aurait
pu s’attendre. Environ deux semaines après le séisme, les prix au détail des produits alimentaires
sur le marché de Croix-de-Bossales (le plus grand marché de Port-au-Prince) se sont stabilisés à
environ 10% au dessus de leur niveau la veille du 12 janvier, jour du séisme. Le prix du riz
importé est resté stable à environ 20% de plus qu’avant le séisme, en dépit des distributions
massives d’aide alimentaire surtout à Port-au-Prince, tandis que le prix du riz local a baissé pour
s’établir environ 30% plus bas qu’avant le séisme. L’indisponibilité des stocks de riz importé dans
les magasins des grossistes du marché de Croix-de-Bossales, et leur réticence à les ouvrir et à les
réapprovisionner (en raison notamment des problèmes d’insécurité et de l’incertitude de la part
des importateurs quant à l’évolution de la demande face à l’aide alimentaire) constitueraient la
principale raison de la hausse du prix du riz importé. De janvier à février 2010 seules 2,000 tonnes
de riz ont été commercialement importées, soit environ dix fois moins que d’habitude.
15. La stabilité ou la baisse des prix des aliments de base ne serait pas tant due à
l’augmentation de l’offre (sauf pour le riz importé, en raison de l’aide alimentaire) qu’à la baisse
du pouvoir d’achat et de la demande. La réouverture des maisons de transfert, momentanément
fermées après le séisme, a permis aux familles haïtiennes d’obtenir les fonds envoyés par leurs
proches de l’étranger suite au tremblement de terre. Cependant, ces fonds sont aussi utilisés pour
faire face à des besoins concurrents à l’alimentation (approvisionnement en eau, logement, etc.)
résultant du séisme.
1
Les quatre domaines-clés ou « vecteurs de la croissance » identifiés dans le DSNCRP sont respectivement
l’agriculture et le développement rural, le tourisme, le commerce et l’industrie, les infrastructures.
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Production et développement des filières
Annexe 7: Développement des Filières et Renforcement des Systèmes de Commercialisation
production pour faciliter l’écoulement des produits et la baisse des coûts du transport, ainsi que la
construction/ réaménagement des marchés ruraux.
18. Juste avant le séisme du 12 janvier 2010, le MARNDR abordait la phase finale de
formulation et validation d’un document de Politique de développement agricole 2010-2020.
Cette politique de développement agricole est en parfaite cohérence avec le DSNCRP. Elle
prévoit notamment un appui à la transformation et à la commercialisation comprenant :
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HAÏTI: Plan d’investissement pour la croissance du secteur agricole
Production et développement des filières
Annexe 7: Développement des Filières et Renforcement des Systèmes de Commercialisation
• le projet DEFI financé avec l’aide de la BID (prêt concessionnel d’environ 18 million
USD), dont la mise en œuvre a démarré récemment, inclut des composantes dans les
domaines de (i) la génération et le transfert de technologies agricoles adaptées (remise
sur pied d’un dispositif de recherche-développement-formation à partir de quatre
Centres de recherche du MANRDR) ; (ii) la protection zoo-phytosanitaire et la
traçabilité (renforcement du réseau d’épidémio-surveillance animale et végétale,
renforcement du système de quarantaine dans les ports et aéroports, renforcement des
capacités de contrôle de qualité, etc.) ; (iii) la gestion stratégique des investissements
publics par le MARNDR ; et (iv) le renforcement institutionnel et la coordination
public-privé (amélioration du cadre légal et appui institutionnel aux organisations de
filière, renforcement des liens de marché).
Bien que les objectifs du projet DEFI soient ambitieux et le financement relativement
important, et qu’il ait également fait récemment l’objet d’un financement
complémentaire de l’Union Européenne (environ 2 million USD) pour renforcer la
composante de protection zoo-phytosanitaire, ces financements ne couvrent qu’une
partie des besoins en investissements publics dans ces domaines.
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HAÏTI: Plan d’investissement pour la croissance du secteur agricole
Production et développement des filières
Annexe 7: Développement des Filières et Renforcement des Systèmes de Commercialisation
professionnelles et/ou de producteurs), quel que soit le produit considéré (marché intérieur ou
exportation).
21. L’étude filière réalisée par la BID en 2005 a identifié une douzaine de filières ou
groupes de filières prioritaires pour lesquelles des appuis publics sont censés avoir la plus grande
efficacité en termes de développement de l’économie rurale. Parmi les produits les plus porteurs,
on peut citer le riz, la banane, le pois congo, les légumes, les tubercules, les produits laitiers, les
poulets indigènes, des filières d’exportation comme le café, le cacao, les mangues, les tubercules,
les huiles essentielles pouvant contribuer significativement à la création de richesse.
22. Il est aujourd’hui établi que des filières agricoles sont compétitives en Haïti et
peuvent se développer dans la mesure où l’on crée les conditions requises pour faciliter les
investissements. Des opportunités existent tant pour le marché intérieur (maraîchage, produits
laitiers, bananes et tubercules) que pour l’exportation vers le marché dominicain (fruits, café,
bétail) ou le marché mondial des produits de qualité et organiques (café et cacao, huiles
essentielles, fruits), y compris dans le cadre du commerce équitable.
23. Les évolutions enregistrées dans les dernières années sur les exportations haïtiennes
vers le marché mondial de café (forte baisse) et de mangues (stagnation des volumes, forte érosion
de la part de marché) laissent présager des difficultés croissantes pour la production haïtienne à
être compétitive sur des marchés ouverts à la concurrence d’autres pays exportant des produits
comparables. Stratégiquement, Haïti a probablement intérêt à s’orienter vers des marchés niche
dans lesquels la concurrence est par définition moins forte (marchés « ethniques » pour la
consommation de la diaspora haïtienne d’Amérique du Nord et d’Europe ; marchés de produits
organiques puisque l’essentiel de la production agricole nationale peut être aujourd’hui considérée
comme « bio », le problème étant la certification de cet état de fait ; marchés de produits de
qualité comme le café gourmet). Egalement, l’effort requis (en termes d’investissements publics)
pour développer et mieux structurer les exportations vers la République Dominicaine sera sans
doute moindre que celui qu’exigera une réelle percée sur le marché mondial sur une gamme de
produits nouveaux pour les exportateurs haïtiens qui n’en maîtrisent donc pas les circuits de
distribution.
24. L’analyse de la situation actuelle des filières agricoles fait ressortir la nécessité
manifeste d’un accroissement des investissements dans les activités de production rurale, en
particulier en aval de la production de manière à réduire les pertes, diminuer les coûts, augmenter
la valeur ajoutée et améliorer la compétitivité pour mieux répondre à la demande des marchés.
Certains de ces investissements devraient relever surtout du secteur public (recherche,
infrastructures publiques, établissement de normes, etc.). Cependant, les investissements privés
ont avant tout un rôle crucial à jouer. Pour permettre au monde rural de devenir compétitif, il
faudra créer les conditions nécessaires pour stimuler les investissements privés et améliorer les
liens entre les producteurs et les marchés.
25. Malgré le contexte difficile auquel sont confrontés les acteurs du secteur privé agro-
industriel aussi bien formel qu’informel, des initiatives existent qui sont un signe encourageant
pour la mise en place d’une action publique permettant de lever les contraintes auxquelles sont
soumis ces opérateurs et de créer les conditions pour que leurs initiatives puissent être viables sur
le long terme. Encouragées en ce sens par le MARNDR, des ONG et/ou certaines organisations
internationales, plusieurs organisations de producteurs ont enclenché un mouvement de
professionnalisation, c’est-à-dire l’acquisition de compétences spécifiques dans le cadre d’une
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HAÏTI: Plan d’investissement pour la croissance du secteur agricole
Production et développement des filières
Annexe 7: Développement des Filières et Renforcement des Systèmes de Commercialisation
filière donnée. Ainsi, on a pu voir dans les dix ou quinze dernières années l’émergence de
coopératives et de réseaux de coopératives de producteurs de café (FACN, RECOCARNO…)
capables de préparer du café de qualité et de l’exporter sur le marché mondial du café gourmet ou
café équitable ; des associations d’éleveurs qui participent à la gestion de laiteries dont elles sont
partiellement propriétaires (Let Agogo) ; ou encore divers groupements qui s’impliquent avec plus
ou moins de succès dans la transformation des fruits frais pour le marché national et l’exportation.
Des structures ont également été mises en place par le secteur privé formel pour appuyer les
efforts des investisseurs dans le secteur ou en aval de la production. L’Association Nationale des
Exportateurs de Mangues (ANEM) est la plus ancienne d’entre elles et regroupe une petite dizaine
d’exportateurs pour lesquels elle gère le programme de pre-clearance exigés par l’administration
des USA pour l’entrée de mangues fraîches sur le territoire américain. L’Association Haïtienne
pour la Promotion de l’Elevage (AHPEL) a été créée à la fin des années quatre-vingt-dix pour
organiser les efforts de relance des productions avicoles intensives en Haïti, tandis que
l’Association des Producteurs d’Huiles Essentielles du Sud (APHES) a été créée plus récemment
en 2004 et regroupe six distillateurs pour environ 45% de la production totale d’huile de vétiver.
26. Stratégiquement, la valorisation des opportunités existantes, tant dans les filières
destinées à la consommation intérieure que dans les filières d’exportation, doit se faire à partir
d’une démarche d’intégration des filières, de concertation et de contractualisation des rapports
entre les acteurs de ces filières. Ceci inclura la mise en place de partenariats ou « alliances
productives » entre des groupes de producteurs et le secteur privé en aval, avec l’appui de
différents intervenants (organismes publics, ONG, autres membres de la chaîne de production).
Les partenariats visent à créer des activités économiques dans lesquelles tous les partenaires
investissent et assument les risques et en tirent profit. Ces activités cherchent à produire un
revenu, créer des emplois et promouvoir la cohésion sociale des communautés rurales pauvres,
d’une manière économique et écologiquement durable. L’élaboration du système des alliances
productives devra tenir compte de la profonde asymétrie (de formation, d’information) entre les
producteurs agricoles et les entrepreneurs agro-industriels en aval des filières.
27. L’accès aux marchés joue un rôle essentiel pour permettre l’augmentation de la
production et le développement du secteur agricole.
28. Les investissements publics proposés dans la section suivante pour appuyer le
développement des filières et le renforcement des systèmes de commercialisation agricoles ont
pour objectif de contribuer à une intensification durable de l’agriculture haïtienne, en améliorant
la compétitivité et l’accès au marché des produits agricoles.
29. Ces investissements sont complémentaires aux autres interventions devant contribuer
à ce même objectif, incluant notamment la réhabilitation et création de périmètres irrigués
(Composante 3 du Plan de Relance), l’aménagement des bassins versants (Composante 4) et
l’appui au petit élevage (Composante 5).
30. Toutes ces interventions doivent contribuer à la nécessaire structuration sur le long
terme d’un secteur agricole qui doit être capable d’offrir durablement des revenus décents à la
majorité des ruraux, par une amélioration durable de la compétitivité des produits agricoles
destinés au marché intérieur ou à l’exportation.
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HAÏTI: Plan d’investissement pour la croissance du secteur agricole
Production et développement des filières
Annexe 7: Développement des Filières et Renforcement des Systèmes de Commercialisation
D. DESCRIPTION DE L’INTERVENTION
31. Le présent plan de relance du secteur agricole, proposé à la suite du récent séisme,
comportera des activités de réhabilitation et de renforcement des filières agricoles prioritaires à
travers un appui aux systèmes de production, commercialisation et transformation. Des filières ont
été identifiées comme prioritaires pour ce plan de relance, sur la base de : (i) les perspectives
offertes par les marchés et débouchés potentiels ; (ii) les gains de productivité réalisables ; (iii) le
nombre de producteurs bénéficiaires et les effets en termes de création d’emplois et dynamisation/
structuration du milieu rural ; et (iv) le besoin d’un appui du secteur public pour faciliter les
investissements privés. Ces filières incluent des produits destinés au marché local (principalement
les grains riz/ maïs/ haricot/ sorgho, les cultures maraîchères et la pomme de terre) et à
l’exportation (mangue francisque, café et cacao).
32. A court terme, le programme spécial d’urgence élaboré par le MARNDR inclut des
mesures visant à intégrer la production agricole nationale dans les programmes d’aide alimentaire.
Ceci se fera par la recherche de contrats de fourniture de denrées alimentaires locales aux grandes
ONG internationales, au PAM, au programme de cantines scolaires et aux maisons de transfert.
Les produits retenus dans le cadre des achats locaux sont: le maïs, le riz, le sorgho, le haricot et le
lait. Ces aspects font l’objet d’un chapitre séparé (« Composante 1 »).
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HAÏTI: Plan d’investissement pour la croissance du secteur agricole
Production et développement des filières
Annexe 7: Développement des Filières et Renforcement des Systèmes de Commercialisation
34. Les Centres de services régionaux rénovés (voir annexe « Appui institutionnel aux
services publics agricoles ») contribueront également, d’une manière plus générale, à la mise au
point et la diffusion de techniques améliorées de production, transformation et commercialisation.
De même, le renforcement plus général des services publics agricoles devra aboutir à la mise en
place d’un système national efficace de protection zoo- et phytosanitaire, incluant les diverses
activités nécessaires dans les domaines de l’épidémio-surveillance, les structures de quarantaine et
les mesures de contrôle des maladies et ravageurs.
million USD
TOTAL 27.0
35. Cet appui pourrait porter par exemple sur les grains destinés au marché local. Les
activités pourraient inclure : un appui pour l’obtention de fonds de roulement (par exemple, à
travers la mise à disposition d’un fonds de garantie auprès d’une institution de financement) ; des
subventions pour aider à la mise en place d’infrastructures de conditionnement et stockage ; la
mise à disposition de petit équipement et matériel (balance, humidimètre, bâches, etc.) ; des
actions en matière d’organisation et de formation ; et une incitation à l’intégration de nouveaux
entrepreneurs dans cette activité de commercialisation sur le marché local.
36. Dans le cas des fruits et légumes, l’introduction de caisses plastiques auprès des
commerçantes permettrait de réduire de façon très substantielle les pertes lors du transport,
d’accroître ainsi la disponibilité en produits alimentaires au niveau des marchés urbains, de
diminuer les risques et les coûts et d’améliorer l’offre au consommateur et les prix au producteur.
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HAÏTI: Plan d’investissement pour la croissance du secteur agricole
Production et développement des filières
Annexe 7: Développement des Filières et Renforcement des Systèmes de Commercialisation
37. Ces activités viseront à encourager l’intégration des filières, le regroupement des
producteurs et les organisations professionnelles (OP) s’impliquant dans la commercialisation, les
contrats directs entre OP/ groupements de producteurs et acheteurs/ exportateurs. Cela inclura des
actions de renforcement institutionnel au sens strict (formation, appui à la formalisation des
groupements de producteurs et des OP dans un cadre légal adapté), et des actions
d’accompagnement des membres des groupements et OP (appui à l’élaboration de plans
d’affaires, appui à la création de liens de marché avec l’amont et l’aval, intermédiation dans les
expériences éventuelles de contractualisation ou « alliances productives » entre différents
maillons des filières).
38. Les activités comporteront notamment la mise en place d’un système de collecte et de
diffusion des prix sur les marchés, ainsi qu’un renforcement du suivi et de l’analyse des marchés
agricoles aussi bien au niveau local qu’à l’exportation y compris les marchés frontaliers avec la
République Dominicaine. Les moyens modernes de transmission des données (téléphone portable,
radio rurale) seront utilisés, selon des formats adaptés aux utilisateurs.
40. Outre les actions spécifiques décrites dans la section précédente, d’autres conditions
sont nécessaires au développement des filières agricoles :
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HAÏTI: Plan d’investissement pour la croissance du secteur agricole
Production et développement des filières
Annexe 7: Développement des Filières et Renforcement des Systèmes de Commercialisation
• la mise sur pied d’un système de financement rural indispensable pour financer
l’expansion et la modernisation de toutes les filières rurales. Ce système de
financement devra notamment inclure des outils financiers adaptés aux besoins en
fonds de roulement des exploitations agricoles, aux besoins en fonds de
roulement et aux besoins d’investissement des entreprises situées en aval.
La question des mécanismes de garantie pour se prémunir des risques (élevés) de non
remboursement sera au cœur des dispositifs à concevoir si l’on prétend par une
intervention publique corriger une défaillance de marché qui pénalise tout un secteur
d’activité. Ces mécanismes seront probablement différents d’un outil financier à un
autre, depuis les systèmes de garantie solidaire pour faciliter l’accès des exploitations
à de la trésorerie jusqu’à des systèmes de nantissement sur des stocks (récoltes de
café) ou d’hypothèques sur des biens meubles (équipements) pour les crédits
d’investissement des entreprises situées en aval. La réflexion sur la mise en place
d’un système de financement rural devra être articulée avec celle sur les mécanismes
de garantie au sens le plus large du terme, y compris les assurances. Ces aspects font
l’objet d’un chapitre séparé (« Composante 7 »).
41. Le secteur public a un rôle crucial à jouer dans la mise en place et le maintien d’un
système national efficace de protection zoo- et phytosanitaire, notamment pour les activités
relatives à l’épidémio-surveillance et aux structures de quarantaine. Le contrôle des maladies et
ravageurs relève plutôt du secteur privé (agents vétérinaires, producteurs), mais doit aussi faire
l’objet d’un appui par le secteur public (information, formation, coordination). De même, le
secteur public a un rôle important à jouer dans le domaine de la recherche-formation-
vulgarisation. Ceci nécessite une politique adéquate de recrutement, formation et rétention du
personnel nécessaire au sein des structures publiques correspondantes.
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ANNEXE 7
D. DESCRIPTION DE L’INTERVENTION.............................................................................13
Appui aux commerçantes (madam sara) .................................................................14
Promotion des groupements de producteurs...........................................................15
Système de communication et d’informations commerciales ................................15
Infrastructures de commercialisation (marchés de gros) ......................................15